scandale d'enron

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U.S.M.B.A

F.S.J.E.S - Fs

MASTER FINANCE & ECONOMETRIE

Prpar par ISSA HABOU BOUAYAD MOUNSSEF ES-SALMANI MOURAD

Dirig par

Mr. BOUTALEB

Anne universitaire 2011/2012

Master Finance et Economtrie

F.S.J.E.S-Fs

SCANDALE DENRONInformation collecte par : ISSA Habou, Bouayad Mounssef et Es-salmani Mourad Sur proposition de Mr Boutaleb dans le cadre de lingnierie financire

Introduction................................................................................................................................ 3 IPrsentation dENRON ........................................................................................................ 4 A- Aperu historique de la firme(les dates importantes) .................................................... 4 IILes pratiques financires dENRON..................................................................................... 9 A- Les innovations comptables et financires ..................................................................... 9 B- Les complicits dArthur Anderson et collaborateurs................................................... 12 IIILimplosion du groupe et ses consquences................................................................. 15

A- Les facteurs lorigine de la faillite ............................................................................... 15 B- Consquences et mesures politiques............................................................................ 17 Conclusion .................................................................................................................................... 21 Bibliographie ................................................................................................................................ 22

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Introduction Les progrs scientifiques et conomiques furent considrables au plan mondial dans la deuxime moiti du XXme sicle. Ainsi, lhistoire des techniques, montre que lacclration du processus dinnovation des annes 1970 et 1980 a apport un bouleversement radical dans les modes de production des biens et des services, et des systmes dorganisation en gnral1. Aprs cette fin de sicle qui vivait un capitalisme triomphant, le dbut du XXIme est marqu dinterrogations sur la prennit du systme pour des multiples raisons. En effet, on remarque, lintrieur et lextrieur du modle : des chocs civilisationnels, des menaces environnementales, et des risques inhrents dans les pratiques, pouvant conduire lautodestruction totale du systme2. Cest ces pratiques que nous nous intressons ici, notamment conomiques et financires. Cependant tout au long de ce qui va suivre, nous montrerons les checs qui incarnent les illusions, dues de ce systme travers lexemple de la grande multinationale ENRON. Cest pourquoi limplosion du systme et ses consquences. le travail se base dabord sur la prsentation de la firme(ENRON), poursuit sur ses pratiques financires avant de conclure sur

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Notamment dans lconomie domestique et de la sant Pour plus dapprofondissement voir les auteurs comme : Aglietta, Artus, Stiglitz

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I- Prsentation dENRON A- Aperu historique de la firme(les dates importantes)

ENRON est une entreprise issue de fusion entre deux compagnies texanes dexploitation de gazoduc en 1985. Ces compagnies sont Houston Natural Gas et Internorth . Kenneth Lay, qui allait devenir son patron, avait une double exprience : celle dun haut fonctionnaire pass la Commission fdrale de lnergie Washington et de responsable dentreprises dans lindustrie gazire. La drglementation, dans les annes 1980 et 1990, du secteur de lnergie aux Etats-Unis offrit ENRON loccasion de son essor en usant de deux leviers. Et grce au lobbying de Ken Lay, le s nat du Texas vote, au printemps 1995 une loi ouvrant aux oprateurs priv s e e laccs au commerce de d tail de l lectricit . Ken Lay considre le Texas comme le e e e laboratoire am ricain de la drgulation. Sa popularit, Houston, atteint son apoge, e lorsquil sauve, en 1995, l quipe de baseball e dmnager Baltimore. Ds la naissance dENRON, Lay arrive, flanqu dune quipe danciens de HNG, dont Rebecca Mark (recrute en 1986) qui va devenir la vritable vedette dENRON pendant toute la premire moiti des annes 1990. Rebecca Mark, dorigine modeste, pouse dun consultant dArthur Andersen, est une redoutable ngociatrice, une grande dveloppeuse. Passant 300 jours en avion sur 365, elle promet un important dveloppement dENRON letranger (prises de participation, montage doprations). Elle devient Directeur Gnral dENRON International en 1992, et Prsident en 1996 ; elle lance (malgr le refus de financement de la banque mondiale), laffaire de Dabhol en Inde, qui tait le premier investissement de grande ampleur. A sa sortie de Harvard, Jeffrey Skilling est recrut par Mac Kinsey et construit, pour le compte dENRON, le business plan dune nouvelle filiale ENRON Trade and Capital (ETC). Le pari de Jeffrey Skilling a t, au travers de ETC , de pouvoir sortir ENRON 4 de Houston qui avait lintention de

progressivement du rle initial consistant assurer la contrepartie physique de ses

