spéciation moléculaire et supramoléculaire des systèmes
TRANSCRIPT
THESE DE DOCTORAT DE L’UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE
Spécialité
Chimie Physique et Chimie Analytique (Ecole Doctorale 388)
Présentée par
M. Geoffroy FERRU
Pour obtenir le titre de
DOCTEUR de l’UNIVERSITÉ PIERRE ET MARIE CURIE
Sujet de la thèse :
Spéciation moléculaire et supramoléculaire des systèmes extractants à base de monoamides
Soutenue le 26 Novembre 2012, devant le jury composé de : Dr. Fabienne TESTARD Rapporteur Pr. Moncef STAMBOULI Rapporteur Pr. Gérard COTE Examinateur Pr. Rodolphe VUILLEUMIER Examinateur Dr. Laurence BERTHON Examinateur Dr. Christian SOREL Examinateur Pr. Jean-Pierre SIMONIN Directeur de thèse Dr. Emilie BOSSE Invitée
Université Pierre & Marie Curie - Paris 6 Bureau d’accueil, inscription des doctorants et base de données Esc G, 2ème étage 15 rue de l’école de médecine 75270-PARIS CEDEX 06
Tél. Secrétariat : 01 42 34 68 35 Fax : 01 42 34 68 40
Tél. pour les étudiants de A à EL : 01 42 34 69 54 Tél. pour les étudiants de EM à MON : 01 42 34 68 41
Tél. pour les étudiants de MOO à Z : 01 42 34 68 51 E-mail : [email protected]
2
3
Résumé
Un monoamide, le N,N-di-(éthyl-2-hexyl)isobutyramide (DEHiBA), a été retenu comme extractant sélectif de l'uranium lors de la première étape du procédé GANEX (Grouped ActiNide Extraction), procédé ayant pour but de réaliser l'extraction groupée des actinides lors d'une seconde étape. L'objectif de ces travaux de thèse est d'améliorer la description des phases organiques de monoamides dans les alcanes après extraction de solutés : eau, acide nitrique et nitrate d’uranyle. Une étude paramétrique a été entreprise pour obtenir des informations sur les complexes formés à l'échelle moléculaire (par spectroscopie IR, spectroscopie UV-visible, spectroscopie laser à résolution temporelle, et spectrométrie de masse à ionisation électrospray) et sur l’organisation de la solution à l'échelle supramoléculaire (par l'osmométrie à pression de vapeur et diffusion de rayons X aux petits angles couplée à des simulations de dynamique moléculaire). Les isothermes d'extraction des solutés ont ensuite été modélisées en prenant en compte les informations obtenues par les différentes caractérisations expérimentales. Ces travaux ont montré que l'organisation de la solution dépend de la concentration d'extractant, de la nature et de la concentration du soluté extrait. Trois régimes se distinguent. 1/ Pour des concentrations d'extractant inférieures à 0,5 mol/L, les espèces monomères sont majoritaires. 2/ Pour des concentrations comprises entre 0,5 et 1 mol/L, de petits agrégats sont formés contenant 2 à 4 molécules de monoamides. 3/ Pour les phases plus concentrées (supérieures à 1 mol/L), des objets légèrement plus gros sont formés après extraction d'eau ou d'acide nitrique. En présence de nitrate d'uranyle, une très importante structuration des phases organiques est observée, ne permettant plus de considérer la formation d'agrégats "sphériques" bien définis. D'un point de vue moléculaire, les complexes sont peu sensibles à l'organisation de la solution : pour l’acide nitrique et le nitrate d’uranyle, les mêmes espèces sont observées, quelles que soient la concentration de soluté et d'extractant en phase organique. Mots-clés : Extraction liquide-liquide, Spéciation moléculaire et supramoléculaire, Agrégation, Monoamide, Acide Nitrique, Nitrate d’uranyle, Osmométrie à pression de vapeur, Diffusion de rayons X aux petits angles, Dynamique moléculaire.
Abstract
DEHiBA (N,N-di-(éthyl-2-hexyl)isobutyramide, a monoamide, was chosen as selective extractant for the recovery of uranium in the first cycle of the GANEX process, which aims to realize the grouped extraction of actinides in the second step of the process. The aim of this work is an improved description of monoamide organic solutions in alkane diluent after solutes extraction: water, nitric acid and uranyl nitrate. A parametric study was undertaken to characterize species at molecular scale (by IR spectroscopy, UV-visible spectroscopy, time-resolved laser-induced fluorescence spectroscopy, and electrospray ionisation mass spectrometry) and at supramolecular scale (by vapor pressure osmometry and small angle X-ray scattering coupled to molecular dynamic simulations). Extraction isotherms were modelled taking into account the molecular and supramolecular speciation. These works showed that the organization of the organic solution depends on the amide concentration, the nature and the concentration of the extracted solute. Three regimes can be distinguished. 1/For extractant concentration less than 0.5 mol/L, monomers are predominate species. 2/ For extractant concentrations between 0.5 and 1 mol/L, small aggregates are formed containing 2 to 4 molecules of monoamide. 3/ For more concentrated solutions (greater than 1 mol/L), slightly larger species can be formed after water or nitric acid extraction. Concerning uranyl nitrate extraction, an important and strong organization of the organic phase is observed, which no longer allows the formation of well spherical defined aggregates. At molecular scale, complexes are not sensitive to the organization of the solution: the same species are observed, regardless of the solute and extractant concentrations in organic phase. Keywords : Solvent extraction, Molecular and supramolecular speciation, Aggregation, Monoamide, Nitric Acid, Uranyl Nitrate, Vapor pressure osmometry, Small angles X-ray scattering, Molecular dynamics.
4
5
Remerciements
Je tiens tout d'abord à remercier les membres du jury, pour avoir accepté de juger ce travail, pour avoir
fait le déplacement jusqu'à Marcoule et pour les discussions enthousiastes le jour de la soutenance. Je
remercie en particulier Fabienne Testard et Moncef Stambouli pour avoir accepté d'être rapporteur et
pour leurs critiques très constructives pour la modélisation des intensités diffusées ou le calcul des
constantes d'agrégation, ainsi que Rodolphe Vuilleumier, pour son aide "administrative" et pour avoir
présidé ce jury.
Mes remerciements vont aussi à Jean-Pierre Simonin pour avoir encadré ces travaux de thèse et pour
son intérêt concernant mes recherches.
Un grand merci à Christian Sorel, pour son encadrement, son aide et son implication dans ces travaux,
et plus particulièrement pour la modélisation des isothermes d'extractions, dont les conseils et la
rigueur m'ont permis d'apprendre beaucoup.
Il ne m'aurait pas été possible de réaliser ces travaux de thèse sans l'encadrement, le savoir
scientifique, l'aide, le soutien, la formation, la compréhension, le maternalisme amical et l'humour de
Laurence Berthon. Pour tout ce que tu m'as apporté, scientifiquement comme humainement au cours
de ces trois années et demi, merci infiniment Laurence. Merci également pour ta confiance dans mon
travail et mes idées, ça a beaucoup compté pour moi.
Je tiens également à remercier très chaleureusement Pierre Bauduin et Olivier Diat, pour leur aide plus
que précieuse apportée pour les études de spéciation supramoléculaire, que j'ai eu le plaisir de
découvrir au cours de ma thèse. Leurs conseils et les discussions ont toujours été très pertinents et
enrichissants et m'ont permis d'apprendre beaucoup. Je remercie également Bruno Corso, pour m'avoir
formé à l'utilisation du SAXS.
Mes remerciements vont également à Philippe Guilbaud, pour avoir réalisé la simulation de mes
solutions par dynamique moléculaire, pour l'intérêt porté à mes travaux et pour les nombreuses
discussions scientifiques (ou non!) lors des pauses "en extérieur" ou de "bureau à bureau".
Je remercie vivement Dominique Guillaumont et Kristina Ribokaité pour la réalisation des calculs de
chimie théorique.
Un grand merci également à Laurent Couston pour les études par SLRT et Claude Berthon et Laeticia
Guerrin pour les études RMN, toujours dans la joie et la bonne humeur.
6
Je tiens aussi à remercier Marie-Christine Charbonnel pour son intérêt concernant ces travaux de
recherche et les nombreuses discussions enrichissantes à ce sujet.
La joie et la bonne humeur sont justement les termes qui qualifieraient le mieux l'ambiance de travail
dans les laboratoires LN1 et L16 d'Atalante, et pour cela je tiens à remercier Nathalie Boubals, Nicole
Zorz, Laeticia Guerrin, Laurence Chareyre et Marie-Thérèse Duschenes.
Mes remerciements vont également à Isabelle Bisel puis Murielle Bertrand pour leur accueil au sein du
laboratoire LEPIC à G1 où j'ai réalisé les expériences d'osmométrie. Je remercie également Michel
Gastaldi, Danièle Sans et Manon Marbet pour leur aide constante lors de mon arrivée dans cet
immense laboratoire inconnu.
Sur un plan plus personnel, je tiens à remercier…
… Julie Muller, dit p'tite sœur, pour ces trois années commencées ensemble au CEA Marcoule. Merci
pour ton aide organisationnelle et administrative^^, mais surtout pour ton amitié et nos longues
discussions.
… Thomas Dumas et Steve Jan, pour avoir été de formidables co-bureaux. Et en particulier Steve,
pour avoir vécu ensemble cette longue agonie qu'a été la rédaction du manuscrit ☺, mais aussi pour le
gobelet challenge et tout le reste, en particulier ton amitié, les concerts et soirées!
… Florian Rodrigues, pour ton amitié, les longues discussions passionnées sur un petit souci technique
de l'un ou de l'autre, pour ton partage de l'amour des monoamides. "Moustache"!
… Stéphanie De Sio, Thomas Demars, Matthieu Audras(se!), Maxime Duchateau, Aüde Charlot,
Lucie De Almeida, Guillaume Mistral, Christelle Tamain, Guy Dutech pour votre amitié et les soirées.
… Yannick Meridiano, pour ton amitié bien sur, mais aussi pour avoir répondu à mes appels entre
deux réunions pour tenter de faire fonctionner la VPO!
… Phillipe G., pour ses chemises à carreaux, qui ont toujours égayé les matins les plus durs! ☺
… Metallica, Rodrigo y Gabriela, Muse, Nirvana et Linkin Park, ainsi que Fleur du Pays, Tassimo,
Nutella et Finger pour leur soutien infaillible lors de la période de rédaction! ☺
Du fond du cœur, je remercie mes parents, mon frère et ma famille, qui m'ont tous toujours soutenu et
encouragé, ce qui m'a permis de vivre mes études et ma thèse dans les meilleures conditions qui
soient. Merci infiniment, je vous dois beaucoup.
Enfin, merci à toi ma Lilou, pour tout ce que tu m'as apporté pendant ces deux ans et demi. Ton
soutien, tes encouragements et ton réconfort ont été pour beaucoup dans l'aboutissement de ces trois
années de travail.
Merci infiniment !
7
Tables des matières
INTRODUCTION GENERALE ................................................................................ 19
OUTILS ET METHODOLOGIE ............................................................................... 25
I. Introduction ............................................................................................................................................... 28
II. L'extraction liquide-liquide ...................................................................................................................... 29
II.1. Principe .............................................................................................................................................. 29
II.2. Propriétés des extractants ................................................................................................................... 29
II.3. Les mécanismes d'extraction .............................................................................................................. 30
II.3.a. Extraction non compensée............................................................................................................. 30
II.3.b. Extraction par échange d'ions ................................................................................................... 30
III. Systèmes étudiés .................................................................................................................................... 31
III.1. La complexation par les monoamides ................................................................................................ 31
III.2. Choix des monoamides étudiés .......................................................................................................... 31
III.3. Choix des diluants .............................................................................................................................. 32
IV. Caractérisation moléculaire des complexes ........................................................................................ 33
IV.1. Spectroscopie InfraRouge .................................................................................................................. 33
IV.2. Spectrophotométrie UV-visible ......................................................................................................... 33
IV.3. Spectroscopie Laser à Résolution Temporelle (SLRT) ...................................................................... 34
IV.4. Spectrométrie de masse à ionisation électrospray (ESI-MS) ............................................................. 36
IV.4.a. Principe ..................................................................................................................................... 36
IV.4.b. Identification des espèces ......................................................................................................... 38
IV.4.c. Variation de la tension de cône ................................................................................................. 38
IV.4.d. Etudes MS2 .............................................................................................................................. 39
IV.4.e. Mode opératoire........................................................................................................................ 39
V. Modélisation des équilibres d'extraction ................................................................................................. 40
V.1. Equilibre général d'extraction ............................................................................................................ 40
V.2. La méthode des pentes ....................................................................................................................... 40
V.3. Prise en compte des coefficients d'activité en phase aqueuse ............................................................ 43
V.3.a. Les différentes approches ......................................................................................................... 43
V.3.b. Calcul des activités en phase aqueuse ...................................................................................... 45
V.4. Prise en compte des coefficients d'activité en phase organique ......................................................... 46
V.5. Expression des bilans matière des composés en phase organique ...................................................... 48
8
V.6. Minimisation des écarts et optimisation des constantes ..................................................................... 49
VI. Caractérisation supramoléculaire des phases organiques ................................................................. 51
VI.1. Osmométrie à pression de vapeur saturante (VPO) ........................................................................... 51
VI.1.a. Principe ..................................................................................................................................... 51
VI.1.b. Etalonnage de l'appareil ............................................................................................................ 51
VI.1.c. Traitements des données VPO .................................................................................................. 52
VI.2. Résonance magnétique nucléaire (RMN) .......................................................................................... 56
VI.3. Diffusion de rayons X aux Petits Angles (DXPA) ............................................................................. 57
VI.3.a. Principe ..................................................................................................................................... 57
VI.3.b. Détermination du facteur de structure S(q)............................................................................... 58
VI.3.c. Détermination du facteur de forme P(q) ................................................................................... 59
VI.3.d. Définition des parties polaires et apolaires des molécules ........................................................ 60
VI.3.e. Calcul des volumes molaires .................................................................................................... 60
VI.3.f. Calcul des densités de longueur de diffusion............................................................................ 61
VI.3.g. Traitements des données DXPA ............................................................................................... 62
VI.3.h. Modélisation des spectres DXPA ............................................................................................. 64
SPECIATION DES PHASES ORGANIQUES DE MONOAMIDES APRES
EXTRACTION D'EAU ............................................................................................. 67
I. Introduction ............................................................................................................................................... 69
II. Bibliographie .............................................................................................................................................. 70
II.1. Association des monoamides ............................................................................................................. 70
II.2. Extraction d'eau .................................................................................................................................. 71
II.3. Conclusion ......................................................................................................................................... 72
III. Isothermes d'extraction ........................................................................................................................ 73
IV. Spéciation des phases organiques ........................................................................................................ 74
IV.1. Apport de l'osmométrie à pression de vapeur saturante ..................................................................... 74
IV.1.a. Exploitation du signal VPO ...................................................................................................... 74
IV.1.b. Détermination des espèces en phase organique ........................................................................ 76
IV.2. Apport de la RMN.............................................................................................................................. 77
IV.2.a. Variation des déplacements chimiques 1H et 13C ..................................................................... 77
IV.2.b. Lien entre les données VPO et RMN ....................................................................................... 79
IV.3. Caractérisation structurale par diffusion de rayons X aux petits angles ............................................. 80
V. Modélisation de l'extraction d'eau ........................................................................................................... 83
VI. Apport de la dynamique moléculaire .................................................................................................. 86
9
VII. Bilan et Conclusion ............................................................................................................................... 89
SPECIATION DES PHASES ORGANIQUES DE MONOAMIDES EN PRESENCE
D'ACIDE NITRIQUE ............................................................................................... 91
I. Introduction ............................................................................................................................................... 93
II. Bibliographie .............................................................................................................................................. 94
II.1. Isothermes d'extraction ...................................................................................................................... 94
II.2. Identification des espèces et calculs des constantes d'extraction ....................................................... 94
II.2.a. Par la méthode des pentes ............................................................................................................. 95
II.2.b. Par modélisation des isothermes d'extraction ........................................................................... 96
II.2.c. Spectroscopie IR ........................................................................................................................... 98
II.3. Bilan ................................................................................................................................................... 98
III. Isothermes d'extraction ........................................................................................................................ 99
III.1. Influence du diluant ........................................................................................................................... 99
III.2. Influence de la structure de l'extractant ............................................................................................ 100
III.3. Influence de la concentration d'extractant ........................................................................................ 100
IV. Modélisation de l'extraction de l'acide nitrique ............................................................................... 102
IV.1. Cas des complexes hydratés ............................................................................................................. 102
IV.2. Cas des complexes non hydratés solubilisant de l'eau ..................................................................... 104
IV.3. Comparaison des deux approches de l'extraction d'eau.................................................................... 105
IV.4. Cas de complexes hydratés solubilisant de l'eau .............................................................................. 107
V. Caractérisation des phases organiques par spectroscopie IR .............................................................. 108
VI. Spéciation supramoléculaire des phases organiques ....................................................................... 110
VI.1. Influence de la concentration d'extractant ........................................................................................ 110
VI.2. Influence de l'acidité de la phase aqueuse ........................................................................................ 114
VII. Lien entre spéciation moléculaire et l'organisation supramoléculaire de la solution ................... 119
VIII. Conclusion ........................................................................................................................................... 122
SPECIATION DES PHASES ORGANIQUES DE MONOAMIDES EN PRESENCE DE
NITRATE D'URANYLE ......................................................................................... 125
I. Introduction ............................................................................................................................................. 128
II. Bibliographie ............................................................................................................................................ 129
II.1. Identification des complexes et influence de la structure de l'extractant ......................................... 129
10
II.2. Propriétés physico-chimiques des phases organiques après extraction de nitrate d'uranyle ............ 133
II.2.a. Tension interfaciale ..................................................................................................................... 133
II.2.b. Viscosité ................................................................................................................................. 134
II.3. Bilan des études bibliographiques .................................................................................................... 135
III. Extraction de nitrate d'uranyle ......................................................................................................... 136
III.1. Extraction du nitrate d'uranyle en milieu LiNO3 par le DEHiBA dans le TPH ............................... 136
III.2. Influence du diluant ......................................................................................................................... 138
III.3. Influence de la structure du monoamide .......................................................................................... 138
III.4. Influence de l'acidité ........................................................................................................................ 139
III.5. Bilan ................................................................................................................................................. 141
IV. Spéciation moléculaire ........................................................................................................................ 142
IV.1. Spectroscopie InfraRouge ................................................................................................................ 142
IV.1.a. Attribution des bandes de vibration ........................................................................................ 142
IV.1.b. Discussion sur la coordination des nitrates ............................................................................. 144
IV.1.c. Apport de la chimie quantique à l'interprétation des spectres IR ............................................ 145
IV.1.d. Bilan ....................................................................................................................................... 148
IV.2. Absorption et luminescence ............................................................................................................. 148
IV.2.a. Spectrophotométrie UV-visible .............................................................................................. 148
IV.2.b. Spectroscopie Laser à Résolution Temporelle (SLRT) .......................................................... 150
IV.2.c. Bilan des expériences UV-visible et SLRT ............................................................................ 151
IV.3. Spectrométrie de masse à ionisation électrospray (ESI-MS) ........................................................... 152
IV.3.a. Spectres ESI-MS et attributions des pics ................................................................................ 152
IV.3.b. Influence de l'acidité nitrique initiale de la phase aqueuse ..................................................... 154
IV.3.c. Etude de la stabilité des ions en phase gaz ............................................................................. 155
IV.3.d. Spectres de fragmentation ...................................................................................................... 157
IV.3.e. Bilan de l'étude par ESI-MS ................................................................................................... 159
IV.4. Bilan des études de spéciation moléculaire ...................................................................................... 160
V. Modélisation de l'extraction du nitrate d'uranyle ................................................................................ 161
VI. Etude de l'organisation des solutions de monoamides ..................................................................... 164
VI.1. Etudes de solutions de DEHiBA ...................................................................................................... 164
VI.1.a. Influence de la concentration d'extractant .............................................................................. 164
VI.1.b. Modélisation des intensités diffusées par des solutions de DEHiBA 0,5 mol/L .................... 167
VI.2. Etudes de solutions de DEHDMBA ................................................................................................. 169
VI.2.a. Influence de la concentration d'extractant ............................................................................. 169
VI.2.b. Modélisation des intensités diffusées par des solutions de DEHDMBA 0,5 mol/L ............... 170
VI.3. Influence de l'acidité de la phase aqueuse ........................................................................................ 172
VI.4. Influence de la température .............................................................................................................. 175
VI.5. Bilan des études de spéciation supramoléculaire ............................................................................. 176
11
VI.5.a. Influence des concentrations et de la structure des extractants ............................................... 176
VI.5.b. Lien avec les études de spéciation moléculaire ...................................................................... 177
VI.5.c. Influence de l'acidité ............................................................................................................... 177
VI.6. Discussion des résultats de spéciation supramoléculaire ................................................................. 178
VI.7. Etudes complémentaires .................................................................................................................. 178
VI.7.a. Apport de la dynamique moléculaire à l'étude de l'organisation des phases organiques ........ 179
VI.7.b. Apport de la microscopie électronique à balayage en mode WET STEM ............................. 187
VII. Conclusion ........................................................................................................................................... 189
CONCLUSION GENERALE .................................................................................. 191
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .................................................................. 195
ANNEXES .............................................................................................................. 213
12
13
Glossaire
DFT Théorie de la Fonctionnelle de la Densité
DXPA Diffusion de rayons X aux Petits Angles
ESI-MS Spectrométrie de Masse à Ionisation ElectroSpray
EXAFS Extented X-ray Absorption Fine Structure
GANEX Grouped ActiNide Extraction
MOx Mixed Oxide
NIST National Institute of Standards and Technology
PUREX Plutonium Uranium Refining by Extraction
RMN Résonance Magnétique Nucléaire
SLRT Spectroscopie Laser à Résolution Temporelle
VPO Osmométrie à Pression de Vapeur saturante
WET STEM Microscopie Electronique à Balayage en Transmission
14
Liste des molécules organiques citées (par ordre alphabétique)
Acronyme Nom complet Formule topologique
- Bis-2-éthylhexylamine NH
DBDA N,N-dibutyldecanamide N
O
DBEHA N,N-dibutylethylhexanamide N
O
DBHA N,N-dibutylhexanamide N
O
DBOA N,N-dibutyloctanamide N
O
DEDA N,N-diethyldecanamide N
O
DEHAA N,N-di-2-ethylhexylacétamide N
O
DEHBA N,N-di-2-ethylhexylbutyramide N
O
DEHDMBA N,N-di-2-ethylhexyldimethylbutyramide N
O
15
DEHHA N,N-di-2-ethylhexylhexanamide N
O
DEHiBA N,N-di-2-ethylhexylisobutyramide N
O
DEHPA N,N-di-2-ethylhexylpropionamide N
O
DEHPVA N,N-di-2-ethylhexylpivalamide N
O
DEOA N,N-diethyloctanamide N
O
DHBA N,N-dihexylbutyramide N
O
DHDA N,N-dihexyldecanamide N
O
DHHA N,N-dihexylhexanamide N
O
DHiBA N,N-dihexylisobutyramide N
O
DHOA N,N-dihexyloctanamide N
O
DiBEHA N,N-diisobutylethylhexanamide N
O
16
DMDOHEMA N,N'-dimethyl-N,N'-dioctylhexylethoxymalonamide
N N
O O
O
DMOA N,N-dimethyloctanamide N
O
DOOA N,N-dioctyloctanamide N
O
HDEHP Acide di-2-ethylhexylphosphorique PO
O
OH
O
MBDA N-methyl-N-butyldecanamide N
O
MBHA N-methyl-N-butylhexanamide N
O
MBOA N-methyl-N-butyloctanamide N
O
nBMEHpA n-butyl-2-methyl-2-ethylheptanamide N
O
H
nBOA n-butyloctanamide N
O
H
niBOA n-isobutyloctanamide N
O
H
nsBEHA n-secbutyl-2-ethylhexanamide N
O
17
nsBOA n-secbutyloctanamide N
O
H
ntBOA n-tertbutyloctanamide N
O
TBP Tri-n-butyle phosphate
OP
OO
O
TOA Tri-n-octylamine
N
TPH Tétrapropylène hydrogéné -
18
19
Introduction générale
20
Introduction générale
21
Aujourd'hui, 75 à 80% de la production d'électricité française est d'origine nucléaire, grâce à
l'exploitation de 58 réacteurs répartis sur l'ensemble du territoire. La France ainsi que certains
pays "nucléarisés" ont pris le parti du retraitement et du recyclage des combustibles usés en
sortie des centrales nucléaires. Ceci permet une économie des ressources en uranium,
l’utilisation du plutonium dans les combustibles mixtes (MOx), et la réduction du volume de
déchets radioactifs pour le stockage[DEN08]. A l’heure actuelle, il n’existe qu’un seul procédé
de retraitement industrialisé permettant la récupération de l’uranium et du plutonium. Il s’agit
du procédé PUREX (pour "Plutonium Uranium Refining by EXtraction"), basé sur
l’extraction liquide-liquide. Ce procédé met en œuvre un extractant : le Tri-n-Butyl-Phosphate
(TBP), dilué dans un alcane.
Avec les enjeux économiques et écologiques et l'émergence future des réacteurs de génération
IV, les procédés de retraitement du combustible usé doivent évoluer. Cela nécessite le
développement de nouveaux procédés, intégrant de nouveaux concepts, soutenus par la loi du
28 juin 2006. La préconisation par le forum Generation IV du recyclage intégral des actinides
a abouti à envisager la séparation groupée des actinides. Le procédé GANEX, pour "Grouped
ActiNide EXtraction", développé par le CEA et reposant sur l'extraction liquide-liquide a pour
objectif l'extraction sélective et groupée des actinides, en deux cycles[DEN08] (Figure 1):
- un premier cycle d'extraction sélective de l'uranium en amont du procédé, afin de
limiter la charge du solvant en aval, rendu possible par la mise en œuvre d'un
monoamide [MIG08],[MIG09];
- un second cycle d'extraction groupée des actinides (traces restantes d'uranium,
plutonium, neptunium, américium, curium), mettant en œuvre, par exemple, un
mélange d'extractants à base de malonamide et d'acide dialkylphosphorique[MIG07].
Introduction générale
22
Figure 1 – Schéma de principe du procédé GANEX[DEN08].
Les monoamides, une classe d’extractant dont l’intérêt a été mis en évidence par T.H.
Siddall[SID60b],[SID61] dans les années 60, présentent des caractéristiques intéressantes. Ces
molécules respectent le principe CHON, et permettent une incinération des effluents ultimes,
permettant une réduction du volume des déchets. Les monoamides sont relativement résistants
au phénomène de radiolyse et d'hydrolyse, et leurs produits de dégradation peuvent être
facilement éliminés et ne perturbent pas le fonctionnement des procédés. Outre ces avantages,
les propriétés extractantes des monoamides peuvent être modulées en modifiant les
groupements alkyles greffés sur le groupement carbonyle et sur l'atome d'azote (Figure 2).
R N
O
R'
R' Figure 2 – Structure générale d'un monoamide.
Suite aux études de Siddall[SID60b],[SID61], les propriétés des monoamides ont suscité l'intérêt de
nombreuses équipes de recherche, parmi lesquelles des équipes italienne[GAS80],[GRO83],[GAS86],
japonaise[NAG96],[YAI98],[NOG07] et chinoise[SUN98a-b],[CUI03],[SUN05],[ZHA05] qui ont envisagé les
monoamides comme substitut du TBP et une équipe indienne pour réaliser la séparation
U / Th[RUI91],[PRA93],[NAI95],[GUP99],[PAT00],[MAN04]. Au CEA, ces molécules ont particulièrement été
étudiées dans les années 80 – 90 comme alternative au TBP[DES86],[CON89],[DAN91],[BER93],[TOU95].
Plus récemment, le N,N-di-(éthyl-2-hexyl)isobutyramide (DEHiBA) a été choisi comme
monoamide de référence pour le 1er cycle du procédé GANEX [DEN08],[MIG08],[MIG09],
notamment en raison de sa sélectivité pour l'U(VI) vis-à-vis du Pu(IV) et des produits de
fission.
Introduction générale
23
C'est dans ce contexte que s'inscrivent ces travaux de thèse. Si la faisabilité de ces procédés a
été démontrée[MIG08],[MIG09], les études reportées dans la littérature montrent que la spéciation
dans ces systèmes n'est pas clairement établie. De plus, des études réalisées ces dernières
années sur d'autres systèmes extractants (à base de TBP ou de malonamides), utilisés dans des
gammes de concentrations analogues ont montrées que ces solutions étaient structurées en
petits agrégats en interactions et qu'une conséquence directe de cette organisation est la
formation de troisième phase[ERL98],[MAR05],[PLA06b],[BAU07],[BER07],[TES08],[BER10a],[CHI03],[CHI07]. Il a
également été montré que les propriétés physico-chimiques des solutions extractantes
pouvaient être liées à l'organisation des solutions[YAI04],[JEN07],[MER09]. Concernant les systèmes
extractants à base de monoamides, aucune caractérisation supramoléculaire n'a été réalisée à
ce jour.
L'objectif de ces travaux de thèse est de caractériser au mieux les solutions de monoamides
après extraction de soluté, en étudiant l'influence de différents paramètres tels que la
concentration d'extractant, la nature et la concentration du soluté extrait. Les solutions de
monoamides sont caractérisées à l'échelle moléculaire dans le but d'identifier les complexes
formés pour proposer des équilibres d'extraction, ainsi qu'à l'échelle supramoléculaire afin de
déterminer si une organisation existe dans ces solutions et si elle est corrélée ou non aux
propriétés extractantes ou physico-chimiques.
Pour cela, la démarche mise en place a consisté à quantifier l'extraction des différents solutés
puis à caractériser les solutions par des techniques spectroscopiques (spectroscopie IR,
spectrophotométrie UV-visible, spectroscopie laser à résolution temporelle et spectrométrie
de masse à ionisation électrospray) pour obtenir des informations sur les complexes formés.
Ces données permettent d'appuyer les hypothèses envisagées sur la stœchiométrie des
complexes pour modéliser les isothermes d'extraction. Enfin, l'organisation des solutions est
étudiée par osmométrie à pression de vapeur et diffusion de rayons X aux petits angles. Les
informations obtenues par ces études de spéciation moléculaire et supramoléculaire sont
discutées dans le but d'établir un lien entre les différentes échelles de caractérisation.
Les études sont appliquées à deux monoamides, le DEHiBA et le N,N-di-(éthyl-2-hexyl)-2,2-
diméthylbutyramide (DEHDMBA) en solution dans un alcane après extraction d'eau, d'acide
nitrique et de nitrate d'uranyle.
Ce mémoire se compose de quatre chapitres :
Le premier chapitre décrit la méthodologie, les outils analytiques ainsi que le traitement des
données mis en place pour l'étude des phases organiques de monoamides.
Le Chapitre II concerne la spéciation des phases organiques après extraction d'eau.
Introduction générale
24
Le Chapitre III est dédié à l'étude de l'extraction d'acide nitrique et de la co-extraction d'eau.
Enfin, le Chapitre IV est consacré à l'étude de la spéciation de solutions de monoamides après
extraction de nitrate d'uranyle.
25
Chapitre I
Outils et méthodologie
Chapitre I – Outils et méthodologie
26
OUTILS ET METHODOLOGIE ............................................................................... 25
I. Introduction ............................................................................................................................................... 28
II. L'extraction liquide-liquide ...................................................................................................................... 29
II.1. Principe .............................................................................................................................................. 29
II.2. Propriétés des extractants ................................................................................................................... 29
II.3. Les mécanismes d'extraction .............................................................................................................. 30
II.3.a. Extraction non compensée............................................................................................................. 30
II.3.b. Extraction par échange d'ions ................................................................................................... 30
III. Systèmes étudiés .................................................................................................................................... 31
III.1. La complexation par les monoamides ................................................................................................ 31
III.2. Choix des monoamides étudiés .......................................................................................................... 31
III.3. Choix des diluants .............................................................................................................................. 32
IV. Caractérisation moléculaire des complexes ........................................................................................ 33
IV.1. Spectroscopie InfraRouge .................................................................................................................. 33
IV.2. Spectrophotométrie UV-visible ......................................................................................................... 33
IV.3. Spectroscopie Laser à Résolution Temporelle (SLRT) ...................................................................... 34
IV.4. Spectrométrie de masse à ionisation électrospray (ESI-MS) ............................................................. 36
IV.4.a. Principe ..................................................................................................................................... 36
IV.4.b. Identification des espèces ......................................................................................................... 38
IV.4.c. Variation de la tension de cône ................................................................................................. 38
IV.4.d. Etudes MS2 .............................................................................................................................. 39
IV.4.e. Mode opératoire........................................................................................................................ 39
V. Modélisation des équilibres d'extraction ................................................................................................. 40
V.1. Equilibre général d'extraction ............................................................................................................ 40
V.2. La méthode des pentes ....................................................................................................................... 40
V.3. Prise en compte des coefficients d'activité en phase aqueuse ............................................................ 43
V.3.a. Les différentes approches ......................................................................................................... 43
V.3.b. Calcul des activités en phase aqueuse ...................................................................................... 45
V.3.b.1 Cas de l'acide nitrique en mélange binaire ........................................................................... 45
V.3.b.2 Cas du nitrate d'uranyle en mélange ternaire ....................................................................... 46
V.4. Prise en compte des coefficients d'activité en phase organique ......................................................... 46
V.5. Expression des bilans matière des composés en phase organique ...................................................... 48
V.6. Minimisation des écarts et optimisation des constantes ..................................................................... 49
VI. Caractérisation supramoléculaire des phases organiques ................................................................. 51
VI.1. Osmométrie à pression de vapeur saturante (VPO) ........................................................................... 51
Chapitre I – Outils et méthodologie
27
VI.1.a. Principe ..................................................................................................................................... 51
VI.1.b. Etalonnage de l'appareil ............................................................................................................ 51
VI.1.c. Traitements des données VPO .................................................................................................. 52
VI.1.c.1 Détermination de l'activité du diluant .................................................................................. 52
VI.1.c.2 Définition d'un équilibre d'agrégation .................................................................................. 53
VI.1.c.3 Détermination du nombre d'agrégation apparent n ............................................................ 54
VI.1.c.4 Détermination de la concentration de monomères ............................................................... 54
VI.1.c.5 Détermination du nombre d'agrégation N et de la constante d'agrégation apparente Nψ .. 55
VI.2. Résonance magnétique nucléaire (RMN) .......................................................................................... 56
VI.3. Diffusion de rayons X aux Petits Angles (DXPA) ............................................................................. 57
VI.3.a. Principe ..................................................................................................................................... 57
VI.3.b. Détermination du facteur de structure S(q)............................................................................... 58
VI.3.c. Détermination du facteur de forme P(q) ................................................................................... 59
VI.3.d. Définition des parties polaires et apolaires des molécules ........................................................ 60
VI.3.e. Calcul des volumes molaires .................................................................................................... 60
VI.3.f. Calcul des densités de longueur de diffusion............................................................................ 61
VI.3.g. Traitements des données DXPA ............................................................................................... 62
VI.3.g.1 Contribution du diluant ....................................................................................................... 62
VI.3.g.2 Contribution de la fluorescence de l'uranyle ........................................................................ 62
VI.3.g.3 Bilan .................................................................................................................................... 63
VI.3.h. Modélisation des spectres DXPA ............................................................................................. 64
Chapitre I – Outils et méthodologie
28
I. Introduction
Après quelques rappels sur l'extraction liquide-liquide, ce chapitre présente les techniques
d'analyses, les méthodes et les modèles employés au cours de ce travail de thèse.
Dans un premier temps, les techniques d'analyses utilisées pour caractériser les complexes
moléculaires sont décrites. Les modèles utilisés pour la modélisation des isothermes sont
ensuite expliqués. Enfin, la description des outils et l'analyse des données pour l'étude de la
spéciation supramoléculaire sont détaillées.
Chapitre I – Outils et méthodologie
29
II. L'extraction liquide-liquide
II.1. Principe
L'extraction liquide-liquide ou l'extraction par solvant consiste à transférer un élément
spécifique d'une phase liquide vers une seconde phase liquide non miscible à la
première[MAR69],[RYD92],[COT98]. Dans le cadre des procédés de retraitement du combustible
nucléaire usé, le transfert de cations métalliques, principalement les actinides et lanthanides,
d'une phase aqueuse acide issue de la dissolution du combustible vers une phase organique est
assuré par une molécule extractante liposoluble, notée L.
II.2. Propriétés des extractants
Afin de développer un procédé pour le retraitement des combustibles nucléaires usés, les
systèmes extractants doivent répondre à un certain nombre de critères :
- Le pouvoir extractant de l'espèce métallique M à extraire, quantifié par le coefficient
de distribution DM (> 1):
]M[
]M[DM = ( 1 )
avec : ][M , la concentration de l'élément M en phase organique sous toutes ses formes à l'équilibre, (l'élément surligné indique la présence de cet élément en phase organique),
][M , la concentration de l'élément M en phase aqueuse sous toutes ses formes à l'équilibre.
- La sélectivité de l'élément d'intérêt M par rapport à un autre élément M' présent dans le
milieu, déterminée par le facteur de séparation FSM/M' qui est égal au rapport des
coefficients de distribution de chaque élément (> 1) :
'M
M'M/M D
DFS = ( 2 )
- Une bonne stabilité radiolytique et/ou hydrolytique.
- Une faible solubilité en phase aqueuse (< 10-4 mol.L-1) et une forte solubilité des
espèces formées dans les diluants apolaires.
Chapitre I – Outils et méthodologie
30
II.3. Les mécanismes d'extraction
Il existe différents types de mécanismes d'extraction pouvant être répertoriés en deux grandes
catégories : l'extraction non compensée et l'extraction par échange d'ions[COT98].
II.3.a. Extraction non compensée
Dans le domaine du retraitement des combustibles, l'exemple le plus souvent rencontré
d'extraction non compensée est la solvatation, caractérisée par un équilibre général de type :
yxx LMALyxAM ↔++ −+ ( 3 )
avec : Mx+ : le cation métallique à extraire.
A- : le contre-ion anionique.
L : l'extractant, une molécule organique neutre donneuse d'électron de type phosphate
(TBP), diamide (DMDOHEMA) ou monoamide (DEHiBA) par exemple.
II.3.b. Extraction par échange d'ions
L'extraction par échange d'ions peut être divisée en deux classes : l'extraction par échange de
cations et l'extraction par échange d'anions.
L'exemple d'extraction par échange de cations le plus simple est représenté par l'équilibre :
++ +↔+ xHMLHLxM xx ( 4 )
où HL désigne l'extractant qui peut être un acide organique lipophile de type β-dicétone, acide
carboxylique, acide sulfonique ou encore acide organophosphoré tel que le HDEHP.
L'extraction par échange d'anions ou formation de paires d'ions peut être décrite par l'équilibre
suivant :
−−
−
−+−+− +↔+ ww
)w
11(z
zyxzw
ww
zyx B
w
zB)AM(,)LH(B,)LH(z)AM( ( 5 )
Chapitre I – Outils et méthodologie
31
III. Systèmes étudiés
Les monoamides généralement étudiés dans les procédés d'extraction liquide-liquide sont des
monoamides tertiaires possédant des chaînes alkyles suffisamment longues pour assurer leur
solubilité dans les diluants aliphatiques et minimiser leur solubilité dans les phases
aqueuses[GRO83],[GAS86],[CON89] [GUP00a],[DEN08].
III.1. La complexation par les monoamides
Les monoamides ont pour formule générale R-CON-R'R". Dans le cas où R'=R'', on parle de
monoamides symétriques, types de monoamides les plus couramment étudiés dans la
littérature. La fonction carbonyle présente une forme de résonance :
R N
O
R''
R'
R N+
O
R'
R''(I) (II)
Figure 3 – Formule générale (I) et forme de résonance (II) d'un monoamide
La forme (II) permet, grâce à l’excès d’électrons de l’atome d’oxygène, de favoriser la
complexation de cation ou d’acide au sens de Lewis par la fonction
carbonyle[SID60b],[SOK69],[CON89],[BER93],[OHN98a-b],[PAT01a]. Rabbe[RAB96] confirme l'existence d'une
charge partielle négative de l'ordre de -0,37 unité de charge électronique sur l'atome
d'oxygène pour une vingtaine de monoamides. Les substituants R, R' et R'', généralement des
groupements alkyles linéaires ou ramifiés, ont un effet inductif donneur favorisant la
délocalisation d’électrons sur l’oxygène, conduisant à un pouvoir complexant plus fort.
III.2. Choix des monoamides étudiés
Le N,N-di-(éthyl-2-hexyl)isobutyramide ou DEHiBA (Figure 4), qui présente la particularité
d'être un extractant sélectif de l'uranium (VI) vis-à-vis des An (IV) et (III) et de la plupart des
produits de fission, a été sélectionné comme extractant pour le premier cycle du procédé
GANEX[DEN08],[MIG09]. Ce monoamide, largement étudié dans la littérature [DES86],[CON89],[CON92],[NAI96],[PRA97], est retenu comme extractant de référence pour ces travaux de
thèse. Ces propriétés seront comparées à celles du N,N-di-(éthyl-2-hexyl)-2,2-
diméthylbutyramide ou DEHDMBA (Figure 4), afin d'évaluer l'influence de la chaîne alkyle
greffée sur le groupement carbonyle.
Chapitre I – Outils et méthodologie
32
N
O
N
O
Figure 4 – Structure des monoamides DEHiBA (à gauche) et DEHDMBA (à droite).
III.3. Choix des diluants
Les procédés hydrométallurgiques dans le domaine du nucléaire mettent en œuvre des
diluants aliphatiques tel que le tétrapropylène hydrogéné ou TPH. Ce diluant est constitué
d'un mélange d'alcanes (de l'octane (C8) au tétradécane (C14)) plus ou moins ramifiés. Pour les
études de compréhension menées dans le cadre de ces travaux de thèse, le TPH est utilisé
lorsque cela est possible (acquisition d'isothermes d'extraction, spéciation moléculaire par
spectroscopie IR, spectrophotométrie UV-visible et spectrométrie de masse à ionisation
électrospray).
Le n-heptane est choisi pour les études de spéciation supramoléculaire (osmométrie à pression
de vapeur saturante, RMN et diffusion de rayons X aux petits angles en raison de contraintes
expérimentales liées à l'utilisation de l'osmométrie (nécessité d'un diluant volatil) et la RMN
(nécessité d'un diluant deutéré).
Les concentrations de monoamides envisagées dans les procédés sont comprises entre 1 et 1,5
mol/L. Dans ce travail, les concentrations de monoamides dans les phases organiques
varieront de 0,1 à 2 mol/L.
Chapitre I – Outils et méthodologie
33
IV. Caractérisation moléculaire des complexes
Les composés formés en phase organique sont caractérisés par différentes techniques
permettant d'accéder à des informations complémentaires, telle que la spectroscopie IR, la
spectrophotométrie UV-visible, la spectroscopie laser à résolution temporelle ou la
spectrométrie de masse à ionisation électrospray.
IV.1. Spectroscopie InfraRouge
La spectroscopie IR permet d'observer les bandes de vibrations de la fonction amide de
l'extractant, des groupements nitrates et du soluté extrait[SOK69],[OHN98a-b],[PAT01a],[CON89], comme
l'illustre la Figure 5. La spectroscopie IR est généralement utilisée pour suivre l'extraction du
soluté dans la phase organique[CHA88],[CON89],[NIG92],[FER09] : au fur et à mesure que la
concentration de soluté augmente en phase organique, la bande de vibration de la fonction
complexante libre diminue au profit d'une bande de vibration à plus faible nombre d'onde
indiquant la complexation du soluté par l'extractant. Lorsque la bande de vibration de la
fonction complexante libre a disparu, tout le monoamide est complexé, on considère alors que
la phase organique est saturée.
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
7009001100130015001700Nombre d'onde (cm-1)
Inte
nsité
(u.
a.)
[U]org = 0,629M
[U]org = 0,354M
[U]org = 0
C=O libre
ν4 N-O ν1 N=O
C=O lié
νas UO2
ν2 N-O
ν3 N-O
ν6 N-O
Figure 5 – Spectres IR de solutions de DEHiBA 1,5M dans le TPH après extraction de nitrate d'uranyle.
Les bandes de vibrations sont identifiées sur les spectres.
IV.2. Spectrophotométrie UV-visible
La spectrophotométrie UV-visible est utilisée pour avoir des informations sur une
modification de l'environnement du cation sondé tel que l'uranium lorsque, par exemple, le
rapport [métal]/[ligand] varie. Une modification spectrale est généralement liée à l'apparition de
Chapitre I – Outils et méthodologie
34
nouvelles espèces[NIG92],[CON89]. A titre d'exemple, la Figure 6 montre les spectres UV-visible
de monoamides après extraction de nitrate d'uranyle à partir de phase aqueuse d'acidité
variable[CON89]. Les auteurs attribuent les changements observés à la formation d'un complexe
neutre de type 232 )(NOUOLx à faible acidité et à l'apparition d'une espèce ionique
332 )(NOHUOLx à forte acidité.
Figure 6 – Spectres UV-visible de solutions de DEHBA 1,7M dans le TPH après extraction de nitrate
d'uranyle en milieu HNO3 1M, 5M ou 10M[CON89].
IV.3. Spectroscopie Laser à Résolution Temporelle (SLRT)
La SLRT est une technique d'analyse permettant de sonder la première sphère de coordination
d'un ion métallique fluorescent. L'élément étudié est excité par une impulsion laser courte
(quelques nanosecondes) puis l'émission d'un signal de désexcitation de l'élément est détecté.
La résolution temporelle associée à la spectroscopie laser permet de ne pas détecter la
diffusion Rayleigh et Raman de la source aux premiers instants. La mesure de la fluorescence
s'effectue à partir d'un temps t0 déterminé par la fin d'un tir laser. Une porte de mesure
caractérisée par un délai D par rapport à t0 et une largeur L permet de définir un domaine de
temps pendant lequel est intégré le signal de fluorescence (Figure 7). Le dispositif
expérimental est détaillé en Annexe A.
Chapitre I – Outils et méthodologie
35
Figure 7 – Principe de la résolution temporelle.
Lors de la formation de complexes ligand-cation, ou lors de la modification de la sphère
interne de coordination du cation, les différents mécanismes de désexcitation sont susceptibles
d'être influencés conduisant à des modifications spectrales ou de temps de vie des espèces.
Cette technique très est utilisée pour étudier la complexation de lanthanides (essentiellement
l'europium, mais également le samarium, le terbium et le dysprosium) et d'actinides
(américium et curium) en phase aqueuse[TRU10], dans les liquides ioniques[STU06],[STU08a-b] ou en
phase organique[BEI89],[KIM01],[ZHA04],[DEN05],[ZHA06],[VU08],[PAT09b],[GIR10],[ARI11],[STE12]. Quelques
études concernent la spéciation de l'uranyle en phase aqueuse[COU95],[MOU00],[MOU03], mais à
notre connaissance, à l'exception d'une étude de complexes TBP - nitrate d'uranyle en milieu
CO2 supercritique[ADD99], aucune étude relative à la spéciation de complexes de nitrate
d'uranyle en phase organique n'a été recensée.
Chapitre I – Outils et méthodologie
36
Figure 8 – Transitions de fluorescence du nitrate d'uranyle.
Les spectres ont été enregistrés à une longueur d'onde d'excitation λexc = 420 nm, avec un
temps de délais TD = 150 ns et un temps d'ouverture de porte TG = 1µs. La fréquence de tir est
de 10 tir/s avec 5 accumulations. Chaque spectre brut a été normalisé par rapport à la
référence contenue dans le premier compartiment de la cuve (soustraction du bruit de fond)
ainsi que par rapport à son aire sous la courbe.
IV.4. Spectrométrie de masse à ionisation électrospray (ESI-MS)
La spectrométrie de masse à ionisation électrospray (ESI-MS) est une méthode d’analyse
permettant de caractériser les complexes métal-ligand[COL95],[LOO97][LOO00],[DAN02,[DIM06]. Son
mode d’ionisation permet le passage des espèces de la solution à la phase gaz tout en
préservant les interactions mises en jeu dans les complexes. Elle donne ainsi des informations
sur la stœchiométrie des espèces en solution à partir des ions détectés en phase gaz. Elle a
récemment été utilisée pour caractériser des complexes métal-ligand en phase organique et
donne des résultats en accord avec ceux obtenus par d'autres
techniques[LAM00],[COL02],[COL03],[BEL04],[LEC04],[LAM06],[HER07],[LEC08],[RET09],[BER10b].
IV.4.a. Principe
L’ionisation par électrospray consiste à générer des ions en phase gazeuse à partir d’un
liquide soumis à un champ électrique intense. En pratique, un fort potentiel est appliqué à la
pointe d’un capillaire métallique contenant une solution (Figure 9). Sous l’effet de ce champ
Chapitre I – Outils et méthodologie
37
et grâce à l’assistance d’un courant de gaz coaxial (en général, l’azote), l’effluent liquide est
transformé en nuage de fines gouttelettes (1 µm) chargées positivement ou négativement
selon le mode d’ionisation. Ces gouttelettes rencontrent un flux d’azote chaud à contre-
courant qui conduit à l’évaporation progressive du solvant. Le premier effet est la diminution
de la taille des gouttelettes accompagnée d’une augmentation de la densité de charge au sein
de la solution. Lorsque les forces de répulsions électrostatiques sont égales aux forces de
tension de surfaces[GOM94],[KEB00a],[KEB00b], la gouttelette devient instable et explose en formant
des gouttelettes de seconde génération, beaucoup plus petites, et ainsi de suite sur plusieurs
générations. Après plusieurs étapes de désintégration, la densité de charge de la gouttelette
devient telle que le champ électrique local, très intense, conduit à la désorption des ions par
effet de champ. Cela se traduit par la production d’ions en phase gazeuse, physiquement
intacts et pouvant porter plusieurs charges.
Figure 9 – Schématisation de l’interface électrospray.
Après ionisation et désorption, les ions sont dirigés vers l’analyseur du spectromètre de masse
sous l’action combinée de champs électriques et de gradients de pression où ils sont triés en
fonction de leur rapport m/z (masse/charge) avant d'être détectés. La Figure 10 représente le
schéma de principe de l’appareil disponible au laboratoire qui a également l’avantage d’être
nucléarisé. Il permet donc l’étude de complexes d’actinides. Cet appareil est équipé d'un
détecteur de masse type "Ion Trap" ou piège à ion quadripolaire.
Chapitre I – Outils et méthodologie
38
Pression atmosphérique
1,3mbar 1,5.10-1mbar 1,6.10-3mbar 5.10-6mbar
Echantillon
Gaz de nébulisation
SOURCE ANALYSEUR DETECTEUR
Octopole
Trappe ionique
Pression atmosphérique
1,3mbar 1,5.10-1mbar 1,6.10-3mbar 5.10-6mbar
Echantillon
Gaz de nébulisation
SOURCE ANALYSEUR DETECTEUR
Octopole
Trappe ionique
Figure 10 – Schéma de principe du spectromètre de masse Brucker Esquire LC.
IV.4.b. Identification des espèces
L’identification des espèces en ESI-MS se fait par comparaison du massif isotopique
expérimental au massif isotopique théorique calculé à partir d'hypothèses faites sur la formule
brute et la charge de l'ion. La Figure 11 illustre la comparaison entre un massif isotopique
expérimental et théorique pour l'ion [L2UO2NO3]+ (L = DEHiBA). Les massifs isotopiques
expérimentaux des principaux ions contenant de l'uranyle sont comparés aux massifs
isotopiques calculés en Annexe A.
954.8
955.8
956.8
juil0031.d: +MS
954.7
955.7
956.7
juil0031.d: C40H82N3O7U1 ,954.670
1
2
3
4
4x10Intens.
0
1000
2000
3000
4000
5000
954.0 954.5 955.0 955.5 956.0 956.5 957.0 957.5 958.0 m/z Figure 11 – Comparaison des massifs isotopiques expérimental et théorique de l'ion L2UO2(NO3)
+, L étant le DEHiBA.
IV.4.c. Variation de la tension de cône
Le transfert des ions entre la source et l’analyseur est influencé par le champ électrique induit
par les tensions appliquées sur les différentes lentilles. Une augmentation du champ électrique
permet d’accélérer les ions et augmente ainsi l’énergie de collision avec les molécules
résiduelles de gaz. Un des paramètres importants à optimiser pour l’analyse de chaque
Expérimental
Théorique
[L2UO2NO3]+
Chapitre I – Outils et méthodologie
39
échantillon est la tension des lentilles, notamment celle de la première lentille (ou skimmer ou
cône) située derrière l’orifice du capillaire de transfert. Cette grandeur est couramment
appelée tension de cône. L'optimum correspond à une situation où la désolvatation est
suffisante pour réaliser une analyse de qualité et où les interactions d'intérêt sont préservées.
Avec une trop faible tension de cône, les ions n’ont pas l’énergie suffisante pour être
totalement désolvatés. Les fortes tensions de cône permettent de minimiser la formation
d’agrégats d’ions mais peuvent induire des fragmentations. Ces fragmentations peuvent être
très utiles pour déterminer qualitativement les liaisons les plus fragiles et en déduire des
chemins de fragmentation ou de dissociation des ions[WEN96],[SER02].
Des expériences de spectrométrie de masse résolues en énergie permettent d'étudier la
stabilité des ions (en faisant varier la tension de cône par exemple). Lyapchenko et al. ont
montré que la tension de cône correspondant à l'intensité maximale d'un ion est liée à ses
propriétés intrinsèques et ne dépend pas de la composition de la solution[LYA05] .
IV.4.d. Etudes MS2
L’utilisation de la spectrométrie de masse en tandem (MS/MS) permet d’obtenir des
informations sur la structure des ions et sur la stabilité des liaisons en phase gaz. Un ion
d’intérêt, de rapport m/z choisi, est sélectionné au sein du piège à ions. Cet ion va ensuite être
fragmenté par collision avec des molécules de gaz inerte (hélium). L’analyse des fragments
permet d’apporter des éléments de structure.
IV.4.e. Mode opératoire
Les phases organiques étudiées étant trop concentrées pour être analysées directement, une
dilution est nécessaire. Le choix du solvant de dilution est très important, il doit solubiliser les
espèces sans les modifier, conduire à la formation d'un spray suffisamment stable et
promouvoir la formation d'ions en solution[BLA91],[VAN91],[KEB97][SCH07]. Il doit donc être choisi
avec précaution.
Après séparation des phases, les solutions organiques sont diluées au 1/1000ème dans un
mélange acétonitrile/eau (50/50 en volume). Une dilution des solutions organiques peut
déplacer les équilibres chimiques. Par conséquent, cette technique ne sera utilisée que pour
avoir des informations qualitatives sur les espèces formées.
Chapitre I – Outils et méthodologie
40
V. Modélisation des équilibres d'extraction
Dans ce paragraphe, les équilibres généraux d'extraction par les monoamides sont présentés.
Les concepts permettant de décrire les écarts à l'idéalité des phases aqueuses et organiques
sont également détaillés.
V.1. Equilibre général d'extraction
Les monoamides sont des extractants de type solvatant et forment des espèces électriquement
neutres avec un soluté extrait à partir d'une phase aqueuse. L'équilibre d'extraction général
d'un cation M en milieu nitrate par un monoamide L s'écrit :
xp2mn323n L)OH())NO(M(LxOpHmNO.nmM ↔+++ −+ ( 6 )
Où les espèces surlignées sont celles présentes en phase organique.
La constante d'équilibre Kext associée s'écrit :
x
L
L)OH())NO(M(
xlibre
pOH
n.m3NO
mnM
xp2mn3ext
libre
xp2mn3
23
.]L.[)a.(])NO.[.(])M.[(
]L)OH())NO(M([K
γ
γ
γγ=
−+−
( 7 )
avec Xγ : le coefficient d'activité de l'espèce X
OHa2
: l'activité d'eau du système à l'équilibre.
Compte tenu des concentrations élevées mises en œuvre, il convient d'expliciter les
coefficients d'activité des espèces en phase aqueuse et organique. Les paragraphes suivants
détaillent les modèles utilisés afin de calculer les coefficients d'activité des espèces. Dans la
littérature, la majorité des auteurs suggèrent implicitement un comportement idéal des
solutions lors de l'utilisation de la méthode des pentes (cf. § V.2), et font l'approximation que
les coefficients d'activité en phase aqueuse et organique sont égaux à l'unité.
V.2. La méthode des pentes
La méthode des pentes est une méthode couramment utilisée dans l'étude de l'extraction de
solutés par les monoamides[CON89],[PAT99a],[GUP00a],[VAS02],[MOW01],[NAI94a],[RUI91],[SID60b],[PRA93],
[SUN98a],[ZHA05]. Elle constitue une première approche dans la description des phénomènes
d'extraction.
Chapitre I – Outils et méthodologie
41
On considère l’équilibre d’extraction suivant pour un soluté M en milieu nitrique (M pouvant
être un métal ou un proton dans le cas de l'acide nitrique). L'ensemble des auteurs utilisant
cette méthode ne considère pas l'extraction d'eau en phase organique :
xn33n )L()NO(MLxnNOM ↔++ −+ ( 8 )
La constante d’extraction apparente s’écrit alors :
xlibre
n3
nxn3'
ext]L.[]NO].[M[
]L)NO(M[K
−+= ( 9 )
Avec libreL][ , la concentration d’extractant non complexé à l’équilibre.
