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Agriculture et développement rural Culture et éducation Développement régional Transport et tourisme DIRECTION GENERALE DES POLITIQUES INTERNES DÉPARTEMENT THÉMATIQUE POLITIQUES STRUCTURELLES ET DE COHÉSION B Pêche

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Agriculture et développement rural

Culture et éducation

Pêche

Développement régional

Transport et tourisme

DIRECTION GENERALE DES POLITIQUES INTERNES

Département thématique politiques structurelles et De cohésion

RôleLes Départements thématiques sont des unités de recherche qui fournissent des conseils spécialisés aux commissions, délégations interparlementaires et autres organes parlementaires.

DomainesAgriculture et développement ruralCulture et éducationPêcheDéveloppement régionalTransport et tourisme

DocumentsVisitez le site web du Parlement européen: http://www.europarl.europa.eu/studies

B Département thématiquepolitiques structurelles et De cohésion

Source photo: iStock International Inc., photodisk, phovoir

B DIRECTION GENERALE DES POLITIQUES INTERNES

Transport et tourisme

Développement régional

Pêche

Culture et éducation

Agriculture et développement rural

DIRECTION GÉNÉRALE DES POLITIQUES INTERNES

DÉPARTEMENT THÉMATIQUE B: POLITIQUES STRUCTURELLES ET DE COHÉSION

PÊCHE

LA PÊCHE À LA CREVETTE GRISE DE LA MER DU NORD

ÉTUDE

Ce document a été rédigé à la demande de la commission de la pêche du Parlement européen. AUTEURS A.N.D. International (Dominique AVIAT, Cecile DIAMANTIS) Johann Heinrich du Thünen-Institut (Thomas NEUDECKER, Jörg BERKENHAGEN, Milan MÜLLER) ADMINISTRATEUR RESPONSABLE Jesús IBORRA MARTÍN Département thématique Politiques structurelles et de cohésion Parlement européen Courriel: [email protected] ASSISTANCE ÉDITORIALE: Virginija KELMELYTE VERSIONS LINGUISTIQUES Original: EN Traductions: DE, ES, FR, IT, PT Résumé: BG, CS, DA, DE, EL, EN, ES, ET, FI, FR, HU, IT, LT, LV, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, SV. À PROPOS DE L’ÉDITEUR Pour contacter le département thématique ou pour vous abonner à son bulletin d’information mensuel, contactez: [email protected] Manuscrit achevé en février 2011. Bruxelles, © Parlement européen, 2011. Le présent document est disponible sur l’internet à l’adresse suivante: http://www.europarl.europa.eu/studies CLAUSE DE NON-RESPONSABILITÉ Les opinions exprimées dans le présent document sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position du Parlement européen. Reproduction et traduction autorisées, sauf à des fins commerciales, moyennant mention de la source, information préalable de l’éditeur et transmission d’un exemplaire à celui-ci.

DIRECTION GÉNÉRALE DES POLITIQUES INTERNES

DÉPARTEMENT THÉMATIQUE B: POLITIQUES STRUCTURELLES ET DE COHÉSION

PÊCHE

LA PÊCHE À LA CREVETTE GRISE DE LA MER DU NORD

ÉTUDE

Résumé

La présente étude vise à fournir aux membres de la commission de la pêche du Parlement européen une description claire de la pêche à la crevette grise de la mer du Nord (crangon crangon) et des marchés de cette ressource au Pays-Bas, en Allemagne et au Danemark.

Cette étude constitue un document d’information. Elle traite des questions de production (importance économique et sociale de la production, rentabilité des flottes, incidences environnementales) et de commercialisation (organisation de l’industrie, rôle des grands grossistes et transformateurs, prix et marges dans le secteur), et décrit l’organisation commune des marchés pour la crevette grise.

IP/B/PECH/IC/2010_102 Mai 2011 PE 460.041 FR

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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TABLE DES MATIÈRES LISTE DES ABRÉVIATIONS 5

LISTE DES TABLEAUX 7

LISTE DES CARTES 8

LISTE DES FIGURES 9

RÉSUMÉ 13

1. Description de la pêche à la crevette grise de la mer du nord 19 1.1 L’évolution de la production 20 1.2 La pertinence économique et sociale de l’industrie 38 1.3 L’évolution des performances économiques des flottes de pêche à la crevette

grise entre 2000 et 2010 49 1.4 Impact environnemental de la pêche au chalut à perche en mer du Nord 58 1.5 Gestion de la pêche à la crevette grise 67 2. Description des marchés de la crevette grise de la mer du Nord 79 2.1 Danemark 79 2.2 Allemagne 82 2.3 Pays-Bas 88 2.4 Synthèse: le marché européen 98 2.5 Prix et marges dans le secteur de la crevette 99 2.6 Description de l’application de l’OCM sur le marché de la crevette grise de la

mer du Nord 101 2.7 Image et avenir de la crevette grise 106 2.8 Statut et perspectives pour une certification MSC 109 3. Résultats et recommandations 111

Références 113

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

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La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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LISTE DES ABRÉVIATIONS Bf Beaufort

BLE Bundesanstalt für Landwirtschaft und Ernährung (Agence fédérale allemande pour l’agriculture et la nutrition)

BMELV Bundesministerium für Ernährung, Landwirtschaft und Verbraucherschutz (Ministère fédéral allemand de la nutrition, de la protection de l’agriculture et des consommateurs)

BRC British Retail Consortium

CBb College van Beroep voor het bedrijsleven (Cour d’appel néerlandaise pour le commerce et l’industrie)

CCD Cadre de collecte des données, ex-RCD (régime de collecte des données)

CEE Communauté économique européenne

CIEM Conseil international pour l’exploration de la mer

CV Cheval vapeur

CVO Coöperatieve Visserij Organisatie

D/DE/GER Allemagne

DFS Demersal Young Fish Survey

DK/DEN Danemark

DKK Couronne danoise

DYFS Demersal Young Fish Survey

ÉM État membre

EVKrEO Europäische Vereinigung der Krabbenfischer-Erzeugerorganisationen (Association européenne des OP de pêcheurs de crevettes)

FAO Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture

IFS International Food Standard

IMARES Institute for Marine Research, université de Wageningen

kW Kilowatt

LLUR Landesamt für Landwirtschaft, Umwelt und ländliche Räume, Kiel

m Mètre

Mio Million

mn Mille nautique

MSC Marine Stewardship Council

NL/NLD Pays-Bas

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

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NMa Nederlands Mededingsautoriteit (Autorité néerlandaise de la concurrence)

NVB Nederlandse Vissersbond

OCM Organisation commune de marché

ONG Organisation non gouvernementale

ONU Organisation des Nations unies

OP Organisation de producteurs

OPPD Organisation des producteurs pêcheurs danois

OPT OP transnationale (identique à EVKrEO)

PCP Politique commune de la pêche

PUE Prises par unité d’effort

QIT Quotas individuels transférables

REA Rapport économique annuel sur la flotte de pêche européenne

TAC Totaux admissibles de captures

TBB Chalut à perche à filet de pêche

UE Union européenne

UK Royaume-Uni

UNCLOS Convention des Nations unies sur le droit de la mer

VEBEGA Vereniging ter Bevordering van de Garnalenhandel

VMS Système de surveillance des navires

vTI Institut Johann Heinrich von Thünen

WGCRAN Groupe de travail sur la pêche et le cycle de vie de la crevette grise

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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LISTE DES TABLEAUX Tableau 1: Débarquements de crevettes brunes de la mer du Nord dans l’UE en 2009 20 Tableau 2:    

Nombre de licences de pêche à la crevette au Danemark, en Allemagne et aux Pays-Bas en 2010 38 Tableau 3:    Importance économique de la pêche à la crevette grise aux Pays-Bas en 2009 47 Tableau 4:    Evolution de l’importance de la pêche côtière à la crevette grise aux Pays-Bas 47 Tableau 5: Structure des principales flottes européennes de pêche à la crevette grise en 2010 50 Tableau 6: Performance de capture (tonnes par an) par navire et flotte en 2010 50 Tableau 7: Rentabilité de la pêche à la crevette grise dans différentes hypothèses 57 Tableau 8: Nombre d’échantillons CCD par pays 63 Tableau 9: Total des prises européennes de crevettes brunes en 2005 et destination de celles-ci 66 Tableau 10: Exportations danoises de crevettes brunes fraîches et congelées 81 Tableau 11: Aperçu du marché allemand de la crevette grise 84 Tableau 12:    

Exportations et importations (poids et valeur) de crevette grise (non précisée) en provenance et à destination de l’Allemagne - Jan-oct. 2010 86 Tableau 13:    

Exportations et importations (poids et valeur) de Pandalidae en provenance et à destination de l’Allemagne jan-oct. 2010 87 Tableau 14: OP néerlandaises actives dans la pêche à la crevette en janvier 2011 89 Tableau 15: Evolution des ventes de crevettes brunes aux criées néerlandaises (t) 90 Tableau 16: Principaux grossistes en crevettes brunes aux Pays-Bas 90 Tableau 17: Evolution des exportations néerlandaises de crevettes brunes 94 Tableau 18: Evolution des exportations néerlandaises de crevettes brunes vers le Maroc 95 Tableau 19: Evolution des exportations néerlandaises de crevettes brunes vers l’Asie 95 Tableau 20: Evolution des amendes imposées aux OP et aux grossistes par la NMa 98 

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Tableau 21: Marché européen de la crevette grise en 2010 99 Tableau 22:    

Prix de détail en janvier 2011 pour les crevettes brunes fraîches cuites en paquet 100 

Tableau 23: Prix aux différents niveaux du secteur de la crevette 101 Tableau 24: Prix de retrait et de vente pour les crevettes brunes (EUR/kg) 103 Tableau 25: Retraits de crevettes brunes 2001-2010 103 Tableau 26: Structure des retraits de crevettes brunes par État membre 103 Tableau 27: Contingents tarifaires communautaires autonomes pour la crevette 2001-2012 104 Tableau 28: Taux conventionnel pour les crevettes 104 Tableau 29: Membres de l’OPT en 2010 105 

LISTE DES CARTES Carte 1: Zone des plies 37

Carte 2: Ports danois de pêche à la crevette grise: débarquements, recettes et nombre de navires enregistrés 41

Carte 3: Ports allemands de pêche à la crevette grise: débarquements, recettes et nombre de navires enregistrés 46

Carte 4: Ports néerlandais de pêche à la crevette grise: débarquements, recettes et nombre de navires enregistrés 48

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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LISTE DES FIGURES Figure 1-1: crevette grise (Crangon crangon) 19 Figure 1-2: débarquements de crevettes brunes dans l’Union européenne depuis 1970 21 Figure 1-3: débarquements de la pêche à la crevette grise dans l’UE par pays 21 Figure 1-4:    composition des débarquements annuels de crevettes brunes de la mer du Nord par État membre en 2009 22 Figure 1-5:    effort dans la pêche danoise, allemande et néerlandaise à la crevette grise (voir texte pour l’interprétation des données) 23 Figure 1-6:    prises par unité d’effort (PUE) dans la pêche danoise, allemande et néerlandaise à la crevette grise 25 Figure 1-7:    débarquements saisonniers moyens par les principaux pays pêcheurs de crevettes brunes 2005-2009 25 Figure 1-8:    débarquements mensuels de crevettes brunes au Danemark entre 2005 et 2009 26 Figure 1-9:    débarquements mensuels de crevettes brunes en Allemagne entre 2005 et 2010 27 Figure 1-10:    débarquements mensuels de crevettes brunes aux Pays-Bas entre 2005 et 2010 27 Figure 1-11:    effort mensuel de la pêche à la crevette grise au Danemark entre 2005 et 2009 28 Figure 1-12:    effort mensuel de la pêche à la crevette grise en Allemagne entre 2005 et 2009 (y compris jours au port) 29 Figure 1-13:    effort mensuel de la pêche à la crevette grise aux Pays-Bas entre 2005 et 2009 29 Figure 1-14:    données mensuelles sur les PUE dans la pêche danoise à la crevette grise entre 2005 et 2009 30 Figure 1-15:    données mensuelles sur les PUE dans la pêche allemande à la crevette grise entre 2005 et 2009 30 Figure 1-16:    données mensuelles sur les PUE dans la pêche néerlandaise à la crevette grise entre 2005 et 2009 31 Figure 1-17:    répartition de l’effort de pêche (heures) à la crevette au Danemark (DEN), en Allemagne (GER) et aux Pays-Bas (NLD) entre 2005 et 2008 33 

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Figure 1-18:    navires néerlandais à l’abri des tempêtes dans le port de l’île d’Heligoland (janvier 2011) 34 Figure 1-19:    répartition de l’effort de pêche à la crevette au Danemark (DEN), en Allemagne (GER) et aux Pays-Bas (NLD) en 2008 du premier au quatrième trimestre 35 Figure 1-20:    chiffres clés de la pêche danoise à la crevette grise par rapport aux autres pêches (gauche: débarquements en milliers de tonnes, centre: recettes en millions d’euros, droite: emploi en nombre de personnes directement employées) en 2008 39 Figure 1-21:    débarquements de crevettes brunes au Danemark par port (2010) par rapport aux débarquements d’autres pêches 39 Figure 1-22: recettes de la pêche à la crevette grise par port au Danemark 40 Figure 1-23:    chiffres clés de la pêche allemande à la crevette grise par rapport aux autres pêches (gauche: débarquements en milliers de tonnes, centre: recettes en millions d’euros, droite: emploi en nombre de personnes directement employées) en 2009 42 Figure 1-24:    chiffres clés de la pêche à la crevette grise en Basse-Saxe par rapport aux autres pêches (gauche: débarquements en milliers de tonnes, centre: recettes en millions d’euros, droite: emploi en nombre de personnes directement employées) en 2009 42 Figure 1-25:    chiffres clés de la pêche à la crevette grise dans la région de Schleswig-Holstein par rapport aux autres pêches (gauche: débarquements en milliers de tonnes, centre: recettes en millions d’euros, droite: emploi en nombre de personnes directement employées) en 2009 43 Figure 1-26:    crevettiers allemands au port de Fedderwardersiel décorés pour la fête traditionnelle de «Kutterregatta» 44 Figure 1-27:    débarquements de crevettes brunes en Allemagne par port ayant plus de 100 t de débarquements annuelles (2010) par rapport aux débarquements d’autres pêches 45 Figure 1-28: recettes de la pêche à la crevette grise par port en Allemagne 45 Figure 1-29:    composition de la flotte de pêche à la crevette grise par État membre (nombre de navires actifs en 2009) 50 Figure 1-30: nombre de navires actifs dans la pêche à la crevette au Danemark (2000-2010) 51 Figure 1-31: évolution des bénéfices de la pêche à la crevette danoise par navire - moyenne (2002-2009) 52 Figure 1-32: nombre des navires actifs dans la pêche à la crevette en Allemagne (2000-2009) 53 Figure 1-33:    performance de capture de la pêche allemande à la crevette grise en 2009: relation entre la puissance motrice (axe des x) et les débarquements par navire 53

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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Figure 1-34: cotre en bois de 50 ans bien entretenu dans le port de Cuxhaven 54 Figure 1-35: évolution des bénéfices de la pêche à la crevette allemande par navire - moyenne (2002-2008) 55 Figure 1-36: évolution des bénéfices de la pêche à la crevette néerlandaise par navire - moyenne (2002-2008) 55 Figure 1-37:    performance de capture de la pêche néerlandaise à la crevette grise: relation entre la puissance motrice (axe des x) et les débarquements par navire en 2010 56 Figure 1-38: schéma d’un filet tamiseur à la crevette 61 Figure 1-39:    saisonnalité du pourcentage (%) de prises accessoires dans la pêche à la crevette entre 1954 et 1993 dans la région de Büsum, Schleswig-Holstein, par semaine 64 Figure 1-40:    saisonnalité du pourcentage de prises accessoires dans la pêche à la crevette entre 1954 et 1993 dans la région de Norddeich, en Basse-Saxe, par semaine 65 Figure 1-41:    part des crevettes «broyées» et «industrielles» par rapport à la «crevette de consommation» dans les débarquements mensuels allemands en 2009 67 Figure 1-42:    taille des mailles étirées au cul du chalut à crevettes sur la base des mesures sur des navires de différentes nations (n= 382) entre 2008 et 2010 71 Figure 1-43:    nouvelles perches hydrodynamiques à bord d’un cotre néerlandais sur l’île d’Heligoland (janvier 2011) 74 Figure 2-1:    organisations allemandes de pêche à la crevette grise et nombre de membres 83 Figure 2-2: prises par organisation allemande de producteurs 2010 83 

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La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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RÉSUMÉ Contexte Le secteur de la crevette grise mérite actuellement une attention particulière pour au moins quatre raisons:

l’importance économique et sociale du secteur: dans trois États membres (Pays-Bas, Allemagne et Danemark), qui représentent 95 % de la production totale de crevette grise de la mer du Nord, l’industrie de la pêche revêt une importance économique et sociale significative (plus de 500 navires de pêche sont concernés); La pêche à la crevette grise relève d’une longue tradition et présente une valeur économique considérable dans le secteur de la pêche des pays susmentionnés. De plus, elle joue un rôle notable dans le tourisme et l’identité des régions concernées;

le débat social et écologique; les organisations de protection de la nature, telles que le WWF et la North Sea Foundation, ont inscrit la crevette grise de la mer du Nord dans la colonne verte de leur guide d’achat de poisson pour ce qui est de l’évaluation des stocks, étant donné que cette espèce n’est pas menacée et reste relativement peu touchée par l’effort de pêche, mais ces ONG sont concernées par les captures accessoires (notamment de jeunes poissons plats) et par les dégâts que les chaluts à perche engendrent pour les fonds marins;

la réforme en cours de la PCP et de l’OCM: l’organisation commune des marchés des produits de la pêche propose plusieurs outils (organisations de producteurs, organisations interbranches, mécanismes d’intervention, prix d’orientation, régime commercial), dont certains ont été utilisés par les parties prenantes. Quelques-uns de ces instruments se sont avérés peu efficaces ou ont été employés vainement;

l’autorité de la concurrence des Pays-Bas a estimé que les accords relatifs aux quotas de pêche et aux prix minimaux pour les crevettes de la mer du Nord, ainsi que les accords excluant un nouveau partenaire commercial, n’entraient pas dans le champ d’application de la réglementation de l’OCM et constituaient des infractions à l’article 81 du traité UE et à la section 6 de la loi sur la concurrence. L’autorité de la concurrence des Pays-Bas a imposé des amendes aux organisations de producteurs dans les trois États membres et aux grossistes. L’affaire n’a pas encore été réglée définitivement.

Objectifs La présente étude vise à fournir aux membres de la commission de la pêche du Parlement européen une description claire de la pêche à la crevette grise de la mer du Nord (crangon crangon) et des marchés y afférents au Pays-Bas, en Allemagne et au Danemark.

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

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Elle constitue un document d’information à l’attention des membres, et est organisée en deux parties. La première partie décrit la situation de la pêche, notamment: - l’évolution de la production de crevette grise de la mer du Nord par pays; - l’importance économique et sociale du secteur par pays;

- la performance économique des flottes pour ce type de pêche (et en particulier des flottes de chalutiers à la perche);

- l’incidence environnementale de la pêche au chalut à perche de poissons démersaux en mer du Nord; - la gestion de la pêche de la crevette grise. La deuxième partie décrit les marchés et donne un aperçu de l’application de l’organisation commune des marchés pour la crevette grise, y compris: - le prix et les mesures d’intervention;

- l’incidence potentielle de la suspension autonome du tarif douanier pour une autre espèce de crevettes (pandalus borealis);

- les organisations de producteurs; - l’extension des règles; - les possibilités concernant la création d’une organisation interbranche. La deuxième partie décrit également l’organisation de l’industrie, ainsi que les procédures engagées par l’autorité de la concurrence des Pays-Bas. Elle fournit également des informations sur le statut et les perspectives de certification MSC pour la pêche de la crevette grise de la mer du Nord. Résultats Les trois États membres examinés représentent 95 % de la production européenne totale. Les Pays-Bas sont le premier producteur (47 % de la production totale de l’Union européenne), suivis par l’Allemagne (38 %) et le Danemark (9 %). Les Pays-Bas disposent des navires les puis puissants qui, en outre, pêchent la plupart du temps de façon continue, atteignant le taux le plus élevé de débarquements par bateau (105 tonnes en 2010). Le Danemark jouit d’une flotte très efficace grâce à des navires à la pointe de la modernité et des systèmes de pêche dynamiques. La flotte allemande compte un grand nombre de navires de petite taille et anciens, associés à un type de pêche fortement saisonnier et à une pêche hivernale très réduite. La crevette grise compte parmi les cinq espèces favorites (en ce qui concerne la valeur) des flottes néerlandaise et allemande. Les chaluts à perche des Pays-Bas et de l’Allemagne, de la catégorie des 12 à 24 mètres de longueur, dépendent presque entièrement des revenus tirés de la crevette grise, tandis que les chaluts à perche danois, s’ils ciblent aussi la crevette grise en premier lieu, pêchent également en partie des poissons plats et ont la possibilité d’opter pour le lançon. Les navires néerlandais et allemands sont répartis tout le long de la côte, et jouent ainsi un rôle important pour le tourisme en offrant un paysage portuaire pittoresque. Selon la configuration actuelle de la flotte (500 navires), la pêche à la crevette ne peut être rentable si le premier prix de vente de la crevette est inférieur à 2,75 euros le kilo (en estimant le prix du carburant à 0,60 euro le kilo). Avec une flotte réduite à 375 bateaux, le seuil de rentabilité du prix de la crevette serait de 2,31 euros le kilo.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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Les volumes actuels des stocks sont très élevés et ne montrent pas de signe de surpêche. Dans le cadre du processus de certification MSC, des plans de gestion ont été élaborés dans les trois États membres. Ils ne sont toujours pas finalisés et pourraient encore subir quelques modifications. Le marché européen est contrôlé à plus de 80 % par deux sociétés néerlandaises, HEIPLOEG et KLAAS PUUL, qui achètent environ 30 000 tonnes de crevettes brunes par an. La crevette grise semble constituer une activité profitable pour les transformateurs. La crevette grise effectue un voyage de deux semaines vers le Maroc, où elle est décortiquée. L’utilisation massive de conservateurs (acide benzoïque, acide sorbique) garantit une plus longue durée de vie du produit. La Belgique constitue le principal marché de consommation (plus de la moitié du marché européen total pour la crevette grise), suivie des Pays-Bas et de l’Allemagne. Plus de 90 % du marché est formé de crevettes décortiquées. Le premier marché de crevettes non décortiquées est la France, suivie de la Belgique. Conclusions Ces derniers mois, la situation sur le marché de la crevette grise s’est nettement détériorée. Le faible prix du poisson (sole, plie, cabillaud, flet,...) lors des ventes à la criée a incité les pêcheurs à s’orienter vers la crevette plutôt que vers le poisson, ce qui a entraîné une surproduction de crevettes brunes ainsi que des prix peu élevés, d’autant que les pêcheurs titulaires d’une licence aussi bien pour la pêche à la crevette que pour la pêche au poisson ont une capacité de capture supérieure. Certaines actions menées en 2010 (blocus d’usines de transformation) ont montré que les pêcheurs s’inquiètent de la puissance des transformateurs. Les outils de l’OCM n’ont pas permis d’éviter que la situation ne se dégrade, et en raison des prix payés aux pêcheurs début 2011, la plupart des navires de pêche à la crevette ne sont pas rentables. La surproduction a également un effet négatif sur la qualité du produit final: de grandes quantité de crevettes brunes sont congelées, puis décongelées et mélangées à des crevettes fraîches. L’application de l’OCM n’a eu qu’une influence très faible sur le marché de la cre-vette grise. Le régime tarifaire (prix d’orientation, prix de retrait) n’a pas empêché une forte baisse des prix fin 2010-début 2011. L’outil de retrait a été très peu utilisé par les organisations de producteurs actives dans la pêche à la crevette grise, et a été employé presque exclusivement par les organisations danoises. En 2009, les retraits ont représenté 0,66 % des débarquements au niveau euro-péen. La réglementation introduisant et prévoyant la gestion d’un contingent tarifaire européen autonome pour la crevette d’eau froide (20 000 tonnes par an à 0 %) n’influence aucune-ment le secteur de la crevette grise, les segments du marché pour les crevettes pandalus et crangon étant tout à fait indépendants.

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

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Le taux d’organisation des pêcheurs de crevette grise est plutôt élevé (88 % au niveau européen), mais des différends entre les organisations de producteurs (en Allemagne ainsi qu’aux Pays-Bas), de même que la crainte de l’autorité de concurrence des Pays-Bas, li-mite l’action de ces dernières. Au stade du commerce de détail, la crevette grise en petits emballages atteint des prix qui permettent aux transformateurs et aux détaillants de mener des activités rentables. Pour les grands transformateurs, la crevette grise représente environ 25 à 30 % de l’activité totale, le reste étant principalement constitué de crevettes tropicales, mais c’est la crevette grise qui leur offre les plus grandes possibilités de marges. Le stock de crevette grise reste en bon état, comme le reconnaissent les ONG, qui dirigent principalement leurs critiques contre les captures accessoires et les techniques de pêche «qui touchent le fond». Le niveau de capture des dernières années (près de 35 000 tonnes) ne met pas en danger le stock. Les principales solutions envisagées par les organisations de pêcheurs pour sortir de la crise économique sont la certification MSC et le système de TAC et de quotas. Des plans de gestion sont actuellement élaborés dans les trois États membres examinés, mais puisque tous les pêcheurs, ou du moins la plupart d’entre eux, devraient être couverts par des régimes similaires, il n’y aura aucune différenciation du produit sur le marché. Une augmentation des prix liée au label est dès lors discutable. Le label devrait toutefois garantir l’accès au marché sur le long terme, étant donné que les grands commerçants de détail projettent de rayer de la liste les produits de la pêche non munis du label MSC sur le court ou le moyen terme. Aux Pays-Bas, le renouvellement des licences pour la crevette auprès du ministère sera associé à la détention d’une certification MSC. Il devrait être aisé de capturer la même quantité de crevettes avec une flotte réduite de 25 %. Recommandations Les niveaux de rejet de la crevette grise peuvent être réduits par diverses métho-des:

en ajustant les maillages aux calibres commerciaux de la crevette grise, c’est-à-dire en étendant fortement la limite acceptable de 16 mm, éventuellement à 22 ou 24 mm;

en remplaçant les mailles losanges par des mailles carrées aux culs de chalut. Les mailles carrées réduisent la capture accessoire de petits poissons ronds (gobies, gadidés, éperlan), et peuvent contribuer à diminuer le nombre de petites soles qui se retrouvent prises dans les mailles losanges;

en employant des filets en voile la plupart du temps [moins ou pas de déroga-tion(s)];

la survie des prises rejetées peut être améliorée; en évitant les eaux peu profondes (de 0 à 3 m, par exemple). en réduisant l’effort de pêche de juin à août.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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La question des TAC est actuellement débattue entre les pêcheurs et les organisations de producteurs et devrait être approfondie. Nous recommandons en particulier que les conséquences sociales et économiques soient étudiées dans les détails. Les difficultés économiques du secteur sont liées au niveau du prix payé aux pêcheurs, qui ne permet pas, ces derniers temps, que la pêche à la crevette soit une activité rentable, ainsi qu’à la taille de la flotte, qui est considérée comme trop importante, notamment aux Pays-Bas, où la plupart des zones de pêche doivent respecter les principes de Natura 2000. En réduisant la flotte de 25 %, le premier prix de vente nécessaire afin d’atteindre un niveau de rentabilité pour les pêcheurs serait baissé de 43 centimes d’euro. La qualité des crevettes capturées peut encore être améliorée (hygiène à bord, optimisation du temps de cuisson, utilisation de graisse alimentaire...) et le premier transformateur a commencé à appliquer un paiement lié à la qualité (associé à une prime de 0,50 euro par kilo pour la qualité optimale). L’élaboration de codes de conduites simples pour les pêcheurs devrait permettre de garantir de meilleurs prix. Les processus de certification MSC en cours devraient être achevés au cours de l’année 2011 ou début 2012, et protéger les acteurs en aval du secteur.