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engagements terme, et, ainsi, de parvenir se dgager compltement des contraintes dun mtier physique de transporteur de gaz une fois assures la maturit et la liquidit du march des futures . Jeffrey Skilling prend progressivement une emprise considrable sur la socit ; il intimide chacun par son intelligence. Cest un fou de travail (work-aholic), au bureau, de 7 heures du matin 18 heures, souvent le dimanche ! Le contrat sign en janvier 1992 entre ENRON et Sithe pour alimenter en gaz lusine de production lectrique dindpendance (1000 MW), permet a ETC de dgager dimportants profits (doublement des profits en 1992 !) avant mme que lusine ne fonctionne (profit sans cash) ! Mais, trs vite, J. Skilling a besoin de liquidits, puisque, suite a la mthode MTM, la plupart des profits ne sont que "sur le papier . En gageant le gaz , en le titrisant, en le montisant par des scurisation deals avec un groupe dinvestisseurs de haut niveau (tels que Calpers ou General Electric), ETC peut sendetter et ainsi sabstraire des contraintes de bilan . Les structures ainsi cres, - Cactus en 1991 et, en 1992, JEDI (Joint Energy Development Investissements) - donnent a J. Skeeling le levier financier qui lui manquait. Rien, ni personne ne peut dsormais larrter. Lactivit de Jeffrey Skilling, devenu CEO en 1996 entrane un dveloppement trs rapide du chiffre daffaires (qui crot de plus de 50 % entre 1996 et 1997 en dpassant les 20 MI$), mais aussi une explosion des investissements avec un doublement de lendettement. Mais, trs vite, J. Skilling sest trouv confront a de grandes difficults (notamment pour boucler les comptes 1997) : une lourde moins value sur un achat de gaz anglais, le dveloppement de comptiteurs dans le domaine du trading de gaz (notamment de banques), le fait que le trading, considr par Wall Street comme une activit volatile (non sans raison), donnait rarement lieu a des PER suprieurs 20 et ne pouvait donc, lui seul, justifier une valorisation suffisante du cours de bourse. Pour satisfaire Wall Street, il fallait dabord donner le sentiment que le trading style ENRON (avec un art largement mis en avant de lassemblage, de loptimisation ) tait bien diffrent du trading ordinaire, quil devenait une activit rcurrente et sure, appuye sur un dpartement risk assessment and control (RAC) extrmement puissant et exigeant (alors 5

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quen ralit le patron du RAC navait gure de poids et que, trs souvent, Jeff Skilling passe outre...) Mais, comme ENRON atteignait certaines limites dans le trading du gaz il fallait aussi pouvoir pntrer de nouveaux domaines de dvelopper aussi des activits physiques, trading, notamment llectricit, (dont les le talent de possibilits taient trois fois suprieures celles du gaz). Il fallait donc quENRON continue en sappuyant notamment sur dveloppeur de R. Mark, prsente comme un gnie de la ngociation, et considre a lpoque comme une des femmes daffaires les plus brillantes des USA ; ainsi, ENRON pouvait prsenter a Wall Street un mix plus favorable une bonne valorisation. Mais aussi les mauvaises habitudes se rpandent : le souci de cadrer les comptes trimestriels en conformit avec les attentes des analystes en imposant davance a chaque division ses rsultats, pousse chacun euphoriser les perspectives des contrats (au besoin en les rinterprtant...), reporter les pertes, a rvaluer la valeur des participations, faire apparaitre comme rcurrents des profits exceptionnels..., bref dvelopper des glissements comptables . Tiraill entre un J. Skilling opportuniste, incapable dorganiser et de diriger des quipes, et une R. Mark chevauchant en des quipes lointaines, ENRON devient, par dfaut de contrle, par accumulation de frais gnraux, de plus en plus vulnrable ; dautant que, pour mieux accrotre son pouvoir, placer ses hommes et liminer les anciens barons et dgager des plus values, J. Skilling tente de se dbarrasser progressivement de certains panses du core business ! Le drapage des frais de gestion entrane un cash-flow ngatif sur les neuf premiers mois de 1997. Cest alors quAndy Fastow (n en 1962, recrut en 1990), propose a J. Skilling de mettre sur pied la premire special purpose entity (SPE) permettant (avec seulement 3 % de capitaux extrieurs) de dconsolider certaines activits, de raliser des montages financiers hautement structurs , et dtablir ainsi des socits cran avec, dj, certaines irrgularits comptables. Fastow, nomm CFO en 1998, multiplie les SPE (trs commodes pour fabriquer des comptes consolids conformes aux attentes des analystes, en dconsolidant tout ce qui gne) ; il invente des prepays qui ne sont que des emprunts dguiss en contrats a terme 6

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de fourniture dnergie (passif de ngoce), et qui permettent ainsi, fin 2000, ENRON, de se trouver endett de 18 MI$, avec 5 MIe de prepays (alors que la seule dette apparaissant au bilan est de 10 MI$ ! ). Lutilisation de la mthode mark to market qui permet denregistrer immdiatement les profits anticips sur les contrats (sur la base de business plans confectionns cette fin...), est applique de manire systmatique ; chacun anticipant la hausse du prix de lnergie, le niveau de risque saccrot progressivement. Mais personne ne savait lpoque que, grce a la mthode MTM, une grande partie du crdit de la socit tait gage sur la valeur de son action en bourse ! Fastow imagine des montages de plus en plus sportifs, la limite du possible, des endettements avec des triggers de plus en plus tendus. David Duncan, n en 1959 (reprsentant dAnderson chez ENRON) Fastow. En 1997 ENRON rachte Portland General Electric ce qui lui avait fournit un ancrage lectrique dans un tat (lOregon) bien situ entre Californie et Canada, en lui permettant dentrer dans le club des lectriciens En 1998, la Californie ouvre entirement son march de dtail dans le domaine de lelectricit. Le 29 novembre 1999, ENRON lance EnronOnline, la premire plateforme de vente en ligne du march nergtique. Les clients ont un accs 24/24h aux produits et services offerts par ENRON. Ils peuvent excuter des transactions instantanes en ligne. Cette innovation donne ENRON lavantage du first mover3 ou premier entrant. Une quipe de plus de 350 traders, experts informatiques, avocats et autres experts dENRON est runie afin de crer un service scuris et facile dutilisation. Ce service destin aux industriels (commerce B2B) assure la fois le courtage (il trouve le fournisseur) et la couverture du risque (il garantit le prix, quelle que soit l'volution des cours l'avenir), grce au recours des " produits drivs". Rapidement, EnronOnline, est devenue la pierre angulaire de la stratgie du groupe. En 2000,3

