etude qualitative attitudes et attentes des telespectateurs en matiere de programmes televises...

101
Etude qualitative ATTITUDES ET ATTENTES DES TELESPECTATEURS EN MATIERE DE PROGRAMMES TELEVISES COMPORTANT UN CONTENU EUROPEEN ETUDE QUALITATIVE DANS LES 25 ETATS-MEMBRES DE LUNION EUROPEENNE Terrain: Août-septembre 2004 Publication: Novembre 2004 Etude qualitative - Optem Etude commanditée par la Direction générale Presse et communication Le présent document ne représente pas le point de vue de la Commission européenne. Les interprétations et les opinions qu'il contient n'engagent que les auteurs. Commission Européenne

Upload: umons

Post on 08-Jan-2023

3 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Etude qualitative

ATTITUDES ET ATTENTES DES TELESPECTATEURS

EN MATIERE DE PROGRAMMES TELEVISES

COMPORTANT UN CONTENU EUROPEEN

ETUDE QUALITATIVE DANS LES 25 ETATS-MEMBRES DE L’UNION EUROPEENNE

Terrain: Août-septembre 2004

Publication: Novembre 2004

Etu

de q

ualit

ativ

e - O

ptem

Etude commanditée par la Direction générale Presse et communication Le présent document ne représente pas le point de vue de la Commission européenne. Les interprétations et les opinions qu'il contient n'engagent que les auteurs.

CommissionEuropéenne

74, chemin de la Ferme des Bois 78950 GAMBAIS

OPTEM S.A.R.L. AU CAPITAL DE 30 000 E - R.C.S. VERSAILLES 339 197 444 TELEPHONE : +33 (0) 134 871 823 – TELECOPIE : +33 (0) 134 871 783 – EMAIL : [email protected]

ATTITUDES ET ATTENTES DES TELESPECTATEURS

EN MATIERE DE PROGRAMMES TELEVISES

COMPORTANT UN CONTENU EUROPEEN

ETUDE QUALITATIVE DANS LES 25 ETATS-MEMBRES DE

L’UNION EUROPEENNE

COMMISSION EUROPEENNE Direction Générale Presse et Communication

Novembre 2004

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 2

SOMMAIRE

INTRODUCTION……………………………………………………………………………………………………3 SYNTHESE DES RESULTATS ET CONCLUSIONS……………………………………………………………6 RESULTATS DETAILLES………………………………………………………………………………………..14 PREMIERE PARTIE – LES EUROPEENS ET LA TELEVISION ATTITUDES ET COMPORTEMENTS GENERAUX………………………………………………………….15 I.1 COMPORTEMENTS D’ECOUTE ET FONCTIONS DE LA TELEVISION……………………….16 I.2 FACTEURS DE DIFFERENCIATION DES CHAINES DE TELEVISION…………………………24 I.3 ROLE D’APPORT D’INFORMATIONS ET DE CONNAISSANCES DE LA TELEVISION……..31 DEUXIEME PARTIE – L’EUROPE ET L’UNION EUROPEENNE A LA TELEVISION………………….37 II.1 PERCEPTION DE CONTENUS EUROPEENS DANS L’OFFRE TELEVISUELLE ACTUELLE 38 II.2 ATTENTES DE PROGRAMMES TELEVISES

COMPORTANT UNE DIMENSION EUROPEENNE …………………………………………..……49 II.3 REACTIONS A DIVERS CONCEPTS DE PROGRAMMES ………………………………………..66 II.4 ATTITUDES A L’EGARD DE L’INITIATIVE DE LA COMMISSION…………………………….84 ANNEXES ………………………………………………………………………………………………………….87 ANNEXE I – INSTITUTS PARTENAIRES DANS LES 25 ETATS-MEMBRES…………………………….88 ANNEXE II – COMPOSITION DEMOGRAPHIQUE DES GROUPES……..……………………………….90 ANNEXE III - GUIDE D’ANIMATION DES DISCUSSIONS ..……………………………………………….93

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 3

INTRODUCTION

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 4

La Direction Générale Presse et Communication de la Commission Européenne a confié à OPTEM et à ses partenaires impliqués dans le Contrat-Cadre Eurobaromètre « Etudes Qualitatives » (1) la réalisation d’une étude auprès de téléspectateurs dans les 25 Etats-membres de l’Union Européenne.

Cette étude vise à apporter à la DG Presse et Communication des éléments d’information et de réflexion utiles à la mise en œuvre de ses actions de soutien à des projets de programmes télévisés ayant un contenu européen. L’hypothèse sous-jacente à sa conception est que, si la télévision est à l’évidence un media essentiel par lequel les citoyens peuvent être utilement sensibilisés aux questions relatives à l’Union Européenne, encore faut-il mieux mettre en évidence les attitudes et les attentes de différentes catégories de téléspectateurs vis à vis de différents types de programmes, et des types de chaînes télévisées sur lesquels les programmes pourraient être diffusés.

L’étude s’est intéressée à trois grandes catégories de téléspectateurs :

Téléspectateurs « moyens », regardant exclusivement ou presque des chaînes généralistes à large

audience, notamment commerciales.

Téléspectateurs « sélectifs », regardant (en outre) des chaînes spécialisées au contenu en moyenne « plus intellectuel » : chaînes à orientation culturelle, chaînes d’information nationales ou internationales, chaînes de pays étrangers – la condition d’éligibilité étant de regarder ces types de chaînes au moins trois fois par semaine, avec une durée d’écoute hebdomadaire d’au moins trois heures.

Téléspectateurs « régionaux », ayant une fréquentation relativement régulière de chaînes

régionales ou locales ou de programmes régionaux ou locaux diffusés sur des chaînes généralistes comportant de tels programmes – la régularité étant définie par le fait de regarder des programmes régionaux ou locaux au moins trois fois par semaine, et au moins trois heures par semaine.

En ce qui concerne cette dernière catégorie de téléspectateurs, elle a été analysée spécifiquement dans 15 des 25 Etats-membres (le développement de télévisions à caractère régional apparaissant plus faible dans les autres, voire inexistant dans quelques cas). Ces pays sont la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas, la Grèce, l’Autriche, le Danemark, la Suède, la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie et la Hongrie. Du fait de la grande diversité de l’offre télévisuelle régionale et locale selon les pays, il conviendrait de noter cependant que le profil des téléspectateurs « régionaux » est moins homogène que celui des deux autres catégories analysées.

Elle a été réalisée par la méthode des discussions de groupe, avec dans chaque Etat-membre et pour chaque catégorie de téléspectateurs concernée une réunion d’hommes et femmes, âgés de 20 à 60 ans. (1) Contrat-Cadre mis en place et géré par la Direction Générale Presse et Communication – Unité B/1.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 5

La prise d’information sur le terrain a eu lieu entre fin août et fin septembre 2004.

Ces discussions se déroulaient selon une série de thèmes d’interrogation successifs.

Thèmes généraux portant sur les habitudes d’écoute de la télévision, les perceptions et les attitudes relatives à différentes chaînes et types de programmes, et la fonction d’apport d’informations et de connaissances de la télévision au travers de ces différents programmes.

Thèmes concernant l’Europe et l’Union Européenne à la télévision : souvenir de contenus

européens vus au cours des derniers mois, opinions sur le rôle que joue la télévision dans ce domaine et comparaisons avec d’autres medias, attentes en matière de programmes traitant de l’Europe et de l’Union Européenne, attitudes vis-à-vis de l’initiative de la Commission d’apporter un soutien à de tels programmes.

Le présent rapport est organisé en deux grandes parties, suivant la structuration des discussions entre les thèmes généraux et les thèmes plus spécifiquement européens.

Il a été élaboré par OPTEM, à partir des analyses nationales produites par ses différents partenaires dans les 25 Etats-membres de l’Union. Il comporte, en annexes :

La liste des instituts partenaires dans les 25 pays.

Les caractéristiques démographiques des groupes de téléspectateurs recrutés dans chaque pays ainsi que les lieux et dates des réunions.

Le guide d’animation des discussions.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 6

SYNTHESE DES RESULTATS

ET CONCLUSIONS

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 7

1. Dans leur majorité les téléspectateurs européens se caractérisent par des comportements d’écoute qu’on peut qualifier de « normalisés » ou de « butineurs ».

Comportements « normalisés » : horaires d’écoute variant peu, incluant notamment la plage des

informations télévisées du soir ; émissions régulières favorites, au contenu plus ou moins informatif ou divertissant, qui constituent des repères et des points d’ancrage.

Comportement « butineurs » : existence fréquente aussi de points de repère quotidiens, dont les

« rendez-vous » avec l’information des journaux télévisés ; mais moindre fidélité à des émissions régulières et à des chaînes particulières, pratique plus grande du « zapping ».

Nettement moins nombreux sont ceux qui ont des comportements « sélectifs », ou au contraire « addictifs ».

Comportements « sélectifs » : en termes de types de programmes ou de chaînes – surtout dans les

groupes définis au recrutement comme « sélectifs » en raison de leur fréquentation particulière de chaînes « de qualité ».

Comportements « addictifs » : écoute plus ou moins permanente et plus ou moins flottante de la

télévision – notamment chez des personnes non professionnellement actives, vivant seules, souvent plus âgées que la moyenne et d’un niveau d’instruction inférieur.

2. Les fonctions remplies par la télévision vont de l’information « pure » au divertissement, en

passant par l’enrichissement des connaissances et l’évasion (outre la fonction de présence et d’accompagnement de la vie quotidienne pour des téléspectateurs de type « addictif »).

L’information est avant tout celle qui est dispensée sur l’actualité par les journaux télévisés. Elle est écoutée dans la quasi-totalité des Etats-membres par toutes les catégories de téléspectateurs ; elle est pour certains d’entre eux (non-lecteurs de la presse, non-auditeurs des journaux radiophoniques) la seule qu’ils reçoivent couramment sur l’actualité. Cette fonction est cependant particulièrement valorisée par les téléspectateurs « sélectifs » – et par leurs homologues « régionaux » dans certains Etats-membres. Divers types de programmes concourent à l’enrichissement des connaissances, et à « l’ouverture d’esprit » : partiellement des émissions à contenu politique (qui sont inégalement appréciées du fait de la désaffection qui s’exprime fréquemment à l’égard de la politique et des politiques) ; beaucoup plus les magazines, débats, reportages et documentaires sur des thèmes variés : questions sociétales, voyages et connaissance des pays étrangers, nature ou (moins unanimement) histoire, arts et culture, vulgarisation scientifique … ; partiellement les « talk-shows » plus ou moins sérieux ou légers, et aussi les jeux. Certaines de ces émissions permettent l’évasion hors du quotidien et de la routine, tout comme les programmes de fiction. Le divertissement, fonction essentielle de la télévision pour beaucoup, leur est fourni par différents types de programmes déjà cités ci-dessus, auxquels peuvent s’ajouter, selon les personnes, la téléréalité, le sport, la musique et les émissions de variétés. Il n’y a pas de coupure nette entre information et divertissement, mais plutôt un continuum avec des « dosages » variés des différentes fonctions.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 8

3. Au sein d’un univers d’offre de chaînes perçu comme plus ou moins large selon les pays et les groupes, on trouve en gros les mêmes critères de différenciation entre celles qu’on connaît et/ou auxquelles on peut avoir accès : principalement leur caractère généraliste ou non ; parmi les chaînes généralistes, leur caractère public ou privé souvent associé à l’idée de degré de qualité et de sérieux du contenu ; le champ de leur diffusion pour les chaînes régionales ; leur caractère national ou étranger pour ceux qui regardent des chaînes de pays voisins ou des chaînes «internationales ».

La plupart fréquentent plusieurs types de chaînes, selon les programmes qu’elles diffusent.

4. En ce qui concerne plus particulièrement le rôle d’apport d’informations et de connaissances de la télévision, il passe par divers types d’émissions allant des programmes d’information « pure » jusqu’à des émissions de divertissement beaucoup plus légères mais qui peuvent néanmoins apprendre des choses qu’on ignorait et qui éveillent la curiosité – dans le continuum évoqué plus haut.

Le traitement des sujets apparaît aussi important que leur nature dans les émissions visant à être à la fois informatives et distrayantes : rythme de l’émission, important pour retenir l’attention après l’avoir éveillée ; nécessité d’un « fil directeur » donnant une cohérence ; caractère crucial de la personnalité des journalistes, présentateurs ou animateurs dont on attend un ensemble de qualités : compétence mais capacité de simplicité dans l’expression, sérieux, honnêteté et impartialité, charisme, capacité de synthèse.

5. Le souvenir de programmes télévisés parlant de l’Europe ou de l’Union Européenne est variable

mais généralement faible. Il est sans doute lié à la fois au contenu européen plus ou moins abondant de l’offre télévisuelle à laquelle on est exposé, et au degré d’intérêt plus ou moins grand pour l’Union et les affaires communautaires selon les pays.

Globalement, ce sont les Belges, les Luxembourgeois, les Maltais, les Slovènes, les Tchèques et les Polonais qui paraissent avoir les souvenirs les plus nombreux – au contraire des Espagnols, des Slovaques, des Lettons et des Lituaniens et surtout des Grecs, des Britanniques et des Suédois. Les sujets (plus ou moins) mémorisés ne sont que peu des sujets communautaires – en dehors de l’élargissement de l’Union et les nouveaux Etats-membres évoqués dans un assez grand nombre de pays. Plus grande est la mémorisation de documentaires et de reportages (plus ou moins « touristiques » et superficiels ou approfondis) sur différents pays dont les pays européens. Il s’y ajoute, mentionnés dans plusieurs pays, des émissions sur la cuisine et la gastronomie, des documentaires historiques, des « talk-shows », des jeux comportant des questions sur l’Europe et les pays européens, plus rarement des émissions de variétés, des émissions sportives, ou des films.

6. Il règne l’impression très répandue d’un déficit de la télévision dans sa manière de traiter de thèmes européens.

Déficit quantitatif : l’idée que la télévision n’a qu’un faible ou très faible volume de programmes

dans lesquels on parle de l’Europe ou plus particulièrement de l’Union Européenne est générale – et cet état de choses est plus ou moins vivement déploré dans la très grande majorité des pays, en dehors de quelques Etats-membres dans lesquels l’euroscepticisme ambiant n’incite pas à s’intéresser activement à ces questions.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 9

Déficit qualitatif : caractère souvent terne, austère et peu attrayant ; abstraction et insuffisance d’ancrage dans la vie quotidienne des gens ; absence de mise en perspective et de pédagogie ; fréquente superficialité ou tendance au sensationnalisme ; biais dans la présentation des informations soupçonnés dans quelques pays (soit présentation jugée trop favorable, notamment dans certains nouveaux Etats-membres dans la période pré-adhésion, soit au contraire lassitude de voir présenter l’Union sous un jour négatif et d’un point de vue purement national chez les téléspectateurs d’Etats-membres fondateurs).

Ce déficit se révèle notamment dans bon nombre de pays par comparaison avec la presse écrite, qui traite de l’information européenne moins superficiellement et plus largement, avec une moindre avidité du sensationnel au moins dans les journaux « sérieux » et une plus grande objectivité. Cela n’empêche pas que l’on admette que les deux types de medias contribuent ou doivent y contribuer : l’un de manière plus légère mais aussi plus facile d’assimilation, l’autre de manière plus approfondie mais moins accessible à tous. Des interrogations similaires sur le rôle de la radio font apparaître que celle-ci n’est considérée comme contribuant à l’information européenne (et d’ailleurs à l’information généralement) que par une minorité des citoyens interrogés : parce que beaucoup l’écoutent peu, ou parce qu’ils ne l’utilisent guère que comme « accompagnement » musical de leurs déplacements en voiture ou de leurs activités quotidiennes. Quelques pays font toutefois exception. Cela n’entraîne pas « condamnation » de la radio comme media de diffusion d’informations sur l’Europe ; mais cela reflète sans doute la grande ou très grande faiblesse de l’offre existante en la matière dans beaucoup des Etats-membres étudiés.

7. Les attentes de programmes télévisés comportant une dimension européenne s’expriment clairement dans la plupart des Etats-membres.

Elles portent en premier lieu sur les sujets d’intérêt potentiel suivants : Mieux connaître les autres pays européens, leurs habitants, leurs mentalités, leurs façons de vivre,

ou les problèmes qu’ils rencontrent et les solutions que la société y apporte ou essaie d’y apporter.

L’existence des gens ordinaires, leurs habitudes et traditions, leurs modes et conditions de vie constituent le thème général objet des souhaits les plus fréquents de meilleure connaissance : vie au travail, niveau de vie, protection sociale, système de santé, école et système éducatif, cuisine et habitudes alimentaires, parmi divers autres aspects de la vie quotidienne. S’y ajoutent la connaissance des autres cultures européennes et l’histoire de l’Europe et des pays européens. Un angle d’approche particulièrement souhaité est celui des problèmes et des sujets d’intérêt ou de préoccupation des citoyens d’autres pays, du regard que porte la société sur eux et des solutions imaginées ou expérimentées pour y parer.

Disposer d’une meilleure connaissance et d’une meilleure compréhension de l’Union Européenne elle-même – thème particulièrement évoqué dans les nouveaux Etats-membres.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 10

Cela inclut l’impact concret de l’Union et de ses actions sur son pays et ses citoyens, le rôle et le poids de ce pays dans le jeu communautaire, parfois le budget de l’Union et sa répartition, ou les effets plus généraux de l’appartenance pour les Etats-membres. Moins fréquemment, on demande à être mieux éclairé sur des politiques particulières de l’Union, ou sur ses institutions et son fonctionnement institutionnel.

Des demandes d’information pratique qui s’expriment parfois aussi (déplacements, emplois, études, programmes d’échanges, modalités d’installation, opportunités d’achats, droits et devoirs des citoyens …).

8. L’étude permet de dégager quelques grandes orientations souhaitables pour le traitement des sujets européens par la télévision.

Privilégier le concret, le vivant et la proximité avec la vie des gens.

Garantir l’authenticité et le sérieux du fond – tout en évitant l’austérité et l’ennui souvent décriés.

Veiller à l’objectivité.

Offrir une diversité de sujets et d’angles d’approche.

Présenter des visions croisées et des éléments comparatifs.

Eveiller et maintenir la curiosité par l’originalité des approches.

Exprimer l’empathie pour les autres Européens.

Donner un sens, faire comprendre et sentir, et pas seulement montrer et décrire – en répondant au

besoin d’une fonction de truchement et d’« interprète culturel ». 9. Invités à imaginer des programmes télévisés à contenu européen, les citoyens interrogés

manifestent très positivement leur intérêt en émettant de nombreuses suggestions, en décrivant parfois de manière détaillée leur vision de telles émissions, et en les illustrant d’exemples concrets.

Les idées émises spontanément à ce stade incluent notamment l’insertion systématique d’informations européennes dans les journaux télévisés, des magazines d’information sur les questions communautaires, des émissions plus particulièrement centrées sur l’impact de l’Union et de ses politiques, des émissions thématiques sur l’Europe et les pays européens ou des séries d’émissions consacrées tour à tour à ces différents pays. Moins fréquentes, mais cependant présentes aussi, sont des suggestions concernant des documentaires historiques, des émissions culturelles (non élitistes), des films ou autres fictions des différents pays, des programmes légers de divertissement, des jeux, voire des programmes de téléréalité – en plus d’émissions d’information pratique souhaitées par certains. On peut noter en outre le souhait, spontanément exprimé dans plusieurs Etats-membres d’une chaîne de télévision européenne – gratuite et accessible à tous.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 11

10. Les réactions des personnes consultées à divers concepts de programmes qui leur étaient soumis confirment ces attentes.

Un intérêt général et très vif s’exprime pour les concepts suivants : Des reportages sur la vie des gens dans les différents pays européens – avec le souhait qu’ils

soient diffusés sur des chaînes généralistes, aptes à en permettre la vision par le plus grand nombre.

Des reportages sur les solutions apportées par d’autres villes européennes aux problèmes tels que les transports, le logement, la sécurité urbaine, les horaires scolaires, l’accès aux services publics, etc. – sur des chaînes généralistes ou sur d’autres types de chaînes également, pour toucher un public très large.

Des émissions d’information pratique sur les droits des citoyens européens : par exemple sur le

droit d’étudier, de travailler ou d’habiter dans n’importe quel pays de l’Union Européenne, sur les droits des consommateurs qui achètent dans d’autres pays européens, sur les programmes Erasmus pour les étudiants, etc. : intérêt majoritaire dans les nouveaux Etats-membres, parfois plus conditionnel dans les anciens quand on craint d’y voir des émissions trop « purement factuelles » – mais en tous cas large en termes de publics concernés, et justifiant une diffusion sur des chaînes généralistes à grande audience.

Des émissions d’information régionale montrant l’impact des décisions et des programmes de

l’Union Européenne sur votre région ou votre ville : intérêt de principe très large ; supposition logique de diffusion privilégiée sur des chaînes régionales (là où elles existent) compte tenu de la nature même du thème.

Une plage de 5 minutes tous les jours dans chaque journal télévisé sur l’actualité de l’Union

Européenne et les décisions qui y sont prises : accueil largement favorable à la fois au principe de l’insertion dans une grille de programmes existante (qui encouragera à l’écoute) et à celui de régularité (faire entrer dans les esprits l’information européenne comme quelque chose de naturel et de « non-étranger ») ; réserves parfois, mais plus sur les modalités que sur le principe.

Les chaînes généralistes en seraient, à l’évidence pour les interviewés, le support privilégié.

Une émission hebdomadaire d’une heure d’informations et de reportages sur l’actualité de l’Union Européenne : intérêt assez large, quoiqu’un peu moins que pour le concept précédent, ou assorti de conditions ou de réserves (sur le concret des sujets traités, sur une durée ou une fréquence parfois jugée trop grande). Le profil d’audience en parait quelque peu plus « sélectif » que pour les concepts précédents, et le choix de chaînes de diffusion plus partagé : majoritairement chaînes généralistes, mais aussi chaînes spécialisées.

Des émissions sur des sujets scientifiques, sur l’environnement ou la santé, montrant des

expériences et donnant des points de vue de différents pays européens : réactions généralement intéressées dans bon nombre d’Etats-membres, contrastées dans plusieurs autres, réservées ou interrogatives dans quelques autres.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 12

Les réactions positives émanent de ceux qui y voient des émissions de vulgarisation au bon sens du terme – ayant le sérieux nécessaire mais mis à la portée du commun des mortels sur des sujets par lesquels ils se sentent concernés. Les réactions négatives ou dubitatives sont souvent liées à des représentations d’émissions scientifiques austères réservées à des téléspectateurs particulièrement compétents et informés. De ces différentes manières d’imaginer ces programmes ressortent, pour leur diffusion, des choix privilégiés de chaînes généralistes ou au contraire de chaînes spécialisées.

Des émissions sur l’art, la culture et la littérature des différents pays européens : accueil

largement favorable dans le principe, mais existence de craintes d’émissions trop intellectuelles pour le citoyen moyen – d’où l’idée de diffusion soit sur des chaînes généralistes « grand public » soit, plus fréquemment, sur des chaînes semi-généralistes ou thématiques à connotation culturelle.

L’intérêt exprimé pour plusieurs autres idées de programmes relevant essentiellement du divertissement est nettement plus restreint.

Des programmes consacrés au cinéma des autres pays européens avec des films ou des séries en

version originale, des interviews de réalisateurs, des reportages, etc. : accord avec la proposition chez des cinéphiles plus ou moins nombreux selon les pays, mais perceptions très élitistes de ces émissions par un assez grand nombre de citoyens.

Des émissions de jeux où les candidats doivent répondre à des questions sur l’Europe et les autres

pays européens : intérêt variable ou conditionnel, soit pour les émissions de jeux en général (appréciées surtout par des téléspectateurs « moyens », peu par les téléspectateurs « sélectifs »), soit pour les modalités pratiques de tels jeux à l’échelle européenne.

Des émissions de divertissement, avec des artistes ou des célébrités de plusieurs pays européens :

intérêt variable là aussi, et en gros pour les mêmes raisons.

Des émissions sur le sport dans les autres pays européens avec des retransmissions de compétitions, mais aussi des reportages sur des champions ou des équipes et sur la place du sport dans la vie des gens : très faible intérêt, soit pour le sport en général, soit pour des émissions dont on voit mal ce qu’elles apporteraient de plus que ce qui existe déjà largement.

Enfin, les réactions enregistrées à trois autres suggestions traduisent les réticences existantes à l’égard des émissions trop purement « politiques ».

Des interviews régulières des ministres responsables des affaires européennes dans notre pays :

l’intérêt est généralement faible ; on assiste même à un rejet quasi-unanime dans bon nombre d’Etats-membres du fait de la faible crédibilité du personnel politique.

Des interviews régulières de commissaires et de députés européens : intérêt globalement limité,

quoiqu’un peu plus grand que pour la proposition précédente (sauf dans un petit nombre de pays particulièrement eurosceptiques).

Des débats sur les questions européennes entre des experts de l’Union Européenne et des experts de

notre propre pays : intérêt de principe non nul, mais craintes fréquentes d’un niveau hors de portée du citoyen moyen ; les téléspectateurs « sélectifs » se montrent logiquement plus favorables dans plusieurs pays.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 13

11. Globalement, cette étude permet de mettre clairement en évidence que les téléspectateurs sont tout

à fait susceptibles d’être intéressés par des émissions traitant de l’Europe et de l’Union Européenne, dès lors que celles-ci seraient concrètes et vivantes, feraient mieux comprendre et sentir la vie des gens dans les différents Etats-membres et l’impact de l’Union sur leurs existences.

Ce qui fait défaut aujourd’hui est manifestement l’offre, et non la demande potentielle. Même si celle-ci doit être progressivement éveillée à des sujets qui lui apparaissent souvent a priori austères et techniques, cette étude montre qu’elle peut l’être, et qu’elle y aspire d’ailleurs plus ou moins spontanément, par des programmes comportant un « dosage » pertinent d’apports informatifs et attrayants à la fois.

12. La légitimité de la Commission à apporter un soutien à des projets télévisuels ayant un contenu européen – y compris sous forme d’aides financières – n’est mise en cause que par un très faible nombre de personnes dans quelques pays seulement. Dans leur très grande majorité, les citoyens approuvent au contraire ouvertement une telle initiative.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 14

RESULTATS DETAILLES

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 15

PREMIERE PARTIE

LES EUROPEENS ET LA TELEVISION

ATTITUDES ET COMPORTEMENTS GENERAUX

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 16

I.1 COMPORTEMENTS D’ECOUTE ET FONCTIONS DE LA TELEVISION

Les premiers thèmes de discussion étaient très généraux. On demandait aux personnes réunies dans les groupes de parler de « ce qu’elles regardaient habituellement à la télévision », « en prenant l’exemple d’une semaine typique et en essayant de penser à tous les programmes qu’elles regardent pendant cette semaine ». Puis on les incitait à considérer les programmes qu’elles regardent « avec plus ou moins d’intérêt ou plus ou moins d’attention » en établissant une classification des programmes selon ce critère et en explicitant les raisons de leurs préférences.

L’objectif n’en était évidemment pas d’apporter des données sur l’audience de la télévision, des différentes chaînes ou des différentes catégories de programmes à partir d’investigations qualitatives portant sur un petit nombre d’individus dans chaque pays ; ces données sont fournies par ailleurs par les instituts spécialisés dans les études de mesure d’audience. On cherchait en revanche à dégager par ce biais des comportements-types de fréquentation de ce media, et à préciser les fonctions qu’il remplit pour les téléspectateurs et les « bénéfices » qu’ils en retirent ou qu’ils en attendent.

