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Franche-Comté terre de prairies Un patrimoine naturel, une richesse agricole

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Franche-Comté

terre de prairies

Un patrimoine naturel, une richesse agricole

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e la végétation jusqu’aux hanches, des bouquets aux couleurs et odeurs multiples,

des papillons et autres insectes bruissant sous le soleil de juin, les prairies de fauche partici-

pent à des images fortes de la nature franc-comtoise. Base de l’alimentation des Montbéliardes et donc source de saveurs locales, ces milieux végétaux concourent

fortement à l’identité économique et culturelle de la Franche-Comté.Cependant, l’industrialisation des pratiques agricoles, la culture d’herbe, les fauches précoces

et répétées, les amendements trop riches ont quasiment eu raison de ces milieux. Ces biotopes

si particuliers pour leur richesse végétale et animale ont été remplacés par la monotonie des

paysages et des parcelles : on peut maintenant parler des déserts verts de Franche-Comté. Aujourd’hui, très rares se font les prairies où peuvent encore se rencontrer la trolle

d’Europe, le narcisse ou à plus basse altitude, le sainfoin.

Face à ce constat, Franche-Comté Nature Environnement, avec le soutien de la Diren de

Franche-Comté, propose ce livret afin de sensibiliser les acteurs plus ou moins proches

des prairies quant à la mise en œuvre urgente d’une politique agricole plus favorable à la

biodiversité, à la diversité des paysages, comme des saveurs des fromages ou des miels. Les mêmes problèmes se retrouvent en effet à différentes altitudes, des Vosges

à la Haute Chaîne du Jura, du Sundgau au finage dolois, avec des richesses et spécificités propres.

Il s’agit de mieux faire connaître les richesses en patrimoine naturel que représentent

les prairies et l’intérêt à léguer ce patrimoine à nos enfants. Il s’agit aussi de montrer que

des pratiques alternatives existent et sont possibles, économiquement parlant.

Pratiques s’inscrivant parfaitement dans les politiques agricoles promues par le Grenelle

de l’environnement et les trames vertes.

Gilles Sené,

Président de Franche-Comté Nature Environnement

Qu’est-ce qu’une prairie ? p. 4

Lieu de vie et de richesses… p. 5

Les prairies naturelles p. 6

Les pratiques agricoles dans les prairies p. 8

Un milieu naturel fragile p. 10

Une agriculture durable p. 12

Inquiétude… et avenir p. 14

Glossaire et références bibliographiques p. 15

D

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Prairies de moins de cinq ans

Prairies permanentes

Un peu d’histoire… De l’évolution des exploitations…Les prairies ont évolué avec les tech-niques agricoles et l’agriculture a subi devéritables bouleversements au cours deces vingt dernières années. Le nombred’exploitations a beaucoup diminué,laissant place aujourd’hui à des exploi-tations plus grandes (60 ha mis en va-leur en moyenne par exploitation en2006 contre 35 ha en 1988) avec plus debêtes (80 en moyenne pour un troupeauen 2000 contre 50 en 1988) et un ren-dement laitier plus élevé (à productionégale, 85 vaches suffisent aujourd’huicontre 100 il y a une dizaine d’années).

… à la modification des pratiques…Jusque dans les années 1980, les agri-culteurs cherchaient à faucher toutes lessurfaces, même les plus pentues et ro-cailleuses, pour assurer le fourrage del’hiver. La libération de terres a ensuitepermis d’agrandir les exploitations, no-tamment avec des parcelles plus disper-sées et éloignées de la ferme. La courseà la productivité a également modifié enprofondeur les systèmes de production :augmentation des volumes, améliora-tion de la qualité du lait, évolution de lagénétique, etc. De ce fait, un fourrageavec certaines caractéristiques nutritivesest nécessaire à l’alimentation desvaches laitières. Les pâtures les plus pau-vres sont ainsi délaissées.… pour une rentabilité économiqueAvec la modernisation du matériel etles contraintes économiques, la fertili-sation s’est accentuée et la fauche estdevenue plus précoce et répétée afind’augmenter les rendements et obtenirun fourrage de qualité (influant sur letaux protéique et de matière grasse dulait). Plus récemment, l’augmentationdes surfaces de cultures (céréales, cul-tures d’herbe, oléagineux, etc.) accélèred’autant plus la raréfaction des prairies.

