archeologia jugoslovica v text

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  • Les masques funraires de la ncropole archaque de Trebeniste VLADISLAV POPOVIC

    Le problme des masques d'or trouvs dans les tombes de la ncropole archaque de TrebenisteGorenci1, prs du Lac d'Oh-rid, est sans aucun doute, l'un des plus pas-sionants de l'archologie balkanique. L'ap-parition de coutumes funraires du type mycnien dans une rgion habite l'po-que archaque par des Illyriens (Dassar-tes), avait suscit, non sans raison, de nom-breuses discussions et controverses. Toute-fois, en dpit des explications diverses four-nies par les rudits, le problme des mas-ques funraires reste toujours sujet dis-cussion. C'est pourquoi nous nous sommes proposs d'aborder, ici, cette nigme arch-ologique sous tous ses aspects2.

    La position gographique exceptionnel-lement favorable de Trebeniste, ainsi que les riches gisements argentifres plus ou moins proches de la ncropole, sont suscep-tibles d'expliquer l'affluence considrable des importations grecques. En effet, la ncro-pole se trouve proximit de la future Via Egnatia, ancienne route qui menait de Brin-disi Constantinople, en traversant l'Adri-atique, l'Albanie et les rgions d'Ohrid (Lychnidos), de Salonique et 'Amphipolis". Celui qui contrlait l'troit passage situ prs de la ncropole de Trebenite Go-renci, tait aussi matre du commerce tran-sitoire4. On est en droit de supposer que ces princes barbares taxaient les marchands grecs de lourds impts, pays sous forme d'objets de luxe. Bien que les donnes ar-chologiques ayant trait l'exploitation des mines d'argent dans cette partie de la Mac-

    doine fussent restreintes, son importance historique et conomique ne doit pas tre sous-estime. Des traces d'exploitation ont t constates plusieurs reprises. On note-ra, par ailleurs, que des autorits en la ma-tire situaient les fameuses mines de Damas-tion soit au nord du lac5, soit dans les par-ties ouest de la Macdoine6. Tout en com-mentant les textes de Strabon, VI I I , 6, 16 et du Palimpseste Vatic. 2306, o il est men-tion de rfugis parvenant Damastion de Chalcidique, A. Meyer met en valeur l'impor-tance 'Olynthos et de Potidea et de ce fait mme explique la parent troite des mon-naies A'Olynthos et de Damastion6a. Les fa-meuses mines d'argent devaient donc se trouver dans une rgion facilement acces-sible de la Chalcidique, vraisemblablement en Macdoine occidentale.

    L'archologue franais E. Will met en rapport la fondation des colonies grecques du littoral albanais, Epidamnos Dyrrachion et Apollonia, avec la route de l'argent7 L'importance conomique de ces colonies corinthiennes et cor-cyrennes tait de tout premier ordre. Par consquent, l'antagonisme que mettait aux prises Corinthe et Corcyre, s'expliquerait par des raisons suffisemment apparentes8. Les marchands grecs, surtout corinthiens; devaient suivre la voie dans les deux sens. La pnration corinthienne dans la rgion de Lyncestis se voit confirme, haute po-que, par les imitations de cramiques pro-to-corinthiennes, trouves dans une ncro-pole des environs de Bitolj10. On se souvien-

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    dra, galement, de la dynastie des Bacchia-des en Lyncstide11.

    Les opinions mises sur l'origine des ob-jets grecs-archaques de la ncropole de Tre-benite, et tout particulirement des vases de bronze, varient sensiblement. La thse corinthienne, propose par B. Filov12, fut admise par des matres, tels que Ch. Picard13

    et G. H. Payne14 En effet, les vases de bronze de bonne qualit sont indiscutablement excuts dans le style corinthien. On ajou-tera, l'appui de cette thse, la position gographique favorable des colonies corin-thiennes du littoral adriatique, troitement lies l'Hinterland. On n'oubliera pas, non plus, la haute rputation dont les ateliers toreutiques de Corinthe, Sicyone et Argos jouissaient dans l'Antiquit. Observes sous cet angle, les hypothses considrant la plu-part des vases de bronze de Trebenite com-me des importations italiotes, laconiennes ou ioniennes15, seraient peu fondes.

    Au centre du problme se trouvent les cratres Gorgones du type de Trebenite et de Vix Munich, voquant, par leurs dimensions et par leur dcor, les cratres gants dcrits par Hrodote (Hist., I, 25 et I, 40)16. Deux archologues franais, G. Val-let et F. Villard, se sont tout rcemment ef-forcs de prouver l'origine chalcidienne (Chalcis ou plus probablement l'une de ses colonies en Italie mridionale) du cratre de Vix et des produits similaires17. La tho-rie ingnieuse des deux auteurs semble au premier abord convaincante. Nul ne saurait nier la disparition de la cramique corin-thienne aprs la chute de la Tyrannie, vers 570/550. Les vases chalcidiens sont les seuls reproduire, dans la seconde moiti du Vie sicle, les formes et les lments dcoratifs de la poterie corinthienne. Toutefois, il s'a-git-l, plutt de la fin d'une production c-ramique, remplace sur le march par des vases provenant d'ateliers attiques, que de la disparition du commerce des bronzes18. P. Devambez a soulign de son ct que la perte du monopole des vases ne signifiait nullement, pour Corinthe, la perte de celui des bronzes19. Les copies cramiques excu-tes dans un style particulier, ne sont pas

    susceptibles de fixer le lieu d'origine des mo-dles de bronze20. Par ailleurs, les sources historiques nous informent sur la renome dont l'airin de Corinthe jouissait encore l'poque romaine21.

    L'ensemble de ces donnes d'ordre go-graphique, conomique et typologique, n'ex-clut pas, mais renforce au contraire la th-se considrant le style des objets imports Trebenite comme l'une des preuves essen-tielles de l'activit et de la primaut des officines de bronziers corinthiens aprs la chute de la Tyrannie. Les divergences styli-stiques des cratres Gorgones, dcouverts en des endroits gographiquement loigns, nous mnent des solutions diffrentes du problme. Une officine, la plus brillante, avait pu influencer les autres, notent G. Val-let et F. Villard22. Les Gorgones des cratres de Trebenite ne sont, peut-tre, que des adaptations maladroites des Gorgones vi-sages carrs du groupe Vix-Munich32. De m-me, les potiers chalcidiens, d'Eube ou d'Ita-lie, avaient pu choisir les modles de bronze de bonne qualit, qu'ils fussent fabriqus dans leurs officines ou dans un autre centre grec, Corinthe par exemple. Quoi qu'il en ft, il ne faut pas exclure la possibilit d'une origine corinthienne du cratre gant de Vix24.

    L'analyse du diadme en or massif de Vix est susceptible de fournir des preuves complmentaires en faveur d'une telle solu-tion. Contrairement l'opinion de R. Jof-froy25, le diadme de Vix ne prsente pas de parent troite avec l'orfvrerie grco--scythe. On se tournera plutt vers la Mac-doine, dont les objets de parure offrent des similitudes qui ne sauraient tre ignores. Les extrmits du diadme sont dcores au filigrane26, technique peu rpendue en Grce archaque, qui prfre le granul. Or, nous retrouvons ce procd employ sur les ban-des-bracelets du Lot de Chalcidique, faisant aujourd'hui partie de la Collection. H. Stat-hatos (Fig. 1), et sur celles de Narce en Etrurie27. Quant leur date, les bandes de Narce appartiennent au Vi le sicle, tandis que celles de Chalcidique ne pourraient re-monter, en aucun cas, plus haut que le' rni-

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    lieu du Vie sicle. En plus de leur synchro-nisme et de leur parent technique, le dia-dme de Vix et les bijoux macdoniens of-frent d'autres points de comparaisons. Les boules massives places aux extrmits du diadme sont, en fait, ainsi que Ch. Picard l'a dmontr, des pavots somnifres (papa-ver somniferus) styliss28. Symbole cultuel remontant en Ege l'poque pr-hellni-que, le pavot restera, en Macdoine et no-tamment Trebeniste, l'un des ornements prfrs des bijoux funraires (pingles et fibules)283 (Fig. 6). Si l'on situe le lieu de production des bijoux macdoniens dans une ou plusieurs colonies grecques du littoral nord-gen, ce qui semble probable en rai-son du caractre composite des produits, on sera forc de reconnatre que l'assemblage analogue d'objets de provenance diffrante cratres Gorgones et bijoux, constat Vix et en Macdoine, a t vraisemblable-ment effectu, dans les deux cas, dans une et mme rgion gographique.

    Tout en mettant en valeur le commerce des bronzes que Corinthe et ses colonies poursuivaient dans la seconde moiti du Vie sicle, nous estimons qu'il serait injustifi de rejetter a priori la possibilit d'une ori-gine chalcidienne du cratre de Vix. Bien que croyant l'origine laconienne du crat-re, R. Joffroy n'exclut pas tout fait la pos-sibilit chalcidienne29. Les bijoux d'or da-tant de la fin du Vie ou du dbut du Ve sicle, trouvs en Eube, tmoignent des rapports troits que l'le genne devait entretenir, l'poque archaque, avec les co-lonies de la cte macdonienne30. Les l ments du style chalcidien, notamment la Gorgone au visage carr, ne sont pas enti-rement inconnus Trebeniste31. Il s'agirait, peut-tre, dans certains cas, de marchandi-ses chalcidiennes parvenant l'intrieur macdonien par les cits grecques de la Chalcidique32. Du mme coup, l'Eube s'a-vre comme l'un des endroits possibles o l'assemblage du trsor de Vix avait pu avoir lieu. Les colonies chalcidiennes de la Gran-de Grce semblent moins probables. Influ-encs par les ateliers de Corinthe, les bron-ziers avaient pu, paralllement, continuer

    l'ancienne tradition corinthienne, tout en crant un style qui leur est propre et dont tmoignent les nombreuses copies crami-ques. Tandis qu' Trebenite nous verrions plutt des importations corinthiennes, le cratre de Vix, vu sous cette lumire, nous offre deux solutions (Corinthe ou Chalcis), aussi probable l'une que l'autre.

    Les gobelets et les rhytons d'argent re-prsentent un autre groupe important d'ob-jets grecs imports Trebeniste33. Leurs analogies se trouvent, pour la plupart, par-mi les produtis toreutiques ioniens et ori-entaux, dont les plus proches sont les gobe-lets de Dalboki en Thrace34. L'ornement palmettes et lotus des gobelets de Dalboki est typique pour l'art ionien du VieVe si-cle35. Il en est de mme des feuilles de pom-me de pin dcorant les gobelets et les rhy-tons de Trebenite et de Dalboki, caractri-stiques pour l'art ionien et perse36. L'orne-ment archaque combin de palmettes et de lotus se retrouve galement sur la panse de la clbre amphore d'argent de Kukuva Mo-gila en Thrace37, ainsi que sur le rhyton grco-perse de la tombe des Sept Frres en Russie mridionale38. L'amphore de Kukuva Mogila est munie d'anses en forme de lions ails et cornus, dnotant, en mme temps que la stylisation des muscles, les influence de l'art perse et assyrien39. Les prototypes achmnides de l'amphore ont t reconnus depuis longtemps40. Le lion, avec ou sans ailes, est en Orient l'animal solaire par excel-lence41. Etrangre la Grce continentale, la symbolique solaire, introduite d'Asie, sera dans une certaine mesure accepte par les Grecs d'Orient42. Tandis que B. Filov voyait dans l'amphore de Kukuva Mogila une oeu-vre ionienne, peut-tre de Cyzique43, P. Amandry l'a tout dernirement assign la toreutique perse d'poque achmnide44. Il ne faut pas, toutefois, perdre de vue qu'une forte influence de l'art perse s'tait fait sen-tir en Ionie archaque. Tout en subissant les influences orientales, l'art ionien s'infil-trait en Perse, o il tait apport par des artistes grecs, comme Tlphans de Phoce, qui pendant un certain temps travailla pour Darius et Xerxs45. On sait, d'autre part, que

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    Cyzique entretenait des liens commerciaux troits avec la Thrace46. Le griffon solaire se trouve, en Asie Mineure, au service du Dompteur des animaux, tandis qu' Cyzique, colonie milsienne, il se rattache au culte d'Apollon Hyperboren et la lgende des Argonautes47.