L’analyse des discours des interviewés permet de distinguer quelques comportements caractéristiques

Comportements sélectifs

Ils se traduisent par des choix effectués de regarder telle émission et non telle autre, soit en fonction d’une connaissance pré-établie des grilles de programmes soit par la consultation préalable des programmes du jour ou de la semaine (dans les magazines de télévision, les rubriques spécialisées des quotidiens ou le télé-texte pour les chaînes qui en sont dotées). Ils impliquent aussi le plus souvent un rejet a priori de certaines catégories d’émissions. La sélectivité peut se manifester également en termes de choix de chaînes ou de types de chaînes, notamment pour les émissions d’information au sens large. Ces comportements sont souvent accompagnés d’une auto-limitation de sa « consommation » globale de télévision, mais il y a des cas inverses d’écoutes importantes en volume qui restent sélectives (intérêt très fort pour certains types de sujets ou d’émissions qu’on « ne rate pas »). Ce sont ces téléspectateurs qui font le plus état de pratiques d’enregistrement d’émissions qu’ils sont empêchés de regarder en temps réel, du fait d’absences ou d’autres occupations ou parce que deux programmes qu’ils tiennent à voir sont diffusés en même temps. Les comportements sélectifs sont logiquement les plus répandus dans les groupes éponymes – mais la correspondance n’est pas absolue. Rappelons que les personnes recrutées dans les groupes de téléspectateurs dits « sélectifs » étaient définies par leur fréquentation de chaînes de télévision « de qualité » au contenu plus « intellectuel » que la moyenne (chaînes à contenu culturel, chaînes d’information, chaîne internationales, chaînes de pays étrangers) et non en fonction de leur volume et de leur régularité d’écoute.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 17

Ces comportements apparaissent minoritaires, et plus répandus dans certains pays que dans d’autres dans l’échantillon interviewé. On observe dans l’ensemble une bonne correspondance entre le caractère réellement sélectif des comportements et la sélectivité au sens du recrutement en France, en Belgique, au Luxembourg avec moins de netteté, en Grèce, en Autriche, en Finlande, à Malte et en Pologne. Cette correspondance est seulement partielle en Allemagne et en Italie (on y trouve des comportements de cette nature, clairement minoritaires, mais surtout liés à des caractéristiques socio-démographiques – niveau d’éducation et relative jeunesse) en Irlande, au Portugal, en Slovénie, en Lettonie et en Lituanie. En outre, dans quelques Etats-membres, on constate aussi, assez répandus, des comportements de ce type parmi les téléspectateurs « régionaux » (en France, en Suède, en Pologne). Dans les autres Etats-membres, les comportements de sélectivité sont plus rares (Pays-Bas, Danemark), voire quasi-absents de l’échantillon recruté.

Comportements normalisés Ils sont au contraire nombreux, au moins pour une partie de la fréquentation de la télévision des personnes concernées, qui ont des habitudes bien établies. Ces habitudes concernent :

Leurs horaires d’écoute : pratique « normale » d’allumer son téléviseur à l’heure des informations télévisées du soir, ou en rentrant du travail pour regarder des émissions habituelles qui précèdent les informations.

Certains ont également une « routine » d’écoute de la télévision le matin avant de quitter leur domicile, notamment pour y prendre connaissance des premières nouvelles du jour, ou bien à la mi-journée ou en début d’après-midi pour des personnes qui rentrent déjeuner chez elles, qui reviennent très tôt de leur travail, ou qui ne sont employées qu’à temps partiel. En font état notamment des Espagnols, des Chypriotes, des Tchèques et des Slovaques.

Des émissions régulières favorites qui constituent des repères et des points d’ancrage. Il s’agit selon les cas d’émissions à contenu informatif (autres que les journaux télévisés : magazines, documentaires, ou émissions de reportages ou de débats sur des sujets variés) ou d’émissions essentiellement ludiques et divertissantes solidement établies dans les grilles de programmes (séries ou feuilletons de toutes natures, fictions récurrentes, “talk shows”, plages humoristiques, jeux, voire téléréalité).

Cela ne veut pas dire, bien entendu, que les téléspectateurs concernés ne regardent que ces émissions repères – ils exercent aussi leur choix en fonction de la programmation offerte par différentes chaînes le jour concerné – mais elle représentent un point d’ancrage fort. Ce type de comportement est répandu dans tous les pays, particulièrement mais pas uniquement dans les groupes de téléspectateurs « moyens ». Il parait notamment très fréquent au Royaume-Uni, en Irlande, aux Pays-Bas et au Danemark, ainsi (moins

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 18

nettement) qu’en Grèce et au Portugal (dans les groupes moyens), en Pologne et dans les Etats baltes.

Comportements butineurs

Même si ceux qui sont classés ainsi ont eux aussi souvent des points de repère quotidiens – principalement le ou les « rendez-vous » avec l’information des journaux télévisés – ils se caractérisent par une moins grande routine pour ce qui est des autres programmes : ils sont moins attachés à une ou à quelques chaînes particulières, ils « zappent » davantage, ils sont moins fidèles aux émissions régulières, ils tirent davantage parti de la diversité de l’offre existante en suivant leur humeur et leurs envies du moment. On trouve de tels cas dans les échantillons de la plupart des pays étudiés, et souvent répartis entre les différentes catégories prédéfinies au recrutement. C’est un type de comportement également très répandu et, semble-t-il, croissant avec la diversité grandissante de l’offre. Il parait très caractéristique, entre autres, de très nombreux Allemands, Italiens, Espagnols, Chypriotes, Tchèques, Slovaques et Hongrois, des Français, Belges, Autrichiens, Finlandais, Suédois ou Maltais en dehors de ceux qui affichent une tendance sélective, et on l’observe aussi chez une partie des Slovènes et des Polonais.

Comportements addictifs Ils consistent à vivre en permanence, ou au moins une partie de la journée, avec la télévision qu’on allume parfois dès le matin – selon les moments en y prêtant une attention plus ou moins flottante ou en se concentrant sur une émission qu’on trouve d’un intérêt particulier. Ces comportements paraissent minoritaires dans la plupart des pays, où ils sont le fait de femmes au foyer, de personnes retraitées ou ayant un emploi à temps partiel, de personnes vivant seules – et souvent de personnes plus âgées que la moyenne et d’un niveau d’instruction inférieur ; plus rarement, on y trouve aussi des jeunes. Dans notre échantillon, on observe des cas de ce genre en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Luxembourg, au Portugal, en Autriche, en Finlande, au Danemark, en Suède, à Chypre et en Estonie. Dans un Etat-membre, le Royaume-Uni, ces cas paraissent sensiblement plus nombreux.

Cette typologie est bien sûr sommaire. Les comportements des uns et des autres peuvent d’ailleurs se modifier selon les moments ou les circonstance. Parmi les facteurs de variation, par rapport aux comportements habituels peuvent intervenir :

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 19

Le temps disponible

Bon nombre évoquent une pratique d’écoute de la télévision différente entre les jours de semaine (objets pour l’essentiel des descriptions qui précèdent) et le week-end, mais de manière non homogène : certains déclarent passer beaucoup plus de temps devant la télévision le samedi ou (plus encore) le dimanche, alors que d’autres (parmi les plus jeunes notamment) sortent davantage. Quelques uns parlent aussi d’horaires de travail qui varient (travailleurs postés), et d’autres de la présence ou non des enfants au foyer, avec également des conséquences variées (dont limitation volontaire pour ne pas conduire les enfants à une dépendance par rapport à la télévision, ou au contraire allumage du récepteur aux heures des émissions enfantines que l’on suit éventuellement plus ou moins avec eux).

Des événements affectant l’offre télévisuelle

Il peut s’agir d’événements politiques majeurs se produisant dans le monde qui amènent à s’intéresser davantage à l’actualité et aux autres programmes d’information qu’on ne le fait habituellement, ou bien d’événements sportifs particuliers (Jeux Olympiques, grands championnats internationaux, compétitions dans lesquelles sont engagées des équipes nationales phares).

Sa propre disponibilité psychologique Elle conduit les mêmes personnes à s’orienter davantage vers des émissions à contenu informatif ou éducatif ou au contraire vers des programmes légers de divertissement, selon leur humeur du moment, leur degré de forme ou de fatigue, etc.

On s’intéressera ensuite dans ce chapitre introductif aux fonctions de la télévision On peut identifier les fonctions suivantes :

Information

Il s’agit principalement de l’information sur l’actualité dispensée par les journaux télévisés ou par les chaînes d’information en continu pour ceux qui y ont accès. C’est une fonction centrale ; c’est d’ailleurs le seul moyen d’information sur les événements nationaux et internationaux pour bon nombre de personnes qui ne lisent pas de journaux et n’écoutent guère la radio. Pour la très grande majorité des citoyens interrogés, les informations télévisées constituent un point de repère et un « rendez-vous » incontournable, tout au moins pour celles du soir ; on a rapporté plus haut les propos des nombreux interviewés qui déclarent allumer leur poste de télévision pour le début du journal télévisé, ou pour suivre des émissions qui le précèdent dans l’attente de celui-ci.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 20

Comme on l’a vu également, une partie (minoritaire) de l’échantillon « se branche » en outre sur les informations du matin ou de la mi-journée. Le degré d’attention porté aux informations télévisées concerne toutes les catégories de téléspectateurs dans la plupart des Etats-membres – la seule exception notable étant le Royaume-Uni où beaucoup (entre autres, mais pas uniquement, dans le groupe moyen) valorisent peu la fonction d’information et n’attendent guère de la télévision qu’un rôle de divertissement. Il parait plus fort encore dans la plupart des nouveaux Etats-membres, dont les citoyens manifestent une soif particulière d’ouverture sur le reste du monde. Globalement, l’attention portée est la plus grande parmi les téléspectateurs « sélectifs ». Dans plusieurs pays, c’est aussi vrai des téléspectateurs « régionaux » pour l’information régionale ou locale (en France, aux Pays-Bas, en Grèce, en Autriche, dans les pays scandinaves, en Slovaquie, en Hongrie et en Lituanie). Il s’y ajoute une fonction d’information pratique plus ou moins développée : fréquemment recherchée pour les bulletins météorologiques, parfois pour connaître l’état de la circulation automobile, pour être au courant des événements locaux par le biais des télévisions régionales ou locales, ou même dans quelques cas pour des « publicités » locales faisant connaître des offres de magasins ou remplissant presque un rôle de type « petites annonces » (évoqué dans quelques nouveaux Etats-membres).

Enrichissement des connaissances et de la culture générale

Divers types de programmes y concourent :

Les émissions d’information politiques (ou socio-politiques, ou politico-économiques) perçues comme étant le prolongement ou le complément des actualités télévisées.

Elles sont inégalement appréciées du fait de la désaffection à l’égard de la politique et des politiques qui s’exprime de manière assez générale. Dans certains Etats-membres, ce sont surtout les téléspectateurs « sélectifs » (et parfois « régionaux ») qui disent les regarder et y prêter intérêt – ainsi en France, en Belgique, au Luxembourg, en Grèce, au Portugal, en Autriche, en Finlande, en Slovénie et en Lettonie. Dans d’autres, l’intérêt est plus partagé entre divers types de téléspectateurs – en Allemagne, en Suède, à Malte, en République Tchèque, en Pologne et en Lituanie – ou bien encore le clivage fait en fonction d’autres critères (niveau d’éducation en Pologne, jeunesse et caractère plus masculin en Estonie). Dans les autres Etats-membres, ces émissions intéressent peu, ou ne sont même pas mentionnées.

Les émissions telles que magazines, débats, reportages et documentaires

Elles intéressent une proportion substantielle des citoyens dans tous les pays, bien que leur public paraisse plus restreint dans certains d’entre eux : caractère « sélectif » de

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 21

l’audience de tels programmes notamment au Royaume-Uni, en Irlande, aux Pays-Bas, en Autriche, dans les pays nordiques, en Grèce (intérêt plus faible des plus jeunes dans ce pays), à Malte, en Slovaquie, en Pologne et en Lettonie – soit du fait d’un moindre intérêt, soit en raison d’une moindre accessibilité aux chaînes thématiques spécialisées dans les différents domaines concernés. Elles portent sur les principaux thèmes suivants :

o Questions sociétales. Du fait qu’il s’agit en partie d’émissions visant un large public, incluant des témoignages de « gens ordinaires » dans la situation desquels on peut se projeter, leur audience est peu sélective ; on les trouve mentionnées dans différents groupes.

o Voyages, connaissance de pays étrangers, géographie. Un intérêt s’exprime très

généralement dans l’ensemble des pays étudiés, et dans des catégories de téléspectateurs variées (dès lors qu’elles ont accès à l’offre des chaînes spécialisées, ou que les chaînes généralistes de leurs pays en proposent également régulièrement).

o Nature et vie animale. Il en va de même pour ce qui est de l’intérêt porté et de la

largeur de l’audience. o Histoire. C’est un thème moins fréquemment évoqué, mais qui parait susciter un

intérêt particulièrement fort en Allemagne, en Autriche, au Luxembourg, en Italie et en Grèce à l’exception des plus jeunes, dans les pays d’Europe centrale et dans les Etats baltes. Dans ces pays l’audience parait relativement peu sélective ; elle l’est davantage ailleurs.

o Arts et culture. C’est le moins cité des domaines thématiques d’enrichissement

des connaissances, le plus ardu sans doute. Il est fait référence à Arte en France, moins en Allemagne, parfois dans des pays limitrophes où on peut y avoir accès. D’autres chaînes culturelles ou généralistes à profil « intellectuel » sont mentionnées, comme certaines chaînes spécialisées. Le profil de l’audience de ces émissions parait clairement sélectif dans la plupart des Etats-membres où elles sont évoquées.

o Vulgarisation scientifique. C’est un autre domaine cité par des interviewés dans

un assez grand nombre de pays, avec un profil de téléspectateurs généralement sélectif (sauf cas d’émissions sur la santé qui paraissent susciter un intérêt plus général notamment parmi les femmes dans plusieurs Etats-membres).

Des “talk-shows”, entre l’apport de connaissances et le divertissement pur – et penchant

plus ou moins dans un sens ou dans l’autre selon les sujets, leur traitement « sérieux » ou plus « racoleur », la nature des invités et la personnalité de l’animateur. Ils peuvent intéresser une large audience.

Les jeux, pour ceux d’entre eux qui sont basés sur des questions de connaissances

(« quiz »). Ils sont mentionnés par des interviewés de divers pays comme permettant d’apprendre des choses en testant ses propres connaissances – même s’ils relèvent d’abord du genre du divertissement ; les citent ici principalement des participants de groupes « moyens ».

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 22

Evasion

Cette fonction est remplie à la fois par certains des programmes du type précédent (sur les voyages, les pays étrangers, la nature, parfois l’histoire) et par des programmes de fiction (films, téléfilms, séries …) selon leur contenu et leur orientation. Bien qu’elle ne corresponde pas directement à des catégories « fermées » bien définies, les propos des interviewés montrent qu’elle est importante et qu’elle se différencie du pur divertissement : elle permet de se transporter ailleurs, de rêver quelque peu, de sortir du quotidien, de satisfaire sa curiosité.

Divertissement Les émissions qui visent à remplir cette fonction sont nombreuses et de différentes catégories. Les “talk-shows” évoqués précédemment, lorsqu’ils portent sur des sujets légers, qu’ils sont

traités avec humour, etc.

Certains, dans quelques pays, y ajoutent spécifiquement des programmes humoristiques (Allemagne, Autriche, Slovénie, Pologne, Etats baltes).

Les jeux, fréquemment mentionnés, en général sans connotation négative même dans les

catégories de téléspectateurs « sélectifs » (sauf jeux « débiles »), mais surtout appréciés par une population large du grand public « moyen ».

Les programmes de fiction

o Séries et feuilletons de toutes natures, incluant comédies de situation, « soap operas » ou

fictions plus dramatiques. On n’évoquera pas ici en détail les particularités nationales qui figurent dans les analyses des discussions de groupe des différents pays (et qui sont nombreuses), sinon pour signaler le particulier attrait qu’ont apparemment les fictions légères (« soap operas », comédies) dans certains d’entre eux : Royaume-Uni, Irlande, Italie, Suède, Hongrie, ainsi que Belgique et Pays-Bas dans le public « moyen » et Portugal, Chypre et Pologne notamment chez les femmes.

o Films de cinéma. Leur attractivité parait cependant variable : grande notamment en France, en Belgique, au Luxembourg, en Grèce, en Espagne, au Portugal, à Chypre, en Slovaquie, en Pologne et en Slovénie, apparemment moins ailleurs.

o La “téléréalité”

Souvent rejetée comme inepte dans les déclarations des interviewés, elle a cependant une assez large audience dans beaucoup de pays, notamment parmi les plus jeunes. Elle est en tous cas citée sans réactions systématiquement négatives par des Italiens, des Espagnols, des Néerlandais, certains Suédois, des Grecs, des Maltais, des Chypriotes et certains Lituaniens.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 23

Les émissions sportives

Il en est fait mention dans la plupart des pays étudiés – par un public essentiellement masculin (dans tous les types de groupes, même si les téléspectateurs « sélectifs » y sont sans doute moins fidèles).

La musique ; les émissions de variété

Elles sont peu citées parmi les programmes fréquentés à la télévision – surtout par des interviewés parmi les plus jeunes des adultes interrogés.

Fonction de présence

Bien qu’elle ne soit pas nécessairement définie comme telle, elle est manifestement une fonction importante en particulier pour les téléspectateurs au comportement « addictif » décrit plus haut : personnes âgées, personnes seules, femmes au foyer qui vaquent à leurs tâches ménagères en gardant la télévision allumée et en y prêtant une attention variable selon les moments (pauses dans le travail ménager) ou selon les contenus diffusés (émissions pour lesquelles l’intérêt s’éveille quand elles apparaissent).

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 24

I.2 FACTEURS DE DIFFERENCIATION DES CHAINES DE TELEVISION

Les participants des discussions de groupe étaient invités par leurs animateurs à « penser à toutes les chaînes de télévision qu’ils connaissaient » – qu’ils les regardent ou pas – et à « essayer de les classer en plusieurs familles, selon ce qu’elles ont de semblable ou de différent » à leurs yeux.

Le but en était de mettre en évidence les divers critères selon lesquels s’effectue la différenciation entre les chaînes qui participent à l’offre télévisuelle dans les pays européens étudiés.

Au préalable, on peut observer que, s’il existe dans tous les pays une offre de chaînes extrêmement nombreuse en théorie accessible à tous ou presque, et dont l’existence est largement connue, l’ampleur de l’univers de chaînes spontanément embrassé par les interviewés lorsqu’on leur propose de se livrer à cet exercice varie assez largement d’un pays à l’autre (et moins d’une catégorie de téléspectateurs à une autre).

Il existe à cela différentes raisons :

Le nombre très inégal selon les pays des chaînes d’accès « universel » ou quasi-universel pour le citoyen moyen – soit gratuitement, soit moyennant une redevance modique (parfois incluse dans le loyer du logement) pour être connecté à l’offre « standard » du réseau câblé.

Dans la partie Ouest de l’Europe, une assez nette différenciation peut être faite entre des pays où existe un accès câblé standard à plusieurs dizaines de chaînes (Allemagne, Autriche, pays scandinaves, Benelux) et d’autres où ce phénomène n’existe pas ou est beaucoup plus restreint (Etats-membres sud-européens, France incluse, Finlande) – le Royaume-Uni étant dans une situation intermédiaire (accès possible à un nombre limité de chaînes via le câble contre paiement de frais initiaux de raccordement) ainsi que l’Irlande (souscription largement répandue à un « paquet » limité d’une dizaine de chaînes essentiellement britanniques). Dans les nouveaux Etats-membres de l’Union Européenne, la pénétration de la télévision par câble est très variable, et plus encore l’existence de « paquets » de base limités : d’élevée notamment à Malte ou en Slovénie à faible ou moyenne-faible dans les autres pays.

Le degré de pénétration des bouquets câblés ou satellitaires « complets » donnant accès à un très grand nombre (jusqu’à plusieurs centaines) de chaînes, ou de la télévision terrestre cryptée également payante.

Dans les pays « peu câblés » (évoqués ci-dessus) notamment, c’est un facteur qui fait considérer spontanément un univers plus ou moins large de chaînes autres que les chaînes terrestres gratuites publiques ou privées. Le taux de souscription à de tels services est par exemple très élevé au Royaume-Uni. Dans le Sud de l’Europe de l’Ouest, il est nettement ou beaucoup plus faible (avec des spécificités, telles

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 25

que l’assez grand succès de Canal Plus en France), de même que dans la plupart des nouveaux Etats-membres.

Le développement de chaînes hertziennes privées gratuites qui varie lui aussi, pour des raisons historiques et politiques qui ont entouré la fin des monopoles publics de diffusion télévisuelle et du fait des législations nationales différentes qui en ont découlé. Parmi les pays « non systématiquement » câblés, de telles chaînes (nationales, parfois aussi régionales de relativement grande audience) ont par exemple davantage fleuri en Italie et en Grèce que dans d’autres Etats-membres.

La facilité d’accès à des chaînes étrangères de pays voisins – facilité aussi bien linguistique ou psychologique que technique ou économique.

Cette facilité est très grande au Luxembourg (fréquentation tout à fait « normale » de chaînes allemandes, françaises, et également belges par une très grande partie de la population, outre des chaînes « étrangères » d’autres pays européens regardées par les nombreux résidents non luxembourgeois du Grand Duché, notamment portugais), en Belgique (chaînes françaises très regardées par les francophones, chaînes néerlandaises par la partie flamande de la population), en Irlande (grande audience des télévisions britanniques), en Autriche (pour la télévision allemande) et à Malte (chaînes hertziennes italiennes et chaînes britanniques). A un moindre degré, ce phénomène existe aussi aux Pays-Bas (une certaine audience de la télévision flamande), au Danemark (télévision des autres pays scandinaves, télévision allemande également), en Finlande (télévision suédoise faisant partie de l’univers familier sinon régulièrement vue par d’autres que la minorité suédophone), à Chypre (chaînes grecques), dans les Etats baltes (chaînes russes qui paraissent avoir une audience non négligeable même en dehors des minorités russophones, chaîne « baltique » d’origine russe, télévision finnoise en Estonie, polonaise en Lituanie), en Slovaquie (chaînes tchèques) et en Slovénie (ouverture sur des chaînes de pays voisins immédiats, y compris la Croatie). Du fait de la combinaison de ces différents facteurs, l’univers de référence spontané des interviewés, en termes de nombre de chaînes assez directement présentes à leur esprit, va d’un petit nombre (dans les pays comme la France, l’Espagne, le Portugal, la Finlande ou la République Tchèque) à plusieurs dizaines (chez une partie au moins des interviewés au Benelux, dans les pays scandinaves et germaniques, à Malte), en passant par des ordres de grandeur d’une dizaine ou d’une quinzaine de chaînes dans d’autres Etats-membres. La largeur de l’univers de référence diffère parfois (mais généralement assez peu) d’une catégorie de téléspectateurs à une autre. Dans certains pays toutefois, les téléspectateurs « sélectifs » ont un champ légèrement plus large, incluant davantage de chaînes spécialisées ou thématiques (centrées notamment sur l’information, les émissions à contenu éducatif ou documentaire) ou de chaînes étrangères. On l’observe par exemple en France, en Belgique, en Grèce, en Autriche, au Danemark, en Finlande, en Slovénie et dans les trois Etats baltes.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 26

Ces variations sont toutefois relativement minimes dans la plupart des cas (elles sont logiquement plus nettes pour ce qui est des chaînes effectivement regardées, du fait des différences concernant les préférences en matière de programmes, ainsi qu’on l’a vu plus haut).

Les critères de différenciation entre chaînes de télévision à l’intérieur de l’univers connu sont principalement les suivants :

Caractère généraliste ou non.

Ce critère est présent partout, soit explicitement soit implicitement (références a contrario à des chaînes plus spécialisées)

Caractère gratuit ou payant

C’est, curieusement peut-être, un critère rarement évoqué en tant que tel, et surtout à propos de chaînes qui impliquent une facturation spécifique (en dehors du cas de la facturation globale d’un bouquet auquel on peut être abonné, ou du bouquet « standard » aisément accessible dans certains pays). Des Français et des Luxembourgeois évoquent par exemple Canal Plus, des Britanniques des chaînes « complémentaires » au bouquet de base nécessitant un abonnement spécifique.

Caractère public ou privé

Sous ces termes ou sous d’autres (chaînes « commerciales » par exemple) c’est un facteur de différenciation spontanément mis en avant dans la plupart des pays. Il n’apparaît pas à ce stade, cependant, en France, en Italie, au Royaume-Uni, et à Malte, et peu en Irlande, Pologne et en Lituanie – pays où les interviewés tendent à ranger dans la même famille les principales chaînes généralistes, quel que soit leur statut.

Degré de qualité et sérieux

Ce critère introduit une différenciation supplémentaire entre chaînes généralistes dans beaucoup d’Etats-membres, recoupant fréquemment la distinction faite entre chaînes publiques et privées. Cette différenciation est nette en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas, dans les trois pays

nordiques, ainsi qu’à Chypre, en Slovénie et dans les Républiques Tchèque et Slovaque – pays dans lesquels la recherche du spectaculaire et du sensationnel par les chaînes privées est vivement dénoncée. Elle est claire aussi en Espagne, bien qu’on y regrette de voir les chaînes publiques perdre graduellement leur niveau de qualité en voulant copier leurs concurrentes privées, et que l’indépendance de la principale d’entre elle par rapport au pouvoir politique (ou plutôt, celui de l’ancien gouvernement conservateur) y soit mise en cause.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 27

La correspondance entre les deux critères de différenciation existe mais elle est moins forte au Luxembourg, au Portugal, et en Grèce (où il y a plutôt un continuum entre chaînes publiques de qualité et chaînes privées très médiocres, en passant par d’autres télévisions commerciales de qualité convenable).

En Hongrie, on identifie bien un caractère spécifique des chaînes publiques, mais c’est autant pour déplorer leur austérité et leur aspect vieillot que pour leur reconnaître la qualité de sérieux.

Ce reproche fait aux chaînes publiques se manifeste d’ailleurs aussi plus modérément dans quelques autres pays, notamment parmi les plus jeunes des téléspectateurs interrogés (en Allemagne, au Luxembourg, en Suède, en partie en Lituanie).

Il n’y a guère d’association en revanche entre le niveau de qualité et le statut des

chaînes dans les autres Etats-membres.

Parfois, la notion de qualité amène à ranger en outre dans la catégorie valorisée pour cette raison des chaînes non généralistes au contenu informatif, éducatif ou culturel. Enfin, dans quelques Etats-membres, on associe à la notion de (non)-qualité des chaînes mineures, à petit budget, ou « semi-amateurs » (mentions faites par exemple en Belgique, au Luxembourg, en Grèce ou en Hongrie) – parfois à caractère régional ou local.

Couverture nationale ou régionale ou locale

Des chaînes régionales ou locales sont spontanément identifiées comme telles en Belgique, aux Pays-Bas, en Autriche, en Italie, en Espagne, en Grèce, à Chypre, en République Tchèque, en Slovaquie et en Lituanie – ainsi qu’en France, en Allemagne, dans les pays scandinaves et en Pologne où on pense cependant plutôt à des chaînes ayant un contenu partiellement régional ou à des « décrochages » régionaux de chaînes essentiellement nationales. Leur fréquentation et l’intérêt qu’on y porte varient beaucoup d’un pays concerné à l’autre. Intérêt assez marqué pour les nouvelles régionales, et aussi pour des programmes à

caractère régional allant au-delà de l’information pure ou (moins souvent) pour des informations pratiques : en Autriche (où on évoque par exemple le dynamisme de la nouvelle chaîne Puls TV à Vienne), dans les Républiques Tchèque et Slovaque, en Lituanie (où il en existe dans diverses villes, dont Vilniaus TV assez appréciée dans la capitale), ainsi qu’en France (informations régionales de France 3 et de M6, moins fortement la chaîne locale de Rennes), en Allemagne (informations régionales sur les chaînes de service public du Land) et en Pologne (TVP3).