Les prairies permanentes

Ces prairies occupent plus de la moitiéde la SAU de la région. Les culturesd’herbe ont progressé quant à ellesd’environ 35 000 ha depuis une ving-taine d’années, notamment dans leDoubs, et représentent aujourd’hui prèsde 30 % des terres arables. Ces terresarables constituent d’ailleurs 41 % de laSAU de la région, contre 62 % enmoyenne nationale.

La Franche-Comté,terre de prairies

L’agriculture occupe près de 45 % du territoire franc-comtois soit 730 591 ha*.La surface agricole utile (SAU) repré-sente l’ensemble des terres destinées à la production agricole, c’est-à-dire lesterres arables (céréales, oléagineux*, pro-téagineux*, cultures d’herbe, fourragesannuels, jachères, légumes frais, etc.), lessurfaces toujours en herbe, les vignes etles vergers.

*chiffres Agreste Franche-Comté 2009

Bois et forêts Surfaces toujours en herbe (STH) Terres arables Autres territoires

Bois et forêts Surfaces toujours en herbe (STH) Terres arables Autres territoires

Les abeilles sont un indicateurdu bon ou mauvais état d’une prairie.

Blé Maïs

Lieu de vie et de richesses...

Qu’est-ce que la biodiversité ?Elle désigne la richesse du monde vivant ; elle reflète le nombre et la diversité des organismes

vivants peuplant un écosystème* donné. Plus un écosystème est riche et complexe, plus il est

armé face aux perturbations internes et/ou externes. Ainsi, la biodiversité n’est pas qu’une

préoccupation environnementale, elle favorise également la souplesse des pratiques agricoles

(en fonction des cycles biologiques des différentes plantes) et participe à la définition du terroir.

Les plantes des prairies naturelles sont le refuge et le garde-manger de toutes sortes d'invertébrés

et d’insectes (papillons, abeilles, sauterelles, bousiers, etc.) qui servent à leur tour de nourriture à

de petits mammifères et oiseaux… Le sol, support de la production agricole et base de nombreuses

fonctions environnementales, joue un rôle important dans la richesse d’une prairie. En plus des

particules minérales, d’eau et d’air, 260 millions d’êtres vivants (bactéries, champignons, micro-

faune, etc.) vivent en moyenne dans un mètre carré de sol de prairie permanente.

Les prairies sont-elles en danger ?La prairie naturelle est un milieu fragile qui tend à disparaître du fait de l’urbanisation et de

l’intensification des pratiques agricoles : labour, semis, fertilisation, drainage des prairies

humides, passage du casse-caillou pour les prairies pierreuses, enfrichement des sites

abandonnés, disparition de haies, etc. La surface des prairies naturelles a ainsi diminué de

20 % en une vingtaine d’années. Dans certains secteurs de l’ouest de la région, elles ont régressé

de plus de 40 % !

Quelles conséquences sur la biodiversité régionale ?De nombreux habitats naturels*, avec leurs espèces spécifiques, ont ainsi régressé voire disparu

de certains secteurs. Une prairie surexploitée peut rapidement perdre une trentaine d’espèces

et se retrouver avec moins de 10 espèces végétales différentes. Dans un tel cas, c’est tout

l’écosystème qui subit les changements de pratiques (faune, flore, sol, micro-organismes, etc.).

Aujourd’hui, une espèce de papillon de jour sur cinq est menacée en Franche-Comté et la

majorité des papillons, très sensible aux variations de leur milieu, vit dans les prairies. Les

insectes pollinisateurs peuvent également être mis à mal avec des répercussions directes sur la

pollinisation mais aussi sur la production de miel.

