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Société québécoise de science politique L'obsession anti-américaine. Son fonctionnement, ses causes, ses conséquences by Jean- François Revel Review by: Yves Laberge Canadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique, Vol. 36, No. 5 (Dec., 2003), pp. 1106-1108 Published by: Canadian Political Science Association and the Société québécoise de science politique Stable URL: http://www.jstor.org/stable/3233410 . Accessed: 19/06/2014 02:50 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Canadian Political Science Association and Société québécoise de science politique are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Canadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique. http://www.jstor.org This content downloaded from 188.72.127.178 on Thu, 19 Jun 2014 02:50:05 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Société québécoise de science politique

L'obsession anti-américaine. Son fonctionnement, ses causes, ses conséquences by Jean-François RevelReview by: Yves LabergeCanadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique, Vol. 36, No. 5(Dec., 2003), pp. 1106-1108Published by: Canadian Political Science Association and the Société québécoise de science politiqueStable URL: http://www.jstor.org/stable/3233410 .

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Recensions / Reviews 1106

L'obsession anti-americaine. Son fonctionnement, ses causes, ses consequences Jean-Frangois Revel Paris : Plon, 2002, 300 p.

L'anti-americanisme (on 6crit aussi parfois << antiambricanisme >>) peut se definir comme une critique violente et inconditionnelle des Etats-Unis, leur gouvernement, leurs entreprises, les ideologies qu'ils representent, leur culture de masse et parfois envers sa population. Malgr6 la connotation continentale de ce terme, l'anti-america- nisme en soi ne vise jamais les pays d'Amerique latine et rarement le Canada. Cette confusion entre un pays et son continent, alimentee par << les Americains >> eux-memes qui se definissent de la sorte, denote par ailleurs une certaine meconnaissance de cette nation aux nombreuses contradictions. Tout comme l'anticommunisme du siecle der- nier, l'anti-americanisme donne aujourd'hui lieu 'i des generalisations abusives, des jugements stereotypes et des accusations parfois injustifiees. On parle ia son propos d'une << vision totalisante, sinon totalitaire >> (247).

L'anti-americanisme s'est sensiblement accru depuis quelques annees et s'ex- prime de diverses manieres. La television nous montre frequemment des manifesta- tions d'hostilit~ i l'endroit des Etats-Unis, provenant souvent de diff6rents coins du continent asiatique, et semblables aux << minutes de haine >> collectives decrites par George Orwell dans son roman 1984 (Gallimard, 1949). Dans de nombreuses regions dominees par l'Islam, de la Palestine ia l'Indonesie, des populations fanatisees scandent regulibrement, comme un 6temel leitmotiv, des slogans contre << le demon americain >>, accusant les Etats-Unis d'etre ~ la source de tous leurs maux. I1 faut noter que dans divers pays oui la dissidence est consider~e comme un crime, les seules manifestations hostiles qui soient autorisees sont celles qui visent les Etats-Unis (voir 248). Parmi les midias francophones, un journal comme Le Monde diplomatique est devenu le br&- viaire de l'anti-americanisme. Au Canada, la chaine culturelle de Radio-Canada nous fait immanquablement entendre tous les matins de semaine un couplet anti-americain d'une minute, venu de France, lu par un correspondant de L 'Express, du Nouvel Ob- servateur ou un journaliste du Monde diplomatique, et diffuse ia trois reprises durant l'mission (au demeurant excellente) Les matinales.

Il serait 6videmment faux de pretendre que les positions des Etats-Unis sont tou- jours 6quitables et desinteressees envers leurs partenaires, voisins ou adversaires, ou que celles-ci ne meriteraient jamais aucune reprobation. Les democraties ne sont pas parfaites, loin s'en faut, mais ne sont pas non plus hostiles ia la critique bien fondee et de bonne foi. Or, plusieurs intellectuels franCais ont recemment constat6 une certaine derive dans l'opinion publique, surtout europeenne, a propos des Etats-Unis. En France, Sylvie Math6 avait organise un premier colloque international sur I'anti-am&- ricanisme ia l'Universit6 d'Aix-en-Provence en 1999 (les actes ont 6t6 publies sous le titre L'antiamericanisme. Antiamericanism at Home and Abroad, Publications de l'Universit6 d'Aix-en-Provence, 2000). Le romancier Pascal Bruckner avait, lui aussi, decrit avec beaucoup de justesse (Misere de la prospe'rite, Grasset, 2002) les risques de cette condamnation tous azimuts de ce que les Frangais nomment encore, impr6cise- ment,<< l'Amerique >>. Sans sombrer dans l'aveuglement des demonstrations organisees dans les pays du Tiers-monde, I'Occident risquerait, lui aussi, de succomber ai cette nouvelle forme d'obscurantisme, alimentee par une foule de prejuges et d'idees reques.