Le soluté M, en phase aqueuse, peut être complexé par les ions nitrates −3NO pour former des
espèces de types +− )(3)( mn
mNOM . La concentration totale de soluté M en phase aqueuse s’écrit
alors :
)]NO[1].(M[C m3m
ntot,M ∑ −+ β+= ( 10 )
avec m = 1, 2, 3 etc.
La constante d’extraction apparente peut alors s’écrire :
xlibre
n3tot,M
m3mxn3'
ext]L.[]NO.[C
)]NO[1.(]L)NO(M[K
−
−∑ β+= ( 11 )
Le coefficient de distribution d’un élément est défini comme le rapport de ses concentrations
en phase organique et aqueuse ( 1 ). Sachant quetotM
xnM C
LNOMD
,
3 ])([= , la constante
d’extraction apparente devient :
xlibre
n3
m3mM'
ext]L.[]NO[
)]NO[1.(DK
−
−∑ β+= ( 12 )
Ainsi :
librem
3m3'extM ]Llog[x)]NO[1log(]NOlog[nKlogDlog +β+−+= ∑ −− ( 13 )
Lors d'expériences d'extraction, en faisant varier un seul paramètre et en fixant les autres
paramètres de la relation ( 13 ), il est possible de déterminer n et x et d'obtenir la
stœchiométrie du complexe xn LNOM )( 3 .
La pente de la droite ])(log[log 3−= NOfDM équivaut au nombre n de nitrates engagé dans le
complexe[CON89].
Chapitre I – Outils et méthodologie
42
Afin de déterminer le nombre x de monoamide participant à la formation du complexe en
phase organique, la concentration d’ion nitrate en phase aqueuse est choisie pour être gardée
constante lors de l’extraction du soluté ( ][][ 3 MNO >>− ).
La concentration de monoamide libre est calculée par la relation
])([][][ 3 xntotalelibre LNOMxLL −= . Une hypothèse est alors faite sur la stœchiométrie du
complexe formé.
On aboutit à l’expression suivante :
CKlog]Llog[xDlog 'extlibreM ++= ( 14 )
avec ∑ −− β+−= )]NO[1log(]NOlog[nC m3m3 .
Le tracé de )](log[log libreM LfD = aboutit à une droite de pente x, interprété comme étant le
coefficient stœchiométrique moyen du monoamide dans le complexe formé en phase
organique. La constante d'extraction apparente 'extK peut ainsi être calculée à partir de
l'ordonnée à l'origine. Dans la plupart des études, les constantes d'extraction ont été calculées
à partir de données d'extraction obtenues à 25°C.
L’inconvénient majeur lié à cette méthode réside dans l’hypothèse qui est faite de la
formation d’un unique complexe. Si tel est le cas, la pente obtenue indique le nombre de
monoamide dans le complexe. En revanche, si plusieurs complexes coexistent en phase
organique, la pente obtenue sera une moyenne, pondérée par la quantité relative de chacun des
complexes. Des pentes non entières peuvent provenir de la formation de complexes
minoritaires de stœchiométrie(s) supérieure(s) ou inférieure(s), selon les cas, à la
stœchiométrie attendue.
Lorsque les quantités de métal ou d'acide nitrique extraites en phase organique sont
importantes par rapport à la quantité de nitrate totale en phase aqueuse (macro-concentration
de nitrate d’uranyle), la concentration d’ions nitrates ne peut être considérée comme constante
au cours de l’extraction et doit donc être prise en compte.
De plus, les activités des constituants du système ne sont généralement pas prises en compte
dans le développement de cette méthode. Les effets de milieux sont donc négligés. Or pour
des forces ioniques en nitrate importantes, les écarts à l’idéalité en phase aqueuse ne sont pas
négligeables[CHA99]. De même, les effets de milieu en phase organique auraient une incidence
importante sur le système par rapport à un comportement idéal[CON89].
Chapitre I – Outils et méthodologie
43
Les paragraphes suivants traitent donc de la prise en compte de la non idéalité des milieux
aqueux et organiques dans le but d'aboutir à une modélisation rigoureuse des isothermes
d'extraction.
V.3. Prise en compte des coefficients d'activité en phase aqueuse
V.3.a. Les différentes approches
Deux types d'approches permettent de déterminer les coefficients d'activité des espèces.
La première approche consiste à inventorier l'ensemble des espèces en solution. Celles-ci sont
assimilées à des analogues géométriques (point ou sphère). Les interactions qui peuvent
exister entre ces espèces sont ensuite recensées. Ces interactions entre objets sont ensuite
quantifiées par des équations basées sur l'électrostatique[DEB23],[GUG35],[BRO73] et la mécanique
statistique[PIT73],[CHE82]. Cette approche basée sur la description de phénomènes physiques est
appelée approche "phénomènologique"[DAN91],[SOR96].
La seconde approche est basée sur des équations issues de la thermodynamique. Elle est
désignée sous le terme d'approche "globale"[DAN91],[SOR96]. Guggenheim a démontré la relation
des dérivées partielles croisées[GUG49]. Cette relation a ensuite été adaptée par McKay[KAY52]
pour aboutir à une relation différentielle permettant de relier les activités des constituants d'un
mélange ternaire :
3231 n,n1
2
n,n2
1
n
)aln(
n
)aln(
∂∂=
∂∂
( 15 )
Les numéros 1 et 2 représentent deux solutés, le diluant étant désigné par le numéro 3. Le
passage du nombre de moles ni de chacun des trois constituants à leur molalité mi (exprimée
par rapport au diluant) permet de simplifier l'expression ( 15 ). En effet, lorsque l'on exprime
les concentrations de 1 et de 2 par rapport au solvant 3, l'intégration à (n1, n3) ou (n2, n3)
constants est ramenée à une intégration à m1 ou m2 constant:
21 m1
2
m2
1
m
)aln(
m
)aln(
∂∂
=
∂∂
( 16 )
Le résultat de l'intégration de la relation des dérivées partielles croisées réalisée par
McKay[KAY53] pour un mélange ternaire (MpXq)1/(MpXq)2/H2O est présenté, sous une forme
légèrement modifiée, par Majima[MAJ86] :
Chapitre I – Outils et méthodologie
44
( )( )
∫ ⋅
−+
∂∂⋅−=
Γγ
⋅ν⋅ ∗∗
∗ O2H
2
1O2H11
1
1
aln
0
OHMXa2
*
2MXMX
MXMX adln
M
1
m
1
lnx
m
m
1
.M
.mln0,018 ( 17 )
avec: 2
1
2
1 MXMX
MXMX mmm ⋅
νν
+=∗ et ∗⋅νν
=m
mx 2
1
2 MX
MX
MX2
ν νMX MX1 2 et : nombres d'ions libérés par la dissociation supposée complète des électrolytes
(MpXq)1 et (MpXq)2 du mélange ternaire, m et mMX MX1 2
: molalités des électrolytes (MpXq)1 et (MpXq)2 dans le mélange,
γ MX1: coefficient d'activité de l'électrolyte (MpXq)1 dans le mélange,
M et MX MX1 1Γ : molalité et coefficient d'activité de la solution binaire de l'électrolyte (MpXq)1
de même activité d'eau que le mélange.
Le calcul du terme intégral de la relation ( 17 ) nécessite de déterminer un très grand nombre
de données expérimentales. Cependant, ce calcul peut être simplifié lorsque les mélanges
suivent le comportement des solutions simples.
La théorie des solutions simples a été énoncée par Zdanovskii[ZDA36] : lorsque l’on mélange
deux solutions aqueuses binaires d’électrolytes de même activité d’eau, le mélange obtenu a
une activité d’eau identique à celle des solutions binaires initiales.
Ce comportement de mélanges dit "simple", également observé par Stokes et Robinson[STO66],
se traduit mathématiquement par la relation :
1c
c
kbiMX
MX
i
i =∑ (Relation ZSR) ( 18 )
Dans le cas de mélanges ternaires d'électrolytes MX1 et MX2, la relation ZSR s'écrit, dans
l'échelle des molalités :
1m
m
m
mbiMX
MX
biMX
MX
2
2
1
1 =+ ( 19 )
L'introduction de la relation ZSR dans la relation de McKay-Perring annule le terme intégral
de la relation ( 17 ). L'expression du coefficient d'activité est alors grandement simplifiée pour
aboutir à la relation établie par Mikulin :
∑ +
γ+=γ
kXM
bibiXM
XM,st
qp
qXpM,stqp
qp C).qp(
.C).qp( (Relation de Mikulin) ( 20 )
avec : qXpMst,
γ : le coefficient d'activité stœchiométrique moyen,
Chapitre I – Outils et méthodologie
45
bi
qXpMst,γ : le coefficient d’activité de l’électrolyte dans la solution binaire de même
activité d’eau que le mélange, bi
XM qpC : la concentration de l’électrolyte dans une solution binaire de même activité
d’eau que le mélange,
qpXMC : la concentration de l’électrolyte dans le mélange.
La relation ( 20 ) a été obtenue pour la première fois par Mikulin[MIK68] et est donc
habituellement désignée sous le terme de "relation de Mikulin". Les nitrates d'U(IV), Pu(IV)
et Th(IV) en mélange avec l'acide nitrique répondent à cette règle[CHA99], ainsi que le nitrate
d'uranyle[RUA06]. Le comportement simple de solutions ternaires de nitrate d'uranyle / nitrate
de lithium / eau a également été vérifié par Kirgintsev[KIR64]. La relation de Mikulin est donc
applicable aux solutions ternaires An(NO3)4/HNO3/H2O et UO2(NO3)2/LiNO3/H2O.
L'application de la relation de Mikulin nécessite de connaître la composition et les données
binaires de chacun des constituants du mélange. Les données binaires sont disponibles dans la
littérature pour un grand nombre d’électrolytes, notamment l’acide nitrique[ICT33],[CHA99], les
nitrates d’uranium[ICT33],[CHA99], de thorium[ICT33],[CHA99] et de plutonium[CHA99]. Cette approche,
simple de mise en œuvre, sera utilisée dans l'ensemble de ce travail.
La constante d’extraction apparente s’écrit alors :
xlibre
n3M
)n1()NO(M,st
xn3appext
]L[]NO.[C
]L)NO(M[K
n3
−+γ= ( 21 )
V.3.b. Calcul des activités en phase aqueuse
V.3.b.1 Cas de l'acide nitrique en mélange binaire
L'activité de l'acide nitrique est calculée pour chaque mélange binaire HNO3/H2O selon
l'expression ( 22 ) :
23
2HNO,stHNO ]HNO.[a
33γ= ( 22 )
Le coefficient d'activité stœchiométrique moyen de l'acide nitrique est calculé au moyen de
l'expression suivante proposée par le NIST ( 23 ) :
4biii
3biii
2biii
biii
i
iibist,i CeCdCcCb
Ia1
I.z.zAln ++++
+−=γ
−+
( 23 )
avec : A : une constante de type Debye-Hückel +
iz et −iz : les valences des ions dissociés de l'électrolyte i
biiC : la concentration binaire de l'électrolyte i
Chapitre I – Outils et méthodologie
46
Les termes ai, bi, ci, di et ei sont ajustés sur les données binaires disponibles dans la
littérature[ICT33],[CHA99]. Le terme I, appelé force ionique, est donné par l'expression :
∑=i
2ii z.C
2
1I ( 24 )
avec : Ci la concentration de l'ion i zi la charge électrique de l'ion i.
V.3.b.2 Cas du nitrate d'uranyle en mélange ternaire
Dans ces travaux de thèse, le nitrate d'uranyle a été utilisé en mélange ternaire avec le nitrate
de lithium. Le comportement idéal des mélanges ternaires UO2(NO3)2/LiNO3/H2O ayant été
vérifié par Kirginstsev[KIR64], la relation de Mikulin ( 20 ) est applicable pour calculer le
coefficient d'activité stœchiométrique moyen du nitrate d'uranyle. Celle-ci fait intervenir les
concentrations binaires des électrolytes ainsi que le coefficient d'activité stœchiométrique
moyen. Ce dernier est calculé à partir de la relation ( 23 ). Les concentrations binaires du
nitrate d'uranyle et du nitrate de lithium sont calculées à partir de l'activité d'eau selon les
expressions :
6OHU
5OHU
4OHU
3OHU
2OHUOHUU
binU 222222
a.ga.fa.ea.da.ca.baC ++++++= ( 25 )
6
OHLi5
OHLi4
OHLi3
OHLi2
OHLiOHLiLibinLi 222222
a.ga.fa.ea.da.ca.baC ++++++= ( 26 )
Les paramètres ax, bx, cx, dx, ex, fx et gx sont ajustés sur les données binaires disponibles dans
la littérature. La résolution de la relation ZSR ( 18 ) par dichotomie permet de calculer
l'activité d'eau du système.
V.4. Prise en compte des coefficients d'activité en phase organique
La prise en compte des écarts à l’idéalité en phase organique nécessite d’expliciter les
coefficients d’activité des espèces dans cette phase. Sergievskii[CHE80] puis Dannus[DAN91] ont
développé un modèle permettant d’exprimer les coefficients d’activité des espèces en phase
organique en fonction de l’activité d’eau. D'après ce modèle, il existerait deux mécanismes
pouvant être à l’origine de l’extraction de l’eau en phase organique, l’hydratation[DAN91],[CHE80]
par interactions chimiques et l'hydratation par interactions physiques, appelée solubilisation
[DAN91]. L’hydratation par interactions chimiques (interactions ordonnées) implique l'existence
de liaisons chimiques entre les molécules d’eau et celles des espèces en phase organique.
L'eau participerait directement à la structure du complexe formé.
Chapitre I – Outils et méthodologie
47
D’autre part, l'hydratation par interactions physiques serait le fait d'interactions faibles non
ordonnées entre l'eau et les espèces en phase organique : on parle alors de molécules d’eau
solubilisées[DAN91]. Ces interactions entre molécules d’eau solubilisées et espèces organiques
sont quantifiées par la relation proposée par Sergievskii[CHE80] et modifiée par Dannus[DAN91] :
))a1.(sexp(. OHXXX 2−γ=γ ⊕⊕
( 27 )
avec
Xγ : le coefficient d’activité de l’espèce X en phase organique
⊕
Xγ : le coefficient d’activité de l’espèce X en phase organique pour une activité d’eau
de 1. ⊕X
s : le nombre de molécules d’eau solubilisées par l’espèce X en phase organique
pour une activité d’eau de 1.
Le nombre X
s de molécules d’eau solubilisées par l’espèce X pour une activité d’eau
quelconque OHa2
est relié à ⊕X
s par :
OHXX 2a.ss ⊕= ( 28 )
Le terme pré-exponentiel ⊕X
γ n’est pas mesurable expérimentalement. Il englobe les effets de
milieu dus aux interactions faibles entre les espèces présentes en phase organique, exception
faite des interactions dues à l’eau, comprise dans le terme exponentiel et la constante.
En introduisant la relation de Sergievskii-Dannus dans l'expression de la constante
d'extraction on obtient :
xOHLL
OHL)OH())NO(M(L)OH())NO(M(
xlibre
pOH
n.m3
n.m
NO
mnM
xp2mn3
ext))]a1.(sexp(.[
))a1.(sexp(..
]L.[)a.(]NO.[.])M.[(
]L)OH())NO(M([K
2librelibre
2xp2mn3xp2mn3
23
−γ
−γ
γγ= ⊕⊕
⊕⊕
−+−
( 29 )
Il vient :
)]a1).(xssexp[(.)(
.]L.[)a.(]NO.[.])M.[(
]L)OH())NO(M([K OHLL)OH())NO(M(x
L
L)OH())NO(M(
xlibre
pOH
n.m3
n.m
NO
mnM
xp2mn3ext 2librexp2mn3
libre
xp2mn3
23
−−γ
γ
γγ= ⊕⊕
⊕
⊕
−+−
( 30 )
Les effets de milieu subis par les différentes espèces pouvant être considérés comme proches
le long d'une isotherme[DAN91], le rapport x
L
LOHNOM
libre
xpmn
)(
)())(( 23
⊕
⊕
γ
γest considéré comme constant et
est intégré à la constante d'extraction. On aboutit alors à l'expression d'une constante
d'extraction effective[DAN91] :
)]a1).(xssexp[(.]L.[)a.(]NO.[.])M.[(
]L)OH())NO(M([
)(.KK OHLL)OH())NO(M(x
librep
OHn.m
3n.m
NO
mnM
xp2mn3
x
L
L)OH())NO(M(
exteffext 2librexp2mn3
23libre
xp2mn3 −−γγ
=γ
γ= ⊕⊕
−+⊕
⊕
−
( 31 )
Chapitre I – Outils et méthodologie
48
La relation de Sergievskii-Dannus permet de prendre en compte les écarts à l'idéalité en phase
organique liés à la présence d'eau. Toutefois, les constantes obtenues ne sont que des
constantes dites "effectives", les écarts à l'idéalité dus aux interactions entre les différentes
espèces telles que les complexes, l'extractant libre et le diluant n'étant pas quantifiables en
utilisant ce modèle. La mise en œuvre de ce modèle est relativement simple, à condition de
connaître les concentrations d'eau en phase organique.
V.5. Expression des bilans matière des composés en phase organique
Considérant l'équilibre d'extraction général d'un soluté M par un extractant L en milieu nitrate
( 6 ), différents bilans de matière peuvent être écrits, en distinguant l'eau d'hydratation et l'eau
de solubilisation selon le modèle de Sergievskii-Dannus.
• Le bilan matière de l'extractant ( 32 ) fait intervenir la concentration d'extractant libre
à l'équilibre qui est calculée à partir des paramètres (Kext et ⊕s ) optimisés par
dichotomie.
∑∑ ++=i
ixp2mn3in
nlibretot L)OH())NO(M(.x]L.[n]L[]L[ ( 32 )
Les études de l'extraction d'eau par les monoamides (Chapitre 2) ont permis de mettre
en évidence la formation d'espèces agrégées en phase organique ( 33 ) et de calculer
des constantes d'agrégation associées à la formation de ces espèces ( 34 ).
nLLn ↔ ( 33 )
nn
n]L[
]L[=ψ ( 34 )
L'équation du bilan matière de l'extractant pour le calcul de la concentration
d'extractant libre prend donc en compte l'existence de ces différentes espèces au
travers des constantes associées nψ et s'exprime, pour chaque i complexe de
stœchiométrie xpmn LOHNOM )())(( 23 considéré, selon l'expression :
)]1a).(xssexp[(.
]L.[a.a.K.x]L.[.n]L[]L[
OHLi,L)OH())NO(M(
i
xlibre
pOH
m)NO(M
eff
i,L)OH())NO(M(n
nlibrenlibretot
2librexp2mn3
2n3xp2mn3
−−
+ψ+=
⊕⊕
∑∑ ( 35 )
Chapitre I – Outils et méthodologie
49
• Considérant la formation de i complexes de stœchiométrie xpmn LOHNOM )())(( 23 , le
bilan matière du soluté nNOM )( 3 s'écrit :
)]1a).(xssexp[(.
]L.[a.a.K.[m])NO(M[
OHLi,L)OH())NO(M(
xlibre
pOH
m)NO(M
eff
i,L)OH())NO(M(i
itotn3
2librexp2mn3
2n3xp2mn3
−−
=
⊕⊕
∑ ( 36 )
• La concentration totale d'eau en phase organique fait intervenir la solubilisation d'eau
par l'extractant libre, les espèces agrégées de l'extractant et les i complexes formés
entre l'extractant et le soluté nNOM )( 3 , ainsi que l'hydratation de chaque espèce en
phase organique. L'eau solubilisée en phase organique est exprimée selon la relation :
∑
∑⊕
⊕⊕
+
ψ+=
iixp2mn3OHi,L)OH())NO(M(
n
nnOHnLlibreOHLubiliséesol2
]L)OH())NO(M(.[a.s
]L.[a..s]L.[a.s]OH[
2xp2mn3
2n2libre
( 37 )
Avec :
)]1a).(xssexp[(.
]L.[a.K]L)OH())NO(M([
OHLi,L)OH())NO(M(
xlibre
m)NO(M
eff
i,L)OH())NO(M(ixp2mn3
2librexp2mn3
n3xp2mn3
−−
=⊕⊕
( 38 )
L'eau d'hydratation des espèces en phase organique est donnée par l'expression :
ixp2mn3in
nlibre
pOH
hydnlibre
pOH
hydmononhydratatio2 ]L)OH())NO(M([.p]L.[a.K.p]L.[a.K.p]OH[
22 ∑∑ ++=
( 39 )
Avec :
)]1a).(xssexp[(.
.]L.[a.a.K]L)OH())NO(M([
OHLi,L)OH())NO(M(
xlibre
pOH
m)NO(M
eff
i,L)OH())NO(M(ixp2mn3
2librexp2mn3
2n3xp2mn3
−−
=⊕⊕
( 40 )
Le bilan de l'eau en phase organique est donc la somme des expressions ( 37 ) et ( 39 ):
nhydratatio2nubilisatiosol2tot2 ]OH[]OH[]OH[ += ( 41 )
V.6. Minimisation des écarts et optimisation des constantes
Les paramètres de solubilisation des espèces libreL et nL ainsi que les constantes d'agrégation
des espèces agrégées nL sont déterminés dans le Chapitre 2, et sont donc imposés lors de la
modélisation des isothermes.
Chapitre I – Outils et méthodologie
50
Les constantes d'extraction effectives et les paramètres de solubilisation d'eau ⊕
xmLSs de chaque
i complexe considéré sont calculés par optimisation selon la méthode de Box[BOX65], qui
permet de s'affranchir des minima locaux lors de la minimisation des écarts entre les valeurs
des concentrations de soluté nNOM )( 3 calculées et expérimentales. La fonction ainsi
minimisée s'exprime, pour un soluté nNOM )( 3 selon l'expression :
2
xpepts xpe2
xpe2calc2
2
xpepts xpen3
xpen3calcn32n3
]OH[
]OH[]OH[
])NO(M[
])NO(M[])NO(M[)OH,)NO(M(F ∑∑
−+
−= ( 42 )
Tous les calculs s'effectuent dans l'échelle des molalités (mol/kg) afin de s'affranchir de la
variation de la concentration de l'extractant dans l'échelle des molarités en raison de
l'extraction de soluté induisant un gonflement volumique des phases organiques.
Chapitre I – Outils et méthodologie
51
VI. Caractérisation supramoléculaire des phases organiques
Une caractérisation de la solution organique à l'échelle supramoléculaire est réalisée par
différentes techniques pour obtenir des informations sur la taille et la structure des agrégats.
VI.1. Osmométrie à pression de vapeur saturante (VPO)
VI.1.a. Principe
L'osmométrie à pression de vapeur saturante (VPO) repose sur la mesure de l'abaissement
isotherme de la tension de vapeur d'un diluant (dans notre cas le n-heptane) en présence d'un
soluté non volatil (par exemple l'extractant). Cet abaissement de tension de vapeur est
proportionnel à la fraction molaire des espèces présentes en solution. Il est alors possible de
déterminer un nombre d'agrégation apparent de l'extractant (n ) en solution (incluant les
monomères), ainsi que le nombre d'agrégation moyen de l'agrégat N. Le principe de la
technique est décrit en Annexe B. Cette technique est couramment utilisée pour caractériser
les solutions organiques d'extractants dans les alcanes[BUC01],[BUC02],[BOS05],[MAR05],[GAN06],[BER07],
[MER09],[BER10a].
VI.1.b. Etalonnage de l'appareil
Pour un mélange binaire idéal, il n'existe pas d'interactions entre les espèces en solution. Le
signal VPO E∆ mesuré est directement proportionnel à la fraction molaire du soluté Mx (M
représentant le soluté) :
MT x.KE =∆ ( 43 )
La pente de la courbe )( MxfE =∆ correspond à la constante d'étalonnage de l'appareil TK ,
qui ne dépend que de l'appareil, de la température et de la nature du diluant utilisé. Cette
constante ( TK ) est indépendante de la nature du soluté. Pour ces études, le n-heptane a été
retenu comme diluant en raison de sa tension de vapeur compatible avec l'acquisition de
signal en quelques minutes à 25°C.
Afin de déterminer TK , il est nécessaire d'utiliser un composé ayant un comportement idéal
dans le domaine de fraction molaire étudié dans le n-heptane. La tri-n-octylamine (TOA) est
connue pour rester sous forme de monomères dans un alcane[BUC01],[BUC02],[MAR05],[MER09]. Le
Chapitre I – Outils et méthodologie
52
signal VPO mesuré est représenté en fonction de la fraction molaire de TOA sur la Figure 12.
La constante d'étalonnage dépend de la température : 314525 =°CK et 502440 =°CK .
y = 5024xR2 = 0,9979
y = 3145xR2 = 0,9958
0
100
200
300
400
500
600
0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07 0,08 0,09 0,1x TOA
∆E
40°C
25°C
Figure 12 – Etalonnage de l'osmomètre à pression de vapeur : signal mesuré en fonction de la fraction
molaire de TOA dans le n-heptane à 25°C et 40°C.
VI.1.c. Traitements des données VPO
VI.1.c.1 Détermination de l'activité du diluant
Pour un mélange binaire non idéal, le signal VPO mesuré peut être exprimé en fonction de
l'activité du diluant Sa selon la relation :
)a1(KE ST −=∆ ( 44 )
avec SSS xfa .= , Sf étant le coefficient d'activité du diluant et Sx sa fraction molaire. Dans le
cas d'un mélange idéal, le coefficient d'activité du diluant 1=Sf , l'activité du diluant est alors
égale à sa fraction molaire. A partir de la constante d'étalonnage et du signal VPO mesuré, il
est possible de calculer l'activité du diluant pour toute concentration de soluté. L'écart au
comportement idéal des solutions analysées peut être mis en évidence par représentation
graphique, en traçant )( SS xfa = par comparaison avec la droite SS xa = (Figure 13). Un
écart à l'idéalité positif ( 1>Sf ) est caractéristique d'un phénomène d'agrégation[MAR92].
Chapitre I – Outils et méthodologie
53
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1xS
aS
DEHDMBA
DEHiBA
Comportement idéal (loi de Raoult)
Figure 13 – Activité du n-heptane en fonction de sa fraction molaire pour des phases organiques de
DEHiBA et DEHDMBA dans le n-heptane (0,1M à 2M) équilibrées avec de l'eau pure à 25°C.
En faisant l'hypothèse que l'écart à l'idéalité observé est uniquement dû à un phénomène
d'agrégation, l'activité du diluant peut s'écrire :
∑+=
iiS
SS nn
na ( 45 )
avec Sn le nombre de moles de diluant et in le nombre de moles de l'espèce i (monomères et
espèces agrégées) en solution. Dans l'échelle des molalités, l'équation ( 45 ) devient :
∑+=
iiS
SS mm
ma ( 46 )
avec Sm la concentration de diluant et im la concentration de l'espèce i en mol/kg de diluant.
VI.1.c.2 Définition d'un équilibre d'agrégation
L'agrégation du monoamide en phase organique est caractérisé par l'équilibre d'agrégation
( 47 ), N étant le nombre d'agrégation et Nψ la constante d'agrégation :
NLLN ↔ ( 47 )
L représente le monoamide libre, c'est-à-dire sous forme monomère, et NL l'agrégat composé
de N molécules de monoamide. Afin d'exprimer analytiquement la constante d'agrégation Nψ ,
l'hypothèse est faite que les coefficients d'activité des monomères et des agrégats sont égaux à
1. Ainsi, dans le cas où l'activité de la phase aqueuse est constante, la constante d'agrégation
apparente Nψ s'exprime selon :
Chapitre I – Outils et méthodologie
54
Nl
LN m
mN=ψ ( 48 )
avec
NLm la concentration d'agrégats et lm la concentration de monomère exprimées dans
l'échelle des molalités (mol/kg de diluant).
VI.1.c.3 Détermination du nombre d'agrégation apparent n
Le nombre d'agrégation apparent n est défini par la relation :
∑∑==
N L
N LM
N
N
m
m.N
S
mn ( 49 )
avec Mm la concentration totale de monoamide en phase organique, et S la somme des
concentrations de toutes les espèces de monoamide (monomères et agrégats), déterminée à
partir des données de VPO. A partir des équations ( 44 ) et ( 46 ) :
+−=
+−=−=∆
∑ Sm
m1K
mm
m1K)a1(KE
S
ST
N LS
STST
N
( 50 )
On aboutit à :
−=
−∆−
= 1a
1m1
K
E1
1mS
SS
T
S ( 51 )
VI.1.c.4 Détermination de la concentration de monomères
Le nombre d'agrégation apparent n suit l'équation :
)m(lnd
)S(lndn
l
= ( 52 )
Par intégration de l'équation ( 52 ) il vient :
∫=−S
S
ll
0
0 n
Slndmlnmln ( 53 )
avec
0lm la concentration de monomère lorsque seuls les monomères sont présents en solution
et 0S la somme des concentrations des espèces lorsque l'agrégation est négligeable, soit
Chapitre I – Outils et méthodologie
55
00Sml = . 0S est déterminé expérimentalement par extrapolation de la courbe )(Sfn = à
1=n , i.e. lorsqu'il n'y pas d'agrégation en phase organique. La concentration de monomère
lm peut alors être déterminée par intégration graphique de )(ln1
Sfn
= entre 0S et S.
VI.1.c.5 Détermination du nombre d'agrégation N et de la constante d'agrégation
apparente Nψ
Connaissant la concentration de monomère lm , deux méthodes permettent de déterminer le
nombre d'agrégation N et la constante d'agrégation apparente Nψ :
� A partir de la loi de la conservation de la matière NN LlN LM mNmmNm .. +==∑ et de
la constante d'agrégation apparente (équation ( 48 )), il vient :
Nlnlnmln.N)mmln( NllM +ψ+=− ( 54 )
La pente de la droite )(ln)ln( llM mfmm =− correspond au nombre d'agrégation N.
La constante d'agrégation apparente Nψ peut être déterminée à partir de l'ordonnée à
l'origine de la droite )(ln)ln( llM mfmm =− .
� A partir de la somme des concentrations de toutes les espèces
NN LlN L mmmS +==∑ .
De la même manière que précédemment, en utilisant la constante d'agrégation
apparente (équation ( 48 )), on obtient l'expression :
Nll lnmln.N)mSln( ψ+=− ( 55 )
La droite )(ln)ln( ll mfmS =− permet également de déterminer le nombre
d'agrégation N et la constante d'agrégation apparente Nψ .
Si le nombre d'agrégation obtenu n'est pas entier, cela signifie que plusieurs espèces peuvent
se former en phase organique. Dans ce cas, les données d'osmométrie sont traitées en faisant
des hypothèses sur le nombre d'espèces agrégées et leur nombre d'agrégation N entier. Les
constantes d'agrégation correspondant à la formation de ces espèces sont optimisées de
manière à réduire les écarts entre les concentrations totales de monoamide calculées par la
relation ( 56 ) et les concentrations expérimentales.
∑ ψ+=N
NlNlM m..Nmm ( 56 )
Chapitre I – Outils et méthodologie
56
Simultanément, les écarts entre les nombres d'agrégation apparents n déterminés par VPO et
calculés à partir l'équation ( 57 ) sont minimisés.
∑ψ+=
N
NlNl
Mcalc
mm
mn
( 57 )
VI.2. Résonance magnétique nucléaire (RMN)
La RMN est une technique qui peut être utilisée pour caractériser l'agrégation d'espèce en
solution en suivant la variation des déplacements chimiques caractéristiques en fonction de la
concentration de l'espèce à étudier[KOP82],[BER93],[DOZ07].
La Figure 14 montre les spectres RMN 1H et 13C des monoamides DEHiBA et DEHDMBA
dans le n-heptane deutéré.
C2
C1 N
O
C6
C5
C3
C4
H1
C2
C1 N
O
C4
C3 C5
C6
H1 H1
Figure 14 – Spectres RMN 1H et 13C du DEHiBA (a) et (c) et du DEHDMBA (b) et (d) 1M dans le
n-heptane deutéré - Identification des déplacements chimiques d'intérêt pour l'étude de l'agrégation.
H1
H1
C1
C3 C4
C5 C6
C1 C2
C3 C4
C5
C6
(a) (b)
(c) (d)
Chapitre I – Outils et méthodologie
57
Les déplacements chimiques ont été mesurés en fonction de la concentration de monoamide.
Dans le cas de la présence d'espèces monomère et agrégée ( 48 ), le déplacement chimique
mesuré est donné par l'équation ( 59 ).
agrégatagrégatmonomèremonomèremesuré x.x. δ+δ=δ ( 58 )
avec δmonomère et δagrégat les déplacements chimiques propres aux monomères et à l'agrégat et
xmonomère et xagrégat les fractions molaires de monomère et d'agrégat.
Il vient :
∑δ+δ=δn M
Ln
M
lmonomèremesuré m
m.
m
m. N ( 59 )
Les déplacements chimiques expérimentaux variant peu avec la concentration de monoamide,
cette technique ne sera pas utilisée pour déterminer les constantes d'agrégation, mais
uniquement pour vérifier que les déplacements chimiques calculés avec la spéciation
déterminée par osmométrie sont cohérents avec les déplacements chimiques expérimentaux.
Pour cela, le logiciel HypNMR 2006 a été utilisé. Ce logiciel permet, dans le cas d'espèces en
échange rapide, de calculer les déplacements chimiques propres à chaque espèce à partir de la
spéciation des espèces en solution[FRA95],[FRA03].
VI.3. Diffusion de rayons X aux Petits Angles (DXPA)
VI.3.a. Principe
La diffusion de rayons X aux petits angles permet d'obtenir des informations sur la taille, la
structure et les interactions entre des particules de taille colloïdale[LIN04]. Cette technique est
de plus en plus utilisée pour la caractérisation des solutions organiques de molécules
extractantes[ERL98],[NAV04],[BER07],[ANT08],[MER09],[BER10a],[GUI12],[FRA12],[MOT12].
La densité de longueur de diffusion ρ détermine la capacité d'interaction entre le faisceau de
rayons X incident et la matière rencontrée. Les différences de densité de longueur de diffusion
entre une particule et le diluant de la solution par exemple sont à l'origine de la diffusion.
L'intensité diffusée I(q) par un échantillon est mesurée en fonction du vecteur d'onde q, ou
vecteur de diffusion, correspondant à l'image d'une distance dans l'espace réciproque (exprimé
en Å-1). Pour un échantillon composé de particules homogènes, symétriques et isotropes,
l'intensité diffusée s'exprime de la manière suivante :
Chapitre I – Outils et méthodologie
58
bdf)q(S).q(P.n)q(I P += ( 60 )
avec : - )(qI (cm-1) : l'intensité diffusée.
- Pn (cm-3) : le nombre de particules diffusantes. - )(qP (cm2) : le facteur de forme, relatif à la taille et la géométrie de la particule. - )(qS : le facteur de structure, relatif aux interactions entre particules. - bdf (cm-1) : le bruit de fond.
Les échantillons sont introduits dans des capillaires en verre de 0,01 mm d'épaisseur et de 2
mm de diamètre.
VI.3.b. Détermination du facteur de structure S(q)
Le facteur de structure rend compte des interactions entre les objets diffusants en solution.
Dans l'hypothèse où il n'y a pas d'interactions entre ces objets, le facteur de structure vaut 1.
Si tel n'est pas le cas, il convient de prendre en compte ce facteur de structure au travers d'un
modèle approprié.
En phase organique, les objets diffusants sont soumis à des interactions à courte distance qui
peuvent être répulsives ou attractives. Les parties polaires de ces objets interagissent entre eux
à travers un potentiel attractif de type van der Waals. Ces objets sont stabilisés par les forces
de répulsion stériques entre les chaînes hydrophobes de l'extractant et du diluant ainsi que par
le potentiel de répulsion infinie au contact appelé aussi potentiel de sphère dure. L'interaction
entre les objets en solution est la somme de ces trois contributions et dépend de la distance r
séparant ces objets. Le modèle de Baxter[BAX68] permet de modéliser ces interactions par un
potentiel couplant une attraction à courte distance (cœurs polaires) et une répulsion au
contact. Ce modèle présente une expression analytique connue et se base sur un système de
particules séparées par une distance r et interagissant via un potentiel U(r).
+∞=kT
)r(U si sdRr ≤
τ=
→+sd
RpR R2
p12lnlim
kT
)r(Usdsd
si pRrR sdsd +≤≤
0kT
)r(U = si pRr sd +≥
avec : - sdR (Å) : le rayon de sphère dure.
- p (Å) : la portée du potentiel.
- 1−τ : le taux de collage, représentant la force de l'adhésion.
Chapitre I – Outils et méthodologie
59
L'expression du facteur de structure S(q) est donné par l'approximation de Percus-
Yevick[PER58],[PER62] relative au modèle de Baxter[BAX68].
1)]q(C1[)q(S −−= ( 61 )
avec : -
- 4
2 )1/()µ21( φ−−φ+=α
- ])1(2/[)]2(µ)71(µ2)2(3[ 4222 φ−φ++φ+φ+−φ+φ−=β - )1(µ φ−λφ=
- ])().[/6( 2/12 γ−ε−εφ=λ - )]1/([ φ−φ+τ=ε
- ])1(3/[)5,01( 2φ−φ+φ=γ
- sdd.qx = : la fraction volumique de la particule, et sdd le diamètre de sphère dure.
- ∑φ=φi
i : la fraction volumique totale, somme des fractions volumiques partielles
des éléments i diffusants.
VI.3.c. Détermination du facteur de forme P(q)
Le facteur de forme est relatif à la taille et la géométrie de la particule. Dans le cas où l'on
considère des particules diffusantes sphériques dans un diluant, le facteur de forme fait
intervenir les contrastes entre le cœur polaire, la couronne apolaire (chaîne alkyle de
l'extractant) et le diluant :
2agrégatdiluantapolaireagrégatpolaireapolairepolairepolaire )]R,q(f).(V)R,q(f).(V[)q(P ρ−ρ+ρ−ρ= ( 62 )
avec : - 3)qR(
)]qRcos(qR)qR[sin(3)R,q(f
−= .
- agrégatpolaire V,V (cm3) : le volume du cœur polaire ou de l'agrégat.
- agrégatpolaire R,R (Å) : le rayon du cœur polaire ou de l'agrégat.
- diluantapolairepolaire ,, ρρρ (cm-2) : les densités de longueur de diffusion du cœur polaire,
de la partie apolaire ou du diluant.
Le facteur de forme dépend donc de la composition chimique de la phase organique à travers
les densités de longueur de diffusion et du nombre d'agrégation N conditionnant les volumes
xxxx
xxxxxx
xxxxxxxxxxqC
sin2)cos1(2
]]24cos)2412(sin)244[(5,0
]2cos)2(sin2[)cos(sin[24)(
1222
243
2236
−−
−
+−−
++−−−+−−−+−−=
φλλφφα
βαφ
Chapitre I – Outils et méthodologie
60
de cœur polaire et de l'agrégat. Il n'y a donc qu'un seul paramètre ajustable pour le calcul du
facteur de forme qui est le nombre d'agrégation N.
VI.3.d. Définition des parties polaires et apolaires des molécules
Afin de calculer le volume du cœur polaire et les densités de longueur de diffusion du cœur
polaire et de la partie apolaire, il convient de définir précisément la partie polaire et apolaire
des molécules de monoamide (Figure 15).
N
O
N
O
Figure 15 – Définition des parties polaires (en rouge) et apolaires (en bleu) des molécules de DEHiBA (a)
et de DEHDMBA (b).
VI.3.e. Calcul des volumes molaires
Les volumes molaires de constituants des solutions analysées par DXPA peuvent être calculés
de la manière suivante :
Ai
ii N.d
MV = ( 63 )
avec : - iV (cm3) : le volume moléculaire du constituant i.
- iM (g/mol) : la masse molaire du constituant i.
- id (g/cm3) : la masse volumique du constituant i.
- AN (mol-1) : le nombre d'Avogadro ( 2310.0221415,6=AN mol-1).
Le calcul du volume molaire de la partie polaire se fait par différence entre le volume molaire
de la molécule entière et de la partie apolaire. Le volume molaire de la partie apolaire est
calculé à partir des tables de Fedors[FED74]. Les valeurs obtenues pour chaque monoamide sont
indiquées dans le Tableau 1.
Volume molaire (Å3) Molécule Partie polaire Partie apolaire
DEHiBA 598,78 2,64 596,13
DEHDMBA 653,81 3,86 649,95 Tableau 1 – Volumes molaires des molécules de DEHiBA et DEHDMBA avec contributions des parties
polaires et apolaires.
(a) (b)
Chapitre I – Outils et méthodologie
61
VI.3.f. Calcul des densités de longueur de diffusion
La diffusion résulte de l'interaction des rayons X incidents avec le nuage électronique des
atomes rencontrés. Les valeurs des densités de longueur de diffusion ρ sont proportionnelles
aux nombres d'électrons :
X
iiie
X V
n.Z.f ∑=ρ ( 64 )
avec : - Xρ (cm-2) : la densité de longueur de diffusion de la molécule X.
- ef (cm) : le facteur de Thomson = 2,81794.10-13 cm.
- iZ (cm) : le nombre d'électrons de l'atome i de la molécule X.
- in : nombre d'atomes i.
- XV (cm3) : le volume molaire de la molécule X.
La diffusion des échantillons provient de la différence des densités de longueur de diffusion
entre les parties polaires, les chaînes de l'extractant et le diluant de la solution (Figure 16).
Dans le cas d'agrégats sphériques, la différence de contraste entre le cœur polaire de l'agrégat,
la couronne apolaire formée par les chaînes alkyles de l'extractant et le reste de la solution
permet donc d'obtenir des informations sur le cœur polaire de l'agrégat.
0,5
1
1,5
2
2,5
UHNO3H2O
Cœur polaireCouronne apolaire
Diluant
+
monomères
Distance radiale
Densité de longueur de diffusion (x10 11 cm -2)
0,5
1
1,5
2
2,5
UHNO3H2O
Cœur polaireCouronne apolaire
Diluant
+
monomères
Distance radiale
Densité de longueur de diffusion (x10 11 cm -2)
Figure 16 – Profils des densités de longueur de diffusion ρ en fonction de la distance radiale pour des
agrégats de DEHiBA dans le n-heptane.
Chapitre I – Outils et méthodologie
62
VI.3.g. Traitements des données DXPA
Avant de parvenir à une intensité absolue correspondant uniquement à la diffusion des
espèces en solution, les données DXPA sont traitées de manière à prendre en compte la
diffusion du capillaire contenant la solution, l'épaisseur et la transmission de l'échantillon, le
temps d'acquisition, la variation de la distance échantillon-détecteur, ainsi que la variation du
flux du faisceau de rayons X incident. Ces procédures sont décrites en Annexe C.
L'intensité brute diffusée d'un échantillon I(q)brute est la somme de plusieurs contributions
(équation ( 65 )), celles des espèces diffusantes dans la solution, monomères et agrégats, et
également du diluant.
diluantagrégatmonomèrebrute )q(I)q(I)q(I)q(I ++= ( 65 )
VI.3.g.1 Contribution du diluant
Afin de prendre en compte la contribution du n-heptane au signal diffusé par une solution
analysée, la diffusion d'un échantillon d'heptane pur est enregistrée. Le signal correspondant à
la diffusion des monomères et des agrégats est obtenu par soustraction de la diffusion du n-
heptane seul, pondérée de la fraction volumique d'heptane heptφ dans l'échantillon analysé.
pur,heptheptbrutemonomèreagrégatnormée )q(I.)q(I)q(I)q(I)q(I φ−=+= ( 66 )
VI.3.g.2 Contribution de la fluorescence de l'uranyle
Lorsque les échantillons contiennent du nitrate d'uranyle, une autre contribution est à prendre
en compte : sous irradiation de rayons X, l'uranyle peut fluorescer et à son tour émettre des
rayons X lors du déclin de fluorescence, ajoutant un bruit de fond continu et similaire sur
toute la gamme de q étudiée qu'il convient de prendre en compte (Figure 17). Le pic observé à
0,44 Å-1 correspond à la diffusion de fenêtres de Kapton (polymère à base d'imide) présent sur
le parcours du faisceau de rayons X. Cette contribution peut être mal soustraite lors du
traitement des données (cf. Annexe C) en raison de la faible transmission des échantillons
contenant de fortes concentrations d'uranium.
Chapitre I – Outils et méthodologie
63
0,1
1
10
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (
cm-1
)
Fenêtres de Kapton
Figure 17 – Intensité diffusée par DXPA d'une solution aqueuse de nitrate d'uranyle 0,8M.
Afin de prendre en compte la contribution de la fluorescence de l'uranyle, l'hypothèse est faite
que l'intensité diffusée aux grands q, à la base du pic solvant (Figure 18), devrait être
indépendante de la concentration de nitrate d'uranyle dans l'échantillon, ce pic n'étant lié
qu'aux interactions entre les chaînes alkyles du diluant et/ou les chaînes alkyles de l'extractant.
La faible proportion volumique de nitrate d'uranyle dans les échantillons analysés par rapport
à celle du diluant et de l'extractant ne doit pas engendrer de décalage du pic solvant en
intensité. Ainsi, une contribution uniforme sur la gamme de q étudiée est soustraite à chaque
intensité diffusée de solution contenant du nitrate d'uranyle pour réajuster le pic solvant
(Figure 18).
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)brute (cm-1)Avant prise en compte de la fluorescence
Après prise en compte de la fuorescence
DEHiBA 0,5M contacté à l'eau pure
"Pic solvant"
Figure 18 – Prise en compte de la fluorescence de l'uranyle par ajustement du pic solvant d'un échantillon
de DEHiBA 0,5M dans le n-heptane – [U]org = 0,21M.
VI.3.g.3 Bilan
L'intensité diffusée par une solution contenant du nitrate d'uranyle analysée par DXPA
correspond à plusieurs contributions :
Chapitre I – Outils et méthodologie
64
Ucefluorescendiluantagrégatmonomèrebrute )q(I)q(I)q(I)q(I)q(I +++= ( 67 )
Après correction des contributions du diluant et de la fluorescence de l'uranyle, l'intensité
diffusée correspond à celle des monomères et des agrégats en solution et est notée I(q)normée :
agrégatmonomèrenormée )q(I)q(I)q(I += ( 68 )
VI.3.h. Modélisation des spectres DXPA
Les intensités diffusées des solutions analysées par DXPA sont modélisées en utilisant
l'équation suivante :
monomèrepmonomèreagrégatnormée )q(I)q(S).q(P.n)q(I)q(I)q(I +=+= ( 69 )
Les facteurs de structure S(q) et de forme P(q) sont déterminés selon la méthode décrite
précédemment (équations ( 61 ) et ( 62 )). Le nombre de particules diffusantes par cm3 np est
déterminé à partir du nombre d'agrégation par la relation :
N
N]).Monomère[]L([n Atot
p
−= ( 70 )
avec : - totL][ (mol/L) : la concentration totale de monoamide.
- ][Monomère (mol/L) : la concentration de monomère dans l'échantillon.
- AN (mol-1) : le nombre d'Avogadro. - N : le nombre d'agrégation.
Chaque intensité diffusée est modélisée en utilisant l'équation ( 69 ) :
- L'intensité diffusée par les monomères en solution est estimée à partir de l'intensité
diffusée par une solution de monoamide avant extraction de soluté à 0,25 mol/L.
L'hypothèse est faite que dans cette solution, le monoamide est uniquement sous
forme monomère. L'intensité diffusée par les monomères est calculée selon la
relation ( 71 ) :
25,0
]Monomère.[)q(I)q(I éch,fitM25,0
éch,monomère = ( 71 )
avec : I(q)0,25M : l'intensité diffusée par la solution de monoamide à 0,25 mol/L [Monomère]fit,éch : la concentration de monomère prise en compte pour le calcul de l'intensité diffusé théorique de l'échantillon.
- Les concentrations et fractions volumiques des constituants de la solution (diluant,
extractant, solutés), ainsi que le nombre d'agrégation apparent n , sont préalablement
déterminés expérimentalement et sont donc fixés.
Chapitre I – Outils et méthodologie
65
- La concentration de monomère, le nombre d'agrégation N et le taux de collage
intervenant dans le modèle de Baxter pour le calcul du facteur de structure S(q)
constituent les paramètres de modélisation à optimiser de manière à réduire les écarts
entre l'intensité diffusée calculée et expérimentale. Simultanément, le nombre
d'agrégation apparent n est recalculé à partir de la relation ( 72 ) de manière à ajuster
le nombre d'agrégation apparent expérimental déterminé par VPO. Cette procédure
permet de relier les données obtenues par VPO et DXPA.
−+
=
N
]Monomère[]L[]Monomère[
]L[n
tot
totcalc
( 72 )
La Figure 19 illustre les différentes contributions dans le cas de la modélisation de l'intensité
diffusée par DXPA d'une solution de DEHiBA 0,5 mol/L dans le n-heptane après extraction
de 0,125 mol/L de nitrate d'uranyle en phase organique.
0,001
0,01
0,1
1
10
0,01 0,1 1q (Å-1)
I(q)
(cm
-1)
I(q) bruteI(q) agrégat n.P(q) agrégatS(q) I(q) MonomèreI(q) Heptane I(q) fluorescence U
Figure 19 – Différentes contributions lors de la modélisation des intensités diffusées par DXPA d'une
solution de DEHiBA 0,5M dans le n-heptane – [U]org = 0,125M. Paramètres de modélisation : N =2,5, [Monomère] = 0,14 mol/L et τ-1 = 6,06, soit U/kT = -1,62.
I(q) heptane : intensité diffusée par le n-heptane. I(q) fluorescence U : contribution de la fluorescence de l'uranyle au signal diffusé.
I(q) monomère : intensité diffusée par les monomères, calculée à partir de la relation ( 71 ). n.P(q) : contribution du facteur de forme des n agrégats au signal diffusé par les agrégats. S(q) : contribution du facteur de structure des agrégats au signal diffusé par les agrégats.
I(q) agrégat = n.P(q). S(q), intensité diffusée par les agrégats en solution.
67
Chapitre II
Spéciation des phases organiques
de monoamides après extraction
d'eau
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
68
SPECIATION DES PHASES ORGANIQUES DE MONOAMIDES APRES
EXTRACTION D'EAU ............................................................................................. 67
I. Introduction ............................................................................................................................................... 69
II. Bibliographie .............................................................................................................................................. 70
II.1. Association des monoamides ............................................................................................................. 70
II.2. Extraction d'eau .................................................................................................................................. 71
II.3. Conclusion ......................................................................................................................................... 72
III. Isothermes d'extraction ........................................................................................................................ 73
IV. Spéciation des phases organiques ........................................................................................................ 74
IV.1. Apport de l'osmométrie à pression de vapeur saturante ..................................................................... 74
IV.1.a. Exploitation du signal VPO ...................................................................................................... 74
IV.1.b. Détermination des espèces en phase organique ........................................................................ 76
IV.2. Apport de la RMN.............................................................................................................................. 77
IV.2.a. Variation des déplacements chimiques 1H et 13C ..................................................................... 77
IV.2.b. Lien entre les données VPO et RMN ....................................................................................... 79
IV.3. Caractérisation structurale par diffusion de rayons X aux petits angles ............................................. 80
V. Modélisation de l'extraction d'eau ........................................................................................................... 83
VI. Apport de la dynamique moléculaire .................................................................................................. 86
VII. Bilan et Conclusion ............................................................................................................................... 89
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
69
I. Introduction
L'objectif de ce chapitre est d'étudier la spéciation des phases organiques en l'absence de
solutés acide ou métallique afin d'établir un état initial qui permettra de juger des
modifications apportées par l'extraction d'acide nitrique et de nitrate d'uranyle.
La première partie de ce chapitre rassemble les données bibliographiques relatives à la
spéciation des phases organiques de monoamide en l'absence de solutés acide ou métallique.
Dans une seconde partie, les résultats expérimentaux sont présentés avec pour objectif de
déterminer la spéciation dans les phases organiques de monoamides, en l'occurrence le
DEHiBA et le DEHDMBA, au moyen de différentes techniques analytiques telles que
l'osmométrie à pression de vapeur saturante (VPO), la résonance magnétique nucléaire
(RMN) ou la diffusion de rayons X aux petits angles (DXPA).
Les quantités d'eau extraites par les deux monoamides sont représentées par le modèle de
Sergievskii-Dannus puis corrélées avec la spéciation supramoléculaire.
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
70
II. Bibliographie
Ce paragraphe résume les données relatives à l'association des monoamides dans les diluants
organiques ainsi que leurs propriétés extractantes vis-à-vis de l'eau.
II.1. Association des monoamides
Une étude par osmométrie à pression de vapeur montre que les monoamides secondaires (R-
CO-NHR') en solution dans le toluène peuvent s'associer pour former des objets contenant en
moyenne 2,5 molécules tandis qu'un monoamide tertiaire (comme le N,N-dihexyloctanamide
ou DHOA), resterait majoritairement sous forme de monomère jusqu'à 0,6 mol/L[PRE95]
(Figure 20).
∆ niBOA
■ nBMEHpA
▲ ntBOA
* nsBEHA
○ nsBOA
□ nBOA
● DHOA
∆ niBOA
■ nBMEHpA
▲ ntBOA
* nsBEHA
○ nsBOA
□ nBOA∆ niBOA
■ nBMEHpA
▲ ntBOA
* nsBEHA
○ nsBOA
□ nBOA
● DHOA
Figure 20 – Variation du nombre d'agrégation moyen pour le DHOA (•) et différents amides secondaires (autres symboles) dans le toluène sec à 35°C [PRE95].
Cette différence de comportement s'explique par le fait que l'interaction entre les amides
secondaires aurait lieu par liaison hydrogène[PRE95], tandis que les amides tertiaires ne
pourraient s'associer que par interaction dipôle-dipôle[CHA79]. L'association d'autres
monoamides tertiaires en solution dans le benzène, les alcanes ou le tétrachlorométhane a
également été étudiée. Le Tableau 2 rassemble les constantes de dimérisation obtenues.
Monoamide Diluant Technique(s) utilisée(s) K2 (L.mol-1) Références
DEHBA Benzène RMN 1 [BER93]
DBEHA Hexane RMN, IR, Mesures de permittivité et de constantes diélectriques
0,19 [KOP81] [KOP82] DBEHA Tétrachlorométhane 0,03
Tableau 2 – Etudes de la dimérisation de monoamides tertiaires dans différents diluants[KOP81],[KOP82],[BER93].
Monoamides
secondaires
Monoamide
tertiaire
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
71
Il apparaît que la constante de dimérisation dépend de la structure du monoamide et du
diluant : les dimères seraient favorisés dans le benzène et déstabilisés dans les diluants
chlorés, probablement en raison d'interactions amide-diluant.
A titre d'exemple, le diagramme de spéciation calculé dans le cas du DEHBA (Figure 21)
montre que dans le benzène, les dimères ne seraient majoritaires qu'au-delà de 1 mol/L[BER93].
Figure 21 – Diagramme de spéciation des monomères (x1) et dimères (x2) de DEHBA dans le benzène en
fonction de la concentration totale de DEHBA[BER93].
Les monoamides tertiaires en solution dans les alcanes semblent peu agrégés.
II.2. Extraction d'eau
Le Tableau 3 rassemble les concentrations d'eau extraite pour quelques monoamides à 1
mol/L au contact de phase aqueuse d'activité d'eau égale à 1.
Monoamide Diluant [H2O] (mol/L) Références
DMOA
non précisé
3,3
[SID60a] DEOA 0,34
DBOA 0,34
DEHPA TPH 0,07 [DAN91]
DEHHA n-dodécane 0,07 [NAG96]
Tableau 3 – Extraction d'eau par différents monoamides à 1 mol/L.
Une augmentation de la lipophilie des monoamides conduit à une diminution des
concentrations d'eau extraite en phase organique. Cependant, pour des monoamides
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
72
suffisamment lipophiles, il semblerait que la longueur du groupement alkyle greffé sur le
carbonyle ait peu d'influence sur l'extraction d'eau.
Naganawa[NAG96] a modélisé l'extraction d'eau par le DEHHA dans le dodécane en considérant
la formation d'espèces hydratées :
h2n2 )OH(LOhHLn ↔+ ( 73 )
• A faible concentration d'extractant (< 0,1 mol/L), seul l'équilibre suivant est
nécessaire :
OLHOHL 22 ↔+ ( 74 )
La constante calculée est 052,01, =mK L.mol-1.
• A plus forte concentration d'extractant (> 0,1 mol/L), un équilibre supplémentaire est
nécessaire conduisant à la formation d'un dimère dihydraté :
2222 )OH(LOH2L2 ↔+ ( 75 )
La constante d'équilibre associée calculée est de 010,02, =dK .
II.3. Conclusion
En l'absence de soluté acide ou métallique, plusieurs études s'accordent à montrer que les
monoamides pourraient former des dimères en phase organique. Néanmoins, les constantes de
dimérisation restent très faibles.
Les concentrations d'eau en phase organique dépendent fortement du caractère lipophile des
monoamides : les monoamides contenant un grand nombre d'atomes de carbone extraient peu
d'eau alors que les monoamides à chaînes courtes extraient d'avantage d'eau (jusqu'à
3][
][ 2 =L
OH pour le DMOA). Naganawa[NAG96] propose l'existence d'un dimère dihydraté pour
de fortes concentrations de DEHHA.
