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ART TRIMESTRIEL DÉCEMBRE 2012 I 6 I 0

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Art Trimestriel Theatre de la Vie

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ART TRIMESTRIELDÉCEMBRE 2012 I N°6 I 0€

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éditorialEn formulant un problème, on formule un désir.Jozef Wouters

Nous aimerions partager avec vous la rencontre que nous avons faite autour d’un projet,dont l’approche nourrit les questionnements d’un éclairage nouveau.

Le projet Tok Toc Knock du KVS« Un théâtre encré dans la ville quitte son enceinte pour entamer un dialogue avec la ville.»

Ce projet inclut un processus de réflexion différent, une manière de voir les choses et de penser qui se diffèrencie du comportement habituel.

Dans ce type de projet, l’énergie disponible quitte l’inévitable et éternel cercle vicieuxpour favoriser le désir et non le problème.

Un tel projet pose la question de « l’œuvre d’art » différemment. La définition de « l’œuvre d’art » est à revoir en fonction de la qualité du moment de création, de la valeur du chemin parcouru pour arriver à son aboutissement, qu’il soit court ou long. Le processus même devient l’œuvre d’art, il se développe à travers des rencontres autour d’une question, d’un besoin, d’un désir. L’art devient l’art de vivre. Tous les arts contribuent au plus grand de tous les arts : l’art de vivre. (Bertolt Brecht)

Dans ce type de projet, point de démagogie sordide, mais plutôt des espaces de réflexion et de participation où chacun, individuellement ou de manière solidaire pourra construire sa propre embarcation.

Sur cette île, acteur et spectateur ne font qu’un.Sur cette île, nous respirons plus librement.

L’équipe du Théâtre de la Vie

Nous tenons à remercier chaleureusement Willy Thomas, Ditte Van Bremptet tous les collaborateurs proches ou plus lointains du KVS.

www.dannywillems.com

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L’équipe

Claudia GäblerAnik Rolland-RubinfajerAbdel BouzbibaThibaud DecoeneFatma Girretzpier GallenLéon Küpper

éDiTeuR ReSpONSABLeClaudia GäblerThéâtre de la Vierue Traversière 451210 BruxellesTél. +32 2 219 11 [email protected]

GRApHiSMewww.design1A.com

Si vous souhaitez nousfaire part de vos avis ou envies,si vous désirez recevoir ViSAViechez vous... Contactez-nous !

Couverture

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8Une ville n’est pas un pays De stad is geen landEric Corijn( FR & NL )

La ville peut se concevoir comme un carrefour de reconstruction politique et culturelle. Des concepts tels que la participation culturelle, la démocratie participative et la force des réseaux sociaux donnent du crédit à la finalité de ce projet urbain. Dans ce contexte, l’art du public, la création artistique en public et la conception artistique de l’espace public doivent relever de nouveaux défis. Afin de sortir de l’impasse actuelle, la créativité devra correspondre plus directement à l’être social. Des notions telles que la « ville créative », les « clusters culturels » et « l’art au centre de la conception de la société » sont au coeur du débat.

12Tok Toc Knock( FR & NL )

Le KVS investit la ville. Durant la saison 2012-2013, le théâtre urbain KVS frappe à la porte des habitants de 3 quartiers particuliers : les blocs de logements sociaux de la Cité Modèle à Laeken, la mini commune bigarrée de Saint-Josse-ten-Noode et le complexe bout d’Europe à Bruxelles, Etterbeek et Ixelles. Dix-sept artistes issus de différentes disciplines et d’horizons divers y sont à l’oeuvre. Entre décembre 2012 et févier 2013 les créateurs du projet Tok Toc Knock veulent aller à la rencontre de la commune de Saint- Josse. Le Théâtre de la Vie sera le centre de ce festival durant ces trois mois.

15All problems can nerver be solvedJozef Wouters

Quel est notre désir collectif ? Que bâtissons-nous ? Pouvons-nous résoudretous les problèmes tout court?

Je m’appelle Jozef Wouters, je suis artiste, vaguement architecte et concepteur du projet Cité Maquette.

Je vous souhaite la bienvenue au congrèsALL PROBLEMS CAN NEVER BE SOLVED...

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ÉDITORIAL

SOMMAIRE

VISIONNAIRES

7 Vers une culture urbaine

8 Une ville n’est pas un pays De stad is geen land Eric Corijn

12 Tok Toc Knock KVS

15 All problems can never be solved Jozef Wouters

18 CITÉ MODèLE extraits des archives Jozef Wouters

24 Tok Toc Knock - St.Josse Melting Pot au Maalbeek

PORTRAIT

26 Annelies Vanhullebusch

BARDA D’YVETTE

20 LE CAS HUBLOT

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18> extraits des archives de problèmesCité Modèle / Jozef Wouters

C’est un problème qu’une fleur ne puisse pas être attachée à une chaîne.C’est un problème que l’eau soit humide et que tous les habits ne soient pas imperméables.Le fait que tout tombe toujours vers le bas est aussi un problème.C’est un problème qu’il n’y ait pas de plage à Bruxelles.C’est un problème qu’il faille 25 000 litres d’eau pour produire 500 grammes de viande....

26Annelies VanhullebuschComédienne, plasticienne, performeuse…

« La notion d’éphémère- le fait que tout soit transitoire, passager, temporel sans vraie trace- au théâtre m’a toujours questionné, je trouvais cela difficile à gérer, à aborder, et je voulais donner au public quelque chose de l’ordre du durable, quelque chose qu’il puisse garder en repartant. »

Annelies occupera avec ses installations, le 43 de la rue traversière durant Tok Toc Knock à Saint-Josse.

32Bienvenue auThéâtre de la VieProgrammation : décembre, janvier et février

• VY• Le vent n’est pas tout seul dans l’air• Premiers pas sur la dune Sur la dune• La mort du cochon• Je voudrais pas crever• Ten Hood • Woyzeck Serdi Faki• Le jeu du dessin (cycle)

Sommaire

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THÉÂTRE DE LA VIEProgrammation

32 VY Michèle Nguyen

34 Le vent n’est pas tout seul dans l’air Michèle Nguyen

36 (Premiers pas) Sur la dune Tof Théâtre

38 La mort du cochon Isabelle Wéry

40 Je voudrais pas crever Olivier Lenel

42 Ten Hood Romain David / Tok Toc Knock

44 Woyzeck Serdi Faki Gökhan Shapolski Girginol / Tok Toc Knock

46 Le jeu du dessin Cycle - Théâtre de la Vie

CHAMP LIBRE

49 ATELIERS URBAINS #3 BXXL

PAGES PRATIQUES

50 Théâtre de la Vie

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L’avenir est interculturel.La compétence interculturelle devient une compétence clé pour agir dans la société.Être formé à la prise de conscience de sa propre réalité culturelle influence l’engagement critique avec ses propres normes et valeurs.Des compétences de communication sociale et interculturelle telles que l’empathie, l’ouverture, la flexibilité et la capacité à supporter les contradictions doivent être apprises et pratiquées.

La diversité culturelle est à Bruxelles une réalité de la vie quotidienne. Les migrations, la mondialisation et les différentes valeurs culturelles et religieuses, les différents modes de vie et de conceptions signifient pour notre société un énorme potentiel d’opportunités. Cette diversité nécessite des concepts et des mesures différenciés. La culture dans les villes est confrontée à de nouveaux défis.

Le texte suivant du sociologue et philosophe Eric Corijn « Une ville n’est pas un pays » nous familiarise avec les réalités culturelles de Bruxelles. Ces réalités sont importantes pour de futures conceptions culturelles à Bruxelles.

Le projet de Jozef Wouters «All problems can never be solved», qui est présenté dans les pages suivantes, est intégré dans le projet Tok Toc Knock crée par le KVS et qui a comme intention de penser le travail artistique à partir de la réalité urbaine.

Entre décembre 2012 et févier 2013 les créateurs du projet Tok Toc Knock veulent aller à la rencontre de la commune de St. Josse. Vous découvrirez un article qui rassemble des informations intéressantes sur cette petite commune.

« Une ville, ce n’est pas un pays : elle nécessite sa propre forme d’art et de culture. »

Eric Corijn

Vers unecultureurbaine

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De maatschappij waarin wij leven wordt door enkele ingrijpende demografische evoluties gedwongen een nieuwe invulling te geven aan de manier van samenleven. De explosieve bevolkingsgroei en de toegenomen migratiestromen die de laatste decennia kenmerken, zorgen ervoor dat wij getuige zijn van een samenleving in ombouw. Er leven tot 60-70% meer mensen in stedelijke gebieden dan een kleine eeuw geleden. Hoewel steden dus vandaag de conditie van de mondialisering zijn, worden zij vaak geassocieerd met een eerder negatieve, gewelddadige beeldvorming. Stedelijke publieke ruimtes zijn ruimtes van verzet, van conflict, van onveiligheid en ontoegankelijkheid.

Het moeizame verloop die bepaalde debatten over het samenleven in een stedelijke context kenmerken, zoals bijvoorbeeld rond het hoofddoek of de Lange Wapperbrug, vindt een oorzaak in het schijnbare onvermogen om een aantal cruciale kwesties duidelijk te formuleren. De vraag die zich telkens opnieuw stelt is wat nog ‘sociale samenhang’ mag heten in een samenleving die niet langer gerechtvaardigd kan steunen op een gedeelde geschiedenis. In de lijn van van Ferdinand Tonniës, maken de sociale wetenschappen een onderscheid tussen de aard van de structurele banden die worden onderhouden op het microniveau van de ‘gemeinschaft’

De stadis geen landLezing Eric Corijn

La société dans laquelle nous vivons se voit contrainte de repenser la manière dont nous cohabitons en raison d’un certain nombre d’évolutions démographiques fondamentales. La croissance exponentielle de la population ainsi que l’augmentation des flux migratoires qui ont marqué la dernière décennie nous font assister à une mutation de la société. En un petit siècle, la population urbaine a augmenté de 60, voire 70 %. Bien qu’elles soient aujourd’hui indissociables de la mondialisation, les villes traînent souvent une image plutôt négative et violente. Les espaces urbains publics sont des lieux d’opposition, de conflit, d’insécurité et d’inaccessibilité.

La tension qui caractérise certains débats de société dans un contexte urbain, comme par exemple le port du voile ou le viaduc du Lange Wapper à Anvers, trouve son origine dans l’impuissance manifeste à formuler clairement un certain nombre de questions cruciales. La question qui revient chaque fois à l’ordre du jour concerne ce que l’on entend par « cohésion sociale » dans une société qui ne peut légitimement plus s’appuyer sur une histoire commune. À l’instar de Ferdinand Tonniës, les sciences sociales font une distinction entre la nature des liens structurels entretenus au microniveau de la « Gemeinschaft » ou au macroniveau de la « Gesellschaft ». Le premier concept renvoie à la société prémoderne et s’inscrit dans le

Une villen’est pas un paysConférence d’Eric Corijn

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cadre d’une communauté plutôt intime, basée principalement sur des relations affectives ainsi que sur le respect profond des valeurs que sont la loyauté, la solidarité, la réciprocité et la fraternité. Au niveau de la « Gesellschaft », on retrouve la société moderne et organisée telle que nous la connaissons encore aujourd’hui. Ce mode de cohabitation se structure par des liens économiques conditionnels agencés par le biais d’organismes, d’institutions et d’organisations.

La cohabitation dans les villes doit s’organiser d’une façon structurée et homogène. Plus la société moderne s’organise, plus se créent des liens entre des personnes ne partageant pas les mêmes antécédents et plus la distance entre les gens s’agrandit. Le problème de la modernité, c’est que les gens ne vivent plus la même vie aujourd’hui et qu’ils doivent tenter, comme le disait le sociologue classique émile Durckheim, de produire une « solidarité organique » : développer une collaboration en l’absence d’antécédents communs, tout en respectant la diversité qui confère à la ville son caractère spécifique. Dans ce contexte, la création d’un modèle commun de normes et de valeurs constitue la clé de la réussite de cette mission, estime Durckheim. Ces normes et valeurs découlent normalement de la tradition sociale et sont inculquées et imposées aux nouveaux arrivants par les institutions sociales de référence. La cohabitation devient problématique dès lors que la société n’y trouve plus aucune base. L’art et la culture au sens large du terme jouent un rôle vital en tant que catalyseurs de la transmission de ces normes et valeurs communes.