Intérêt peu marqué ou faible au Danemark et en Suède (où il en est fait peu mention), ainsi

qu’en Italie (en dehors de la chaîne publique mi-régionale, mi-nationale RAI 3), en Espagne, en Grèce et à Chypre (chaînes au contenu très local, manquant de moyens, à la programmation pauvre) – avec quelques exceptions toutefois (Telemadrid assez dynamique, ayant certaines émissions reconnues comme intéressantes, mais au contenu d’information quelque peu biaisé par l’influence du gouvernement régional).

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 28

Chaînes nationales ou étrangères On a évoqué plus haut le large accès qu’ont les téléspectateurs de certains Etats-membres à des chaînes de télévision d’autres pays européens : ceux-là mentionnent fréquemment l’existence de ces chaînes étrangères à côté de leurs télévisions nationales ; c’est beaucoup plus rare dans les autres pays. On observe que la notion de chaînes internationales est peu présente. On voit bien, dans plusieurs pays, des interviewés citer Euronews, CNN ou NBC (ainsi que BBC World ou plus rarement TV5 ou Deutsche Welle), comme chaînes qu’on peut regarder pour recevoir des informations sur l’actualité mondiale, mais dans la plupart des cas ils en parlent comme « chaînes d’information » ayant une nationalité d’origine plutôt qu’un caractère réellement international (sauf pour Euronews qui parait plus neutre à cet égard). Il n’y a guère que des interviewés britanniques pour créer une famille « internationale » regroupant les chaînes d’information anglo-saxonnes.

Nature du contenu des chaînes Les principales catégories que distinguent les personnes interrogées dans les différents pays sont globalement les mêmes quoiqu’avec des appellations parfois différentes, et des regroupements plus ou moins larges de types de chaînes. Certains interviewés ont une approche par nature de public plutôt que par contenu : chaînes pour les enfants (évoquées par des Belges, des Luxembourgeois, des Autrichiens, des Slovènes, des Polonais, des Slovaques, des Hongrois …), pour les jeunes (en France, en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas, en Suède, en Hongrie – soit chaînes véritablement thématiques, soit chaînes plus ou moins généralistes ayant des émissions ou un ton jeunes, comme M6 en France), plus particulièrement tournées vers un public féminin, dans quelques cas vers celui des retraités, etc. La voie d’entrée la plus fréquente est toutefois celle de la nature des programmes (cf. infra).

Les classifications des chaînes selon leur contenu concernent principalement, mais pas exclusivement les chaînes thématiques.

Certains types de contenus ont une signification dans l’ensemble claire et homogène dans l’ensemble des pays étudiés :

Information. Pour l’essentiel, les interviewés pensent aux chaînes thématiques

d’information en continu, américaines (CNN, NBC, parfois Fox News) ou britanniques (BBC World, parfois Sky News) à diffusion largement internationale, à Euronews cité dans plusieurs pays, à TV5 ou Deutsche Welle occasionnellement, où à des chaînes d’information purement nationales dans les pays où il en existe.

Parfois s’y ajoutent des chaînes généralistes « de qualité » ayant un contenu d’information important et valorisé dans tel ou tel pays.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 29

Sport. Eurosport est assez souvent cité, parfois aussi des chaînes nationales qui ont une programmation développée de retransmissions de compétitions et d’émissions sur le sport.

Musique. Les chaînes musicales sont identifiées en tant que telles, avec une forte

connotation de musique pour les jeunes.

Cinéma. La notion de chaînes consacrées au cinéma (ou à la diffusion de films) n’est pas spontanément présente dans tous les pays. On la voit peu apparaître notamment dans les pays où le câblage du territoire est généralisé, donnant un accès standard à quelques dizaines de chaînes, mais qui n’incluent généralement pas de chaînes thématiques de cinéma.

Elle est peu répandue aussi en Italie, en Espagne et en Grèce, où le taux d’abonnement aux bouquets thématiques est faible. Au Royaume-Uni, en outre, il semble que les facteurs d’offre ne sont pas les seuls en cause, mais qu’il y a aussi un faible intérêt général des téléspectateurs pour le cinéma (au contraire des séries ou feuilletons). En revanche, elle est assez largement évoquée en France ainsi que dans la plupart des nouveaux Etats-membres, soit à propos de chaînes spécialisées soit en pensant à des chaînes plus ou moins généralistes qui diffusent de nombreux (et « bons ») films – peut-être parce que le cinéma en tant qu’art y est particulièrement valorisé.

Pour d’autres thèmes les concepts paraissent moins clairement définis, les regroupements effectués par les interviewés plus variables, et le vocabulaire est également moins homogène.

Il s’agit au fond de tout ce qui est de nature culturelle, éducative ou informative (au-delà de l’actualité traitée par les chaînes d’information pure), par opposition aux programmations offrant principalement du divertissement – on a vu d’ailleurs que la frontière entre ces deux pôles n’est pas étanche. En ce qui concerne les chaînes généralistes, on retrouve ici grosso modo la distinction qui était faite entre chaînes « sérieuses » (souvent publiques, plus crédibles, mais aussi parfois ternes et peu innovantes) et chaînes «plus légères » (souvent privées). Pour ce qui est des chaînes thématiques, on y trouve principalement :

Des chaînes culturelles – c’est toutefois une appellation assez rarement employée en

dehors du cas d’exemples emblématiques comme Arte (beaucoup évoqué en France, moins en Allemagne où cette chaîne reste beaucoup plus confidentielle, un peu dans quelques pays voisins).

Des chaînes « documentaires » ou « éducatives ». Elles peuvent être citées en tant que

grande catégorie générique (tout ce qui « vous apprend quelque chose »), avec un côté plus ou moins « sérieux » ou plus ou moins « ludique », ou avec des distinctions entre plusieurs sous-catégories.

Les plus fréquentes concernent l’histoire et (davantage encore) la géographie – ou bien la découverte et les voyages – la science et la médecine, et la nature ou la vie animale.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 30

Par opposition à cette ou à ces familles, les chaînes citées comme se consacrant au « divertissement » sont le plus souvent des chaînes généralistes, rarement des chaînes thématiques spécifiées (sauf cas britannique de celles qu’on recherche pour leurs séries ou cas de chaînes de cinéma passant des films légers plutôt que profonds, etc.).

Sont enfin – rarement – évoquées des chaînes au contenu très spécifique : religieuses (en Pologne et en Hongrie) avec une faible attractivité, érotiques, d’information pratique, de téléachat (pour cette dernière catégorie, notamment en Allemagne, et en Autriche et au Luxembourg, avec une image négative)…

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 31

I.3 ROLE D’APPORT D’INFORMATIONS ET DE CONNAISSANCES DE LA TELEVISION

On abordait ensuite plus directement la question de « ce qu’on trouve (à la télévision) qui nous permet de nous informer, de nous cultiver, d’apprendre des choses d’une manière ou d’une autre » – d’abord sur un plan général, puis en demandant aux participants des réunions de parler des thèmes ou de sujets qui sont traités dans les programmes ayant ce type de fonction à leurs yeux, avant de les interroger sur « ce qui manque aujourd’hui, …, les sujets ou les thèmes qu’ils souhaiteraient voir davantage traités, ou mieux traités qu’actuellement ».

On trouve dans les propos des interviewés confirmation de l’idée, qui ressortait déjà de leurs discours précédents, qu’il n’y a pas d’opposition radicale entre programmes purement informatifs et éducatifs d’une part, et programmes exclusivement divertissants d’autre part – mais plutôt un continuum entre ces deux pôles, certains types d’émissions penchant davantage vers le premier, d’autres vers le second.

Cette double fonction de la télévision correspond bien aux perceptions (et aux attentes) de la plupart, qui disent souvent spontanément qu’on peut y apprendre beaucoup au travers des différents types de programmes diffusés sur les différentes chaînes disponibles. On notera toutefois, dans quelques pays, l’expression d’une attente prioritaire de divertissement et de distraction par la télévision. Les interviewés britanniques paraissent particulièrement nombreux à la formuler, les Espagnols aussi sans pour autant se montrer fermés à sa fonction « instructive », ainsi que les participants des groupes de téléspectateurs « moyens » ou « régionaux » dans plusieurs Etats-membres (Irlande, Belgique, Portugal, Danemark, Finlande) et qu’une partie des Lettons.

En ce qui concerne les genres de programmes qui « apportent quelque chose » en dehors de leur fonction distractive, on peut effectuer les principaux constats suivants :

Les personnes interrogées ne reviennent pas toujours ici sur les informations télévisées au sens étroit du terme.

Cela peut s’expliquer par la phrase d’introduction par laquelle commençait l’exposé de ce thème d’interrogation – on y faisait allusion à « toutes sortes de programmes » qu’on trouve à la télévision « entre les programmes d’information pure et ceux qui sont essentiellement de divertissement ». Dans les groupes de quelques pays la fonction d’information des journaux télévisés est simplement rappelée comme une évidence, sans commentaires particuliers : au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Irlande, au Danemark, en Suède, en Slovaquie, en Hongrie, en Pologne, en Lituanie … Les interviewés britanniques tendent à les évoquer comme une partie bien spécifique des programmes télévisés et distincte de la fonction de divertissement dominante dans leurs attentes.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 32

Dans quelques autres Etats-membres, l’information télévisée, incluant les journaux, est l’objet initialement de commentaires critiques – de la part de personnes qui jugent médiocre celle de leurs chaînes nationales par rapport à des chaînes étrangères ou internationales qu’ils reçoivent ou qu’ils ont eu l’occasion de regarder : en Finlande, en Estonie (où les chaînes d’information anglo-saxonnes n’échappent cependant pas elles non plus à la critique dans leur couverture « biaisée » de l’actualité), à Chypre et à Malte. Dans ce dernier pays, le « biais » politique systématique des chaînes nationales privées « aux mains des partis » est vivement mis en cause. En Espagne, beaucoup incriminent en revanche la première chaîne nationale publique pour sa proximité avec les vues de l’ancien gouvernement (contrairement à la deuxième chaîne plus intellectuelle et plus à gauche), ainsi que l’influence du gouvernement régional sur Telemadrid. Dans divers pays, en outre, certains téléspectateurs déplorent le sensationnalisme dans la couverture de l’information auquel se laisse aller la télévision en général, ou les chaînes privées, ou les chaînes publiques « copiant » malheureusement leurs concurrentes commerciales à la recherche avant tout de l’audience. Cette critique est assez répandue.

Les programmes « politiques » (au sens large du terme) – magazines ou débats – sont mentionnés par les citoyens interrogés dans une majorité de pays, mais pas dans tous.

On peut noter en particulier l’absence de références à ces types d’émissions dans les propos des interviewés français, italiens, britanniques, finlandais, tchèques, slovaques et chez ceux des Etats baltes. Ils sont perçus comme prolongement ou approfondissement des journaux d’information, et apparemment appréciés comme tels aux Pays-Bas, en Irlande, en Autriche (avec une demande particulière de débats réunissant des experts plutôt que des politiques), au Danemark, en Suède, en Hongrie, en Pologne et en Slovénie – et moins nettement à Malte et à Chypre. Leur appréciation positive est plus conditionnelle (selon la personnalité et la qualité des présentateurs ou animateurs) au Portugal et en Grèce – ainsi qu’en Allemagne, en Belgique et en Espagne où une certaine saturation parait se faire jour ; on y distingue toutefois quelques émissions particulières de bonne qualité.

Les magazines, documentaires et reportages sont souvent mentionnés en premier lieu comme types d’émissions par lesquels on apprend et qui apportent en même temps un élément de divertissement ou d’évasion plus ou moins grand selon les sujets traités et les thèmes d’intérêt personnel des différents téléspectateurs.

L’intérêt se manifeste en général dans tous les groupes, bien qu’il soit plus accentué dans celui des téléspectateurs « sélectifs » dans quelques pays (Italie, Espagne, Royaume-Uni, Finlande, Danemark, Lituanie). Les thèmes qui attirent sont logiquement en grande partie les mêmes que ceux qui étaient cités spontanément dans le premier chapitre et qui correspondent peu ou prou à l’offre existante. Ils incluent : Voyages, connaissance des pays étrangers sous leur aspect géographique mais aussi

humain.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 33

Nature, environnement, vie animale.

Histoire (avec une demande particulière dans quelques pays de voir traiter des périodes de

l’histoire nationale ; elle est formulée par exemple en Espagne, à Chypre, en Slovaquie, en Slovénie).

Sciences dans des domaines variés selon les individus. Les technologies nouvelles sont en

outre l’objet de souhaits de traitement spécifique dans plusieurs Etats-membres.

Santé et médecine : domaines cités parmi ceux sur lesquels on apprend par la télévision dans plusieurs pays et qui suscitent en outre une demande dans d’autres.

Arts et culture : mention plus rare, faite notamment par une partie des téléspectateurs

« sélectifs » qui souhaiteraient d’ailleurs que la télévision y consacre davantage de place dans quelques pays.

Questions de société, actualité politico-sociale. C’est un thème sur lequel certains

interviewés déclarent trouver aujourd’hui une offre d’émissions qui satisfait leurs attentes ; mais beaucoup plus nombreux sont ceux qui voudraient davantage, avec un accent sur la vie des gens ordinaires, les problèmes qu’ils rencontrent et les réponses de la société à ces problèmes. Ce thème est mentionné dans la plupart des Etats-membres sous une forme ou sous une autre.

Economie : sujet beaucoup plus rarement évoqué en tant que tel, dans quelques pays

seulement.

Les interviewés d’assez nombreux pays parlent également d’émissions d’informations pratiques.

Les principaux sujets évoqués sont la cuisine et la gastronomie – qui font partie de la culture au sens large au-delà des simples connaissances pratiques opérationnelles – le bricolage, la maison, le jardinage, et plus rarement des questions portant sur la législation ou la protection des consommateurs.

Les jeux font partie des émissions citées comme instructives en même temps que distrayantes dans la plupart des Etats-membres – surtout dans la catégorie des téléspectateurs « moyens » dans bon nombre d’entre eux mais plus largement dans d’autres, même si les téléspectateurs « sélectifs » souhaiteraient parfois qu’on en diffuse qui aient un contenu et une tonalité plus intellectuels ou culturels.

Ils sont même évoqués très spontanément dans plusieurs groupes grecs, tchèques, slovaques, hongrois, lettons et lituaniens et dans les groupes « moyens » italien, britannique, portugais et slovène.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 34

Les émissions de variétés et « talk-shows » (non politiques) sont parfois mentionnés aussi –mais assez rarement – en tant que catégorie spécifique ; on est là clairement dans la plupart des cas dans un domaine de l’ordre du divertissement.

Les fictions le sont un peu plus, avec deux visions assez différentes : pour les uns films d’auteurs ou films de qualité (ou « non hollywoodiens » pour reprendre des propos entendus), qui permettent de se pénétrer d’un contexte historique ou social ; pour d’autres, séries qui peuvent de même donner un regard sur des sociétés étrangères (pour certains Suédois ou Chypriotes par exemple), voire « soap operas » ou même téléréalité (citée seulement par des téléspectateurs « moyens » britanniques et italiens, qui en paraissent assez friands).

Il arrive aussi que soit mentionné le sport – quand les émissions sportives vont au-delà de la simple retransmission de matches ou de compétitions pour donner à voire « les coulisses » ou « le dessous des cartes».

On citera enfin, pour mémoire, les émissions purement éducatives et les programmes destinés aux enfants.

Le traitement des sujets est aussi important que leur nature dans les émissions visant à être à la fois informatives et distrayantes.

On n’aura pas la prétention d’établir ici un « cahier des charges » détaillé de l’émission idéale – et cela d’autant moins que le « point d’équilibre » à rechercher entre sérieux et ludique peut varier d’un type de téléspectateur à l’autre, d’un pays à l’autre, et du contexte général dans lequel se situent les émissions (jours, horaires …). Les différentes analyses nationales comportent des exemples d’émissions plus ou moins valorisées qui peuvent fournir un éclairage utile à cet égard. On peut cependant noter quelques repères qui paraissent avoir valeur générale.

En ce qui concerne les « formats » des programmes

Leur « rythme » est une caractéristique importante pour retenir l’attention après l’avoir initialement suscitée.

Qu’il s’agisse d’émissions plus ou moins longues ou courtes (selon le niveau éducatif et « intellectuel » de différents téléspectateurs), beaucoup insistent sur la baisse de l’attention et de l’intérêt qui s’établit à la vision d’émissions au déroulement trop linéaire. Ils expriment souvent le souhait de voir alterner des phases documentaires, des plages de reportage, d’interviews, de témoignages, des pauses dans les débats permettant de les illustrer par des séquences imagées, etc.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 35

La nécessité d’un « fil directeur » qui assure la cohérence d’ensemble en évitant à l’émission de « partir dans tous les sens » est en même temps soulignée.

En ce qui concerne la personnalité des journalistes, présentateurs ou animateurs – qui joue un rôle essentiel :

On attend d’eux un ensemble de qualités :

Compétence, connaissance du sujet traité – et en même temps clarté et simplicité dans

l’expression pour être compris de tous. Sérieux et professionnalisme – mais aussi proximité avec les téléspectateurs et capacité à

susciter la sympathie.

Honnêteté, impartialité, indépendance – ce qui ne veut pas dire neutralité passive dans le commentaire.

Charisme nécessaire à la fois pour attirer les téléspectateurs à l’écoute de l’émission et pour

savoir maîtriser les débats, éviter les dérives et parer à l’inattendu – mais aussi capacité à servir le thème traité et non à se servir de lui en se mettant soi-même en avant au détriment du sujet ou des personnes invitées, emphase à éviter …

Capacité de synthèse pour faire sentir le « fil directeur » évoqué ci-dessus.

Ces qualités paraissent a priori difficiles à réunir ; divers exemples cités par les interviewés montrent toutefois qu’il existe dans tous les pays des émissions qui y parviennent et qui sont même parfois fortement valorisées – et même des chaînes (généralistes « de qualité », à profil « culturel » ou « documentaire ») dont le contenu général correspond à ces attentes.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 36

FONCTIONS TYPES DE CHAINES

PROFIL D’AUDIENCE

JOURNAUX TELEVISES INF GEN SPEC REG LARGE SEL+ REG+

MAG/DEBATS POLITIQUES INF Enr GEN SEL+

MAGAZINES, DOCUMEN- TAIRES, REPORTAGES SOCIETE INF ENR GEN Spec Reg LARGE

VOYAGES, GEOG. ENR EV Div GEN SPEC LARGE SEL+ NATURE ENR EV Div GEN SPEC LARGE SEL+ HISTOIRE ENR Ev GEN SPEC SEL SCIENCES Inf ENR GEN SPEC SEL SANTE INF ENR GEN SPEC LARGE FEM+ Economie Inf ENR Gen SPEC SEL Arts, Culture ENR Gen SPEC Reg SEL

INFO PRATIQUE INF Enr GEN Spec REG REG+

Talk shows Enr DIV GEN LARGE MOY+

Variétés (Enr) DIV GEN Reg LARGE MOY+

JEUX Enr DIV GEN Reg LARGE MOY+

Cinéma, Fictions Enr EV DIV GEN SPEC Reg LARGE

(Téléréalité) (Enr) ( Ev) DIV GEN MOY+

LA TELEVISION POUR S’INFORMER, SE CULTIVER, APPRENDRE

PROGRAMMES

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 37

DEUXIEME PARTIE

L’EUROPE ET L’UNION EUROPEENNE

A LA TELEVISION

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 38

II.1 PERCEPTIONS DE CONTENUS EUROPEENS DANS L’OFFRE TELEVISUELLE ACTUELLE

Les animateurs des discussions de groupe abordaient ensuite le thème de l’Europe à la télévision.

Dans une première étape, ils invitaient les participants à en parler à propos de l’Europe en général – « tout ce qu’on peut y voir sur l’Europe, sur les pays européens, sur ce qui s’y passe, sur les gens qui y vivent, etc. » – en leur demandant d’essayer de se souvenir de « tout ce qu’ils avaient vu à la télévision sur ces sujets au cours des derniers mois, dans quelque type de programme que ce soit ». Dans une deuxième étape, la discussion était orientée plus spécifiquement sur l’Union Européenne – « tout ce qu’on peut y voir sur l’Union Européenne, ses politiques, ses programmes et ses institutions – en d’autres termes ce qu’elle fait, ce qui s’y passe, comme elle fonctionne, etc. » – en les incitant de même à replonger dans leurs souvenirs de ce qu’ils avaient pu voir au cours des derniers mois.

On peut tout d’abord observer que les citoyens interviewés, qui assimilent spontanément Europe à Union Européenne dans des mesures variables, ont par ailleurs des souvenirs plus ou moins abondants, selon les pays, d’émissions portant sur des sujets liés à l’Union.

Dans certains pays, les deux notions d’Europe et d’Union Européenne sont intimement liées et les personnes interrogées évoquent d’emblée des émissions concernant l’Union.

C’est le cas dans cinq sur six des Etats fondateurs (les Pays-Bas faisant exception) ainsi qu’à Malte, à Chypre et en République Tchèque.

Dans d’autres, les discours portent à la fois sur des sujets communautaires et sur le souvenir d’émissions plus générales sur l’Europe et les pays européens.

On le constate en Espagne, au Portugal, en Autriche, en Slovénie (notamment chez les téléspectateurs du groupe « sélectif »), en Hongrie et en Estonie. Dans le premier de ces pays, la mémorisation d’émissions portant sur l’Union apparaît toutefois faible.

Dans près d’un Etat-membre sur deux, les personnes interrogées s’expriment initialement peu ou très peu sur les questions liées à l’Union Européenne dans leur relation de programmes télévisés concernant l’Europe.

Deux cas de figure sont toutefois à distinguer ici : Celui de pays dans lesquels les interviewés évoquent ensuite des émissions traitant de

questions communautaires : les Pays-Bas, l’Irlande, le Danemark, la Finlande, la Slovénie (chez les téléspectateurs « moyens ») et la Pologne.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 39

Celui d’Etats-membres dans lesquels les souvenirs de telles émissions sont faibles (Suède, Slovaquie notamment chez les téléspectateurs « moyens », Lettonie, Lituanie), voire très faibles (Royaume-Uni, Grèce).

On peut penser que deux types de facteurs interviennent dans la fréquence des souvenirs d’Europe et d’Union Européenne à la télévision : d’une part le contenu européen plus ou moins abondant de l’offre télévisuelle à laquelle on est exposé, et d’autre part le degré d’intérêt plus ou moins grand pour l’Union et les affaires communautaires selon les pays. Les analyses qui suivent mettent en effet en évidence des attitudes assez différentes à cet égard. Globalement, ce sont les Belges, les Luxembourgeois, les Portugais du groupe de téléspectateurs « sélectifs », les Maltais, les Slovènes, les Tchèques et les Polonais qui paraissent avoir les souvenirs les plus nombreux. Suivent les Français, les Allemands, les Italiens, les Néerlandais, les Irlandais, les Portugais du groupe « moyen », les Autrichiens, les Danois, les Finlandais, les Chypriotes, les Hongrois et les Estoniens. La mémorisation est la moins grande en Espagne, en Slovaquie (en dehors du groupe « sélectif »), en Lettonie, en Lituanie, et surtout au Royaume-Uni, en Grèce et en Suède où elle est extrêmement faible.

En ce qui concerne les sujets relatifs à l’Union Européenne dont des interviewés se souviennent, ils incluent :

L’élargissement de l’Union Européenne et les nouveaux Etats-membres. .

Les références à ce sujet sont relativement nombreuses dans plusieurs des Etats-membres anciens : la France, l’Allemagne, la Belgique, la Finlande, le Danemark. On se rappelle avec plus ou moins de précision des séries de reportages sur ces différents pays tour à tour, parfois avec la mention des chaînes (publiques) sur lesquelles on les a regardés, ou de brèves séquences sur eux dans les journaux télévisés, ou encore telle ou telle émission sur l’un de ces pays (ou des pays candidats en particulier).

Dans certains cas, on déplore un traitement trop superficiel des sujets (en Finlande, en France), ou une présentation trop négative des pays entrants (chez certains Français) ou une vision trop nationale du sujet (en Allemagne à propos d’émissions centrées sur les peurs des Allemands, vis-à-vis notamment de la Pologne).

Des téléspectateurs, moins nombreux, d’autres anciens Etats-membres citent également ce sujet : en Italie, en Espagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Irlande, en Grèce, au Portugal et en Suède.

Comme dans les pays précédemment mentionnés, c’est soit avec le souvenir d’une série d’émissions spécifiques, soit avec une mémoire plus diffuse. Là aussi, quand on évoque des chaînes précises, il s’agit de chaînes publiques, y compris parfois étrangères ou internationales (Euronews).

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 40

L’élargissement est également un sujet cité dans plusieurs des nouveaux Etats-membres

mais souvent pour remarquer que l’information sur l’Union Européenne, abondante avant l’adhésion, s’est tarie depuis – idée formulée par exemple en Slovénie, en République Tchèque, en Hongrie, en Lettonie et dans une moindre mesure à Chypre.

La candidature turque, et les controverses qui l’entourent, est parfois également mentionnée : par des Chypriotes logiquement particulièrement sensibilisés à la question, par quelques Néerlandais, Autrichiens et Estoniens.

Des événements institutionnels – avec toutefois une fréquence étonnamment faible.

L’élection européenne mentionnée seulement par un certain nombre de Belges, de

Portugais, de Slovènes, et par de rares Allemands, Italiens, Espagnols, Autrichiens et Danois – et dans la plupart des cas sans précisions particulières.

La nomination de la nouvelle Commission, objet de rares mentions. Quelques

Néerlandais, Autrichiens et Estoniens citent le nom du Commissaire désigné de leur pays, quelques autres interviewés citent celui du nouveau Président ou évoquent plus vaguement diverses personnalités.

Parmi les Commissaires actuels les seuls noms dont parlent quelques rares personnes sont ceux de Lamy (en France) et de Prodi et Monti (en Italie).

Le projet de Constitution pour l’Union Européenne – sujet également abordé par un très petit nombre de personnes parmi les interviewés espagnols, belges, autrichiens (vague souvenir d’un projet d’instauration d’un Président pour l’Union), maltais et lituaniens.

La Présidence de l’Union récemment exercée par leur pays, évoquée par quelques

Irlandais et Néerlandais.

Des informations diverses vues sur les parlementaires européens, ou sur un débat du Parlement (au Luxembourg, à Chypre et en Lituanie), ou sur le fonctionnement des institutions (en France, en Belgique et au Luxembourg) par quelques personnes.

De façon très ponctuelle, des références générales à divers aspects des politiques de l’Union ou des problèmes qu’elles ont à résoudre : la situation de l’économie européenne (au Portugal, à Malte, en Hongrie, en Pologne) ; la pauvreté en Europe (au Portugal) ; l’Euro (en Italie, en Belgique à propos du projet d’abandon des « petites pièces » en centimes, aux Pays Bas mais en référence à l’époque de l’introduction de la monnaie unique, dans les Républiques Tchèque et Slovaque dans la perspective de son adoption) ; le non-respect du Pacte de Stabilité par certains Etats-membres (en Finlande) ; l’état de la criminalité en Europe (en Belgique), la défense européenne (en Finlande et à Malte) ou les divergences intra-européennes à propos de l’Irak (au Portugal) ; l’agriculture (en Belgique à la suite d’un reportage sur les doléances d’agriculteurs français) ; la position européenne vis-à-vis des OGM (à Malte) ; les échanges culturels (en Belgique …).

