« l’architecture de brique crue en mésopotamie », dans c.-a. de chazelles et al., les cultures...

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Martin SauvageIngénieur d’études archéologue, École pratique des hautes études, Paris

L’architecture de brique crue en Mésopotamie

Introduction

La brique est apparue au Proche-Orient dès 9000 av. J.-C.1 Elle est rapidement devenue le matériau de construction presque exclusif de la Mésopotamie. Ainsi, dans la Genèse, le rédacteur hé-braïque précise, lorsque les hommes en-treprennent la construction de la tour de Babel, reflet de la ziggurat de Babylone, que « la brique leur servit de pierre et le bitume de mortier » (Gn 11 h 3).On essayera ici, après avoir précisé le cadre géographique et chronologique de cette étude, de dégager les grandes étapes de l’évolution de la construction en brique en Mésopotamie.Le croissant fertile, zone où a eu lieu l’ap-parition des premiers villages, est une ré-gion différenciée en matière de ressour-ces naturelles pour la construction. En Basse-Mésopotamie, la plaine alluviale du Tigre et de l’Euphrate, en aval de Bagdad ne fournit pratiquement que de la terre, du roseau et du bois de piètre qualité (peuplier et palmier principale-ment). En Haute-Mésopotamie (vallées du moyen Tigre et du moyen Euphrate, Djézireh syrienne et iraquienne), on trou-ve plus facilement de la pierre dans les falaises bordant les vallées des fleuves et de leurs affluents ainsi que sur des cou-lées basaltiques. Les piémonts de l’arc montagneux qui courent du Zagros à l’est au Taurus au nord-ouest ainsi que le Levant méditerranéen sont, quant à eux, riches en pierre ainsi qu’en bois.Chronologiquement, nous envisagerons principalement la période qui va du dé-but du Néolithique, vers 10000, jusqu’à la fin du troisième millénaire avec l’émer-gence du pouvoir royal. Les second et

premier millénaires ne seront abordés que très rapidement, les innovations por-tant plus pour ces périodes sur l’utilisa-tion de la brique cuite au four que sur la brique crue.

1. Les premières briques au Néolithique pré-céramique

Avec les premiers établissements séden-taires vers 10000, les habitations furent d’abord des huttes circulaires semi-en-terrées aux parois faites en élévation de matériaux végétaux enduits de terre (clayonnage). Sur plusieurs sites levan-tins (Jéricho, Aswad), on note, aux ex-trémités des sols en cuvette, la présence de bourrelets de terre qui servaient, semble-t-il, au calage des poteaux de la superstructure. On peut penser que ce sont ces boulettes de terre qui donnèrent naissance à l’utilisation de la terre com-me élément porteur de l’élévation des murs sous forme de bauge (terre massive empilée) ou de briques.Les premières briques, des pains de terre à bâtir2 modelés à la main et séchés au soleil, apparaissent au Proche-Orient vers 9000 au Néolithique pré-céramique (Aurenche 1 993 et Sauvage 1998a). Les formes et dimensions de ces premiè-res briques sont très variées ; ainsi, par exemple, elles sont modelées en forme de cigare à Jéricho (fig. 1-2) et en forme

13es échanges transdisciplinaires sur les constructions en terre crue. Table — ronde de ToulouseÉditions de l’Espérou, Montpellier, 2009, p. X à Y

Fig. 1 : Brique modelée. Jéricho (Palestine),

vers 8 700-7 600 (d’après Kenyon 1 957)

Fig. 2 : Appareils de briques modelées.

Jéricho (Palestine), vers 8 700-7 600

(d’après Kenyon 1 957)

1- Sauf mention contraire, toutes les dates données ici sont des dates C14 calibrées, avant J.-C., le plus

souvent arrondies par commodité de lecture. Voir également le tableau chronologique, ci-dessous.

2- cf., pour ce terme, la contribution d’O. Aurenche dans ce volume. On notera que le sumérien, comme

l’akkadien, distingue la terre argileuse naturelle « sahar » (sol, argile, sédiment) du mélange terre + eau

+ dégraissant utilisé pour la construction : « im » (terre à bâtir pour les briques, les mortiers, les enduits),

« im-du3-um » (terre à bâtir pour clayonnage et pisé ou bauge), « im-summur » (terre à bâtir pour enduits).