Franche-Comté

France

11%

Machaon

Vanneau huppéTrèfle et sainfoin

4 5

Dans la vallée de la Loue

Dans le Haut-Doubs

1

2

Qu’est-cequ’une prairie ?Herbe, pré, pâture, champ, pacage, alpage, estive, pâtis, herbage, communaux, pelouses,

landes… Tous ces termes désignent la prairie, surface où poussent diverses plantes herbacées,

de façon spontanée ou organisée par l'homme, produisant ainsi du fourrage pour le bétail.

En Franche-Comté, on trouve deux types de prairies

Les prairies toujours en herbe (421 050 ha) qui comprennent :

— les prairies semées depuis plus de cinq ans,

— les prairies naturelles (ou semées depuis plus de dix ans),

— les surfaces peu productives (landes, pelouses, parcours, alpages, etc.).

Ces prairies ont une composition floristique variée, avec une majorité de graminées*. Elles

occupent principalement les zones de montagne (chaîne du Jura, massif vosgien) préservées par

des pratiques tournées principalement vers l’élevage et la production laitière et fromagère. Elles

sont également présentes sur les premiers plateaux (Amancey, Vercel, Champagnole, Moirans-

en-Montagne) et les seconds plateaux (Levier, Nozeroy, Maîche, Pontarlier). Elles se font plus

rares en plaines et sur les plateaux inférieurs du fait notamment de l’urbanisation et de la

progression des cultures.

Les prairies semées de moins de cinq ans (87 880 ha) qui comprennent :

— les prairies temporaires, semées de graminées fourragères ou d’un mélange graminées-légumineuses,

— les prairies artificielles, généralement semées de quelques légumineuses* (trèfle, luzerne, lotier…).

Elles font partie des terres labourables, comme les céréales, et permettent de sélectionner les

espèces semées pour accroître le volume et obtenir la qualité nutritive recherchée pour la

nourriture du bétail ; ce sont des cultures d’herbe.

Occupation du territoire en 2008En Franche-Comté, près de la moitié du sol est recouvert de forêts et plus du quart de prairies.

44%

35% 19%28% 18%

26% 19%

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Damier de la succise

Azuré de la croisette

Prairies de montagne du Haut-Jura

Prairie maigre en bord de Loue

Prairie en bord d’Ognon

Alouette des champs

Vanneau huppé et courlis cendré, deux espèces en déclin en Franche-Comté.

Trolles d’Europe

Narcisse

Renouée bistorte

Prairie de la vallée de la Bourbeuse

Cuivré mauvin

Apollon

6 7

Demi-deuil

Myrtil

Agrion de Mercure

Prairie de fauche inondée

Râle des genêts et fritillaire pintade, deux espèces protégées en Franche-Comté.

Cuivré des marais

La vallée de Saône et ses prairies inondables

Les papillons de jour au fil des prairies… Dans les prairies très exploi-tées, les chenilles ne trouventplus leur plante-hôte pour senourrir et les fauches précocesempêchent les papillons d’acheverleur cycle de vie ; on y trouvedonc peu de papillons (piéride duchou et de la rave, soufré, etc.). Avecmoins d’engrais et des fauches moinsfréquentes, la diversité des plantes aug-mente et d’autres espèces apparaissent(piéride du navet, demi-deuil, myrtil,cuivré fuligineux, azuré de la bugrane,etc.). Enfin lorsqu’il n’y a pas d’apportd’engrais, de nombreuses espèces se dé-veloppent dans une flore variée (grand

nacré, petite violette, mélitée duplantain, virgule, etc.).

Criquet ensanglante

1

2

3

Les prairies naturelles

Les prairies naturelles se caractérisent par la présence d’espèces variées de plantes et d’animaux,

dont certaines sont rares ou menacées d’extinction. Elles garantissent une partie de la

biodiversité régionale, tant pour la faune que pour la flore et l’ensemble des habitats. En

Franche-Comté, il existe plusieurs types de prairies naturelles dont certains sont classés comme

habitats d’intérêt communautaire* :

Les prairies de fauche de montagne Elles recouvrent plusieurs types de prairies suivant la situation géographique, les conditions hygrométriques*…

Où les trouve-t-on ?Au-dessus de 700 m d’altitude ; dans les Vosges comtoises, le ballon de Servance, au sud du

Jura, aux alentours de Chapelle-des-Bois, dans le bassin du Drugeon et plus rarement dans le

nord du Doubs.