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La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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1. DESCRIPTION DE LA PÊCHE À LA CREVETTE GRISE DE LA MER DU NORD

Constatations principales

La production de crevettes brunes européennes augmente plus ou moins de manière continue depuis 1990 et a atteint 33 000 t en 2009.

Les Pays-Bas, l’Allemagne et le Danemark représentent 95 % de la production européenne totale.

Le producteur le plus important est les Pays-Bas, grâce à leur flotte de pêche très puissante et continuellement en activité, atteignant le volume de prises par navire le plus important.

Le Danemark dispose d’une flotte très efficace composée de navires très modernes et dotée de programmes de pêche efficaces.

La flotte allemande compte une part élevée de navires plus petits et plus vieux, avec un programme de pêche fortement saisonnier et très peu de pêche en hiver. Cela a pour résultat des débarquements moyens par navire plus faibles que les autres flottes.

Les PUE ne sont actuellement pas comparables en raison des différentes mesures d’effort nationales.

La crevette grise (Crangon crangon, Linnaeus 1758, voir fig. 1-1) est un crustacé très reproducteur à faible longévité, d’environ un à trois ans. On la trouve de l’Atlantique Nord (Norvège, Islande) aux eaux nord-africaines et à la Méditerranée. Toutefois, seules les eaux côtières peu profondes comme celles du Sud de la mer du Nord donnent des taux d’abondance constituant la base d’une pêche intensive. On trouve une densité élevée de cette espèce dans les eaux très peu profondes de la mer des Wadden (Tiews 1970, ICES 2010). On la pêche toutefois jusqu’à 40 mètres de profondeur tout le long de la côte Sud de la mer du Nord. Figure 1-1: crevette grise (Crangon crangon)

Photo: vTI (© v. Klinkowström)

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

20

La pêche commerciale à la crevette grise ne s’est développée qu’à partir des années 1880 (Neudecker et Damm 2010). Une flotte de crevettiers industriels motorisés s’est constituée après la Seconde Guerre mondiale, dans les années 1950, en particulier en Allemagne, qui disposait au départ de plus de 850 bateaux et produisait un maximum de 60 000 tonnes (Gubernator 1992, Neudecker 1999, ICES 1993). Les paragraphes suivants décrivent l’évolution et la production de cette pêche au cours de ces dernières années.

1.1 L’évolution de la production La production de la pêche à la crevette grise de la mer du Nord est dominée par trois pays: le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas, qui représentent 95 % des prises totales. Tableau 1: débarquements de crevettes brunes de la mer du Nord dans l’UE en

2009

ÉM t %

Pays-Bas 15 512 47,20%

Allemagne 12 567 38,20%

Danemark 3 096 9,40%

Autres ÉM 1 709 5,20%

TOTAL 32 884 100,00%

Source: WGCRAN C’est la raison pour laquelle cette étude mettra l’accent sur ces nations. La Belgique, la France et le Royaume-Uni contribuent dans une moindre mesure et seront inclus dans l’aperçu européen. Les sources de données sont les bases de données nationales combinées par les représentants scientifiques nationaux du groupe de travail sur la pêche et le cycle de vie de la crevette grise de l’ICES (WGCRAN) pour ses rapports de réunion quasi-annuels.

1.1.1 Développement des débarquements, de l’effort et des prises par unité d’effort (PUE) dans l’UE

Débarquements annuels Contrairement à la situation de l’après-guerre, où, surtout en Allemagne, les prises industrielles de crevettes étaient beaucoup plus importantes que les prises de crevettes à des fins de consommation, la majorité des crevettes sont depuis les années 1970 destinées à la consommation humaine. Toutes les données présentées ici ont trait à la crevette destinée à la consommation. Les crevettes débarquées trop petites pour la consommation humaine sont éliminées et enregistrées comme crevettes broyées. Celles-ci constituent un pourcentage d’environ 7 % des débarquements annuels (Neudecker 2001), mais avec une forte tendance saisonnière, qui sera abordée plus tard (voir chapitre 1.4.3).

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

21

Les débarquements de crevettes de consommation, qui représentaient environ 10 000 tonnes aux environs de 1970, ont connu des hausses et des baisses, passant de 15 000 à 25 000 tonnes au cours des deux décennies suivantes. Depuis 1990, une année qui a connu une forte baisse des débarquements, avec environ 11 000 tonnes, on a connu une hausse quasi continue, avec un pic de 38 000 tonnes en 2005 (fig. 1-2). La hausse des débarquements au fil des décennies s’inscrit en parallèle à l’augmentation de la taille des navires et de leur puissance (Neudecker et Damm 2010). Récemment, les débarquements se sont quelque peu stabilisés. Les données pour 2010 ne sont pas disponibles pour tous les États membres. Toutefois, on peut supposer que les débarquements de 2010 ont atteint des volumes très élevés. Figure 1-2: débarquements de crevettes brunes dans l’Union européenne depuis

1970

0

10000

20000

30000

40000

50000

1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010

Landings (t)

Source: WGCRAN (2010)

Figure 1-3: débarquements de la pêche à la crevette grise dans l’UE par pays

0

5000

10000

15000

20000

1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010

Landings (t)

DK (1)

DE (2)

NL‐LEI (3a)

NL‐Viris (3b)

B (4)

France (5a)

F IV + VIId (5b)

UK (6)

Source: BLE, direction danoise de la pêche, registre des ventes, et ICES WGCRAN (2010)

(1) Statistiques officielles 1970-1985, comme dans le rapport précédent, données des journaux de bord 1986-1999 (2) Statistiques officielles (3a) Des organisations de producteurs (inclusion des débarquements étrangères peu claire) (3b) Données des journaux de bord VIRIS (1995-2003) incluant les débarquements dans les ports étrangers (4) Statistiques officielles (5a) Statistiques officielles (total France) (5b) Statistiques officielles (France IV+VIId) (6) Statistiques officielles, incluant les débarquements en mer d’Irlande Les Pays-Bas et l’Allemagne sont pratiquement sur un pied d’égalité ces dernières années (fig. 1-3). L’ancienne domination allemande dans la pêche à la crevette grise s’est terminée dans les années 1990 et les Pays-Bas lui ont succédé. En 2005, les deux pays

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

22

ont débarqué un volume record de 16 000 tonnes chacun. Si les débarquements de l’Allemagne ont diminué ces dernières années, notamment en raison des restrictions de l’effort des OP et des diverses pratiques de tamisage, les Pays-Bas ont conservé ce niveau élevé, devenant ainsi le premier pays producteur. Le troisième pays le plus important pour la pêche à la crevette grise de la mer du Nord est le Danemark. La flotte danoise a été lancée de manière expérimentale en 1963 et s’est ensuite développée dans les années 1970, les débarquements augmentant légèrement pour atteindre environ 4 000 tonnes annuellement. La hausse de la dernière décennie est certainement également liée à la modernisation de la flotte (Larsen pers. com. 2010). Le Royaume-Uni, la Belgique et la France ont au total contribué à hauteur de 1 700 tonnes (5,2 %, voir fig. 1-4) dans les débarquements totaux de l’année 2009 et ne seront pas abordés dans cette étude. Leur pêche à la crevette diffère considérablement de celle des autres pays, non seulement en ce qui concerne le volume des débarquements, mais aussi la structure de la flotte et la notification statistique (van Marlen et al. 1998, ICES 2010). Figure 1-4: composition des débarquements annuels de crevettes brunes de la

mer du Nord par État membre en 2009

10%

38%

47%

5%

Denmark

Germany

The Netherlands

Other MemberStates

Source: WGCRAN (2010)

Effort de pêche annuel Plusieurs paramètres peuvent être utilisés pour quantifier l’effort de pêche. Les principaux sont le nombre de bateaux de pêche, leur puissance (en CV ou kW) et la durée de la pêche (en jours). Ces données sont aisément disponibles et donc considérées comme une mesure comparable en CV-jour (Fig. 1-5). Toutefois, la base de calcul diffère par pays et depuis plusieurs années, le WGCRAN n’est pas en mesure de l’harmoniser. L’Allemagne utilise la date de départ du port, moins la date d’arrivée, plus un jour conformément à la norme ICES, transformé en un jour complet de 24 heures. Les Pays-Bas enlèvent un jour, sauf pour les voyages d’une journée, pour compenser la durée de stérilisation en zone de pêche et comptent 24 heures par jour de pêche (ICES 2010). La conformité des calculs est anticipée sur la base des heures en mer (différence entre les heurs de départ et les heures de retour au port) pour un futur proche.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

23

Figure 1-5: effort dans la pêche danoise, allemande et néerlandaise à la crevette grise (voir texte pour l’interprétation des données)

0

2

4

6

8

10

12

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Effort (million hp‐days) DK

DE (1)

NL (2)

Source: WGCRAN (2010)

(1) Jours au port inclus (2) Données des journaux de bord sans les jours au port et les périodes de stérilisation Cela conduit à une différence assez importante entre les flottes et donne lieu à des mauvaises interprétations car ces flottes ne sont pas très différentes en taille et puissance motrice, limitée à 221 KW (300 CV) par navire pour la pêche côtière dans le carré de pêche (UE [EG] 850/1998 et VO [EG] 24/2001). Toutefois, la taille de la flotte explique les différences constatées lorsque l’on compare l’effort de pêche des Pays-Bas et de l’Allemagne aux données danoises. La flotte danoise était composée de 27 navires en 2009, contre 228 pour l’Allemagne et 201 pour les Pays-Bas (voir tableau 1-1). Le système de journal de bord européen fournit des informations plus détaillées: nombre d’heures en mer (donné par les heures de départ et d’arrivée), nombre d’heures de pêche (début et fin de la pêche), nombre de coups de filets. La mesure idéale de l’effort serait la surface de pêche, qui est difficile à déterminer; l’effort de pêche est calculé grâce à la longueur totale des perches et à la distance de traînage. Cela a été évalué à l’échelle de l’UE une fois seulement par un projet européen (van Marlen et al. 1998, Beare et al. 2010). Avec ses 27 navires de pêche à la crevette grise, le Danemark représentait environ 1,6 million CV-jours en 2009. On a constaté une baisse de 1,5 million de CV-jours à moins de 1 million de CV-jours entre 2003 à 2006, et l’effort a ensuite à nouveau augmenté. L’effort de pêche néerlandais est resté assez constant, entre 4,2 et 4,9 millions CV-jours, tandis que la pêche allemande à la crevette grise a affiché un effort d’environ 10,1 millions de CV-jours, soit environ deux fois le chiffre néerlandais en raison de la différence de calcul. Les différences de calcul évoquées entre le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas ont donné une vision tronquée de la situation véritable, rendant les niveaux d’effort actuellement incomparables. Un autre obstacle à la comparaison des efforts des flottes est lié au fait que certains navires peuvent occasionnellement pêcher d’autres espèces, lorsque la crevette n’est plus disponible ou que les quotas sont épuisés, par exemple les poissons plats. Cette flexibilité peut être importante pour certains pêcheurs pour des raisons économiques.

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24

Prises par unité d’effort (PUE) annuelles Les prises par unité d’effort (PUE) peuvent être considérées comme une mesure de la puissance de pêche et de la taille du stock. C’est toutefois une mesure médiocre, dans la mesure où plusieurs facteurs peuvent influencer les PUE: la conception et l’équipement technique individuels du navire, les compétences et l’expérience du capitaine, le moment de l’activité de pêche au cours des saisons (qui influence l’efficacité de la pêche). En ce qui concerne le volet biologique, la capturabilité, et donc les PUE, sont influencés par la dispersion ou la concentration des stocks et par le comportement des crevettes en raison de facteurs environnementaux (saison, type d’habitat, température, courants, climat, etc.). Ainsi, les données sur les PUE par coup de filet peuvent démontrer une variation extrême et peuvent être utilisées comme indicateurs de la taille du stock. La capturabilité et donc les données PUE récoltées sur une série de coups de filet peuvent donner des indices sur l’efficacité d’un navire et d’une flotte; si on se concentre sur une zone géographique de la mer, elles sont également une indication de la taille relative du stock dans cette zone. Le WGCRAN calcule ces données sur les PUE sur une base annuelle pour toutes les flottes. Les résultats sont présentés à la fig. 1-6. Vu les différences des données relatives à l’effort, les données pour les Pays-Bas et l’Allemagne divergent considérablement, suggérant que les pêcheurs néerlandais sont environ deux fois plus efficaces que leurs homologues allemands. Cela n’est assurément pas réaliste. La différence évoquée de l’effort est la cause principale de la forte divergence dans les PUE. Pour cette raison, les différences réelles entre les flottes sont dissimulées. Les deux courbes – pour l’Allemagne et les Pays-Bas – sont relativement stables au fil des ans, avec une légère hausse aux alentours de 2005. Cette hausse des PUE pourrait en réalité indiquer une hausse du stock étant donné que les prises annuelles ont également augmenté. La mauvaise qualité des données sur l’effort réduit la fiabilité de ces informations. Les données danoises sur les PUE démontrent une variation élevée, d’environ 1 kg/CV-jour en 2000 à maximum 6 kg/CV-jour en 2006. Ici, les deux facteurs, l’efficacité de la pêche et la taille du stock, semblent coïncider, étant donné que les plus petits cotres ont été remplacés par des bateaux plus grands et plus efficaces au cours de la dernière décennie. Dans le même temps, les stocks de crevettes ont augmenté dans les eaux danoises (ICES 2007). En conséquence, la forte hausse des PUE jusqu’en 2006 peut avoir deux explications.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

25

Figure 1-6: prises par unité d’effort (PUE) dans la pêche danoise, allemande et néerlandaise à la crevette grise

0

1

2

3

4

5

6

7

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

kg/hp‐days

DK

DE

NL

Source: WGCRAN (2010)

La baisse à partir de 2007 peut s’expliquer par une réduction du stock dans les eaux danoises étant donné que la flotte de pêche à la crevette danoise a maintenu un niveau technique élevé, avec des bateaux plus grands et une modification de la distribution; une modification de la répartition a également été rapportée dans les eaux allemandes (ICES 2010).

1.1.2 Saisonnalité des débarquements de crevettes brunes, effort et PUE au Danemark, en Allemagne et aux Pays-Bas

Saisonnalité des débarquements de crevettes brunes Le schéma saisonnier des débarquements varie entre les trois pays (fig. 1-7). Si l’Allemagne et les Pays-Bas ont deux pics au printemps et en automne, ce qui indique des stocks stables de crevettes brunes, le Danemark ne connaît un pic qu’au printemps. Toutefois, la variabilité en fonction des années peut être élevée, comme le montrent les données mensuelles présentées aux figures 1-8, 1-9 et 1-10. Les données sur différentes années entre 2005 et 2009 pour le Danemark et entre 2005 et 2010 pour l’Allemagne et les Pays-Bas sont représentées par différents traits colorés. Figure 1-7: débarquements saisonniers moyens par les principaux pays

pêcheurs de crevettes brunes 2005-2009

0

500

1000

1500

2000

2500

Jan Feb Mar Apr May June July Aug Sep Oct Nov Dec

Landings (t)

DKDENL

Source: WGCRAN (2010)

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

26

La flotte danoise débarque des crevettes toute l’année, avec des volumes plus faibles en hiver et un pic au printemps (surtout en 2005), le reste de l’année donnant un approvisionnement assez stable de 200 à 400 tonnes par mois, avec des variations annuelles (fig. 1-8). Le Danemark semble avoir l’approvisionnement le plus stable, mais son volume est inférieur à celui de l’Allemagne et des Pays-Bas en raison de la plus petite taille de sa flotte. L’Allemagne affiche une plus forte saisonnalité des débarquements. Elle ne débarque que quelques tonnes pendant les mois d’hiver (de 100 à 700 tonnes entre décembre et mars). À la fin mars, les débarquements augmentent et un pic de printemps d’environ 1 500 tonnes est parfois atteint en avril. Les premiers mois de l’été (juin et juillet), les débarquements diminuent, aux alentours de 1 000 tonnes, tandis que la saison haute de débarquement s’étale d’août à novembre, avec parfois plus de 2 000 tonnes par mois. On peut diviser l’année en trimestres: une «présaison» du printemps au début de l’été, une «saison haute» à la fin de l’été et en automne et une «saison d’hiver». Le calendrier mensuel ne représente pas les limites correctes des «saisons». En fonction des conditions climatiques, des conditions annuelles de disponibilité des crevettes et des capacités de pêche des navires individuels, la pêche s’arrête ou reprend de manière individuelle ou par port une ou deux semaines plus tôt ou plus tard, voire se poursuit pendant la saison d’hiver. La campagne de pêche néerlandaise suit une tendance combinant le calendrier danois et allemand. En général, la plupart des prises sont effectuées en septembre et en novembre. De mars à mai, les débarquements sont relativement élevé (jusqu’à 1 500 tonnes). La particularité de la flotte néerlandaise, c’est ses prises comparativement élevées en hiver. Elles descendent rarement sous les 600 tonnes, même en janvier et en février, et permettent donc un approvisionnement continu du marché. Figure 1-8: débarquements mensuels de crevettes brunes au Danemark entre

2005 et 2009

0

200

400

600

800

1000

Jan Feb Mar Apr May June July Aug Sep Oct Nov Dec

Landings (t)

2005

2006

2007

2008

2009

Source: WGCRAN (2010)

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

27

Figure 1-9: débarquements mensuels de crevettes brunes en Allemagne entre 2005 et 2010

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

Jan Feb Mar Apr May June July Aug Sep Oct Nov Dec

Landings (t)

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Source: BLE et WGCRAN (2010)

Figure 1-10: débarquements mensuels de crevettes brunes aux Pays-Bas entre

2005 et 2010

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

Jan Feb Mar Apr May June July Aug Sep Oct Nov Dec

Landings (t)

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Source: BLE et WGCRAN (2010)

Saisonnalité de l’effort de pêche à la crevette grise Les mêmes conditions sont valables pour la saisonnalité de l’effort et pour l’aperçu des données sur l’effort annuel. Les différences dans le calcul de l’effort et certaines erreurs influencent les niveaux d’effort des pays dans les données mensuelles et annuelles. Toutefois, le schéma mensuel est probablement peu influencé par cet élément et reflète l’activité relative des flottes. Comme pour les débarquements, les différences sont évidentes (fig. 1-11, 1-12 et 1-13). La flotte danoise fonctionne toute l’année, avec un pic au printemps et parfois un autre en automne ainsi que - sans doute en raison des conditions climatiques – moins de jours de pêche en hiver. Une réduction limitée de l’effort est également constatée pendant les mois d’été, parfois déjà à partir de mai, mais surtout en juin et juillet, reflétant probablement la disponibilité des espèces visées. La flotte allemande affiche un schéma d’activité très traditionnel reposant sur des dizaines d’années de données: autrefois aucune activité, désormais une activité très limitée pendant la période hivernale, qui va de mi-décembre à mi-mars, ensuite une intensité de pêche très élevée en avril, diminuant légèrement jusqu’à juin et juillet et remontant ensuite à la saison haute de la pêche en automne. Ce schéma s’explique principalement

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

28

par la capacité de pêche dans des conditions climatiques difficiles, qui prévalent généralement en hiver. Comme de nombreux navires allemands sont encore assez anciens et comparativement petits, ils doivent rester à quai pendant les périodes de tempête, ce qui réduit le nombre de CV-jours passés en mer. Comme les pêcheurs tendent à sortir en mer pour pêcher, et doivent le faire, lorsque les espèces visées sont disponibles, la durée de pêche augmente à ces périodes. Au printemps, des sorties d’étude peuvent s’ajouter au nombre élevé de CV-jours en mer, tout en diminuant le nombre de crevettes de la classe d’âge précédente. Les jours de planche et de réparation indemnisés contribuent à diminuer le nombre de CV-jours en juin et juillet. Toutefois, les débarquements élevés en automne au cours de la dernière décennie ont conduit à une évolution: des limitations des débarquements par les organisations de producteurs (OP) dans les trois pays. Vu les faibles prix des débarquements des crevettes, les pêcheurs ont décidé d’arrêter de pêcher après avoir atteint certains quotas auto-imposés. Cela a conduit à une diminution du nombre de CV-jours, même durant les pics de pêche. Cela est bien illustré par l’année 1998, lorsque l’effort de pêche de la flotte allemande a chuté de 25 % en automne (Neudecker 2000). Il en va de même pour une partie de la flotte néerlandaise dans le cadre de l’accord entre les OP danoises, allemandes et néerlandaises. Cet accord a été critiqué par la NMa néerlandaise. Depuis lors, aucun accord de ce type n’est entré en vigueur et seuls les débarquements locaux ont été volontairement réduits par certaines OP, ce qui a eu un effet réducteur mineur sur le nombre de CV-jours par rapport à 1998. Cela a été particulièrement le cas à la fin de 2010, lorsqu’un grand nombre de pêcheurs ont préféré continuer à pêcher malgré la faiblesse des prix. Le schéma d’effort saisonnier néerlandais indique clairement que la pêche est une profession annuelle pour les pêcheurs néerlandais. Il y a deux pics au printemps et en automne. Comme pour les autres flottes, les sorties d’études en avril-mai s’ajoutent au nombre de CV-jours après la saison d’hiver plus rude et tempétueuse pour les navires les plus petits. L’automne affiche plus de CV-jours en raison du recrutement des crevettes de la classe d’âge suivante, qui deviennent disponibles à la pêche. L’ampleur de l’erreur liée à l’incertitude des données sur l’effort néerlandais (ICES 2010) est inconnue. Figure 1-11: effort mensuel de la pêche à la crevette grise au Danemark entre

2005 et 2009

0

50000

100000

150000

200000

250000

Jan Feb Mar Apr May June July Aug Sep Oct Nov Dec

Effort (hp‐days)

2005

2006

2007

2008

Source: WGCRAN (2010)

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

29

Figure 1-12: effort mensuel de la pêche à la crevette grise en Allemagne entre

2005 et 2009 (y compris jours au port)

0

500000

1000000

1500000

2000000

Jan Feb Mar Apr May June July Aug Sep Oct Nov Dec

Effort (hp‐days)

2005

2006

2007

2008

2009

Source: WGCRAN (2010)

Figure 1-13: effort mensuel de la pêche à la crevette grise aux Pays-Bas entre

2005 et 2009

0

100000

200000

300000

400000

500000

600000

700000

Effort (hp‐days)

2005

2006

2007

2008

Source: WGCRAN (2010)

Saisonnalité des prises par unité d’effort (PUE) Les incertitudes liées à l’acquisition des données et au calcul de l’effort affectent les données PUE, comme c’est le cas dans l’aperçu du programme annuel. Le schéma saisonnier des données danoises sur les PUE (fig. 1-14) indique deux pics, l’un au printemps, d’avril à juin, et l’autre d’octobre à janvier, à l’exception de 2008. Il n’existe aucune preuve scientifique de ce schéma étant donné qu’aucune étude temporelle et géographique n’est effectuée. Les pêcheurs affirment que quelquefois, les crevettes se déplacent en provenance ou à destination de la mer des Wadden, où aucune pêche n’est autorisée, vers le Danemark et deviennent disponibles pour la flotte (Larsen pers com 2011). En tenant pour acquis qu’il n’y a eu aucune modification substantielle de la capacité de pêche au cours de l’année, les hausses des PUE doivent être liées aux densités de stock de crevettes brunes dans la zone opérationnelle de la flotte danoise. Le schéma saisonnier des données allemandes sur les PUE (fig. 1-15) ne comprend pas le «pic de printemps danois». Le pic d’automne est présent, mais semble se produire un mois plus tôt, à savoir de septembre à décembre.

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30

Les chiffres élevés pour 2007 peuvent trouver leur fondement dans le stock restant de l’année précédente encore disponible pour la pêche. Les modifications de la structure de la flotte ou de sa capacité sont peu susceptibles d’avoir influencé ces schémas saisonniers. Il doit y avoir une raison biologique ou environnementale. Le schéma saisonnier des données néerlandaises sur les PUE (fig. 1-16) ne comprend pas le «pic de printemps danois» et suit dans les grandes lignes le schéma allemand de PUE. Toutefois, le pic d’automne semble moins marqué. Les PUE de printemps semblent plus élevées si l’automne précédent a affiché des valeurs de PUE élevées. On peut le voir clairement pour l’automne 2006 et le printemps 2007. Comme le calcul de l’effort est cohérent au sein des années, toute erreur dans les données peut influencer les niveaux de PUE lors d’une année donnée, mais pas leur saisonnalité. Figure 1-14: données mensuelles sur les PUE dans la pêche danoise à la cre-

vette grise entre 2005 et 2009

0

2

4

6

8

10

12

14

Jan Feb Mar Apr May June July Aug Sep Oct Nov Dec

LPUE (kg/h)

2005

2006

2007

2008

Source: WGCRAN (2010)

Figure 1-15: données mensuelles sur les PUE dans la pêche allemande à la cre-

vette grise entre 2005 et 2009

0

0,5

1

1,5

2

2,5

3

Jan Feb Mar Apr May June July Aug Sep Oct Nov Dec

lpue (kg/hp‐days)

2005

2006

2007

2008

2009

5‐Year‐Mean

Source: WGCRAN (2010)

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

31

Figure 1-16: données mensuelles sur les PUE dans la pêche néerlandaise à la crevette grise entre 2005 et 2009

0

2

4

6

8

10

Jan Feb Mar Apr May June July Aug Sep Oct Nov Dec

LPUE (kg/h)

2005

2006

2007

2008

2009

5‐Year‐Mean

Source: WGCRAN (2010)

1.1.3 Répartition de l’effort de la pêche à la crevette dans le Sud de la mer du Nord

Structure de la flotte et zones de pêche

Le Danemark dispose de la flotte la plus récente et sans doute la plus moderne, qui

pêche exclusivement au large des côtes danoises et du Nord de l’Allemagne. L’Allemagne dispose d’une proportion importante de navires plus petits et plus

anciens, partant souvent pour une journée en mer à proximité de leur port d’origine. Les navires les plus puissants pêchent au large de la côte néerlandaise et tout le long des côtes allemandes et danoises, dans les eaux danoises en dehors de la zone de 6 mn.

La flotte néerlandaise dispose comparativement de peu de navires plus anciens et à

faible puissance qui pêchent dans les eaux néerlandaises. Une grande part des navires puissants et bien équipés pêchent le long de la plus grande partie des côtes allemandes et danoises, en dehors des zones de 3 mn (Allemagne) et 12 mn (Danemark).

Si les données VMS donnent un très bon aperçu des activités régionales et

saisonnières des flottes, il n’existe actuellement aucun inventaire des flottes donnant des informations sur les équipements et l’efficacité des navires.

Méthodes de traitement des données VMS Les données VMS sont disponibles depuis 2005 pour une partie des flottes de crevettiers (longueur totale des navires > 15m – Règlement 2244/2003 de l’UE). Les données VMS (Vessel Monitoring System) originales consistent en le numéro d’identification du navire, sa position, sa vitesse au sol et son cap. Comme une partie seulement des données VMS de la flotte néerlandaise (16 à 25 % entre 2005 et 2008) est disponible (Schulze et Fock 2010), les données sur l’effort néerlandais et la classe de puissance ont été corrigées en proportion de l’effort en kW-heures couvert par les données VMS avec l’effort en kW-heures couvert par les données du journal de bord.