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de galette à Munhata, deux sites pourtant dis-tants d’à peine 100 km.On peut relever plusieurs foyers d’appari-tion de la brique au Proche-Orient (fig. 3). Le premier est situé au Sud du Levant (Jéricho, Aswad, Netiv Hagdud, Gesher), le second sur le Moyen-Tigre (M’lefaat, Nemrik 9) et le troi-sième en Iran du Sud-Ouest (Ganj Dareh, Ali Kosh). Si le troisième groupe semble un peu plus récent, les deux premiers sont bien contem-porains. La présence, dans les trois zones, des différentes étapes de la genèse de la brique (clayonnage puis bauge ou brique) ainsi que la grande variabilité des formes des premières briques (y compris à l’intérieur d’une même ré-gion), indiquent que nous avons affaire à plu-sieurs foyers d’invention autonomes. Il s’agit là d’un phénomène de convergence technique s’expliquant par la présence des mêmes res-sources naturelles, d’un climat similaire et de mêmes besoins architecturaux.Dans la région du Moyen-Euphrate (Cafer Höyük, Çayönü, Gritille, Dja’dé), on relève plu-sieurs attestations de l’utilisation de la brique, légèrement postérieures (Pre-Pottery Neolithic B, vers 8 000, voir le tableau chronologique

ci-dessous). On ne trouve pas dans cette ré-gion d’attestations aussi claires des premières étapes de l’émergence de la brique, si bien qu’il est possible d’envisager une diffusion de la brique depuis soit le Levant Sud, soit le Moyen-Tigre vers le Moyen-Euphrate. L’usage de la brique s’est ensuite répandu vers l’Ouest de l’Anatolie avec tout le bagage néolithique (sédentarisation, élevage, agriculture, etc.).

2. Les cultures constructives du Néolithique céramique

Avec l’apparition des premières cultures cérami-ques (vers 7000-6500), on peut distinguer diffé-rentes cultures constructives à base de terre crue au Proche-Orient (fig. 4, cf. Sauvage 2001).Sur le Moyen-Euphrate et en Damascène à la fin du PPNB (PPNB récent et final, vers 7500-6500), on relève une architecture de briques rectangulaires, assez longues (entre 50 et 90 cm de longueur) et larges (de 25 à 35 cm), pour une hauteur variant entre 7 et 10 cm. C’est dans cette région que l’on trouve les premières attestations de moulage des bri-ques (Çafer Höyük, Gritille, el-Kowm, Qdeir,

Fig. 3 : Les premières attestations

de l’utilisation de la terre dans la

construction au Proche-Orient

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Damishliyya et Bouqras). Les habitations sont désormais de forme rectangulaire, les murs étant souvent consolidés par des contreforts intérieurs et extérieurs (fig. 5).La région du Nord de l’Iraq (culture céramique de Hassuna, vers 7000-6000) a fourni pour cette période des attestations de l’usage de la terre massive (probablement seulement empi-lée et non banchée : bauge) et d’un matériau mal défini, des « dalles d’argile » 3. On peut penser qu’il s’agit là de blocs de terre décou-pés et posés à même le mur à l’état humide.En Mésopotamie centrale (culture de Samarra, vers 6500-5500), on trouve des briques mou-lées, d’abord de grandes dimensions (80 cm pour les plus anciennes à Tell es-Sawwan) puis de longueur plus réduite (vers 50-60 cm) avec une largeur souvent proche de la moitié de la longueur (25-30 cm), la hauteur variant entre 7 et 10 cm. L’architecture de cette culture se caractérise également par l’usage des contre-forts (fig. 6). On peut penser qu’il y a eu un phénomène de diffusion des caractéristiques constructives du PPNB final vers la Mésopo-tamie centrale par le biais de la vallée de l’Euphrate.

Fig. 4 : Les premières cultures constructives au Proche-Orient

Fig. 5 : Première architecture de briques

moulées. Cafer Höyük (Turquie),

PPNB, vers 7 600-7 000 (d’après

Molist et Cauvin, 1 991, fig. 7 p. 94).

Fig. 6 : Plan de maison avec contreforts

d’angle. Tell es-Sawwan (Iraq), vers 6 000

av. J.-C. (d’après Kubba 1 987, fig. 89)

3- Le matériau semble différent de la

bauge dans la mesure où, à Thalathat II,

les fouilleurs distinguent dans les mêmes

niveaux les deux matériaux (Fukai,

Horiuchi et Matsutani 1 970, p. 15).

