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R E V U E « à la une » veut aider à com- prendre le monde, et des infogra- phies -l'actualité illustrée- dres- sent un panorama de sujets et de sorties intéressant les adolescents. A compter du 1er février Astrapi, n°367, organise différemment son sommaire et les lecteurs gagnent de la place pour s'exprimer. « Le petit Journal » change lui aussi de maquette, il devient monochrome et respire mieux. Une sélection L'incroyable aventure du violo- niste Pierre Amoyal à qui on a volé son célèbre stadivarius. Il l'a récupéré quatre années plus tard, grâce à une véritable enquête poli- cière. Un récit authentique raconté par Bernard Mérigaud, journaliste à Têlérama. N°16, février 1994 de Je lis des histoires Le Prince des voleurs, une histoire écrite par Jennifer Dalrymple et illustrée par François Place dans le n°205, février 1993 de J'aime lire. Je bouquine fête ses dix ans avec un roman de Michel Tournier, ha Couleuvrine, illustré par Claude Lapointe, dans le n°121, mars 1994. C'est aussi l'occasion de poser dix questions à Daniel Pennac, Anthony Horowitz, Marie-Aude Murail (pour les auteurs)... et de proposer dix por- traits d'enfants au destin particu- lier, photographiés par Catherine Cabrol. Dans le numéro précé- dent, n°120, Fanny Joly propo- sait, avec ]ennifer l'enfer, une his- toire plus vraie que nature sur l'accueil mitigé, par Marion et sa D E S famille, d'une correspondante an- glaise. Tournesol était-il un scientifique, Hergé un précurseur ? Mythes et démystification de « l'oeuvre scientifique » dans les albums de Tintin. Mikado. n°123, janvier 1994. Les thèmes du moment Le ski : ses origines (c'est en Suède qu'on a découvert les plus vieux skis, ils datent de 3200 ans avant Jésus-Christ !) et ses pionniers (en Mongolie, en Suède, en Italie et en France avec Henri Duhamel fon- dateur du Club alpin français en 1872). Une manière de saluer les Jeux Olympiques dans la BT n°1055, février 1994. Baleines en danger ! Wapiti, n°83, février 1994 lance à nouveau un cri d'alarme. Comme toujours la revue explique, informe et appelle ses lecteurs à réagir, à leur niveau. Même thème dans le n°56, février 1994, de Science et Vie Junior. Autre animal à protéger, l'élé- phant, le géant de la terre, dans le n°62, février 1994 d'Images Doc. Pour rester dans le domaine de l'écologie Le Journal de Mickey, n°2171, 26 janvier 1994 propose un concours avec la collaboration du Centre National de Documen- tation Pédagogique. Les enfants sont invités à devenir « éco-détec- tives » en agissant sur l'environne- ment. Chaque classe (du CEI à la 5ème) doit mener une enquête, au choix, sur la collecte des papiers et cartons, du plastique, du verre, des piles ou de l'aluminium. R E V U E S REVUES DE LANGUE ANGLAISE par Caroline Rives Beaucoup de numéros spéciaux thématiques, les responsables de centres de documentation en sont très reconnaissants : Le n°4, vol. 31 de Bookbird (hiver 1993), est consacré (« miroir, joli miroir ! ») aux revues profession- nelles. L'Argentine et l'Iran pré- sentent leurs périodiques spéciali- sés ; James Frazer rappelle avec humour (et un brin de nostalgie ?) l'histoire de Phaedrus. L'accès in- ternational à l'information biblio- graphique en littérature de jeu- nesse est présenté dans l'article de Gillian Adams, qui est responsable des Children's literature abstracts (source d'informations unique, ir- remplaçable, et insuffisamment connue en France), et dans celui de Lena Tornqvist et Anne de Vries qui se lancent dans la pros- pective : la base CLIP, qui devrait permettre d'accéder sous forme électronique aux références d'ar- ticles parus à travers les revues des différents pays. La littérature 106 / LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS

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« à la une » veut aider à com-prendre le monde, et des infogra-phies -l'actualité illustrée- dres-sent un panorama de sujets et desorties intéressant les adolescents.