    L'ensemble de ces documents rhytons et gobelets d'argent provenant de Thrace, de Macdoine et de Scythie, amphore d'ar-gent de Kukuva Mogila, tmoigne d'un es-prit commun, orientalisant, dominant les ateliers toreutiques du nord ionien. Bien qu'il ft difficile de trancher la question des origines, rien ne s'oppose ce que les arti-sans ioniens, au contact des Perses, eussent copi des prototypes iraniens dont les plus anciens exemplaire remontent une poque plus recule. Tel a t, semble-t-il, le cas des gobelets du type de Trebenite Dal-boki, dont on retrouve des analogies iranien-nes Hasanlu Tp et Amlash, ds le IXeVi l l e sicle48. Les artisans ioniens em-prunteront aux Perses la forme du gobelet cylindrique. Une statuette de bronze de Sa-mos, datant du Vie sicle, reprsente un personnage mle couch, tenant en main un gobelet de forme analogue49.

    Avant d'aborder le problme des mas-ques funraires de Trebenite, il nous sem-ble indispensable de faire quelques brves remarques sur le problme de la chronolo-gie. Bien que B. Filov avait dj dmontr qu'il s'agissait d'importations grecques ar-chaques, et que par consquent on devait assigner les spultures la mme poque, plusieurs archologues yougoslaves ont n-anmoins essay d'abaisser la date de la n-cropole50. Toutefois, ainsi que M. I. Rostov-cev l'avait justement remarqu, aucun des objets trouvs dans les tombes princires ne dpasse le cadre du Vie sicle51. Certains lments imitations locales ou objets il-lyriens, avaient pu s'attarder, dans les tom-bes moins riches de Trebenite ou d'autres endroits, jusqu' la fin du Ve sicle, sinon plus bas52. C'est ainsi que nous trouvons dans des ncropoles appartenant au mme cadre culturel, notamment Mikra-Karabu-run et Zeitenlik, prs de Salonique, des

    vases attiques figures noires dans l'une, des vases figures rouges dans l'autre53. Par consquent, le seul critre chronologique valable est la date des objets d'importation.

    L'usage des masques funraires, vo-quant les coutumes mycniennes, se situe donc dans un cadre culturel et chronologi-que plus ou moins dfini. La rgion de Lych-nidos tait ouverte, ds la seconde moiti du Vie sicle, au commerce grec parvenant de plusieurs directions. Si d'une part nous retrouvons des marchandises corinthiennes, inoniennes, attiques et peut-tre chalcidien-nes, nous constatons d'autre part des pro-duits provenant d'ateliers d'orfvres situs vraisemblablement dans une ou plusieurs cits grecques du littoral nord-gen. Les masques, gants, sandales et feuilles d'or lami-n, se rattachent troitement, du point de vue de leur style dcoratif et de leur apparte-nance chronologique, l'inventaire archo-logique des tombes princires. Gorgones, nattes et autres, nous rvlent, ici aussi, les traditions du style corinthien. Les lments dcoratifs soi-disant ioniens54, ne sont, en fait, que des preuves tardives des origines orientalisantes du style proto-corinthien et corinthien. Tandis que les vases et autres ob-jets de Trebenite nous renseignent sur les contacts que la population autochtone en-tretenait avec les Grecs, les coutumes fun-raires nous introduisent dans le domaine de leurs croyances et penses intimes, trang-res l'esprit hellnique.

    Les analogies mycniennes, aussi sur-prenantes qu'elles soient, ne permettent pas d'expliquer directement l'hiatus insurmon-table de mille ans qui spare les masques--portraits de Mycnes et de Trebenite. Tan-dis que C. Schuchardt et N. Vuli penchaient vers une origine illyrienne des masques funraires mycniens55, opinion autant tm-raire qu'arbitraire, plusieurs savants et tout particulirement Ch. Picard56, attribuaient la primaut au monde gen pr-hellnique. Selon Ch. Picard, la coutume de recouvrir partiellement le cadavre par des feuilles d'or, voquerait les usages funraires gyp-tiens, parvenus d'abord en Crte, pour se r-pandre ensuite sur le continent. Les mas-

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    ques, gants, sandales et bandes de Trebeni-te et de Chalcidique appartiendraient, selon lui, la mme inspiration. M. Vasi, s'est efforc pour sa part de prouver, dans un sens plus large, l'origine mditerranenne des masques d'or de Trebenite57. En se ba-sant sur les trouvailles de Klein-Klein en Autriche et en suivant l'opinion de A. Kera-mopoullos58, le savant yougoslave tait ar-riv conclure que les masques et autres feuilles d'or taient clous sur des larnakes de bois. Thorie ingnieuse, certes, mais ne reposant pas sur des donnes suffisamment solides59. A Trebenite, comme Mycnes, les masques recouvraient les visages des morts60. Une telle solution, jusqu' preuve contraire, reste selon nous la seule valable01. Le casque illyrien feuille d'or recouvrant le visage du dfunt, de la Collection H. Sta-thatos (Fig. 2)62, est, outre les prforations pour attaches des masques de Trebenite, un tmoignage de premier ordre en faveur d'une telle solution. En se rapportant aux trouvailes d'Emse63, P. Amandry constate que l'or qui recouvrait certaines parties des morts ensevelis Trebenite, tait cens prserver les cadavres de la corruption04.

    Les analogies mycniennes exigent une analyse, aussi brve que possible, des coutu-mes funraires constates dans les Cercles Royaux A et B de Mycnes. En plus de Ch. Picard et G. Karo, qui considraient que la coutume gyptienne de recouvrir les dfunts avec de l'or tait parvenue au Ploponnse par l'intermdiaire crtois65, . W. Person admet aussi l'origine gyptienne, bien qu'in-sistant sur les rapports directs avec Myc-nes66. Toutefois, si les contacts directs entre Mycnes et l'Egypte sont indniables l'po-que de la koin mycnienne, de nombreux exemples tmoignent en faveur de la thalas-socratie crtoise l'poque du M. M. I I I I I et du dbut du M. R. I67. Or, nous savons aujourd'hui que la date des plus anciennes tombes royales, celle du Cercle B. dcouver-tes en 1952, se situe vers le milieu du M. M. III68. Du mme coup, l'intermdiaire crtois des influences gyptiennes reconnues dans les Cercles Royaux, s'avre comme trs pro-bable. Ceci n'implique aucunement une colo-

    nisation minoenne du Peloponnse, telle que l'avait imagin Sir A. Evans. Les princes mycniens des Cercles Royaux taient pro-bablement des Achens et non des Crtois69. Ceci est d'autant plus valable pour les prin-ces reposant dans les tholoi, postrieures aux Cercles70. G. E. Mylonas suppose que la construction en encorbellement des tholoi monumentales est une invention locale, dont les prototypes seraient, peut-tre, les Cer-cles Royaux71. Tandis que l'enclos du Cercle A est postrieur aux tombes, construit soit en 1350133072, soit au milieu du XHIe si-cle73, celui du Cercle B avait t errig dans l'intention de renfermer des spultures74. L'enclos circulaire est par consquent con-temporain des plus anciennes tombes prin-cires. De ce fait mme, l'hiatus chronologi-que qui sparait le Cercle A des ossuaires circulaires collectives de la Messara75, uti-liss pendant plusieurs sicles, se voit con-sidrablement combl. On songera, surtout l'poque de la thalassocratie crtoise, des prototypes insulaires possibles. La con-struction funraire de forme circulaire, peut-tre parvenue de Crte sur le continent, avait pu engendrer, par voie indirecte, les tholoi familiales myceniennes. En dpit du fait que la tholos en forme de ruche appa-rat d'abord sur le continent76, o sa techni-que de construction est une innovation loca-le, sinon introduite d'Orient, la conception du tombeau monumental et sa forme lui taient vraisemblablement trangres. Sans insister cet endroit sur la signification de la tholos, lie peut-tre des conceptions cosmologiques et thocratiques, nous rap-pelons, nanmoins, que les tombeaux monu-mentaux mycniens commencrent rivali-ser avec l'Egypte ds l'poque de la domina-tion continentale et de l'tablissement de contacts directs avec les rgions nilotiques77.

    Dans ses tudes sur la civilisation myc-nienne, G. E. Mylonas avait constat, plu-sieurs reprises, que la coutume des mas-ques funraires et de l'embaumement partiel des corps taient contraires aux conceptions religieuses des Mycniens78. En faveur de son opinion tmoignerait, en premier lieu, la raret des trouvailles: la momification

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    n'a t constate que dans un cas, et pas plus de six masques n'ont t trouvs en tout78. Ainsi que G. E. Mylonas l'avait trs justement remarqu, ces coutumes trang-res, introduites d'Egypte, n'avaient t en vogue que pendant une courte priode. El-les disparaissent ds que leur premier effet commence plir80. Ou, si l'on admet l'in-termdiaire crtois comme vraisemblable, l'usage gyptien des masques est abandonn du moment que l'influence minoenne com-mence faiblir. On se souviendra, non sans raison, qu'outre la tombe Gamma du Cercle B, les masques ont t trouvs dans les s-pultures I I I , IV et V du Cercle A, et que par consquent ils couvrent le XVIe sicle tout entier81.

    Il ressort clairement de ce bref expos, que l'origine des masques d'or de Trebeni-ste Gorenci, ne peut tre attribue, en aucun cas, une tradition mycnienne in-existante. A Mycnes mme, cette coutume est trangre, un lment d'intrusion. Le manque presque total de masques funrai-res en Crte81a ne cre pas, toutefois, d'ob-stacles insurmontables. En effet, Ch. Picard a brillament dmontr que ce manque ap-parent n'excluait aucunement le chanon crtois entre l'Egypte et Mycnes. Dans son commentaire du clbre sarcophage de Hag-hia Triada, le grand savant franais conclut que celui-ci est le plus important document de la religion crtoise82. Le dfunt qui assi-ste la scne (Fig. 3), ressemble une mo-mie. Tout en indiquant les parallles gyp-tiennes du sarcophage, Ch. Picard constate que les scnes ne sont pas contraires la possibilit qu'il s'agisse d'un personnage di-vinis. Il cite, l'appui de cette thse, l'ex-emple du temple-tombeau de Minos en Sicile, dont parle la tradition littraire83. L'existence en Crte de chapelles funraires places au-dessus des tombeaux-cryptes, l'poque du Cercle B de Mycnes84, nous incite croire que la divinisation des morts princiers tait coutume courante dans l'le de Minos. La chapelle-tombeau semble tre reprsente sur le sarcophage de Haghia Triade. Le mort divinis, invoqu par les prires, les libations et les offrandes, se pr-

    sente ses adorateurs sous forme de mo-mie. Tandis que l'me jouit les joies de l'a-pothose dans l'Elyse lointain, le corps mo-mifi et incorruptible reprsente, ici-bas, le prince promu au rang des dieux85. On retrou-ve Trebeniste, comme en Egypte, en Cr-te et Mycnes86, la mme conception reli-gieuse, trangre l'esprit rationnel des Hellnes. M. P. Nilsson a retrac l'histoire de ces croyances87. Tandis que l'Hads des Grecs est un lieu o sjournent des ombres anmises et impuissantes, YElysium gyp-to-crtois est le royaume des bienheureux jouissant dans les jardins fleuris88. La con-ception minoenne des Champs-Elyses et de l'apothose sera reprise, l'poque archa-que, par des sectes mystiques, les Orphiques et les Pythagoriciens. L'lment crtois pr-hellnique de leur eschatologie est en fait l'hritage d'un pass lointain, maintenu dans l'le de Minos par l'thnique local, que nous reconnaissons l'poque historique sous le nom d'Etocrtois89. Toutefois, il ne faut pas songer uniquement au conservatis-me religieux, mais aussi des contacts sans cesse renouvels avec l'Egypte. A l'poque du haut archasme, du IXe au V i l e sicle, les navires crtois sillonaient les mers de la Mditerrane90. Chypre et Rhodes, sur-tout Camiros, se joignirent a l'le voisine, formant ainsi une trinit insulaire01, transmettant partout les lments pr-hel-lniques. Les influences crtoises sont trs fortes en Etrurie, notamment Narce92, dont les analogies macdoniennes ont t notes. Il en est de mme avec les pctoraux funraires en or, que l'on retrou-ve en Chypre du X l l e au IVe sicle, et en Italie, Thrace et Macdoine du V i l e au IVe sicle93.

