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  • Facebook : La culture ne s'hrite pas, elle se conquiert

  • 90 pomesclassiques et contemporains

    Classiques Contemporains&

    LIVRET DU PROFESSEURtabli par

    NATHALIE LEBAILLY

    MATTHIEU GAMARDprofesseurs de Lettres

    Facebook : La culture ne s'hrite pas, elle se conquiert

  • SOMMAIREDOCUMENTATION COMPLMENTAIRE

    Ballades ................................................................................................................... 3

    Belles matineuses ......................................................................................... 10

    Tombeaux .............................................................................................................. 12

    Arts potiques ................................................................................................... 16

    POUR COMPRENDRE :quelques rponses, quelques commentaires

    tape 1 Des formes fixes aux confins du vers ............................. 19tape 2 Histoire littraire .......................................................................... 21tape 3 Les lieux de la posie (1) ....................................................... 22tape 4 Les lieux de la posie (2) ...................................................... 23tape 5 Posie et argumentation ........................................................ 23tape 6 Lhumour en posie ................................................................... 24tape 7 Le pote et son art ...................................................................... 24tape 8 chos potiques .......................................................................... 24

    Conception : PAO Magnard, Barbara TamadonpourRalisation : Nord Compo, Villeneuve-dAscq

    Facebook : La culture ne s'hrite pas, elle se conquiert

  • DOCUMENTATION COMPLMENTAIRE

    Ballades

    Victor Hugo, Odes et ballades (1826)

    Ballade dixime : un passant

    Au soleil couchant, Maint voleur te suit ;Toi qui vas cherchant La chose est, la nuit,

    Fortune, Commune.Prends garde de choir ; Les dames des bois

    La terre, le soir, Nous gardent parfoisEst brune. Rancune.

    Locan trompeur Elles vont errer ;Couvre de vapeur Crains den rencontrer

    La dune. Quelquune.Vois : lhorizon, Les lutins de lairAucune maison ! Vont danser au clair

    Aucune ! De lune.

    La chanson du fou.

    Voyageur, qui, la nuit, sur le pav sonoreDe ton chien inquiet passes accompagn,Aprs le jour brlant, pourquoi marcher encore ?O mnes-tu si tard ton cheval rsign ?

    La nuit ! Ne crains-tu pas dentrevoir la statureDu brigand dont un sabre a charg la ceinture, Ou quun de ces vieux loups, prs des routes rdants,Qui du fer des coursiers mprisent ltincelle,Dun bond brusque et soudain sattachant ta selle,Ne mle ton sang noir lcume de ses dents ?

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  • Ne crains-tu pas surtout quun follet cette heureNallonge sous tes pas le chemin qui te leurre, Et ne te fasse, hlas ! ainsi quaux anciens jours,Rvant quelque logis dont la vitre scintilleEt le faisan, dor par ltre qui ptille,Marcher vers des clarts qui reculent toujours ?

    Crains daborder la plaine o le sabbat sassemble,O les dmons hurlants viennent danser ensemble ;Ces murs maudits par Dieu, par Satan profans,Ce magique chteau dont lenfer sait lhistoire,Et qui, dsert le jour, quand tombe la nuit noire,Enflamme ses vitraux dans lombre illumins !

    Voyageur isol, qui tloignes si vite,De ton chien inquiet la nuit accompagn,Aprs le jour brlant, quand le repos tinvite,O mnes-tu si tard ton cheval rsign ?

    22 octobre 1825

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  • Thodore de Banville, Trente-six ballades joyeuses (1861-1873)

    XXX - Ballade de la sainte Buverie

    Hume le piot sans trve, biberon.Le Tourangeau, le pote au grand cur,Matre Franois, le sage vigneronQui parmi nous fut comme un dieu vainqueur,Matre Franois, riant, joyeux, moqueur,Comme un Bacchus debout sur son pressoir,crase encor le raisin du terroirEt du sang rose emplit son broc divin.As-tu soif ? bois la vie et bois lespoir,Cest Rabelais qui nous verse du vin.

    Nous boirons tous, louvrier, le patronEt lusurier de nos sous escroqueur, Et le soldat quemporte le clairon !Donc, fais en paix ton commerce, troqueur, Et toi, noircis tes feuilles, chroniqueur.Fume landouille et garnis le saloir,Bon paysan courb sous le devoir,Ou travailleur des bois, rude sylvainToujours cognant sous le feuillage noir :Cest Rabelais qui nous verse du vin.