Comment les reconnaître ? Établies sur sol relativement profond, avec une humidité moyenne, ces prairies sont hautes, très

colorées du fait de l’abondance et de la variété des plantes à fleurs. Les légumineuses sont

également présentes. Elles peuvent comporter plus de 50 espèces dont certaines sont rares ou

peu fréquentes, surtout lorsque le sol est frais.

Espèces présentes (tous types de prairies montagnardes confondus) : trisète, géranium des

bois, petit muscari, renouée bistorte, renouée des Alpes, trolle, narcisse, anémone à fleurs de

narcisse (protection régionale), jonquille, platanthère à fleurs verdâtres, raiponce noire, fenouil

des Alpes…

Intérêts agricoles : qualité fourragère et rendement variable, avec peu de repousses mais une

chute lente de la valeur nutritive (permettant une fauche plus tardive avec la même qualité

d’herbe).

Menaces pour ce milieu : intensification des pratiques (coupes répétées et trop précoces,

fertilisation intensive), abandon de parcelles trop éloignées, régression de la fauche, conversion

vers le pâturage. L’exploitation de ces prairies reste le plus souvent traditionnelle. En forte

régression ces dernières années, leur maintien dépend de fauches régulières et retardées, avec

ou non un pâturage de printemps ou un regain d’automne et d’une fertilisation limitée.

Autres intérêts : richesse de l’entomofaune* (apollon, cuivré écarlate, cuivré mauvin, etc.)

et fort attrait paysager.

Les prairies maigres de fauche de basse altitude Elles recouvrent plusieurs types de prairies suivant la situation géographique, les conditions hygrométriques…

Où les trouve-t-on ?Jusqu’à 700 m d’altitude ; dans les vallées (Doubs, Saône, Ognon, Loue et hautes vallées sous-

vosgiennes) et parfois sur les premiers plateaux du Doubs et du Jura.

Comment les reconnaître ?Ces prairies, riches d’une trentaine d’espèces, sont hautes et diversement colorées (floraison

parfois tardive, idéale pour les pollinisateurs).

Espèces présentes : avoine élevée, fausse orge, flouve odorante, fétuque des prés, cumin

des prés, centaurée noire, salsifis des prés, géranium des prés, crépide bisannuelle, campanule

raiponce, campanule étalée…

Intérêts agricoles : bonne valeur fourragère et bon rendement. Dans les plaines des vallées

alluviales, apport régulier d’éléments nutritifs par de courtes inondations.

Menaces pour ce milieu : conversion en cultures, pâturage, fertilisation intensive.

Autres intérêts : intérêt ornithologique (caille des blés, alouette des champs, etc.) et

entomologique (hespérie de la mauve, damier de la succise, azuré de la croisette, fadet

commun, hespérie du faux-buis et aussi criquets, sauterelles, etc.).

Les prairies de fauche longuement inondablesElles recouvrent plusieurs types de prairies suivant la situation géographique, les conditions hygrométriques…

Où les trouve-t-on ?Principalement dans les lits majeurs de la Saône, du Doubs, de la Seille, de l’Ognon, de la

Loue, de la Lanterne, des petites vallées issues des Vosges, des hautes vallées du Doubs et de

la vallée du Drugeon.

Comment les reconnaître ?Sol humide, inondé une grande partie de l’hiver et fertile grâce aux apports alluviaux des crues.

La végétation est luxuriante et très spécifique.

Espèces présentes : stellaire des marais (protection régionale), gratiole officinale (protection

nationale), souci d’eau, fritillaire pintade (protection régionale), œnanthe à tiges creuses, brome

en grappes, séneçon aquatique, crépis des marais, cirse des ruisseaux, myosotis des bois, lotier

des marais, scirpe des bois…

Intérêts agricoles : ces prairies peuvent être fauchées plus tardivement que les prairies

supérieures. La fertilisation n’est pas nécessaire.