    Si du point de vue strictement thorique il reste possible que des croyances pr-hel-lniques, proches de l'eschatologie minoen-ne, avaient t transmises l'poque histo-riques dans des pays barbares, toute affir-mation semblable, dans le cas de Trebinite, devrait tre appuy par des preuves arch-ologiques ou par des sources littraires. Or, ces preuves existent. Outre les lgendes cad-mennes, l'histoire du voyage de Minos en

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    Italie du Sud nous fournit des indications importantes94. Selon certains auteurs, Minos vient en Sicile en poursuivant Ddale, o il prit95. Selon d'autres, les Crtois seraient venus la recherche de Glaucos, fils de Mi-nos98. Ils s'tablissent ensuite en Iapygie, o ils prennent le nom de Iapyges Mssapiens. Les Iapyges sont proches des Iapodes, Illyri-ens de l'autre ct de l'Adriatique. Selon Strabon97, les colons grecs auraient t ac-cueillis par des barbares et des Crtois: donc vnement survenu l'poque histo-rique. Iapyx, ponyme des Iapyges, est le fils de Ddale et d'une Crtoise. Selon Strabon et Conon98, les Iapyges se se-raient rfugis en Macdoine, dans la rgion de Bottia. Toujours selon Strabon99, la Bottie serait peuple par des Illy-riens et des Epirotes, ce qui est une donne de premier ordre pour sa dtermination g-ographique. Vu que l'Axios sparait la Myg-donie de la Bottie100, et que la Mygdonie se situait entre l'Axios et le Strymon, il semble clair que la Bottie dsignait le pays l'ou-est de l'Axios, o Lychnidos se trouve aussi. Selon certains auteurs antiques101, Bottia aurait t l'ancien nom de la Macdoine. Une autre lgende concernant l'arrive des Crtois en Macdoine est lie Botton, po-nyme des Bottiaioi. La lgende nous apprend que les Crtois, guids par Botton, s'taient installs dans l'Emathia, qui est l'ancien nom de la Macdoine102. L'Emathia englo-bait, dans un sens troit, le territoire situ entre l'Axios et l'Haliakmon. Certains au-teurs estiment que les Bottiens s'taient tablis en SomVce-Chalcidique, au Vi le ou au Vie sicle103.

    Si nous analysons la tradition littraire, nous verrons que les donnes dont nous dis-posons indiquent clairement que les deux vnements, l'arrive des Iapyges crto-illy-riens et de Botton en Macdoine, se sont produits l'poque historique. Minos, sou-verain crtois, poursuit Ddale en Sicile. Se-lon P. Demargne, Ddale devrait se placer vers le milieu du VII sicle104, tandis que la date des tessons crtois trouvs en Italie du Sud, considrs auparavant comme go-mtriques et sub-gomtriques, a t abais-

    se jusqu'au V i l e sicle105. La migration des Iapyges crto-illyriens en Macdoine se si-tue, par consquent, aprs cette date, sans que l'on puisse fixer celle-ci avec prcision. Au cours de leur voyage, les migrs avaient trs probablement suivi la fature Via Egna-tia qui traversait la rgion de Lychnidos, pour s'tablir finallement en Bottie, pays l'ouest de l'Axios, en partie habit par des Illyriens106. D'autre part, Botton et ses Cr-tois se fihent aussi l'ouest de l'Axios, dans l'Emathia Macdoine, et en Bottike Chalcidique. Le nom d 'Emathia (Amathos, ponyme macdonien, Amathia, ville en Ma-cdoine) est en rapport avec la cit 'Ama-thus en Chypre107. Il est difficile de juger si cet ancien toponyme avait t transmis la Macdoine une poque encore plus recule, dont la lgende de Cadmos serait l'cho, ou bien s'il avait t apport par les Bottiaioi. D'autres toponymes macdoniens sont d'ori-gine nettement crtoise: Axios, Gortynia, Europos. Du point de vue archologique, la pntraiton crtoise, y compris Chypre et Rhodes, est entirement justifie par les trouvailles d'Olynthe en Chalcidique. Tandis que la cramique pr-perse d'Olynthe108

    voque, parfois de faon surprenante, les prototypes mycniens, son origine se trouve, dans bien des cas, en Crte, en Chypre et Rhodes109. Selon G. E. Mylonas, la renaissance mycnienne n'avait pas eu lieu Olynthe mme, mais en Ionie, en Chypre et Rhodes110. Le dbut de la cra-mique pr-perse d'Olynthe remonte, selon de rares tessons corinthiens, la pre-mire moiti du Vie, tandis que sa fin se place au commencement du Ve sicle111.

    Observ dans le cadre archologique et historique, la coutume non-hellnique de re-couvrir partiellement les corps aves des feuil-les d'or, constate Trebenite, viendrait de l'est mditerranen, ou plus prcisment de Crte ou de Chypre. Qu'une sorte d'embau-mement primitif tait connue en Macdoi-ne, tmoigne un passage de Xnophon112. Agesipolis, roi de Sparte, meurt Aphytis en Chalcidique. Les prtres d'un temple l'en-duient de miel113. Observation relativement tardive, il est vrai, mais peut-tre coutume

  • 40 VLADISLAV POPOVI

    continuant une tradition plus ancienne. Les tombes No 1 et No 8 sont certes les plus intressantes de la ncropole de Trebeni-te. On trouve dans la premire, outre d'autres objets, un cratres Gorgones, un masque, d'or, un gant d'or avec bague et un rhyton d'argent114. L'inventaire de la tombe No 8 est similaire: masque, gant et paire de sandales en or, gobelet d'argent115. Ces tombes appartenaient in-dubitablement des personnages puissants, princes et matres de la rgion. Tous les masques d'or de Trebenite recouvraient les visages de personnages mles116. C'est aussi le cas des masques mycniens, qui ne recouvraient jamais les visages de fem-mes117. Ce phnomne correspond tout fait aux conceptions et croyances d'une ari-stocratie gentilice, quasi fodale, o le prin-ce, matre dans le monde d'ici-bas, tait aus-si prdestin occuper une place d'honneur dans l'au de-l. Il est curieux de noter que A. Keramopoullos considrait 1a. bague du gant d'or de la tombe No 1 comme une in-signe royale118. Par ailleurs, le gobelet et le rhyton jouaient chez les Macdoniens, les Poniens et autres peuples barbares, un rle dtermin. Chez les Scythes, par exemple, l'offrande du gobelet faisait partie du rituel mystique de la remise du pouvoir royal119. Le rhyton (cornucopia), frquent sur les stles funraires hellnistiques, est le sym-bole du mort divinis. Athne (XI , 4, 461) dit que Chamlon, lve d'Aristote, menti-onne implicitement que les Grecs attri-buaient le rhyton aux hros seulement.

    M. Vasi avait dmontr dans son tude consacre au problme de Trebenite, que la soi-disante mouche place la racine du nez du masque de la tombe No 1, tait en ralit une abeille120 (Fig. 4), L'abeille, qui joua un rle cultuel important dans le mon-de ionien, voque les traditions religieuses pr-hellniques, d'Asie Mineure et de Cr-te121. Parlant du pendantif d'or abeilles de Chrysolakos, du M. M. I, P. Demargne laisse entrevoir la possibilit que l'abeille avait pu tre, en Crte comme en Egypte, le symbole du pouvoir royal122. Un signe crtois du groupe A, associ au labrys, au bucrne et

    l'abeille, est identique l'gyptien aha-pa-lais123. L'abeille tait en Egypte l'un des plus anciens symboles de la royaut. Byty, repr-sent par l'abeille, se trouve sur le titre ro-yal avec la signification de celui qui appar-tient l'abeille ou gardien des abeil-les124. Le gant, autre signe crtois, serait peut-tre en rapport avec les abeilles125. Un exemple tir de la mythologie hittite, dont les analogies crtoises ont t reconnues, est non moins instructif. Tlpinou, le roi-dieu disparu, est retrouv et rveill par l'abeil-le126. C'est l'me en forme d'abeille qui re-trouve le corps du roi divinis. Le souverain, promu au rang des dieux, est aussi gardien des abeilles, des mes de l'Elysium, et ce-lui qui appartient l'abeille, symbole des puissants bienheureux dans les champs fleu-ris de l'au de-la. Les Champs-Elyses serai-ent reprsents, selon Sir A. Evans, sur une bague d'or mycnienne de Kakovatos127. Le savant anglais y voyait des mes-papillons voltigeant dans les champs fleuris. Toutefois, l'un des insectes serait un hymnoptre se-lon M. P. Nilsson128, trs vraisemblablement une abeille129. Il semble vident que l'abeille, en tant qu'me d'un personnage qui rejoint les dieux, tait tout indique devenir en mme temps un symbole du pouvoir. Dans les systmes thocratiques et dynastiques, on attribuait des pouvoirs spciaux aux roix et princes. Ces pouvoirs, ils les gardaient aprs la mort, celle-ci n'tant que le com-mencement d'une vie nouvelle en compagnie des dieux. D'o les gards spciaux qu'on leur consacrait aprs le dcs et le soin, rel ou fictif, que l'on prenait rendre leurs corps intacts. La divinisation tait, haute poque, le privilge des puissants. L'apothose ne deviendra coutume courante qu' l'poque des Csars130.

    Les gants et les sandales n'ont que des analogies lointaines, mais nanmoins int-ressantes, appartenant au monde pr-hellni-que gyptisant et orientalisant. Des sanda-les, en argent il est vrai131, ont t trouves dans un hypoge de Byblos, de l'poque de la XII dynastie gyptienne132. E. Pottier comparait, non sans raison, le contenu de l'hypoge avec les trouvailles de la tombe

  • LES MASQUES FUNRAIRES DE LA NCROPOLE ARCHAQUE DE TREBENITE 41

    IV du cercle A mycnien139..C'est, comme on l'a dj not, l'poque florissante du com-merce crtois. Les trouvailles de Td, de Ras-Shamra et ailleurs, en sont la preuve. Les sandales de mtal sont inconnues en Egypte134, et il reste donc les attribuer au monde gen. Moins convaincantes sont les analogies des gants. L'existence d'un gant dans le Cercle A de Mycnes est discute135. Fait curieux, les gants de Trebenite n'-taient pas trouvs par paires. Est-ce le rsul-tat d'une simple concidence, due aux condi-tions des fouilles, ou bien faut-il attribuer ce phnomne une signification symboli-que dans le sens indiqu plus haut il est aujourd'hui difficile de juger.

    Enfin, il nous reste faire quelques br-ves remarques sur l'orfvrerie macdonien-ne de l'poque archaque. Son caractre composite se rvle par l'adaptation d'l-ments d'origines diffrentes. Certains mo-tifs, ttes de serpents et autres, semble em-prunts un art volu, reprsent Tre-beniste par les meilleurs vases de bronze, de provenance corinthienne ou chalcidienne. D'autres parures, telles les fibules du type de Gordion et les pingles, nous orientent plutt vers le nord ionien. On songera tout de suite des ateliers grecs de la cte ma-cdonienne, combinant des lments varis. Mais, ce sont encore les traits ddalisants, rappelant le cas de la cramique olynthien-ne et les coutumes funraires de Trebeniste, qui nous rvlent le mieux ce caractre par-ticulier des objets de parure macdoniens. Les bandes-bracelets du Lot de Chalcidique auraient peut-tre servi, comme en Egypte, entourer certaines parties du corps136. A l'extrmit plus large des bandes se trouve gnralement le motif de la roue ou de la croix anse, symbole solaire macdonien, se-lon J. Svoronos137. On retrouve ces mmes motifs peints sur la cramique olynthienne du Vie sicle. La croix anse motif floral se rapproche de l'ornement reprsent sur un vase olynthien d'origine crtoise ou rho-dienne138. Un autre vase, probablement cyp-riote, est orn d'un cercle auquel s'ajoute une croix139. C'est l'ornement solaire mac-donien ou Yankh des monnaies cypriotes140.