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
73
III. Isothermes d'extraction
Les isothermes d'extraction d'eau ont été mesurées pour les deux monoamides d'intérêt, le
DEHiBA et le DEHDMBA dilués dans le TPH et le n-heptane qui est utilisé comme diluant
modèle pour les études d'agrégation.
Les isothermes obtenues (Figure 22) montrent que le diluant n'a pas d'influence sur
l'extraction d'eau, quel que soit le monoamide. Il a été vérifié que l'extraction d'eau par chacun
des deux diluants purs est négligeable. L'extraction d'eau par les deux monoamides purs a été
mesurée et semble dans la continuité des solutions diluées.
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
0,35
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3[L] (mol/L)
[H2O
]org
(m
ol/L
)
DEHDMBA/Heptane
DEHDMBA/TPH
DEHiBA/Heptane
DEHiBA/TPHMonoamides purs
Figure 22 – Isothermes d'extraction d'eau par le DEHiBA et le DEHDMBA de concentrations variables
dans le n-heptane et le TPH à 25°C. [L] = Concentration totale de monoamide (DEHiBA ou DEHDMBA). Phase aqueuse initiale: Eau pure
Phase organique initiale : DEHiBA ou DEHDMBA dilués dans le TPH ou le n-heptane
Par ailleurs, on constate que le DEHiBA extrait plus d'eau que le DEHDMBA, cette
différence étant d'autant plus marquée que la concentration d'extractant est importante.
Cependant, les concentrations d'eau extraite par le DEHiBA restent relativement faibles
(inférieures à 10% de la concentration totale d'extractant).
Il apparaît que l'extraction d'eau ne varie pas linéairement avec la concentration d'extractant.
Ceci pourrait s'expliquer par l'apparition d'un phénomène lié aux fortes concentrations
d'extractant, telle que l'association (ou l'agrégation) de molécules d'extractant comme l'a mis
en évidence Naganawa[NAG96] avec le DEHHA. Les différentes espèces formées n'auraient pas
la même affinité pour l'eau, expliquant la non linéarité des concentrations d'eau extraite avec
la concentration de monoamide. Des études de spéciation ont été entreprises dans le but
d'identifier l'existence potentielle de différentes espèces agrégées.
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
74
IV. Spéciation des phases organiques
Afin de mettre en évidence un éventuel phénomène d'agrégation qui pourrait être à l'origine
de la non linéarité des courbes ])([][ 2 LfOH = , des solutions de monoamides dans l'heptane
après extraction d'eau ont été caractérisées par VPO, RMN et DXPA.
IV.1. Apport de l'osmométrie à pression de vapeur saturante
IV.1.a. Exploitation du signal VPO
Pour ces études, le n-heptane, en raison de sa tension de vapeur suffisante, a été choisi comme
diluant (Annexe B). Des solutions de monoamides de concentrations comprises entre 0,1
mol/L et 2 mol/L dans le n-heptane ont été analysées par osmométrie à pression de vapeur
avant et après contact avec de l'eau, afin d'étudier l'influence de l'extraction d'eau sur
l'organisation des phases organiques de monoamides.
La Figure 23 présente l'activité du diluant déterminée à partir du signal VPO mesuré pour des
solutions de DEHiBA et DEHDMBA en fonction de sa fraction molaire.
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
1,1
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1xs
as DEHiBA contacté à l'eau pure
DEHiBA non contacté
Comportement idéal
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
1,1
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1xs
as DEHDMBA contacté à l'eau pure
DEHDMBA non contacté
Comportement idéal
Figure 23 – Activité du diluant en fonction de sa fraction molaire pour des phases organiques de DEHiBA
(a) et de DEHDMBA (b) contactées et non contactées à l'eau pure. Phase aqueuse initiale: Eau pure ou aucune
Phase organique initiale : DEHiBA ou DEHDMBA de 0,1 à 2 mol/L dans le n-heptane.
Bien que les solutions de monoamides non contactées avec de l'eau n'aient pas été
déshydratées, un dosage d'eau effectué sur chacune d'elles indique des concentrations d'eau
inférieures à 5.10-4 mol/L dans le cas le plus pénalisant. L'extraction d'eau entraîne un écart au
comportement idéal légèrement plus important qu'en l'absence d'eau extraite. Le phénomène
d'agrégation est donc peu dépendant de l'extraction d'eau. Une déviation positive au
comportement idéal intervient pour des concentrations de monoamides comprises entre 0,1
(a) (b)
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
75
mol/L et 0,5 mol/L, que les solutions aient été contactées ou non à de l'eau, compatible avec
une agrégation des espèces en solution[MAR92].
Le signal VPO obtenu a ensuite été traité selon la procédure décrite au Chapitre I, § VI.1.c.
Les résultats obtenus pour les deux monoamides après contact à de l'eau sont regroupés dans
le Tableau 4.
[L]
(mol/L) [L]
(mol/kg) Signal VPO
∆E Sa S n lm
(mol/kg)
DEHiBA
0,10 0,15 47,6 0,98 0,15 0,998 0,15 0,50 0,89 222,0 0,93 0,76 1,17 0,69 0,75 1,51 356,6 0,89 1,28 1,18 1,07 1,01 2,30 451,0 0,86 1,67 1,37 1,32 1,36 3,89 673,0 0,79 2,72 1,43 1,88 1,49 4,72 725,5 0,77 3,00 1,57 2,01 1,76 6,95 928,7 0,70 4,19 1,66 2,47
2,01 10,60 1065,3 0,66 5,12 2,07 2,75
DEHDMBA
0,10 0,15 47,6 0,98 0,15 0,999 0,15 0,50 0,92 219,5 0,93 0,75 1,22 0,59 0,75 1,57 340,4 0,89 1,21 1,29 0,87 1,00 2,42 486,2 0,85 1,83 1,32 1,19 1,35 4,24 691,6 0,78 2,82 1,50 1,61 1,50 5,38 747,0 0,76 3,12 1,73 1,71 1,76 8,40 954,5 0,70 4,36 1,93 2,07
2,03 14,69 1171,5 0,63 5,94 2,47 2,38 Tableau 4 – Caractérisation par VPO des phases organiques de DEHiBA et le DEHDMBA dans le n-
heptane à 25°C après contact avec des phases aqueuses d'activité d'eau égale à 1. [L] : concentration d'extractant en phase organique, as : activité du diluant, S : somme des concentrations de
toutes les espèces, n : nombre d'agrégation apparent, ml : concentration de monomères.
Le nombre d'agrégation N est déterminé à partir des équations ( 54 ) et ( 55 ), en traçant
)(ln)ln( llM mfmm =− ou )(ln)ln( ll mfmS =− (Figure 24). Des nombres d'agrégation non
entiers sont obtenus pour le DEHiBA et le DEHDMBA.
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
76
y = 2,61x - 0,8R2 = 0,9859
y = 2,32x - 0,01R2 = 0,984
-2
-1,5
-1
-0,5
0
0,5
1
1,5
2
2,5
-1 -0,5 0 0,5 1 1,5ln ml
ln m
M-m
l
DEHDMBADEHiBALinéaire (DEHiBA)
y = 2,54x - 1,74R2 = 0,9995
y = 2,17x - 0,76R2 = 0,9942
-3
-2,5
-2
-1,5
-1
-0,5
0
0,5
1
1,5
-1 -0,5 0 0,5 1ln ml
ln S
-ml
DEHDMBADEHiBALinéaire (DEHiBA)
Figure 24 – Détermination des nombres d'agrégation N pour des phases organiques de DEHiBA et de DEHDMBA après extraction d'eau à partir des données d'osmométrie et des équations ( 54 ) et ( 55 ).
(a) N = 2,3 pour le DEHDMBA, N = 2,6 pour le DEHiBA (b) N = 2,2 pour le DEHDMBA, N = 2,5 pour le DEHiBA
On retiendra 1,06,2 ±=N pour le DEHiBA et 1,02,2 ±=N pour le DEHDMBA. Le nombre
d'agrégation obtenu est légèrement supérieur à 2, indiquant probablement la présence
d'espèces plus agrégées que des dimères.
IV.1.b. Détermination des espèces en phase organique
Un nombre d'agrégation non entier (cf. § IV.1.a) indique la présence potentielle de plusieurs
espèces dans les phases organiques de DEHiBA et DEHDMBA. Afin de déterminer la nature
et le nombre d'espèces formées ainsi que les constantes d'agrégation associées, la
modélisation des données d'osmométrie a été entreprise selon la méthode décrite au Chapitre I
(§ VI.1.c.5). Les meilleurs ajustements pour le DEHiBA sont obtenus en considérant la
formation de dimères et de trimères. Dans le cas du DEHDMBA, la seule formation de
dimères et de trimères ne suffit pas à représenter correctement les données expérimentales. La
formation de tétramères en plus des dimères et trimères a donc été envisagée et permet une
modélisation correcte des données expérimentales. Les constantes optimisées pour chaque
monoamide sont reportées dans le Tableau 5. Les calculs semblent montrer qu'il ne se
formerait pas de trimères dans le cas du DEHDMBA, mais seulement des tétramères en plus
des dimères.
Constante d'agrégation (VPO)
Monoamide Hypothèse 2ψ (kg.mol-1) 3ψ (kg2.mol-2) 4ψ (kg3.mol-3)
DEHiBA L2 + L3 0,071 0,09 -
DEHDMBA L2 + L3 + L4 0,33 0 0,052
Tableau 5 – Constantes d'agrégation déterminées à partir des données VPO pour le DEHiBA et le DEHDMBA dans le n-heptane après extraction d'eau à 25°C.
(a) (b)
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
77
A partir des équilibres d'agrégation et des constantes d'agrégation associées, le diagramme de
spéciation pour chaque monoamide a ainsi pu être établi dans l'échelle des molalités (Figure
25 a et b) et dans l'échelle des molarités (Figure 25 a' et b').
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
0 2 4 6 8 10 12[DEHiBA]tot (mol/kg)
[n-m
ères
] (m
ol/k
g)
Monomères
Dimères
Trimères
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
0 2 4 6 8 10 12 14[DEHDMBA]tot (mol/kg)
[n-m
ères
] (m
ol/k
g)
Monomères
Dimères
Tétramères
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0 0,5 1 1,5 2[DEHiBA]tot (mol/L)
[n-m
ères
] (m
ol/L
)
Monomères
Dimères
Trimères
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0 0,5 1 1,5 2[DEHDMBA]tot (mol/L)
[n-m
ères
] (m
ol/L
)Monomères
Dimères
Tétramères
Figure 25 – Diagramme de spéciation des espèces monomères (▲), dimères (■) et trimères ou tétramères
(♦) dans l'échelle des molalités (a) et (b) et des molarités (a') et (b') dans les phases organiques de DEHiBA (a), (a') et DEHDMBA (b), (b') dans le n-heptane après contact avec une phase aqueuse d'eau pure à 25°C.
Les diagrammes de spéciation montrent que la proportion de monomère est importante sur
toute la gamme de concentration étudiée et est comparable pour les deux monoamides. Dans
le cas du DEHiBA, la proportion de trimères est plus importante que celle des dimères. Pour
le DEHDMBA, une espèce tétramère se formerait en plus de l'espèce dimère, mais dans une
proportion plus faible. Le groupement greffé sur le carbonyle semble donc avoir une
importance non négligeable.
IV.2. Apport de la RMN
IV.2.a. Variation des déplacements chimiques 1H et 13C
Les phases organiques de DEHiBA et DEHDMBA dilués dans le n-heptane deutéré à
différentes concentrations après contact avec une phase aqueuse d'activité d'eau égale à 1 ont
été analysées par RMN 1H et 13C. Les déplacements chimiques des atomes les plus sensibles à
(a)
(b')
(b)
(a')
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
78
l'organisation en solution des molécules de DEHiBA et de DEHDMBA ont été suivis (Figure
26) en fonction de la concentration de monoamide.
C1 N
O
C6
C5
C3
C4
H1
C2
C1 N
O
C4
C3 C5
C6
H1 H1
Figure 26 – Molécules de DEHiBA et DEHDMBA avec numérotation des atomes dont le déplacement
chimique est suivi par RMN 1H ou 13C.
2,72
2,74
2,76
2,78
2,8
2,82
2,84
2,86
0,001 0,01 0,1 1 10[DEHiBA] (mol/L)
δ 1H (ppm)
175,9
175,95
176
176,05
176,1
176,15
176,2
176,25
176,3
δ 13C (ppm)
H1
C1
2,135
2,14
2,145
2,15
2,155
2,16
2,165
2,17
2,175
2,18
0,001 0,01 0,1 1 10[DEHDMBA] (mol/L)
δ 1H (ppm)
170,63
170,64
170,65
170,66
170,67
170,68
170,69
170,70
170,71
170,72
170,73δ 13C (ppm)
H1
C1
35
37
39
41
43
45
47
49
51
53
0,001 0,01 0,1 1 10[DEHiBA] (mol/L)
δ 13C (ppm)
C6
C5
C3
C4
36
38
40
42
44
46
48
50
52
54
0,001 0,01 0,1 1 10[DEHDMBA] (mol/L)
δ 13C (ppm)
C4
C3
C2
C6
C5
Figure 27 – Variation des déplacements chimiques des 1H (♦) et 13C (▲) des molécules de DEHiBA (a), (a') et de DEHDMBA (b), (b') en fonction de la concentration de monoamide dans le n-heptane deutéré après
extraction d'eau pure à 25°C. Phase organique initiale : DEHiBA ou DEHDMBA dans le n-heptane deutéré
Phase aqueuse initiale: Eau pure
Les déplacements chimiques des carbones C2, C3, C4, C5 et C6 varient linéairement avec la
concentration d'extractant pour les deux monoamides. En revanche, les déplacements
chimiques du proton (H1) en α de la fonction carbonyle augmentent de façon non linéaire à
partir d'une concentration de 0,1 mol/L pour les deux monoamides. Dans le cas du DEHiBA,
le déplacement chimique du carbone de la fonction carbonyle suit la même progression que
celle du proton H1. En revanche, dans le cas du DEHDMBA, la variation du déplacement
(a)
(a')
(b)
(b')
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
79
chimique du carbone C1 de la fonction carbonyle suit une courbe en cloche, montrant un
comportement différent de celui du DEHiBA.
IV.2.b. Lien entre les données VPO et RMN
La variation des déplacements chimiques étant relativement faible avec la concentration de
monoamide, pour calculer des constantes d'agrégation, il est nécessaire d'optimiser le
déplacement chimique propre à chaque espèce, ce qui conduit à un système à beaucoup
d'inconnus pour de faibles variations expérimentales. Néanmoins, les déplacements chimiques
ont été analysés avec le logiciel HypNMR 2006[FRA95],[FRA03] en introduisant les constantes
déterminées par osmométrie à pression de vapeur.
A partir des constantes d'agrégation (Tableau 5), la répartition des espèces est calculée et le
logiciel détermine les déplacements chimiques propres à chaque espèce en minimisant les
écarts entre les déplacements chimiques calculés et expérimentaux (équation ( 59 )).
Les résultats sont présentés Figure 28. Les valeurs des déplacements chimiques propres à
chaque espèce sont reportées dans le Tableau 6.
2,72
2,74
2,76
2,78
2,8
2,82
2,84
2,86
0,001 0,01 0,1 1 10[DEHiBA] (mol/L)
δ 1H (ppm)
175,9
175,95
176
176,05
176,1
176,15
176,2
176,25
176,3
δ 13C (ppm)
H1 exp
H1 calc
C1 exp
C1 calc
2,13
2,135
2,14
2,145
2,15
2,155
2,16
2,165
2,17
2,175
2,18
0,001 0,01 0,1 1 10[DEHDMBA] (mol/L)
δ 1H (ppm)
170,64
170,65
170,66
170,67
170,68
170,69
170,7
170,71
170,72
170,73
δ 13C (ppm)H1 exp
H1 exp
C1 exp
C1 calc
48
48,5
49
49,5
50
50,5
51
51,5
52
0,001 0,01 0,1 1 10[DEHiBA] (mol/L)
δ 13C(ppm)
C6 exp
C6 calc
C5 exp
C5 calc
48
48,5
49
49,5
50
50,5
51
51,5
52
52,5
53
0,001 0,01 0,1 1 10[DEHDMBA] (mol/L)
δ 13C(ppm)
C4 exp
C4 calc
C3 exp
C3 calc
Figure 28 – Déplacements chimiques des protons et 13C expérimentaux (symboles) et calculés (---) des
molécules de DEHiBA (a), (a') et DEHDMBA (b), (b') dans le n-heptane deutéré en fonction de la concentration de monoamide.
(a) (b)
(a') (b')
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
80
Monoamide DEHiBA DEHDMBA
Espèce L
(ppm) L2
(ppm) L3
(ppm) L
(ppm) L2
(ppm) L4
(ppm) C1 175,96 177,10 176,24 170,66 170,78 170,63
C6 (DEHiBA) et C4 (DEHDMBA)
51,68 51,13 50,99 52,59 52,06 51,82
C5 (DEHiBA) et C3 (DEHDMBA)
48,86 48,37 48,26 49,11 48,52 48,29
H1 2,73 2,93 2,84 2,14 2,18 2,18 Tableau 6 – Déplacements chimiques calculés des espèces n-mères par atome pour chaque monoamide.
Il apparaît qu'avec les constantes d'agrégation imposées, les déplacements chimiques calculés
rendent très bien compte des déplacements chimiques expérimentaux, les déplacements
propres à chaque espèce n'étant pas aberrants.
Des tests ont été réalisés avec le logiciel et montrent que la prise en compte d'une seule espèce
agrégée (L2, L3 ou L4), quelle que soit la valeur de la constante, ne permet pas de rendre
compte des données expérimentales. Dans le cas du DEHDMBA, la considération d'un
mélange dimère-trimère à la place des espèces dimère-tétramère ne permet pas non plus de
représenter les données expérimentales. A l'inverse, dans le cas du DEHiBA, la prise en
compte d'une espèce tétramère (L2 + L4) à la place du trimère (L2 + L3) permet également
d'aboutir à une bonne représentation des déplacements chimiques expérimentaux.
Par ailleurs, des tests réalisés à l'aide du logiciel montrent qu'une variation des constantes
d'agrégation de plus ou moins 100% permet de représenter les déplacements chimiques
expérimentaux. Ceci peut être expliqué par une faible variation des déplacements chimiques
mesurés, associé au fait que les monomères sont majoritaires sur une large gamme de
concentration d'extractant.
En conclusion, le suivi des déplacements chimiques avec la concentration d'extractant permet
seulement d'identifier le nombre d'espèces à prendre en compte pour représenter au mieux le
système.
IV.3. Caractérisation structurale par diffusion de rayons X aux petits angles
Les intensités diffusées par DXPA de phases organiques de DEHiBA et de DEHDMBA dans
le n-heptane après contact avec de l'eau ont été enregistrées afin d'obtenir des informations sur
l'organisation des solutions (Figure 29).
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
81
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)
Heptane0,1M0,5M0,75M1M1,35M1,5M1,75M2M
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)
Heptane0,25M0,5M0,75M1M1,2M1,35M1,5M1,75M
Figure 29 – Intensités diffusées par DXPA de phases organiques de DEHiBA (a) et de DEHDMBA (b)
dans le n-heptane après extraction d'eau à 25°C. Phase aqueuse initiale: Eau
Phase organique initiale : DEHiBA ou DEHDMBA variable dans le n-heptane
Les intensités diffusées par les solutions de DEHiBA et DEHDMBA (Figure 29) montrent la
présence de deux pics :
- Un pic à 1,42 Å-1 (DEHiBA) ou variant de 1,37 à 1,45 Å-1 (DEHDMBA). Attribué aux
interactions entre les chaînes alkyles du diluant et/ou de l'extractant, ce pic sera appelé
"pic solvant".
- Un second pic observé à 0,73 Å-1 pour le DEHiBA, et à 0,695 Å-1 pour le
DEHDMBA, correspondant à la corrélation de zones riches en électrons. Celui-ci
apparaît pour des concentrations ≥ 1 mol/L dans le cas du DEHDMBA et ≥ 1,35
mol/L dans le cas du DEHiBA. A partir du diagramme de spéciation établi (Figure
25), la concentration d'espèce agrégée a été calculée (L2 + L3 dans le cas du DEHiBA
et L2 + L4 dans le cas du DEHDMBA) et est présentée Figure 30.
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
0 0,25 0,5 0,75 1 1,25 1,5 1,75 2[L]tot (mol/L)
[Mon
omèr
e] o
u [L
]agr
égé
tot (
mol
/L)
DEHiBA monomère DEHDMBA monomère
DEHiBA agrégé DEHDMBA agrégé
Figure 30 – Proportions de monoamides sous forme monomère et agrégée dans des solutions de DEHiBA et DEHDMBA dans le n-heptane après extraction d'eau à 25°C obtenues par modélisation des données
d'osmométrie.
(a) (b)
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
82
Il apparaît que la concentration d'espèces agrégées devient supérieure à la
concentration de monomère pour [L] ≥ 1,25 mol/L pour le DEHiBA et 0,9 mol/L pour
le DEHDMBA.
L'apparition progressive de ce pic avec l'augmentation de la concentration de
monoamide semble donc liée à la formation des espèces agrégées.
Bien que l'intensité de ce pic augmente avec la concentration de monoamide, sa
position ne varie pas. Un comportement analogue est observé pour des solutions
organiques de TBP dans le n-octane en l'absence de soluté extrait[MOT12]. Un pic de
corrélation entre 0,63 Å-1 et 0,68 Å-1 apparaît à partir d'une concentration d'environ
1,75 mol/L, dont l'intensité augmente avec la concentration de TBP. Ce pic est attribué
aux interactions dipôle-dipôle impliquant les groupements P=O de deux molécules de
TBP[MOT12].
Le pic observé à 0,73 Å-1 pour le DEHiBA, et à 0,695 Å-1 pour le DEHDMBA, serait
donc le reflet d'une interaction à distance moyenne fixe entre des zones riches en
électrons, compatible avec l'existence d'espèces agrégées tels que les dimères, trimères
ou tétramères.
Dans la gamme de q comprise entre 0,03 et 0,3 Å-1, l'intensité du signal diffusé est légèrement
plus faible à forte concentration qu'à faible concentration de monoamide. Ceci peut
s'expliquer par l'existence d'interactions entre les espèces agrégées : dans le cas où il n'y a que
des monomères en solution (faible concentration de monoamide), il n'y a pas d'interaction
entre les molécules d'extractant. Le facteur de structure des monomères vaut donc S(q) = 1.
Aux plus fortes concentrations, les espèces agrégées peuvent interagir entre elles, le facteur de
structure S(q) devient inférieur à 1, contribuant ainsi à la diminution de l'intensité du signal
dans cette gamme de q.
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
83
V. Modélisation de l'extraction d'eau
Dans un premier temps, la modélisation de l'extraction d'eau a été réalisée en tenant compte
de la spéciation supramoléculaire établie et en considérant des espèces hydratées en phase
organique définies par l'équilibre ( 76 ):
p2n2n )OH(LOpHL ↔+ ( 76 )
A partir d'hypothèses faites sur la stœchiométrie des espèces hydratées, les constantes
d'extraction des espèces sont optimisées de manière à minimiser les écarts entre les
concentrations d'eau expérimentales et calculées par la relation ( 39 ) adaptée au cas de
l'extraction d'eau seule :
∑+=n
nlibre
pOH
hydnlibre
pOH
hydmononhydratatio2 ]L.[a.K.p]L.[a.K.p]OH[
22 ( 77 )
Des monomères, des dimères et des trimères hydratés sont envisagés dans le cas du DEHiBA
et des monomères, dimères et tétramères dans le cas du DEHDMBA. Différentes
combinaisons d'espèces hydratées ont été testées (1 < p < 4). La prise en compte de
monomère monohydraté engendre systématiquement d'importants écarts entre les
concentrations d'eau extraites expérimentales et calculées, quelles que soient les autres
espèces considérées. A titre d'exemple, la Figure 31 présente les résultats d'un calcul où une
espèce dimère monohydratée )( 22 OHL et une espèce trimère tétrahydratée 423 )( OHL ont été
considérées, qui correspond au système pour lequel les écarts entre les valeurs calculées et
expérimentales sont les plus faibles dans le cas du DEHiBA.
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0 0,5 1 1,5 2 2,5[DEHiBA]tot (mol/L)
[H2O
]org
(m
ol/L
)
[H2O] exp
[H2O] calc
Figure 31 – Modélisation de l'extraction d'eau par le DEHiBA dans le n-heptane à 25°C en considérant les
espèces hydratées )( 22 OHL et 423 )( OHL .
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
84
L'hydratation des espèces ne permet pas de représenter correctement l'extraction d'eau au-delà
d'une concentration de 1 mol/L de DEHiBA.
Les faibles concentrations d'eau extraite par rapport à la concentration de monoamide (<10%)
et la mauvaise représentation de l'extraction par des espèces hydratées nous amènent à faire
l'hypothèse selon laquelle il n'existerait pas d'hydrates bien définis en phase organique.
L'hypothèse de l'existence d'eau de "solubilisation" selon Dannus[DAN91], i.e. en interactions
physiques faibles non ordonnées avec les espèces en phase organique, prend alors tout son
sens. Ce modèle de Sergievskii-Dannus, décrit au chapitre I (§ V.4), qui permet de représenter
l'extraction d'eau au moyen d'un paramètre de solubilisation ⊕s , est envisagé pour décrire
l'extraction d'eau par les monoamides.
A partir des diagrammes de spéciation préalablement déterminés, il est possible d'optimiser
les paramètres⊕s pour chaque espèce mise en évidence en minimisant les écarts entre les
concentrations d'eau expérimentales et recalculées à partir de l'équation suivante :
]L.[a.s]L.[a.s]L.[a.s]OH[ nOHmèren2OHmèredimonoOHmonomèretot2 222
⊕−
⊕⊕ ++= ( 78 )
Les paramètres ⊕s , déterminés sur une gamme de concentration d'extractant de 0,1 mol/L à
1,75 mol/L, sont regroupés dans le Tableau 7.
⊕monomères
⊕mèredis ⊕
trimères ⊕tétramères
DEHiBA 0,060 0,051 0,383 -
DEHDMBA 0,044 0,057 - 0,354
Tableau 7 – Paramètres de solubilisation ⊕s optimisés pour chaque espèce formée par les monoamides dans le n-heptane après extraction d'eau.
Les paramètres ⊕s calculés pour chaque monoamide sont du même ordre de grandeur pour
une même espèce. Les trimères ou tétramères solubiliseraient 6 à 8 fois plus d'eau que les
monomères ou dimères. Ces paramètres, constants sur la gamme de concentration d'extractant
étudiée, permettent de rendre compte de manière satisfaisante de l'extraction d'eau jusqu'à une
concentration d'extractant d'environ 1,75 mol/L (Figure 32).
Au-delà d'une concentration d'extractant de 1,75 mol/L, ce modèle ne permet plus de
représenter correctement l'extraction d'eau. Des phénomènes supplémentaires peuvent
intervenir dans les phases très concentrées en extractant, comme l'apparition d'écart à l'idéalité
non pris en compte dans cette représentation de l'extraction.
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
85
0
0,02
0,04
0,06
0,08
0,1
0,12
0,14
0,16
0,18
0,2
0 0,5 1 1,5 2 2,5[DEHiBA]tot (mol/L)
[H2O
]org
(m
ol/L
)
[H2O] exp
[H2O] calc
0
0,02
0,04
0,06
0,08
0,1
0,12
0,14
0 0,5 1 1,5 2 2,5[DEHDMBA]tot (mol/L)
[H2O
]org
(m
ol/L
)
[H2O] exp
[H2O] calc
Figure 32 – Concentrations d'eau extraite par le DEHiBA (a) et par le DEHDMBA (b) dans le n-heptane à 25°C expérimentales (♦) et calculées à partir des paramètres de solubilisation des différentes espèces (■).
(a) (b)
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
86
VI. Apport de la dynamique moléculaire
Les objets mis en évidence par VPO étant très petits et donc difficiles à caractériser, des
calculs de dynamique moléculaire ont été réalisés par Ph. Guilbaud dans le cadre d'une
collaboration interne au laboratoire, l'objectif étant d'avoir une autre approche pour la
caractérisation de ces solutions concentrées. La procédure suivie pour les simulations de
dynamique moléculaire est détaillée en Annexe D.
Des boîtes de simulation sont élaborées de manière à représenter au mieux les solutions
organiques : le nombre de molécule constituant les boîtes a été calculé à partir des fractions
molaires des solutions.
Deux solutions de DEHiBA à 1 mol/L et 2 mol/L dans le n-heptane après extraction d'eau
pure ont été simulées. Pour vérifier la validité de la méthode, des calculs de la densité et des
intensités diffusées par diffusion de rayons X aux petits angles de la solution simulée sont
réalisés et comparés aux densités et intensités diffusées expérimentales (Tableau 8 et
Figure 33).
Concentrations (mol/L) Densité
expérimentale Nombre de molécules dans la boîte Densité
calculée
Dimension de la boîte
DEHiBA [H2O]org n-heptane DEHiBA H2O Å
1 0,07 0,7438 489 95 6 0,741 ± 0,002 55 / 55 / 60
2 0,181 0,8102 489 512 45 0,810 ± 0,001 70 / 80 / 70
Tableau 8 – Compositions des solutions simulées par dynamique moléculaire – Nombre de molécules, tailles des boîtes correspondantes et comparaison des densités expérimentales et théoriques.
0
0,04
0,08
0,12
0,16
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)brute (cm-1)
0
0,0001
0,0002
0,0003
0,0004
I(q)calc (u.a.)
DEHiBA 1M - Exp (DXPA)
DEHiBA 1M - Calc (DM)
0
0,04
0,08
0,12
0,16
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)brute (cm-1)
0
0,00003
0,00006
0,00009
0,00012
I(q)calc (u.a.)
Exp (DXPA)
Calc (DM)
Figure 33 – Intensités diffusées par DXPA calculées par dynamique moléculaire (–) et expérimentales (□)
des solutions de DEHiBA 1M (a) et 2M (b) dans le n-heptane après extraction d'eau.
(a) (b)
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
87
La différence entre les intensités calculées et mesurées (Figure 33) vient du fait que l'intensité
diffusée est dépendante du volume (et donc du nombre de molécules) pris en compte dans son
calcul ou sa mesure. Les intensités calculées sont représentées sans normalisation par rapport
au volume, contrairement aux intensités expérimentales. On s'attachera donc à comparer
uniquement la forme des courbes obtenues et non les intensités absolues.
La bonne représentation des intensités diffusées par DXPA ainsi que la correspondance des
densités calculées avec les densités expérimentales permettent de considérer que les
simulations de dynamique moléculaire sont représentatives des solutions. Les boîtes de
dynamique moléculaire obtenues sont représentées Figure 34 à titre d'illustration.
Figure 34 – Vues instantanées des boîtes de dynamique moléculaire de solutions simulées de DEHiBA 1M (a) et 2M (b) complètes et en ne laissant apparaître que les molécules de DEHiBA et d'eau (a') et (b').
Légende : n-Heptane (bâtonnets orange) , DEHiBA (bâtonnets noirs et bleus) , Eau (boules rouges et grises)
Il apparaît que les boîtes contiennent majoritairement des monomères (95% pour le DEHiBA
1 mol/L et 90% pour le DEHiBA 2 mol/L). Néanmoins, des objets plus gros (dimères et/ou
petits agrégats) sont observés, comme le montre la Figure 35.
(a)
(b) (b')
(a')
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
88
Figure 35 – Images instantanées des structures observées pour des solutions simulées par dynamique moléculaire de DEHiBA dans le n-heptane après extraction d'eau.
L'espèce (a) (Figure 35) correspond à un dimère de DEHiBA en interaction dipôle-dipôle.
L'espèce (b) correspond à un dimère de DEHiBA hydraté, une molécule d'eau pontante
assurant la cohésion au travers de liaison hydrogène avec les fonctions carbonyles des
molécules de DEHiBA. Enfin, la structure (c) est un "amas" de molécules d'eau formant un
petit réseau non ordonné par liaison hydrogène, stabilisé par des molécules de DEHiBA.
Etant donné la cohérence avec les études expérimentales de spéciation, ces résultats de
dynamique moléculaire sont très prometteurs et constituent une nouvelle approche pour
représenter les phases organiques, même si quantitativement les proportions des différentes
espèces ne sont pas identiques.
Les simulations de dynamique moléculaire montrent la formation de dimères, hydratés ou
non, et de structures plus grandes, pouvant correspondre aux trimères mis en évidence.
D'autre part, les structures observées par simulation mettent en évidence des molécules d'eau
liées par liaison hydrogène au sein des "amas" formés surtout aux fortes concentrations de
monoamides. Ces molécules d'eau peuvent correspondre au concept d'eau "de solubilisation"
du modèle de Sergievskii-Dannus[DAN91], en interaction physique faible avec le milieu.
(a)
(b)
(c)
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
89
VII. Bilan et Conclusion
Les phases organiques de DEHiBA et DEHDMBA dans le n-heptane après contact à 25°C
avec une phase aqueuse d'activité d'eau égale à 1 ont été caractérisées par différentes
techniques. Pour des concentrations inférieures à 0,5 mol/L les monoamides sont
majoritairement sous forme monomère en solution. Au-delà de cette concentration, des
dimères, trimères et/ou tétramères se forment en solution, caractérisés par les équilibres
suivants :
2LL2 ↔ avec 0706,0,2 =DEHiBAψ et 333,0,2 =DEHDMBAψ
3LL3 ↔ avec 0898,0,3 =DEHiBAψ
4LL4 ↔ avec 0515,0,4 =DEHDMBAψ
Pour des concentrations supérieures environ 1 mol/L ( 0,9 mol/L et 1,25 mol/L
respectivement dans le cas du DEHDMBA et du DEHiBA), la concentration de monoamide
engagé dans des espèces agrégées devient supérieure à la concentration de monomère.
L'eau présente en phase organique ne serait pas extraite sous forme de complexes de
stœchiométrie bien définie, mais serait solubilisée par les différentes espèces présentes en
solution. Les monomères et dimères solubilisent peu d'eau ( 01,005,0 ±≈≈ ⊕⊕imèredmonomère ss )
alors que les trimères ou tétramères solubilisent 6 à 8 fois plus d'eau
( 015,0368,0 ±≈≈ ⊕⊕tétramèretrimère ss ).
La dynamique moléculaire a été utilisée pour simuler des solutions concentrées de
monoamides. Les calculs de dynamique moléculaire permettent de représenter les données
expérimentales telles que les intensités diffusées par DXPA, et sont cohérents avec les
conclusions des études de spéciation.
Par rapport aux autres familles d'extractants utilisées dans le domaine du retraitement des
combustibles usés (TBP, malonamides, diglycolamides), les monoamides sont moins agrégés
et extraient moins d'eau : 5 à 10 fois moins que le TBP[NAG94a-b],[NAV04] ou les malonamides [YAI04],[BER07],[DOZ07],[MER09],[BER10a], qui forment des agrégats de plus de quatre molécules. Le
comportement des monoamides est à rapprocher de celui de HDEHP, un acide dialkyle
phosphorique, qui est essentiellement sous forme de dimère et de trimère en solution et qui
extrait également de faibles quantités d'eau[BUC02],[MUL12]. Par conséquent, l'extraction d'eau
semble corrélée à l'organisation des extractants.
Chapitre II - Spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'eau
90
La spéciation établie dans les systèmes Eau / Monoamide / Heptane sera alors prise en compte
dans les études de spéciation des phases organiques de monoamides après extraction d'acide
nitrique et de nitrate d'uranyle, notamment lorsqu'il s'agira de modéliser les isothermes
d'extraction.
91
Chapitre III
Spéciation des phases organiques
de monoamides en présence
d'acide nitrique
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
92
SPECIATION DES PHASES ORGANIQUES DE MONOAMIDES EN PRESENCE
D'ACIDE NITRIQUE ............................................................................................... 91
I. Introduction ............................................................................................................................................... 93
II. Bibliographie .............................................................................................................................................. 94
II.1. Isothermes d'extraction ...................................................................................................................... 94
II.2. Identification des espèces et calculs des constantes d'extraction ....................................................... 94
II.2.a. Par la méthode des pentes ............................................................................................................. 95
II.2.b. Par modélisation des isothermes d'extraction ........................................................................... 96
II.2.c. Spectroscopie IR ........................................................................................................................... 98
II.3. Bilan ................................................................................................................................................... 98
III. Isothermes d'extraction ........................................................................................................................ 99
III.1. Influence du diluant ........................................................................................................................... 99
III.2. Influence de la structure de l'extractant ............................................................................................ 100
III.3. Influence de la concentration d'extractant ........................................................................................ 100
IV. Modélisation de l'extraction de l'acide nitrique ............................................................................... 102
IV.1. Cas des complexes hydratés ............................................................................................................. 102
IV.2. Cas des complexes non hydratés solubilisant de l'eau ..................................................................... 104
IV.3. Comparaison des deux approches de l'extraction d'eau.................................................................... 105
IV.4. Cas de complexes hydratés solubilisant de l'eau .............................................................................. 107
V. Caractérisation des phases organiques par spectroscopie IR .............................................................. 108
VI. Spéciation supramoléculaire des phases organiques ....................................................................... 110
VI.1. Influence de la concentration d'extractant ........................................................................................ 110
VI.2. Influence de l'acidité de la phase aqueuse ........................................................................................ 114
VII. Lien entre spéciation moléculaire et l'organisation supramoléculaire de la solution ................... 119
VIII. Conclusion ........................................................................................................................................... 122
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
93
I. Introduction
Ce chapitre s'intéresse à l'extraction d'acide nitrique ainsi que de l'eau co-extraite par les
monoamides. Dans un premier temps, les isothermes d'extraction sont établies puis
modélisées en considérant deux représentations possibles de l'extraction d'eau :
- L'eau est en interaction ordonnée avec les espèces en phase organique et participe à la
structure des complexes formés dits hydratés de type pyx OHHNOL )()( 23 . Les
coefficients d'activité des espèces en phase organique sont considérés égaux à 1.
- L'eau est en interactions non ordonnées avec le milieu organique, par interaction
physique faible et est considérée comme solubilisée. Les coefficients d'activité des
espèces en phase organique sont alors développés via la relation de Sergievskii-
Dannus (équation ( 27 )).
Dans les deux cas, les écarts à l'idéalité en phase aqueuse sont pris en compte via le calcul de
l'activité de l'acide nitrique.
Dans un second temps, les phases organiques sont caractérisées par spectroscopie IR afin
d'obtenir des informations sur les interactions acide-monoamide, et par osmométrie à pression
de vapeur et diffusion de rayons X aux petits angles dans le but de mettre en évidence une
éventuelle organisation à l'échelle supramoléculaire.
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
94
II. Bibliographie
II.1. Isothermes d'extraction
De nombreux auteurs se sont intéressés à l'extraction de l'acide nitrique par les monoamides.
L'équilibre général d'extraction de l'acide nitrique est :
h2i3j23 )OH()HNO(LLjOhHiNOiH ↔+++ −+ ( 79 )
La constante d'extraction associée est :
j
L
)OH()HNO(L
jlibre
hOH
iHNO
h2i3jHNO,ext
libre
h2i3j
23
3.
]L.[)a.()a(
])OH()HNO(L[K
γ
γ= ( 80 )
Pathak et al.[PAT01a], Dannus[DAN91] et Condamines[CON89] ont mesuré l’eau co-extraite avec
l’acide nitrique pour différents monoamides dans un alcane. Les isothermes d'extraction
obtenues par ces auteurs montrent que la concentration d’eau en phase organique ne varie pas
proportionnellement à la concentration d'acide nitrique : elle passe par un maximum pour des
acidités nitriques en phase aqueuse comprises entre 2 mol/L et
4 mol/L, avant de diminuer. Pour des concentrations d'acide nitrique supérieures à 6,4 mol/L,
la concentration d'eau augmente à nouveau avec l'acidité de la phase aqueuse[DAN91]. Dannus
explique l’allure de la courbe d’extraction de l’eau par la formation de trois espèces ayant des
interactions différentes avec l’eau.
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
0 2 4 6 8 10[HNO3]aq,éq (mol/L)
[HN
O3]
org,
éq (
mol
/L)
0,04
0,06
0,08
0,1
0,12
0,14
0,16
0 2 4 6 8 10[HNO3]aq,éq (mol/L)
[H2O
]org
,éq
(mol
/L)
Figure 36 – Isothermes d’extraction de l’acide nitrique (■) et de l’eau (♦) à 25°C par le DEHPA 1 mol/L
dans le TPH[DAN91].
II.2. Identification des espèces et calculs des constantes d'extraction
Les auteurs utilisent différentes méthodes pour déterminer la stœchiométrie des complexes et
calculer les constantes d'extraction associées.
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
95
II.2.a. Par la méthode des pentes
La méthode des pentes appliquée à l'extraction de l'acide nitrique suit un développement
différent de celle utilisée pour l'extraction de solutés métalliques (cf. Chapitre I, § V.2), en
raison notamment des macro-concentrations d'acide nitrique.
L'ensemble des études d'extraction de l'acide nitrique par les monoamides utilisant la méthode
des pentes ne tient pas compte de l'eau co-extraite en phase organique. L'équilibre d'extraction
devient :
i3j3 )HNO(L(LjiNOiH ↔++ −+ ( 81 )
De manière générale, les auteurs négligent l'effet des écarts à l'idéalité du milieu. Ils font donc
l'approximation selon laquelle les coefficients d'activité des espèces sont égaux à l'unité. La
constante d'extraction associée à l'équilibre est donc une constante apparente :
jlibre
i2
i
jlibre
i3
i
i3j'H
]L.[]H[
]H[
]L.[]NO.[]H[
])HNO(L[K
+
+
−+== ( 82 )
Ainsi :
libre'H ]Llog[jKlog]Hlog[i2]Hlog[i +=− ++ ( 83 )
Avec : ∑=+ ])([][ 3 ij HNOLH
][][ 3−+ = NOH
En traçant )]L(log[f]Hlog[2]Hlog[ libre=− ++ , les auteurs obtiennent des droites de pente
proche de 1 et font l'approximation de l'existence d'un unique complexe )( 3HNOL . Les
constantes d'extraction apparentes calculées par cette méthode sont rassemblées dans le
(Tableau 9).
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
96
Monoamide Diluant Gamme de monoamide étudiée Acidité phase aqueuse Pente K’ H, 25°C Auteurs
MBHA Dodécane 0,08M à 0,32M HNO3 2M 1,1 0,062 [PRA93]
MBOA Dodécane 0,08M à 0,32M HNO3 2M 1,1 0,066 [PRA93]
MBDA Dodécane 0,08M à 0,32M HNO3 2M 1,1 0,074 [PRA93]
DBHA Dodécane 0,025M à 0,25M HNO3 3,5M 1,38 0,09 [RUI91]
DBDA Dodécane 0,025M à 0,25M HNO3 3,5M 1,38 0,13 [RUI91]
DiBEHA Dodécane 0,1M à 1M HNO3 2M 1 0,088 [NAI95]
DHHA Dodécane 0,1M à 0,5M HNO3 3,5M 1,14 0,174 [GUP00a]
DHOA Dodécane 0,1M à 0,5M HNO3 3,5M 1,06 0,188 [GUP00b]
DEHPA Dodécane 0,1M à 1M HNO3 3M 0,98 0,2 [PAT01a]
DEHBA Dodécane 0,1M à 1M HNO3 2M 1,02 0,12 [NAI96]
DEHiBA Dodécane 0,1M à 1M HNO3 2M 1,3 0,08 [NAI96]
DEHiBA Dodécane 0,1M à 1M HNO3 3M 1,05 0,157 [PAT01a]
DEHPVA Dodécane 0,1M à 1M HNO3 3M 1,12 0,06 [PAT01a]
Tableau 9 – Pentes de la droite )](log[]log[2]log[ libreLfHH =− ++ et constantes apparentes
d’extraction de l’acide nitrique par différents monoamides à 25°C.
Bien que les pentes s'éloignent de l'unité, la majorité des auteurs ne considère qu'un seul
complexe. Néanmoins, Condamines a réalisé une étude en faisant varier l'acidité de la phase
aqueuse et constate que la pente varie de 1,8 à 1,1 pour une phase aqueuse d'acide nitrique de
allant de 0,5 mol/L à 10 mol/L[CON89].
Les constantes apparentes calculées par les différents auteurs sont issues d’expériences
d’extraction réalisées à partir de phases aqueuses de concentrations d'acide nitrique variables
et sont estimées sans tenir compte des écarts à l'idéalité. Elles ne sont donc pas directement
comparables pour des concentrations d’acide nitrique initiales différentes.
II.2.b. Par modélisation des isothermes d'extraction
Une autre méthode consiste à acquérir des isothermes d'extraction pour une concentration
donnée de monoamide et en faisant varier l'acidité de la phase aqueuse. Une modélisation des
isothermes, en faisant des hypothèses sur la stœchiométrie des complexes, et à partir des
équations bilans sur l'acide nitrique et le monoamide, comme décrit Chapitre I, § V.5, a été
réalisée par différents auteurs. Condamines[CON89] et Ardois[ARD99] ont ainsi modélisé les
isothermes d'extraction de l'acide nitrique en prenant en compte trois complexes : 32HNOL ,
3LHNO et 23)(HNOL , le complexe 3LHNO étant majoritaire sur l’ensemble de la gamme de
concentration étudiée. Une augmentation des constantes d'extraction apparentes avec la
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
97
concentration de monoamide est observée, et est interprétée par l'existence d'écarts à l'idéalité
en phase organique[CON89].
Dannus[DAN91] a quantifié l'eau co-extraite avec l'acide nitrique par le DEHPA et a proposé une
amélioration du modèle de Sergievskii[CHE80] en distinguant notamment l’eau d’hydratation de
l’eau de solubilisation en phase organique, modèle décrit dans le Chapitre I, § V.4.
En faisant des hypothèses sur la stœchiométrie des complexes acide nitrique-extractant
formés, et sur l’hydratation éventuelle de ces complexes, différentes combinaisons d'espèces
ont été retenues pour modéliser les isothermes d'extraction, le complexe )( 3HNOL étant
présent dans l’ensemble des versions proposées, quel que soit le système étudié. Le Tableau
10 regroupe à titre d'exemple les constantes d'extraction apparentes ou effectives de l'acide
nitrique et les nombres de molécules d'eau solubilisées calculés pour chaque espèce, dans le
cas du DEHPA et du DEHiBA dans le TPH[DAN91],[CON89], et du DEDA dans le toluène[ARD99].
Tableau 10 – Constantes d’extraction apparentes et effectives de l'acide nitrique par le DEHPA dans le TPH [DAN91], le DEHiBA dans le TPH[CON89]et le DEDA dans le toluène[ARD99] à 0,3M à 25°C et nombre de
solubilisation des complexes ij HNOL )( 3 .
Les constantes déterminées pour le DEHPA et le DEHiBA dans le TPH sont du même ordre
de grandeur. En revanche, les constantes déterminées par Ardois pour le DEDA sont
supérieures, ce qui peut être dû au monoamide assez différent des deux autres ou au diluant
toluène. Les constantes effectives d’extraction de l’espèce 33)(HNOL étant relativement
faibles, le pourcentage de cette espèce en solution reste peu important, mis à part aux fortes
acidités nitriques (≈ 5 % pour [HNO3] ≥ 8 mol/L).
L'allure des isothermes d'extraction d'eau obtenues par Dannus[DAN91] est expliquée par
l'affinité marquée des espèces )( 32 HNOL et 33)(HNOL ( ⊕s > 2).
L )( 32 HNOL )( 3HNOL 23)(HNOL 33)(HNOL
][ L (mol/L) ⊕s K'21 ⊕s K'11 ⊕s K'12 ⊕s K'13 ⊕s
DEHPA [DAN91]
0,3 0,05 0,0166 2,58 0,0848 0,07 1,6.10-5 0,01 2,55.10-8 3,05
DEHiBA [CON89]
0,3 - 0,05 - 0,057 - 5,7.10-6 - - -
DEDA [ARD99]
0,3 - 0,093 - 0,217 - 1,28.10-4 - - -
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
98
II.2.c. Spectroscopie IR
Plusieurs auteurs[SOK69],[CON89],[PAT01a] ont caractérisé par IR des phases organiques de
monoamides après extraction d'acide nitrique. Les monoamides possèdent une bande de
vibration à 1650 cm-1 attribuée à la vibration de valence du groupement C=O libre. Une
augmentation de la concentration d'acide nitrique en phase organique conduit à l'apparition
d'une bande de vibration à 1595 cm-1, correspondant à la vibration du groupement C=O
complexé par l’acide nitrique[SOK69],[CON89],[PAT01a]. Au fur et à mesure que la concentration
d’acide nitrique augmente en phase organique, l'intensité relative de la bande de vibration du
groupement C=O libre diminue, au profit de la bande de vibration du groupement complexé.
Un décalage en nombre d'onde d'environ 45 cm-1 est caractéristique de la formation de
liaisons hydrogène entre l'acide nitrique et le groupement C=O[CON89]. Les interactions amide-
acide ou acide-acide (dans le cas de complexe faisant intervenir plusieurs molécules d'acide)
se font par le biais de liaison hydrogène.
II.3. Bilan
L’ensemble des études recensées s’accordent à dire que le complexe majoritaire formé entre
l’acide nitrique et les monoamides est de stœchiométrie )( 3HNOL . Toutefois, pour modéliser
au mieux les isothermes d’extraction, des complexes supplémentaires ont été considérés par
certains auteurs, comme )( 32 HNOL et 23)(HNOL , dont les proportions sont non négligeables.
Les concentrations d'eau co-extraite en phase organique ne varient pas linéairement avec les
concentrations d'acide extrait. Les espèces formées en phase organique extraient plus ou
moins d'eau, du fait d'interactions différentes. Les espèces )( 32 HNOL et 33)(HNOL ont une
plus grande affinité pour l'eau que les autres espèces.
Les interactions amide-acide ou acide-acide (dans le cas de complexes mettant en jeu deux
molécules d’acide) ont lieu par le biais de liaison hydrogène.
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
99
III. Isothermes d'extraction
Les isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite ont été mesurées pour les
deux monoamides étudiés (DEHiBA et DEHDMBA) dans le n-heptane et le TPH.
III.1. Influence du diluant
La Figure 37 présente les isothermes d'extraction obtenues pour le DEHiBA 0,5 mol/L dans le
TPH et dans le n-heptane.
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
0 2 4 6 8 10 12[HNO3]aq,éq (mol/L)
[HN
O3]
org,
éq (
mol
/L)
DEHiBA 0,5M TPH
DEHiBA 0,5M Heptane
3ème phase
0
0,005
0,01
0,015
0,02
0,025
0,03
0,035
0,04
0,045
0,05
0 2 4 6 8 10 12[HNO3]aq,éq (mol/L)
[H2O
]org
,éq
(mol
/L)
DEHiBA 0,5M TPH
DEHiBA 0,5M Heptane
3ème phase
Figure 37 – Extraction d'acide nitrique (a) et d'eau (b) par le DEHiBA 0,5M dans le TPH (♦) et dans le n-
heptane (▲) à 25°C. Phase aqueuse initiale : 0 < [HNO3] aq,ini < 12 mol/L
Phase organique initiale : DEHiBA 0,5M dans le TPH ou le n-heptane
L'extraction d'acide nitrique est similaire pour les deux diluants, excepté aux fortes
concentrations d'acide (> 8 mol/L en phase aqueuse) où la quantité d'acide extrait est moins
importante lorsque le diluant est le n-heptane. Concernant l'extraction d'eau, bien que celle-ci
soit légèrement moins importante dans le n-heptane que dans le TPH, le maximum
d'extraction est atteint pour une concentration similaire d'acide nitrique en phase aqueuse pour
les deux diluants. De plus, il est à noter qu'il n'y a pas de formation de troisième phase pour le
DEHiBA 0,5 mol/L dans le n-heptane contacté à une phase aqueuse d'acide nitrique 11,5
mol/L alors que c'est le cas pour le monoamide dilué dans le TPH. Cette observation est en
accord avec le fait que la diminution des longueurs de chaînes du diluant repousse l'apparition
du phénomène de troisième phase[BER07],[TES10].
(a) (b)
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
100
III.2. Influence de la structure de l'extractant
Les isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau par le DEHiBA 1 mol/L dans le TPH
à 25°C sont comparées à celles du DEHDMBA obtenues dans les mêmes conditions, ainsi
qu'à celles du DEHPA obtenues par Dannus[DAN91].
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
0 2 4 6 8 10 12[HNO3]aq,éq (mol/L)
[HN
O3]
org,
éq (
mol
/L)
DEHPA
DEHiBA
DEHDMBA 3ème phase
0,04
0,06
0,08
0,1
0,12
0,14
0,16
0 2 4 6 8 10 12[HNO3]aq,éq (mol/L)
[H2O
]org
,éq
(mol
/L)
DEHPA
DEHiBA
DEHDMBA
3ème phase
Figure 38 – Isothermes d'extraction de l'acide nitrique (a) et de l'eau (b) par le
DEHPA (■)[DAN91], le DEHiBA (▲) et le DEHDMBA (♦) 1M dans le TPH à 25°C. Phase aqueuse initiale : 0 < [HNO3] aq,ini < 12 mol/L
Phase organique initiale : DEHPA, DEHiBA ou DEHDMBA 1M dans le TPH
Les trois monoamides ont un pouvoir extractant analogue vis-à-vis de l'acide nitrique.
Néanmoins, des différences sont visible sur l'extraction d'eau. Les concentrations d'eau
extraites varient avec les monoamides dans l'ordre suivant : DEHDMBA < DEHiBA <
DEHPA : elles sont d'autant plus faibles que le monoamide est lipophile. A noter que pour le
DEHDMBA 1 mol/L, une troisième phase est observée après contact avec une phase aqueuse
d'acide nitrique 12 mol/L, non observée pour le DEHiBA. La position de la ramification sur le
groupement alkyle greffé sur le carbonyle semble donc avoir une influence sur la formation
de troisième phase, également observé par une équipe indienne[GUP00c],[VID01].
III.3. Influence de la concentration d'extractant
Les isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite par le DEHiBA à
différentes concentrations dans le TPH à 25°C sont représentées Figure 39.
(a) (b)
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
101
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
1,8
0 2 4 6 8 10 12[HNO3]aq,éq (mol/L)
[HN
O3]
org,
éq (
mol
/L)
1,5M
1M
0,5M
3ème phase
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
0 2 4 6 8 10 12[HNO3]aq,éq (mol/L)
[H2O
]org
,éq
(mol
/L)
1,5M1M0,5MSérie1Série3Série4
3ème phase
Figure 39 – Isothermes d'extraction à 25°C de l'acide nitrique (a) et de l'eau (b) par le DEHiBA à 0,5M
(■), 1M (♦) et 1,5M (▲) dans le TPH. Phase aqueuse initiale : 0 < [HNO3] aq,ini < 12 mol/L
Phase organique initiale : DEHiBA 0,5M, 1M et 1,5M dans le TPH
L'extraction d'acide nitrique augmente avec l'acidité alors que l'extraction d'eau suit une
courbe en cloche, comme cela a déjà été observé dans la littérature.
(a) (b)
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
102
IV. Modélisation de l'extraction de l'acide nitrique
La modélisation des isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite en phase
organique par le DEHiBA 0,5 ; 1 et 1,5 mol/L et par le DEHDMBA 1 mol/L dans le TPH a
été entreprise selon la méthode décrite dans le Chapitre I (§ V).
Les équilibres suivants sont pris en compte :
nLLn ↔ ( 84 )
xh2y323 L)OH()HNO(xLOhHyNOyH ↔+++ −+ ( 85 )
L'équilibre ( 84 ) correspond à l'agrégation des monoamides en présence d'eau déterminée au
Chapitre II (cf. Tableau 5), où n = 2 ( 0706,0,2 =DEHiBAψ ) et 3 ( 0898,0,3 =DEHiBAψ ) pour le
DEHiBA et n = 2 ( 333,0,2 =DEHDMBAψ ) et 4 ( 0515,0,4 =DEHDMBAψ ) pour le DEHDMBA.
Deux manières de représenter l'extraction de l'eau en phase organique ont été testées : en
considérant la présence d'espèces hydratées de type pyx OHHNOL )()( 23 , ce qui implique la
prise en compte de l'activité d'eau du système dans la loi d'action de masse (cf. équation (
39)). Le second modèle utilisé est le modèle de Sergievskii-Dannus[DAN91], où l'eau est
considérée comme solubilisée en phase organique (cf. équation ( 37 )). Ce modèle fait alors
intervenir des coefficients d'activité des espèces en phase organique, représentant les écarts à
l'idéalité dus à la présence d'eau.
Différentes hypothèses concernant la stœchiométrie des espèces formées ont été envisagées.
A partir de ces hypothèses, les constantes d'extraction des espèces prises en compte sont
optimisées de manière à réduire l'écart entre les isothermes calculées et expérimentales.
Seules les combinaisons d'espèces donnant des résultats cohérents avec un minimum d'écart
entre les valeurs calculées et expérimentales (cf. équation ( 42 )) sont présentées.
IV.1. Cas des complexes hydratés
Les constantes d'extraction apparentes optimisées en considérant des espèces hydratées sont
reportées dans le Tableau 11.