Menaces pour ce milieu : drainage et mise en culture, surpâturage, fertilisation,

conversion en peupleraie.

Autres intérêts : flore et faune spécifiques avec des espèces patrimoniales (cuivré des marais

pour les papillons, agrion de Mercure pour les libellules, vanneau huppé, courlis cendré, râle

des genêts, tarier des prés ou bergeronnette printanière pour les oiseaux, etc.).

Les prairies humides ont un rôle important dans la régulation des eaux, dans la limitation de

l’érosion, dans la lutte contre les pollutions et la protection de la qualité des eaux.

Azuré de la bugrane

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La fertilisationElle consiste au minimum à apporter au sol les éléments nutritifs qui ont été prélevés par la

fauche. Elle est utilisée également le plus souvent pour « améliorer » le sol (du point de vue

agronomique) et pour accélérer la croissance des plantes, permettant ainsi une fauche plus

précoce. La fertilisation peut être minérale (amendements), mixte et/ou organique (épandages

d’effluents d’exploitation, de boues de station d’épuration).

Impact environnemental : certaines espèces sont favorisées, notamment les graminées, au

détriment d’autres (plantes à fleurs et légumineuses dont certaines fixent naturellement l’azote).

Ces apports modifient l’état de la prairie et son fonctionnement en influençant la composition

floristique et la diversité faunistique associée.

Que dit la réglementation ? L’épandage ne peut être réalisé à moins de 35 mètres des

berges des cours d’eau (sauf exception) et à moins de 50 mètres des forages et sources. Il est

interdit d’épandre sur les sols pris en masse par le gel ou enneigés (exception faite pour les

fumiers et les composts) et sur les sols inondés ou détrempés.

L’utilisation de pesticidesUtilisés pour détruire les « mauvaises herbes » ou autres organismes « nuisibles » (campagnols,

parasites, insectes), ils sont répandus sur toute la parcelle ou de manière localisée (espèces

envahissantes ou sauvages, refus, etc.). Ils sont utilisés principalement sur les prairies

temporaires ou les prairies victimes de pullulations de campagnols (Doubs et Jura).

Impact environnemental et sanitaire : leur utilisation, même à faible dose, est

responsable de la régression de nombreuses espèces végétales et animales. Ces produits ont

également été reconnus comme dangereux pour la santé de l’homme (risques de cancers, de

maladies neurologiques, de perturbations hormonales, etc.).

Que dit la réglementation ? D’après l’arrêté du 12 septembre 2006, ces produits ne doivent

pas être appliqués à proximité de points d’eau (rivières, ruisseaux, fossés, plans d’eau, etc.). Une

largeur de zone non traitée, en bordure d’un point d’eau, est définie pour chaque produit selon

l’usage : 5 mètres, 20 mètres, 50 mètres ou une largeur supérieure ou égale à 100 mètres.

Les effluentsd’élevageD’un problème régional grandissant…Le développement d’élevages « horssol » (porcheries ou élevages bovins surlisier) et l’augmentation de la taille deces élevages engendrent une produc-tion de volumes croissants d’effluentsorganiques. Les épandages sur prairiesne respectent pas toujours les besoinsdu milieu ou les périodes propices (pro-blèmes de stockage, de plan d’épandageou de calendrier). Ils constituent unrisque de pollution par lessivage, en-traînant l’azote destiné initialement auxterres dans les cours d’eau.

...vers une valorisation des déchets organiquesL’utilisation de fumier de six mois à unan ou de compost est préférable pouraméliorer la structure du sol, l’équilibremicrobien et l’assimilation par lesplantes des éléments nutritifs. Le com-post peut également être obtenu parméthanisation à la ferme des déchetsorganiques (lisiers, fumiers, végétaux, déchets de l’agro-alimentaire, etc.), réduisant ainsi les émissions de gaz àeffet de serre et pouvant générer duchauffage ou de l’électricité grâce aubiogaz produit.

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Compost de fumier

Les moutons aussi entretiennent les prairies…

Les pesticides posent un véritable problème de santé publique et les utilisateurs sont les plus exposés.