    On n'oubliera pas, non plus, de noter la dou-ble hche crto-mycnienne, dcorant l'une des bandes de Chalcidique141. Par ailleurs, les boules de pavots stylises du diadme de Vix se retrouvent, ainsi que Ch. Picard l'a-vait justement remarqu142, sur le diadme de la desse mycnienne tardive ou sub--mycnienne de Gazi, en Crte (Fig. 5). Les pavots styliss sont aussi l'ornement prfr des fibules et pingles macdoniennes (Fig. 6). Il n'est pas sans intrt de noter qu'un pavot de bronze se trouvait selon Pausanias (V, 20, 9) au sommet du Philippeion d'Olym-pie. La place qu'occupait le pavot dans le culte orgiastique, pr-hellnique, est connue. Une analyse plus approfondie de la culture matrielle macdonienne allongerait, sans doute, cette liste des lments ddalisants143.

    Observ dans le cadre des donnes arch-ologiques, gographiques, historiques et eschatologiques, le problme des masques funraires de la ncropole de Trebeniste Gorenci s'avre comme l'un des plus com-plexes, mais aussi des plus attrayants de l'archologie balkanique. Les importations grecques archaques de la seconde moiti du Vie sicle sont les tmoins de la puissance et de la richesse des princes de Trebeniste. Leur style nous dcouvre les marchands grecs, du continent ou d'Orient, suivant la route prilleuse liant l'Ege l'Adriatique. Mais, chose plus importante, ce sont les cou-tumes funraires qui nous renseignent sur ces princes lointains, jamais disparus dans les terres lgendaires du nord barbare. On songera, peut-tre, des Illyriens adoptant, au contact des Grecs de la trinit insulai-re, des coutumes qui leur taient trang-res. Mais, on n'oubliera pas, non plus, ces descendants crto-illyriens de Minos, ni ces Bottiens crtois tablis en Macdoine l'poque historique.

    REMARQUES

    1 B. Filow, Die archaische Nekropoe von Tre-benichte, Berlin Leipzeg 1927, tombe I, Pl. 1, N 1, et autres; N. Vuli, Oest. Jahr., XXVII, 1932, fig. 1; Rev. arch., 1934, fig. 15, Pl. I, 1.

    2 De cette tude rsulta une confrence l'Institut archologique de Belgrade, en Fvrier

  • 42 VLADISLAV POPOVI

    1963. Comparer notre article Remarques sur l'ori-gine des objets grecs archaques de la ncropole de Trebenite et le problme des masques d'or. A paratre dans le Starinar, XV.

    3 P. Lisiar, Antiquit vivante, Skoplje, I I I 12, 1953, 245261.

    4 Ibid., 259. 5 P. Lisiar, Sovremenost, Skoplje, IV 78,

    1954, 593; A. Meyer, Numizmatika, Zagreb 1936, 2125.

    6 St. Casson, Macdonia, Thrace and IUyria, Oxford 1926, 59 sq; E. Will, Korinthiaka, Paris 1955, 535, n. 4.

    6a Die Sprache der alten Illyrier, I, Schr. d. Balkan., Lingv. Abt., XV, 1957, 105107, s. v. Damastion.

    7 Op. cit., 532 sq. Ibid., 535 sq. 9 E. Will, de mme que M. Vasi, Starinar,

    1938, 18 et R. L. Beaumont, JHS., 1936, 183, estime que les influences corinthiennes parvenaient en Lyncstide par l'intermdiaire de Potide, colonie corinthienne de la Chalcidique.

    m P. Maki, D. Sirnoska et V. Trbuhovi, Starinar, XI, 1960, 199208, figs. 5, 13, 45. La date de la ncropole, propose par les trois auteurs, semble trop haute.

    Strabon, VII, 326, 7, 7. 12 Op. cit., 101 sq. 13 Manuel d'archologie grecque, I, Paris 1935,

    474 sq.; Gazette des Beaux Arts, CXXXV, 1935 I, 197, et ailleurs.

    14 Necrocorinthia, Oxford 1931, 216. Corinthe par l'intermdiaire d'Apollonie adriatique.

    15 Anses de cratres ressemblant celles de Trebenite et Vix, dcouvertes en Cilicie et en Scythie, R. Joffroy, Le trsor de Vix, Mon. Piot, 1940, 26, s'expliqueraient par une origine commu-ne. Les Gorgones munies de deux paires d'ailes sont typiques pour l'art ionien, Ch. Picard, Ephse et Claros, Paris 1922, 520 sq. Sur l'origine ionienne des objets de Trebenite, P. Jacobsthal, Germania, 1928, 178 sq., italiote A. Rumpf, Deutsche Litt. Zeit., 1928, 281.

    16 Description qui, certes, n'est pas passe inaperue: R. Joffroy, op. cit., 21 sq.; Ch. Picard, Manuel, I, 565; G. Richter, Archaic Greek Art, New York 1949, 46.

    BCH., LXXIX, 1955, 5074. 18 A ce sujet, J. Ducat, BCH., LXXXV, 1961,

    424 sq. Sur les copies corinthiennes de vases atti-ques, S. S. Weinberg, Corinth, VII, Cambridge Mass., 1943, 92.

    CRAL, 1950, 2731. 2 M. J. Milne, A]A., XLVIII, 1944, 39. Marc., Epi., IX, 59. 22 Op. cit., 55. 23 Ibid. 24 Thse soutenue par plusieurs savants, no-

    tamment Ch. Picard, Rev. arch 1954, 7179.

    Op. cit., 48. * Ibid., Pl. 31. 27 P. Amandry, Collection H. Stathatos, I,

    Strasbourg 1953, 43, 45; sur le problme de leur signification, ibid., III, 1963, 193, n. 2.

    28 Ch. Picard, Rev. arch., 1955, 4953. 2811 Sur le problme des fibules moulures

    toiles, P. Amandry, op. cit., III, 203, n. 1. 25 Op. cit., 30; thse laconienne srieusement

    branle, C. Rolley, BCH.. LXXXII, 1958, 168171. 30 P. Amandry, op. cit., I, 73. 31 B. Filov l'avait dj not, op. cit., 105. 32 Sur ce problme, D. Srejovi, Starinar,

    IXX, 195859, 400 sq. 33 B. Filov, op. cit., Pl. VI, 1, No 35 etc.; N.

    Vuli, Oest. Jahr., XXVII, 1932, figs. 1518; Rev. arch., 1934, Pl. II, 4 et ailleurs. Lj. Popovi, Cata-logue des objets dcouverts dans la ncropole prs de Trebenite, Beograd 1956, 23, les consid-rait d'abord comme produits locaux, pour recon-natre ensuite leurs affinits orientales. Antiquit vivante, VIII, 1958, 149154.

    34 Ibid., 150 sq. * 35 B. Filov, Izvestia blg. arh. inst., VI, 1930-31,

    45, 48, fig. 38, No 12; D. P. Dimitrov, Razkopki i prouvania, Sofia, IV, 1950, 220.

    36 E. Minns, Greeks ancl Scythians. Cambridge 1913, figs. 88, 119, pendantifs; 221, fig. 121, rhy-ton; Ebert, Reallex., s. v. Persien, Pl. 29a, rhyton d'argent d'Ersindjen en Armnie.

    * 37 B. Filov, Die Grabhuegel Nekropole bei Du-vanlij in Suedbulgarien, Sofia 1934, Pl. I I I fig. 5559 et ailleurs.

    38 E. Minns, op. cit., 210, fig. 114. 39 B. Filov, Die Grabhuegel Nekropole, 199 sq. 40 Ibid.; A. Roes, Rev. arch., 1938, 173. 41 II appartient au Moyen Orient Hrac-

    ls Sandon, .dont les descendants sont les roix de la dynastie lydienne, E. S. G. Robinson, JHS., LXX 1, 1951, 162.

    42 Lions ails sur les monnaies ioniennes, ibid., 163; A. Roes, Rev. arch., 1934, 136 sq. Symbole ro-

    tatoire sur l'paule des griffons de Kukuva Mo-gile. Mme signification solaire du griffon apol-linien des statres lyciens, E. S. G. Robinson, op. cit., 1 6 1 .

    43 Die Grabhuegel Nekropole, 235. 44 Toreutique achmnide, Antike Kunst, II,

    1959, 3855, d'aprs le c. rendu de I. Venedikov, Izvestia blg. arh. inst., XXIII, 1960, 297 sq.

    G. Richter, op. cit., 179. 46 Dont tmoignent les nombreux cyzicnes

    trouvs en Bulgarie. 47 Sur l'Apollon dompteur des animaux, Ch.

    Picard, Studies D. M. Robinson, I, 1951, 659; sta-tues chryslphantines de Delphes, P. Amandry, BCH., XLIII, 1939, 68 sq.; Syria, XXIV, 149 sq. Griffon sur les monnaies de Cyzique, A. Roes, Rev. arch., 1934, 143. Sur le culte d'Apollon Hyper-boren Cyzique, E. Babelon, Trait des monnaies

  • LES MASQUES FUNRAIRES DE LA NCROPOLE ARCHAQUE DE TREBENITE 43

    grecques et romaines, I, 1907, 174, No 13012. Le griffon cornu est aussi le symbole d'autres cits ioniennes, par ex. Panticape, B. V. Head, Cata-logue of Greek Coins, 1887, 4, No 3134.

    Archaeology, XII, 1959 III, 171; XV, 1962 I, 52. Copie en argile, G. Conteneau et R. Ghirshman, Syria, XIV, 1933, 6 sq Pl. II, No 1. Copies barbares de gobelets ioniens archaques Hildersheim, E. Pernice et F. Winter, Der Hilder-scheimer Silberfund, Berlin 1901, 6769, Pl. 3841.

    49 G. Richter, op. cit., 107 fig. 175. C'est un gobelet et non pas un rhyton.

    m Selon V. ajkanovi, RIEB., II, 1936, 137148, ce serait le butin celtique ramass au pillage de Delphes; M. Vasi, Srpski knjiievni glasnik, 1928, 221231, 299309, attribuait une date hellnistique la ncropole, croyant reconna-tre parmi les princes ensevelis des cavaliers mac-doniens; J. Koroec, Glasnik zemaljskog muzeja, Sarajevo, VIII, 1953, 99 et M. Garaanin, Muzeji, 1, 1948, 122 sq. croyaient pouvoir situer certaines tombes au Ve sicle. Lj. Popovi, Catalogue, 24 sq., tout en datant les objets imports la fin du VIe sicle, propose la seconde moiti du Ve pour les spultures. Selon lui, un dlai considrable tait indispensable pour que les autochtones adop-tent les lments grecs: raisonnement purement spculatif.

    51 Economie History of the Hellenistic World, I I I (notes), 1335.

    52 Casque grco-illyrien reprsent sur les monnaies macdoniennes du IVe sicle, Chr. Blin-kenberg, Lindos, Berlin 1931, 187; construction de la spulture et pe du type mycnien, identi-ques Trebenite et Kozani (du IVe), G. Kal-lipolitou et D. Feytmans, Arch. Eph., 194849, tombe I, fig. 2, pe, 105, fig. 15, No 28. Epe mycnienne de la ncropole hellnistique de Sciatbi en Egypte, E. Brecia, La necropoli di Sciat-bi, Le Caire 1912, 72, fig. 98. Le type de fibules moulures toiles du type urug trpci, suit une longue volution. Les plus anciens exemplai-res archaques, d'Olynthe et de Macdoine (no-tamment de Trebenite) ont l'arc presque en demi-cercle.