A compter du 1er février Astrapi,n°367, organise différemment sonsommaire et les lecteurs gagnentde la place pour s'exprimer. « Lepetit Journal » change lui aussi demaquette, il devient monochromeet respire mieux.

Une sélection

L'incroyable aventure du violo-niste Pierre Amoyal à qui on avolé son célèbre stadivarius. Il l'arécupéré quatre années plus tard,grâce à une véritable enquête poli-cière. Un récit authentiqueraconté par Bernard Mérigaud,journaliste à Têlérama. N°16,février 1994 de Je lis des histoires

Le Prince des voleurs, une histoireécrite par Jennifer Dalrymple etillustrée par François Place dansle n°205, février 1993 de J'aimelire.

Je bouquine fête ses dix ans avecun roman de Michel Tournier, haCouleuvrine, illustré par ClaudeLapointe, dans le n°121, mars1994. C'est aussi l'occasion deposer dix questions à DanielPennac, Anthony Horowitz,Marie-Aude Murail (pour lesauteurs)... et de proposer dix por-traits d'enfants au destin particu-lier, photographiés par CatherineCabrol. Dans le numéro précé-dent, n°120, Fanny Joly propo-sait, avec ]ennifer l'enfer, une his-toire plus vraie que nature surl'accueil mitigé, par Marion et sa

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famille, d'une correspondante an-glaise.

Tournesol était-il un scientifique,Hergé un précurseur ? Mythes etdémystification de « l'oeuvrescientifique » dans les albums deTintin. Mikado. n°123, janvier1994.

Les thèmes du moment

Le ski : ses origines (c'est en Suèdequ'on a découvert les plus vieuxskis, ils datent de 3200 ans avantJésus-Christ !) et ses pionniers (enMongolie, en Suède, en Italie et enFrance avec Henri Duhamel fon-dateur du Club alpin français en1872). Une manière de saluer lesJeux Olympiques dans la BTn°1055, février 1994.

Baleines en danger ! Wapiti, n°83,février 1994 lance à nouveau uncri d'alarme. Comme toujours larevue explique, informe et appelleses lecteurs à réagir, à leur niveau.Même thème dans le n°56, février1994, de Science et Vie Junior.

Autre animal à protéger, l'élé-phant, le géant de la terre, dans len°62, février 1994 d'Images Doc.

Pour rester dans le domaine del'écologie Le Journal de Mickey,n°2171, 26 janvier 1994 proposeun concours avec la collaborationdu Centre National de Documen-tation Pédagogique. Les enfantssont invités à devenir « éco-détec-tives » en agissant sur l'environne-ment. Chaque classe (du CEI à la5ème) doit mener une enquête, auchoix, sur la collecte des papierset cartons, du plastique, du verre,des piles ou de l'aluminium.

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REVUESDE LANGUEANGLAISEpar Caroline Rives

Beaucoup de numéros spéciauxthématiques, les responsables decentres de documentation en sonttrès reconnaissants :

Le n°4, vol. 31 de Bookbird (hiver1993), est consacré (« miroir, jolimiroir ! ») aux revues profession-nelles. L'Argentine et l'Iran pré-sentent leurs périodiques spéciali-sés ; James Frazer rappelle avechumour (et un brin de nostalgie ?)l'histoire de Phaedrus. L'accès in-ternational à l'information biblio-graphique en littérature de jeu-nesse est présenté dans l'article deGillian Adams, qui est responsabledes Children's literature abstracts(source d'informations unique, ir-remplaçable, et insuffisammentconnue en France), et dans celuide Lena Tornqvist et Anne deVries qui se lancent dans la pros-pective : la base CLIP, qui devraitpermettre d'accéder sous formeélectronique aux références d'ar-ticles parus à travers les revuesdes différents pays. La littérature

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enfantine deviendra-t-elle adulteen se dotant d'instruments de re-cherche modernes ? On ne peutque le souhaiter. A suivre donc...et n'oublions pas de féliciter larevue de l'IBBY pour sa nouvellemaquette.