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En Iran du Sud-Ouest et en Basse-Mésopota-mie entre 7000 et 5500 environ, on trouve surtout des briques de grande taille (jusqu’à un mètre de longueur), étroites (15-20 cm en général) et portant souvent des empreintes de doigts sur la face supérieure, empreintes vraisemblablement destinées à faciliter l’adhé-rence du mortier. Ces longues briques, mode-lées à la main ou parfois pressées entre deux planches (Oueili : fig. 7, Djaffarabad) étaient disposées principalement en panneresses, quelques briques plus petites (ou de grandes briques cassées à la dimension voulue) étant disposées en boutisses de façon irrégulière (fig. 8). La consolidation des murs pouvait se faire à l’aide de contreforts (à Oueili, par ex.), mais il semble que l’on ait préféré sur les sites de cette culture mettre en place un plan qua-drillé délimitant des pièces de petite taille de manière à éviter les pans de murs trop longs.Il est possible également dans cette région que nous ayons affaire aux premiers exem-ples de terre massive moulée en particulier sur le site de Choga Sefid où les « briques » pou-vaient atteindre de 1,60 à 2,60 m de long. Le fouilleur précise que « les briques étaient pro-bablement faites partiellement en place quand les assises furent posées » (Hole 1977, p. 78). Dans la mesure où leur largeur correspond bien à celle du mur, on peut penser que nous avons affaire ici à de la terre massive moulée à l’état humide sur le mur.

3. La généralisation des briques moulées au Chalcolithique

Avec l’époque d’Obeid, au Chalcolithique (entre 5500 et 3500 environ), l’évolution amorcée avec la culture de Samarra se pour-suit. Les dimensions des briques, toujours mou-lées désormais, se réduisent progressivement (entre 30 et 40 cm de longueur dans le Sud, et entre 40 et 50 dans le Nord), la largeur étant le plus souvent égale à la moitié de la longueur, la hauteur variant entre 6 et 15 cm. Ces proportions permettent une meilleure al-ternance des panneresses et des boutisses sur une même assise. L’appareillage des briques se fait ainsi plus rigoureux. De nouvelles solu-tions se développent pour renforcer les murs : usage des contreforts d’angle et murs à décro-chements multiples (fig. 9). Avec l’utilisation de demies et de quarts de briques, on voit appa-raître à cette époque des appareils de briques complexes permettant de créer des décors ar-chitecturaux de niches et de redans (fig. 10).

Fig. 7 : Brique pressée entre

deux planches. Tell el-‘Oueili

(Iraq), Néolithique récent, vers

6000 av. J.-C. (cliché mission de

Larsa, courtoisie J.-L. Huot)

Fig. 8 : Appareil de briques de

grande taille. Djaffarabad (Iran).

Néolithique récent, vers 6 000

(d’après Dollfus 1975, fig. 8 p. 82)

Fig. 9 : Mur à décrochement

multiple. Kheit Qasim III (Iraq).

Période d’Obeid, vers 4500

(courtoisie J.-D. Forest)

Fig. 10 : Appareil complexe. Tépé

Gawra (Iraq). Période d’Obeid,

vers 4000 av. J.-C. (d’après

Sauvage 1998a, pl. 7a p. 397)

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L’émergence de ce type d’ornementation qui deviendra caractéristique de l’architecture – notamment religieuse – de la Mésopotamie est à mettre en relation avec l’apparition à cette époque d’une architecture monumentale. Ces bâtiments que l’on a identifiés – probable-ment à tort pour cette époque – comme des temples mais également des habitations sont bâtis selon des plans préconçus qui indiquent l’existence dès cette époque de spécialistes de la construction4.

