vikings. la saga scandinave

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Tout sur leur brillante civilisation, leur expansion à travers le globe, leur héritage. Un dossier écrit par les meilleurs spécialistes, par Odin !

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Page 1: Vikings. La saga scandinave

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NUMÉRO 23 - MAI-JUIN 2015

• Navigateurs exceptionnels• Commerçants de génie• Conquérants éblouissants

La saga scandinaveVIKINGS

3’:HIKSLI=XUZ^ZV:?k@a@c@d@k";M 08183 - 23 - F: 5,95 E - RD

Page 2: Vikings. La saga scandinave

3MAI-JUIN 2015 LES VIKINGS

Victor BattaggionRédacteur en chef adjoint chargé des Spéciaux

IERS COMBATTANTS ET NAVIGATEURS DE GÉNIE, les Scandinaves débarquent sur la scène internationale dès

le VIIIe siècle. Ces gaillards-là sillonnent les mers en tous sens, mènent des expéditions maritimes en Angleterre, en

Irlande, en Francie occidentale, en Islande… Les plus auda-cieux découvrent le Groenland et prennent pied en Amérique. D’autres vont poser les fondements d’un État russe et taquiner

au passage la patience des empereurs byzantins. Comment ces hommes du Nord ont-ils pu déferler avec autant de facilité sur le monde occidental ? Réponse : grâce à leur navire, le knörr – et non drakkar. Aussi léger que souple, il est l’instrument et le symbole de leur fabuleuse destinée. Sans lui, pas de raid dévastateur, pas de commerce, pas de colonisation… Pas de Vikings, en somme. Odin, Thor, Baldr et Loki, les dieux du panthéon nordique, en sont témoins ! Mais ces farouches guerriers avides de butin facile n’ont pas bonne presse. Leurs violents coups de main et leurs opérations commer-ciales abrégées à la hache sèment un vent de panique. Les clercs, apeurés, ne cesseront de les diaboliser dans leurs écrits pathétiques, voire fantaisistes. Le mythe vient de débuter… Et pour longtemps. Pour preuve : les Vikings continuent de nous fasciner, au cinéma, dans la BD ou les séries télé (Vikings, de Michael Hirst). Raison pour laquelle nous avons décidé de revenir sur leur brillante civilisation, leur étonnante et méconnue expansion à travers le globe, mais aussi leur héritage. Un sacré programme, par Odin !

La déferlante viking

AVANT-PROPOS

Page 3: Vikings. La saga scandinave

6 LES DATES CLÉS 8 AUX QUATRE POINTS CARDINAUX 10 INTRODUCTION 106 MOTS FLÉCHÉS

I LA CIVILISATION 18 COMMENT ILS ÉMERGENT DES BRUMES SCANDINAVES

L’épopée de ces hommes du Nord débute au VIIIe siècle par des incursions dans le monde franc, en Angleterre et en Irlande, par Alban Gautier

20 OPÉRATION COMMANDOLeur réputation de pillards leur colle à la peau. C’est oublier que les Vikings sont avant tout des commerçants, certes prompts à sortir la hache pour trancher un différend, par Régis Boyer

24 PAISIBLES EN LA DEMEUREDes vandales ? Des fermiers, plutôt. Et le soir, après les travaux aux champs, la famille se retrouve dans la skáli, le foyer, pour des veillées au coin du feu, par Jean Renaud

30 LA FEMME, GARDIENNE DU FOYERQuand le mari sillonne les mers, elle assure l’intendance. Pour preuve de son rôle proéminent, c’est elle qui détient les clés du coffre où sont remisées richesses et victuailles, par Sylvie Joye

32 LES MAÎTRES DU CHANTIER NAVALManiable et résistant, le navire viking est l’outil par excellence de l’expansion scandinave. Retour en images sur l’évolution de cet admirable « serpent des mers », par Élisabeth Ridel