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 41

Un peu plus souvent, des sujets sur les implications pour son propre pays de l’appartenance à l’Union ou de politiques communautaires particulières.

Cela inclut des questions posées sur un plan général dans des émissions vues par certains Slovènes, Tchèques et Polonais, ou plus particulières à certains domaines : inquiétudes quant à l’avenir de l’agriculture nationale (en République Tchèque, en Pologne, en Italie au sujet des quotas laitiers) ou de l’activité de la pêche (au Portugal) ; crainte d’inflation ou d’accroissement de la fiscalité (à Malte, à Chypre) ; incidences de l’harmonisation réglementaire et normative (en Lettonie) ; relations entre l’Union et la Russie (en Estonie) ; questions relatives aux fonds communautaires et aux conditions de leur accès (en Lettonie, en Lituanie, et en Espagne devant la perspective de la diminution de leur versement à ce pays) ; et encore opportunités ouvertes par la libre circulation (dans de nouveaux Etats-membres comme Chypre, les Républiques Tchèque et Slovaque, l’Estonie et la Lettonie).

Des sujets sur « les scandales » évoqués par quelques Allemands (émission sur la mise au jour des « malversations » des députés européens), Luxembourgeois (investigations sur la « corruption » au sein des institutions communautaires), Néerlandais (dénonciation d’« abus » par un de leurs compatriotes), au Danemark (détournements) et au Royaume-Uni (où passe l’argent du contribuable britannique ?).

Des souvenirs plus généraux de « dossiers » vus sur différents pays européens, d’émissions plus ou moins régulières sur l’Europe, ou d’informations sur des sujets européens dans les actualités télévisées.

Des souvenirs relativement précis se font jour dans quelques pays – émissions ou chaînes nommément désignés par exemple : en France, en Allemagne, en Autriche, en Finlande, en Slovénie ou à Malte. Ils sont plus épars ailleurs.

Sur l’Europe et les pays européens, plus généralement, les participants des discussions de groupe sont plus diserts sur les programmes télévisés qu’ils ont vus et qui en parlaient d’une manière ou d’une autre.

Emissions « touristiques » sous forme de documentaires et de reportages sur des pays étrangers – dont les pays européens.

De telles émissions sont citées dans de nombreux pays, et plus particulièrement au Royaume-Uni et en Irlande, dans les pays nordiques, en Slovénie, dans les Etats-membres d’Europe Centrale (quoique moins en République Tchèque), en Lettonie et en Lituanie. Parmi les pays sujets de ces programmes figurent notamment la France (et plusieurs de ses régions), l’Irlande et la Grèce (mise en évidence à l’occasion des Jeux Olympiques d’Athènes), et aussi les Pays-Bas, la Norvège (fjords), Prague, Budapest …

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 42

Quand on mentionne les chaînes sur lesquelles on se souvient de les avoir vus, celles-ci sont soit des chaînes généralistes publiques ou privées soit parfois des chaînes thématiques diffusées par câble ou par satellite. Ces programmes sont généralement assez appréciés pour la distraction et l’évasion qu’ils procurent. Ils sont toutefois parfois critiqués pour leur caractère trop touristique et superficiel ; de telles critiques apparaissent par exemple en France, en Slovénie ou en Slovaquie.

Documentaires et reportages plus « sérieux » et plus approfondis sur des pays européens. Des interviewés en font état aussi dans de nombreux Etats-membres – en particulier les pays du Benelux, l’Autriche, la Finlande, les pays d’Europe Centrale et les Etats baltes – et à un moindre degré la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce. Ces programmes peuvent porter sur des pays, des régions ou des villes, en mettant davantage l’accent que les programmes « touristiques purs » sur des particularités qui éveillent la curiosité et l’intérêt : villes « de culture » européennes évoquées par des Lettons, Festival de Berlin par des Espagnols, reportage sur le Mur de Berlin par des Belges, culture des tulipes aux Pays-Bas par des Slovaques, villages SOS Enfants finlandais par des Estoniens, enfants roumains par des Luxembourgeois, foulard islamique en France par des Portugais, heures de sommeil dans différents pays par des Autrichiens, vie de l’aéroport de Londres par des Italiens, mesures de sécurité dans la même ville par des Portugais, programmes trinationaux Alpes-Danube-Adriatique par des Slovènes, émissions sur la mer et la vie maritime par des Français et des Belges, etc. Ils s’intéressent souvent à la vie des gens dans les pays décrits – ce qui est généralement fortement apprécié. Ces émissions laissent généralement un souvenir précis chez eux qui les ont vues – qui citent souvent expressément le titre du programme, parfois le nom des animateurs, ou l’identité des chaînes sur lesquelles ils les regardent : chaînes publiques plus ou moins généralistes pour l’essentiel (parfois étrangères), chaînes thématiques câblées ou satellitaires dans quelques cas, moins fréquemment chaînes généralistes commerciales. Dans un esprit voisin, on peut mentionner les émissions, apparemment particulièrement populaires dans quelques pays, sur la vie pratique de nationaux de ces pays qui ont déménagé pour aller vivre ailleurs en Europe : au Royaume-Uni avant tout, en Irlande, et aussi aux Pays-Bas et en Lettonie. A l’inverse, des reportages sur des étrangers venus vivre dans son propre pays sont cités par des Néerlandais et des Slovènes.

Emissions sur la cuisine et la gastronomie, que citent des Britanniques, des Danois, des Grecs, des Hongrois et des Polonais – et qui donnent aussi à « sentir » des aspects de la culture et des modes de vie d’autres Européens.

Documentaires historiques, dont se souviennent des Espagnols, des Belges, des Luxembourgeois, des Grecs, des Portugais, des Danois, des Hongrois…

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 43

Talk-shows « légers » et humoristiques, avec des célébrités ou des invités de divers pays –

évoqués par certains en France, au Royaume-Uni, en Hongrie, en Lituanie.

Jeux comportant des questions relatives à l’Europe et aux pays européens auxquels les candidats doivent répondre, ou concours entre équipes de différents pays ; leur aspect ludique est dominant, mais on y apprend des choses qu’on ignorait. Les mentionnent des interviewés portugais, suédois, slovènes et hongrois.

Concours Eurovision de la chanson, évoqué avec un peu d’ironie par des Belges, des Néerlandais et des Irlandais, mais plus apprécié en Estonie ; au-delà des chansons et des artistes, on trouve à y apprendre sur les autres pays.

Emissions sportives, évoquées notamment par des Néerlandais, des Irlandais, des Portugais, des Danois, des Estoniens et des Lituaniens, et moins par des Allemands, des Espagnols et des Belges.

Films étrangers, rarement mentionnés (seulement par des interviewés portugais et danois).

Pour mémoire, les émissions d’information « pure » qui ont attiré l’attention sur des événements, souvent dramatiques, affectant d’autres pays européens : attentats de Madrid cités par des Néerlandais, des Portugais, des Finlandais et des Slovaques, prise d’otages en Russie par des Portugais et des Maltais, ou autres catastrophes par des Allemands, des Néerlandais et des Lettons.

Indépendamment de la relative abondance ou de la pauvreté des souvenirs de contenus télévisés concernant l’Europe et l’Union Européenne, il règne une impression très répandue que la télévision traite peu ou mal de ces questions.

L’idée que la télévision n’a qu’un faible ou très faible volume de programmes dans lesquels on parle de l’Europe ou plus particulièrement de l’Union Européenne est générale.

Elle ne s’exprime un peu moins spontanément que dans quelques pays : la France, la Belgique, le Luxembourg, la Finlande, la Pologne, et l’Autriche en ce qui concerne les téléspectateurs « sélectifs » (qui jugent que l’information européenne à la télévision existe sans doute mais « glisse » sans beaucoup pénétrer) – mais sans pour autant qu’on y ait le sentiment d’une très grande abondance. On peut noter le décalage perçu, dans plusieurs des nouveaux Etats-membres, entre le flux d’information important ou relativement important avant l’adhésion et sa très nette diminution depuis lors (Slovénie, République Tchèque, Hongrie et Lettonie notamment). Dans deux autres, c’est surtout sa faiblesse sur les chaînes nationales qui est mise en cause (Malte, Chypre).

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 44

Les citoyens interrogés déplorent cet état de fait plus ou moins vivement – à l’exception de quelques Etats-membres dans lesquels l’euroscepticisme ambiant incite peu à s’intéresser plus activement aux questions communautaires (Royaume-Uni, pays scandinaves, Autriche à l’exception des téléspectateurs « sélectifs », Estonie). Les heures de diffusion (tardives, en dehors de la plage de grande écoute) sont parfois aussi explicitement déplorées.

Les critiques adressées au traitement des questions européennes par la télévision sont principalement les suivantes :

Caractère terne, austère, peu attrayant.

C’est une impression répandue, dont font part notamment des interviewés français, allemands, espagnols, belges, luxembourgeois, autrichiens, danois, suédois, slovènes, lettons …

Abstraction, insuffisance d’ancrage dans le concret de la vie des gens.

Des reproches s’expriment en ces termes notamment en Italie, en Espagne, en Belgique, en Slovénie, en Pologne, en Lettonie…

Absence de mise en perspective, insuffisante pédagogie – qui serait pourtant nécessaire pour faire comprendre les problèmes et les enjeux à des citoyens qui n’en savent que très peu et qui sur lesquels l’information a tendance à glisser de ce fait.

Des interviewés français, belges, néerlandais, irlandais et lituaniens émettent particulièrement ce type de critique.

Superficialité, tendance au sensationnalisme.

L’impression générale de superficialité ressort notamment des propos entendus en Espagne, au Portugal, en Autriche et en Slovénie parmi les téléspectateurs « sélectifs », au Danemark, à Malte au moins en ce qui concerne les chaînes nationales, ainsi qu’en Slovaquie. Associée à l’idée que les chaînes de télévision n’accordent d’attention aux questions européennes que quand il se produit un événement particulier « spectaculaire », elle est émise en outre par des interviewés allemands, italiens, finlandais et lettons.

Biais dans la présentation des informations.

C’est une critique assez souvent formulée en termes généraux en Italie (à propos des chaînes commerciales), en Espagne, aux Pays-Bas notamment par les téléspectateurs « régionaux », et à Malte. Elle inclut des soupçons de manipulation dans plusieurs pays, où on tend à trouver « trop rose » la manière dont l’Union Européenne est présentée : ainsi chez une partie notable des Autrichiens (téléspectateurs « moyens » et « régionaux »), ainsi que dans plusieurs des nouveaux Etats-membres où on incrimine les responsables politiques nationaux pour avoir embelli la réalité avant l’adhésion en minimisant les problèmes (chez une partie des Slovènes,

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 45

en République Tchèque, en Pologne) – ou bien, au moins, où on souhaiterait pouvoir disposer de points de vue croisés présentant le positif et le négatif (en Lettonie). A l’inverse, des Français, des Allemands, des Belges et des Néerlandais font part de leur insatisfaction de voir la télévision parler essentiellement des aspects négatifs, ou de donner une vision trop nationale dépourvue de l’esprit européen plus large qu’ils souhaiteraient y trouver.

Ce déficit de l’information européenne transmise par la télévision se confirme à l’analyse des

réponses des participants des discussions de groupe lorsqu’on les invite à dire ensuite ce qu’ils se rappellent avoir lu dans la presse au cours des derniers mois « sur l’Union Européenne et l’Europe plus généralement ».

Les interviewés d’une grande majorité des Etats-membres déclarent valoriser la presse écrite comme média qui informe sur ces sujets.

Ils s’expriment avec une très grande netteté dans ce sens en France, en Irlande, en Finlande, à

Malte, à Chypre, dans les Républiques Tchèque et Slovaque, et en Belgique au moins pour ceux du groupe de téléspectateurs « sélectifs ».

La plus grande valorisation de la presse écrite se manifeste aussi en Allemagne, en Autriche,

en Suède et en Slovénie, ainsi qu’en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas, en Hongrie et en Lituanie – avec cependant, dans ce deuxième groupe de pays, la remarque que beaucoup ne lisent pas ou lisent peu les journaux.

Les Britanniques considèrent que la presse écrite dispense, en volume, plus d’information que

la télévision, mais le contenu européen des journaux en général (au-delà de la seule presse populaire) donne une image clairement négative de l’Union. Et, même si certains font valoir leurs doutes quant à leur objectivité sur ces sujets, il n’empêche que la plupart en restent fortement influencés.

Les avantages comparatifs reconnus à la presse écrite par rapport à la télévision sont peu ou prou similaires dans ces pays. En tout premier lieu, les journaux (ou des magazines moins présents à l’esprit, mais mentionnés par des interviewés aussi en Italie, aux Pays-Bas, en Finlande, en Suède, en Slovénie, en République Tchèque, en Hongrie …) traitent de l’information européenne moins superficiellement, et plus largement : à la fois en ce qui concerne la diversité des sujets et leur approfondissement – ne serait-ce que parce qu’ils disposent pour cela d’un espace plus grand que la télévision dont les informations ne font que « survoler » les choses. Les uns ou les autres évoquent des articles « de fond », une information présentée avec le rappel ou l’explication du contexte, ou encore des dossiers illustrés par des cartes, des graphiques ou des tableaux comparatifs. On trouve également mentionnée l’idée d’une moindre avidité du sensationnel dans les journaux (ou au moins les journaux « sérieux ») d’une plus grande objectivité, d’une plus grande

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 46

qualité et « solidité » journalistique ; c’est le cas en particulier chez les interviewés français, allemands, suédois, maltais, tchèques, slovaques et hongrois.

Enfin plusieurs font valoir que l’information lue dans les journaux est davantage mémorisée : parce qu’elle est moins fugitive en soi, mais aussi parce que la lecture d’un article suppose une démarche volontaire et une plus grande attention – la contrepartie négative en étant qu’on n’est pas toujours disposé à faire cet effort, comme certains le reconnaissent ouvertement.

Télévision et presse écrite sont en balance dans les propos des participants des réunions organisées dans quelques pays : en Belgique (en dehors de ceux du groupe « sélectif »), au Portugal, au Danemark, en Pologne, et en Estonie.

On y entend les mêmes discours reconnaissant la capacité de la presse écrite (journaux ou magazines selon les cas) à aller plus loin et à traiter des sujets de manière plus approfondie. Mais en même temps on y trouve davantage l’aveu qu’on lit peu ou qu’on ne fait que « survoler les titres » lorsque l’information porte sur des sujets « politiques » (notamment européens), bref qu’on n’est pas nécessairement disposé à faire un effort dont la télévision, précisément, vous dispense – au moins chez les interviewés belges concernés, danois et estoniens. Il s’y ajoute au Portugal et en Pologne une image sans doute moins négative qu’ailleurs de l’importance et de la qualité de l’information européenne de la télévision – outre des remarques polonaises sur le « biais » politique de chaque journal.

Dans un petit nombre d’autres, les déclarations initiales sont plutôt en faveur de la télévision.

C’est le cas au Luxembourg (la presse écrite nationale n’informe sur les questions européennes que ponctuellement ; en outre la fréquentation de chaînes de plusieurs pays donne sans doute une image comparativement plus positive de la télévision à cet égard), en Grèce (où on évoque aussi la faiblesse de la presse écrite dans son traitement de ces sujets) et en Lettonie (rares sont ceux qui y disent lire régulièrement les journaux en dehors de certains téléspectateurs « sélectifs »).

Globalement, quand on invite les personnes interrogées à comparer directement les apports respectifs de la télévision et de la presse écrite pour informer sur l’Europe, le « paysage » qui se dégage de leurs propos est plus nuancé.

Dans la plupart des groupes de discussion, on admet que les deux types de media y contribuent, l’un de manière plus superficielle mais aussi plus facile d’assimilation, l’autre de manière plus sérieuse et plus approfondie. La balance ne penche en faveur de la télévision que dans un assez petit nombre de pays : le Royaume-Uni, le Portugal dans le groupe « moyen », Malte, la Slovénie et les Etats baltes. Elle penche au contraire vers la presse écrite en Allemagne, en Espagne, en Belgique, au Luxembourg et en Grèce (en dépit des déclarations initiales), en Autriche, à Chypre, en Slovaquie et en Hongrie.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 47

On interrogeait également les personnes réunies dans les groupes de discussion sur l’information

« sur l’Europe et l’Union Européenne » à la radio.

Une moitié environ des interviewés disent se souvenir d’informations diffusées à la radio.

Pour l’essentiel, il s’agit des journaux radiophoniques, donc d’informations généralement brèves et concises sur l’actualité, du même ordre que celle qu’on peut voir à la télévision – avec une moindre capacité à capter l’attention que les « rendez-vous » rituels des journaux télévisés plus imagés, mais inversement avec une moindre tendance à privilégier le spectaculaire et le sensationnel : on peut ainsi résumer le sentiment d’assez nombreux Allemands, Belges, Luxembourgeois, Néerlandais et Tchèques et d’une partie des Hongrois, des Polonais et Estoniens. Certains Allemands et quelques Polonais se souviennent sans grandes précisions d’émissions traitant tour à tour des nouveaux Etats-membres ou des différents pays de l’Union. Quelques Néerlandais du groupe « sélectif » évoquent un débat de bonne tenue entendu sur la radio publique sur le travail en Europe, d’autres ne citant guère que l’écoute des bulletins d’information. En dehors de ces bulletins, des Hongrois se souviennent d’émissions consacrées à l’Europe sur plusieurs radios nommément désignées, en jugeant généralement la qualité de l’information radiophonique supérieure à celle de la télévision ; mais la plupart déclarent n’entendre des émissions d’information qu’accidentellement, la radio leur fournissant surtout un accompagnement musical. Un Estonien sur deux environ dit écouter (parfois) les bulletins d’information radiophoniques, et quelques-uns ont le souvenir plus précis d’une émission consacrée à l’impact de l’adoption des normes communautaires. Les autres interviewés de ces pays n’évoquent guère, et pour une partie d’entre eux seulement, que les informations rapides des journaux radiophoniques. Les appréciations positives de la radio vont plus loin dans quelques Etats-membres : en France, en Espagne, en Belgique pour une partie des interviewés, en Autriche et en Slovénie au moins pour les téléspectateurs « sélectifs » (qui se souviennent d’émissions plus approfondies), et en Suède. Les interviewés français sont assez nombreux à considérer que les grandes stations généralistes comme les radios d’information ont « des rubriques » européennes, et ce média y est vu dans l’ensemble comme plus sérieux et plus complet que la télévision dans sa fonction d’information. Les Espagnols valorisent le côté « pluraliste » de la radio, supérieur à celui de la télévision ; en ce qui concerne l’information européenne, ils se souviennent de propos de plusieurs éditorialistes de radio. Les téléspectateurs belges « sélectifs » se rappellent, pour plusieurs d’entre eux, des émissions quotidiennes sur les nouveaux Etats-membres, et quelques-uns évoquent aussi une émission diffusée le dimanche matin sur des compatriotes qui vivent à l’étranger. Chez les Autrichiens, ce sont aussi surtout les interviewés du groupe « sélectif » qui ont un souvenir, et une appréciation positive, d’un « Europajournal » diffusé par la radio publique en plus des bulletins d’information. En Slovénie, un interviewé sur deux déclare écouter les émissions d’information ; certains interviewés « sélectifs » se rappellent assez précisément des programmes d’information diffusés avant l’adhésion par la radio nationale ou par une radio privée, et avec une impression favorable ; c’est moins fréquent chez les téléspectateurs « moyens » de ce pays. En Suède, l’impression règne plus vaguement que les stations de radio nationales traitent régulièrement de sujets européens mais pas nécessairement à des heures de grande écoute

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 48

Il n’empêche que tous, même dans ces pays, n’écoutent pas régulièrement la radio, ou ne l’écoutent pas pour son côté informatif.

Dans les autres groupes, la radio n’est pratiquement pas envisagée comme un media susceptible de contribuer à informer sur l’Europe – soit parce qu’on n’en est pas auditeur, soit parce qu’on ne fréquente guère que les stations musicales dont la fonction est de fournir « un bruit de fond » « d’accompagnement », notamment lors de trajets en voiture.

Selon les participants de ces groupes qui écoutent la radio, c’est là la principale, voire l’unique fonction qu’ils en attendent. Une minorité déclare écouter – ou entendre – les journaux radiophoniques en Italie, au Royaume-Uni, au Portugal, à Malte, en Slovaquie et en Lituanie. Dans les autres pays de cette catégorie cela n’est même pratiquement pas mentionné. Quelques rares souvenirs plus précis sont cités ici ou là : par un petit nombre des Britanniques interrogés qui évoquent sans précision des émissions ayant un contenu européen ; par un Portugais à propos des nouveaux Etats-membres ; par des Maltais plus nombreux, mais en référence à la période pré-adhésion (réponses aux questions posées par les auditeurs par le « bureau d’information » de l’Union Européenne ) ; et par un interviewé lituanien, sur le sujet de la perspective d’adoption de l’Euro par son pays.

Ces constats n’entraînent pas « condamnation » de la radio comme media de diffusion d’informations sur l’Europe, au moins pour les segments du public qui ne sont pas exclusivement « auditeurs musicaux » ; mais ils reflètent sans doute la grande ou très grande faiblesse de l’offre existante en la matière dans beaucoup des pays étudiés.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 49

II.2 ATTENTES DE PROGRAMMES TELEVISES COMPORTANT UNE DIMENSION EUROPEENNE

Les animateurs des réunions proposaient à leurs participants « de réfléchir ensemble à ce qu’on pourrait faire à la télévision pour que nous soyons mieux informés et que nous en sachions davantage sur l’Union Européenne ou sur l’Europe plus généralement ».

Ils leur demandaient d’abord de faire part des sujets « qui pourraient les intéresser sur l’Union Européenne », puis « ce qu’il faudrait changer, améliorer, ou faire de manière différente » en ce qui concerne la manière dont les sujets la concernant sont traités à la télévision. Les personnes réunies dans les groupes étaient ensuite invitées à imaginer des programmes télévisés, en se projetant dans le rôle de concepteurs de tels programmes ayant a priori « toute liberté pour proposer ce qui leur parait intéressant ». Enfin, on cherchait à discerner si les concepts de programmes résultant de cet exercice seraient plus particulièrement adaptés à tel ou tel type de chaîne de télévision.

L’énoncé initial de ce thème de discussion suscite un vif intérêt dans la plupart des groupes, qui se montrent cohérents en cela avec le sentiment qu’ils manifestaient précédemment d’un déficit télévisuel en la matière.

L’ardeur déployée à s’emparer de ce sujet n’est moins grande que dans quelques pays où l’euro-scepticisme est développé. C’est le cas notamment en Suède et en Estonie, où beaucoup font part de leurs doutes que les citoyens moyens (et eux-mêmes) puissent être attirés par des émissions centrées sur les questions européennes. Dans les autres Etats-membres traditionnellement eurosceptiques, l’attitude des interviewés est quelque peu différente : au Royaume-Uni, au Danemark et en Pologne, la plupart se prêtent assez facilement au jeu – mais on verra que les contenus des programmes qu’ils imaginent sont en bonne partie lié aux défiances qu’ils peuvent avoir envers l’Union et à des sensibilités souvent exacerbées aux implications de son action pour leur pays. A l’inverse, les réactions dans plusieurs autres Etats-membres traduisent un désir particulier de voir la télévision contribuer à une plus grande empathie entre les nations européennes en montrant ce qui les unit plutôt que ce qui les sépare. C’est le cas très fortement en France, en Allemagne et en Espagne.

En ce qui concerne les sujets d’intérêt potentiel, on peut présenter les constats suivants :

Pour une très grande partie d’entre elles, les suggestions émises reflètent le souhait de mieux connaître les autres pays européens, leurs habitants, leurs mentalités, leurs façons de vivre, ou les problèmes qu’ils rencontrent et les solutions que la société y apporte ou essaie d’y apporter.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 50

L’existence des gens ordinaires, leurs habitudes et traditions, leurs modes et leurs

conditions de vie constituent le thème général objet des souhaits les plus fréquents de meilleure connaissance. Sous une forme ou sous une autre, il est évoqué partout ou presque, avec un intérêt particulier pour un certain nombre de sujet plus précis : o La vie au travail, la situation du marché du travail (ou du chômage), les relations

employeur-employé ou le droit du travail.

Ce sujet est évoqué par les personnes interrogées dans une quinzaine d’Etats-membres, parfois avec une curiosité particulière sur la façon dont telle ou telle profession ou corporation exerce son métier.

o Le niveau de vie, les salaires, le coût de la vie – mentionnés dans plusieurs pays. o Le système de protection sociale ou différentes questions relatives à ce domaine (revenu

minimum, insertion des plus défavorisés, retraites, congés de maternité, protection de l’enfance …) : en parlent des interviewés dans une dizaine des pays étudiés.

o Les soins médicaux et le système de santé (comment on se soigne, comment

fonctionnent les hôpitaux, … etc.) – sujet cité dans un pays sur deux.

o L’école et le système éducatif, avec un net intérêt pour la comparaison des systèmes et des pratiques ou pour la façon dont ils évoluent – sujet également mentionné dans un pays sur deux.

o La cuisine, les habitudes alimentaires, l’utilisation des produits locaux – mentionnés

par les interviewés d’une dizaine de pays.

o Divers autres aspects de la vie quotidienne, dont les habitudes de consommation, le logement, les comportements de conduite automobile, les comportements de loisirs et de vacances, la célébration des fêtes, ou encore les rituels de politesse et d’« étiquette », ou encore le sport – au delà de la simple retransmission de compétitions.

La connaissance des autres cultures européennes est un autre thème présent à l’esprit

des interviewés de la plupart des pays.

Ils l’évoquent parfois sans autre précision, ou en faisant référence à leur intérêt spécifique pour telle ou telle forme d’expression culturelle ou artistique (dont occasionnellement la musique « authentique » d’un pays, ou le cinéma), ou à des manifestations culturelles organisées dans d’autres Etats-membres.

L’histoire de l’Europe ou des autres pays européens est mentionnée dans le même esprit dans les groupes d’une dizaine de pays.

Un autre angle d’approche de ces sujets ou d’autres sujets d’intérêt ou de préoccupation pour les citoyens est celui du regard que porte la société sur eux et des solutions imaginées ou expérimentées dans d’autres Etats européens pour y parer.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 51

Outre les domaines déjà cités, on peut faire état de questions posées dans plusieurs groupes sur : o Le système économique, la santé de l’économie, la vie des entreprises au quotidien ou

les processus de privatisation (dans une dizaine d’Etats-membres). o Les grands projets ou les grandes avancées de la recherche scientifique et

technologique (dans quelques pays).

o La protection de l’environnement ou des questions plus précises qui lui sont liées : préservation de la nature, droits des animaux, ou organisation de la collecte et du recyclage des ordures et des déchets (question posée dans une demi-douzaine de pays).

o L’organisation des transports et les modes de déplacement (dans quelques Etats-

membres).

o Des questions sociétales : attitudes et politiques vis à vis de l’immigration, répression du racisme, problèmes intergénérationnels, sexualité, avortement, règles d’adoption des enfants … (dans une demi-douzaine de pays).

o La justice, ou les attitudes et comportements face à l’insécurité, à la criminalité ou à la

corruption (dans plusieurs Etats-membres également).

o Rarement, la vie politique (dans un ou deux pays seulement spontanément).

Les attentes portent également sur des sujets plus directement liés à l’Union Européenne.