La pensée du XIXe siècle, selon laquelle il y a autant de sociétés humaines qu’il existe de nations, forme la base du processus d’intégration culturelle. Rares sont ceux qui affirment vivre « dans le genre humain » ou « dans le système mondial ». Le système mondial tend à considérer l’individu comme un produit « inter-national » produit à l’origine au sein d’une nation, le fameux pays d’origine. Au cours de sa vie, un individu peut passer par différentes nations et donc intégrer plusieurs modèles culturels. Les nations restent toutefois considérées comme l’ordre social naturel : l’état national reste le

of op het macroniveau van de ‘gesellschaft’. Het eerste verwijst naar de premoderne samenleving en kadert binnen een eerder intieme gemeenschap, gebaseerd op voornamelijk affectieve relaties, sterke loyaliteit, solidariteit, wederkerigheid en verbondenheid. Op het niveau van de ‘gesellschaft’ bevindt zich de moderne, georganiseerde maatschappij zoals wij deze ook nog herkennen vandaag. Deze manier van samenleven wordt gestructureerd door voorwaardelijke economische banden die georganiseerd worden in instellingen, instituties en organisaties.

Het samenleven in steden moet zich op eenzelfde manier structureel organiseren. Hoe meer de moderne maatschappij zich organiseert, hoe meer verbanden er komen tussen mensen die niet dezelfde achtergrond delen en hoe meer afstand er tussen de mensen groeit. Het probleem van de moderniteit is dat mensen vandaag niet meer hetzelfde leven leiden en dat men moet trachten, gebaseerd op de klassieke socioloog Emile Durckheim, een ‘organische solidariteit’ te produceren : een samenwerking opbouwen ondanks een gedeelde achtergrond, maar met groot respect voor de diversiteit die de stad zijn specifiek karakter verleent. Het creëren van een gedeeld normen- en waarden patroon is in deze context de sleutel tot het slagen van deze opdracht, aldus Durckheim. Deze ontstaan normaal uit de maatschappelijke traditie en worden aangeleerd en opgelegd aan nieuwkomers door de toonaangevende maatschappelijke instellingen. Samenleven wordt problematisch als de maatschappij hier geen basis in kan vinden. Als katalysator in het doorgeven van deze gedeelde normen en waarden, spelen kunst en cultuur in brede zin een vitale rol.

De 19de eeuwse gedachte dat er zoveel menselijke samenlevingen zijn als er naties zijn, vormt de basis voor het proces van culturele integratie. Er zijn weinig mensen die zeggen dat ze ‘in de mensheid’ leven of ‘in het wereldsysteem’. Het wereldsysteem denkt het individu voornamelijk als een ‘inter-nationaal’ product dat oorspronkelijk wordt geproduceerd in één natie, het zogenaamde land van herkomst. Tijdens zijn levensloop is het mogelijk dat een individu beweegt tussen verschillende naties en aldus

Eric Corijn est sociologue et philosophe de la culture. Il enseigne la géographie sociale à la VUB (Vrije Universiteit Brussel) et dirige le Centre de recherches urbaines COSMOPOLIS, ville, culture et société (www.cosmopolis.be)

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modèle d’intégration. La spécificité culturelle de l’état représente, dans ce modèle, une spécificité distincte de l’identité d’autres pays. La culture est le ciment de l’état et est distillée dans ce qui nous lie. Ce qui amène à se demander de quelle culture nous parlons dans ce contexte.

Raymond Williams, l’initiateur du courant britannique des cultural studies, distingue trois formes de culture relevant du processus d’intégration. La première est la « culture incarnée » : la manière de réagir aux situations de façon socialement adaptée. De tels modes de réaction sont en grande partie structurés intuitivement. Que peut-on faire dans l’espace public ? Peut-on cracher en rue ? Jusqu’à quel niveau puis-je élever la voix ? Cela illustre le fait que certains conflits interculturels relèvent plus de certains comportements, dont l’incarnation n’est pas partagée par les acteurs sociaux concernés, que de la religion ou de la couleur de peau. L’incarnation de la culture est une approche très pratique de la culture. Elle est documentée et se traduit par des artéfacts qui illustrent littéralement ce qui constitue le cœur d’une culture déterminée. Une sélection s’opère alors à partir de cette culture documentée afin de représenter ce que l’on appelle la spécificité culturelle d’une société. Cette sélection est chargée de représenter la spécificité d’une culture déterminée vis-à-vis du monde extérieur sous l’appellation de « canon culturel ». Le contenu de ce canon culturel se transforme parallèlement aux évolutions que connaît la société : ainsi Hugo Claus a-t-il évolué du qualificatif d’écrivain « étranger du peuple» à celui de « Flamand qui rapporterait le prix Nobel aux Flamands ». L’état-nation part du principe que ces trois registres peuvent s’interconnecter sans accroc : la vie quotidienne forme la base des normes et valeurs incarnées qui structurent la cohabitation et fournissent le matériel nécessaire à une culture documentée, dont découle à son tour une tradition sélective, le tout s’inscrivant dans un modèle habilement hiérarchisé et réinvesti dans la vie de tous les jours et la socialisation via les institutions sociales, telles que les écoles, les associations et autres organisations.

Une ville constitue toutefois toujours une exception. En effet, la ville est pleine d’étrangers, connaît un flot constant de nouveaux arrivants et peut de ce fait difficilement s’identifier d’une manière univoque à la culture nationale. Le terme « glocalisation » désigne les effets de la mondialisation qui sont perçus au niveau local dans la ville. Les « ways of life » des nouveaux arrivants sont structurés et légitimés par un autre type de spécificité, ce qui implique que d’autres traditions culturelles peuvent entrer en contradiction avec la culture documentée et le canon culturel préconisé. Si l’on tient au modèle d’intégration nationale, une solution doit alors être recherchée à deux moments critiques. Le premier se situe lors de la transposition de la vie quotidienne et des pratiques sociales dans la culture documentée. En raison de la tension existant entre la culture nationale et la réalité culturelle telle qu’elle est vécue dans la ville, il y a un cruel déficit de documentation sur certaines formes de culture incarnée : certains groupes ne sont pas représentés lors de la sélection de ce qui fait la culture et de ce qui n’en fait pas partie. Arrive alors le deuxième point sensible, à savoir le manque d’ouverture de la culture dominante actuelle à l’égard des nouvelles influences. Il faut en même temps bien reconnaître que la spécificité culturelle évolue à un rythme soutenu et vers une destination incertaine. En se cramponnant à ce qui nous différencie des autres, on aboutit à une non-participation, voire à une opposition. Le débat quant au rôle joué dans ce contexte par les institutions culturelles et artistiques doit s’orienter sur les solutions qu’elles peuvent apporter pour sortir de cette impasse.Une issue possible serait de renoncer, en ce XXIe siècle, au pays et à

meerdere culturele patronen integreert. Naties worden echter steeds gezien als de natuurlijke maatschappelijke orde : de nationale staat blijft het integratiemodel. De culturele eigenheid van de staat is in dit model een eigenheid die anders is dan de identiteit van andere landen. Cultuur is het cement van de staat en wordt gedistilleerd uit wat ons verbind. De opdracht bestaat er dan in concreet te definiëren wat het juist is dat ons verbindt. Dit leidt tot de vraag over welke cultuur we in deze context spreken.

Raymond Williams, grondlegger van de Britse tak van de cultural studies, onderscheidt drie vormen van cultuur die deel uitmaken van het integratieproces. De eerste vorm is de ‘belichaamde cultuur’ : de manier van sociaal aangepast reageren op situaties. Dergelijke manieren van reageren zijn voor een groot deel gevoelsmatig gestructureerd. Wat mag men doen in de publieke ruimte? Mag men spuwen op straat? Tot welk niveau mag ik mijn stem verheffen? Dit illustreert dat bepaalde interculturele conflicten meer over bepaalde gedragingen gaan waarvan de belichaming niet gedeeld worden door de betrokken sociale actoren, dan over godsdienst of huidskleur. De belichaming van cultuur is een heel praktische benadering van cultuur. De belichaming van cultuur wordt gedocumenteerd en vastgelegd in artefacten die letterlijk verbeelden wat de kern van een bepaalde cultuur uitmaakt. Uit die gedocumenteerde cultuur wordt dan een selectie gemaakt die de zogenaamde culturele eigenheid van een samenleving moet representeren. Deze selectie draagt de verantwoordelijkheid de eigenheid van een bepaald cultuur te representeren naar de buitenwereld toe onder de noemer ‘culturele canon’. Samen met de evoluties die een samenleving doormaakt, verschuift ook de inhoud van deze culturele canon : zo is Hugo Claus van de stempel ‘volksvreemde’ schrijver, geëvolueerd naar de Vlaming die ‘ons’ de Nobelprijs zou bezorgen. De natiestaat gaat er vanuit dat deze drie registers naadloos op elkaar kunnen aansluiten : het dagelijkse leven vormt de basis voor de belichaamde normen en waarden die het samenleven structureren en deze leveren materiaal voor een gedocumenteerde cultuur, waar op zijn beurt een selectieve traditie uit voortvloeit. Dit alles wordt door een mooi hiërarchisch model gekaderd en door de maatschappelijke instellingen, zoals scholen, verenigingen en organisaties, terug geïnvesteerd in het dagelijks leven en de socialisatie.

Een stad is daar altijd een uitzondering op. De stad zit namelijk vol vreemden, kent een constante stroom van nieuwkomers en laat zich hierdoor moeilijk op een eenduidige manier met de nationale cultuur vereenzelvigen. Aangeduid met de term ‘glokalisering’, worden in de stad de effecten van de globalisering op lokaal niveau tastbaar. De ‘ways of life’ van nieuwkomers worden door een ander soort eigenheid gestructureerd en gelegitimeerd, met als gevolg dat andere culturele tradities met de gedocumenteerde cultuur en de voorgedragen culturele canon in discussie gaan. Indien aan het nationale integratiemodel wordt vastgehouden, moet in dit verhaal een oplossing worden gezocht op twee kritische momenten. Het eerste situeert zich op het punt waar het dagelijks leven en de sociale praktijken worden vastgelegd in de gedocumenteerde cultuur. Door de spanning tussen de nationale cultuur en de culturele realiteit zoals deze wordt beleefd in de stad, is er een nijpend gebrek aan documentatie van bepaalde vormen van belichaamde cultuur : bepaalde groepen worden niet gerepresenteerd bij het opstellen van de selectie van wat cultuur is en wat niet. Dit hangt samen met het tweede pijnpunt, namelijk het gebrek aan openheid van de huidige dominante cultuur ten aanzien van nieuwe invloeden, maar tegelijkertijd gedwongen wordt te erkennen dat de zogenaamde culturele eigenheid in een sneltempo evolueert naar een dubbeltje op zijn kant. Het resultaat van het vastklampen aan wat ons onderscheidt van anderen, leidt net tot niet-

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l’identité nationale imposée, au bénéfice d’une intégration culturelle résolument placée sous le signe d’un modèle urbain postnational. Une ville n’est pas un pays. L’urbanité et la nationalité s’excluent l’une l’autre, bien qu’elles soient souvent associées ou mélangées. Une culture nationale repose sur la conviction qu’il existe un passé commun pouvant être raconté. Une identité urbaine se matérialise dans l’obligation d’un avenir commun. Le projet urbain ne possède encore aucune identité tangible, mais se produit « sur-le-champ » et revêt ainsi la forme d’un hybride culturel en perpétuelle évolution et en voie d’éventuelle stabilisation. La ville peut se concevoir comme un carrefour de reconstruction politique et culturelle. Des concepts tels que la participation culturelle, la démocratie participative et la force des réseaux sociaux donnent du crédit à la finalité de ce projet urbain. Dans ce contexte, l’art du public, la création artistique en public et la conception artistique de l’espace public doivent relever de nouveaux défis. Afin de sortir de l’impasse actuelle, la créativité devra correspondre plus directement à l’être social. Des notions telles que la « ville créative », les « clusters culturels » et « l’art au centre de la conception de la société » sont au cœur du débat. Un artiste a cet avantage qu’il ne doit pas porter la responsabilité de ses propres effets. Il essaie quelque chose, il tente d’exprimer ce qui ne l’a pas encore été et peut ensuite rejoindre le public pour se demander « en quoi cela nous affecte ». Le point final des interactions artistiques ne doit pas être connu.

Comme l’urbanité se joue dans des espaces partagés par des étrangers, la structure de l’interaction n’est pas définie au préalable. Les relations temporaires et les liens virtuels sous-tendent le fonctionnement social de la ville. L’espace social se divise en général selon la dichotomie du public et du privé. Selon Lyn Lofland, auteur du livre A World of Strangers, cette dichotomie doit s’élargir à une trichotomie reprenant également l’espace collectif. Celui-ci est principalement un espace public tout en étant structuré par certains usages et pratiques sous-culturels, ce qui entraîne bien évidemment des situations conflictuelles lorsque plusieurs sous-cultures rivalisent pour faire d’un même espace public un espace collectif. Il est important de connaître ces trois unités, la régularisation spécifique qui les accompagne et leurs relations mutuelles afin de pouvoir donner aux gens la faculté de gérer ces réalités par définition différentes.