4. Une première diversification des techniques et des matériaux avec l’apparition des premières villes

À la fin de la période d’Uruk, vers 3000, ap-paraissent les premières villes. Avec elles, des innovations importantes dans le domaine de l’architecture peuvent être relevées. C’est à cette époque que l’on note en effet une pre-mière différenciation du matériau même de construction : on trouve désormais plusieurs ty-pes de briques selon l’usage qui en est fait. Les briques cuites, apparues de façon ponctuelle à la fin de l’époque d’Obeid, se généralisent dans la confection de structures à usage hy-draulique (bassins, canalisations), en général jointoyées au bitume, ou pour des revêtements de sol (carrelages), plus rarement pour des élévations de mur. On relève également deux types principaux de briques crues : des peti-tes briques à section carrée (16 à 30 cm de longueur pour une section de 6 à 15 cm de côté) pour l’élévation des murs et des gran-des briques rectangulaires (de 40 à 80 cm de longueur) pour les travaux de terrassement (plates-formes ou soubassements) 5. On trouve également à l’époque d’Uruk les premières at-testations de briques moulées en voussoir liées à la confection de voûtes radiales.En matière de mise en œuvre, on relève pour les élévations l’utilisation, d’autant plus systéma-tique que le mur est épais, de rangs de boutis-ses ; un rang de panneresses, le plus souvent en façade, faisant office de chaînage (fig. 11-12). La raison d’être de ce mode d’appareillage semble avoir été la recherche de gain de temps au niveau de la pose, les briques de section carrée pouvant être disposées indifféremment à plat ou de chant et l’appareil en boutisses de-mandant moins de soin au maçon.On peut penser que ce même souci de rentabilité a motivé les innovations en matière de construc-tion qui apparaissent lors de la première moitié du iiie millénaire (Protodynastique, vers 2900-

2400), période de grande extension du phéno-mène urbain au Proche-Orient. On y trouve tout d’abord des briques dites « plano-convexes » présentant une face inférieure plate et une face supérieure bombée portant fréquemment des empreintes de doigts (fig. 13). Différents indices (traces d’enroulement de la pâte en section, marques d’enfoncement et de retrait du moule, voir fig. 14) laissent penser que ces

4- Dès l’apparition des premiers

textes, vers 3500-3000, les

tablettes d’argile à écriture

cunéiforme documentent le terme

sumérien « šiddim » (maçon,

maître d’œuvre, architecte).

5- Appelées respectivement Riemchen

et Patzen par les fouilleurs allemands

du site d’Uruk en référence à des

termes employés par les maçons

allemands (Jordan 1 931, p. 20).

Ces termes sont désormais utilisés

dans la littérature archéologique pour

désigner les briques de cette période.

Fig. 11 : Habuba Kebira

(Syrie) Osthaus, Uruk moyen,

vers 3300 av. J.-C. (d’après

Strommenger 1 980, fig. 16 p. 3)

Fig. 12 : Appareil de briques

de l’époque d’Uruk, vers

3500-3000 av. J.-C. (d’après

Sauvage 1998a, pl. 12b p. 402)

Fig. 13 : Briques plano-convexes

à empreintes de doigts (Tell

Asmar, vers 2800-2600 av.

J.-C.), d’après Delougaz et

Lloyd 1942, fig. 147 p. 186)

Fig. 14 : Coupe d’une brique

plano-convexe du Protodynastique

(d’après Delougaz 1933,

fig. 4 p. 8). Les bourrelets AA

correspondent aux marques

d’enfoncement du moule, BB

aux marques d’enlèvement

du moule par le haut.

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briques étaient confectionnées « à l’emporte-pièce » par moule enfoncé sur un boudin de terre à bâtir. Une telle technique de fabrication aurait permis de confectionner plus rapidement les briques, elle est attestée encore de nos jours au Yémen (Guest-Papamanoli 1 978, p. 7) ou à Chypre (Daune-Le Brun 2003, p. 156 qui évoque également la technique de la brique découpée). La forme convexe aurait pu être évitée en raclant la surface de la brique avant l’enlèvement du moule, mais il semble que la vitesse d’exécution ait ici été privilégiée aux dépens de la qualité des briques. Ces briques plano-convexes, dont on peut trouver les for-mes de transition depuis les briques de la pé-riode d’Uruk (cf. Sauvage 2000), sont généra-lement mises en œuvre selon un « appareil en arêtes de poisson ». Il consiste à confectionner tout d’abord des piliers faits de briques dispo-sées à plat aux angles des murs ou de part et d’autre des portes, puis à remplir l’intervalle avec des rangs de briques disposées de chant et inclinées contre un des piliers (fig. 15). À chaque assise l’inclinaison des briques est in-versée, c’est à dire que le maçon, arrivé à un pilier repart dans l’autre sens. Dans certains cas, plusieurs assises inclinées dans le même

sens peuvent laisser penser que diffférents ma-çons pouvaient travailler ensemble avec un lé-ger décalage. Régulièrement (toutes les 3-4 as-sises en général), le maçon intercale quelques assises de briques disposées à plat pour le chaînage (en règle générale deux ou trois). Cette technique de mise en œuvre était certai-nement très rapide, mais pose des problèmes de solidité du mur, le risque de coup de sabre étant assez important, notamment à l’aplomb des piliers (fig. 16). On note d’ailleurs, en fin de période, un retour progressif aux briques plates et aux assises de briques posées à plat.