I L’EXPANSION 42 EN ANGLETERRE, LES ROIS DANOIS FONT LA LOI

Ils déferlent sur l’île au IXe siècle et finissent par l’occuper après avoir soumis les royaumes autochtones. Le règne des hommes du Nord contribuera à unifier le pays, par Alban Gautier

46 LA FRANCIE OCCIDENTALE AUX ABOISLe territoire subit les raids incessants des envahisseurs, qui ne se contentent pas de piller, mais s’implantent durablement, notamment en Normandie, par Stéphane Lebecq

52 L’ISLANDE, OU LES POSSIBILITÉS D’UNE ÎLEUn espace vierge que les Vikings s’emploient à coloniser paisiblement, en l’absence de toute incursion étrangère. Utopie au pays des glaces, par Jesse Byock

56 IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUEToujours plus à l’ouest ! Cinq siècles avant Colomb, le Norvégien Bjarni Herjolfsson s’aventure au Canada, bientôt suivi par d’autres compatriotes, par Bruno Dumézil

62 LA MÈRE RUSSIE A UN PÈRE SUÉDOISL’Est n’est pas en reste. Et, dès le IXe siècle, les Varègues essaiment vers les rivages de la mer Noire et de la Caspienne. Avant de remonter le cours de la Volga, par Jean-Marie Maillefer

I L’HÉRITAGE 68 GUILLAUME : DE « BÂTARD » À « CONQUÉRANT »

Fils et petit-fils de Vikings, il se révèle comme le digne successeur de ces aventuriers des mers en s’imposant à Hastings en 1066, par Pierre Bouet

72 LES HAUTEVILLE SOUS LE SOLEIL D’ITALIEVers l’an mille, les descendants de Tancrède jettent leur dévolu sur le sud de la Botte et la Sicile. Mais, avant, il faut convaincre le pape et vaincre les musulmans, par Laurent Vissière

78 BOHÉMOND DE TARENTE, PRINCE D’ANTIOCHELa première croisade sert de prétexte à une nouvelle expansion. Une occupation au nom de Dieu, mais qui sert des ambitions plus terre à terre, par François Neveux

82 ET AUJOURD’HUI : UN FILON VENU DU NORDLe cinéma et la littérature ne pouvaient rester indifférents devant le souffle épique des sagas norroises. Au prix de bien des approximations historiques.

84 L’ENTRETIEN : RÉGIS BOYERCe grand spécialiste des Vikings tord le cou aux idées reçues sur les peuples nordiques et explique les raisons de la fascination qu’ils exercent sur l’imaginaire occidental.

I DÉCOUVERTE 88 L’ESTUAIRE DE LA GIRONDE

par Victor Battaggion, Véronique Dumas et Robert Kassous

SOMMAIRE N°23 MAI - JU IN 2015

Page 4: Vikings. La saga scandinave

PAISIBLES EN LA DEMEURE

Par Jean Renaud

Vous avez dit barbares ? C’est bien mal les connaître. Les Scandinaves sont pétris de valeurs morales et guidés par des règles. Au quotidien, ces excellents fermiers et artisans aiment la chasse, la pêche… et les veillées au coin du feu.

La civilisation

Page 5: Vikings. La saga scandinave

Il n’y a pas beaucoup d’intimité dans une ferme scandinave, c’est vrai. Plusieurs générations v ivent ensemble sous le même toit : le maître de maison, son épouse ainsi peut-être qu’une concubine ( frilla) et le fils d’une autre famille ( fós-tri), confié pour parfaire son édu-cation. Sans oublier les journaliers. Entrons dans la skáli, le bâtiment

principal, un long rectangle aux murs incurvés de pierre et de tourbe (ou en bois dans les régions forestières), coiffé d’un toit soutenu par des poutres et garni de tourbe ou de chaume. Le foyer, allongé, est à même le sol, de terre battue, au milieu de la grande salle commune. Une source de chaleur et de lumière bienvenue dans une pièce assez sombre, dépourvue de fenêtres, dont la seule aération est une simple ouverture pratiquée au plafond… C’est à cet endroit que toute la maisonnée mange, s’oc-cupe et dort. C’est là aussi que le maître de maison a son siège surélevé (öndvegi), aux