Dans le même ordre d'idées (la re-cherche), Marilyn L. Miller envi-sage dans l'IFLA Journal, vol. 19,n°2, 1993, l'impact sur les biblio-thèques des travaux menés sur lespratiques de lecture des enfants.Elle rend compte de plusieursétudes récentes : une enquêtemenée en 1991 par l'AmericanLihrary Association, pour laquelle500 enfants entre 6 et 10 ans ontété interrogés sur ce qu'ils pen-saient de la lecture. Ils fontpreuve d'un certain bon sens :s'ils ne croient pas que les fortslecteurs soient des martiens, ils nepensent pas pour autant que lalecture permet de se faire desamis. La quasi-totalité reconnaîtqu'il vaut mieux savoir lire pouraccéder à un emploi satisfaisant.Une autre étude, menée parl'Indiana Youth Institute en 1992,met en valeur l'importance del'offre et de la médiation, et la né-cessité du partenariat entre biblio-thèques publiques et bibliothèquesscolaires. Le Center for the Bookà la Bibliothèque du Congrès aenfin publié en 1991 les résultatsd'une enquête sur l'évolution durapport à la lecture à travers ladurée de la vie des lecteurs, quimontre l'importance d'une sensi-bilisation précoce. Le monde desbibliothèques doit en tirer lesconséquences, en particulier en cequi concerne la formation des bi-bliothécaires pour enfants, quitouchent un public pour lequel cecontact avec le livre est crucial, et

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l'importance de la coopérationentre les différents professionnelsdu livre et de la lecture.

Un autre aspect des aides à la re-cherche est exploré dans le n°4,vol. 6 (été 1993), du Journal ofYouth Services in Libraries avecun article de Karen Nelson Hoylesur les fonds spécialisés de Uvrespour enfants dans les bibliothèquesaméricaines. Une typologie et unbref historique des principales col-lections, quelques principes de bi-bliothéconomie adaptée, une des-cription des publics intéressésconstituent autant d'éléments quipourraient inspirer les bibliothé-caires français, qui se sont peuaventurés sur ce terrain.

Pour redoubler les miroirs, nousrecevons par le biais du n°69,1993 de Canadian Children's Li-terature, un panorama historiqueet anglophone de la littérature en-fantine en France, réalisé parClaire L. Malarte-Feldman : unebrève chronologie, un rappel de larévolution éditoriale des années70, la liste des principales maisonsd'édition, les principaux travauxde recherche sur la littérature en-

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fantine et la lecture des enfants,les outils de la recherche, une bi-bliographie de et sur les livrespour enfants. Tout cela peut per-mettre à un étudiant étranger demener une première approche ;mais on aurait pu espérer être plussurpris par un regard extérieur,qui reste assez conventionnel.

Le n°3, vol. 31 de Bookbird (sep-tembre 1993) est consacré à la vio-lence dans les livres pour enfants :la violence des images de SarahMoon pour le Petit ChaperonRouge, la violence dans les livrespour enfants brésiliens, refletd'une histoire politique et socialemouvementée, la violence plusfeutrée des livres pour enfants ca-nadiens. Des voix plus anciennes,celles de Bruno Bettelheim et deJella Lepman, situent la problé-matique dans l'évolution desidées. Une bibliographie interna-tionale sur le sujet complète cenuméro stimulant.

CBC Features, qui a aussi effec-tué un lifting agréable sur sa ma-quette, propose dans son n°2, vol.46, d'été-automne 1993 un dossiersur un sujet original : les mathsdans les livres pour enfants. Lalecture-plaisir par les maths (deCooking fractions à Ealing frac-tions !), la face cachée des livres àcompter, la place des livres demaths dans les bibliothèques, lavulgarisation de concepts abstraitspar les contes de fées (Mélisanded'Edith Nesbit et la croissance ex-ponentielle des cheveux !), autantde sentiers passionnants et peubattus.