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
103
Constantes d'extraction apparentes à 25°C
Hydratation des espèces )( 3HNOL ))(( 232 OHHNOL )()( 223 OHHNOL )( 33 HNOL
DEHiBA
0,5 M 0,172 0,096 1,02.10-4 -
1 M 0,172 0,096 1,02.10-4 -
1,5 M 0,252 0,141 2,11.10-3 -
DEHDMBA 1 M 0,15 0,108 6,69.10-5 0,198
Tableau 11 – Constantes d'extraction apparentes des complexes formés lors de l'extraction de l'acide nitrique par le DEHiBA 0,5M, 1M et 1,5M et le DEHDMBA 1M dans le TPH à 25°C en utilisant des
espèces hydratées.
Les isothermes expérimentales et calculées de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite par le
DEHiBA 1 mol/L et le DEHDMBA 1 mol/L dans le TPH à 25°C sont représentés Figure 42.
Les isothermes correspondant aux solutions de DEHiBA 0,5 mol/L et 1,5 mol/L sont
reportées en Annexe E.
0
0,5
1
1,5
2
2,5
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[HN
O3]
org,
éq (
mol
/kg)
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
0,35
[H2O
] org
,éq
(mol
/kg)
HNO3 exp
HNO3 calc
H2O exp
H2O calc
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[HN
O3]
org,
éq (
mol
/kg)
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
[H2O
] org
,éq (
mol
/kg)
HNO3 exp
HNO3 calc
H2O exp
H2O calc
Figure 40 – Isothermes expérimentales (symboles) et calculées (–) de l'acide nitrique (▲) et de l'eau co-extraite (♦) par le DEHiBA 1M (2,07 mol/kg) et le DEHDMBA 1M (2,19 mol/kg) dans le TPH à 25°C.
(a) DEHiBA 1M – )( 3HNOL , ))(( 232 OHHNOL et )()( 223 OHHNOL .
(b) DEHDMBA 1M – )( 3HNOL , ))(( 232 OHHNOL , )()( 223 OHHNOL et )( 33 HNOL .
Lorsque l'on considère des espèces hydratées, trois complexes ( )( 3HNOL , ))(( 232 OHHNOL
et )()( 223 OHHNOL ) suffisent pour rendre compte de l'extraction d'eau et d'acide par le
DEHiBA. En revanche, dans le cas du DEHDMBA, un complexe )( 33 HNOL supplémentaire
permet d'améliorer significativement la modélisation de l'extraction d'eau (Figure 41).
(a) (b)
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
104
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
0,35
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[H2O
] org
,éq
(mol
/kg)
H2O exp
H2O calc avec L3(HNO3)
H2O calc sans L3(HNO3)
Figure 41 – Modélisation de l'isotherme d'extraction d'eau par le DEHDMBA 1M dans le TPH à 25°C en
considérant des espèces hydratées.
– modèle prenant en compte les complexes )( 3HNOL , ))(( 232 OHHNOL , )()( 223 OHHNOL et )( 33 HNOL
-- modèle prenant en compte les complexes )( 3HNOL , ))(( 232 OHHNOL et )()( 223 OHHNOL
Les constantes d'extraction apparentes déterminées pour les complexes d'acide nitrique et de
DEHiBA sont identiques à 0,5 mol/L et 1 mol/L, et augmentent pour le DEHiBA 1,5 mol/L.
L'augmentation des constantes pour une concentration d'extractant de 1,5 mol/L pourrait être
due à l'apparition d'écart à l'idéalité du milieu organique, comme des interactions monoamide-
monoamide ou monoamide-complexe supplémentaires.
Les constantes d'extraction apparentes calculées pour les complexes communs au DEHiBA 1
mol/L et au DEHDMBA 1 mol/L sont du même ordre de grandeur.
IV.2. Cas des complexes non hydratés solubilisant de l'eau
Les constantes d'extraction effectives en considérant des espèces non hydratées et les
paramètres de solubilisation d'eau ⊕s pour chaque espèce sont regroupés dans le Tableau 12.
Constantes d'extraction effectives à 25°C et ⊕s
Modèle de Sergievskii-Dannus
)( 3HNOL )( 32 HNOL )( 33 HNOL
Keff ⊕s Keff ⊕s Keff ⊕s
DEHiBA
0,5 M 0,09 0,08 0,11 0,43 0,004 0,001
1 M 0,15 0,08 0,018 3,2 0,10 0,29
1,5 M 0,23 0,12 0,025 3,25 0,08 0,43
DEHDMBA 1 M 0,165 0,11 0,0005 3,8 0,30 0,46
Tableau 12 - Constantes d'extraction effectives et paramètres de solubilisation déterminés pour chaque espèce lors de la modélisation des isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite par le
DEHiBA 0,5M, 1M et 1,5M et le DEHDMBA 1M dans le TPH à 25°C en utilisant le modèle de Sergievskii-Dannus.
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
105
Les isothermes expérimentales et calculées de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite par le
DEHiBA 1 mol/L et le DEHDMBA 1 mol/L dans le TPH à 25°C sont représentés Figure 42.
Les isothermes correspondant aux solutions de DEHiBA 0,5 mol/L et 1,5 mol/L sont
reportées en Annexe E.
0
0,5
1
1,5
2
2,5
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[HN
O3]
org,
éq (
mol
/kg)
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
0,35
[H2O
] org
,éq
(mol
/kg)
HNO3 exp
HNO3 calc
H2O exp
H2O calc
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[HN
O3]
org,
éq (
mol
/kg)
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
[H2O
] org
,éq (
mol
/kg)
HNO3 exp
HNO3 calc
H2O exp
H2O calc
Figure 42 – Isothermes expérimentales (symboles) et calculées (–) de l'acide nitrique (▲) et de l'eau co-extraite (♦) par le DEHiBA 1M (2,07 mol/kg) et le DEHDMBA 1M (2,19 mol/kg) dans le TPH à 25°C.
(a) DEHiBA 1M – )( 3HNOL , )( 32 HNOL et )( 33 HNOL .
(b) DEHDMBA 1M – )( 3HNOL , )( 32 HNOL et )( 33 HNOL .
Dans le cas d'espèce non hydratée, les complexes )( 3HNOL , )( 32 HNOL et )( 33 HNOL
permettent de représenter l'ensemble des isothermes d'extraction, pour les deux monoamides.
Les points correspondants aux plus fortes concentrations d'acide ([HNO3]aq,éq > 8 mol/L),
c'est-à-dire à partir de la reprise d'extraction de l'eau, n'ont pas pu être représentés
correctement, par aucun des deux modèles et ne sont pas pris en compte dans les calculs
présentés. Des phénomènes supplémentaires, comme une organisation particulière de la
solution, ou encore la solubilisation d'acide nitrique en phase organique[DAN91] pourraient alors
intervenir.
IV.3. Comparaison des deux approches de l'extraction d'eau
Les deux modèles, bien que basés sur la prise en compte d'espèces différentes, permettent de
relativement bien représenter les isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-
extraite par les deux monoamides. La représentation de l'extraction d'acide nitrique par le
modèle de Sergievskii-Dannus est cependant légèrement moins bonne que dans le cas où
seules des espèces hydratées sont considérées. De plus, pour différentes concentrations
(a) (b)
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
106
d'extractant (dans le cas du DEHiBA), les paramètres de solubilisation ⊕s ne sont pas
constants, ce qui est le cas lors de la modélisation de l'extraction d'eau seule (cf. Chapitre II).
Les diagrammes de spéciation calculés à partir des constantes d'extraction optimisées par
chaque modèle sont représentés Figure 43 pour le DEHiBA et le DEHDMBA 1 mol/L. Les
diagrammes de spéciation calculés pour les solutions de DEHiBA de 0,5 mol/L et 1,5 mol/L
sont reportés en Annexe E.
0
0,4
0,8
1,2
1,6
2
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[Esp
èce]
org
(mol
/kg)
Extractant libreL2L3L(HNO3)L2(HNO3)(H2O)L(HNO3)2(H2O)
0
0,4
0,8
1,2
1,6
2
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[Esp
èce]
org
(mol
/kg)
Extractant libreL2L4L(HNO3)L2(HNO3)(H2O)L(HNO3)2(H2O)L3(HNO3)
0
0,4
0,8
1,2
1,6
2
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[Esp
èce]
org
(mol
/kg)
Extractant libre
L2
L3
L(HNO3)
L2(HNO3)
L3(HNO3)
0
0,4
0,8
1,2
1,6
2
2,4
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[Esp
èce]
org
(mol
/kg)
Extractant libreL2L4L(HNO3)L2(HNO3)L3(HNO3)
Figure 43 – Diagrammes de spéciation des complexes d'acide nitrique et de monoamide déterminés à partir des constantes d'extraction optimisées pour la modélisation des isothermes d'extraction par les
modèles de Sergievskii-Dannus ou d'hydratation des espèces. (a) DEHiBA 1M – Modèle d'hydratation des espèces.
(b) DEHDMBA 1M – Modèle d'hydratation des espèces.
(c) DEHiBA 1M – Modèle de Sergievskii-Dannus.
(d) DEHDMBA 1M – Modèle de Sergievskii-Dannus.
Les diagrammes de spéciation calculés montrent que, dans chaque cas, le complexe
majoritaire est le complexe )( 3HNOL , ce qui est cohérent avec la
littérature[CON89],[DAN91],[ARD99]. La proportion d'extractant libre optimisée lors du calcul est
similaire quel que soit le modèle utilisé pour chaque monoamide, tout comme les proportions
de complexe )( 3HNOL . Les différences dans les calculs sont donc essentiellement liées aux
(a)
(c) (d)
(b)
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
107
espèces minoritaires. En l'état actuel des études, il n'est pas possible de justifier de la plus
grande pertinence d'un modèle vis-à-vis d'un autre.
IV.4. Cas de complexes hydratés solubilisant de l'eau
L'utilisation conjointe des deux modèles, c'est-à-dire en considérant la formation de
complexes hydratés pouvant en plus solubiliser de l'eau aboutit à la prise en compte des
complexes )( 3HNOL , xOHHNOL ))(( 232 et )( 33 HNOL . Les constantes effectives
d'extraction déterminées pour chacun des complexes sont similaires à celles obtenues en
utilisant le modèle de Sergievskii-Dannus (Tableau 13). La différence provient du
complexe xOHHNOL ))(( 232 : il est possible de représenter l'extraction d'eau en considérant le
complexe xOHHNOL ))(( 232 comme non hydraté (x = 0), mono- (x = 1) ou dihydraté (x = 2).
La prise en compte d'une molécule d'eau d'hydratation supplémentaire dans ce complexe
engendre une diminution d'une unité du ⊕s (ex. : cas du DEHiBA 1 mol/L dans le TPH,
Tableau 13). L'hydratation compense la solubilisation, et inversement.
Constante d'extraction effective à 25°C et ⊕s
)( 3HNOL xOHHNOL ))(( 232 )( 33 HNOL
DEHiBA 1M Sergievskii-Dannus + Hydratation
Keff ⊕s Keff ⊕s Keff ⊕s
x=0 0,147 0,08 0,018 3,2 0,10 0,29
x=1 0,148 0,09 0,022 2,00 0,097 0,21
x=2 0,149 0,09 0,020 1,04 0,098 0,23
Tableau 13 – Constantes effectives d'extraction et paramètres de solubilisation ⊕s des différents complexes pris en compte pour la modélisation des isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau par le DEHiBA 1M dans le TPH à 25°C en considérant des espèces hydratées pouvant solubiliser de l'eau.
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
108
V. Caractérisation des phases organiques par spectroscopie IR
Dans le but d'obtenir des informations qualitatives sur les espèces présentes en phase
organique, les spectres IR de solutions de DEHiBA et DEHDMBA dans le TPH après
extraction d'acide nitrique ont été enregistrés (Figure 44). Les principales bandes d'absorption
sont référencées dans le Tableau 14.
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
6508501050125014501650Nombre d'onde (cm-1)
Inte
nsité
(u.
a.)
0,932M0,803M0,548M0,201M0,061MDEHiBA 1M TPH
1
7
6
5
43
2
14
13
1211
9
8
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
6508501050125014501650nombre d'onde (cm-1)
Inte
nsité
(a.
u.)
0,985M0,83M0,547M0,181M0,049MDEHDMBA 1M TPH1
7654
3
2
1110
9
8
14
13
Figure 44 – Spectres IR des phases organiques de DEHiBA 1M (a) et de DEHDMBA 1M (b) dans le TPH
après extraction d'acide nitrique à 25°C. Phase aqueuse initiale : 0 < [HNO3] aq,ini < 12 mol/L
Phase organique initiale : DEHiBA ou DEHDMBA 1M dans le TPH
Une diminution progressive de l'intensité de la bande 1 à 1650 cm-1 est observée lorsque la
concentration d'acide nitrique augmente en phase organique. Simultanément, une bande de
vibration apparaît aux environs de 1585 cm-1. Ces bandes correspondent à la vibration de la
fonction carbonyle libre (1) et liée (2) à l'acide nitrique. Une étude par IR de Ferraro[FER01]
concernant des phases organiques de TBP après extraction d'acide nitrique montre que la
bande à 1650 cm-1 contient également une contribution liée à la présence d'acide nitrique en
phase organique : il s'agit de la vibration d'élongation asymétrique du groupement NOO. Dans
notre cas, cette contribution n'est pas différentiable de la bande du C=O libre. Ceci explique
que, pour de fortes concentrations d'acide nitrique ( ][][ 3 LHNO ≈ ) où la concentration de
monoamide libre devrait être très faible si l'on suppose un complexe )( 3HNOL majoritaire
(cf. § IV), la bande de vibration 1 à 1650 cm-1 soit encore intense.
(a) (b)
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
109
Nombre d'onde (cm-1) N° bande
(Figure 44) DEHiBA DEHDMBA Attribution
1 1649 1647 C=O libre + ν asymétrique NOO 2 1587 1575 C=O lié 3 1458 1458 Déformation angulaire asymétrique CH3 4 1379 1379 Déformation angulaire symétrique CH3 5 1365 1367 Cisaillement plan CH2 6 1282 1284 Elongation symétrique NOO + Groupements alkyles 7 1226 1232 Groupements alkyles 8 1085 1041 Groupements alkyles 9 937 939 Elongation NOH 10 - 891 Rotation des CH3 du tert-butyle 11 775 775 Déformation groupement nitrate hors plan 12 757 - Elongation NO3 + Déformation angulaire NO2 13 725 727 Déformation NOO + rocking CH2 14 682 682 Déformation angulaire NOO
Tableau 14 – Attribution des bandes de vibrations des spectres IR de solutions de DEHiBA et DEHDMBA 1M dans le TPH après extraction d'acide nitrique à 25°C d'après [FER01],[OHN98a-b],[CON89].
L'abaissement de 56 cm-1 (DEHiBA) et de 64 cm-1 (DEHDMBA) de la bande de vibration de
la fonction carbonyle lors de la complexation montre que la liaison acide-amide a lieu par
l'intermédiaire de l'atome d'oxygène, et est de type liaison hydrogène, sans transfert du proton
vers l'amide[CON89]. Enfin, le décalage plus important pour le DEHDMBA (∆ν = 72 cm-1) par
rapport au DEHiBA (∆ν = 62 cm-1) de la bande de vibration du carbonyle lors de la
complexation indique une liaison légèrement plus forte entre l'acide nitrique et le DEHDMBA
par rapport au DEHiBA.
La présence de la bande de vibration 6 à 937 - 939 cm-1 selon le monoamide, correspondant à
l'élongation du groupement N-O-H, montre que l'acide nitrique est associé en phase
organique[FER01].
La spectroscopie IR ne permet pas de mettre clairement en évidence l'existence de plusieurs
espèces en phase organique. Toutefois, la bande de vibration du groupement carbonyle lié
étant relativement large, il est possible d'envisager une multiplicité des bandes de vibration du
groupement carbonyle, ce qui signifierait que différentes liaisons peuvent s'établir entre
l'acide nitrique et les monoamides.
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
110
VI. Spéciation supramoléculaire des phases organiques
Après avoir vu les complexes susceptibles d'être formés entre le monoamide et l'acide
nitrique, les solutions de DEHiBA et DEHDMBA ont été analysées par VPO et DXPA après
contact avec des phases aqueuses d'acidité variable afin d'évaluer le rôle de l'acide sur
l'organisation de ces solutions.
VI.1. Influence de la concentration d'extractant
Des solutions de DEHiBA et DEHDMBA de 0,1 mol/L à 2 mol/L dans le n-heptane après
contact avec des phases aqueuses d'acide nitrique à 3 mol/L à 25°C ont été analysées par
VPO. Les résultats sont rassemblés dans le Tableau 15.
[L]
(mol/L) [L]
(mol/kg) Signal VPO
∆E as S n
ml (mol/kg)
DEHiBA
0,101 0,153 50,5 0,98 0,17 0,92 0,167
0,501 0,893 198,3 0,94 0,69 1,29 0,615 0,751 1,505 292,1 0,91 1,05 1,43 0,836
1,005 2,301 368,0 0,88 1,36 1,69 0,986 1,360 3,893 494,0 0,84 1,92 2,03 1,190
1,494 4,722 539,9 0,82 2,13 2,22 1,253
1,755 6,953 700,8 0,77 2,95 2,35 1,442
2,010 10,602 869,1 0,72 3,94 2,69 1,612
DEHDMBA
0,101 0,154 51,3 0,98 0,17 0,93 0,165 0,504 0,919 190,6 0,94 0,65 1,42 0,540 0,754 1,569 283,0 0,91 0,99 1,59 0,718 1,002 2,421 400,0 0,87 1,46 1,66 0,912 1,354 4,239 568,7 0,82 2,21 1,92 1,149 1,502 5,375 629,4 0,80 2,50 2,15 1,224 1,761 8,400 786,5 0,75 3,34 2,52 1,387 2,027 14,689 901,4 0,71 4,02 3,66 1,476
Tableau 15 – Caractérisation par VPO des phases organiques de DEHiBA et le DEHDMBA dans le n-heptane à 25°C après contact avec des phases aqueuses d'acidité nitrique 3M.
[L] : concentration d'extractant en phase organique, as : activité du diluant, S : somme des concentrations de
toutes les espèces, n : nombre d'agrégation apparent, ml : concentration de monomères.
Les nombres d'agrégation apparents n calculés à partir du signal VPO selon la procédure
décrite au Chapitre I (§ VI.1.c.3) sont présentés Figure 45 en fonction de la concentration
d'extractant. A titre de comparaison, les nombres d'agrégation apparents obtenus pour les
mêmes phases contactées à l'eau pure (cf. Chapitre II, § IV.1) sont également représentés.
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
111
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
4,5
0 0,5 1 1,5 2 2,5[L]tot (mol/L)
Nom
bre
d'ag
réga
tion
appa
rent
DEHiBA - HNO3 3M
DEHDMBA - HNO3 3M
DEHiBA - Eau pure
DEHDMBA - Eau pure
Figure 45 – Nombres d'agrégation apparents pour des solutions de DEHiBA et DEHDMBA de 0,1M à 2M
dans le n-heptane contactées à une solution de HNO3 3M ou H2O à 25°C. Phase aqueuse initiale : Eau pure ou HNO3 3M
Phase organique initiale : DEHiBA ou DEHDMBA 0,5M dans le n-heptane
La présence d'acide en phase organique conduit à une augmentation des nombres d'agrégation
apparents pour les deux monoamides. Les nombres d'agrégation apparents du DEHDMBA
sont légèrement plus importants que ceux du DEHiBA. Les données d'osmométrie ont été
traitées comme décrit au Chapitre I (§ VI.1.c.5), et le nombre d'agrégation N est calculé à
partir des pentes des droites )()ln( llL mfmm =− et )()ln( ll mfmS =− (Figure 46).
y = 3,06x + 0,74R2 = 0,9817
y = 3,66x + 0,38R2 = 0,9956
-2
-1,5
-1
-0,5
0
0,5
1
1,5
2
2,5
-0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6ln m l
ln m
M-m
l
DEHDMBA
DEHiBA
y = 3,09x - 0,332R2 = 0,9987
y = 3,57x - 0,905R2 = 0,9992
-3
-2,5
-2
-1,5
-1
-0,5
0
0,5
1
1,5
-0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6ln m l
ln S
-ml
DEHDMBA
DEHiBA
Figure 46 - Détermination des nombres d'agrégation N pour des phases organiques de DEHiBA (▲) et de DEHDMBA ( ♦) après extraction d'acide nitrique à partir des données d'osmométrie et des équations ( 54 )
et ( 55 ). (a) N = 3,06 pour le DEHDMBA et N = 3,66 pour le DEHiBA (b) N = 3,09 pour le DEHDMBA et N = 3,57 pour le DEHiBA
Les valeurs moyennes retenues sont N = 3,6 ± 0,05 pour le DEHiBA et N = 3,1 ± 0,05 pour le
DEHDMBA. Les nombres d'agrégation non entiers obtenus amènent à considérer la formation
de plusieurs espèces. La méthode décrite au Chapitre I (§ VI.1.c.5) est alors utilisée pour
modéliser les données d'osmométrie : les meilleurs résultats sont obtenus en considérant la
(a) (b)
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
112
formation de dimères, trimères et tétramères pour les deux monoamides. Les constantes
d'agrégation associées sont reportées dans le Tableau 16.
Constante d'agrégation (VPO)
Monoamide Hypothèse 2ψ (kg.mol-1) 3ψ (kg2.mol-2) 4ψ (kg3.mol-3)
DEHiBA L2 + L3 + L4 0,0045 0,096 0,28 DEHDMBA L2 + L3 + L4 0,082 0,22 0,35
Tableau 16 – Constantes d'agrégation déterminées à partir des données VPO pour le DEHiBA et le DEHDMBA dans le n-heptane après extraction d'acide nitrique à 25°C.
A partir des constantes d'agrégation obtenues, les diagrammes de spéciation ont été calculés et
sont représentés Figure 47.
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
1,8
2
0 2 4 6 8 10 12[DEHiBA]tot (mol/kg)
[n-m
ères
] (m
ol/k
g)
Monomères
Dimères
Trimères
Tétramères
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
1,8
0 2 4 6 8 10 12 14[DEHDMBA]tot (mol/kg)
[n-m
ères
] (m
ol/k
g)Monomères
Dimères
Trimères
Tétramères
Figure 47 – Diagrammes de spéciation des espèces monomères (▲), dimère (■), trimères (●) et tétramères (♦) pour des phases organiques de DEHiBA (a) et de DEHDMBA (b) dans le n-heptane après extraction
d'acide nitrique (symbole plein) et d'eau pure (symbole vide) à 25°C.
La concentration de monomère est moins importante après extraction d'acide nitrique qu'après
extraction d'eau (cf. Chapitre II, § IV.1.b), surtout aux fortes concentrations de monoamides.
Pour les deux monoamides, les tétramères représentent l'espèce agrégée majoritaire en
présence d'acide nitrique. La proportion de dimères dans le cas du DEHiBA est négligeable.
La présence d'acide nitrique aurait légèrement plus d'impact sur l'agrégation que l'eau : les
espèces agrégées seraient légèrement plus grosses et dans des proportions plus importantes.
La proportion de monoamides associés devient majoritaire pour une concentration totale de
monoamide de ≈ 1,57 mol/kg, soit 0,75 mol/L, pour le DEHDMBA et le DEHiBA, comme le
montre la Figure 48.
(a) (b)
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
113
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
1,8
2
0 0,25 0,5 0,75 1 1,25 1,5 1,75 2[L]tot (mol/L)
[Mon
omèr
e] o
u [L
]agr
égé
tot (
mol
/L) DEHiBA monomère
DEHiBA agrégé
DEHDMBA monomère
DEHDMBA agrégé
Figure 48 – Concentrations de monoamides sous forme monomère (–) et agrégée (--) dans des solutions de DEHiBA et DEHDMBA dans le n-heptane après extraction d'acide nitrique obtenues par osmométrie à
pression de vapeur.
Pour obtenir des informations structurales sur les solutions, ces phases organiques ont ensuite
été analysées par DXPA. Les intensités brutes obtenues sont représentées Figure 49.
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)
2M1,5M
1M0,5M
0,1MHeptane
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (
cm-1
)
2M
1,5M
1M
0,5M
0,1M
Heptane
Figure 49 – Intensités diffusées par DXPA de phases organiques de DEHiBA (a) et de DEHDMBA (b) de
concentrations variables après contact avec une phase aqueuse HNO3 3M à 25°C. Phase aqueuse initiale : HNO3 3M
Phase organique initiale : DEHiBA ou DEHDMBA variable dans le n-heptane
Comme après contact avec l'eau, une évolution progressive des intensités diffusées des phases
organiques est observée avec la concentration de monoamide, mettant en évidence un
changement de structure. Pour chaque monoamide, une augmentation progressive du signal
aux petits q (< 0,6 Å-1) est observée jusqu'à une concentration d'extractant de 1 mol/L. Au-
delà de cette concentration, l'intensité diffusée diminue pour q < 0,6 Å-1 et un pic de
corrélation apparaît à 0,73 Å-1, soit à la même position que dans le cas des phases organiques
contactées à de l'eau, correspondant à la corrélation de zones riches en électrons : les
fonctions amides et les molécules d'acide nitrique et d'eau.
La spéciation établie par osmométrie montre qu'au-delà de 0,76 mol/L, la proportion de
monoamide engagé dans les espèces agrégées devient majoritaire par rapport aux monomères
(a) (b)
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
114
(Figure 48), coïncidant avec l'apparition du pic de corrélation à 0,73 Å-1. Ce pic est corrélé à
la formation d'espèces agrégées en solution, comme dans le cas de l'eau, et pourrait être le
reflet de la distance moyenne entre des fonctions amides de monoamides engagés dans la
formation d'espèces agrégées.
VI.2. Influence de l'acidité de la phase aqueuse
L'influence de l'acidité a été étudiée pour des solutions de DEHiBA et de DEHDMBA 0,5
mol/L dans le n-heptane à 25°C. Cette concentration d'extractant a été choisie en vue de
modéliser les données DXPA en utilisant un modèle sphérique (modèle de Baxter et facteur
de forme sphérique). Les solutions organiques plus concentrées ne permettent pas l'utilisation
d'un tel modèle. Afin de diminuer le nombre de paramètres ajustables pour la modélisation
des intensités diffusées, les solutions ont également été caractérisées par osmométrie à
pression de vapeur pour obtenir le nombre d'agrégation apparent. La Figure 50 reporte le
nombre d'agrégation apparent en fonction de l'acidité en phase organique. Le tableau
rassemblant les concentrations des différentes solutions est présenté en Annexe A.
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8[HNO3]org (mol/L)
Nom
bre
d'ag
réga
tion
appa
rent
DEHDMBA 0,5M
DEHiBA 0,5M
Figure 50 – Nombres d'agrégation apparents pour des solutions de DEHiBA et de DEHDMBA 0,5M dans
le n-heptane à 25°C en fonction de la concentration d'acide nitrique extrait en phase organique. Phase aqueuse initiale : 0 < [HNO3] aq,ini < 12 mol/L
Phase organique initiale : DEHiBA ou DEHDMBA 0,5M dans le n-heptane
Les nombres d'agrégation apparents déterminés pour le DEHiBA et le DEHDMBA sont
comparables. L'augmentation de la concentration d'acide nitrique en phase organique
engendre une augmentation de n .
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
115
La Figure 51 présente les intensités diffusées aux petits angles pour les différentes solutions
après soustraction de la contribution du diluant.
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1
q (Å-1)
I(q)
norm
ée (
cm-1
)
0,7M0,63M0,57M0,46M0,39M0,31M0,2M0,1M0,03M
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1q (Å-1)
I(q)
norm
ée (
cm-1
)
0,6M
0,48M
0,35M
0,18M
0,03M
Figure 51 – Intensités diffusées par DXPA de phases organiques de DEHiBA (a) et de DEHDMBA (b)
0,5M dans le n-heptane après extraction d'acide nitrique à 25°C. La contribution du diluant est soustraite. Phase aqueuse initiale : 0 < [HNO3] aq,ini < 12 mol/L
Phase organique initiale : DEHiBA ou DEHDMBA 0,5M dans le n-heptane
La contribution du diluant ayant été soustraite des intensités obtenues (Figure 51), l'intensité
I(q)normée de chaque spectre est modélisée par un modèle sphérique (modèle de Baxter et
facteur de forme sphérique) selon la méthode décrite dans le Chapitre I (§ VI.3.h). La
composition des échantillons et les paramètres de modélisation sont donnés dans le
Tableau 17.
[HNO3]aq,éq
(mol/L) [HNO3]org,éq
(mol/L) [H2O]org,éq (mol/L)
[monomère] (mol/L) n N τ
-1 TkU
B
Rcoeur polaire Å
HNO3 par agrégat
DEHiBA
0,97 0,027 0,021 0,36 1,16 2 1,67 -0,33 2,13 0,4 1,90 0,097 0,034 0,26 1,31 2 2,5 -0,73 2,53 0,8 2,80 0,199 0,043 0,16 1,51 2 3,13 -0,96 2,8 1,2 3,69 0,31 0,041 0,11 1,64 2 3,85 -1,17 3,05 1,6 4,62 0,385 0,031 0,08 1,72 2 4 -1,20 3,17 1,9 6,54 0,461 0,025 0,04 1,85 2 4 -1,20 3,25 2,0 8,44 0,565 0,022 0,02 1,83 1,9 4 -1,20 3,36 2,3 9,37 0,632 0,023 0,001 2,00 2 4,55 -1,33 3,5 2,6 11,30 0,704 0,024 0,001 2,69 2,7 8,85 -1,98 4,02 3,9
DEHDMBA
0,974 0,026 0,011 0,36 1,14 1,8 1,43 -0,17 1,99 0,3 2,824 0,176 0,040 0,15 1,54 2 1,67 -0,33 2,69 1,0 4,646 0,354 0,033 0,095 1,68 2 2,86 -0,87 3,13 1,8 6,524 0,476 0,020 0,07 1,75 2 3,33 -1,02 3,35 2,2 8,404 0,596 0,026 0,01 1,88 1,9 5 -1,43 3,4 2,3
Tableau 17 – Composition des échantillons et paramètres de modélisation des spectres DXPA des phases organiques de DEHiBA et DEHDMBA 0,5M dans le n-heptane après extraction d'acide nitrique à 25°C.
n : nombre d'agrégation apparent ; N : nombre d'agrégation ; τ-1 : taux de collage Rcoeur polaire : rayon du cœur de l'agrégat
(a) (b)
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
116
La modélisation des intensités diffusées a été réalisée de manière à être cohérente avec les
nombres d'agrégation apparents obtenus par osmométrie en faisant varier les concentrations
de monomères, le nombre d'agrégation moyen N et le taux de collage, représentant les
interactions. Les intensités diffusées par DXPA expérimentales et calculées sont représentées
Figure 52.
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1q (Å-1)
I(q)
norm
ée (
cm-1
)
0,63M (exp) (calc)
0,46M (exp) (calc)
0,3M (exp) (calc)
0,2M (exp) (calc)
0,03M (exp) (calc)
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1q (Å-1)
I(q)
norm
ée (
cm-1
)
0,6M (exp) (calc)
0,48M (exp) (calc)
0,35M (exp) (calc)
0,18M (exp) (calc)
0,03M (exp) (calc)
Figure 52 – Intensités diffusées expérimentales (□) et calculées (–) de phases organiques de DEHiBA 0,5M
(a) et de DEHDMBA 0,5M (b) dans le n-heptane après extraction d'acide nitrique à 25°C.
Les nombres d'agrégation N représentant au mieux les intensités diffusées ne varient pas avec
l'augmentation de la concentration d'acide nitrique et sont proches de 2 (Tableau 17).
L'intensité diffusée aux petits q est relativement bien représentée, ce qui n'est pas le cas pour
des q > 0,1 Å-1 pour des concentrations importantes d'acide nitrique. L'intensité du signal aux
petits q est principalement due à la taille des objets. Elle est modélisée correctement ce qui
indique que la fraction volumique d'objet est relativement bien représentée et que le nombre
d'agrégation N est représentatif de la taille des objets en solution. En revanche, la forme de la
courbe d'intensité diffusée comprise entre 0,1 et 0,4 Å-1 est moins bien modélisée. Aucun jeu
de paramètres (N, [monomère] et τ-1) n'ayant permis de représenter les intensités diffusées en
tenant compte des données d'osmométrie sur cette gamme de q, la modélisation des objets par
des sphères dures collantes ne semblent donc pas représentative de ce système.
A titre d'exemple, la Figure 53 représente les intensités diffusées calculées en fixant un
nombre d'agrégation N = 3 et une concentration de monomère (0,207 mol/L) permettant de
correspondre au nombre d'agrégation apparent obtenu par VPO ( 63,1=n ), et en faisant varier
la valeur du taux de collage sur la gamme permise par le modèle. Ceci permet de constater
que considérer des objets plus gros ne permet pas de mieux représenter les intensités diffusées
expérimentales, quel que soit le taux de collage τ-1.
(a) (b)
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
117
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1q (Å-1)
I(q)
norm
ée (
cm-1
)
N = 3 ; τ-1 = 9,1
N = 3 ; τ-1 = 5
N = 3 ; τ-1 = 2,5
N = 2 ; τ-1 = 3,85
0,3M (exp)
Figure 53 – Intensités diffusées expérimentales (□) et calculées (–) d'une phase organique de DEHiBA 0,5
mol/L dans le n-heptane contenant 0,3 mol/L d'acide nitrique. Paramètres de modélisation : [Monomère] = 0,207M, N = 2 ou 3, taux de collage τ-1 variable.
L'augmentation du signal observé avec la concentration d'acide nitrique n'est due qu'à
l'augmentation de la concentration des objets en solution. Le nombre d'agrégation N
demeurant constant, la concentration de monomère ainsi que la valeur de U/kT ajustée pour
modéliser les spectres diminuent progressivement avec l'extraction d'acide nitrique.
Seul l'échantillon de DEHiBA 0,5 mol/L dans le n-heptane contacté à de l'acide nitrique 12
mol/L montre un comportement différent. Lors de l'acquisition des isothermes d'extraction de
l'acide nitrique par le DEHiBA dans le TPH, il a été observé la formation d'une troisième
phase pour la solution organique contactée à l'acide nitrique 12 mol/L. Le n-heptane, diluant à
chaînes plus courtes que le TPH, permet de repousser le phénomène de troisième phase[GAS80].
Cependant, l'apparition du phénomène demeure proche, et l'organisation de la solution et/ou
les interactions entre les espèces en solution sont modifiées, ce qui se traduit par un signal
DXPA différent. Pour cet échantillon, la valeur de U/kT permettant de représenter les intensités
diffusées par DXPA au mieux est de l'ordre de -2, ce qui est proche des valeurs obtenues au
voisinage de l'apparition de la troisième phase pour les systèmes TBP et
diamides[MER09],[TES10].
Bien que soient observés uniquement des dimères, ces résultats sont cohérents avec l'étude
précédente réalisée en présence d'acide nitrique à 3 mol/L pour différentes concentrations de
monoamides. Selon les diagrammes de spéciation établis, pour une concentration de
monoamide de 0,5 mol/L, les concentrations de trimères et tétramères sont très faibles.
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
118
Le DEHiBA et le DEHDMBA ont des comportements similaires : pour des concentrations
d'acide nitrique en phase organique proches, les intensités diffusées sont modélisées en
prenant en compte des dimères et la concentration de monomères est comparable. Seuls les
paramètres représentant les interactions diffèrent : ceux du DEHiBA traduiraient des
interactions plus importantes que ceux du DEHDMBA, excepté pour de fortes concentrations
d'acide nitrique pour lesquelles la tendance semble s'inverser.
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
119
VII. Lien entre spéciation moléculaire et l'organisation supramoléculaire
de la solution
L'extraction d'acide nitrique par les monoamides a été étudiée par différents outils pour
obtenir des informations moléculaires (modélisation des isothermes d'extraction) et
supramoléculaire (osmométrie à pression de vapeur et diffusion de rayons X aux petits
angles).
La modélisation des isothermes d'extraction a montré qu'il était nécessaire de prendre en
compte plusieurs espèces pour ajuster les données expérimentales, contrairement à la majeure
partie des études de la littérature ne faisant mention que d'un seul complexe )( 3HNOL . Ce
complexe est toutefois majoritaire quel que soit le modèle utilisé.
Les analyses des solutions par diffusion de rayons X aux petits angles et par osmométrie à
pression de vapeur mettent en évidence la présence de monomères, dimères, trimères et
tétramères.
La comparaison des concentrations de monomères déterminées par modélisation des
isothermes d'extraction et par analyse des intensités diffusées par DXPA est présentée
Figure 54 pour des solutions de DEHiBA 0,5 mol/L après extraction d'acide nitrique.
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
0,35
0,4
0,45
0 0,2 0,4 0,6 0,8[HNO3]org,éq (mol/L)
[Mon
omèr
e] (
mol
/L)
Modélisation des intensités diffusées par DXPA
Modélisation des isothermes d'extraction
Figure 54 – Concentrations de monomères déterminées par modélisation des isothermes d'extraction de
l'acide nitrique et par modélisation des intensités diffusées par DXPA pour des solutions de DEHiBA 0,5M en fonction de la concentration d'acide nitrique extrait en phase organique.
Une bonne corrélation entre les concentrations de monomères obtenues par les deux
approches est observée. Cela signifie que la concentration de monoamide engagé dans les
complexes acide ou dans les agrégats est similaire. Le "nombre d'agrégation" N déterminé par
modélisation des spectres DXPA est égal à 2 et semble rester constant sur toute la gamme de
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
120
concentration étudiée. La modélisation des isothermes par le modèle des espèces hydratées
indique la formation des complexes )( 3HNOL , ))(( 232 OHHNOL et )()( 223 OHHNOL . Il est
alors possible d'envisager une association des complexes pour former des espèces de
type yx OHHNOL )()( 232 , qui correspondraient alors aux objets mis en évidence par VPO et
DXPA contenant deux molécules de monoamide. Pour vérifier cette hypothèse, une
modélisation des isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau par le DEHiBA 0,5
mol/L a été menée en considérant que des espèces contenant deux molécules de DEHiBA
(Figure 55). Le meilleur ajustement est obtenu pour les espèces 232 )(HNOL ,
))(( 232 OHHNOL et )()( 2332 OHHNOL .
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[HN
O3]
org,
éq (
mol
/kg)
0
0,01
0,02
0,03
0,04
0,05
0,06
0,07
0,08
0,09
[H2O
] org
,éq
(mol
/kg)
HNO3 exp
HNO3 calc
H2O exp
H2O calc
0
0,2
0,4
0,6
0,8
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[Esp
èce]
org
(mol
/kg)
Extractant libreL2L3L2(HNO3)2L2(HNO3)(H2O)L2(HNO3)3(H2O)
Figure 55 – Isothermes d'extraction expérimentales et calculées de l'acide nitrique et de l'eau du DEHiBA
0,5M dans le TPH (a), et diagramme de spéciation des espèces (b) en considérant la formation de
232 )(HNOL , ))(( 232 OHHNOL et )()( 2332 OHHNOL .
Constante d'extraction apparente à 25°C – DEHiBA 0,5M
232 )(HNOL ))(( 232 OHHNOL )()( 2332 OHHNOL
0,026 0,23 2,3.10-5
Tableau 18 - Constantes d'extraction apparentes déterminées pour chaque espèce lors de la modélisation des isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite par le DEHiBA 0,5M dans le TPH à
25°C en utilisant le modèle des espèces hydratées et en tenant compte de l'agrégation.
Le diagramme de spéciation montre qu'en pied d'isotherme l'espèce ))(( 232 OHHNOL est
formée majoritairement. Elle disparaît progressivement au profit de l'espèce 232 )(HNOL où
une molécule d'acide nitrique remplace une molécule d'eau. Cette deuxième espèce devient
majoritaire dès lors que la concentration de l'espèce ))(( 232 OHHNOL diminue. Pour de fortes
concentrations d'acide nitrique en phase aqueuse, l'espèce )()( 2332 OHHNOL serait formée
(a) (b)
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
121
dans des proportions non négligeables. L'espèce majoritaire 232 )(HNOL a un rapport
stœchiométrique 13
=HNO
DEHiBA, ce qui reste cohérent.
La même démarche a été menée avec le modèle de Sergievskii-Dannus. Ce modèle ne permet
pas, en ne considérant que des espèces dimérisées, de représenter correctement les isothermes
d'extraction.
Plusieurs modèles permettent de rendre compte de l'extraction d'acide nitrique et de la co-
extraction d'eau par les monoamides. Parmi les différents modèles envisagés, celui
considérant la formation des espèces 2L , 3L , 232 )(HNOL , ))(( 232 OHHNOL et
)()( 2332 OHHNOL a l'avantage de rendre compte aussi bien de l'extraction d'acide nitrique et
d'eau que de l'agrégation de solutions de DEHiBA 0,5 mol/L.
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
122
VIII. Conclusion
La co-extraction d'eau avec l'acide nitrique par les monoamides a été peu étudiée dans la
littérature. Cette étude a permis l'acquisition d'un grand nombre de données expérimentales au
travers des isothermes d'extraction. Ces isothermes ont été modélisées à partir de deux
modèles pour représenter l'extraction d'eau en phase organique.
• En utilisant le modèle de Sergievskii-Dannus, les équilibres suivants sont considérés :
2LL2 ↔ (DEHiBA et DEHDMBA)
3LL3 ↔ (DEHiBA)
4LL4 ↔ (DEHDMBA)
)HNO(LLHNO 33 ↔+ (DEHiBA et DEHDMBA)
)HNO(LL2HNO 323 ↔+ (DEHiBA et DEHDMBA)
)HNO(LL3HNO 333 ↔+ (DEHiBA et DEHDMBA)
chaque espèce solubilisant un nombre donné de molécules d'eau. Les constantes
d'extraction effectives et les paramètres de solubilisation ⊕s dépendent de la
concentration de monoamide.
• En considérant des espèces hydratées, les équilibres suivants sont considérés
2LL2 ↔ (DEHiBA et DEHDMBA)
3LL3 ↔ (DEHiBA)
4LL4 ↔ (DEHDMBA)
)HNO(LLHNO 33 ↔+ (DEHiBA et DEHDMBA)
)OH)(HNO(LL2OHHNO 23223 ↔++ (DEHiBA et DEHDMBA)
)OH()HNO(LLOHHNO2 22323 ↔++ (DEHiBA et DEHDMBA)
)HNO(LL3HNO 333 ↔+ (DEHDMBA)
Les constantes d'extraction apparentes sont moins dépendantes de la concentration de
monoamide que celles déterminées par le modèle de Sergievskii-Dannus.
L'analyse des spectres IR montre que l'acide est lié au groupement carbonyle du monoamide
par liaison hydrogène. Les spectres IR ne permettent cependant pas de mettre en évidence la
formation de différentes espèces. Toutefois, la bande de vibration du groupement carbonyle
complexé est relativement large et pourrait contenir plusieurs contributions.
Chapitre III – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence d'acide nitrique
123
La caractérisation supramoléculaire des phases organiques de monoamides de concentrations
variables après extraction d'acide nitrique montre la présence de monomères, de dimères, de
trimères et de tétramères. Comparée à l'extraction d'eau, la présence d'acide nitrique en phase
organique favorise l'association des espèces en diminuant la concentration de monomère. Ce
phénomène a également été observé avec les extractants malonamides
[BER07],[TES08],[MER09],[BER10a],[TES10].
Pour une concentration de monoamide de 0,5 mol/L, seuls des monomères et dimères
semblent exister en solution. Un modèle basé sur la présence des espèces 2L , 3L ,
232 )(HNOL , ))(( 232 OHHNOL et )()( 2332 OHHNOL permet de rendre compte de
l'extraction d'acide nitrique et d'eau et de l'agrégation de la solution.
Pour les solutions de monoamide plus concentrées, un changement structural de la solution est
observé et se traduirait par une augmentation des propriétés extractantes (augmentation des
constantes d'extraction lorsque la concentration de monoamide varie de 0,5 à 1,5 mol/L).
Les systèmes HNO3 / H2O / Monoamide apparaissent bien plus complexes que ce qui est
décrit dans la littérature par la méthode des pentes[RUI91],[PRA93],[NAI95-96],[PAT01a], où seul le
complexe )( 3HNOL a été envisagé.
124
125
Chapitre IV
Spéciation des phases organiques
de monoamides en présence de
nitrate d'uranyle
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
126
SPECIATION DES PHASES ORGANIQUES DE MONOAMIDES EN PRESENCE DE
NITRATE D'URANYLE ......................................................................................... 125
I. Introduction ............................................................................................................................................. 128
II. Bibliographie ............................................................................................................................................ 129
II.1. Identification des complexes et influence de la structure de l'extractant ......................................... 129
II.2. Propriétés physico-chimiques des phases organiques après extraction de nitrate d'uranyle ............ 133
II.2.a. Tension interfaciale ..................................................................................................................... 133
II.2.b. Viscosité ................................................................................................................................. 134
II.3. Bilan des études bibliographiques .................................................................................................... 135
III. Extraction de nitrate d'uranyle ......................................................................................................... 136
III.1. Extraction du nitrate d'uranyle en milieu LiNO3 par le DEHiBA dans le TPH ............................... 136
III.2. Influence du diluant ......................................................................................................................... 138
III.3. Influence de la structure du monoamide .......................................................................................... 138
III.4. Influence de l'acidité ........................................................................................................................ 139
III.5. Bilan ................................................................................................................................................. 141
IV. Spéciation moléculaire ........................................................................................................................ 142
IV.1. Spectroscopie InfraRouge ................................................................................................................ 142
IV.1.a. Attribution des bandes de vibration ........................................................................................ 142
IV.1.b. Discussion sur la coordination des nitrates ............................................................................. 144
IV.1.c. Apport de la chimie quantique à l'interprétation des spectres IR ............................................ 145
IV.1.d. Bilan ....................................................................................................................................... 148
IV.2. Absorption et luminescence ............................................................................................................. 148
IV.2.a. Spectrophotométrie UV-visible .............................................................................................. 148
IV.2.b. Spectroscopie Laser à Résolution Temporelle (SLRT) .......................................................... 150
IV.2.c. Bilan des expériences UV-visible et SLRT ............................................................................ 151
IV.3. Spectrométrie de masse à ionisation électrospray (ESI-MS) ........................................................... 152
IV.3.a. Spectres ESI-MS et attributions des pics ................................................................................ 152
IV.3.b. Influence de l'acidité nitrique initiale de la phase aqueuse ..................................................... 154
IV.3.c. Etude de la stabilité des ions en phase gaz ............................................................................. 155
IV.3.d. Spectres de fragmentation ...................................................................................................... 157
IV.3.e. Bilan de l'étude par ESI-MS ................................................................................................... 159
IV.4. Bilan des études de spéciation moléculaire ...................................................................................... 160
V. Modélisation de l'extraction du nitrate d'uranyle ................................................................................ 161
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
127
VI. Etude de l'organisation des solutions de monoamides ..................................................................... 164
VI.1. Etudes de solutions de DEHiBA ...................................................................................................... 164
VI.1.a. Influence de la concentration d'extractant .............................................................................. 164
VI.1.b. Modélisation des intensités diffusées par des solutions de DEHiBA 0,5 mol/L .................... 167
VI.2. Etudes de solutions de DEHDMBA ................................................................................................. 169
VI.2.a. Influence de la concentration d'extractant ............................................................................. 169
VI.2.b. Modélisation des intensités diffusées par des solutions de DEHDMBA 0,5 mol/L ............... 170
VI.3. Influence de l'acidité de la phase aqueuse ........................................................................................ 172
VI.4. Influence de la température .............................................................................................................. 175
VI.5. Bilan des études de spéciation supramoléculaire ............................................................................. 176
VI.5.a. Influence des concentrations et de la structure des extractants ............................................... 176
VI.5.b. Lien avec les études de spéciation moléculaire ...................................................................... 177
VI.5.c. Influence de l'acidité ............................................................................................................... 177
VI.6. Discussion des résultats de spéciation supramoléculaire ................................................................. 178
VI.7. Etudes complémentaires .................................................................................................................. 178
VI.7.a. Apport de la dynamique moléculaire à l'étude de l'organisation des phases organiques ........ 179
VI.7.a.1 Construction des boîtes ...................................................................................................... 179
VI.7.a.2 Cas du DEHiBA ................................................................................................................ 179
VI.7.a.3 Influence de la structure de l'extractant : comparaison du DEHiBA et du DEHDMBA.... 184
VI.7.a.4 Bilan des calculs de dynamique moléculaire ..................................................................... 185
VI.7.a.5 Lien entre les calculs de dynamique moléculaire et les études de spéciation .................... 186
VI.7.b. Apport de la microscopie électronique à balayage en mode WET STEM ............................. 187
VII. Conclusion ........................................................................................................................................... 189
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
128
I. Introduction
La connaissance de la spéciation du nitrate d'uranyle dans les phases organiques de
monoamides est primordiale pour l'élaboration des procédés utilisant ces systèmes extractants.
La première partie de ce chapitre résume les données disponibles dans la littérature. Bien que
les études soient nombreuses et portent sur différents monoamides, les méthodes de
détermination de la spéciation utilisées par la plupart des auteurs ne permettent pas une
description précise des phases organiques.
Une étude de la spéciation des phases organiques de monoamides après extraction de nitrate
d'uranyle a donc été entreprise, à l'échelle moléculaire et supramoléculaire.
Dans un premier temps, la composition des phases organiques a été mesurée pour établir des
isothermes d'extraction.
Dans un second temps, les phases organiques de monoamides après extraction ont été
caractérisées par différentes techniques spectroscopiques, telles que la spectroscopie IR, la
spectrophotométrie UV-visible, la spectroscopie laser à résolution temporelle ou la
spectrométrie de masse à ionisation électrospray, de manière à identifier au mieux les
complexes formés à l'échelle moléculaire.
Des études de spéciation supramoléculaire ont ensuite été réalisées par osmométrie à pression
de vapeur et diffusion de rayons X aux petits angles afin d'étudier l'agrégation des solutions.
Les résultats obtenus aux différentes échelles (grandeurs macroscopiques, spéciation
moléculaire et supramoléculaire) sont ensuite confrontés et discutés. Des simulations par
dynamique moléculaire permettent d'apporter des éléments à la discussion.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
129
II. Bibliographie
De nombreuses études concernant l'extraction du nitrate d'uranyle par les monoamides sont
recensées dans la littérature. Beaucoup d'entre elles suivent la même démarche, c'est-à-dire
une étude de l'extraction des cations à l'état de trace par la méthode des pentes pour identifier
la stœchiométrie des complexes, sans prendre en compte les coefficients d'activité des
espèces. Les paragraphes suivants résument l'ensemble des études recensées, l'objectif étant
de faire ressortir les tendances et l'influence des différents paramètres.
II.1. Identification des complexes et influence de la structure de l'extractant
Les études portant sur l'extraction du nitrate d'uranyle par les monoamides par la méthode des
pentes (cf. Chapitre I, § V.2) sont résumées dans les Tableau 19 àTableau 21. La valeur des
pentes libreLfD ]([log = , permettant de déterminer la stœchiométrie des complexes, et les
constantes d'extraction apparentes ont été déterminées par l'ensemble des auteurs : un unique
complexe 2322 )(NOUOL est pour cela considéré.
Le Tableau 19 permet d'observer l'influence des groupements alkyles liés à l'azote sur la
valeur des pentes et des constantes d'extraction apparentes.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
130
Influence des groupements R' liés à l'azote
Dérivés d'hexanamides (R = -C5H9) Monoamide Conditions Milieu aqueux Pente K'U Références
DBHA R' = C4H9 0,03M< [L] <0,3M - n-dodécane - 25°C - U traces HNO3 3,5M 2,1 22,9 [RUI91] DHHA
R' = C6H13 0,1M< [L] < 0,6M - n-dodécane - 25°C - U traces HNO3 3,5M 1,94 26,91 [GUP99]
Dérivés d'octanamides (R = -C7H13) Monoamide Conditions Milieu aqueux Pente K'U Références
DBOA R' = C4H9 0,03M< [L] <0,3M - n-dodécane - 25°C - U traces HNO3 3,5M 2,1 28,2 [RUI91] DHOA
R' = C6H13 0,1M< [L] < 0,6M - n-dodécane - 25°C - U < 10-4M HNO3 3,5M ≈2 30,9 [GUP99] DOOA
R' = C8H17 0,03M< [L] < 0,3M - n-dodécane - 25°C - U traces HNO3 2M 1,97 - [NAI95]
Dérivés de décanamides (R = -C9H17)
Monoamide Conditions Milieu aqueux Pente K'U Références DBDA
R' = C4H9 0,1M< [L] < 0,3M - dodécane - 25°C - U traces NaNO3 5M 2 4,68 [VAS02] DHDA
R' = C6H13 0,1M< [L] < 0,3M - dodécane - 25°C - U traces NaNO3 5M 2 8,51 [VAS02]
Dérivés d’isobutyramides(R = -CH(CH3)2)
Monoamide Conditions Milieu aqueux Pente K'U Références
DHiBA R' = C6H13
0,1M< [L] < 0,6M - n-dodécane - 25°C - U traces HNO3 2M 2,2 1,17 [NAI94a]
DEHiBA R' = (C2H5)C6H12
0,1M< [L] < 1M - n-dodécane - 25°C - U traces HNO3 2M 2,1 3,7 [PRA97]
Tableau 19 – Influence des groupements R' liés à l'azote sur la pente et la constante d'extraction apparente obtenues par différents auteurs. Monoamide de formule RCON(R')2.
L'allongement des groupements R' conduit à une augmentation de la constante d'extraction
apparente. La ramification des groupements R' entraîne une légère diminution de la constante
d'extraction, certainement due à des effets stériques.
Le Tableau 20 permet de comparer l'influence du groupement R lié à la fonction carbonyle
sur la stœchiométrie des complexes et la constante apparente d'extraction de l'uranium.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
131
Influence des groupements R liés au carbonyle
Dérivés de N,N-dibutylamides (R' = -C4H9)
Monoamide Conditions Milieu aqueux Pente K'U Références DBHA
R = C5H11 0,03M< [L] <0,3M - n-dodécane - 25°C - U traces HNO3 3,5M 2,1 22,9 [RUI91]
DBOA R = C7H15
0,03M< [L] <0,3M - n-dodécane - 25°C - U traces HNO3 3,5M 2,1 28,2 [RUI91]
DBDA R = C9H19
0,03M< [L] <0,3M - n-dodécane - 25°C - U traces HNO3 3,5M 2,1 63,1 [RUI91]
Dérivés de N,N-dihexylamides (R' = -C6H13)
Monoamide Conditions Milieu aqueux Pente K'U Références DHBA
R = C3H7 0,1M< [L] < 0,6M - n-dodécane - 25°C - U traces HNO3 2M 2,2 2,91 [NAI94a]
DHHA R = C5H11
0,1M< [L] < 0,6M - n-dodécane - 25°C - U traces HNO3 3,5M 1,94 26,91 [GUP00a]
DHOA R = C7H15
0,1M< [L] < 0,6M - n-dodécane - 25°C - U < 10-4M HNO3 3,5M 1,79 30,9 [GUP00b]
DHDA R = C9H19
[L] = 0,5M - n-dodécane - 25°C - U < 10-3M HNO3 3,5M - 29,51 [GUP99]
Dérivés de N,N-di-(éthyl-2-hexyl)amides (R' = -CH2CH(C2H5)C4H9)
Monoamide Conditions Milieu Pente K'U Références
DEHAA R = CH3
0,1M< [L] <1M - n-dodécane - 25°C – HNO3 3M 1,97 34 [PAT01a-b]
U trace 10-5M
DEHPA R = C2H5
[L] = 1M - n-dodécane - 25°C - U = 10-4M HNO3 3M - 6,16 [PAT01a-b]
DEHiBA R = CH(CH3)2
[L] = 1M - n-dodécane - 25°C - U = 10-4M HNO3 3M - 1,7 [PAT01a-b]
DEHPVA R = C(CH3)3
0,1M< [L] <1M - n-dodécane - 25°C – HNO3 3M 2,07 0,51 [PAT01a-b]
U trace 10-5M
Tableau 20 – Influence du groupement R lié à la fonction carbonyle des monoamides sur la pente et la constante d'extraction apparente obtenues par différents auteurs. Monoamide de formule RCON(R')2.
L'allongement des groupements R, lorsque les groupements R' sont linéaires, induit une
augmentation de la constante d'extraction apparente.
Dans le cas de groupements R' ramifiés, l'allongement des groupements R entraîne une
diminution de la constante d'extraction apparente.
La ramification des groupements R entraine une nette diminution de la constante d'extraction.
L'effet de la ramification des groupements alkyles porté par le groupement carbonyle est
nettement plus important que celui de la ramification des groupements portés par l'atome
d'azote.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
132
L'influence de l'acidité nitrique initiale en phase aqueuse sur la valeur des pentes des droites
)](log[log libreU LfD = est donnée par le Tableau 21.