    53 L. Rey, Albania, II, 1927, 2857; III, 1928, 6066; IV, 1932, 6776.

    54 Comp. note 15. 55 RIEB., 1934, 163. 56 Rev. arch., 1945, 140 sq.; 1954, 85 et ailleurs.

    - 57 Starinar, 1938, 1418. * 58 Eph, arh., 192728, 49 sq.

    59 J. Koroec, op. cit., 94, a dmontr que quel-ques traces d'ossements partiellement carboniss n'indiquaient nullement l'incinration.

    60 Sir A. Evans prtendait que les masques mycniens taient clous des cercueils de bois. Aussi Stais, Eph. arh., 1907, 3160, et A. W. Person, New Tombs at Dendra near Midea, London 1942, 113 sq. Mais dj G. Karo, Ath. Mitt., 1927, 136138, notait que les masques et feuilles d'or

    recouvraient, peut-tre, des corps demi momi-fis. G. E. Mylonas, Ancient Mycenae, Princeton 1957, 108 sq., rejette dfinitivement la thse des cercueils de bois, vu que pendant les fouilles du Cercle B aucune trace de ceux-ci ne fut trouve. Dans la tombe E, les ornements d'or recou-vraient, semble-t-il, la poitrine, le visage et la tte d'un mort, ibid., 142.

    61 Des opinions contraires se firent entendre notre confrence, en Fvrier 1963, mettant l'ac-cent sur l'incinration. Comparer ce sujet, J. Ko-roec, loc. cit.

    BCH., LXXV, 105, Pl. 21. 63 H. Seyrig, Syria, XXIX, 1952, 209 sq, Pl. II,

    12, et n. 1. m Collection H. Stathatos, I, 39 et n. 2. 65 Ch. Picard, Les religions prhllniques,

    Paris 1948, 288 sq.; G. Karo, Schachtgraeber von Mykenai, 1930, 180.

    66 Op. cit., 191. Aussi G. E. Mylonas, op. cit., 123.

    67 Importations crtoises Dlos, H. Gallet de Santerre, Mlanges Ch. Picard, I, 1949, 393, Chios, M. F. S. Hood, JHS., LXXV, 1955, 20, Milet, C.

    Weickert, Anatolian Studies, VII, 1957, 24, en Syrie et en Egypte, H. J. Kantor, Al A., LI, 1947, 18.

    m G. E. Mylonas, op. cit., 165. > Ibid., 174. 70 Sur la controverse qui opposait Sir A. Evans

    et A. J. B. Wace au sujet de la priorit chronologi-que des Cercles Royaux et des tholoi, ibid., 97 sq.; A. J. B. Wace, Mycenae, Princeton 1949, 119131; Ch. Picard, Les religions, 281 sq.

    71 Op. cit., 100. 72 A. J. B. Wace, loc. cit. 73 G. E. Mylonas, op. cit., 119, suppose l'existen-

    ce d'un enclos plus ancien; Hesperia, 1962, 298. 74 Ibid., 165. 75 Ch. Picard, Les religions, 162, tholoi ou

    pseudo-tholoi, la question n'est pas encore rsolue. 76 On discute encore la date d'une tholos d-

    couverte prs de Cnossos, ibid., 174 sq; tholoi du H. A. dcouvertes Lbn BCH., 1960, II, 844846.

    77 Ibid., 287 sq. 78 Ancient Mycenae, 125; Minoica. Festschrift

    J. Sundwall, Berlin, 1958, 282. 79 G. E. Mylonas, Ancient Mycenae, 125. Sur

    la momie mycnienne, H. Schlieman, Mycenae, New York 1880, 297, No 454. Les albums du clbre explorateur allemand ont t tout rcemment achets sur le march: reproduction de la momie peinte l'huile, M. S. F. Hood, Archaeology, XIII, 19601, 61 sq.

    80 Ancient Mycenae, 125. 81 Ibid., 124, la tombe I I I est l'une des plus

    rcentes. 8ia un masque d'lctron dans une tholos tar-dive de Mouliana, en Crte, Sir A. Evans, The Shaft Graves and Bee-Hive Tombs of Mycenae, London 1929, 13, fig. 6.

  • 44 VLADISLAV POPOVI

    82 Les religions, 168174. 3 Diod., IV, 7680; XVI, 9. 84 Tombeau-chapelle prs de Cnossos, du M. M.

    II I M. R. I, Ch. Picard, Les religions, 173; A. Evans, Palace of Minos, IV 2, 962, sq.

    85 Lucien, De luctu, 21, prtend avoir vu en Egypte une momie assistant un banquet. L'exem-ple est instructif.

    86 Contrairement A. J. B. Wace, op. cit., 14, G. E. Mylonas maintient qu'aucune trace du culte hroque n'a t vraiment constate dans les Cerc-les Royaux, Ancient Mycenae, 171.

    87 The Minoan Mycenaean Religion, Lund 1927, surtout 514516, 537548 et 556557.

    88 Reprsent, peut-tre, sur une bague d'or mycnienne, ibid., 549.

    89 Sur les Etocrtois, P. Demargne, La Crte ddalique, Paris 1947, 102 sq.

    s Ibid., 320. Ibid., 328 sq. 92 E. Coche de la Fert, Les bijoux antiques,

    Paris 1956, 50. 93 P. Amandry, Collection H. Stathatos, I, 37

    sq. Notons enfin que les scnes de l'amphore Hub-bard, produit cypriote du VIIIe sicle, rappellent celles du sarcophage de Haghia Triada, P. Dikaios, BSA., XXXVII, 193637, 56 sq.

    94 Excellent aperu du problme, J. Brard, La colonisation grecque de l'Italie mridionale et de la Sicile dans l'Antiquit, Paris 1941.

    fs Hr., VII, 170171; Arist., Polit., II, 10, 4; Diod., IV 7680, XVI, 9.

    96 Ath., XII, 523. 97 VI, 279, 3. 98 Narrat., 25. 99 VII, fr. 11. oo p_ W., Realenc., s. v. Axios. mi Justin., VII, 1, 3. i2 Strabon, VII, 327, fr. lia. 103 p. _ w . , Realenc., s. v. Bottia. io" Op. cit., 347. i5 A. Blakeway tait le premier attirer s-

    rieusement l'attention sur les tessons crtois en Italie du Sud, BSA., XXXIII, 193233, 174 sq.; JRS., XXV, 1935, 129, sq. L'appartenance chronolo-gique plus exacte a t dtermine par R. M. Cook, JHS., LXVI, 1946, 80, n. 119, 81. La cramique cr-toise est suivie par la cramique rhodienne, T. J. Dunbabin, The Western Greeks, Oxford 1948, 237; F. Villard, Gnomon, 1953 I, 13.

    i6 Les Dassartes de la rgion de Lychnide sont des Illyriens.

    i7 P. W., Realenc., s. v. Emathia, Amathia, Amathos, Amathus.

    i8 Olynthus, V, 15 sq. et XIII, 3 sq. " Surtout Olynthus, XIII, 5, Pl. 4, P. 3 et V,

    Pl. 3233, P. 52, Pl. 29, P. 45. no Ibid., V. 60. m Ibid., XIII, 6 sq. "2 Hell, V 3, 1819. u3 Embaumement dans du miel en Egypte, W.

    Budge, The Mummy, Cambridge 1925, 208; Glau-

    cos, fils de Minos, tomb dans un pot rempli de miel, P. W., Realenc., V. col. 2114.

    114 B. Filov, op. cit., Pl. 17. No 63; Pl. I, 1; Pl. II, 1, No 3; Pl. VI, 1, No 35.

    115 N. Vuli, Oest. Jahr. XXVII, 1932, figs. 1, 4, 5, 15, 16.

    116 Reprsenatation stylise des casques gr-co-illyriens, encadrant le visage des masques.

    n7 G. E. Mylonas, Ancient Mycenae, 107. s Op. cit., 90. 119 A. Alfoeldi, Folia Archaeologica, IIIIV,

    1941, 116, selon le c. rendu de G. Kacarov, Izve-stia blg. arh. inst., XV, 1946, 166 sq.

    i2 Op. cit., 226. 121 Ch. Picard, Rev. Et. Anciennes, XLII, 1940,

    281 sq., sur les rapports entre l'abeille et les Courtes.

    122 Fouilles excutes Mallia, fasc. 1, Etudes crtoises VII, Paris 1945, 54, n. 1, 56, Pl. 46, 13; BCH., 1930, 414416.

    123 Sir A Evans, Scripta Minoa, Oxford 1909, 197, No 41.

    124 Ibid., 213, No 86. 125 Ibid., 183 sq., No 9ab. 126 Ch. Picard, Les religions, 230. 127 JHS., XLV, 1925, 43 sq. 128 Op. cit., 549 sq. 129 Papillons ou abeilles sur les disques d'or

    du Cercle A de Mycnes, A. J. B. Wace, op. cit., 60. 130 F. Cumont, Lux Perptua, Paris 1949, 45. 131 L'argent avait en Egypte plus de valeur

    que l'or. 132 Ch. Virolleaud, Syria, III, 1922, 284, fig. 5,

    No 13. 133 Ibid., 289 sq. Le vase orn de spirales t-

    moignerait en faveur de l'origine crtoise, N. Aberg, Bronzezeitliche und Frueheisenzeitliclie Chronologie, IV, Stockholm 1933, 12, fig. 9; A. Evans, Palace of Minos, II 2, 451, fig. 420.

    134 E. Pottier, op. cit., 304. 135 M. Vasi, Starinar, 1938, 18. 136 Ch. Picard, loc. cit.; sur les diffrentes

    hypothses concernant la signification des ban-des-bracelets, P. Amandry, Collection H. Stathatos, III, 193, n. 2.

    137 L'hellnisme primitif de la Macdoine, Pa-ris 1919, 18.

    138 P. Amandry, Collection H. Stathatos, I. Pl. 23, No 125, bande; Olynthus, V, 32, Pl. 29, P. 45, vase pr-perse.

    139 Ibid., XIII, Pl. Pl. 4, P. 3. 140 Hill, Catalogue of Greek Coins. Cyprus,

    1904, Pl. 9, 10 et 23. mi P. Amandry, Collection H. Stathatos, I, Pl.

    16, No 7071. 142 Rev. arch., 1955, 4953. 143 Le technique de l'assemblage de deux moi-

    ti en mtal des casques grco-illyriens est aussi typique pour les casques ddaliques d'Axos en Crte et de Delphes, J. Marcad, BCH., 1949, 421436.

  • 14 VLADISLAV POPOVI

    Fig. 1. Bande d'or de Chalcidique. Fig. 2. Casque grco-illyrien masque d'or, de Macdoine. Fig. 3. Dtail du sarcophage de Haghia Triada.

  • 15 VLADISLAV POPOVI

    Fig. 4. Masque d'or de Trebeniste Gorenci. Fig. 5. Desse sub-mycnienne de Gazi. Fig. 6. Epingle macdonienne pavots styliss.

  • Contacts grco-illyriens sur la cte est de l'Adriatique Aperu des rsultats de la science yougoslave d'aprs guerre*

    MLADEN NIKOLANCI

    Les contacts grco-illyriens dans les par-ties occidentales de la pninsule des Balkans se manifestent essentiellement dans une r-gion qui s'tend le long du littoral, indiquant clairement le chemin suivi par les influ-ences grecques, savoir la route maritime. Les produits de l'art et de l'artisanat grec, dcouverts l'intrieur de la zone ctire, y sont parvenus, naturellement, des centres commerciaux grecs de la cte. Il serait actu-ellement difficile et prmatur de fixer une limite entre la rgion o les importations arrivaient par l'Adriatique et celle qui les voyait venir de l'Ege par l'intermdiaire de la Macdoine.