Children's Literature AssociationQuarterly, dans son n°3, vol. 18,automne 1993, se penche sur la

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condition des pères dans la littéra-ture enfantine d'hier et dans lecinéma d'épouvanté d'aujour-d'hui. Le père incarne la loi, la di-vinité et la punition sans étatsd'âme dans les livres de JacobAbbott, auteur américain du XIX'siècle. Son rôle est déjà plusambigu chez Charles Kingsley etGeorge MacDonald qui oscillententre les valeurs masculinesconventionnelles et la tentation duféminin. Leurs œuvres sont repré-sentatives des certitudes affichéeset des angoisses latentes dans latradition puritaine préfreudienne.La figure paternelle de l'Enchan-teur Merlin stimule l'imaginairecontemporain d'écrivains commeRosemary Sutcliff ou Jane Yolen.La famille se détruit et perd tousses repères dans un film récent deJoël Schumacher, The Lost boys,où le père perd le combat contre levampire, figure perverse et andro-gyne. En dessert, nous avons droità une érudite étude d'AnnMeinzen Hildebrand sur le combatallégorique entre « bonheur » et« malheur » (en français dans letexte) dans l'œuvre de Jean deBrunhoff, renvoyant ainsi à la tra-dition iconographique médiévaledes Psychomachia.

Canadian Children's Literatureconsacre un passionnant et copieuxdossier à un sujet malheureuse-ment éternellement actuel, lacensure, dans son n°68 de 1992.Comment répondre point par pointde façon efficace et posée aux mul-tiples arguments d'adultes qui sou-haitent évacuer des rayons des bi-bliothèques pour enfants les livresqui heurtent telle ou telle de leursconvictions ? Quel est le hit-paradedes livres dérangeants et commentla presse rend-elle compte de ces

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controverses ? Comment lesauteurs en butte à de telles at-taques réagissent-ils ? Toutes cesquestions trouvent des réponses àtravers des témoignages d'écrivains(celui de Susan Musgrave, qui re-vendique d'être une authentiquesorcière est particulièrement dé-concertant), des conseils pratiques,et des études de cas. Au-delà desaffrontements traditionnels, l'écri-vain Tim Wynne-Jones s'interrogesur les formes plus insidieuses decensure qui transparaissent àtravers l'idéologie contemporainede la political correctness : dansquelle mesure un écrivain peut-ilprendre la parole au nom desautres ? Qui a le droit de raconterdes blagues galloises ? Un jeuneNoir né au Brésil peut-il prendreun pseudonyme féminin pourpublier des nouvelles dans un ma-gazine féministe ? Tim Wynne-Jones lui-même ne doit-il écrireque des romans « dont tous les per-sonnages sont des hommes, blancs,quadragénaires, qui ont mal au doset qui vivent dans les bois del'Ontario de l'Ouest ? ». Nousretrouvons enfin un personnageconnu, le père, dans un article deClaire Le Brun, qui constate soneffacement progressif dans lesromans québécois pour adolescentsdes années 80. « Rêveur, soumis,veule, borné, puéril, fugueur,absent, ou encore inexistant : voilàquelques-uns de ses attributs lesplus fréquents ». Tout un projet,que Claire Le Brun assimile à unprojet de censure inconsciente.

Victime d'un ostracisme similaire ?La Petite maison dans la Prairiesuscite des méfiances dans la cri-tique américaine. Dans Booklistdu 1" et 15 juin 1993, MichaelDorris rapporte sa pénible expé-

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rience quand, sur la foi d'un sou-venir d'enfance émerveillé, il avoulu la lire à haute voix à sesfilles, qui ont des ascendances in-diennes. Les commentaires sur lesPeaux-Rouges des parents Ingalls,modèles de vertu par ailleurs, sontimprononçables de nos jours.Mieux vaut, dit Michael Dorris,qui ne souhaite pas les faire dispa-raître radicalement, que lesenfants lisent ces livres eux-mêmes, quand ils sont assez mûrspour faire la part des choses. Parailleurs, un livre de WilliamHoltz, The Ghost in the LittleHouse, : a life of Rosé WilderLane, jette un doute sur la res-ponsabilité véritable de LauraIngalls Wilder dans la rédactionde son œuvre. Barbara Bader enrend compte dans le Horn Bookde décembre 1993 : il sembleraitque la fille de l'auteur, RoséWilder Lane, ait joué le rôle dunègre de sa mère. Cette affaire aapparemment fait scandale auxEtats-Unis, mais l'éditorial dunuméro souligne avec sagessequ'un livre ne souffre pas forcé-ment d'un travail collectif, et quel'expérience de Laura IngallsWilder lui appartenait en propre.Beaucoup de bruit pour rien ?