endosse lentire

responsabilit des pratiques financires dENRON, servant ainsi de caution Skeeling et

Voir Enron, symbole dun systme , Le Monde Diplomatique, 8 mars 2002 et ENRON aux mille et une escroqueries , Le Monde Diplomatique, fvrier 2002.

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elle reprsente 60% des transactions faites par ENRON et 50% de son chiffre daffaires en proposant plus de 1500 commodits changeables sur la plupart des marchs ouverts la concurrence, dont lEurope. Deux ans aprs son dmarrage la socit effectuait 6.000 oprations par jour pour un montant moyen de 2,5 milliards de dollars. Aout 2000 : Le titre d'ENRON atteint son plus haut historique 90$. Dbut 2001 : Le rapport annuel 2000 d'ENRON affiche un chiffre d'affaires de 101 Mds $, contre 40 Mds$ en 1999, pour un rsultat net de 979 millions$ Printemps 2001 La bulle internet a clat, des investisseurs critiquent les investissements dans la bande passante. Des doutes sont mis quant la vracit des comptes 14 aout 2001 Skilling qui tait devenu directeur gnral, dmissionne pour "raisons personnelles et familiales" Octobre 2001 ENRON inscrit une charge exceptionnelle de 1 Mds$ dans ses comptes trimestriels o apparaissent des indices des montages. Le titre chute. Arthur Andersen dtruit des documents compromettants. 2 dcembre 2001 ENRON se place sous la protection du Chapitre 11 de la loi sur les faillites 12 Dcembre 2001 : Dbut des auditions devant une commission du Congrs amricain 9 Janvier 2002 Ouverture d'une enqute du Dpartement amricain de la justice 10 Janvier 2002 Andersen admet la destruction de documents comptables concernant ENRON 15 Janvier 2002 Limogeage par Andersen de l'associ charg du dossier ENRON 23 Janvier 2002 Kenneth Lay, le Prsident d'ENRON, dmissionne 6 Mai 2002 Dbut du procs Andersen 15 Juin 2002 Andersen est dclar coupable 29 Aot 2002 Dbut de la vente aux enchres des actifs d'ENRON.

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Les pratiques financires dENRON

A- Les innovations comptables et financires Laffaire ENRON est emblmatique des perversions du capitalisme de la nouvelle conomie. Lentreprise sest dveloppe avec la vague de drglementation qui a dbut aux Etats-Unis dans les annes 1980 en entretenant un lobbying troit avec les pouvoirs politiques comme signal plus haut. Elle sest hisse au rang des plus grosses entreprises, lgal des General Motors, IBM,, sans sencombrer dusines : en pratiquant lasset light strategy. ENRON a mobilis les innovations financires qui venaient dapparatre pour dgager, partir des annes 1990, des rentabilits leves et dimportantes capacits dendettement. Elle fut pionnire pour imaginer de nouveaux modles conomiques partir des potentialits offertes par internet. Elle a utilis outrance les artifices dune comptabilit crative pour tromper lensemble des observateurs pendant plusieurs annes. Tirer profit de relations avec le pouvoir politique est une recette prouve denrichissement. Lexploitation par des intrts privs dentreprises assurant la production et la distribution de biens et services publics peut constituer des rentes lucratives. La drglementation, dans les annes 1980 et 1990, du secteur de lnergie aux Etats-Unis a offert ENRON loccasion de son essor. Le savoir faire reconnu de son patron, Kenneth Lay, q u i avait lexprience dun haut fonctionnaire la Commission fdrale de lnergie Washington et de responsable dentreprises dans lindustrie gazire valut ENRON ce mrite. La socit tait devenu premire dans la vente de gaz sur un march quelle avait en large partie inspir avec une lgislation assouplie en matire de scurit pour les pipelines, et un rgime dimposition plus clment. Pour ce faire, Ken Lay a mis au point plus de trente bureaux dissmins sur le territoire des Etats-Unis chargs de la dfense des intrts de la firme auprs dlus, de reprsentants de partis politiques, de responsables

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Master Finance et Economtrie dagence gouvernementale4.