Les briques plano-convexes et l’appareil en arête de poisson sont caractéristiques de la Mésopotamie centrale et méridionale ; en Haute-Mésopotamie à la même époque on ne trouve que des briques rectangulaires plates disposées à plat. En fin de période, apparais-sent dans cette dernière région des briques carrées associées à des rangs de demi-briques pour le décalage des joints verticaux. Ces bri-ques carrées et leur mode d’appareil (fig. 17)

Fig. 15 : Appareil en arêtes

de poisson (Protodynastique,

première moitié du

iiie millénaire av. J.-C.)

Fig. 16 : Appareil en arêtes

de poisson, Larsa (Iraq).

Protodynastique, première

moitié du iiie millénaire av. J.-C.

(d’après Huot 1989, p. 161)

Fig. 17 : Appareil des briques

carrées (d’après Sauvage

1998a, fig. 50 p. 62)

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vont gagner la Basse-Mésopotamie à l’époque d’Alkkad (vers 2400) et vont progressivement devenir le format de brique exclusif de toute la Mésopotamie.

5. Des innovations en matière de construction et d’organisation du travail avec l’émergence de la construction royale

L’émergence du pouvoir royal, au milieu du iiie millénaire se traduit par l’apparition d’ins-criptions de construction en particulier sur des briques, en général des briques cuites (fig. 18). Ces inscriptions nous fournissent en général le nom du bâtiment ainsi que celui du souverain et représentent donc un élément im-portant d’identification et de datation.À l’extrême fin du iiie millénaire, les souverains de la Troisième dynastie d’Ur (vers 2200-2000) ont lancé de très ambitieux program-mes de construction, en particulier de com-plexes religieux s’organisant autour de vastes temples ou d’une ziggurat (Sauvage 1998b). Ces « tours à étage » – en fait plusieurs terras-ses de taille décroissante superposées suppor-tant un temple au sommet (fig. 19) 6 – dont le cœur était entièrement plein, ont nécessité la mise en œuvre de plusieurs millions de briques crues et cuites. On peut calculer, pour la pre-mière terrasse de la ziggurat d’Ur, qu’il a fallu 6 876 900 briques crues et 718 200 briques cuites (Sauvage 1998b, p. 56). On a estimé, pour la ziggurat de Babylone (90 m de base carrée) qui date du premier millénaire, la quan-tité totale des briques mises en œuvre à 30 mil-lions (Vicari et Brüschweiler 1985). Des textes mésopotamiens décomptant des briques pour la construction d’un temple donnent également des ordres de grandeur similaire : 7,5 millions de briques cuites et près de 14 millions de bri-ques crues pour le temple de Shara et Ninurra à Umma (Dunham 1982, à compléter avec Robson 1999). La mise en œuvre de ces bâ-timents imposants a impliqué de nombreuses innovations en matière d’ingénierie : appareil spécifique aux massifs de terrassement et aux murs d’enceinte (fig. 20 page suivante), géné-ralisation des revêtements de briques cuites sur cœur de briques crues, chaînages de lits de roseaux intercalés entre les assises de briques crues, drains gouttières pour l’évacuation des eaux de pluie, etc.Cette période est également caractérisée par la mise en place par le pouvoir royal de stan-dards dans les unités de mesure et dans les

charges de travail journalières demandées aux manœuvres. Grâce à l’abondante docu-mentation textuelle qui nous est parvenue de cette époque, il est possible de mettre en pa-rallèle les données archéologiques concernant l’architecture et les données épigraphiques en relation avec l’organisation du travail dans la construction. On relève ainsi, en particulier grâ-ce aux textes d’apprentissage mathématique, qu’une dizaine de types de briques étaient dé-finis en fonction de leurs dimensions calculées à partir de la valeur de la coudée, valeur que nous connaissons (environ 50 cm) :

Fig. 18 : Brique

cuite inscrite de

Nabuchodonosor

II, Larsa (Iraq),

vers 604-562

(cliché mission de

Larsa, courtoisie

J.-L. Huot)