L’attention manifestée dans le cas de la cohabitation avec des étrangers doit déboucher sur une forme de civilité : le savoir-vivre urbain doit se défaire de termes délicats tels que « l’interculturalité » ou le dialogue interculturel problématique. La question qui compte aujourd’hui, c’est : comment pouvons-nous réfléchir de manière constructive à la cohabitation sans forcément devoir partager la culture. L’urbanité doit se concevoir comme un projet résolument postnational, dont le contenu reste encore en grande partie à écrire. C’est pourtant le grand défi du secteur créatif au sein de la société – et certainement des artistes – que d’apporter leur contribution dans ce cadre.

La ville n’est en effet pas un pays.

participatie en zelfs verzet. De discussie over de rol van de culturele en artistieke instellingen in dit verhaal moet worden geleid door wat zij aan deze impasse kunnen doen. Een uitweg zou kunnen zijn om het land en de opgelegde nationale identiteit in de 21ste eeuw achter ons te laten, ten voordele van een culturele integratie die zich radicaal richt op een postnationaal, stedelijk model. Een stad is geen land. Stedelijkheid en nationaliteit zijn radicaal tegengesteld aan elkaar, hoewel ze vaak tegelijkertijd, gemengd of naast elkaar kunnen voorkomen. Een nationale cultuur steunt op de overtuiging dat er een gedeeld verleden is dat verteld kan worden. Een stedelijke identiteit wordt gedragen door een verplicht gedeelde toekomst. Het stedelijk project heeft nog geen tastbare identiteit, maar wordt geproduceerd ‘sur le champ’ en is hierdoor een hybride culturele mengvorm die voortdurend evolueert en al dan niet zal stabiliseren. De stad kan als knooppunt voor politieke en culturele wederopbouw worden gedacht. Concepten als cultuurparticipatie, de participatieve democratie en de kracht van sociale netwerken doen recht aan het doel van dit stedelijk project. In deze context staat de kunst van het publieke, kunst maken in het publieke of het artistiek vormgeven van de publieke ruimte voor nieuwe uitdagingen. Om uit de huidige impasse te geraken zal creativiteit meer rechtstreeks moeten aansluiten bij het sociale zelf. Noties als de ‘creatieve stad’, ‘culturele clusters’ en ‘kunst in het centrum van het vormgeven van de samenleving’ structureren het debat. Het grote voordeel van een kunstenaar is dat deze niet verantwoordelijk hoeft te zijn voor zijn eigen effecten. Hij probeert iets uit, tracht te zeggen wat nog niet gezegd is geweest en kan dan nadien tussen het publiek gaan staan en zich afvragen ‘wat doet dit met ons?’. Het eindpunt van artistieke interacties hoeft niet bekend te zijn.

Omdat stedelijkheid zich afspeelt in ruimtes gedeeld door vreemden, ligt de structuur van de interactie niet op voorhand vast. Tijdelijke relaties en virtuele verbanden, ondersteunen het sociaal functioneren in de stad. Klassiek wordt de sociale ruimte opgedeeld volgens de dichotomie van het publieke en private. Volgens Lyn Lofland, die het boek ‘A World of Strangers’ publiceerde, moet deze dichotomie worden uitgebreid naar een trichonomie, waarin ook de parochiale ruimte wordt opgenomen. Deze is eveneens een voornamelijk publieke ruimte, maar wordt gestructureerd door bepaalde subculturele gebruiken en praktijken. Dit levert vanzelfsprekend conflictsituaties op wanneer meerdere subculturen strijden om van een dezelfde publieke ruimte een parochiale ruimte te maken. Kennis van deze drie-eenheid, de specifieke regulering die hen kenmerkt en hoe deze zich tot elkaar verhouden, is een belangrijk aspect van hoe mensen vaardig gemaakt kunnen worden om met deze inherent verschillende werkelijkheden om te gaan.

De aandacht bij het samenleven met vreemden moet uitgaan naar civiliteit : werkbare stedelijke omgangsvormen losgekoppeld van beladen termen als ‘interculturaliteit’ of de geproblematiseerde interculturele dialoog. De vraag die vandaag aan de orde is, is hoe we op een constructieve manier een denkoefening kunnen doen over samenleven zonder noodzakelijk de cultuur te delen. Stedelijkheid moet als een radicaal postnationaal project worden gedacht, waarvan de invulling nog grotendeels onbeschreven is. Het is echter de grote uitdaging van de creatieve sector in de samenleving en zeker van de artiesten om in dat kader een bijdrage te leveren.

De stad is namelijk geen land.

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www.toktocknock.com

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17 ARTISTES3 QUARTIERS3 FESTIVALS1 APOTHEOSE

Simon Allemeersch, Thomas Bellinck,Romain David, Didier De Neck,Guy Dermul, Youssef El Ajmi,Ruud Gielens, Mohamed Ouachen,Pierre Sartenaer, Menno Vandevelde,Ann Van de Vyvere, Catherineevrard, Annelies Van Hullebusch,Mieke Verdin, Benjamin Verdonck,Miet Warlop & Jozef Wouters

Le KVS investit la ville.Durant la saison 2012-2013, le théâtre urbain KVS frappe à la porte des habitants de 3 quartiers particuliers : les blocs de logements sociaux de la Cité Modèle à Laeken, la mini commune bigarrée de Saint-Josse-ten-Noode et le complexe bout d’Europe à Bruxelles, Etterbeek et Ixelles. Dix-sept artistes issus de différentes disciplines et d’horizons divers y sont à lœuvre. En collaboration avec des partenaires locaux, ils créent du théâtre, de la musique, des expositions, réalisent des installations dans l’espace public, des vidéos, organisent des promenades… Leurs créations sont présentées au cours de 3 festivals répartis sur la saison. Fin mai 2013, nous reviendrons au KVS, avec un bagage bien fourni et un tourbillon d’histoires, pour la conclusion encore inédite de ce récit passionnant.

FESTIVAL ICITé MODèLE17.11 > 02.12.2012

FESTIVAL IISAINT-JOSSE16.02 > 03.03.2013

FESTIVAL IIIQUARTIER EUROPéEN11.05 > 26.05.2013

17 ARTIESTEN3 WIJKEN3 FESTIVALS1 APOTHEOSE

Simon Allemeersch, Thomas Bellinck,Romain David, Didier De Neck,Guy Dermul, Youssef El Ajmi,Ruud Gielens, Mohamed Ouachen,Pierre Sartenaer, Menno Vandevelde,Ann Van de Vyvere, Catherineevrard, Annelies Van Hullebusch,Mieke Verdin, Benjamin Verdonck,Miet Warlop & Jozef Wouters

KVS trekt de stad in.KVS klopt tijdens het seizoen ’12 – ’13 aan bij de bewoners van 3 bijzondere stadswijken : de sociale woonblokken van de Modelwijk in Laken, de kleurrijke minigemeente Sint-Joost-ten-Node en het complexe stukje Europa in Brussel, Etterbeek en Elsene. 17 artiesten uit verschillende disciplines en met diverse achtergronden zijn er aan de slag. Ze maken, in samenwerking met lokale partners, theater, muziek, tentoonstellingen, installaties in de openbare ruimte, wandelingen, video’s… Hun creaties worden getoond tijdens 3 festivals verspreid over het seizoen. Eind mei 2013 keren we terug naar KVS, met veel bagage en verhalenvoor een nog ongeschreven slot van dit boeiende verhaal.

FESTIVAL IMODELWIJK17.11 > 02.12.2012

FESTIVAL IISINT-JOOST16.02 > 03.03.2013

FESTIVAL IIIEUROPAWIJK11.05 > 26.05.2013

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Vendredi 19 octobre / 11heures

Jozef Wouterset les architectesnous accueillent.Jozef nous raconte :

Le KVS m’a proposé de réaliser un projet dans la Cité Modèle à Laeken. Au début je trouvais que la proposition de faire quelque chose d’artistique dans ce quartier était très problematique. Comment faire ? Comment réaliser un projet artistique dans un contexte où les habitants de la Cité modèle font face à de vrais problèmes de survie ?Que pourrais-je faire avec mon travail ici ? En plus de travailler et de vivre dans un appartement pour lequel il existe une liste d’attente de 26000 personnes. Le projet était difficile à définir.

Jozef a un ami architecte qui a son bureau dans un quartier semblable à la cité modèle à Anvers. Jozef observe qu’un contact « naturel » s’installe peu à peu en travaillant sur place. Suite à cette observation il propose le point de départ de son projet : ce projet va se développer sur place le plus près possible de sa réalité. Depuis avril 2012 Jozef habite au 7ème étage de la tour 8, appartement E. Ce lieu se présente comme « burau des architectes ». Le nom « architecte » lui paraît plus accessible, plus concret que celui « d’artiste ». Suite à ce point de départ, Jozef demande à de jeunes architectes de travailler avec lui sur place. Jozef s’adresse avec une lettre aux habitants du quartier de la Cité modèle. Chaque habitant est invité à formuler un problème. En formulant un problème, on formule un désir. Chaque problème reçu est classé par ordre alphabétique dans une grande armoire à archives. Les architectes en ont sélectionné environ 60 sur lesquelles ils rêvent, créent, réalisent, ou ne réalisent pas, imaginent les possibles ensemble. Chaque participant devient « architecte ».

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Les architectes de la Cité Modèle tenaient absolument à ce que leur « ville » soit construite avant l’inauguration de l’Expo universelle de ‘58, afin que le monde entier puisse admirer son propre avenir. Lorsqu’il est apparu que seules les fondations seraient prêtes à temps, les architectes se sont lancésjour et nuit dans la réalisation d’une magnifique maquette. La miniature en carton a rendu leur désir visible et leurs idées abordables. Pour le béton et le verre, on verrait plus tard. Et leur stratégie a payé : durant l’Expo, 42 millions de visiteurs ont défilé devant la ville miniature de la Cité Modèle. La maquette était sur toutes les lèvres… À l’époque, personne ne savait qu’elle ne verrait jamais entièrement le jour. Suivant la même stratégie, l’artiste Jozef Wouters s’arrête 60 ans plus tard sur cette même Cité Modèle. « Architecte à peu près », il s’aventure entre les vestiges de l’utopie de Braem et la condition humaine des habitants d’aujourd’hui. Il constate que le désir architectural de l’un ne fait pas nécessairement le bonheur de l’autre et il crée le « Bureau des Architectes » dans l’appartement 7E du Bloc 8. Avec des architectes, des artistes et des riverains, Jozef se lance dans l’examen du sens et du non-sens du réflexe qui nous pousse à vouloir résoudre les problèmes. Orientée par les volumineuses archives remplies de problèmes des habitants, du quartier, et du monde tout court, la marquede fabrique du « Bureau des Architectes » devient le façonnement de désirs à l’échelle 1:1000 à 1:1. Sans distinction en termes d’importance, ils construisent une collection de maquettes constituées de désirs qui ne font que soulever de nouvelles questions :

• Quel est notre désir collectif ?• Que bâtissons-nous ?• Pouvons-nous résoudre tous les problèmes tout court ?

À la fin, dans l’exposition ALL PROBLEMS CAN NEVER BE SOLVED, Jozef nous présente le travail de l’Architecte. L’éternel solutionneur de problèmes à tort et à raison.

• L’Architecte peut-il répondre à la question de savoir ce que l’architecture peut apporter dans un quartier où les besoins sont tellement différents ? • Ses solutions touchent-elles la réalité, ou plutôt le désir dissimulé derrière le problème ?• Peut-il à nouveau matérialiser et exprimer les possibilités qui se sont perdues lorsque les désirs se sont fossilisés en budgets, calendriers de construction, master plans, prévention et droits d’exploitation ?• L’Architecte peut-il douter et malgré tout continuer à bâtir ?

De architecten van de Modelwijk wilden absoluut dat hun ‘stad’ gebouwd zou zijn voordat de wereldexpo van ’58 van start ging, opdat de wereld haar eigen toekomst zou kunnen bewonderen. Toen bleek dat enkel de fundamenten tijdig klaar zouden zijn, besteedden de architecten dag en nacht aan het bouwen van een prachtige maquette. De kartonnen miniatuur maakte hun verlangen zichtbaar en hun ideeën bespreekbaar. Beton en glas waren voor later. Hun strategie werkte : tijdens de expo kwamen er 42 miljoen bezoekers naar de miniatuurstad van de Modelwijk kijken – iedereen sprak erover. Niemand die toen wist dat de maquette nooit helemaal gerealiseerd zou worden. Met dezelfde strategie trekt kunstenaar Jozef Wouters 60 jaar later naar diezelfde Modelwijk. Als ‘architecte à peu près’ begeeft hij zich tussen de restanten van de utopie van Braem en de condition humaine van de huidige bewoners. Hij stelt er vast dat de één zijn gebouwd verlangen niet noodzakelijk dat van een ander is en richt het ‘Bureau des Architectes’ op in appartement 7E van Gebouw 8. Samen met architecten, kunstenaars en buurtbewoners start Jozef zijn onderzoek naar de zin en onzin van onze probleemoplossende reflex. Geregisseerd door het lijvig archief gevuld met problemen van de bewoners, de wijk, en de wereld tout court, wordt het handelsmerk van ‘Bureau des Architectes’ het vormgeven van verlangens in schaal 1:1000 tot 1:1. Zonder onderscheid in belang leggen ze een verzameling maquettes aan van verlangens die alleen maar nieuwe vragen oproepen:

• Wat is ons collectieve verlangen?• Waaraan bouwen we?• Kunnen we überhaupt problemen oplossen?