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Lentreprise a dailleurs tend dans les annes 1990 son champ daction dautres domaines dactivits, les utilities : llectricit, leau, le papier, la bande passante,, et sur dautres territoires : lEurope, lInde, lAsie et lAfrique. La connivence, le copinage, ont ouvert ENRON des espaces dans lesquels il a dvelopp un savoir-faire de trader et, audel, sest risqu aux tours de passe-passe, les tricks. La stratgie quENRON a mit en uvre dans les utilities fut de limiter ses actifs (pipelines, centrales,) et de dvelopper les marchs en organisant les ajustements entre loffre et la demande selon les quantits, les localisations gographiques et le temps. Il devint champion du montage de contrats portant sur lavenir, drivant de produits faisant lobjet de cotations au comptant : les produits drivs. Cette russite dans le trading, la firme le doit en partie aux instruments financiers permettant le calcul du prix des options tirs de la formule de Black & Scholes. ENRON sest entour des talents capables danticiper lvolution du march et de la mettre en uvre. Participant une meilleure utilisation dinfrastructures en mobilisant des capacits oisives, elle permettait une combinaison optimale dinvestissements par une meilleure gestion du risque. Les profits dgags paraissaient dautant plus justifis quelle renvoyait delle-mme une image citoyenne par le financement massif des diverses uvres philanthropiques. Lhistoire est galement fournie de ces spculateurs qui manipulent les cours de produits vitaux, par exemple le bl, pour faire monter leurs bnfices. Le principe reste toujours le mme : jouer des imperfections des marchs, crer des pnuries ou des engorgements, imaginer lastuce pour dtourner une subvention son profit. Se comporter en voyou. Les traders dENRON contamins par une frnsie, une avidit, dargent rapidement gagn, cet infectious greed, rivalisrent dans le montage de combines juteuses du nom de Death star , Get Shorty , au dtriment de lintrt gnral, en difiant une stratgie pour attirer les fonds sur la base de promesses de gains mirobolantes. Un aspect fondamental de ces manipulations est lactionnariat. En effet, lactionnaire est parvenu imposer ses exigences en matire de profitabilit. En outre, le chiffre de 15% de4

ENRON cours de son existence a reu de lEtat environ 4 milliards de dollars en aides diverses

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rentabilit du capital est devenu comme une norme laquelle les entreprises devraient satisfaire. Tout de mme, il existe des moyens pour doper la performance des fonds propres. Si la rentabilit conomique est suprieure au cot de la dette, la rentabilit financire peut tre augmente, le taux de 15% nest plus alors chimrique, cest le mcanisme classique de leffet de levier. En matire de leve de capitaux par endettement, ENRON a innov en attirant les prteurs par des garanties de rmunration et de dlai de remboursement adosss lvaluation que les agences de notation lui accordaient. Que le ranking vienne baisser et cest le taux qui augmenterait, selon la formule des trigger rates , voire, la limite, la dette devient exigible avant terme. Finalement cette promesse de rentabilit en excs fut indexe sur une prise de risque accrue selon un arbitrage de bon sens largement reconnu. Toutefois, quelles que soient les conditions offertes, plus le rapport capitaux propres/endettement long terme est lev plus le risque augmente et, moins les prteurs sont disposs souscrire de nouveaux emprunts. Pour contourner cet obstacle, ENRON sest inspir des compagnies daviation5 en sentourant dune multitude de quasi filiales, les Special Purpose Entity (SPE), avec une particularit propre aux normes comptables amricaines ERON et SPE chappaient toutes une consolidation, si la maison mre dtenait moins de 50 % du capital et si ce dernier atteignait un montant gal 3% des actifs. Ce systme sappelle la comptabilit crative, le window- dressing . Mais, dans la ralit, la part dtenue par les tiers dans le capital des SPE tait dans les mains soit de proches de la famille des dirigeants, soit des prte-noms qui lon avait donn des garanties en vertu desquelles ils pouvaient cder tout moment et avec profit leur participation. La consolidation simposait en droit ! En sarrangeant pour y chapper, ENRON, au-del dun allgement de sa structure dendettement, se donna la possibilit de nourrir un courant doprations qui dgagrent les bnfices dont elle avait besoin pour maintenir son attractivit lgard des bailleurs de fonds. On tait rendu des artifices qui distordent intentionnellement les chiffres de performance financire et de situation financire dune entreprise ; que des carabistouilles ! Ce qui conduit 5

Les compagnies ariennes inventrent dans les annes 1980 un systme driv du crdit-bail qui leur permettait de loger lactif dans une structure spare de la compagnie arienne qui leur louait lavion pendant sa dure dutilisation.

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sinterroger sur le rle que jourent les auditeurs, les banques dinvestissement et les analystes financiers.

B- Les complicits dArthur Anderson et collaborateurs.