La gentiane jaune fait partie intégrante du paysage de moyenne montagne.

Le Plan Ecophyto 2018Ce plan fait partie de la loi Grenelle del’environnement et vise à réduire de50 % l’usage des pesticides en agricul-ture, à l'horizon 2018, si possible. Ils'agit à la fois de réduire l'usage de cesproduits et de limiter l'impact de ceuxqui resteront.

Sol piétiné par le bétail

Les pratiquesagricoles L’exploitation et l’entretien des prairies sont parties intégrantes du système agricole fourrager.

Les pratiques agricoles employées induisent des changements à court ou moyen terme sur

la végétation.

La fauche ou fenaisonElle consiste à couper l’herbe, la faire sécher, puis la rentrer au sec pour nourrir le bétail durant

l’hiver. Elle s’effectue quand la quantité de matière nutritive de la prairie est à son niveau

maximal, généralement à l’épiaison* des plantes.

Date de fauche classique : mai-juin, voire juillet pour les secteurs les plus humides.

Impact environnemental :Une coupe précoce (en mai) favorise les espèces à développement rapide et empêche les espèces

plus tardives d’arriver au stade de fructification et donc de se reproduire. Cette sélection profite

aux graminées (ray-grass, dactyle, chiendent) qui donnent un bon rendement agricole mais elle

diminue l’ensemble de la diversité floristique, compte tenu de la compétitivité des graminées.

Une coupe tardive (vers mi-juillet) est bénéfique pour toute la faune et favorise les espèces

végétales tardives hautes et robustes (reine-des-prés).

La répétition des coupes a également un impact environnemental car plus une prairie est

fauchée, plus les espèces capables de se reconstituer rapidement se développent (pâquerette,

pissenlit, etc.). Lorsque les coupes sont espacées, un plus grand nombre d’espèces peut arriver

à maturité, favorisant ainsi la biodiversité. Par exemple, six semaines peuvent suffire pour

préserver les plantes à fleurs !

Le pâturageCette pratique consiste à laisser les troupeaux brouter l’herbe des prairies,

généralement entre avril et novembre.

Impact environnemental : la diversité floristique et faunistique va dépendre de

la pression plus ou moins importante du pâturage (nombre de bêtes présentes à

l’hectare), dont l’optimum est variable selon le type de sol (plus ou moins humide,

superficiel, etc.) et le type de végétation. Le bétail piétine le sol et sélectionne pour

son alimentation les espèces végétales, entraînant des modifications de la flore :

présence d’espèces résistantes au piétinement (plantain) et d’espèces à croissance

rapide (ray-grass) ainsi que des refus (chardon, ortie, gentiane jaune, etc.).

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Un milieunaturel fragileCertaines pratiques agricoles peuvent provoquer des impacts importants, rapides (un à deux

ans) et irréversibles sur la végétation, la faune, la structure du sol, etc.

Quelques exemples d’équilibre naturel rompu

* Les prairies à pissenlitLes prairies à pissenlit sont très visibles, lors de la floraison de printemps, par leurs vastes

étendues jaunes. Ces prairies en mauvais état de conservation ne comportent que peu d’espèces

(moins de 20).

Les pratiques agricoles associées sont plutôt intensives : forte fertilisation, fauches précoces et

répétées, pâturage intensif et ouverture de la végétation. Leur rendement est « moyen à élevé »

pour la fauche et le pissenlit a une bonne appétence pour le bétail.

Le retour à la prairie d’origine par une réduction de la fertilisation est possible mais très lent

du fait des modifications de la nature et de la structure du sol dues à une fertilisation soutenue

pendant plusieurs années.

* Les prairies à rumexLe « rumex » recouvre au moins deux espèces communes (oseille crépue et oseille à larges

feuilles), présentes surtout en repousse et en fin de premier cycle sur des sols trop enrichis.

Espèces indésirables car très peu consommées en pâture et en foin, il est difficile de les

supprimer une fois installées.