Fig. 19 : Reconstitution de

la ziggurat d’Ur (Iraq),

vers 2 100 av. J.-C. (d’après

Woolley 1939, pl. 86)

Principaux types de briques attestés dans les textes mathématiques

Type 2 : 1/2 x 1/3 de coudée x 5 doigts (25 x 16,66 x 8,33 cm)

Type 4 : 3 mai x 2 mai de coudée x 5 doigts (30 x 20 x 8,33 cm)

Type 5 : 1/2 x 1/2 de coudée x 5 doigts (25 x 25 x 8,33 cm)

Type 7 : 3 mai x 3 mai de coudée x 5 doigts (30 x 30 x 8,33 cm)

Type 8 : 2/3 x 2/3 de coudée x 5 doigts (33,33 x 33,33 x 8,33 cm)

Type 9 : 2/3 x 2/3 de coudée v 6 doigts (33,33 x 33,33 x 10 cm)

Type 10 : 4 mai x 4 mai de coudée x 5 doigts (40 x 40 x 8,33 cm)

Type 11 : 1 x 1 coudée x 5 doigts (50 x 50 x 8,33 cm)

Type 12 : 1 x 1 coudée x 6 doigts (50 x 50 x 10 cm)

Les autres types attestés correspondent en fait à des fractions (demi et quart) des types

principaux. Dans certains cas, les textes mathématiques ne donnent que le volume d’un type

de briques, plusieurs solutions pour le calcul des trois dimensions peuvent alors être retenues.

6- La ziggurat d’Ur mesurait

61,80 m sur 46,50 m et 16 m

70 de hauteur pour les deux

premières terrasses (il y en avait

une troisième ainsi qu’un temple).

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Fig. 20 : Agencement des briques crues du cœur

de la ziggurat d’Ur (Iraq), vers 2100 av. J.-C.

(d’après Sauvage 1998a, pl. 30a p. 420)

Fig. 22 : Histogramme des longueurs des

briques carrées des périodes néo-assyrienne,

néo-babylonienne et achéménide

Fig. 21 : Diagramme de répartition des longueurs

et largeurs des briques utilisées dans la

construction publique à l’époque de la Troisième

dynastie d’Ur (vers 2200-2000 av. J.-C.)

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Cela nous permet de vérifier sur le matériel ar-chéologique que ces types de briques standard étaient bien utilisés, au moins pour la construc-tion publique. Le diagramme de répartition des longueurs et des largeurs des briques de cette période (fig. 21) montre en effet – abstraction faite des problèmes de retrait au séchage (plus importants pour les briques crues) et d’impréci-sion des mesures – que des formats de briques étaient privilégiés, en particulier les briques rectangulaires, le plus souvent crues, mesurant 1/2 coudée sur 1/3 de coudée (env. 25 sur 16 cm) et les briques carrées (le plus souvent cuites) de 2/3 de coudée (env. 33 cm). Cette adéquation des dimensions des briques aux valeurs standard se fait ensuite de plus en plus forte : au premier millénaire, les pics de l’his-togramme des dimensions des briques (toutes carrées) correspondent précisément aux frac-tions de coudée (fig. 22).La standardisation des tâches journalières demandées aux ouvriers de la construction (transport de la terre, moulage, transport et maçonnage des briques, etc.), permettait aux scribes de calculer le nombre de journées de travail à prévoir ainsi que les rations alimen-taires ou les salaires correspondants. De tels bilans nous sont parvenus et nous offrent d’im-portantes informations :8 sar de briques à mouler (5 760 briques) cela représente 24 journées de travail d’un ouvrier (soit 240 par ouvrier). 16 journées de travail d’un ouvrier pour les transporter à raison de 8 briques par voyage sur une distance de 60 ninda (360 m). 8 journées de travail d’un

ouvrier pour préparer le mortier. 90 bottes de roseau pour faire des nattes, cela représente 9 journées de travail d’un ouvrier. Trois jour-nées de travail d’un ouvrier pour préparer du mortier. 180 bottes de roseau à intercaler en-tre les assises de briques et les nattes à fixer. Cela représente 18 journées de travail d’un ouvrier pour le transport des nattes. 6 journées de travail d’un ouvrier pour préparer du mor-tier. Total : 84 journées de travail d’un ouvrier pour la construction de l’entrepôt de l’étable des veaux, (nom du responsable et date) [Far-ber 1989, p. 139 ; Robson 1999, p. 153].