Dans le même ordre d'idées,Anthony E. Greaves s'interrogesur la réception contemporaine dela série Biggles, dans Signal, n°72,septembre 1993. Cette série, trèspopulaire auprès des garçons desannées 50, vient d'être rééditée.L'auteur de l'article a pris le risquede s'y replonger et en ressort à peuprès indemne grâce à une dose nonnégligeable d'humour acide.L'univers de Biggles est très stricte-ment hiérarchisé : c'est un mondede surhommes, issus de la classe

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dominante, britanniques. Cette ap-partenance autorise toutes les com-pétences, y compris linguistiques !La valeur suprême est la fidélité àVUnion Jack, et l'équipe passeavant l'individu, ce qui est lemessage de base des livres dits« pour les garçons », qu'il s'agissede sport ou de guerre. Faut-il voirdans la lecture précoce de Bigglesune explication aux réticences bri-tanniques face à l'Union euro-péenne ?

Le Journal of Youth Services inLibraries alimente le débat en pu-bliant dans son n°l , vol. 7,automne 1993 un dossier consacréau roman pour adolescents. On ytrouve des articles sur les imagesféminines dans les romans descience-fiction et l'homosexualitédans la fiction, ainsi que deux co-pieuses et intéressantes interviewsde M.E. Kerr et de RobertCormier, qu'on retrouve toujoursavec plaisir. Il s'explique ici sur lafaçon dont U construit ses person-nages et dont ceux-ci réagissent àla construction de l'intrigue. Lui,qui a été si souvent la cible descenseurs définit sa position per-sonnelle : « Je n'ai pas de patiencevis-à-vis des censeurs, parce queje crois à l'autocensure... Si je nesouhaite pas que ma proprefamille lise quelque chose, il vautmieux alors que je ne le mette pasdans mes livres ». Le dossier seconclut sur un bilan de 25 ans derecherche en littérature pour ado-lescents : un considérable travailbibliographique est en cours,mené par Elizabeth Ann Poe,Barbara G. Samuels et BettyCarter. Il a à ce jour permis dedresser une typologie de la docu-mentation disponible : listes delivres recommandés, articles écrits

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par des auteurs de livres pouradolescents, études critiques surdes écrivains, passerelles entrelivres pour adultes et b'vres pouradolescents, études thématiques,influence des problèmes sociaux,enquêtes sur les goûts des lecteurset leurs réactions à la lecture decertains livres, promotion de lalecture... L'éventail est trèsouvert. Les auteurs voient dansl'analyse structurale des textes unchamp encore insuffisamment dé-broussaillé et prometteur.

Le même numéro propose unarticle très intéressant sur unprojet d'OPAC à destination desenfants mené à la bibliothèque pu-blique de Denver. Il ressemblecomme un frère au projet ScienceLibrary Catalog mené par UCLA(cf. « Revue des revues en langueanglaise », R.L.P.E. n°140, été1991). Basé sur une recherche ar-borescente inspirée d'une classifi-cation Dewey très remaniée et del'accès par centres d'intérêt, ilpermet en cliquant à l'aide d'unesouris de repérer les documentsrecherchés. Les auteurs sontpartis d'une étude des thèmes ré-currents dans les recherches en-fantines et du langage qui peutêtre compris par les utilisateurs.Une abondante utilisation d'icônesconstitue une aide supplémentai-re, et comme Science LibraryCatalog, Kid's Catalog propose àl'issue de la recherche une locali-sation visualisée sur un plan de labibliothèque. L'OPAC pour lesenfants constitue un des modesd'accès au catalogue général de labibliothèque et est proposé enoption par la société qui commer-cialise son logiciel, CARL Systems,sur Macintosh ou sur Windows.