    La zone ctire des importations et de l'influence grecque peut tre divise, grosso modo, en deux vastes rgions: l'une com-prenant cette partie du littoral o les pro-duits grecs parvenaient directement de la Grce et de la Grande Grce, c. dire les parties centrales et mridionales de la cte dalmate, avec les colonies grecques d'Issa, Pharos, Korkyra Melaina, Bouthoe (Budva). L'autre comprend l'Adriatique du nord, l'Istrie et la Slovnie, o les influences grec-ques parvenaient indirectement par l'Etru-rie, c. dire par le nord de l'Italie, faits de-venant prsent de plus en plus vidents. Certes, il faut bien souligner que les points de vue diffrent, mais que les opinions d'a-prs guerre f l ] parlent surtout en faveur de l'Etrurie comme foyer d'manation des in-fluences grecques se rpandant vers le nord-ouest des Balkans,

    Les nombreux travaux des savants you-goslaves et trangers, publis aprs la guer-re, montrent clairement que le problme des Grecs de l'Adriatique, depuis longtemps l'objet de recherches des archologues et des historiens yougoslaves et trangers, a obtenu un regain d'intrt caractristique aprs la libration. En somme, cette manifestation n'en est qu'une parmi d'autres analogues, tmoignant de l'intrt que l'archologie mondiale montre ces derniers temps pour la priphrie des grandes cultures classiques.

    La premire synthse d'aprs guerre, cel-le de Lisiar, traitant des colonies grecques de l'Adriatique, a paru en 1951. [2] Le but et l'objet principal du livre se trouvent expo-ss dans la deuxime et la troisime parties de l'ouvrage consacres l'poque de la fon-dation de la colonie cnydienne de Korula (Korkyra Melaina), et de l'inscription de Lumbarda de la mme le, cette dernire ayant trait aux problmes de la fondation de la colonie rcente dans l'le et du partage des terres. Dans la premire partie du livre (Les anciens Grecs et l'Adriatique), l'auteur rsume utilement les rsultats, les points de vue et les hypothses consacrs ces pro-blmes. L'auteur s'efforce de prouver en s'appuyant sur Ps. Scymnos, Strabon et Pli-nius l'existence certaine de la colonie

    * Vu que cet article, dont l'auteur avait la charge, devait paratre dans un autre contexte, seuls les travaux parus jusqu'en 1960 ont t pris en considration.

    Les chiffres entre parenthses se rapportent la bibliographie.

  • 50 MLADEN NIKOLANCI

    cnydienne au IVe sicle av. n. ., tant donn que leurs sources d'information (surtout Theopompos, Ephoros et Timaios) seraient du IVe sicle. L'auteur essaie de prciser la date de la fondation de la colonie, et des deux hypothses possibles, IVe ou VieVe sicle il penche vers la seconde, estimant que la colonie avait du tre fonde l'po-que de la plus grande activit de la Penta-pole dorienne, ce qui devait avoir lieu au Vie ou au plus tard au Ve sicle. Dans le cha-pitre traitant le psphisme de Lumbarda, l'auteur relate de nouveau son texte, cette fois-ci en entier, avec la liste complte des colons, d'aprs l'dition de Brunmid et les additions de Wilhelm.

    La nouvelle publication de G. Novak [3 ] reprsente une autre synthse sur les Grecs de l'Adriatique, o il rsume ses points de vue. Il met surtout l'accent et revient argu-menter la thse (mise dans un travail, ant-rieur paru dans le Zbornik Hoffiller, 1940) selon laquelle on devrait lire Issa, au lieu de Lissos, l'endroit du texte de Diodore, XV, 13. L'auteur a consacr une monographie spciale Issa, [5 ] la plus importante colo-nie grecque de l'Adriatique, relatant son his-toire des temps les plus reculs jusqu' la fin de l'antiquit.

    Cependant, il est un domaine de recher-ches classiques qui a t surtout mis en vi-dence durant cette priode d'aprs guerre. Ce sont les travaux concernant la gographie et la toponomastique antiques. L'un des tra-vaux les plus importants dans ce domaine est l'tude de M. Suie [9 ] sur le Priple de Ps. Scylax, principale source antique concer-nant la cte est de l'Adriatique. En analy-sant la disposition des lieux ctiers, dcrits dans cet ouvrage, l'auteur a constat qu'il allait du nord-ouest vers le sud-est, mais que dans le chapitre 23 cette disposition montre un sens contraire, suivant le che-min du sud-est vers le nord-ouest. Se ba-sant sur la forme plus dtaille de ce cha-pitre, contrairement aux descriptions stro-types de la plupart des autres chapitres, l'auteur conclue que celui-ci avait du tre pris d'un autre auteur dcrivant la cte adriatique prcisment dans ce sens contraire, trs pro-

    bablement d'Eratosthenes, comme on pour-rait conclure d'aprs les fragments conser-vs de son ouvrage. Une conclusion analo-gue pourrait tre applique au chapitre 22. On y voit les Hylleis et les Bulini de la pres-qu'le de Hyllis, traits comme Ulyriens. Ce-pendant, tant donn le fait qu'au IVe si-cle, a l'poque du Priple, la notion de l'Il-lyrie n'avait pas encore atteint les rgions aussi loignes vers le nord, il ressort clai-rement que cette partie avait du tre inter-pole ultrieurement. On trouve galement dans ce chapitre le passage confus concer-nant l'le d'Alcinos et les Lotophages, dont l'anticipation de plusieurs chapitres a t prouve par une analyse dtaille de l'au-teur. En transposant ce passage au sud, vers Korkyra Corfou, on transpose en mme temps tout le problme de la localisation de-l ville d'Hracle, lie cette partie de l'ou-vrage. Bien que l'auteur n'essayera pas, ici mme, de rsoudre ce difficile problme, il considre, namoins, que l'on doit chercher Hracle vers le sud, contrairement aux tentatives prcdantes, bases sur le texte de Ps. Scylax, voulant situer la ville quelque part en Dalmatie centrale. Dans sa descrip-tion du littoral liburne (chapitre 21), Ps. Scylax cite toute une srie de noms de villes en Liburnie, d'les de la baie du Kvarner, mentionnant en mme temps le fait intres-sant sur la gyncocratie parmi les Liburnes. Tout en faisant de nombreuses mendations des corruptelae du chapitre en question, r-ussies pour la plupart, l'auteur arrive la conclusion que nombre de donnes de ce chapitre sont l'oeuvre de remaniements pos-trieurs du Priple, allant jusqu' l'poque byzantine, quand, semble-t-il, on considrait ce thme toujours d'actualit et quand on l'largissait par des gloses. En se basant sur ces faits, l'auteur arrive conclure que le Priple avait d tre, au dbut, une esquisse trs schmatise (reconstruction idale de l'auteur expose la fin de l'ouvrage), lar-gie progressivement par les glossateurs, au fur et mesure de l'intrt croissant et de l'largissement des connaissances du littoral adriatique. Ayant tout ceci en vue, sans te-nir compte de la vieille tradition qui consi-

  • CONTACTS GRECO-ILLYRIENS SUR LA COTB EST DE L'ADRIATIQUE 31

    dre Scylax de Caryande comme l'auteur du Priple, l'auteur conclue galement qu'au cours du Vie sicle devait exister une des-cription du littoral adriatique ayant servi de base au priple de date plus rcente.

    D. Rendi-Mioevi a publi, en 1950, son premier travail [10] de la srie Contribu-tions, l'ethnographie et la topographie de notre littoral l'poque antique, traitant l'ethnique IAAAXINON de l'inscription grecque de Starigrad Pharos, lequel, partir de Bclch dans la CIG, tait toujours mis en rap-port avec les habitants du Iader liburne. Par contre, l'auteur suggre l'ethnique Iada-sini qui serait en rapport avec le nom anti-que de la petite rivre Iader prs de Salone (hypothse intressante mais non admise par tous, cfr. Suie, 34), constatant l'appari-tion du mme ethnique, sous forme de Iada-stinoi, sur un fragment de l'inscription grec-que appartenant trs probablement au res-criptum bien connu de 56 av. n. ., trouve Salone. Quant l'inscription de Starigrad et de son contenu, l'auteur les met en rap-port avec les vnements lis la fondation de Pharos, dcrite par Diodore, XV, 14.

    Dans un autre article, Rendi [11] traite l'hydronime de Ps. Scylax Koct

  • 52 MLADEN NIKOLANCI

    av. n. ., avant l'arrive mme des Romains. Le fait de voir au cours de la priode golo-gique plus rcente la Neretva se rpandre, formant ainsi un grand lac dans les rgions de Gacko et de Capljina (ce qui ne corres-pond pas aux mesures cites dans le Priple de Ps. Scylax, bien qu'aucune autre hypo-thse ne pourrait lui correspondre), et la possibilit de reconnatre dans le gradina d'Oanii Yemporium de Ps. Scylax, ont amen l'auteur localiser le grand lac dans cette rgion.

    Ainsi qu' Oanii, les ruines de la for-teresse illyrienne de Meteon aujourd'hui Medun au Montngro ont attir sur eux l'attention. Tout en s'appuyant sur le compte rendu de Praschniker et Schober (Archaolo-gische Forschungen in Albanien und in Mon-tngro, Wien 1919.), I Zdravkovic [50] c'est de nouveau occup du site et dress un nou-veau plan et photographi les vestiges. Tout ce qui a t dit propos d'Oanii, reste aussi valable pour les ruines de cette forte-resse (datant du IVe ou du I l l e sicle av. n. .).

    C'est D. Rendi Mioevi [17] qui a combl le grand desideratum de l'archologie yougoslave en rassemblant et en tudiant sci-entifiquement, aussi compltement que pos-sible, les donnes concernant le trs riche matriel archologique, en or et autre, de la ncropole de Budva (Bou&o/)), dtruite sans aucun gard lors de la construction d'un htel la veille de la deuxime guerre mondiale. Cette dcouverte d'objets en or, la plus riche du littoral est de l'Adriatique, avait t disprse, pendant et aprs la guerre, en diffrents endroits de la Yougo-slavie et l'tranger. Les objets de parure trouvs dans les tombes, composs d'un grand nombre de colliers, de bracelets, de boucles d'oreilles, de mdaillons reprsen-tations figurales (un trs bel exemplaire de mdaillon protom de femme au British Musum), de bagues, d'agrafes, de penden-tifs etc. datent de l'poque s'tendant du IVe au le sicle av. n. . La plus grande par-tie, cependant, date du I l l e et du I le sicle, surtout du I l le. Bien que pareilles formes de parure fussent, l'poque hellnistique,

    rpandues travers toute la Mditerrane, l'auteur considre, se basant sur l'analyse du style et de la technique, que Tarent pourait tre pris en considration comme centre probable de cette production.

    D. RendiMioevi [18] avait consacr, un peu plus tt, une tude aux objets de pa-rure en argent de Gorica en Herzgovine (prs d'Imotski), trouvaille trs intressante et typologiquement extrmement importante, publie auparavant par Truhelka dans le Glasnik du Muse de Sarajevo, 1899, p. 339, p. 389, et 1914, p. 125. Il semble, nanmoins, que le Muse de Sarajevo n'avait pas acquis la totalit des objets. Rendi a bien suspect que certains exemplaires semblables, acquis par le Muse de Split la veille de la guerre, pouvaient appartenir la m-me trouvaille. Procdant l'analyse de certaines formes de bijoux (boucles d'oreilles thriomorphes, boucles d'oreilles anthropomorphes ngrodes, agrafes en noeud d'Hracls), dont les types sont ca-ractristiques pour les ateliers d'orfvrerie hellnistiques de la Grce et de la Grande Grce, Rendi a tabli que le cadre chrono-logique des bijoux devait tre situ au I l le sicle, se qui est en concordance avec la da-tation mise par Truhelka la base du nom-bre considrable de fibules appartenant au Latne Moyen. Toutefois, les particularits de ces bijoux, ainsi que la matire (argent), indiquent que ces objets de parure avaient d tre fabriqus soit dans un atelier hel-lnistique dans l'intention de les exporter aux Balkans, soit dans les ateliers grco-il-lyriens du pays mme, en faveur de quoi tmoigneraient certains indices.