La responsabilit dArthur Andersen, en charge de la certification des comptes dENRON, est engage au premier plan. Ce cabinet qui jouissait dune rputation exceptionnelle, qui avait forg une mthodologie robuste daudit, un processus de contrle des pratiques de ses collaborateurs ! Comment a-t-il pu laisser passer de telles normits ? La fivre de la Nouvelle conomie, la complexit des instruments financiers et des montages juridiques sont prendre en considration. La philosophie des USGAAP qui privilgiait la conformit la rgle plutt qu lesprit de la norme a pu contribuer aux garements. Lambigut des rles entre laudit et le conseil nuit limpartialit ncessaire la certification lgale. Le seul travail daudit conduit parfois des dilemmes, quant aux consquences commerciales pour le cabinet et aux difficults qui peuvent sensuivre pour lentreprise, si des rserves sont mises ou, pire, si la certification des comptes est refuse. Le problme est dmultipli quand les revenus du cabinet viennent majoritairement des conseils quil facture paralllement aux travaux de rvision. Ctait le cas chez ENRON qui le payait au voisinage de $52 Million. Dautant qu cette priode, Arthur Andersen avait comme objectif de faire crotre sa branche conseil, cette activit tant beaucoup plus profitable que laudit. Cette stratgie de conqute de march, de croissance de chiffre daffaires, cra invitablement une tension avec le souci de prudence sur lequel le cabinet avait bti sa notorit (Toffler). La situation atteignit son paroxysme pour David Duncan, en charge chez Arthur du dossier ENRON, puisque celui-ci tait son seul client, pour lequel en 2000 il avait peru un salaire de 700.000$ ! Aussitt que dbutrent les difficults pour ENRON, en octobre 2001, dans le climat du 11 septembre, Arthur Andersen fut sur la sellette. Le cabinet fut inculp peu aprs pour avoir cherch faire obstruction la justice en dtruisant des pices lies ses interventions chez ENRON. Les autorits judiciaires amricaines retinrent ce grief, parmi dautres, comme la

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faute professionnelle, car il leur paraissait plus facile dmontrer. Cependant, la responsabilit des banques qui soutinrent ENRON et conseillrent leurs clients dinvestir dans ce titre, quelques jours encore avant quclate le scandale, fut galement engage dans cette affaire et pour les mmes raisons : la tentation dun profit immdiat et labsence de tout scrupule. Ce fut galement le cas pour certains analystes financiers auxquels furent reproches leur absence dindpendance et leur incomptence : il semble bien que peu dentre eux comprenaient les rapports financiers qui leur taient soumis, une obscurit intentionnelle de la part dENRON. EN rsum, il faut noter que les principaux acteurs impliqus dans cette affaire sont notamment : les dirigeants et les actionnaires, les pouvoirs publics, les organismes de rgulation comptable et financire, les analystes financiers et les agences de notation, les journalistes... Pour le cabinet daudit Arthur Andersen, cest la rgle dindpendance qui a t viole. Plusieurs lments confirment cette affirmation : Tout dabord, on peut noter le fait que les auditeurs dAndersen travaillaient en permanence dans les bureaux dENRON Houston, Texas et partageaient tous les vnements sociaux de la socit. De plus, un nombre important demploys dENRON taient des employs dAndersen, soit 86 personnes depuis 1989. En 1993, Andersen a repris laudit interne dENRON en plus de laudit financier. On voit bien comment cette situation reprsente un conflit dintrts. Dans le mme temps, certains soutenaient le fait quun meilleur contrle interne amoindrissait le risque de fraude et facilitait laudit financier. Par ailleurs, Andersen a clairement viol les rgles du Code of Professional Conduct de lAICPA en embauchant lancien vice-prsident du dpartement daudit interne dENRON. Dans ce cas, cest lindpendance dapparence qui est rompue en tout premier lieu. En parallle, il y a la question des services de conseil fournis conjointement aux services daudit. La moiti des honoraires pays par ENRON Andersen concernait des services autres que laudit. Et daprs lancien prsident de la SEC Arthur Levitt, les cabinets rendant la fois des services daudit et de conseil sont tents dtre plus souples sur la qualit de laudit. Ceci est dautant plus vrai avec la banalisation des

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services daudit qua connu la profession. En effet, la concurrence et les appels doffre obligent tre le moins cher possible, ce qui pose le problme de la rentabilit de ce type de mission. Do lintrt de recourir dautres activits pour combler ce manque gagner. De plus, il ne faut pas ngliger limpact du dsir de satisfaire et donc de garder le client. De leur part, les dirigeants ont viol lthique daffaire et portent en effet la responsabilit principale du scandale : ils ont menti et dtourn des fonds des fins personnelles, ils ont vendu leurs actions ENRON au moment mme o ils garantissaient aux actionnaires et aux salaris que tout allait bien. En effet, pour rassurer les milieux financiers, Kenneth Lay confie la direction de l'entreprise son adjoint Jeffrey K.Skilling. Ces derniers vendent en masse leurs actions. J.K. Skilling empoche par exemple 17,5 millions de dollars, Kenneth Lay 34 millions. Les salaris ne peuvent raliser leurs stock- options bloques qui se dvaluent tout comme la valeur de leur fonds de pension, constitus sur recommandation de la direction d'ENRON, plus de 60% d'actions de l'entreprise. Malgr ces ventes massives de la part des dirigeants, les invitations au personnel investir dans la socit persistent jusquen octobre 2001 ; date laquelle les pertes sont pour la premire fois officiellement annonces. Laffaire ENRON remet galement en cause la comptence des analystes financiers et des agences de rating qui se sont rvls incapables de prvoir la crise financire lie aux pratiques frauduleuses du groupe. Au-del de leur comptence, cest surtout leur indpendance qui est remise en cause. En effet, les analystes financiers ayant mis des prvisions sur lvolution du cours de laction ENRON se trouvent au cur de multiples conflits dintrts : les banques daffaires grent les portefeuilles de clients privs ou institutionnels, tout en leur fournissant des outils dingnierie financire pour leurs augmentations de capital, fusions, missions dobligations De mme, les agences de notation ont t suspectes de subir elles aussi de fortes pressions de la part des banques dinvestissement. Laffaire ENRON met galement en avant le paradoxe entre le caractre trs peu rglement des activits de notation et leur rle quasiment officiel reconnu par la SEC. Les journalistes financiers sont galement impliqus : cette catgorie est importante, puisquils sont pays par leurs journaux, mais souvent aussi par les entreprises car ils prsentent des confrences, connaissent les patrons, etc.

