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Scientologie : un statut controversé p.7 Réseau RCF : les origines de la création p.6 Tous frères dans la religion p.3 www.10dumat.iscpalyon.com Actualité, analyse et dérision, tout sur les religions à Lyon PROMOTION 2015 / 2016 - ISCPA - J3 - MERCREDI 27 JANVIER 2016 N° 7 LA GUERRE DES ISLAMS @le10duMat

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La rédaction du 10 du mat vous présente le numéro 7 et continue de plus belle sa découverte de l’actualité à travers les religions

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Page 1: 10 du mat n7 27012016

Scientologie : un statut controversé p.7

Réseau RCF : les origines de la création p.6

Tous frères dans la religion p.3

www.10dumat.iscpalyon.com

Actualité, analyse et dérision, tout sur les religions à LyonPR

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LA GUERRE

DES ISLAMS

@le10duMat

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EDITOMorgan CouturierJournaliste

Broyer du noir derrière les barreaux pour retrouver foi en la société, tel est le quotidien initial des dé-

tenus lors de leur séjour en prison. Mais dans le sillage d’une population carcérale de plus en plus nombreuse, ces maisons d’arrêt opèrent un changement radical, au point de se demander s’il vaut la peine d’être enfermé. Les cellules ont changé de courant pour donner plus de place à un Coran déformé et autres pratiques de ra-dicalisation. Le passage par la case prison n’offre plus de nouveau départ, si ce n’est celui de plus en plus fréquent du terro-risme. Daesh a trouvé son marché et tente d’y recruter ses pions pour faire exploser leurs caisses en pleine communauté. Les politiques tentent donc d’abattre leur carte «chance» avec des centres de déra-dicalisation. Mais au moment d’écrire ces lignes, le serpent se mord déjà la queue. N’en déplaise à la sociologue Ouisa Kies, qui faisait lundi sur RMC, l’apologie de ces établissements. C’est bien aux matons de mater ce phénomène avant qu’il ne soit trop tard, pour que les Coulibaly et autres Kouachi restent les derniers à blâmer. Car si la France veut retrouver la paix, c’est aussi par ses personnes incarcérées qu’elle trouvera la solution.

Le monde des religions

Apologie du terrorisme : la professeure-stagiaire est catholiqueInterpellée jeudi après avoir envoyé des mails qui faisaient l’apologie du terrorisme et menacé les personnes de son établissement de « religion catholique », la professeure-stagiaire de l’Ecole supérieure du professorat et de l’éducation (ESPE) est elle-même catholique. Contactée par Rue89Lyon, une source policière de la Direction départementale de la sécuri-té publique (DDSP) a donné des informations supplémentaires sur la professeure-stagiaire, âgée de 24 ans : « On a affaire à une fille perturbée psychologiquement. Elle a une classe difficile dans un collège de l’agglomération lyonnaise. » L’auteur des faits, originaire de la Réunion, a expliqué à la police qu’elle aurait été victime d’une altercation verbale alors qu’elle se baladait dans la rue. Un « groupe de jeunes » l’aurait insultée car elle était catho-lique. Cette altercation serait l’élément déclencheur de ses mails, où elle a repris ces propos pour « alerter sur ce que subissent les catholiques » et « montrer que les personnes de religion catholique étaient menacées ». La professeure-stagiaire a été placée sous contrôle judiciaire avec obligation de soin. Présentée au parquet de Lyon vendredi, elle a fait l’objet d’une convocation par procès verbal devant le tribunal correctionnel pour « apologie au terrorisme » et « menace de crime contre les personnes en raison de la religion ».

Marrakech se transforme en capitale

de la tolérance

Du 25 au 28 janvier, la capitale du Maroc accueille un congrès sur le thème : « Les droits des minorités

religieuses en terre d’Islam ». Le roi Mo-hammed VI a pris la parole en appelant au respect des minorités religieuses dans les sociétés musulmanes. En abordant « les faits qui ont conduit à soulever la question dans la conjoncture actuelle », le roi a longuement insisté sur le fait que « ces événements, sous couverts de religion, sont intervenus dans des contextes et avec des motivations qui n’ont aucun rapport avec la religion ». Mo-hammed VI a également rappelé que l’islam respecte les minorités religieuses musul-manes, mais aussi les autres religions.

