reedtz rosembert, un artiste dans l'ombre

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Page 1: Reedtz Rosembert, un artiste dans l'ombre
Page 2: Reedtz Rosembert, un artiste dans l'ombre

2 10 septembre 2013No 934

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL

RÉDACTEUR EN CHEFGaëlle C. ALEXIS

SECRÉTAIRE DE RÉDACTIONDaphney Valsaint MALANDRE

RÉDACTIONDimitry Nader ORISMAGilles FRESLET Myria CHARLESWinnie Hugot GABRIELTeddy Keser MOMBRUNJunior Plésius LOUISRaphaël FÉQUIÈREEnock NÉRÉLégupeterson ALEXANDRE

CORRECTIONJean-Philippe Étienne

CRÉATION ARTISTIQUEResponsable graphiqueRéginald GUSTAVEStevenson ESTÈVEPhotographesFrederick C. ALEXISHomère CARDICHONJules Bernard DELVAMoranvil MERCIDIEUYonel LOUIS

Publicité: 2941-4646 [email protected]

Rédaction: 2945-4646 / 3806-3717

Une publication de Ticket Magazine S.A.

21, 005FANS

Majik Click prépare son come-backAprès la sortie de l’album « Swiv

Nou », le groupe rap Majik Click a effec-tué diverses prestations dans la capitale et dans certaines villes de province. Quel-que temps après, l’on a plus entendu par-ler de ces fils du Bas-Peu-de-Chose (BPC), à part certains membres du groupe, tels que F-Ner et Doc Filah, qui se sont lancés dans des projets en solo. Récemment, via le réseau social Twitter, la formation mu-sicale a annoncé son grand retour au pu-blic. Majik Click promet deux nouveaux morceaux pour bientôt. Ces deux singles seront produits par Dino Blaze ; les fans retrouveront l’«Anbyans Majik» dont seul Majik Click détient la formule. Si ces morceaux regorgent de messages et de « flow » comme ceux que l’on retrouvait dans les textes de l’album « Swiv Nou », Majik Click prouvera à tout un chacun qu’il est « An avans toutan ».

Selon Big JimJusqu’à preuve du contraire, le départ

du rappeur Dug-G de RockFam Lame-a a davantage été provoqué par la sortie de son premier album solo. Paradoxa-lement, pour le plaisir de ses nombreux fans, le rappeur Jimmy Alcindor, dit Big Jim, vient de dévoiler le titre de son premier laser, « Selon Mwen Menm ». D’après l’artiste, « Selon Mwen Menm » est une plaidoirie de sa perception de la vie et de ses différentes facettes. Pour certaines raisons, Big Jim a tenu à ce que son opus comporte treize à quinze morceaux. Des artistes comme Wendyyy Traka, Jeff Replik, Lirikal, Degoutan, DRZ et/ou Tricks Mafya, Queen B, BIC, Spanish, Steven (beatmaker et producteur), Dag Beat, Knaggs, The Core, Episode Quick

Beatz et autres contribueront à la sortie de ce laser. Parallèlement à son enga-gement avec RockFam Lame-a, dès qu’il trouve le temps, il se donne à fond dans la réalisation de son album solo. Tenant compte des strophes épicées de Big Jim, particulièrement dans les morceaux à caractère polémique, les fans du rap doi-vent s’impatienter pour avoir leur disque.

MCX pa manke anyenLe public n’a plus de nouvelles du

rappeur MCX parce que son groupe, « Chalè Repiblik », a confronté des difficultés qui l’ont empêché de perfor-mer. Malgré la passivité de son groupe, MCX s’est battu pour sortir une mixtape, « Mwen pa manke anyen », qui comporte des morceaux sur lesquels on retrouve les rappeurs EastWood, C-Real et autres. Ces derniers, EastWood et C-Real, évo-luent au sein du même label que MCX, Winnaz Entertainment. Pour la mixtape « Mwen pa manke anyen », le beatmaker Dice a concocté les rythmes, et les enre-gistrements ont été effectués au studio d’enregistrement de Winnaz.

MCX, de son vrai nom Denis Jean Emmanuel, fait du rap par passion puisqu’il est comptable et il dit qu’il est également le copropriétaire du studio d’enregistrement Winnaz Entertainment. Son premier morceau solo, « Zanmi », est sorti en 2009, et traite du comportement des faux amis. Avec ou sans « Chalè Repi-blik », MCX promet de remonter la pente et de ne jamais baisser les bras.

DJ PeterlyMix s’est mariéLe DJ PeterlyMix, Dimanche Peter

Evens Aristide de son vrai nom, s’est marié avec la jeune Yslande Poussin. Le

DANS LE RAP cette semaineclub Rendez-Vous 33, sis à Delmas 33, a hébergé la cérémonie. Le parrain de ce mariage n’a été autre que son ami, le rappeur Jean Hubert Valcourt, mieux connu sous le pseudonyme Dug-G. Pe-terlyMix nous a affirmé que cette union lui a permis de devenir plus responsable et d’acquérir plus de maturité au niveau sentimental. Pour l’instant, avec un ami de longue date, le dj travaille sur le projet d’une production, « Nèg a Bab Prodz », qui facilitera la réalisation des activités socioculturelles.

45 Soldiers est en deuil Basé à Jacmel, le groupe 45 Soldiers

qui s’est fait connaître grâce à son track « Text Mwen », vient de prendre un coup dur. Le jeune manager du groupe, Stan-ley Dépestre alias Bob Adonaï, est subi-tement parti vers l’au-delà le samedi 7 septembre, vers 3 h 30 am. Le drame est survenu à Meyer à la suite d’un malheu-reux accident dans lequel Stanley, qui conduisait la voiture, a trouvé la mort. Gravement blessés, les autres passagers ont été transportés d’urgence à l’hôpital St-Michel de Jacmel. La voiturée était composée de quatre jeunes filles et de deux autres garçons.

Bob Stanley Dépestre est venu au monde le 4 octobre 1986 dans le dépar-tement du Sud-Est, plus précisément à Jacmel. Il a fait ses études au Lycée Pinchinat de Jacmel avant d’émigrer vers Fort Lauderdale où il a passé une bonne partie de sa vie. Ticket formule ses condoléances à la famille du défunt et aux membres du groupe 45 Soldiers.

Wendy Simon

Présent en France pour représenter Haïti aux VIIes Jeux de la Francophonie, Jean Jean Roosevelt n’a pas déçu pour sa première prestation. Le public de l’Opéra de Nice a beaucoup apprécié. Toutefois, la décision finale dépend du jury. Il fau-dra attendre les prestations des repré-sentants des autres pays francophones.

On est à Nice, en France. Les rues sont bondées de monde. Cette ville magni-fique accueille un événement majeur cette année. Quand le sport s’allie à la culture pour témoigner de la solidarité francophone, cela donne les Jeux de la Francophonie, une formidable rencontre entre près de 3 000 artistes et athlètes venus de 54 pays.

Après avoir battu le Liban par 2-0 pour leur premier match samedi, l’équipe haïtienne de football s’est inclinée lundi devant le Gabon par trois buts à zéro. Heureusement, la Francophonie n’est pas que du sport. Avant le match, Dieu-lermesson Petit-Frère a représenté Haïti dans un concours de nouvelles, catégorie « littérature ». Trois heures avant le match aussi, Jean Jean Roosevelt qui représente Haïti dans la catégorie « chanson » n’a pas loupé l’occasion. Accompagné de trois musiciens, l’artiste dont la musique est une alliance de rythmes créoles a aimanté l’assistance par le message véhi-culé dans ses chansons traitant l’amour, la paix et ayant une portée universelle. Des messages d’amour et de paix qui peuvent être adressés à n’importe qui, de n’importe quelle nation.

« C’est la première fois que je l’ai vu sur scène, il a beaucoup de talent, l’Haïtien », a glissé une sexagénaire ori-ginaire de Bruxelles qui voulait avoir des nouvelles du pays dont la capitale a été

dévastée par un tremblement de terre le 12 janvier 2010.

Devant la prestation de l’artiste natif de Jérémie qui a interprété, entre autres, « Y a danger », «Pourquoi a-t-on grandi ?», des Haïtiens vivant à Nice – présents à l’opéra – n’ont pas caché leur satisfaction. « Nous sommes fiers de notre pays, a déclaré un couple. Nous ne sommes pas déçus ; nous croyons que Jean Jean ira en finale. »

Pour Jean Jean Roosevelt, jouer à l’Opéra de Nice, théâtre lyrique municipal qui compte 1 083 places, c’est déjà une fierté. Peu importe la décision du jury, la réaction de l’assistance est déjà une satisfaction. « Cela représente beaucoup de chose pour moi, a dit le chanteur. C’est une sorte de récompense de mes efforts dans la musique haïtienne. C’est

Standing ovationpour Jean Jean Rooseveltà l’opéra de Nice

aussi une fierté pour moi, en tant qu’Haï-tien, de représenter mon pays dans un concours de si grande envergure. »

Pas parmi les finalistes ? Cela ne va pas le décourager. « Tout est possible, on attend, tempère Jean Jean. Quelle que soit la décision du jury, je suis satisfait de ma prestation. C’est quand même trois ou quatre personnes qui forment le jury, vu la réaction de l’assistance, je me sens confortable. Cela peut arriver que je ne sois pas sélectionné pour les grandes finales, mais si c’était le public qui votait, j’y aurais déjà ma place. »

En tout cas, Jean Jean y croit. Les membres de la délégation haïtienne aussi.

Valéry DaudierNice, France

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310 septembre 2013No 934

Beaucoup de groupes musicaux considérés comme de grosses poin-tures de la musique haï-

men m ». Ainsi, musiciens et responsables de Gabèl sont sur le point d’attein-dre leur objectif et respec-ter leur promesse qui est de produire dix vidéos de cet album.

Les deux prochaines seront celles des chansons « Baby don’t cry » et « Kon-fesyon ».

La vidéo de « I be-lieve in you », avec Naïla Khol, met en vedette Flav. Réalisé par Luner Eugène, ce vrai petit film de quinze minutes et vingt-deux secondes a été publié le mercredi 4 septembre 2013.

Questionné sur la raison qui a poussé Gabel à réaliser ce court-métrage

tienne, notamment dans le compas direct, ont la mauvaise réputation de ne pas réaliser un nombre

suffisant de vidéos. Certains proches des

responsables évoquent le refus de ces derniers

de dépenser de l’argent ainsi que d’autres difficul-tés, ce qui provoque des baisses de régime ou tout bonnement la dislocation de ces formations musi-cales. Gabèl, de son côté, y prend plaisir et gâte ses fans et les mélomanes avec beaucoup de vidéos.

De son troisième al-bum studio baptisé « G’on jan pou ye » paru en 2011, la bande à Katalòg vient tout juste de réaliser le clip de la cinquième chanson.

C’est le septième clip produit sur cet opus après « G’on jan pou ye », « Fanm sa mare w », « Fè yo wè w », « That’s ok », « Konsyans », et « Li ren-

avec la chanson “I believe in you”, l’acteur Flav a déclaré que le groupe voulait quelque chose que l’on n’avait jamais vu auparavant dans le business. « Après six vidéos, nous voulions faire de la septième une chose spéciale, parce que tout le monde sait que Gabel offre toujours de vidéos à gogo. Donc nous avons fait une courbe de 90 de-grés pour proposer cette vidéo », a fait comprendre Flav.

Gilles Freslet ([email protected])

Mizik Mizik content de fêter avec Yvon Jérôme

Djaz la ap frape, Luck Mervil (au deuxième plan) ap danse ploge

Nido Noël, ex-chanteur de Façade Ricot Mazarin, chanteur des Fantaisistes de Carrefour Yvon Jérôme a bien fêté au New Moving Club

Les Fantaisistes de Carrefour ont assuré

Mizik-Mizik / Les FantaisistesBonne Fête Yvon Jérôme Nu Moving Club - 8 sept 13

Fabrice et Sexy

“ I believe in you”court-métrage de Gabèl

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4 10 septembre 2013No 934

Ici dans les locaux de Mélodie FM, à la rue Capois, le vendredi 6 septembre, une journée portes ouvertes renouvelle la tradition des fêtes d’anniversaire de la radio. L’initiative réunit en nombre le personnel de ce média fondé et codirigé par Marcus Garcia et Elsie Ethéart depuis leur retour d’exil.

Mélodie vit un de ses beaux jours et reçoit une pluie de visiteurs. Mais pas autant que l’année dernière, où l’évé-nement était marqué par la présence de grosses légumes du gouvernement. Toutefois, Richard Devil de L’ISNAC, Raphaël Féquière de Le Nouvelliste et Pierre Richard Cajuste se distinguent des

« Mélodie FM15 ans de différence »

C’est un spot publicitaire qui tourne en boucle sur le 103.3 FM. Un leit-motiv qui rappelle en quelques minutes qu’avec Mélodie, la vie n’est plus la même. « ...déjà quinze ans chez vous du matin au soir. La détente et le sourire dans le meilleur ou le pire... Mélodie, quinze ans de différence », tels sont les mots forts de Marcus Garcia, responsable de ladite institu-tion, qui use de sa voix pour présenter ce nouveau printemps.

personnalités venues souhai-tées un joyeux anniversaire au staff Mélodie cette année. Une fréquence qui se veut une différence en matière musicale et d’objectivité de l’information.

« Depuis quelque temps, Mélodie FM se rapproche un peu plus de la population avec la mise en onde de nou-

velles émissions qui ciblent les jeunes autant que les per-sonnes âgées », informe Ruth

Occéan, animatrice de Le Disque de l’Auditeur.

Dans un article paru sur Haiti Press Network, Marcus, l’éditorialiste et animateur de Mélodie Matin, a déclaré : « Nous sommes très satisfaits. Nous voulons des célébra-tions auxquelles les gens participent. Il y a beaucoup d’intérêt de la part de la population. Notre priorité est de redonner à la popula-tion haïtienne, de lui fournir des bribes de souvenirs par l’entremise d’archives musi-cales, les anciens succès des années 60-70-80 et 90. Sur ce plan-là, c’est réussi. »

Dans la matinée, Marcus Garcia a ouvert le program-me avec l’historicité de la radio. Les fidèles du 103.3 FM ont ponctué de remer-ciements et de souhaits les instants de diffusion consa-crés aux auditeurs durant la journée. Avec des pièces musicales qui ont traversé les générations, Mélodie a joué sur son point fort et bouclé la journée sur bonne note. Un quinzième fêté à sa juste valeur.

Dimitry Nader Orisma

Énorme gâteau pour quinze ans d’anniversaire

Deux des plus anciennes collaboratrices de Mélodie

Johnson Dérosin, Dominique Batraville et Milka Jean-Baptiste Désir

Les animateurs de l’émission Time Is Music en photo souvenir Les animateurs de l’émission Krezi Samdi

Richard Devil et Marckenson François au micro de MélodieRuth Occéan, animatrice à Mélodie FM, et Pierre Richard Cajuste, ex-délégué d’Haïti à l’ONU

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510 septembre 2013No 934

À cinq ans, il avale deux épingles que sa mère a attachées sur du tissu. Inquiets, ses parents l’emmènent à l’hôpital. Le médecin provoque, grâce à des laxatifs, une diarrhée, pour tenter d’expulser les deux épingles. Rien n’y fait, il reste longtemps aux toilettes sans jamais les éjecter. Le médecin dit ne rien compren-dre puisque, normalement, elles devai-ent sortir. Serait-ce un signe du destin ? En tout cas, ce fils à maman aide cette dernière dans son métier de couturière. Il file les machines à coudre, met en bobine le fil ou remplace les cannettes…

À sept ans, un coup d’essai se révèle fructueux. Un client passe à la maison tandis que la mère s’absente de la ville pour au moins dix jours. Le petit Reedtz, comme un grand, prend les mensu-rations sous prétexte que sa mère lui a confié cette tâche, délicate pour un enfant de son âge. A l’insu du client et de sa mère, il exécute la commande telle que le ferait celle-là. Quand maman rentre enfin, elle s’étonne de l’audace de son fiston. Mais, dans le vieux Port-au-Prince, un garçon ne doit pas s’intéresser à la couture. La médecine et le génie civil sont alors à la mode ; sans trop le forcer, sa maman lui suggère de se concentrer sur les études et d’abandonner un tant soit peu la couture qui est, selon elle, une passion passagère.

Devenu majeur, Reedtz est rat-trapé par ce béguin et suit des cours de couture par correspondance. Le jeune homme laisse tomber rapidement, car il trouve cela peu pratique. Il préfère s’exer-cer avec une petite amie de l’époque qui partage aussi cette passion. L’apprenti s’offre alors une première machine à coudre. La clientèle devient sérieuse à partir de 1986. Il coud à l’époque pour le magasin Irma Moda Italiana qui n’existe plus aujourd’hui. C’est encore le temps fort du tourisme. Il a par conséquent rarement du temps libre. D’autres clients s’amènent, tels qu’Alimpex et Unibank.

« Ma relation d’amour avec le ballet folklorique Bacoulou date de si long-temps », dit-il, sans arriver à se rappe-ler depuis quand cette passion dure. Cette fidélité lui attire d’autres écoles de danses telles que Régine Montrosier Trouillot et Ayiti Tchaka Danse. Reedtz dit que son doigté à réaliser les costumes traditionnels et folkloriques vient du fait que sa mère était pratiquante du vodou. Il se rappelle qu’elle la voyait associer tel tissu ou telle robe à tel ou tel rythme du tambour. De ce fait, les clients lui font confiance avec leurs commandes qu’il exécute bien, sans qu’on lui donne trop de détails. Par exemple, si Bacoulou lui commande des uniformes pour une chorégraphie pétro, le rythme guerrier, il précise, en fermant les yeux, que le rouge sera dominant et que le design doit aller dans ce sens. Selon les dires de l’artiste, les clients de Reedtz Rosembert ne sont jamais insatisfaits.

Le designer adore travailler le pailleté, le licra et le siam. Des tissus qui dispa-raissent de temps en temps, selon lui, de notre paysage en faveur des pacotilles. Avec ses huit employés, il travaille entre 8 heures du matin et 4 heures de l’après-midi. Sa femme Marcelle, qui ne connaît rien à la couture en dépit de leurs dix-neuf ans de mariage, lui sert parfois de modèle. Sa fille Michaëlle qui est quant à elle une as en dessin, l’aide aujourd’hui avec les croquis. Son fils Dave aussi l’aide

quelques fois. Il n’y a pas longtemps, ce dernier a été blessé par une machine. Contrairement à ses parents, Reedtz dit ne voir aucun inconvénient à ce que ses enfants aillent vers la couture après le baccalauréat.

Outre sa famille, ce qui motive l’artiste à travailler, c’est le café. Il en prend tous les jours. Selon lui, cela l’aide à rester éveillé quand il doit faire des heures supplémentaires pour rendre des com-mandes qui vont au-delà de mille pièces, dans des délais brefs. Dans le métier, trois personnes lui servent de modèles : Sté-phane Doura, Marie-Thérèse Fouchard et Miko Guillaume. La première pour ses robes de soirées, la deuxième pour la classe de ses produits, et le dernier pour ses multiples propositions.

Reedtz dit s’éloigner de la lumière de la popularité et de l’exposition dans les médias pour plusieurs raisons. D’abord, il est timide (il fixe rarement son inter-locuteur). Deuxièmement, la fois où il s’est apprêté à sortir une collection, une compagnie lui a en acheté les droits. Il ne pouvait y résister, car à l’époque, il devait payer une grosse dette. Aujourd’hui, encouragé par les amis et les clients, l’homme entend désormais montrer son savoir-faire au grand public. Il garde un bon souvenir du Surinam. Ses habits por-tés par les danseurs de Bacoulou ont été mis en grand plan dans une édition du Surinam Times parue durant le Carifesta.

Il envisage de réaliser des défilés avec une collection qu’il est en train de créer, de porter une dernière touche à des commandes sur lesquelles il travaille depuis quelque temps, et de réaména-ger, au cœur de Pétion-Ville, son atelier qui avait dû se déloger à Péguy-Ville il y a quelques années.

Chancy [email protected]

Reedtz Rosembertun artiste dans l’ombre

Son nom ne sonne pas « nèg lakay », et pourtant c’est un couturier avec un sens aigu de la culture haïtienne. Après plus de trente ans de carrière, cet Haïtien avec un aïeul alle-mand est une légende vivante pour ceux qui ont fait appel à ses services et qui lui sont restés fidèles. Portrait d’un timide qui a plein de mérite.

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Lundi 9 et mardi 10 septembre 20136

SELECTION NATIONALE / mArAThON

La chaise musicale continue en tête du classement du groupe des champions. Après le Racing Club Haïtien et l’AS Mirebalais, c’est le tour du Valencia FC. Il a repris son bien en balayant l’AS Petit-Goâve (4-0) à l’occasion de la 6e journée. Ainsi, les protégés de Guston Jean-Louis ont détrôné l’AS Mirebalais qui a été malgré tout impitoyable face à la modeste équipe de l’Aigle Noir AC (3-0) au stade Sylvio Cator. En raison d’un meilleur goal average, ce sont les lauréats de la dernière édition qui occupent la tête du classement.

Les deux véritables raclées de la journée est à mettre à l’actif de l’AS Mirebalais et de Valencia FC de Léogâne. Ce dernier a fait

voler en éclats la défense de l’AS Petit-Goâve (4-0). Muet depuis plusieurs mois, Walson Augustin s’est offert un doublé, le meilleur réalisateur de la compétition, André Amy et Géraldy Joseph ont été les autres bourreaux des Petit-Goâviens qui les avaient bat-tus (1-0) à l’aller au parc Anglade.

Ex-æquo avec l’AS Mirebalais (12 points), les Léoganais avec un meilleur goal average que les Mirebalaisiens, tombeurs (3-0) de l’Aigle Noir AC grâce à un doublé de Cliff Cantave et un but de Rodelin « Makawon » Joseph, prennent la tête du groupe des champions.

Bien qu’invaincue dans la phase finale, l’AS Mirebalais n’occupe que la deuxième place du groupe devant le Racing Club Haïtien.

A Saint-Marc, les équipes locales continuent de faire du surplace. Elles n’ont pu vaincre les vieux démons qui les ont empêchés de s’imposer à domicile. A l’instant du Tempête FC, le Baltimore SC reste sur un nombre incalculable de match sans victoire au parc Levelt. Le dernier en date, celui disputé face au Racing Club Haïtien (0-0).

Autant dire, la bataille pour le titre se jouera entre les équipes du Valencia FC, de l’AS Mirebalais et du Racing Club Haïtien. Tout compte fait, le Baltimore SC (6 points), l’AS Petit-Goâve (5 points) et l’Aigle Noir

AC (2 petites unités) semblent être écartés de la course.

Groupe des relégablesA quatre journées de la fin de la

phase finale du groupe des relégables du championnat national de D1, il est tout simplement impossible de se prononcer sur les deux équipes qui prendront la route vers la descente en D2. Pour preuve, le Tempête FC (5e) au classement, tenu en échec par le Victory SC (1-1), et première équipe relégable dans ce groupe n’est qu’à une victoire du trio de tête. Ce dernier est composé du Don Bosco, tombeur de l’América FC (1-0) grâce à un pré-cieux but de Peguero Jean-Philippe, du Cavaly AS, victorieux du Fica (1-0), but de Kimberly François.

Le Don Bosco, le Cavaly AS et le Fica ont chacun 10 points, contre 7 pour l’équipe « Belle Colonne ». Bien que battu au stade Sylvio Ca-tor, l’América FC compte 8 points. Le Victory est dernier au classement avec 4 points.

Si les protégés du Dr Gérard Janvier gagnaient les quatre derniers matches du groupe, ils pourraient bien tenir leur place dans l’élite du football national. Le classement est très serré et il faut aller jusqu’au bout pour identifier les deux équipes qui seront reléguées en deuxième divi-sion. Pour l’instant, aucune équipe n’est exempte.

Groupe des Champions, résultats de la 6e journée

Samedi 7 septembre 2013Aigle Noir AC - AS Mirebalais:

0-3 Rodelin « Makawon » Joseph 10’, Cliff Cantave 54’ et 72’ (Asm)

Dimanche 8 septembre 2013Valencia FC - AS Petit-Goave: 4-0

Walson Augustin 31’ et 45’, André Amy 41’ et Géraldy Joseph 89’ (Val)

Baltimore SC - Racing Club Haï-tien: 0-0

Classement1-Valencia FC : 12 points 11BP

– 4BC (+7)2-AS Mirebalais : 12 points 10BP

- 4BC (+6)3-Racing Club Haïtien : 11 points

6BP – 5BC (+1)4-Baltimore SC : 6 points 1BP –

2BC (-1)5-AS Petit-Goâve : 5 points 3BP

– 9BC (-6)6-Aigle Noir AC : 2 points 4BP

– 10BC (-6)

Groupe des Relégables, résultats de la 6e journée

Samedi 7 septembre 2013Tempête FC - Victory SC : 1-1

Eliphène Cadet 83’ (Tfc), Bony Pierre 65’ (Vict)

Dimanche 8 septembre 2013Don Bosco - America FC : 1-0

Peguero Jean-Philippe 76’ (Don)Cavaly AS – FICA : 1-0 Kimberly

François 49’ (Cav)Classement1-Don Bosco : 10 points 8BP –

3BC (+5)2-Cavaly AS : 10 points 4BP –

3BC (+1)3-Fica : 10 points 6BP – 8BC

(-2)4-América FC : 8 points 5BP –

5BC (0)5-Tempête FC : 7 points 6BP –

5BC (+1)6-Victory SC : 4 points 5BP –

10BC (-5)

Légupeterson Alexandre/[email protected]

Valencia FC en tête des champions

Quatre matches discontinués pour cause d’incidents, quatre gagnés sur tapis vert, quatre nuls dont trois 0-0 et six vic-

toires enregistrées sur le terrain pour autant de défaites, tel est le bilan de la 20e journée du championnat national de D2 disputée le week-end écoulé. Au terme de cette journée, deux nou-velles équipes sont reléguées en ligue. Ce sont deux anciens pensionnaires de la D1 : l’Eclair AC des Gonaïves (G1) et l’US Frères (G3). En revanche, l’AS Dessalines a fait un pas de géant pour conserver sa place en D2 l’an prochain en prenant le meilleur aux dépens de son homologue de l’AS Saint-Louis du Nord (2-0).

En effet, après avoir inscrit un doublé pour permettre aux Dessa-liniens de s’imposer (2-0) face aux Gonaïviens du Racing FC, Sonel Pierre

s’est offert un nouveau doublé. Sa nouvelle victime porte le nom de l’AS Saint-Louis du Nord. Cette dernière s’est inclinée sur le score de (2-0). Grâce à cette belle performance, les coéquipiers de Boyer Lafontant grap-pillent trois places au classement. Ils sont désormais 6e avec 29 points.

Tout compte fait, trois équipes dans le groupe I, l’AS Capoise (40 points), le Racing FC (36 points) et le Racine GM (35 points) (mais qui compte un match en moins), sont en course pour le gain des deux places donnant accès au tour final.

Scénario identique dans le groupe II. Les équipes de l’AS Verrettes (39 points), la Police nationale (39 points) (mais avec un match en moins) et l’ASR (37 points), sont en pôle position pour s’adjuger les deux seules places dispo-nibles pour disputer les Play-offs.

Au contraire des deux premiers groupes, le groupe III est plus ouvert. Ainsi, elles sont au nombre de cinq (5) et à deux journées de la fin de la saison régulière, les équipes qui ont de fortes chances de disputer le tournoi hexa-gonal final. Ce sont respectivement, le leader, la Relève (38 points), la Juventus des Cayes et Amateur (34 points), le Violette AC et l’US Dufort (33 points). Même les équipes à 31 points n’ont pas encore dit leur mot dans le groupe III.

Pour rappel, les équipes de l’AS Li-monade, et désormais l’Eclair AC des Gonaïves (Groupe I), le Dynamite de Saint-Marc et l’AS Maïssade (Groupe II), l’AS Carrefour et le Barcelone de Carrefour, et maintenant, l’US Frères (Groupe III) ont déjà pris la porte de la descente en ligue à deux journées de la fin de la saison régulière.

Légupeterson Alexandre

Eclair AC et US Frères relégués en ligue

ChAmpIONNAT NATIONAL dE d1

philbert mercéus (don Bosco) essaie de rattraper le ballon dans la défense d’America.(photo : Yonel Louis)

ChAmpIONNAT NATIONAL d2

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Lundi 9 et mardi 10 septembre 2013 7

Groupe I, résultats et calendrier de la 20e journée

Samedi 7 septembre 2013Racing des Gonaïves - Port-de-Paix FC: 0-0Dimanche 8 septembre 2013Limbé FC - Racine de GM: discontinué Eclair AC - AS Capoise : 0-0AS Dessalines - AS St-Louis du Nord : 2-0Jeunesse Sportive Capoise - US la Jeune : 0-0

Classement1-AS Capoise : 40 points 33BP – 9BC (+24)2-Racing FC : 36 points 22BP – 9BC (+13)3-Racine (Gros-Morne) : 35 points 22BP – 16BC (+6)4-JS Capoise : 33 points 23BP – 17BC (+6)5-AS Saint-Louis du Nord : 31 points 27BP – 14BC (+13)6- AS Dessalines : 29 points 16BP – 12BC (+4)7-AS l’Estère : 29 points 19BP -24BC (-5)8-Limbé FC : 28 points 16BP – 13BC (+3)9-Port-de-Paix FC : 27 points 15BP – 12BC (+3)10- US la Jeune (Pignon) : 25 points 18BP – 22BC (-4)11- Eclair AC (Gonaïves) : 20 points 13BP – 19BC (-6)12-AS Limonade : 0 point 0BP – 56BC (-56)

Groupe II, résultats de la 20e journéeVendredi 6 septembre 2013Dynamite – Triomphe FC : discontinuéArcahaie FC – Police Nationale : 1-0 discontinuéDimanche 8 septembre 2013ASR – AS Verrettes : 2-0Vision AC – JSR : discontinuéPanthère Noire – Roulado G : 2-0

Classement1-AS Verrettes : 39 points 28BP – 11BC (+17)

2-Police nationale : 39 points 23BP – 12BC (+11)3-ASR : 37 points 26BP – 14BC (+12)4-Vision AC : 33 points 29BP – 12BC (+16)5-Triomphe FC : 33 points 16BP – 17BC (-1)6-Arcahaie FC : 32 points 25BP – 12BC (+13)7-JSR : 28 points 19BP - 17BC (+2)8-Roulado SM : 22 points 14BP – 16BC (-2)9-Panthère Noire : 22 points 14BP – 16BC (-2)10-Roulado G : 16 points 10BP – 26BC (-16)11-Dynamite : 15 points 10BP – 22BC (-12)12-AS Maïssade : 9 points 9BP – 48BC (-39)

Groupe III, résultats de la 20e journéeVendredi 6 septembre 2013Violette AC – US Dufort : 1-0Dimanche 8 septembre 2013Juventus – Amateur FC : 2-2Inter GG – US Frères : 3-0 FAS Carrefour – AS Aquin : 1-0La Relève – Rangers : 3-1

Classement1-La Relève : 38 points 33BP – 16BC (+17)2-Juventus : 34 points 18BP – 9BC (+9)3- Amateur FC : 34 points 20BP – 15BC (+5)4-Violette AC : 33 points 21BP – 12BC (+9)5-US Dufort : 33 points 15BP – 10BC (+5)6-AS Aquin : 31 points 24BP – 14BC (+10)7-Eclair FC : 31 points 20BP -19BC (-1)8-Inter GG : 25 points 16BP - 14BC (+2)9-Rangers M : 22 points 15BP – 21BC (-6)10-US Frères : 19 points 14BP - 23BC (-9)11-ASCAR : 19 points 13BP – 27BC (-14)12-Barcelone : 7 points 5BP – 34BC (-29)

D2: résultats et calendrier des groupes

GROUPE ALes matches de mardi ne concer-

nent pas les deux équipes de tête, exemptées. Rendez-vous donc le 11 octobre pour un Croatie-Belgique sans doute décisif: il ne faudra plus qu’un point aux Belges pour se qua-lifier.

Classement:1. Belgique 22 2. Croatie 17

GROUPE BL’Italie a creusé un bel écart

en tête du groupe. Il suffit aux vi-ce-champions d’Europe en titre de gagner à domicile contre la Républi-que tchèque pour aller directement au Brésil quels que soient les autres résultats derrière. Il existe d’autres scénarios: si tout le monde fait nul mardi soir, l’Italie sera qualifiée, par exemple.

Classement: 1. Italie 17 2. Bulgarie 10

GROUPE CL’Allemagne, logiquement en

tête de sa poule, peut se qualifier dès mardi. Si elle gagne aux Iles Féroé (0 point, dernier de la poule, déjà éliminé, 175e nation Fifa) et si la

Suède ne gagne pas au Kazakhstan, par exemple, la Mannschaft aura son ticket pour le Brésil.

Classement:1. Allemagne 19 2. Suède 14

GROUPE DLes Pays-Bas sont dans la même

situation que l’Allemagne, et une vic-toire chez la faible Andorre (0 point, déjà éliminée, 205e nation Fifa), combinée à un nul de la Roumanie face à la Turquie, par exemple, peut envoyer les Oranje au Brésil.

Classement: 1. Pays-Bas 192. Roumanie 13

GROUPE ELa Suisse est en tête de son grou-

pe. Une victoire en Norvège mardi lui permettrait de mettre un coup au moral d’un concurrent direct. Mais cette victoire pourrait aussi offrir aux Suisses un aller simple pour Rio si ce succès était combiné à des nuls dans les autres affiches par exemple.

Classement: 1. Suisse 2. Norvège

GROUPE FLa Russie, 2e, a l’occasion de

reprendre la 1re place du groupe avec la réception d’Israël, alors que le Portugal, leader, est exempté. Dans le match russo-portugais qui se des-sine, les Russes cornaqués par Fabio Capello ont toujours un atout dans la manche, avec ce match en retard sur la bande de Cristiano Ronaldo. Mais ce sera serré jusqu’au bout, puisque deux points seulement séparent Por-tugais et Russes.

Classement: 1. Portugal 17 2. Russie 15

GROUPE GLe suspense est total, avec la Bos-

nie et la Grèce à égalité de points. La Bosnie a fait parler la poudre et sa dif-férence de buts (+19 pour l’instant, contre +4 à la Grèce) pourrait se ré-véler décisive lors du bilan comptable final (la différence de buts générale est le premier critère en cas d’égalité de points).

Classement:1. Bosnie 16 2. Grèce 16

GROUPE HLes débats sont intenses dans

cette poule. L’Angleterre se déplace en Ukraine pour un match lourd d’en-jeux. Une victoire des Anglais leur

permettrait de gêner des Ukrainiens bien placés (3e à un point de la tête) et de consolider leur place de leader en l’absence de match du Monténé-gro, exempté.

Classement:1. Angleterre 15 2. Monténégro 15

GROUPE IL’Espagne, leader, ne joue pas en

qualifications (amical contre le Chili en Suisse). La France, elle, est dans l’obligation de gagner pour enrayer une spirale négative: cinq matches sans victoire et sans marquer toutes compétitions confondues. Avec un succès, les Bleus reviendraient à éga-lité de points avec les Espagnols. Mais en octobre, la Roja jouera deux fois et la France une seule fois. La France doit assurer sa place en barrages avant tout.

Classement: 1. Espagne 142. France 11NDLR: Les 9 vainqueurs des

groupes qualifiés pour la phase finale au Brésil. Les 8 meilleurs deuxièmes joueront des barrages aller-retour, les 4 vainqueurs rejoignant la phase finale.

Europe: premières qualifications attenduesmONdIAL-2014

L’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suisse pourraient être les premières équipes européennes à se qualifier pour le Mondial-2014 au Brésil mardi.

Page 8: Reedtz Rosembert, un artiste dans l'ombre

8 10 septembre 2013No 934

Dossiers Interdits

Par Gary Victor

-Monsieur Ouari, dit Immacula, la secrétaire de la Société Anonyme de Désenvoûtement, visiblement gênée. Il y a quelqu’un qui tient absolument à vous voir. Il n’a pas de rendez-vous, mais….

-Mais quoi, demanda Ouari, sans le-ver la tête des dossiers qu’il analysait. Je ne reçois que sur rendez-vous. Nous sommes débordés ces jours-ci, Imma-cula. Vous le savez mieux que moi.

-C’est qu’il ne s’agit pas de n’im-porte qui ?

-Vous n’allez pas me dire qu’il s’agit du Président de la République, fit Ouari… Il n’y a que pour lui que je ferais une exception.

-C’est mieux que cela, dit Imma-cula. C’est un consul américain.

Ouari se leva de son siège, soudain en colère.

-Ils ont le toupet de venir ici après ce qu’ils nous ont fait la dernière fois qu’on a travaillé pour eux. Dites-lui d’aller voir ailleurs.

-Je ne quitterai pas ce bureau sans vous voir, dit une voix en français, avec un fort accent américain.

Un homme, un Blanc en costume cravate s’était glissé derrière la secré-taire.

-Qui vous a permis d’entrer ? rugit Ouari.

-Ce n’est pas moi, gémit Immacu-la… Je lui avais dit d’attendre.

-Dehors, hurla Ouari… Vous voulez encore nous utiliser pour vos sombres projets… Dehors !

-Cent mille dollars, laissa tomber le consul… Je vous donne ma parole que ma démarche est honnête.

Ouari se laissa choir dans son fau-teuil comme s’il venait d’être achevé par un uppercut bien placé.

-Pour cent mille dollars, je peux consentir au moins à vous écouter. Prenez place.

Ouari fit signe à Immacula de sortir. -Ce que j’ai à vous dire doit rester

entre nous, monsieur Ouari, dit l’amé-ricain. Permettez-moi de me présenter. Johnson Wells, du consulat américain.

Il tendit une carte à Ouari.-De quoi s’agit-il ? demanda Ouari.

Ne me dites pas que des Haïtiens sont arrivés encore une fois en Floride sans qu’on sache comment.

-Non, monsieur Ouari. Le problème est plus pernicieux. Vous savez que les consuls jouissent d’un pouvoir discrétionnaire. Ils appliquent les lois, mais leurs décisions sont sans appel. Nous avons dû parfois sévir contre des fonctionnaires peu scrupuleux qui croyaient pouvoir profiter de leurs po-sitions pour s’enrichir. Mais cette fois, ce sont tous nos consuls qui se met-tent à délivrer des visas sans aucune justification.

-Je ne comprends pas.

-Nous avons fait une vérification sur ordinateur. En l’espace d’un mois, nous avons délivré trois cent trente visas à des gens totalement non qualifiés. Tous nos fonctionnaires sont impliqués dans cette affaire sans qu’ils comprennent après coup comment ils ont pu se faire avoir.

-Vous avez tout examiné ? deman-da Ouari.

-Tout, dit le consul. Une rumeur circule parmi le personnel haïtien de l’ambassade.

-Quelle rumeur ?Le consul toussota, visiblement peu

à son aise.-On prétend que le consulat serait

pris d’assaut par des zombis.Ouari ne put s’empêcher de sourire.-Monsieur Wells, Hollywood nous a

habitués à ces zombis qui s’avancent comme une armée d’épouvantails et qui dévorent les êtres humains. Je crois que l’ambassade américaine peut se prémunir contre de telles choses. Sauf que je ne vois pas comment un zombi peut passer tous les contrôles jusqu’à se présenter devant un consul pour demander un visa.

Le consul soupira.-Je soupçonne depuis longtemps

que les zombis d’Hollywood et des séries télévisées n’ont rien à voir avec la réalité. Mais il se passe quelque chose que nous ne pouvons pas com-prendre, monsieur Ouari. Si nous ne trouvons pas une solution, nous allons être obligés de fermer temporaire-ment le consulat.

Il suait. Cet entretien devait être pénible pour lui.

-C’est l’affolement chez nos fonc-tionnaires. Ils ont beau prendre toutes les précautions, cela ne marche pas. Et nous avons l’effet inverse. Ils refusent des gens qualifiés tandis qu’ils accor-dent, sans le savoir, un nombre impor-tant de visas à d’autres personnes qui ne le sont pas. C’est comme si, à un certain moment, devant une personne bien déterminée, le fonctionnaire perdait toutes ses facultés et tombait sous le contrôle mental du demandeur de visa se trouvant devant lui, et sans que rien dans son comportement ne trahisse un malaise quelconque.

-C’est en effet curieux.Le consul ouvrit son attaché-case

et prit un document qu’il tendit à Ouari.

-Voici un dossier complet que nous vous avons préparé. Nous voulons des résultats rapides, et cela dans la plus totale discrétion.

-L’argent ? demanda Ouari.-J’oubliais, dit le consul.Il avança une enveloppe vers Ouari.-C’est un chèque de cinquante mil-

le dollars. Le reste quand vous aurez les résultats que nous souhaitons.

Ouari hésita avant de prendre le

chèque.-La SAD ne sera pas doublée par

une officine secrète ? Sinon, c’est nous qui allons perdre notre crédibilité. Nous allons nous faire crucifier par nos nationalistes qui auront toutes les raisons de dire que nous travaillons pour que nos savoirs passent dans les laboratoires américains.

-Vous avez ma parole, dit le consul. De toute manière, vous êtes avertis. On ne pourra plus vous mener en bateau.

Ouari prit le chèque qu’il examina avec soin.

-Tout semble correct, dit-il.-Nous vous donnons deux semai-

nes, avertit le consul. Sinon, nous serons obligés de nous adresser à qui de droit. Ce ne sera pas bon pour les honnêtes gens qui désirent se rendre aux USA.

Ouari se leva pour faire compren-dre que l’entretien était terminé. Dès que le consul fut parti, il demanda à Immacula de faire chercher en urgen-ce Bernard Sourbier.

***-Vous acceptez de travailler pour

ces gens après ce qu’ils nous ont fait la dernière fois ! s’étonna Sourbier.

-Les affaires vont mal, se justifia Ouari. On ne va pas cracher quand même sur cent mille dollars.

Bernard Sourbier examinait rapide-ment le dossier laissé par le consul. Lui et Ouari s’étaient surtout intéressés à plusieurs témoignages d’agents de sécurité de l’ambassade. Deux d’entre eux certifiaient qu’ils avaient reconnu plusieurs zombis, mais la seule preuve qu’ils avançaient était leur faculté « mystique » de pouvoir reconnaître ces créatures. Pourquoi alors ne leur interdisait-on pas l’entrée au consu-lat ? Les agents disaient alors que ces zombis avaient l’apparence de gens tout à fait normaux, des gens de bien précisaient-ils, et qu’ils ne pouvaient oser prendre une telle décision que leur reprocheraient leurs employeurs qui ne verraient rien de suspect chez ces solliciteurs de visas.

-Il n’y a qu’une chose à faire, dit Sourbier.

-Je sais, fit Ouari. La rue. Faire le tour des agences interlopes pour es-sayer de découvrir quelque chose.

-Je pense pouvoir aller plus vite, lui fit comprendre Sourbier,

Il se leva, alla vers la fenêtre que Ouari avait ouverte, car l’air condition-né, encore une fois, ne fonctionnait pas. Sourbier composa un numéro sur son portable. Pendant qu’il s’entre-tenait au téléphone, Ouari revoyait encore une fois le dossier laissé par le consul. Il n’y avait rien dedans qui pouvait leur permettre d’avancer. Sourbier raccrocha et revint vers Ouari, l’air satisfait.

-Il se passe quelque chose en effet Ouari. Je viens de parler à Jean Jean, un ami qui est depuis longtemps sur ce marché interlope de visas. Quelqu’un est en train de se tailler la part du lion. On se bat pour le voir.

-C’est qui ?-Jean Jean ne veut pas me dire plus

au téléphone. Il me dit que des gens ayant la langue un peu trop pendue l’ont payé de leur vie.

Comme Ouari le regardait avec un air interrogatif, il continua.

-J’ai rendez-vous avec Jean Jean dans une heure. Il va demander à être payé pour qu’il puisse fournir des informations.

Ouari soupira tristement.-On nous offre cent mille dollars.

Mais allez doucement avec votre ami.Il se mit à pianoter sur son bureau.-Mon petit doigt me dit que nous

allons vers une sacrée surprise.

À suivre

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VOLET 3-1

ZOMBIS ETPHOTOCOPIE