Les zones à rumex sont dues à une forte fertilisation (azote et phosphore) ou une ouverture de

la végétation (piétinement, brûlure, étouffement, etc.). Elles font l’objet de tentatives

d’élimination par des produits phytosanitaires ou du broyage mais une pression moins

soutenue en fertilisation ou en pâturage peut suffire à circonscrire leur extension.

Comme pour les prairies à pissenlit, ces prairies dégradées présentent peu d’espèces et n’ont

pas d’intérêt environnemental.

De l’exploitation à la surexploitationdes prairiesÀ proximité des exploitations, les par-celles sont souvent surpâturées ou su-bissent trop d’interventions de l’homme(passages répétés d’engins, quantité éle-vée d’amendements, fauches répétées,etc.). Les fonctionnements écologiquessont modifiés et seules quelques plantesrésistent à ces pressions (graminées etquelques légumineuses).

Alors qu’elles peuvent être évitées, cer-taines pratiques agricoles modifientconsidérablement le milieu :

La culture d’herbe par re-semis permetde « rénover » une prairie en retournantla terre et/ou en désherbant à l’au-tomne pour éliminer toute la végéta-tion et ressemer au printemps desespèces productives (ray-grass, trèfleblanc, trèfle violet, fléole, etc.).

Le casse-cailloux et le nivellementuniformisent une prairie et ses micro-biotopes.

Le drainage et l’assèchement trans-forment le plus souvent un herbageinondable en culture en évacuant l’eaugrâce à des fossés ou des drains enter-rés, entraînant des impacts importantssur le cycle de l’eau.

La suppression totale des haies, mur-gers, murets, arbres isolés, creux et do-lines uniformise le paysage.

Qu’est-ce que l’étatde conservation

d’une prairie ?L’état de conservation d’une prairie àforte valeur environnementale est bonlorsque des espèces indicatrices (dugroupement végétal associé) sont pré-sentes. Lorsque ces espèces disparaissentet d’autres moins spécifiques apparais-sent, l’état de conservation devientmoyen, voire mauvais. Un habitat en mauvais état de conserva-tion correspond généralement à un ha-bitat subissant ou ayant subi une fortepression anthropique (de l’homme) ouau contraire un abandon.

1110

* Les prairies à campagnolsLes prairies à campagnols se situent principalement dans la zone des plateaux, entre 400 et

1 000 m d’altitude. Depuis les années 70, des vagues de pullulation du campagnol terrestre

provoquent des dégâts importants : destruction des racines, modification de la végétation avec

apparition d’espèces indésirables, formation de galeries et de monticules de terre (tumuli),

limitant la pousse de l’herbe et souillant le foin. Jusqu’en 2000, le traitement chimique à base

de bromadiolone était utilisé pour lutter contre ce ravageur mais cette substance tuait

également d’autres espèces (renards, rapaces, gibiers, etc.).

Désormais, il existe un programme d’action et un arrêté qui définissent les méthodes à

employer : la lutte indirecte est aujourd’hui utilisée, correspondant à une méthode agricole

moins intensive (fertilisation limitée, alternance fauche et pâture, labour, rouleau à plots,

broyage des refus, travail du sol, piégeage). Des pratiques agricoles intensives favorisent souvent

la croissance de campagnols alors que la préservation des haies (refuge de prédateurs) et des

reliefs par exemple contribue à la régulation des pullulations.

Au-delà des conséquences agricoles, les pullulations ont des impacts économiques (9 000 à

25 000 € par exploitation), paysagers, écologiques et sanitaires (le campagnol étant l’hôte d’un

parasite mortel pour l’homme, responsable de l’échinococcose alvéolaire). Plusieurs facteurs

interviennent dans la régulation des populations, ce qui rend ce problème complexe.

La haie, un corridor biologique, un outil agricole…

Elle joue un rôle important dans les espaces agricoles en offrant une flore différente (aubépine,

prunellier, chêne pédonculé, érable champêtre, etc.), stratifiée (herbes, arbustes, arbres) qui sert

de refuge, d’alimentation et de déplacement à une faune variée (insectes, oiseaux, micro-

mammifères, etc.). C’est également une zone où intervient peu l’homme et donc dans laquelle

des espèces spécifiques apparaissent. Plus qu’un rôle écologique et paysager, la haie assure la

fonction agronomique de brise-vent, d’anti-érosif pour le sol et de barrière pour limiter

l’extension de parasites et de nuisibles entre les parcelles.