    Cependant, les trouvailles de boucles d'oreilles en or, thriomorphes et anthropo-morphes, sont devenu de plus en plus fr-quentes ces dernires annes, surtout aux environs d'Ohrid en Macdoine occidentale. P. Lisiar [19] a donn un aperu de ces d-couvertes, anciennes et rcentes. Une trou-vaille fortuite de boucles d'oreilles en or de Gostilje au Montngro (au-dessus de lac de Skadar), a suscit une campagne de recher-ches, entreprises en 1956. et en 1957. par les archologues de Sarajevo. Une vaste ncro-

  • CONTACTS GRECO-ILLYRIENS SUR LA COTB EST DE L'ADRIATIQUE 31

    ple de l'poque prromaine, contenant des objets de fabrication locale et des importa-tions, ft alors dcouverte. En plus de la cramique nombreuse (formes hellnisti-ques, de petites dimensions) des fibules, de nombreux objets de fer (surtout des lances, mais aussi des machairai) et des boucles d'oreilles du type dj mentionn, furent trouvs. La valeur des objets reoit en im-portance par la dcouverte de monnaies (plusieurs pices de monnaie de Gentios).

    Dans son aperu Lisiar souligne le fait que tous les sites ayant fournis ces bijoux hellnistiques typiques, surtout des boucles d'oreilles, y compris les nombreuses trou-vailles rcentes des environs d'Ohrid, gravi-tent vers l'Adriatique, contrairement la Macdoine orientale dont les bijoux d'or, bien que ne faisant pas dfaut, sont d'un autre type.

    En nous tournant maintenant vers la Dalmatie centrale, nous devons nous arr-ter sur Issa, la plus importante colonie grec-que de la rgion. Se basant sur les donnes godsiques et les photos ariennes, B. Gab-rievic [23] a tabli, pour la premire fois, un plan valable de la ville antique d'Issa, pour l'instant contours gnraux, il est vrai. Les murs de la ville sont par endroit visibles tandis que la disposition l'intrieur de la ville tait jusqu' prsent reste complte-ment inconnue. En utilisant les photos ari-ennes, l'auteur a pu constater l'existence, dans la partie ouest de la ville, de deux com-munications longitudinales, c. dire de deux rues suivant la dirction sud-nord, en d'aut-res termes menant de la mer vers l'intrieur. Les restes d'un portique romain au fond de la ville ont, en raison de sa longueur, amen l'auteur suspecter l'existence de deux aut-res communications semblables dans la par-tie est de la ville. Quelques unes de ces com-munications concident avec des sentiers champtres modernes, marqus par un mur de pierres. Il est difficile, sans fouilles ar-chologiques, de constater l'existence de com-munications dans le sens horizontal, tout le terrain tant dispos en terrasses. L'auteur arrive aussi ime autre constatation impor-tante: les murs est de l ville enferment la

    petite peninsule de Prirovo (o se trouvent les vestiges d'un thtre romain) dans le systme dfensif de la ville.

    Le fait mme que dans la plus grande le dalmate, Bra, contrairement aux colonies grecques bien connues d'Issa et de Pharos, aucun site d'habitation grec n'avait t re-connu (voir ce sujet l'article [25] de D. RendiMioevi), avait incit le Muse archologique de Split d'entreprendre des fouilles Via Luka, dans la partie ouest de l'le. Les fouilles avaient pour but de trouver la ncropole, dont quatre tombes, incidem-ment dcouvertes en 1908, contenaient des objets grco-illyriens intressents, datant du IVe sicle. Les rsultats des fouilles ont t ngatifs. Les quatre tombes n'taient que des spultures isoles. La campagne a fourni quand mme des rsultats inattendus: l'endroit de la dcouverte de 1908 fut trou-ve enfouie une pice de monnaie d'argent de Crotone (trpied avec la lgende rtro-grade 9 PO, au revers mme reprsentation incusa), datant autour de 500. Une autre trouvaille importante, faite au mme en-droit, comprend la moiti d'une gemme lipsode en verre jaune surface entire-ment corrode. Deux pareils exemplaires avaient t dj trouvs dans ces tombes, en 1908 (avec reprsentation de deux boucs s'affrontant et d'un personnage mle luttant avec un griffon. Tout rcemement, R. Bii Drechsler a dcouvert une autre dans les tombes iapodes de Kompolje, rgion de Lika (39, PL XXXIV , 3). Une troisime trou-vaille importante consiste de plusieurs petits fragments de cramique trs beau vernis noir attique et un autre fragment galement trs petit, figures noires, avec reprsenta-tion de deux chiens courant, motif dj con-nu des vases proto-corinthiens et corinthiens anciens. Ce fragment soulve des problmes particuliers, en raison desquels nous ne pou-vons pas, cet endroit, aborder la question chronologique. Les fragments de vases men-tionns ont t dcouverts dans une tran-che sur le plateau dominant la valle o les fouilles furent entreprises, mls une quantit considrable de tessons illyriens atypiques mais connus des gradina (La

  • 54 MLADEN NIKOLANCI

    dcouverte sera publie avec le matriel de l'anne 1908, que V. Hoffiller n'avait pas rendu publique. Les illustrations des objets de valeur, trouvs dans les tombes de 1908, ont paru dans un aperu deD. Vrsalovi [27] o sont entrgistrs en mme temps les mo-numents archologiques et les vestiges de l'-poque prhistorique et antique de Bra. On voit, dans cet aperu, illustrs pour la pre-mire fois les murs cyclopens de krip Bra, ayant appartenu une forteresse il-lyrienne ou grco-illyrienne).

    Aprs la guerre, G. Novak a fouill plu-sieurs sites en Dalmatie, prhistoriques il est vrai, mais dont l'activit, de certaines d'entre eux au moins, avait pu se prolonger jusqu' l'poque historique. Il a ainsi dcou-vert des fragments de cramique grecque hellnistique, apulienne en grande partie, celle-ci tant trs rpandue en Dalmatie. Tel est le cas de Markova pilja (grotte) Hvar, des Pakleni otoci, (Iles Infernales), en face de Hvar et des les de Lastovo et de Korula (Arheoloki radovi i rasprave, I, 1959, 560, 237244, Ljetopis Jug. Akademije 60, 1955, 227230).

    Dans le domaine de l'pigraphie grecque, il faut noter les travaux de D. Rendi Mioevi dirigeant ses recherches (compre-nant les monuments latins aussi) en vue d'tablir l'existence des rapports entre les nouveaux habitants venant de Grce et les in-dignes illyriens, bases sur le matriel ono-mastique. Une premire tude [29] impor-tante dans ce domaine est consacre par l'au-teur l'onomastique illyrienne des inscrip-tions grecques de la Dalmatie, se basant sur les travaux de Krahe et autres. Il est remar-quable de trouver parmi ces inscriptions un grand nombre de noms qui ne sont pas grecs mais illyriens, ayant leurs analogies sur la cte mridionale italienne, en Apulie et en Messapie. En partant de la tradition littraire, considrant la fondation d'Issa par Dionysios l'Ancien comme parfaitement certaine (contrairement la lecture Lissos que l'on trouve chez Diod. XV, 13, voir No-vak, 3), l'auteur conclue, avec raison, que les colons n'taient pas exclusivement des Syracusains, mais que la nouvelle cit com-

    prenait aussi un assez grand nombre d'Illy-riens de l'Italie du sud. La formule onoma-stique est dans un petit nombre de cas un nom seulement, donc de type non grec, restant pour la plupart deux noms (nom et nom du pre) avec alternance du rle de l'lment grec et illyrien de la formule ono-mastique, ou bien entirement du type grec. Il est difficile, pour le moment d'tablir la part de l'lment local illyrien dans cette symbiose grco-illyrienne, bien qu'elle sem-ble avoir t importante en juger non seu-lement d'aprs le psphisme de Lumbarda, mais aussi d'aprs les trouvailles archolo-giques (tombes illyriennes cramique grecque importe, dcouvertes dans les en-virons immdiats d'Issa et de Pharos).

    Rendi a donn, dans un autre article, [30] une nouvelle lecture du rescriptum bien connu du dcret d'Issa de 56 av. n. ., trouv Salone. Cette nouvelle lecture, tout fait inattendue, apporte de nouveaux moments dans l'interprtation des rapports entre Issa et ses factoreries du continent. Ainsi, en pro-cdant une minutieuse tude de l'inscrip-tion, Rendi a reconnu TPArYPI[NON] dans un mot trs endommag prcdant la lacune devant les noms des dlgus d'Issa. Il a d-montr, de sorte, que la factorerie de Salo-ne (elle n'a jamais t une colonie au' sta-tut de polis) avait t fonde par Tragurion, ce dernier tant, selon Polybe, une agglom-ration issenne.

    Cependant, la plus intressante selon son contenu est une inscription funraire grec-que du IVe, sinon du I l l e sicle av. n. . fournissant des donnes importantes pour l'histoire et la connaissance des rapports grco-illyriens au sicle de la fondation des colonies grecques. L'inscription est consa-cre Kallia, guerrier mort en combattant les Illyriens (publie par D, RendiMio-evi). [31] Selon le compltement, effectu par Rendi, d'un endroit endommag de l'in-scription par le mot navire, il s'agirait d'un combat naval. Ne disposant pas de donnes sur l'origine de l'inscription, mais se fon-dant sur le dialecte ionien de l'inscription et sur certains indices plus accessoires, l'au-teur a mis l'hypothse que l'inscription pro-

  • CONTACTS GRECO-ILLYRIENS SUR LA COTB EST DE L'ADRIATIQUE 31

    venait de Hvar, suggrant prudemment, vue l'poque de l'inscription, que son contenu pouvait tre en rapport avec la lutte des co-lons grecs et des Illyriens, mentionne par Diodore. R. Egger (Allerlei aus Inschriften. Antidoron Abrami, I, 189130) s'est aussi occup de la mme inscription, tablissant d'abord qu'elle provenait certainement de Vis. Par ailleur, le mme auteur complte, sans hsiter, la lacune en question par y (de mme L. Robert, Bulletin pigraphique, Rev. t. grecques 1953, 148), alternative pos-sible selon Rendi, prouvant qu'il s'agissait bien de l'invasion du territoire illyrien par des colons grecs.

    Un problme trs intressant, bien que peu connu, est trait par M. Markovi. [33] L'auteur s'eforce de dcouvrir si Xnophone d'Ele avait bien visit Hvar comme l'avait suppos d'abord Hermann Diels dans son ouvrage Die Fragmente der Vorsokrattiker et ensuite W. Kranz das la 5e dition du mme corpus, la base du texte d'Hyppoli-te, ou il parle de Xnophane dcouvrant Paros des fossiles d'anchois. Diels arrive cette conclusion en se fondant sur l'opinion du palontologue berlinois, J. F. Pompecki, rappelant qu'il tait impossible de trouver des fossiles Paros, en raison de sa consti-tution gologique, contrairement Hvar, connue par la richesse dans ce domaine. De cette faon, le nom de Paros dsignerait en ralit l'le de Hvar. Toutefois, l'auteur a galement consult les travaux d'autres go-logues, d'o il ressort qu' Paros existent aussi, bien qu'en quantits plus restreintes, des roches dpts sdimentaires d'un ge plus rcent, pouvant contenir des fossiles. Par une analyse dtaille du passage cit d'Hyppolite, l'auteur conclue qu'il est peu ou mme pas du tout probable que ce pas-sage puisse dsigner Hvar.

    La rgion de la Liburnie reprsente, par son aspect archologique spcifique, un do-maine de recherches trs avantageux. Nous nous arrterons sur plusieurs publications importantes traitant ce sujet. Il a t dj question des problmes gographiques de la Liburnie (Suie, Rendi). Nous voudrions attirer l'attention, cet endroit, sur un tra-

    vail de M. Suie, [34] lequel, tout en n'ayant pas de rapport direct avec notre thme, con-stitue une base importante pour une meil-leure comprhension des rapports culturels en Liburnie l'poque classique et hellnisti-que. En se basant sur les travaux des lingui-stes (Kretschmer, Krahe, Norden et autres) et des archologues (Messerschmid, Dumi-trescu, G. v. Merhart, K. Kromer etc.), ainsi que sur les donnes linguistiques et archo-logiques et les sources antiques, Sui a d-montr que les Liburnes devaient certaine-ment reprsenter, au cours du premier Age de Fer, un adstratum ethnique important dans le Picenum voisin, de l'autre ct de la mer, et que, par consquant, les cultures mat-rielles du Picenum et de la Liburnie, isoles par leurs aspects des autres rgions des Bal-kans et de l'Italie, montrent des affinits qu'il est impossible de nier. Ainsi, l'auteur a t en tat d'mettre des affirmations nou-velles, en se servant des matriaux indits provenant de l'importante ncropole libur-ne de Nin.