    Qui que tu sois, artisan, bcheron,Humble mercier fait pour chanter le churSur le thtre o dclame Nron,Mme valet dcurie ou piqueur,Tu goteras la rouge liqueur.Quand tu serais, en ton pauvre manoir,Plus altr que ne lest vers le soirDun jour de juin, le sable dun ravin,Nargue la soif, car tu nas qu vouloir,Cest Rabelais qui nous verse du vin.

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  • ENVOI

    Prince, la France enivre a pu voirLe flot sacr dans son verre pleuvoir.Buvons encor ! nous naurons pas en vainSoif de gaiet, damour et de savoir,Cest Rabelais qui nous verse du vin.

    Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac (1897)

    Acte I, scne 4

    CYRANOJai des fourmis dans mon pe !

    LE VICOMTE, tirant la sienneSoit !CYRANO

    Je vais vous donner un petit coup charmant.LE VICOMTE, mprisantPote !. CYRANO

    Oui, monsieur, pote ! et tellement,Quen ferraillant je vais hop ! limprovisade,Vous composer une ballade.LE VICOMTE

    Une ballade ?CYRANOVous ne vous doutez pas de ce que cest, je crois ?LE VICOMTEMaisCYRANO , rcitant comme une leon

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  • La ballade, donc, se compose de troisCouplets de huit versLE VICOMTE, pitinant

    Oh !CYRANO , continuant

    Et dun envoi de quatreLE VICOMTEVousCYRANO

    Je vais tout ensemble en faire une et me battre,Et vous toucher, monsieur, au dernier vers.LE VICOMTE

    Non !CYRANO

    Non ?Dclamant

    Ballade du duel quen lhtel bourguignonMonsieur de Bergerac eut avec un bltre ! LE VICOMTEQuest-ce que a, sil vous plat ?CYRANO

    Cest le titre.LA SALLE, surexcite au plus haut pointPlace ! Trs amusant ! Rangez-vous ! Pas de bruits !Tableau. Cercle de curieux au parterre, les marquis et lesofficiers mls aux bourgeois et aux gens du peuple ; lespages grimps sur des paules pour mieux voir. Toutes lesfemmes debout dans les loges. droite, De Guiche et sesgentilshommes. gauche, Le Bret, Ragueneau, Cuigy, etc.CYRANO , fermant une seconde les yeuxAttendez ! je choisis mes rimes L, jy suis.(Il fait ce quil dit, mesure.)

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  • Je jette avec grce mon feutre,Je fais lentement labandonDu grand manteau qui me calfeutre,Et je tire mon espadon ;lgant comme Cladon,Agile comme Scaramouche,Je vous prviens, cher Myrmidon,Qu la fin de lenvoi je touche !

    (Premiers engagements de fer.)

    Vous auriez bien d rester neutre ;O vais-je vous larder, dindon ?Dans le flanc, sous votre maheutre ?Au cur, sous votre bleu cordon ? Les coquilles tintent, ding-don !Ma pointe voltige : une mouche !Dcidment cest au bedon,Qu la fin de lenvoi je touche.

    Il me manque une rime en eutreVous rompez, plus blanc quamidon ?Cest pour me fournir le mot pleutre ! Tac ! je pare la pointe dontVous espriez me faire don : Jouvre la ligne, je la boucheTiens bien ta broche, Laridon ! la fin de lenvoi je touche

    (Il annonce solennellement)

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  • ENVOIPrince, demande Dieu pardon !Je quarte du pied, jescarmouche,Je coupe, je feinte

    (Se fendant.)H ! l donc,(Le vicomte chancelle ; Cyrano salue.)

    la fin de lenvoi je touche.

    Acclamations. Applaudissements dans les loges. Des fleurs et des mouchoirstombent. Les officiers entourent et flicitent Cyrano. Ragueneau danse den-thousiasme. Le Bret est heureux et navr. Les amis du Vicomte le soutien-nent et lemmnent.