montants sculptés. Les bancs disposés le long des murs servent de lits, où tous couchent sur de la paille et sous des couvertures de laine ou des peaux. Les rares meubles sont des coffres et un grand métier à tisser vertical dressé en oblique sur le mur du fond. Un peu à l’écart de la skáli, d’autres bâtiments, plus petits, servent de dépendances : resserre à provisions, cellier, étable et son fenil, bergerie, forge ou ateliers. Leur nombre – autour de six – varie en fonction de la taille de la ferme.

UNE BOUILLIE DE CÉRÉALES ET AU LIT !Eh oui, le Viking peut aussi être un excellent fermier ! Il élève des chevaux, dont il est par-ticulièrement fier, mais également des porcs, des moutons, quelques chèvres et des vaches, qui passent les longs mois d’hiver dans l’étable. Les réserves de foin récolté à la belle saison conditionnent la survie des bêtes et la produc-tion laitière. Or, la nature et le climat sont sou-vent ingrats… Le Scandinave s’efforce de pro-duire ou de se procurer tout ce dont il a besoin.

Tous ensemble Longue d’environ 12 mètres et rectan gulaire, la bâtisse principale du « hameau » comprend une halle, où se tient la maisonnée, et une étable – deux parties qui seront séparées à la fin du XIe siècle.S

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LE « SERPENT DES MERS »On dit de ce défricheur des océans qu’il épouse la lame. Léger, souple comme le roseau de la fable, il plie mais ne rompt pas. Sa supériorité technique l’impose, à son apogée, comme l’arme absolue.

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Page 7: Vikings. La saga scandinave

À l’équilibre Au VIIe siècle est introduite la quille (en jaune), qui apporte stabilité et poussée directionnelle. D’un seul tenant, elle donne à l’ensemble une étonnante élasticité. Apparaissent à la même époque le mât et la voile, souvent rectangulaire, tissée en double épaisseur. Celle-ci devient le principal moyen de propulsion. Les bordages (en rouge), en chêne, fixés par des rivets de fer, se chevauchent comme les tuiles d’un toit. Une technique de construction dite à clins, qui perdurera jusqu’au XIIIe siècle dans les pays nordiques, et que les populations des côtes danoises ont sans doute inaugurée, environ trois mille ans avant notre ère, en rehaussant de planches les flancs de leurs pirogues.

1. La poupe. Sa quasi-symétrie avec la proue donne au navire sa silhouette unique.

2. Le gouvernail. En bois de chêne, cette simple rame à pale très large, fixée à tribord arrière et articulée à une barre, rend les manœuvres très simples.

3. Les rames, utilisées en cas de vent contraire ou de calme plat.

4. Les boucliers, fixés au plat-bord.

5. Le coffre de nage. Il accueille le séant du rameur et contient ses effets personnels.

6. L’espar (longue pièce de bois sur laquelle est envergurée la voile).

7. Le support de mât. Cette curieuse pièce en forme de poisson donne du jeu au mât et à la voile, qui ainsi ne résistent pas au vent. Élasticité, élasticité…

8. Le mât. Taillé dans du pin, très lourd donc, il est difficile à hisser.

9. Le hauban (cordage qui assujettit le mât).

10. La bouline (cordage qui tient la voile de biais).

11. La coque, bordée à clins (lire « À l’équilibre », ci-contre).

12. La quille (idem).

13. La proue, souvent surmontée d’une tête de monstre, censée protéger l’esquif contre les esprits maléfiques.

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Page 8: Vikings. La saga scandinave

56 LES VIKINGS HISTORIA SPÉCIAL

« Terra (quasi) incognita »Vers 985, un marin norvégien parti d’Islande pour le Groenland dérive toujours plus à l’ouest sous les bourrasques d’une terrible tempête. Trois fois, il aperçoit la côte de l’actuel Canada, que Leifr Eriksson (ci-dessous), un compatriote avide de conquête, aborde quinze ans plus tard.