DEHBA
Conditions Milieu aqueux Pente Références
0,2M< [L] <1,1M - TPH - 25°C - U 10-2M HNO3 1,015M 2,53 [CON92]
0,1M< [L] <0,75M - n-dodécane - 25°C - U traces HNO3 2M 2 [NAI96]
0,2M< [L] <1,1M - TPH - 25°C - U 10-2M HNO3 5,2M 1,83 [CON92]
0,2M< [L] <1,1M - TPH - 25°C - U 10-2M HNO3 8M 1,62 [CON89]
0,2M< [L] <1,1M - TPH - 25°C - U 10-2M HNO3 10,1M 1,53 [CON92]
DEHiBA
Conditions Milieu aqueux Pente Références
0,2M< [L] <1,1M - TPH - 25°C - U 10-2M HNO3 1,015M 2,41 [CON92]
0,1M< [L] <1M - n-dodécane - 25°C – U 10-5M HNO3 2M 2,13 [PAT99a]
0,2M< [L] <1,1M - TPH - 25°C - U 10-2M HNO3 3M 1,95 [CON89]
0,2M< [L] <1,1M - TPH - 25°C - U 10-2M HNO3 5M 1,85 [CON92]
0,2M< [L] <1,1M - TPH - 25°C - U 10-2M HNO3 10,2M 1,74 [CON92]
Tableau 21 – Influence de l'acidité sur la valeur des pentes des droites )](log[log libreU LfD = .
L'augmentation de l'acidité initiale en phase aqueuse diminue fortement la valeur de la pente
(Tableau 21).
Une autre approche consiste à mesurer les isothermes d'extraction du nitrate d'uranyle
(concentration de monoamide fixe et de nitrate d'uranyle variable) puis à modéliser ces
isothermes en faisant des hypothèses sur la stœchiométrie des complexes. Les constantes
d'extraction associées sont optimisées de manière à réduire l'écart entre les concentrations de
nitrate d'uranyle calculées et expérimentales.
Pour modéliser les isothermes d'extraction du nitrate d'uranyle par le DEHiBA et le DEHBA à
partir de phases aqueuses acides, Condamines propose la formation du complexe mixte acide
de stœchiométrie 332 )(NOLHUO [CON89], qui pourrait expliquer la variation des pentes des
droites )](log[log libreU LfD = avec l'acidité de la phase aqueuse, en plus du complexe
2322 )(NOUOL .
Pour des phases aqueuses faiblement acides, Condamines réalise la modélisation des
isothermes d'extraction du nitrate d'uranyle par le DEHiBA et le DEHBA en prenant en
compte les complexes 2322 )(NOUOL et 2323 )(NOUOL [CON89].
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
133
Pour modéliser l'extraction du nitrate d'uranyle par le DEHPA, Dannus considère la formation
des complexes 2322 )(NOUOL et 22323 ))(( NOUOL [DAN91].
Si tous les auteurs s'accordent pour proposer le complexe 2322 )(NOUOL , les complexes
22323 ))(( NOUOL et 2323 )(NOUOL n'ont jamais été mis en évidence expérimentalement.
Enfin, le modèle développé par Sorel[SOR09] afin de simuler l'extraction du nitrate d'uranyle en
milieu acide par le DEHiBA dans le TPH prend en compte les complexes 2322 )(NOUOL et
3323 )(NOHUOL .
Ce résumé des études de la littérature concernant l'identification des complexes de
monoamide et de nitrate d'uranyle montre que la spéciation n'est pas clairement établie dans
ces systèmes.
II.2. Propriétés physico-chimiques des phases organiques après extraction de nitrate
d'uranyle
II.2.a. Tension interfaciale
Les monoamides utilisés en extraction liquide-liquide possèdent un groupement amide polaire
et des chaînes alkyles suffisamment lipophiles pour leur assurer une solubilité suffisante dans
les alcanes. Ceci leur confère des propriétés tensioactives plus ou moins marquées.
A titre d'exemple, la Figure 56 présente les tensions interfaciales d'un monoamide (DHOA) et
du TBP. Le monoamide est moins tensioactif que le TBP en l'absence de soluté extrait
([U]org = 0).
Lorsque la concentration de nitrate d'uranyle augmente en phase organique, la tension
interfaciale augmente linéairement (Figure 56). On constate également que la tension
interfaciale d'un système TBP/dodécane est plus faible que pour un système à base de
monoamide dans les mêmes conditions[PAT09a]. Cela implique un temps de séparation des
phases aqueuse et organique plus élevé dans le cas des monoamides[PAT09a].
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
134
Figure 56 – Tension interfaciale d'une phase organique en présence d'une phase aqueuse acide contenant
du nitrate d'uranyle en fonction de la concentration de nitrate d'uranyle en phase organique à 25°C – Phase aqueuse : Nitrate d'uranyle + HNO3 3,5M ; Phase organique : TBP ou DHOA 1,1M dans le
dodécane[PAT09a].
II.2.b. Viscosité
Différents paramètres peuvent influencer la viscosité des phases organiques d'extractants :
- l'augmentation de la température induit une diminution de viscosité ;
- l'augmentation de la concentration d'extractant ou de solutés, tel que l'uranium,
entraine une augmentation de viscosité.
Pathak[PAT09a] observe que la viscosité d'une solution de DHOA 1,1 mol/L dans le dodécane
augmente de 2,6 cP sans nitrate d'uranyle à 7,5 cP pour une solution contenant un peu plus de
83 g/L de nitrate d'uranyle (soit environ 0,35 mol/L). Cette augmentation exponentielle avec
la concentration de nitrate d'uranyle est nettement plus marquée que pour une solution de
TBP[PAT09a], pour laquelle la viscosité augmente linéairement avec la concentration de nitrate
d'uranyle et reste relativement faible (Figure 57).
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
135
Figure 57 – Viscosité dynamique d'une solution de TBP 1,1M et de DHOA 1,1M dans le dodécane en
fonction de la concentration de nitrate d'uranyle[PAT09a].
Aucune explication de ce phénomène n'est avancée par les auteurs. Toutefois, nous faisons
l'hypothèse qu'une organisation particulière de la solution pourrait être à l'origine de ce
phénomène
II.3. Bilan des études bibliographiques
Ce résumé des études de la littérature concernant l'extraction du nitrate d'uranyle par les
monoamides montre que la spéciation n'est pas clairement établie. Les auteurs s'accordent
pour proposer 2322 )(NOUOL comme complexe majoritaire, et les espèces 22323 ))(( NOUOL
et 2323 )(NOUOL ont été proposées pour modéliser au mieux les isothermes
d'extraction[CON89],[DAN91]. Toutefois, ces espèces n'ont pas été mises en évidence
expérimentalement.
Le comportement physico-chimique des phases organiques de monoamides après extraction
de nitrate d'uranyle semble différent de celui observé pour d'autres systèmes extractants tel
que le TBP : la viscosité des solutions semble augmenter de façon exponentielle avec la
concentration de nitrate d'uranyle en phase organique. Aucune explication de ce phénomène
n'est avancée par les auteurs.
L'objectif des études entreprises concernant l'extraction du nitrate d'uranyle par les
monoamides dans ce chapitre est donc d'apporter une description la plus précise possible de la
spéciation en phase organique.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
136
III. Extraction de nitrate d'uranyle
Comme nous l'avons vu au chapitre précédent, l'acide nitrique est extrait par les monoamides
et peut également avoir une influence non négligeable sur l'organisation de la solution. Dans
le but de simplifier l'interprétation des résultats, la majorité des études entreprises sur le
nitrate d'uranyle a été réalisée en l'absence d'acide nitrique. Cependant, afin de favoriser
l'extraction du nitrate d'uranyle, l'acide nitrique a été remplacé en phase aqueuse par du nitrate
de lithium pour favoriser l'extraction par effet de masse. Il a été vérifié que dans nos
conditions expérimentales, le nitrate de lithium n'est pas extrait par les monoamides en phase
organique.
Plusieurs systèmes ont été étudiés :
� Le système de référence UO2(NO3)2 / LiNO3 / H2O // Monoamide / Diluant, le
monoamide étant le DEHiBA ou le DEHDMBA afin de comparer les effets de
structure de l'extractant. Le diluant est le TPH (pour les études de spéciation
moléculaire) ou le n-heptane (pour les études de spéciation supramoléculaire).
� Le système UO2(NO3)2 / HNO3 / H2O // DEHiBA / Heptane, pour comprendre
l'influence de la présence d'acide nitrique sur l'organisation des solutions.
III.1. Extraction du nitrate d'uranyle en milieu LiNO 3 par le DEHiBA dans le TPH
La Figure 58 présente les isothermes d'extraction du nitrate d'uranyle et de l'eau co-extraite
par le DEHiBA 1,5 mol/L dans le TPH dans l'échelle des molarités et des molalités.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
137
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1[U]aq,éq (mol/L)
[U]o
rg,é
q (m
ol/L
)
Isotherme U - DEHiBA 1,5M TPH
00,20,40,60,8
11,21,41,61,8
2
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1[U]aq,éq (mol/kg)
[U]o
rg,é
q (m
ol/k
g)
Isotherme U - DEHiBA 4,2 mol/kg TPH
0
0,02
0,04
0,06
0,08
0,1
0,12
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1[U]aq,éq (mol/L)
[H2O
]org
,éq
(mol
/L)
Isotherme H2O - DEHiBA 1,5M TPH
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
0,35
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1[U]aq,éq (mol/kg)
[H2O
]org
,éq
(mol
/kg)
Isotherme H2O - DEHiBA 4,2 mol/kg TPH
Figure 58 – Isotherme d'extraction du nitrate d'uranyle (a), (a') et de l'eau co-extraite (b), (b') par le
DEHiBA 1,5M dans le TPH à 25°C. Échelle des molarités (a), (b) et des molalités (a'), (b'). Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 variable + LiNO3 2M
Phase organique initiale : DEHiBA 1,5M dans le TPH
Les quantités d'eau extraite diminuent lorsque la concentration de nitrate d'uranyle augmente
en phase organique. Un palier de saturation sur l'isotherme d'extraction du nitrate d'uranyle est
observé pour un rapport 3,2][
][ ≈U
L, après prise en compte de la diminution de la concentration
de l'extractant suite au gonflement de la phase organique après extraction de nitrate d'uranyle
et d'eau. Il a été vérifié par spectroscopie IR que sur le palier, la bande de vibration du
groupement carbonyle libre a disparu, indiquant que la totalité de l'extractant est complexé.
Le rapport ][
][
U
Là saturation est légèrement plus important que celui attendu ( 2≈ ) selon la
majorité des études recensées dans la littérature (cf. II.1). Néanmoins, Condamines[CON89]
obtient une pente de 2,4 lors de l'étude de l'extraction du nitrate d'uranyle en milieu HNO3
1 mol/L par le DEHiBA dans le TPH par la méthode des pentes, confirmant ainsi cette valeur.
Dès lors, il n'est pas possible de considérer la formation du seul complexe 2322 )(NOUOL
comme la littérature en fait le plus souvent état.
(a) (a')
(b) (b')
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
138
Des études de spéciation moléculaire sont nécessaires afin de caractériser plus finement la
phase organique pour orienter les hypothèses sur la stœchiométrie des complexes à considérer
lors de la phase de modélisation des isothermes d'extraction.
III.2. Influence du diluant
L'influence du diluant sur l'extraction de nitrate d'uranyle et d'eau a été évaluée. Un écart
d'environ 8% est observé sur l'extraction du nitrate d'uranyle par le DEHiBA 1,5 mol/L dilué
dans le n-heptane par rapport au DEHiBA 1,5 mol/L dilué dans le TPH sur le palier de
saturation (Figure 59). Le rapport ][
][
U
L à saturation est de 2,2 dans le n-heptane pour 2,3 dans
le TPH. Les concentrations d'eau co-extraite sont similaires dans les deux diluants. Ceci
permet de considérer que les phénomènes qui seront observés dans le n-heptane pourront être
transposés au TPH, et inversement.
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0 20 40 60 80 100aUO2(NO3)2
[U]o
rg,é
q (m
ol/L
)
n-heptane
TPH
0
0,02
0,04
0,06
0,08
0,1
0,12
0 20 40 60 80 100aUO2(NO3)2
[H2O
]org
,éq
(mol
/L)
n-heptane
TPH
Figure 59 – Extraction du nitrate d'uranyle (a) et de l'eau (b) par le DEHiBA 1,5M dans le TPH (■) et
dans le n-heptane (♦) à 25°C.
III.3. Influence de la structure du monoamide
L'extraction du nitrate d'uranyle et de l'eau co-extraite en phase organique par le DEHiBA ou
le DEHDMBA à différentes concentrations dans le n-heptane a été quantifiée. Les données
d'extraction sont reportées en Annexe A. Les isothermes d'extraction sont représentées
Figure 60.
(a) (b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
139
00,10,20,30,40,50,60,70,80,9
1
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8[U]aq éq (mol/L)
[U]o
rg é
q (m
ol/L
)DEHiBA 1,5M HeptaneDEHiBA 1M HeptaneDEHiBA 0,5M HeptaneDEHDMBA 1,5M HeptaneDEHDMBA 0,5M Heptane
0
0,02
0,04
0,06
0,08
0,1
0,12
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6[U]aq éq (mol/L)
[H2O
]org
éq
(mol
/L)
DEHiBA 1,5M HeptaneDEHiBA 1M HeptaneDEHiBA 0,5M HeptaneDEHDMBA 1,5M HeptaneDEHDMBA 0,5M Heptane
Figure 60 – Isothermes d'extraction du nitrate d'uranyle (a) et de l'eau co-extraite (b) par le DEHiBA
0,5M, 1M et 1,5M et par le DEHDMBA 0,5M et 1,5M dans le n-heptane à 25°C. Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + LiNO3 3M + HNO3 10-2M (pH = 2)
Phase organique initiale : DEHiBA/DEHDMBA 0,5M ou 1,5M dans le n-heptane
Pour les faibles concentrations de nitrate d'uranyle, le pouvoir extractant du DEHDMBA est
légèrement supérieur à celui du DEHiBA. Lorsque la concentration de nitrate d'uranyle
augmente, on approche de la saturation, et les deux monoamides ont un comportement
similaire, avec un rapport à saturation ou proche de la saturation ][
][
U
L compris entre 2,2 et 2,5.
La constante d'extraction du nitrate d'uranyle par le DEHDMBA serait donc un peu plus
grande que celle du DEHiBA, mais la stœchiométrie limite des deux monoamides serait
identique.
Les concentrations d'eau co-extraite suivent la même tendance pour les deux monoamides. Le
DEHiBA extrait cependant plus d'eau que le DEHDMBA, ce qui a déjà été observé après
extraction d'eau seule (Chapitre II) et extraction d'acide nitrique (Chapitre III).
III.4. Influence de l'acidité
L'extraction du nitrate d'uranyle en milieu acide par le DEHiBA dans le n-heptane à 25°C a
également été étudiée. Les quantités de nitrate d'uranyle, d'acide nitrique et d'eau extraite en
phase organique ont été quantifiées. Les données d'extraction sont présentées sous forme
d'isothermes (Figure 61).
(a) (b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
140
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4[U]aq,éq (mol/L)
[X]o
rg,é
q (m
ol/L
)
Extraction U
Extraction HNO3
Extraction H2O
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1[U]aq,éq (mol/L)
[X]o
rg,é
q (m
ol/L
)
Extraction U
Extraction HNO3
Extraction H2O
Figure 61 – Isothermes d'extraction du nitrate d'uranyle (▲), de l'acide nitrique (■) et de l'eau co-extraite
(♦) en phase organique par le DEHiBA 0,5M (a) et 1,5M (b) dans le n-heptane à 25°C. Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + HNO3 2,7M
Phase organique initiale : DEHiBA 0,5M ou 1,5M dans le n-heptane
Pour de faibles concentrations de nitrate d'uranyle, l'extraction de l'acide nitrique et du nitrate
d'uranyle semble indépendante. Pour des concentrations importantes de nitrate d'uranyle, les
concentrations d'acide nitrique et de nitrate d'uranyle extrait augmentent de la même manière,
montrant ainsi que l'extraction de l'acide est liée à celle de l'uranyle, probablement par la
formation d'un complexe acide mixte comme identifiée par Condamines[CON89] ou Sorel[SOR09].
Une diminution des concentrations d'eau co-extraite avec l'augmentation de la concentration
de nitrate d'uranyle est observée. La Figure 62 permet d'observer l'influence de la présence
d'acide nitrique sur l'extraction du nitrate d'uranyle et de l'eau par rapport à des extractions
réalisées en milieu LiNO3.
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4[U]aq,éq (mol/L)
[U]o
rg,é
q (m
ol/L
)
DEHiBA 1,5M - LiNO3DEHiBA 1,5M - HNO3DEHiBA 0,5M - LiNO3DEHiBA 0,5M - HNO3
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4[U]aq éq (mol/L)
[H2O
]org
éq
(mol
/L)
DEHiBA 1,5M - Milieu LiNO3
DEHiBA 1,5M - Milieu HNO3
DEHiBA 0,5M - Milieu LiNO3
DEHiBA 0,5M - Milieu HNO3
Figure 62 – Isothermes d'extraction du nitrate d'uranyle (a) et de l'eau co-extraite (b) en phase organique
par le DEHiBA 0,5M et 1,5M dans le n-heptane à 25°C en milieu LiNO3 et HNO3. Phase aqueuse initiale : Milieu LiNO3 : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + LiNO3 3M + HNO3 10-2M (pH = 2)
Milieu HNO3 : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + HNO3 2,7M Phase organique initiale : DEHiBA 0,5M et 1,5M dans le n-heptane
Les concentrations de nitrate d'uranyle extrait sont moins importantes en présence d'acide
nitrique. Cela montre une compétition entre l'extraction d'acide et de nitrate d'uranyle. Un
palier de saturation semble être atteint pour le DEHiBA 0,5 mol/L pour les deux milieux
(a) (b)
(a) (b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
141
d'extraction, avec un rapport ][
][
U
L de 2,5 en présence d'acide nitrique et de 2,2 en son absence.
Dans le cas du DEHiBA 1,5 mol/L, le palier ne semble pas atteint.
Pour de faibles concentrations de nitrate d'uranyle, l'acide nitrique extrait pourrait former des
complexes permettant une extraction d'eau plus importante qu'en l'absence d'acide. A forte
concentration de nitrate d'uranyle, l'effet hydrophobe du nitrate d'uranyle redeviendrait
prépondérant et les concentrations d'eau extraite en milieu HNO3 et LiNO3 tendent vers la
même valeur.
III.5. Bilan
L'extraction de nitrate d'uranyle et d'eau par le DEHiBA dilué dans le TPH ou le n-heptane est
similaire. Les observations qui seront réalisées à partir des différentes techniques d'analyse
qui seront employées dans les paragraphes suivants pourront être extrapolées d'un diluant à
l'autre.
Le DEHDMBA semble avoir davantage d'affinité pour le nitrate d'uranyle que le DEHiBA.
Cependant, à saturation, les concentrations de nitrate d'uranyle extrait par les deux
monoamides sont similaires. Ceci indique que la constante d'extraction du nitrate d'uranyle
par le DEHDMBA doit être plus importante que celle du DEHiBA, et que la stœchiométrie
limite est en revanche identique. Les rapports à saturation ][
][
U
L varient entre 2,2 et 2,5 pour
les deux monoamides, quels que soient leur concentration ou le milieu d'extraction.
Des études de spéciation à l'échelle moléculaire sont entreprises, dans le but d'expliquer le
rapport à saturation ][
][
U
L compris entre 2 et 3, qui indiquerait la présence de plusieurs espèces
en phase organique.
De manière à observer l'influence du nitrate d'uranyle sur l'organisation des solutions, des
études de spéciation supramoléculaire sont également entreprises.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
142
IV. Spéciation moléculaire
Diverses techniques spectroscopiques ont été utilisées dans le but d'identifier plusieurs
espèces en phase organique après extraction de nitrate d'uranyle, ce qui permettrait
d'expliquer les rapports ][
][
U
L compris entre 2,2 et 2,5 à la saturation. Ces analyses ont été
essentiellement réalisées sur des phases organiques de DEHiBA (à l'exception des analyses
ESI-MS qui ont été réalisées avec les deux monoamides).
IV.1. Spectroscopie InfraRouge
IV.1.a. Attribution des bandes de vibration
Les spectres IR des phases organiques de DEHiBA 1,5 mol/L dans le TPH après extraction de
nitrate d'uranyle ont été enregistrés de 4000 à 400 cm-1 de manière à obtenir des informations
sur les liaisons formées entre le nitrate d'uranyle et le DEHiBA et sur le mode de coordination
des nitrates en phase organique. La Figure 63 présente les spectres obtenus avec un zoom sur
la région 1700 – 700 cm-1, région dans laquelle se situe la majeure partie des bandes de
vibrations d'intérêt pour la caractérisation de l'échantillon analysé. Les spectres entiers sont
reportés en Annexe A.
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
7009001100130015001700Nombre d'onde (cm-1)
Inte
nsité
(u.
a.)
[U]org = 0,629M [U]org = 0,185M[U]org = 0,543M [U]org = 0,052M[U]org = 0,534M [U]org = 0,017M[U]org = 0,474M [U]org = 0,0001M[U]org = 0,354M [U]org = 0
1
9
8
7
6
5
4
3
2
10
13
12
11
14
Figure 63 – Spectres IR de phases organiques de DEHiBA 1,5M dans le TPH après extraction de nitrate
d'uranyle. Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,01M à 1,6M + LiNO3 2M
Phase organique initiale : DEHiBA 1,5M dans le TPH
La bande de vibration 1 à 1645 cm-1 (Figure 63) correspond à la vibration du groupement
carbonyle C=O libre du monoamide[CON89]. Lorsque la concentration de nitrate d'uranyle
augmente en phase organique, son intensité diminue au profit d'une bande de vibration à 1565
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
143
cm-1 (dont l'intensité augmente), attribuée à la vibration du groupement carbonyle lié[CON89].
Ce décalage de 80 cm-1 provient de la complexation du nitrate d'uranyle par la fonction
carbonyle, montrant ainsi que la liaison U-monoamide s'effectue par l'atome d'oxygène de la
fonction carbonyle.
La disparition totale de la bande de vibration 1 indique l'absence de monoamide non
complexé et permet de vérifier que tout l'extractant est engagé dans la formation de
complexes, c'est-à-dire que la saturation de l'extractant est atteinte. Le rapport ][
][
U
L est
environ égal à 2,3 (cf. § III.1), confirmant un rapport stœchiométrique supérieur à 2 pour les
monoamides engagés dans les complexes.
L'existence de points isobestiques indique la présence de deux "signatures spectrales" : le
monoamide libre et le ou les complexes formés entre l'uranyle et le monoamide. La bande de
vibration 7 à 1379 cm-1 correspond à la vibration de déformation angulaire des groupements
CH3 de l'isopropyle en α du carbonyle. Cette vibration ne semble pas être affectée par
l'extraction du nitrate d'uranyle, contrairement à la vibration des groupements alkyles de la
molécule de DEHiBA (bandes 5, 6 et 9). Les bandes de vibration 6 et 9 comprises
respectivement entre 1423 et 1453 cm-1 et 1200 et 1230 cm-1, et contenant les points
isobestiques, résultent de la vibration des groupements alkyles CH2 et CH3, ainsi que de la
liaison C-N[OHN98a-b]. Le point isobestique observé sur ces bandes est probablement dû au
décalage de la bande de vibration C-N, dont la vibration serait affectée par la complexation de
l'uranyle en raison de sa proximité avec la fonction complexante.
Les bandes de vibration 4, 8, 11, 13 et 14 respectivement à 1518, 1271, 1027, 810 et 745 cm-1
correspondent aux bandes de vibrations des groupements nitrate. Le détail des attributions est
donné dans le Tableau 22.
Enfin, la bande de vibration 12 à 933 cm-1 correspond à la vibration de valence antisymétrique
du groupement uranyle 2UO .
Les bandes de vibrations 2 et 10, respectivement à 1588 et 1088 cm-1, dont l'intensité
augmente avec la concentration de nitrate d'uranyle, ne sont pas répertoriées dans la
littérature.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
144
n° bande (Figure 63)
Fréquence (cm-1)
Attribution
1 1645 Vibration de valence du carbonyle (C=O) libre 2 1588 non attribuée 3 1565 Vibration de valence du carbonyle (C=O) lié 4 1518 ν1 - Vibration de valence symétrique des nitrates (N=O) 5 1487 Vibrations des CH2, CH3 et CN 6 1453-1423 Vibrations des CH2, CH3 et CN 7 1379 δs - Vibration de déformation angulaire symétrique de CH3 isopropyle 8 1271 ν4 - Vibration de valence antisymétrique des nitrates (N-O) 9 1230-1200 Vibrations des CH2, CH3 et CN 10 1088 non attribuée 11 1027 ν2 - Vibration de valence symétrique des nitrates (N-O)
12 933 Vibration de valence antisymétrique de l'uranyle 2UO
13 810 ν6 - Vibration de déformation hors plan des nitrates (N-O) 14 745 ν3 - Vibration de déformation plane des nitrates
Tableau 22 – Attribution des bandes de vibration observées sur les spectres IR des phases organique de DEHiBA après extraction de nitrate d'uranyle d'après [CON89] et [OHN98a-b].
IV.1.b. Discussion sur la coordination des nitrates
Un grand nombre d'études, répertoriées par Ohnet[OHN98a], indique que la coordination d'un
nitrate avec un métal engendre une perte de la symétrie D3h pour une symétrie C2v ou Cs.
Selon Curtis[CUR65], les signatures spectrales des groupements nitrate sont dépendantes de leur
coordination (Figure 64). L'étude des bandes de vibration des nitrates peut donc donner des
informations sur leur mode de coordination : la position des bandes de vibrations
caractéristiques des groupements nitrate permet de déterminer le mode de coordination,
notamment en observant l'écart entre les bandes de vibrations ν1 et ν4 d'une part, et ν3 et ν5
d'autre part, comme le montre la Figure 64[CUR65].
Figure 64 – Bandes de vibrations de nitrates ioniques (1), monodentés (2) dans des complexes Ni(NO3)2L et
bidentés (3) dans des complexes NiNO3L+, avec L = éthylènediamine[CUR65].
ν1 ν4 ν2 ν6 ν3 ν5
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
145
Le groupement nitrate posséderait alors six modes de vibration actifs en IR. Cinq des six
modes de vibrations sont observés dans les régions attendues sur les spectres IR des phases
organiques de DEHiBA après extraction de nitrate d'uranyle (Tableau 23).
Vibration Fréquence (cm-1) ν1 1518 ν2 1027 ν3 745 ν4 1272 ν6 810
Tableau 23 – Résumé des fréquences de vibrations des nitrates observés par IR pour des phases organiques de DEHiBA 1,5M dans le TPH après extraction de nitrate d'uranyle à 25°C.
Le mode de vibration ν5, une vibration de déformation plane attendue vers 710 -700 cm-1,
n'est pas observé. L'absence du mode de vibration ν5 peut trouver son origine dans le fait que
les nitrates soient monodentés[CUR65]. Les bandes de vibration ν3 et ν5 seraient alors tellement
rapprochées qu'elles pourraient être confondues.
D'après Hester[HES66] et Topping[TOP65], les modes de vibrations observés des groupements
nitrate (ν1 = 1518 cm-1 et ν4 = 1271 cm-1) sont compatibles avec l'existence de nitrate bidenté
au sein du complexe, sur la base d'écarts entre les différentes fréquences de vibration (écart >
200 cm-1).
Selon Field[FIE64], la présence de deux bandes de vibration, l'une supérieure à 1570 cm-1 et
l'autre inférieure à 1280 cm-1 pourrait indiquer l'existence de nitrates pontants, par exemple
entre deux uranyles. Or les bandes 2 et 10, non répertoriées par les études classiques des
complexes U-monoamide par IR, répondent à ces critères.
L'analyse des spectres IR selon les données de la littérature montre que la coordination des
nitrates pourrait être multiple, les bandes nitrate observées correspondant à des critères
indiquant la présence de différents modes de coordination des nitrates (monodentés, bidentés
et/ou pontants).
IV.1.c. Apport de la chimie quantique à l'interprétation des spectres IR
Afin d'aider à l'interprétation des spectres IR, des études de chimie quantique ont été
entreprises notamment dans le but d'identifier les modes de coordination des nitrates dans les
phases organiques de DEHiBA 1,5 mol/L après extraction de nitrate d'uranyle. Pour cela,
différentes espèces "fictives" ont été envisagées afin de représenter des nitrates monodentés,
bidentés et pontants. La structure de ces espèces a été optimisée, puis les spectres IR
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
146
théoriques calculés (Figure 65). L'espèce (a) permet de représenter des nitrates bidentés et
correspond à l'image "classique" des complexes de monoamides avec le nitrate
d'uranyle[CON89] : il s'agit du complexe 2322 )(NOUOL . L'espèce (b) n'est pas neutre
électriquement, mais permet de représenter des nitrates monodentés. L'espèce (c) assure la
représentation de deux nitrates bidentés et de deux nitrates pontants entre deux uranyles. Les
espèces (b) et (c) ont été construites de manière à saturer la sphère de coordination de
l'uranyle.
Les calculs ont été effectués par D. Guillaumont et K. Ribokaité dans le cadre d'une
collaboration interne au laboratoire, par la théorie de la fonctionnelle de la densité (DFT) avec
la programme Gaussian 09[FRI09]. Les effets de solvatation ont été pris en compte en utilisant
un modèle de solvant implicite où le soluté est intégré dans une cavité moléculaire entourée
par un milieu diélectrique. Le modèle IEFPCM a été utilisé et la cavité moléculaire a été
construite à partir du modèle UAHF comme implémenté dans Gaussian 09. Pour les atomes
d'uranium, un pseudopotentiel relativiste grand cœur développé par le groupe de Dolg a été
utilisé[CAO03]. Pour les autres atomes, la base atomique 6-31+G(d,p) a été utilisée. La
fonctionnelle B3LYP a été employée. Les fréquences de vibration supérieures à 900 cm-1 ont
été multipliées par un facteur correctif de 0,984 de manière à corriger une déviation
systématiquement observée pour ce type de calculs[CAE12].
Les chaînes éthyle-hexyle du DEHiBA ont été raccourcies de deux carbones (éthyle-butyle)
afin de diminuer les temps de calculs.
Figure 65 – Structures optimisées des différentes espèces envisagées pour le calcul des spectres IR
théoriques. (a) L2UO2(NO3)2 avec deux nitrates bidentés ; (b) LUO2(NO3)4
2- avec quatre nitrates monodentés ; (c) L2(UO2)2(NO3)4 avec deux nitrates bidentés et deux nitrates pontants, L = DEBiBA.
Les fréquences de vibration calculées des nitrates et de la fonction carbonyle calculées pour
les trois structures sont regroupées dans le Tableau 24.
(a) (b) (c)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
147
Structure C=O (cm-1) NO3 ν1 (cm-1) ν4 (cm-1) ν2 (cm-1) ν6 (cm-1) ν3 (cm-1)
(a) 1561 bidentés 1510 1301 1058 807 751
(b) 1574 monodentés 1470 1300 1040 807 730
(c) 1571 bidentés 1550 1280 1050 804 747
pontants 1524 1279 1046 805 728
Tableau 24 – Fréquences de vibration calculées des nitrates et de la fonction carbonyle des trois structures optimisées (a), (b) et (c).
Les résultats des calculs de DFT n'aboutissent pas toujours à la valeur exacte des fréquences
de vibrations observées expérimentalement. Malgré l'application d'un facteur correctif, des
différences peuvent subsister. Pour s'affranchir de ces différences, la bande de vibration de la
fonction carbonyle a été prise comme référence, et les écarts entre les bandes de vibrations
des nitrates et cette bande ont été déterminés.
ν C=O
ν6
ν4ν3
ν2
ν1
∆ν4
ν C=O
ν6
ν4ν3
ν2
ν1
∆ν4 Figure 66 – Représentation schématique des fréquences IR calculées et illustration des écarts comparés
pour la détermination des modes de coordination des nitrates. ∆∆∆∆ννννx = ννννC=O - ννννx, nitrate
Ces écarts obtenus (∆νx = νC=O - νx, nitrate) ont ensuite été comparés aux valeurs expérimentales
(Tableau 25). Les valeurs en gras dans le Tableau 25 correspondent aux meilleurs accords
entre l'expérience et le calcul.
Ecart par rapport à la fréquence de vibration du C=O Structure NO3 ∆ν1 (cm-1) ∆ν4 (cm-1) ∆ν2 (cm-1) ∆ν6 (cm-1) ∆ν3 (cm-1) Solution
réelle - 49 296 540 757 822
a bidentés 51 260 503 754 810 b monodentés 104 274 534 767 844
c bidentés 21 291 521 767 824 pontants 47 292 525 766 843
Tableau 25 – Ecarts entre la fréquence de vibration de la fonction carbonyle et de chaque fréquence de vibration des nitrates des structures optimisées et des spectres IR expérimentaux. ∆∆∆∆ννννx = ννννC=O - ννννx, nitrate
De cette comparaison, il ressort que la structure (b), ne comportant que des nitrates
monodentés, ne correspond pas aux données expérimentales. Si une majorité de nitrates
monodentés existait en solution, la bande de vibration ν1 ne serait pas observée à cette
position sur les spectres expérimentaux (Figure 63). En revanche, les fréquences calculées des
structures (a) et (c) correspondent relativement bien aux valeurs expérimentales.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
148
Les calculs de chimie théorique permettent également d'identifier les bandes de vibrations 2
(1588 cm-1) et 10 (1088 cm-1) observées sur les spectres expérimentaux (Figure 63). Ces
bandes correspondraient respectivement à la vibration de la fonction carbonyle dans une
conformation différente de celle de la vibration 3 à 1565 cm-1 et à la vibration de groupement
–CH et –CH2 influencés par la complexation avec le nitrate d'uranyle et ne proviendrait pas
des vibrations de nitrates pontants.
IV.1.d. Bilan
La complexation de l'uranyle intervient par la fonction carbonyle des monoamides. Le suivi
de la bande de vibration du carbonyle libre confirme le rapport à saturation 3,2][
][ =U
L.
L'analyse des spectres IR expérimentaux avec les données de la littérature et les calculs de
chimie quantique montre que les modes de coordination des nitrates à l'uranyle pourraient être
multiples. Ainsi, des nitrates bidentés et des nitrates pontants entre deux uranyles pourraient
exister en solution, alors que la présence de nitrates monodentés en grande quantité est exclue.
IV.2. Absorption et luminescence
L'existence de différentes espèces pourrait induire un changement de la sphère de
coordination du nitrate d'uranyle. L'étude des spectres IR dans le paragraphe précédent
montrerait que plusieurs modes de coordination des nitrates à l'uranyle pourraient exister en
phase organique. Dans le but de mettre en évidence un changement dans la sphère de
coordination de l'uranyle, qui pourrait se traduire par un changement de coordination des
nitrates, les phases organiques de DEHiBA après extraction de nitrate d'uranyle ont été
caractérisées par spectrophotométrie UV-visible et spectroscopie laser à résolution temporelle
(SLRT).
IV.2.a. Spectrophotométrie UV-visible
Les spectres UV-visible de phases organiques de DEHiBA ont été enregistrés pour différentes
concentrations de nitrate d'uranyle. Les spectres obtenus sont présentés Figure 67.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
149
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
350 400 450 500Longueur d'onde (nm)
Abs
orba
nce
[U]org = 0,43M[U]org = 0,418M[U]org = 0,388M[U]org = 0,321M[U]org = 0,228M[U]org = 0
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
1,8
2
350 400 450 500Longueur d'onde (nm)
Abs
orba
nce
[U]org = 0,688M[U]org = 0,611M[U]org = 0,544M[U]org = 0,423M[U]org = 0,275M[U]org = 0
Figure 67 – Spectres UV-visible de phases organiques de DEHiBA 1M (a) et 1,5M (b) dans le n-heptane
après extraction de nitrate d'uranyle. Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + LiNO3 3M +HNO3 10-2M (pH=2)
Phase organique initiale : DEHiBA 1M ou 1,5M dans le n-heptane
Les spectres d'absorption sont similaires à ceux obtenus après extraction de nitrate d'uranyle
par d'autres monoamides[RUI91],[CON92],[PRA93],[RUI95]. Peu de modifications de la position des
bandes d'absorption sont visibles sur les spectres. La différence la plus importante concerne la
bande centrale du massif d'absorption. Dans le cas du DEHiBA 1 mol/L, le maximum
d'absorption se situe à 421 nm à faible concentration d'uranyle, et se décale progressivement
jusqu'à 424 nm pour les solutions les plus concentrées. Pour le DEHiBA 1,5 mol/L, la bande
centrale dont le maximum apparaît à 425 nm, se décale de 3 nm avec l'augmentation de la
concentration d'uranyle en phase organique. Les décalages observés (3 nm) restent très
faibles, indiquant qu'il n'y a pas de modifications significatives de la sphère de coordination
de l'uranyle avec l'augmentation de la concentration de nitrate d'uranyle en phase organique le
long des isothermes d'extraction.
Ces spectres ayant été obtenus pour une concentration donnée de monoamide et variable en
uranium, d'autres solutions ont été préparées de manière à fixer la concentration d'uranium
pour différentes concentrations de monoamide. Ceci pourrait permettre de voir si la
concentration de monoamide a un impact sur la sphère de coordination de l'uranium
(Figure 68). Les spectres de solutions de DEHiBA 1 mol/L et 1,5 mol/L présentent peu de
différences, indiquant que la concentration d'extractant n'aurait pas d'influence sur la
coordination de l'uranyle.
(a) (b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
150
00,20,40,60,8
11,21,41,61,8
2
350 400 450 500Longueur d'onde (nm)
Abs
orba
nce
DEHiBA 1M - [U]org =0,418M
DEHiBA 1,5M - [U]org =0,423M
Figure 68 – Spectres UV-visible de phases organiques de DEHiBA 1M et 1,5M pour une même
concentration d'uranyle de 0,42M. Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 1M (–) et 0,5M (–)+ LiNO3 3M +HNO3 10-2M (pH=2).
Phase organique initiale : DEHiBA 1M (–) ou 1,5M (–) dans le n-heptane.
IV.2.b. Spectroscopie Laser à Résolution Temporelle (SLRT)
La spectrophotométrie UV-visible n'a pas permis de mettre en évidence la formation de
différentes espèces, les bandes d'absorption observées ne variant que très peu. La SLRT a
alors été utilisée afin d'observer la formation éventuelle de plusieurs espèces qui pourraient se
différencier par leur spectre d'émission de luminescence (fluorescence et phosphorescence) ou
par un temps de vie différent du signal de désexcitation. Le principe de la technique ainsi que
l'adaptation du montage optique sont détaillés respectivement au Chapitre I (cf. § IV.3) et en
Annexe A. Les spectres normalisés par rapport à l'aire sous la courbe sont présentés
Figure 69.
0
0,001
0,002
0,003
0,004
0,005
0,006
0,007
0,008
450 500 550 600 650 700Longueur d'onde (nm)
Inte
nsité
(u.
a.)
0,03M
0,05M
0,07M
0,18M
0,27M
0,35M
0,42M
0,47M
0,53M
0,55M
0,58M
Figure 69 – Spectres SLRT normalisés de phases organiques de DEHiBA 1,5M dans le TPH après
extraction de nitrate d'uranyle. Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,04M à 1,3M + LiNO3 2M
Phase organique initiale : DEHiBA 1,5M dans le TPH
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
151
L'augmentation de la concentration de nitrate d'uranyle affecte uniquement les deux bandes à
480 nm et 492 nm. Aucune modification des bandes à 515, 539, 565 et 594 nm n'est observée.
La superposition des spectres de luminescence et d'absorption permet de constater un
recouvrement entre le spectre de luminescence et le spectre d'absorption de l'uranyle en phase
organique (Figure 70).
0
0,001
0,002
0,003
0,004
0,005
0,006
0,007
0,008
0,009
350 400 450 500 550 600 650 700
Longueur d'onde (nm)
Absorbance(UV-visible)
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
Intensité (u.a.) (SLRT) [U]org = 0,55M (SLRT)
[U]org = 0,54M (UV-visible)
Figure 70 – Superposition des spectres de luminescence (SLRT) et d'absorption (UV-visible) de phases
organiques de DEHiBA 1,5M pour deux concentrations identiques de nitrate d'uranyle.
Cette superposition intervient dans la région 467 – 500 nm, ce qui correspond à la partie du
spectre de luminescence sur laquelle des modifications sont observées. Au-delà de 500 nm,
l'absorption devient négligeable et l'allure du spectre de luminescence n'est pas modifiée. Il
apparaît donc clairement que la modification observée sur l'épaulement à 480 nm et sur le pic
à 492 nm est le fait d'une réabsorption du signal par l'échantillon lui-même. Cet effet est
d'autant plus important que la concentration d'uranyle est grande. De plus, une unique
signature spectrale a été observée, présentant un temps de vie d'environ 2 µs.
Ces résultats ne permettent pas de mettre en évidence la formation de plusieurs espèces en
solution.
IV.2.c. Bilan des expériences UV-visible et SLRT
Lorsque le monoamide est saturé, un rapport ][
][
U
L compris entre 2,2 et 2,5 est observé selon
les conditions d'extraction. Une hypothèse pour expliquer ce rapport non entier était la
formation de plusieurs espèces de stœchiométries différentes en solution. Néanmoins, la
spectrophotométrie UV-visible et la SLRT nous permettent juste de constater que la sphère de
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
152
coordination du nitrate d'uranyle reste inchangée lorsque la concentration d'extractant et de
nitrate d'uranyle varie en solution. Si des espèces différentes existent en solution, celles-ci
possèdent le même spectre de désexcitation par luminescence, ce qui est cohérent avec une
coordination de l'uranyle identique. Ceci est confirmé par une étude de Görller[GOR71], qui
indique que la coordination de ligand dans le plan équatorial de l'uranyle n'a que très peu
d'influence sur l'état électronique de l'uranyle, et donc engendre peu de modifications des
signatures spectrales de l'uranyle.
IV.3. Spectrométrie de masse à ionisation électrospray (ESI-MS)
Les techniques spectroscopiques comme l'IR, la spectrophotométrie UV-visible et la SLRT
n'ont pas permis de mettre en évidence la formation de plusieurs espèces dans les phases
organiques de monoamides après extraction de nitrate d'uranyle. Néanmoins, l'existence de
plusieurs espèces n'est pas remise en cause, la sphère de coordination de l'uranyle serait très
similaire dans ces espèces.
La spectrométrie de masse à ionisation électrospray (ESI-MS) permet l'étude de la
stœchiométrie de complexe métal-ligand. Cette technique est adaptée pour mettre en évidence
l'existence de différentes espèces par ionisation de la solution et l'étude des ions produits en
phase gaz (cf. Chapitre I, § IV.4).
Des phases organiques de DEHiBA et de DEHDMBA 0,5 mol/L et 1,5 mol/L après extraction
de nitrate d'uranyle en milieux LiNO3 3 mol/L et HNO3 3 et 7 mol/L ont été analysées par
ESI-MS.
IV.3.a. Spectres ESI-MS et attributions des pics
La Figure 71 représente à titre d'exemple un spectre de masse obtenu à partir d'une phase
organique de DEHiBA 1,5 mol/L après extraction de nitrate d'uranyle en milieu LiNO3.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
153
Figure 71 – Spectre ESI-MS d'une phase organique de DEHiBA 1,5M dans le TPH après extraction de
0,6M de nitrate d'uranyle. Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 1,5M + LiNO3 2M Phase organique initiale : DEHiBA 1,5M dans le TPH
Paramètres ESI-MS : Ionisation positive, Tension capillaire 4000V, Tension skim1 30V, TD 90, Dilution 104 dans CH3CN/H2O (50:50 % vol).
Chaque ion est identifié par comparaison de son massif isotopique expérimental avec le
massif isotopique calculé à partir d'hypothèses sur la stœchiométrie de l'ion (cf. Chapitre I, §
IV.4.b). La comparaison des massifs isotopiques est reportée en Annexe A et l'attribution de
l'ensemble des ions dans le Tableau 26. Les ions observés par analyse d'une phase organique
de DEHDMBA sont de même nature que ceux observés pour une phase organique de
DEHiBA, seuls les rapports m/z sont différents.
Identification de l'ion DEHiBA DEHDMBA
Rapport m/z * Bis-2-éthylhexylamine 242,2
[UO2]+ 270
[UO2OH]+ 287,1 [LH] + 312,4 340,5
** [LNa] + 334,4 362,4 ** [L 3Ca]+ 487,1 529,1 [L 3UO2]
2+ 602,2 644,2 ** [L 2Na]+ 645,7 701,8 [L 4UO2]
2+ 757,7 813,2 [L(L-C 8H17)UO2]
+ 779,7 835,8 [(L 2UO2)2O]2+ 900,8 957,4 [L 2UO2OH]+ 909,8 966,1 [L 2UO2NO3]
+ 954,8 1011 [L 3UO2NO3]
+ 1264,9 1350,5 *** [L 2(UO2)2(NO3)3]
+ 1348 1405 *** [L 3(UO2)2(NO3)3]
+ 1659 1744 *** [L 4(UO2)2(NO3)3]
+ 1970 2084 Tableau 26 – Identification des ions pour chaque pic observé par ESI-MS d'une phase organique de
DEHiBA 1,5M après extraction de nitrate d'uranyle – L = DEHiBA.
242.4 287.1
312.5
487.7
602.2
645.3757.8 900.9
954.8 1264.9
juil0031.d: +MS
0.00
0.25
0.50
0.75
1.00
1.25
6x10Intens.
200 400 600 800 1000 1200 m/z
[L 2UO2NO3]+
[L 3UO2]2+
[L 4UO2]2+ [L 3UO2NO3]
+
[(L 2UO2)2O]2+ [L 2UO2OH]+
[LH] +
[UO2OH]+
[LNa] + [L 3Ca]2+ [L 2Na]+
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
154
Différents ions associant l'uranyle avec des molécules de monoamides de stœchiométries
variables sont observés :
- des ions de type [LxUO2]2+ avec x = 3 ou 4 ;
- des ions de type [LxUO2A] + avec x = 2 ou 3, et A = NO3- et OH- ;
- des ions de type [Lx(UO2)2(NO3)3]+ avec x = 2, 3 ou 4 ;
- et l'ion binucléaire [(L2UO2)2O]2+.
avec L = DEHiBA ou DEHDMBA.
L'ion [L(L-C8H17)UO2]2+ correspond à un ion [L2UO2]
2+ (non observé) dont l'un des ligands a
perdu une chaîne éthyle-hexyle lors de l'ionisation.
Les ions binucléaires de type [Lx(UO2)2(NO3)3]+ (***) sont observés sur des spectres de
solutions de monoamides à 0,5 mol/L enregistrés sur un spectromètre de masse à temps de vol
Q-TOF permettant d'analyser des rapports m/z plus élevés et d'obtenir une meilleure
résolution des massifs isotopiques.
Les ions marqués d'un (**) correspondent à la formation d'adduits (avec Na+, K+ et/ou Ca2+)
couramment observés lors du passage de la solution en phase gaz[SCH02],[SCH03],[DIM06].
La bis-2-éthylhexylamine (*) est une impureté de synthèse des monoamides et peut également
être produite par fragmentation des monoamides lors du passage en phase gaz pour des
tensions de cône relativement élevées.
Les ions de rapport m/z = 270 et m/z = 287,1 sont respectivement attribués aux ions [UO2]+ et
[UO2OH]+. Ces ions sont généralement observés lors de l'analyse par spectrométrie de masse
à ionisation électrospray en mode d'ionisation positif de solution contenant de l'uranyle. Ces
ions sont générés pendant les étapes de dessolvatation-ionisation[MOU00],[VAN03],[VAN04a-b],
[CHI04],[GIB06],[PAS06],[TSI09].
IV.3.b. Influence de l'acidité nitrique initiale de la phase aqueuse
Au cours de son stage réalisé au laboratoire, P. Maes[MAE12] a analysé des phases organiques
de DEHiBA et de DEHDMBA après extraction de nitrate d'uranyle depuis différents milieux
(LiNO3 3 mol/L à pH = 2, HNO3 3 mol/L et HNO3 7 mol/L) afin d'observer l'influence de
l'acidité sur les ions détectés en phase gaz. La Figure 72 présente les spectres obtenus à titre
d'illustration.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
155
287.0
340.4
644.2
957.4 1348.4
1011.0
mai00065.d: +MS
0.0
0.5
1.0
1.5
6x10Intens.
400 600 800 1000 1200 m/z
287.0
340.4
529.1
644.2
956.9 1348.5
1011.0
mai00069.d: +MS
0
1
2
6x10
400 600 800 1000 1200 m/z
287.0
340.4
644.2
1011.0
1348.5957.1529.1
mai00073.d: +MS
0
1
2
3
6x10
400 600 800 1000 1200 m/z Figure 72 – Spectres ESI-MS de phases organiques de DEHDMBA 0,5M dans le n-heptane après
extraction de nitrate d'uranyle en milieu LiNO3 3M (a), HNO3 3M (b) et HNO3 7M (c). Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,3M + LiNO3 3M +HNO3 10-2M (pH=2)
Phase organique initiale : DEHiBA 1,5M dans le TPH Paramètres ESI-MS : Ionisation positive, Tension capillaire 4000V, Tension skim1 10 à 90 V, TD 90, Dilution
103 dans CH3CN/H2O (50:50 % vol).
Il semblerait que l'acidité de la phase aqueuse n'influence pas la nature des ions détectés en
phase gaz, aucun nouveau pic n'étant détecté lorsque l'acidité augmente.
IV.3.c. Etude de la stabilité des ions en phase gaz
Afin de vérifier si les ions observés sont représentatifs de la solution, des expériences de
spectrométrie de masse résolue en énergie ont été menées (cf. Chapitre I, § IV.4.c) en
modifiant progressivement la tension du skimmer 1 (ou tension de cône). Les variations des
intensités des ions observées en fonction de la tension du skimmer 1 sont reportées Figure 73
pour une solution de DEHiBA 1,5 mol/L après extraction de nitrate d'uranyle en milieu
LiNO3.
[L 3UO2(NO3)]+
[L 3UO2(NO3)]+
[L 3UO2(NO3)]+
[L 2UO2(NO3)]+
[L 2UO2(NO3)]+
[L 2UO2(NO3)]+
[L 3UO2] 2+
[LH] +
[UO2OH]+
[UO2OH]+
[UO2OH]+
[L 2Ca] 2+
(a) LiNO 3 3M
(b) HNO3 3M
(c) HNO3 7M
[(L 2UO2)2O]2+
[(L 2UO2)2O]2+
[LH] +
[LH] +
[L 2Ca] 2+
[L 3UO2] 2+
[L 3UO2] 2+
[(L 2UO2)2O]2+
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
156
0
200000
400000
600000
800000
1000000
1200000
1400000
10 20 30 40 50 60 70 80 90
Tension du Skimmer 1 (V)
Intensité
[L 3UO2]2+
[L 2UO2NO3]+
[L 4UO2]2+[(L 2UO2)2O]2+
[L2UO2OH]+[UO2]+
[L 3UO2NO3]+
0
200000
400000
600000
800000
1000000
1200000
1400000
10 20 30 40 50 60 70 80 90
Tension du Skimmer 1 (V)
Intensité
[L 3UO2]2+
[L 2UO2NO3]+
[L 4UO2]2+[(L 2UO2)2O]2+
[L2UO2OH]+[UO2]+
[L 3UO2NO3]+
Figure 73 – Variation de l'intensité des pics des ions d'intérêts en fonction de la tension du skimmer 1
pour une phase organique de DEHiBA 1,5M dans le TPH après extraction de 0,6M de nitrate d'uranyle. Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 1,5M + LiNO3 2M Phase organique initiale : DEHiBA 1,5M dans le TPH
Paramètres ESI-MS : Ionisation positive, Tension capillaire 4000V, Tension skim1 10 à 90 V, TD 90, Dilution
104 dans CH3CN/H2O (50:50 % vol).
Une augmentation de la tension du skimmer 1 conduit à une légère augmentation de l'intensité
de l'ion [UO2]+, indiquant que plus la tension du skimmer 1 est élevée, plus les ions sont
dissociés.
L'intensité de l'ion [L4UO2]2+ est maximale à 20V, indiquant que cet ion est peu stable en
phase gaz. Son intensité diminue lorsque celle de [L3UO2]2+ augmente, [L4UO2]
2+ conduit
probablement à la formation de [L3UO2]2+ par perte d'un ligand, ce qui est confirmé par les
spectres de fragmentation (Figure 74). L'intensité maximum de l'ion [L3UO2]2+ se situe entre
40 et 60V, montrant une stabilité relativement grande de cet ion.
L'intensité de l'ion [L3UO2NO3]+ est maximale pour une tension de cône de 30V, et son
intensité diminue quand celle de l'ion [L2UO2NO3]+ augmente. L'augmentation de la tension
de cône conduit à une fragmentation de cet ion par perte d'un ligand pour aboutir à l'ion
[L2UO2NO3]+. Ce chemin de dégradation est confirmé par l'analyse des spectres de
fragmentation.
Les ions [L3UO2]2+, [(L2UO2)2O]2+, ainsi que les ions [L2UO2NO3]
+ et [L2UO2OH]+
apparaissent comme relativement stables en phase gaz, leur intensité maximale étant comprise
entre 40 et 60V.
Les ions binucléaires [Lx(UO2)2(NO3)3]+ n'ont pas été reportés sur la Figure 73 car ils n'ont été
observés que lors des analyses sur le spectromètre à temps de vol.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
157
Il apparaît clairement que les ions de types [LxUO2]2+ et [LxUO2NO3]
+ puissent être issus de
complexes 232 )(NOUOLx , ionisés lors des étapes de dessolvatation-ionisation.
Concernant les ions [(L2UO2)2O]2+ et [L2UO2OH]+, leur origine est plus délicate à interpréter :
ils peuvent provenir de la solution ou simplement être formés lors des processus d'ionisation.
La littérature mentionne des réactions en phase gaz lors desquelles des molécules d'eau
présentes dans la trappe réagiraient avec les ions de type [LxUO2NO3]+ (L étant un ligand
neutre) pour conduire à la formation d'ions de type [LxUO2OH]+[VAN04a-b],[TSI09]. L'ion
[L2UO2OH]+ est probablement formé par ce type de réactions.
Quant à l'origine de l'ion [(L2UO2)2O]2+, des études par ESI-MS de solutions de nitrate
d'uranyle en milieu éthanol-eau reportent la formation d'ions de type [(UO2)xOAy]+, A étant
l'anion nitrate, ces réactions ayant lieu pendant le processus d'ionisation et de transfert des
ions jusqu'à l'analyseur[PAS06]. De plus, Tsierkezos mentionne également la formation d'ions
binucléaires dans lesquels deux groupements UO2 seraient liés par un nitrate pontant ou un
atome d'oxygène formés en phase gaz[TSI09]. L'ion [(L2UO2)2O]2+ peut donc être formé en
phase gaz. Cependant, deux études cristallographiques de complexes uranium-amide
mentionnent l'existence de cristaux solides dont la structure présente des ponts µ-peroxo
(deux atomes d'oxygène pontants) entre deux atomes d'uranium, avec un monoamide[CHA85] et
un succinamide[WHA12] à chaînes courtes. Il est donc difficile de discerner si cet ion provient
de complexes ionisés depuis la solution ou de recombinaisons en phase gaz.
IV.3.d. Spectres de fragmentation
Les différents ions contenant de l'uranium ont été isolés puis fragmentés lors d'expériences de
spectrométrie de masse MS/MS (cf. Chapitre I, § IV.4.d). La Figure 74 montre les spectres de
fragmentation des ions [L4UO2]2+ (757,7), [L3UO2]
2+ (602,2), [L3UO2NO3]+ (1265,9) et
[L2UO2NO3]+ (954,7). Le losange bleu représente le rapport m/z de l'ion isolé et fragmenté.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
158
602.1915
juin0020.d: +MS2(757.7000)
602.1950779.7219
juin0013.d: +MS2(602.0000)
954.6601
1265.9765
juil000016.d: +MS2(1265.9766)
334.3057
661.3496
954.6570
juil000015.d: +MS2(954.6570)
0
1
25x10
Intens.
0
2
4
65x10
0.0
0.5
1.0
6x10
0
1
2
5x10
200 400 600 800 1000 1200 m/z
- L
- L ; - C8H17
- C8H17
[L 4UO2]2+[L 3UO2]2+
[L 2(L-C8H17)UO2]2+
[L(L-C 8H17)UO2]2+
[L 2UO2NO3]+
Fragments
[L 3UO2]2+
[L 2UO2NO3]+
[L3UO2NO3]+
- L
602.1915
juin0020.d: +MS2(757.7000)
602.1950779.7219
juin0013.d: +MS2(602.0000)
954.6601
1265.9765
juil000016.d: +MS2(1265.9766)
334.3057
661.3496
954.6570
juil000015.d: +MS2(954.6570)
0
1
25x10
Intens.
0
2
4
65x10
0.0
0.5
1.0
6x10
0
1
2
5x10
200 400 600 800 1000 1200 m/z
- L
- L ; - C8H17
- C8H17
[L 4UO2]2+[L 3UO2]2+
[L 2(L-C8H17)UO2]2+
[L(L-C 8H17)UO2]2+
[L 2UO2NO3]+
Fragments
[L 3UO2]2+
[L 2UO2NO3]+
[L3UO2NO3]+
- L
Figure 74 – Spectres de fragmentation MS2 des ions [L4UO2]
2+ (a), [L3UO2]2+ (b), [L3UO2NO3]
+ (c) et [L 2UO2NO3]
+ (d). Avec L = DEHiBA.