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Les responsables politiques sont les principaux complices. En effet, beaucoup de gens (surtout des rpublicains) ont t arross par ENRON on note : le responsable de la majorit rpublicaine l'assemble ; le responsable de la commission d'enqute, Joseph Lieberman (20 000 $) ; la responsable de la commission des marchs terme des marchandises, Wendy Gramm (pouse du snateur rpublicain Phil Gramm), qui fit une loi, sous la pression d'ENRON, pour que les contrats terme soient exempts de contrle. Ce qui a permit ENRON de jouer sur les marchs terme comme un malade. Rappelons en outre le secrtaire de l'arme (300 millions de $) ; le conseiller conomique du prsident Bush qui tait consultant d'ENRON ; le ngociateur auprs de l'OMC ; le vice prsident amricain Dick Cheney, qui a lanc le plan de relance de l'nergie, qui a fait flamber les actions ENRON ce qui a aid les dirigeants vendre. Dans le cas ENRON, tout le monde recommandaient la socit mme quand les doutes ont commencs. En revanche, les experts disaient en priv que les actions taient des "pieces of wrack".

III-

Limplosion du groupe et ses consquences

En quelques semaines, la septime entreprise amricaine a fait faillite, ce qui a entran des consquences sociales dramatiques. Non seulement un grand nombre de salaris ont brutalement perdu leur emploi, mais les retraits dENRON qui dpendaient de fonds de pension en actions de lentreprise ont galement t privs de revenus. Cette faillite a cr un sisme dans la socit amricaine dj fragilise par les attentats du 11 septembre 2001. A- Les facteurs lorigine de la faillite

Fondamentalement, une limite majeure du systme amricain est la prminence de la rgle sur les principes. Les rgles trs sophistiques sont rassembles dans des manuels volumineux, mais tout ce qui nest pas formellement interdit est considr autoris. Cette

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interprtation de la loi a permis quun certain nombre dengagements napparaissent pas au bilan dENRON et a techniquement caus sa faillite. Le problme dENRON dpasse largement la profession comptable : il concerne aussi le financement des partis politiques amricains ou la politique de lnergie. La dfaillance dENRON fut en fait lie sa stratgie dAsset Lite. Celle-ci portait en ellemme les facteurs daffaiblissement terme de la firme. En effet, la faiblesse des marges ralises sur les drivs contraignait la socit sassurer dun volume daffaire suffisant. Cette ncessit devenait de plus en plus imprieuse au fur et mesure que de nouvelles entres se produisaient sur le march. Pour prserver son image de firme faiblement endette et fortement rmunratrice pour les capitaux investis, ENRON tait contrainte de se lancer dans une fuite en avant. Sa rentabilit tait gonfle par des transactions entre la socit mre et ses filiales de faon masquer certaines pertes ou certains risques et de permettre lenregistrement de plus-values qui ntaient jusqualors que latentes. En fait, on peut recenser des facteurs externes et internes lorigine de la faillite de la firme. Tout dabord, notifions la crise nergtique californienne. Suite cette dernire, le pouvoir public avait instaur une reforme de libralisation. Au dbut de la rforme, trois compagnies prives se partageaient le monopole de des ventes en dtail dont entre autre ENRON. On les appelait les Investor Owned Utilities (IOU), intgres verticalement cest dire quelles se chargeaient la fois de produire, de transmettre et de distribuer llectricit. Seuls 25% de consommateurs taient desservis par dautres compagnies. Cette rforme se solda par une crise du march de llectricit en 2000. Le prix du march de la veille pour le lendemain bondit de plus de 500% entre 1999 et 2000. Les IOU navaient pas lautorisation de rpercuter la hausse sur leurs usagers du fait de la fixation des prix au dtail et ont accumuls des dettes non provisionnes de plusieurs milliards de dollars. Le rsultat fut la faillite de deux des trois utilities et par la monte en puissance des accusations de manipulation des cours formules lencontre des oprateurs du march dont principalement les traders tels que ceux dENRON. Les problmes de gestion de la rglementation donnrent des possibilits daction la spculation. La congestion engendre a avantag les traders dans la mesure o ils avaient la possibilit duser de leur de leur pouvoir de spculation en anticipant la congestion par une sous estimation des capacits