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  • Belles matineuses

    Joachim du Bellay, LOlive, (1549)

    Dj la nuit en son parc amassaitUn grand troupeau dtoiles vagabondes,Et pour entrer aux cavernes profondes,Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait ;

    Dj le ciel aux Indes rougissait,Et laube encor de ses tresses tant blondes,Faisant grler mille perlettes rondes,De ses trsors les prs enrichissait ;

    Quand doccident, comme une toile vive,Je vis sortir dessus ta verte rive, fleuve mien ! une Nymphe en riant.

    Alors voyant cette nouvelle Aurore,Le jour honteux dun double teint coloreEt lAngevin et lIndique orient.

    Pierre de Ronsard, Amours (1552-1553)

    De ses cheveux la rousoyante Auroreparsement les Indes remplissait,Et j le ciel longs traits rougissaitDe maint mail qui le matin dcore,

    Quand elle voit la Nymphe que jadoreTresser son chef, dont lor, qui jaunissait,Le crpe honneur du sien blouissait,Voire elle-mme et tout le ciel encore.

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  • Lors ses cheveux vergogneuse arracha,Si quen pleurant sa face elle cacha,Tant la beaut des beauts lui ennuie :

    Et ses soupirs parmi lair se suivant,Trois jours entiers enfantrent des vents,Sa honte un feu, et ses yeux une pluie.

    Jean-Antoine de Baf, Les Amours de Mline (1552)

    Quand je te vis entre un millier de Dames,Llite et fleur des nobles, et plus belles,Ta resplendeur telle tait parmi elles,Quelle est Venus sur les clestes flammes.

    Amour adonc se vengea de mille mesQui lui avaient jadis t rebelles,Telles tes yeux eurent leurs tincellesPar qui les curs dun chacun tu enflammes.

    Phbus, jaloux de ta lumire sainte,Couvrit le ciel dun tnbreux nuage,Mais lair, malgr sa clart toute teinte,

    Fut plus serein autour de ton visage.Adonc le dieu dune rage contrainteVersa de pleurs un large marcage.

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  • Claude de Malleville (1645)

    Le silence rgnait sur la terre et sur londe ;Lair devenait serein et lOlympe vermeil,Et lamoureux Zphyre affranchi du sommeilRessuscitait les fleurs dune haleine fconde.

    LAurore dployait lor de sa tresse blondeEt semait de rubis le chemin du Soleil ;Enfin ce dieu venait au plus grand appareilQuil soit jamais venu pour clairer le monde,

    Quand la jeune Philis au visage riant,Sortant de son palais plus clair que lOrient,Fit voir une lumire et plus vive et plus belle.Sacr flambeau du jour, nen soyez point jaloux !Vous partes alors aussi peu devant elleQue les feux de la nuit avaient fait devant vous.

    Tombeaux

    Victor Hugo, Toute la lyre (1888)

    Thophile Gautier

    Je te salue au seuil svre du tombeau.Va chercher le vrai, toi qui sus trouver le beau.Monte lpre escalier. Du haut des sombres marches,Du noir pont de labme on entrevoit les arches ;Va ! Meurs ! La dernire heure est le dernier degr.Pars, aigle, tu vas voir des gouffres ton gr ;

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  • Tu vas voir labsolu, le rel, le sublime.Tu vas sentir le vent sinistre de la cimeEt lblouissement du prodige ternel.Ton olympe, tu vas le voir du haut du ciel,Tu vas, du haut du vrai, voir lhumaine chimre,Mme celle de Job, mme celle dHomre,me, et du haut de Dieu tu vas voir Jhovah.Monte ! Esprit ! Grandis, plane, ouvre tes ailes, va !

    Lorsquun vivant nous quitte, mu, je le contemple ;Car entrer dans la mort, cest entrer dans le temple ;Et quand un homme meurt, je vois distinctementDans son ascension mon propre avnement.Ami, je sens du sort la sombre plnitude ;Jai commenc la mort par de la solitude ;Je vois mon profond soir vaguement stoiler ;Voici lheure o je vais aussi, moi, men aller,Mon fil, trop long, frissonne et touche presque au glaive ;Le vent qui temporta doucement me soulve,Et je vais suivre ceux qui maimaient, moi banni.Leur il fixe mattire au fond de linfini.Jy cours. Ne fermez pas la porte funraire.