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François 1er - Rahani : une rencontre

au sommet

Le président iranien, Hassan Rohani, a rencontré, mardi, en fin de ma-tinée le pape François au Vatican,

lors de sa tournée européenne. Outre les objectifs économiques de ses vi-sites en Italie et en France, à partir de mercredi, Hassan Rohani souhaite éga-lement réhabiliter l’image de l’Iran en Europe. Dans un communiqué, le Vati-can rapporte que le pape a évoqué « le rôle nécessaire que l’Iran est appelé à jouer » pour promouvoir la paix et en-diguer l’expansion du terrorisme dans la région. Selon le Vatican, il peut, no-tamment, faire pression sur le camp de Bachar al-Assad en Syrie.

La prison, cette rue de la Paix

Directrice de la publicationIsabelle DumasDirectrice de la rédactionMarie-Anne MüllerRédacteur en chefAxel PoulainRédacteursDavid Hernandez, Lilian Gaubert, Laura Turc, Florentin Perrier, Maxime Feuillet, Leo Roynette, Léa Masse-guin, Charline Bakowski, Hugo Borrel, Charlène Ravella, Pierre-Antoine Barut, Arnaud Bastion, Johanne-Eva Desvages, Paul Dalas, Stéphane Mo-nier, Morgan Couturier.

Pour réagir et approfondir la lecture

[email protected]

Unité chrétienne, où en sommes-nous ?

Actualité

« La religion est ce qui nous unit les uns aux autres et ce qui nous unit à Dieu », explique Marie Jo

Guichenuy, déléguée de l’œcuménisme ( voir encadré ) à Lyon. Alors remis au goût du jour par le prêtre Paul Couturier en 1930, la semaine de l’unité chrétienne est là pour être le point de départ à la fraternité entre les différentes Eglises. Quels qu’ils soient, les chrétiens sont tous des frères, comme l’aurait déclaré le Christ lui-même, « Je prie pour vous pour que vous soyez unis ». Cette se-maine est importante et efficace, mais elle ne suffit pas. Il faut prendre en compte tout le travail en amont et qui doit se prolonger tout au long de l’an-née. « C’est comme des repas de fa-milles, il y en a souvent mais parfois ils sont exceptionnels », compare Marie Jo Guichenuy.

Des actions locales

Alors qu’au niveau international, les choses tournent au ralenti, d’un point de vue local au contraire, elles prennent,

doucement mais sûrement, un tour-nant positif. En effet, sur le terrain, il y a énormément d’actions et de groupes bibliques qui regroupent tous les chré-tiens. Pour renforcer cette « unité des chrétiens », sept églises de Lyon ont no-tamment mis en place, il y a moins d’une semaine, un site internet : www.oecu-menisme-lyon.com. Un phénomène qui serait encore unique en France. Des actions communes afin de créer et mettre en place une certaine amitié. Par exemple, depuis septembre, tous les jeudis matins à 8 heures, l’ensemble des églises catholiques, protestantes, ortho-doxes, voire des personnes laïques, sont invitées à venir partager un petit-déjeu-ner à la Maison des Familles de Lyon.

Œcuménisme et inter-religieux

Aujourd’hui, l’importance des « Pères de l’Eglise » a été retrouvée. « On est revenu à une forme de christianisme qui est norma-lement la source de notre religion » confie Marie Jo Guichenuy. L’œcuménisme, sou-vent confondu avec le terme d’inter-re-

Alors que la semaine de l’unité chrétienne, commencée le 18 février dernier, a pris fin ce lundi, la question de l’œcuménisme reste, quant à elle, omniprésente. En effet, catholiques, protestants ou encore orthodoxes se doivent de partager, fonctionner et vivre ensemble. Mais où en est cette recherche de fraternité aujourd’hui ?

1/41 chrétien sur 4 est évangélique. C’est ce que Sébastien Fath, chercheur au CNRS et spécialiste du monde évangélique, a relevé à partir des don-nées publiées par différents instituts. En France, 600 000 pratiquants réguliers fréquentent les lieux évangéliques, ce qui représente un tiers

des protestants, un nombre multiplié par dix en 65 ans.

« Tous unis autour du Christ » © Pasaj Pastorale d’Animation Jeunesse

Charline Bakowski

ligieux, se dirige de plus en plus dans cette direction. En effet, Paul Coutu-rier lui-même avait déclaré que « l’uni-té des chrétiens est le premier pas de l’universalité humaine. » On cherche désormais à avoir des messages com-muns entre les différentes religions, ce qui était encore impensable il y a une cinquantaine d’années. Par exemple, à la suite des attentats du 13 novembre dernier, les chrétiens ont diffusé un message. Mais dans le même temps, le grand rabbin et l’imam de Lyon ont également diffusé un message simi-laire. « Œcuménisme et inter-religieux devraient toujours fonctionner en-semble, c’est crucial dans le monde où l’on vit. » explique Marie Jo Guichenuy.