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REVUESDE LANGUEESPAGNOLEpar Jacques Vidal-Naquet

Bibliothèques

Au sommaire de plusieurs revuesla question des relations entre bi-bliothèque et écoles. Comunidadeducativa (n°208) étudie à traversplusieurs articles le rôle respectifdes bibliothèques publiques et sco-laires dans la diffusion de lalecture en Espagne. Prenantl'exemple de la Castille, Antoniodel Moral Sanchez présente lesstructures des différents servicesde bibliothèques de la région quifacilitent la collaboration avec descentres scolaires, particulièrementdans les petites communes (moinsde 3 000 hab.) puis les différentesmodalités de coopération entre bi-bliothécaires et enseignants, leursavantages et inconvénients. Lereste du numéro insiste surtout surl'importance d'une bibliothèqueau sein de l'école voire au sein dela classe - perçue comme lacolonne vertébrale du systèmeéducatif - et sur ses modalités defonctionnement. Educacion y bi-blioteca (n°43,1994) publie un en-tretien avec Paulette Bernhardqui, après avoir été en poste àParis (INRP) puis à Tunis, estmaintenant enseignante à l'école debibliothéconomie et des sciences del'information de l'Université deMontréal, chargée des biblio-thèques scolaires. Abordant desquestions telles que l'évaluationde l'impact de la bibliothèque surles résultats des élèves et sur leurcapacité à développer de manièreautonome la recherche d'informa-

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tion, elle insiste sur une organisa-tion de la bibliothèque prenant encompte les modes de recherche desenfants et surtout sur la nécessitéd'une formation des bibliothé-caires en sciences de l'éducation ;propos qui renouvellent les dis-cours tenus sur cette question. Ontrouvera aussi dans ce numéro unarticle sur les bibliothèques sco-laires argentines et dans le n°41sur les bibliothèques scolaires cu-baines.

Livre et édition

Alacena (n°16, 1994.) consacre undossier au thème de la commerciali-sation du livre pour enfants etdonne la parole aux différentsacteurs ou intermédiaires de la pro-fession : directeur commercial desprincipaux éditeurs, libraires, dif-fusion en grande surface et télévi-sion. Signalons tout particulière-ment l'article de Pep Duran,libraire à Barcelone qui montre lerôle tout à fait essentiel que peutjouer le libraire dans la diffusiondu livre et de la lecture : éditiond'une revue critique (Atiza), orga-nisation de débats, visites dans lesécoles... Un libraire qui s'inscritdans le long terme sans pour autantoublier les impératifs commerciaux.Un grand absent de cette analysedes circuits de diffusion : les biblio-thèques dont le rôle commercialn'est sans doute pas négligeable.Luisa Mora dans un article-bilansur la production éditoriale pourenfants et sur quelques auteurs del'année estime que l'année 1993confirme la tendance de repliconstatée en 1992, après une« décade prodigieuse ». Une situa-tion qui a l'avantage de voir la ré-édition de certaines valeurs sûres,

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la stabilisation de certaines collec-tions et enfin la reprise en collectionde poche de certains titres. Des élé-ments - nous dit-on - qui devraientpermettre une consolidation de cesecteur de l'édition espagnole (Uro-gallon°88/89).Signalons encore le numéro spécialde la revue El Urogallo, paru àl'occasion du salon de Bologne1993, sur le livre pour enfants enEspagne qui aborde la situation del'édition en 1992-93, les illustra-teurs, les auteurs ainsi que l'éditionrégionale.

Des auteurs...

El Urogallo publie un entretienavec Christine Nostlinger dont lamoitié de l'œuvre a été traduite enespagnol. C'est l'occasion pour cetauteur de réaffirmer quelques-unes de ses idées sur la littératureenfantine et sur l'écriture pourenfants. Si son oeuvre touche la viequotidienne des jeunes (amitié,amour, école, etc.) elle refuse ce-pendant d'« être une société deservice qui cherche à satisfaire lademande du client ». Négligeantquelque peu l'image, elle accordeune importance décisive à la lan-gue : « A l'heure d'écrire un livre,seule la langue m'importe »... et autravail pour que chaque phrase« me fasse ressentir, sentir et voirtout ce que j'ai voulu transmettre ».Si elle reconnaît une certaine spé-cificité de l'écriture pour enfants -un auteur ne part pas de sonpropre niveau conceptuel quand ilcherche des formulations mais ilessaye de traiter le thème sous unangle (pii soit intelligible pour despetits enfants - elle souligne qu'unlivre pour enfants n'a pas à êtrecompréhensible à tous les niveaux.