Celles-ci tendent même à s’exprimer en premier lieu dans la plupart des groupes réunis dans les nouveaux Etats-membres. Dans les pays membres plus anciens de l’Union, les demandes de développement de programmes télévisés la concernant sont formulées plus ou moins rapidement dans les discussions : très spontanément aussi bien dans un pays globalement europhile comme le Luxembourg que dans un Etat-membre réticent comme le Danemark ; assez rapidement (mais après le souhait premier de traitement des sujets de meilleure connaissance des autres peuples évoqués ci-dessus) dans la plupart des autres pays ; et avec un degré de priorité secondaire dans deux Etats-membres eurosceptiques, le Royaume-Uni et la Suède. Les sujets sur lesquels portent ces attentes peuvent être classifiés comme suit. Sujets traitant de l’impact de l’Union Européenne et de ses actions, et parmi eux :

o Les effets concrets pour son propre pays et ses citoyens.

Ce sujet est évoqué à la fois dans d’anciens Etats-membres plutôt eurofavorables comme la Belgique et les Pays-Bas, dans de nouveaux Etats-membres dont les citoyens sont dans l’ensemble favorablement disposés mais éprouvent le besoin d’être informés sur les implications de mesures dont ils savent très peu (Malte, la Slovénie, la Slovaquie, notamment en ce qui concerne l’harmonisation législative), et dans des pays plus

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 52

résistants et plus soupçonneux comme le Royaume-Uni, le Danemark, la Pologne et l’Estonie – en passant par les cas intermédiaire de l’Autriche (où les attitudes sont corrélées au niveau social et éducatif) et de la Lituanie (où on attend des réponses à ses inquiétudes). Des Chypriotes, des Lituaniens et des Danois s’interrogent en outre sur l’éventualité de l’adoption de l’Euro par leur pays. Même quand il n’y a pas disposition négative a priori, on y souhaite connaître les deux faces de la médaille, les bénéfices et leurs contreparties ou inconvénients.

o La répartition du budget communautaire, la balance entre contributions versées et bénéfices reçus, les subventions, ou la légitimité de certains postes de coût.

Ce sont des questions posés notamment par des interviewés britanniques (toujours enclins à mettre en cause la légitimité des concours financiers des contribuables du Royaume-Uni à l’Union), danois (contestant ouvertement ou à demi-mot les subventions ou « les surplus » agricoles, les coûts inutiles entraînés par la dualité du siège du Parlement Européen à Bruxelles et Strasbourg ou d’autres incidences financières de l’action de l’Union), autrichiens (avec des interrogations similaires chez une partie d’entre eux), et par des Tchèques, des Polonais, des Estoniens et des Lettons, surtout désireux de connaître les subventions dont leur pays bénéficierait, et l’impact prévisible de ces aides ou leurs modalités. Des Espagnols voudraient également savoir ce qu’il en est de la diminution des contributions des Fonds Structurels à leur pays.

o Le rôle et le poids de son pays dans l’Union Européenne, ou ses relations avec les institutions communautaires ou les autres Etats-membres.

Ces sujets sont évoqués dans certains petits Etats-membres (Pays-Bas, Danemark, Autriche) ainsi qu’en Espagne.

o Les effets plus généraux de l’appartenance à l’Union pour ses Etats-membres.

Des Belges, des Néerlandais, des Irlandais, des Maltais, des Chypriotes et des Tchèques se déclarent intéressés, sans a priori négatif, à mieux savoir comment d’autres Etats-membres que le leur en ont tiré parti, ce que cela a fait évoluer chez eux, etc. Des Français et des Allemands en grand nombre insistent même pour qu’on mette en évidence les conséquences positives de l’appartenance à travers l’Europe, rejoints en cela par une partie des Néerlandais se déclarant lassés de n’entendre que du négatif. Dans les nouveaux Etats-membres, des questions générales relatives à l’économie ou à la création d’entreprises, à l’emploi ou à l’éducation, sont posées dans le même esprit par des citoyens de la plupart de ces pays.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 53

Sujets traitant de politiques particulières ou des orientations futures de l’Union.

Des requêtes s’expriment sur ces thèmes en ordre dispersé, selon les domaines d’intérêt particulier de tel ou tel. Il s’agit soit de mieux comprendre généralement « où va l’Union » (pour certains Français et Polonais) ; d’en savoir plus dans le domaine de la politique économique ou de celle de la recherche (notamment en Espagne, en Grèce et au Portugal), ou de l’Euro (stabilité de la monnaie en Autriche, perspective d’abandon des petites pièces au Luxembourg, perspective d’adoption de la monnaie unique dans de nouveaux Etats-membres, ou de la politique sociale au sens large – emploi, protection sociale, éducation – (au Luxembourg, en Grèce) ; d’être éclairé sur le développement de la politique extérieure de l’Union ou de sa politique en matière de sécurité et de défense (en Belgique, au Luxembourg, en Espagne, en Grèce, en Autriche, à Malte …) ou sur les futurs élargissements (au Luxembourg, au Danemark, en Estonie …). Plus généralement, être informé sur la législation récemment adoptée ou en cours de discussion correspond à des demandes formulées aussi par des Italiens, des Irlandais, des Autrichiens et des Danois.

Sujets concernant les institutions de l’Union et le fonctionnement institutionnel.

Ils ne sont généralement pas au premier rang des désirs de meilleure information et de meilleure connaissance, mais des demandes les concernant sont enregistrées dans divers Etats-membres. o Sur le projet de Constitution, par des interviewés qui en ont entendu parler (en

Allemagne, en Espagne, en Grèce, en Finlande, en Slovaquie).

Ceux qui en parlent disent souvent en même temps leur faible degré d’intérêt pour les sujets institutionnels abstraits – et ne font d’exception pour celui-ci que parce qu’il leur apparaît particulièrement important. On peut toutefois noter le peu d’attention prêté spontanément à cette question institutionnelle majeure par la moyenne des interviewés à l’époque où cette étude a été réalisée sur le terrain.

o Sur le fonctionnement concret des institutions, leur rôle, celui du Parlement en particulier, et l’activité quotidienne des parlementaires et des responsables communautaires.

Des demandes sont exprimées en ce sens par des citoyens interrogés dans plusieurs autres pays (France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Autriche, Finlande, Danemark, Suède, Slovénie, Républiques Tchèque et Slovaque, Lituanie, et plus rarement Royaume-Uni et Pologne). Elles témoignent d’un besoin de « sentir » (autant que de connaître) les organes et les personnes en chair et en os qui y travaillent, par des reportages sur une session du Parlement, des portraits de responsables, le suivi d’une de leurs journées d’activité, etc.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 54

Sujets d’information pratique

Ils sont moins fréquemment évoqués. On peut cependant noter des demandes d’information sur divers aspects. o Comment se déplacer concrètement en Europe – soit demandes de précisions sur les

dispositions de la politique de libre circulation dans plusieurs nouveaux Etats-membres, soit souhaits de trouver des conseils ou des « tuyaux » pour préparer un voyage.

o Comment trouver un emploi – question posée par des interviewés italiens,

luxembourgeois, tchèques, slovaques, et par des Maltais et des Lettons plus particulièrement pour les emplois temporaires pour les jeunes.

o Quelles sont les possibilités ouvertes pour aller étudier dans un autre pays, ou plus

particulièrement les aides du programme Erasmus – questions entendues de la part de Finlandais, de Maltais, de Slovènes et de Tchèques.

o Quels programmes d’échanges sont disponibles notamment pour les jeunes (en France,

en Hongrie).

o Comment s’installer dans un autre pays – y compris des informations sur l’immobilier, les assurances, etc. – questions formulées par des interviewés britanniques, belges, chypriotes, slovènes, hongrois et lettons.

o Connaître les opportunités d’achats transfrontaliers – sujet évoqué au Royaume-Uni,

en Belgique, en Slovaquie et en Pologne.

o Etre informé des droits et des devoirs des citoyens (requête exprimée en Grèce, au Portugal, à Chypre, en Estonie), ou des droits des consommateurs (à Malte), ou des possibilité de médiation ou de recours contre des décisions judiciaires que l’on conteste (en Belgique, en République Tchèque).

o Connaître les sources d’information auxquelles s’adresser généralement.

Il s’ajoute parfois la demande de programmes télévisés d’apprentissage des langues étrangères, exprimée dans quelques pays.

En ce qui concerne le traitement des sujets européens par la télévision, les propos des participants des discussions de groupe permettent de dégager quelques grandes orientations souhaitables.

Privilégier le concret et le vivant et la proximité avec la vie des gens.

Il s’agit à la fois d’éviter les discours abstraits, la « langue de bois » politique, l’information qui reste distante et obscure faute de points de repère concrets qui permettent d’en saisir la portée, et de choisir des sujets montrant et illustrant la « vraie vie » des Européens d’une manière qui permette au téléspectateur de s’y projeter lui-même.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 55

Les interviewés demandent notamment de façon récurrente à voir des témoignages, des séquences de reportage, etc., sur les autres pays européens et leurs habitants – ou, pour ce qui concerne plus particulièrement l’Union Européenne, des interviews concises de parlementaires européens ou de responsables communautaires sur des questions bien délimitées, des émissions dans lesquelles on peut suivre leur journée de travail, leurs débats, etc.

Garantir l’authenticité et le sérieux du fond – même si le ton peut être plus ou moins léger selon les types d’émissions et/ou les publics (il faut en tous cas éviter l’austérité et l’ennui).

Dans ce registre les interviewés demandent entre autres qu’on s’intéresse aux vrais problèmes des citoyens, qu’on évite les sujets factices, le spectaculaire à tout prix, ou encore les présentations « publicitaires » (qu’on entend reprocher par exemple à certaines émissions de voyage superficielles qui ne montrent que « de belles images » sans entrer dans le fond des choses)

Veiller à l’objectivité. Cela implique naturellement, au départ, l’absence de biais dans la manière générale d’aborder et de présenter un sujet, mais aussi un choix judicieux des invités ou des participants à une émission, un équilibre dans les interviews et les témoignages pour donner la parole à des opinions différentes, la mise en évidence du pour et du contre, des aspects positifs et de leurs contreparties, … etc.

Offrir une diversité de sujets et d’angles d’approche

On a vu précédemment quels sont les principaux sujets pour lesquels les citoyens interrogés expriment spontanément de l’intérêt. Cela n’en exclut évidemment pas d’autres auxquels ils n’ont pas pensé dans le cours de leurs discussions ; et cela n’empêche pas par ailleurs qu’un même domaine puisse être abordé par différentes voies. Pour ne prendre ici qu’un exemple, à propos du thème général des systèmes d’éducation, on peut mentionner plusieurs idées émises par différents interviewés : suivre la journée d’un enseignant dans un autre Etat-membre, comparer le déroulement de la rentrée des classes dans divers pays européens, interviewer des étudiants qui ont bénéficié du programme Erasmus, donner des renseignements pratiques sur les modalités de participation à ce programme, comparer les programmes scolaires, informer sur l’adaptation des programmes universitaires en vue de l’« harmonisation » des diplômes, faire le point de l’avancement de leur reconnaissance mutuelle, etc.

Présenter des visions croisées et des éléments comparatifs.

Très nombreux sont les commentaires qui expriment l’intérêt à pouvoir se situer par rapport aux autres, à savoir quel regard les Européens portent les uns sur les autres (et notamment sur le pays auquel on appartient soi-même), comment différents pays ou différentes villes s’y prennent face à tel ou tel grand problème qui se pose également chez soi, comment l’Union Européenne ou telle ou telle de ses politiques est considérée dans les différents Etats-membres, etc.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 56

Dans le même ordre d’idées, il convient d’éviter de propager les caricatures, les idées reçues, et les stéréotypes courants sur les différentes nationalités.

Eveiller et maintenir la curiosité par l’originalité des approches.

Deux écueils sont à éviter : la lourdeur et l’ennui du descriptif « scolairement pédagogique » et la futilité du sensationnel ou de l’artificiellement spectaculaire. L’exemple, mentionné plus haut, de la diversité des approches possibles d’un thème a priori « sérieux » comme l’éducation, suggère qu’on doive trouver des points d’entrée divers et originaux qui attirent l’attention de prime abord. D’autres exemples de même nature peuvent être trouvés dans d’autres domaines, illustrant le besoin de « sortir des sentiers battus ». Savoir donner du rythme à une émission est une demande qui ressort par ailleurs des propos de nombreux interviewés, qui répugnent à des émissions au déroulement trop linéaire et uniforme, et souhaitent les voir organisées en séquences successives (de reportages, de témoignages, d’interviews, de débats, d’apports d’experts, d’interactivité avec le public, etc., selon les cas).

Manifester l’empathie.

Sans tomber bien sur dans l’excès de « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », et sans nier la diversité et les différences, les émissions souhaitées par les téléspectateurs interrogés doivent, dans leur contenu et dans leur ton, valoriser l’ouverture aux autres, les vertus de l’échange et du dialogue, mettre en évidence les proximités et les convergences plutôt que les divergences, bâtir des ponts et non creuser des fossés, réduire les distances. Très souvent, les interviewés demandent la participation aux émissions qui leur sont destinées d’invités des autres pays. Cela ressort clairement des discours, y compris d’ailleurs dans des pays plutôt eurosceptiques.

Donner un sens, faire comprendre et sentir, et pas seulement montrer et décrire.

Cela suppose pour toute émission un fil directeur et des qualités que le journaliste, le présentateur ou l’animateur doit avoir pour le faire ressortir : capacité d’« éclairage » des éléments présentés qui doivent être mis en perspective et situés dans le contexte approprié, de clarification des informations complexes et difficiles à assimiler sans explications, de maîtrise du déroulement des débats si débats il y a. Cette demande s’exprime aussi, par exemple, par le souhait d’interventions d’« experts » aptes à recadrer ou expliciter dans le contexte local d’un pays des éléments de reportage ou des témoignages de gens ordinaires. Il y a besoin, en d’autres termes, d’une fonction de truchement et d’« interprète culturel ».

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 57

L’exercice auquel on demandait aux participants des discussions de se livrer en imaginant de nouveaux programmes télévisés à contenu européen permet de préciser et d’illustrer les observations qui précèdent.

On en trouvera ci-dessous les résultats, avec d’une part un classement sommaire des types de programmes qui correspondraient à leurs vœux, et d’autre part la description détaillée d’exemples de programmes imaginés qui paraissent symptomatiques de leurs attentes.

Information européenne dans les journaux télévisés.

Dans les groupes de plusieurs pays (France, Italie, Espagne, Luxembourg, Pays-Bas, Grèce, Lituanie, téléspectateurs « sélectifs » au Royaume-Uni et à Malte) leurs participants souhaitent voir insérer systématiquement de courtes plages (de quelques minutes) consacrées à l’essentiel de l’actualité de l’Union Européenne dans les journaux télévisés. Il s’agirait des chaînes généralistes pour l’essentiel, quoique certains l’imaginent sur « toutes les chaînes » ou suggèrent une rediffusion sur des chaînes régionales au cours de la journée. Parmi les suggestions particulières qui sont émises figurent celle de très brèves interviews, dans ce cadre, de parlementaires européens différents à chaque fois (Italie), celle d’intervention de correspondants étrangers (Espagne) ou d’experts étrangers ou nationaux (Lituanie), ou encore le renvoi sur Internet pour information plus détaillée.

Magazines d’information sur les questions communautaires.

Sous une forme ou sous une autre, cette idée est présente dans les propos des interviewés d’une quinzaine de pays, qui prennent souvent comme référence des magazines télévisés hebdomadaires ou mensuels existant dans leurs pays, qu’ils souhaiteraient voir « européanisés » ou complétés par des émissions similaires sur les questions communautaires : problèmes et enjeux, grandes politiques, grandes questions institutionnelles ( notamment le projet de Constitution évoqué dans quelques pays), fonctionnement des institutions … Selon les cas, cette demande est formulée par de larges segments de la population, ou surtout par des téléspectateurs « sélectifs » (en Belgique, au Royaume Uni, en Grèce et en Autriche par exemple) ; on imagine des émissions durant de 30 à 90 minutes, principalement sur des chaînes généralistes publiques, parfois aussi sur des chaînes spécialisées. Ces émissions pourraient comporter des reportages, des vues d’experts (Hongrie) des débats dans lesquels interviendraient des parlementaires européens ou d’autres personnalités de l’Union (Grèce, Autriche, Suède) avec éventuellement aussi des responsables nationaux, des portraits de telles personnalités (Pays-Bas), des séquences (traduites et commentées) retransmettant des parties de débats au Parlement Européen (République Tchèque, Slovaquie), un « éclairage des coulisses » (Royaume-Uni), etc.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 58

Emissions plus particulièrement centrées sur l’impact de l’Union et des politiques communautaires.

On a vu précédemment les interrogations qu’ont à ce sujet les citoyens notamment dans de nouveaux Etats-membres, mais aussi dans des pays d’Europe occidentale adhérents anciens de l’Union affectés par de l’euroscepticisme. On retrouve ici ces préoccupations sous la forme d’une orientation privilégiée des magazines d’information sur les conséquences de l’adhésion récente ou plus généralement sur les avantages et les inconvénients de l’appartenance à l’Union – notamment dans les Républiques Tchèque et Slovaque, en Pologne et dans les Etats baltes ainsi qu’au Royaume-Uni, au Danemark et chez les téléspectateurs « moyens » et « régionaux » autrichiens. Les propos de certains Belges, Luxembourgeois, Néerlandais et Slovènes démontrent aussi un intérêt pour de telles approches. Comme pour les magazines d’information plus généralement, il s’agirait de formats classiques d’une durée moyenne de 60 minutes, et de diffusion a priori d’abord sur les chaînes nationales publiques. Certains y ajoutent des chaînes régionales lorsque le contenu concernerait principalement l’impact de l’action communautaire sur le territoire, d’autres des chaînes spécialisées (par exemple si le contenu est susceptible d’intéresser certaines activités professionnelles). On peut noter des suggestions particulières : reportages sur des personnes bénéficiaires de subventions européennes, qui exposeraient le positif et le négatif (Pologne, Lituanie), reportages accompagnés ou suivis d’intervention d’expert (Pologne), possibilité pour le public de poser des questions pendant l’émission (Pologne, Estonie).

Emissions thématiques sur l’Europe et les Européens

Les propositions faites dans ce domaine portent sur des programmes conçus comme faisant partie d’une série, et centrés à chaque édition sur un domaine différent, vu sous l’angle de la vie quotidienne des gens et traité de manière comparative. On en relève pratiquement dans tous les pays étudiés, sur des thèmes d’une grande diversité (cf. plus haut les principaux sujets d’intérêt énoncés par les téléspectateurs interrogés). Selon les cas, on imagine des émissions essentiellement « sérieuses » avec séquences documentaires, reportages, interviews ou débats sur de grands problèmes, ou des programmes comportant une partie de cette nature mais aussi d’autres plus légères et plus ludiques. Dans le premier cas, on pense d’abord à des chaînes publiques ou à des chaînes généralistes privées « de qualité » – ou à des chaînes spécialisées pour des sujets particulièrement « pointus » (économie, entreprises, agriculture, recherche scientifique, médecine) ; dans le second à tous types de chaînes généralistes, notamment quand il s’agit d’émissions sur les styles de vie, les habitudes quotidiennes ou les loisirs. La fréquence supposée des programmes serait en moyenne hebdomadaire, leur durée typique d’une heure mais pouvant aller jusqu’à une soirée thématique entière comportant plusieurs émissions successives.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 59

Parmi les suggestions spécifiques enregistrées dans différents groupes, on peut relever :

Le souhait fréquemment exprimé d’interactivité avec le public – allant jusqu’à l’exposé par des membres de l’assistance de leurs problèmes et la recherche de solutions (Portugal, République Tchèque, Hongrie, Pologne) et celui de voir des présentateurs et/ou des spécialistes de plusieurs pays pour animer l’émission ou y contribuer (France, Belgique, Grèce, Portugal, Slovénie, Hongrie) – en même temps qu’une présentation et des éclairages résolument comparatifs de l’information et de son illustration, avec reportages, témoignages et interviews de citoyens de base ou de personnalités dans différents pays.

L’idée d’une émission du type « caméra cachée » sur des sujets de société comme l’immigration, le racisme, ou l’avortement (Portugal).

Dans un registre plus léger, l’idée d’une séquence de dessin animé ou de « bande dessinée »

illustrant la comparaison sur un ton humoristique (Italiens, prenant comme exemple de sujet la vie au travail).

Emissions consacrées chacune à un pays européen

Ces émissions sont naturellement conçues comme devant former une série, « balayant » tour à tour les différents pays européens, avec une fréquence a priori hebdomadaire ou mensuelle. Elles sont de celles qui sont le plus évoquées pratiquement dans tous les Etats-membres, et sur lesquelles les participants des discussions de groupe émettent spontanément le plus d’idées de format de programmes. Les aspects descriptifs de type touristique n’en sont naturellement pas exclus (découvrir des paysages, des villes, des quartiers, des monuments …) mais ils ne sont généralement pas mis au cœur du concept. Là encore, les attentes dominantes sont d’« aller à la rencontre des gens », de les voir dans leur existence quotidienne (travail, études, transports, rythmes de vie, habitudes alimentaires, cuisine, loisirs, musique, mode …), avec un éclairage plus général du contexte économique, socio-politique ou culturel du pays dans lequel ils vivent : on aspire à sentir et à comprendre, pas seulement à voir. Selon les téléspectateurs, ces émissions pourraient être plus ou moins sérieuses ou plus ou moins légères, et comporter des dosages différents d’images du pays, de reportages sur la vie de ses habitants, d’interviews ou de témoignages de ceux-ci, de séquences documentaires sur la situation du pays, de rappels historiques, d’entretiens avec des personnalités locales, de débats (rarement) ou d’éclairages par des « experts » (sociologues, journalistes de l’une ou de l’autre nationalité connaissant bien les deux pays et aptes à jouer le rôle d’« interprète culturel »), de commentaires d’ensemble par le ou les présentateurs (éventuellement aussi de la nationalité du pays visité et de celle des téléspectateurs), et de séquences « légères » de musique, de fête, d’humour, … etc. En ce qui concerne la durée de ces programmes, les idées émises vont d’émissions courtes d’une trentaine de minutes à une heure ou davantage – avec même des suggestions de soirées consacrées aux différentes facettes par lesquelles on peut présenter le pays, voire de journées entières avec tous les types de programmes possibles sur un pays, depuis les journaux d’information jusqu’au divertissement pur.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 60

On les envisage dans la plupart des cas sur des chaînes généralistes touchant un large public, publiques ou commerciales, d’un plus ou moins grand degré de sérieux ou de légèreté selon le dosage des différents composants. Certains pensent aussi à des chaînes spécialisées dans le documentaire, le reportage, les sujets de voyage (ou plus rarement, à orientation culturelle), d’autres à des chaînes régionales si l’aspect local des choses prédomine – idée par exemple d’émissions sur des villes jumelées ou sur des régions étrangères ayant des caractéristiques communes avec celle de la zone de diffusion du programme. Parmi les suggestions plus précises qui sont faites ici ou là, et qui témoignent pour certaines d’un souci d’originalité, de curiosité positive et de désir d’empathie, on peut citer par exemple :

Documentaires « éducatifs » sur un pays, son histoire, sa culture, sa nature, son économie, la vie de ses habitants (Lituanie).

Documentaires ou reportages avec interviews des gens du pays et éclairage du contexte

par des spécialistes qui peuvent en outre répondre en direct aux questions du public (Grèce, Finlande), ou avec un entretien avec l’ambassadeur du pays (Lituanie).

Visite du pays suivie de débats (Chypre, Pologne).

Emissions conçues autour de regards croisés du pays visité et du pays de diffusion l’un

sur l’autre (Grèce).

Visite « guidée » du pays par un animateur familier de la télévision du pays de diffusion (Irlande, Autriche, Suède) ou par un animateur de la télévision locale.

Suivre le voyage d’un homme politique qui a accepté de partir visiter un pays avec un

budget limité, et qui doit « se débrouiller » avec ce budget – ou plus simplement celui de voyageurs à petit budget (Belgique).

Carnet de voyage d’un jeune homme ou d’une jeune fille à la rencontre des gens (Italie),

ou d’un marcheur curieux qui pénètre dans les maisons et discute avec les habitants (Espagne).

Une femme à la rencontre des femmes (Espagne).

La journée d’un habitant du pays (Italie), la journée (Lituanie) ou la semaine (Hongrie)

d’une famille moyenne.

Voyages par des modes de transport non conventionnels (bus, ballon, camion, bateau, dolmus, gondole …) (Belgique).

Reportages sur des quartiers divers d’une ville (Espagne), sur des endroits insolites peu

visités (Slovénie).

« Flashes » sur des villes jumelées, émissions sur leurs fêtes locales (Royaume-Uni, Slovénie).

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 61

Vision d’un pays étranger par des compatriotes qui s’y sont installés – dans l’esprit des « relocation programmes » (Royaume-Uni, Irlande) ou dans une perspective plus large (Belgique, Estonie, Lettonie).

Vision inverse d’étrangers qui se sont installés dans le pays de diffusion de l’émission et

qui présentent le leur avec un regard comparatif (Royaume-Uni, Belgique).

Journée complète de programmes consacrée à un pays, depuis la gymnastique matinale, la météo et les premiers bulletins d’information jusqu’aux documentaires ou reportages du soir, en passant par des émissions culinaires, des programmes pour les enfants, des jeux (Hongrie).

Documentaires historiques

C’est un type d’émission nettement moins évoqué (par des Italiens, des Espagnols, des Britanniques, des Grecs, des Autrichiens, et moins directement par des Néerlandais, des Suédois, des Chypriotes et des Tchèques) – souvent téléspectateurs « sélectifs ». Les chaînes auxquelles ils pensent à leur propos sont soit des chaînes spécialisées historiques ou culturelles, soit des chaînes généralistes « de qualité ».

Emissions culturelles

Le thème de la culture des autres pays européens est présent ou sous-jacent dans les discours des interviewés d’une majorité des Etats-membres, mais c’est souvent sans grande précision, ou au sens de culture populaire ou même de mode de vie ou de traditions. La demande d’émissions culturelles au sens propre du terme (arts, littérature, sciences de l’homme) est rare ; elle émane surtout de téléspectateurs « sélectifs » qui songent soit à des chaînes spécialisées soit à des chaînes généralistes publiques à connotation intellectuelle.

Cinéma et fiction.

L’intérêt spontanément exprimé pour des émissions de cinéma ou pour la diffusion des films d’autres pays européens est également peu fréquent dans le cadre du thème de discussion proposé (dont le libellé, il est vrai, n’incitait pas nécessairement à y penser). L’idée de voir davantage de séries ou feuilletons d’autres pays européens, ou de fictions de ce genre avec des acteurs de différentes nationalités apparaît parfois (Belgique, Pays-Bas, Irlande, Finlande).

Programmes légers de divertissement.

Le « talk-show » est assez peu mentionné en tant que genre spécifique – plus ou moins explicitement par des interviewés dans une dizaine de pays, et sans grandes précisions quant au format et au contenu en dehors du caractère essentiel de la personnalité de l’animateur.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 62

Ceux qui l’évoquent directement ou bien se réfèrent à des programmes de ce type qui connaissent le succès dans leur pays et qu’il s’agirait d’« européaniser » de manière générale (Espagne), ou bien émettent quelques suggestions – diffusion à chaque édition depuis une ville européenne différente (Irlande), intégration de « variétés multilingues » (Italie) ... Il est cependant manifeste que la frontière est floue avec des types de programmes précédemment décrits, ayant comme composantes centrales la présence d’un animateur à forte personnalité, des témoignages ou des débats : c’est en fait le degré de sérieux ou de légèreté qui va faire considérer une émission comme appartenant à un genre ou à un autre. On a vu précédemment le souhait d’émissions vivantes, au rythme enjoué et au ton léger et humoristique s’exprimer assez largement (dès lors qu’elles gardent un vrai contenu). Il s’agirait ici de diffusion sur des chaînes généralistes, y compris des chaînes commerciales – le public étant d’abord celui de téléspectateurs « moyens » (ou « régionaux »).