Paul Couturier a défini l’œcuménisme comme « la prière fraternelle entre les différentes Eglises pour répondre à l’appel du Christ d’être unis ». Mais cela n’a pas toujours été le cas. Ce terme grec a vu le jour en 1910 suite à la conférence missionnaire mondiale à Edinbourg en Ecosse entre les protestants et les anglicans. Deux américains de l’Eglise anglicane avaient le souhait de faire revenir toutes les Eglises au sein de l’Eglise catholique. Aujourd’hui, le terme œcuménisme est notamment employé pour définir « l’unité des chrétiens pour l’unité des Eglises ». Mais, de plus en plus, il prend en compte le dialogue entre les chrétiens et les autres religions, comme les juifs et les musulmans.

L’œcuménisme, c’est quoi ?

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La tension entre Téhéran et Riyad a franchi un nouveau cap le 2 janvier dernier. L’exécution du religieux chiite

et militant politique Nimr Baqer Al-Nimr a engendré une dangereuse escalade des hostilités communautaires au Moyen-Orient et les discours véhéments se sont multipliés. Cela fait de nombreuses an-nées que les deux puissances se livrent une guerre par procuration dans le but d’asseoir leur hégémonie dans la région. Cette fois-ci, l’Arabie saoudite a fait voler en éclats la ligne rouge qu’elle s’était fixée depuis des décennies dans sa gestion de l’opposition chiite.

L’Arabie saoudite perd les pédales

Alors pourquoi cette escalade aujourd’hui ? Tout d’abord, Riyad n’a pas vu d’un bon œil le réchauffement diplomatique des relations entre son grand rival iranien et son allié amé-ricain historique ; lequel s’est traduit par un accord sur le nucléaire non moins historique. Alors Riyad a tapé du poing sur la table. Mais elle s’est fait quelques égratignures. En ef-fet, et deuxièmement, le modèle saoudien est fragile. Malgré la résistance du royaume au « printemps arabe », les mouvements contestataires prennent de l’ampleur au sein-même du pays. Malgré le soutien idéologique et financier de Riyad aux rebelles sunnites de Syrie, le régime chiite alaouite (sous-branche du chiisme) de Bachar al-Assad n’a pas failli. Pire, le groupe terroriste Etat islamique est

né, et la famille royale des Saoud fait main-tenant partie des cibles que Daech cite ou-vertement dans ses vidéos de propagande, comme des « usurpateurs apostats ». De l’autre côté de la péninsule arabique, l’inter-vention militaire saoudienne au Yémen est désormais considérée comme un échec stra-tégique. En voulant mater les rebelles chiites houtistes (organisation insurrectionnelle chiite du nord-ouest du Yémen) opposés au régime loyaliste sunnite, les Saoudiens se sont heurtés à une résistance plus forte que prévue, notamment car soutenue par l’inévi-table Iran. Résultat : un énorme coût humain, et une politique de plus en plus impopulaire.

Un modèle en péril

Mais l’Arabie saoudite a-t-elle seulement les moyens de faire jeu égal avec l’Iran ? L’auto-rité sunnite n’est plus si évidente au Moyen-Orient, et le Qatar et la Turquie ont voulu chiper l’autorité aux Saoud, notamment sur le dossier du soutien à l’opposition syrienne. Si ces derniers se sont imposés, il reste encore au royaume péninsulaire à faire régner l’ordre en son sein. Alors que la famille royale parvenait à étouffer les contestations populaires grâce aux recettes du pétrole, celles-ci s’amenuisent au fur et à mesure que le gaz de schiste prend une part importante de la consommation énergé-tique des Etats-Unis et que le prix du baril est instable. Par conséquent, l’Arabie saoudite n’a eu d’autre choix que d’engager un plan d’aus-térité, ce qui a mis à fleur de peau les citoyens saoudiens.

Enfin, l’Arabie saoudite est devenue l’ob-jet de toutes les haines occidentales. La BBC qualifiait Daech de « créature idéolo-gique » de Riyad. De plus en plus, les pou-voirs politiques suivent la tendance initiée par les Etats-Unis et tournent le dos aux Saoud. Les projecteurs ont été braqués sur le nombre de victimes civiles qu’a fait l’intervention militaire de Riyad au Yémen. Néanmoins, les puissances occidentales ne veulent pas abandonner totalement le royaume saoudien. Au cours des dix-huit derniers mois, les Etats-Unis ont approuvé la vente de plus de 24 milliards de dollars d’armes à Riyad. En effet, il est risqué de faire tomber les Saoud de la tête du pays, car ils pourraient être remplacés par des is-lamistes encore plus radicaux. Ceux-ci sont d’ailleurs la principale force d’opposition du pays. Enfin, un rapprochement trop signifi-catif de l’Occident, vis-à-vis de l’Iran et des communautés chiites, risquerait de couper les liens avec les sunnites, qui iraient alors grossir les rangs de Daech. Décidément, le Moyen-Orient n’est pas près de retrouver la stabilité.

Entre l’Arabie saoudite et l’Iran, il y a de l’électricité dans l’air. Intimidations, jeux de passe-passe et communautarisme sont les armes que brandissent quotidiennement les deux géants du Moyen-Orient pour accéder au précieux Graal : le leadership régional.

Le dossier

Léa MasseguinLéo Roynette

Chiites-Sunnites : je te tiens, tu me tiens, par la barbichette…

« Dieu est un, mais l’islam est plusieurs ». Il faut remonter en 632, à la mort du prophète Mahomet, pour voir apparaître les prémices des contentieux religieux dans le monde musulman. Les fidèles de l’is-lam (1,6 milliard de croyants de nos jours) se divisent alors en deux. D’un côté, les sunnites (85% aujourd’hui), de l’autre les chiites (10 à 15%). Depuis, les violents affrontements entre les deux plus grandes branches de l’islam n’ont jamais cessé. La révolution iranienne en 1979, l’inva-sion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003, les printemps arabes de 2011 et la crise syrienne ont accentué les rivalités des deux courants antagonistes. Plus récem-ment, l’exécution du prédicateur chiite, Nimr Baqer al-Nimr par l’Arabie saoudite, a elle aussi attisé les ten-sions entre les Saoudiens (à majorité sunnites) et les Iraniens (chiites), tous deux aspirant à l’hégémonie du Moyen-Orient. Et ce sont ces divergences qui, entre autres, sont à l’origine de la montée en puissance du « prétendu » Etat islamique. « Il ne faut pas penser que la création de Daech est une conséquence de notre action, souligne Patrick Banon, écrivain spéciali-sé en systèmes de pensée religieux. Ces affrontements sont nés de conflits territoriaux ou ethniques. » Alors peut-on parler de guerre de religion ?

Une dimension religieuse sous-estimée

Du côté chiite, sont rangés l’Iran (80%) ou le Yémen (55%). De l’autre, l’Arabie saoudite (97% de sunnites), la Syrie (75%) ou le Qatar (95%). Entre ces Etats aux points de vue divergents sur la question religieuse, les relations sont souvent très tendues. En janvier dernier, les relations diplomatiques entre Riyad et Téhé-ran ont, par exemple, été rompues après l’exécution du cheikh chiite Al-Nimr. Conséquences religieuses ou géopolitiques ? Il existe des tensions interconfessionnelles mais ne sont-elles pas d’abord instrumentalisées pour servir les objectifs propres à chaque pays ? Pour Haoues Seniguer, enseignant-chercheur lyonnais, « nous sommes à un tournant. On sous-estime sou-vent la variable religieuse. Or, je persiste à penser que la di-mension religieuse est un mobile important dans l’activisme de certains acteurs ». L’opposition entre l’Iran et l’Arabie saoudite serait donc une question de défiance mutuelle sur la question religieuse. Certains leaders politiques invoquent également la religion dans certaines de leurs déclarations. En 2013, Youssef al-Qaradawi, très grande figure égyptienne de l’islam sunnite, appelait par exemple au djihad : « Les alaouites sont plus mé-créants que les juifs et les chrétiens. » Cette annonce montre une double-défiance. Tout d’abord, envers la politique du pré-sident syrien Bachar el-Assad, mais aussi religieuse, puisque les alaouites sont associés au chiisme. C’est également le cas pour le « prétendu » Etat islamique, « l’entreprise anti-chiites », qu’il considère comme son principal ennemi.

Guerres de pouvoir

Les heurts entre sunnites et chiites ne se limitent pas au reli-gieux. Le conflit est plus transversal et concerne toutes les ins-tances de l’islam, comme l’explique Patrick Banon, qui préfère parler d’affrontements entre un islam traditionnel et un islam sécularisé : « Certains pensent que la religion doit être l’organi-sateur de la société, contrairement à d’autres. On retrouve ces deux points de vue que ce soit dans le chiisme ou le sunnisme », explique-t-il. Il n’existerait donc pas de guerre de religion entre les deux branches majoritaires de l’islam. Il s’agirait plutôt de guerres de pouvoir cristallisées autour d’héritages religieux. Selon le spécialiste, la mondialisation va entraîner de longs af-frontements qui ne sont pas prêts de s’arrêter.

L’exécution du dignitaire religieux chiite, Nimr Baqer al-Nimr en Arabie saoudite, a cristallisé les tensions entre les sunnites et les chiites. Peut-on parler d’une guerre de religion entre les deux branches majoritaires de l’islam ? L’avis de deux experts lyonnais.

Une guerreinterconfessionnelle ?

Le Moyen-Orient rassemble la quasi totalité de la communauté mu-sulmane chiite mondiale © berdepas.wordpress.com

Sunnites et chiites, quelles différences ?

Le sunnisme et le chiisme sont les deux branches majoritaires de l’islam. Elles sont apparues en 632 à la mort du prophète, lorsque ses fidèles n’ont pas réussi à s’entendre sur sa succession. Certains optaient pour un retour aux traditions tribales, tandis que d’autres choisissaient Ali, son gendre et fils spirituel. Au final, Abou Bakr fut nommé premier calife, dont le rôle est de continuer la mission du prophète.

Le chiisme et le sunnisme, les deux

branches majoritaires de l’islam

© Emiliano Ponzi

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Médias

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MONSEIGNEUR PAYEN, Le père fondateur du réseau RCF

Axel Pulain

Il était une foi...

Créée en 1952 par l’écrivain américain Lafayette Ronald Hubbard, la scientologie est une religion dite « nouvelle ». Avec environ 12 millions d’adeptes à travers le monde, dont des figures importantes d’Hollywood comme Tom Cruise qui la hissent au-devant de la scène, elle suscite malgré tout bon nombre de contro-verses quant à son statut de secte souvent pointé du doigt.

Lorsque l’on se penche quelques minutes sur son site internet fran-çais, la scientologie « propose une technologie qui vise à aider l’Homme à mener une existence plus heureuse et à atteindre une plus grande spiritualité ». Ainsi, l’Homme serait naturellement un être spirituel aux facultés pas en-core exploitées à leur maximum. Et pour y arriver, il doit s’intéresser de près à la scientologie et en suivre les enseignements. Pour en savoir plus, deux membres de la rédaction du 10 du mat’ se sont rendus à l’Eglise de scientolo-gie de Lyon, dans le 1er arrondis-sement, pour une approche discrète, sans langue de bois. Sans mentionner notre statut de journaliste-étudiant, nous nous sommes fait passer pour des jeunes désireux de dé-couvrir et d’en savoir plus sur cette religion. Nous avons ainsi rencontré Jeanne (prénom sous couvert d’anonymat), la cinquantaine, scientologue depuis vingt-huit ans, qui nous a accueillis et débriefés sur la scientologie : « Vous savez, on ne devient pas sciento-logue après un cours ou deux. Ça prend du temps. Je ne vais pas vous dire qu’à la fin de ma première année, j’étais transcendée par la scientologie. » Et des cours, l’Eglise de scientologie de Lyon en dispense, du mercre-di au dimanche, pour établir « un diagnos-tic qui va s’adresser à vous. En principe, on voit ce dont vous avez besoin ». Identifier ce besoin propre à chacun (régler des conflits,

Nous sommes en 1981, le président Mit-terrand vient de libéraliser les ondes et, Emmanuel Payen fait une drôle de ren-contre. Alors curé de La Duchère, il se voit confié, par l’évêque de Lyon, la création de radio Fourvière. Récit du lancement de la radio qui deviendra par la suite RCF.

L’histoire commence un mercredi matin à La Duchère. Inquiet des absences répétées d’un enfant au catéchisme, le père Emmanuel Payen

décide de rendre visite à sa famille. C’est alors qu’il rencontre Pascal, un jeune qu’il connait. Ce dernier lui dit : « J’emménage au dernier étage de la tour panoramique dans un petit appartement qui va de-venir le premier studio de la première radio libre de Lyon. Viens voir. » Curieux, l’intéressé s’empresse de découvrir les installations. « C’était magnifique. Il m’a montré les tourne-disques, les dix pôles et l’antenne. J’étais impressionné, je n’avais jamais vu ça de près », se souvient Monseigneur Payen. Une deuxième rencontre va être décisive dans le processus de créa-tion de cette première radio catholique de Lyon. Un homme, tout de cuir vêtu, le questionne alors sur son identité et sa présence dans cet appartement, Pierre Alberti. Il lui dit alors : « T’es le curé de la paroisse, tu devrais avoir une radio aussi. En Italie, dans toutes les grandes villes, il y a une radio catholique. » Gêné et ne sachant quoi répondre, le Père Payen s’en va. Mais cette intervention va très vite faire son chemin dans son esprit.

Radio Fourvière devient RCF en 1996

Dès le lendemain, un courrier va être décisif. Une lettre avec comme en-tête « Antenne diocésaine de formation ». L’intéressé se rappelle alors avoir immédiatement pensé à ce qu’il avait vu la veille. Il s’agit, en réalité, d’un centre pour la formation de la foi des adultes. Mais sur le coup, lui vient une idée. « Je prend un papier et je réponds : « tu as été prophé-tique d’appeler ce centre ainsi, il faut que tu passes du figuré au propre et que tu crées une radio. Tout ce qu’il y a sur tes étagères et dans tes armoires, il faut que ce soit diffusé à tout le monde. Bien amica-lement ». J’écrit ça, spontanément ». Le fait est que cette lettre va être prise au sérieux. L’idée va être transmise au responsable de la communication du diocèse qui va en informer l’évêque. Or, ce dernier atteint par la limite d’âge, est sur le départ. Son in-térêt pour ce sujet va être d’autant plus surprenant. Alors que tous s’attendent à une réponse négative, enthousiaste, il demande de créer une commission, de réfléchir et de laisser son successeur décider. Le cardinal Albert Decourtray arrivé, il a tout de suite fait comprendre qu’il s’érigeait en faveur de la com-munication, et donc que cette idée était brillante. Monseigneur Emmanuel Payen se souvient : « Fin janvier 1982, le cardinal m’a demandé d’aller voir l’archevêché qui m’a dit : « Cette affaire de radio, on a pensé que c’est vous qui deviez la faire ». Je m’y suis collé, et c’est en 1996 que la radio, qui s’appelait Fourvière FM, deviendra le réseau RCF. »

trouver la paix, etc.) serait une manière de guider, via ces fameux enseignements, la personne concernée afin de la conduire vers le bon-heur. L’occasion de s’interro-ger sur le véritable statut de cette «religion».

Religion ou secte ?

La question du statut de la scientologie est, et reste, divisée dans le monde en-tier. Reconnue comme une religion aux Etats-Unis de-puis 1993, d’autres pays les ont rejoints par la suite, no-tamment dans l’Union euro-péenne, comme l’Italie, l’Es-pagne, le Portugal ou encore la Suède. En opposition à ces pays, la Grèce, la Belgique, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France n’ont pas évoqué un statut religieux concernant ladite religion. Mention spéciale d’ailleurs à l’Hexagone qui, dans un

rapport parlementaire de 1995, a classé la scientologie au titre de secte. Nombreux sont les pays qui voient en la scientologie une escroquerie majeure qui tend à profiter

des faiblesses et exercer le chantage. « Dans les grandes organisations, aux Etats-Unis par exemple, la scientologie est accep-tée comme une religion. Les pratiquants n’ont pas peur de ressortir avec l’étiquette «Je suis scientologue» », a déclaré Jeanne. Lorsqu’en France, la scientologie est taboue et renvoie à la notion de secte, les Américains font, quant à eux, l’apologie de cette religion qu’ils voient comme bienfaitrice pour eux et leur entourage. Et comme le stipule le site, « le mot « secte » s’emploie dans un sens péjo-ratif pour sous-entendre un groupe fermé ou secret avec un nombre restreint de membres et des croyances mystérieuses. » Autant dire que le débat entre pro et anti-scientologie n’a pas fini de faire couler de l’encre…

LA SCIENTOLOGIE en quête de reconnaissance

« C’est comme si vous aviez une recette de cuisine, vous êtes contents de l’avoir,

mais si vous ne l'appliquez pas, vous n'al-lez pas faire un bon gâteau »

Jeanne, scientologue (Lyon)

En 1964, il est ordonné prêtre du diocèse de Lyon à la Paroisse Catholique sainte-Bernadette de Caluire-et-Cuire.