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Dans le cadre du projet «Study for the Revision of the plaice box» (voir Beare et al. 2010 pour de plus amples informations), financée par la Commission européenne, les partenaires ont soumis les données VMS pour le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas. Ces données ont été utilisées pour les présentes analyses. Pour chaque position, grâce à la vitesse de chaque navire, on a pu attribuer un drapeau «en cours de pêche» ou «pas en cours de pêche». En d’autres termes, jusqu’à une certaine vitesse, les bateaux étaient considérés comme «en cours de pêche», tandis qu’à une vitesse supérieure et à l’arrêt, les bateaux étaient étiquetés comme «pas en cours de pêche». La position du bateau a ensuite été allouée à un rectangle de 3 fois 3 mn (à savoir 100 rectangles fins par rectangle ICES) et l’intervalle de temps entre deux positions a été mis au regard de l’effort de pêche dans un rectangle spécifique de 3 mn sur 3 (heures de pêche, fig.1). Comme l’intervalle de temps entre chaque position peut aller jusqu’à deux heures, pour chaque navire, il y a une part considérable d’activité «invisible». La méthode appliquée pour l’analyse des données VMS tient compte de cette incertitude en substituant chaque enregistrement par des ensembles discrets de positions à forte probabilité de présence du navire (Fock 2008). La marge d’erreur de cette méthode d’analyse du VMS a été estimée à environ 5 % (Fock 2008). Pour déterminer l’activité des navires (crevettiers ou autres), on a utilisé les informations du journal de bord sur le filet utilisé, la taille des mailles et la catégorie de puissance pour chaque navire et chaque voyage. Toutefois, une mauvaise classification en raison de données erronées dans le journal de bord est possible (voir, p. ex., les efforts des crevettiers néerlandais au large). Les données ont été agrégées de manière à ce qu’aucun bateau ou pêcheur individuel ne puisse être identifié. La répartition de l’effort de pêche total (heures) par rectangles de 3mn sur 3 des flottes de crevettiers danoise (DEN), allemande (GER) et néerlandaise (NLD) pour toute la période 2005-2008 est illustrée à la fig. 1-17.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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Figure 1-17: répartition de l’effort de pêche (heures) à la crevette au Danemark (DEN), en Allemagne (GER) et aux Pays-Bas (NLD) entre 2005 et 2008

Source: WGCRAN (2010)

La flotte danoise pêche pratiquement uniquement au large de la côte danoise et dans certaines zones de la côte septentrionale de l’Allemagne. La flotte allemande pêche non seulement le long de la côte allemande, mais aussi le long des côtes danoises et néerlandaises. Cela s’explique par la répartition saisonnière de la crevette, la situation juridique permettant aux navires étrangers de pêcher dans les pays voisins à une certaine distance de la ligne de base (voir chapitre 1.1.4) et par le fait que certains des navires enregistrés en Allemagne ont en réalité un propriétaire et un équipage néerlandais. En conséquence, ces navires peuvent également pêcher en partie dans les eaux où les pêcheurs sont «chez eux» et se sentent familiers, par exemple dans les eaux néerlandaises. Lorsque l’on examine de près la côte danoise, on constate que les navires allemands ne pêchent pas directement au large d’une côte où ils n’ont pas le droit de le faire. Les signaux VMS proches de la côte reflètent les mouvements vers les ports où ils débarquent leurs prises. Le schéma de répartition de la flotte néerlandaise est très semblable à celui de la flotte allemande, s’étendant plus au Nord, au Sud vers la Manche et la côte belge et vers la mer du Nord, plus ouverte (fig. 1-18). Ces dernières données sont les erreurs les plus courantes dans la base de données. Des erreurs se produisent si les navires passent de la pêche à la crevette à la pêche au poisson plat et si ce changement ne figure pas correctement dans les journaux de bord, suggérant une activité de pêche à la crevette alors qu’elle n’a pas eu lieu. Pour la flotte néerlandaise, on constate également que l’activité de pêche est située au-delà de la zone de 6 et 12 mn, respectivement, au large des côtes danoises. Vu la méthode de calcul de la répartition de l’effort et l’échelle, la distance jusqu’à la zone de 3 mn au large de la côte allemande est peu visible.

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Figure 1-18: navires néerlandais à l’abri des tempêtes dans le port de l’île d’Heligoland (janvier 2011)

Photo: vTI (© Neudecker)

Comme on peut le voir à la fig. 1-19 indiquant la répartition saisonnière de l’effort de pêche par trimestre pour 2008, la flotte danoise reste en grande partie dans les eaux nationales. La pêche a lieu principalement à proximité de la côte. Ce n’est qu’en hiver que la zone de pêche s’éloigne plus loin au large, dans des eaux plus profondes. En 2008, les eaux allemandes ont peu été touchées. Il en va de même pour la flotte allemande. Toutefois, la «pêche en haute mer» se poursuit jusqu’au deuxième trimestre et s’exerce également pendant le quatrième trimestre en raison de la saisonnalité de la répartition des crevettes. Uniquement pendant la période estivale chaude, la pêche à la crevette se concentre sur la côte, et la côte danoise est fréquentée pratiquement uniquement lors des deux premiers trimestres. Les signaux VMS néerlandais suivent le même schéma que ceux des navires allemands. Les différences ne sont liées qu’à l’extension de la portée générale des zones de pêche et à l’absence d’activité des navires néerlandais au large de la côte frisonne orientale au cours des premier et troisième trimestres. Les dernières évaluations des données VMS ne sont pas encore disponibles. Les données pour 2005 à 2007 et les résolutions mensuelles indiquent des répartitions très similaires et n’ont pas été incluses pour des raisons d’espace. Il semble nécessaire d’améliorer la couverture des données VMS des navires des flottes pour réduire les problèmes en appliquant les données existantes à l’ensemble des flottes.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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Les erreurs liées à l’allocation de mauvaises activités peuvent être éliminées en améliorant les données des journaux de bord et en vérifiant les données VMS et les activités au regard des enregistrements des débarquements des espèces principales dans les journaux de bord. Figure 1-19: répartition de l’effort de pêche à la crevette au Danemark (DEN),

en Allemagne (GER) et aux Pays-Bas (NLD) en 2008 du premier au quatrième trimestre

Source: WGCRAN (2010)

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1.1.4 Cadre juridique de la pêche à la crevette

Constatations principales

Il n’y a pas de prise maximale autorisée pour la crevette grise de la mer du Nord. Les stocks sont étudiés et évalués par le groupe de travail de l’ICES sur la pêche à

la crevette grise. Jusqu’ici, rien n’indique une surpêche nécessitant une limitation.

L’important pour la pêche à la crevette grise est avant tout la juridiction applicable aux zones côtières, puisqu’elle s’effectue dans des profondeurs rarement supérieures à 30 m et principalement à des distances de 30 mn de la côte. En 1982, la convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS) a institué la territorialité des mers. Depuis lors, les eaux territoriales de chaque État ayant ratifié le traité ont été fixées à une distance de 12 mn au large de la ligne de base côtière (laisse de basse mer). La section entre le large et la ligne de base est appelée eaux intérieures. Ici, l’État jouit d’une juridiction complète. Entre la ligne de base et la limite de 12 mn se trouve la ligne de 3 mn. Comme les eaux intérieures, la zone de 3 mn est exclusivement réservée aux véhicules de pêche nationaux. Dans la limite de 12 mn, les États membres prennent des mesures spécifiques «non discriminatoires» permettant aux navires étrangers de pêcher (UE (Com) 2371/2002). Ce règlement limite également l’accès aux eaux nationales particulières. Pour les principales nations pêchant la crevette grise que sont le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas, les règles d’accès suivantes s’appliquent à la crevette, conformément à l’annexe I du règlement UE (Com) 2371/2002: Bande côtière du Danemark Allemagne: côte mer du Nord (frontière Danemark/Allemagne, jusqu’à Hanstholm): 6 à 12 milles marins – illimité Pays-Bas: côte mer du Nord au-delà de 12 milles marins Bande côtière de l’Allemagne

Danemark: frontière Danemark/Allemagne jusqu’à la pointe nord d’Amrum à 54°43’ nord 3 à 12 milles marins – illimité Pays-Bas: côte mer du Nord (toutes les côtes): 3 à 12 milles marins – illimité Bande côtière des Pays-Bas Danemark: non précisé Allemagne: côte mer du Nord (toutes les côtes) 3 à 12 milles marins – illimité

En 1995, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a créé un cadre juridique pour une pêche durable. Au niveau européen, le cadre juridique applicable est la politique commune de la pêche (PCP). Les premières mesures communes ont été prises en 1970. Tous les pêcheurs doivent avoir un accès équitable à toutes les eaux des États membres de l’UE. Pour maintenir la durabilité économique et écologique de l’activité des pêcheurs locaux traditionnels disposant de bateaux plus petits, une partie de la côte est réservée à ces petits navires (COFAD 2004, UE (Com) 2371/2002).

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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En 1983, les États membres ont décidé de remettre leurs intérêts dans leurs eaux territoriales à la Commission européenne pour la gestion de la pêche et la représentation dans la zone de 200 mn (UE (Com) 2371/2002). En ce qui concerne la pêche à la crevette grise, une restriction juridique importante s’applique pour les zones côtières de la mer du Nord: la zone des plies. En 1986, l’UE a fixé une zone de restriction (règlements (CEE) 3094/86 et 55/87) pour protéger la plie juvénile. Le règlement précise que tous les chalutiers à perche (TBB) de 8 à 24 m de longueur totale et de moins de 221 kW / 300 CV de puissance motrice doivent figurer dans une «liste des chaluts à perches» (3094/86 et 55/87). Cette liste n’est pas extensible, mais il est possible d’y accéder lorsqu’un autre navire quitte la flotte. Si le bateau ne figure pas dans la liste des chaluts à perche, la pêche n’est pas autorisée dans la zone des plies. Ce carré de pêche couvre une zone qui se situe le long des côtes néerlandaises, allemandes et danoises jusqu’au phare de Hirtshals, au Danemark (carte 1) dans la limite maritime des 12 mn. Les plus grands navires sont exclus de cette zone en raison de leurs filets plus lourds, qui présentent un risque plus élevé de nuire au benthos et surtout aux jeunes plies. La plupart des pêcheurs locaux ont de toute façon des bateaux de pêche plus petits et bénéficient de ce règlement. Il n’y a pas de prise maximale autorisée pour la crevette grise de la mer du Nord. Les stocks sont étudiés et évalués par le groupe de travail de l’ICES sur la pêche et le cycle de vie de la crevette grise (WGCRAN). Comme les espèces ont une longévité très brève, aucune estimation fiable du stock n’a encore été réalisée. Toutefois, d’après les études récentes, rien n’indique une surpêche rendant nécessaire d’imposer une restriction (Neudecker et al. 2007, ICES 2010).

Carte 1: zone des plies

Source: Commission européenne

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1.2 La pertinence économique et sociale de l’industrie

Constatations principales

Environ 500 navires et 1 000 pêcheurs sont actifs dans la pêche à la crevette grise.

Les flottes côtières néerlandaise et allemande sont essentiellement composées de chalutiers à perche de 12 à 24 m. Ces catégories fournissent un nombre d’emploi comparativement élevé (environ 500-600 chacune) et génèrent des recettes d’un montant d’environ 50 millions d’euros par an. Pour la flotte danoise, les chalutiers à perche revêtent une importance mineure.

Les chalutiers à perche de 12 à 24 m sont la plupart du temps organisés comme des petites entreprises personnelles gérées par le propriétaire. Les propriétaires peuvent vivre de leurs activités, mais, au moins pour les Néerlandais et les Allemands, ils ont connu plusieurs années de pertes.

Les débarquements et les prix ne sont que faiblement liés. Le faible nombre de prises n’est pas nécessairement compensé par des prix plus élevés et vice versa, ce qui indique un marché concurrentiel imparfait, avec une incertitude accrue pour le vendeur (= pêcheur).

1.2.1 Pertinence sociale de l’industrie Environ 500 navires et 1 000 pêcheurs sont actifs dans la pêche à la crevette grise. Tableau 2: nombre de licences de pêche à la crevette au Danemark, en Allema-

gne et aux Pays-Bas en 2010

Pays-Bas 225

Mer des Wadden 92

Autres zones côtières 133

Allemagne 253

Basse-Saxe 137

Schleswig-Holstein 116

Danemark 28

Total 508

Source: NVB

1.2.2 Danemark La pêche à la crevette grise revêt une importance mineure pour la pêche maritime danoise. Elle représente environ 2 % des recettes totales. L’emploi à bord lié à la pêche à la crevette grise est de l’ordre de 70 personnes (fig. 1-20).

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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Figure 1-20: chiffres clés de la pêche danoise à la crevette grise par rapport aux

autres pêches (gauche: débarquements en milliers de tonnes, centre: recettes en millions d’euros, droite: emploi en nombre de personnes directement employées) en 2008

3.20,4%

819.6

99,6%    

72%

38498%

682%

369998%

BrownShrimpFishery

OtherDanishFisheries

Source: Direction danoise de la pêche, registre des ventes

Le Danemark a trois ports de débarquements majeurs de crevettes brunes, qui sont tous situés sur la côte Sud-Ouest (carte 2). À Esbjerg, la crevette grise est la principale espèce en poids, tandis que dans les deux autres ports, d’autres espèces jouent également un rôle important. Hvide Sande est dominé par d’autres espèces, en particulier le lançon à des fins industrielles (fig. 1-21). Figure 1-21: débarquements de crevettes brunes au Danemark par port (2010)

par rapport aux débarquements d’autres pêches

0

5000

10000

15000

20000

25000

30000

35000

Esbjerg Hvide Sande Havneby

Landings (t)

OtherSpeciesBrownShrimp

Source: Direction danoise de la pêche, registre des ventes

La figure 1-22 montre l’importance d’Esbjerg, Hvide Sande et Havneby pour la pêche danoise à la crevette grise en matière de recettes: entre 2 et 2,7 millions d’euros par port. La répartition géographique des ports et leur importance par nombre de navires enregistrés, débarquements et recettes sont illustrées à la carte 3.

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Figure 1-22: recettes de la pêche à la crevette grise par port au Danemark

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

Revenues (1000 Euros)

Source: Direction danoise de la pêche - Registre des ventes

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

41

Carte 2: ports danois de pêche à la crevette grise: débarquements, recettes et nombre de navires enregistrés

Cartographie: vTI (M. Müller)

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1.2.3 Allemagne La pêche à la crevette grise est importante pour la pêche maritime allemande. Elle représente environ 20 % des recettes totales et de l’emploi (fig. 1-23). Comme la pêche est limitée à la mer du Nord, elle concerne uniquement les régions de la Basse-Saxe et de Schleswig Holstein, où sa contribution aux recettes et à l’emploi est donc plus élevée (figs. 1-24 et 1-25). Figure 1-23: chiffres clés de la pêche allemande à la crevette grise par rapport

aux autres pêches (gauche: débarquements en milliers de tonnes, centre: recettes en millions d’euros, droite: emploi en nombre de personnes directement employées) en 2009

12.86%

18694%

3319%

141

58019%

245981%

BrownShrimpFishery

OtherGermanFisheries

Source: Statistiques de la flotte BMELV et BLE

Figure 1-24: chiffres clés de la pêche à la crevette grise en Basse-Saxe par rap-

port aux autres pêches (gauche: débarquements en milliers de tonnes, centre: recettes en millions d’euros, droite: emploi en nombre de personnes directement employées) en 2009

6.263%

3.737%

936%

28155%

23345%

BrownShrimpFishery

Other LowerSaxonyFisheries

Source: Statistiques de la flotte BMELV et BLE

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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Figure 1-25: chiffres clés de la pêche à la crevette grise dans la région de Schleswig-Holstein par rapport aux autres pêches (gauche: débar-quements en milliers de tonnes, centre: recettes en millions d’euros, droite: emploi en nombre de personnes directement em-ployées) en 2009

5,536%

9.964%

1040%

29326%

82474%

BrownShrimpFishery

Other SFisherie

Source: Statistiques de la flotte BMELV et BLE

L’importance pour l’emploi est moins significative en valeur relative en Schleswig Holstein, car de nombreux pêcheurs de cette région exercent à temps partiel la pêche à filet fixe, pratiquée presque uniquement dans la mer Baltique en Allemagne. Les crevettes doivent être débarquées peu après la prise. Comme les zones de pêche à la crevette s’étendent tout le long de la côte de la mer du Nord, les prises peuvent être déchargées sur plusieurs sites en Allemagne. Les stations les plus importantes sont Büsum au Nord-Est, Cuxhaven au centre et Greetsiel et Norddeich à l’Ouest (fig. 1-27, 1-28 et carte 3). L’importance économique de la crevette grise pour les lieux de débarquement est toutefois assez limitée. La valeur absolue des débarquements revêt une importance mineure par rapport aux recettes totales générées dans la communauté de la ville. Toutefois, l’attrait des navires de pêche dans le port pour les touristes est extrêmement important pour l’économie locale étant donné que le tourisme représente jusqu’à 60 % de la source de revenus principale au niveau local (NIT/COFAD 2010, en prép.). Les sites de débarquement sont une attraction touristique en raison de la fraîcheur imaginaire des produits et du caractère pittoresque du port, avec les navires qui montrent leurs filets de pêche (fig. 1-26). Le nombre total d’employés à bord et dans le secteur de la transformation s’élève à environ 800 (BMELV 2010 et base de données Amadeus).

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Figure 1-26: crevettiers allemands au port de Fedderwardersiel décorés pour la fête traditionnelle de «Kutterregatta»

Photo: vTI (© Neudecker) En réalité, en Allemagne, quatre Länder ont une côte le long de la mer du Nord: le Schleswig-Holstein, Hambourg, Brême et la Basse-Saxe. Les crevettiers sont le plus souvent enregistrés en Schleswig-Holstein et en Basse-Saxe, où ils ont leur port d’origine, les OP et les institutions officielles. Il y a beaucoup de ports d’origine le long de la côte, qui accueillent de 1 à 34 crevettiers, Büsum étant le centre le plus important de débarquement des crevettes, de tamisage et de recettes (fig. 1-27, 1-28 et carte 3).

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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Figure 1-27: débarquements de crevettes brunes en Allemagne par port ayant

plus de 100 t de débarquements annuelles (2010) par rapport aux débarquements d’autres pêches

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

Landings (t)

Other Species

Brown Shrimp

Note: Les «autres prises» élevées à Hoernum-Sylt sont dues aux moules

Source: BLE

Figure 1-28: recettes de la pêche à la crevette grise par port en Allemagne

0

1000

2000

3000

4000

5000

6000

7000

8000

9000

Revenues (1000 Euros)

Source: BLE

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Carte 3: ports allemands de pêche à la crevette grise: débarquements, recettes

et nombre de navires enregistrés

Cartographie: vTI (M. Müller)

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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1.2.4 Pays-Bas La pêche à la crevette grise est un secteur important de la pêche néerlandaise, surtout si nous tenons compte de la pêche au cotre et de la pêche côtière à petite échelle. La pêche à la crevette grise représente 22 % des recettes de la pêche au cotre (70 % de la flotte sous 300 CV) et 14 % des recettes totales de l’ensemble de la flotte de pêche néerlandaise. Tableau 3: importance économique de la pêche à la crevette grise aux Pays-Bas

en 2009

Total Crevette grise Catégorie de pêche Mio EUR Mio EUR %

Pêche côtière 205 44 22 1-260 CV 11 11 100 261-300 CV 52 34 65 > 300 CV 141 0 0 Grande pêche en haute mer

115 0 0

Petite pêche en haute mer

7 0 0

Total 327 44 14

Source: LEI - Visserij in cijfers 2010 Ces dernières années, l’importance de la pêche à la crevette grise a fortement augmenté: si les recettes de la pêche côtière globale sont restées pratiquement identiques (environ 250 Mio EUR) entre 2003 et 2008, le chiffre d’affaires de la flotte de pêche à la crevette grise a doublé. Tableau 4: évolution de l’importance de la pêche côtière à la crevette grise aux

Pays-Bas

Total pêche côtière Pêche à la crevette grise Mio EUR Mio EUR %

2003 262 32 12% 2004 241 32 13% 2005 240 39 16% 2006 246 37 15% 2007 270 52 19% 2008 250 61 24% 2009 204 44 22%

Source: LEI - Visserij in cijfers 2010 Des débarquements majeurs ont lieu dans les ports de la mer des Wadden (Zoutkamp, Lauwersoog, Harlingen, Den Oever).

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Carte 4: ports néerlandais de pêche à la crevette grise: débarquements, recettes et nombre de navires enregistrés

Cartographie: vTI (M. Müller)

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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1.3 L’évolution des performances économiques des flottes de pêche à la crevette grise entre 2000 et 2010

Constatations principales

La crevette grise est l’une des 5 principales espèces en valeur pour l’ensemble des flottes néerlandaise et allemande. Pour la flotte danoise, elle est moins importante.

La flotte totale de crevettiers compte environ 500 navires tout le long des côtes du Danemark, de l’Allemagne et des Pays-Bas.

Les chalutiers à perche de 12 à 24 m néerlandais et allemands sont pratiquement entièrement dépendants des recettes tirées de la crevette grise. Les chalutiers à perche danois ciblent aussi principalement la crevette grise, mais visent aussi en partie les poissons plats et ont la possibilité de pêcher le lançon.

Les navires néerlandais et, surtout, allemands, sont anciens et très peu d’entre eux ont été remplacés par des nouveaux ces dix dernières années, tandis que les bateaux danois sont relativement nouveaux et modernes.

Dans la configuration actuelle de la flotte (500 navires), la pêche à la crevette ne peut être rentable à un prix de la crevette inférieur à 2,75 EUR/kg (dans l’hypothèse d’un prix du gasoil de 0,60 EUR/kg). Avec une flotte réduite à 375 bateaux, le point d’équilibre serait un prix de la crevette de 2,31 EUR/kg.

Il devrait être facile d’attraper la même quantité de crevettes avec une flotte réduite de 25 %.

Les navires néerlandais et allemands sont répartis sur toute la côte et jouent un rôle important pour le tourisme en proposant des scènes portuaires pittoresques.

La fig. 1-29 compare la flotte de pêche à la crevette grise de l’UE des États membres. L’Allemagne et les Pays-Bas disposent de la part la plus importante, avec environ 200 navires chacun, tandis que le Danemark n’en possède que 27. Le nombre élevé de navires dans les autres États membres s’explique par la petite taille et la faible capacité des flottes belge, française et britannique.

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Figure 1-29: composition de la flotte de pêche à la crevette grise par État mem-bre (nombre de navires actifs en 2009)

27

228

205

154 Denmark

Germany

The Netherlands

Other Member States

Source: WGCRAN (2010)

L’analyse des performances de capture indique un débarquement moyen de 105 tonnes par navire danois en 2010, soit le double des débarquements moyens d’un navire allemand et une performance bien meilleure que celle des bateaux néerlandais. Cette performance s’explique en partie par l’âge de la flotte: le Danemark dispose d’une flotte modernisée, avec des bateaux d’un âge moyen de 23 ans et une puissance motrice maximale autorisée de 221 kW (tableau 5). Il reste très peu de navires anciens et à faible puissance; le plus ancien navire a été construit en 1963 (registre européen des flottes). Les raisons biologiques et environnementales peuvent également contribuer aux performances de capture excellentes des crevettiers danois (tableau 6). Tableau 5: structure des principales flottes européennes de pêche à la crevette

grise en 2010

Pays Nombre de navires

Puissance motrice

(kW)

Tonnage brut

Longueur globale moyenne (m)

Âge moyen

(années) Danemark 27 5.020 1.259 17 23 Allemagne 228 42.534 10.279 17,43 34 Pays-Bas 201 39.877 12.482 21,21 27

Source: BLE, registre des flottes de l’UE et IMARES Tableau 6: performance de capture (tonnes par an) par navire et flotte en 2010

Pays Moyen Max Min Danemark 105,2 161,0 55,8 Allemagne 52,6 181,6 1,5 Pays-Bas 83,0 243,3 2

Source: ICES WGCRAN (2010), Kristensen (pers. Com.) et vTI Les chiffres relatifs aux revenus, aux coûts et aux bénéfices sont tirés du rapport économique annuel (REA 2010) sur la flotte de pêche européenne (Anderson et Guillen 2010). Ce sont les dernières données disponibles et elles couvrent les années 2002 à 2008. Dans le REA 2010, une valeur imputée de travail non payé du propriétaire a été appliquée pour calculer le coût total, et le coût de dépréciation a été estimé sur la base de l’hypothèse que tous les actifs ont été remplacés après leur durée de vie fiscale.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

51

1.3.1 Danemark Comme le Danemark ne compte actuellement que 27 navires de pêche à la crevette (fig. 1-30) – dont de nombreux ont été remplacés par de nouveaux types aux alentours de 2006 (Beare et al. 2010) – et qu’une seule OP existe pour ce secteur de pêche, la gestion est moins difficile qu’en Allemagne et aux Pays-Bas (Larsen pers. com. 2010). Avec plus de 65 % des pêcheurs de crevettes membres d’OP, les accords des OP sont également valables pour le reste de la flotte de crevettiers en vertu du règlement (CE) n° 1812/2001 de la Commission. Figure 1-30: nombre de navires actifs dans la pêche à la crevette au Danemark

(2000-2010)

0

10

20

30

40

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Number  active Vessels

Source: Direction danoise de la pêche, registre des ventes et registre des permis de pêche

Les chalutiers à perche danois ciblant la crevette grise ont réussi à exercer des activités rentables pendant toutes les années entre 2002 et 2008 (Fig. 1-31). Il est évident que, généralement parlant, les coûts évoluent essentiellement parallèlement aux revenus, et les séries temporelles du prix et des revenus affichent une certaine similarité, même si le volume des débarquements varie d’année en année. Il convient de garder à l’esprit que certains chalutiers à perche danois ciblent les poissons plats (Anderson et Guillen, 2010), et les coûts liés uniquement à la pêche à la crevette ne sont pas disponibles. En conséquence, les données sur les bénéfices ne sont pas non plus uniquement attribuées à la pêche à la crevette. Toutefois, il semble assez évident que la versatilité plus élevée des navires liée aux options alternatives de pêche à la crevette grise ou aux poissons plats contribue à des profits constamment positifs des segments de flotte concernés.

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Figure 1-31: évolution des bénéfices de la pêche à la crevette danoise par navire - moyenne (2002-2009)

Source: Anderson et Guillen (2010)

1.3.2 Allemagne Dans la flotte allemande, les chalutiers à perche de moins de 24 m ciblent quasi exclusivement la crevette grise. En conséquence, les données concernant ces segments de flotte peuvent être entièrement liées à la pêche à la crevette grise. Le 1er janvier 2009, 1 858 navires de pêche étaient enregistrés sous pavillon allemand, dont 256 ayant un chalut à perche comme filet principal. En 2009, 228 navires rapportaient des débarquements de crevettes. La plupart des navires inactifs faisaient moins de 12 m de longueur. Le nombre de chalutiers à perche actifs a fluctué au cours de ces dix dernières années: de 2002 à 2007, on a observé une augmentation croissante, contre une baisse de 10 % entre 2007 et 2009 (fig. 1-32).