    Passons, car cest la loi ; nul ne peut sy soustraire ;Tout penche et ce grand sicle, avec tous ses rayons,Entre en cette ombre immense o ples nous fuyons.Oh ! Quel farouche bruit font dans le crpusculeLes chnes quon abat pour le bcher dHercule !Les chevaux de la mort se mettent hennir,Et sont joyeux, car lge clatant va finir ;Ce sicle altier, qui sut dompter le vent contraire,Expire Gautier ! Toi, leur gal et leur frre,Tu pars aprs Dumas, Lamartine et Musset.Londe antique est tarie o lon rajeunissait ;

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  • Comme il nest plus de Styx, il nest plus de Jouvence.Pensif et pas pas vers le reste du bl ;Cest mon tour ; et la nuit emplit mon il troubleQui, devinant, hlas ! lavenir des colombes,Pleure sur des berceaux et sourit des tombes.

    Stphane Mallarm, Posies (1899)

    TombeauLe noir roc courrouc que la bise le rouleNe sarrtera ni sous de pieuses mainsTtant sa ressemblance avec les maux humainsComme pour en bnir quelque funeste moule.Ici presque toujours si le ramier roucouleCet immatriel deuil opprime de maintsNubiles plis lastre mri des lendemainsDont un scintillement argentera la foule.

    Qui cherche, parcourant le solitaire bondTantt extrieur de notre vagabond -Verlaine ? Il est cach parmi lherbe, Verlaine

    A ne surprendre que navement daccordLa lvre sans y boire ou tarir son haleineUn peu profond ruisseau calomni la mort.

    Tombeau dEdgar Poe

    Tel quen Lui-mme enfin lternit le change, Le Pote suscite avec un glaive nuSon sicle pouvant de navoir pas connu

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  • Que la mort triomphait dans cette voix trange !Eux, comme un vil sursaut dhydre oyant jadis langeDonner un sens plus pur aux mots de la tribu,Proclamrent trs haut le sortilge buDans le flot sans honneur de quelque noir mlange.

    Du sol et de la nue hostiles, grief !Si notre ide avec ne sculpte un bas-reliefDont la tombe de Poe blouissante sorne,

    Calme bloc ici-bas chu dun dsastre obscur,Que ce granit du moins montre jamais sa borneAux noirs vols du Blasphme pars dans le futur.

    Tombeau de Charles Baudelaire

    Le temple enseveli divulgue par la bouche Spulcrale dgout bavant boue et rubis Abominablement quelque idole Anubis Tout le museau flamb comme un aboi farouche

    Ou que le gaz rcent torde la mche louche Essuyeuse on le sait des opprobres subis Il allume hagard un immortel pubis Dont le vol selon le rverbre dcouche

    Quel feuillage sch dans les cits sans soir Votif pourra bnir comme elle se rasseoir Contre le marbre vainement de Baudelaire

    Au voile qui la ceint absente avec frissons Celle son Ombre mme un poison tutlaire Toujours respirer si nous en prissons.

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  • Arts potiques

    Nicolas Boileau, Art potique, chant I (1674)

    Surtout quen vos crits la langue rvreDans vos plus grands excs vous soit toujours sacre.En vain vous me frappez dun son mlodieux,Si le terme est impropre ou le tour vicieux :Mon esprit nadmet point un pompeux barbarismeNi dun vers ampoul lorgueilleux solcisme.Sans la langue, en un mot, lauteur le plus divinEst toujours, quoi quil fasse, un mchant crivain.Travaillez loisir, quelque ordre qui vous presse,Et ne vous piquez point dune folle vitesse :Un style si rapide, et qui court en rimant,Marque moins trop desprit que peu de jugement.Jaime mieux un ruisseau qui, sur la molle arne,Dans un pr plein de fleurs lentement se promne,Quun torrent dbord qui, dun cours orageux,Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.Htez-vous lentement, et, sans perdre courage,Vingt fois sur le mtier remettez votre ouvrage ;Polissez-le sans cesse et le repolissez ;Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.Cest peu quen un ouvrage o les fautes fourmillent,Des traits desprit sems de temps en temps ptillent :II faut que chaque chose y soit mise en son lieu ;Que le dbut, la fin rpondent au milieu ;Que dun art dlicat les pices assortiesNy forment quun seul tout de diverses parties :Que jamais du sujet le discours scartantNaille chercher trop loin quelque mot clatant.Craignez-vous pour vos vers la censure publique ?Soyez-vous vous-mme un svre critique.