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Paulina de A. M. Matute,ill. Cesca Raune, in : CLIJ n° 53

« S'ils veulent avancer dans la viecela n'a pas de sens qu'ils ne lisentque ce qu'ils connaissent ». EnfinChristine Nostlinger refuse defaire œuvre éducative - refusant lanotion même d'éducation - et rap-pelle non sans humour que « la lit-térature enfantine n'est pas unepilule pédagogique enveloppéedans du papier recouvert delettres ». (n°86/87).La revue CLIJ, par ailleurs, nouspropose une série d'articles consa-crés à des auteurs espagnols etétrangers ou à des périodes de lalittérature de jeunesse espagnole.Anabel Saiz Ripoll se penche surles années 1960, période d'éclo-sion de la littérature de jeunesseespagnole qui voit l'émergence denouveaux auteurs, la création denouvelles maisons d'édition et denouvelles collections parallèlementà une libéralisation juridique enterme de contenu. L'article est unparcours parmi des auteurs et desœuvres marquants tels que Miguel

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Los Ninos, Capuz in : CLIJ, n° 58

Bunuel, Montserrat del Amo,Joaquin Aguirre Bellver, ConchaFernandez-Luna, Carmen Kurtz,Angela C. Ionescu, Jaime Ferran,Rafaël Morales, Antonio JimenezLandi et surtout José Ma SanchezSilva (auteur notamment de Mar-celino Pan y vino, ouvrage nonencore traduit en français) et AnaMaria Matute dont on connaît enFrance Le Passager clandestin etNin, Paulina et les lumières de hmontagne... Dans le mêmenuméro, la suite du débat engagésur l'existence d'une école espa-gnole d'illustration, à travers lepoint de vue de Miguel AngelPacheco qui défend la thèse del'existence de personnalités bril-lantes plus que d'une réelle école(CLIJ N°53). Ana Garralon s'inté-resse, elle, à Tomi Ungerer dontl'œuvre est encore relativementpeu traduite en Espagne. Lesalbums traduits sont surtout ceuxqui paraissaient le moins déran-geants tels que Les Mellops,Crictor, Adélaïde. L'accueil d'unlivre comme Les Trois brigands adonné lieu à une polémique etdeux traductions ; enfin l'uniquelivre qui arriva en Espagneprécédé d'un scandale fut Pas de

baiser pour maman. Autre auteurfrançais à la une de CL1], Sempédont l'œuvre est analysée parRicardo Martinez Llorca. (CLIJn°54).Un numéro thématique est consa-cré à l'œuvre de Mark Twain,abordée sous ses différentes fa-cettes. En introduction une auto-biographie « burlesque » publiéeen 1871 par Mark Twain. Deux ar-ticles biographiques sur un auteurdont l'œuvre est difficile à classeren genres - nous dit XavierLaborda - tant elle est liée à sabiographie. Il nous propose néan-moins une tentative de classementen livres de voyages, romans etromans historiques, récits, écritsautobiographiques. Autre thèmetraité par ce numéro, les illustra-teurs de son œuvre tant du côtéaméricain que du côté espagnol etcatalan. On y trouve des nomscomme Arthur Burdett Frott(1851-1928), Howard Pyle (1853-1911), Edward Windsor Kumble(1861-1933), N.C. Wyeth, FrankT. Merrill, Joan Vda d'Ivori (1890-1947), Josep Obiols (1894-1967).L'auteur regrette pour conclureque Twain n'ait pas encore trouvéen Espagne de grand illustrateur.

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Enfin un article sur les adapta-tions cinématographiques del'œuvre de Twain, un autre de LuisQuintana qui analyse Huckleberryet une bibliographie pour clore cenuméro décidément bien intéres-sant (CLIJ n°55).

