Jan DriessenAlexandre Farnoux

MaliaIn: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 118, livraison 2, 1994. pp. 471-477.

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Driessen Jan, Farnoux Alexandre. Malia. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 118, livraison 2, 1994. pp. 471-477.

doi : 10.3406/bch.1994.6988

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1994_num_118_2_6988

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MALIA

Les équipes de fouille et d'étude présentes à Malia en 1993 — palais, abords Nord-Est du palais, quartier Mu, quartier Nu et prospection de la plaine — ont toutes bénéficié de la mise en service d'une nouvelle réserve, construite sur le même modèle que la précédente.

Sur le terrain, deux opérations ont été menées à bien : une dernière campagne au quartier Nu, dont il est rendu compte ci-dessous, et une série de carottages réalisés dans le cadre des programmes de recherche sur l'évolution des paysages littoraux (Rémi Dalongeville, voir supra, p. 419) et sur la plaine de Malia (Sylvie Mûller).

Quartier Nu par Jan Driessen et Alexandre Farnoux

La sixième et dernière campagne de fouilles du Quartier Nu a duré cinq semaines, du 12 juillet au 20 août 1993. L'équipe était composée de Use Schoep, de Steven Soetens et de Ann Brysbaert, ainsi que de neuf ouvriers; à l'apothèque ont travaillé Ann Aertssen, Iphigénia Tournavitou, Dimitra Mylonas (pour l'étude des matières organiques), Chara Prokopiou (pour l'étude des outils lithiques) et trois restaurateurs, Céline Bonnot, Annabelle Teytaz (MST, Paris I), et Kostas Vittorakis. Giorgos Charoulis représentait l'Éphorie. À la fin de la campagne, une série de photographies aériennes ont été faites par ballon par l'équipe du professeur Bandékas de l'École Polytechnique d'Athènes (fig. 1).

L'objectif de la campagne 1993 était d'enlever les bermes qui subsistaient au centre de la fouille pour établir le plan définitif du bâtiment dont les limites avaient été précisées lors de la saison précédente1. Des nettoyages complémentaires ainsi que sept sondages ont permis d'établir précisément l'histoire de l'occupation du secteur et de clarifier certains détails architecturaux du bâtiment du MR III. Le travail de restauration du matériel et d'archivage a été poursuivi à l'apothèque où l'ouverture des nouvelles salles a permis de ranger et de ■< classer le produit des fouilles récentes.

A. Le plan du quartier Nu

Le plan complet du quartier Nu est désormais établi. Le faible nombre des ouvertures vers l'extérieur ainsi que l'organisation de l'ensemble autour d'une cour conduisent à considérer dans les ruines dégagées jusqu'à ce jour un seul et unique bâtiment (fig. 2). La fouille de la berme centrale laissée depuis la campagne de 1990 a permis de compléter le plan de la cour (GA-GB 135-136) et de constater que le sol de graviers couvrait là aussi tous les murs des phases précédentes. De cette cour on pénétrait, par un seuil en ammouda, dans la pièce IX, 7 qui ne contenait qu'une base de colonne. Le sol de cette pièce passait sur le mur et le caniveau qui se trouvent à l'Est. Un nettoyage a montré que ce caniveau n'était pas destiné à recevoir des eaux de pluie, mais qu'il était lié à une installation2 située plus au Sud : celle-ci est constituée d'un vase collecteur peu profond dans lequel on a recueilli des fragments de murex.

Le plan des pièces XII, 1 et XII, 2 a lui aussi été complété. Dans la première pièce on a trouvé un poids en plomb ; le sol de la seconde est constituée d'un revêtement en petits galets. Dans la pièce X, 22-23, on a mis au jour quelques vases complets (dont un vase à étrier) et des fragments d'une boite en terre cuite à comparti-

(1) BCH 113 (1989), p. 762-767; 114 (1990), p. 912-919; 115 (1991), p. 735-741 ; 116 (1992), p. 733-742; 117 (1993), p. 675-682.

(2) BCH 114 (1990), p. 915 et fig. 8.

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Fig. 1. — Malia. Quartier Nu. Vue aérienne (cliché Bandékas).

ments* : elle est peinte de bandes à l'extérieur et comporte huit divisions à l'intérieur. La pièce X, 22-23 représente sans doute la pièce principale du bâtiment : elle se distingue par deux bases de colonne, un foyer central et une entrée à l'Est munie d'un seuil d'ammouda et d'un porche reposant sur deux bases de sidèropèlra. Cet ensemble n'est pas sans parallèle sur le continent à l'époque mycénienne.

On a pu préciser aussi l'angle Nord-Est du bâtiment (X, 19) : la zone a été recouverte par des pierres provenant du bâtiment après une première destruction. Sous cette couche de pierres ont été trouvés un vase à étrier de fabrication continentale (fig. 3) et un sceau en lapis lacedaemonis représentant une taurokalapsie (fig. 4) : ces deux objets appartiennent à la première phase d'occupation du bâtiment.

Le plan du bâtiment dans l'angle Sud-Ouest a pu être complété grâce à un nettoyage qui a montré que le niveau du MR III reposait ici directement sur un niveau du MM II.

(3) BCH 117(1993), p. 675.

quartier NU

GD

GE

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139140

Fig. 2. — Plan et sondages effectués en 1993 (en noir les m

urs du MR III ; en hachures les m

urs antérieurs au M

R III A2; en croisillon les m

urs postérieurs au MR III B).

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474 TRAVAUX DE L'ÉCOLE FRANÇAISE EN GRÈCE EN 1993 [BCH 118

Fig. 3. — Vase à étrier (cliché Ph. Collet). Fig. 4. — Sceau (cliché I. Pini).

Fig. 5. — Sondage dans la pièce XV, 2 avec vases du MM II.

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Fig. 6. — Fragment de fresque provenant de la zone à l'Ouest de I, 2-3 (cliché Ph. Collet).

Fig· 7. — Fragment de fresque provenant de II, 4 : œil humain (cliché Ph. Collet).

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Fig. 8. — Fragment de fresque provenant de II, 3 (cliché Ph. Collet).

476 TRAVAUX DE L'ÉCOLE FRANÇAISE EN GRÈCE EN 1993 [BCH 118

Fig. 9. — Dépôt de vases du MR I dans la pièce II, 3.

Fig. 10. — Pithos en II, 5.

Fig. 11. — Dépôt de vases du MM II dans le sondage de la pièce I, 1.

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Β. Sondages

La pièce X, 22-23 a fait l'objet d'un sondage dans l'angle Nord-Est : sous le sol MR III un remblai semble avoir été mis en place pour aménager le terrain lors de la construction du bâtiment. En XIII, 2 le niveau MR III repose sur un sol MR II qui a livré quelques tessons dont des fragments d'une coupe éphyréenne. Les niveaux inférieurs sont du MR I et du MM II. De même en XV, 2, une couche du MR II a été reconnue dans une maison du MR I partiellement réoccupée et transformée par la construction d'un mur de partition reposant sur le sol de galets originel. Sous cette maison, un niveau de destruction du MM II a été identifié (fig. 5). Un sondage dans la cour centrale a montré que celle-ci a été mise en place au MR IIIA2. Dans la zone Ouest quatre sondages ont été entrepris : il est devenu clair que, dans ce secteur, le bâtiment du MR III réutilise des murs d'une construction du MR I. À l'Ouest de la pièce I, 2-3, une couche de destruction du MR I a été repérée : elle a livré des fragments de fresque comportant des fleurs de papyrus en bleu, vert et rouge (fig. 6). Des fragments de fresque comparables ont été découverts dans deux sondages plus à l'Est, en I, 1 (fig. 7) et en II, 3 (fig. 8). Le dallage de la pièce II, 3 a été installé au MR IIIA au-dessus d'un dallage antérieur couvrant une sorte de citerne : celle-ci contenait du matériel du MR I (fig. 9). En II, 5 on a dégagé le pithos enfoncé dans le sol qui avait été découvert en 1989* (fig. 10). En I, 1 un sondage a permis de retrouver la couche de destruction du MM II qui est présente sous le bâtiment du MR III (fig. 11).

Nous avons ainsi achevé l'exploration du quartier Nu entamée en 1988. En six campagnes, nous avons mis au jour un nouvel ensemble daté d'une époque peu ou mal représentée à Malia. Mesurant 30 m sur 25 m environ, le bâtiment présente un intérêt incontestable pour la connaissance de l'architecture domestique du MR III. Avec près de 300 vases entiers dont la majorité date du MR IIIA2 et MR IIIR et autant d'objets divers en bronze, os ou stéatite, le matériel du quartier Nu jette un jour assez complet sur l'équipement des Maliotes au milieu du Bronze Récent, après la disparition du palais.

(4) BCH 114 (1990), p. 917.