L'ion [L4UO2]2+ conduit directement à la formation de l'ion [L3UO2]
2+ par perte d'une
molécule de DEHiBA, indiquant que la quatrième molécule de DEHiBA est probablement
liée par interactions hydrophobes, les interactions hydrophobes étant affaiblies en phase
gaz[LOO97],[LOO00],[DAN02]. Ceci est cohérent avec la formation de cette espèce pendant les étapes
de dessolvatation-ionisation.
La fragmentation de l'ion [L3UO2]2+ se fait par différents chemins conduisant aux ions
[L2(L-C8H17)UO2]+ et [L(L-C8H17)UO2]
+. La rupture d'une liaison N-C (avec perte d'un
groupement –C8H17) a lieu en même temps que la perte d'un ligand, ce qui indique que
l'interaction amide-uranyle en phase gaz est aussi forte qu'une liaison covalente (N-C). Ces
observations montrent donc que les trois molécules de monoamide sont fortement liées, et que
les interactions sont plutôt de nature électrostatique. En effet, ce type d'interaction est renforcé
dans le vide, et dans ce cas, la dissociation de liaisons covalentes peut avoir lieu avant la
dissociation de liaisons non covalentes[LOO97],[LOO00],[DAN02]. L'ion [L3UO2]2+ pourrait provenir
de la ionisation d'un complexe en solution contenant trois molécules de monoamide.
(a)
(b)
(c)
(d)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
159
La fragmentation de l'ion [L2UO2NO3]+ conduit à la formation d'une multitude de fragments,
montrant comme précédemment que les liaisons des deux molécules de DEHiBA avec
l'uranyle sont très fortes et de nature électrostatique[LOO97],[LOO00],[DAN02].
Les chemins de fragmentation des ions binucléaires de type [Lx(UO2)2(NO3)3]+ (avec x = 2, 3
ou 4) ont également été étudiés (Figure 75).
Figure 75 – Spectres de fragmentation MS2 des ions L4(UO2)2(NO3)3
+ (a), L3(UO2)2(NO3)3+ (b) et
L2(UO2)2(NO3)3+ (c) avec L = DEHiBA.
Ces ions se fragmentent par perte d'un motif LxUO2(NO3)2 (avec x = 0, 1 ou 2), aboutissant
alors à un ion mononucléaire. Il semblerait donc que ces ions soient issus d'associations entre
plusieurs espèces mononucléaires. Cependant, leur relative stabilité en phase gaz ne permet
pas de déterminer s'il s'agit d'une association en solution ou en phase gaz.
IV.3.e. Bilan de l'étude par ESI-MS
Les spectres ESI-MS de phases organiques de monoamides après extraction de nitrate
d'uranyle ont permis d'identifier un certain nombre d'ions de stœchiométries différentes en
phase gaz. Les études de stabilité de ces ions en phase gaz ont permis de déterminer que les
ions [L3UO2]2+ et [L2UO2NO3]
+ seraient issus de complexes en solution. Ainsi, l'existence des
espèces 2322 )(NOUOL , 2323 )(NOUOL est considérée comme probable en phase organique.
Concernant les ions [(L2UO2)2O]2+ et [Lx(UO2)2(NO3)3]+ (avec x = 2, 3 ou 4), bien que
relativement stables en phase gaz, ils pourraient être issus de réactions de recombinaison en
589.3
954.7
1266.0 1724.9
Aout0023.d: +MS2(1972.0)
0
1
4x10Intens.
600 800 1000 1200 1400 1600 1800 m/z
661.4
954.7
Aout0025.d: +MS2(1660.0)
0.0
0.5
1.05x10
600 800 1000 1200 1400 1600 1800 m/z
500.6 645.6728.3
954.7
1039.7
1402.1
Aout0027.d: +MS2(1349.0)
0
2000
600 800 1000 1200 1400 1600 1800 m/z
- LUO2(NO3)2
- L2UO2(NO3)2
- LUO2(NO3)2
- UO2(NO3)2
- L
[L 3(UO2)2(NO3)3]+
[L 2(UO2)2(NO3)3]+
[L 4(UO2)2(NO3)3]+ [L 2UO2NO3]
+
[L 2UO2NO3]+
[L 2UO2NO3]+
[L(UO 2)2(NO3)3]+
[L 3UO2NO3]+
(a)
(b)
(c)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
160
phase gaz ou provenir de l'association de deux complexes 2322 )(NOUOL en solution. Les
informations obtenues par ESI-MS ne permettent pas de conclure à l'existence ou non de ces
espèces binucléaires en solution.
IV.4. Bilan des études de spéciation moléculaire
L'objectif des études de spéciation était de tester l'hypothèse selon laquelle plusieurs espèces
se formeraient entre le nitrate d'uranyle et les monoamides en phase organique, en raison d'un
rapport ][
][
U
L à saturation compris entre 2,2 et 2,5.
Les différentes techniques d'analyse utilisées ont permis d'obtenir les informations suivantes
sur les espèces formées en phase organique :
- la complexation de l'uranyle intervient par la fonction carbonyle du monoamide ;
- les nitrates pourraient être bidentés ou bidentés pontants entre deux uranyles ;
- la sphère de coordination de l'uranyle ne serait que très peu modifiée par un
changement de composition de la solution ;
- les espèces 2322 )(NOUOL et 2323 )(NOUOL seraient susceptibles de se former en
phase organique. Un mélange de ces espèces permettrait d'expliquer un rapport ][
][
U
L ≈
2,2 - 2,5 ;
- des espèces binucléaires pourraient exister en solution. L'existence de nitrates pontants
permettrait d'expliquer la formation de ces espèces.
- les espèces observées en phase gaz sont identiques entre le DEHiBA et le
DEHDMBA, ce qui laisse supposer peu de différences entre les espèces moléculaires
formées par les deux monoamides.
A partir de ces informations, les équilibres d'extraction suivants sont proposés :
2322322 )NO(UOLL2NO2UO ↔++ ++ ( 86 )
2323322 )NO(UOLL3NO2UO ↔++ ++ ( 87 )
22324322 ))NO(UO(LL4NO4UO2 ↔++ ++ ( 88 )
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
161
V. Modélisation de l'extraction du nitrate d'uranyle
La modélisation des isothermes d'extraction du nitrate d'uranyle et de l'eau en phase organique
par le DEHiBA 1,5 mol/L dans le TPH à 25°C à partir de phase aqueuse en milieu LiNO3 3
mol/L (cf. § III.1) a été entreprise sur la base des études de spéciation moléculaire, dans le but
de déterminer les constantes d'extraction apparentes ou effectives et de déterminer un
diagramme de spéciation. Comme pour la modélisation des isothermes de l'acide nitrique
(Chapitre III), la formation de dimères et de trimères mise en évidence au Chapitre II est prise
en compte ainsi que les constantes d'agrégation et les paramètres de solubilisation d'eau
associés. La procédure suivie pour réaliser les calculs est décrite au Chapitre I (§ V.6).
Sur la base des informations obtenues de la spéciation moléculaire, différentes combinaisons
de complexes ont été testées pour représenter les isothermes d'extraction. Les modèles des
espèces hydratées et de Sergievskii-Dannus (solubilisation d'eau) ont été testés pour rendre
compte de la co-extraction d'eau. Aucun des essais réalisés avec le modèle d'hydratation des
espèces n'a permis d'aboutir à une représentation correcte des isothermes d'extraction. Ceci est
cohérent avec le fait que les concentrations d'eau diminuent avec l'augmentation des
concentrations de nitrate d'uranyle en phase organique, ce qui semble indiquer que l'eau n'est
pas intégrée à la structure des espèces formées en phase organique. Seuls les résultats de
modélisation obtenus par le modèle de Sergievskii-Dannus sont donc présentés.
Deux combinaisons de complexes permettent de représenter correctement l'extraction du
nitrate d'uranyle et de l'eau par le DEHiBA 1,5 mol/L dans le TPH (Figure 76). Les espèces
prises en compte dans chaque cas correspondent à des espèces observées par ESI-MS (cf. §
IV.4) :
2322322 )NO(UOLL2NO2UO ↔++ ++ ( 89 )
2323322 )NO(UOLL3NO2UO ↔++ ++ ( 90 )
Et
22324322 ))NO(UO(LL4NO4UO2 ↔++ ++ ( 91 )
2323322 )NO(UOLL3NO2UO ↔++ ++ ( 92 )
Les constantes effectives d'extraction et les paramètres de solubilisation ⊕s sont regroupés
dans le Tableau 27. L'extraction d'eau est légèrement surestimée pour de faibles
concentrations de nitrate d'uranyle.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
162
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
1,8
2
0,001 0,01 0,1 1 10 100aUO2(NO3)2
[U] o
rg,é
q (m
ol/k
g)
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
0,35
[H2O
] org
,éq
(mol
/kg)
Isotherme U exp
Isotherme U calc
Isotherme H2O exp
Isotherme H2O calc
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
1,8
2
0,001 0,01 0,1 1 10 100aUO2(NO3)2
[U] o
rg,é
q (m
ol/k
g)
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
0,35
[H2O
] org
,éq (
mol
/kg)
Isotherme U exp
Isotherme U calc
Isotherme H2O exp
Isotherme H2O calc
Figure 76 – Isothermes expérimentales et calculées du nitrate d'uranyle et de l'eau co-extraite par le
DEHiBA 1,5M (4,2 mol/kg) dans le TPH à 25°C à partir du modèle de Sergievskii-Dannus en considérant les complexes :
(a) : 2322 )(NOUOL et 2323 )(NOUOL
(b) : 22324 ))(( NOUOL et 2323 )(NOUOL
Constantes d'extraction effectives à 25°C et ⊕s optimisés
2L 3L 2322 )(NOUOL 22324 ))(( NOUOL 2323 )(NOUOL
Figure 76 2ψ ⊕s 3ψ ⊕s Keff ⊕s Keff ⊕s Keff ⊕s
(a) 0,071 0,05 0,09 0,38
0,486 0,05 - - 0,458 0,26
(b) - - 0,184 0,12 0,723 0,22
Tableau 27 – Constantes d'extraction effectives et paramètres de solubilisation déterminés pour chaque espèce lors de la modélisation des isothermes d'extraction du nitrate d'uranyle et de l'eau co-extraite par
le DEHiBA 1,5M (4,2 mol/kg) dans le TPH à 25°C en utilisant le modèle de Sergievskii-Dannus.
Les diagrammes de spéciation calculés (Figure 77) à partir des constantes d'extraction
effectives et des paramètres de solubilisation ⊕s (Tableau 27) ne diffèrent que très peu. Dans
le cas (a), l'espèce 2322 )(NOUOL devient majoritaire à partir d'une activité du nitrate
d'uranyle supérieure à 1 (ce qui correspond à [U]aq,éq = 0,2 mol/L), tandis que dans le cas (b),
l'espèce 22324 ))(( NOUOL devient majoritaire pour une activité de nitrate d'uranyle supérieure
à 10 (soit [U]aq,éq = 0,58 mol/L). La proportion des autres espèces (extractant libre, dimères,
trimères et 2323 )(NOUOL ) est similaire dans les deux cas.
(a) (b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
163
00,20,40,60,8
11,21,41,61,8
2
0,001 0,01 0,1 1 10 100aUO2(NO3)2
[Esp
èce]
org
(mol
/kg)
Extractant libreL2L3L2(UO2)(NO3)2L3(UO2)(NO3)2
00,20,40,60,8
11,21,41,61,8
2
0,001 0,01 0,1 1 10 100aUO2(NO3)2
[Esp
èce]
org
(mol
/kg)
Extractant libreL2L3L4[(UO2)(NO3)2]2L3(UO2)(NO3)2
Figure 77 - Diagrammes de spéciation des complexes de nitrate d'uranyle et de monoamide déterminés à partir des constantes d'extraction effectives optimisées pour la modélisation des isothermes d'extraction
par le DEHiBA 1,5M (4,2 mol/kg) par le modèle de Sergievskii-Dannus. (a) Espèces prises en compte : 2322 )(NOUOL et 2323 )(NOUOL
(b) Espèces prises en compte : 22324 ))(( NOUOL et 2323 )(NOUOL
La modélisation des isothermes d'extraction a été rendue possible en considérant des
combinaisons de deux espèces, 2322 )(NOUOL et 2323 )(NOUOL , et 22324 ))(( NOUOL et
2323 )(NOUOL , espèces mises en évidence par les études de spéciation moléculaire.
Dans le but de corréler ces résultats avec l'organisation de la solution, une étude de spéciation
supramoléculaire par osmométrie à pression de vapeur saturante et par diffusion de rayons X
aux petits angles a été entreprise.
(a) (b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
164
VI. Etude de l'organisation des solutions de monoamides
Lors des études de spéciation moléculaire, l'existence d'espèces binucléaires a été suggérée.
Ces espèces binucléaires pourraient être à la base de phénomènes d'agrégation dans les phases
organiques de monoamide. C'est à partir de cette hypothèse, et également pour tenter de
comprendre le comportement physico-chimique (augmentation anormal de la viscosité avec la
concentration de nitrate d'uranyle en phase organique) des phases organiques de monoamides
après extraction de nitrate d'uranyle, qu'une étude de l'organisation des phases organiques de
monoamides a été entreprise, principalement par osmométrie à pression de vapeur et diffusion
de rayons X aux petits angles.
L'influence de différents paramètres susceptibles d'influencer l'extraction et/ou l'agrégation,
tels que la concentration de nitrate d'uranyle, l'acidité de la phase aqueuse, la concentration et
la nature de l'extractant ou encore la température, a été étudiée.
Dans un premier temps, les résultats obtenus sont présentés de manière à observer
qualitativement l'effet d'un paramètre pouvant influencer l'organisation de la solution. Dans
un second temps, la modélisation des intensités diffusées par DXPA des phases organiques de
monoamides à 0,5 mol/L selon la procédure décrite au chapitre I est présentée. L'ensemble
des résultats obtenus fait ensuite l'objet d'une discussion.
VI.1. Etudes de solutions de DEHiBA
VI.1.a. Influence de la concentration d'extractant
Des phases organiques de DEHiBA de 0,5 à 1,5 mol/L dans le n-heptane après extraction de
nitrate d'uranyle en milieu LiNO3 ont été analysées par osmométrie à pression de vapeur. Les
nombres d'agrégation apparents n sont représentés Figure 78.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
165
[DEHiBA] (mol/L)
[U]org éq (mol/L)
Signal VPO ∆E
as S n
0,5 0,125 148,8 0,95 0,51 1,76 0,5 0,171 129,1 0,96 0,44 2,04 0,5 0,207 103,5 0,97 0,35 2,56 0,5 0,216 98,0 0,98 0,33 2,71 0,5 0,234 80,5 0,97 0,27 3,32
1 0,228 315,8 0,9 1,15 2,01 1 0,321 253,5 0,92 0,9 2,56 1 0,388 206,6 0,93 0,72 3,19 1 0,418 184,7 0,94 0,64 3,60 1 0,429 155,5 0,95 0,53 4,32
1,5 0,275 534,3 0,83 2,10 2,25 1,5 0,423 429,0 0,86 1,62 2,91 1,5 0,544 360,8 0,88 1,33 3,55 1,5 0,611 296,1 0,90 1,07 4,43 1,5 0,688 241,0 0,92 0,85 5,55
Tableau 28 – Caractérisation par VPO des phases organiques de DEHiBA 0,5 ; 1 et 1,5M dans le n-heptane à 25°C après contact avec des phases aqueuses de nitrate d'uranyle de concentrations variables.
Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + LiNO3 3M + HNO3 10-2M (pH = 2) Phase organique initiale : DEHiBA dans le n-heptane
as : activité du diluant, S : somme des concentrations de toutes les espèces, n : nombre d'agrégation apparent,
Une augmentation progressive de l'agrégation est observée lorsque la concentration de nitrate
d'uranyle en phase organique augmente. Pour observer l'effet du rapport ][
][
U
L, la Figure 78 (b)
présente la variation des nombres d'agrégation en fonction de ce rapport. Il apparaît qu'une
augmentation plus importante de l'agrégation intervient pour un rapport 5,2][
][ ≈U
L, quelle que
soit la concentration du DEHiBA, c'est-à-dire pour des phases proches de la saturation.
1
2
3
4
5
6
7
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7[U]org éq (mol/L)
Nom
bre
d'ag
réga
tion
appa
rent
1,5M
1M
0,5M
1
2
3
4
5
6
7
22,533,544,555,56[L]/[U]org
Nom
bre
d'ag
réga
tion
appa
rent
1,5M
1M
0,5M
Figure 78 – Nombres d'agrégation apparentsn en fonction de la concentration de nitrate d'uranyle extrait (a) et en fonction du rapport [L] /[U]org (b) pour différentes concentrations de DEHiBA dans le n-heptane à
25°C. Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + LiNO3 3M + HNO3 10-2M (pH = 2)
Phase organique initiale : DEHiBA dans le n-heptane
(a) (b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
166
Ces phases organiques de DEHiBA ont également été analysées par DXPA. Les données
DXPA ont été traitées selon la procédure décrite précédemment (cf. Chapitre I, § VI.3) de
manière à soustraire les différentes contributions, notamment celle de la fluorescence de
l'uranium.
Les intensités diffusées I(q)brute sont représentés Figure 79. L'allure générale des intensités
diffusées de solutions de DEHiBA dépend de la concentration de monoamide. Pour les
solutions de DEHiBA 0,5 mol/L, le signal diffusé semble caractéristique d'une agrégation
sphérique de molécules extractantes[LIN04]. Pour des solutions plus concentrées, le signal est
très différent. De plus, les intensités diffusées augmentent progressivement avec la
concentration de nitrate d'uranyle. Ces premières observations permettent de constater qu'une
organisation des phases organiques de monoamides existe.
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)
0,234M
0,216M
0,207M
0,171M
0,125M
DEHiBA 0,5M
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)
0,43M
0,418M
0,388M
0,321M
0,228M
DEHiBA 1M
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)
0,688M
0,611M
0,544M
0,423M
0,275M
DEHiBA 1,5M
Figure 79 – Intensité diffusée par DXPA de phases organiques de DEHiBA 0,5M (a), 1M (b) et 1,5M (c)
dans le n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle à 25°C. Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + LiNO3 3M + HNO3 10-2M (pH = 2)
Phase organique initiale : DEHiBA variable dans le n-heptane
Quelle que soit la concentration de DEHiBA ou d'uranium, le pic de corrélation (1) attribué au
solvant (chaînes alkyles du n-heptane et du monoamide) est observé à la même position
(q = 1,43 Å-1), comme pour les phases organiques ayant extrait de l'eau ou de l'acide nitrique.
(a)
(c)
(b)
1
2
3 2 3
2 3
1
1
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
167
Le pic observé à 0,44 Å-1 (3), surtout pour des solutions de DEHiBA 1,5 mol/L, est dû à la
diffusion de fenêtres de Kapton sur le parcours du faisceau de rayons X, mal soustraite en
raison d'une faible transmission des échantillons (de l'ordre de 10% pour les échantillons les
plus concentrés en extractant et nitrate d'uranyle). Une bosse de corrélation apparaît avec la
concentration de nitrate d'uranyle comprise entre 0,46 et 0,81 Å-1 (2). Cette bosse est due à la
corrélation de zone riche en électrons. Etant donné que son intensité augmente avec la
concentration d'uranium, elle pourrait provenir de la corrélation des atomes d'uranium dans la
solution. L'ordre de grandeur des distances d'interactions représentées par cette bosse de
corrélation est de ≈q
π210 Å.
Seules les intensités diffusées de solution de DEHiBA 0,5 mol/L ont été modélisées selon la
procédure décrite au Chapitre I (§ VI.3.h) en considérant des agrégats sphériques en
interactions. On rappelle que les modèles analytiques disponibles actuellement ne permettent
pas de représenter des milieux très concentrés telles que les phases organiques de DEHiBA 1
mol/L et 1,5 mol/L après extraction de nitrate d'uranyle.
VI.1.b. Modélisation des intensités diffusées par des solutions de DEHiBA 0,5 mol/L
Les intensités diffusées sont modélisées de manière à rendre compte des nombres d'agrégation
apparents obtenus par osmométrie. Les paramètres utilisés pour le calcul des intensités
diffusées sont reportés dans le Tableau 29.
Les intensités diffusées calculées et expérimentales de solutions de DEHiBA 0,5 mol/L sont
représentées Figure 80. Un bon accord entre le calcul et l'expérience est obtenu.
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1q (Å-1)
I(q)
norm
ée (
cm-1
)
0,234M (exp) (calc)
0,216M (exp) (calc)
0,207M (exp) (calc)
0,171M (exp) (calc)
0,125M (exp) (calc)
Figure 80 – Intensités diffusées expérimentales (□) et calculées (–) de phases organiques de DEHiBA 0,5M
dans le n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle en milieu LiNO 3 à 25°C.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
168
Pour des q > 0,3 Å-1, les modèles utilisés ne permettent plus de représenter les intensités
diffusées : dans cette gamme de q, les distances représentées sont inférieures à 20 Å, il s'agit
alors du domaine moléculaire, où les modèles envisagés pour représenter l'organisation de la
solution à l'échelle supramoléculaire ne sont plus adaptés.
[DEHiBA] org,éq (mol/L)
[U] org,éq (mol/L)
[H2O]org,éq (mol/L) n N
[Monomère] (mol/L)
τ-1 Tk
UB
Rcoeur polaire (Å)
Ragrégat (Å)
Uranyle par
agrégat 0,496 0,125 0,019 1,76 2,5 0,14 6,1 -1,62 3,97 7,48 0,9 0,494 0,171 0,015 2,01 2,5 0,08 6,1 -1,62 4,19 7,54 1,0 0,492 0,207 0,013 2,58 3 0,04 6,1 -1,62 4,6 8,06 1,4 0,493 0,216 0,013 2,72 3,2 0,04 6,3 -1,65 4,76 8,26 1,5 0,493 0,234 0,012 3,32 4 0,03 6,5 -1,69 5,23 8,93 2,0
Tableau 29 – Paramètres de modélisation des intensités diffusées de phases organiques de DEHiBA 0,5M dans le n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle en milieu LiNO 3 à 25°C.
Le nombre d'agrégation N augmente de 2,5 à 4 lorsque la concentration de nitrate d'uranyle
augmente de 0,12 à 0,23 mol/L, tandis que les interactions entre les particules diffusantes
demeurent quasi-constantes quelle que soit la concentration de nitrate d'uranyle. La constance
des paramètres d'interaction est contraire aux variations observées pour des systèmes
extractants à base de malonamide[MAR05],[BER10a], pour lesquels les paramètres d'interaction
diminuent avec l'augmentation de la concentration d'uranium.
Les rayons du cœur polaire de l'agrégat augmentent progressivement avec la concentration de
nitrate d'uranyle. La remontée du signal diffusé observée aux petits q serait donc due à
l'augmentation de la taille des agrégats.
Le nombre d'uranyle par agrégat varie de 1 à 2 tandis que le nombre d'agrégation varie de 2,5
à 4. Ceci pourrait signifier que les agrégats sont composés d'un à deux complexes
mononucléaires ou correspondrait à un complexe binucléaire identifié lors des études de
spéciation. Cependant, il ne sera pas possible dans le cas du nitrate d'uranyle d'établir un lien
quantitatif entre la spéciation supramoléculaire et la modélisation des isothermes, car aucune
modélisation n'a été réalisée pour des solutions de DEHiBA à 0,5 mol/L.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
169
VI.2. Etudes de solutions de DEHDMBA
VI.2.a. Influence de la concentration d'extractant
Les données obtenues par osmométrie (Tableau 30) et DXPA pour le DEHiBA sont
comparées à celles obtenues pour le DEHDMBA. La variation des nombres d'agrégation
apparents (Figure 81) est similaire pour le DEHiBA et le DEHDMBA 0,5 mol/L. En
revanche, pour une concentration de 1,5 mol/L, l'augmentation des nombres d'agrégation
apparents avec la concentration d'uranium en phase organique est plus faible pour le
DEHDMBA. Ceci indique que les objets formés lors de l'extraction de nitrate d'uranyle par le
DEHDMBA sont moins nombreux et/ou de plus petite taille.
[DEHDMBA] (mol/L)
[U]org éq (mol/L)
Signal VPO ∆E
as S n
0,5 0,146 143,8 0,954 0,479 1,864 0,5 0,183 122,25 0,961 0,404 2,208 0,5 0,206 108,6 0,965 0,358 2,497 0,5 0,214 103,2 0,967 0,339 2,632 0,5 0,235 102,8 0,967 0,338 2,643
1,5 0,287 601 0,804 2,430 1,943 1,5 0,457 514,85 0,833 2,012 2,347 1,5 0,591 442,05 0,856 1,680 2,812 1,5 0,628 410,1 0,867 1,539 3,068 1,5 0,665 358,6 0,883 1,321 3,576
Tableau 30 – Caractérisation par VPO des phases organiques de DEHDMBA 0,5 et 1,5M dans le n-heptane à 25°C après contact avec des phases aqueuses de nitrate d'uranyle de concentrations variables.
Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + LiNO3 3M + HNO3 10-2M (pH = 2) Phase organique initiale : DEHDMBA dans le n-heptane
as : activité du diluant, S : somme des concentrations de toutes les espèces, n : nombre d'agrégation apparent,
1
2
3
4
5
6
7
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7[U]org éq (mol/L)
Nom
bre
d'ag
réga
tion
appa
rent
DEHiBA 1,5M
DEHiBA 0,5M
DEHDMBA 1,5M
DEHDMBA 0,5M
1
2
3
4
5
6
7
22,533,544,555,56[L]/[U]org
Nom
bre
d'ag
réga
tion
appa
rent
DEHiBA 1,5M
DEHiBA 0,5M
DEHDMBA 1,5M
DEHDMBA 0,5M
Figure 81 – Nombres d'agrégation apparentsn en fonction de la concentration de nitrate d'uranyle extrait (a) et en fonction du rapport [L] /[U]org (b) pour différentes concentrations de DEHiBA et de DEHDMBA
dans le n-heptane à 25°C. Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + LiNO3 3M + HNO3 10-2M (pH = 2)
Phase organique initiale : DEHiBA/DEHDMBA dans le n-heptane
(a) (b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
170
La comparaison des intensités diffusées par DXPA des deux extractants montre également des
différences. Pour une concentration d'extractant de 0,5 mol/L, l'augmentation de l'intensité du
signal aux petits q avec la concentration de nitrate d'uranyle est moins importante dans le cas
du DEHDMBA, et ne semble plus augmenter pour les phases les plus concentrées.
A 1,5 mol/L, les intensités diffusées du DEHiBA et du DEHDMBA sont également
différentes. L'intensité de la bosse de la corrélation attribuée à la corrélation des atomes
d'uranium entre 0,46 et 0,81 Å-1 est supérieure à celle du DEHiBA.
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)
0,234M
0,216M
0,207M
0,171M
0,125M
DEHiBA 0,5M
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)
0,235M
0,214M
0,206M
0,183M
0,146M
DEHDMBA 0,5M
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)
0,688M
0,611M
0,544M
0,423M
0,275M
DEHiBA 1,5M
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)
0,665M0,628M0,591M0,458M0,287MDEHDMBA 1,5M
Figure 82 – Intensité diffusée par DXPA de solutions de DEHiBA 0,5M (a) et 1,5M (c) et de DEHDMBA
0,5M (b) et 1,5M (d) dans le n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle à 25°C. Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + LiNO3 3M + HNO3 10-2M (pH = 2)
Phase organique initiale : DEHiBA/DEHDMBA dans le n-heptane
Ces résultats semblent indiquer une organisation différente des phases organiques des deux
monoamides. Les intensités diffusées de solutions de DEHDMBA 0,5 mol/L ont été
modélisées dans le but de caractériser les agrégats formés.
VI.2.b. Modélisation des intensités diffusées par des solutions de DEHDMBA 0,5
mol/L
Les intensités diffusées expérimentales et calculées de solutions de DEHDMBA 0,5 mol/L
sont représentés Figure 83 et les paramètres utilisés pour les calculs sont reportés dans le
(c)
(a)
(d)
(b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
171
Tableau 31. L'accord obtenu entre les intensités expérimentales et calculées est moins bon
dans la gamme de q > 0,1 Å-1 que dans le cas du DEHiBA 0,5 mol/L.
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1q (Å-1)
I(q)
norm
ée (
cm-1
)
0,235M (exp) (calc)
0,214M (exp) (calc)
0,206M (exp) (calc)
0,183M (exp) (calc)
0,146M (exp) (calc)
Figure 83 – Intensités diffusées par DXPA expérimentales (□) et calculées (–) de phases organiques de
DEHDMBA 0,5M dans le n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle en milieu LiNO 3 à 25°C.
[DEHDMBA] org,éq (mol/L)
[U] org,éq (mol/L)
[H2O]org,éq (mol/L) n N
[Monomère] (mol/L)
τ-1 Tk
UB
Rcoeur polaire Å
Ragrégat Å
Uranyle par agrégat
0,497 0,146 0,013 1,86 3,5 0,175 3,1 -0,96 4,9 8,7 1,59 0,496 0,183 0,011 2,21 3,6 0,12 3,3 -1,02 5 8,8 1,75 0,497 0,206 0,009 2,50 3,6 0,085 3,7 -1,13 5,1 8,8 1,80 0,498 0,214 0,009 2,63 3,7 0,075 3,7 -1,13 5,1 8,9 1,87 0,496 0,235 0,007 2,64 4 0,07 3,7 -1,13 5,2 8,9 1,98 Tableau 31 - Paramètres de modélisation des intensités diffusées par DXPA de phases organiques de DEHDMBA 0,5M dans le n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle en milieu LiNO 3 à 25°C.
Le nombre d'agrégation N varie peu avec l'augmentation de la concentration de nitrate
d'uranyle. Les interactions entre les agrégats augmentent très légèrement jusqu'à
13,1−=TkU
B pour des concentrations d'uranyle ≥ 0,2 mol/L. Pour une composition donnée,
il semblerait que les interactions entre agrégats de DEHDMBA soient plus faibles que les
interactions entre agrégats de DEHiBA. Cette même tendance a été observée dans le cas de
l'extraction d'acide nitrique (cf. Chapitre III, § VI.2). Ceci peut être dû à la chaîne alkyle
greffée sur le carbonyle plus longue dans le cas du DEHDMBA, qui permettrait de réduire les
interactions entre agrégats[BER07],[TES10].
Dans le cas du DEHDMBA 0,5 mol/L, l'augmentation de l'intensité du signal aux petits q
serait principalement due à une augmentation de la concentration des agrégats, dont la taille,
la stœchiométrie et les interactions resteraient quasi-constantes avec l'augmentation de la
concentration de nitrate d'uranyle en phase organique, contrairement au DEHiBA où la taille
des objets augmente avec la concentration de nitrate d'uranyle.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
172
VI.3. Influence de l'acidité de la phase aqueuse
L'extraction du nitrate d'uranyle à partir d'un milieu aqueux LiNO3 et HNO3 a été étudiée de
manière à observer l'influence de l'acide nitrique sur l'organisation des phases organiques de
monoamides. Les analyses par osmométrie (Tableau 32 et Figure 84) montrent que pour une
concentration de 0,5 mol/L de DEHiBA, la présence d'acide nitrique n'a pas d'influence sur
les nombres d'agrégation apparents. En revanche, à 1,5 mol/L, la présence d'acide nitrique
conduit à une légère augmentation du nombre d'agrégation apparent.
[DEHiBA] (mol/L)
[U]org éq (mol/L)
[HNO3]org éq (mol/L)
Signal VPO ∆E
as S n
0,5 0,086 0,128 168,4 0,945 0,580 1,54 0,5 0,126 0,146 153,0 0,950 0,524 1,70
0,5 0,166 0,180 133,7 0,957 0,455 1,96
0,5 0,170 0,190 130,5 0,958 0,443 2,01
0,5 0,194 0,223 99,7 0,968 0,335 2,66
1,5 0,190 0,416 477,1 0,845 1,837 2,57
1,5 0,310 0,415 468,3 0,848 1,797 2,62 1,5 0,436 0,445 380,7 0,876 1,414 3,34
1,5 0,451 0,480 286,7 0,907 1,028 4,59
1,5 0,570 0,607 264,5 0,914 0,942 5,01
Tableau 32 – Caractérisation par VPO des phases organiques de DEHiBA 0,5 et 1,5M dans le n-heptane à 25°C après contact avec des phases aqueuses de nitrate d'uranyle de concentrations variables
en milieu HNO3 2,7 M. Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + HNO3 2,7M
Phase organique initiale : DEHDMBA dans le n-heptane
as : activité du diluant, S : somme des concentrations de toutes les espèces, n : nombre d'agrégation apparent
1
2
3
4
5
6
7
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8[U]org,éq (mol/L)
Nom
bre
d'ag
réga
tion
appa
rent
DEHiBA 1,5M (HNO3)
DEHiBA 0,5M (HNO3)
DEHiBA 1,5M (LiNO3)
DEHiBA 0,5M (LiNO3)
1
2
3
4
5
6
7
2345678[L]/[U]org
Nom
bre
d'ag
réga
tion
appa
rent
DEHiBA 1,5M (HNO3)
DEHiBA 0,5M (HNO3)
DEHiBA 1,5M (LiNO3)
DEHiBA 0,5M (LiNO3)
Figure 84 – Nombres d'agrégation apparentsn en fonction de la concentration de nitrate d'uranyle extrait (a) et en fonction du rapport [L] /[U]org (b) pour le DEHiBA et le DEHDMBA 0,5M et 1,5M dans le n-
heptane à 25°C Phase aqueuse initiale : Milieu LiNO3 : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + LiNO3 3M + HNO3 10-2M (pH = 2)
Milieu HNO3 : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + HNO3 2,7M Phase organique initiale : DEHiBA/DEHDMBA dans le n-heptane
(a) (b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
173
Les intensités diffusées par DXPA des phases organiques de DEHiBA (0,5 et 1,5 mol/L)
après extraction de nitrate d'uranyle à partir de phases aqueuses acides ne présentent pas de
différences notables par rapport à celles de solutions de DEHiBA ne contenant que du nitrate
d'uranyle.
Il est rappelé que le pic à 0,44 Å-1 est lié à la diffusion de fenêtres de Kapton mal soustraite en
raison des faibles transmissions des échantillons.
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (
cm-1
)
0,194M
0,17M
0,166M
0,126M
0,086M
DEHiBA 0,5M
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)
0,234M
0,216M
0,207M
0,171M
0,125M
DEHiBA 0,5M
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)
0,57M
0,436M
0,31M
0,19M
DEHiBA 1,5M
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)
0,688M
0,611M
0,544M
0,423M
0,275M
DEHiBA 1,5M
Figure 85 – Intensité diffusée par DXPA de solutions de DEHiBA 0,5M (a) et (b) et 1,5M (c) et (d) dans le
n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle en milieu HNO3 (a) et (c) et LiNO3 (b) et (d) à 25°C. Phase aqueuse initiale : Milieu LiNO3 : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + LiNO3 3M + HNO3 10-2M (pH = 2)
Milieu HNO3 : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + HNO3 2,7M Phase organique initiale : DEHiBA dans le n-heptane
La co-extraction d'acide nitrique avec le nitrate d'uranyle semble n'avoir que peu d'influence
sur l'organisation des phases organiques de DEHiBA.
Les intensités diffusées par DXPA de solutions de DEHiBA 0,5 mol/L après extraction de
nitrate d'uranyle à partir d'une phase aqueuse acide ont été modélisées : le Tableau 33
regroupe les paramètres de modélisation des intensités diffusées, comparées aux intensités
diffusées expérimentales Figure 86.
L'accord entre le calcul et l'expérience n'est pas très bon pour des q > 0,08 Å-1, surtout pour
des concentrations importantes de nitrate d'uranyle en phase organique. Cette tendance, déjà
(a)
(c) (d)
(b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
174
observée lors de la modélisation des intensités diffusées par des solutions de DEHiBA après
extraction d'acide nitrique seul, semble liée à la présence d'acide en phase organique. Les
objets formés en présence d'acide nitrique ne seraient pas de forme bien définie, ce qui
pourrait expliquer la mauvaise représentation des intensités par le modèle dans cette gamme
de q.
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1q (Å-1)
I(q)
norm
ée (
cm-1
)
0,194M (exp) (calc)0,170M (exp) (calc)0,166M (exp) (calc)0,126M (exp) (calc)0,086M (exp) (calc)
Figure 86 – Intensités diffusées par DXPA expérimentales (–) et calculées (□) de phases organiques de
DEHiBA 0,5M dans le n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle en milieu HNO3 à 25°C.
Les nombres d'agrégation N et les rayons du cœur polaire et de l'agrégat augmentent avec la
concentration de nitrate d'uranyle. En revanche, les paramètres d'interactions entre les
agrégats restent pratiquement constants comme en l'absence d'acide nitrique.
[DEHiBA] org,éq (mol/L)
[U] org,éq (mol/L)
[HNO3]org,éq (mol/L)
[H2O]org,éq (mol/L) n N
[Monomère] (mol/L)
τ-1 Tk
UB
Rcoeur polaire Å
Ragrégat Å
Uranyle par agrégat
0,496 0,086 0,128 0,034 1,54 2 0,15 6,3 -1,65 3,66 6,93 0,5 0,493 0,126 0,146 0,025 1,71 2 0,083 5,6 -1,53 3,83 6,98 0,6 0,492 0,166 0,18 0,019 1,96 2,2 0,05 5,9 -1,59 4,19 7,29 0,8 0,493 0,17 0,19 0,018 2,03 2,3 0,05 6,3 -1,65 4,29 7,41 0,9 0,493 0,194 0,223 0,016 2,67 2,7 0,00 6,1 -1,62 4,58 7,83 1,1
Tableau 33 – Paramètres de modélisation des intensités diffusées de phases organiques de DEHiBA 0,5M dans le n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle en milieu HNO3 à 25°C.
Pour une concentration de nitrate d'uranyle équivalente, il y a peu de différence entre les
phases organiques de DEHiBA contenant du nitrate d'uranyle seul et contenant du nitrate
d'uranyle et de l'acide nitrique.
La présence d'acide nitrique en phase organique ne semble pas affecter l'organisation de la
solution.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
175
VI.4. Influence de la température
Afin d'étudier l'influence de la température sur l'organisation des solutions, l'extraction de
nitrate d'uranyle par le DEHiBA 1,5 mol/L dans le n-heptane a été réalisée à 25°C. Ces
solutions organiques ont été analysées par VPO et DXPA à 25°C et 40 °C.
Les nombres d'agrégation apparents des solutions de DEHiBA et DEHDMBA 1,5 mol/L dans
le n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle sont similaires à 25°C et 40°C pour chaque
monoamide (Figure 87), indiquant que la température a peu d'influence sur l'agrégation. Ce
comportement est différent de celui des extractants malonamides pour lesquels une
diminution du nombre d'agrégation N est observée avec une élévation de la
température[MER09].
1
2
3
4
5
6
7
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7[U]org éq (mol/L)
Nom
bre
d'ag
réga
tion
appa
rent
DEHiBA 1,5M 25°C
DEHiBA 1,5M 40°C
DEHDMBA 1,5M 25°C
DEHDMBA 1,5M 40°C
Figure 87 – Nombres d'agrégation apparentsn en fonction de la concentration de nitrate d'uranyle extrait pour des solutions de DEHiBA et de DEHDMBA 1,5M dans le n-heptane à 25°C et 40°C.
Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + LiNO3 3M + HNO3 10-2M (pH = 2) Phase organique initiale : DEHiBA/DEHDMBA dans le n-heptane
L'augmentation de température semble avoir un effet contraire sur l'allure des intensités
diffusées entre le DEHiBA et le DEHDMBA 1,5 mol/L (Figure 88). A 40°C, la bosse de
corrélation comprise entre 0,42 et 0,86 Å-1 du DEHiBA voit son intensité augmentée alors
qu'elle diminue dans le cas du DEHDMBA avec l'augmentation de la température.
L'augmentation de température de 25°C à 40°C induit une augmentation de l'intensité du
signal diffusé aux petits q pour le DEHiBA, alors que dans le cas du DEHDMBA, la chute de
l'intensité du signal aux petits q est accentuée.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
176
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)0,688M (40°C) 0,423M (40°C)
0,688M (25°C) 0,423M (25°C)
DEHiBA 1,5M
0,01
0,1
1
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)
brut
e (c
m-1
)
0,665M (40°C) 0,458M (40°C)
0,665M (25°C) 0,458M (25°C)
DEHDMBA 1,5M
Figure 88 – Intensité diffusée par DXPA des solutions de DEHiBA (a) et de DEHDMBA (b)1,5M dans
le n-heptane à 25°C et 40°C après extraction de nitrate d'uranyle en milieu LiNO3 à 25°C. Phase aqueuse initiale : UO2(NO3)2 0,3M à 1,5M + LiNO3 3M + HNO3 10-2M (pH = 2)
Phase organique initiale : DEHiBA/DEHDMBA dans le n-heptane
L'augmentation de température ne modifie pas la taille des objets (nombres d'agrégation
apparents similaires par osmométrie). En revanche, elle semble modifiée les interactions entre
les agrégats en solution, étant donné les variations de l'intensité diffusée aux petits q et de la
bosse de corrélation.
VI.5. Bilan des études de spéciation supramoléculaire
VI.5.a. Influence des concentrations et de la structure des extractants
Les analyses par osmométrie à pression de vapeur et diffusion de rayons X aux petits angles
des solutions de monoamides montrent que l'agrégation dépend de la concentration de
monoamide et de nitrate d'uranyle en phase organique.
Pour les solutions de monoamides 0,5 mol/L dans le n-heptane, les intensités diffusées par
DXPA peuvent être modélisées plus ou moins bien en considérant des objets sphériques en
interaction. Une augmentation de la concentration de nitrate d'uranyle conduit à une
augmentation du nombre d'agrégation allant de 1 sans nitrate d'uranyle à 4 pour des solutions
proches de la saturation.
L'agrégation semble progressive dans le cas du DEHiBA, pour lequel les nombres
d'agrégation augmentent de 2,5 à 4 des faibles aux fortes concentrations de nitrate d'uranyle,
alors que le DEHDMBA formerait directement des tétramères avec l'extraction de nitrate
d'uranyle. Pour les deux monoamides étudiés, les interactions entre agrégats semblent peu
dépendantes de la concentration de nitrate d'uranyle.
Par ailleurs, comme dans les chapitres précédents, un changement d'organisation important
intervient pour des solutions concentrées de monoamides (supérieures à 1 mol/L).
(a) (b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
177
L'augmentation de la concentration de nitrate d'uranyle engendre une augmentation des
nombres d'agrégation apparents.
VI.5.b. Lien avec les études de spéciation moléculaire
Les études de spéciation moléculaire ainsi que la modélisation des isothermes d'extraction
conduisent à prendre en compte des espèces 2322 )(NOUOL , 2323 )(NOUOL et
22324 ))(( NOUOL . Ces espèces permettent d'expliquer le rapport ][
][
U
L à saturation compris
entre 2,2 et 2,5.
De plus, le couplage de calculs théoriques avec une étude expérimentale des espèces en
solution par IR indiquerait la présence de nitrates bidentés et bidentés pontants entre deux
uranyles. La présence de nitrates pontants pourraient expliquer la formation d'espèces
binucléaires correspondant aux agrégats mis en évidence par modélisation des intensités
diffusées par DXPA.
VI.5.c. Influence de l'acidité
La présence d'acide nitrique entraîne une diminution de l'extraction du nitrate d'uranyle,
indiquant une compétition entre les deux équilibres d'extraction (cf. § III.4). Pour une
concentration de nitrate d'uranyle équivalente, la co-extraction d'acide nitrique en phase
organique a peu d'influence la spéciation supramoléculaire de la solution (Figure 89).
0
1
2
3
4
5
6
7
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25[U]org (mol/L)
Par
amèt
res
de m
odél
isat
ion
τ-1 (LiNO3)
τ-1 (HNO3)
N (LiNO3)
N (HNO3)
[Monomère] (LiNO3)
[Monomère] (HNO3)
U / Agrégat (LiNO3)
U / Agrégat (HNO3)
Figure 89 – Paramètres de modélisation des intensités diffusées par DXPA de solutions de DEHiBA 0,5M dans le n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle seul (symboles pleins) et de nitrate d'uranyle et
d'acide nitrique (symboles vides).
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
178
L'existence d'agrégats peu différents selon que l'on est en présence ou non d'acide nitrique est
cohérente avec le fait que les espèces observées par ESI-MS en phase gaz soient identiques
pour des phases organiques après extraction de nitrate d'uranyle en milieu LiNO3 3 mol/L et
HNO3 3 et 7 mol/L.
VI.6. Discussion des résultats de spéciation supramoléculaire
Avec les extractants tels que le TBP[CHI03] ou les malonamides[TES08],[TES10],[BER10a], il apparaît
que TkU
B diminue avec la concentration d'uranium : le potentiel d'interaction devient plus
attractif lorsque la concentration de soluté augmente dans le cœur polaire de l'objet diffusant.
Il est mentionné dans le revue de Testard et al.[TES10] que ces effets sont universels et ne
dépendent pas du système étudié. Par conséquent, il est probable que le modèle d'agrégat
sphérique en interaction ne soit peut être pas très bien adapté pour ce système extractant. Ceci
expliquerait la difficulté rencontrée pour modéliser les intensités diffusées par DXPA dans la
gamme de q comprise entre 0,1 et 0,4 Å-1, surtout lorsque de l'acide nitrique est présent en
phase organique, avec du nitrate d'uranyle ou seul.
Une autre possibilité pourrait être le changement de forme des "agrégats" lors de l'extraction
du nitrate d'uranyle, allant d'objets sphériques vers la formation de cylindres. En effet, la
formation de complexes amide-uranium peut changer les propriétés tensioactives de la
molécule extractantes et par conséquent son paramètre d'empilement[ISR80],[ISR94], conduisant à
un changement de forme des agrégats. Ceci est par exemple le cas pour un extractant
malonamide (le DMDBPMA) en solution dans le dodécane : une augmentation de la
concentration de malonamide conduit à une transition sphère - cylindre[BAU07].
Par ailleurs, une augmentation de température ne semble pas affecter la taille des agrégats,
mais uniquement les interactions entre agrégats, des effets inverses ont été observés par
Meridiano avec les extractants malonamides[MER09].
VI.7. Etudes complémentaires
Nous avons vu que le modèle considérant des agrégats sphériques en interaction présente des
limites pour modéliser les intensités diffusées par DXPA de solutions de monoamides 0,5
mol/L dans le n-heptane. Par ailleurs, pour des phases organiques concentrées de monoamides
(1 mol/L ou 1,5 mol/L), il n'est plus possible de considérer la solution comme un continuum
de diluant dans lequel les agrégats sont dispersés.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
179
La dynamique moléculaire ayant donné des résultats cohérents avec les expériences pour
caractériser les phases organiques après extraction d'eau, elle a donc été à nouveau envisagée.
Des calculs de dynamique moléculaire ont été entrepris dans le but d'obtenir une meilleure
description des phases concentrées de monoamides après extraction de nitrate d'uranyle. Il est
rappelé que la procédure suivie pour effectuer les calculs est détaillée en Annexe D.
VI.7.a. Apport de la dynamique moléculaire à l'étude de l'organisation des phases
organiques
VI.7.a.1 Construction des boîtes
Quatre solutions de DEHiBA dans le n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle ont été
simulées par dynamique moléculaire (cf. Tableau 34). Les proportions de molécules
d'heptane, de monoamides, de nitrate d'uranyle et d'eau ont été introduites dans les boîtes de
manière à reproduire les concentrations expérimentales de chaque composé dans la solution
étudiée. Le Tableau 34 résume les solutions simulées.
Concentrations (mol/L) Nombre de molécules dans la boîte Dimension de la boîte
DEHiBA [U]org [H2O]org n-heptane DEHiBA UO2 NO3 H2O Å
0,5 0,125 0,019 2500 223 56 112 9 100 / 95 / 80 0,5 0,216 0,013 2500 223 95 190 6 90 / 90 / 90 1,5 0,423 0,084 397 210 58 116 12 65 / 60 / 55 1,5 0,688 0,046 391 208 95 190 6 60 / 70 / 60
Tableau 34 – Compositions des solutions simulées par dynamique moléculaire – Nombre de molécules et tailles des boîtes correspondantes.
VI.7.a.2 Cas du DEHiBA
Après construction de la boîte de simulation et simulation de la solution, les densités et
intensités diffusées de rayons X aux petits angles sont calculées. Les densités des boîtes de
simulation calculées sont en bon accord avec les densités expérimentales (Tableau 35), avec
toutefois un écart constant entre le calcul et l'expérience d'environ 0,01, non observé en
l'absence de cation (cf. Chapitre II, § VI).
[DEHiBA] (mol/L) [U]org (mol/L) Densité de la solution Densité de la boîte 0,5 0,125 0,7616 0,753 ± 0,001 0,5 0,216 0,7929 0,781 ± 0,001 1,5 0,423 0,9310 0,924 ± 0,001 1,5 0,688 1,0271 1,009 ± 0,002
Tableau 35 - Comparaison des densités expérimentales et théoriques des solutions de DEHiBA dans le n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
180
Les intensités diffusées de rayons X aux petits angles calculées à partir des trajectoires de
dynamique moléculaire ont été comparées à celles obtenues expérimentalement (Figure 90).
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)brute (cm-1)
0
0,00005
0,0001
0,00015
0,0002
0,00025
0,0003
0,00035
0,0004I(q)calc (u.a.)
[U]org = 0,216M - Exp (DXPA)
[U]org = 0,125M - Exp (DXPA)
[U]org = 0,216M - Calc (DM)
[U]org = 0,125M - Calc (DM)
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
0,01 0,1 1 10q (Å-1)
I(q)brute (cm-1)
0
0,0001
0,0002
0,0003
0,0004
0,0005
0,0006
0,0007
0,0008
I(q)calc (u.a.)[U]org = 0,688M - Exp (DXPA)[U]org = 0,423M - Exp (DXPA)[U]org = 0,688M - Calc (DM)[U]org = 0,423M - Calc (DM)
Figure 90 – Intensités diffusées par DXPA expérimentales et calculées à partir des trajectoires de
dynamique moléculaire pour des solutions de DEHiBA 0,5M (a) et 1,5M (b) après extraction de nitrate d'uranyle.
La valeur absolue des intensités n'est pas représentée par dynamique moléculaire, dû au fait
que les intensités expérimentales sont normalisées par rapport au volume de l'échantillon ce
qui n'est pas le cas dans les simulations des solutions.
Les intensités calculées des solutions de DEHiBA 0,5 mol/L correspondent relativement bien
aux intensités diffusées expérimentales. L'influence de la concentration de nitrate d'uranyle est
reproduite par le calcul. Dans le cas de solutions de DEHiBA 1,5 mol/L, les intensités
calculées représentent moins bien les données expérimentales, notamment au niveau de la
bosse de corrélation, dont la position est décalée vers les petits q. Il faut cependant noter que
les intensités calculées sont de plus en plus bruitées quand q diminue. Néanmoins, les
simulations permettent de présenter l'augmentation de l'intensité de cette bosse de corrélation
avec l'augmentation de la concentration de nitrate d'uranyle.
Les boîtes de dynamique moléculaire calculées sont représentées Figure 91. Afin de faciliter
l'observation des boîtes de dynamique moléculaire, les molécules d'heptane et les molécules
de monoamides éloignées des uranyles, ne sont pas représentées.
(a) (b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
181
Figure 91 – Vues instantanées des boîtes de dynamique moléculaire des solutions simulées de DEHiBA
dans le n-heptane en ne laissant apparaitre que les monoamides proches des uranyles. (a) DEHiBA 0,5M – [U]org = 0,125M (b) DEHiBA 0,5M – [U]org = 0,216M (c) DEHiBA 1,5M – [U]org = 0,423M (d) DEHiBA 1,5M – [U]org = 0,688M
Légende - DEHiBA : bâtonnets noirs (C) et bleus (N), boules vertes (O fonction carbonyle proche U @ ≈ 2,4 Å) et boules jaunes (O fonction carbonyle plus éloigné de l' U @ ≈ 4 Å), Uranyle : boules turquoise (U) et rouges
(O), Nitrates : bâtonnets ou boules bleus(N) et boules rouges (O), Eau : boules rouges (O) et grises (H). N.B. Seuls les atomes à une distance < 5 Å des atomes d'uranium sont représentés afin de faciliter l'observation des boîtes.
Des molécules de DEHiBA peuvent ainsi apparaître coupées.
Visuellement, l'organisation globale des boîtes de DEHiBA 0,5 mol/L diffère grandement de
celle des boîtes de DEHiBA 1,5 mol/L. Lorsque l'on enlève le diluant et les monoamides non
liés à l'uranyle, il apparaît que les molécules de nitrate d'uranyle et de DEHiBA s'organisent
en formant de long fils à 0,5 mol/L de DEHiBA tandis qu'à 1,5 mol/L, de gros amas ou
agrégats sont observés. Afin d'observer la coordination de l'uranyle dans les boîtes, un zoom a
été effectué sur les structures des solutions simulées de DEHiBA 0,5 mol/L et 1,5 mol/L
(Figure 92).
(b) (a)
(c) (d)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
182
Figure 92 – Zoom sur les structures observées par dynamique moléculaire pour une solution simulée de DEHiBA 0,5M – [U]org = 0,216M (a), (a') et de DEHiBA 1,5M – [U]org = 0,688M (b), (b').
Légende - DEHiBA : boules vertes (O fonction carbonyle proche U @ < 4 Å) et boules jaunes (O fonction carbonyle plus éloigné de l' U @ > 4 Å), Uranyle : boules turquoise (U) et rouges (O), Nitrates : bâtonnets
bleus(N) et boules rouges (O), Eau : boules rouges (O) et grises (H). N.B. : Seuls les nitrates, uranyles et atomes d'oxygène des fonctions carbonyles du DEHiBA proches des uranyles ont été représentés pour une meilleure lisibilité. La structure représentée Figure 93 correspond à une sorte d'agrégat, où les nitrates et les
uranyles sont regroupés au cœur, et où des molécules de DEHiBA viennent stabiliser la
structure. Cette structure a été choisie car elle contient tous les modes de coordination des
nitrates observés dans l'ensemble des simulations de dynamique moléculaire. Ces modes sont
détaillés Figure 94.
Figure 93 – Vue instantanée d'une structure présentant les différents modes de coordination des nitrates
observés dans l'ensemble des simulations – (a) avec les molécules de DEHiBA entières ; (b) avec seulement les atomes d'oxygène de la fonction carbonyle des molécules de DEHiBA.
Légende - DEHiBA : bâtonnets noirs (C) et bleus (N), boules vertes (O fonction carbonyle proche U @ ≈ 2,4 Å), Uranyle : boules turquoise (U) et rouges (O), Nitrates : bâtonnets ou boules bleus(N) et boules rouges (O),
Eau : boules rouges (O) et grises (H).
(a) (b)
(a) (b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
183
Cinq modes de coordination des nitrates à l'uranyle sont observés (Figure 94) :
a) des nitrates bidentés pontants, assurant par deux la liaison entre deux uranyles ;
b) des nitrates bidentés pontants, assurant seuls la liaison entre deux uranyles ;
c) des nitrates bidentés terminaux, en bout de chaîne ou d'agrégats ;
d) des nitrates monodentés, au sein d'une chaîne ou d'un agrégat ;
e) des nitrates tridentés, dont chaque oxygène est lié à un uranyle différent.
Figure 94 – Modes de coordination des nitrates observés par dynamique moléculaire.
Ces observations sont compatibles avec les analyses des spectres IR expérimentaux et
calculés par DFT, montrant que les nitrates pourraient être bidentés et pontants. En effet, bien
que différents modes de coordination soient observés, les modes bidentés pontants a) et b) et
bidentés c) sont majoritaires dans les solutions simulées par dynamique moléculaire.
La principale différence dans les structures observées pour les deux concentrations de
DEHiBA provient de la proportion des nitrates pontants par rapport aux nitrates terminaux.
Ceci est bien visible par l'analyse statistique des trajectoires par l'intégration des fonctions de
distribution radiale (RDF), résumée dans le Tableau 36.
Intégration des RDF centrées sur l'uranium [DEHiBA] (mol/L) [U]org (mol/L) DEHiBA / U NO3 / U U / U H2O / U
0,5 0,125 1,1 4 1,9 0,09 0,5 0,216 1,1 4 1,9 0,03 1,5 0,423 1,5 3,2 1,5 0,06 1,5 0,688 1,5 3,2 1,7 0,003
Tableau 36 – Résultats des analyses statistiques des trajectoires de dynamique moléculaire pour des solutions simulées de DEHiBA dans le n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle.
Les RDF centrées sur l'uranium montrent la différence de structure entre les deux
concentrations de monoamides : dans le cas du DEHiBA 0,5 mol/L, un atome d'uranium est
en moyenne entouré de quatre nitrates et de deux uranyles, indiquant la formation de longues
chaines. A une concentration de 1,5 mol/L de DEHiBA, un uranyle est entouré en moyenne
de 3,2 nitrates et 1,6 uranyle, indiquant la formation de structures finies plus petites. La
proportion de nitrates bidentés terminaux est plus importante, ce qui limite la formation des
chaînes observées à faible concentration de monoamide.
a) b) d) e) c)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
184
Les chaines de nitrate et d'uranyle ainsi formées sont ensuite entourées de molécules de
DEHiBA dont l'oxygène de la fonction carbonyle vient compléter la coordination de l'uranyle
dans le plan équatorial, permettant la solubilisation de ces structures en phase organique.