Jean-Frangois Revel, qui est academicien, s'est pench6 sur ce probl me de la per- ception de la nation americaine ga l'6tranger, en observant essentiellement l'opinion publique frangaise au cours du 20e siecle. Son livre, le 31e, est un essai assez critique, surtout envers la France et les Francais, dont l'attitude combine trop souvent un melange de mtpris et d'envie A l'6gard des Etats-Unis. Pour Jean-Francois Revel, les Frangais connaissent trop peu, trop mal et souvent indirectement le continent am~ricain. Lui- mime s'est rendu aux Etats-Unis, en 1952 et en 1969; chacun de ses voyages a par la suite donn6 lieu i la publication d'un livre. Les premiers chapitres de L 'obsession anti-

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americaine donnent l'occasion i l'auteur de faire tin retour sur ses experiences prece- dentes aux Etats-Unis et d'6voquer ses intuitions initiales 6laborees dans certains de ses premiers livres, dont Ni Marx ni Jesus (1970), afin de comparer les societes frangaise et americaine. A la suite des 6venements barbares du 11 septembre 2001, Revel constate que plusieurs pays ont estim6 que ces attaques hyperterroristes 6taient comprehensibles, justifiees, voire punitives et meritees. De nombreux commentateurs ont voulu expliquer cette violence fanatique en la relativisant ou en rappelant que, de toutes fagons, les conflits dans le monde faisaient partout des victimes. Jean-Frangois Revel voit dans ces attitudes, souvent exemptes de la moindre compassion, la manifestation par excellence d'un anti-americanisme dj'i bien ancr6, surtout dans les pays du Tiers-monde. Pour expliquer le ressentiment de certaines elites dans les pays pauvres face a la puissance americaine, Revel 6crit, non sans audace : << Il s'agissait 1l de l'6chappatoire habituelle de societes en faillite chronique, qui ont completement rate leur evolution vers la demo- cratie et la croissance, et qui, au lieu d'en rechercher la cause dans leur propre incom-

petence et leur propre corruption ont l'habitude d'imputer leur 6chec i l'Occident de fagon generale et aux Etats-Unis en particulier >> (24). Autrement dit, comme 1'6crit plus loin l'auteur a propos de certains gouvernements de pays d'Afrique, << l'antiamerica- nisme fonctionne donc comme un agent de deresponsabilisation >> (58).

Le deuxieme chapitre fait une radioscopie critique de l'anti-americanisme en France, en soulignant les contradictions de ces discours. L'opposition actuelle aux poli- tiques des Etats-Unis, exprimee par diff6rents mouvements sociaux au nom de I'anti- mondialisation, de la protection de l'environnement ou de la lutte contre ce que Revel nomme le << rechauffement suppose de l'atmosphere >> (54 et 58), ne serait qu'un pre- texte qui masquerait en fait un rejet radical du capitalisme, ou du moins du n6o-libera- lisme, en tant que systeme 6conomique et politique. L'auteur resume sa critique en une formule percutante a l'endroit des Verts frangais : << nos &cologistes ne sont nullement des 6cologistes : ce sont des gauchistes >> (54).

Le troisi me chapitre est consacr6 aux mouvements d'anti-mondialisation et parti- culibrement a leurs manifestations violentes de Genes, Gdteborg et Seattle, qui ont eu pour cible favorite les entreprises multinationales. Pour Revel, l'augmentation recente de la pauvret6 dans le monde s'expliquerait davantage par certaines decisions politiques que par un systeme qui preconise le liberalisme : << cette pauperisation a des causes politiques, non economiques >> (91). La corruption des chefs d'Etat africains est 6galement denon- cee par l'auteur, dans une autre formule percutante, qui s'l~eve contre l'annulation des dettes des pays pauvres qui est parfois annoncee de mani re spectaculaire, par exemple lors des sommets des pays du G7. Pour Revel, renoncer au remboursement de l'argent detoumrn par un regime corrompu n'est pas une gloire, << faisant ainsi payer par les contri- buables frangais l'argent de poche d'un dictateur >> (93). Plus loin, citant les propos du fondateur du journal Le Monde, Hubert Beuve-Mery, en 1944, Jean-Francois Revel fait remonter l'antiambricanisme a l'6poque de l'occupation nazie, ou regnait en France une attitude artificiellement hostile envers les Allies, dictee par les petainistes (98).