6. La décoration architecturale en brique aux deuxième et premier millénaires av. J.-C.

En matière de construction en brique, les in-novations du iie et du ier millénaire concernent surtout les techniques de décoration architectu-rale. Durant la première moitié du iie millénaire, on trouve en effet, dans des contextes religieux exclusivement, des décorations de façade à demi-colonnes. L’enduit d’argile qui recouvrait ces dernières était sculpté afin de produire un motif de torsades (fig. 23) ou d’imiter des troncs de palmier.À partir du milieu du millénaire, on trouve en Iran du Sud-ouest (Suse, temple d’Inshushinak) et en Basse-Mésopotamie (Uruk, temple de Karaindash) les premiers décors de façade réalisés avec des briques cuites moulées en relief. Au premier millénaire, ces briques cuites en relief sont émaillées afin de créer les cé-

Fig. 23 : Décor à demi-colonnes

torsadées. Larsa (Iraq), début

du iie millénaire av. J.-C.

(d’après Huot 2004b, p. 21)

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lèbres décors qui furent retrouvés en Assyrie (Nimroud, Khorsabad), en Mésopotamie (Ba-bylone) ou en Iran (Suse).

Conclusion

Pour conclure, il faut tout d’abord évoquer l’importance symbolique de la brique dans le monde mésopotamien : il existait en ef-fet non seulement un mois de la brique mais également un dieu de la brique (Kulla) et un dieu des fondations (Mušdammu). Lors de la construction de bâtiments, religieux en particu-lier, les souverains se devaient d’accomplir un certain nombre de rituels dont celui, assez bien documenté par les textes et l’iconographie, du moulage et de la pose de la première brique ; il existait également un rituel des fondations.Avec la brique crue, nous avons affaire à un matériau abondant, peu coûteux, et facile à

mettre en œuvre. Dans l’habitat rural, encore de nos jours, l’intervention d’un spécialiste n’est pas nécessaire. Mais l’usage de la bri-que a rendu possible également en Mésopo-tamie des réalisations de très grande enver-gure (plusieurs millions de briques pour une ziggurat), avec une architecture publique où la décoration architecturale a pris de plus en plus d’importance. Ce savoir-faire mésopota-mien fut reconnu à tel point que, lorsque le roi perse Darius mobilisa des spécialistes de tout son empire pour construire son palais de Suse (vers 500), il confia aux Babyloniens le soin de la confection des briques et de la mise en œuvre des fondations.

CHRONOLOGIE SIMPLIFIÉE DE LA MÉSOPOTAMIE

Néolithique pré-céramique : 10000-7000 av. J.-C. (Khiamien, Mureybetien, Pre-Pottery Neolithic A et B)Premières installations pérennes, premières briques (vers 9 000 av. J.-C.)

Néolithique céramique : 7000-5300 (Samarra, Hassuna, Halaf, Obeid 0-2)Cultures constructives différenciées : briques moulées, terre massive empilée (bauge), « dalles d’argile », briques de grande taille

Obeid récent : 5300-3700 (Obeid 3-5, Obeid du Nord)Émergence d’une architecture monumentale : plans préconçus, appareils complexes, décors à redans

Uruk : 3700-2900Premières villes : différenciation des matériaux de construction (types de briques, briques cuites)

Protodynastique : 2900-2340 – Empire d’Akkad : 2340-2200Expansion du phénomène urbain, émergence de l’État et du pouvoir royal : briques plano-convexes et appareil en arêtes de poisson

Époque néo-sumérienne (Guti, Lagash, iiie dynastie d’Ur) : 2200-2000Construction de complexes religieux avec des ziggurats, gestion bureaucratique et mise en place de standards dans la construc-tion publique (unités de mesure, tâches journalières des ouvriers)

Période paléo-babylonienne (Isin-Larsa et ire dynastie de Babylone) : 2000-1600Décors de demi-colonnes torsadées et de motifs à tronc de palmier

Période méso-babylonienne (dynastie Kassite, iie dynastie d’Isin) : 1570-1030Premiers décors de panneaux de briques cuites en relief

Période néo-assyrienne : 911-626 — Période néo-babylonienne : 626-539 — Période achéménide : 539-311Décors de panneaux de briques cuites en relief émaillées

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