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de loffre dlectricit pouvoir de spculation en anticipant la congestion par une sous estimation des capacits de loffre dlectricit. ENRON manipulait les prix de lnergie par les spculations qui ont renforc le dsquilibre du march californien de llectricit. Une enqute ralise par les autorits californiennes a rvl quENRON : effectuait des exportations dlectricit en dehors de lEtat alors mme quune pnurie dlectricit touchait lEtat californien et faisait ainsi grimper les prix crait des situations de pnuries afin dobtenir une augmentation des prix sur le march conduisait des stratgies de congestion dlibres, consistant transmettre de lnergie sur une ligne hors service ou dj congestionne pour rduire loffre dlectricit et augmenter les prix sur le march A lintrieur de la firme mme subsiste un mcanisme abscons ayant aboutit son autodestruction. En effet, la dfaillance dENRON rsultait de labandon progressif de son activit de transport et de production en faveur de ses activits de courtage. De ce fait, le groupe a perdu son avantage comparatif vis--vis des autres traders, augmentant son exposition aux risques lis au march. La rentabilit du groupe sen trouvait directement affecte. De plus la stratgie dintgration virtuelle mise en place na pas pu tre efficace car elle navait pas les lments ncessaires son fonctionnement. Premirement, le groupe sengageait sur des produits drivs loigns de ses mtiers historiques sans avoir une connaissance suffisante du march. Ensuite, une dfiance des investisseurs tait ne suite la mise en vidence de sa comptabilit douteuse lors de la crise nergtique californienne. En fin, la vente massive des actions de la part des investisseurs lorsquENRON fut oblig de rintgrer ces actifs risqus lors des rvlations de ses malversations prcipita la faillite. Il y a aussi le rle majeur des complices prcdemment exposs dans la banqueroute dENRON.

B- Consquences et mesures politiques

La faillite dENRON fut bientt suivie par celle de Global Crossing, Worldcom,, qui euxmmes sinscrivaient dans le krach boursier amorc en mars 2000 avec la chute des valeurs technologiques. Les ractions du pouvoir politique furent dautant plus rapides que

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plusieurs des membres du gouvernement Bush, commencer par le Prsident luimme, taient souponns de complaisance lgard de ces firmes. La loi Sarbanes-Oxley, du nom de ses promoteurs au Snat et la Chambre des Reprsentants, fut adopte en juillet 2002, en pleine campagne dlection prsidentielle amricaine. Elle allait, entre autres, renforcer les cas dincompatibilit entre laudit et le conseil, crer un organisme indpendant de la profession comptable, le Public Company Accounting Oversight Board (PCAOB), charg dtablir les normes daudit et de contrler leur application. A ct des contraintes lgislatives, peut-on esprer une prise de conscience individuelle suivie par des modifications de comportement ? On peut observer, sans navet ni cynisme, une proccupation grandissante chez les gestionnaires pour le dveloppement durable et linvestissement socialement responsable. Des fonds thiques et des agences de notation sociale se crent. Un commerce quitable apparat. Les coles de management introduisent des cours sur les affaires et la morale, Laffaire ENRON amne enfin une rflexion sur la structure du march de laudit. La disparition dAndersen a acclr la concentration dans ce secteur. Pour certains, la concentration peut tre bnfique puisquelle augmente le pouvoir et donc lautonomie des cabinets face aux dirigeants des entreprises clientes. Cependant dautres tudes maintiennent la position inverse. On peut enfin envisager un autre point de vue o laudit deviendrait une activit caractre publique. Dans le cadre dune relation dagence entre dirigeants et actionnaires, ces derniers sont amens utiliser les stock-options comme outil de gouvernement dentreprise. On se rfre ici la dfinition du gouvernement dentreprise de G. Charreaux : ensemble des mcanismes qui ont pour effet de dlimiter les pouvoirs et dinfluencer les dcisions des dirigeants . Laffaire ENRON devrait donc conduire une rflexion sur les modes de rmunration des dirigeants ainsi que sur les outils de gouvernement dentreprise utiliss par les actionnaires. On doit notamment chercher mettre fin ce que certains appellent la dictature du taux de rentabilit (Ex : ROI de 15%) impose par les actionnaires et notamment les fonds de pension qui ont sans doute une part de responsabilit importante dans le comportement frauduleux des dirigeants.