Contes

Les Mille et Une Nuits sont le« classique » analysé dans le n°56de la revue CLIJ. Rappelons quenous devons la première traduc-tion européenne de l'arabe de cetexte fondamental à AntoineGalland (1646-1715). D faudra at-tendre 1964 pour connaître la pre-mière traduction castillane due àJuan Vernet. Cependant Carlos G.Barcena nous rappelle que cer-tains de ces récits étaient connusen Espagne dès le XHIe siècle. Leconte toujours, dans le n°58 deCLIJ qui consacre un article àFernan Caballero (pseudonyme deCecilia Bôhl de Faber), pionnièreen Espagne de la collecte descontes populaires et auteur d'unepremière anthologie adressée auxenfants. Elle est un peu aux contespopulaires espagnols ce que furentles frères Grimm aux contes ger-maniques. Montserrat AmoresGarcia qui analyse son ouvrage,Cuentos, oraciones, adivinas y re-franes populares i infantiles(Madrid : Fontanel, 1877) retraceles caractéristiques les plus mar-quantes flans l'organisation et lechoix des œuvres et souligne quesa formation allemande lui faitadopter les présupposés des frèresGrimm pour la publication deleurs contes (1812-1819). L'auteurinsiste sur le choix volontaire d'undestinataire et sur les préoccupa-tions morales et didactiques chezFernan Caballero. Faristol (n°17),

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revue en catalan est, lui, entière-ment consacré aux contes popu-laires.

Autres thèmes

L'enfant dans la littérature « pouradultes » est le thème retenu pourun long article qui analyse desœuvres de Miguel Delihes, CharlesDickens, Alain Fournier, JuanGoytisolo, Gunter Grass, JamesJoyce, Doris Lessing, Ana MariaMatute, Thomas Mann, AlbertoMoravia, Robert Musil, Saint-Exupéry, Michel Tournier, MarioVargasLlosa...

Après des indications sur lesétudes existantes et sur leur mé-thodologie, les auteurs tentent dedéfinir une typologie prenant encompte des éléments tels que l'âgede l'enfant, le moment de la vieenfantine retenu, sa personnalité,son environnement, le traitementformel (narrateur-protagoniste,narrateur-témoin, modalité durécit). Pour conclure, les auteursinsistent sur les thèmes etpréoccupations communs à la lit-térature destinée à la jeunesse et

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la littérature destinée aux adultes(CLU n°52).Dans quelle mesure la littératureenfantine reflète-t-elle aujour-d'hui les changements sociauxconnus par les femmes depuis lesannées 1970 ? C'est pour répondreentre autres à cette question queTeresa Colomer a analysé uncorpus de 150 titres espagnols etétrangers parus en Espagne etretenus par la critique depuis lafin des années 1970. Une des fonc-tions éducatives de la littératurede jeunesse - nous dit TeresaColomer - tout au long de son his-toire a été la transmission cultu-relle des modèles féminins et mas-culins. La littérature enfantinea-t-elle vraiment pris « le parti desfilles » ? Une réponse nuancée estapportée dans cet article. Enconclusion l'auteur souligne« qu'en définitive l'image dechaque sexe offerte par la littéra-ture enfantine et de jeunessereflète nécessairement les évolu-tions de la société mais que leprogrès ne semble pas encoreassez consolidé » (CLLJ n°57).En catalan Faristol n°16 nous

R E V U E S

propose un dossier thématique surla bande dessinée, avec des ar-ticles sur l'histoire de la BD enlangue catalane, l'adaptation desromans en BD, le langage de laBD, un entretien avec VictorMora, traducteur d'Astérix encatalan...et auteur du scénario duCapitan Trueno - voir sur ce hérosde BD né en 1956 l'article de Sal-vador Vazquez de Parga CLIJn°53 - Un numéro qui se terminepar une bibliographie sur les BDen catalan.

Au sommaire des revues d'Amé-rique latine, signalons dans LaPallana n°3-4 un article sur l'ado-lescent et la mort dans les fictionslittéraires et un article sur Marce-lino Pan y vino, héros espagnol dela littérature enfantine de JoséMaria Sanchez Silva ; dansBoletin AULI n°26 un article surla bande dessinée comprenant no-tamment une rapide histoire de laBD uruguayenne. Pour concluren'oublions pas le numéro théma-tique de Parapara (n°17-18) surl'humour dans les livres pourenfants.

in : El Urogallo, n° «spécial. Bolonié 93

112 / LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS