rapport de visite de prison a arivonimamo

31
Université d’Antananarivo DEGS DROIT Institut d’Etude Judiciaire (IEJ) Année d’étude : 2011-2012 RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO RAKOTOMALALA Harimihantasoa Daniella Date de dépôt : 23 Février 2012

Upload: others

Post on 23-Jun-2022

6 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Université d’Antananarivo DEGS

DROIT

Institut d’Etude Judiciaire (IEJ)

Année d’étude : 2011-2012

RAPPORT DE VISITE DE PRISON

A ARIVONIMAMO

RAKOTOMALALA

Harimihantasoa Daniella

Date de dépôt : 23 Février 2012

Page 2: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

INTRODUCTION GENERALE

Afin d’apprécier pleinement le rapprochement entre les cours théoriques de sciences

pénitentiaires délivrés en salle et la réalité quotidienne de l’univers carcéral malgache, la

visite d’un établissement pénitentiaire est un passage obligatoire, au cours de notre formation

à l’institut d’étude judiciaire, pour ce faire, un groupe de 27 étudiants issu de l’institut a

effectué une identification sur terrain de la maison centrale d’Arivonimamo, c’est donc cette

premier partie du devoir , que nous allons établir le rapport de cette descente, et ce dans le

dessins d’identifier clairement le type de régime pénitentiaire effectivement applique à la

prison d’Arivonimamo, nous ferons alors dans un premier plan une description générale de

la journée du 14 Janvier 2012 puis dans un second, un état des lieux, de l’objet de notre

visite . ensuite dans un troisième, nous traiterons du thème qui nous est donné à étudier.

Page 3: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Première Partie: Description générale de la visite de la maison centrale d’Arivonimamo

Nous étions à peine une dizaine, sur le parking de l’université à l’heure convenue, pour le

départ vers Arivonimamo, en effet nous ne partîmes que vers 7heures et demie, une fois

l’équipe au complet, malgré cela nous étions arrivé un peu avant neuf heures à la maison

centrale d’Arivonimamo, heure à laquelle les agents de l’établissement nous attendaient, nous

fûmes accueillis par le chef d’établissement de la prison, le contrôleur d’administration

pénitentiaire principal, 5ème échelon RAKOTONIRINA Olivier .

Arivonimamo est une commune urbaine située dans la Province de Tananarivo, au centre de

Madagascar. La ville est reliée par la route nationale 1 des deux villes de Tsiroanomandidy (à

l’Ouest) et de Antananarivo(à l’Est) . Centre Administratif ou Chef de Circonscription

Administrative, Arivonimamo est le Chef-lieu de District de la province d’Antananarivo, de la

Région Itasy, Arivonimamo est composé de vingt et une communes. L’Ancien aéroport

international d’Antananarivo était situé sur son territoire avant son remplacement par celui

d’Ivato, en 1967. Aujourd’hui, il est devenu un aérodrome civil.

La visite commença par un entretien avec le chef d’établissement une séance de question

réponse d’environ une heure, pendant laquelle les étudiants ont pu établir une vision

d’ensemble sur la vie à la prison d’Arivonimamo. La maison centrale est située au centre de

la ville d’Arivonimamo, à quelques mètres du tribunal de première instance, on la reconnait

au premier abord par le barrage de sécurité rouge et blanc qui délimite son périmètre à

l’entrée, un bâtiment sert de bureau au chef d’établissement, le bureau mène ensuite vers un

petit couloir qui aboutit vers un endroit improvisé en parloir, ensuite un second bâtiment sert

de bureau au reste du personnel pénitentiaire .

Derrière des portails en bois se trouvent les quartiers des détenus, la prison se subdivise en

deux quartiers, homme et femme, chaque quartier est doté de plusieurs bâtiments servant de

chambre aux détenus, au centre desquels, il y’a une grande cour intérieure.

La prison est vieille, son édification date d’ailleurs de la colonisation et à travers son aspect

on voit qu’il n’est pas une forteresse par essence, malgré son guérite et sa clôture de pierre

surmonté, de barbe-let .La prison peut accueillir en principe 80 détenus.

Page 4: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Ancienne maison de sureté pendant la colonisation, l’édifice est ensuite transformé en garage

administratif, à l’indépendance, avant d’être érigé en maison centrale lors de la création du

Premier instance d’Arivonimamo.

La visite de l’établissement a duré environ trois heures, ensuite le groupe est parti en

reconnaissance

de la nouvelle maison de force d’ANDRANGARANGA, en reconnaissance en effet car du

fait d’une anomalie lors de sa construction, on ne peut pas encore user de l’ouvrage.

Apres une excursion près du lac Antaboka, le groupe repris la route du retour vers 15 heures

et demie, nous somme arrivé vers 17 heures à Antananarivo après quelques escales sur le

chemin pour satisfaire quelque peu , certain achats des traditionnels « voandalana » .

Page 5: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Deuxième Partie : Etat des lieux de la maison centrale d’Arivonimamo .

Nous procéderons dans ce second chapitre, a une étude approfondie d’un modèle de société

pénitentiaire qu’est la maison centrale d’Arivonimamo . A travers cette étude nous essaierons

de redéfinir les méthodes d’organisation et de fonctionnement de la maison centrale, et en

second lieu de distinguer ses différentes composantes et le mode de traitement qu’on y

applique.

Chapitre 1 : Organisation et fonctionnement de la prison d’Arivonimamo

1 Organisation générale de l’administration pénitentiaire

A-généralité :

L’article premier du décret 2006-015, portant l’organisation générale de l’administration

pénitentiaire, du 17 Janvier 2006 stipule que « l’administration pénitentiaire rattachée au

ministère de la justice est composée d’une administration centrale et de service extérieure »

en ce sens à Madagascar l’administration pénitentiaire est soumis au principe de la

déconcentration.

Les services extérieurs sont composés par des directions régionales auxquelles se rattachent

les différents établissements pénitentiaires.

À la tête de chaque établissement est placé un chef d’établissement qui est assisté d’un ou

plusieurs adjoints et d’un surveillant général.

A Madagascar les établissements pénitentiaires sont repartis en cinq catégories :

Les maisons centrales

Les maisons de forces

Les maisons de sureté

Les établissements destinés à l’enfance délinquante

Les camps pénaux

L’objet de notre étude portera sur la première catégories d’établissement pénitentiaire, les

maison centrale, et plus particulièrement celle d’Arivonimamo,objet de notre visite .

Page 6: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

B)- hiérarchie et fonction des corps de l’administration pénitentiaire

Le décret 2005-015 dispose 04 catégories de personnel pour le fonctionnement des

établissements pénitentiaires

- les inspecteurs et inspecteur généraux : formés à l’école national d’administration ils

sont appeléau fonction de direction et de contrôle de l’administration pénitentiaire

- les contrôleurs de l’administration pénitentiaire formé au centre national de formation

administrative ils sont en général, nommé en tant que chef ou directeur d’établissement

pénitentiaire.

- les éducateurs spécialisés, chargés principalement de la rééducation des condamnés,

principalement mineur.

- les greffiers comptables : chargés de l’administration financière et de la bonne

application de la loi, en particulier du code de procédurepénal.

- les agents pénitentiaires : principaux surveillants des détenus.

2- organisation de la maison centrale d’Arivonimamo

Dans chaque établissement pénitentiaire il doit exister divers catégories de personnel qui

veille à son bon fonctionnement.

A. mission et rôle du chef d’établissement

Le chef d’établissement assure l’exécution des lois et règlements relatifs à la surveillance, à

la discipline, au traitement des personnes détenus, à leur réinsertion et d’une façon générale

au bon fonctionnement de l’établissement, il veille aussi à « l’humanisation de la détention

» article 4 2006-015

En tant que première autorité de l’établissement d’Arivonimamo, le contrôleur

d'Administration, et l’éducateur spécialisé RAKOTONANDRIANINA Olivier, exerce un

pouvoir de subordination hiérarchique sur l’ensemble du personnel.

Il est de ce fait le premier responsable de la sécurité à l’intérieur de l’établissement et veille à

la bonne marche des affaires courantes. Dans ses attributions, le chef d’établissement est le

principal interlocuteur du Directeur régional.

Page 7: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Le chef d’établissement a deux adjoints pour l’assister, le premier se charge du control du

personnel en matière de sécurité, le second s’occupe des affaires administratives de

l’établissement lorsque le chef est absent, il est désigné par ce dernier parmi les membres du

personnel.

B. le responsable des greffes

Un greffier est assigné dans l’établissement pour s’occuper des paperasseries administratives

des détenus, il est également chargé de rendre compte de la situation des détenus

préventivement dans l’établissement auprès du tribunal. Il veille enfin à la bonne application

du code de procédure pénal.

C. les agents sécurité :

La maison centrale est dotée de deux chefs de poste pour chaque quartier, femme et homme,

les chefs de poste sont à la tête d’une brigade de 7 agents dans le quartier homme et de deux

dans le quartier des femmes. A Arivonimamo pour le quartier des hommes,deux brigades

sont en alternance tous les 24 heures.

Les brigades sont chargées de la paix et la sécurité dans la prison, elles veillent également au

respect de la discipline des détenus.

D. l’infirmerie

L’Infirmerie de la maison centrale d’Arivonimamo a été construit en 2009 et un agent

pénitentiaire ayant reçu une formation, y est de garde, malgré sa formation, l’infirmier

d’Arivonimamo est un véritable médecin àbord, il se charge des premiers soins des détenus en

cas d’incidents, diagnostique les maladies et les épidémies dans l’établissement et organise le

ravitaillement en médicament.

L’infirmier se charge enfin de faire évacuer les maladies nécessitants une hospitalisation et

des femmes qui vont accoucher.

.

Page 8: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Chapitre 2 :composantes et traitement dans la maison centrale d’Arivonimamo

Section 1 Composante humaine de la maison centrale d’Arivonimamo

1- Le personnel pénitencier

La maison centrale d’Arivonimamo est doté en totale de 27 membres du personnel est

composé en majorité sinon en totalité d’agent pénitencier, nous avons donc remarqué que le

système de verrouillage reçoit pleine application à la prison d’Arivonimamo en effet

l’exemple de l’infirmerie de l’établissement ne fait que renforcer cette remarque.

-Interprétation

Par rapport au nombre de personnel, l’on peut constater que la prison souffre de carence car

en effet il y a en moyenne sept détenus pour un personnel ,ce manque de personnel est surtout

dû au manque de candidat pour l’emploi d’agent de l’administration pénitentiaire d’une part

mais d’autre pat il faut relever que l’administration pénitentiaire malgache souffre

énormément d’un manque de capitaux ,c’est d’ailleurs dixit le Chef d’Etablissement l’un des

plus grand problème de la maison centrale d’Arivonimamo, en effet l’insuffisance en budget

de fonctionnement ne permet pas à l’établissement de faire intégrer de nouveau membre du

personnel.

Enfin, lors de notre visite on a pu voir que 1O% du personnel sont des femmes, elles

s’occupent du quartier des femmes, en tant qu’agents pénitencier, ce chiffre est due par

plusieurs causes selon notre enquête, nous n’en citerons que quelques-unes, en premier

lieu ,peu de femme sont intéressées par la carrière d’agent pénitencier vu la dureté du métier

en lui-même en second lieu la société Malgache considère le métier comme essentiellement

masculine, et enfin et ceci est une cause spécifique à la maison centrale d’Arivonimamo, la

possibilité d’un éloignement de sa famille constitue aussi un grand obstacle.

2- Les détenus dans la maison centrale d’Arivonimamo

a- Tableau récapitulatif des détenus selon leur qualité ( tableau 1)

PREVENUS APPELANTS CASSATIONNAIRES CONDAMNE

Page 9: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

50 18 21 98

- Disposition légale

L’article 07 du décret 2006-015 prévoit que les maisons centrales reçoivent :

- Des prévenus

- Des condamnés à des peines d’emprisonnement pour crime ou délit ou de simple

police

- Des personnes contraintes par corps

- Des personnes détenues en transit

Le tableau 01ci dessus démontre que la prison est conforme à l’article 7 de ce décret précité,

ce qui signifie que la maison centrale reçoit bien les délinquants qui lui sont dévolu par la loi.

Lors de notre visite cependant le Chef d’établissement de la maison centrale nous a confié que

la prison ne peut accueillir en principe que 80 détenus, ce qui démontre selon notre

appréciation, une surpopulation carcérale de plus de 100%. De plus nous avons remarqué que

le pénitencier d’Arivonimamo détient plus de 05 détenus condamnés à perpétuité, l’existence

de ces peines à perpétuité ne fait également qu’aggraver le problème de surpopulation

carcérale. Mais ce nombre de détenu à perpétuité suscite également une observation

importante, par rapport à l’article 07 du décret 2006- 015 relatif aux types de délinquants

reçus par les maisons centrales comme Arivonimamo, en effet l’article ne mentionne aucune

condamnation à perpétuité exécutée dans une maison centrale, au contraire le condamné à

perpétuité sont reçus dans les maisons de force selon l’article 8 du décret. Or la maison

centrale d’Arivonimamo comme on le voit accueille 5 détenus à perpétuité.

Le problème de la surpopulation carcérale est un grand problème à Madagascar, pourtant ce

problème ne connait pas à l’heure actuel de remède effectif, à part l’octroi chaque année de

grâce présidentielle. A la prison d’Arivonimamo cependant seul 19 détenus ont bénéficié de la

grâce octroyé par le chef d’Etat pour la nouvelle année 2012, ce qui démontre le peu

d’efficacité de ce remède, en effet la grâce n’a eu aucun effet de désengorgement de la prison

d’Arivonimamo.

Les solutions doivent donc peut- être être rechercher ailleurs.

Page 10: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

b- Tableau récapitulatif des détenus selon leur genre (tableau 02)

-

Interprétation

D’après le tableaun2 ci-dessus, la maison centrale d’Arivonimamo et donc établissement

mixte, malgré cela seul 06% de l’effectif des détenus sont, des femmes dont l’une d’elle a été

évacuée à l’hôpital.

La plus âgée dans le quartier des femmes a 65 ans, elle purge 10 ans d’emprisonnement pour

avoir commis le meurtre de son mari, la plus jeune, de 22 ans, enceinte, a été condamné pour

vol ce qui signifie que les causes de condamnation sont variés et l’on rencontre diverses sortes

de délinquants à la maison centrale.

C- Tableau récapitulatif des détenus selon leur âge (tableau 03)

TRANCHE D’AGE MOINS DE 18ans ENTRE 18- 60 ans PLUS DE 60 ans

NOMBRE 02 180 05

- Interprétation

Le tableau présenté révèle une contradiction par rapport à l’article 07 du décret 2006- 015, en

effet en principe les maisons centrales n’accueillent pas les mineurs, or ici nous observons que

la maison d’Arivonimamo reçoit deux détenus mineurs. De plus, notre enquête a révélé que

l’un des mineurs détenus est un prévenu. Quant aux 5 détenus de plus de 60ans, il faut

préciser que le plus vieux est âgé de 73 ans, il a été, selon notre enquête, détenu pour avoir

PREVENU

CONDAMNE

HOMME 42 122

FEMME 08

05

Page 11: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

détruit les récoltes d’autrui, tous ces données nous mènent à conclure que la maison centrale

est un établissement qui n’est pas en conformité avec le principe de spécialité des

établissements pénitencier.

Section 2 Composantes logistiques de la maison centrale d’Arivonimamo

1. Aspects général de la maison centrale

Comme nous l’avons décrit dans cette étude, la maison centrale d’Arivonimamo est un

établissement vétuste, néanmoins lors de notre visite nous avons pu apprécier le grand effort

des locataires pour s’adapter au peu de confort qui y règne. Peu de confort en effet, vu l’état

des infrastructures qui se détériore surtout face à la surpopulation carcérale grandissante, forte

heureusement pour les détenus, la cour intérieure de la prison est spacieuse, ils peuvent

s’adonner à différents loisirs et sports, grâce à la cour « les détenus sont d’ailleurs de fervents

footballeurs » nous révèle le chef d’établissement.

Lors de notre visite on a également remarqué que l’établissement n’est pas très grand, il

s’étale sur environs 1200mètre carré, avec une capacité d’accueil de 80 détenus, c’est sans

doute pour cela qu’il y a une proximité sinon une confusion des bureaux du personnels et des

quartiers des détenus, en effet le personnel ne dispose pas d’un bâtiment exclusif pour leur

dortoir et leur bureau. Le manque d’espace est surtout très prononcé dans le quartier féminin

car en principe le quartier ne peut accueillir que 6 détenus femmes ce qui fait que le dortoir du

personnel est tout près des chambres des détenus, ceci pose un grand inconvénient,

effectivement nous avons remarqué que les jeunes enfants du personnels féminin, est en

contact quotidien avec les détenus, du fait de cette confusion du quartier des femmes avec le

dortoir du personnel.

Par ailleurs la maison centrale ne dispose pas de véritable parloir, en effet la prison a

improvisé un parloir juste à l’entrée du bureau du chef d’établissement, on le reconnaît par la

présence de deux bancs qui font face à face, mais séparés entre eux par une espèce de grillage,

le parloir reçoit en général deux fois par semaine, à savoir les jeudis et les dimanches.

L’Infirmerie est un grand bâtiment dotées d’au moins neufs lits, elle possède des toilettes et

des douches, le bureau de l’infirmier en chef fait aussi office de dépôt à pharmacie,

l’infirmerie de la maison centrale d’Arivonimamo est une des rares infirmeries respectant les

normes d’hygiène et de santé des prisons malgaches. Enfin mis à part la nouvelle infirmerie

Page 12: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

construite en 2009 le reste des bâtiments de la maison centrale manquent cruellement

d’entretien.

2-Le quartier des détenus

A la maison centrale, les détenus sont confondus dans deux quartiers homme et femme, à part

ce tri il n’y a pas d’autres critères de séparation, en effet les détenus sont mélangés quel que

soit leur statut juridictionnelle (prévenu, appelant….) quelque soit leur âge, et quelque soit

leurs infractions tous cela dénote que la prison ne s’occupe pas de développer pour chaque

délinquant un quelconque traitement spécifique.

Le quartier des hommes

Les quartiers des hommes de la maison centrale d’Arivonimamo est doté de quatre chambres

pouvant accueillir 15 détenus par chambre, cependant vu le nombre de détenu actuellement,

au moins 35 détenus sont confinés dans la même pièce. Nous avons constaté pendant la visite

des chambres que l’atmosphère y régnant est quasi atroce pour plusieurs causes : d’une part

nous avons constaté que les chambres ne sont pas assez aérées et éclairées pour les 35

détenus, d’autre part seule une d’entre elles est dotée de bat –flanc tandis que dans les trois

autres les détenus dorment à même le sol ou sur des matelas à peine rembourrée, de plus

l’odeur qui se dégage des chambres rend compte d’un certain manque d’hygiène, ce manque

est renforcé par le fait que la plupart des pièces sont infestés de parasites comme les puces.

Cependant malgré ce premier constat négatif, il faut préciser que la maison centrale

d’Arivonimamo est soucieuse de respecter un minimum d’hygiène, vu la présence dans son

infrastructure de toilette et de douche mais le problème est que face au nombre élevé de

détenus, celles-ci ci ne peuvent remplir leur rôle que pour une portion de détenus ayant

suffisamment patienté devant une longue file d’attente.

Afin de régler ce problème, la maison centrale essaie de bâtir autant d’infrastructures sanitaire

que possible par rapport à son budget d’investissement c’est ainsi que lors de notre visite de

nouveaux toilettes et douches ont été construite.

Page 13: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Les détenus hommes sont privilégiés à la maison centrale, en effet la prison d’Arivonimamo

est doté d’une bibliothèque bien fournie, la bibliothèque est un don d’une ONG œuvrant pour

les détenus ainsi les détenus peuvent s’adonner à la lecture.

La visite du quartier des hommes nous a permis de voir que malgré l’absence de réhabilitation

des lieux, les détenus et les membres du personnel s’efforcent de faire mieux avec les moyens

du bord pour garder la maison centrale habitable, si on peut le dire ainsi.

- Le quartier des femmes

Le quartier des femmes à la maison centrale d’Arivonimamo est composée d’un dortoir pour

le personnel servant aussi de bibliothèque, d’une petite cour et de deux chambres, les deux

chambres accueillaient pendant notre visite 6 détenus chacun, contrairement au quartier

masculin, les chambres sont dotés de bat flanc, même si elles sont également mal éclairée, et

mal aérée, de plus elles sont un peu étroite, le quartier est également doté de douches et de

toilettes et en comparaison avec le quartier des hommes le quartier des femmes est plus

soignée

Enfin notre visite nous permet de déduire que le quartier des femmes est beaucoup moins

vaste que celui des hommes, ce qui signifie qu’à la base, même si la prison est mixte, elle ne

peut accueillir autant d’homme que de femme. En comparaison avec d’autre prison, l’on ne

trouve dans aucun des quartiers des cellules d’isolement disciplinaires et également aucun

réfectoire ceci pour dire que les quartiers de la prison ne sont pas tout à fait dans la norme.

Section 3 Les composantes financières de la maison centrale d’Arivonimamo

La maison centrale d’Arivonimamo n’a pas d’autonomie financière, elle est placée sous la

dépendance économique de la direction régionale d’Analamanga. La direction régionale ne lui

dote pas d’un budget de fonctionnement, en effet selon les dire du chef d’établissement, ce

dernier ne gère aucun budget, il se contente d’inventorier les besoins de l’établissement et la

direction régionale y fait suite autant que faire se peut, cette situation pose des inconvénients

notamment en matière de santé par exemple, une liste de médicament est envoyée à la DREN

chaque année et celle-ci fait suite à la livraison seulement deux fois par an, ceci trouble le

travail de l’infirmerie qui en cas de rupture de stock sur certains médicaments, ne peut rien

faire car n’as pas les moyens, alors que d’autres médicaments inutiles s’entassent d’autres

Page 14: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

sont épuisés. Mais c’est surtout au niveau de l’alimentation des détenus que les conséquences

néfastes de l’insuffisance des moyens envoyé par la DREN se fait ressentir, effectivement la

DREN n’envoie que l’équivalent de deux ration de manioc par jour et accompagnés parfois

d’abats de bœufs et des fameux « voamaina », c’est également la DREN qui envoi de l’huile

et du sel pour accommoder les repas, cette alimentation n’est pourtant pas équilibré mais par

absence de budget le personnel de l’établissement ne peut varier les repas. Seuls les dons des

organismes religieux et les ONG sont gérés en toute indépendance par le chef d’établissement,

il s’agit de dons financiers d’investissement ou de don en aliment comme le cas de 50 kg de

riz offert tous le samedi par l’Eglise Luthérienne. Notre visite révèle qu’aucun budget n’est

accordé à la maison centrale pour le programme de traitement des détenus, ce qui fait que tous

programme de réinsertion vient de l’effort personnel des fonctionnaires de la prison ou des

généreux donateurs, ceci, dit, il faut dire qu’à Madagascar l’administration pénitentiaire est

l’un des service le plus pauvre des service de l’Etat. Ce manque de moyens financier se traduit

alors principalement sur les maisons centrales reculées comme celle d’Arivonimamo, nous

pouvons par exemple remarquer que la maison centrale n’est pas doté de véhicules

administratifs contrairement aux établissements pénitencier en zone urbaine.

Section 4 Le traitement des détenus dans la maison centrale d’Arivonimamo

Le traitement des délinquants peut être défini comme un programme thérapeutique appliqué

dans les prisons pour « refaire autant que possible un homme ou une femme normal, et apte à

vivre correctement au milieu de ses semblables »

Dans l’optique de cette définition nous avons essayé los de notre visite d’identifier quelle

régime de traitement est appliqué dans la maison centrale d’Arivonimamo est ainsi nous faire

une idée de la manière dont la prison agit sur le délinquant.

Apres une longue discussion avec le Chef d’établissement nous avons pu établir que la

maison centrale applique un régime d’emprisonnement en commun avec un traitement en

milieu fermé, nous allons vérifier cette affirmation à travers l’analyse suivant :

a-régime d’emprisonnement en commun

Effectivement lors de notre visite on a pu constater que les détenus vivaient ensemble aussi

bien le jour que la nuit, ils sont enfermés dans les chambres de 17heures jusqu’à 7heures du

matin, lors de la passation.

Page 15: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Le jour, ils sont généralement dans la grande cour pour s’adonner aux différentes activités qui

leurs sont proposés. Il n’existe aucune séparation entre les deux mineurs détenus et les adultes,

de même comme on l’a déjà relevé les prévenus ne sont pas séparés des condamnés, et ce, que

ce soit dans les chambres la nuit ou dans la cour à l’ouverture des chambres le jour.

b-régime en milieu fermé

Tel qu’on le sait le traitement en milieu fermé implique à sa base une privation de liberté, les

détenus n’ont le droit de sortir de l’établissement que sur autorisation et dans des cas limités.

A la maison centrale, les détenus sont en effet tenus demeurer dans l’établissement. Ils sont

régit par un règlement intérieur pour garantir la paix et la sécurité, le règlement intérieur est

affiché dans chaque chambre et dans tous les bureaux, il contient des règles de discipline et

de bonne conduite, mais également des sanctions encourues en cas de fautes disciplinaires, les

sanctions sont proportionnelles à la gravité des fautes et peuvent varier de l’exécution d’un

travail de nettoyage vers la mise en cellule disciplinaire. Quoique, nous avons constaté qu’il

n’y avait pas de cellule disciplinaire à la prison d’Arivonimamo, d’ailleurs le chef

d’établissement nous a confié que la construction d’une cellule est en projet actuellement.

Nous avons constaté que les règles de discipline sont bien respectées par les détenus de la

prison d’Arivonimamo à cause des statistiques que le personnel nous a donné, en effet selon

le personnel il n’y a que très peu d’incident disciplinaire dans l’année, d’ailleurs il n’y a eu

qu’un seul détenus qui s’est échappé au cours de l’année 2011.

La maison centrale d’Arivonimamo, d’après nos constatations est un établissement qui

s’efforce d’humaniser la détention et ce pour les raisons suivantes, en premier lieu sur le plan

physique, comme on l’a déjà relevé plus haut, l’établissement veille à l’hygiène et à la santé

des détenus avec la présence de l’infirmier et l’existence d’infrastructures sanitaires répondant

à un certains normes, ensuite sur le plan moral les détenus peuvent recevoir des visites au

moins deux fois par semaine, ils peuvent également s’adonner à toutes sortes de sport et loisir

comme les jeux de carte et le football. Une chose nous a également frappé lors de notre visite :

les détenus étaient en pleine cérémonie religieuse à notre arrivée, en effet le Chef

d’Etablissement nous a confié que l’église luthérienne venait faire l’office religieuse tous les

samedis, par ailleurs la maison centrale brille par l’existence d’un bon programme de

réadaptation sociale des détenus notamment femme, en effet les détenus femmes apprennent à

Page 16: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

fabriquer toutes sortes de bricoles faits en pailles séchés, qu’elle revendent aux visiteurs ou

font vendre dans les marchés locaux, de même les détenus peuvent demander à travailler hors

de la prison sous un contrat de concession, il faut remarqué que les détenus peuvent donc

gagner de façon régulière de l’argent, par leur propre travail au cours de la détention. Enfin

sur le plan rééducation, le Chef d’établissement, de nous confier que , les détenus bénéficie de

séances d’éducation civique et religieuse au moins par semaine, en plus de l’existence de

bibliothèque leur permettant de se cultiver, le système de la responsabilisation des détenus est

également une forme intéressante de rééducation exclusive, à la maison centrale

d’Arivonimamo, en effet la prison confie à certain détenus qui font preuve de bonne conduite

des tâche incombant en principe au personnel pénitenciers, tel les cas du gardien de barrage à

l’entrée, ou du moniteur à la bibliothèque.

Pour apporter une conclusion à cette partie sur la maison centrale d’Arivonimamo, on peut

dire qu’à la fin de notre visite, nous avons pu déduire que le personnel tente au maximum de

respecter, d’une part, et par essence la dignité humaine des détenues, et d’autres parts les

dispositions des différentes lois régissant l’organisation des établissements pénitenciers,

spécialement le décret du 17 janvier 2006. A ce sujet d’ailleurs , quand nous avons enquêter

personnellement les détenues, ils nous ont confiés qu’ils étaient bien traité à la prison, l’un des

plus grand mal de la prison est donc, sans doute, le manque de moyen, ne permettons pas au

personnel d’améliorer les conditions d’incarcérations à la maison centrale d’Arivonimamo

Si telle est donc le rapport plus ou moins complète de la visite de la prison d’Arivonimamo,

par rapport aux données que nous avons pu récolter, nous allons passer à l’étude d’un thème

personnel sur une réflexion contemporaine de science pénitentiaire exprimée par Roger

Badinter « La prison est aussi un moyen de dissuasion. Sa seule évocation doit retenir le

méchant ou l’asocial tenté par le délinquance. Pour remplir cette finalité la prison doit être

redoutable et effrayante ».nous allons donc passer à l’analyse de cette réflexion dans la

seconde partie de notre étude.

Page 17: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Partie 2. ETUDE SUR UN SUJET DE REFLEXION

«La prison est aussi un moyen de dissuasion. Sa seule évocation doit retenir le méchant ou

l’asocial tenté par la délinquance. Pour remplir cette finalité la prison doit être redoutable et

effrayante ».

Par rapport au thème de réflexion qui nous est donné, nous allons axer notre seconde partie du

devoir à raisonner sur l’analyse de l’auteur et criminologiste Robert Badinter, dans la prison

républicaine à savoir : « La prison est aussi un moyen de dissuasion. Sa seule évocation doit

retenir le méchant ou l’asocial tenté par la délinquance. Pour remplir cette finalité la prison

doit être redoutable et effrayante ». Autrement dit la fonction de la prison est en principe

dissuasive et neutralisante : dissuasive car intimide les éventuels délinquants et neutralise car

purge la société des vrais délinquants. Mais face à l’augmentation considérable des critiques

envers la peine privative de liberté en sens général, nous allons revisiter à travers cette analyse

si la prison revêt toujours les mêmes qualités qu’on lui attribuait à sa création c'est-à-dire

préventive et aseptique. Mais nous allons également voir dans quelle mesure sa nature atroce

et redoutable favorise encore ce rôle de prévention de la délinquance. Pour ce faire, nous

allons développer notre seconde partie du devoir autour du plan ci-après : Comme il est de

règle pour mieux connaitre un problème, il faut remonter à ses origines, c’est pourquoi nous

ferons en premier lieu une étude générale de la peine avant de prouver le véracité des propos

de Monsieur Badinter quand il dit que c’est grâce à la nature atroce et redoutable de la prison

qu’elle peut remplir sa fonction dissuasive, enfin bon nombre de criminologues

contemporains remettent en cause cette fonction dissuasive ainsi nous achèverons notre devoir

par l’ étude de ces nouvelles idées.

Chapitre 1. Généralités sur la peine

Section1 Définition

Il existe plusieurs définitions possibles à la peine, nous nous contenterons dans ce paragraphe

de relever les différentes définitions qu’on a pu recueillir afin de nous faire une idée, plus ou

moins précise, sur la notion de peine en droit pénal.

Page 18: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

- « La peine est une mesure répressive destinée à frapper le délinquant, soit dans sa

personne, soit dans ses biens, soit dans son honneur » RAHARINARIVONIRINA

Cette première définition fait déjà allusion à l’existence de plusieurs types de peines.

- « La peine est un châtiment infligé au délinquant en rétribution de l’infraction qu’il a

commise » Merle et Vitu.

Cette seconde définition précise, contrairement à la première, une idée de rétribution de la

délinquance à la peine et suppose une autorité distributrice de peine. Pour nous donc, la peine

est, avant toute chose, une sanction délivrée par une autorité compétente, à savoir, l’autorité

judiciaire, en réponse à une infraction, elle suppose donc un jugement, précédent à son

exécution.

Comme on l’a vu dans la première définition, la peine peut être classifiée en plusieurs

catégories et en fonction de plusieurs critères.

Section 2. Classification des peines

- En fonction de leur degré de gravité

On distingue les peines criminelles, essentiellement afflictive et infamante, elles sont

énumérées à l’article 07 du Code pénal malagasy, ensuite en matière correctionnelle, les

peines énumérées à l’article 09 du CPM, enfin il y a les peines de simple police en rétribution

des contraventions.

- En fonction des rapports entre elles

Dans cette classification, on trouve les peines principales que le juge est tenu de prononcer en

cas de culpabilité, les peines accessoires automatiquement attachés à la peine principale et les

peines complémentaires prononcées en sus des peines principales.

Classification des peines en peine de droit commun et peine politiques

Malheureusement cette distinction, n’est pas encore très précise dans le code pénal Malgache.

Chapitre 2 Fonction de la peine

La peine a une double fonction à savoir morale et utilitaire.

Page 19: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

La peine peut être définie du point de vue morale comme une mesure d’expiation du crime

c'est-à-dire qu’elle satisfait un besoin de justice. La peine en générale a un rôle de prévention

contre le crime mais aussi, d’une certaine manière, un rôle sociologique. Mais le plus

important dans la fonction utilitaire de la peine est que la sanction pénale, en général, et la

prison, en particulier, peut en théorie contribuer à réduire la délinquance par différents biais,

effectivement la peine a :

-un effet de neutralisation, puisque les individus ne peuvent commettre d’infraction durant

leur incarcérations.

-Un effet dissuasive général dans la mesure où tout individu sait qu’il risque de subir une

sanction en cas de violation de la loi, ce qui peut prévenir le passage à l’acte.

-Un effet de réhabilitation ou de réinsertion du délinquant, lorsqu’elle le conduit à souhaiter

mener une vie exempte de délits.

Mais pour mieux appréhender le thème de notre devoir, passons maintenant à l’analyse de la

peine privative de liberté.

Chapitre 3 : La peine privative de liberté en droit Malagasy

Les peines privatives de liberté sont des peines corporelles qui visent à priver le délinquant,

principalement, de sa liberté d’aller et venir ainsi l’individu est tenu de demeurer pendant un

certain temps dans un établissement pénitentiaire.

Section 1 Enumération des différents peines privatives de liberté

• En matière criminelle les peines privatives de liberté sont :

-les travaux forcés à perpétuité ou à temps qui consiste à employer les condamnés aux travaux

les plus pénibles

-la déportation, signifie que le condamné sera transporté dans un lieu déterminé par la loi sur

le territoire pour y demeurer à perpétuité.

-La détention consiste en un enfermement dans une forteresse sur le territoire de la république

pour 5 ans au moins et 20 ans au plus.

Page 20: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

-La réclusion, prononcées pour 5 ans au moins et 10 ans au plus et consiste en une

incarcération dans une maison de force et employé à des travaux dont le produit pourra être en

partie au profit du condamné.

-Le bannissement signifie que le condamné sera transporté dans un lieu déterminé par la loi

hors du territoire de la république pour y demeurer à perpétuité.

• En matière correctionnelle et de simple police la peine privative de liberté consiste à

l’emprisonnement à temps dans un lieu de correction

• Enfin la détention préventive constitue à Madagascar une des principales causes

d’incarcération malgré le principe selon lequel la détention ne doit être prononcée

qu’exeptionellement. La durée de la détention préventive en matière correctionnelle ne doit

pas dépasser les 6 mois, cette durée pourra être renouvelée pour trois mois deux fois par la

chambre de détention, en matière criminelle, la détention ne dépassera pas les 8 mois et

pourra être renouvelée une fois pour 6 mois et une seconde fois pour 4 mois toujours par

ladite chambre.

Section 2 L’exécution des peines privatives de liberté à Madagasikara

La différence de terminologie employé e par le législateur pour les différentes catégories de

peines privatives de liberté suppose une différence de traitement dans leur exécution, or l’on

peut constater dans la pratique qu’il n’existe aucune variété de traitement dans les

établissements pénitentiaires, de plus plusieurs catégories de peines sont subies dans un même

établissement, d’ailleurs on peut aisément confirmer cette affirmation par la visite de la

maison centrale d’Arivonimamo dans laquelle les détenus subissaient un même régime et ce

peu importe la peine qu’ils exécutaient.

Il existe donc à Madagascar une certaine tendance à l’uniformisation de l’exécution des

peines et la différence essentielle semble ne plus résider que dans la durée des peines.

Ce problème est dû selon les explications recueillis par la carence en nombre et en qualité de

la composante logistique et financière de l’administration pénitentiaire ainsi que par la

disproportion entre la capacité d’accueil des prisons et le nombre des détenus en constante

croissance.

Page 21: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Si telle est l’analyse de la peine en générale et la peine privative de liberté en particulier en

droit Malagasy, la véritable question est de savoir à présent en quoi l’évocation de la prison

est-elle dissuasive, pour ce faire nous allons passer à l’étude de l’effet intimidant de la peine

de prison.

Chapitre 4. L’effet intimidant des peines privatives de liberté

Section 1 La prison a pour fonction essentielle l’intimidation

La prison est une des plus vieilles institutions du monde, si bien qu’aux yeux du grand public

la notion de prison résume pour l’essentiel l’idée qu’il se fait du droit pénal, c’est en ce sens

qu’on attribue à la peine de prison une fonction utilitaire considérable, en effet du point de

vue classique, la prison revêt un rôle préventif à la fois général et spécial.

LA PREVENTION GENERALE traditionnellement, on attribue à la peine une fonction

d’intimidation collective, d’une part parce que qu’en isolant le délinquant dangereux on

l’empêche de nuire d’avantage, et ainsi les honnêtes gens se sentent rassurés et d’autre part en

soumettant les coupables au régime sévère de l’internement pénitentiaire ; on donne un

exemple intimidant à tous ceux qui auraient quelques velléités de les imiter, la fonction

d’intimidation vise d’abord les membres de la société, ou du moins l’ensemble de ceux

d’entre eux qui ont une certaine tendance à la délinquance.

Mais il faut surtout préciser que l’effet dissuasif dela prison est surtout lié à la certitude de la

sanction, effectivement, personne ne conteste qu’une probabilité élevée d’êtrearrêté et

condamné constitue un frein majeur à la commission d’une infraction. Pour prendre un

exemple bien connu, si le nombre de morts sur la route a quasiment été divisé par deux en

France en quelques années, c’est largement due au fait que la probabilité d’être sanctionné en

cas d’infraction a considérablement augmenté, notamment grâce aux radars automatiques.

C’est la raison pour laquelle on observe statistiquement que la délinquance tend à diminuer

lorsque le nombre de policier augmente, ou lorsque la police procède à une intensification de

son activité, comme en cas de « blitz » (ou opération « coup de poing »)

Page 22: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

LA PREVENTION SPECIALE au niveau de l’individu, la peine joue aussi un rôle de

prévention, son but est d’empêcher la récidive, en effet un individu qui a déjà subi une

condamnation aura du mal à commettre à nouveau un acte délictueux. Plusieurs études ont

d’ailleurs démontrés cette fonction dissuasive de la prison sur le plan de la récidive.

En premier lieu, Kessler et Levitt ont étudié les effets de la proposition, adoptée par

référendum en Californie en 1982, laquelle augmentait les peines de prison pour les

récidivistes d’infractions graves. Ces chercheurs constatent une diminution immédiate de 4%

Des crimes mentionnés dans la loi par rapport aux autres, et une diminution globale de 8%

trois ans après, ce qui suggère un effet dissuasif non négligeable.

En second lieu, Helland et Tabarrok ont évalué l’impact des lois « threestrikes » adoptées en

Californie en 1994. Ces lois imposent une peine de 25 ans de prison pour toute infraction

sérieuse, dès lors que le délinquant a déjà été condamné pour deux infractions graves. Les

deux chercheurs ont montré que la crainte d’une telle sanction en cas de troisième « strike »

réduit de 15 à 30% la proportion des délinquants concernés à récidiver. Ce résultat est

d’autant plus intéressant que ces derniers font partie des individus les plus difficiles à

dissuader car profondément ancrés dans la criminalité

Section 2 : L’effet intimidant de la prison est dû aux conditions de vie à l’intérieur même de

la prison

1 L’aspect redoutable des prisons

Albert Camus disait, « l’Etat de droit ne doit pas cesser à la porte des prisons » cette citation

signifiait beaucoup, en ce sens que généralement la prison est un lieu dans laquelle les

conditions de vie sont très dures, mais déjà par son aspect extérieur la prison évoque déjà une

image redoutable, en effet les prisons sont créées par essence pour engendrer un sentiment

d’effroi, l’extérieur des prisons est généralement constitué de mur de plus de 4 mètres,

renforcé par des barbelées, des grilles et des barreaux quant à l’intérieur tous les bâtiments

montrent l’absence de chaleur, les couleurs sont généralement sombres et sobres, le fer est

très présent, quand on pense à la prison on voit tout de suite une seule image matérialisé dans

l’espace par des murs très élevés, des grilles de portail en fer, une aire commune, un édifice

qui comporte des dortoirs communs, une chapelle, un parloir, et parfois un « trou » et des

cachots.

Page 23: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

2 La prison et les droit de l’Homme

Les quatre droits fondamentaux de l’Homme sont, d’après la déclaration universelle des droits

de l’homme de 1948, la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. Le

premier de ces droits est- par nature même-suspendu pendant la durée d’une peine carcérale.

Mais le deuxième et le troisième, sont quant à eux en principe garantis, une fois effectués les

paiements de dommage et intérêts aux victimes, particulièrement en ce qui concerne la

propriété.

En théorie, donc l’incarcération ne doit porter atteinte qu’à la liberté d’aller et venir. En

pratique, cependant, après notre visite dans le lieu de détention d’Arivonimamo, on a pu

affirmer que la peine de prison d’une part pèse sur de nombreux droits fondamentaux comme :

- L’expression,

- La vie de famille,

- Les droits civiques,

- L’intimité,

- -La dignité,

- -La sexualité,

Mais d’autres part l’incarcération limite également certains droit comme :

- L’accès à la santé,

- L’accès à l’éducation,

- L’accès à la culture,

3- La vie dans les prisons

Pour ses conditions de vie très dures, parfois inhumaines, ainsi que pour le manque de moyens

donné à l’institution carcérale, tant au niveau du personnel que du matériel, la privation de

liberté est durement ressentie par les prisonniers et dans certains cas, la prison peut nuire à la

capacité de s’autodéterminer donc à la réinsertion du prisonnier, de plus cette condition de vie

contrairement à ce que l’on peut penser laisse peu de place à la réhabilitation, en effet, il suffit

de passer un après- midi dans une maison d’arrêt pour voir que tout dans la prison, que ce soit

Page 24: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

l’emploi du temps, les missions du personnel de surveillance, l’agencement physique,

l’organisation temporelle d’une prison, tout est tourné vers la sécurité et le maintien de l’ordre

interne. Et puis, ensuite, s’il reste un peu de temps, on fera peut-être de la réinsertion, ou du

travail thérapeutique. Mais en fait, on s’aperçoit que cette mission est complètement

secondaire. Dans les faits, elle est foulée aux pieds de manière routinière. L’exemple récente

de la prison de Honduras témoignent d’ailleurs combien la sécurité est prioritaire dans les

prisons. Nous avons vu dans cette section qu’il y a un lien entre l’effet intimidant de la prison

et les atteintes que subissent les détenus à l’intérieur, c’est sans doute à cause de cela que

notre auteur Badinter prétend qu’il y a un lien causale entre la nature de la prison et son effet

dissuasive mais nous allons voir à présent qu’à Madagascar les conditions de vie dans les

prisons ne sont pas meilleures au contraire la prison est d’autant plus redoutable et donc peut-

être à contre coup encore plus intimidante.

Section 3 : La vie dans les prisons malgaches

1 La situation carcérale à Madagascar

Actuellement que désigne le terme gadra ?

C’est la sanction d’incarcération, mais aussi un lieu d’enfermement,

Quelques données relevées dans certains journaux de la capitale, et surtout lors de notre visite

à la prison d’Arivovimamo dessinent la réalité du système pénitentiaire actuel : nos prisons

sont totalement exiguës et vétustes, datant presque toutes de l’époque coloniale.

Dans certaines d’entre elles, le nombre de détenus atteint le triple de la capacité d’accueil des

lieux : c’est le cas de la Prison Centrale d’Arivonimamo et dans le quartier d’Antanimora,

dont la capacité d’accueil est de 800 places alors que les occupants actuels sont au nombre de

2500. De même pour la prison d’Arivonimamo la capacité d’accueil est de 80 détenus alors

qu’elle reçoit au moins le double. Un calcul récent du ministère de la Justice fait état de 11000

places dans les établissements pénitentiaires. Actuellement, la population carcérale compte

pourtant plus de 18 500 personnes dont presque 1500 sont des mineurs et environ 8000 sont

en détention préventive.

L’existence dans les prisons malgaches est ponctuée d’ennui, de violence, etde la loi du

milieu. La visite de l’établissement d’Arivonimamo m’a permis d’appréhender de façon

concrète les difficultés auxquelles étaient confrontées les personnes détenues. Les personnes

Page 25: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

détenues sont entassées par centaines dans des pièces d’environ 30 m2 où l’aération manque

cruellement. Certaines personnes sont dans l’obligation de dormir à même le sol faute de bat-

flancs. Les stocks de nourriture, constitués principalement de manioc séché, sont insuffisants.

Les personnes incarcérées reçoivent environ 350 grammes de nourriture par jour au lieu d’une

ration légale de 750 grammes. La carence en nourriture d’ailleurs aurait causé plusieurs décès

quotidiens dans les prisons d’Antanimora, avant l’intervention des œuvres sociales laïques ou

religieuses. A la prison centrale d’Ambalatavoahangy Toamasina, la situation est encore plus

grave : un kapoaka de manioc séché est servi à chaque détenu une fois toutes les vingt-quatre

heures uniquement.

Enfin, comme nous l’avons déjà mentionné plus haut, la situation la plus alarmante pour

Madagascar est que : 65% des détenus sont des prévenus, c’est à dire des individus incarcérés

dans l’attente de jugement. C’est un taux de détention préventive des plus élevés, quand on

sait d’après Madagascar tribune que l’Afrique est à 43%.

Les personnes prévenues et les personnes condamnées ne sont pas séparées. Il en va de même

généralement pour les majeurs et les mineurs.

2- Appréciation par rapport à la fonction intimidante de la prison à Madagascar

Quand on demande à n’importe quel individu ce qu’il pense de nos prisons, une seule variante

de réponse se fait entendre, atroce, horrible, abominable, affreux, bref le milieu carcéral

Malgache est surtout marqué par ses maux. C’est cette image qui frappe la plus part des

citoyens est celle qui rend à la prison son rôle intimidant, et dissuasif. Dans la société

Malgache, la seule évocation du mot « midoboka » est sans équivoque à ce sujet, en effet à

Madagascar on a peur de la prison, celle-ci a recouvert un sens effroyable aux yeux de la

société malgache et ceux-ci pour plusieurs raisons.

D’abord les médias véhiculent à volonté les atrocités de nos prisons, le film « les damnés de

la terre » est d’ailleurs une référence en la matière en ce qu’il a montré la cruauté de

traitement des bagnards d’Anosilava. L’île et son bagne seraient restés dans l’oubli sans ce

travail d’enquête de RivoherizoAndriakoto, un journaliste malgache qui a réalisé ce

documentaire de 52 minutes. Il fut le premier civil à pénétrer dans ce « goulag tropical » où il

rencontra les derniers forçats de l’île qui, pour certains, portaient toujours des chaines aux

pieds. Ce reportage, qui a obtenu le prix Albert Londres en 2000, a été diffusé sur la télé

nationale malgache. La diffusion de ce documentaire eut tant d’écho que le président

Page 26: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Ratsiraka fut contraint de gracier l’ensemble des bagnards encore détenus. Certains avaient

purgé jusqu’à dix fois leur peine initiale.

Ensuite dans la mentalité malgache, les détenus sont encore considérés comme des parias et

d’ailleurs la resocialisation d’un ancien détenu est souvent difficile car ces derniers sont

victimes de discrimination et parfois même de vindicte public, le seul fait d’avoir passé un

séjour en prison est une honte dans la société Malgache, de plus l’opinion publique elle-même,

en générale, est plutôt contre les actions menées au sein des établissements pénitentiaires dans

le but d’humaniser la détention, du fait de la situation de pauvreté générale du pays. A titre

d’illustration on peut citer cet article tiré d’un quotidien national intitulé « Les détenus mieux

traités que nos seniors »

« /…/La situation des détenus est bien meilleure que la nôtre. Il nous semble que les gens se

préoccupent beaucoup plus des droits des prisonniers que de nos cas. Eux au moins, ils

reçoivent diverses assistantes. Ils ont de quoi manger dans la journée, des soins de santé

gratuits et vivent en société. Nous, nous n’avons que la solitude, la dépression et l’isolement.

Cet article démontre à quel point la mentalité malgache est méfiante et hostile à l’univers de

la prison.

Nous avons eu comme objectif dans ce chapitre de démontrer que la fonction dissuasive de la

prison est surtout due en partie à la nature redoutable et effrayante de celle-ci, non seulement

à cause des conditions de vie dans les prisons mais également à cause de l’idée qu’elle évoque

en chacun de nous, mais pour mieux atteindre notre but les images que nous avons donnés

sont encore plus explicites, de prime abord donc on peut déduire que plus les prisons sont

atroces, plus on est tenté de ne pas virer à la délinquance, de peur de subir ces atrocités. Le

traitement des détenus dans les prisons malgaches sont encore jugés inhumains par les

organismes internationaux, ceci impliquerait alors que la force intimidante des prisons

malgache est encore plus forte que dans les pays doté d’un système carcéral respectueux des

droits humains, les études menées jusqu’à présent tendrait à cette conclusion mais nous allons

voir maintenant que cette idée peut être remise en cause.

Page 27: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Chapitre 5 : Remise en cause de l’effet dissuasif des prisons

Comme on l’a développé au cours de notre étude toute entière la prison a pour fonction de

dissuader le crime, mais actuellement nous pouvons remarquer le nombre croissant de

criminologues, de sociologues et même de simple individu qui pense le contraire c’est ce que

nous allons démontrer à travers ce dernier chapitre, les arguments tournent sur deux points

essentielles, en premier, des études ont démontrer qu’il n’y avait aucun rapport entre le taux

de criminalité d’une société et le taux de personnes qui y sont incarcérées, en second, on peut

analyser qu’il existe plusieurs autres causes à la criminalité qui ne peuvent être éradiquer par

l’incarcération systématique, enfin il existe d’autre peine pouvant se substituer à la peine

privative de liberté et qui peut par conséquent remplir la même fonction intimidante, il faut

savoir que le véritable problème avec la prison est cette nature et atroce, en effet, il est de plus

en plus difficile de donner une image plus humaine à la prison malgré les grands effort que

déploient les ONG et institutions religieuses pour humaniser la détention, surtout dans des

pays comme la nôtre. On dit que la prison sert à dissuader.

C’est une de ses missions traditionnelles dans la théorie pénologique. En fait, quand on

regarde en détail, la prison rétribue peut être, elle fait souffrir très certainement mais les autres

fonctions sont tout à fait discutable.

Section 1 : Rapport entre criminalité et incarcération

Quand on regard de manière comparative, on constate qu’il n’existe aucun rapport statistique

entre le taux de criminalité qu’affiche un pays et son taux d’incarcération.

Ainsi, d’après des études effectuées en Hollande, ce pays a un taux de criminalité

relativement élevé, à l’échelle internationale, on a par exemple plus de chance d’être

cambriolé en Hollande qu’aux Etats Unis, mais son taux d’incarcération est pourtant très bas.

Le taux d’incarcération en Hollande est d’environ 50 détenus pour 100 000 habitants. A

l’inverse, il y a des pays dont le taux de criminalité est relativement bas, comme les pays

soviétique, ou le taux d’incarcération est plus élevé.

En fait, d’après les sociologues ce qui détermine le taux d’emprisonnement, c’est un choix

politique et culturel. C’est le type de société qu’on décide d’être. On le voit bien dans les

pays scandinaves. Un bon exemple, que l’on peut reprendre, est le cas de la Finlande. La

Page 28: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Finlande est un pays qui avait un taux d’incarcération très élevé, proche du taux pratiqué dans

les pays de la zone soviétique, et qui dans les années 80 a fait un choix, politiques, destiné à

marquer sa volonté de se rapprocher des Etats d’Europe de l’ouest, qui était de faire baisser le

taux d’incarcération. Ils l’ont mis en œuvre par une politique volontariste de décarcération qui

s’est traduite par une véritable « fonte pénitentiaire», puisqu’ils sont passés de 300-400

détenus pour 100 000 habitants à 80 pour 100 000 en l’espace de quatre ans. Il y a eu décision

politique d’utilisation de peines alternatives à l’emprisonnement, des peines de substitution,

des peines en milieu ouvert, et des amendes, des travaux d’intérêt général, etc..

En élargissant leur gamme de peines, en transformant leur politique pénale, ils ont désengorgé

leurs prisons très rapidement, et sans que cela ait le moindre impact sur la criminalité.

Si on prend l’exemple Américain, ou comme on le sait on a un système pénitentiaire très

répressif : est-ce que la prison dissuade ?Envisageons les infractions pour lesquelles on a le

plus de chance d’être emprisonné, les violences contre les personnes, homicides, viols,

etc..On sait bien que ces actes sont, dans la plupart des cas, des actes commis sous l’empire de

l’émotion, ce sont des actes passionnels, qui ne répondent pas du tout à un calcul du type ; je

sors mon couteau et j’égorge ma compagne. Si je risque dix ans de prison, je le fais, si je

risque vingt ans de prison, je ne le fait pas. A l’évidence, des raisonnements de type rationnel

ne sont pas du tout opérants dans ce genre de situations. Donc, si l’on réserve en priorité la

prison à ces comportements, la prison ne peut avoir d’effet dissuasif.

Il faut donc dire que la force intimidante de la prison n’a pas une portée absolue, on voit par

exemple à Madagascar des délinquants affronter délibérément le risque de

condamnation, par ailleurs le faits d’abaisser les pénalités et donc de réduire leur

intimidations n’entrainent pas une recrudescence systématiques des infractions.

Pour les criminologues comme Angel « L’intimidation…… Dans la réalité

concrète……..dérive essentiellement de l’obligation pour le délinquant découvert de rendre

compte de l’action commise devant une autorité qualifiée... »C’est donc la perspective de

comparaitre en justice qui joue un rôle plus dissuasive que la prison elle-même. Bref les

tenants de l’argument évoque d’autre fonction que dissuasive.

Section2. Rapport entre criminalité et pauvreté

Page 29: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Pour certains, la prison est surtout utile comme une technique d’invisibilisation des

problèmes

sociaux auxquels on ne veut pas sérieusement faire face dont notamment la Pauvreté, c’est

à dire que

la prison devient un instrument brut, direct, de régulation des pauvre, des classes précaires,

des gens qui ont été désarmés de leur position sociales et qui ne sont arrivés nulles part. Il

faut rappeler que la prison en Occident, à l’ origine, provient de l’époque ou le mouvement

d’enclosure débute et les Paysans sont chassés de la terre, rejetés du mode de production

féodal, mais le mode de production capitaliste ne s’est pas suffisamment développer pour

absorber toute cette masse

de vagabonds. Alors on va les mettre dans des maisons de correction, des maisons de

redressement, des maisons de redressement, des maisons de travail , etc. pour les plier à la

nouvelle discipline du travail salarié émergents . Et bien aujourd’hui, si l’on analyses la

population pénitentiaire, il existe un même point que celle d’autre fois, certes ces gens ont été

incarcérées pour avoir commis des infractions mais làoù le bât blesse et qu’ils sont tous issus

de la même couche sociale, les autres bénéficient en général de liberté provisoire ou

conditionnelle voir dans certains cas d’évacuation sanitaire, les exemples pullulent , mais

nous en retiendront un qui nous a particulièrement choqué, en effet nous avons rencontré

dans la prison d’Arivonimamo un détenu en attente de jugement pour homicide involontaire

dans un accident routier, le jeune homme visiblement d’origine modeste nous a confié qu’il a

été immédiatement mis en détention préventive malgré des blessures graves et qu’il continue

ses soins àl’infirmerie de la maison central. Cet exemple est choquant car on a constaté que si

ce jeune homme venait d’un autre milieu social, il n’aurait pas été mis en détention

préventive et aurait été condamné avec sursis, c’est généralement le cas pour les homicides

involontaires. Il s’est avéré également d’après les recherches que l’on a effectué que des

sondages effectués sur un échantillon de 1140 personnes détenus, prévenus et condamnés

confondus, montre que 105 d’entre elles seulement disposent d’un avocat soit 9.2%. Le

manque de ressources financières en est la principale cause. Par ailleurs, le système des

avocats commis d’office fonctionne mal, principalement en province. Enfin un nombre

important de personnes détenus ne savent ni écrire et sont donc dans l’impossibilité de

rédiger seule une demande de libération quelconque, bref ce qu’on peut retenir c’est que la

Page 30: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

prison est un bon instrument pour cacher les maux du pays, d’ailleurs on remarque qu’en

période de crise politique le taux d’incarcérations bas des records. Cette situation nous

poussent à conclure que si la prison intimide elle n’intimide qu’une certaine catégorie de

personne pour laquelle la peine est concrètement exécutée.

Section 3 les peines de substitutions.

La peine de prison peut :

Couter cher à la communauté nationale ;

Ne pas remplir le rôle qui était prévu ;

Avoir des effets secondaires négatifs.

Pour ces raisons, la majorité des démocraties prévoient des condamnations à des peines de

substitution ( appelées aussi peines alternatives) comme :

un travail d’intérêt général (appelé « travail communautaire » au Quebec ) ;

le port d’un bracelet électronique de surveillance fixe ou mobile ;

une amende (qui peut s’ajouter a l’incarnation)

un sursis a la peine de prison : il est souvent assorti d’une mise à l’épreuve en France

(obligation de soins, de travail, de formation, d’indemnisation des parties civiles,ect.).

un ajournement de peine ;

un placement extérieur ;

la confiscation des objets ayant permis la réalisation des infractions.

La prison est donc une peine beaucoup plus contraignante que le bracelet électronique

Ou le placementà l’extérieur par exemple mais à la lumière des études mentionnées, on peut

cependant imaginer que le risque d’être considéré comme une « prison hors les murs » a

l’efficacité identique, d’ailleurs à Madagascar on est encore loin de pouvoir appliquer ce

genre de peine..

Page 31: RAPPORT DE VISITE DE PRISON A ARIVONIMAMO

Par ailleurs, la peine de prison avec sursis devrait toujours être assortie d’une autre peine

comme l’amende ou le travail d’intérêt général. La condamnation avec sursis n’est

généralement pas considéré comme une punition : ceux qui la subissent ont le plus souvent le

sentiment d’avoir été acquittés .Par conséquent, pour ne pas laisser penser que certaine

infraction sont « gratuites » ( notamment lorsqu’elles sont le fait de primo-délinquants, il

faut assortir tout sursis d’une autre peine, aussi légère soit elle .

La peine de prison est encore loin de pouvoir être remplacée malgré les critiques qui

l’entoure et même si elle ne remplit pas son rôle de dissuasion, il faut dire qu’elle constitue

un modèle de peine encore difficile à remplacer car les autres peines dissuadent encore moins.