Programmes de « téléréalité »

Les téléspectateurs des groupes (moyens ou régionaux) d’une demi-douzaine de pays (ouest)-européens suggèrent des programmes de ce type « européanisés » : « Star Academy » européenne évoquée par des Espagnols, « Big Brother » européen par les mêmes ainsi que des Italiens et des Finlandais, émissions « de survie » par ces derniers, « largage » dans un pays de personnage disposant d’un budget minimal par les Belges, et plusieurs idées par des Britanniques qui se montrent les plus prolifiques en la matière : échange d’emplois entre deux Européens, échanges de vie (et de compagnes), « relocation » contre la montre … Il s’agit surtout des plus jeunes parmi les téléspectateurs de ces pays, qui imagineraient logiquement ce type de programme sur des chaînes généralistes commerciales.

Jeux C’est un type de programme auquel pensent ici bon nombre d’interviewés dans une dizaine des pays étudiés : téléspectateurs « moyens » ou « régionaux », mais aussi parfois « sélectifs ». On imagine surtout des jeux de type quiz, avec des questions sur l’Europe ou sur des pays européens (Pays-Bas, Malte, Pologne), un animateur d’une autre nationalité européenne (Italie), ou des compétiteurs venant de différents pays (Belgique, Grèce, Slovénie où on suggère deux concurrents interrogés sur ce qu’ils savent respectivement du pays de l’autre), le prix du gagnant pouvant être un voyage (Malte). Le jeu proprement dit pourrait être agrémenté de brèves séquences de reportage ou de sketches sur les mêmes thèmes (Italie, Portugal, Malte), contribuant à un double aspect informatif et distrayant. Les chaînes de diffusion seraient principalement des chaînes généralistes, mais sans exclusive.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 63

Emissions pratiques

On a vu précédemment que la cuisine et la gastronomie figuraient parmi les sujets assez souvent évoqués comme susceptibles d’être inclus dans des programmes à contenu européen. On retrouve moins la demande d’émissions exclusivement culinaires : « tour d’Europe » culinaire (Italie, Belgique), regards comparatifs sur les cuisines d’automne (République Tchèque), concours gastronomiques avec des chefs de plusieurs pays (Italie …).

Il s’agirait de chaînes généralistes ou spécialisées

La demande d’informations pratiques sur différents sujets s’exprimait également spontanément dans plusieurs pays – mais les téléspectateurs paraissent imaginer celles-ci comme des éléments communiqués dans des émissions ayant un cadre plus large plutôt que comme programmes autonomes.

Celle de programmes d’apprentissage des langues est formulée par des interviewés de

quelques pays (plutôt sur des chaînes spécialisées).

On peut noter enfin le souhait, spontanément exprimé par les téléspectateurs de plusieurs Etats-membres, d’une chaîne de télévision européenne (gratuite et accessible à tous) : ainsi en Allemagne, en Espagne, en Irlande, en Autriche (chez des téléspectateurs « sélectifs » ou « régionaux »), en Finlande et en Pologne.

On a vu par ailleurs les quelques références spontanées (et généralement positives) à Euronews dans plusieurs autres pays où cette chaîne est largement accessible – notamment chez les téléspectateurs « sélectifs ».

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 64

GRANDE

ABONDANCE PERCUE

DE CONTENUS EUROPEENS A LA TELEVISION

FAIBLE

EL LT ES LV SK

DE IE PT MT CY IT NL SI CZ HU BE LU FI FR PL

AT

SE

UK

DK

EE

EXPRESSION D’ATTENTES INSATISFAITES

FORTE

FAIBLE

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 65

CARACTERE TERNE NOT : FR, DE, BE, LU, ES DIVERSITE DES SUJETS AUSTERE AT, DK, SE APPROCHES PEU ATTRAYANT SI, LV ORIGINALES EMISSIONS RYTHMEES ABSTRACTION, ANCRAGE NOT : BE, IE, ES CONDITIONS/MODES DE VIE, PROXIMITE INSUFFISANT DANS SI, PL, LV CULTURES SENS DU VIVANT/ LA VIE DES GENS EFFETS ET IMPACT DE L’UE CONCRET INFORMATIONS PRATIQUES ABSENCE DE MISE EN NOT : FR, BE, NL, IE PROBLEMES DE SOCIETE VISIONS CROISEES, PERSPECTIVE LT SOLUTIONS APPORTEES COMPARAISONS ET DE PEDAGOGIE DANS LES EM FONCTION UE, POLITIQUES, D’INTERPRETE CUL- FONCTIONNEMENT TUREL DONNANT SENS SUPERFICALITE NOT : ES, PT APPROFONDISSEMENT DES AUTHENTICITE DU TENDANCE AU AT, DK SUJETS, NON LIMITATION FOND, REJET DES SENSATIONNALISME MT, SI, SK A L’ACTUALITE STEREOTYPES, REJET DU PUBLICITAIRE PRESENTATION NOT : FR, DE, BE, NL EXEMPLES POSITIFS OBJECTIVITE NEGATIVE ACTION UE EXPRESSION DE L’UNION EUROPEENNE NON-NATIONALISME D’EMPATHIE PRESENTATION NOT : NL, IT, ES DEBAT OBJECTIVITE BIAISEE DE AT PLURALITE DES POINTS L’INFORMATION MT, SI, PL, CZ, LV DE VUE

REJET DU PUBLICITAIRE

DEFICIT QUALITATIF DANS LE TRAITEMENT

DES QUESTIONS EUROPEENNES A LA TELEVISION

ATTENTES DE

CONTENU

ATTENTES DE TRAITEMENT

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 66

II.3 REACTIONS A DIVERS CONCEPTS DE PROGRAMMES

Quinze idées de programmes télévisés « parlant de l’Union Européenne » étaient soumises à l’attention des participants des discussions de groupe – auxquels on demandait ensuite de spécifier sur quels types de chaînes ils envisageraient qu’ils soient diffusés.

Les réactions à ces divers concepts, classés par ordre d’intérêt décroissant, sont les suivantes. 1. Des reportages sur la vie des gens dans les différents pays européens

La proposition de ce type de programme est reçue de manière extrêmement positive par une très large proportion des personnes auxquelles elle était soumise.

On n’en sera pas surpris, étant donné que son contenu correspond précisément aux attentes exprimées spontanément par les citoyens européens, qui ont été relatées en détail dans le précédent chapitre. Seuls certains Britanniques ont des réserves qui reflètent sans doute la modestie de leur intérêt réel à mieux connaître les autres Européens, ou des inquiétudes que ces programmes ne soient utilisés pour présenter sous un jour trop favorable l’Union Européenne ; mais la plupart restent potentiellement intéressés. En dehors d’eux, on trouve réitérées des demandes ou des suggestions sur des types de contenu que certains souhaiteraient voir inclus, ou sur des caractéristiques de format d’émission, reprenant largement ici leur propos précédents.

Les chaînes sur lesquelles les interviewés souhaiteraient voir ces programmes sont au premier chef, dans tous les pays, des chaînes généralistes, aptes à en permettre la vision par le plus grand nombre (sauf chez les moins intéressés des Britanniques, en général téléspectateurs « moyens », qui les réserveraient à des chaînes thématiques). Dans une partie des Etats-membres on envisage ou bien « tous les types de chaînes » (en Italie, au Luxembourg, en Grèce chez les téléspectateurs « régionaux » et « sélectifs », ou bien des chaînes thématiques en plus des chaînes généralistes (aux Pays-Bas, chez une partie des Autrichiens, des Slovaques, des Hongrois, des Lituaniens, et des Slovènes « sélectifs »), ou bien aussi des chaînes régionales (en Allemagne, et chez certains Autrichiens et Slovènes).

2. Des reportages sur les solutions apportées par d’autres villes européennes aux problèmes tels que

les transports, le logement, la sécurité urbaine, les horaires scolaires, l’accès aux services publics, etc.

Ils sont l’objet d’une très forte adhésion, tous groupes confondus, dans une très grande

majorité des Etats-membres.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 67

Ils sont parmi les plus unanimement appréciés de tous les concepts proposés aux interviewés. Beaucoup y retrouvent l’idée, qu’ils avaient spontanément exprimée, d’un contenu concret sur la vie quotidienne des gens dans d’autres pays européens, et sur l’intérêt de pouvoir comparer sa propre situation à d’autres, d’apprendre d’autres expériences et d’en tirer des leçons utiles. Il n’y a pratiquement pas dans ces pays d’expression de réserves à l’égard du concept, mais seulement ici ou là des suggestions de format d’émission : coupler ce thème avec des reportages sur les villes européennes, inclure dans le programme un débat, ou faire participer des experts qui donnent leur avis sur la « transférabilité » à son propre pays de solutions expérimentées ailleurs. Les réactions – positives aussi dans l’ensemble – sont un peu moins spontanément enthousiastes dans quelques pays : la Suède – l’intérêt y serait variable selon les sujets et les villes européennes présentées ; l’Allemagne où, à côté d’une minorité très favorable, beaucoup craignent qu’un tel sujet ne soit quelque peu austère, n’ait qu’un intérêt limité pour les citoyens (qui ne peuvent de toute manière pas changer les choses eux-mêmes à la lumière d’expériences d’autres pays), et déclarent qu’il conviendrait avant tout d’en faire bénéficier les élus locaux ; et le Royaume-Uni (on n’y voit pas non plus toujours comment bénéficier d’expériences transférables à sa propre situation). On peut observer enfin dans un certain nombre d’Etats-membres un intérêt moindre parmi les téléspectateurs « moyens » que parmi leurs homologues « sélectifs » ou « régionaux » : c’est vrai en Italie et au Royaume-Uni. En Autriche, ce sont les téléspectateurs « régionaux » qui se différencient par leur haut niveau d’intérêt de ceux des autres groupes plus modérément attirés.

Pour ce qui est des types de chaînes sur lesquelles les interviewés souhaiteraient voir diffuser ces émissions, il s’agit :

o De chaînes généralistes de manière tout à fait dominante pour les Irlandais, les Espagnols, les

Portugais, les Finlandais, les Danois, les Maltais, les Chypriotes, les Slovènes, les Hongrois, les Estoniens et les Lituaniens.

o Des chaînes généralistes et d’autres types de chaînes en même temps : tous types de chaînes

au Luxembourg et en Slovaquie ; chaînes régionales en Belgique, en République Tchèque et en Pologne, ainsi que pour les téléspectateurs « sélectifs » et « régionaux » italiens et grecs et les téléspectateurs « sélectifs » britanniques et lettons ; chaînes plus ou moins spécialisées pour les Français (chaînes d’information et à orientation culturelle), les Allemands, les Néerlandais, les Suédois , de nombreux Britanniques et Autrichiens, et les téléspectateurs « moyens » lettons.

3. Des émissions d’information pratique sur les droits des citoyens européens : par exemple sur le

droit d’étudier, de travailler ou d’habiter dans n’importe quel pays de l’Union Européenne, sur les droits des consommateurs qui achètent dans d’autres pays européens, sur les programmes Erasmus pour les étudiants, etc.

L’énoncé de cette proposition est reçu de manière très positive dans un sur deux environ des pays étudiés.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 68

o Dans la plupart des nouveaux Etats-membres, où elle apparaît comme répondant aux très fortes attentes existantes de disposer d’une information meilleure et plus concrète sur l’Union Européenne.

Dans ces pays, seuls les Slovènes du groupe de téléspectateurs « moyens », quoique positifs eux aussi dans l’ensemble, y mettent la condition d’un contenu vivant et illustré et les interviewés lettons se montrent tièdes, en inclinant plutôt pour l’insertion de ce type d’information dans un magazine hebdomadaire plus général sur l’Union.

o En France, en Espagne, au Luxembourg, au Portugal et au Danemark.

Un intérêt majoritaire se dégage également en Italie (moins nettement toutefois dans le groupe « moyen »), en Irlande et en Grèce, et avec plus de réserves ou d’hésitations en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Autriche (intérêt surtout dans le groupe « sélectif) et en Finlande – ainsi que chez les Lettons évoqués ci-dessus. Ces réserves tiennent à la crainte d’émissions trop « purement factuelles », dont une faible partie d’ailleurs serait susceptible de concerner chaque téléspectateur, étant donnée la diversité des situations, des préoccupations et des questions que peuvent avoir différents individus. Le caractère cependant majoritairement positif des réactions est du à la supposition que tel ne sera pas le contenu unique de ces programmes et que ceux-ci permettront de se faire une idée de la vie des Européens qui intéresse les téléspectateurs, par un format rédactionnel non limité à des données brutes, incluant des interviews, de courts reportages ou des débats « in vivo ». C’est en fait sans doute le type de programme qu’imaginent aussi les téléspectateurs des pays les plus favorables précédemment mentionnés, et qui explique leur très fort degré d’adhésion. Dans les Etats-membres analysés dans le présent paragraphe, les interviewés se posent davantage la question du contenu précis des programmes. Faute d’avoir des assurances complètes sur ce plan certains optent d’ailleurs pour des séquences d’informations pratiques insérées dans des émissions au spectre plus large (comme le disent par exemple certains Allemands).

Les réactions de principe sont clairement réservées au Royaume-Uni et en Suède, pour des raisons similaires auxquelles s’ajoute une moindre « appétence » générale d’Union Européenne.

Des Britanniques imaginent ainsi que les informations concernées pourraient être diffusées dans le cadre des programmes consuméristes (« consumer watchdog ») et dans un cadre du même type ; des Suédois tendent à penser qu’Internet serait un support plus approprié.

En ce qui concerne les types de chaînes télévisées sur lesquelles des programmes de cette

nature pourraient être diffusés, il s’agit des chaînes généralistes dans l’esprit des interviewés de la plupart des pays au nom de l’idée que ces informations sont susceptibles de concerner tout le monde.

On note des exceptions :

o Chaînes spécialisées privilégiées par une partie des interviewés britanniques et autrichiens

(téléspectateurs « moyens » qui marquent sans doute ainsi la modération de leur intérêt).

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 69

o Chaînes spécialisées envisagées parfois en plus des chaînes généralistes : chez des Belges, des Néerlandais, des Portugais et des Estoniens.

o Chaînes régionales parfois évoquées aussi en second lieu par certains Italiens, Grecs et

Tchèques. 4. Des émissions d’information régionale montrant l’impact des décisions et des programmes de

l’Union Européenne sur votre région ou votre ville.

Le principe de telles informations régionales rencontre partout ou presque l’intérêt des citoyens interviewés.

Il n’y a que quelques groupes, parmi tous ceux qui ont été réunis, dont les participants se déclarent peu intéressés (le groupe de téléspectateurs « moyens » belge et son homologue britannique, peu concerné à Londres par les questions régionales) ou ont des attitudes assez neutres, sans rejet mais sans grande attirance personnelle (en Finlande, au Danemark, en Suède où on n’imaginerait pas une émission spécifique consacrée à ces seuls sujets, en Lettonie où les personnes interrogées dans la capitale estiment qu’elles savent déjà assez ce qui se passe dans leur ville,mais sont favorables au principe en pensant à d’autres régions du pays). De manière générale le concept correspond bien aux attentes, qui s’expriment souvent spontanément, d’informations concrètes de proximité sur des sujets qui concernent les citoyens ordinaires. Dans quelques pays les interviewés paraissent en escompter aussi une fonction de « contrôle » de ce que fait l’Union Européenne, ou de ce que font les autorités nationales des concours communautaires – c’est assez clair dans les propos entendus en Grèce, cela transparaît aussi en Suède. o Le degré d’intérêt parait être le plus élevé globalement au Luxembourg, aux Pays-Bas, en

Espagne, au Portugal et en Grèce, dans les quatre pays d’Europe centrale, ainsi qu’en France, en Italie et en Autriche (moins fortement toutefois parmi les téléspectateurs « moyens » dans ces trois derniers pays).

o Les attitudes favorables sont homogènes aussi en Allemagne, mais des incertitudes s’y expriment sur la nature des informations qui pourraient « remplir » de tels programmes et sur la fréquence (peu élevée) qu’ils pourraient avoir. En Irlande, les plus jeunes paraissent moins attirés que leurs aînés. Dans plusieurs pays, une partie des interviewés imaginent davantage une extension des informations régionales existantes que des programmes autonomes uniquement sur ces aspects.

o Dans plusieurs des anciens Etats-membres où on a réuni un groupe de téléspectateurs régionaux, il est manifeste que cette catégorie de la population réagit particulièrement favorablement au concept proposé (en France, en Italie, au Royaume-Uni, en Belgique, en Grèce et en Autriche) – mais c’est vrai aussi parfois des téléspectateurs « sélectifs » en moyenne plus instruits et ayant une plus grande curiosité intellectuelle que les téléspectateurs « moyens ». Dans les nouveaux Etats-membres en revanche, le niveau d’intérêt est généralement assez homogène d’une catégorie à une autre.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 70

En ce qui concerne les types de chaînes jugées pertinentes pour de telles émissions, ce sont des chaînes régionales (ou locales) qui sont logiquement évoquées dans la plupart des Etats-membres comme supports de diffusion privilégiés.

Les exceptions à cette règle concernent soit des pays où ces chaînes sont inexistantes ou très peu développées – ce sont alors les chaînes généralistes (essentiellement publiques) qui sont citées – soit d’autres où les interviewés ajoutent les chaînes généralistes nationales aux chaînes régionales pour permettre le plus large accès possible à ces programmes : dans le premier cas figurent le Luxembourg, l’Irlande, le Portugal, la Finlande, Malte et l’Estonie, dans le deuxième l’Espagne, la Grèce et l’Autriche (en dehors des téléspectateurs « régionaux » de ces deux pays), la Suède, Chypre et la Hongrie.

5. Une plage de 5 minutes tous les jours dans chaque journal télévisé sur l’actualité de l’Union

Européenne et les décisions qui y sont prises.

Cette proposition reçoit un accueil favorable de la part des téléspectateurs de la grande majorité des Etats-membres, et parait même rencontrer un intérêt particulièrement vif dans plusieurs d’entre eux : la France, la Grèce, l’Autriche, la Suède, Malte, la République Tchèque, la Slovaquie et la Hongrie – les réactions étant également positives mais plus mesurées en Estonie.

Les raisons en sont principalement : o Son format court, qui suggère une information ramassée, concentrée sur l’essentiel, concise

et du même coup susceptible d’attirer l’attention : elle correspond aux attentes des citoyens les plus intéressés par les questions communautaires tout en rassurant ceux qui s’y sentent le moins impliqués et qui craindraient le caractère ennuyeux d’une émission plus développée.

On peut cependant noter les interrogations de certains téléspectateurs de ces pays qui se demandent si une durée de 5 minutes est suffisante pour couvrir l’ensemble des informations qu’ils s’attendent à y trouver (des Autrichiens des groupes « sélectif » et « régional », des Danois qui pensent que la familiarisation avec ces sujets demanderait une durée plus longue, et certains Chypriotes, Slovènes et Hongrois). Pour d’autres au contraire, il s’agirait là d’une durée maximale : des Britanniques peu ardents au départ à s’intéresser aux questions européennes et qui doutent qu’on ait chaque jour assez de contenu valable à proposer, des Belges du groupe de téléspectateurs « moyens ».

o Son insertion dans les journaux télévisés réguliers, c’est-à-dire à la fois à des heures de grande écoute et dans un cadre qui force quelque peu ou au moins incite à l’écoute.

Certains interviewés insistent d’ailleurs pour que cette plage européenne figure au milieu des journaux télévisés pour optimiser la probabilité d’écoute, dans les pays où les réactions sont les plus positives. D’autres au contraire déclarent souhaiter la voir placée à la fin des journaux, ou après cette fin dans un « créneau » séparé, peut être pour laisser davantage un choix ouvert à l’écoute ou à la non-écoute.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 71

o La régularité de diffusion, qui aurait en elle-même une vertu pédagogique : faire pénétrer graduellement dans les esprits que l’information européenne est quelque chose de naturel, de « non étranger ». C’est une idée expressément émise notamment par des Français eurofavorables, mais aussi par des Britanniques moins bien disposés au départ, mais accessibles à l’utilité d’en savoir plus sur l’Union.

Des conditions sont parfois énoncées : que l’information dispensée ne soit pas « la voix de Bruxelles » (au Royaume-Uni et au Danemark) ou « la voix de la Commission » (au Luxembourg), qu’elle ne soit pas « trop politique » (en Irlande, au Danemark), qu’elle soit présentée de manière vivante et rythmée (en Grèce, en Autriche, en Irlande où des souhaits s’expriment de voir privilégier un sujet à chaque édition pour éviter la lassitude). Les réserves enregistrées en Estonie sont le fait surtout des téléspectateurs « sélectifs » qui craignent une insuffisance du contenu de l’information présentée. Dans quelques autres Etats-membres, à l’inverse, on ressent un intérêt moins vif parmi les téléspectateurs « moyens » que dans les autres groupes (Italie, Belgique, Pays-Bas, Autriche).

Les réactions initiales sont au contraire plutôt négatives ou au moins hésitantes dans quelques Etats-membres, mais pour des raisons partiellement différentes.

o Chez les interviewés allemands et polonais, on trouve répandue l’impression qu’une durée

aussi brève ne permettra pas de traiter l’information autrement que superficiellement – ce qui est un reproche souvent déjà adressé à la manière dont elle est dispensée aujourd’hui (les Polonais du groupe « moyen » seraient cependant plus prêts à s’en contenter, ayant une demande moins active).

Des Allemands expriment en outre le doute qu’il y ait tous les jours matière à remplir une plage européenne de 5 minutes, sur une durée totale des informations télévisées qui ne dépasse guère le quart d’heure.

o Chez les Espagnols, les réticences concernent l’hypothèse d’une information ennuyeuse si elle ne rompt pas radicalement avec ce qu’elle est aujourd’hui – mais la plupart déclarent qu’ils la regarderaient.

o Chez les Lettons, le premier mouvement consiste à penser que « tout ce qu’il y a

d’important » est déjà diffusé dans les journaux télévisés nationaux et qu’il n’est pas nécessaire de prévoir un emplacement spécifique pour les nouvelles européennes ; mais ils disent aussi qu’ils les regarderaient dans le cadre proposé.

On peut d’ailleurs observer l’existence de réactions similaires chez quelques Lituaniens, alors que d’autres ont des réserves sur l’aspect trop succinct de brèves informations – mais le penchant majoritaire est favorable chez eux.

Les chaînes généralistes sont partout celles qui sont imaginées d’abord pour ce type de programme, pour des raisons d’évidence : c’est là que sont diffusés pour l’essentiel les informations télévisées, et ce sont elles qui ont la plus grande audience.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 72

Des chaînes régionales ne sont pas exclues, en second lieu, par une partie des téléspectateurs grecs, suédois et lituaniens. Quelques-uns ne rejettent pas non plus des chaînes spécialisées (dans l’information).

6. Une émission hebdomadaire d’une heure d’informations et de reportages sur l’actualité de l’Union Européenne.

Parmi les Etats-membres dans lesquels l’accueil au concept précédent était le plus

favorable, il en est où les participants des réunions montrent le même haut degré d’intérêt pour cette deuxième forme d’information sur l’actualité communautaire : le Portugal, Malte, et la Hongrie – et l’intérêt s’accroît jusqu’au même degré chez les Lettons et les interviewés lituaniens du groupe « sélectif ».

Ces téléspectateurs y trouvent de quoi satisfaire leur appétit d’informations et d’éclairages sur l’Union Européenne dans un format qui leur parait adéquat.

Les Allemands, qui tendaient à rejeter les plages d’information brèves y trouvent

également pleinement la réponse à leurs attentes de magazines qui permettent de couvrir les sujets de manière suffisamment approfondie, avec une variété d’approches (reportages, interviews, débats).

Il en va de même des Polonais, notamment de ceux du groupe « sélectif » très favorables à des analyses en profondeur – ceux des autres groupes étant également positivement disposés, mais plutôt pour une durée réduite de moitié.

Dans plusieurs Etats-membres où le premier type d’émission était le plus fortement apprécié, l’intérêt est moindre voire disparaît largement.

Les Français restent ouverts mais beaucoup moins nettement, devant une durée d’émission qui risque à leurs yeux d’être trop longue au moins pour certains sujets modérément passionnants – ou au contraire trop courte pour en traiter d’autres à fond. Les Grecs du groupe « sélectif » maintiennent leur intérêt, mais il est davantage assorti de conditions – notamment que les programmes s’attachent à mettre en évidence les implications des initiatives et décisions communautaires pour leur pays ; mais leurs compatriotes des deux autres groupes sont sensiblement plus partagés, certains d’entre eux renâclant à l’idée d’une émission longue. Il en va en gros de même pour les Autrichiens. Ceux du groupe « sélectif » se déclarent tout à fait en faveur d’un tel format qui permet de traiter du fond des choses ; ceux du groupe « régional » se disent également favorables mais en imaginant un contenu en partie « culturel » sur divers pays européens plutôt que très centré sur l’Union elle-même ; et ceux du groupe « moyen» sont en partie réticents ou au moins conditionnels (demande impérative de débats pour maintenir l’attention). Le vif intérêt initialement manifesté en République Tchèque demeure mais s’atténue, alors qu’en Slovaquie il fléchit très sensiblement pour devenir minoritaire dans les trois groupes (durée trop longue, demande d’informations brèves).

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 73

En Suède, rares sont ceux qui imaginent pouvoir rester intéressés par une émission d’une telle durée sur des sujets « politiques » qui ne déchaînent généralement pas la passion, sauf cas éventuel de thèmes spécifiques.

En ce qui concerne les pays où les attitudes à l’égard de la précédente proposition étaient positives mais sans la même très forte adhésion, ces attitudes ne se maintiennent au même niveau que dans quelques-uns d’entre eux – l’Italie et Chypre – et elles se renforcent dans un pays – la Lettonie.

Dans plusieurs autres, les téléspectateurs interrogés montrent un intérêt moins fort ou sont plus partagés, et tendent à militer en faveur d’un format plus court : la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Irlande et la Slovénie (où une bonne partie des téléspectateurs « moyens » reconnaissent qu’ils ne regarderaient pas une émission d’une heure). Dans quelques-uns, l’attirance est faible pour cette formule qui apparaît en tout état de cause trop longue : la Finlande, le Danemark (même si les téléspectateurs « sélectifs » et « moyens » de ce pays déclarent malgré tout qu’ils la regarderaient) et le Royaume-Uni où l’intérêt de base pour les questions européennes est trop restreint en particulier chez les téléspectateurs « moyens ». En Estonie et en Lituanie on assiste à un net clivage entre les téléspectateurs « sélectifs » qui trouvent cette formule plus approfondie et supérieure à l’insertion de plages européennes dans les journaux télévisés et les téléspectateurs « moyens » qui n’y trouvent guère d’intérêt.

Les Espagnols interrogés, enfin, conservent leurs forts doutes sur des émissions d’information de type « politique » qu’ils pressentent fastidieuses, bien que ceux des groupes « sélectif » et « moyen » n’excluent pas de les regarder.

Globalement, les attitudes apparaissent plus différenciées que pour le précédent concept

entre les téléspectateurs « sélectifs », plus enclins à apprécier des émissions plus longues et approfondies, et les autres : on l’observe à des degrés variables dans un Etat-membre sur deux environ.

Pour ce qui est des types de chaînes dans lesquelles les interviewés envisageraient de

trouver de tels programmes :

o Il s’agirait d’abord de chaînes généralistes dans la plupart des Etats-membres, en gros pour les mêmes raisons que dans le cas précédent (audience, accessibilité, fonction d’information généralement plus importante dans ces types de chaînes). Dans quelques pays, on pense aussi en second lieu à des chaînes régionales : Espagne, Grèce, Suède, Hongrie. Dans quelques autres, des téléspectateurs « sélectifs » notamment pensent aussi à des chaînes spécialisées (auxquelles ils ont en principe accès) : Pays-Bas, Autriche, Slovénie, Estonie ; et les Français comme les Allemands a priori à « tous types de chaînes » (la distinction entre chaînes régionales et nationales n’étant pas très nette chez eux).

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 74

o Dans cinq Etats-membres, les interviewés se montrent partagés entre chaînes généralistes et chaînes spécialisées.

Dans deux d’entre eux, l’Irlande et le Portugal, ce sont les téléspectateurs « sélectifs » qui citent en général les chaînes spécialisées. Dans deux autres, le Royaume-Uni et la Belgique, ce sont plutôt les téléspectateurs « moyens » – ce qui traduit une tendance chez eux à repousser ce type d’émission sur des chaînes auxquelles ils n’ont pas accès. A Chypre, les choix diffèrent sans qu’on puisse identifier le même clivage.

o Dans deux pays, ils optent majoritairement pour la diffusion sur des chaînes spécialisées.

Cela parait cependant traduire des attitudes différentes, entre le Luxembourg où ce choix ne nuit pas à priori à l’audience, et en Slovaquie où il parait correspondre à la même désaffection qu’au Royaume-Uni et en Belgique de la part d’une partie de la population.

7. Des émissions sur des sujets scientifiques, sur l’environnement ou la santé, montrant des expériences et donnant des points de vue de différents pays européens.

• Cette proposition donne lieu à des réactions variées.

o Généralement intéressées dans bon nombre d’Etats-membres.

Les déclarations d’intérêt apparaissent particulièrement nombreuses, dans tous les groupes, en Belgique, au Luxembourg (à l’exception de certains jeunes adultes), en Irlande, en Grèce, au Portugal (plus particulièrement chez les téléspectateurs « sélectifs »), en Autriche, en Finlande, au Danemark, à Malte, à Chypre, en Hongrie et en Lituanie. L’intérêt est également assez largement partagé, mais à un niveau globalement moindre ou avec une moins grande homogénéité entre les téléspectateurs « sélectifs » et les autres, en Italie, en Espagne, en Slovénie, dans les Républiques Tchèque et Slovaque et en Pologne.

o Contrastées dans plusieurs autres entre des personnes que ce type de programmes attire et d’autres qui n’expriment que peu d’intentions de les regarder.

C’est le cas au Royaume-Uni (téléspectateurs « moyens » très peu intéressés), aux Pays-Bas (attitudes favorables surtout chez des téléspectateurs « sélectifs »), et en Suède.

o Réservées ou interrogatives dans quelques autres : en France, en Allemagne, en Estonie et en Lettonie.

L’analyse des discours des participants des discussions de groupe donne toutefois à penser

que le critère national n’est peut-être pas aussi sensible qu’il n’apparaît à première vue, et que les interviewés ont pu réagir différemment selon l’idée qu’ils se faisaient a priori du contenu et du style de ces programmes.

Les réactions positives sont en effet souvent assorties de commentaires montrant que ceux qui les émettent imaginent volontiers des émissions de vulgarisation au bon sens du terme, c'est-à-

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 75

dire ayant le sérieux nécessaire, mais mis à la portée du commun des mortels, sur des sujets par lesquels il se sentent concernés – dont par exemple la santé, la médecine, l’environnement ou des découvertes qui peuvent changer la vie des gens. On a vu précédemment que ce sont des thèmes qui étaient déjà suggérés spontanément par un assez grand nombre d’interviewés pour des émissions à caractère européen. En outre, les idées de comparaison et d’échange d’expériences correspondent également à des attentes préexistantes – bien que certains mettent en cause la légitimité d’une dimension seulement européenne alors que les progrès scientifiques ont un caractère mondial. Les réactions négatives ou dubitatives sont, elles, souvent liées à des représentations d’émissions scientifiques austères et rébarbatives, réservées à des téléspectateurs particulièrement compétents et informés, très minoritaires au sein de l’ensemble du public. Ces craintes amènent certains interviewés à suggérer que ces thèmes soient traités brièvement dans le cadre de magazines européens réguliers multisujets plutôt qu’en tant que sujets d’émissions complètes.

Les préférences en termes de types de chaînes télévisées pour la diffusion de telles émissions reflètent en partie les perceptions a priori qu’en ont les uns ou les autres.

Les tenants de chaînes généralistes – seules ou avec aussi des chaînes plus spécialisées – sont les plus nombreux. Ils incluent notamment les Italiens, les Espagnols, les Belges, les Néerlandais, les Irlandais, les Grecs, les Autrichiens, les Danois, les Suédois, les citoyens de la plupart des nouveaux Etats-membres (sauf les Slovaques et les téléspectateurs « moyens » lettons), ainsi que les téléspectateurs « moyens » (et « régionaux ») britanniques, luxembourgeois et portugais, et au contraire les participants des groupes « sélectifs » finlandais. Ce choix n’est pas nécessairement exclusif : on voit citer des chaînes spécialisées à côté des chaînes généralistes par les participants des groupes « moyens » italien, espagnol, britannique, luxembourgeois, portugais, finlandais, par leurs homologues « régionaux » danois, et par les Belges, les Autrichiens, les Tchèques, les Hongrois et les Polonais de manière générale. Quelques uns, mais plus rarement, n’excluent pas non plus les chaînes régionales (parmi les adeptes de ces chaînes en Espagne, en Grèce et en République Tchèque). Ceux qui optent au contraire pour réserver ce type d’émission à des chaînes spécialisées sont, pour beaucoup, de ceux qui émettent des doutes quant au caractère suffisamment « grand public » des émissions. On les trouve particulièrement en France, en Allemagne, en Slovaquie et dans le groupe « moyen » letton. En revanche d’autres choix de chaînes spécialisées – venant de téléspectateurs « sélectifs » au Royaume-Uni, au Luxembourg et au Portugal – ne paraissent pas inspirés par les même réserves.

8. Des émissions sur l’art, la culture et la littérature des différents pays européens.

Le principe d’émissions sur la culture des autres pays européens est accueilli favorablement par une très grande partie des citoyens européens interrogés.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 76

Dans quelques Etats-membres très europhiles, cet accueil est particulièrement enthousiaste et unanime dans tous les groupes : l’Espagne, le Luxembourg, la Hongrie, où les interviewés y voient la satisfaction de leurs souhaits de meilleure connaissance et d’empathie mutuelle des Européens. Dans plusieurs, il est au contraire plus modéré (en Grèce, en Finlande, en Estonie) ou contrasté selon la catégorie de population concernée : moindre intérêt chez les téléspectateurs « moyens » (ou « régionaux ») que chez les « sélectifs » au Royaume-Uni, à Chypre et en Slovénie (et chez les personnes de plus faible niveau d’instruction en Pologne), et même désintérêt affiché des premiers en Belgique, en Irlande et au Danemark. Les Néerlandais sont également divisés entre adhésion spontanée et réticences parfois fortes. Les raisons des réserves sont homogènes : la crainte d’émissions trop intellectuelles pour le citoyen moyen pour qui l’art et la culture au sens classique du terme n’appartiennent pas à leur univers courant. Dans d’autres Etats-membres les déclarations d’interviewés a priori favorables montrent qu’eux aussi se défient de l’élitisme et conditionnent en réalité leur accord à une vision ouverte de la culture au sens large, ou que l’intérêt déclaré l’est à un style d’émission qu’ils imaginent spontanément correspondre à cette vision. Quels que soient les pays, on peut penser que des programmes culturels trop « pointus » n’attireraient en fait qu’une minorité des téléspectateurs. Dans certains Etats-membres, il apparaît même à l’analyse que l’interprétation des termes « culture des autres pays européens » ne se distingue pas vraiment du contenu d’émission « de voyage » – ainsi notamment au Royaume-Uni.

Appelés à dire sur quels types de chaînes ils imagineraient de telles émissions, les participants des discussions de groupe citent :

o En grande majorité des chaînes généralistes (publiques) dans quelques Etats-membres :

l’Italie, l’Espagne, l’Irlande, la Finlande, Malte, la Hongrie, la Pologne et l’Estonie. o Des chaînes généralistes ou des chaînes thématiques à connotation plus ou moins culturelle

dans de nombreux autres.

C’est le cas en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Grèce, au Portugal, en Autriche, au Danemark, en Suède, à Chypre, en Slovénie, en République Tchèque, en Slovaquie, en Lettonie et en Lituanie ; et les Belges penchent davantage vers des chaînes spécialisées. Dans quelques pays, les deux types de chaînes sont cités, avec une propension des téléspectateurs non « sélectifs » à repousser ce type de programmes dans des chaînes spécialisées.

o L’idée de diffusion aussi sur des chaînes régionales n’est pas exclue par les interviewés de quelques pays : la France (mais c’est sans doute plutôt en raison de l’image plus « intellectuelle » de France 3 que pour son caractère véritablement régional), la Grèce, Chypre, la République Tchèque (et à un degré moindre l’Espagne, l’Autriche et la Slovénie).

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 77

9. Des programmes consacrés au cinéma des autres pays européens, avec des films ou des séries en version originale, des interviews de réalisateurs, des reportages, etc.

Dans quelques pays, de tels programmes de cinéma rencontrent un assez large intérêt de

principe : au Portugal, en Finlande, en Estonie et dans une moindre mesure dans les deux autres Etats baltes et en République Tchèque : une personne interviewée sur deux ou plus y apparaît désireuse de voir davantage de films européens – sans que le type de groupe soit un critère très discriminant. Leur diffusion en version originale, habituelle pour les films étrangers dans ces pays (sauf en Lituanie où le doublage est plus fréquent) ne leur pose pas de problème et est même souhaitée (en dehors de cas d’incompréhension par des personnes qui imaginent que la version originale serait dénuée de sous-titrage). Les participants des groupes français se disent également ouverts au cinéma des autres pays européens mais avec des réticences plus fréquentes aux versions originales. Un certain degré d’intérêt se manifeste aussi dans les différents groupes belges pour les classiques du cinéma (mais guère pour les éléments périphériques aux films eux-mêmes figurant dans l’exposé de la proposition, interviews et reportages).

Dans la plupart des Etats-membres en revanche, on observe un net clivage entre un nombre limité d’interviewés vivement intéressés et une majorité d’autres qui expriment indifférence ou réticences.

o Les premiers constituent une minorité de cinéphiles, amateurs éclairés de films d’auteur et

de cinéma étranger, dont certains se disent d’ailleurs spontanément lassés du déferlement de productions hollywoodiennes.

Ceux-là ne voient aucune objection à la diffusion en version originale qu’ils recherchent même (et qui est de toute manière le mode normal de diffusion de films étrangers dans beaucoup de pays). Les « à côtés » du cinéma (reportages, interviews de réalisateurs) sont cependant rarement évoqués comme élément fort d’attraction. On les trouve le plus souvent dans les groupes de téléspectateurs « sélectifs », et parmi les personnes de niveau éducatif et culturel supérieur. Il est toutefois à noter que même une partie de cette catégorie fait valoir qu’on peut déjà avoir accès, notamment lorsqu’on dispose d’abonnements à des bouquets câblés ou satellitaires, à une offre large de cinéma : ainsi par exemple en Italie, à Malte et en Hongrie, où le type de programme proposé suscite particulièrement peu l’intérêt. Des Autrichiens notent en outre que leur contenu (avec les « à côtés ») peut aujourd’hui se trouver sur DVD.

o Les seconds perçoivent les émissions proposées comme très élitistes. Ils n’ont pas la même curiosité pour le cinéma européen ; certains (en Suède, à Chypre, …) disent être tellement habitués au « formatage » américain des films qui sont diffusés chez eux qu’ils redoutent l’effort à faire pour pénétrer dans un style de cinéma différent et plus exigeant (même s’ils le regrettent). Dans plusieurs pays, les réticences aux versions originales sont assez largement évoquées : en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni, au Luxembourg (au moins lorsqu’on les regarde à la télévision, les sous-titres y étant peu lisibles), en Grèce et en Pologne. Là aussi, on décèle

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 78

parfois des incompréhensions chez des téléspectateurs qui imaginent des versions originales sans sous-titres (certains Polonais) ou même les reportages et interviews dans la langue d’origine (certains Britanniques). Ces types de réticences existent aussi dans les premiers pays cités où l’attirance pour ces programmes est a priori plus grande, mais elles y sont moins répandues.

En ce qui concerne les types de chaînes sur lesquelles des programmes sur le cinéma européen

pourraient être diffusées :

o Les interviewés pensent principalement à des chaînes spécialisées ou thématiques (consacrées au cinéma ou à dominante culturelle) dans un Etat-membre sur deux.

Ils n’en mentionnent guère d’autres en France, en Allemagne, en Espagne, au Royaume-Uni, en Autriche, au Danemark, en République Tchèque, en Hongrie, en Pologne et en Lettonie. Les chaînes généralistes sont citées en second lieu en Italie, en Belgique et en Lituanie.

o Chaînes spécialisées et chaînes généralistes sont citées peu ou prou à égalité (ou : tous types de chaînes) dans plusieurs autres pays : aux Pays-Bas, au Portugal, à Chypre, en Slovénie, en Slovaquie, ainsi que chez les téléspectateurs « sélectifs » au Luxembourg et en Grèce.

o Les chaînes généralistes sont celles qui viennent à l’esprit dans d’autres : en Irlande en

Finlande, en Suède, à Malte, en Estonie – et chez les téléspectateurs « non-sélectifs » des Etats-membres cités plus haut.

10. Des émissions de jeux où les candidats doivent répondre à des questions sur l’Europe et les autres

pays européens.

L’accueil réservé à l’idée de ces émissions de jeux est très variable selon les pays.

On peut distinguer : o Des Etats-membres dans lesquels un intérêt assez grand se dégage dans tous les groupes :

l’Espagne, la Belgique, le Portugal, la Suède, la Hongrie et la Lituanie.

Les interviewés y voient des programmes divertissants et ludiques qui permettent en même temps d’apprendre des choses sur les autres pays européens.

o Des Etats-membres dans lesquels l’intérêt qui se manifeste dans les différents groupes est plus modéré et assorti d’interrogations ou de conditions.

C’est le cas de l’Allemagne, de la Grèce, de Chypre, de la Slovaquie et de l’Estonie. Ce sont des programmes qui ne sont pas nouveaux dans leur concept en dehors de la participation multinationale des candidats ; on s’y interroge sur la possibilité de trouver des candidats aptes à répondre aux questions et, surtout, sur celle de captiver l’audience des téléspectateurs qui, sachant a priori fort peu de l’Europe, ne pourraient pas vraiment jouer eux-mêmes le jeu devant leur écran.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 79

o Des Etats-membres où on observe un clivage entre des téléspectateurs « moyens » attirés

par l’idée et des téléspectateurs « sélectifs » qui goûtent peu de manière générale ce genre de divertissement populaire (les téléspectateurs « régionaux » dans les pays où ils ont été spécifiquement interrogés se situent d’un côté ou de l’autre, mais plutôt de celui du faible intérêt).

Ils incluent la France, l’Italie, les Pays-Bas, l’Autriche, Malte, la Slovénie et la Pologne.

o Un pays où le clivage est inverse : le Luxembourg, où ce sont les téléspectateurs « sélectifs » qui sont les plus ouverts.

o Des Etats-membres où le concept attire peu – la Finlande, la Lettonie – voire très peu – le

Royaume-Uni, l’Irlande, le Danemark et la République Tchèque.

On y retrouve, mais de manière plus générale, une désaffection vis-à-vis d’un style d’émission un peu vieillot et simpliste, ainsi que des doutes profonds qu’on puisse susciter l’intérêt chez des téléspectateurs qui resteraient passifs à son écoute, faute de connaître la réponse à la plupart des questions.

En ce qui concerne les types de chaînes auxquelles on pense pour de telles émissions, il s’agit avant tout des chaînes généralistes dans la plupart des Etats-membres.

Les interviewés de certains pays sont partagés entre les différents types de chaînes (au Luxembourg, en Autriche, au Danemark, à Chypre) ou pensent aussi pour une partie d’entre eux à des chaînes spécifiques (certains Italiens, de nombreux Britanniques, des Slovènes, des Tchèques et des téléspectateurs « sélectifs » au Portugal et en Lettonie) ; on observera toutefois que ces déclarations sont peu impliquantes dans les cas où elles sont accompagnées de non-intérêt pour les programmes concernés.

11. Des émissions de divertissement, avec des artistes ou des célébrités de plusieurs pays européens.

L’intérêt déclaré pour ce type d’émission diffère très sensiblement d’un Etat-membre à l’autre.

Il apparaît assez grand en Espagne, à Malte, à Chypre, en Slovénie, en Hongrie et dans les trois Etats baltes, ainsi que chez les téléspectateurs « moyens » belges et portugais et « régionaux » autrichiens. On y voit, en résumé, un enrichissement possible par rapport aux émissions de même nature qui existent au plan national, avec chez certains – dans de très petits pays notamment – une curiosité à l’idée de découvrir des artistes d’autres nationalités inconnus d’eux.

Les réactions sont mitigées en France (un certain intérêt chez les amateurs de divertissement, mais un rejet de ce genre chez une partie notable des interviewés), chez les Belges des groupes « sélectif » et « régional », les Autrichiens téléspectateurs « moyens » et « sélectifs », les Danois et les Slovaques.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 80

Les motifs d’intérêt sont les mêmes, les réticences aussi ; beaucoup restent attentistes faute de pouvoir « sentir » le contenu et le ton qu’auraient ces émissions.

Elles sont majoritairement réticentes en Italie, au Luxembourg, en Irlande, en Finlande, en Suède, en République Tchèque et en Pologne, et globalement négatives en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas,en Grèce et chez les téléspectateurs « sélectifs » portugais.

Les principales raisons de non-intérêt sont l’indifférence à ce type de programme en général, le sentiment qu’il en existe déjà en abondance voire en surabondance (en Allemagne notamment), l’absence de lien logique perçu entre ce genre télévisuel et l’Union Européenne (aux Pays-Bas par exemple), ou encore le faible désir de voir se produire des artistes étrangers ou des personnages connus dans leurs pays mais qui n’évoquent rien dans le sien. Cette dernière catégorie d’objection est souvent formulée notamment au Royaume-Uni, en Irlande et en Pologne ; des interviewés tchèques font part en outre de leurs doutes du fait que la traduction nécessaire dans la plupart des cas fait perdre une grande partie du sel d’une émission légère et humoristique.

En ce qui concerne les types de chaînes sur lesquelles on s’attendrait à voir diffuser ces programmes, il s’agirait surtout de chaînes généralistes (et pour certains interviewés explicitement, commerciales).

Il peut s’y ajouter des chaînes spécialisées (pour une partie des Italiens, des Britanniques, des Grecs, des Autrichiens, des Danois, des Slovènes, des Tchèques, des Hongrois et des Lituaniens) ou régionales (selon certains Néerlandais, Grecs et Chypriotes).

12. Des débats sur les questions européennes entre des experts de l’Union Européenne et des experts de notre propre pays.

Cette proposition de programme suscite rarement un grand enthousiasme.

On note des déclarations d’intérêt relativement nombreuses dans les différents groupes luxembourgeois, grecs, autrichiens et maltais, où la formule du débat parait appréciée. Des téléspectateurs danois de diverses catégories, moins attirés par elle, déclarent cependant qu’ils regarderaient sans doute de tels programmes, selon les sujets discutés, reconnaissant la nécessité d’être mieux informés sur l’Union Européenne. Dans d’autres Etats-membres, seule une minorité de téléspectateurs, généralement « sélectifs » ou de niveau d’éducation supérieur à la moyenne, vont dans le même sens : en France, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Finlande, en République Tchèque et en Hongrie. Dans quelques autres, il existe également une minorité intéressée (sans que le même critère de différenciation des attitudes soit aussi clair) ou au moins un non-rejet a priori : la Suède, la Hongrie, l’Estonie et la Lituanie. Chez les autres interviewés l’attitude dominante est une faible ou très faible attirance pour des émissions perçues a priori comme élitistes et difficiles, pour des discussions qu’on imagine volontiers hors de portée du citoyen moyen entre des experts loin de la vie quotidienne et utilisant entre eux un langage particulier, ou pour des sujets sans doute abstraits.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 81

Il s’y ajoute une certaine saturation de la formule même des débats, que relèvent notamment des Français, des Allemands, des Suédois, des Hongrois, des Polonais (rassasiés sans doute de débats politiques « stériles ») ou des Lituaniens. Cela entraîne entre autres des déclarations de désintérêt quasi-total au Royaume-Uni, en Belgique, en Irlande, à Chypre, en Slovaquie et en Lettonie. Dans d’autres Etats-membres, ceux qui sont potentiellement intéressés ou au moins pas entièrement fermés insistent sur un certain nombre de conditions : qu’il y ait réellement débat et échanges d’idées qui fassent progresser le thème traité, que les experts présents sachent se faire comprendre en langage simple, que les animateurs soient particulièrement qualifiés et sachent interpréter et reformuler simplement des idées complexes abordées dans la discussion, ou encore que le public puisse y participer en posant des questions en direct. On notera enfin, dans quelques Etats-membres, la crainte que les débats ne soient biaisés (en Pologne) ou écrasés par les experts européens face à leurs homologues nationaux moins assurés d’eux-mêmes (en Estonie, en Lettonie).

En ce qui concerne les types de chaînes adaptées à la diffusion de tels programmes, les hypothèses diffèrent selon les pays.

o Chaînes spécialisées citées de façon dominantes en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en

Belgique, au Portugal, en Pologne et en Lettonie. o Chaînes généralistes et/ou chaînes spécialisées en Italie, en Espagne, au Luxembourg, aux Pays-

Bas, en Autriche, en Finlande, en Suède, à Chypre, en Slovénie, en Slovaquie, en Hongrie et en Estonie.

o Chaînes généralistes principalement au Danemark, en Grèce, à Malte, en République Tchèque et

en Lituanie (où cela reflète sans doute un degré d’intérêt du public supérieur à ce qu’on observe dans la moyenne européenne) , ainsi qu’en Irlande.

13. Des interviews régulières de commissaires et de députés européens.

L’intérêt manifesté pour ce type de programme est globalement faible.

Dans de nombreux cas, les raisons en sont la faible propension à prêter attention aux sujets politiques en général, et la distance perçue avec les dirigeants de quelque nature qu’ils soient. Les attitudes paraissent plus favorables chez les Lettons, les Lituaniens, les téléspectateurs « sélectifs » grecs, finlandais et maltais et certains Autrichiens (« régionaux ») et Allemands.

Dans quelques Etats-membres, la désaffection générale observée à l’égard de la politique et des politiques pourrait être légèrement moins grande dans le cas d’interviews de responsables communautaires que de responsables nationaux.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 82

On l’observe chez des Italiens (de niveau éducatif supérieur à la moyenne), chez certains Belges, Luxembourgeois, Espagnols, Irlandais, Portugais et Danois : crédibilité et objectivité a priori meilleures ou moins mauvaises, vision peut-être plus large qu’une vision purement nationale …

Dans trois d’entre eux, elles sont très peu intéressées, la distance avec les responsables et députés européens (inconnus et anonymes) étant très grande : au Royaume-Uni, en Suède et en Estonie.

En ce qui concerne les types de chaînes sur lesquelles les interviewés penseraient voir diffuser

ces programmes, les attitudes sont partagées.

Il s’agirait principalement des chaînes généralistes (publiques) pour les Irlandais, les Grecs, les Finlandais, les Danois, les Maltais, les Tchèques, les Estoniens et les Lituaniens. Les Français, les Britanniques, les Portugais, les Polonais, les Slovaques et les Lettons pencheraient au contraire vers des chaînes spécialisées. Dans les autres Etats-membres, les unes et les autres sont mentionnées comme envisageables. Rares sont ceux qui pensent aux télévisions régionales.

14. Des interviews régulières des ministres responsables des affaires européennes dans notre pays.

Cette proposition suscite un intérêt encore nettement plus faible ; elle est même l’objet d’un rejet quasi-unanime dans bon nombre d’Etats-membres.

Ce qui est en cause est l’image très dégradée des responsables politiques dans tous les pays, qu’il s’agisse de leur réelle compétence ou, massivement, de leur capacité à parler d’un sujet avec un minimum d’objectivité, sans « langue de bois » et en s’exprimant dans un langage qui ne soit pas totalement obscur pour le grand public. De plus, on imagine qu’ils parleraient sans doute sur des sujets « politiques » ou institutionnels, qui ne sont pas de ceux sur lesquels les citoyens européens souhaitent le plus en savoir davantage. Tout au plus peut-on observer un intérêt mesuré et conditionnel chez un petit nombre de citoyens : certains téléspectateurs « sélectifs » en France, au Luxembourg, au Portugal, en Finlande, à Malte, et en Slovénie, et certains téléspectateurs de diverses catégories en Autriche, en République Tchèque, en Lettonie et en Lituanie ; encore faudrait-il que ces émissions échappent aux défauts « politiques » qui amènent les autres interviewés à rejeter l’idée.

Si de telles émissions étaient diffusées, il apparaît logique à beaucoup qu’elles le soient sur des chaînes généralistes publiques.

L’idée inverse prévaut cependant parfois que des chaînes spécialisées d’information conviendraient mieux à un type de programme qui n’aurait qu’une audience limitée à une petite partie intéressée du public : en France, au Royaume-Uni, au Portugal, en Hongrie et en Pologne ainsi que chez des téléspectateurs « sélectifs » italiens, luxembourgeois, autrichiens et slovènes et chez divers interviewés belges, néerlandais, irlandais, autrichiens, slovaques et lituaniens.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 83

Les télévisions régionales sont rarement citées.

15. Des émissions sur le sport dans les autres pays européens avec des retransmissions de

compétitions, mais aussi des reportages sur des champions ou des équipes et sur la place du sport dans la vie des gens.

L’intérêt manifesté pour de telles émissions sportives est très faible – et les réactions sur

ce plan sont largement homogènes entre les différents Etats-membres.

En résumé, une première condition est d’être attiré par le sport – ce qui n’est pas le cas de la majorité des téléspectateurs interrogés et notamment des femmes. En deuxième lieu, même ceux qui goûtent les spectacles sportifs considèrent en général qu’il existe déjà dans ce domaine une offre abondante, soit de retransmissions de compétitions sur des chaînes accessibles à tous, soit des chaînes thématiques sportives. En troisième lieu, il n’y a pas de lien perçu entre le sport et l’Union Européenne, et même la dimension européenne plus large du sport n’est guère perçue ; on pense plutôt soit à son caractère international (Jeux Olympiques, Championnats du Monde) soit à son caractère national (intérêt pour les résultats des champions et des équipes nationales), soit (plus rarement) à son caractère local. Dans leur très grande majorité, les interviewés ne voient donc pas de justification au type d’émission proposé : il n’apporte rien de plus pour ce qui est des retransmissions, et les éléments autres (reportages) ne pourraient susciter d’intérêt, même chez les amateurs, que s’il s’agissait de sportifs ou d’équipes nationales par lesquels ils peuvent se sentir concernés. On ne trouve à cette règle générale que quelques exceptions relatives : chez des interviewés (masculins) minoritaires à Malte et à Chypre qui ressentent un certain isolement insulaire et pour qui la dimension européenne serait synonyme d’ouverture (y compris à d’autres sports que le football dominant pour les premiers), et chez quelques Lituaniens pour des raisons moins explicitées. Ailleurs, on trouve bien l’expression d’un intérêt modéré ici ou là chez des amateurs de sport, par exemple pour des sports peu connus chez quelques personnes, mais cela reste très limité.