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  • Paul Verlaine, Jadis et Nagure (1884)

    Art potique

    Charles Morice

    De la musique avant toute chose,Et pour cela prfre lImpairPlus vague et plus soluble dans lair,Sans rien en lui qui pse ou qui pose.

    Il faut aussi que tu nailles pointChoisir tes mots sans quelque mprise :Rien de plus cher que la chanson griseO lIndcis au Prcis se joint.

    Cest des beaux yeux derrire des voiles,Cest le grand jour tremblant de midi,Cest, par un ciel dautomne attidi,Le bleu fouillis des claires toiles !

    Car nous voulons la Nuance encor,Pas la Couleur, rien que la nuance !Oh ! la nuance seule fianceLe rve au rve et la flte au cor !

    Fuis du plus loin la Pointe assassine,LEsprit cruel et le rire impur,Qui font pleurer les yeux de lAzur,Et tout cet ail de basse cuisine !

    Prends lloquence et tords-lui son cou !Tu feras bien, en train dnergie,De rendre un peu la Rime assagie.Si lon ny veille, elle ira jusquo ?

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  • qui dira les torts de la Rime !Quel enfant sourd ou quel ngre fouNous a forg ce bijou dun souQui sonne creux et faux sous la lime ?

    De la musique encore et toujours !Que ton vers soit la chose envoleQuon sent qui fuit dune me en alleVers dautres cieux dautres amours.

    Que ton vers soit la bonne aventureparse au vent crisp du matinQui va fleurant la menthe et le thymEt tout le reste est littrature.

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  • POUR COMPRENDRE : quelques rponses,quelques commentaires

    tape 1 [Des formes fixes aux confins du vers, p. 138]

    1 Le texte 67, Les Colchiques a bien t crit comme un sonnet.Cest au moment de limpression quApollinaire la en quelque sortemasqu par une astuce typographique. Si lon runit les vers 2 et 3 etque lon rtablit la disposition des strophes, on retrouve un sonnet enalexandrin, avec le systme de rimes suivant : AABB/AABB/CCD/DAA(cest--dire des rimes suivies avec un retour la rime initiale en fin depome).

    3 Les deux tercets expriment une ralit prsente dcevante et soppo-sent aux deux quatrains qui font rfrence un temps pass plus heureux.Certains vers sopposent clairement : v. 1 et 9, v. 2 et 10-11, v. 5-6et 14.

    10 Le vers utilis pour composer le jet deau dans La Colombe poi-gnarde et le Jet deau est loctosyllabe.

    11 La particularit dun calligramme est de refuser la lecture linaire ;tous les parcours se trouvent donc lgitims. Ce que nous faisons habi-tuellement travers lexercice de commentaire compos, savoir unparcours en tous sens du texte, nimporte quel lecteur en fait lexp-rience avec le calligramme. Si une lecture verticale du pome sembledabord simposer, on dcouvre vite que dautres parcours sont pos-sibles.

    17 Dans Cent mille milliards de pomes, Raymond Queneau a crit

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  • dix sonnets, en utilisant un modle syntaxique contraignant afin que lesvers de chacun des pomes puissent tre changs avec nimporte quelautre du moment quil ait la mme place (ainsi chaque premier vers estinterchangeable avec nimporte lequel des premiers vers, et ainsi de suitepour les quatorze de chaque sonnet). Il a alors conu un dcoupage dulivre de telle sorte que chacune des dix pages soit dcoupe en quatorzebandes indpendantes, chaque bande portant un unique vers. Pour cha-cun des vers, il y a donc dix choix possibles. On peut former 10x x10= 1014 pomes distincts : cest--dire Cent mille milliards de pomes.

    18 Ni les ballades de Victor Hugo ni celles de Paul Fort ne corres-pondent au modle mdival. La rsurrection du genre au XIXe sicle estun trompe-lil. La forme fixe est rarement utilise. On peut cependantnoter le recueil de Banville dont nous reproduisons lexergue : trente-six ballades joyeuses pour passer le temps composes la manire deFranois Villon, excellent pote qui a vcu sous le rgne du roi Louis leonzime par Thodore de Banville (voir ballades reproduites en docu-mentation complmentaire).