En 1978, il est nommé curé de La Duchère. Il le restera jusqu’en 1983. En 1982, il créée radio Fourvière.

En 2001, il quitte la direction et il est remplacé par Emmanuel Jousse, enseignant à l’Institut d’études politiques de Paris.

De 2001 à 2003, il devient recteur de la basilique de Fourvière.

En 2003, il est nommé archidiacre du Rhône Vert.

Depuis 2015, il est recteur de la Cathédrale Saint Jean

MINI BIO

Hugo Borrel

© http://num

elyo.bm-lyon.fr

© RCF Lyon

© RCF Lyon

© Antoine Garapon

EN CHIFFRES

12 millions de pratiquantsselon le mouvement

100 à 200 000 pratiquants

selon les observateurs

6 000 églises dans 125 pays

1953 : 1ère église inaugurée dans le New Jersey

300 membres à temps plein en France

45 000 pratiquants en France

selon le mouvement

© Credit : Morgan Couturier

Rendez-vous sur le site internet du 10 du mat’ pour suivre l’immersion plus en détails...

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Le quiz de la rédac

QUESTION 1 QUESTION 2

QUESTION 3 QUESTION 4

REPONSE 3 : A- Mawlid, que l’on retrouve aussi parfois sous le nom de mouloud, maouloud, mouled ou maoulide, est une fête qui commémore la naissance du prophète Mahomet. Célébrée par un nombre important de communautés musulmanes, notamment chiites et sunnites, elle se fête le 12 du troisième mois du calendrier musulman qui est un calendrier lunaire. Mawlid n’est pas liée aux aïds, les deux fêtes religieuses canoniques.

REPONSE 4 : C - Selon le Pew Research Center, les musulmans devraient être 2,76 milliards en 2050, contre 1,6 milliard aujourd’hui. Les chrétiens, devraient passer de 2,17 milliards à 2,90 milliards avant d’être rattrapés par les musulmans en 2070. Un phénomène qui s’explique notamment, d’après le démographe Gérard-François Dumont, par un taux de fécondité plus élevé chez les musulmans, « avec 3,1 enfants par femme (…) alors que les chrétiens (en) comptent 2,7 ».

REPONSE 2 : A- Moïse, qui venait de s’enfuir après avoir tué un Égyptien maltraitant un esclave hébreu, parvient à une montagne pour y faire paître du bétail. Il a aperçu un buisson ardent qui brûlait sans se consumer. Plus tard, il entend la voix de Dieu provenant du buisson. Celui-ci a ordonné à Moïse de libérer son peuple. Ce que Moïse a refusé d’abord, avant de se laisser convaincre par « l’Eternel » qui transforma notamment son bâton en serpent.

REPONSE 1 B. Les 5premiers livres de la Bible constituent une partie de la Torah. Ils appartiennent à l’ancien testament que les Juifs ont en commun avec les chrétiens. Le premier, nommé la Genèse, évoque la création du monde jusqu’à 2 300 ans après celle-ci, suivi par l’Exode, racontant la fuite du peuple hébreu hors d’Egypte. Le Lévitique et le livre des Nombres viennent ensuite. Le Deutéronome retrace les derniers récits de Moïse avant sa mort.

ntio

Qu’est-ce que le Pentateuque dans la religion chrétienne ?

Comment Moïse a-t-il reçu l’appel de Dieu à libérer les Hébreux ?

Dans l’islam, quelle est la fête cé-lèbre la naissance de Mahomet ?

Selon les spécialistes, quelle sera la première religion au monde en 2070 ?

A- Mawlid al-rasoulB-Laylat al-Qadr

C- Achoura

A- Le bouddhisme B- Le christianisme

C- L’islam

A- L’exode et l’esclavage des Hébreux hors d’Egypte

B- Les 5 premiers livres de la BibleC- Un monstre mythique vaincu par Dieu

A- Dieu se trouvait dans un buisson ardent en feuB- Dieu flottait au-dessus d’un lac, semblant

marcher sur l’eau C- Dieu lui est apparu en rêve