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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Figure 1-32: nombre des navires actifs dans la pêche à la crevette en Allemagne (2000-2009)

0

50

100

150

200

250

300

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Number of active

 vessels

Source: BLE (2010)

La fig. 1-33 montre la dispersion des prises annuelles et de la puissance motrice de la flotte allemande ainsi que la relation claire entre les deux. Tous les navires affichant une faible puissance motrice (moins de 100 kW) sont le plus souvent des crevettiers à temps partiel, qui ne débarquent que quelques tonnes. Les navires de plus de 100 kW semblent aussi souvent ne pas pêcher à temps plein et semblent être plus anciens, avec des débarquements de moins de 50 tonnes. Nous n’avons constaté qu’un seul cas aberrant de prise exceptionnelle. Seuls les navires avec la puissance motrice maximale autorisée (221 kW) atteignent des débarquements de 100 tonnes et plus (avec un maximum de 181 tonnes). Figure 1-33: performance de capture de la pêche allemande à la crevette grise

en 2009: relation entre la puissance motrice (axe des x) et les débarquements par navire

0

50

100

150

200

0 50 100 150 200 250

annual landings per vessel (t)

Engine Power (kW)

Source: BLE et vTI

Les chalutiers à perche allemands sont pratiquement tous gérés comme des petites entreprises familiales. Les bénéfices apparaissent lorsque le travail du propriétaire est compté comme un coût imputé. Pour le propriétaire, les revenus générés suffisent pour vivre. Les activités d’investissement sont rares: très peu de nouveaux chalutiers à perche

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

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ont été construits au cours des dix dernières années. En conséquence, l’âge moyen des navires est d’environ 34 ans (fig. 1-34). Les pêcheurs qui prennent leur retraite peuvent en général vendre leur entreprise à un successeur, ce qui signifie que le nombre de personnes employées n’évolue pas beaucoup. Cela permet également de conclure que la possession et la gestion d’un chalutier à perche visant les crevettes sont une option de travail viable. Figure 1-34: cotre en bois de 50 ans bien entretenu dans le port de Cuxhaven

Photo: vTI (© Neudecker)

Les chalutiers à perche allemands ciblant la crevette grise ont été plus ou moins rentables entre 2002 et 2008 (fig. 1-35). Ces navires dépendent pratiquement totalement de cette espèce et leur profit est donc étroitement lié aux prix et aux prises de crevettes brunes. Les revenus et les coûts ont été pratiquement identiques au cours de la période d’observation, ce qui a permis peu de bénéfices, voire pas du tout. L’année 2008 a été exceptionnelle, étant donné que les prises et les prix ont été relativement élevés, tandis que les coûts sont restés stables. Les prix étaient plus faibles au cours des années précédentes. En 2004, on a observé les prix les plus bas et c’est la seule année qui a débouché en moyenne sur des pertes.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

55

Figure 1-35: évolution des bénéfices de la pêche à la crevette allemande par navire - moyenne (2002-2008)

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2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

€/kg1.000 €

Profit/vessel Income/vessel Cost/vessel Price €/kg

Source: Anderson et Guillen (2010)

1.3.3 Pays-Bas Figure 1-36: évolution des bénéfices de la pêche à la crevette néerlandaise

par navire - moyenne (2002-2008)

‐50

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150

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300

350

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2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

1.000 €

Profit/vessel Income/vessel Cost/vessel

Source: Anderson et Guillen (2010)

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Aux Pays-Bas comme en Allemagne, il y a une relation claire entre les prises annuelles par navire et la puissance motrice de la flotte (fig. 1-37). Toutefois, très peu de navires ont une puissance motrice de moins de 100 kW et le nombre des crevettiers à temps partiel ne débarquant que quelques tonnes est également très réduit. On assiste à une dispersion des navires présentant une puissance motrice entre 90 et environ 200 kW, dont une partie semble ne pêcher qu’à temps partiel. Le nombre élevé de navires affichant la puissance motrice maximale autorisée (221 kW) est l’épine dorsale de cette flotte, mais avec une grande variabilité des débarquements. Le débarquement moyen par navire est de 83 tonnes de crevettes, mais le nombre de débarquements de plus de 100 tonnes est bien plus élevé que dans la flotte allemande – avec un maximum remarquable de 241 tonnes. Figure 1-37: performance de capture de la pêche néerlandaise à la crevette

grise: relation entre la puissance motrice (axe des x) et les débarquements par navire en 2010

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200

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300

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500

Landings / Vessel (t)

Engine Power (kW)

Source: IMARES

1.3.4 Conditions de rentabilité de la flotte de pêche à la crevette grise Les calculs effectués par le cercle de connaissance «Sustainable Shrimp Fishery» et basés sur les données couvrant la période 2005-2008 débouchent sur les conclusions suivantes concernant le niveau de prix nécessaire pour garantir une activité rentable: - prix < 2,25 EUR/kg: activité non rentable, - prix entre 2,25 et 3,50 EUR/kg: insuffisant, - prix > 3,50 EUR/kg: rentabilité à long terme.1 Des cercles de connaissance ont été créés aux Pays-Bas par des pêcheurs avec l’assistance d’instituts scientifiques (LEI/IMARES). L’objectif des cercles de connaissance est d’examiner les alternatives offrant des produits de poisson à un coût réduit et répondant aux exigences sociales. La réduction des coûts, l’augmentation des recettes et la réduction de l’impact écologique sont les trois questions abordées. D’autres calculs peuvent être effectués sur la base des hypothèses suivantes: - prises de crevettes: 30 000 t, - consommation de gasoil: 1,67 litre par kg de crevettes prises,

1 Source: Wageningen UR (Knowledge Circle Sustainable Shrimp Fishery).

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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- prix du gasoil: 0,50 EUR/kg, - personnel: 2 hommes/bateau, - main-d’œuvre: 35 000 EUR/travailleur, - frais de fonctionnement: 55 000 EUR/bateau. Deux cas ont été analysés concernant la taille de la flotte: - la situation actuelle avec 500 bateaux dans les trois pays analysés, - une situation avec une flotte réduite à 375 navires. Tableau 7: rentabilité de la pêche à la crevette grise dans différentes

hypothèses

Situation actuelle: 500 bateaux Hypothèse: 375 bateaux

Unité (EUR)

EUR Unité (EUR)

EUR

Recettes (prises de crevettes)

30 000 000 kg 3,50 105 000 000 30 000 000 kg 3,50 105 000 000

Consommation de gasoil 50 000 000 l 0,50 25 000 000 50 000 000 l 0,50 25 000 000

Coûts de la main-d’œuvre

1 000 hommes 35 000 35 000 000 750 hommes 35 000 26 250 000

Frais de fonctionnement 500 bateaux 55 000 17 500 000 375 bateaux 55 000 13 125 000

Bénéfice brut 500 bateaux 55 000 27 500 000 375 bateaux 108 333 40 625 000

Recettes (prises de crevettes)

30 000 000 kg 2,75 82 500 000 30 000 000 kg 2,75 82 500 000

Consommation de gasoil 50 000 000 l 0,50 25 000 000 50 000 000 l 0,50 25 000 000

Coûts de la main-d’œuvre

1 000 hommes 35 000 35 000 000 750 hommes 35 000 26 250 000

Frais de fonctionnement 500 bateaux 55 000 17 500 000 375 bateaux 55 000 13 125 000

Bénéfice brut 500 bateaux 10 000 5 000 000 375 bateaux 48 333 18 125 000

Recettes (prises de crevettes)

30 000 000 kg 2,50 75 000 000 30 000 000 kg 2,50 75 000 000

Consommation de gasoil 50 000 000 l 0,50 25 000 000 50 000 000 l 0,50 25 000 000

Coûts de la main-d’œuvre

1 000 hommes 35 000 35 000 000 750 hommes 35 000 26 250 000

Frais de fonctionnement 500 bateaux 55 000 17 500 000 375 bateaux 55 000 13 125 000

Bénéfice brut 500 bateaux -5 000 -2 500 000 375 bateaux 28 333 10 625 000

Recettes (prises de crevettes)

30 000 000 kg 1,75 52 500 000 30 000 000 kg 1,75 52 500 000

Consommation de gasoil 50 000 000 l 0,50 25 000 000 50 000 000 l 0,50 25 000 000

Coûts de la main-d’œuvre

1 000 hommes 35 000 35 000 000 750 hommes 35 000 26 250 000

Frais de fonctionnement 500 bateaux 55 000 17 500 000 375 bateaux 55 000 13 125 000

Bénéfice brut 500 bateaux -50 000 -25 000 000 375 bateaux -31 667 -11 875 000

Recettes (prises de crevettes)

30 000 000 kg 1,57 47 100 000 30 000 000 kg 1,57 47 100 000

Consommation de gasoil 50 000 000 l 0,50 25 000 000 50 000 000 l 0,50 25 000 000

Coûts de la main-d’œuvre

1 000 hommes 35 000 35 000 000 750 hommes 35 000 26 250 000

Frais de fonctionnement 500 bateaux 55 000 17 500 000 375 bateaux 55 000 13 125 000

Bénéfice brut 500 bateaux -60 800 -30 400 000 375 bateaux -46 067 -17 275 000

Source: AND International sur la base des données communiquées par l’OP Internationale Garnalen

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D’après ces calculs, le point d’équilibre correspond à un prix de la crevette de 2,58 EUR/kg dans la situation actuelle (500 bateaux dans les 3 pays analysés) et de 2,15 EUR/kg dans l’hypothèse d’une flotte réduite à 375 bateaux. Au moment de la rédaction de la présente étude, le prix du gasoil augmente rapidement. Dans l’hypothèse d’un prix de 60 centimes d’euro/kg, toutes autres choses égales par ailleurs, le point d’équilibre serait de 2,75 EUR/kg pour une flotte de 500 bateaux et de 2,31 EUR/kg pour une flotte réduite à 375 bateaux. Si le prix du gasoil atteint 70 centimes d’euro/kg, le point d’équilibre sera atteint uniquement à un prix de la crevette de 2,92 EUR/kg dans la configuration actuelle et de 2,48 EUR/kg dans l’hypothèse de réduction de la flotte. Il est clair que les prix payés à la fin 2010 et au début 2011 sont loin d’atteindre le niveau de rentabilité.

1.4 Impact environnemental de la pêche au chalut à perche en mer du Nord

Constatations principales Aucune évaluation fiable du stock n’a été réalisée par les scientifiques de la pêche

en raison de la faible longévité de la crevette grise, de l’extrême variabilité de l’occurrence et de la capturabilité inconnue de l’espèce.

La taille actuelle du stock (jusqu’en 2010-2011, sur la base des débarquements) est extrêmement importante et ne montre aucun signe de surpêche.

Les forces des classes d’âge peuvent être extrêmement variables et dépendent principalement de facteurs environnementaux comme les hivers froids ou chauds, ces derniers ayant un effet négatif.

La forte présence de prédateurs comme les concentrations de merlans (précédemment, aussi de cabillaud) peut réduire l’abondance, ce qui a pour résultat une moins bonne pêche en automne et au printemps suivant.

L’effet des filets à crevettes sur les fonds marins est négligeable. Les ONG et, par après, les organes de presse se sont continuellement inquiétés de l’impact important du filet utilisé par les chalutiers à perche sur le benthos. Mais il y a une confusion entre deux types différents de chaluts à perche: le chalut à poissons plats et le chalut à crevettes. Le chalut à poissons plats est un chalut à perche très lourd et extrêmement rigide doté d’une dizaine, voire plus, de lourdes chaînes pour aller arracher les poissons au fond, tracté à une vitesse d’environ 6 nœuds pour les navires les plus grands et les plus puissants. Le chalut à crevettes, beaucoup plus léger, n’a pas de chaînes, mais un filet à rouleaux qui rebondit et roule sur les fonds marins, capturant les crevettes principalement grâce à la pression hydrostatique qu’il exerce à l’avant. Cette confusion a pour résultat une désinformation du public, qui croit aux effets nuisibles des crevettiers pour les fonds marins et l’habitat, qui n’existent pas en réalité.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

59

1.4.1 Impact sur l’écosystème Le chalut à crevettes, comparativement léger, est remorqué sur les fonds marins à une vitesse d’environ 3 nœuds. Certains navires dotés de nouveaux types de filets plus légers et plus fins peuvent pêcher à des vitesses de 5 à 6 nœuds (Stührk pers. Com. 2010, Andersen pers. Com 2011). Aucune étude récente n’est disponible sur l’impact des chaluts à crevettes sur les fonds marins et l’environnement. Toutefois, des études intensives ont été effectuées dans le cadre du programme de recherche sur l’écosystème dans les années 1980 en Allemagne (Berghahn et Vorberg 1993). Elles montrent clairement, au moyen de vidéos, les sauts et le roulement du filet à crevettes, qui ne touche que partiellement le fond (Vorberg 1997). Ce n’est évidemment pas le cas avec les «patins» en métal. Ils sont lourds et, avec le poids de la perche en métal, ils maintiennent l’ensemble du filet sur le fond pendant la pêche. Leur largeur est d’environ 20 à 40 cm et pourrait laisser une trace temporaire sur les fonds marins plus meubles comme les sables boueux. Les courants marins jusqu’à 3 nœuds effaceront toutefois la plupart du temps ces traces assez rapidement. C’est particulièrement le cas dans les canaux et les criques de la mer des Wadden, touchés par de forts courants de marée environ quatre fois par jour. En outre, les tempêtes remuent l’ensemble des fonds marins et conduisent à d’énormes transferts de sable, altérant parfois toute la topographie de plusieurs mètres, déplaçant ainsi les criques. Seuls les rouleaux extérieurs du filet ne roulent pas totalement en parallèle avec la direction de tractage (fig. 1-38), ce qui a pour résultat un arrachage des sédiments sur les deux parties extérieures de la trace du filet, remuant les organismes et certains sédiments de fond. À cet égard, le chalutage à la crevette doit être considéré comme ayant des effets minimes et temporaires sur les fonds marins.

1.4.2 Prises accessoires et rejets des espèces non visées

Constatations principales

Prises, prises accessoires et rejets Les données relatives aux prises des flottes en fonction du temps et du lieu sont

très limitées. Les prises, prises accessoires et rejets varient très fortement en fonction de la zone,

de la saison, du moment et d’autres facteurs. L’échantillonnage de la pêche à la crevette grise tel qu’effectué actuellement au titre

du CCD de l’UE ne suffit pas au vu de la forte variabilité des prises, prises accessoires et rejets des flottes, ainsi que des types de navires, dans la mesure où seulement 0,01 % des opérations de pêche sont analysées (67 opérations CCD (2010) pour environ 500 000 opérations de pêche à la crevette grise dans l’UE).

La crevette grise constitue de 50 à 80 % des prises totales. Trente pour cent des crevettes sont commercialisables annuellement. Quarante à cinquante pour cent des crevettes sont rejetées vivantes, le taux de

survie étant en moyenne de 80 %. Environ 10 %, petites et non commercialisables, sont rejetées cuites en mer et

pourraient être ramenées à terre pour nourrir les animaux.

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

60

On constate les taux de prises accessoires les plus faibles lors de la saison haute, c’est à dire de septembre à octobre.

Aucune donnée sur les prises accessoires n’est disponible pour la pêche hivernale. Le volume élevé de rejets de plies n’a pas empêché les stocks de plies de se

développer pour atteindre leur niveau le plus élevé (calcul de l’ICES).

Il est possible de réduire les prises accessoires des manières suivantes: - en utilisant des mailles carrées, ce qui réduit les prises accessoires de petits

poissons ronds (gobies, gadidés, éperlans,...) et peut aider à réduire le nombre de petites soles prises dans les filets à mailles losanges,

- en utilisant des filets tamiseurs la plupart du temps (moins d’exemptions ou aucune),

- en évitant les eaux peu profondes (0 à 3 m, p. ex.), - en réduisant l’effort de juin à août.

Les expressions «prises accessoires» et «rejets» sont souvent utilisées erronément. Il est donc important de rappeler que: - les «prises accessoires» renvoient à tout ce qui n’appartient pas aux espèces visées.

Elles peuvent être vendues et utilisées, mais aussi rejetées. Dans la présente étude, la crevette grise (Crangon crangon) est l’espèce visée, tandis que tous les poissons, les crabes, les détritus, etc. sont des «prises accessoires»;

- les «rejets» désignent tout ce qui est pris et rejeté, à savoir rendu à la mer; ils incluent les poissons, crabes, détritus et petites crevettes de l’espèce visée (Ehrich and Neudecker 1996, Ulleweit et al 2010).

Filets et processus de tamisage pour les prises accessoires Vu la petite taille de l’espèce visée, la pêche à la crevette doit s’effectuer avec des filets à petites mailles. Cela implique que tout ce qui est de la même taille ou plus grand que les crevettes sera également pris dans le filet. En conséquence, au tout début du développement de la pêche à la crevette, les prises accessoires étaient élevées et utilisées entièrement pour faire de la nourriture pour animaux ou de l’engrais pour l’agriculture (Neudecker et Damm, 2010). À ce moment, la mortalité était de 100 %, lorsque les pièges à poissons, les filets à l’étalage et les chaluts utilisés avaient des mailles d’environ 7 mm.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

61

Figure 1-38: schéma d’un filet tamiseur à la crevette

Source: vTI (Kurrbaum = perche, Schuh = patin, Rollengrundtau = rouleau, Trichternetz = filet tamiseur = filet

séparant intérieur supplémentaire, Steert = cul de chalut, Entkommensöffnung = trou de sortie) Ces dernières années, la situation a évolué, en raison des changements de législation et de la demande du public. La taille légale acceptée des mailles va de 16 à 32 mm. Les «filets tamiseurs» (fig. 1-38), ou les grilles de triage (placées dans le tunnel des filets à crevettes, mais rarement utilisées), sont obligatoires pour toutes les activités de pêche dans les eaux de l’UE (CEE n° 3440/84, CE n° 146/2007). Ils trient les animaux plus grands déjà au cours de la pêche. En conséquence, les poissons plats comme la plie, dont la taille débute à environ 8 à 12 cm, sont – au prorata de leur taille – tamisés et ne sont plus des prises accessoires (Wienbeck 1993, Neudecker et Damm 2010). Tous les animaux restants, qui sont encore pris et sont versés dans les trémies du navire, sont transférés dans des tamis rotatifs (ouvertures de 20 mm, Larsen pers. com 2011) mus par des grandes quantités d’eau de mer pour accroître les taux de survie. Le premier processus de tamisage et de tri à bord sépare les espèces visées (et les objets de même taille) de tout ce qui ne correspond pas aux trous prévus pour laisser passer les crevettes et exclure les autres matériaux et animaux plus grands. Cette fraction plus large (taille) peut contenir également de très grandes crevettes, puisqu’avec leurs pieds, elles ne sont pas aussi molles et minces que la plupart des poissons, qui glissent plus facilement à travers les trous. Dès lors, les pêcheurs sont parfois tentés de retenir cette fraction pour trier les grandes crevettes et les poissons utilisables avant de les rejeter. Les autres petits tamis intégrés (5,8 mm à 6,2 mm) laissent passer les très petites crevettes et les très petits poissons. Cette petite fraction (taille) est directement rejetée avec le flux d’eau. Ainsi, la fraction du centre contient la crevette visée – et peu de petits poissons ou crabes d’une taille similaire à la crevette – destinée à bouillir dans le cuiseur (Neudecker et al. 2006). Toutefois, il existe une exemption à l’utilisation obligatoire de filets tamiseurs du 1er mai au 30 septembre en raison de l’obstruction liée aux algues et aux détritus en été. Cette

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

62

période peut être étendue exceptionnellement pour un motif justifié. L’obstruction des panneaux de séparation permettrait pratiquement à toutes les prises du filet de s’échapper, ruinant ainsi les débarquements et l’économie des pêcheurs. Les pêcheurs néerlandais peuvent utiliser cette règle, ainsi que leurs collègues allemands. Dans les deux pays, les règles d’exemption sont en cours de négociation et sont sur le point d’être abandonnées par les pêcheurs pour des raisons MSC (Nooitgedagt pers com 2011). Aucune exemption n’est nécessaire au Danemark étant donné que l’ensemble de la mer des Wadden intérieure ne peut faire l’objet de pêche pour des raisons de protection de la nature. Les ONG affirment que les exemptions ont été excessivement utilisées et que les extensions ont été octroyées de manière trop libérale par les autorités, nuisant ainsi à l’écologie. Elles ne tiennent pas compte du fait que l’exemption, si elle est applicable pour tout l’été à l’ensemble de la flotte, ne peut pas toujours être utilisée par les pêcheurs. Le bénéfice de l’utilisation de filets standard sans panneaux de séparation pour accroître les prises est souvent annulé par le volume de travail supplémentaire dû aux prises. Dès lors, les pêcheurs – qui disposent de l’exemption générale – pêchent toujours la plupart du temps avec des filets tamiseurs au large de la chaîne des îles de la mer des Wadden. Aucune information scientifique n’est disponible sur l’utilisation temporaire ou régionale ou la non-utilisation de cette réglementation d’exemption. Un autre élément serait l’application de mailles carrées au cul des filets à crevettes: leur utilisation pourrait conduire à une réduction substantielle des prises accessoires de poissons ronds comme les gobies et les éperlans (Wienbeck 1992). Saisonnalité et volume des prises accessoires En Allemagne, les études sur les prises accessoires remontent à environ 80 ans. Elles ont été les plus importantes entre 1954 et 1990 lorsque la série chronologique, qui avait atteint 12 693 échantillons au total et comprenait jusqu’à 450 échantillons par an, s’est terminée en Allemagne. Les autres études sur les prises accessoires ont été brèves et confinées au niveau régional (Neudecker und Damm 2010). Les règlements (CE) n° 1639⁄2001 et 1581⁄2004 de l’UE ont établi le cadre de collecte des données (CCD), qui a commencé l’échantillonnage et l’observation de la pêche à la crevette en 2006 (tableau 1-3) pour toutes les flottes de pêche à la crevette (Stransky et al. 2008, Ulleweit et al. 2008). L’Allemagne a commencé dès 2006. Les Pays-Bas ont suivi en 2008. Les données relatives au Danemark sont disponibles à partir de 2010. Aucun schéma d’échantillonnage correct par région ou saison n’a été fixé initialement. Cette situation a quelque peu évolué. Toutefois, le nombre d’échantillons CCD est toujours extrêmement bas par rapport aux activités de pêche effectuées (ICES 2010, Ulleweit et al. 2010), que l’on peut estimer à 500 000 par an, et n’est aucunement adapté à l’importance relative des diverses zones de pêche (Tulp et al. 2010). Le présent schéma d’échantillonnage est donc discutable d’un point de vue scientifique.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

63

Tableau 8: nombre d’échantillons CCD par pays

DK DE NL

2006 n.d. 9 n.d.

2007 n.d. 11 n.d.

2008 n.d. 18 16

2009 n.d. 37 41

2010 32 20 15

Source: Egekvist, Kristensen et Ulleweit pers. com. 2011; ICES WGCRAN 2010, Tulp et al. 2010 Toutefois, les niveaux de prises accessoires et de rejets sont dans la lignée des études antérieures. Il y a 30 % d’«autres rejets» dans les études CCD allemandes (dont plus de 10 % de petits poissons) et 35 % de «crevettes trop petites». Sur l’ensemble des crevettes, 35 % étaient d’une taille commercialisable (Ulleweit et al. 2010). Les premières études néerlandaises pour la mer des Wadden occidentale mentionnaient 40 à 50 % de crevettes trop petites, 5 à 12 % de petits poissons, le reste étant des crevettes commerciales et d’autres éléments. Il a été souligné que la période de prises accessoires plus élevées au printemps n’avait pas été échantillonnée, de même que les régions hors de la mer des Wadden où a lieu une très grande partie de l’activité de pêche (ICES 2010, voir aussi données VMS au chapitre 1.1.3). Un projet européen intitulé «RESCUE» (van Marlen et al. 1998) a échantillonné toutes les flottes de pêche à la crevette dans une certaine limite entre 1996 et 1998, mais l’étude était partiellement biaisée (p. ex. la mer des Wadden néerlandaise n’a pas été étudiée). Malgré ce biais méthodologique, c’est l’étude la plus récente et assez intensive visant à recenser les prises accessoires saisonnières dans la pêche à la crevette. Une évaluation plus récente des taux de rejet de plies juvéniles figure dans la «Study for the Revision of the plaice box» de Beare et al. (2010). ICES (2011) fournit des informations complémentaires soulignant le niveau actuel très élevé de plies, ce qui augmente la biomasse du stock. Il faut considérer cela comme une indication que les rejets de plies liés à la pêche à la crevette ne sont pas un obstacle au développement de stocks de plies excellents. Il serait utile de répéter ce projet et de renforcer l’échantillonnage CCD étant donné que des données plus détaillées sont nécessaires par région et par saison. La Commission européenne n’a pas répondu favorablement à une demande d’étude européenne à jour sur les effets des améliorations techniques dans la pêche à la crevette (ASTEC) (Revill pers. com. 2000). Dès lors, l’ancienne étude allemande sur les prises accessoires semble rester la meilleure information disponible sur les prises accessoires, surtout en ce qui concerne la saisonnalité (Tiews 1990, Tiews and Wienbeck 1990, Neudecker et al. 1999). Les figures 1-39 et 1-40 indiquent les prises accessoires brutes par semaine dans deux zones différentes, l’une dans la région frisonne orientale (fig. 1-39), l’autre dans la région de Schleswig-Holstein (fig. 1-40). L’utilisation de filets tamiseurs n’était pas la norme à ce moment. Aussi, le volume actuel de prises accessoires de la pêche à la crevette devrait être nettement plus faible. La présence et l’abondance des espèces peuvent également avoir évolué au fil du temps dans la mesure où la variabilité est très élevée en fonction des régions, de la saison et de l’année, d’après la nouvelle analyse des anciennes données (Neudecker et al. 1999). Les espèces faisant l’objet de prises accessoires mentionnées par Tiews (1990) sont

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pratiquement les mêmes que les espèces mentionnées dans les études DFS néerlandaise et allemande. Ces études sont effectuées depuis 1969 et 1974 respectivement pour donner des indications de la force par année des espèces de poissons commerciales. Les espèces non commerciales prises par le filet d’étude, similaire au filet utilisé pour la pêche à la crevette commerciale, sauf en ce qui concerne la largeur de la perche, sont également mentionnées. Le Danemark n’a pas participé aux études en mer des Wadden sur l’abondance et la répartition des jeunes poissons et des crustacés, sauf pour une campagne en septembre 2008, qui a fourni des données pour 8 activités de pêche (Kristensen 2009). Figure 1-39: saisonnalité du pourcentage (%) de prises accessoires dans la pê-

che à la crevette entre 1954 et 1993 dans la région de Büsum, Schleswig-Holstein, par semaine (Woche).

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10

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0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55

Woche

Bei

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ante

il [%

]

Gesamt

Innerhalb

Außerhalb

Symboles représentant l’échantillonnage régional à l’intérieur de la chaîne des îles de la

mer des Wadden (■), en dehors de celle-ci (◊) et au total (∆)

Source: Neudecker et al. (1999)

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

65

Figure 1-40: saisonnalité du pourcentage de prises accessoires dans la pêche à

la crevette entre 1954 et 1993 dans la région de Norddeich, en Basse-Saxe, par semaine (Woche).

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0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55

Woche

Bei

fang

ante

il [%

]

Gesamt

Landseite

Seeseite

Symboles représentant l’échantillonnage régional à l’intérieur de la chaîne des îles de la

mer des Wadden (▲), en dehors de celle-ci (□) et au total (◊)

Source: Neudecker et al. (1999)

1.4.3 Volume et saisonnalité des rejets de crevettes

Constatations principales

Les niveaux de rejet de crevettes brunes peuvent être réduits de différentes manières: la taille des mailles doit être ajustée à la taille commerciale de la crevette grise, à

savoir bien plus grande que les 16 mm légalement acceptables, si possible de 22 à 24 mm;

les mailles losanges traditionnelles doivent être remplacées par des mailles carrées dans le cul du chalut;

la survie des rejets peut être améliorée. Un filet à crevettes à petites mailles retient inévitablement une quantité élevée de petites crevettes. Neudecker et al. (2006) ont essayé de quantifié le tonnage à différents stades des processus de pêche et de tri. Les résultats de leur évaluation pour 2005 sont présentés au tableau 9.

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Tableau 9: total des prises européennes de crevettes brunes en 2005 et desti-

nation de celles-ci

Catégorie Tonnes Part du total

Rejets vivants 123 000 68

Cuites 58 700 32

Rejets cuits 17 600 10

Débarquées 41 100 23

Broyées 3 100 2

Consommation 38 000 21

Total des prises

182000 100

Source: Neudecker et al. (2006) Sur le total calculé des prises européennes de 182 000 tonnes (poids vivant) en 2005, environ 123 000 t (68 %) sont rejetées vivantes grâce au premier processus de tamisage. Parmi elles, 87 à 99 % peuvent survivre d’après Lancaster et Frid (2002), ce qui signifie donc que 1 à 9 % des prises originales ne survivent pas au premier processus de triage. En conséquence, 32 % des prises sont cuites. On suppose dès lors que 59 à 67 % des prises totales ont survécu au processus de pêche dans les conditions de 2005. Le second processus de tamisage après cuisson touchait 17 600 tonnes, à savoir 10 % de la prise originale, rejetées en mer. Un tamisage final au port par les entreprises de destination et de transformation a pour résultat des pertes supplémentaires de petites crevettes de 3 100 tonnes, équivalant à 2 % des prises originales, non commercialisables pour la consommation humaine. Celles-ci sont utilisées comme «crevettes broyées» dans des aliments pour animaux et ne peuvent être qualifiée de «rejets». Les calculs ne tiennent pas compte des informations détaillées sur la taille des mailles et des tamis et se basent sur très peu d’échantillons pour la proportion de rejets cuits, difficile à évaluer à bord des navires. Des analyses plus approfondies sont nécessaires à cet égard, éventuellement au titre du CCD. Conformément au cycle de vie de la crevette grise, les crevettes de la nouvelle classe d’âge, qui ont grandi principalement dans les eaux peu profondes de la mer des Wadden, sont pêchée en été en tant que jeunes crevettes (d’environ six mois). En conséquence, le volume de petites crevettes dans les prises est très élevé à ce moment, ce qui, malgré toutes les opérations de tamisage en mer, se reflète également dans la proportion des «crevettes broyées» au port. Cette partie des débarquements est enregistrée séparément dans les statistiques en dehors de la consommation humaine. D’après les données allemandes, la moyenne annuelle est d’environ 7 %, avec un maximum de 9 % d’août à octobre (Neudecker 2001). On peut supposer que les données du Danemark et des Pays-Bas sont similaires étant donné qu’un tamisage semblable est supposé avoir lieu dans les stations de tamisage. La «crevette industrielle» est une spécialité allemande et ne se trouve qu’à un port et que dans une entreprise aujourd’hui (B&C, en préparation). Ces crevettes sont utilisées comme alimentation pour animaux et peuvent uniquement être pêchées à partir du 1er juillet. Cette catégorie revêt une importance mineure et ne sera plus traitée dans cette étude (fig. 1-41).

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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Figure 1-41: part des crevettes «broyées» et «industrielles» par rapport à la «crevette de consommation» dans les débarquements mensuels allemands en 2009

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5

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20

25

30

35

40

Jan Feb March Apr May June July Aug Sep Oct Nov Dec

Landings in

 percent of consumption 

shrimp

Crushed shrimp Industrial shrimp

Source: vTI

Comme ces données sur les «crevettes broyées» sont des valeurs mensuelles moyennes, il convient de penser que des valeurs bien supérieures s’appliquent pour les débarquements uniques de cotres à certains moments et dans certaines régions en raison du cycle saisonnier et de la tendance de certains pêcheurs à essayer – dans les limites de la légalité – d’augmenter leurs prises en utilisant des filets à petites mailles et des tamis étroits à bord de leurs navires (voir chapitre 1.5.2).

1.5 Gestion de la pêche à la crevette grise

Constatations principales

- Dans le cadre du processus de certification MSC, des plans de gestion ont été développés dans les 3 États membres. Ils ne sont pas encore terminés et sont toujours susceptibles d’évoluer. - La recherche technologique dans les filets est nécessaire pour optimaliser la taille des mailles losanges, la taille des mailles carrées et les filets. - Une recherche technologique est nécessaire pour réduire la consommation de carburant des navires en appliquant de nouvelles conceptions de patins de chaluts à perche (roues) et en dotant les filets traditionnels à rouleaux de rouleaux parallèles. - Une recherche biologique est nécessaire pour améliorer la base de données temporelles, régionales et dépendantes de l’espèce sur les prises accessoires et les rejets, soit en intensifiant le CCD, soit par un programme spécial.

La pêche à la crevette grise est l’une des pêches les moins réglementées au sein de l’UE. Il n’y a pas de limitations des débarquements, pas de quotas, pas de limitations de taille des crevettes, pas de limitations de l’effort de pêche ni de la taille des navires et le marché se développe librement.

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

68

Toutefois, des réglementations existent en raison de la limitation des licences, qui doivent obéir à des conditions figurant sur la «liste des chaluts à perche» (règlements n° 850/98 et 1922/1999 de l’UE), à des conditions liées à la catégorie des longueurs agrégées des perches (24 m maximum), à la catégorie de taille des mailles (16 – 32 mm) et à la restriction de l’accès aux zones utilisées par les plates-formes pétrolières, les oléoducs, les routes maritimes, les éoliennes, etc. La dégradation des zones de pêche peut également se produire en raison de l’approfondissement des rivières et des dépôts sédimentaires avec un envasement répandu des zones adjacentes (Steinmacher pers. com. 2011). Dans ces cadres, les pêcheurs peuvent uniquement réglementer et gérer leur propre équipement et leurs propres activités en vue d’optimaliser l’utilisation des stocks de crevettes existants. Il n’y a pas de restrictions de prises maximales applicables à la crevette grise de la mer du Nord, ce qui signifie qu’il n’existe aucun programme européen de contingents. Toutefois, il y a différentes autres mesures de gestion. La plupart de ces mesures sont des règlements européens, mais les États membres eux-mêmes sont responsables de la politique de pêche dans les eaux côtières. Le législateur européen a fixé une taille commerciale minimale pour la commercialisation des crevettes après débarquement. Pour les crevettes, la largeur de la carapace doit être d’au moins 6,8 mm pour les crevettes de taille 1 et d’au moins 6,5 mm pour les crevettes de taille 2 (règlement n°104/1996 du Conseil).

1.5.1 Danemark Situation actuelle: bonnes pratiques, problèmes et obstacles Les pêcheurs de crevettes danois ont fixé des règles de contrôle de la pêche. Des limites de débarquement des crevettes ont été fixées pour des quantités variant (parfois seulement 2 ou 3 t par semaine) en fonction des situations du marché pendant 10 ans. La dernière limite était de 6 t par navire par semaine. Toutefois, une pêche libre était la règle en Allemagne et aux Pays-Bas en 2010 et comme les prix ont considérablement baissé, les pêcheurs danois ont également décidé de supprimer leur limite pour concurrencer les autres flottes via une hausse du volume des débarquements. Les débarquements moyens des navires danois en 2010 étaient de 105 tonnes par navire, allant de 68 tonnes annuelles (2000) à 157 tonnes (2006). La valeur maximale par navire était de 161 t. Les filets utilisés avaient initialement une taille de mailles étirées de 26 mm qui sera réduite, dans quelques semaines à 20 à 22 mm, réduisant ainsi la prise de crevettes et poissons plus petits (Larsen pers. com. 2010). Les culs de chaluts avec des ouvertures de maille légales de 16 mm ne sont pas utilisés au Danemark. Les filets tamiseurs sont obligatoires et la pêche dans la mer des Wadden est interdite. Le tamisage à bord prévoira un écart de 5,8 mm à 6,5 mm entre les barreaux, en fonction du type de tamis rotatif et du flux d’eau nécessaires pour une bonne qualité des crevettes débarquées. Les crevettes, autrefois placées dans des boîtes et stockées dans des

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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chambres froides, seront placées dans des sacs de 23 kg chacun pour un meilleur refroidissement sur glace, évitant ainsi le risque de contamination. Les pêcheurs danois sont convaincus que leur futur succès économique dépendra d’une certification MSC fructueuse. Ce processus de certification a été lancé avec les Pays-Bas et l’Allemagne, mais a ensuite été divisé en raison des différentes approches, et le Danemark disposera de son propre processus de certification MSC. Des problèmes ont surgi en raison du fait que les zones de crevettes danoises ne sont pas exclusivement utilisées par les crevettiers danois. L’accès aux eaux danoises est accordé aux navires étrangers en raison d’anciens accords au sein de la PCP. Les navires allemands peuvent pêcher dans la zone située au-delà des 6 mn par rapport à la ligne de base de la côte danoise, tandis que les navires néerlandais ont accès uniquement à la zone située en dehors des 12 mn danois (UE (Com) 2371/2002 ANNEXE I). Les pêcheurs danois espèrent un respect mutuel des flottes, qui devraient s’en tenir aux règles MSC nationales respectives en dépit des différentes réglementations juridiques. L’OP danoise n’est qu’un instrument politique et n’interfère pas dans le commerce, qui appartient uniquement au pêcheur unique qui vend ses prises librement aux entreprises de commerce et de transformation. Mesures de la limitation des prises Pour les pêcheurs danois, la meilleure réglementation possible est un système basé sur les résultats, ce qui signifie que les pêcheurs ne peuvent vendre leurs crevettes si leurs prises ne respectent pas les normes fixées par leur OP. Une de ces normes est la proportion de crevettes trop petites dans les prises débarquées, qui ne devrait pas excéder 15 % au début du processus et pourrait conduire, avec le temps et l’expérience, à des valeurs plus faibles. Extension des règles Comme les crevettiers danois sont convenus d’avoir une OP regroupant plus de 65 % des navires et/ou des débarquements, les règles établies par l’OP sont également contraignantes pour le reste de la flotte de pêche à la crevette conformément aux réglementations danoises et européennes. Ces règles ne s’appliquent pas aux navires étrangers qui pêchent dans les eaux danoises. Cela pourrait provoquer des problèmes et des tensions entre les flottes.

1.5.2 Allemagne Situation actuelle: bonnes pratiques, problèmes et obstacles Dans le contexte de la présente étude, il est important de souligner que les OP régionales ne sont pas confinées à un port et peuvent avoir des membres de différents ports. Mais tous les pêcheurs ne sont pas associés aux OP. En 1997, une coopération internationale a été lancée, semblable à une OP trilatérale mais sans statut juridique. Cette coopération combinait les intérêts des OP danoises, allemandes et néerlandaises, qui essayaient de gérer la pêche à la crevette par delà les frontières. Toutefois, le succès a été très limité à la suite de l’intervention de la NMa (voir

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

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2.3.7). Cependant, l’«Europäische Vereinigung der Krabbenfischer-Erzeugerorganisationen e.V.» (Association européenne des OP de pêcheurs de crevettes) a été fondée en 2005 et les OP allemandes l’ont rejointe. De nombreux avis et intérêts opposés ont été à la source de conflits constants entre les pêcheurs allemands de crevettes au sein et en dehors des OP, provoquant des changements de composition et de présidents. Enfin, certaines OP se sont effondrées en 2010. À la fin 2010, les OP du Schleswig-Holstein se sont partiellement réorganisées et une organisation a été constituée «Sparte See- und Krabbenfischerei der Nordsee», conçue pour agir comme branche politique pour les crevettiers locaux au sein du «Landesfischereiverband Schleswig-Holstein» (organisation de pêche de l’État fédéral de Schleswig-Holstein). Ce faisant, la plupart des anciennes structures ont été remises en place et de nouvelles structures ont été créées en Schleswig-Holstein, comparables à celles existant en Basse-Saxe. L’OP la plus stable en Allemagne, avec le nombre le plus élevé de membres est l’«Erzeugergemeinschaft der Küstenfischer im Weser-Ems-Gebiet e.V.» (OP Weser-Ems) en Basse-Saxe. La deuxième OP la plus importante de Basse-Saxe, «Erzeugergemeinschaft Elbe-Weser e.V.», couvrant traditionnellement la région entre l’Elbe et le Weser, a perdu ses membres en 2010 au profit de l’OP Weser-Ems et des OP situées en Schleswig-Holstein, l’État fédéral voisin. Les principales raisons de ces difficultés ont été les conditions de marché difficiles, avec des bas prix dus à des débarquements exceptionnellement élevés. Les OP n’ont pas été en mesure de stabiliser le marché et ont uniquement joué un rôle administratif pour obtenir des compensations et des aides financières. Les options de gestion développées par les OP étaient également problématiques puisque des pêcheurs non organisés, parfois même membres d’OP, ont miné les accords conclus par les OP sur la taille des mailles des filets, la taille des tamis à bord, la limitation des débarquements journaliers et les limitations hebdomadaires de l’effort (pas de pêche le week-end), visant à réduire les débarquements afin de stabiliser les prix. Les limitations auto-imposées de l’effort et des débarquements hebdomadaires n’ont pas eu pour résultat une stabilisation des prix, mais pourraient avoir contribué, avec d’autres, au faible niveau de production annuelle par navire (53 tonnes par an entre 2000 et 2009). Cette valeur est la moitié de la production des navires danois de pêche à la crevette et de 30 % inférieure aux performances néerlandaises pour la même période. Analyse des options de gestion Comme le nombre de licences et la puissance motrice sont limités, les mesures de gestion peuvent uniquement se concentrer sur les équipements supplémentaires, les filets de pêche, l’effort et le volume des débarquements. Ici, les intérêts individuels peuvent être contraires aux intérêts communs, en particulier la nécessité d’optimiser l’efficacité et d’accroître les débarquements pour améliorer la rentabilité individuelle, tandis que l’intérêt commun est d’améliorer la situation des prix de la crevette en maintenant un faible volume de débarquements dans une situation de stocks de crevettes suffisants ou élevés.

Équipements supplémentaires Il pourrait être dans l’intérêt des pêcheurs d’accroître la puissance du navire, ce qui pourrait être possible en ayant - illégalement - une puissance motrice active supérieure à

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

71

celle mentionnée. Un grand nombre de navires allemands sont toutefois anciens et n’ont pas la puissance motrice maximale autorisée. Une autre méthode serait d’avoir des agrégats supplémentaires à bord pour approvisionner - en parallèle à la pêche ou à la stérilisation à pleine puissance motrice - les machines qui consomment de l’énergie pour procéder à la pêche. Des appareils électriques supplémentaires sont la norme sur les navires de pêche modernes et bien équipés. Les équipements de navigation et les échosondeurs modernes avec de nouvelles spécifications pourraient augmenter la capacité à mieux atteindre et situer les zones de crevettes et donc accroître l’efficacité de la pêche.

Filet de pêche Il y a plusieurs possibilités pour modifier le filet de pêche utilisé. La coupe, le design et le type de fil utilisé pour le filet influencent les résultats de la pêche. Le poids des perches, des patins et des rouleaux maintient le filet sur le sol au cours du processus de pêche. Cela nécessite plus de puissance motrice et consomme davantage de carburant. Même si les largeurs agrégées des perches sont limitées à 24 m par navire, la plupart des bateaux ont des perches de seulement 8 à 9 m à leurs flancs, adaptées à leur puissance motrice et à des performances de pêche et une consommation de carburant optimales. En ce qui concerne les filets, aucune étude n’est disponible indiquant les différences de spécifications des types de filets. La recherche technologique dans les filets pourrait essayer de trouver un large éventail de solutions possibles. La taille des mailles, surtout au cul du chalut, revêt un intérêt pour les organes de contrôle de l’UE étant donné que la taille légale des mailles étirées est fixée entre 16 et 32 mm. Les mesures de contrôle effectuées entre 2008 et 2010 par les autorités de contrôle allemandes sont mentionnées à la figure 1-42. Elles indiquent que toutes les mailles respectaient le cadre juridique, avec un maximum de 20 mm. Figure 1-42: taille des mailles étirées au cul du chalut à crevettes sur la base

des mesures sur des navires de différentes nations (n= 382) entre 2008 et 2010

0

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60

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16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32

Cod end mesh size [mm] of shrimp nets

Fre

qu

enzy

Source: LLUR, département de la pêche, Kiel, Allemagne

Les filets modernes ont un fil bien plus fin que les anciens, ce qui permet d’améliorer le flux d’eau et la capturabilité, tout en réduisant la résistance de remorquage et la consommation de carburant.

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

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Des analyses supplémentaires semblent nécessaires pour améliorer la connaissance des effets de la taille et du type de mailles (p. ex. maille standard contre maille carrée) sur la sélectivité des crevettes afin de réduire les rejets de petites crevettes et d’optimiser les prises de crevettes. Les anciennes études préliminaires indiquent une réduction des rejets des crevettes non commercialisables de 42 % (Rauck et Wienbeck 1992, Wienbeck et Rauck 1992). Le chalut à perche semble être le filet le plus approprié et est le type de filet établi dans la pêche à la crevette, même si d’autres chaluts peuvent également être utilisés. D’autres filets comme les filets à l’étalage, les filets poussés et les pièges revêtent uniquement un intérêt historique et partiel.

Effort L’effort de pêche est un moyen de réguler la pêche. Il peut être illimité dans le cadre des restrictions générales d’une zone (trafic, plates-formes pétrolières, etc.) ou confiné au niveau régional ou temporel. Les OP ont introduit des limitations de l’effort à différentes périodes de la semaine, demandant aux navires de ne pas quitter le port avant un certain temps et de revenir respectivement à un moment fixé. Ce faisant, un certain rythme dans l’ensemble du système a également été développé, les prises étant débarquées dans les ports les jours de semaine à un moment fixé, normalement le vendredi, en vertu des accords avec les entreprises acheteuses. La modernisation des navires entraîne une hausse de l’efficacité de la pêche et de l’effort de pêche. En conséquence, les ONG (Fischer 2009) suggèrent de réduire globalement la flotte car on estime qu’il y a des surcapacités. Cela semble être le cas actuellement étant donné qu’on remarque trop de débarquements, ce qui a pour conséquence des prix minimaux, voire des interventions (au Danemark). Même les pêcheurs acceptent des surcapacités dans leur activité de pêche (Conradi 2010). Mesures de la limitation des prises Une autre option de gestion est la limitation des débarquements. En cas de faibles niveaux de stocks de crevettes, les pêcheurs pêcheront tant qu’ils le peuvent pour utiliser leurs heures de pêche afin d’arriver aux prises maximales (et aux revenus maximaux) dans le laps de temps limité. En cas de forte abondance de crevettes, ils peuvent atteindre leur volume de prises dans un délai bien plus bref et c’est à eux de décider, en fonction de la chance qu’ils ont, de pêcher la quantité maximale autorisée en un ou deux voyages. Toutefois, leur problème est que les non-membres d’OP ne respectent pas les règles que s’imposent les OP en matière de limitations des prises. Ces pêcheurs font une bonne affaire en ne s’adaptant pas aux règles des OP: ils peuvent pêcher plus longtemps et débarquer des volumes plus importants de crevettes, obtenant ainsi des revenus plus élevés. En outre, ils profitent des prix potentiellement plus élevés liés aux débarquements limités des membres d’OP ou ils créent des baisses de prix supplémentaires en raison de leurs débarquements excessifs. Les débarquements surnuméraires ont même conduit à des interventions et au retrait de la crevette du marché. Cette situation crée des tensions entre les membres et les non-membres d’OP, ce qui peut même déboucher sur des conflits graves et en d’autres actions (Ostfriesen-Zeitung 21.09.2010 et Fischerblatt 10/2010).

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

73

1.5.3 Pays-Bas Il n’y a pas d’estimation des stocks pour la crevette néerlandaise. L’UE ne fixe aucun TAC, ce qui signifie que les pêcheurs de crevettes n’ont pas de quotas restrictifs à leurs prises. Aux Pays-Bas, les chercheurs dans le domaine de la pêche n’ont jamais exprimé d’inquiétude quant à la taille des stocks de l’effort de pêche. Les pêcheurs ont besoin d’une licence pour pouvoir pêcher la crevette, et actuellement 225 licences sont utilisées. Parmi elles, quelque 60 navires ne pêchent que la crevette, tandis que d’autres pêcheurs procèdent également à une autre pêche (en particulier à la plie et à la sole). Le type de licence, GK (pêche à la crevette dans les eaux côtières) ou GV (pêche à la crevette en zone de pêche), détermine où vous pouvez pêcher (mer des Wadden/mer du Nord ou eaux bordant la Zélande). Pour octroyer une licence, le gouvernement vérifie que le cotre à crevettes dispose des équipements adéquats de tri des prises à bord. La flotte néerlandaise de pêche à la crevette grise peut être divisée en trois segments:

- les plus petits bateaux pêchant principalement près de la côte et dans les zones de la mer des Wadden;

- les bateaux plus grands pêchant principalement dans les eaux étrangères de l’Allemagne et du Danemark;

- les grands bateaux qui sont normalement actifs dans la pêche aux poissons mais qui exercent la pêche à la crevette en raison de la faiblesse du prix des poissons plats, p. ex., ou de l’épuisement des quotas.

Toutefois, ces derniers peuvent avoir le problème potentiel d’une puissance motrice trop importante, qui leur interdit de pêcher dans la zone de pêche où la pêche à la crevette a lieu habituellement. D’autre part, ils sont autorisés à pêcher la crevette grise étant donné qu’il n’y a pas d’autres restrictions de type contingent. Avec leurs débarquements de crevettes en plus des débarquements par les pêcheurs traditionnels de crevettes, ces pêcheurs mettent la pression sur les prix des crevettes et créent des tensions avec les pêcheurs de crevettes et leurs OP. Comme certains pêcheurs allemands ont vendu leur cotre à des entreprises néerlandaises, il n’y a plus de distinction claire entre les navires néerlandais et allemands. Même s’ils ont une licence allemande, le capital et l’équipage sont néerlandais et ils se comportent comme des navires néerlandais. En conséquence, les signaux VMS des bateaux allemands peuvent exceptionnellement apparaître très loin de la zone normale des crevettiers allemands au large de la côte néerlandaise. Situation actuelle: bonnes pratiques, problèmes et obstacles Comme déjà mentionné au chapitre 1.1.2 sur les débarquements et l’effort, la flotte néerlandaise est active pratiquement toute l’année. Avec leurs nombreux cotres modernes et rigides, les pêcheurs néerlandais pêchent même dans des conditions climatiques difficiles, aux alentours de 7 bf au large des côtes danoises et allemandes, en fonction de la saisonnalité de la répartition des crevettes. Ces voyages de longue distance ont pour conséquence des schémas de pêche légèrement différents. Les navires néerlandais pêchent environ 9 jours avec un week-end, avec des arrêts pour débarquer, afin de faire une pause plus longue un week-end sur deux, en fonction également des conditions climatiques. Ce faisant, ils réduisent leurs jours et heures en mer conformément aux règles de leur OP. Leurs navires restent dans des ports étrangers pendant ce temps pour éviter de longs voyages de stérilisation pour rentrer chez eux. De cette manière, ils restent loin de leur port d’origine pendant de longues périodes, parfois des saisons entières.

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

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Certains des navires néerlandais sont dotés de nouvelles inventions pour réduire la consommation de carburant, grâce à des perches plus hydrodynamiques (fig. 1-43). Figure 1-43: nouvelles perches hydrodynamiques à bord d’un cotre néerlandais

sur l’île d’Heligoland (janvier 2011)

Photo: vTI (© Neudecker)

En 2009, le gouvernement néerlandais a lancé un projet intitulé «pêche à la crevette durable» avec l’ambition de réunir les pêcheurs et les représentants des organisations Natura 2000. Au deuxième semestre de 2010, de nombreux progrès ont été réalisés et les parties devraient arriver à un accord au cours des premiers mois de 2011: certaines zones Natura 2000 seront fermées pour tous les types de pêche et d’autres seront fermées aux navires pratiquant la pêche ayant un impact sur les fonds marins. Un programme de recherche a été lancé pour mieux connaître l’impact de la pêche. Plan de gestion de la pêche à la crevette grise L’ensemble du secteur de la crevette travaille à l’obtention d’un certificat MSC. Le certificat MSC signifie que la pêche:

- est effectuée sur des stocks sains, - a un impact minimal sur l’écosystème, - est effectuée dans le cadre d’un bon plan de gestion.

La Coöperatieve Visserij Organisation (CVO) a créé un plan de gestion pour la pêche à la crevette grise de la mer du Nord pour la période 2009-2014, mais ce plan a été modifié plusieurs fois et n’est pas encore en vigueur.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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Les parties prenantes à ce plan sont, au-delà de la CVO (dont tous les OP sont membres), Productschap Vis, VEBEGA, le ministère de l’agriculture et de la pêche, la North Sea Foundation, la Waddensea Foundation et le WWF. Un fonds (Crangonfonds) a été établi pour financer les frais de fonctionnement de la mise en œuvre de ce plan de gestion, les inspections et les activités en appui de ce plan de gestion. Le plan de gestion (version du 3 février 2011) comporte en particulier les points suivants:

- interdiction le week-end et temps de pêche: o la pêche à la crevette dans les eaux néerlandaise et dans la zone d’Ems sera

interdite du vendredi à midi jusqu’au lundi à minuit, o la pêche à la crevette en dehors des eaux néerlandaises, à l’exception de la

zone d’Ems, sera uniquement autorisée pendant 9 jours par deux semaines;

- des règles de réduction des prises sont fixées (elles seront supervisées par la CVO grâce aux journaux de bord):

o toutes les quatre semaines, une PUE moyenne est calculée au moyen des données transmises par 5 bateaux danois, 30 allemands et 35 néerlandais sélectionnés au hasard,

o pour les semaines 1 à 24: si les PUE moyennes > 20 kg/h, il n’y a pas de risque pour le stock et

donc aucune restriction supplémentaire concernant les temps de pêche, si 15 < PUE < 20 kg/h, il n’y a aucun risque direct pour le stock de

crevettes, mais pour augmenter le stock, la pêche est limitée à maximum 72 heures par semaine (mesurée entre le départ du port et l’entrée au port),

si PUE < 15 kg/h, il y a un risque pour le stock de crevettes, le temps de pêche est limité à maximum 24 heures par semaine (mesuré entre le départ du port et l’entrée au port),

o pour les semaines 25 à 52: si les PUE moyennes > 30 kg/h, il n’y a pas de risque pour le stock et

donc aucune restriction supplémentaire concernant les temps de pêche, si 25 < PUE < 30 kg/h, il n’y a aucun risque direct pour le stock de

crevettes, mais pour augmenter le stock, la pêche est limitée à maximum 72 heures par semaine (mesurée entre le départ du port et l’entrée au port),

si PUE < 25 kg/h, il y a un risque pour le stock de crevettes, le temps de pêche est limité à maximum 24 heures par semaine (mesuré entre le départ du port et l’entrée au port),

- prises accessoires: o le pourcentage maximum de résidus de crevettes (tamisage) est de 15 %

par débarquement, o le tamis utilisé sur les sites de débarquement autorisés est du type standard

décrit dans la directive «Code 2006: 190/57.8.1» du comité consultatif sur la crevette, avec une largeur de tamis d’au moins 6,8 mm,

o la taille minimale des mailles d’un filet de crevettes est de 20 mm ou «22 mm avec le fil», maille étirée,

o les participants utiliseront le filet tamiseur avec une taille de maille de maximum 70 mm, conformément au règlement (CE) n° 254/2002 de l’UE et aux mesures techniques;

o une exception à l’utilisation du filet tamiseur peut uniquement être octroyée par la CVO lorsqu’une technique alternative est appliquée, dont l’autorité

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scientifique a déterminé qu’elle conduira au moins au même niveau de réduction des prises accessoires que le filet tamiseur;

o une exemption peut être accordée pour un maximum de deux semaines; la période totale des exemptions sur un an ne peut excéder huit semaines dans la première année du plan de gestion en vigueur;

o la règle d’exemption pour l’utilisation du filet tamiseur sera progressivement supprimée dans une période de trois ans après l’entrée en vigueur du plan de gestion; la période maximale de l’exemption chaque année sera la suivante:

année 1: 8 semaines, année 2: 4 semaines, année 3: 4 semaines,

À partir de la quatrième année du plan de gestion en vigueur, aucune exemption à l’utilisation d’un filet tamiseur ne sera octroyée;

o les participants devront trier leur prises avec une machine de rinçage/triage reconnue par la CVO; il est interdit d’adapter les machines de triage de manière à nuire à leur fonctionnement prévu (ni en adaptant la machine de triage ni en utilisant des matériaux supplémentaires);

- habitat et écosystème

o capacité des navires: les navires auront une puissance motrice maximale de 221 Kw (300 CV); la CVO a l’ambition d’installer un système de contrôle permanent, pour appuyer le respect de la puissance motrice maximale;

- inspection: o la CVO doit nommer des inspecteurs pour le contrôle nécessaire d’une

exécution efficace du plan de gestion; les coordonnées des inspecteurs seront disponibles sur le site Internet,

o les rapports d’inspection seront publiés in extenso sur le site Internet dans les deux semaines après leur réception par la CVO,

o les participants observeront tous le respect des accords dans le plan de gestion; ils accepteront également les inspections inhabituelles et/ou inopinées par les inspecteurs;

- gouvernance: le plan de gestion est régi par la CVO; avec la signature du plan de gestion, le participant autorise l’OP et la CVO à exécuter le plan de gestion en son nom;

- communication: le site Internet d’information libre d’accès www.crangon.nl fournit des informations générales sur le plan de gestion.

TAC en question La question des TAC est discutée par les pêcheurs et les OP. Selon certains d’entre eux, les principaux avantages et inconvénients sont les suivants:

- stabiliser les débarquements et les marchés, - stabiliser l’impact sur les stocks et l’environnement (approche de l’écosystème), - mettre fin aux élans conduisant à une tragédie des biens communs, - régler le «dilemme des pêcheurs» (le pêcheur n’est pas en mesure de prendre la

décision de pêcher moins et a besoin d’une régulation de la part de l’UE ou du gouvernement),

- stabiliser et garantir les activités de commercialisation et de transformation,

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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- accroître et rendre durable l’intérêt scientifique pour le stock de crevettes brunes et rendre les fonds de recherche plus facilement disponibles pour les études sur les stocks et l’impact des filets de pêche sur l’environnement,

- rendre plus facile le processus de certification MSC (règle de contrôle des prises), - donner plus de responsabilités aux OP.

Certaines parties prenantes, en particulier aux Pays-Bas, sont très favorables à un tel système. En outre, l’introduction des QIT renforcera la possibilité de vendre les anciens bateaux (et provoquera une réduction naturelle de la flotte) et d’améliorer les fonds de pension pour les propriétaires de bateaux. Les QIT donneront également plus de possibilités pour agrandir ou stabiliser la flotte. Il y a actuellement une flotte de 500 navires dans les trois pays pour une production de 30 à 35 000 t. Les QIT pourraient être de 60 t maximum par bateau. Pour une petite entreprise familiale, ce quota individuel sera suffisant. Toutefois, pour les bateaux qui pêchent actuellement 250 tonnes par an, il serait insuffisant et ces bateaux devraient acheter 3 QIT supplémentaires de 60 t chacun pour assurer leur rentabilité. Le prix du quota sera décidé par le marché et ce système entraînera le démantèlement des navires petits et anciens dont les QIT seront achetés par les propriétaires de grands bateaux. Les parties prenantes opposées au principe de TAC affirment:

- qu’il limitera la liberté du marché et rendra l’accès au marché pour les nouveaux entrants plus difficile,

- qu’il augmentera les procédures administratives et les coûts liés au contrôle, - qu’il y aura un problème de partage des quotas: qui obtiendra quoi? Quelle

période référence utiliser?, - qu’avec l’introduction des QIT, il pourrait y avoir un risque de concentration des

points de débarquement et un impact négatif potentiel sur le tourisme (l’Allemagne est extrêmement inquiète à ce sujet).

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La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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2. Description des marchés de la crevette grise de la mer du Nord

Constatations principales

Deux entreprises néerlandaises (HEIPLOEG et KLAAS PUUL) contrôlent 80 % du marché de l’UE.

La Belgique est le principal marché de consommation (plus de la moitié du total du marché de l’UE), suivie par les Pays-Bas et l’Allemagne.

Plus de 90 % du marché sont composés de crevettes épluchées.

Le principal marché pour les crevettes non épluchées est la France, suivie de la Belgique.

La crevette grise voyage pendant 14 jours pour être épluchée au Maroc. L’utilisation intensive de conservateurs (acide benzoïque, acide sorbique) garantit une conservation accrue.

Le commerce de la crevette grise semble être rentable pour les transformateurs. Le marché européen de la crevette grise de la mer du Nord a un volume estimé de 35 000 t (équivalent poids débarqué). Comme les navires sont capables de pêcher plus que ce volume, il y a une surcapacité, qui conduit à une baisse du prix de la première vente. Une fois pêchée par des bateaux spécialisés et cuite à bord, la crevette grise est débarquée et vendue aux premiers acheteurs qui les trient et les pèsent. Il y a différentes catégories en fonction de la largeur de la carapace. Les plus petites crevettes sont actuellement broyées et réduites en aliments pour poissons dans une installation de Cuxhaven. Les crevettes commercialisables sont vendues à des entreprises de vente en gros et de transformation. Une petite partie est vendue non épluchée aux poissonniers locaux et aux touristes ou exportée en France et en Belgique, et le reste est transporté au Maroc pour être épluché. Les crevettes épluchées sont ensuite renvoyées aux Pays-Bas, où les transformateurs les emballent et les livrent sur les marchés européens (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, France).

2.1 Danemark

Constatations principales

Le Danemark n’a pas de marché significatif et aucune entreprise de traitement des crevettes brunes.

Tous les pêcheurs danois à la crevette grise sont organisés dans une OP.

La production danoise est achetée par les grossistes néerlandais et transportée aux Pays-Bas.

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Au Danemark, il n’y a pas de marché intérieur de la crevette grise. Seules de petites quantités sont vendues à la gastronomie locale et aux touristes. La majorité des débarquements (environ 3 000 tonnes) sont exportés vers les Pays-Bas. Toutefois, certaines étapes de transformation ont lieu au Danemark. Il convient de remarquer que les pêcheurs danois à la crevette ne sortent pas pêcher lorsque le prix est trop bas. S’ils pensent que les recettes n’excéderont pas 1-5 000 DKK (1950 EUR) par voyage, les bateaux restent au port ou peuvent modifier leur filet pour attraper d’autres espèces (Larsen pers. com. 2010).

2.1.1 Rôle et organisation des organisations de producteurs Les 27 crevettiers danois sont tous membres d’une seule OP, la Danske Fiskeres Producent Organisation (DFPO), qui a obtenu une reconnaissance officielle d’organisation de producteurs en 1974. La DFPO est simplement une représentation politique des pêcheurs et n’a rien à voir avec le marché (Andersen, Pers. Com. 2010). En l’an 2000, le nombre de propriétaires de bateaux au sein de la DFPO était d’environ 2 100, ce qui correspond à environ 70 % de l’ensemble de la flotte danoise. Pour le secteur de la crevette grise, la part est de 100 %. Dans sa structure politique, la DFPO dispose d’un conseil des membres composé de 32 personnes et d’un conseil d’administration dirigé par un président. Le conseil d’administration compte 8 membres. Sa tâche la plus importante est de fixer le prix minimum auquel les prix indicatifs officiels CEE peuvent être modifiés de 10 % en fonction de la situation du marché à ce moment. Il fixe également la garantie versée en cas de retrait du marché, en tenant compte de la situation économique (www.dfpo.dk, 9.2.2011). En particulier pour le secteur de la crevette grise, la DFPO est un bon exemple de coopération au sein du secteur. Elle semble travailler de manière efficace et cohérente, avec une bonne capacité de résolution des problèmes. Peut-être la petite taille du secteur (27 bateaux) rend-elle plus facile de trouver un consensus.

2.1.2 Structure et concentration du secteur de la vente en gros et de la transformation

Comme le commerce de la crevette grise est pratiquement inexistant au Danemark, le secteur du gros est négligeable. Il n’y a pas de transformation de la crevette grise; seuls le pesage et le tamisage ont lieu au Danemark. Ces activités sont la plupart du temps effectuées par trois entreprises néerlandaises (HEIPLOEG, POSEIDON et KLAAS PUUL), qui ont ou ont eu des filiales à Havneby (KLAAS PUUL, POSEIDON). Récemment, HEIPLOEG a fermé son installation au Danemark afin de concentrer et d’optimiser sa production.

2.1.3 Évolution des ventes Il n’existe aucune entreprise danoise de commercialisation ou de transformation de la crevette grise.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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L’entreprise danoise ROYAL GREENLAND, le premier fournisseur mondial de crevettes nordiques (pandalus borealis), a récemment essayé d’étendre sa gamme de produits en ajoutant la crevette grise. Celle-ci était fournie par le grossiste néerlandais TELSON. Après avoir perdu un contrat avec un détaillant belge, ROYAL GREENLAND a mis fin à son expérience avec la crevette grise.

2.1.3.1 Marché intérieur Comme mentionné plus tôt, le marché danois de la crevette grise est négligeable et limité aux restaurants de bord de mer et aux touristes.

2.1.3.2 Exportations Les exportations danoises de crevettes brunes se composent de produits crus: les crevet-tes à peine débarquées, pesées et triées au Danemark sont ensuite transportées aux Pays-Bas par des grossistes néerlandais. Tableau 10: exportations danoises de crevettes brunes fraîches et congelées

Total

Principal partenaire

2005 2006 2007 2008 2009

Crevette grise fraîche

Total t 7 049,8 5 931,8 7 284,3 6 678,6 4 361,7

1 000 EUR

25 024 19 169 28 180 30 909 12 310

EUR/kg 3,55 3,23 3,87 4,63 2,82

Pays-Bas t 7 047,1 5 931,7 7 284,2 6 678,6 4 361,7

1 000 EUR

25 022 19 164 28 174 30 908 12 310

EUR/kg 3,55 3,23 3,87 4,63 2,82

Crevette grise congelée

Total t 3,9 48,1 0,1 3,0 43,2

1 000 EUR

29 120 2 23 261

EUR/kg - - - - 6,04

Pays-Bas t 41,4

1 000 EUR

            247

   EUR/kg             5,97

             

Source: Eurostat/Comext Les exportations danoises (p. ex. 4 362 t en 2009) peuvent être supérieures au niveau des débarquements danois (3 096 t en 2009) parce que des bateaux des Pays-Bas, d’Allemagne voire du Royaume-Uni et de Belgique débarquent dans les ports danois (1 709 t en 2009) en plus de la flotte danoise. Ainsi, toutes ces crevettes de bateaux étrangers sont exportées du territoire danois et viennent s’ajouter aux débarquements danois.

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2.2 Allemagne

Constatations principales

L’Allemagne a un grand marché de la crevette grise (5 600 t – équivalent poids débarqué).

De nombreuses petites entreprises de vente en gros et de transformation sont actives dans le secteur, dont la plupart ne vendent que localement.

Il y a un énorme manque de capacité d’organisation dans la pêche allemande à la crevette grise, ce qui conduit souvent à des conflits. Les OP se restructurent constamment. Les règles fixées par les OP ne sont souvent pas respectées par leurs membres. Environ 25 % des pêcheurs allemands à la crevette grise ne font pas partie d’une OP.

Le centre de l’activité allemande de la crevette grise est situé à Büsum, Schleswig-Holstein. Diverses entreprises sont également situées à Greetsiel, en Basse-Saxe.

Le chiffre d’affaires des entreprises allemandes de la crevette grise est de l’ordre de 100 millions d’euros. Il y a environ 250 personnes qui travaillent dans des installations de transformation et de commercialisation.

Les deux principaux acteurs actifs en Allemagne sont les leaders néerlandais HEIPLOEG et KLAAS PUUL.

Une tentative de développer une capacité d’épluchage automatique en Basse-Saxe en 2010 a échoué en raison de problèmes économiques et de qualité.

2.2.1 Rôle et organisation des organisations de producteurs Le rôle des OP allemandes a radicalement changé dans les années 1980. Au départ, de nombreuses petites OP avaient en même temps un rôle politique (représentation des intérêts des pêcheurs) et une fonction économique (contrôle et gestion des débarquements et des prix). Au début des années 1980, les entreprises néerlandaises ont commencé à étendre leurs activités à l’Allemagne et à procéder à la commercialisation de la crevette grise. Les OP ont perdu leur rôle économique, mais ont conservé leur fonction politique. L’organisation des organisations allemandes de producteurs est hétérogène. L’histoire des OP se caractérise par de nombreux changements au fil des ans. Les fusions, dissociations et fermetures sont assez habituelles pour les OP. La figure 2-1 illustre le nombre de membres des principales OP de la crevette grise; la figure 2-2 indique la composition des débarquements par OP. L’OP la plus importante est «Erzeugergemeinschaft Weser-Ems» en Basse-Saxe, avec environ 40 % des propriétaires de bateaux. «1. Erzeugergemeinschaft in Büsum» et «Erzeugerorganisation Tönning und Umgebung» comptent chacune 25 membres. «Erzeugemeinschaft Elbe-Weser», «Fischereigenossenschaft Holsatia» et «Fischereigenossenschaft Elsfleth» comptent

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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chacune environ dix membres. Environ 40 à 70 pêcheurs sont dans d’autres OP ou ne sont pas organisés. Figure 2-1: organisations allemandes de pêche à la crevette grise et nombre de

membres

0

50

100

150

200

250

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Number of Members

others or notorganizedFG BÜSUM E.G.

FG ELSFLETH E.G.

FG HOLSATIA E.G.

EG ELBE‐WESERE.V.EO TOENNING UNDUMGEBUNG E.V.1. EG BÜSUM

EG WESER‐EMS E.V.

Note: «Autres ou non organisés» en 2010, estimations sur la moyenne 2000-2009

Source: BLE

Figure 2-2: prises par organisation allemande de producteurs 2010

17%

19%

5%6%

1%

39%

13%

1. EG BÜSUM

EO TOENNINGUND UMGEBUNGE.V.

FG‐HOLSATIA EG.E.G.

FG ELSFLETH EG

Source: BLE

À la fin décembre 2010, on a assisté à une nouvelle restructuration des OP allemandes. «EG Elbe-Weser» et «EO Tönning» ont fusionné, ainsi que «FG Holsatia» et «1. EG Büsum». Cela était également lié à l’action en justice de l’autorité néerlandaise de la concurrence NMa contre plusieurs OP allemandes. Les pêcheurs ont craint les conséquences d’une sanction. Une nouvelle OP a été créée en 2010: la «Erzeugergemeinschaft für Nordseekrabben Büsum und Umgebung», qui n’apparaît pas encore dans les statistiques officielles relatives aux débarquements mais compte actuellement dix membres.

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84

2.2.2 Structure et concentration du secteur de la vente en gros et de la transformation

Le marché allemand de la crevette grise de la mer du Nord est très transparent et sa structure peut être présentée assez clairement. En 2010, le volume de crevettes vendues aux premiers acheteurs en Allemagne était de 12 048 tonnes, dont 8 005 tonnes (66 %) étaient achetées pour la première fois par des entreprises allemandes. En Allemagne, il y a environ 25 entreprises qui achètent des crevettes. Au total, le chiffre d’affaires pour les entreprises allemandes les plus importantes actives dans la crevette grise est de 90 millions d’euros (tableau 11). Si on inclut les petites entreprises, pour lesquelles aucune donnée n’est disponible, le marché total peut être estimé à environ 100 millions d’euros. Le nombre total de personnes employées est d’environ 205 à 230. Il est difficile d’établir des liens entre les premiers acheteurs et les entreprises de transformation. Souvent, une des grandes entreprises achète les crevettes brunes à un premier acheteur, mais les grandes entreprises font également partie des premiers acheteurs. En outre, en fonction des capacités de congélation et de stockage, il y a un commerce interne au secteur, p. ex. HEIPLOEG achète des crevettes à une plus petite entreprise allemande et vice-versa. Tableau 11: aperçu du marché allemand de la crevette grise

Grandes entreprises Chiffre d’affaires

(Mio. EUR)

Bénéfices (Mio. EUR)

Employés Quantité de crevettes

brunes achetée (t)

Büsumer Fischerei (1)

55,00 0,40 92 2 693*

De Beer 15,70 n.d. 39 1 309 Stührk (2) 9,00 n.d. 30 1 307 Krabben Bremer 3,70 n.d. 9 338 Rentel OhG 2,50 n.d. 8 712 Krabben Kock 2,00 n.d. 5 825 Jan Looden 1,20 n.d. 7 296 Hermann Rinjes 0,30 n.d. 15 525

Autres et Klaas Puul x n.d. x 4 003

Total 89,40+x n.d. 205+x 12 048 (1) Partie des débarquements de Heiploeg Group: Quantité des débarquements allemands dans

Heiploeg (2) 25 % estimés du chiffre d’affaires de l’entreprise (Stührk, Pers. Com.)

Source: Base de données AMADEUS, BLE (2011) Une partie de l’économie de la crevette crise se développe en Frise orientale, en particulier autour du plus grand port frison oriental, Greetsiel. Ce petit village de pêcheurs est le siège des entreprises DE BEER, JAN LOODEN et autres. Toute la côte frisonne orientale est une importante région touristique où les petits poissonniers ont des filiales dans chaque petit port. La disponibilité des crevettes brunes est également un élément de cet idéal touristique. KRABBEN BREMER, par exemple, est située à Dorum.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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Cuxhaven est la deuxième station de débarquement de crevettes brunes la plus importante. HEIPLOEG y dispose d’une station de débarquement et de tamisage. L’usine d’alimentation pour poissons qui transforme les petites crevettes broyées est également située dans ce port. La majorité des transformateurs, au moins les grands, sont situés à Büsum, qui est devenu le centre allemand de la crevette grise avec les débarquements les plus importants et la présence des plus grandes entreprises. Les filiales à Büsum sont gérées par les entreprises néerlandaises BÜSUMER FISCHEREI (HEIPLOEG Group), KLAAS PUUL, STÜHRK DELIKATESSEN, KRABBEN KOCK et RENTEL. Le leader du marché HEIPLOEG a récemment concentré ses activités à Büsum et a fermé ses stations de tamisage au Danemark et à Husum. Il est évident que le marché allemand est très hétérogène. Cela sera illustré plus en détail dans les paragraphes suivants.

2.2.3 Principales entreprises de commercialisation et de transformation Les plus grandes entreprises actives dans le secteur de la crevette grise en Allemagne sont les néerlandaises HEIPLOEG (BÜSUMER FISCHEREI) et KLAAS PUUL. La plupart des entreprises allemandes dans le secteur de la transformation de la crevette grise sont les frisonnes orientales DE BEER et STÜHRK DELIKATESSEN, sises à Marne, Schleswig-Holstein. DE BEER représente environ 16 % du chiffre d’affaires total et emploie 39 personnes. L’entreprise a 44 pêcheurs sous contrat et a des filiales le long de la côte frisonne orientale à Greetsiel, Norddeich et Carolinensiel. Le chiffre d’affaires de l’entreprise a progressé ces trois dernières années, passant de moins de 10 millions d’euros en 2006 à près de 16 millions d’euros en 2008. Même si elle vend également du poisson frais, sa principale activité est liée à la crevette grise. STÜHRK DELIKATESSEN traite plus de 10 % des débarquements allemands et a un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros. Comme la plupart des entreprises allemandes de crevette grise, STÜHRK est une entreprise familiale. Elle a 15 pêcheurs sous contrat qui la fournissent. Les crevettes transformées sont débarquées et tamisées à Büsum et transportées à l’usine de Marne, où elles sont congelées et conservées dans l’acide benzoïque. Les crevettes sont soit vendues dans la région, soit épluchées à l’étranger, soit congelées à Marne. Les crevettes brunes de STÜHRK sont épluchées par des entreprises indépendantes d’épluchage en Pologne et en Biélorussie, avec d’autres entreprises de crevette allemandes. Le chiffre d’affaires a stagné à 30 millions d’euros entre 2004 et 2007 et a augmenté en 2008, pour arriver à 36 millions d’euros en l’an 2009. STÜHRK traite d’autres produits, notamment le caviar et le saumon fumé. La crevette grise représente environ 25 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. L’entreprise possède six machines d’épluchage, mais trouve plus efficace de faire éplucher les crevettes manuellement en Pologne. Les machines sont chères et moins efficaces (la productivité d’un travailleur est d’environ 33%, contre environ 30 % pour une machine). En plus, les crevettes épluchées automatiquement doivent être contrôlées par des personnes pour supprimer les fragments de coquille restants.

Département thématique B: politiques structurelles et de cohésion

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En 2010, une entreprise spécialisée dans l’épluchage des crevettes brunes (KRABBENSCHÄLZENTRUM CUXHAVEN) a été créée à Cuxhaven (Basse-Saxe). Vingt-quatre machines d’épluchage de crevettes ont été installées avec une capacité journalière totale de 7,5 t de matière première (transformée en 2,5 t de crevettes épluchées). L’entreprise devait employer 60 personnes à pleine capacité. Mais après quelques mois, l’entreprise a fait faillite.

2.2.4 Évolution des ventes L’évolution des ventes dans le secteur de la crevette grise est difficile à suivre, parce que les ventes ne s’alignent pas de façon univoque sur les quantités débarquées. Cela est dû principalement aux pratiques de congélation, qui permettent de vendre les crevettes brunes toute l’année et de mélanger les crevettes congelées (dégelées) avec des crevettes fraîches. Il est également difficile d’analyser les statistiques d’exportation et d’importation, dans la mesure où celles-ci contiennent à la fois les matières transformées et non transformées. Toutefois, sur la base des données allemandes officielles, un aperçu des exportations et des importations peut être donné.

2.2.4.1 Exportations Le tableau 12 montre les exportations et les importations allemandes de crevette grise pour la période s’étalant de janvier à octobre 2010. À l’évidence, les Pays-Bas ont la part la plus élevée de la valeur totale des crevettes brunes congelées et fraîches importées en Allemagne. Les exportations de l’Allemagne sont plus élevées que ses importations, surtout avec les Pays-Bas, en raison du leadership de marché des entreprises néerlandaises HEIPLOEG et KLAAS PUUL, qui achètent auprès des pêcheurs et entreprises allemands (voir 2.2.2). Les exportations allemandes de Crangon ont un prix situé entre 2,50 EUR/kg (congelée) et 3,30 EUR/kg (fraîche), tandis que les importations coûtent entre 5,35 EUR/kg (congelée) et 7,15 EUR/kg (fraîche). Cela nous permet de conclure que les produits importés sont déjà transformés. Le tableau 12 permet de comprendre le chemin parcouru par la crevette grise allemande: les crevettes sont pêchées en Allemagne, vendues aux Pays-Bas, épluchées au Maroc, puis renvoyées aux Pays-Bas où elles sont emballées, et vendues aux discompteurs allemands. Tableau 12: exportations et importations (poids et valeur) de crevette grise (non

précisée) en provenance et à destination de l’Allemagne - Jan-oct. 2010

Produit Exportations: poids

Exportations: valeur

Importations: poids

Importations: valeur

t 1000 EUR t 1000 EUR

Crevette grise congelée - NL 18,6 47 235,4 1 272

Crevette grise congelée - Total

67,0 174 339,0 1 813

Crevette grise fraîche - NL 6 759,0 22 778 531,2 3 733

Crevette grise fraîche - Total 7 824,2 26 133 564,5 4 044

Source: Destatis

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

87

2.2.4.2 Marché intérieur Les entretiens avec les principaux acteurs allemands et néerlandais permettent d’estimer le volume du marché allemand à 5 600 t (équivalent poids débarqué). Le marché allemand est essentiellement approvisionné par les grands transformateurs néerlandais. Les entreprises allemandes ont leurs marchés principaux dans les zones régionales, surtout dans le Nord.

2.2.5 Évolution et structure des importations d’autres crevettes et im-pact sur le marché de la crevette grise

On trouve d’autres espèces de crevettes brunes sur le marché, p. ex. Crangon affinis ou Crangon japonicus, surtout quand le prix des crevettes brunes est élevé. On a également affirmé que le premier cotre chinois avec un dispositif automatique de cuisson avait intégré la pêche chinoise. Toutefois, il est trop tôt pour évaluer l’impact potentiel de ces espèces sur le marché de la crevette grise de la mer du Nord. Dans ce segment des produits transformés et élaborés à base de crevettes (p. ex. salades), la crevette rose (Pandalus borealis) est un produit concurrentiel. Les crevettes roses sont généralement moins coûteuses que les crevettes brunes, mais leur goût n’est pas si prononcé. Le tableau 13 illustre les exportations et les importations de Pandalidae à destination et en provenance de l’Allemagne pour la période allant de janvier à octobre 2010. Tableau 13: exportations et importations (poids et valeur) de Pandalidae en pro-

venance et à destination de l’Allemagne jan-oct. 2010

Produit Exportations: poids

Exportations: valeur

Importations: poids

Importations: valeur

t 1000 EUR t 1000 EUR Pandalidae congelée 616,7 3606 1139,4 4184 Pandalidae fraîche 324,0 2804 215,5 2079

Source: Destatis Toutefois, pour le marché allemand, l’impact potentiel de la Pandalidae sur le marché de la crevette grise semble limité. La crevette grise a un cercle spécifique de consommateurs qui la considèrent comme un mets délicat.

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88

2.3 Pays-Bas

Constatations principales

Le marché néerlandais de la crevette grise est pratiquement de la même taille (5 700 t – équivalent poids débarqué) que le marché allemand.

Les deux leaders (HEIPLOEG et KLAAS PUUL) achètent environ 30 000 t de

crevettes brunes par an. Pratiquement toute la production achetée est transportée au Maroc pour être

épluchée manuellement dans des grandes usines. La production néerlandaise est principalement exportée: en Belgique d’abord,

ensuite en Allemagne et en France. La transformation de la crevette grise est rentable pour les transformateurs. La plupart des pêcheurs néerlandais de crevette grise sont organisés et sont

membres d’une OP. L’autorité néerlandaise de la concurrence (NMa) a enquêté sur de possibles

violations de la loi sur la concurrence et du traité instituant la Communauté européenne dans le secteur de la crevette grise par des OP néerlandaises, allemandes et danoises et des grossistes néerlandais unis dans une association des grossistes (VEBEGA). En 2003, la NMa a imposé des amendes à ces OP et grossistes pour un total de 13,8 millions d’euros (ensuite réduites à 5,4 millions d’euros). La décision finale n’a pas encore été rendue.

La NMa a décidé de superviser l’industrie de la pêche néerlandaise à la crevette de

manière permanente.

2.3.1 Rôle et organisation des organisations de producteurs La plupart des pêcheurs néerlandais à la crevette grise sont membres d’une organisation de producteurs: 206 licences sur les 225 délivrées à des bateaux de pêche à la crevette, ce qui signifie un taux d’organisation de plus de 90 %. Il y a 7 OP actives dans la pêche à la crevette grise. La plus grande, CPO Nederlandse Vissersbond (NVB), possède 110 bateaux, représentant environ la moitié du total des débarquements néerlandais de crevettes. Les 6 autres OP se sont unies pour former une association d’OP, VisNed. Deux OP de VisNed, PO Wieringen et Internationale Garnalen PO Rousant, débarquent environ 70 % du total des prises de VisNed.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

89

PO Rousant est la dernière OP néerlandaise. Elle a été reconnue en 2009 et compte des bateaux d’Allemagne, de Belgique et du Royaume-Uni en plus des bateaux néerlandais. NVB est membre de l’OP transnationale basée à Oldenburg (Basse-Saxe). Tableau 14: OP néerlandaises actives dans la pêche à la crevette en janvier 2011

OP Association d’OP Lieu

Date de reconnais-

sance

Nombre de bateaux

actifs dans la pêche à la crevette

Part des débar-

quements de crevet-

tes CPO Nederlandse Vissersbond TPO-

Oldenburg Emmeloord 1987 110 environ

50% CPO Oost Nederland VisNed Urk 1971 8

CPO Wieringen VisNed Den Oever 1986 44

CPO Texel VisNed Oudeschild 1993 6

CPO Delta Zuid VisNed Yerseke 2003 11

CPO West VisNed Den Helder 2003 2

Internationale Garnalen PO Rousant

VisNed Lauwerzijl 2009 25

environ 50%

total de 225 licences pour la pêche à la crevette 206

environ 19 bateaux ne sont pas organisés ou sont à vendre ou pour tout autre motif

Source: données compilées par AND International.

2.3.2 Structure et concentration du secteur de la vente en gros et de la transformation

VEBEGA (Vereniging ter Bevordering van de Garnalenhandel), l’association néerlandaise de la promotion de la vente de gros de crevettes, compte 7 membres, tous actifs en tant que grossistes dans le commerce de crevettes brunes:

- HEIPLOEG (Zoutkamp), - KLAAS PUUL (Volendam), - MOOIJER-VOLENDAM (Volendam), - HEYKO (Enkhuizen), - TELSON (Leens), - LENGER SEAFOODS (Harlingen), - ROEM VAN YERSEKE (Yerseke).

FOPPEN EEL & SALMON (Harderwijk), principalement un fumeur d’anguille et de saumon, a récemment intégré l’activité de vente de gros de crevettes brunes. La plupart des crevettes débarquées par les navires néerlandais sont vendues à la criée. Sept criées sont organisées pour la vente en gros de crevettes brunes. Une d’entre elles (Zoutkamp), ouverte en 2003, vend exclusivement des crevettes et a connu une croissance importante ces dernières années.

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90

Tableau 15: évolution des ventes de crevettes brunes aux criées néerlandaises (t)

Criée 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Lauwersoog 3 328 3 373 3 795 4 022 3 287 2 878 3 038 4 046 Zoutkamp 0 254 709 943 914 654 1 479 2 024 Harlingen 1 327 2 087 1 860 1 464 2 769 2 184 2 041 2 834 Den Oever 1 683 2 823 2 042 2 124 2 769 2 514 2 800 3 840 Stellendam 279 309 143 222 495 268 323 503 Colijnsplaat 507 614 458 383 700 374 483 584 Breskens 339 940 676 703 832 648 921 1 691 TOTAL 7 463 10 400 9 683 9 860 11 765 9 520 11 085 15 521

Source: ministère néerlandais de l’agriculture La plupart des pêcheurs néerlandais ont un contrat avec les principaux grossistes. Ces contrats, signés entre les transformateurs (HEIPLOEG et KLAAS PUUL) et les pêcheurs, sont souvent appelés «contrats Las Vegas» parce qu’ils ne sont pas légaux ni contraignants. Dans ce type de contrats, les pêcheurs s’engagent à fournir au transformateur l’ensemble de ses prises, mais aucune quantité et aucun prix ne sont fixés. Le prix est fixé plus tard (par l’acheteur). Toutefois, ce contrat peut être utilisé comme garantie bancaire par le pêcheur.

2.3.3 Principales entreprises de commercialisation et de transforma-tion

Le secteur néerlandais de la crevette grise est dominé par deux entreprises, HEIPLOEG et KLAAS PUUL, qui vendent, directement ou par l’intermédiaire d’autres grossistes, environ 80 % de l’ensemble des crevettes brunes débarquées en Europe. Les deux entreprises ont des installations de débarquement et de tamisage en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas, ainsi que des usines d’épluchage au Maroc. Les autres acteurs importants sont HEYKO (qui vend uniquement à HEIPLOEG), TELSON et MOOIJER-VOLENDAM. LENGER, ROEM VAN YERSEKE, deux transformateurs de moules, et FOPPEN, un spécialiste en saumon et anguille, ont intégré le commerce de crevettes dernièrement. Tableau 16: principaux grossistes en crevettes brunes aux Pays-Bas

Entreprise Ventes de crevettes brunes (t/an)

Part des crevettes brunes dans le chif-fre d’affaires global

de l’entreprise

Chiffre d’affaires 2010 (Mio

EUR) HEIPLOEG 17 - 20 000 30 213*

KLAAS PUUL

11 000 30 143

HEYKO 2 500 100 11

TELSON 2 400 95 5,5 *2008

Source: propres enquêtes

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

91

HEIPLOEG est de loin le leader du marché et le fournisseur de crevettes le plus important d’Europe. L’entreprise achète annuellement 17 à 20 000 tonnes de crevettes brunes de la mer du Nord à des pêcheurs néerlandais, danois, allemands, britanniques et belges. Aux Pays-Bas, HEIPLOEG achète à des pêcheurs sous contrat (80 à 90 % du total) et le reste à la criée. HEIPLOEG a été acquise en 2006 par GILDE, un investisseur privé spécialisé dans le rachat d’entreprises par les salariés. HEIPLOEG Group inclut, en dehors de HEIPLOEG B.V., les entreprises suivantes: - HEIPLOEG B.V. (Zoutkamp, Pays-Bas): à Zoutkamp, dans le Nord des Pays-Bas, près

de Lauwersmeer et non loin de Groningue, HEIPLOEG dispose d’une grande usine, la plus grande de transformation de crevettes en Europe, entrée en activité en 1999 et employant 250 personnes;

- HEITRANS (Zoutkamp, Pays-Bas): la propre division de transport de HEIPLOEG est spécialisée dans le transport réfrigéré et congelé et dispose d’une flotte de 43 camions et 59 remorques transportant les crevettes en provenance et à destination des usines d’épluchage au Maroc et les produits emballés vers la plupart des pays européens;

- BÜSUMER FISCHEREI-GESELLSCHAFT (Wöhrden, Allemagne): usine de transformation spécialisée dans les crevettes et les produits à valeur ajoutée sous le label «BÜSUMER FEINKOST»;

- GOLDFISH (Volendam, Pays-Bas): transformateur de crevettes basé à Volendam (Pays-Bas), l’usine de Volendam a été fermée en 2010 et la production a été transférée à Zoutkamp;

- MORUBEL (Ostende, Belgique): fournisseur de crevettes tropicales congelées et de produits à valeur ajoutée;

- FGT (HEIPLOEG Deutschland) (Husum, Allemagne): HEIPLOEG a récemment fermé sa station de tamisage de crevettes brunes à Husum pour concentrer ses activités à Büsum;

- DANSK HEIPLOEG (Rømø, Danemark): la station de tamisage a été fermée récemment;

- TK FISH (Tétouan, Maroc): usine d’épluchage de crevettes.

HEIPLOEG est axé sur les exportations, le marché néerlandais ne représentant que 10 % de ses ventes totales de crevettes brunes. Les principales destinations sont la Belgique (environ 70 % des ventes), l’Allemagne (10 %) et la France (10 %). Les ventes totales de HEIPLOEG Group dépassent les 300 millions d’euros (dont plus de 200 millions pour HEIPLOEG B.V.). KLAAS PUUL achète annuellement 11 000 tonnes de crevettes au Danemark (où elle a une usine de collecte et de tamisage des crevettes), en Allemagne (où elle a également une grande usine de collecte et de tamisage, à Büsum) et aux Pays-Bas, où elle achète à la criée. En Allemagne, KLAAS PUUL achète dans le cadre de contrats signés avec les pêcheurs allemands chaque année; les contrats étaient également utilisés aux Pays-Bas il y a quelques années, mais ne le sont plus aujourd’hui. À l’inverse de Heiploeg, KLAAS PUUL est toujours une entreprise familiale, avec un actionnaire majoritaire, Evert Mooijer, le fils du fondateur de l’entreprise. KLAAS PUUL a des installations de transformation des crevettes:

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- à Edam (Pays-Bas): transformation et emballage (tous les processus sont certifiés respectueux des normes de sécurité alimentaire BRC et IFS);

- à Havneby (Danemark): triage et emballage pour le transport vers les Pays-Bas; - à Büsum (Allemagne): triage et emballage pour le transport vers les Pays-Bas; - à Tanger (Maroc): épluchage (2 500 employés).

KLAAS PUUL a également des filiales de vente en Belgique et en France. Le site de Büsum dessert également directement le marché du Nord de l’Allemagne. Pour KLAAS PUUL, la Belgique est également le marché principal (45 % des ventes), devant l’Allemagne (23 %), les Pays-Bas (22 %) et la France (4 %). Les ventes totales ont atteint 143 millions d’euros en 2009-2010. HEYKO a été créée en 2007 à la suite d’une collaboration entre l’importateur L. Kok International Seafood (Enkhuizen) et le spécialiste du poisson et de la crevette W.G. den Heijer & Zn. (Scheveningen). Cette joint venture visait à utiliser leur expérience commune dans la crevette au niveau national et international pour pénétrer le marché du Benelux. HEYKO achète 2 500 t de crevettes brunes crues par an dans les criées néerlandaises (Lauwersoog, Den Oever, Harlingen). Les crevettes sont ensuite épluchées au Maroc (Casablanca) par une entreprise marocaine indépendante. Les crevettes non épluchées sont souvent congelées à Enkhuizen avant d’être transportées dans des caisses jusqu’à l’usine d’épluchage au Maroc, même si des crevettes fraîches non épluchées peuvent également être préparées pour être transportées dans des sacs en plastique. TELSON a été créée en 2007 par un ancien analyste chimique de HEIPLOEG, Robert PIKKERT, qui a ensuite été rejoint par l’ancien propriétaire de HEIPLOEG, M. NIENHUIS, et son gendre. TELSON agit comme fournisseur de service: elle n’achète pas directement de crevettes brunes, mais organise le transport au Maroc, l’épluchage et le trajet retour vers les Pays-Bas pour certains clients. TELSON travaille pour deux entreprises de transformation de moules récemment entrées dans le commerce de la crevette grise (ROEM VAN YERSEKE, LENGER SEAFOODS) et quelques clients plus petits. En 2010, TELSON a transformé 2 400 t de crevettes brunes. Certains pêcheurs sont inquiets de la durabilité des activités de transformation néerlandaises car les deux leaders n’offrent aucune garantie indiscutable de continuité: HEIPLOEG n’a pas d’actionnaires (elle appartient à un investisseur privé) et KLAAS PUUL est une entreprise familiale mais n’a pas d’héritier dans les affaires.

2.3.4 Opérations d’épluchage Pratiquement toutes les opérations d’épluchage ont actuellement lieu au Maroc. L’épluchage ne peut se faire à l’aide de machines car la crevette grise est très petite et l’épluchage se fait donc manuellement. Les crevettes sont généralement transportées au Maroc (en Europe de l’Est il y a quelques années) dans des grands camions, pour y être épluchées car la main-d’œuvre est trop coûteuse aux Pays-Bas. Ensuite, elles sont ramenées aux Pays-Bas. Dans les années 90, les crevettes étaient épluchées en Europe de l’Est (Pologne, Ukraine, Biélorussie, Roumanie), mais ces opérations ont cessé pour des raisons de qualité.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

93

L’ensemble du processus d’épluchage (transport en provenance et à destination du Maroc, épluchage au Maroc) dure 10 à 20 jours, 15 jours en moyenne. La plupart des débarquements ont lieu le jeudi et le vendredi et toutes les crevettes ne peuvent être transportées en même temps (il y a 6 à 14 jours entre le jour de l’achat et l’arrivée dans l’usine d’épluchage). Le trajet le plus court est le suivant: jeudi de la semaine 1: débarquements et ventes à la criée; vendredi de la semaine 1: emballage des crevettes dans des caisses et départ du camion; lundi de la semaine 2: arrivée au Maroc – dédouanement le lundi soir; mardi de la semaine 2: épluchage; mercredi de la semaine 2: trajet retour; lundi de la semaine 3: arrivée aux Pays-Bas. HEIPLOEG possède sa propre usine d’épluchage à Tétouan (TK FISH, 1 400 employés, capacité: 240 t de crevettes crues/semaine) et utilise 4 sous-traitants marocains à Tanger (DETROIT SEAFOOD), Oujda et Nador. Pour transporter les crevettes au Maroc, HEIPLOEG utilise les camions de sa propre filiale de transport, HEITRANS. Entre 2006 et 2009, HEIPLOEG a également envoyé des crevettes brunes congelées de plus petite taille en Asie (Indonésie et Chine) pour les éplucher en raison d’un manque de capacités au Maroc. HEIPLOEG conserve une activité d’épluchage aux Pays-Bas dans une autre usine, où 24 machines produisent 2 à 3 t de chair de crevette par semaine. KLAAS PUUL possède une grande usine à Tanger (KLAAS PUUL SHRIMPS INTERNATIONAL), qui emploie 2 500 personnes. Les crevettes sont transportées au Maroc (10 à 15 camions par semaine) par un transporteur espagnol spécialisé dans le transport de fruits. La chair de crevettes est ramenée aux Pays-Bas 3 à 4 fois par semaine. Dans le passé, KLAAS PUUL exerçait une activité d’épluchage à Volendam (Pays-Bas). En 1990, l’entreprise a acheté 6 machines d’épluchage, 3 pour les plus petites crevettes et 3 pour les plus grandes. La productivité était de 3 kg par heure pour chaque machine, mais 3 à 4 femmes par machine étaient nécessaires pour l’«après-épluchage», parce que la qualité des crevettes épluchées à la machine n’était pas satisfaisante. Ainsi, KLAAS PUUL a mis fin à cette expérience, qui n’était pas intéressante d’un point de vue qualitatif (qualité de l’épluchage, mais aussi bactériologique) et économique. HEYKO possède une usine d’épluchage des crevettes au Maroc, qui emploie 250 femmes travaillant en majorité à temps plein. HEYKO procède à un transport par semaine (en provenance et à destination du Maroc). TELSON travaille avec une entreprise d’épluchage à Tanger, appartenant au Group Seafood.

2.3.5 Évolution des ventes

Exportations Le tableau ci-dessous illustre les exportations de crevettes brunes des Pays-Bas mais doit être examiné très attentivement. En effet, la plupart des exportations sont comptées deux fois, une fois lorsqu’elles sont exportées non épluchées au Maroc et une deuxième fois lorsque, épluchées, revenues du Maroc et emballées aux Pays-Bas, elles sont exportées sur les marchés européens.

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Tableau 17: évolution des exportations néerlandaises de crevettes brunes

2005 2006 2007 2008 2009 Type de produit t 1.000 EUR/kg t 1.000 EUR/kg t 1.000 EUR/kg t 1.000 EUR/kg t 1.000 EUR/kg

Crevette grise fraî-che

23.880 77.153 24.655 77.863 25.578 83.993 18.965 75.028 20.291 80.263

Belgique 2.097 19.368 9,24 1.615 18.817 11,65 1.411 19.812 14,04 969 16.985 17,53 1.132 15.133 13,37 France 2.929 20.355 6,95 2.780 18.498 6,65 2.886 22.499 7,80 2.352 22.116 9,40 2.280 18.461 8,10 Allemagne 145 2.134 14,73 263 2.280 8,68 236 3.013 12,76 33 499 15,31 68 987 14,58 Maroc 18.430 34.293 1,86 19.725 37.338 1,89 20.642 37.334 1,81 15.283 34.077 2,23 16.567 44.721 2,70 Autres pays 278 1.003 272 930 404 1.335 329 1.351 244 961 3,94

Crevette grise congelée

7.081 20.029 6.689 21.836 11.272 32.806 13.130 43.061 20.081 58.660

Belgique 535 3.135 5,86 841 4.865 5,78 2.240 10.323 4,61 5.047 16.958 3,36 5.884 17.363 2,95 France 372 2.762 7,43 889 6.125 6,89 1.971 8.800 4,47 2.329 10.959 4,71 2.842 10.542 3,71 Allemagne 16 89 5,46 9 143 16,63 746 1.668 2,24 819 2.273 2,77 979 2.497 2,55 Chine - - 64 160 2,50 332 966 2,91 134 430 3,22 1.417 4.320 3,05 Maroc 5.671 13.039 2,30 4.227 8.810 2,08 3.507 4.424 1,26 3.010 7.536 2,50 6.319 16.093 2,55 Autres pays 486 1.004 659 1.733 2.476 6.625 1.791 4.905 2.639 7.845

Crevette grise vi-vante/ salée

60 24 205 72 765 421 1.339 5.292 1.290 3.232

Maroc 59 18 204 57 762 390 1.090 1.258 2.691

Source: Eurostat/Comext

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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Les prix unitaires permettent de voir si les exportations sont composées de crevettes en-tières ou de crevettes épluchées. Exportations pour épluchage Les exportations de crevettes au Maroc pour épluchage représentent environ 24 000 t par an, dont 17 000 t de crevettes fraîches et 6 000 t de crevettes congelées. Tableau 18: évolution des exportations néerlandaises de crevettes brunes vers

le Maroc

Type de produit 2005 2006 2007 2008 2009

Quantité (t)

Crevette grise fraîche

18 430,3 19 725,4 20 641,5 15 282,7 16 567,2

Crevette grise congelée

5 671,3 4 227,0 3 506,7 3 010,3 6 319,2

Crevette grise vivante/salée

59,1 203,6 761,7 1 090,4 1 257,8

Total 24 160,7 24 156,0 24 909,9 19 383,4 24 144,2

Valeur (1 000 EUR)

Crevette grise fraîche

34 293 37 338 37 334 34 077 44 721

Crevette grise congelée

13 039 8 810 4 424 7 536 16 093

Crevette grise vivante/salée

18 57 390 2 917 2 691

Total 47 350 46 205 42 148 44 530 63 505

Prix unitaire (EUR/kg)

Crevette grise fraîche

1,86 1,89 1,81 2,23 2,70

Crevette grise congelée

2,30 2,08 1,26 2,50 2,55

Total 1,96 1,91 1,69 2,30 2,63

Source: Eurostat/Comext Certaines quantités de crevettes brunes sont également exportées congelées en Chine et en Indonésie pour y être épluchées, en particulier les crevettes de plus petite taille, qui sont ensuite retournées congelées aux Pays-Bas. Tableau 19: évolution des exportations néerlandaises de crevettes brunes vers

l’Asie

2005 2006 2007 2008 2009 Pays

t Milliers EUR

t Mil-liers EUR

t Mil-liers EUR

EUR/ kg

t Mil-liers EUR

EUR/ kg

t Mil-liers EUR

EUR/ kg

Chine - - 64,1 160 2,50 331,8 966 2,91 133,7 430 3,22 1 417,2 4 320 3,05

Indonésie - - 418,9 1 229 2,93 2 252,9 6 336 2,81 1 430,6 4 116 2,88 2 450,9 7 283 2,97

Total 0,0 0 483,0 1 389 2,88 2 584,7 7 302 2,83 1 564,3 4 546 2,91 3 868,1 11 603 3,00

Source: Eurostat/Comext La quantité totale des crevettes brunes exportées par les transformateurs néerlandais à des fins d’épluchage avait donc atteint 28 000 t en 2009.

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Exportations pour les marchés de consommateurs Les exportations de crevettes brunes pour les marchés de consommateurs sont destinées à la Belgique, à la France et à l’Allemagne. La Belgique importe également des crevettes entières qui sont épluchées localement ou envoyées au Maroc par des transformateurs belges (PRAET, VAN BIESEN).

Marché intérieur Le marché néerlandais peut être estimé à environ 5 700 t (équivalent poids débarqué). Il est approvisionné par KLAAS PUUL (environ 2 200 t), très actif dans la région d’Amsterdam, HEIPLOEG (2 000 t) et divers fournisseurs plus petits (1 500 t).

2.3.6 Évolution et structure des importations d’autres crevettes et im-pact sur le marché de la crevette grise

Comme en Allemagne, le marché de la crevette grise est un segment de marché assez spécifique et indépendant des quantités et des prix des autres catégories de crevettes présentes sur le marché. D’après HEIPLOEG, seuls 5 % des consommateurs de crevette grise passent à la crevette rose lorsque le prix est élevé.

2.3.7 Description des actions intentées par l’autorité néerlandaise de la concurrence

L’autorité néerlandaise de la concurrence (NMa) a enquêté sur de possibles violations de la section 6(1) de la loi sur la concurrence et de l’article 81, paragraphe 1, du traité instituant la Communauté européenne dans le secteur de la crevette grise par des OP néerlandaises, allemandes et danoises et des grossistes néerlandais unis dans une association des grossistes (VEBEGA). La section 6(1) de la loi sur la concurrence interdit les accords entre les entreprises, les décisions d’associations d’entreprises et les pratiques concertées ayant pour objet ou pour effet d’entraver, de restreindre ou de fausser la concurrence sur tout ou partie du marché néerlandais. L’article 81, paragraphe 1, du traité CE, interdit tous accords entre entreprises, toutes décisions d’associations d’entreprises et toutes pratiques concertées, qui sont susceptibles d’affecter le commerce entre États membres et qui ont pour objet ou pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence à l’intérieur du marché commun, et notamment ceux qui consistent à:

- fixer de façon directe ou indirecte les prix d’achat ou de vente ou d’autres conditions de transaction;

- limiter ou contrôler la production, les débouchés, le développement technique ou les investissements;

- répartir les marchés ou les sources d’approvisionnement. La NMa a déterminé que les pratiques des 8 OP (3 allemandes, 1 danoise, 4 néerlandaises) et des 8 grossistes (tous néerlandais) impliqués, à savoir ceux qui se sont

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mis d’accord sur des prix minimaux et des limites de prises des crevettes de la mer du Nord dans le cadre de la consultation trilatérale qui a eu lieu entre le 1er janvier 1998 et le 30 janvier 2000, constituaient une violation grave de la section 6(1) de la loi sur la concurrence et de l’article 81, paragraphe 1, du traité CE. La NMa a également estimé que la pratique des 4 OP néerlandaises et des 8 grossistes néerlandais concernés, à savoir l’accord visant à empêcher l’entrée d’un nouvel acteur souhaitant vendre des crevettes de la mer du Nord sur les criées néerlandaises, entre le 1er octobre 1999 et le 16 novembre 1999, constituait une violation très grave de la section 6(1) de la loi sur la concurrence. En janvier 2003, la NMa a imposé des amendes aux 8 OP et aux 8 grossistes pour un montant total de 13,8 millions d’euros (4 millions d’euros pour les OP, 9,8 millions d’euros pour les grossistes). HEIPLOEG et KLAAS PUUL ont respectivement reçu des amendes de 5,1 et 2,1 millions d’euros. C’est la première fois que la NMa imposait une amende pour violation des règles de concurrence européennes. C’est également la toute première fois que la NMa imposait des amendes à des acteurs non néerlandais. Dans le recours administratif de la fin 2004, les amendes imposées aux cinq petits grossistes en crevettes ont été levées parce que la NMa n’a pu prouver avec un degré de certitude suffisant que ces acteurs avaient vraiment participé aux accords prohibés et à l’exclusion du nouvel acteur. La NMa a maintenu les amendes imposées aux trois autres grossistes (HEIPLOEG, KLAAS PUUL et GOLDFISH) parce que leur participation aux accords prohibés et à l’exclusion du nouvel acteur a été confirmée lors du recours administratif, mais les amendes ont été réduites parce que les parties ont fourni de nouvelles preuves concernant les chiffres d’affaires servant de base au calcul de l’amende. Ce chiffre d’affaires, lié à l’acquisition de crevettes de la mer du Nord, s’est révélé bien plus faible que supposé précédemment. Les amendes imposées aux 8 OP ont également été réduites, à nouveau sur la base de nouvelles données relatives au chiffre d’affaires. Le fait que les OP aient eu l’impression que le gouvernement n’était pas opposé aux mesures visant à limiter l’offre de crevettes a également été pris en considération. Comme dans la décision initiale consistant à imposer des amendes, la NMa a également pris en considération la position financière des OP concernées. En décembre 2006, la NMa a décidé de réduire à nouveau les amendes imposées aux OP à la suite d’une décision judiciaire. Le juge a estimé que les infractions commises par les OP dans le cadre de la loi sur la concurrence avaient été confirmées, même s’il a qualifié leur participation aux soi-disant réunions trilatérales de violation grave, et pas de violation très grave, de la loi sur la concurrence. En conséquence, la NMa a adapté les amendes imposées précédemment (tableau 20).

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Tableau 20: évolution des amendes imposées aux OP et aux grossistes par la NMa

Décisions EUR Janvier 2003 Décembre 2004 Décembre 2006

PO Vissersbond (NL) 909 000 797 000 629 000 LV-PO’s Schleswig-Holstein (DE)

826 000 499 000 333 000

PO Weser-Ems (DE) 737 000 445 000 297 000 PO Wieringen (NL) 522 000 425 000 335 000 PO West/PO Delta Zuid (NL) 396 000 374 000 301 000 PO Danske Fiskeres (DK) 365 000 257 000 171 000 PO Elbe-Weser (DE) 206 000 125 000 83 000 PO Texel (NL) 48 000 35 000 27 000 Heiploeg 5 090 000 1 662 000 1 662 000 Klaas Puul 2 090 000 1 129 000 1 129 000 Goldfish 1 236 000 428 000 428 000 Van Belzen 782 000 0 0 Kok International 222 000 0 0 Lou Snoek 184 000 0 0 Mooijer 100 000 0 0 Matthijs Jansen 68 000 0 0 Total 13 781 000 6 176 000 5 395 000

Source: NMa

L’affaire de la NMa a été jugée définitivement seulement le 22 mars 2011. La cour suprême néerlandaise dans les affaires antitrust, le CBb (College van Beroep voor het Bedrijsleven), a maintenu les amendes, mais les a réduites à un montant total de 4,4 millions d’euros. Après avoir entendu les rapports dans les médias concernant le blocage de plusieurs grossistes en crevettes et l’immobilisation d’un camion de crevettes en septembre 2010, la NMa a voulu savoir ce qu’il en était, mais n’a trouvé aucune preuve de violations par les OP de l’interdiction de cartel. Quoi qu’il en soit, ces événements, ainsi que ceux investigués dans le passé, ont poussé la NMa à contrôler l’industrie de la pêche néerlandaise à la crevette de manière permanente. Les parties prenantes néerlandaises sont désormais très prudentes et demandent conseil à la NMa avant de prendre une décision.

2.4 Synthèse: le marché européen La Belgique est de loin le plus grand marché et consomme plus de la moitié de l’ensemble des crevettes brunes vendues dans l’UE. Elle devance deux grands pays de la pêche, les Pays-Bas et l’Allemagne. La France est le quatrième marché et a la particularité d’être principalement intéressée par les crevettes entières. Une consommation limitée existe également dans d’autres pays (Danemark, Royaume-Uni,…).

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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Le tableau ci-dessous donne une estimation du marché européen sur la base des données communiquées par les principales parties prenantes. Tableau 21: marché européen de la crevette grise en 2010

Marché Part t équivalent poids débarqué

Belgique 54% 17 800

Pays-Bas 18% 5 700

Allemagne 18% 5 600

France 7% 2 300

Autres 3% 1 000

Total 100% 34 700 Source: AND International sur la base des données des grossistes

Le marché de la crevette grise est principalement composé de produits frais et c’est une différence majeure avec la crevette tropicale, qui est généralement proposée congelée. Si la crevette grise devait finir sur le marché des produits congelés, il serait très difficile de garder la même image et le même niveau de prix de vente au détail.

2.5 Prix et marges dans le secteur de la crevette Les prix observés dans diverses chaînes de détail sur les grands marchés européens en janvier 2011 montrent que les crevettes brunes fraîches épluchées en petits paquets (100 g à 250 g) sont vendues au consommateur à un prix qui varie entre 21,90 et 39,90 EUR/kg, en fonction du pays et de la catégorie de magasin (tableau 22). Les crevettes entières sont vendues en France et en Belgique. Dans les supermarchés français, elles atteignent un prix de 26 à 30 EUR/kg. En Belgique, les crevettes grises en-tières se trouvent dès 10 EUR/kg.

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Tableau 22: prix de détail en janvier 2011 pour les crevettes brunes fraîches cui-

tes en paquet

État membre Produit Produit Unité Prix Prix

Détaillant (dénomination locale (dénomination française)

EUR/unité

EUR/kg

Belgique Crevettes grises fraîches Crevettes grises fraî-ches

100 g 3,55 35,5

DELHAIZE Di-rect

Crevettes grises fraîches Crevettes grises fraî-ches

250 g 8,45 33,8

Crevettes grises éplu-chées

Crevettes grises fraî-ches

250 g 6,95 27,8

Crevettes grises éplu-chées

Crevettes grises fraî-ches

500 g 10,55 21,1

Crevettes grises fraîches belges

Crevettes grises fraî-ches belges

100 g 3,75 37,5

Crevettes grises fraîches belges

Crevettes grises fraî-ches belges

250 g 8,75 35

Crevettes grises entiè-res*

Crevettes grises en-tières (non éplu-chées)

250 g 2,5 10

Allemagne

REWE Express Drive

Stührk Nordsee Krabben frisch

Crevettes grises fraî-ches

100 g 3,29 32,9

Allemagne

REAL

Büsumer Nordseekrab-ben

Crevettes grises fraî-ches

100 g 3,49 34,9

Allemagne

LIDL

Nordseekrabben Crevettes grises fraî-ches

100 g 2,19 21,9

Pays-Bas

ALBERT HEIJN

Hollandse garnalen Crevettes grises fraî-ches

100 g 3,99 39,9

France Crevettes grises cuites*

AUCHAN

Crevettes grises en-tières (non décorti-quées)

150 g 4,5 30

France Crevettes grises cuites*

CARREFOUR FRAIS EMBAL

Crevettes grises en-tières (non décorti-quées)

150 g 3,95 26,33

*non épluchées

Source: données compilées par AND International. Le tableau 23 illustre le trajet effectué par la crevette grise du point de débarquement au détaillant. La deuxième colonne concerne le prix de la première vente observé à la fin janvier 2011, lorsqu’un prix d’environ 2,00 EUR/kg a été atteint sur les criées. Les frais de criée (0,33 EUR/kg) ont été ajoutés, la productivité moyenne obtenue dans les usines marocaines d’épluchage (33 %) a été intégrée au calcul, ainsi que le coût moyen de l’épluchage (5,20 euros par kg de chair de crevette). La troisième colonne reprend les mêmes calculs dans l’hypothèse d’un prix de criée de 3,50 EUR/kg (frais de criée non inclus).

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Tableau 23: prix aux différents niveaux du secteur de la crevette

EUR/kg EUR/kg Payé au pêcheur par kg débarqué 2,00 3,50 Frais de criée (NL) 0,33 0,33 Prix d’achat de la crevette entière par le grossiste 2,33 3,83 3 kg nécessaires pour 1 kg de chair 6,99 11,49 Coût de l’épluchage (transport de et vers le Maroc inclus)

5,20 5,20

Coût de la crevette épluchée à l’entrée dans l’usine de transformation néerlandaise

12,19 16,69

Prix de vente du transformateur 17,00 à 25,00 Prix de détail (BE-DE-NL) 21,10 à 39,90

Source: Calculs AND International.

2.6 Description de l’application de l’OCM sur le marché de la crevette grise de la mer du Nord

Constatations principales

L’application de l’OCM a eu un impact très faible sur le marché de la crevette grise

de la mer du Nord. Le régime tarifaire (prix indiqué, prix de retrait) n’a pas empêché les prix de

diminuer fortement à la fin de 2010 et au début de 2011. L’outil de retrait a été très peu utilisé par les OP actives dans la pêche à la crevette

grise et a été utilisé pratiquement exclusivement par l’OP danoise. En 2009, les retraits représentaient 0,66 % des débarquements au niveau européen, mais représentaient 7 % du total des débarquements danois.

Les réglementations ouvrant et permettant la gestion d’un contingent tarifaire

communautaire autonome pour la crevette nordique (20 000 t/an à 0 %) n’ont aucun impact sur le secteur de la crevette grise étant donné que les segments de marché pour les crevettes pandalus et crangon sont assez indépendants.

Le taux d’organisation des pêcheurs de crevettes brunes est assez élevé (88 % au

niveau de l’UE), mais diffère en fonction des OP (en Allemagne et aux Pays-Bas) et la crainte de la NMa limite considérablement l’action des OP.

L’OP transnationale créée en 2005 dans le but de limiter les débarquements et de

réguler la pêche regroupe la moitié de la flotte totale active dans les trois États membres étudiés.

Une organisation spécifique interprofessionnelle ne semble pas nécessaire pour les

Pays-Bas, où la Productschap Vis joue déjà ce rôle.

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2.6.1 Prix et intervention Prix indicatif Conformément au règlement (CE) n° 104/2000, un prix indicatif est fixé avant le début de la campagne de pêche. Ce prix est valable pour toute l’UE. Le prix indicatif est basé sur les éléments suivants:

- la moyenne des prix enregistrés pour une proportion significative de la production de l’UE sur les marchés du gros ou dans les ports au cours des trois campagnes de pêche précédant immédiatement l’année pour laquelle le prix est fixé;

- la prise en compte des tendances de la production et de la demande; - lors de la fixation du prix, il convient également de tenir compte de la nécessité: - de stabiliser les prix du marché et d’éviter la formation de surplus dans l’UE, - d’aider à soutenir les revenus des producteurs, - de prendre en considération les intérêts des consommateurs.

Figure 2.3: évolution du prix de la première vente de la crevette grise (EUR/t) –

de 2000 à juin 2010

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

4500

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 200 Source: CE – DG MARE

Le prix indicatif est resté pratiquement le même entre 2000 et 2010. Pendant pratiquement toute la décennie, le prix de la première vente est resté supérieur au prix indicatif, mais au cours des derniers mois de 2010, le prix indicatif n’a pas empêché le prix de la première vente de chuter lourdement. Au cours de la dernière semaine de janvier, le prix de criée était aux alentours de 1,90-2,00 EUR/kg. Retraits Depuis que la crevette grise figure à l’annexe I du règlement OCM, les États membres peuvent octroyer une compensation financière aux OP qui procèdent aux retraits. L’UE fixe un prix de retrait communautaire qui ne peut en aucun cas excéder 90 % du prix indicatif et qui s’applique tout au long de la campagne de pêche. Une compensation financière peut être octroyée uniquement lorsque les produits sont retirés pour des raisons autres que la

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consommation humaine, de manière à ce qu’ils n’influencent pas la commercialisation normale des autres produits. Chaque année, un règlement de la Commission européenne fixe les prix de retrait et de vente. Les prix de retrait ont subi des modifications très limitées au cours de ces dernières années. Tableau 24: prix de retrait et de vente pour les crevettes brunes (EUR/kg)

Taille Campagne de pêche Règlement 1

(6,8 mm +) 2

(6,5 mm +) 2005 Règ. (CE) 2258/2004 1,425 0,652 2006 Règ. (CE) 2176/2005 1,432 0,655 2007 Règ. (CE) 2032/2006 1,396 0,639 2008 Règ. (CE) 1570/2007 1,431 0,655 2009 Règ. (CE) 1309/2008 1,474 0,674 2010 Règ. (CE) 1277/2009 1,43 0,654 2011 Règ. (CE) 122/2011 1,43 0,654

Source: Règlements de la Commission L’outil de retrait a été très peu utilisé par les OP actives dans la pêche à la crevette grise. En 2009, les retraits ne représentaient que 0,66 % du total des débarquements (ta-bleau 25).

Tableau 25: retraits de crevettes brunes 2001-2010

Tonnes 2001 2 2002 19 2003 251 2004 98 2005 11 2006 4 2007 1 2008 59 2009 219

2010 (6 mois) 56 Source: DG Mare

Entre 2006 et 2010, les Danemark a été le seul État membre à recourir aux retraits. En 2009, l’année où les retraits ont été les plus importants, ils représentaient 7 % du total des débarquements danois (tableau 26). Tableau 26: structure des retraits de crevettes brunes par État membre

État membre Total des retraits (t)

2005 DK 55 %, NL 45 % 11 2006 DK 75 % 4 2007 Aucun retrait 1 2008 DK 100 % 59 2009 DK 100 % 219

2010 (6 mois) DK 100 % 56 Source: DG Mare

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104

2.6.2 Suspension automatique des droits tarifaires Pour garantir des conditions adéquates d’approvisionnement à l’industrie communautaire, la Commission européenne a adopté des règlements ouvrant et permettant la gestion de «contingents tarifaires communautaires autonomes» pour certains produits de la pêche. Chaque règlement est applicable pendant trois ans. Une espèce de crevette est couverte par cette suspension: la crevette nordique (Pandalus borealis). Pour la période 2010-2012, un contingent de 20 000 tonnes peut être importé avec un droit de 0 % (au lieu de 12 %). Tableau 27: contingents tarifaires communautaires autonomes pour la crevette

2001-2012

Description du produit Règlement du Conseil (CE)

Période de contingent

Quantité an-nuelle de

contingents (tonnes)

Droit de

contin-gent

n° 2803/2000 2001-2003 5 000 6%

n° 379/2004 2004-2006 7 000 6%

n° 824/2007 2007-2009 20 000 6%

Crevettes des espèces Pan-dalus borealis, cuites et

épluchées, destinées à la transformation

n° 1062/2009 2010-2012 20 000 0%

Source: données compilées par AND International. Toutes les parties prenantes interrogées estiment que ces contingents tarifaires n’ont aucun impact sur le secteur de la crevette grise étant donné que les segments de marché pour les crevettes pandalus et crangon sont assez indépendants. Il convient de noter que la crevette grise jouit d’une plus grande protection que les autres espèces de crevettes. Tableau 28: taux conventionnel pour les crevettes

Produit Crangon crangon Autres espèces de crevettes

Crevettes fraîches 18% 12%

Crevettes congelées 18% 12%

Crevettes préparées ou conser-vées

20% 20%

Source: Commission européenne

2.6.3 Organisations de producteurs Le taux d’organisation des pêcheurs de crevette grise est assez élevé, de 80 % en Allemagne à 100 % au Danemark, en moyenne 88 %. Si la situation est restée inchangée au Danemark, certaines évolutions sont apparues récemment aux Pays—Bas et surtout en Allemagne, comme décrit plus haut. En plus des OP nationales existant dans les trois pays, une OP transnationale, l’«European Transnational Brown Shrimp Producer Organisation», a été créée en 2005 en réaction à la mesure prise par l’autorité néerlandaise de la concurrence contre les OP et les grossistes. En février 2011, l’OPT comptait 5 membres, 1 néerlandais et 4 allemands:

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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- NVB, Emmeloord (Pays-Bas), - Erzeugergemeinschaft der Küstenfischer im Weser-Ems-Gebiet e.V. (Oldenburg), - Erste Erzeugergemeinschaft für Krabbenfischer in Büsum e.V. (Büsum), rejointe par

la Fischereigenossenschaft – Holsatia Erzeugerorganisation eG (Husum) le 1er janvier 2011,

- Erzeugergemeinschaft Küstenfischer Eider, Elbe und Weser w.V., qui a succédé à Erzeugerorganisation der Küstenfischer Tönning und Umgebung w.V. (Tönning) en juin 2010,

- Erzeugerorganisation für Nordseekrabben in Büsum und Umgebung w. V. Tableau 29: membres de l’OPT en 2010

Nombre de membres

01.01.2010 01.01.2010 Membres de

l’OPT

Membres Bateaux

Vissersbond 87 87

Weser-Ems 81 82

1. EG Büsum 25 25

Tönning 26 26

Holsatia 15 15

EG Büsum 8 8

Total 242 243 Source: EVKrEO

Le 1er janvier 2011, 246 bateaux étaient membres de l’OPT, représentant environ la moitié de la flotte totale active dans les trois États membres. L’OPT vise à limiter les débarquements et à réglementer la pêche. Les membres limitent leurs débarquements sur avis de l’OPT. Il est difficile de dire quel est le degré de réussite et dans quelle mesure les recommandations sont suivies. Au moins les débarquements allemands n’augmentent pas, et les tamisages semblent avoir lieu à 6,8 mm.

2.6.4 Extension des règles L’OPT entendait combiner les intérêts des pêcheurs de crevettes néerlandais et allemands qui n’ont pas le nombre requis de membres et de débarquements pour les engager à respecter le règlement n° 1812/2001 de la Commission concernant l’extension des règles. Ce règlement précise que les activités de production et de commercialisation d’une organisation de producteurs dans le secteur des captures sont considérées comme suffisamment représentatives dans la zone où il est proposé d’étendre les règles si:

(a) la commercialisation par l’organisation de producteurs ou par ses adhérents des espèces auxquelles de telles règles s’appliqueraient représente globalement plus de 65 % des quantités commercialisées, et

(b) le nombre de pêcheurs embarqués sur des navires exploités par les adhérents de l’organisation de producteurs est supérieur à 50 % du nombre total de pêcheurs établis dans la zone auxquels les règles sont susceptibles de s’appliquer.

Les règles de production et de commercialisation portent sur les éléments suivants:

(a) La qualité, la taille ou le poids et la présentation des produits mis en vente;

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(b) l’échantillonnage, les récipients utilisés pour la vente, l’emballage et l’étiquetage ainsi que l’utilisation de glace;

(c) les conditions de première mise sur le marché, qui peuvent comprendre des règles relatives à l’écoulement rationnel de la production afin de stabiliser le marché.

Le gouvernement néerlandais n’est pas favorable à l’extension des règles car s’il l’accepte pour la crevette, il sera ensuite obligé de l’accepter pour la tomate, le concombre, etc. Cette position a un impact sur les prix et explique en partie la crise des prix. Si un pêcheur prend des crevettes de moins de 6,5 mm, la destinée des petites crevettes varie en fonction de votre adhésion (la crevette est détruite) ou non (vous pouvez la vendre à n’importe quel prix) à une OP.

2.6.5 Normes de commercialisation Le règlement n° 2406/1996 du Conseil fixant des normes communes de commercialisation pour certains produits de la pêche fixe deux catégories de calibrage (sur la base de la lar-geur de la carapace) pour la crevette grise crangon crangon: - taille 1: 6,8 mm et plus, - taille 2: 6,5 mm et plus.

2.6.6 Possibilités de création d’une organisation interprofessionnelle Les Néerlandais estiment qu’une organisation interprofessionnelle n’est pas nécessaire car Productschap Vis (conseil néerlandais des produits du poisson) joue déjà ce rôle. Productschap Vis est en effet l’organisation publique qui chapeaute tout le secteur, notamment l’industrie de la transformation du poisson et son commerce. Les pêcheurs, les éleveurs de poissons, de mollusques et de crustacés, les grossistes, les transformateurs, les importateurs/exportateurs et les détaillants sont membres de Productschap. Productschap abrite également le comité consultatif de la crevette («Garnalenadviescommissie»), dont les membres sont les associations de pêcheurs, la VEBEGA (l’association des grossistes en crevettes), l’association des détaillants de poisson et les représentants des criées.

2.7 Image et avenir de la crevette grise

Constatations principales

Les consommateurs ont une image positive de la crevette grise. Les ONG estiment généralement que le stock de crevettes brunes est en bon état,

mais condamne le niveau élevé de prises accessoires et les dommages causés aux fonds marins par les chaluts à perche.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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2.7.1 Image de la crevette grise Sur ses principaux marchés (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, France), la crevette grise a une bonne image. Les consommateurs sont fidèles à la crevette grise et très peu d’entre eux passent à la crevette rose lorsque la crevette grise est chère. Les consommateurs ne sont en général pas au courant des éléments susceptibles d’influencer la qualité de la crevette: le long voyage au Maroc pour l’épluchage, le mélange de crevettes fraîches et congelées, le temps passé entre la capture et l’achat d’un paquet au supermarché.

2.7.2 Position des ONG sur la pêche à la crevette grise Le tableau de la page suivante collecte les évaluations de diverses ONG actives dans la mer du Nord (Greenpeace Allemagne, North Sea Foundation, Seafood Choices Alliance) sur l’état du stock de la crevette grise et sur l’impact de la pêche sur l’environnement. Globalement, le stock est réputé en bon état et les espèces en question ne sont pas menacées. Les points négatifs, soulevés par les trois organisations, sont le niveau élevé de prises accessoires et les dommages environnementaux causés par les chaluts à perche. Le plus grand détaillant néerlandais, ALBERT HEIJN, utilise une échelle à quatre niveaux: - quatre (bleu): meilleurs choix («beste keuze»), octroyé aux produits MSC, - trois (vert): premier choix («prima keuze»), - deuxième choix (orange): («deuxième choix»), - plutôt pas («liever niet»). Le score obtenu par la crevette grise est «premier choix» (vert). ALBERT HEIJN affirme encourager les pêcheurs à utiliser des méthodes de pêche plus durables afin de réduire les prises accessoires de jeunes plies et soles et travailler avec ses fournisseurs sur la base d’une certification MSC de la pêche à la crevette grise.

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ONG Stock/gestion Incidences sur

l’environnement des pratiques en matière

de pêche Évaluation Appréciation

générale

GREENPEACE Allemagne

Stock en bon état. Mais il existe un risque de surpêche latente, car la pêche hivernale des Pays-Bas décime les femelles œuvées. Au-cune limite de captures n’a été fixée.

Les pêcheurs allemands utilisent des faisceaux de lumière et des filets coulissants sur des patins. Les pêcheurs néerlan-dais utilisent en partie du matériel lourd, qui peut endommager le fond de la mer. Ils pêchent également dans les parcs natio-naux de la mer des Wadden. Prise acces-soire importante de jeunes poissons plats et de cabillaud.

Stock: vert

Impact environ-nemental: rouge

Critique

Stichting De Nordzee (fon-dation de la

mer du Nord)

La crevette grise n’est pas mena-cée, et demeure relativement insensible à la pression de la pê-che. Il n’existe presque aucune gestion du stock. Pas de quotas de cap-ture, mais des accords trilatéraux entre NL, DE et DK. Le principal problème de gestion est le man-que de données fiables concernant les prises accessoires, les contacts avec le fond et les rejets en mer. Les premiers pas vers une gestion des stocks sont effectués dans le cadre du processus de certification par le Conseil d’intendance des mers et de la loi sur la protection de la nature.

Nombreuses prises accessoires (jeunes poissons plats, crabes, autres invertébrés). Impact des chaluts à perche sur le fond de la mer.

Stock: vert

Impact environ-nemental:

orange

Orange

Seafood Choi-ces Alliance

Les stocks ne sont pas en danger. Aucune évaluation nationale ou internationale du stock de crevet-tes, uniquement des enquêtes ad hoc visant à évaluer l’interaction entre la pêche aux crevettes et l’environnement. Les prédateurs naturels de la cre-vette sont responsables du même niveau de mortalité que la pêche. Les populations de crevettes se reconstituent facilement, et sont peu vulnérables à l’exploitation halieutique en raison de leur ma-turation rapide. Une évaluation par le Conseil d’intendance des mers est en cours concernant le statut de pê-cherie durable.

Les chaluts à perche sont à l’origine de dé-gâts au fond marin et de rejets de poissons immatures. Les chaluts à perche sont parfois équipés de filets tamiseurs et de séparateurs (souvent sur une base volon-taire) afin d’exclure les jeunes poissons, tels que la plie et la sole, de la prise de crevettes.

L’achat peut être recommandé.

Toutefois, préoc-cupations crois-

santes concernant

l’impact de la pêche sur

l’environnement.

Source: données compilées par AND International à partir de guides publiés par les ONG.

La pêche à la crevette grise de la mer du Nord

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Il convient de noter que le voyage au Maroc pour l’épluchage, qui n’est pas pertinent pour les critères MSC, ne pose pas non plus un problème pour les ONG, qui considèrent que la quantité d’énergie dépensée est faible par rapport à l’énergie consommée pour la pêche.

2.8 Statut et perspectives pour une certification MSC La certification MSC est un processus en cours pour les trois flottes au Danemark, en Allemagne et aux Pays-Bas. Même si initialement l’approche était commune, les trois flottes ont décidé de demander leur propre label MSC. Les plans de gestion des trois flottes ont été développés mais ne sont pas encore finalisés. Certaines évolutions devraient encore se produire. À des fins d’illustration, le plan de gestion MSC néerlandais est détaillé au paragraphe 1.5.3. Tous ces plans proposent des efforts en vue d’améliorer les techniques de pêche et les activités de pêche; ils incluent des plans visant à réduire l’effort de pêche afin de diminuer les prises accessoires et les rejets et de conserver les stocks de l’espèce visée à un niveau sain. Les détails varient toutefois et pourraient provoquer certains problèmes et certains désaccords entre les trois États membres. Par exemple, l’effort de pêche total n’est pas le même dans les différents plans de gestion et diffère grandement en ce qui concerne le nombre total d’heures passées en mer par les bateaux respectifs. Il y a également des différences dans les proportions acceptables de petites crevettes dans les débarquements et dans les tailles des tamis à appliquer dans les stations de tamisage. Un des obstacles pourrait également être que, si les labels MSC sont octroyés à toutes les flottes, les membres adhérant à différentes règles MSC pêchent dans des conditions différentes dans les mêmes zones, p. ex. au large des côtes danoises et du Nord de l’Allemagne, où les trois flottes sont actives. Toutes les réglementations MSC sont conçues pour stimuler les stocks sains et réduire l’impact sur l’environnement. Mais elles ne réglementent pas la production et ne créent pas les conditions qui garantissent l’absence de la surproduction et des résultats économiques positifs pour tous les pêcheurs et les entreprises de transformation. Les conditions de marché montreront si l’approche préconisée d’acceptation améliorée de crevettes brunes pêchées de manière durable par les consommateurs peut être une réussite. Dans la situation actuelle, certains pêcheurs qui ne suivent pas les restrictions de l’effort de pêche et de débarquement définies par les OP ainsi que certaines entreprises d’achat et de transformation resteront en dehors du système MSC. Le résultat de la concurrence entre les parties réglementées MSC et les flottes pêchant durablement, d’une part, et les pêcheurs non couverts par le MSC, d’autre part, est actuellement inconnu. Un TAC officiellement fixé et un système de contingents pourraient réduire la tension entre ces groupes mais induirait en même temps des volumes considérables de réglementations, qui ne sont souhaités ni par les pêcheurs, ni par les entreprises acheteuses ou les autorités gouvernementales.

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3. Résultats et recommandations Ces derniers mois, la situation sur le marché de la crevette grise s’est nettement détériorée. Le faible prix du poisson (sole, plie, cabillaud, flet,...) lors des ventes à la criée a incité les pêcheurs à s’orienter vers la crevette plutôt que vers le poisson, ce qui a entraîné une surproduction de crevettes brunes ainsi que des prix peu élevés, d’autant que les pêcheurs titulaires d’une licence aussi bien pour la pêche à la crevette que pour la pêche au poisson ont une capacité de capture supérieure. Certaines actions menées en 2010 (blocus d’usines de transformation) ont montré que les pêcheurs s’inquiètent de la puissance des transformateurs. Les outils de l’OCM n’ont pas permis d’éviter que la situation se dégrade, et en raison des prix payés aux pêcheurs début 2011, la plupart des navires de pêche à la crevette ne sont pas rentables. Le taux d’organisation des pêcheurs de crevette grise est plutôt élevé (en Allemagne et aux Pays-Bas), mais des différends entre les organisations de producteurs (en Allemagne ainsi qu’aux Pays-Bas), de même que la crainte de l’autorité de concurrence des Pays-Bas, limitent l’action de ces dernières. Au stade du commerce de détail, la crevette grise en petits emballages atteint des prix qui permettent aux transformateurs et aux détaillants de mener des activités rentables. Pour les grands transformateurs, la crevette grise représente environ 25 à 30 % de l’activité totale, le reste étant principalement constitué de crevettes tropicales, mais c’est la crevette grise qui leur offre les plus grandes possibilités de marges. La surproduction a également un effet négatif sur la qualité du produit final: de grandes quantité de crevettes brunes sont congelées, puis décongelées et mélangées à des crevettes fraîches. Le stock de crevette grise reste en bon état, comme le reconnaissent les ONG, qui dirigent principalement leurs critiques contre les captures accessoires et les techniques de pêche «qui touchent le fond». Le niveau de capture des dernières années (près de 35 000 tonnes) ne met pas en danger le stock. Les principales solutions envisagées par les organisations de pêcheurs pour sortir de la crise économique sont la certification MSC et le système de TAC et de quotas. Des plans de gestion sont actuellement élaborés dans les trois États membres examinés, mais puisque tous les pêcheurs, ou du moins la plupart d’entre eux, devraient être couverts par des régimes similaires, il n’y aura aucune différenciation du produit sur le marché. Une augmentation des prix liée au label est dès lors discutable. Le label devrait toutefois garantir l’accès au marché sur le long terme, étant donné que les grands commerçants de détail projettent de rayer de la liste les produits de la pêche non munis du label MSC sur le court ou le moyen terme. Aux Pays-Bas, le renouvellement des licences pour la crevette auprès du ministère sera associé à la détention d’une certification MSC. La question des TAC est actuellement débattue entre les pêcheurs et les organisations de producteurs et devrait être approfondie. Nous recommandons en particulier que les conséquences sociales et économiques soient étudiées dans les détails.

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Les difficultés économiques actuelles du secteur sont liées au niveau du prix payé aux pêcheurs, qui ne permet pas, ces derniers temps, que la pêche à la crevette soit une activité rentable, ainsi qu’à la taille de la flotte, qui est considérée comme trop importante, notamment aux Pays-Bas, où la plupart des zones de pêche doivent respecter les principes de Natura 2000. En réduisant la flotte de 25 %, le premier prix de vente nécessaire afin d’atteindre un niveau de rentabilité pour les pêcheurs serait baissé de 43 centimes d’euro. La qualité des crevettes capturées peut encore être améliorée (hygiène à bord, optimisation du temps de cuisson, utilisation de graisse alimentaire...) et le premier transformateur a commencé à appliquer un paiement lié à la qualité (associé à une prime de 0,50 euro par kilo pour la qualité optimale). L’élaboration de codes de conduites simples pour les pêcheurs devrait permettre de garantir de meilleurs prix. Les processus de certification MSC en cours devraient être achevés au cours de l’année 2011 ou début 2012, et protéger les acteurs en aval du secteur.

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