VI.7.a.3 Influence de la structure de l'extractant : comparaison du DEHiBA et du
DEHDMBA
Des solutions de DEHDMBA ont également été simulées par dynamique moléculaire selon le
même principe. De la même manière, les densités calculées à partir des boîtes correspondent
aux densités expérimentales avec un écart constant de 0,01. Les intensités diffusées par
DXPA sont également bien reproduites, surtout pour des concentrations de 0,5 mol/L. Pour
les solutions simulées de DEHDMBA 1,5 mol/L, le même décalage de la bosse de corrélation
est observé. La Figure 95 permet de comparer visuellement les structures obtenues pour des
solutions simulées de DEHDMBA.
Figure 95 – Vues instantanées des boîtes de dynamique moléculaire des solutions simulées de DEHDMBA dans le n-heptane en ne laissant apparaitre que les monoamides proches des uranyles.
(a) DEHDMBA 0,5M – [U]org = 0,147M (b) DEHDMBA 1,5M – [U]org = 0,458M Légende - Monoamide : bâtonnets noirs (C) et bleus (N), boules vertes (O fonction carbonyle proche U @ ≈ 2,4
Å) et boules jaunes (O fonction carbonyle plus éloigné de l' U @ ≈ 4 Å), Uranyle : boules turquoise (U) et rouges (O), Nitrates : bâtonnets bleus (N) et boules rouges (O), Eau : boules rouges (O) et grises (H).
N.B. Seuls les atomes à une distance < 5 Å des atomes d'uranium sont représentés afin de faciliter l'observation des boîtes.
Des molécules de DEHDMBA peuvent ainsi apparaître coupées.
Alors qu'une solution de DEHiBA 0,5 mol/L après extraction de 0,125 mol/L de nitrate
d'uranyle forme des fils, une solution de DEHDMBA 0,5 mol/L contenant une quantité
similaire de nitrate d'uranyle forme déjà des amas de grosse taille (a). Pour des concentrations
(a) (b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
185
d'extractant plus importantes (1,5 mol/L), de très gros amas sont formés dans la boîte de
DEHDMBA (b), davantage déconnectés les uns des autres par rapport à ceux formés dans la
boîte de DEHiBA pour une concentration similaire de nitrate d'uranyle, où des restes de
structures en chaîne sont encore visibles. L'encombrement stérique induit par la taille
importante du groupement alkyle lié au carbonyle du DEHDMBA par rapport à celui du
DEHiBA empêche probablement la formation de chaînes, et favorise la formation de gros
amas, permettant ainsi au DEHDMBA de pouvoir plus facilement venir se lier à l'uranyle
pour permettre sa solubilisation en phase organique. Ceci est cohérent avec des interactions
attractives moins importantes dans les solutions de DEHDMBA 0,5 mol/L par rapport à celles
de DEHiBA, observées par modélisation des intensités diffusées par DXPA.
VI.7.a.4 Bilan des calculs de dynamique moléculaire
La dynamique moléculaire permet de relativement bien représenter les intensités diffusées par
DXPA tout en proposant une représentation de l'organisation des solutions. Cette approche
couplant la dynamique moléculaire avec la diffusion de rayons X aux petits angles est très
prometteuse.
Cependant dans notre cas, deux différences majeures existent dans la représentation
structurale des solutions entre les calculs de dynamique moléculaire et les données
expérimentales.
Tout d'abord, les calculs montrent des structures en fils pour des concentrations de DEHiBA
de 0,5 mol/L et de gros amas pour le DEHiBA 1,5 mol/L. Les modèles utilisés pour
représenter les intensités diffusées aux petits angles (modèle de Baxter et facteur de forme
d'objet sphérique) ne permettent pas toujours d'aboutir à un bon accord pour des q compris
entre 0,1 et 0,4 Å-1. Ceci pourrait être dû à l'existence d'objet non sphérique si l'on se reporte à
la dynamique moléculaire.
D'autre part, les isothermes d'extraction et la modélisation des intensités diffusées par DXPA
s'accordent à montrer que le rapport stœchiométrique entre le DEHiBA et l'uranyle varie entre
3 et 2, amenant à considérer une coordinence VI de l'uranyle dans son plan équatorial. Dans
les boîtes de dynamique moléculaire calculées, l'analyse statistique montre un rapport variant
de 1,5 à 1. Dans ce cas, une coordinence V dans le plan équatorial des uranyles est très
majoritairement observée. Des études par EXAFS de solutions de monoamide – uranyle[YAI98]
et des études de cristaux monoamide-uranium[CHA85],[CHA86],[CHA87] montrent que l'uranyle
serait toujours héxacoordiné dans le plan équatorial. La coordinence VI semblant toujours être
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
186
observée lors de la complexation de l'uranyle par les monoamides, il serait peut être
intéressant de rajouter des contraintes aux calculs de dynamique moléculaire pour observer
l'impact de la coordinence de l'uranyle sur la structure de la solution. En imposant une
coordinence VI, il serait peut être possible de tendre vers les stœchiométries observées
expérimentalement.
A l'heure actuelle, il n'a pas été possible d'expliquer ces différences. Cependant, les deux
approches montrant des structures différentes des agrégats permettent de rendre compte des
intensités diffusées expérimentales.
VI.7.a.5 Lien entre les calculs de dynamique moléculaire et les études de spéciation
La dynamique moléculaire permet de mettre en avant les modes de coordination bidentés et
pontants des nitrates, mode de coordination envisagés à partir de l'analyse des spectres IR.
Elle permet également d'observer d'importantes différences de structure dépendantes de la
concentration d'extractant, sans que la sphère de coordination de l'uranyle ne soit modifiée, ce
qui est observé expérimentalement par UV-visible et SLRT. La différence de structure
observée ne proviendrait que de la proportion de nitrates pontants par rapport aux bidentés.
Les structures observées pourraient être expliquées qualitativement de la manière suivante : à
faible concentration de monoamide, la faible polarité du milieu force les uranyles et les
nitrates à se regrouper pour former ces structures en fils, probablement les plus stables
énergétiquement. A forte concentration de monoamide, l'augmentation de la polarité du
milieu due à un plus grand nombre de molécules de DEHiBA par rapport à celles d'heptane
apolaire permet de rompre la formation de ces chaines et induit le regroupement des
composés polaires au sein des amas observés, un nombre suffisant de monoamides étant
présents pour permettre à de tels objets d'être solubilisés en phase organique.
Concernant le DEHDMBA, l'encombrement stérique induit par le groupement alkyle greffé
sur le carbonyle plus volumineux que pour le DEHiBA l'empêcherait de pouvoir se lier à
l'uranyle dans les chaines. Les nitrates et l'uranyle sont alors contraints de former des amas en
phase organique pour permettre leur solubilisation par le DEHDMBA.
Ces structures filaires ou en amas pourraient être à l'origine de l'augmentation exponentielle
de la viscosité avec la concentration de nitrate d'uranyle, uniquement observée avec les
monoamides.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
187
VI.7.b. Apport de la microscopie électronique à balayage en mode WET STEM
Dans le but d'obtenir une analyse visuelle directe, et éventuellement d'observer des structures
agrégées, des solutions de DEHiBA 0,5 mol/L et 1,5 mol/L ont été analysées par microscopie
électronique à balayage en mode WET STEM. Ce mode d'utilisation du MEB permet
d'observer des solutions. Les images ont été obtenues sur un MEB FEI Quanta 200 FEG
équipé de platine à effet Peltier. L'environnement dans l'appareil était maintenu à un taux
d'humidité de 100%, à 2°C et sous 680 Pa.
Les images obtenues montrent des objets en solution (Figure 96). Les objets sphériques
observés sur les Figure 96 (b) et (d) mesurent environ 80 nm de diamètre, soit la dimension
d'une boîte de dynamique moléculaire. Il n'est donc pas possible de rapprocher ces structures
observées par WET STEM de celles déterminées par DXPA ou calculées par dynamique
moléculaire, un facteur 10 sur la taille séparant ces structures.
Figure 96 – Observation par MEB en mode WET STEM des phases organiques de DEHiBA 0,5M (a) et
(b) et de DEHiBA 1,5M (c) et (d) dans le n-heptane après extraction de nitrate d'uranyle. T = 2°C, P = 680 Pa, Haute tension 30 kV.
(a) DEHiBA 0,5M – [U]org = 0,23M – Zoom x10000 (b) DEHiBA 0,5M – [U]org = 0,23M – Zoom x40000 (c) DEHiBA 1,5M – [U]org = 0,69M – Zoom x10000 (d) DEHiBA 1,5M – [U]org = 0,69M – Zoom x40000
(a)
(d) (c)
(b)
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
188
Cependant, les échantillons sont analysés dans des conditions de température et de pression
particulière (2°C et 680 Pa). De plus, le contrôle de la concentration de monoamide n'est pas
assuré : une série de purges de l'atmosphère est nécessaire pour amener un taux d'humidité de
100%, ce qui peut engendrer l'évaporation de molécule d'heptane, et ainsi concentrer les
solutions étudiées.
Ces expériences préliminaires montrent l'existence d'objets de taille nanoscopique en solution.
Des expériences complémentaires devront être réalisées afin de valider ou non l'existence de
ces objets.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
189
VII. Conclusion
L'extraction du nitrate d'uranyle par les monoamides a été étudiée par différentes approches,
moléculaire et supramoléculaire, expérimentale et théorique, dans le but d'améliorer la
description de ces systèmes.
Les études de spéciation moléculaire ont montré l'existence probable en solution d'espèces de
type 232 )(NOUOLx avec x = 2 ou 3 et 2232 ))(( NOUOLx , avec x = 4. La sphère de
coordination de l'uranyle ne serait pas sensible aux changements de conditions expérimentales
(concentration de monoamide, d'uranyle). La cohésion des espèces binucléaires pourrait être
assurée par des nitrates pontants entre deux uranyles. Les isothermes d'extraction ont pu être
modélisées par la combinaison des équilibres d'extraction ( 93 ) et ( 94 ) ou
( 93 ) et ( 95 ) :
2322322 )NO(UOLL2NO2UO ↔++ ++ ( 93 )
2323322 )NO(UOLL3NO2UO ↔++ ++ ( 94 )
22324322 ))NO(UO(LL4NO4UO2 ↔++ ++ ( 95 )
Ces différents complexes ne seraient pas hydratés, mais permettraient de solubiliser de faibles
quantités d'eau.
Les études de spéciation supramoléculaire ont permis de mettre en évidence l'agrégation dans
les phases organiques de monoamides, jusqu'à présent jamais étudiée à notre connaissance.
Les concentrations d'extractant et de nitrate d'uranyle sont des paramètres influençant
fortement l'agrégation, contrairement à la co-extraction d'acide nitrique ou à la température.
Pour des solutions de monoamides 0,5 mol/L, l'extraction d'uranium conduit à la formation
d'agrégats de petites tailles pouvant contenir jusqu'à 4 molécules de DEHiBA ou de
DEHDMBA. Les agrégats sont de petite taille (2 à 4 molécules pour le DEHiBA et de 4
molécules pour le DEHDMBA). Les rapports stœchiométriques entre le nitrate d'uranyle et
les monoamides sont similaires dans les complexes identifiés lors de la modélisation des
isothermes d'extraction (équations ( 93 ), ( 94 ) et ( 95 )) et dans les agrégats. L'agrégation en
phase organique pourrait donc être due à l'association des complexes moléculaires.
Chapitre IV – Spéciation des phases organiques de monoamides en présence de nitrate d'uranyle
190
Une approche par dynamique moléculaire a été envisagée pour étudier la structure de ces
solutions : les simulations ont permis de mettre en évidence des structures très particulières de
ces solutions, dépendantes de la concentration et de la structure de l'extractant.
A 0,5 mol/L, l'uranyle et les nitrates forment des chaines polymériques, dont la cohésion est
assurée par des nitrates pontants entre deux uranyles.
A 1,5 mol/L, l'uranyle et les nitrates sont regroupés au sein d'amas. Pour toutes ces solutions
simulées, il apparaît que la sphère de coordination de l'uranyle ne varie pas, seule la
coordination des nitrates change. Ces observations sont cohérentes avec les conclusions des
études expérimentales de spéciation moléculaire.
Les calculs de dynamique moléculaire montrent cependant des rapports stœchiométriques
entre l'uranyle et les monoamides inférieurs à ceux déterminés par la spéciation moléculaire et
supramoléculaire. Cette différence n'est à ce jour pas expliquée.
Une analyse directe par imagerie de solutions de DEHiBA après extraction de nitrate
d'uranyle par WET STEM a pu être réalisée. Des objets structurés 10 à 100 fois plus gros que
les agrégats mis en évidence par la spéciation supramoléculaire ont été observés. La formation
de tels objets reste toutefois à confirmer par des études complémentaires.
Ces études montrent que les systèmes extractants à base de monoamide sont bien plus
complexes que ce qui est décrit dans la littérature, où la majorité des études indiquent la
formation d'un unique complexe 2322 )(NOUOL par la méthode des pentes.
191
Conclusion générale
Conclusion générale
192
Dans le cadre de l'utilisation potentielle des monoamides dans les procédés de retraitement du
combustible nucléaire usé, ces travaux de thèse ont été entrepris dans le but d'améliorer la
description des phases organiques de monoamides après extraction de différents solutés, l'eau,
l'acide nitrique et le nitrate d'uranyle.
Une démarche a été mise en place pour caractériser les solutions de monoamides. Après
quantification des solutés extraits, les phases organiques ont été caractérisées d'un point de
vue moléculaire par différentes techniques spectroscopique, visant à étudier les complexes
formés en solution et proposer des équilibres d'extraction. La spéciation supramoléculaire des
solutions de monoamides a également été étudiée par osmométrie à pression de vapeur et
diffusion de rayons X aux petits angles, l'organisation de ces solutions de monoamides n'ayant
jamais été étudiée auparavant. Deux monoamides, le DEHiBA et le DEHDMBA ont été
comparés, de manière à évaluer l'influence de la structure de l'extractant sur la spéciation des
phases organiques.
Ces études de spéciation moléculaire et supramoléculaire ont apporté des informations
complémentaires permettant de mieux comprendre la chimie de ces systèmes extractants à
base de monoamide.
Ces travaux ont montré que l'organisation des solutions dépend de la concentration
d'extractant, de la nature et de la concentration des solutés extraits. Plusieurs régimes
d'organisation ont été mis en évidence :
- pour des solutions diluées ([L] < 0,5 mol/L), l'extractant est très majoritairement sous
forme monomère, quel que soit le soluté extrait ;
- pour des concentrations d'extractants comprises entre 0,5 mol/L et 1 mol/L, de petits
agrégats assimilés à des sphères sont formés. Dans le cas de l'extraction d'eau et d'acide
nitrique, il s'agit essentiellement de dimères, quel que soit le monoamide. L'extraction de
nitrate d'uranyle engendre la formation d'objet légèrement plus gros : une agrégation
progressive (avec des nombres d'agrégation variant de 2 à 4 avec la concentration de
nitrate d'uranyle) est obtenue pour le DEHiBA, tandis que des tétramères sont rapidement
formés dès les faibles concentrations d'uranyle avec le DEHDMBA ;
- pour des phases organiques concentrées ([L] > 1 mol/L), des espèces contenant 2 à 4
molécules de monoamides seraient formées après extraction d'eau et d'acide nitrique.
Concernant l'extraction du nitrate d'uranyle, une très importante structuration de la phase
organique est observée. Il n'apparaît plus possible de considérer la formation d'agrégats de
Conclusion générale
193
taille et de forme bien définies, et il semblerait qu'une forme de réseau s'établisse, avec
des corrélations entre atomes d'uranium à distance fixe de l'ordre de 10 Å.
Les résultats obtenus montrent que l'agrégation est favorisée par les solutés dans l'ordre
suivant : UO2(NO3)2 > HNO3 > H2O.
D'un point de vue moléculaire, les complexes semblent peu sensibles à l'organisation de la
solution :
- l'extraction d'acide nitrique peut être représentée par un jeu de constantes d'extraction
n'augmentant que très légèrement avec la concentration de monoamide. Le complexe
)( 3HNOL est majoritaire sur toute la gamme d'acidité étudiée ;
- la sphère de coordination du nitrate d'uranyle varie peu avec les conditions d'extraction
(concentration d'extractant, de nitrate d'uranyle et d'acide nitrique) : les signatures
spectrales des différentes solutions caractérisées sont relativement similaires. Les
combinaisons de complexes 2322 )(NOUOL et 2323 )(NOUOL ou 2323 )(NOUOL et
22324 ))(( NOUOL permettent de modéliser les isothermes d'extraction.
De manière générale, les rapports stœchiométriques dans les agrégats sont similaires à ceux
des complexes moléculaires. Les agrégats formés pourraient alors provenir de l'association de
complexes moléculaires, que ce soit en présence d'acide nitrique ou de nitrate d'uranyle.
L'extraction des différents solutés apparaît bien plus que complexe que ce qui est décrit dans
la littérature, où l'extraction d'eau est très peu étudiée, et un unique complexe )( 3HNOL et
2322 )(NOUOL est pris en compte pour décrire respectivement l'extraction de l'acide nitrique
et du nitrate d'uranyle.
Perspectives
La dynamique moléculaire a été utilisée pour caractériser ces solutions et semble prometteuse
pour l'étude supramoléculaire des milieux concentrés. Des points restent cependant à éclaircir
afin de comprendre l’origine des écarts observées entre les études expérimentales et les
simulations de dynamique moléculaire, notamment concernant la quantification des
monomères/dimères dans le cas de l’extraction de l’eau ou concernant les différences de
stœchiométries entre les calculs de dynamique moléculaire et les études de spéciation. Ces
Conclusion générale
194
simulations ouvrent des perspectives très intéressantes, en évitant d’avoir recours à
l'utilisation de modèles complexes basés sur la géométrie des objets caractérisés pour
modéliser les intensités diffusées par rayons X ou neutrons des phases organiques concentrées
tout en permettant de s'affranchir de la soustraction de différentes contributions pouvant être
source d'erreur sur la valeur absolue des intensités diffusées.
L'étude de solutions par spectroscopie d'absorption des rayons X (EXAFS) au seuil de
l'uranium devrait permettre de déterminer si les structures formant des fils observés par
dynamique moléculaire sont représentatives des structures en solution, la distance entre deux
atomes d'uranium étant de 6 Å dans les simulations, celle-ci pourrait être observable par
EXAFS.
Des études complémentaires par diffusion de la lumière (DLS) ou de neutrons aux petits
angles (DNPA) permettraient de renforcer les caractérisations réalisées par osmométrie et
DXPA sur des solutions de monoamides après extraction d'eau, d'acide nitrique et/ou de
nitrate d'uranyle.
Des études complémentaires sont nécessaires afin de comprendre l'origine des objets observés
par WET STEM. Notamment, des études par cryo-TEM pourraient permettre de valider ou
non les structures observées.
Enfin, il serait intéressant d'étendre ces études de spéciation moléculaire et supramoléculaire à
d'autres actinides, tels que le plutonium ou le thorium, et d'établir des comparaisons avec
l'uranium, afin de mieux comprendre le rôle des groupements alkyles sur la sélectivité des
monoamides, notamment si celle-ci est d'origine moléculaire ou supramoléculaire.
195
Références
bibliographiques
196
[ADD99] Addleman R.S., Wai C.M. Luminescence quenching of UO2(NO3)2.2TBP in supercritical fluid CO2, Phys. Chem. Chem. Phys., 1999, 1:5, 783-790.
[ANT08] Antonio M.R., Chiarizia R., Gannaz B., Berthon L., Zorz N., Hill C., Cote G. Aggregation in solvent extraction systems containing a malonamide, a dialkyl phosphoric acid and their mixtures. Sep. Sci. Technol., 2008, 2572-2605. [ARD99] Ardois C., Mokili M.B., Musikas C., Abbé J-C. The use of the N,N-diethyldodecanamide for actinide extraction in conjunction with liquid scintillation counting, J. Radioanal. Nuc. Chem., 1999, 240:3, 751-761. [ARI11] Arisaka M., Kimura T. Thermodynamic and spectroscopic studies on Am(III) and Eu(III) in the extraction system of N,N,N',N'-tetraoctyl-3-oxapentane-1,5-diamide in n-dodecane/nitric acid, Solv. Extr. Ion Exch., 2011, 29:1, 72-85. [BAU07] Bauduin P., Testard F., Berthon L., Zemb Th. Relation between the hydrophile/hydrophobe ratio of malonamide extractants and the stability of the organic phase: investigation at high extractant concentrations, Phys. Chem. Chem. Phys., 2007, 9:28, 3776-3785. [BAX68] Baxter R.J. Percus-Yevick equation for hard spheres with surface adhesion, J. Chem. Phys., 1968, 49:6, 2770-2774. [BAY93] Bayly C.I., Cieplak P., Cornell W., Kollman P. A. A well-behaved electrostatic potential based method using charge restraints for deriving atomic charges: the RESP model, J. Phys. Chem., 1993, 97:40, 10269–10280. [BEI89] Beitz J.V., Sullivan J.C. Laser induced fluorescence studies of europium-extractant complexes in organic phases, J. Less Comm. Met., 1989, 148, 159-166. [BEL04] Belair S., Lamouroux C., Tabarant M., Labet A., Mariet C., Dannus P. Modeling of the extraction of lanthanide nitrates from aqueous solutions over a wide range of activities by CMPO, Solv. Extr. Ion Exch., 2004, 22:5, 791. [BER93] Berthon C. Etude par RMN de la conformation des extractants à function amide en phase organique, Thèse de doctorat de l'université Clermont-Ferrand II, 1993. [BER07] Berthon L., Martinet L, Testard F., Madic C., Zemb T. Solvent penetration and sterical stabilization of reverse aggregates based on the DIAMEX process extracting molecules : Consequences for the third phase formation, Solv. Extr. Ion Exch., 2007, 25:5, 545-576. [BER10a] Berthon L., Testard F., Martinet L., Zemb Th., Madic C. Influence of the extracted solute on the aggregation of malonamide extractant in organic phases: Consequences for phase stability, C. R. Chimie, 2010, 13, 1326-1334.
197
[BER10b] Berthon L., Zorz N., Gannaz B., Lagrave S., Retegan T., Fermvik A., Ekberg C. Use of electrospray ionization mass spectrometry for the characterization of actinide complexes in solution, IOP Conf. Ser.: Mater. Sci. Eng., 2010, 9:1. [BLA91] Blades A.T., Ikonomou M.G., Kebarle P. Mechanism of electrospray mass spectrometry. Electrospray as an electrolysis cell, Anal. Chem., 1991, 63, 2109-2114. [BOS05] Bosland L. Etudes thermodynamique et cinétique de l'extraction des nitrates de lanthanides par un malonamide (N,N-diméthyl-N,Ndioctyl hexyléthoxy malonamide ou DMDOHEMA), Thèse de doctorat de l'école centrale Paris, 2005. [BOX65] Box M.J. A new method of constrained optimization and a comparison with other methods, The computer Journal, 1965, 8:1, 42-52. [BRO73] Bromley L.A. Thermodynamic properties of strong electrolytes in aqueous solutions, AIChE J., 1973, 19, 313-320. [BUC01] Buch A., Pareau D., Stambouli M., Durand G. Solvent extraction of Nickel(II) by 2-ethylhexanal oxime from various aqueous solutions, Solv. Extr. Ion Exch., 2001, 19:2, 277-299. [BUC02] Buch A., Stambouli M., Pareau D., Durand G. Solvent extraction of Nickel(II) by mixture of 2-ethylhexanal oxime and bis(2-ethylhexyl) phosphoric acid, Solv. Extr. Ion Exch., 2002, 20:1, 49-66. [BUL67] Bullock J.I. Infrared spectra of some uranyl nitrate complexes, J. Inorg. Nucl. Chem., 1967, 29, 2257-2264. [CAE12] Le Caer S., Vigneron G., Guillaumont D., Berthon L., Zorz N., Moisy P. Experimental and theoretical study of the degradation of malonamide extractant molecules under ionizing radiation, RSC Advances, 2012, 2:9, 3954-3967. [CAO03] Cao X.Y., Dolg M., Stoll H. Valence basis sets for relativistic energy-consistent small-core actinide pseudopotentials, J. Chem. Phys., 2003, 118:2, 487-496. [CAS81] Casselato U., Vigato P.A., Vidali M. Actinide nitrate complexes, Coord. Chem. Rev., 1981, 36, 183-265. [CAS05] Case D.A., Cheatham T.E. III, Darden T., Gohlke H., Luo R., Merz K.M. Jr., Onufriev A., Simmerling C., Wang B., Woods R.J. The Amber biomolecular simulation programs, J. Comput. Chem., 2005, 26:16, 1668-1688.
198
[CHA79] Challis B.C., Challis J.A. "Amides and related compounds" in Comprehensive organic chemistry, Barton and Ollis, Pergamon Press, Oxford, New-York, Toronto, Sydney, Frankfurt, Paris, 1979, Vol. 2, Chap. 9.9, 957-1010. [CHA85] Charpin P., Lance M., Nierlich M., Vigner D. Structure d'un complexe binucléaire du nitrate d'uranyle et du N,N-diméthyl-formamide : µ-peroxo-bis[bis(N,N-diméthyl-formamide)nitratodioxouranium(VI)], [(UO2)2(NO3)2O2(C3H7NO)4], Acta Cryst., 1985, C41, 1302-1305. [CHA86] Charpin P., Lance M., Nierlich M., Vigner D., Descouls N., Musikas C. Structure du Bis(N,N-dibutyldodécanamide)dinitratodioxouranium(VI), Acta Cryst., 1986, C42, 560-563. [CHA87] Charpin P., Lance M., Nierlich M., Vigner D., Musikas C. Structure du Bis(N,N-di-n-butyl diméthyl-3,3 butanamide)dinitratodioxouranium(VI), Acta Cryst., 1987, C43, 231-233. [CHA88] Charbonnel M-C. Extraction de l’uranium (VI), du plutonium (IV) et des produits de fission par les N,N’-tetraalkyldiamides, Thèse de doctorat de l’université de Clermont-Ferrand II, 1988. [CHA99] Charrin N. Contribution à l’étude de l’écart à l’idéalité des solutions concentrées d’électrolytes – Applications aux cas des nitrates de plutonium et uranium (IV), Thèse de doctorat de l’université Paris VI, 1999. [CHE80] Chekmarev A.M., Ochkin A.V., Sergievskii V.V., Tarasov V.V., Yagodin G.A. Acid extraction by tertiary amines, Int. Solv. Extr. Conf., 1980, 80-158. [CHE82] Chen C.C., Britt H.I., Boston J.F., Evans L.B. Local composition model for excess Gibbs energy of electrolyte systems, AIChE J., 1982, 28, 588-596. [CHI03] Chiarizia R., Jensen M.P., Borkowski M., Ferraro J.R., Thiyagarajan P., Littrell K.C. Third phase formation revisited: The U(VI), HNO3-TBP, n-dodecane system, Solv. Extr. Ion Exch., 2003, 21:1, 1-27. [CHI04] Chien W., Anbalagan V., Zandler M., Van Stipdonk M., Hanna D., Gresham G., Groenewold G. Intrinsic hydration of monopositive uranyl hydroxide, nitrate, and acetate cations, J. Am. Soc. Mass Spectrom., 2004, 15, 777–783.
[CHI07] Chiarizia R., Briand A. Third phase formation in the extraction of inorganic acids by TBP in n-octane, Solv. Extr. Ion Exch., 2007, 25:3, 351-371. [COL95] Colton R., D'agostino A., Traeger J.C. Electrospray mass spectrometry applied to inorganic and organometallic chemistry. Mass spectrum reviews, 1995, 14, 79-106.
199
[COL02] Colette S., Amekraz B., Madic C., Berthon L., Cote G., Moulin C. Use of electrospray mass spectrometry (ESI-MS) for the study of Europium (III) complexation with bis(dialkyltriazinyl)pyridines and its implication in the design of new extracting agent, Inorg. Chem., 2002, 41, 7031-7041. [COL03] Colette S., Amekraz B., Madic C., Berthon L., Cote G., Moulin C. Trivalent lanthanide interactions with a terdentate bis(dialkyltriazinyl)pyrdine ligand studied by electrospray ionisation mass spectrometry. Inorg. Chem., 2003, 42, 2215-2226. [COM99] Comor J.J., Tolic A.S., Kopecni M.M., Petkovic D.M. Modeling of the simultaneous extraction of nitric acid and uranyl nitrate with tri-n-butyl phosphate. Application to extraction operation, Sep. Sci. Tech., 1999, 34:1, 115-122. [CON89] Condamines N. Contribution à l’étude de l’extraction d’acides minéraux et de cations actinides aux degrés d’oxydation (IV) et (VI) par les N,N-dialkylamides, Thèse de doctorat de l’université Paris VI, 1989. [CON92] Condamines N., Musikas C. The extraction by N,N-dialkylamides. II. Extraction of actinide cations, Solv. Extr. Ion Exch., 1992, 10:1, 69-100. [COT98] Cote G. Extraction liquide-liquide – Présentation générale, Techniques de l'ingénieur, 1998, J-2760. [COU95] Couston L., Pouyat D., Moulin C., Decambox P. Speciatio of uranyl species in nitric acid medium by time-resolved laser-induced fluorescence, App. Spec., 1995, 49, 349-353. [CRO97] Crowley M.F., Darden T.A., Cheatham T.E. III, Deerfield D.W. II Adventures in improving the scaling and accuracy of a parallel molecular dynamics program, J. Supercomput., 1997, 11, 255-278. [CUI03] Cui Y., Zhang Z., Jiang R., Sun G-X. Structural effect of N,N-dialkylamide on the extraction of thorium(IV) ion from nitric acid solution, J. Radioanal. Nuc. Chem., 2003, 258, No 1, 1171-173. [CUI05] Cui Y., Sun G., Zhang Z., Li Y., Sun S. Extraction of U(VI) with unsymmetrical N-methyl-N-decylalkylamide in toluene, Radiochim. Acta, 2005, 93, 287-290. [CUR65] Curtis N.F., Curtis Y.M. Some nitrato-amine Nickel(II) compounds with monodendate and bidentate nitrate ions, Inorg. Chem., 1965, 4:6, 804-809. [DAN91] Dannus P. Modélisation physico-chimique de l’extraction de constituants inorganiques par des réactifs solvatants : Elaboration et application à l’extraction de l’acide nitrique et du nitrate d’uranyle par un monoamide, Thèse de doctorat de l’université Paris VI, 1991.
200
[DAN02] Daniel J.M., Friess S.D., Rajagopalann S., Wendt S., Zenobi R. Quantitative determination of noncovalent binding interactions using soft ionization mass spectrometry, Int. J. Mass Spectrom., 2002, 216, 1-27. [DEB23] Debye P., Hückel E. Physik. Z., 1923, 24, 185-206. [DEN98] Den Auwer C., Charbonnel M-C., Presson M.T., Madic C., Guillaumont R. XAS study of actinide solvent extraction compounds. II: UO2(NO3)2(L)2 (with L=tri-isobutylphosphate, tri-n-butylphosphate, trimethylphosphate and triphenylphosphate), Polyhedron, 1998, 17, Nos 25,26, 4507-4517. [DEN05] Denecke M.A., Rossberg A., Panak P.J., Weigl M., Schimmelpfennig B., Geist A. Characterization and comparison of Cm(III) and Eu(III) complexed with 2,6-di(5,6 dipropyl-1,2,4-triazin-3-yl)pyridine using EXAFS, TRFLS, and quantum-chemical methods, Inorg. Chem., 2005, 44, 8418-8425. [DEN08] Direction de l’Energie Nucléaire Monographie de la Direction de l’Energie Nucléaire, Le traitement-recyclage du combustible nucléaire usé, CEA Saclay et Edition du Moniteur, Paris, 2008. [DES86] Descouls N., Musikas C. Mécanismes d’extraction des ions U(VI) par les N,N-dilakylamides, J. Less. Common Metals, 1986, 122, 264-274. [DIM06] Di Marco V.B., Bombi G.G. Electrospray mass spectrometry (ESI-MS) in the study of metal-ligand solution equilibria. Mass spectrum reviews, 2006, 25, 347-379. [DOZ07] Dozol H., Berthon C. Characterisation of the supramolecular structure of malonamides by application of pulsed field gradients in NMR spectroscopy. Phys. Chem. Chem. Phys., 2007, 9, 5162–5170. [ERL98] Erlinger C., Gazeau D., Zemb Th., Madic C., Lefrançois L., Hebrant M., Tondre C. Effect of nitric acid extraction on phase behaviour, microstructure and interactions between primary aggregates in the system dimethyldibutyltetradecylmalonamide (DMDBTDMA / n-dodecane / water : a phase analysis and small angle x-ray scattering (SAXS) characterisation study, Solv. Extr. Ion Exch., 1998, 16:3, 707-738. [FED74] Fedors R.F. A method for estimating both the solubility parameters and molar volumes of liquid, Polymer Engineering and Science, 1974, 14:2, 147-154. [FER01] Ferraro J.R., Borkowski M., Chiarizia R., McAlister D.R. FT-IR spectroscopy of nitric acid in TBP/octane solution, Solv. Extr. Ion Exch., 2001, 19:6, 981-992. [FER09] Ferru G. Extraction du nitrate d'uranyle par le DEHiBA : speciation des complexes et description des équilibres thermodynamiques, Mémoire de M2, Université Montpellier 2, 2009.
201
[FIE64] Field B.O., Hardy C.J. Inorganic nitrates and nitrato-compounds, Quart. Rev., 1964, 18:4, 361-388. [FRA95] Frassineti C., Gans P., Sabatini A., Moruzzi M.S., Vacca A. Nuclear magnetic resonance as a tool for determining protonation constants of natural polyprotic bases in solution, Analytical Biochemistry, 1995, 231, 374-382. [FRA03] Frassineti C., Alderighi L., Gans P., Sabatini A., Vacca A., Ghelli S. Determination of protonation constants of some fluorinated polyamines by means of 13C NMR data processed by the new computer program HypNMR2000. Protonation sequence in polyamines, Anal. Bioanal. Chem., 2003, 376,1041-1052. [FRA12] Franklin J.M., Surampudi L.N., Ashbaugh H.S., Pozzo D.C. Numerical validation of IFT in the analysis of protein-surfactant complexes with SAXS and SANS, Langmuir, 2012, 28, 12593-12600. [FRI09] Frisch M.J. et al. Gaussian 09, Revision B.1, Gaussian, Inc., Wallingford CT, 2009. [GAN06] Gannaz B. Spéciation moléculaire et supramoléculaire de systèmes d'extraction liquide-liquide à base de malonamide et/ou d'acides dialkylphosphoriques pour la séparation An(III)/Ln(III), Thèse de doctorat de l'université Paris XI Orsay, 2006. [GAS80] Gasparini G.M., Grossi G. Application of N,N-dialkylaliphatic amides in the separation of some actinides, Sep. Science and Technol., 1980, 15:4, 825-844. [GAS86] Gasparini G.M., Grossi G. Long chain disubstituted aliphatic amides as extracting agents in industrial applications of solvent extraction, Solv. Extr. Ion Exch., 1986, 4:6, 1233-1271. [GIB06] Gibson J.K., Marçalo J. New developments in gas-phase actinide ion chemistry, Coord. Chem. Rev., 2006, 250, 776–783. [GIR10] Girnt D., Roesly P.W., Geist A., Ruff C., Panak P.J., Denecke M.A. 6-(3,5-dimethyl-1H-pyrazol-1-yl)-2,20-bipyridine as ligand for actinide(III)/lanthanide(III) separation, Inorg. Chem., 2010, 49, 9627-9635. [GOM12] Gomes Rodrigues D. Caractérisation de solutions organiques d'acide di-alkyl-phosphorique, de diamide et de leurs mélanges, Mémoire de M2 , Université Montpellier 2, 2012. [GOM94] Gomez A., Tang K. Charge and fission of droplets in electrostatic sprays, Physical Fluids, 1994, 6(1), 404-414. [GOR71] Görller-Walrand C.K., Vanquickenborne L.G., Identification of the lower transitions in the spectra of uranyl complexes, J. Chem. Phys., 1971, 54, 4178-4187.
202
[GRO83] Grossi G., Gasparini G.M., Casarci M. N,N-Dialkyl aliphatic amides as alternative extractants for actinides : Further studies on the influence of the chemical structure on the extractive behavior, Proceedings of the International Solvent Extraction Conference (ISEC), Denver, (August-September 1983), 447-448. [GUG35] Guggenheim E.A. The specific thermodynamic properties of aqueous solutions of strong electrolytes, Phil. Mag., 1935, 19, 588-643. [GUG49] Guggenheim E.A. Thermodynamics and advanced treatment for Chemists and Physicists, North-Holland Publishing Compagny, 1949. [GUI12] Guilbaud P., Zemb Th. Solute-induced microstructural transition from weak aggregates towards a curved film of surface-active extractants, ChemPhysChem, 2012, 13, 687-691. [GUP99]Gupta K.K., Manchanda V.K., Subramanian M.S., Singh R.K. Thermodynamics of the extraction of uranium(Vi) and plutonium(IV) with some long-chain aliphatic amides, Radiochim. Acta, 1999, 85, 103-106. [GUP00a] Gupta K.K., Manchanda V.K., Subramanian M.S., Singh R.K. N,N-Dihexyl hexanamide : a promising extractant for nuclear fuel reprocessing, Sep. Science and Technol., 2000, 35:10, 1603-1617. [GUP00b] Gupta K.K., Manchanda V.K., Subramanian M.S., Singh R.K. Solvent extraction studies on U(VI), Pu(IV), and fission products using N,N-dihexyloctanamide, Solv. Extr. Ion Exch., 2000, 18:2, 273-292. [GUP00c] Gupta K.K., Manchanda V.K., Sriram S., Thomas G., Kulkarni P.G., Singh R.K. Third phase formation in the extraction of uranyl nitrate by N,N-dialkyl aliphatic amides, Solv. Extr. Ion Exch., 2000, 18:3, 421-439. [HAM72] Hamer W.J., Wu Y-C. Osmotic coefficients and mean activity coefficients of uni-univalent electrolytes in water at 25°C, J. Phys. Chem. Ref. Data, 1972, 1 (4) , 1047-1099. [HER07] Herschbach H., Brisach F., Haddaoui J., Saadioui M., Leize E., Van Dorsselaer A., Arnaud-Neu F., Böhmer V. Lanthanide complexation with CMPO and CMPO-calix[4]arenes in solution : Spectrophotometric and electrospray mass spectrometric approaches, Talanta, 2007, 74, 39-46. [HES66] Hester R.E., Grossman W.E.L. Vibrational analysis of some oxyanion-metal complexes, Inorg. Chem., 1966, 5:8, 1308-1312. [ICT33] International Critical Tables of Numerical Data, Physics, Chemistry and Technology, 1933.
203
[ISR80] Israelachvili J., Marcelja S., Horn R.G. Physical principles of membrane organization, Quaterly Reviews of Biophysics, 1980, 13:2, 121-200. [ISR94] Israelachvili J. The science and applications of emulsion – an overview, Colloids Surface A : Physicochem. Eng. Aspects, 1994, 91, 1-8. [JEN07] Jensen M.P., Yaita T., Chiarizia R. Reverse-micelle formation in the partitioning of trivalente f-element cations by biphasic systems containing a tetraalkyldiglycolamide, Langmuir, 2007, 23, 4765-4774. [KAY52] McKay H.A.C Thermodynamics of three-components systems, Nature, 1952, 169, 464-465. [KAY53] McKay H.A.C, Perring J.K. Calculation of the activity coefficients of mixed aqueous electrolytes from vapour pressures, Trans. Faraday Soc., 1953, 49, 163-165. [KEB97] Kebarle P., Ho Y. On the mechanism of electrospray mass spectrometry, In Electrospray ionization mass spectrometry, ed. B. Cole, John Wiley and sons, New York, 1997, Chap 1, 3-63. [KEB00a] Kebarle P. A brief overview of the present status of the mechanisms involved in electrospray mass spectrometry. J. Mass Spectrom., 2000, 35, 804-817. [KEB00b] Kebarle P. In the mechanisms by which the charged droplets produced by electrospray lead to gas phase ions, Anal. Chim. Acta, 2000, 406, 11-35. [KEI99] Keiderling U., Gilles R., Wiedenmann A. Application of silver behenate powder for wavelength calibration of a SANS instrument – a comprehensive study of experimental setup variations and data processing techniques, J. Appl. Crystallogr., 1999, 465-463. [KIM01] Kimira T., Nagaishi R., Kato Y., Yoshida Z. Luminescence study on solvation of americium(III), curium(III) and several lanthanide(III) ions in nonaqueous and binary mixed solvents, Radiochim. Acta, 2001, 89, 125-130. [KIR64] Kirgintsev A.N., Luk'yanov A.V. Investigation of ternary solutions by the isopiestic method. IV, Radiokhimiya, 1964, vol. 6, n°4, 449-454. [KOP81] Kopecni M.M., Laub R.J., Petkovic Dj.M. Dielectric-permittivity analysis of likely self-association of N,N-disubstituted amides, J. Phys. Chem., 1981, 85, 1595-1599.
204
[KOP82] Kopecni M.M., Laub R.J., Petkovic Dj.M., Smith C.A. Assessment of intermolecular association of haloalkanes with n,N-dibutyl-2-ethylhexanamide and pyridine by dielectric permittivity and polarization, J. Phys. Chem., 1982, 86, 1008-1012. [LAM00] Lamouroux C., Moulin C., Tabet J.C., Jankowski C.K. Characterization of zirconium complexes of interest in spent nuclear fuel reprocessing by electrospray ionization mass spectrometry, Rapid Commun. Mass Spectrom., 2000, 14:19, 1869-1877. [LAM06] Lamouroux C., Rateau S., Moulin C. Use of electrospray ionization mass spectrometry for the study of Ln(III) complexation and extraction speciation with calixarene-CMPO in the fuel partitioning concept, Rapid Commun. Mass Spectrom., 2006, 20:13, 2041- 2052. [LAS78] Laskorin B.N., Yakshin V.V., Filippov E.A., Chumakova G.M., Belov V.A., Arkhipova G.G. Extraction of uranium and transuranium elements by amides of carboxylic acids, Sov. Radiochem., 1978, 20, 438-444. [LEC04] Leclerc E., Berthon L., Heres X., Gannaz B., Berthon C. and Adnet J.M. Use of ElectroSpray Ionization Mass Spectrometry (ESI-MS) for the study of metal (III) extraction by dialkyl phosphoric acid, International conference ATALANTE 2004 (June 21-24 2004, Nîmes, France), Advances for future fuel cycles. [LEC08] Leclerc E., Guillaumont D., Guilbaud P. and Berthon L. Mass spectrometry and theoretical investigation of di-alkylphosphoric acid-lanthanide complexes. Radiochimica Acta, 2008, 96(2), 85-92. [LIN04] Lindner P., Zemb T. Neutrons, X-rays and light: Scattering methods applied to soft condensed matter, Second edition edited by Elsevier B.V., 2004. [LOO97] Loo J.A. Studying non covalent protein complexes by electrospray ionization mass spectrometry, Mass Spectrom. Reviews, 1997, 16, 1-23. [LOO00] Loo J.A. Electrospray ionization mass spectrometry: a technology for studying noncovalent macromolecular complexes. Int. J. Mass Spectrom., 2000, 200, 175-186. [LU95] Lu Z., Sun J., Yang L., Wang H., Cao Z. Synthesis, spectral and structural characterization and thermal decomposition kinetics of dinitrato (N,N,N',N'-tetra-n-butyl aliphatic diamide)urany(II) by thermogravimetric analysis, Therm. Acta, 1995, 255, 281-295. [LYA05] Lyapchenko N., Schroeder,G. Energy-resolved in-source collisionally induced dissociation for the evaluation of the relative stability of noncovalent complexes in the gas phase, Rapid Commun. Mass Spectrom., 2005, 19:23, 3517-3522.
205
[MAE12] Maes P. Apport de la spectrométrie de masse à ionisation électrospray pour la caractérisation de complexes actinides ligands monoamide, Rapport de stage CEA/DRCP/SCPS/LILA, 2012. [MAJ86] Majima H., Awakura Y. Water and solute activities of H2SO4-Fe2(SO4)2-H2O and HCl-FeCl3-H2O solution systems: Part II. Activities and solutes, Metal Trans. B, 1986, 17B, 621-627. [MAN01] Manchanda V.K., Ruikar P.B., Sriram S., Nagar M.S., Pathak P.N., Gupta K.K., Singh R.K., Chitnis R.R., Dhami P.S., Ramanujam A. Distribution beahvior of U(VI), Pu(IV), Am(III), and Zr(IV) with N,N-dihexyl octanamide under uranium-loading conditions, Nuc. Techno., 2001, 134, 231-240. [MAN04] Manchanda V.K., Pathak P.N., Rao K.A. Di-(2-ethylhexyl) pivalamide (D2EHPVA) : a promising extractant for selective removal of uranium from high level nuclear waste solutions, Solv. Extr. Ion Exch., 2004, 22:3, 353-375. [MAR69] Markus Y., Kertes A.S. Ion exchange and solvent extraction of metal complexes, First Edition edited by John Wiley & Sons, Inc., 1969. [MAR92] Markus Y., Schulz W. Principles of solubility and solutions, Chapter 2 in Principles and practice of solvent extraction, Rydberg J., Cox M., Musikas C., Choppin G.R., edited by Marcel Dekker, Inc., New York, 1992, 21-70. [MAR05] Martinet L. Organisation supramoléculaire des phases organiques de malonamides du procédé d'extraction DIAMEX, Thèse de doctorat l'université Paris XI – Orsay, 2005. [MAT96] Mathur J.N., Ruikar P.B., Balarama Krishna M.V., Murali M.S., Nagar M.S., Iyer R.H. Extraction of Np(IV), Np(VI), Pu(IV) and U(VI) with amides, BEHSO and CMPO from nitric acid medium, Radiochim. Acta, 1996, 73, 199-206. [MER09] Meriadiano Y. Organisation de molécules extractantes de type diamide : lien avec les propriétés extractantes ?, Thèse de doctorat de l’université Paris XI – Orsay, 2009. [MIG07] Miguirditchian M., Chareyre L., Hérès X., Hill C., Baron P. and Masson M. GANEX: adaptation of the DIAMEX-SANEX process for the group actinide separation. Proceedings of the international conference on advanced nuclear fuel cycles and systems, Global 2007 (September 9-13 2007, Boise, Idaho, USA), p. 550-552. [MIG08] Miguirditchian M., Sorel C., Camès B., Bisel I. and Baron P. Extraction of uranium (VI) by N,N-di(2-ethylhexyl)isobutyramide (DEHiBA): from the batch experimental data to the countercurrent process. Proceedings of the international solvent extraction conference ISEC 2008, Solvent extraction: Fundamentals to Industrial Applications (September 15-19 2008, Tucson, USA), p. 721-726.
206
[MIG09] Miguirditchian M., Sorel C., Camès B., Bisel I., Baron P., Espinoux D., Calor J-N., Viallesoubranne C., Lorrain B., Masson M. HA demonstration in the Atalante facility of the Ganex 1st cycle for the selective extraction of Uranium from HLW, Proceedings of Global 2009, Paris, France, September 6-11, 2009, Paper 9377, pp 1032-1035. [MIK68] Mikulin G.I. Voprozi Fizicheskoi Khimii Rastvorov Electrolitov (Problems in Physical Chemistry of Electrolytes Solutions), Khimiya, Leningrad, 1968. [MOT12] Motokawa R., Suzuki S., Ogawa H., Antonio M., Yaita T. Microscopic structures of tri-n-butyl phosphate/n-octane mixtures by X-ray and neutron scattering in a wide q range, J. Phys. Chem. B, 2012, 116, 1319-1327. [MOU00] Moulin C., Charron N., Plancque G., Virelizier H. Speciation of uranium by electrospray ionization mass spectrometry : comparison with time-resolved laser-induced fluorescence, App. Spec., 2000, 54, 843-848. [MOU03] Moulin C. On the use of time-resolved laser-induced fluorescence (TRLIF) and electrospray mass spectrometry (ES-MS) for speciation studies, Radiochim. Acta, 2003, 91, 651-657. [MUL12] Muller J. Spéciation dans les phases organiques des systèmes d'extraction liquide-liquide contenant un malonamide et un acide alkylphosphorique, Thèse de doctorat de l'université Paris VI, 2012. [NAG94a] Naganawa H., Tachimori S. Hydration and dimerization of tributyl-phosphate in dodecane, Analytical Sciences, 1994, 10:2, 309-313. [NAG94b] Naganawa H., Tachimori S. Highly hydrated associate of tributyl-phosphate in dodecane, Analytical Sciences, 1994, 10:4, 607-613. [NAG96] Naganawa H., Ohta Y., Tachimori S. Hydration of N,N-bis(2-ethylhexyl)hexanamide in dodecane, Bull. Chem. Soc. Jpn., 1996, 69, 2869-2875. [NAI93] Nair G.M., Prabhu D.R., Mahajan G.R., Shukla J.P. Tetra-butyl-malonamide and Tetra-isobutyl-malonamide as extractants for uranium(VI) and plutonium(IV), Solv. Extr. Ion Exch., 1993, 11:5, 831-847. [NAI94a] Nair G.M., Prabhu D.R., Mahajan G.R. Extraction of uranium(VI) and plutonium(IV) with dihexylbutyramide and dihexylisobutyramide from nitric acid medium, J.Radioanal. Nuc. Chem., 1994, 182, No 2, 393-399. [NAI94b] Nair G.M., Prabhu D.R., Mahajan G.R. Methylbutylmalonamide as an extractant for U(VI), Pu(IV) and Am(III), J.Radioanal. Nuc. Chem., 1994, 186, No 1, 47-55.
207
[NAI95] Nair G.M., Mahajan G.R., Prabhu D.R. Extraction of uranium(VI) and plutonium(IV) with some high molecular weight aliphatic monoamides from nitric acid medium, J. Radioanal. Nuc. Chem., 1995, 191, No 2, 323-330. [NAI96] Nair G.M., Mahajan G.R., Prabhu D.R. Dioctyl butyramide and dioctyl isobutyramide as extractants for uranium(VI) and plutonium(IV), J. Radioanal. Nuc. Chem., 1996, 204, No 1, 103-111. [NAK95] Nakamura T., Miyake C. Extraction of lanthanides and uranyl(VI) from nitric acid solution by N,N’-dimethyl-N,N’-dibutylmalonamide, Solv. Extr. Ion Exch., 1995, 13:2, 253-273. [NAK96] Nakamura T., Miyake C. Coordination structure of lanthanide(III) and uranyl(VI) nitrato complexes with by N,N’-dimethyl-N,N’-dibutylmalonamide. Part II, J. All. Comp., 1996, 233, 1-14. [NAV04] Nave S., Mandin C., Martinet L., Berthon L., Testard F., Madic C., Zemb Th. Supramolecular organisation of tri-n-butyl phosphate in organic diluent on approaching third phase formation, Phys. Chem. Chem. Phys., 2004, 6, 799-808. [NIG92] Nigond L. Propriétés extractantes des N,N,N’,N’-tetraalkyl-alkyl-2-propanediamides-1,3, Thèse de doctorat de l’université Clermont-Ferrand II, 1992. [NIG94] Nigond L., Musikas C., Cuillerdier C. Extraction by N,N,N',N'-tetraalkyl-2 alkyl propane-1,3 diamides. II. U(VI) and Pu(IV), Solv. Extr. Ion Exch., 1994, 12:2, 297-323. [NIG95] Nigond L., Condamines N., Cordier P-Y., Livet J., Madic C., Cuillerdier C., Musikas C., Hudson M.J. Recent advances in the treatment of nuclear wastes by the use of diamide and picolinamide extractants, Sep. Science and Technol., 1995, 30:(7-9), 2075-2099. [NOG07] Nogami M., Ishihara T., Suzuki K., Ikeda Y. Syntheses and adsorption behaviour of monoamides resins with porous silica support for selective recovery of uranium(VI) from nitric acid media, J. Radioanal. Nuc. Chem, 2007, 273, No 1, 37-41. [OHN98a] Ohnet M.N. Etudes par spectrométrie IR et Raman de complexes nitrate d'uranyle-monoamides, Partie I. Analyse bibliographique, Communication personnelle, 1998, CEA Marcoule. [OHN98b] Ohnet M.N. Etudes par spectrométrie IR et Raman de complexes nitrate d'uranyle-monoamides, Partie II. Résultats expérimentaux, Communication personnelle, 1998, CEA Marcoule. [PAS06] Pasilis P., Somogyi A., Herrmann K., Pemberton J.E. Ions generated from uranyl nitrate solutions by electrospray ionization (ESI) and detected with fourier transform ion-cyclotron resonance (FT-ICR) mass spectrometry, J. Am. Soc. Mass Spectrom., 2006, 17, 230–240.
208
[PAT00] Pathak P.N., Prabhu D.R., Manchanda V.K. Distribution behaviour of U(VI), Th(IV) and Pa(V) from nitric acid medium using linear and branched chain extractants, Solv. Extr. Ion Exch., 2000, 18:5, 821-840. [PAT01a] Pathak P.N., Kumbhare L.B., Manchanda V.K. Structural effects in N,N-dialkylamides on their extraction behaviour toward uranium and thorium, Solv. Extr. Ion Exch., 2001, 19:1, 105-126. [PAT01b] Pathak P.N., Kumbhare L.B., Manchanda V.K. Effect of structure of N,N-dialkylamides on the extraction of U(VI) and Th(IV): a thermodynamic study, Radiochim Acta, 2001, 89, 447-452. [PAT09a] Pathak P.N., Kanekar A.S., Prabhu D.R., Manchanda V.K. Comparison of hydrometallurgical parameters of N,N-dialkylamides and of tri-n-butylphosphate, Solv. Extr. Ion Exch., 2009, 27:5, 683-694. [PAT09b] Pathak P.N., Ansari S.A., Godbole S.V., Dhobale A.R., Manchanda V.K. Interaction of Eu3+ with N,N,N_,N_-tetraoctyl diglycolamide: A time resolved luminescence spectroscopy study, Spectrochim. Acta, 2009, Part A73, 348-352. [PER58] Percus J.K., Yevick G.J. Analysis of classical statistical mechanics by means of collective coordinates, Phys. Rev., 1958, 110:1, 1-13. [PER62] Percus J.K. Approximation methods in classical statistical mechanics, Phys. Rev. Lett., 1962, 8:11, 462-463. [PIT73] Pitzer K.S. Thermodynamic of electrolytes. I. Theorical basis and general equations, J. Chem. Phys., 1973, 77, 268-277. [PLA06a] Plaue J., Gelis A., Czerwinski K. Plutonium third phase formation in the 30% TBP/Nitric acid/Hydrogenated polypropylene tetramer system, Solv. Extr. Ion Exch., 2006, 24: 3, 271-282. [PLA06b] Plaue J., Gelis A., Czerwinski K., Thiyagarajan P., Chiarizia R. Small-Angle Neutron Scattering Study of Plutonium Third Phase Formation in 30% TBP/HNO3/Alkane Diluent Systems, Solv. Extr. Ion Exch., 2006, 24: 3, 283-298. [PRA93]Prabhu D.R., Mahajan G.R., Nair G.M., Subramanian M.S. Extraction of uranium(VI) and plutonium(IV) with unsymmetrical monoamides, Radiochim. Acta, 1993, 60, 109-113. [PRA97] Prabhu D.R., Mahajan G.R., Nair G.M. Di(2-ethyl hexyl) butyramide and di(2-ethyl hexyl)isobutyramide as extractants for uranium(VI) and plutonium(IV), J. Radioanal. Nuc. Chem., 1997, 224, No 1-2, 113-117.
209
[PRE95] Preston J.S., Du Preez A.C. Solvent extraction of uranium(VI) and thorium(IV) from nitrate media by carboxylic acid amides, Solv. Extr. Ion Exch., 1995, 13:3, 391-413. [RAB96] Rabbe C. Apport de la modélisation moléculaire et des relations structure-activité à l'extraction liquide-liquide. Application au cas de l'extraction d'U(VI) par les monoamides, Thèse de doctorat de l'université de Rouen, 1996. [RET09] Retegan T., Berthon L., Ekberg C., Fermvik A., Skarnemark G., Zorz N. Electrospray Ionization Mass Spectrometry (ESI-MS) investigation of BTBP – lanthanide (III) and actinide (III) complexes, Solv. Extr. Ion Exch., 2009, 27, 663-682. [ROG03] Rog T., Murzyn K., Hinsen K., Kneller G.R. nMoldyn: A program package for a neutron scattering oriented analysis of molecular dynamics simulations, J. Comput. Chem., 2003, 24:5, 657-667. [RUA06] Ruas A., Bernard O., Caniffi B., Simonin J-P., Turq P., Blum L., Moisy P. Uranyl(VI) nitrate salts: Modeling thermodynamic properties using the binding mean spherical approximation theory and determination of "fictive" binary data, J. Phys. Chem. B, 2006, 110, 3435-3443. [RUI91] Ruikar P.B., Nagar M.S., Pai S.A., Subramanian M.S. Extraction of uranium(VI) and plutonium(IV) with some aliphatic amides, J. Radioanal. Nuc. Chem., 1991, 150, No 2, 473-481. [RUI95] Ruikar P.B., Nagar S.G. Synthesis and characterization of some new mono- and diamide complexes of plutonium(IV) and dioxouranium(VI) nitrates, Polyhedron, 1995, 14, No 20-21, 3125-3132. [RYD92] Rydberg J., Cox M., Musikas C., Choppin G.R. Principles and practice of solvent extraction, edited by Marcel Dekker, Inc., New York, 1992. [SCH84] Scholz E. Karl Fisher Titration, Ed. Springer Verlag, 1984. [SCH02] Schug K., McNair H.M. Adduct formation in electrospray ionization. Part 1: common acidic pharmaceuticals. J. Sep. Sci., 2002, 25, 760-766. [SCH03] Schug K., McNair H.M. Adduct formation in electrospray ionization mass spectrometry. II. Benzoic acid derivatives. J. Chromatogr. A, 2003, 985, 531-539. [SCH07] Schäfer M., DrayB M., Springer A., Zacharias P., Meerholz K. Radical cations in electrospray mass spectrometry: formation of open-shell species, exmination of the fragmentation behaviour in ESI-MS and reaction mechanism studies by detection of transient radical cations. Eur. J. Org. Chem., 2007, 5162-5174.