Aan het eind, in de tentoonstelling ALL PROBLEMS CAN NEVER BE SOLVED, toont Jozef ons de arbeid van de Architect. De eeuwige probleemoplosser tegen beter weten in.

• Kan de Architect antwoord geven op de vraag wat architectuur kan doen in een wijk waar oneindig veel verschillende noodzaken zijn?• Tasten zijn oplossingen de realiteit aan of vooral het verlangen dat verborgen zat in het probleem?• Kan hij de mogelijkheden die verloren gingen toen verlangens versteenden in budgetten, bouwschema’s, masterplannen, preventie en exploitatierechten, opnieuw leesbaar en bespreekbaar maken?• Kan de Architect twijfelen en toch blijven bouwen?

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JOZEF >

Chers architectes,Chers riverains,Chers citoyens intéressés,

Je m’appelle Jozef Wouters, je suis artiste, vaguement architecte et concepteur du projet Cité Maquette.Je vous souhaite la bienvenue au congrès ALL PROBLEMS CAN NEVER BE SOLVED... Ce congrès donne le coup d’envoi du projet « Cité Maquette», un projet qui nous occupe depuis déjà un mois et qui restera encore 2 mois ici, à la Cité Modèle. Tout d’abord, je vais vous dire en quelques mots ce qui me fascine le plus dans la Cité Modèle. Avant même l’érection de la cité modèle, avant même la construction de ce quartier avec ses beaux et moins beaux côtés, avec ses bonnes et moins bonnes idées, avant même la réalité de la pluie, du vent et de la désuétude, il y avait une maquette. Cette maquette de la cité modèle a

été présentée à l’Expo 58. Une expo universelle qui a attiré 42 millions de visiteurs. Et ça, ça me fascine énormément. Des millions de personnes ont vu en miniature l’idéalisation en carton de tours d’habitations illuminées, avec de la verdure, une école, une église, un centre d’hygiène, un monument à l’angle droit et une place centrale, « la place où nous sommes aujourd’hui », entre agora grecque et souk arabe, avec un supermarché, un café et une crémerie hollandaise. J’imagine comment les architectes de la Cité Modèle se sont penchés sur cette maquette. Leurs discussions enflammées sur l’avenir et tous les problèmes qu’ils voulaient résoudre. Se représentant comment des personnes imaginaires allaient s’asseoir sur des bancs imaginaires, allaient dormir dans des chambres et boire dans des cafés qui étaient encore à construire. Dans la réalité, la plupart de leurs idées sont restées lettre morte et tout n’a pas été comme ils l’entendaient. Les gens qui habitent ici ont d’autres revenus, d’autres nationalités et d’autres

aspirations que ce qu’avaient pronostiqué les architectes de l’époque, et chacune de leurs solutions a engendré de nouveaux problèmes. Toutes les solutions engendrent de nouveaux problèmes. Nous ne pouvons jamais résoudre tous les problèmes. La maquette de la Cité Modèle était peut-être une utopie, un lieu qui n’a jamais existé en vrai, mais pourtant une utopie qui a été vue par une foule de personnes et qui a finalement abouti à la réalité de ce lieu. Il y a environ un mois, nous nous sommes lancés ici, dans ce quartier, dans un travail d’archives. Ces archives, que vous voyez ici, sont un recueil de problèmes. Des problèmes privés très spécifiques de riverains et des problèmes de la Cité Modèle. Mais aussi des problèmes auxquels sont confrontée la Ville de Bruxelles et les grands problèmes du monde.Dans un accès d’orgueil, nous avons essayé de classer tous ces problèmes par ordre alphabétique. Le problème des chauffages cassés

Extrait du blog de Tok Toc Knock « ALL PROBLEMS CAN NEVER BE SOLVED » CONGRES, 22 SEPTEMBRE 2012, 20:00, PLACE HAUTE, CITE MODELE

Extraits des archives de problèmes

Il y a le problème de l’absence de supermarchés, de restaurants et de cafés sur et autour de la place Haute, comme les architectes de la Cité Modèle l’avaient prévu à l’origine.

Il y a le problème des nombreux bancs cassés sur cette place.

Et de certains jeunes qui font du chahut quand ils traînent ici jusque tard le soir.

C’est un problème que certa

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a du bruit.

Parfois, des fleurs sont volées dans les bacs à fleurs.

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À côté de la place Haute, juste devant le Bloc 1, il y a

un petit trou de taille carrée qui est invisible quand il

neige et beaucoup d’entre nous ont déjà trébuché.

L’eau a une force d’érosion capable

de creuser la pierre.

La pluie est un réel problème. Dans les vieux blocs, l’eau rentre par le côté supérieur de beaucoup de fenêtres.

La rampe à l’entrée principale

de la Cité Modèle est trop raide

pour les personnes âgées et les

personnes en chaise roulante.

L’escalier entre la Cité Culture

et la Maison des Jeunes est

tellement usé qu’il provoque

parfois des accidents.

Certains d’entre nous jettent du pain

de leur fenêtre pour les pigeons.

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onniers, l’eau ne s’écoule pas b

ien quand il pleut.Des barbecues se tiennent dans les baby-foot.

Parfois, un WC

ne se vide pas.

Il y a le problème que le sol de la Cité Modèle

est trop inégal pour bien faire du skateboard.

Pour les habitants des Blocs 10 et 11, le bruit que les jeunes font sur et autour

du petit terrain, parfois jusqu’à des heures trè

s tardives, est un gros problème.

Dans les environs des Blocs 7, 6, 13, 14, 15, du Carrefour

et du vieux chauffage central, il y a plein de rats.

1 milliard de personnes dans le monde souffrent de la faim. C’est 1 sur 7 d’entre nous.

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C’est un problème que l’eau soit humide et que tous

les habits ne soient pas imperméables.

Du vent qui a le champ libre ici.

Le problème de l’absence de poubelles.

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à côté du problème des chauffeurs qui ont trop bu. Le problème des Chinois qui font barrage à côté des chiens qui font leurs besoins dans la rue. Un chauffage cassé à côté du réchauffement du monde.À partir de lundi, tous ces problèmes serviront de point de départ à un groupe d’architectes dont quelques-uns sont présents ce soir. Tout comme les premiers architectes de la Cité Modèle, ils tenteront de répondre à certains de ces problèmes en réalisant des maquettes.Des maquettes à toutes les échelles. Des maquettes-ponts entre l’idée et la concrétisation. Des maquettes d’utopies et de discussions. Des maquettes à la fois solution et problème. Des maquettes à l’échelle 1/1 qui ont un impact direct, mais aussi des maquettes qui ne pourront jamais être réalisées.Aujourd’hui, nous ne vous présentons pas encore de solutions. Aujourd’hui, place uniquement aux problèmes. Vous voyez derrière moi une armoire à archives remplie de tous les problèmes du monde. Tout en sachant qu’il est impossible de rassembler tous les problèmes, nous voulions essayer de vous donner un aperçu du grand enchevêtrement de problèmes que nous appelons « notre monde ».

Le problème des rats provient du gros problèm

e des ordures. Les ordures sont vraim

ent un gros problème.

Le fait que les ordures puent attire les rats. Il faut en fait qu’il y ait le m

oins possible d’ordures visibles.

Certains habitants de la Cité Modèle ne trient pas leurs déchets. Certains d’entre nous jettent leurs déchets au sol.

Les services de ramassage ne savent pas

quoi faire avec les dépôts clandestins.Ils ne peuvent pas les laisser là, mais les ramasser systématiquement n’est pas une solution.

De nos jours, beaucoup de gens manquent de respect et de sens citoyen, de normes et de

valeurs de base. Peu se sentent responsables de l’environnement dans lequel ils vivent.

C’est surtout le cas des locataires. Ils prennent généralement moins soin de leur maison que

les propriétaires. Nous, Bruxellois, sommes 60 pour cent à louer un logement.

L’ascenseur sent souvent l’urine.

1 milliard de personnes dans le monde souffrent de la faim. C’est 1 sur 7 d’entre nous.

La faim provoque des flux migratoires.Les guerres aussi font fuir les gens.

Aujourd’hui, 30 000 personnes dans notre ville sont en attente d’un statut de réfugié.Certains demandeurs d’asile mentent quand on leur demande pourquoi ils veulent l’asile.C’est un gros problème que les demandeurs d’asile et les inspect-

eurs ne parlent généralement pas la même langue.

Ou les gens déménagent simplement parce que les salaires sont plus élevés ailleurs.

D’un point de vue écologique, l’agriculture devrait diminuer, mais d’un point de vue humanitaire, elle devrait augmenter.

Avec l’invention de l’ascenseur, les architectes ont commencé à construire plus haut. Le problème lié au fait de devoir gravir de nombreuses marches d’escalier était en effet résolu. Mais le problème bien sûr, c’est que les ascenseurs peuvent se bloquer. Quand l’ascenseur est en panne, les personnes à mobilité réduite n’ont pas accès à leur appartement.

Beaucoup d’appartements sont mal isolés. Résultat : le coût du chauffage peut chiffrer.

C’est un problème que la chaleur puisse s’échapper. Et aussi qu’il fasse froid en hiver.

Et parfois trop chaud en été.

C’est un problème que le restaurant de quartier Hazewee

ne propose pas de plats végétariens. Ni de plats halal.

Le boucher halal le plus proche se trouve à quatre arrêts

de métro de la Cité Modèle.

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C’est un gros problème qu’il y ait de plus en plus d’habitants

à Bruxelles. Et qu’ils ne se comprennent pas toujours.

56 pour cent d’entre nous ne sont pas d’origine belgo-belge.

Ainsi, le lien se distend entre notre ville et les deux grandes

communautés culturelles de notre pays.

Notre taux de chômage est parmi les plus élevés d’Europe. Nonante pour cent de nos emplois se trouvent

dans le secteur des services et 53 pour cent des travailleurs de ce secteur sont des navetteurs.C’est dû au fait que les exigences d’une fonction de

services ne correspondent pas aux qualifications et

au niveau de formation d’une grande partie de nos

jeunes Bruxellois. 23 pour cent d’entre eux quittent l’enseignement sans diplôme.

30 pour cent des Bruxellois vivent sous le seuil de pauvreté.La population augmentera fortement dans les années à venir, en raison d’un taux de natalité

élevé et d’une forte vague d’immigration, principalement de groupes démographiques plus

pauvres. Une étude récente annonce une croissance de 6 %, qui grimpera à 8,2 % dans les

dix prochaines années. Cela signifie 60 000 à 82 000 nouveaux habitants par an.

On observe déjà maintenant un manque criant d’écoles. Un manque criant d’infrastructures sportives. De crèches. Le logement social fait face à de longues listes d’attente.

Beaucoup de personnes hautement qualifiées et de jeunes ménages avec enfants quittent la ville pour trouver un logement abordable avec jardin.

Notre ville aura besoin d’ici 2020 de 50 000 nouveaux logements,

dont de nombreux logements sociaux.

C’est un problème que certains quartiers soient revalorisés et, de ce fait, attirent des personnes plus aisées qui font augmenter les loyers, obligeant la population d’origine, plus pauvre, à déménager.

À Bruxelles, 1,5 million de mètres carrés d’espaces de bureaux sont inoccupés, dont 350 000 mètres carrés sont réaffectables.

C’est un gros problème que nous soyons de plus en plus nombreux sur cette planète et que beaucoup d’entre nous quittent la campagne pour la ville.

385 habitants de la Cité Modèle vivent seuls.

Ce sont surtout des femmes et certaines d’entre

elles vivent dans la peur.

154 mères vivent seules avec leurs enfants.

21 pères vivent seuls avec leurs enfants.

15 pour cent des habitants ont un emploi.

46 pour cent des familles ont un revenu imposable

net inférieur à 12 500 euros par an.

Que certains habitants veuillent

quitter la Cité Modèle.

C’est un problème qu’il n’y ait pas de mosquée à

la Cité Modèle. Et qu’on ne puisse pas enseigner

le Coran dans la salle polyvalente.

Et que tout le monde ne parvienne pas à s’identifier au quartier.

Le problème, c’est que le quartier est perçu comme

un ghetto à cause de son architecture fermée.

Que le béton était considéré dans les années 1960 comme un matériau moderne et attrayant et qu’il soit aujourd’hui perçu comme un problème à cacher le plus possible lors de rénovations.

C’est un problème qu’il y ait trop de racisme à Bruxelles.

Pour certains, c’est un problème qu’il y ait trop de Marocains dans notre ville.

Que les W

allons parle

nt souvent moins bien

le néerlandais que le

s Flamands le français.

Le problème, c’est que beaucoup de personnes

veulent habiter au même endroit.Le problème, c’est que beaucoup d’enfants ici

ne possèdent pas leur propre chambre.C’est un gros problème que nous soyons de plus en plus

nombreux à vivre sur cette planète.Le problème, c’est qu’il y a trop peu de contrôles de police à la Cité Modèle.

Le problème, c’est qu’il y a trop de contrôles de police.

Le problème du chômage.Le problème qu’il y a trop peu de travail.Et trop de travail au noir.

Trop d’impôts.

Trop de fraude fiscale.

Trop de pauvres.

Trop de gens. Trop de moustiques.

Trop

de

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.

Trop

de

prob

lèm

es.

Trop de mauvaises solutions.

Trop de gens qui ne tiennent pas compte des autres. Trop de gens qui décident des choses dont d’autres pâtissent.

Le problème, c’est qu’il n’y a pas assez d’agents de police

qui veulent travailler à Bruxelles.

Et trop peu de Flamands.

C’est un problème que certaines personnes entendent leurs voisins à cause de murs mitoyens trop fins.

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• Pouvons-nous tout protéger de la pluie ?• Pouvons-nous créer des bancs sur lesquels les clochards ne puissent pas dormir ?• Et des fleurs qu’on ne puisse pas voler ?• Des portes qui ne puissent pas s’ouvrir ?• Des maisons qui ne s’effondrent pas ?• Pouvons-nous faire des graines uniquement réservées aux oiseaux désirés ?• Et créer un bois avec un système d’arrosage contre le feu ?• Pouvons-nous planter des parasols sur un récif de corail pour qu’il ne s’assèche pas ?• Et envoyer un sol fertile au Sahel ?• Pouvons-nous créer des guerres sans victimes et dresser des digues contre les ouragans ?• Du verre qui ne casse pas ?• Pouvons-nous construire un stade qui accueillerait le monde entier ?• Et des prisons d’où on sortirait meilleur ?• Des plaines de jeux où personne ne se blesse et des tondeuses silencieuses ?• Pouvons-nous créer des autos qui ne renversent personne et une piste de ski qui ne fait que descendre ?• Pouvons-nous faire en sorte d’avoir chaud en hiver et froid en été ?• Pouvons-nous construire des monuments qui ne soient jamais oubliés ?• Des tours dont on ne puisse sauter et des trains sous lesquels on ne puisse se jeter ?• Des ordures sans odeurs, des oiseaux sans fientes, des usines sans fumées et une lumière qui n’aveugle pas ?• Pouvons-nous faire en sorte que chacun ait un toit ?• Pouvons-nous nourrir tout le monde ?• Pouvons-nous douter et malgré tout continuer à bâtir ?

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JOZEF > Pour terminer, je m’adresse aux architectes présents ici ce soir. Moi y compris.

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Difficile de parler de la commune de Saint-Josse-Ten-Noode sans utiliser de superlatifs : c’est la plus petite commune de Belgique : 1,4 km² ! Le site web de la commune annonce presque triomphalement que Saint-Josse-Ten-Noode a la même densité de population que Calcutta! D’autres préfèrent la comparaison avec Bombay et certains parlent même de la « Shanghai de Belgique » . Saint-Josse est la commune la plus multiculturelle (avec 153 nationalités différentes, 60 langues…) et la plus jeune (avec un âge moyen de 32 ans) de Belgique. D’après les statistiques officielles, Saint-Josse est la commune la plus pauvre de Belgique, du moins si l’on se base sur le revenu annuel moyen par habitant. Un stigmate que la commune veut effacer en soulignant chaque année que la situation financière est saine et qu’il y a même un excédent budgétaire…On peut énumérer d’autres superlatifs qui passent pourtant plus inaperçus, à propos de Saint-Josse : c’est la commune qui compte le plus petit nombre de voitures pour mille habitants (237/1000 alors que la moyenne belge est de 467/1000)

c’est aussi dans cette commune que la différence entre les habitants et les navetteurs est la plus grande : 70.000 navetteurs et eurocrates viennent y travailler en journée et le soir, il reste 26.000 habitants.En ce qui concerne la politique, la commune doit sa réputation de volontarisme politique à plusieurs bourgmestres. Le passant qui se balade aujourd’hui dans la commune sera peut-être surpris de l’apprendre : Saint-Josse a un rapport tout spécial à l’eau. Au XVIIe siècle, un ingénieur allemand a fait construire un ingénieux système hydraulique pour que l’eau en provenance des sources du Broebelaar d’Etterbeek transite par un réservoir près des étangs de Saint-Josse-Ten-Noode et soit stockée dans une tour près de la Porte de Louvain. Au XIXe siècle, la commune est une des premières à être reliée à un réseau moderne et super performant de distribution d’eau et ce grâce au bourgmestre Armand Steurs qui se voit gratifié en retour d’un magnifique petit square art déco : désormais, Saint-Josse est alimentée directement en eau au départ de Modave, dans les Ardennes. Toujours au 19e siècle, c’est sur le territoire de Saint-Josse qu’est construit le premier institut météorologique moderne, le prédécesseur de l’actuel IRM à Bruxelles.Grâce au bourgmestre Guy Cudell, à son poste pendant plus de 40 ans (de 1953 à 1999), les premiers agents de police féminins font leur apparition dans les années 1950, le service de

l’enseignement, une autre première en Belgique, développe l’enseignement mixte. Et Saint-Josse de poursuivre sur sa lancée : la commune se targue d’avoir le conseil communal le plus multiculturel du pays : la moitié des membres du conseil communal est d’origine allochtone, et la moitié des membres du collège a ses racines hors de l’Europe. Depuis 2004, Saint-Josse a également le premier échevin noir de Belgique, une femme, belgo-congolaise: Dorah Ilunga. Et cette commune ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : pour preuve, le projet de créer la plus longue rue commerçante de Belgique traversant Saint-Josse en reliant la rue Neuve (Bruxelles) et la rue de Brabant (à Schaerbeek).Et pourtant, tout a commencé de façon très modeste pour Saint-Josse : ce petit village du Brabant est né à la jonction de la chaussée de Louvain et du Maelbeek. La première mention de ce hameau, nommé « Nude » , apparaît dans un texte du chapitre de Sainte-Gudule daté de 1251. On ne sait avec certitude si ce terme « Nude » fait allusion à une chapelle dédiée à Onze-Lieve-Vrouw-Ten-Noode (Notre-Dame du Secours) ou s’il renvoie plutôt au toponyme germanique « Nuda » qui signifie « étroit vallon » . Au Moyen Âge, Ten Noode faisait partie de la liberté bruxelloise ou « Cuve » , une sorte d’alliance de villages autour de la capitale ducale où se prenaient les décisions en matière de justice et de politique.Le hameau de Ten Noode était peut-être bien

© Danny Willems

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modeste par la taille, pourtant les ducs de Brabant aimaient faire leur entrée dans Bruxelles par la chaussée de Louvain, le long de la Porte de Louvain, sur le territoire qui s’appellerait plus tard Saint-Josse-Ten-Noode. Ils y ont même érigé un château, une « cour de plaisance » ou résidence de campagne. Les ducs attirèrent d’autres aristocrates qui y bâtirent également leur résidence de campagne. Le poète et diplomate Jean-Baptiste Houwaert (1533-1599), à qui une place est dédiée, y fit construire un petit château si pittoresque qu’il fut vite baptisé la « Petite Venise ». Le poète décrivait lui-même sa propriété comme étant « sise dans la plus belle contrée/qu’il était donné de voir en Europe ». Les jardins non plus n’avaient rien à envier à ceux de France : « Ils sont si bien ordonnés et proportionnés/qu’on les dirait dessinés et construits par Dédale lui-même/le compas à la main/et l’équerre façonnant chaque angle ». Ce n’est qu’au XVIe siècle que le nom « Ten Noode » a été précédé de « Saint-Josse ».Au XVIIIe siècle, c’est le déclin : les châteaux sont en ruine, Saint-Josse-ten-Noode n’attire plus les aristocrates et les ducs et l’occupant français fait du hameau une commune indépendante en 1794. Grâce à la baisse de la mortalité, à l’exode rural, à la destruction de l’ancienne enceinte et des portes de la ville au XIXe siècle, le village se développe et devient un faubourg très peuplé de la capitale. L’ancien cœur du village dont on vantait jadis les « jolis jardins,

fontaines, beaux étangs et jolies guinguettes » s’est complètement urbanisé : entre 1831 et 1846, la population est passée de 3.077 à 14.850 habitants. En 1840, nous pouvons lire dans un rapport du conseil communal cette déclaration au ton triomphant : « Il y a déjà 100 réverbères ! »… En 1846, Saint-Josse possédait sa propre usine de gaz et toutes les rues avaient l’éclairage nocturne. C’est à cette période que Karl Marx et Friedrich Engels résideront dans la même rue à Saint-Josse : ils ont plus que probablement été témoins de l’urbanisation de la commune et d’un de ses corollaires : la prolétarisation de sa population…La proximité de la capitale est à la fois une bénédiction et une malédiction pour Saint-Josse : en compensation des travaux d’aménagement de la rue de la Loi, Bruxelles exige en effet une partie du territoire de Saint-Josse. Le 7 avril 1853, Saint-Josse-ten-Noode perd donc la moitié de son territoire, 142 des 253 hectares que compte son territoire, pour être exact. Sur ces nouvelles acquisitions territoriales, Bruxelles aménagera le quartier Léopold et le quartier du Nord-Est (ou quartier des Squares).L’urbanisation galopante est brusquement stoppée par un plan communal général, les inondations du Maelbeek nauséabond sont endiguées : le cours d’eau est recouvert. Dans le centre, une nouvelle place, la place Saint-Josse, est aménagée autour d’une église néo-baroque. La rue des Deux Eglises située dans l’axe médian

de l’église doit assurer la liaison entre le nouveau centre du village et le tout récent quartier Nord-Est. La dernière parcelle arable à Saint-Josse est rayée de la carte en 1895.Au XXe siècle aussi, Saint-Josse participe à la montée des peuples. À l’occasion de l’Expo universelle de 1958, les boulevards arborés font place à des voies urbaines pour voitures, avec des tunnels. Le bâtiment de la Prévoyance Sociale (1954) Porte de Schaerbeek et le centre international Rogier (1958) place Rogier marquent l’avènement des premiers gratte-ciels dans l’horizon urbain de Saint-Josse. Une grande partie de Saint-Josse est sacrifiée au plan mégalomane de Van den Boeynants et Charlie Depauw pour l’aménagement d’un projet Manhattan grandiose : un quartier d’affaires avec plus de 70 tours de bureaux (au final, seules 3 tours seront érigées). Le flamboyant bourgmestre Guy Cudell n’est pas en reste lui non plus ; il fait construire d’imposantes tours de bureaux (la tour Madou s’est élevée dans les années 1960 au rythme d’un étage par jour !) le long de la frontière communale. « Les palais du grand capital paieront ma politique sociale », déclare-t-il un jour lors d’une interview.

Entre décembre 2012 et févier 2013les créateurs du projet Tok Toc Knockveulent aller à la rencontrede la commune de Saint- Josse.

Le Théâtre de la Vie sera le centrede ce festival durant ces trois mois.

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Annelies Vanhullebusch

Abdel Bouzbiba :À la base tu es plutôt comédienne, et tu te produis régulièrement sur scène à divers endroits entre la Belgique et la Hollande. Actuellement, tu travailles avec le KVS, en tant qu’artiste plasticienne sur le projet TOK TOK KNOCK. Peux-tu nous expliquer, toi qui est connue à la base pour être comédienne, comment tu t’es retrouvée embarquée sur ce projet en tant que plasticienne?

Annelies Vanhullebusch :J’ai étudié dans une école de théâtre à Maastricht, dans la section performance théâtrale. La notion

d’éphémère - le fait que tout soit transitoire, passager, temporel sans vraie trace - au théâtre m’a toujours questionnée, je trouvais cela difficile à gérer, à aborder, et je voulais donner au public quelque chose de l’ordre du durable, quelque chose qu’il puisse garder en repartant. J’ai donc imaginé une performance pour deux personnes, qui traitait de la culture gypsy et qui se passait dans une caravane : à la fin, le public recevait une boite à cassette dans laquelle se trouvait un petit livre qui traitait de l’histoire. Il rentrait avec quelque chose en poche. J’ai directement su que c’était une bonne manière pour moi d’aborder le travail : donner forme à

une histoire, la raconter, la transmettre via le bricolage. C’est comme ça que je me suis mise à chercher comment je voulais travailler, aborder le travail, bref je me suis mise à la recherche de mon langage à moi. Je suis allée à Budapest et là j’ai fait ma première installation (if she would ‘ve had one, nobody would ‘ve noticed her) et j’ai pris conscience de ce qui me plaisait vraiment dans le théâtre : le fait que les spectateurs regardent silencieusement pendant un certain temps (le temps de la performance) la performance qui se crée sous leurs yeux, j’adore cette concentration. C’est à partir de là que j’ai commencé à fabriquer mes pièces de théâtre, mes projets, en bricolant, peignant, dessinant... Et c’est via ce biais-là que je suis arrivée à proposer des « représentations de livrets (booklet theatre) » pendant lesquelles le spectateur reçoit, d’une part quelque chose de tangible sous la forme d’un livre (qu’il peut

Annelies Vanhullebusch participe au projet Tok Toc Knock à Saint Josseet présentera ses installations au 43 de la rue traversière.Elle participera également au Festival RECRÉATIONen juin 2013 au Théâtre de la Vie

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regarder, toucher) pendant la présentation et de l’autre part, reçoit des choses à voir via une performance théatrale. Je ne me considère pas comme une vraie comédiene, mais plutôt comme quelqu’un qui fait des histoires à sa manière, en bricolant, qui travaille donc aussi le visuel via le bricolage, et généralement qui travaille sur les petits formats pour raconter ses histoires.

A.B. : Si je comprends bien ce que tu dis, ton spectacle englobe tout ce qui se trouve dans son espace, autant ce qu’il y a sur scène que ce qu’il y a autour : les spectateurs, les sièges, les murs deviennent acteurs de ton spectacle...La question que je me pose du coup, est la suivante : où cela s’arrête-t-il ? Est ce que cela s’arrête aux murs de la salle, à ceux du lieu où se joue ton spectacle, au quartier dans lequel se situe le lieu, aux frontières de la ville dans laquelle se trouve

le quartier, aux frontières du pays où se trouve la ville, aux limites du continent, à la terre, à l’univers ?

A.V. : J’essaie de travailler avec le monde qui m’entoure, de le comprendre, de l’appréhender. Parfois, il est très proche de moi et de ce que je suis : par exemple, le spectacle Dorp, créé il y a quelques années, parle du village que j’ai quitté il y a 12 ans et j’invite le public à le visiter : il sont assis autour de la maquette de celui-ci et c’est de là que naissent le village et toutes les histoires qui lui sont rattachées. Nous avons aussi joué Dorp à l’étranger et lors d’une présentation, une dame octogénaire s’est approchée de nous après le spectacle, en pleurs : elle nous a dit qu’on lui avait raconté son histoire à elle et que ça l’avait émue très fortement. Alors que pourtant, cela part et parle d’une petite histoire personnelle.

Par la suite, je suis aussi allée travailler dans la ville même, à Borgerhout, où j’ai fait des actions concrètes en rue : j’ai parlé avec les voisins, pris le café avec eux, je les ai questionnés, je me suis intéressée aux endroits qu’ils m’indiquaient,nous avons moulé leurs bras pour en faire des sculptures que nous avons suspendues dans la rue... Au final, cela a donné une performance et un guide de voyage. Bientôt, je vais jouer In kaart, qui parle de la Flandre. Mais je trouve aussi cela très excitant d’aller bientôt travailler à Saint-Josse. Pour moi, Bruxelles, c’est toujours un choc culturel. Dans tout ce chaos, ce débordement bruxellois, je ne sais jamais trop bien comment m’y prendre, mais cela me semble toujours très excitant. Je ne sais pas où se situent les limites. Peut-être que cela va toujours plus loin ou peut-être qu’elles restent très proches de moi. Mais cette question, cette recherche me passionne.

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29Portrait Annelies Vanhullebusch

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Barda d’Yvette - Scrangneugneu d’hiver.

LE CAS HUBLOT

J’ai dans les mains ce cd Contes de la libido ordinaire, produit par Vitor Hublot.Il est fou ce gars. Sa musique est inécoutable. Et pourtant, je l’aime. Vitor Hublot est tailleur de pierre. Si tu cherches une pierre tombale pour ta grand-mère, il te la fait. J’aime à l’imaginer

burinant le marbre ou le roc, orfèvrant des semi-tonnes de matière. J’aime à imaginer le son que cela fait, tailler de la pierre. Cet opiniâtre klingkling qui claque à tes oreilles comme un roulement de train sur rails. Cliquetis du travail à la chaine. Le chant du forçat. Effluves de Jean Genet.

Je me dis que Hublot doit être un obsessionnel.J’aime à l’imaginer, délaissant son burin et outils, et rejoindre sa machine à composer de la musique. D’ailleurs, il la vole sa musique ; il emprunte à tout le monde et personne. Te triture le son, boucle les boucles et régurgite un air inconfortable.Punk. Répétitif. Quelque chose d’électro.

Klingkling. Marteau-piqueur.

On dit, il y a des personnes qui ont des vers dans la tête, on dit. Des « vers sonores », des espèces de phrases musicales, d’enchaînements de notes ; ces vers s’introduisent dans le cerveau de ces personnes et chantent à tue-tête. Pendant des jours, des mois. Au petit matin, dés leur réveil, les « vers sonores » surgissent et klingkling dans leurs têtes... Sans possibilité de fuir, d’actionner le bouton off.écouter l’album de Hublot d’un coup, doit ressembler à ça : « à du vers sonore, du bon gros ténia auditif ».

Après, à Jacques Duvall et moi, Hublot a dit :

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« Chantez ça, là-dessus ! »Et Jacques et moi, on a chanté, sur les vers, sur les klingklings, sur les coups de burin des forçats.Il faut dire qu’il y avait à chanter des trucs balaises, des trucs de la Chanson Française pas anodins, des costauds en béton très armé. Et c’est là que quelque chose de magique opère : sur cette musique scabreuse de Hublot, ces textes apparaissent lumineux. Comme scarabées dorés dans poussière de charbon. Comme criquets dorés à l’or fin sur chocolat mat (ouioui, comme pralines de chez Wiwittamer).

Parfois, au hasard, j’écoute de la FM de la pure, de la pure pure binaire ; j’y écoute les chansons, les paroles de ces chansons. Et c’est tellement

nul, ce qui est dit dans ces chansons, c’est tellement bête, tellement le fruit d’un imaginaire formaté ; et ça fait boumboum et ça t’emballe le tout dans un petit rythme rikiki vaporisant. Parfois, j’imagine un bon Hublot dans ce rosier-là, comme une salve de kallllachnikoff dans un verger playmo-bile.

Dans ce Hublot-là, j’adore la voix de Jacques Duvall. J’adore Jacques. Comment un être dit « humain », Jacques, à la peau rosée de bébé, un être aussi sain, Jacques, qui ne fume ni ne boit, comment Jacques peut-il produire un son de voix aussi macabre ? Il est tous les films gore à lui tout seul. Et pourtant, sa pupille d’un bleu pur éclate malice d’enfance à tout rompre.

Après, il y a eu l’histoire de la photo de cover, l’histoire des 2 mouches. On nous demande parfois si c’est Jacques et moi. Je ne réponds pas. Je ne sais même pas comment les mouches font l’amour. Mais j’aime à imaginer le son répétitif du coït de 2 mouches. Comment le pubis de l’une cogne sur celui de l’autre, le son de ça ?

Parfois, j’écoute ma voix. Je repense à ma Maman... Quand j’étais petite, elle me disait toujours que je chantais si faux.Les mères sont dures parfois. Pour notre bien, qu’elles disent.

Yvette

LES CONTESDE LA LIBIDO ORDINAIREwww.vitorhublot.com

> en vente chez tous les bons disquaires, enfin, ce qu’il en reste.

MUSICOPHILIAOliver Sacks (éditions Seuil) > en librairie

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VYREPRISE de et par Michèle Nguyen

6, 7 et 8 décembre à 20h00RÉSERVATIONS via www.theatredelavie.be ou par tél. 02 219 60 06

Texte et interprétation : Michèle Nguyen Mise en scène : Alberto Garcia Sanchez Accompagnement artistique : Alain Moreau et Morane Asloun Conseillers artistiques : Amalia et Didier Mélon Conception et réalisation de la marionnette : Alain Moreau Création lumière : Morane Asloun et Nathalie BorléeRégie : Morane Asloun ou Nicolas Fauchet ou Gaëtan van den Berg Conception et réalisation du pupitre : Didier HenryCréation sonore : Jeanne Debarsy Spectacle produit par le Collectif Travaux Publics Co-producteurs : TAP-Scène Nationale de Poitiers, Le Théâtre - scène conventionnée de Laval, Scène Nationale de Sénart. Avec le soutien de la Communauté française de Belgique – secteur de l’ínterdisciplinaire et du conte – et la Ville de Paris. En co-réalisation avec le Théâtre de la Vie (Bruxelles), la Montagne Magique (Bruxelles) et le Théâtre Dunois (Paris)

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www.michelenguyen.com

Le texte de ce spectacle, je le conçois comme une partition. La partition d’un moment de ma vie : mon enfance. Celle-ci est tout autant le thème avec lequel je m’amuse, que l’instrument dont je joue, le silence qui s’impose, la corde qui vibre, l’oreille qui accorde son temps.

Michèle Nguyen

Dans le spectacle VY, Michèle Nguyen ouvre grand le livre du passé et interprète, on ne peut plus librement, son enfance bercée par la féroce présence de sa grand-mère.

Elle nous parle de sa maladresse, de son besoin de silence, de sa passion des mots, de son secret amour qui la mènera vers ses origines. Vers la paix aussi. Une marionnette l’accompagne silencieusement dans ce voyage souterrain. Elle est tout autant la fra-gilité de l’enfance qu’un rien pourrait casser que le vieil enfant qui résiste en nous, tyran-nise et tire les ficelles pour ne pas grandir.

VY par l’équipe artistique :

Un enfant, avec les genoux amochés parce qu’ il n’arrête pas de tomber, qui s’arrête devant une école de danse pour écouter de tout son être ce qui se passe de l’autre côté du mur, c’est ce qui m’a touché au-delà de tout, dès les premières ébauches du texte que Michèle m’a fait lire. Vy, en chevalière errante, porte haut sa faille, et c’est là qu’on distingue l’humanité, donc la beauté. Elle, qui n’arrête pas de tomber, s’envole justement parce qu’elle tombe. C’est dans sa maladresse que se cachent ses ailes.

Alberto Garcia Sanchez , Metteur en scène

VY c’est aussi la rencontre avec la puissance des mots, la magie de l’écriture : « Ma grand-mère tu vois je ne l’ai pas comprise et j’ai beau avoir grandi vieilli je ne comprends toujours pas pourquoi elle était si méchante pourquoi elle avait tellement besoin de couper la beauté ». Écrire, c’est faire la paix avec tout ce que je n’ai pas compris.

Michèle Nguyen

Molière 2011 du spectacle jeune public (France) - Meilleur Seul en scène - Prix de la critique 2011 (Belgique)

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13, 14 décembre à 20h00

Le vent n’est pas tout seul dans l’airCREATIONde et par Michèle Nguyen, accompagnée par les musiciens Kathy Adam (violoncelle) et Thierry Crommen (harmonica)

RÉSERVATIONS via www.theatredelavie.be ou par tél. 02 219 60 06

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De VY au Vent...

La richesse artistique de la rencontre avec Alberto Garcia Sanchez et Alain Moreau a suscité chez Michèle Nguyen l’envie de continuer de s’ouvrir à d’autres univers. Mais cette fois-ci, la rencontre se fera directement sur scène. Ses compagnons d’exploration sont Kathy Adam (violoncelliste) et Thierry Crommen (harmoniciste). À trois, ils interprètent Le vent n’est pas tout seul dans l’air.

C’est une expérience inédite, consistant en une performance intense et enthousiasmante pour le trio : Michèle raconte, et les deux musiciens improvisent tout au long du récit. C’est sur le fil, une fragilité qui devient force. C’est le plongeon de trois artistes dans l’instant vibrant et unique de la rencontre.

Cette rencontre en studio avec ces deux musiciens hors pair, c’est pour moi, une expérience proche de l’écriture, de l’inspiration profonde. Plus rien n’existait autour. Ni le temps, ni l’espace. Que ce souffle. Cette vibration. Cette écoute infinie.

Michèle Nguyen

Le vent n’est pas tout seul dans l’air est le premier texte écrit par Michèle Nguyen. Ce sont trois histoires qui n’en font qu’une : Phil le taxi, Filomena for ever, et Theo sans plus. C’est une ode à ces personnes qui comme par hasard tombent au bon moment dans ta vie, c’est à dire le pire...

C’est un spectacle que j’aime au-delà de tout. C’est un spectacle qui a changé ma vie. Il m’a pris par la main. M’a fait comprendre combien la mort d’une personne qu’on aime est un cadeau. Il a accompagné mes premiers pas dans le monde des conteurs, m’a révélé ma place. Il est plus que tout autre relié à l’Invisible. C’est un cadeau que je veux transmettre encore et encore.

Michèle Nguyen

Texte : Michèle NguyenAvec : Michèle Nguyen (voix), Kathy Adam (violoncelle), Thierry Crommen (harmonica)Création lumière : Morane AslounRégie son et lumières : Morane Asloun ou Gaëtan van den BergAttachée de diffusion : My-Linh Bui

Spectacle produit par le Collectif Travaux Publics Site web : www.michelenguyen.com

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Premiers pas sur la dune pour jeune public (de 3 à 5 ans) à 15h00

Sur la dunepour adultes à 20h00

REPRISEde et par le “Tof Théâtre”

26, 27, 28 et 29 décembreRÉSERVATIONS via www.theatredelavie.be ou par tél. 02 219 60 06

« Le “Tof” n’est pas un théâtre pour enfants. Il parle aussi aux adultes intelligents : ceux qui ont compris que comprendre n’est pas tout. Qu’il faut sentir, ressentir, s’émouvoir, lâcher la main cou-rante et perdre l’équilibre, juste un peu, histoire de flotter comme flottent les personnages de Sur la dune, entre rêve et réalité. »

Eric Russon, 50 degré Nord, Culture Club (Arte et La Première, RTBF)

« Premiers pas sur la dune nous mène, via le cheminement visuel de la pensée continue dans les strates de l’inconscient. Un travail d’orfèvre manipulé par quatre élégants marionnettistes coiffés, comme il se doit, d’un chapeau boule. Un vrai cadeau pour les enfants dès 3 ans... »

Laurence Bertels, La Libre Belgique

« Premiers pas sur la dune, un petit bijou du Tof Théâtre où de minuscules marionnettes ne cessent de nous surprendre dans un espace scénique qui se modifie constamment. Un drôle de bonhomme un peu perdu semble y chercher sa route, poursuivi par un canard accrocheur. C’est drôle, poétique, rythmé, tendre avec de subtiles petites touches de surréalisme. Un hymne à la vie qui se conclut par une jolie surprise après un voyage au pays des poissons, des avions, des nuages et des œufs. »

Jean Marie Wynants, Le Soir

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La 26ème saison du Tof Théâtre sera encore émaillée de belles tournées lointaines (Montréal, l’île de la Réunion, Berlin, Francfort, la Corse, Macao, Hasselt Hong-Kong, Taiwan, Madrid, Ouagadougou, Turnhout et de nombreuses villes françaises...) mais elle sera surtout celle d’une belle présence en Fédération Wallonie-Bruxelles pour fêter cet anniversaire… Cette compagnie qui depuis sa création refuse obstinément d’être rangée dans un tiroir étroit en créant alternativement pour le public adulte, pour le jeune public ou encore pour la rue sous le soleil ou sous un chapiteau revient au Théâtre de la Vie.Après le Théâtre Varia qui au mois de novembre a mis le focus sur les cinq spectacles encore en tournée de la compagnie et avant le Théâtre National qui accueillera Bistouri, le Théâtre de la Vie mettra lui aussi le Tof à l’honneur en reprogrammant Sur la dune et Premiers pas sur la dune, créé en 2010. Ces deux spectacles qui sont en réalité les deux versions d’un même spectacle seront présentés les après-midi aux enfants à partir de 3 ans dans le cadre du Festival Noël au Théâtre et en soirée pour les adultes accompagnés ou non de leurs grands enfants…

En marge de certaines représentations en soirée sera offerte aux spectateurs qui le désireront la primeur de Dans l’atelier, un nouveau court spectacle tout chaud, tout frais, tout juste sorti du nid !Cette 26ème saison verra aussi la continuation du processus de création lente d’un spectacle pour adultes À l’Ouest…/Jean (titre provisoire) dont une courte première mouture travailllée sous les six yeux attentifs et bienveillants de Delphine Bibet, Laura Durnez et de Thierry Hellin a été présentée à l’occasion du Festival XS au Théâtre National.

Une nouvelle étape de travail, fruit de la collaboration avec le chorégraphe burkinabé Seydou Boro a été présentée tout récemment au Festival Les Récréatrales à Ouagadougou en novembre dernier.

À suivre…

Premiers pas sur la DuneSpectacle sans paroles pour le jeune public (de 3 à 5 ans). Prix de la Ministre de la Culture et Coup de cœur de la presse aux Rencontres du Théâtre Jeune Public, Août 2009.

Sur la DuneVersion pour adulte du spectacle Premiers pas sur la dune. Spectacle nominé aux Prix de la Critique 2010 dans la catégorie Création artistique et technique.

La mer...Un chou vert croise un poisson rouge.Le soleil brille, le vent souffle.Un taureau traîne son veau.Un nuage court derrière son papa.Une petite automobile se hâte derrière le sien.Un cadeau flotte à la dérive.Un homme, ... un œuf !Dans un cadre étonnant, une course folle, le rêve débridé de René poursuivi par un canard.

Du théâtre d’images en plusieurs tableaux servi avec humour et tendresse dans une ambiance légèrement surréaliste. Seule différence pour la version adulte : une introduction portée par un vieil homme gardien de musée distrait, prélude conçu comme un sas onirique pour préparer nos esprits à entrer dans le rêve...

Conception, écriture, mise en scène, scénographie et marionnettes : Alain Moreau Comédiens, marionnettistes : Karine Birgé, Aude Droessaert, Pier Gallen et Frédéric Lubansu Introduction de la version pour adultes : Jean Dekoning assisté d’Alain Moreau Scénario : Alain Moreau avec l’aide des comédiens Composition des musiques : Max Vandervorst Création des éclairages : Dimitri Joukovsky Assistant à la mise en scène : Frédéric Lubansu Equipe de création : Julie Antoine, François Ebouele, Toztli Godinez De Dios, Simon Janne et Dimitri Joukovsky Assistante à la scénographie : Céline Robaszynski aidée par Emilie Plazolles, Frédéric Lubansu et Geneviève PériatConstruction du cadre, structures diverses et bidouillages : Michel Van Brussel assisté de Simon Janne Finitions du cadre et costumes : Emilie Cottam Photos : Melisa Stein Affiche : Mélanie Rutten

Coproduction Atelier Théâtre Jean Vilar et Théâtre de la Vie.

Une initiative de la Chambre des Théâtres pour l’Enfance et la Jeunesse

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10, 11, 12 janvier à 20h00

La mort du cochonREPRISEde et par Isabelle Wéry

RÉSERVATIONS via www.theatredelavie.be ou par tél. 02 219 60 06

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La mort du cochon est le premier spectacle d’Isabelle Wéry, créé en 1998 et nominé aux Prix de la Critique « Meilleur Seul en scène ». Elle le retrouve avec un désir de redécouverte et de recréation, de retour à ses premiers travaux, comme on revient dans la maison où l’on a grandi.

La ferme est un lieu extrêmement intense où animaux et êtres humains vivent sous le même toit au rythme séculaire des saisons. Lieu tumultueux quasi shakespearien, ça y naît, ça y vit, ça y mange, ça y copule, ça y meurt. Et le jour où le fermier sort le cochon de son étable pour le tuer, le cochon hurle, il sait qu’il va mourir, il le sait. Et ses yeux de cochon/animal deviennent des yeux de cochon/homme. Est-ce que cela signifie que durant son existence de cochon à la ferme, il éprouve, à l’instar du fermier, quelque angoisse existentielle ? Le sens de la vie dans une côte de porc crue ?

La mort du cochon a été présenté au Festival d’Avignon 2012 dans le cadre de La Manufacture.

Écriture, mise en scène, jeu : Isabelle Wéry Peinture : Marcel Berlanger Regard extérieur : Marc Doutrepont Lumières : Isabelle DerrUn spectacle produit par Audience Production.Avec le soutien du Théâtre de la Vie.

En donnant la parole au pauvre cochon, en détaillant la redoutable sexualité de la punaise, la comédienne pourrait donner l’impression de nous mener en bateau. Mais c’est à une généreuse croisière qu’elle nous convie. Ses paysages intérieurs sont épris de ruptures – de genre, de ton, de lumière – et s’éclairent de mille et un compagnons : William Shakespeare, Bertolt Brecht, Petula Clark.

À leur horizon, une aube commune : celle de l’amour et de l’attention. Sous ses airs à la fois simples et touffus “La mort du cochon” a tout d’un spectacle complet : on y vibre, on y rit, on y frémit. Et la délurée Isabelle Wéry nous offre sa plus belle plume. Sa maturité. Personnelle et contagieuse.

Laurent Ancionextrait de critique publiée dans Le Soir

lors de la création du spectacle en 1999

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31 janvier, 1er et 2 février 20h00

Je voudrais pas creverAdaptation & mise en scène Olivier Lenel

RÉSERVATIONS via www.theatredelavie.be ou par tél. 02 219 60 06

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Je voudrais pas crever !d’après les nouvelles Les fourmis et Le rappel de Boris Vian.

Boris Vian, Bison Ravi, Vernon Sullivan, ingénieur, trompinettiste, écrivain, « pohêteu », chanteur, critique, peintre, pataphysicien. Monter un projet autour de Vian, c’est parler de Vian. Irrémédiablement. En adaptant ses nouvelles, il m’a semblé primordial de parcourir sa vie – ses vies ? de travailler par collage. Rassembler des bouts pour écrire un tout. Le projet proposé n’est évidemment pas exhaustif de l’œuvre de Vian mais il la traverse. Parce qu’à travers ses chansons, ses poèmes, ses écrits, Vian se raconte. Et comment mieux traiter du questionnement universel qu’en partant des obsessions d’un homme ?

Si Vian effleure une pensée métaphysique, il ne s’y attarde jamais. Ce qu’il fait, il le fait avant tout pour s’amuser, pour « faire marrer les copains ». Boris Vian se méfie du sérieux et brouille la réalité en utilisant aussi bien sa logique d’ingénieur que la pataphysique : la science des solutions imaginaires. Nous aussi, nous cherchons le sourire du spectateur, voire le rire. Même si derrière ce détachement se cache le gouffre de l’existence : d’une part, qu’est-ce qui justifie ma mort ? D’autre part, la vie est-elle une chute ?

Boris Vian pose également la question du choix individuel. Nos deux héros sont des personnages nostalgiques, obligés de revenir sur le passé car leur situation ne leur permet pas de se pencher sur l’avenir. Tout ça pour se rendre compte que la seule chose que l’on possède vraiment, c’est le présent. Dans Les fourmis, le narrateur est victime d’une autorité qui l’empêche de choisir, encore plus de penser. Il faut exécuter les ordres. La vie n’a pas de valeur, et les soldats, tels des fourmis, sont les éléments d’un tout. Mais devant la mort, l’homme est seul. Il peut simplement se demander comment il a pu en arriver là. Peu importe finalement à qui la faute. De même, le héros du Rappel, saute du sommet de l’Empire State Building, poussé par la peur d’être peut-être arrêté par la police après avoir peut-être tué le père de la fille qu’il aime car celui-ci n’aurait peut-être pas apprécié leur union.

Vian, en mettant en scène la mort, se fait le

défenseur de la vie, celle qu’on décide. Il pose la question de la place que l’on veut accorder à la vie dans notre existence. La mort ne nous appartient pas, la vie oui. Vian remet l’individu à sa place : au centre.

La première partie, Les fourmis, raconte l’histoire d’un soldat américain qui assiste – et le mot est bien choisi – à la seconde guerre mondiale depuis le débarquement jusqu’à son passage accidentel sur une mine. Les spectateurs se retrouvent face à un soldat dont le pied reste immobilisé au sol et qui se remémore toute « sa » guerre. Comme en contrepoint de cette boucherie, le soldat chante. Derrière lui, trois musiciens sont installés. Ils semblent tout droit sortis de son imagination. Ensemble, ils nous interprètent des chansons de Boris Vian.

Vient ensuite l’adaptation du texte Le rappel. Un homme décide de sauter du haut de l’Empire State Building. Il vérifie la force du vent, prend son élan et se jette dans le vide. Après avoir fermé les yeux, il se met à regarder tous les dix étages. Une femme en jaune propose de suivre l’homme et nous fait la visite de sa chute. Tous les dix étages un intérieur différent. Chaque fois un petit bout d’intimité volé. Mais ces bouts d’intimité sont aussi ceux de l’homme. Voyant une chambre d’enfant, il nous parle de sa mère, apercevant un bureau en cuir, il se souvient du père de Winnie. Winnie dont les baisers ont le goût du « rouge parfumé ». Un monde magique est dévoilé aux spectateurs, où des objets semblent flotter dans l’air, où des télévisions s’allument, où tout semble suspendu. Un jazzman hante le plateau, tandis qu’un étrange régisseur, à l’allure « vianesque », apparaît comme par magie. A travers l’histoire de sa chute, c’est l’histoire de sa vie qui se dévoile. Au dix-septième étage, à la vue de la fumée qui coule lentement dans le bec de la cafetière, il décide d’entrer par la fenêtre. S’en suit alors une conversation décousue avec la jolie femme en jaune qui habite justement l’appartement.