Au quatrieme chapitre, l'auteur decrit les motivations des groupes terroristes et ultra-religieux, en Europe et ailleurs; il relive leur totale absence de logique et la vanit6 de leurs desseins, << rev6lant a quel point ils avaient perdu le sens de l'efficacit6 et le contact avec la realit6 >> (120). Le cinqui me chapitre compare les diff6rents problemes d'immigration auxquels font face les Etats-Unis et la France, dj*i largement commen- tes ailleurs. Selon Revel, qui cite des etudes recentes sur l'integration plus ou moins reussie des immigres en France selon leurs origines ethniques, tout en critiquant les vaines politiques de l'6poque Mitterrand, < la gauche s'est ainsi achamrne a detruire l'une des conditions vitales de l'integration >> (183).

Le sixieme chapitre aborde les questions culturelles, en commengant par une critique de la diversit6 culturelle. Je ne partagerais toutefois pas les r~flexions de Jean-Frangois Revel A propos de la place occup~e par le cinema hollywoodien sur les 6crans du monde :

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<< l'on n'impose jamais par la contrainte ni meme par la publicit6 une oeuvre (...) i un public qu'elles ne seduisent pas >> (194). L'omnipr6sence americaine repose certes sur une

s~duction, mais aussi sur une mise en march6 " grande 6chelle dont de nombreux m6dias

se font l'6cho << pour rester dans le coup >> et s'appuie principalement sur de puissants reseaux de distribution, qui ont recours a des pratiques comme l'achat en bloc de films impos6s aux salles, favorisant les productions hollywoodiennes au d6triment des autres. Ces pratiques seraient interdites aux Etats-Unis au nom des lois sur la saine competition, mais leurs entreprises les emploient couramment a l'ext6rieur de leurs frontieres.

Selon Revel, l'explication de l'anti-am6ricanisme frangais se situerait entre au- tres au niveau des paradigmes qui ont traditionnellement fond6 les sciences historiques depuis plus d'un siecle : << le cadre d'interpr6tation de l'histoire est forg6 par l'ideolo- gie socialiste, meme, en sourdine, chez ceux qui ne sont pas socialistes >> (286). L'au- teur conclut que la critique du liberalisme, des exces du capitalisme et des modes de vie americains ne doit pas s'appuyer sur une condamnation univoque mais devrait au contraire reposer sur une critique 6clair'e et mieux fond6e. J'ajouterais, pour ma part, que l'imitation imparfaite d'un mode de vie et d'un moddle de soci6t6, calqu6s sur les Etats-Unis et ayant cours dans d'autres pays sous des formes diverses, ferait 6galement un objet d'&tude critique.

Comme a son habitude, Jean-Frangois Revel alimente nos doutes et questionne nos certitudes, ce qui est le propre de l'essai r6ussi. L 'obsession anti-americaine est un essai engag6 au style a la fois el6gant et direct, qui figurera assur6ment parmi les tres bons ouvrages de son auteur, juste en dessous de Comment les democraties finissent (1983) et de La Connaissance inutile (1988). Meme si l'on ne peut partager entierement toutes les vues de l'auteur, cet ouvrage parfois provocateur foumira certainement des arguments i ceux qui auraient constatF, surtout depuis quelques ann6es, le caractbre univoque d'une bonne partie de l'opinion publique face aux Etats-Unis. Loin d'etre une apologie inconditionnelle de la civilisation americaine, 1'essai de Jean-Frangois Revel relativise les discours a l'emporte-piece et confirme que ces questions complexes m6ritent un traitement plus nuance. << La critique des Etats-Unis (...) est l6gitime et n6cessaire >> (247), insiste-t-il. L'ouvrage int6ressera autant les chercheurs en &tudes americaines et intemationales qu'en science politique et meme en sciences des religions.

YVES LABERGE Institut quebeCcois des hautes etudes internationales

The Politics of Freeing Markets in Latin America: Chile, Argentina and Mexico. Judith A. Teichman Chapel Hill: University of North Carolina Press, 2001, pp. xv, 273

Judith Teichman examines the political dynamics that accompanied the implementa- tion of market-oriented economic reform policies in Chile, Argentina and Mexico. This theme has generated several high quality works since the mid-1990s, among which Kurt Weyland's The Politics of Market Reform in Fragile Democracies (Prince- ton: Princeton University Press, 2002), Philip D. Oxhorn and Graciela Ducatenzeiler's What Kind of Democracy? What Kind of Market? (University Park: Pennsylvania University Press, 1998) as well as William C. Smith, Carlos H. Acufia and Eduardo A. Gamarra's (eds.) Latin American Political Economy in the Age of Neoliberal Reform (Miami: North-South Center, 1994) stand out. But if the topic of her study is not particularly recent or original, Teichman utilizes a refreshing analytical approach that principally attributes market reforms to "policy networks," a notion originally developed for United States and British politics and revisited for the purpose of this book. This concept allows Teichman to integrate cultural and historical structuralist explanatory variables, as well as to consider both the domestic and international lev- els of analysis-as opposed to favouring only one of those aspects, as is the marked tendency among many authors.

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