210
[SER02] Serani L., Lemaire D., Laprevote O. Collision efficiency in an electrospray source interfaced with a magnetic mass spectrometer. International Journal of Mass Spectrometry, 2002, 219, 403-408. [SID60a]Siddall T.H. III The affinity of certain disubstituted amides and organophosphorus compounds for water, J. Phys. Chem., 1960, 64, 1340-1341. [SID60b]Siddall T.H III Effects of structure of N,N-disubstituted amides on their extraction of actinide and zirconium nitrates and of nitric acid, J. Phys. Chem., 1960, 64, 1863-1866. [SID61] Siddall T.H. III Applications of amides as extractants, DP – 541, 1961. [SOK69] Sokolov V.S., Teterin E.G., Sesterikov N.N., Smidt V.S. Extraction du nitrate d'uranyle par les N,N-Dialkylamides, Radiochimie, 1969, 11, 509-517. [SOR96] Sorel C. Modélisation de l'extraction du nitrate de césium par un calixarène, Thèse de doctorat de l'université Paris VI, 1996. [SOR09] Sorel C. Modélisation et simulation de l'extraction de HNO3, U(VI) et Th(IV) par le monoamide DEHiBA, Communication personnelle, 2009, CEA Marcoule. [STE12] Steppert M., Císarova I., Fanghänel Th., Geist A., Lindqvist-Reis P., Panak P., Stepnicka P., Trumm S., Walther C. Complexation of europium(III) by bis(dialkyltriazinyl)bipyridines in 1-octanol, Inorg. Chem., 2012, 51, 591−600. [STU07] Stumpf S., Billard I., Panak P.J., Mekki S. Differences of Eu(III) and Cm(III) chemistry in ionic liquids: investigations by TRLFS, Dalton Trans., 2007, 240–248. [STU08a] Stumpf S., Billard I., Gaillard C., Panak P.J., Dardennes K. Time-resolved laser fluorescence spectroscopy and extended X-ray absorption spectroscopy investigations of the N3 - complexation of Eu(III), Cm(III), and Am(III) in an ionic liquid: differences and similarities, Inorg. Chem., 2008, 47:1, 4618-4626. [STU08b] Stumpf S., Billard I., Gaillard C., Panak P.J., Dardennes K. TRLFS and EXAFS investigations of lanthanide and actinide complexation by triflate and perchlorate in an ionic liquid, Radiochim. Acta, 2008, 96, 1-10. [STO66] Stockes R.H., Robinson R.A. Interactions in aqueous nonelectrolyte solutions. I. Solute solvent equilibria, J. Phys. Chem., 1966, 70, n°7, 2126-2130.
211
[SUN98a] Sun G-X., Han J-T., Bao B-R., Sun S-X. Structural effect of N,N-dialkylamide in toluene on the extraction of uranium(VI), J. Radioanal. Nuc. Chem, 1998, 232, Nos 1-2, 245-247. [SUN98b] Sun G-X., Han J-T., Bao B-R., Sun S-X. Effect of diluent on the extraction of uranium(VI) using N,N-dibutyldodecanamide, Radiochim. Acta, 1998, 83, 27-30. [SUN05] Sun G., Cui Y., Li Y., Zhang Z., Sun S. Extraction of U(VI) with unsymmetrical N-methyl-N-octyl alkylamides in toluene, J. Radioanal. Nuc. Chem., 2005, 264, No 3, 711-713. [TES08] Testard F., Bauduin P., Martinet L., Abecassis B., Berthon L., Madic C., Zemb Th. Self-assembling properties of malonamide extractants used in separation processes, Radiochim. Acta, 2008, 96:4-5, 265-272. [TES10] Testard F., Zemb T., Bauduin P., Berthon L. Third-phase formation in liquid/liquid extraction: a colloidal approach, in "Ion exchange and solvent extraction", Volume 19, Chapitre 7, Ed. Bruce A. Moyer, CRC Press, Boca Raton, 2010. [TOP65] Topping G. Infra-red assignments and force constants in metal-nitrato-complexes, Spectrochim. Acta, 1965, 21, 1743-1751. [TOU95] Toulemonde V. Cinétique d'extraction liquide-liquide du nitrate d'uranyle et des nitrates d'actinides (III) et de lanthanides (III) par des extractants à fonction amide, Thèse de doctorat de l'université Paris VI, 1995. [TRU10] Trumm S., Panak P.J., Geist A., Fanghänel Th. A TRLFS study on the complexation of CmIII and EuIII with 2,6-bis(5,6-dipropyl-1,2,4-triazin-3-yl)pyridine in water/methanol mixture, Eur. J. Inorg. Chem., 2010, 3022–3028. [TSI09] Tsierkezos N.G., Roithov J., Schroder D., On M., Slavi P. Can electrospray mass spectrometry quantitatively probe speciation? Hydrolysis of uranyl nitrate studied by gas-phase methods, Inorg. Chem., 2009, 48, 6287–6296.
[VAN91] Van Berkel G.J., McLuckey S.A., Glish G. Electrospray ionization of porphyrins using a quadrupole ion trap for mass analysis, Anal. Chem., 1991, 63, 1098-1109. [VAN03] Van Stipdonk M., Anbalagan V., Chien W., Gresham G., Groenewold G., Hanna D. Elucidation of the collision induced dissociation pathways of water and alcohol coordinated complexes containing the uranyl cation, J. Am. Soc. Mass Spectrom., 2003, 14, 1205–1214.
[VAN04a] Van Stipdonk M., Chien W., Anbalagan V., Bulleigh K., Hanna D., Groenewold G. Gas-phase complexes containing the uranyl ion and acetone, J. Phys. Chem. A, 2004, 108, 10448-10457.
212
[VAN04b] Van Stipdonk M., Chien W., Anbalagan V., Gresham G., Groenewold G. Oxidation of 2-propanol ligands during collision-induced dissociation of a gas-phase uranyl complex, Int. J. Mass Spectrom., 2004, 237, 175–183 [VAS02] Vasudevan T., Murali M.S., Nagar M.S., Mathur J.N. Extraction of U(VI) from nitrate and thiocyanate media with monoamides, Solv. Extr. Ion Exch., 2002, 20:6, 665-686. [VID01] Vidyalakshmi V., Subramanian M. S., Srinivasan T. G., Vasudeva Rao P.R. Effect of extractant structure on third phase formation in the extraction of uranium and nitric acid by N,N-dialkyl amides, Solv. Extr. Ion Exch., 2001, 19:1, 37-49. [VU08] Vu T.H. Etude par spectrométrie de fluorescence de la solvatation et de la complexation des ions Eu(III) et Cm(III) en milieu octanol et à l’interface avec l’eau, Thèse de doctorat de l'université de Strasbourg, 2008. [WAH12] Wahu S., Berthet J.C., Thuéry P., Guillaumont D., Ephritikhine M., Guillot R., Cote G., Bresson C. Structural versatility of uranyl(VI) nitrate complexes that involve the diamide ligand Et2N(C=O)(CH2)n(C=O)Net2 (0 ≤ n ≤ 6), Eu. J. Inorg. Chem., 2012, 23, 3747-3763. [WEN96] Wensing M.W., Snyder A.P., Harden C.S. Energy resolved mass spectrometry of dialkyl methylphosphonates with an atmospheric pressure ionization tandem mass spectrometer. Rapid Common Mass Spectrometry, 1996, 10, 1259-1265. [YAI98] Yaita T., Narita H., Suzuki S., Tachimori S., Shiwaku H., Motohashi H. Structural study of holmium (III) and uranium (VI) organic ligand complexes by extended X-ray absorption fine-structure spectroscopy, J. All. Comp., 1998, 271-273, 184-188. [YAI04] Yaita T., Herlinger A.W., Thiyagarajan P., Jensen M.P. Influence of extractant aggregation on the extraction of trivalent f-element cations by a tetraalkyldiglycolamide, Solv. Extr. Ion Exch., 2004, 22:4, 553-571. [ZDA36] Zdanovskii A.B. Zakonomernosti v Izmenenii Svoistv Smeshannykh Rastvorov (Regularities in the variation of the properties of mixed solutions), Trudy Solyanoï Lab. Akad. Nauk. SSSR, 1936, 6, n°1. [ZHA04] Zhang P., Kimura T., Yoshida Z. Luminescence study on the inner-sphere hydration number of lanthanide(III) ions in neutral organo-phosphorus complexes, Solv. Extr. Ion Exch., 2004, 22:6, 933-945. [ZHA05] Zhang Z-W., Cui Y., Sun G-X., Sun S-X. Extraction of U(VI) with unsymmetrical N-methyl-N-octyl alkylamide in n-octane, Chinese J. Inorg. Chem., 2005, 21, No 6, 885-888. [ZHA06] Zhang P., Kimura T. Complexation of Eu(III) with dibutyl phosphate and tributyl phosphate, Solv. Extr. Ion Exch., 2006, 24:2, 149-163.
213
Annexes
214
Annexe A – Annexe expérimentale
Produits chimiques
� DEHiBA : Le DEHiBA est fourni par Pharmasynthèse avec une pureté > 99%. Le lot
01.08 a été utilisé pour l'ensemble des solutions lors de ces travaux de thèse.
� DEHDMBA : Le DEHDMBA est fourni par Pharmasynthèse avec une pureté > 99%.
Le lot utilisé pour l'ensemble des solutions est le lot 01999990010.
� Nitrate d'uranyle : Le nitrate d'uranyle est fourni sous forme de cristaux solides
UO2(NO3)2,6H2O par Prolabo 2. Les lots utilisés contiennent entre 99,7 et 99,8% de 238U. Il s'agit d'uranium appauvri.
Dosage des solutés
Dosage d'eau
La teneur en eau des phases organiques est mesurée avec le coulomètre METHROM KF 831.
Cet appareil est basé sur le dosage de l'eau par l'iode selon la méthode décrite par Karl
Fisher[SCH84]. La solution de titrage classiquement utilisée est une solution méthanolique
(CH3OH) d'iode I2, de bioxyde de soufre SO2 et d'une base tampon RN. La réaction de titrage
globale est la suivante:
[ ] [ ] [ ]IRNH2.CHSORNH2.RNCHSORNHIOH 343322 +→+++
La mise en œuvre du dosage selon une méthode coulométrique permet d'assurer la production
d'iode directement par voie électrochimique lors du dosage.
L'appareil utilisé est donc constitué d'une cellule d'électrolyse, la production de l'iode a lieu à
l'anode lors d'une réaction d'oxydation. Le coulomètre METHROM KF 831 dont nous
disposons est composé de deux compartiments, les deux électrodes génératrices étant séparées
par un fritté. Ce montage expérimental permet d'éviter les éventuelles réactions parasites de
réduction à la cathode. L'utilisation d'un jeu d'électrodes indicatrices en platine permet de
détecter la fin du titrage.
Le dispositif est complété par un intégrateur afin de mesurer la charge consommée lors de la
production d'iode.
Il existe une relation strictement quantitative entre la quantité d'iode produite et la quantité
d'électricité (2 Faraday par mole d'iode). Il est donc possible de déterminer la quantité d'eau
présente dans un échantillon par l'intermédiaire de la mesure de la charge électrique
consommée lors du titrage.
215
L'échantillon est prélevé à l'aide d'une seringue étanche (type Hamilton) puis injecté
rapidement dans le compartiment anodique à travers un septum. La valeur lue après le dosage
est exprimée en µg ou mg d'eau. Connaissant les masses de la seringue avant et après
injection, la teneur massique en eau exprimée par unité de masse d'échantillon est déterminée.
La mesure de la masse volumique de l'échantillon analysé permet d'accéder à la concentration
molaire d'eau.
Dosage d'acide
Le dosage de l'acide nitrique (HNO3) est réalisé par la soude (NaOH) dans un mélange
éthanol/eau (50:50 % vol) pour les phases organiques et dans l'eau pour les phases aqueuses, à
l'aide d'un titroprocesseur Metrohm équipé d'une électrode de verre combiné. L'utilisation de
l'éthanol permet de solubiliser la phase organique dans le milieu réactionnel.
Dosage du nitrate d'uranyle
Le dosage de l'uranium est effectué par fluorescence X.
Le principe est le suivant : un échantillon est placé près d’une source émettant des rayons X,
dits primaires. Dans notre cas, il s’agit d’une source d’américium 241. Lorsque les rayons X
primaires entrent en contact avec l’échantillon, ils provoquent l’excitation des atomes en
déplaçant des électrons des couches électroniques internes vers les couches externes. En
retournant à leur état énergétique initial, les atomes émettent un rayonnement X dit secondaire
qui a une énergie caractéristique de l’atome dont il provient. L'appareil détecte l'énergie de ce
rayonnement secondaire (figure B-1). Pour un élément et une matrice donnés, l’aire des pics
est proportionnelle à la concentration de l’élément.
Figure 97 – Principe de la fluorescence X
216
Les échantillons sont conditionnés en Sorbonne dans des cruchons de 5 mL. La concentration
d’uranium de la solution à analyser doit se situer dans le domaine des concentrations utilisées
pour la courbe d’étalonnage, c'est-à-dire entre 10 mg/L et 900 mg/L pour les phases aqueuses
et entre 100 mg/L et 2000 mg/L pour les phases organiques. Dans le cas des phases aqueuses,
les dilutions sont effectuées dans l’acide nitrique 1M. La matrice de dilution pour les phases
organiques est le DEHiBA 1M.
Conversion molarité / molalité
La relation suivante permet de convertir les concentrations molaires (mol/L) en concentrations
molales (mol/kg), à condition de connaitre la composition de l'échantillon et sa masse
volumique :
∑−=
iiiéch
XX Mc
cm
ρ.1000
.1000
La conversion de l'échelle des molalités à l'échelle des molarités s'effectue à l'aide de la
relation suivante :
∑+=
iii
échXX Mm
mc
1000
..1000 ρ
avec : Xm : la concentration molale du composé X en mol/kg
Xc : la concentration molaire du composé X en mol/L
ρéch : la masse volumique de l'échantillon à la température de travail en g/cm3
ci et mi : respectivement les concentrations molaires (mol/L) et molales (mol/kg)
de chaque i composé de la solution.
Mi : la masse molaire (g/mol) de chaque i composé de la solution.
217
Données d'extraction – Isothermes et masses volumiques
Isothermes d'extraction de l'eau
DEHiBA
[DEHiBA] (mol/L)
[H2O]org (mol/L)
Masse volumique à 25°C (g/cm3)
0,205 0,010 0,7665 0,499 0,027 0,7774 1,008 0,071 0,7973 1,513 0,123 0,8162 2,186 0,204 0,8456 2,807 0,279 0,8649
[DEHiBA] (mol/L)
[H2O]org (mol/L)
Masse volumique à 25°C (g/cm3)
0,102 0,007 0,68447 0,503 0,026 0,68574 0,750 0,047 0,68709 1,006 0,072 0,68862 1,352 0,102 0,69096 1,502 0,118 0,69203 1,750 0,151 0,69394 1,994 0,182 0,69601
Tableau 37 – Données d'extraction d'eau par le DEHiBA dans le TPH (à gauche) et dans le n-heptane (à droite) à 25°C.
DEHDMBA
[DEHDMBA] (mol/L)
[H2O]org (mol/L)
Masse volumique à 25°C (g/cm3)
0,096 0,005 0,76239 0,187 0,008 0,76638 0,363 0,014 0,77419 0,506 0,018 0,77860 1,016 0,045 0,79600 1,127 0,055 0,80699 1,282 0,066 0,81325 1,506 0,080 0,81970 1,693 0,094 0,82961 1,956 0,120 0,84055 2,169 0,136 0,84883 2,520 0,185 0,86286
[DEHDMBA] (mol/L)
[H2O]org (mol/L)
Masse volumique à 25°C (g/cm3)
0,096 0,004 0,6909 0,202 0,008 0,6983 0,393 0,015 0,7125 1,197 0,058 0,7741 1,369 0,073 0,7864 1,757 0,101 0,8102 2,011 0,125 0,8276 2,209 0,144 0,8409 2,520 0,185 0,8629
Tableau 38 – Données d'extraction d'eau par le DEHDMBA dans le TPH (à gauche) et dans le n-heptane (à droite) à 25°C.
218
Isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite
DEHiBA
Masse volumique à 25°C (g/cm3) [DEHiBA]ini
(mol/L) [DEHiBA]éq
(mol/L) [HNO3]aq ini
(mol/L) [HNO3]aq éq
(mol/L) [HNO3]org éq
(mol/L) [H2O]org éq
(mol/L) Phase org ini
Phase aq ini
Phase aq éq
Phase org éq
0,501 0,501 0,248 0,241 0,003 0,026 0,7778 1,0045 1,0072 0,7785
0,501 0,501 0,491 0,475 0,007 0,026 0,7778 1,0156 1,0154 0,7785
0,501 0,500 0,723 0,696 0,016 0,028 0,7778 1,0236 1,0233 0,7786
0,501 0,500 0,963 0,928 0,022 0,029 0,7778 1,0318 1,0313 0,779
0,501 0,500 1,447 1,383 0,047 0,033 0,7778 1,0484 1,0472 0,7799
0,501 0,499 1,931 1,819 0,083 0,040 0,7778 1,0647 1,0623 0,781
0,501 0,497 2,873 2,738 0,179 0,046 0,7778 1,0971 1,0921 0,7842
0,501 0,495 3,806 3,522 0,278 0,047 0,7778 1,1288 1,1209 0,7874
0,501 0,494 4,815 4,486 0,360 0,041 0,7778 1,1597 1,1503 0,79
0,501 0,492 5,740 5,284 0,423 0,034 0,7778 1,1899 1,1796 0,7919
0,501 0,492 6,646 6,273 0,461 0,030 0,7778 1,2155 1,2075 0,7931
0,501 0,491 7,573 7,154 0,490 0,027 0,7778 1,2448 1,235 0,794
0,501 0,484 9,432 8,802 0,616 0,023 0,7778 1,28357 1,27495 0,7909
0,501 0,478 10,527 9,774 0,771 0,026 0,7778 1,3081 1,2999 0,79206
Tableau 39 – Données d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite par le DEHiBA 0,5M dans le TPH à 25°C.
Masse volumique à 25°C (g/cm3) [DEHiBA]ini
(mol/L) [DEHiBA]éq
(mol/L) [HNO3]aq ini
(mol/L) [HNO3]aq éq
(mol/L) [HNO3]org éq
(mol/L) [H2O]org éq
(mol/L) Phase org ini
Phase aq ini
Phase aq éq
Phase org éq
1,001 0,997 0,248 0,232 0,014 0,120 0,7951 1,0045 1,0063 0,7937
1,001 0,996 0,491 0,459 0,036 0,131 0,7951 1,0156 1,0142 0,7941
1,001 0,995 0,723 0,653 0,068 0,140 0,7951 1,0236 1,0217 0,7947
1,001 0,994 0,963 0,833 0,116 0,149 0,7951 1,0318 1,0294 0,7955
1,001 0,992 1,447 1,215 0,211 0,181 0,7951 1,0484 1,0438 0,7976
1,001 0,989 1,931 1,588 0,325 0,206 0,7951 1,0647 1,0577 0,8002
1,001 0,982 2,873 2,308 0,561 0,239 0,7951 1,0971 1,0851 0,8058
1,001 0,975 3,806 3,050 0,788 0,239 0,7951 1,1288 1,1122 0,8113
1,001 0,968 4,815 3,827 1,000 0,212 0,7951 1,1597 1,1394 0,8159
1,001 0,965 5,740 4,625 1,144 0,179 0,7951 1,1899 1,1673 0,8194
1,001 0,963 6,646 5,454 1,278 0,158 0,7951 1,2155 1,1945 0,8217
1,001 0,961 7,573 6,383 1,337 0,129 0,7951 1,2448 1,2228 0,8236
1,001 0,953 9,432 8,020 1,422 0,124 0,7951 1,28357 1,26537 0,82703
1,001 0,948 10,527 9,068 1,476 0,146 0,7951 1,3081 1,29033 0,83018
1,001 0,941 12,457 10,932 1,542 0,263 0,7951 1,35108 1,33024 0,84048
Tableau 40 – Données d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite par le DEHiBA 1M dans le TPH à 25°C.
219
Masse volumique à 25°C (g/cm3) [DEHiBA]ini
(mol/L) [DEHiBA]éq
(mol/L) [HNO3]aq ini
(mol/L) [HNO3]aq éq
(mol/L) [HNO3]org éq
(mol/L) [H2O]org éq
(mol/L) Phase org ini
Phase aq ini
Phase aq éq
Phase org éq
1,502 1,489 0,248 0,239 0,008 0,066 0,8164 1,0045 1,005 0,8131
1,502 1,487 0,491 0,468 0,020 0,066 0,8164 1,0156 1,0126 0,8138
1,502 1,485 0,723 0,685 0,038 0,073 0,8164 1,0236 1,0196 0,8147
1,502 1,482 0,963 0,897 0,061 0,077 0,8164 1,0318 1,0263 0,8161
1,502 1,476 1,447 1,324 0,126 0,094 0,8164 1,0484 1,0397 0,8197
1,502 1,469 1,931 1,712 0,201 0,109 0,8164 1,0647 1,0521 0,8234
1,502 1,455 2,873 2,493 0,374 0,124 0,8164 1,0971 1,0771 0,8311
1,502 1,442 3,806 3,240 0,548 0,123 0,8164 1,1288 1,1024 0,8386
1,502 1,430 4,815 4,135 0,709 0,106 0,8164 1,1597 1,1278 0,8448
1,502 1,424 5,740 4,975 0,803 0,088 0,8164 1,1899 1,1542 0,8498
1,502 1,416 6,646 5,836 0,870 0,076 0,8164 1,2155 1,1805 0,8534
1,502 1,418 7,573 6,692 0,932 0,067 0,8164 1,2448 1,2223 0,8577
1,502 1,417 9,432 8,331 1,082 0,069 0,8164 1,28357 1,25531 0,86245
1,502 1,419 10,527 9,356 1,192 0,081 0,8164 1,3081 1,27991 0,8673
1,502 1,435 12,457 11,004 1,426 0,146 0,8164 1,35108 1,32393 0,88258
Tableau 41 – Donnée d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite par le DEHiBA 1,5M dans le TPH à 25°C.
Masse volumique à 25°C (g/cm3) [DEHiBA]ini
(mol/L) [DEHiBA]éq
(mol/L) [HNO3]aq ini
(mol/L) [HNO3]aq éq
(mol/L) [HNO3]org éq
(mol/L) [H2O]org éq
(mol/L) Phase org ini
Phase aq ini
Phase aq éq
Phase org éq
0,501 0,501 0,248 0,241 0,003 0,026 0,7778 1,0045 1,0072 0,7785
0,501 0,501 0,491 0,475 0,007 0,026 0,7778 1,0156 1,0154 0,7785
0,501 0,500 0,723 0,696 0,016 0,028 0,7778 1,0236 1,0233 0,7786
0,501 0,500 0,963 0,928 0,022 0,029 0,7778 1,0318 1,0313 0,779
0,501 0,500 1,447 1,383 0,047 0,033 0,7778 1,0484 1,0472 0,7799
0,501 0,499 1,931 1,819 0,083 0,040 0,7778 1,0647 1,0623 0,781
0,501 0,497 2,873 2,738 0,179 0,046 0,7778 1,0971 1,0921 0,7842
0,501 0,495 3,806 3,522 0,278 0,047 0,7778 1,1288 1,1209 0,7874
0,501 0,494 4,815 4,486 0,360 0,041 0,7778 1,1597 1,1503 0,79
0,501 0,492 5,740 5,284 0,423 0,034 0,7778 1,1899 1,1796 0,7919
0,501 0,492 6,646 6,273 0,461 0,030 0,7778 1,2155 1,2075 0,7931
0,501 0,491 7,573 7,154 0,490 0,027 0,7778 1,2448 1,235 0,794
0,501 0,484 9,432 8,802 0,616 0,023 0,7778 1,28357 1,27495 0,7909
0,501 0,478 10,527 9,774 0,771 0,026 0,7778 1,3081 1,2999 0,79206 Tableau 42 – Donnée d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite par le DEHiBA 0,5M dans le
TPH à 25°C.
220
DEHDMBA
Masse volumique à 25°C (g/cm3) [DEHDMBA]ini
(mol/L) [DEHDMBA]éq
(mol/L) [HNO3]aq ini
(mol/L) [HNO3]aq éq
(mol/L) [HNO3]org éq
(mol/L) [H2O]org éq
(mol/L) Phase org ini
Phase aq ini
Phase aq éq
Phase org éq
1,0005 1,035 0,250 0,236 0,012 0,047 0,796 1,0054 1,0052 0,7961
1,0005 1,035 0,497 0,474 0,014 0,047 0,796 1,0137 1,0133 0,7964
1,0005 1,035 0,678 0,639 0,025 0,049 0,796 1,0198 1,0191 0,7969
1,0005 1,034 0,975 0,922 0,049 0,055 0,796 1,0302 1,0288 0,7977
1,0005 1,031 1,488 1,359 0,104 0,067 0,796 1,0473 1,0441 0,7996
1,0005 1,028 2,003 1,784 0,181 0,078 0,796 1,0647 1,0591 0,8023
1,0005 1,022 2,800 2,498 0,328 0,089 0,796 1,0937 1,0829 0,8075
1,0005 1,012 3,935 3,320 0,547 0,100 0,796 1,1277 1,1123 0,8146
1,0005 1,004 4,935 4,237 0,719 0,087 0,796 1,1604 1,1413 0,8203
1,0005 1,000 5,893 5,096 0,830 0,073 0,796 1,1902 1,1693 0,8242
1,0005 0,996 7,082 6,247 0,924 0,069 0,796 1,2262 1,2049 0,8278
1,0005 0,993 7,841 6,963 0,985 0,066 0,796 1,2457 1,2247 0,8297
1,0005 0,989 9,432 8,656 1,112 0,081 0,796 1,26366 1,25531 0,83527
1,0005 0,989 10,527 9,668 1,181 0,116 0,796 1,28758 1,27991 0,84082
Tableau 43 – Données d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite par le DEHDMBA 1M dans le TPH à 25°C.
Masse volumique à 25°C (g/cm3) [DEHDMBA]ini
(mol/L) [HNO3]aq ini
(mol/L) [HNO3]aq éq
(mol/L) [HNO3]org éq
(mol/L) [H2O]org éq
(mol/L) Phase org éq
0,5 1,008 0,982 0,026 0,011 0,7184 0,5 3,060 2,884 0,176 0,040 0,72089 0,5 5,158 4,804 0,354 0,033 0,7246 0,5 7,168 6,692 0,476 0,020 0,72854 0,5 8,847 8,251 0,596 0,026 0,73134
Tableau 44 – Données d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite par le DEHDMBA 0,5M dans le n-heptane à 25°C.
221
Isothermes d'extraction du nitrate d'uranyle et de l'eau co-extraite (milieu LiNO3)
DEHiBA
Masse volumique à 25°C (g/cm3) [DEHiBA]ini
(mol/L) [DEHiBA]éq
(mol/L) [U]aq ini (mol/L)
[U]aq éq (mol/L)
[U]org éq (mol/L)
[H2O]org (mol/L)
Phase org ini
Phase aq ini
Phase aq éq
Phase org éq
1,492 1,490 0,009 0,004 0,004 0,105 0,8201 1,0833 1,0834 0,8223
1,492 1,489 0,024 0,006 0,016 0,097 0,8201 1,09 1,0841 0,8269
1,492 1,489 0,042 0,009 0,031 0,100 0,8201 1,0959 1,0850 0,8324
1,492 1,486 0,066 0,013 0,052 0,100 0,8201 1,104 1,0864 0,8394
1,492 1,485 0,084 0,016 0,066 0,100 0,8201 1,1098 1,0875 0,8442
1,492 1,482 0,241 0,048 0,183 0,099 0,8201 1,1638 1,0991 0,8882
1,492 1,473 0,573 0,174 0,353 0,087 0,8201 1,2616 1,1355 0,9506
1,492 1,464 0,678 0,215 0,422 0,080 0,8201 1,296 1,1564 0,9726
1,492 1,450 0,771 0,264 0,474 0,074 0,8201 1,3313 1,1731 0,9852
1,492 1,437 0,942 0,347 0,534 0,070 0,8201 1,381 1,1999 1,0016
1,492 1,454 1,015 0,483 0,558 0,062 0,8201 1,403 1,2314 1,0143
1,492 1,456 1,197 0,635 0,571 0,050 0,8201 1,4667 1,2733 1,0260
1,492 1,457 1,309 0,704 0,583 0,050 0,8201 1,4938 1,2970 1,0316
1,492 1,451 1,605 0,869 0,629 0,046 0,8201 1,5803 1,3783 1,0464
Tableau 45 – Données d'extraction du nitrate d'uranyle et de l'eau co-extraite par le DEHiBA 1,5M dans le TPH à 25°C.
Masse volumique à 25°C (g/cm3) [DEHiBA]ini
(mol/L) [DEHiBA]éq
(mol/L) [U]aq ini (mol/L)
[U]aq éq (mol/L)
[U]org éq (mol/L)
[H2O]org (mol/L)
Phase org ini Phase aq éq Phase org éq
0,5 0,496 0,300 0,175 0,125 0,019 0,7173 1,16638 0,76162
0,5 0,494 0,500 0,329 0,171 0,015 0,7173 1,21371 0,77577
0,5 0,492 0,801 0,595 0,207 0,013 0,7173 1,29418 0,78785
0,5 0,493 1,000 0,784 0,216 0,013 0,7173 1,34982 0,79287
0,5 0,493 1,500 1,266 0,234 0,012 0,7173 1,49562 0,80016
Tableau 46 – Données d'extraction du nitrate d'uranyle et de l'eau co-extraite par le DEHiBA 0,5M dans le n-heptane à 25°C.
Masse volumique à 25°C (g/cm3) [DEHiBA]ini
(mol/L) [DEHiBA]éq
(mol/L) [U]aq ini (mol/L)
[U]aq éq (mol/L)
[U]org éq (mol/L)
[H2O]org (mol/L)
Phase org ini Phase aq éq Phase org éq
1 0,989 0,300 0,072 0,228 0,040 0,7513 1,13085 0,83312
1 0,979 0,500 0,179 0,321 0,034 0,7513 1,16302 0,86274
1 0,981 0,801 0,414 0,388 0,029 0,7513 1,23175 0,89032
1 0,978 1,000 0,582 0,418 0,028 0,7513 1,28322 0,90046
1 0,993 1,500 1,071 0,429 0,027 0,7513 1,42459 0,91573
Tableau 47 – Données d'extraction du nitrate d'uranyle et de l'eau co-extraite par le DEHiBA 1M dans le n-heptane à 25°C.
222
Masse volumique à 25°C (g/cm3) [DEHiBA]ini
(mol/L) [DEHiBA]éq
(mol/L) [U]aq ini (mol/L)
[U]aq éq (mol/L)
[U]org éq (mol/L)
[H2O]org (mol/L)
Phase org ini Phase aq éq Phase org éq
1,5 1,542 0,300 0,024 0,275 0,096 0,7838 1,11734 0,88237
1,5 1,523 0,500 0,077 0,423 0,084 0,7838 1,13081 0,93099
1,5 1,521 0,801 0,257 0,544 0,074 0,7838 1,17844 0,97771
1,5 1,504 1,000 0,389 0,611 0,060 0,7838 1,22369 0,99526
1,5 1,508 1,500 0,812 0,688 0,046 0,7838 1,35614 1,02709
Tableau 48 – Données d'extraction du nitrate d'uranyle et de l'eau co-extraite par le DEHiBA 1,5M dans le n-heptane à 25°C.
DEHDMBA
Masse volumique à 25°C (g/cm3) [DEHDMBA]ini
(mol/L) [DEHDMBA]éq
(mol/L) [U]aq ini (mol/L)
[U]aq éq (mol/L)
[U]org éq (mol/L)
[H2O]org (mol/L)
Phase org ini Phase aq éq Phase org éq
0,5 0,497 0,300 0,153 0,146 0,013 0,7187 1,1586 0,77276
0,5 0,496 0,500 0,317 0,183 0,011 0,7187 1,20766 0,78562
0,5 0,497 0,801 0,595 0,206 0,009 0,7187 1,28953 0,796
0,5 0,498 1,000 0,786 0,214 0,009 0,7187 1,34734 0,80007
0,5 0,496 1,500 1,265 0,235 0,007 0,7187 1,49442 0,80502
Tableau 49 – Données d'extraction du nitrate d'uranyle et de l'eau co-extraite par le DEHDMBA 0,5M dans le n-heptane à 25°C.
Masse volumique à 25°C (g/cm3) [DEHDMBA]ini
(mol/L) [DEHDMBA]éq
(mol/L) [U]aq ini (mol/L)
[U]aq éq (mol/L)
[U]org éq (mol/L)
[H2O]org (mol/L)
Phase org ini Phase aq éq Phase org éq
1,5 1,479 0,300 0,013 0,287 0,066 0,7899 1,11357 0,89468
1,5 1,438 0,500 0,043 0,457 0,055 0,7899 1,11868 0,94574
1,5 1,448 0,801 0,210 0,591 0,042 0,7899 1,16796 1,0032
1,5 1,454 1,000 0,373 0,628 0,032 0,7899 1,21533 1,02007
1,5 1,471 1,500 0,836 0,665 0,008 0,7899 1,35265 1,0406
Tableau 50 – Données d'extraction du nitrate d'uranyle et de l'eau co-extraite par le DEHDMBA 1,5M dans le n-heptane à 25°C.
223
Spectres IR
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
700120017002200270032003700Nombre d'onde (cm-1)
Inte
nsité
(u.
a.)
[U]org = 0,629M [U]org = 0,185M
[U]org = 0,543M [U]org = 0,052M[U]org = 0,534M [U]org = 0,017M
[U]org = 0,474M [U]org = 0,0001M[U]org = 0,354M [U]org = 0
7
Figure 98 – Spectres IR entiers de phases organiques de DEHiBA 1,5M dans le TPH après extraction de
nitrate d'uranyle à 25°C.
ESI-MS : Massifs isotopiques expérimentaux et calculés 1971.3072
1972.3205
1973.3119
1974.31271975.3345
juil000001.d: +MS
1971.31941972.3227
1973.3260
1974.32941975.3328
juil000001.d: C80H164O17N7U2, M ,1971.320
1000
2000
3000
4000
5000
Intens.
0
500
1000
1500
2000
2500
1971 1972 1973 1974 1975 1976 m/z
1659.9872
1660.9911
1661.99841663.0035
juil000001.d: +MS
1660.0006
1661.0039
1662.0072
1663.0106
juil000001.d: C60H123O16N6U2, M ,1660.000.0
0.2
0.4
0.6
0.8
4x10Intens.
0
500
1000
1500
2000
2500
1660.0 1661.0 1662.0 1663.0 m/z Figure 99 – Comparaison des massifs isotopiques expérimentaux (en haut) et théoriques (en bas) des ions
[L 4(UO2)2(NO3)3]+ et [L3(UO2)2(NO3)3]
+.
1265.9840
1266.9851
1267.98311268.9832
juil000001.d: +MS
1265.9843
1266.9877
1267.9910
1268.9944
juil000001.d: C60H123O8N4U1, M ,1265.980
1
2
3
4
5x10Intens.
0
500
1000
1500
2000
2500
1265 1266 1267 1268 1269 1270 m/z
954.6582
955.6592
956.6630
juil000001.d: +MS
954.6655
955.6688
956.6722
juil000001.d: C40H82O7N3U1, M ,954.670.0
0.2
0.4
0.6
0.8
5x10Intens.
0
500
1000
1500
2000
2500
954.0 954.5 955.0 955.5 956.0 956.5 957.0 957.5 m/z Figure 100 – Comparaison des massifs isotopiques expérimentaux (en haut) et théoriques (en bas) des ions
[L 3UO2NO3]+ et [L2UO2NO3]
+.
[L4(UO2)2(NO3)3]+ [L3(UO2)2(NO3)3]
+
[L3UO2NO3]+ [L2UO2NO3]
+
224
757.6515
758.1526
758.6526
759.1517
juil000001.d: +MS
757.6574758.1591
758.6607
759.1624759.6641
juil000001.d: C80H164O6N4U1, M ,1515.320
2
4
6
5x10Intens.
0
500
1000
1500
2000
2500
757.5 758.0 758.5 759.0 759.5 760.0 m/z
601.9929
602.4942
602.9943
603.4937
juil000001.d: +MS
601.9980
602.4997
603.0013
603.5030
juil000001.d: C60H123O5N3U1, M ,1204.000
1
2
3
45x10
Intens.
0
500
1000
1500
2000
2500
601.5 602.0 602.5 603.0 603.5 604.0 m/z Figure 101 – Comparaison des massifs isotopiques expérimentaux (en haut) et théoriques (en bas) des ions
[L 4UO2]2+ et [L3UO2]
2+.
Dispositif expérimental pour l'enregistrement des spectres SLRT
Le dispositif expérimental couramment utilisé pour l'acquisition de spectres SLRT a nécessité
plusieurs adaptions (Figure 102), dues à la formation d'un plasma dans la cuve sous excitation
laser ainsi qu'à la détérioration des échantillons par formation de particules noires en
suspension. La fréquence d'excitation du laser a été changée de 355 nm à 420 nm, fréquence à
laquelle l'absorption du DEHiBA est dix fois moins importante. Le système optique a été
modifié de manière à défocaliser le faisceau laser pour éviter sa concentration en un point
unique de l'échantillon. Enfin, une cuve à double compartiment a été utilisée, de manière a
atténuer l'énergie et le nombre de photons incidents. La solution aqueuse placée dans le
premier compartiment permet également de servir de référence pour le traitement des spectres
SLRT. Il a été vérifié qu'il n'y avait pas de phénomène d'interférences croisées entre les deux
cuves, les fibres optiques détectant le signal aux abords des parois des cuves ne sont pas
utilisées pour l'enregistrement du signal de fluorescence.
[L4UO2]2+ [L3UO2]
2+
225
Figure 102 – Schéma du montage expérimental pour l'acquisition des spectres SLRT de solution de
DEHiBA 1,5M dans le TPH après extraction de nitrate d'uranyle.
Faisceau laser incident : - λ = 420 nm
- E = 0,6 mJ
Laser OPO (365 nm – 1800 nm) pompé par
Nd Yag triplé (355nm)
Cuve à double
compartiments
Compartiment contenant la solution aqueuse de
référence : UO2(NO3)2 10-1M dans LiNO3 2M à pH
BaG
Compartiment contenant la solution organique à analyser :
UO2(NO3)2 de 10-2M à 0,5M - DEHiBA 1,5M/TPH
Lentille convergente
Détection du
signal
226
Annexe B – Osmométrie à pression de vapeur saturante (VPO)
Principe
L’osmométrie à pression de vapeur consiste à mesurer l’abaissement isotherme de pression de
vapeur (∆P) du diluant en présence d’un soluté non volatil (Figure 103) :
∆P = PS0 - PS
avec PS0 la pression de vapeur du diluant pur et PS la pression de vapeur du diluant en
présence d’un soluté.
diluant purdiluant + soluté
∆T
PS0
T
P
∆PPS
diluant purdiluant + soluté
∆T
PS0
T
P
∆PPS
Figure 103 - Représentation schématique de l’abaissement isotherme de pression de vapeur (∆P) du
diluant en présence d’un soluté.
Pour une solution diluée, la pression de vapeur de la solution s’exprime en fonction de la
fraction molaire de diluant suivant la loi de Raoult :
PS = xS.PS0
soit l’abaissement de pression de vapeur :
∆P = PS0(1 – xS) = PS
0.xD
avec xS : fraction molaire du diluant et xD : fraction molaire de soluté.
L’abaissement de pression de vapeur ∆P n’est pas mesuré directement par l’osmomètre. Ce
dernier mesure une différence de potentiel ∆E directement proportionnelle à la différence de
227
température (∆T) après retour à l’équilibre des pressions (PS = PS0) (Figure 103). La
différence de température ∆T est proportionnelle à la fraction molaire de soluté xD d’après
l’équation de Clausius-Clapeyron[MAR05] :
Dv
xH
RTT ).(
2
∆=∆
avec ∆Hv : l’enthalpie de vaporisation.
Le signal VPO mesuré ∆E est donc proportionnel à la fraction molaire de soluté xD dans le cas
d’un mélange binaire idéal (solution diluée suivant la loi de Raoult) :
DT xKE .=∆
avec K : la constante de calibration de l’osmomètre.
Dans le cas d’un mélange binaire non-idéal, le signal VPO mesuré s’exprime suivant l’activité
du diluant aS :
)1.( ST aKE −=∆
Principe de fonctionnement de l’appareil
Deux thermistances sont placées dans une cellule thermostatée contenant une réserve de
diluant pur permettant de saturer l’atmosphère en vapeur de diluant (Figure 104). Une goutte
de diluant pur est placée sur la thermistance de référence et une goutte d’échantillon sur la
thermistance de mesure. La solution organique à analyser a une pression de vapeur plus faible
que celle du diluant pur. Par conséquent, une condensation du diluant de l’atmosphère se
produit dans la solution organique sur la thermistance de mesure jusqu’à ce que la pression de
vapeur de la solution atteigne celle du diluant pur. Cette condensation provoque un
dégagement de chaleur. L’augmentation de la température ∆T est alors détectée comme une
différence de potentiel ∆E entre les deux thermistances par un pont de Wheatstone.
228
diluant pur
diluant puréchantillon
thermistances
cuve saturée en vapeur de diluant
diluant pur
diluant puréchantillon
thermistances
cuve saturée en vapeur de diluant
diluant pur
diluant puréchantillon
thermistances
cuve saturée en vapeur de diluant
Figure 104 - Photographie et représentation schématique du principe de fonctionnement de l’osmomètre
Knauer K-7000.
Conditions opératoires
Les mesures de VPO ont été effectuées à l'aide de l’osmomètre Knauer K-7000 (Figure 104) à
25 °C en utilisant le n-heptane comme diluant. Le choix d’un diluant à chaine
hydrogénocarbonée plus courte que les diluants habituellement usités dans les procédés
hydrométallurgiques du retraitement du combustible usé (TPH ou n-dodécane) permet de
réaliser les expériences d’osmométrie à une température de 25 °C. En effet le n-heptane
possède une tension de vapeur suffisante (40 mmHg soit 5,3 kPa à 20 °C) pour des
expériences à 25 °C alors que le n-dodécane, dont la tension de vapeur est de l’ordre de
0,3 mmHg soit 0,04 kPa à 20 °C, nécessite une température de travail de l’ordre de
60 °C[MAR05],[GAN06] ou une diminution de la pression (osmométrie sous pression réduite[BOS05])
ce qui peut déplacer les équilibres d’agrégation.
229
Annexe C – Traitement des données brutes de DXPA
Les mesures de diffusion de rayons X aux petits angles ont été réalisées sur un banc XENOCS
en utilisation une source au molybdène à une longueur d'onde de 0,71 Å. Le signal diffusé est
enregistré par un détecteur en ligne de 34,5 cm de diamètre développé par MAR Research à
une distance de 75 cm de l'échantillon. Les intensités diffusées sont exprimées en fonction du
vecteur d'onde
=2
sin4 θλπ
q , où λ est la longueur d'onde du faisceau incident et θ est l'angle
de diffusion. Une large gamme de q est accessible, 0,3 Å-1 < q < 3 Å-1, grâce à une détection
décentrée du signal.
Le vecteur de diffusion est calibré en utilisant un sel de béhénate d'argent[KEI99], permettant de
corriger la distance échantillon-détecteur.
L'intensité brute de l'échantillon est obtenue à partir de la relation :
acqcapéch
cap
acqéchéch
échPEGbrute tTe
qI
tTe
qIKqI
..
8)(
..
8)(.)(
−−
−=
Avec :
I(q)éch l'intensité diffusée par l'échantillon avant traitement (en cm-1).
I(q)cap l'intensité diffusée par le capillaire vide (en cm-1).
KPEG un facteur de correction d'intensité déterminé à partir de la diffusion d'un échantillon
de PolyEthylèneGlycol (PEG).
eéch l'épaisseur du capillaire de mesure de l'échantillon (en cm).
Téch la transmission de l'échantillon analysé.
Tcap la transmission du capillaire vide.
tacq le temps de mesure (en s).
Le bruit de fond sur la mesure lié à l'appareil a été déterminé, et une contribution de 8 coups
est systématiquement soustraite aux intensités diffusées mesurées.
Le traitement des intensités diffusées nécessite donc l'enregistrement des intensités diffusées
d'un échantillon et béhénate d'argent, de PEG, d'un capillaire vide et d'un capillaire d'heptane
seul (pour la soustraction de la contribution du diluant) pour chaque série d'échantillons.
230
Annexe D – Procédure de calculs des trajectoires de dynamique moléculaire et des intensités simulées de
DXPA
Calcul des trajectoires de dynamique moléculaire
Dans le cadre de ces travaux de thèse, une collaboration interne au laboratoire avec Philippe
Guilbaud a été mise en place dans le but de réaliser des simulations de dynamique moléculaire
des phases organiques de DEHiBA et DEHDMBA dans le n-heptane contenant différents
solutés. Ces simulations ont été réalisées à l'aide du logiciel AMBER10 en utilisant la
polarisation explicite[CAS05]. Le n-heptane a été simulé en tant que solvant explicite en utilisant
des conditions limites périodiques sur la boîte de simulation. Les interactions à longue
distance ont été calculées selon la méthode d'Ewald[CRO97]. La validité des boîtes d'heptane a
été vérifiée par comparaison entre la densité expérimentale et la densité calculée de la boîte.
La comparaison du spectre DXPA calculé à partir de la boîte d'heptane et du spectre DXPA
expérimental permet également de s'assurer de la bonne représentativité des boîtes de diluant
calculées.
Les paramètres de l'uranyle ont été déterminés en reproduisant les propriétés structurales
expérimentales des ions, en utilisant les polarisabilités atomiques calculées par chimie
quantique au laboratoire. Les charges atomiques partielles des molécules de monoamides et
d'heptane ont été calculées selon la procédure de Merz-Kollman[BAY93]. Cette méthode permet
d'ajuster les charges afin de reproduire les potentiels électrostatiques autour des molécules.
Les systèmes ont été équilibrés pendant 1000 ps avant le calcul des trajectoires d'une durée
minimale de 5 ns, trajectoires qui servent ensuite à l'analyse des données (fonction de
distribution radiale, image des structures et calculs des spectres DXPA théoriques).
Chaque simulation représente une solution réelle : le nombre de molécules de chaque
composé introduit dans une boîte respecte les proportions des concentrations mesurées
expérimentalement pour chaque soluté (extractant, eau, nitrate d'uranyle), ce qui permet de
s'assurer de la bonne représentativité des boîtes par comparaison des densités calculées et
expérimentales.
231
Calcul des intensités diffusées théoriques
Les spectres DXPA théoriques des systèmes simulés ont été calculés à partir des trajectoires
de dynamique moléculaire en utilisant le logiciel nMoldyn[ROG03]. La proportion des composés
étant respectée entre les échantillons réels et les systèmes simulés, la comparaison de l'allure
des spectres théoriques et expérimentaux permet de valider les complexes et structures
observés à partir des simulations de dynamique moléculaire.
L'intensité absolue des spectres calculés et théoriques peut être différente, étant donné que
nous comparons le spectre d'un échantillon réel enregistré dans un capillaire de 2 mm à des
spectres calculés à partir de boîtes d'une centaine de nm3.
Boîte d'heptane
Afin de valider la représentation de la boîte de n-heptane créée, l'intensité diffusée calculées
et celle obtenue expérimentalement ont été comparées (Figure 105).
00,020,040,060,08
0,10,120,140,160,18
0,01 0,1 1 10q (Å -1)
I(q) (cm -1)
0
0,0001
0,0002
0,0003
0,0004
0,0005
0,0006
0,0007
0,0008u.a.
Heptane exp
Heptane calc
Figure 105 – Intensité diffusée expérimentale d'une solution de n-heptane et calculée à partir d'une
simulation par dynamique moléculaire.
La densité calculée (0,680 ± 0,003) correspond très bien à la densité mesurée
expérimentalement (0,6850 ± 0,0001).
La correspondance des données expérimentales et calculées permet de considérer la
représentation d'une solution de n-heptane par dynamique moléculaire proche de la solution
réelle.
232
Annexe E – Modélisation des isothermes et diagrammes de spéciation de solutions de DEHiBA
0,5M et 1,5M après extraction d'acide nitrique
Les résultats de la modélisation des isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau par
le DEHiBA 0,5 mol/L et 1,5 mol/L dans le TPH à 25°C sont présentés, ceux du DEHiBA et
du DEHDMBA 1 mol/L le sont au Chapitre III.
Modélisation des isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau par le
DEHiBA 0,5 mol/L
La Figure 106 présente les meilleurs résultats de modélisation en utilisant le modèle
d'hydratation des espèces et de Sergievskii-Dannus. Les espèces prises en compte et les
constantes d'extraction associées sont regroupées dans le Tableau 51.
DEHiBA 0,81 mol/kg (0,5M) - Modèle d'hydratation de s espèces
0
0,10,2
0,30,40,5
0,60,7
0,80,9
1
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[HN
O3]
org,
éq o
u [H
2O] o
rg,é
q
(mol
/kg)
Isotherme HNO3 expIsotherme HNO3 calcIsotherme H2O expIsotherme H2O calc
DEHiBA 0,81 mol/kg (0,5M) - Modèle de Sergievskii-D annus
00,10,20,30,40,50,60,70,80,9
1
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[HN
O3]
org,
éq o
u [H
2O] o
rg,é
q
(mol
/kg) Isotherme HNO3 exp
Isotherme HNO3 calcIsotherme H2O expIsotherme H2O calc
Figure 106 – Modélisation des isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite par le
DEHiBA 0,5 mol/L dans le TPH à 25°C.
(a) Isothermes expérimentales et calculées par le modèle d'hydratation des espèces - )( 3HNOL ,
))(( 232 OHHNOL et )()( 223 OHHNOL .
(b) Isothermes expérimentales et calculées par le modèle de Sergievskii-Dannus - )( 3HNOL , )( 32 HNOL ,
)( 33 HNOL et )( 34 HNOL .
La modélisation de l'extraction d'acide nitrique est meilleure avec le modèle d'hydratation des
espèces. En revanche, la modélisation de l'extraction d'eau est meilleure par le modèle de
Sergievskii-Dannus.
(a) (b)
233
Constante d'extraction apparente à 25°C
)( 3HNOL ))(( 232 OHHNOL )()( 223 OHHNOL
0,1029 0,0753 4,17.10-5
Constante d'extraction effective à 25°C et ⊕s
)( 3HNOL )( 32 HNOL )( 33 HNOL )( 34 HNOL
Keff ⊕s Keff ⊕s Keff ⊕s Keff ⊕s
0,0895 0,0797 0,0197 2,901 0,1578 0,0036 0,002 7,3.10-4
Tableau 51 – Constantes d'extraction apparentes, et constantes d'extraction effectives et paramètres de solubilisation déterminés pour chaque espèce lors de la modélisation des isothermes d'extraction de l'acide
nitrique par le DEHiBA 0,5M dans le TPH à 25°C, respectivement par le modèle d'hydratation des espèces et de Sergievskii-Dannus.
A partir des constantes d'extraction et des paramètres de solubilisation, les diagrammes de
spéciation ont été calculés pour les deux modèles et combinaisons d'espèces prises en compte
(Figure 107).
DEHiBA 0,5M - Modèle hydratation des espèces
0
0,2
0,4
0,6
0,8
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[Com
plex
e] o
u [L
]lib
re
(mol
/kg) Extractant libre
L2L3L(HNO3)L2(HNO3)(H2O)L(HNO3)2(H2O)
DEHiBA 0,81 mol/kg (0,5M) - Modèle de Sergievskii-D annus
0
0,2
0,4
0,6
0,8
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[Com
plex
e] o
u [L
]lib
re
(mol
/kg) Extractant libre
L2L3L(HNO3)L2(HNO3)L3(HNO3)L4(HNO3)
Figure 107 – Diagrammes de spéciation des complexes d'acide nitrique et de DEHiBA déterminés à partir
des constantes d'extraction et des paramètres de solubilisation optimisés. (a) DEHiBA 0,5M – Hydratation des espèces.
(b) DEHiBA 0,5M – Modèle de Sergievskii-Dannus.
(a) (b)
234
Modélisation des isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau par le
DEHiBA 1,5 mol/L
La Figure 108 présente les meilleurs résultats de modélisation en utilisant le modèle
d'hydratation des espèces et de Sergievskii-Dannus. Les espèces prises en compte et les
constantes d'extraction associées sont regroupées dans le Tableau 52.
DEHiBA 4,3 mol/kg (1,5M) - Modèle d'hydratation
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
4,5
5
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[HN
O3] o
rg,é
q ou
[H2O
] org
,éq
(mol
/kg)
Isotherme HNO3 expIsotherme HNO3 calcIsotherme H2O expIsotherme H2O calc
DEHiBA 4,3 mol/kg (1,5M) - Modèle de Sergievskii-Dannus
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
4,5
5
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[HN
O3]
org,
éq o
u [H
2O] o
rg,é
q (m
ol/k
g)
Isotherme HNO3 expIsotherme HNO3 calcIsotherme H2O expIsotherme H2O calc
Figure 108 – Modélisation des isothermes d'extraction de l'acide nitrique et de l'eau co-extraite par le
DEHiBA 1,5 mol/L dans le TPH à 25°C.
(a) Isothermes expérimentales et calculées par le modèle d'hydratation des espèces - )( 3HNOL ,
))(( 232 OHHNOL et )()( 223 OHHNOL .
(b) Isothermes expérimentales et calculées par le modèle de Sergievskii-Dannus - )( 3HNOL , )( 32 HNOL ,
et )( 33 HNOL .
La modélisation de l'extraction d'acide nitrique est meilleure avec le modèle d'hydratation des
espèces. En revanche, la modélisation de l'extraction d'eau est meilleure par le modèle de
Sergievskii-Dannus.
Constante d'extraction apparente à 25°C
)( 3HNOL ))(( 232 OHHNOL )()( 223 OHHNOL
0,2518 0,1408 0,000211
Constante d'extraction effective à 25°C et ⊕s
)( 3HNOL )( 32 HNOL )( 33 HNOL
Keff ⊕s Keff ⊕s Keff ⊕s
0,229 0,121 0,025 3,25 0,0858 0,439
Tableau 52 – Constantes d'extraction apparentes, et constantes d'extraction effectives et paramètres de solubilisation déterminés pour chaque espèce lors de la modélisation des isothermes d'extraction de l'acide
nitrique par le DEHiBA 1,5M dans le TPH à 25°C, respectivement par le modèle d'hydratation des espèces et de Sergievskii-Dannus.
(a) (b)
235
A partir des constantes d'extraction et des paramètres de solubilisation, les diagrammes de
spéciation ont été calculés pour les deux modèles et combinaisons d'espèces prises en compte
(Figure 109).
DEHiBA 4,3 mol/kg (1,5M) - Modèle d'hydratation
0
0,4
0,8
1,2
1,6
2
2,4
2,8
3,2
3,6
4
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[Com
plex
e] o
u [L
] libr
e (
mol
/kg)
Extractant libre
L2
L3
L(HNO3)
L2(HNO3)
L3(HNO3)
DEHiBA 4,3 mol/kg (1,5M) - Modèle de Sergievskii-Dannus
0
0,4
0,8
1,2
1,6
2
0,01 0,1 1 10 100 1000aHNO3
[Com
plex
e] o
u [L
] libr
e (m
ol/k
g)
Extractant libre
L2
L3
L(HNO3)
L2(HNO3)
L3(HNO3)
Figure 109 – Diagrammes de spéciation des complexes d'acide nitrique et de DEHiBA déterminés à partir
des constantes d'extraction et des paramètres de solubilisation optimisés. (a) DEHiBA 1,5M – Hydratation des espèces.
(b) DEHiBA 1,5M – Modèle de Sergievskii-Dannus.
(a) (b)