Page 9: Vikings. La saga scandinave

57LES VIKINGS

IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE

Ce n’est pas Christophe Colomb, mais un Viking qui l’a découverte. Et s’il n’a pas laissé son nom à la postérité,

Bjarni Herjolfsson a bien atteint le Canada vers l’an mille.

Par Bruno Dumézil

ers 1070, le chroniqueur Adam de Brême est le premier à men-tionner l’existence d’une île au-

delà du Groenland ; il l’appelle Vinland, un nom inspiré par les

vignes qui y poussent naturellement. Pour trouver un compte rendu de la

découver te, i l faut at tendre le XIIIe siècle, lorsque des clercs islandais

entreprennent de mettre par écrit de vieux récits qui faisaient jusque-là l’objet d’une

tradition purement orale. Apparaissent alors la Saga d’Erik le Rouge et la Saga des Groenlan-dais. Si l’on en croit ces histoires d’une fiabilité incertaine, tout commence par un chef norvé-gien : Erik le Rouge. Comme ses pairs, il vit honorablement, c’est-à-dire qu’il pratique à la fois le commerce et… le pillage. Impliqué dans une affaire de meurtre, il doit toutefois prendre le chemin de l’exil, direction l’Islande.

Quelques familles norvégiennes déjà éta-blies sur l’île l’accueillent ; elles lui donnent des terres et lui arrangent un beau mariage. D’autres chefs semblent nettement moins séduits par le nouveau venu qui, pour se faire une place, n’hésite pas à éliminer tous ceux qui lui cherchent querelle. S’ensuit une série de

meurtres et de vengeances, qui débouche sur une nouvelle condamnation à l’exil. Avec sa bande de guerriers, Erik décide alors de navi-guer en direction de l’ouest. Il a appris qu’un certain Gunnbjörn y avait repéré une terre inconnue. Arrivé sur place, l’endroit se révèle désert, froid et peu accueillant. Il lui donne pourtant le nom de Groenland (la « Terre verte »). Publicitaire avant l’heure, il déclare qu’un joli nom constitue le meilleur argument pour attirer le chaland. Son rêve est justement de former une colonie. Peu à peu, quelques parias viennent effectivement le rejoindre, tan-dis que ses compagnons partent à la recherche de nouvelles richesses.

UNE « TERRE VERTE » PLEINE DE PROMESSESAu hasard de la mer, des bateaux se trouvent poussés vers l’ouest. Selon la Saga des Groen-landais, le premier à atteindre le Nouveau Monde est un certain Bjarni Herjolfsson. La Saga d’Erik affirme de son côté que le premier repérage a été mené par Leifr, un des fils d’Erik le Rouge. Dans tous les cas, les îles découvertes sont baptisées Vinland, Helluland (« Terre des pierres plates ») et Markland (« Terre des forêts »). Les explorateurs y repèrent des

L’expansion

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Page 10: Vikings. La saga scandinave

82 HISTORIA SPÉCIAL

Le bien contre le mal, des dieux vengeurs, des guerriers hauts en couleur : voilà une source inépuisable pour le cinéma

et la BD. Même au prix de quelques libertés avec la réalité.

UN FILON VENU DU NORD

et aujourd’hui…,

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VIKINGS DE SOUCHEEn 1957, Les Vikings de Richard Fleischer débarquent sur les écrans ! Einar (Kirk Douglas) se déchaîne pour s’emparer de la Northumbrie et de la princesse anglaise Morgane. Décors somptueux et navires reconstitués font de ce film un monument, malgré quelques clichés.

LES TRAVERS DE THORGrosse production, gros biceps et gros marteau… Le fils d’Odin est bien maltraité par Hollywood lors de la sortie des Avengers (2012). Le film s’inspire – très librement – des récits mythologiques, pour ne retenir que quelques traits sommaires des divinités d’Asgardr.