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Limplication des responsables politiques a conduit une rflexion sur lindpendance des dcideurs politiques amricains sous la forme de commissions de rflexion charges dlaborer des projets de loi concernant les liens entre le monde politique et celui des entreprises. Ainsi, en mars 2002, le Congrs amricain a approuv une loi modifiant les conditions de financement des campagnes lectorales. Dautre part, suite laffaire ENRON, le General Accounting Office, a engag une action en justice contre ladministration Bush concernant ses relations avec ENRON. En outre en situation dimperfections de march, les pouvoirs publics doivent prendre les mesures adquates afin de limiter les consquences ngatives de ces dfaillances. Laffaire ENRON, qui a rvl diffrentes dfaillances la fois de la part du march de laudit et des marchs financiers, invite donc une plus grande intervention de la part de lEtat dans la rgulation de ces marchs. Cela conduit des nouvelles rgles en matire daudit et de scurit financire avec comme objectif un renforcement de la surveillance des entreprises, des auditeurs et des marchs financiers. Aux Etats-Unis, ces diffrentes mesures ont t prises avec la promulgation de la loi Sarbanes-Oxley. Elle traite des dirigeants, de la profession daudit, des analystes financiers et des normalisateurs. Les dirigeants devront dsormais eux-mmes certifi les comptes de leur entreprise. De plus, les dirigeants ayant clairement abus de leur pouvoir perdront leur droit doccuper des postes responsabilit dans une entreprise. Enfin, ils devront informer immdiatement le public lorsquils dcideront dacheter ou de vendre des titres de la socit. Cette loi cre un nouvel organisme indpendant, le Public Company Accounting Oversight Board (PCAOB), dont les membres sont nomms et lactivit surveille par la SEC. Il sera charg de surveiller les auditeurs des socits cotes et de sanctionner ceux qui ne respectent pas les rgles. La profession daudit passe ainsi quasiment sous contrle public. Ensuite, elle labore de nouvelles rgles pour les auditeurs telles que : lobligation de recourir deux auditeurs diffrents pour certifier les comptes ; la rotation des auditeurs tous les cinq ans ; un accroissement des sanctions pour fraudes et destruction de documents comptables ; linterdiction de cumuler certaines missions au sein dune mme entreprise audite. Enfin, la loi prcise et accrot le rle des comits daudit. Les auditeurs dune entreprise sont dsormais en relation avec le comit daudit et non plus avec les dirigeants.

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Le comit doit aussi approuver les diffrents services fournis par la socit daudit dans un souci dindpendance. Paralllement laction des pouvoirs publics, les organisations professionnelles ont elles aussi ragi au scandale ENRON-Andersen. Ainsi, lAICPA, qui malgr la diffusion de ses codes de conduite (Code of Professional conducts) na pas russi empcher les auditeurs dENRON de frauder et de dtruire des documents comptables, a labor en 2002 une nouvelle norme dite SAS 99. Cette nouvelle norme dfinit un nouveau code de conduite pour les auditeurs et propose un guide leur permettant de dtecter et de prvenir la fraude dans les entreprises. Cependant, les recommandations de lAICPA ne sadressent pas seulement aux auditeurs. La norme SAS 99 insiste galement sur la ncessit defforts internes lentreprise de la part des dirigeants, des managers et des auditeurs internes chargs de mettre en place des systmes de contrle interne permettant de dtecter la fraude et surtout de la prvenir grce au dveloppement dune vritable culture dentreprise base sur lhonntet et lthique.

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Master Finance et Economtrie Conclusion

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A lgard de ce qui vient dtre expos, il convient de remarquer quENRON a conu un systme qui a conduit droit sa faillite. En effet, disposant dun supra-pouvoir et des comptences pousss, la firme a russi en espace de quelques annes dominer le march nergtique amricain. Cependant, les grosses installations font craindre les investisseurs qui souhaitent la liquidit de leur pargne (portefeuille). Ce fait va alors pousser les dirigeants dENRON inventer des pratiques financires et comptables ultra sophistiques masquant toutes dfaillances et montrant une perspective des profits. ENRON naurait pas russi monter un tel systme sans le concours et la complicit dautres acteurs. On cite en premier le cabinet daudit Arthur Anderson qui tait alors la fois auditeur, employ et conseill. Ce cabinet a dtruit les documents comptables pour cacher toutes traces pouvant linculper, au dbut des rumeurs sur lendettement excessif de la firme. Dautres collaborateurs sont galement dnoncer outre les dirigeants et les actionnaires. Il sagit des politiciens qui font passer les lois, des banques et des traders aveugls par le profit de spculation, des journalistes. Les consquences de cette faillite furent les plus dsastreuses de US car non seulement a appauvrit plein dinvestisseurs mais pire des milliers demploi et dpargnes retraites. Indirectement cette banqueroute a entrain la fermeture de beaucoup dautres entreprises notamment les filiales dENRON. Les sources de la faillite imputes dans labsence de rglementation, et vue galement son ampleur, les dcideurs politiques ont pu apporter des correctifs aux problmes pour prvenir les consquences nfastes de ce genre.

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Master Finance et Economtrie Bibliographie ABSALON Aurlia TOTH Esther : laffaire Enron BAUMANN C. et PIAGET M., La chute de lempire Andersen Carol LAMBERT et Claude CAZES : Les vrais problmes de laudit Deakin S. and Konzelmann S.J., Learning from Enron, ESCR

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Didelot L. et Duval G. Les sept plaies dEnron , Alternatives conomiques Fay S. et Orange M. Laffaire Enron oblige les comptables faire leur autocritique Frdric MARTY : le cas Enron : Les enseignements pour la rglementation FUGGER J. Faux et usage de faux. Enron, le krach de la confiance Ghislaine GARMILIS et Marie-Claire Leon ENRON : quand la finance pte les plombs Henri ZIMNOVITCH : La Troisime Rvolution industrielle au risque dEnron et Vivendi Hill A., Chaffin J. and Fidler S., Enron : Virtual Company, Virtual Profits http://fr.wikipedia.org/wiki/Enron http://lexinter.net/ACTUALITE/enron_les_aspects_comptables.htm http://online.wsj.com/article/SB10001424052748704224004574489324091790350.html http://www.oodoc.com/37213-enron-chute-crise-consequences.php Raphal Hadas-Lebel La crise californienne : du bon usage de la drgulation du march de llectricit

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