    Il est tout naturel de voir, qu'au cours des recherches ayant trait la culture mat-rielle des Liburnes, l'attention tait attire surtout vers ses aspects particuliers. Dans les deux tudes de . Batovi, [35, 36] con-sacres ces matriaux, les fibules dites plaque (Plattenfibel), trouves pour la plu-part sur le territoire de la Liburnie et sa p-riphrie, occupent une place part. Par leur forme, elles reprsentent un fait isol dans le cadre de la culture matrielle de l'antiquit. Elles sont faites en argent, parfois dores. Jugeant d'aprs les objets qui les accompa-gnent, elles se situent entre le IVe et le I le sicle, tandis que celles trouves Ribnik (territoire des Iapodes) dateraient du dbut de la n. . L'auteur s'est efforc de dtermi-ner la gense de cette forme trs particuli-re (qu'il divise en deux variantes: fibules plaque ordinaires, et plaque serpentes). Il est arriv aux rsultats suivants: la base se trouve la fibule de forme Peschiera, con-tamine par la fibule spirale, celle-ci tant caractristique pour le territoire liburne. A ce fond s'ajoute l'ornement qui rvle son origine grecque, parvenu par l'intermdiaire

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    trusque, et dont les squences de dtails ornementaux sont caractristiques (boules places en bordure de la fibule et ornements l'ascept de sangsues en surface ).

    Les fibules plaque, tendances figura-les, rvlent avec plus de force leur origine grecque. La fibule ronde de Nin tte de femme en relief, bien que faonne d'une ma-nire plus rustique (le matriel est en ar-gent), a pour modle direct le mdaillon en or de Budva. Tous les autres objets figure humaine sont galement tmoins du phno-mne intressant de la localisation presque exclusive des reprsentations figurales illy-riennes sur le territoire des Liburnes et des Iapodes, permettant ainsi de constater l'existence d'ateliers locaux, avec exception, bien sr, des produits d'importation.

    Dans un autre travail (Nekoliko ilirskih antropomorfnih figura iz sjeverne Dalmacie. Einige illyrische anthropomorphe Figuren aus Norddalmatien. Arheoloki vestnik, Lju-bljana, 1955, II , p. 234 et 240), Batovi abor-de la question des figures anthropomorphes en bronze liburno-iapodes qui ne font pas partie de notre sujet. Toutefois, un exemplai-re de ce groupe doit tre not: la figure d'un guerrier avec bouclier et casque. Bien que le corps et les extrmits furent ici tout fait limins, le bouclier et le casque nous orientent vers l'archasme grec. Le bouclier rond est connu des Etrus-ques et des Vntes, tandis que la forme du casque se voit sur la situle de Vae et sur les urnes iapodes.

    Immdiatement au nord des Liburnes se trouvait une autre tribu illyrienne, les Iapo-des. Les crivains antiques les mentionnent frquemment, ce qui prouve que durant leur existence ils entretenaient des contacts avec le monde grco-italique et qu'ils avaient d exercer une influence sur les vnements survenus. Les concordances onomastiques avec l'Italie du sud tmoignent en faveur d'une thalassocratie iapode prcdant celle des Liburnes (voir ce propos A. Mayer). [48] Les recherches archologiques d'aprs guerre, effectues sur ce territoire, ainsi que les tudes consacres leur culture mat-rielle, ont rvles un assez grand nombre de

    faits nouveaux. Toutefois, nous ne nous ar-rterons, ici, que sur ceux qui nous intres-sent directement.

    Le Muse archologique de Split possde des boucles d'oreilles de forme inusite (boucle d'oreile en demi-cercle, d'argent, mu-nie d'un noyau d'ambre allong en forme de barque et boucles d'oreille en argent navicella avec ttes en relief appliques aux extrmits), dont l'origine est reste inconnue (certainement hors de la Dalma-tie), mais que D. RendiMioevi, [37] se basant sur certaines analogies provenant du territoire iapode, considre comme ayant pu parvenir de ces rgions, o elles auraient t confectionnes par des ateliers locaux sous l'influence des modles classiques, sur-tout grecs.

    Cependant, ce sont les fouilles archolo-giques de la grande ncropole iapode de Kompolje, dans la rgion de Lika, qui ont caus la plus grande surprise. R. Drechsler Bii a d'abord publi les rsultats de ces fouilles dans un rapport prliminaire. L'tude finale a paru dernirement. [38, 39] Ce qui nous intresse ici, outre les nombreux objets illyriens de la priode d'Hallstatt, sont les objets rvlant une influence trangre, ainsi que les importations. Les trouvailles de la tombe 47 ont cet gard le plus de valeur, surtout en raison des ttes d'ambre fine-ment modeles. La plupart des analogies nous dirigent vers l'Italie et plus particuli-rement vers les rgions tant restes, au Vi leVe sicle, sous la domination et sous l'influence culturelle des Etrusques (Le ri-che inventaire de Novi Pazar, en Serbie d-couverte faite aprs celle de Kompolje, com-prenant un nombre considrable d'oeuvres de la petite plastique d'ambre contient aussi des produits d'importation, mais cette fois-ci de l'Italie du sud). A la base des autres objets et des analogies, l'auteur situe cette petite plastique au dbut du Ve sicle. Une tte d'ambre de Spina (tombe 470 B) est identique une trouve Kompolje. Ceci confirme avec force les conclusions auxquel-les l'auteur tait dj arriv en ce qui con-cerne le caractre grec-archaque de cet art, parvenu l'intrieur du pays par l'interm-diaire de Spina et d'Adria.

  • CONTACTS GRECO-ILLYRIENS SUR LA COTB EST DE L'ADRIATIQUE 31

    L'inscription du CIA II 809, dont s'est occupe I. Degmedi, [40] concernant un emporium inconnu de l'Adriatique, reste tou-jours un problme non lucid. Ainsi qu'il est mentionn dans le psphisme, le but de l'expdition adriatique tait de se procurer du bl. L'ancienne interprtation de Bckh de l'expression e < t v 'A S p a v devant signifier, selon lui, l'entre en mer Adriati-que, a t dj plusieurs fois l'objet de con-troverses, sans que l'on ait pu arriver l'u-nanimit. Ayant en vue les notions diffren-tes attribues par les anciens Grecs l'Adri-atique et la mer Ionienne, I. Degmedi estime, de son ct, que l'expression cite se rapport l'Adriatique du nord et que le pays fertile, producteur de bl, ne pouvait tre autre que la Pannonie. Dans Ps. Arist., De mirab. ausc., il est question de la ferti-lit des terres de Ponie (II t o v ! a). I. Degmedi estime, nanmoins, qu'il faut lire Pannonie, ce que Dion Cassius, selon Ap-pien, exprime de faon formelle. La valle du P, au contraire, bien que riche en bl, ne l'tait pas au point de pouvoir exporter. S'tant assurs contre les pirates, sans dou-te, les Athniens avaient pu former leur pro-jet en vue de l'tablissement du commerce adriatique, ncessaire au ravitaillement si important de la ville en bl, utilisant, alors, le littoral oriental de l'Adriatique, mal fam, certes, mais tellement plus favorable pour la navigation. Les Athniens n'avaient vrai-semblablement pas craindre les pirates Illyriens, vu qu'au cours de la guerre entre Corinthe et Corcyre, elle s'tait mise du cot de Corcyre, et que cette derniere bnficiait de l'appui des Illyriens (pour les voies ma-ritimes et les problmes de la navigation dans l'Adriatique du nord l'poque prhi-storique et antique cfr. A. Mohorovii [41, 42]) .

    Contrairement aux rgions de l'Adriati-que qui plus ou moins soulevaient l'intrt des gographes et des historiens, en raison de quoi les anciennes informations sont fr-quentes, le territoire de la Slovnie n'a pas, cet gard, donn lieu des suites plus importantes. Ce n'est qu' la base des mat-riaux archologiques, provenant de ce ter-

    ritoire, que nous pouvons supposer seule-ment l'existence et l'ampleur des contacts entre les Illyriens de Slovnie et le monde grec. La plus remarquable manifestation ar-tistique de l'Age du Fer en Slovnie, celle des situles notamment, rattache cette rgion un cadre culturel beaucoup plus large, que l'on dnome gnralement de vnte. C'est justement l que surgissent de nombreux problmes et questions ayant trait aux con-tacts rciproques, au sujet desquels les opi-nions varient dans une large mesure.

    L'tude des riches trouvailles archolo-giques de l'importante ncropole illyrienne de Vae, fouille pendant une longue pri-ode (18781935), a abouti aprs la guerre, grce F. Star, [43, 44] son stade final. Ce qui nous intresse, ici aussi sont les ma-triaux qui ressortent du cadre de la majorit des objets illyriens typiques, donc ceux qui dnotent les influences mditerranennes. C'est en premier lieu l'lment figurai de l'art illyrien, qui se manifeste par les reliefs dcorant les surfaces des situles et des bou-cles de ceintures rectangulaires. F. Star a tudi [45] ces boucles dans un travail sp-cial, o il a pu tablir que les ornements des boucles du type plus rcent, qu'il divise en trois groupes, sont gntiquement dpen-dants de l'volution typologique mme des boucles, dont l'origine se rattache, vraisem-blablement, au type rpandu en Slovnie l'poque de l'Age du Fer ancien. Le dcor plastique figurai, excut au repouss, ap-parat comme un lment tout fait nou-veau du rpertoire gomtrique hallstattien des toreutes illyriens, et dont les origines doivent tre cherches sur le sol grec l'po-que du style orientalisant. Toutefois, cet lment orientalisant des produits toreuti-ques illyriens ne russit pas subordonner ou refouler le caractre gnral linaire et gomtrique de l'art illyrien, bien que d'au-tre part l'excution plastique de la plaque de mtal fournit au toreute illyrien plus de possibilits d'observer directement les ph-nomnes environants et la nature, d'o r-sulte un naturalisme accentu. La question qui se pose est de savoir si cet art est par-venu directement par la voie adriatique ou bien par l'intermdiaire trusco-vnte.

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    En tenant compte du manque de boucles rectangulaires en Italie et du pourcentage beaucoup plus lev d'lments orientale sants parmi les produits toreutiques des ar-tisans d'Est, Star plaide en faveur d'une origine locale avec, en plus de Vae comme centre probable plusieurs autres ateliers indignes (Magdalenska gora, marjeta, environs de Stina). Toutefois, pour arri-ver une solution du problme, il est en premier lieu indispensable de prendre en considration les situles mmes. J. Kastelio a tudi la fameuse situle de Vae, [46] bien que ce travail fut en ralit un essai destin au grand public. Tout en abordant le problme de la chronologie et de l'origine de la situle, l'auteur propose prudemment le milieu du Ve sicle et le cadre culturel italo-vnte. Dans un compte rendu [46] de ce dernier travail, S. Gabrovec, en se basant sur les ma-triaux archologiques de l 'poque d'Hallstatt et du Latne ancien, dcouverts au sud des

    Alpes, a rehauss le chronologie au moins d'un sicle, sans toutefois mettre de date plus prcise. Quant l'origine de la situle, Gabro-vec rejette la possibilit italiote, non seule-ment en raison du manque de liens srs qui seraient susceptibles de rattacher les situles de Slovnie au cadre culturel vnte, mais aussi en raison des liens qui existent entre les situles slovnes et les boucles de ceintu-res rectangulaires. Gabrovec attire l'atten-tion, de son ct, sur la possibilit d'influen-ces mditerranennes parvenant directe-ment par la voie adriatique (c fr . Grki im-port u Stini, Situla, I, 1960, 19, N. 710).

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