Avec : Marie du Bled, Nicolas d’Oultremont, Mikael Sladden et Felix UlrichMise en scène et adaptation : Olivier LenelAssistant à la mise en scène : Simon HomméRégie : Régis Masson et Simon HomméVidéos : Maxime Pistorio Photos : Sébastien Goffin

Ont participé aux films et photos Luc Vangrunderbeek, Constantin d’Oultremont et Barbara Vandievel

La vie, ça tient de diverses choses en un sens, ça ne se discute pasMais on peut toujours en changer de sensParce que rien n’est intéressant comme une discussionLa vie, c’est beau et c’est grand.Ça comporte des phases alternéesAvec une régularité qui tient du prodigePuisqu’une phase en suit toujours une autreLa vie, c’est plein d’intérêt.Ça va, ça vient… comme les zèbres.

Il peut se faire que l’on meure– Même, ça peut très bien se faireMais pourtant, ça n’y change rien :La vie tient de diverses chosesEt par certains côtés, en outre,Se rattache à d’autres phénomènesEncore mal étudiés, mal connus,Sur lesquels nous ne reviendrons pas.

Précisions sur la vie - 9 février 1948

Créé avec le soutien du Centre Culturel Bruegel

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RÉSERVATIONS via www.theatredelavie.be ou par tél. 02 219 60 06

du 19 au 23 février à 20h00

Ten HoodCRéATIONde et par Romain David avec la collaboration de Yaël Steinman. Dans le cadre du « Tok Toc Knock Festival II Saint-Josse » – KVS

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En 2010, Romain David du Raoul Collectif a lancé un projet avec comme but la sensibilisation des jeunes de Saint-Josse-ten-Noode, au théâtre. Après de nombreuses rencontres avec des adolescents d’origines tunisiennes et marocaines, il décide de s’écarter de son objectif initial :

« L’intérêt d’un travail théâtral avec eux réside moins dans le fait de leur faire découvrir le théâtre, que de permettre à un public de découvrir qui ils sont. Leur histoire, leur comportement teinté de violence mais aussi de tendresse, leur rapport à la langue, à la scène, au corps, au rythme sont autant d’éléments empreints d’une certaine étrangeté qu’il me semble aujourd’hui urgent d’apprécier pour ce qu’ils révèlent d’espoir et de beauté. Ne pas le faire reviendrait à rater la chance extraordinaire de nous lier avec ceux qui, demain, seront le visage de notre ville, et de notre société ».

Sur la scène de Ten-Hood, deux jeunes côtoient un habitant plus âgé du quartier. Comment les premiers considèrent-ils leur territoire et quelle est la différence avec le regard de la personne plus âgée, témoin du changement radical du quartier au fil des ans ?

Romain David s’inspire de Jean Sénac, Georges Perec et d’autres, qui ont écrit leurs « territoires » avec réalisme et poésie.

Interprétation : Adam El Hammouchi, Chawki Jlassi, Joséphine De Buijl Concept & mise-en-scène : Romain David Assistanat à la mise-en-scène & conception vidéo : Yaël SteinmannCollaboration artistique : Alice de MarquiConception lumière: Pier Gallen

Remerciements : Age & Transmission, Françoise Bloch, Didier De Neck, le Théâtre de la Galafronie, le KVS, le Foyer Liedekerke, Gaelle Tardé, Willy Thomas, le Théâtre de la Vie

Coproduction Théâtre de la Vie / KVS

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RÉSERVATIONS via www.theatredelavie.be ou par tél. 02 219 60 06

1 et 2 mars à 20h003 mars à 14h00

Woyzeck Serdi FakiCRéATIONde et par Gökhan Shapolski Girginol. Dans le cadre du Tok Toc Knock Festival II Saint-Josse – KVS

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Gökhan Shapolski Girginol, jeune créateur théâtral genkois diplômé du R.I.T.S de Bruxelles en 2012. Son travail de fin d’étude qu’il y a présenté était des plus captivant et c’est surtout son adaptation de Woyzeck qui a laissé une forte impression sur le spectateur.

Le classique Woyzeck raconte l’histoire d’un jeune gars qui essaie par tous les moyens possibles, aussi bien émotionnellement que matériellement, de garder la tête hors de l’eau. Ce qui échoue. C’est une tragédie « working class », un drame social sur la pauvreté. Entre les mains de Gökhan Girginol, cela se transforme en un trip hallucinant dans les bas-fonds de la société. Dans une installation qui se réfère au théâtre expressif, à l’art outsider et aux marges de la société, il laisse évoluer son personnage qui inspire tantôt de la sympathie, tantôt du dégoût. Dans sa version, cela se métamorphose en une plainte contre l’inégalité sociale pour celui qui dénué de tout, arrive dans un pays étranger avec seulement une valise pleine de rêves.

De et avec Gökhan Shapolski Girginol, Alici « Serdi » Faki

www.shapologie.wordpress.com

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Un mercredi par mois à 19h30 ENTRÉE LIBRE

LE JEU DU DESSINCYCLE13ruesaintjean.tumblr.com

RÉSERVATIONS via www.theatredelavie.be ou par tél. 02 219 60 06

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Une exposition évolutive et collaborative sur la ville,alimentée par des ateliers de création ouverts à tou-te-s.

Qui veut réfléchir à Bruxelles côté urbain ? S’exprimer sur les transformations de la capitale, les aménagements de l’espace public ou encore le mobilier urbain, la présence de l’eau dans la ville, la place de la voiture… ?

Après avoir passé une année dans le quartier Flagey et une autre au quartier Nord à réaliser deux films avec des groupes d’habitants (Flagey http://www.dailymotion.com/video/xbz3kc_flagey-ateliers-urbains-bande-annon_shortfilms et Le grand Nord https://vimeo.com/40294597 ), et en attendant de prolonger cette expérience à Cureghem, les Ateliers Urbains s’installent au Pianofabriek et s’intéressent cette fois-ci à toute la région.

Du 19 septembre 2012 au 12 janvier 2013, plusieurs grands thèmes sont déclinés (la mémoire et l’imaginaire de la ville, l’espace public, la dualisation sociale…) à travers des ciné-club, balades et marches d’exploration urbaine, mais aussi des ateliers : son, photo, video, super8, écriture, cartes mentales, affiche...Le résultat de ces ateliers est retravaillé par les participants, alimentant au fur et à mesure l’exposition ainsi rythmée par plusieurs accrochages et vernissages.

L’appel est lancé : Bruxellois de toute commune, participez !

En pratique :

• Trois sessions d’activités étalées sur quatre mois : septembre / octobre, octobre / novembre, novembre / janvier.

• Toutes les activités sont accessibles gratuitement mais pour les ateliers et les balades le nombre de places est limité et l’inscription est donc indispensable.

• Les ateliers sont avant tout destinés à un public adulte, mais les plus jeunes sont bienvenus.

• Une seule condition : s’inscrire au moins à deux ateliers différents (p.ex. : son et photo, écriture et imprimerie,…) et participer à un moment de dérushage collectif de la matière créée et collectée.

• Si vous choisissez une balade : merci de choisir aussi au moins un atelier.

• Les projections rencontres, par contre, sont accessibles sans réservation.

• Vous n’avez aucun matériel à apporter : nous nous chargeons de tout fournir. Sauf les appareils photo pour les ateliers photo...

Ateliers urbains est un projet du Centre Vidéo de Bruxelles (CVB) http://www.cvb-videp.be/ et de Plus Tôt Te Laat (PTTL) http://www.pttl.be/

VIS A VIE : Champ libre

ciné-club, balades, marches d’exploration urbaine, son, photo, video, super8, écriture, cartes mentales, affiche

ATELIERS URBAINS #3 BXXLDu 19 septembre 2012 au 12 janvier 2013, au Pianofabriek.

Reservations :Les réservations se font par email : [email protected]

Lieu :Les activités ont lieu au Pianofabriek 35 rue du Fort, 1060 Bruxelles.

Infos :www.ateliers-urbains.be 02/221.10.67

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À vos plumes ... !Si vous êtes auteur, spectateur, enseignant, slameur, voisin, illustrateur ... et que vous souhaitez soumettre une contribution :info@ theatredelavie .be

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Carte nominative au prixde 15 euros qui vous donne accèsà chaque spectacle de la saison(septembre à juin) au tarif réduitde 5 euros.

Réservez votre carte « AMI POUR LA VIE »au THéÂTRE DE LA VIE ou via reservations @ theatredelavie.be

Le Théâtre de la Vie remercie La Communauté française de Belgique, La Commission communautaire française, La Loterie Nationale, La Commune de Saint-Josse-ten-Noode, Le Vif Club, La Libre Belgique et Le Soir.

RECEVOIR NOS INFORMATIONS

• Abonnez-vous à VIS A VIE (gratuit) par e-mail [email protected] par fax 02 219 33 44

• Inscrivez-vous à notre Newsletter via www.theatredelavie.be

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• Rendez-vous sur www.theatredelavie.be

RÉSERVER VOS PLACES

Via notre site www.theatredelavie.be Par téléphone 02 219 60 06

TARIFS

Tarif plein 12€ Tarif unique Multivers 12€ Tarif réduit 8€ (étudiants, demandeurs d’emploi, seniors, habitants de Saint-Josse) Témoins de notre temps 8€

Nous sommes partenaire d’Article 27, du Vif Club et d’Arsène 50.

PAYER ET RETIRER VOS PLACES

• Sur place pour les tickets individuels au plus tard 1/4h avant le début du spectacle (sous peine de remise en vente)

• Par virement pour les groupes de plus de 10 personnes Paiement à effectuer deux semaines avant la représentation (compte : 068-0489300-59)

OUVERTURE DES PORTES 1 heure avant le spectacle

BAR ET PETITE RESTAURATION 1 heure avant et après chaque représentation

CONTACT

THÉÂTRE DE LA VIE rue Traversière 45 B-1210 Bruxelles

tél. 02 219 11 86 fax 02 219 33 44 Informations : [email protected] Réservations : [email protected]

ACCES

Métro Arrêt Botanique (Ligne 2 et 6) Tram Arrêt Botanique (92, 94) Bus STIB Arrêt Rue Traversière (61, 65, 66) DE LIJN Arrêt Botanique (270, 271, 272, 358)

PARKING Rue Traversière 15-21 1210 Bruxelles (3,50€ /19:30-01:00)

www.theatre delavie.be

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MAGAZINE TRIMESTRIELDÉCEMBRE 2012 I N°6 I 0€ I éd. responsable : Claudia Gäbler, rue Traversière 45, 1210 Bruxelles

Un mercredi par mois 19h30 ENTRÉE LIBRE

LE JEU DU DESSINCYCLE13ruesaintjean.tumblr.com

1 et 2 mars à 20h003 mars à 14h00

Woyzeck Serdi FakiCREATIONde et par Gökhan Shapolski Girginol. Dans le cadre du « Tok Toc Knock Festival II Saint-Josse » – KVS

du 19 au 23 février20h00

Ten HoodCREATIONde et par Romain David avec la collaboration de Yaël Steinman. Dans le cadre du « Tok Toc Knock Festival II Saint-Josse » – KVS

31 janvier, 1er et 2 février 20h00

Je voudrais pas creverAdaptation & mise en scène Olivier Lenel

10, 11, 12 janvier20h00

La mort du cochonREPRISEde et par Isabelle Wéry

Premiers pas sur la dune pour jeune public (de 3 à 5 ans) à 15h00

Sur la dunepour adultes à 20h00

REPRISEde et par le “Tof Théâtre”

26, 27, 28 et 29 décembre13, 14 décembre20h00

Le vent n’est pas tout seul dans l’airCREATIONde et par Michèle Nguyen, accompagnée par les musiciens Kathy Adam (violoncelle) et Thierry Crommen (harmonica)

VYREPRISEde et par Michèle Nguyen

6, 7 et 8 décembre20h00

LES NUITSBLANCHES

CRÉATION d’après Dostoïevski Adaptation et mise en scène : Olivier Lenel

19-30MARS2013

20h

BIRDSONG

CRÉATION

• Christiane Hommelsheim

• Walli Höfinger

16-18MAI2013

20h

WELT-ANSCHAUUNG

CRÉATIONde Clément Thirionwww.kosmocompany.net/kosmo/_kosmo_.html

23-27AVRIL2013

20h

20122013

Théâtre de la Vie, rue Traversière 45, 1210 Bruxelles • RÉSERVATIONS via www.theatredelavie.be ou par téléphone au +32 (0)2 219 60 06

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