    19 Il y a bien une vritable ballade compose selon les rgles en 1897par Edmond Rostand dans la clbre scne du duel de Cyrano deBergerac. Elle est reproduite en documentation complmentaire (voir ci-dessus). Elle est de plus assortie par Cyrano lui-mme dune dfinition !

    20 Un acrostiche est un pome dont les vers sont disposs de tellemanire que la lecture des premires lettres de chacun deux, effectuede haut en bas, rvle un nom, une devise, une sentence, etc. La posiemdivale a beaucoup utilis ce procd que lon retrouve chez Villon.Corneille en fait un usage humoristique en dissimulant au cur mmede certaines tirades tragiques des mots que lhonntet et la dcencerprouvent sur la scne classique (cf. notamment Horace) !

    21 Le dernier vers dun sonnet se nomme une chute . Pour un son-net prcieux on parle de pointe .

    20

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  • tape 2 [Histoire littraire, p. 140]

    9 El Desdichado de Grard de Nerval et Un rve dAloysiusBertrand sont fortement marqus par le romantisme allemand auquelces thmes sont familiers.

    18 On trouve un certain nombre de priphrases prcieuses dans Lesprcieuses ridicules de Molire. Les plus clbres sont : Le conseiller desGrces pour un miroir et les commodits de la conversation pourun fauteuil.

    19 Le jeu littraire du cadavre exquis a t invent en 1925 par lessurralistes et la premire phrase obtenue a t : Le cadavre exquisboira le vin nouveau. Il sagit dun jeu collectif consistant composerdes phrases (ou un texte) partir de mots (ou de morceaux de phrases)que chacun crit tour tour en ignorant la contribution des joueursprcdents.

    20 La mthode S + 7 est une des contraintes cres par lOulipo en1961. Elle consiste remplacer chaque substantif (S) dun texte pr-existant par le septime substantif trouv aprs lui dans un dictionnaire(S + 7) donn. Jean Lescure en est linventeur. Ainsi le pome en prose Ltranger de Baudelaire devient-il Ltreinte ; ou encore Lacigale et la fourmi de La Fontaine La cimaise et la fraction .

    23 Louise Lab est rattache au groupe runi autour de MauriceScve que lon appelle cole lyonnaise.

    24 Le thme littraire de la belle matineuse prend naissance avecun sonnet de lItalien Rinieri au XVIe sicle. Il donne lieu des varia-tions dans toute lEurope et les potes de la Pliade en font un de leursmotifs de prdilection. Il sagit dune femme qui se rveille et dontlclat fait plir lAurore. Typiquement prcieux, le thme est loriginedune clbre querelle littraire du XVIIe sicle. Les salons prcieux se

    21

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  • dchirent autour des mrites respectifs dun sonnet de Claude deMalleville et dun autre de Vincent Voiture. Le thme volue alors vers uncertain manirisme (voir pome 24 et documentation complmentaire).

    28 Voir questions 19 et 20.

    tape 3 [Les lieux de la posie (1), p. 142]

    6 Ce pome sadresse un ami, pre dun enfant dcd, comme entmoignent de nombreuses marques du rcepteur (apostrophes DuPrier v. 1, Injurieux ami v. 11, mon Du Prier v. 25 + nom-breuses marques de la deuxime personne). Lintention de lauteur estde tenter de consoler ce pre. On retrouve dans ce pome limage de larose comme symbole du caractre phmre de lexistence, dj utilisepar Ronsard (voir pome 16).

    8 La vie est compare un livre tout au long de ce pome. Les deuxderniers vers expriment limpuissance du regret nous faire revivre ceque lon aimerait revivre ce qui est la situation de Lamartine aumoment de lcriture du Lac puisque celle quil devait retrouver estmorte.

    15 La nature doit jouer le rle de gardienne du souvenir, de tmoin delamour pass, car elle dure plus longtemps que lhomme (voir 61 64).

    22 Il sagit dune composition musicale ou potique, crite lammoire dun grand artiste. Les tombeaux de Verlaine, Gautier,Baudelaire ou Poe de Mallarm (voir documentations complmen-taires) en sont de bons exemples ; ou encore le Tombeau de Couperin deMaurice Ravel.

    23 Honor dEstienne dOrves (1901-1941) et Gabriel Pri (1902-1941) sont deux rsistants franais excuts par les Allemands. Le premiertait un officier royaliste, le second un homme politique communiste.

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  • tape 4 [Les lieux de la posie (2), p. 144]

    3 La partie du calligramme consacre lamiti forme le jet deau.

    10 Georges Braque (1882-1963), peintre cubiste, lorigine avecPablo Picasso (1881-1973) de la plus grande rvolution artistique dusicle. Andr Derain (1880-1954), peintre fauve. Max Jacob (1876-1944), crivain qui redonna toute son importance au pome en prose.Andr Billly (1882-1971), journaliste et crivain. Ren Dalize (mort le7 mai 1917), coauteur avec Apollinaire de La Rome des Borgia.

    11 Le blason est un pome qui fait lloge subtil dune personne,dun objet ou dune notion. Le corps fminin a videmment t trssouvent clbr dans toutes sortes de blasons (voir Clment Marot, LesBlasons anatomiques du corps fminin). Le genre a t trs en vogue laRenaissance.

    tape 5 [Posie et argumentation, p. 145]

    15 La prosopope consiste faire parler un inanim et donc luiattribuer des caractristiques humaines. DAubign (pome 20) donnesuccessivement la parole au feu (v. 16-18), la Justice (v. 21-23), auxeaux (v. 23-24), aux monts (v. 26), aux arbres (v. 27-28) et Vigny(pome 35) donne la parole au loup (v. 29-36) pour que celui-ci puisseoffrir lhomme une leon de stocisme. noter toutefois que, chezVigny, il ne sagit pas vraiment dune prosopope car le loup ne prendpas la parole mais le pote prtend y lire ce discours dans son regard.

    16 Le stocisme et lpicurisme sont deux coles de philosophie delAntiquit. Par extension, on se sert de ces termes pour dsigner despositions morales que lon pourrait rduire ainsi :

    stocisme : grande fermet dme dans la douleur ou le malheur ; picurisme : morale qui se propose comme souverain bien la

    recherche des plaisirs.

    23

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  • tape 6 [Lhumour en posie, p. 146]

    9 Voici quelques uns des animaux du Bestiaire ou Cortge dOrphe :Le chat, le lion, le livre, le lapin, la souris, llphant, la mouche, lepoulpe, la mduse, le hibou.

    11 Le Spleen de Paris de Baudelaire contient des pomes lhumournoir ou froce comme Le Mauvais Vitrier ou Assommons lespauvres ! .

    10 Boileau parle ainsi de lpigramme dans son Art potique(chant II) : Lpigramme plus libre, en son tour plus born,/Nest sou-vent quun bon mot de deux rimes orn.

    tape 7 [Le pote et son art, p. 147]

    13 Les arts potiques les plus clbres sont ceux dHorace, Boileauet Verlaine (voir documentation complmentaire).

    14 Dans la Gense, Dieu cre en nommant les choses et les tres. Que la lumire soit et la lumire fut. Dans Lvangile de Jean il estmme dit : Au commencement Dieu tait le Verbe. Ici cest le potequi acquiert le statut dun dmiurge grce la puissance de son chant.

    tape 8 [chos potiques, p. 148]

    15 Voici quelques pomes voquant la chevelure dune femme : DuBellay Ces cheveux dor sont les liens (LOlive), Mallarm La che-velure vol dune flamme , Apollinaire, Rhnanes (Alcools). Il peuttre intressant de montrer aux lves que ce thme joue un rle impor-tant aussi dans des textes comme La chevelure de Maupassant ou Bruges-la-Morte de Rodenbach.

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    Facebook : La culture ne s'hrite pas, elle se conquiert

  • 16 Beckett reprend de faon ironique le dbut de Recueillement que lun des deux personnages fait mine dinventer.

    17 Procd damaigrissement alphabtique dun texte. Un lipo-gramme est un texte do sont exclues certaines lettres. (Le procd at invent par lOulipo du grec leipein, enlever et gramma, lettre). Leslipogrammes littraires les plus tonnants sont les romans de GeorgesPerec : La Disparition, crit sans utiliser la lettre e, et Les Revenentes,dans lequel seul le a la t.

    22 Voir documentation complmentaire ci-dessus.

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    ditions Magnard, 2006www.magnard.fr

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