La question des chaînes sur lesquelles on préférerait voir ce type d’émission est dans ces conditions très théorique.

On peut noter, pour mémoire, une tendance fréquente à désigner les chaînes thématiques spécialisées, qui signifie en fait dans une partie des cas relégation de telles émissions sur ce type de chaîne non accessible à tous. Il n’y a qu’en Espagne, au Luxembourg, en Grèce et à Malte que les chaînes généralistes sont davantage citées. Dans quelques autres pays, les chaînes généralistes sont mentionnées à côté des chaînes spécialisées (Italie, Belgique, Irlande, Portugal, Chypre, Slovénie).

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 84

II.4 ATTITUDES A L’EGARD DE L’INITIATIVE DE LA COMMISSION

Pour conclure les réunions, leurs participants étaient informés de l’identité du commanditaire de l’étude, la Commission Européenne, « qui souhaiterait que la télévision puisse mieux informer les citoyens sur les questions européennes ».

On précisait que la Commission « est en train de mettre en place pour cela un système de soutien, avec des aides financières, à des chaînes de télévision qui développeront des programmes ayant un contenu européen ». Les animateurs demandaient aux participants ce qu’ils en pensaient.

Les réactions spontanées à cette annonce sont très majoritairement positives.

Les personnes interrogées expriment même, à l’unanimité ou presque, un contentement très vif et sans nuance dans certains Etats-membres : l’Irlande, la Grèce, Malte, Chypre, la Slovénie, la Slovaquie, la Hongrie et la Lituanie.

La satisfaction est également très générale en France, en Allemagne, en Espagne, en Belgique, au Luxembourg, au Portugal, en Finlande, au Danemark, en Estonie, en Lettonie, et plus modérément en Suède et en République Tchèque. Les attitudes sont plus nuancées ou partagées en Italie, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Autriche et en Pologne.

Il convient en fait de distinguer deux aspects :

o Le premier concerne l’initiative de la Commission de faire procéder à cette étude, qui est saluée dans tous les pays et que personne ne critique.

On reconnaît comme légitime et souhaitable qu’elle se préoccupe de l’information des citoyens sur les questions européennes. En outre, comme dans d’autres études pour diverses Directions Générales dont les discussions de groupe se concluaient par un thème similaire, les personnes interrogées ont la satisfaction d’avoir été consultées et écoutées par l’institution communautaire, qui manifeste ainsi à leurs yeux la considération qu’elle a pour l’avis des citoyens et se montre plus proche d’eux.. Dans plusieurs des nouveaux Etats-membres notamment, des interviewés s’en disent même flattés ou opposent cette manifestation d’ouverture à l’indifférence à l’égard des citoyens qu’ils ressentent de la part de leurs propres gouvernants – des réflexions de cette nature ayant été spontanément émises par exemple à Chypre, en République Tchèque ou en Lituanie.

o Le second concerne la politique de soutien de la Commission à des projets télévisuels ayant un contenu européen.

Elle est considérée d’un œil très favorable aussi par les interviewés de la plupart des Etats-membres.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 85

La nécessité de mieux informer les citoyens sur l’Europe et l’Union Européenne apparaît comme évidente, le média télévisé est considéré comme pertinent pour ce faire eu égard à sa très large audience, et la légitimité de l’intervention de la Commission n’est nullement mise en cause ; au contraire qu’elle se donne pour mission de contribuer ainsi à un niveau plus élevé de connaissance et à une meilleure connaissance mutuelle des Européens est perçu très favorablement. Seuls quelques-uns s’interrogent sur l’efficacité d’une telle démarche au vu de l’indifférence qu’affichent les citoyens – eux-mêmes y compris – pour les questions communautaires ; s’ils le regrettent, ils craignent que l’ampleur de la tâche ne soit considérable. D’autres, reconnaissant implicitement cette difficulté, s’efforcent de contribuer à sa résolution en revenant sur leurs propos précédents pour recommander des choix de sujets ou des modes de traitement susceptibles à leurs yeux de renforcer l’audience des programmes proposés. Très rares sont ceux, dans ces pays, qui soulèvent la question de l’objectivité de l’information dans des chaînes qui bénéficieraient d’un concours financier de la Commission : quelques Allemands, Espagnols, Belges, Suédois, Tchèques, Estoniens, Lettons et Lituaniens, mais sans suspicion a priori. Dans quelques pays seulement, les réticences ou les interrogations sont plus grandes et les citoyens interviewés plus partagés. C’est le cas en Italie (opposition d’une partie des personnes réunies à l’idée de consacrer des fonds publics à de tels projets), au Royaume-Uni (craintes, relativement peu exacerbées toutefois, d’information pro-européenne biaisée), aux Pays- Bas (souci chez des téléspectateurs régionaux que bénéfice du financement n’entraîne pas dépendance) et en Pologne (suspicions de non neutralité de la part de ceux qui sont les plus distants vis-à-vis de l’Union Européenne). Encore ces réserves n’émanent-elles pas de tous les citoyens interrogés dans ces pays.

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 86

PRINCIPAUX TYPES DE PROGRAMMES A CONTENU EUROPEEN SUSCITANT L’INTERET

INTERET INTERET INTERET INTERET INTERET TYPES PROFIL FORT REEL MODERE VARIABLE MINORITAIRE DE CHAÎNES D'AUDIENCE REPORTAGES QUASI GEN VIE DES GENS TOTALITE UK SPEC LARGE PAYS EUROPEENS EM Reg REPORTAGES TRES DE IT GEN SOLUTIONS LOCALES NOMBREUX AT REG SPEC LARGE AUX PROBLEMES EM UK SE INFO PRATIQUE NOMBREUX IT IE EL DE BE NL GEN LARGE DROITS/OPPORTUNITES EM FI AT UK SE Reg Spec SEL+ POUR LES CITOYENS SI LV INFO REGIONALE LU NL FR IT AT DE BE IE REG LARGE IMPACT EL ES PT MT CY SI FI UK DK SE GEN SEL+ REG+ UNION EUROPEENNE PL CZ SK HU EE LT LV PLAGES EUROPEENNES FR EL BE LU NL IT DE ES GEN DANS JOURNAUX AT SE IE PT FI DK UK Reg Spec LARGE TELEVISES MT CZ SK HU CY SI EE LT PL LV EMISSION HEBDO DE PT IT FR BE LU NL ES GEN LARGE ACTUALITE MT HU LV CY PL CZ IE EL ES AT EE LT UK DK SE SPEC SEL + UNION EUROPEENNE SI SK EMISSIONS BE LU IE EL PT IT ES NL FR DE GEN SCIENCE ENVIRONNEMENT AT FI DK SI PL SPEC SEL + SANTE MT CY HU LT CZ SK UK SE EE LV EMISSIONS LU ES FR DE IT EL BE NL IE GEN SPEC ARTS HU PT AT FI SE UK DK Reg SEL + CULTURE MT CZ SK CY SI PL EE LT LV

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 87

ANNEXES

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 88

ANNEXE I

INSTITUTS PARTENAIRES

DANS LES 25 ETATS-MEMBRES

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 89

INSTITUTS PARTENAIRES RESPONSABLES DE LA CONDUITE DES REUNIONS ET DES ANALYSES NATIONALES (AT) Autriche Karmasin Motivforschung (Vienne) (BE) Belgique EADC – Yellow Window (Anvers) (CY) Chypre Synovate – Cyprus (Nicosie) (CZ) République Tchèque MARECO ( Prague) (DE) Allemagne Echanges Marktforschung (Cologne) (DK) Danemark Ulveman Explorative – Erik Liljeberg Research Consultancy (Copenhague) (EE) Estonie TNS EMOR (Tallinn) (EL) Grèce FOCUS (Athenes) (ES) Espagne Escario Research (Madrid) (FI) Finlande Marketing Radar (Helsinki) (FR) France CSA (Paris) (HU) Hongrie Ad Hoc Plus Research (Budapest) (IE) Irlande TNS – MRBI (Dublin) (IT) Italie Market Dynamics International (Milan) (LT) Lituanie Baltic Surveys (Vilnius) (LU) Luxembourg Ilres (Luxembourg) (LV) Lettonie TNS Baltic Data House (Riga) (MT) Malte MISCO (La Valette) (NL) Pays-Bas PQR (Amsterdam) (PL) Pologne BSM (Varsovie) (PT) Portugal TNS Euroteste (Lisbonne) (SE) Suède Kommunicera (Stockholm) (SI) Slovénie RM Plus (Maribor) (SK) Slovaquie Psymareco (Bratislava), en coopération avec MARECO (UK) Royaume-Uni Andrew Irving Associates (Londres)

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 90

ANNEXE II

COMPOSITION DEMOGRAPHIQUE

DES GROUPES

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 91

COMPOSITION DEMOGRAPHIQUE DES GROUPES Téléspectateurs Moyens Téléspectateurs Sélectifs Téléspectateurs Régionaux Hommes Femmes 20-40 ans 41-60 ans Hommes Femmes 20-40 ans 41-60 ans Hommes Femmes 20-40 ans 41-60 ans

(AT) Autriche

4 4 Vienne, 08.09.04

3 5

5 5 Vienne, 09.09.04

5 5 5 5 Vienne, 13.09.04

4 6

(BE) Belgique

4 4 Bruxelles, 16.09.04

4 4

4 4 Anvers, 09.09.04

3 5 4 4 Anvers, 02.09.04

4 4

(CY) Chypre

4 4 Nicosie, 16.09.04

4 4 4 4 Nicosie, 21.09.04

4 4

(CZ) République Tchèque

5 5 Prague, 15.09.04

4 6 5 4 Prague, 16.09.04

5 4 4 4 Olomouc, 20.09.04

4 4

(DE) Allemagne

4 4 Cologne, 26.08.04

4 4 4 4 Cologne, 24.08.04

5 3 4 4 Cologne, 25.08.04

4 4

(DK) Danemark

4 3 Copenhague, 13.09.04

3 4 3 3 Copenhague, 13.09.04

2 4 4 2 Odense, 14.09.04

2 4

(EE) Estonie

3 5 Tallinn, 14.09.04

5 3 3 5 Tallinn, 14.09.04

5 3

(EL) Grèce

4 4 Athènes, 06.09.04

4 4 3 4 Athènes, 08.09.04

4 3 4 4 Patras, 15.09.04

4 4

(ES) Espagne

4 4 Madrid, 14.09.04

4 4 4 4. Madrid, 13.09.04

4 4 4 4 Madrid, 14.09.04

4 4

(FI) Finlande

3 5 Helsinki, 14.09.04

5 3 4 4 Helsinki, 14.09.04

5 3

(FR) France

2 6 Paris, 08.09.04

4 4 3 5 Paris, 07.09.04

3 5 3 5 Rennes, 09.09.04

4 4

(HU) Hongrie

4 4 Budapest, 17.09.04

4 4 4 4 Budapest, 17.09.04

4 4 4 4 Miskolc, 20.09.04

4 4

(IE) Irlande

3 4 Dublin, 21.09.04

3 4

3 4 Dublin. 21.09.04

4 3

(IT) Italie

3 4 Milan, 07.09.04

3 4

4 3 Milan, 08.09.04

3 4 3 4 Asti, 09.09.04

4 3

(LT) Lituanie

5 5 Vilnius, 06.09.04

6 4 5 5 Vilnius, 06.09.04

4 6

(LU) Luxembourg

4 3 Luxembourg, 09.09.04

4 3 5 5 Luxembourg, 14.09.04

5 5

(LV) Lettonie

4 4 Riga, 21.09.04

4 4 4 4 Riga, 22.09.04

4 4

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 92

(MT) Malte

4 4 La Valette, 04.09.04

4 4

5 3 La Valette, 11.09.04

4 4

(NL) Pays-Bas

4 3 Amsterdam, 06.09.04

3 4 4 3 Amsterdam, 01.09.04

3 4 4 4 Amsterdam, 02.09.04

4 4

(PL) Pologne

3 5 Varsovie, 06.09.04

4 4 4 4 Varsovie, 06.09.04

4 4 4 4 Katowice, 07.09.04

4 4

(PT) Portugal

2 4 Lisbonne, 14.09.04

4 2 4 4 Lisbonne, 15.09.04

5 3

(SE) Suède

3 4 Stockholm, 21.09.04

4 3 4 3 Stockholm, 28.09.04

3 4 3 4 Stockholm, 23.09.04

4 3

(SI) Slovénie

3 4 Maribor, 09.09.04

4 3 5 4 Maribor, 10.09.04

5 4

(SK) Slovaquie

4 4 Bratislava, 10.09.04

4 4 4 4 Bratislava, 15.09.04

3 5 5 4 Banska Bystrica, 17.09.04

4 5

(UK) Royaume-Uni

4 4 Londres, 15.09.04

4 4

4 4 Surrey, 21.09.04

4 4 4 4 Southampton, 16.09.04

4 4

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 93

ANNEXE III

GUIDE D’ANIMATION

DES DISCUSSIONS

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 94

ETUDE TELEVISION GUIDE D’ANIMATION

(27.08.2004)

Introduction

Bonjour, je suis … de l’institut … qui réalise l’étude pour laquelle nous sommes réunis aujourd’hui, qui porte sur la télévision.

Tout d’abord je vais demander à chacun(e) de se présenter rapidement : qui vous êtes, où vous habitez, si vous vivez seul(e) ou en couple, si vous avez des enfants ou non, quelle est votre profession (si vous travaillez) et quelle est éventuellement celle de votre conjoint, enfin et quels sont vos loisirs préférés et vos sujets d’intérêt particulier dans la vie.

THEME I I.1 Nous allons parler de ce que vous regardez habituellement à la télévision.

Je vais demander à chacun(e) de prendre l’exemple d’une semaine typique, et d’essayer de penser à tous les programmes qu’il (elle) regarde pendant cette semaine.

Interroger chacun(e) des participant(e)s tour à tour

Laisser chacun(e) s’exprimer spontanément, puis relancer : quelles émissions précises ou quels genres d’émissions, quels jours, à quelles heures …

I.2 Parmi les programmes que vous venez de citer, il y en a sans doute que vous regardez avec plus ou

moins d’intérêt ou plus ou moins d’attention.

Etablir une classification des programmes : en partant d’une première catégorie avec les programmes qu’on regarde presque toujours et avec le plus d’intérêt ; puis en faisant définir d’autres catégories selon la régularité d’écoute et le degré d’intérêt et d’attention ; jusqu’aux programmes qu’on ne regarde jamais ou presque

Faire expliciter les raisons de (plus ou moins) grande régularité d’écoute et de (plus ou moins) grand intérêt.

Dégager les points de convergence et les différences d’habitudes d’écoute entre les différents participants

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 95

THEME II II.1 Nous allons parler des différentes chaînes de télévision qui existent. Je vais vous demander de penser

à toutes les chaînes de télévision que vous connaissez – que vous les regardiez ou pas – et d’essayer de les classer en plusieurs familles, selon ce qu’elles ont de semblable ou de différent à vos yeux.

Inciter le groupe à dégager un consensus pour définir des familles de chaînes Faire expliciter les raisons des regroupements effectués : qu’est-ce que les chaînes regroupées

dans chaque famille ont en commun, et qu’est-ce qui les différencie des autres familles ? Faire exprimer le degré et les raisons d’intérêt (ou de non-intérêt) pour les chaînes de chacune

des familles. II.2 Nous allons maintenant prendre successivement ces familles de chaînes de télévision, que vous

venez de constituer. Pour chacune, je vais maintenant vous demander quelles sont les chaînes précises de cette famille que vous regardez, régulièrement ou plus occasionnellement, ce que regardez vous plus particulièrement sur ces différentes chaines, et pour quelles raisons ?

Prendre successivement chaque famille. Pour chacune : Faire citer toutes les chaines regardées (plus ou moins régulièrement ou occasionnellement)

de cette famille Faire expliciter les raisons d’écoute régulière, d’écoute occasionnelle, ou de non-écoute des

différentes chaînes citées (et/ou : de cette famille de chaînes) Identifier des programmes ou des genres de programmes regardés sur les différentes chaînes

(et/ou : de cette famille de chaînes) plutôt que sur d’autres THEME III III.1 On trouve à la télévision toutes sortes de programmes, entre les programmes d’information pure et

ceux qui sont essentiellement de divertissement. Je voudrais que nous parlions de ce qu’on y trouve qui nous permet de nous informer, de nous cultiver, d’apprendre des choses d’une manière ou d’une autre. Qu’y trouvez-vous vous-mêmes, que regardez-vous, qu’est-ce qui vous intéresse et pourquoi ?

Réactions spontanées Explorer :

Types de programmes (faire citer des exemples précis) Eléments (de contenu ou de forme) qui font que ces programmes apprennent quelque chose

III.2 Une autre manière d’aborder cette question est de parler des sujets ou des thèmes qui sont traités

dans tous ces programmes. Quels sont ceux qui attirent le plus votre attention et qui vous intéressent le plus ?

Réactions spontanées Explorer :

Liste des sujets/thèmes intéressant les participants Degré et raisons de (plus ou moins grand) intérêt pour ces sujets/thèmes

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 96

III.3 Toujours à propos de la façon dont la télévision peut nous permettre de nous informer, de nous cultiver ou d’apprendre des choses, qu’est-ce qui manque aujourd’hui, quels sont les sujets ou les thèmes que vous souhaiteriez voir davantage traités , ou mieux traités qu’actuellement ?

Réactions spontanées Explorer :

Attentes non satisfaites en matière de contenu : sujets/thèmes manquants dans l’offre télévisuelle actuelle

Attentes non satisfaites en matière de forme : carences/insuffisances/défauts quant à la manière dont les thèmes sont traités

THEME IV IV.1 Nous allons aborder un thème plus précis, celui de l’Europe à la télévision : en d’autres termes tout

ce qu’on peut y voir sur l’Europe, sur les pays européens, sur ce qui s’y passe, sur les gens qui y vivent, …. etc.

Vous allez essayer de vous souvenir de tout ce que vous avez vu à la télévision sur ces sujets au cours des derniers mois, dans quelque type de programme que ce soit.

Réactions spontanées Relancer en encourageant les participants à creuser dans leurs souvenirs, et explorer :

Sujets/thèmes (Pour chacun) Dans quel type de programme (Pour chacun) Sur quelle chaîne ce programme était diffusé (Pour chacun) Comment le sujet était traité (Pour chacun) Jugements sur l’intérêt du sujet et la manière dont il était traité (Pour chacun) Jugements sur la crédibilité /la confiance à l’égard de l’information apportée.

IV.2 Plus spécifiquement, parlons de l’Union Européenne à la télévision : tout ce qu’on peut y voir sur

l’Union Européenne, ses politiques, ses programmes et ses institutions ; en d’autres termes ce qu’elle fait, ce qui s’y passe, comment elle fonctionne, …etc. Vous allez essayer de vous souvenir de tout ce que vous avez vu à la télévision au sujet de l’Union Européenne au cours des derniers mois, dans quelque type de programme que ce soit.

Réactions spontanées Relancer en encourageant les participants à creuser dans leurs souvenirs, et explorer :

Sujets/thèmes (Pour chacun) Dans quel type de programme (Pour chacun) Sur quelle chaine ce programme était diffusé (Pour chacun) Comment le sujet était traité (Pour chacun) Jugements sur l’intérêt du sujet et la manière dont il était traité (Pour chacun) Jugements sur la crédibilité /la confiance à l’égard de l’information apportée

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 97

THEME V V.1 Sur l’Union Européenne et l’Europe plus généralement, il y a aussi les informations qu’on reçoit et

les choses qu’on apprend par d’autres medias. Que vous souvenez-vous d’avoir lu dans la presse à ces sujets au cours des derniers mois ?

Réactions spontanées Relancer en encourageant les participants à creuser dans leurs souvenirs, et explorer :

Sujets/thèmes (Pour chacun) Dans quel journal/magazine (Pour chacun) Comment le sujet était traité (Pour chacun) Jugements sur l’intérêt du sujet et la manière dont il était traité (Pour chacun) Jugements sur la crédibilité /la confiance à l’égard de l’information apportée

V.2 Et que vous souvenez-vous d’avoir entendu à la radio au sujet de l’Union Européenne ou de l’Europe

au cours des derniers mois ?

Réactions spontanées Relancer en encourageant les participants à creuser dans leurs souvenirs, et explorer :

Sujets/thèmes (Pour chacun) Dans quel type de programme (Pour chacun) Sur quelle station de radio le programme était diffusé (Pour chacun) Comment le sujet était-il traité (Pour chacun) Jugements sur l’intérêt du sujet et la manière dont il était traité (Pour chacun) Jugements sur la crédibilité /la confiance à l’égard de l’information apportée

V.3 Globalement, si on considère l’information sur l’Europe et l’Union Européenne qu’on trouve à la

télévision et celle qu’on a dans la presse et à la radio, que peut-on en dire ?

Réactions spontanées Explorer : Intérêt, qualité et crédibilité de l’information sur l’Europe à la télévision par comparaison avec

celle de la presse et de la radio (points positifs et points négatifs de la télévision) Y a-t-il des choses qu’on trouve dans la presse ou à la radio, et dont la télévision pourrait s’inspirer

pour concevoir des programmes qui nous informent mieux sur l’Union Européenne ?

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 98

THEME VI Nous allons essayer de réfléchir ensemble à ce qu’on pourrait faire à la télévision pour que nous soyons mieux informés et que nous en sachions davantage sur l’Union Européenne ou sur l’Europe plus généralement. VI.1 Tout d’abord, il y a des sujets qui sont actuellement peu ou pas traités, et qui vous intéresseraient. Essayons d’établir une liste de sujets qui pourraient vous intéresser sur l’Union Européenne.

Faire exprimer par les participants leurs sujets d’intérêt potentiel pour établir une liste aussi complète que possible, en les incitant à rebondir à partir des idées spontanément formulées par eux pour en trouver d’autres

VI.2 En ce qui concerne la manière dont les sujets concernant l’Union Européenne sont traités à la

télévision, que faudrait-il changer, améliorer, ou faire de manière différente ?

Faire exprimer par les participants leurs attentes et leurs suggestions, en partant de leurs critiques sur le traitement actuel de ces sujets à la télévision. Faire expliciter à partir d’exemples concrets.

VI.3 Je vous propose maintenant de jouer à un jeu. Supposons que vous êtes chargés d’imaginer des

programmes télévisés tout à fait nouveaux, qui n’existent pas actuellement, parlant de l’Union Européenne. Vous êtes les concepteurs de ces programmes télévisés, et vous avez toute liberté pour proposer tout ce qui vous parait intéressant. Cela peut inclure des types de programmes très différents, vous pouvez imaginer tout ce que vous voulez.

Faire définir les grandes lignes de plusieurs types de programmes possibles Explorer pour chacun : contenu, format, mode de traitement, ton et style de présentation,

personnalité des animateurs ou des autres personnes présentes, … etc.

VI.4 Certains programmes conviennent sans doute mieux à certains types de chaînes de télévision qu’à d’autres. Nous allons, pour simplifier, considérer 3 grands types de chaînes.

A. Les chaines de télévision nationales généralistes, qui sont regardées par une très grande partie du

public B. Les chaines régionales ou locales, ou ayant des programmes spécifiques régionaux ou locaux C. Les chaines plus spécialisées, chaines d’information, chaines culturelles, chaines internationales,

ou chaines centrées sur d’autres thèmes particuliers

Nous allons reprendre les différentes idées de programmes auxquelles vous avez pensé (dans VI.1, VI.2 ou VI.3), et vous me direz comment vous imaginez ces idées de programmes pour chacun de ces types de chaines.

Explorer :

Programmes spécifiques ou modalités particulières adaptées aux chaines du type A Programmes spécifiques ou modalités particulières adaptées aux chaines du type B (avec différences

éventuelles entre chaines régionales et chaines locales)

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 99

Programmes spécifiques ou modalités particulières adaptées aux chaines du type C (avec différences éventuelles entre chaines d’information, chaines culturelles, chaines internationales, autres chaines thématiques).

THEME VII VII.1 Pour terminer, je vais vous soumettre différentes idées qui ont été émises de programmes ou de

contenus de programmes télévisés qui parlent de l’Union Européenne. Vous me direz ce que vous pensez de chacune de ces idées.

Pour chaque idée de programme, explorer :

Degré et raisons de (plus ou moins grand) intérêt Suggestions éventuelles sur le contenu et la forme d’un tel programme

1. Une plage de 5 minutes tous les jours dans chaque journal télévisé sur l’actualité de l’Union

Européenne et les décisions qui y sont prises 2. Une émission hebdomadaire d’une heure d’informations et de reportages sur l’actualité de l’Union

Européenne 3. Des émissions sur le sport dans les autres pays européens avec des retransmissions de compétitions,

mais aussi des reportages sur des champions ou des équipes et sur la place du sport dans la vie des gens

4. Des émissions d’information pratique sur les droits des citoyens européens : par exemple sur le droit d’étudier, de travailler ou d’habiter dans n’importe quel pays de l’Union Européenne, sur les droits des consommateurs qui achètent dans d’autres pays européens, sur les programmes Erasmus pour les étudiants, … etc.

5. Des interviews régulières des ministres responsables des affaires européennes dans notre pays 6. Des interviews régulières de commissaires et de députés européens 7. Des émissions sur l’art, la culture, et la littérature des différents pays européens 8. Des reportages sur la vie des gens dans les différents pays européens 9. Des émissions de divertissement, avec des artistes ou des célébrités de plusieurs pays européens 10. Des émissions d’information régionale montrant l’impact des décisions et des programmes de

l’Union Européenne sur votre région ou votre ville 11. Des émissions de jeux, où les candidats doivent répondre à des questions sur l’Europe et les autres

pays européens 12. Des reportages sur les solutions apportées par d’autres villes européennes aux problèmes tels que les

transports, le logement, la sécurité urbaine, les horaires scolaires, l’accès aux services publics, … etc.

13. Des programmes consacrés au cinéma des autres pays européens, avec des films ou des séries en version originale, des interviews de réalisateurs, des reportages, …etc.

14. Des émissions sur des sujets scientifiques, sur l’environnement ou la santé, montrant des expériences et donnant des points de vue de différents pays européens

15. Des débats sur les questions européennes entre des experts de l’Union Européenne et des experts de notre propre pays

E t u d e q u a l i t a t i v e

Les téléspectateurs et les programmes télévisés comportant un contenu européen – Novembre 2004 100

VII.2 Sur cette fiche figurent les 15 idées de programmes dont nous venons de parler.

Pour chaque programme, je vous demande de répondre à deux questions, en cochant les cases correspondantes de ce questionnaire. Première question : sur lequel (ou lesquels) des trois types de chaines A, B, C dont nous avons parlé précédemment est-ce que vous préféreriez voir un tel programme ? A, les chaînes nationales généralistes de grande écoute B, les chaines régionales ou locales (ou ayant des programmes spécifiques régionaux ou locaux) C les chaines plus spécialisées (d’information, culturelles, internationales, ou autres thématiques). Deuxième question : en étant totalement sincère, veuillez noter si c’est un programme que vous regarderiez ou pas en réalité, s’il était diffusé.

Faire remplir les questionnaires Faire expliciter rapidement les réponses au questionnaire

THEME VIII Nous réalisons cette étude à la demande de la Commission Européenne, qui souhaiterait que la télévision puisse mieux informer les citoyens sur les questions européennes. Elle est en train de mettre en place pour cela un système de soutien, avec des aides financières, à des chaines de télévision qui développeront des programmes ayant un contenu européen. Qu’en pensez-vous ?

Réactions spontanées Explorer

Attitudes vis-à-vis du projet de la Commission d’inciter les chaines de télévision à développer le contenu européen de leurs programmes (légitimité, crédibilité, réalisme du projet …)