Prairie à pissenlitLe pissenlit est résistant aux pratiques

intensives.

Dégâts causés par des campagnolssur une prairie.(Fuans, avril 2006)

Comme pour les haies, la présence d'arbresisolés dans les prairies est un élément paysageret de biodiversité important.

Prairie à rumexCertains rumex peuvent envahir une parcelle

en deux ou trois ans.

Oseille crépue

Herbe fauchée séchant au soleil

?

La pie-grièche écorcheur est une espèce bio-indicatrice d'un milieu campagnard richeet diversifié, avec des haies, des herbages et une entomofaune abondante.

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L’agriculture biologiqueL’utilisation de produits chimiques de synthèse et d’organismes génétiquement modifiés

(OGM) est interdite et les intrants limités ou supprimés. L’autonomie alimentaire est également

un des principes de l’agriculture biologique tout comme le respect du bien-être des animaux.

C’est un mode de production soucieux des équilibres naturels : préservation de la qualité des

sols, de la biodiversité, de l'air et de l'eau.

La Franche-Comté a vu son agriculture biologique se développer à partir de 1972 avec une

nette augmentation dans les années 90, pour représenter 3,4 % de la SAU régionale en 2008,

la situant à la 6e place en France, derrière les premières régions Provence-Alpes-Côte d’Azur

(7,6 %) et le Languedoc-Roussillon (4,9 %).

L’élevage de vaches laitières avec système fourrager est important avec 6 408 têtes en Franche-

Comté en 2008 et près de 27 millions de litres de lait bio collectés en 2007, valorisés en

production de fromages AOC (Appellations d’Origine Contrôlées) et de plus en plus en lait

de consommation et autres fromages.

En 2008, il existait 328 exploitations en qualité biologique, représentant 22 435 ha en bio et

conversion dont 13 719 ha de prairies permanentes.

La Franche-Comté, territoire de fromagesLes prairies constituent l’alimentation principale des vaches laitières et, en Franche-Comté, il

existe cinq AOC fromagères : Comté, Morbier, Mont d’Or, Bleu de Gex Haut-Jura et Munster.

L’exemple du ComtéLe Comté est le premier fromage à avoir obtenu une AOC en 1952 et sa zone AOC s’étend

sur tout le massif jurassien soit 1 200 000 ha. Toute la filière Comté suit un cahier des charges,

contrôlé régulièrement. Par exemple, les OGM et l’ensilage sont proscrits et l’éleveur doit

exploiter au minimum un hectare de superficie herbagère par vache laitière.

Le Comté se caractérise par une grande diversité aromatique et le goût de ce fromage est lié au

terroir de chaque fruitière. Le « programme terroir », initié par le Comité Interprofes sionnel du

Gruyère de Comté en 1992, met en avant cette affinité fromage-milieu et permet de faire

découvrir les caractères organoleptiques (goût, odeur, couleur, aspect, consistance, etc.) du

Comté et donc la typicité de son goût suivant les fruitières.

Près de 50 000 tonnes de Comté sont fabriquées chaque année.

Les sites « Natura 2000 »

L’Union européenne a mis en place un« réseau Natura 2000 », réseau d’espacesprotégés suivant deux directives : laconservation des oiseaux sauvages et laconservation des habitats naturels. Sonobjectif est de préserver la biodiversité,la qualité de l’eau et des paysages touten maintenant les activités socio-éco-nomiques.

Il existe en Franche-Comté, 71 sites« Natura 2000 », représentant 15,4 % duterritoire, soit plus de 251 031 ha dont40 % environ sont en zone agricole.

Trame verte et bleue

Afin de préserver la biodiversité surtout le territoire, le Grenelle de l’envi-ronnement prévoit de définir la « trameverte », outil d’aménagement du terri-toire constitué de grands ensembles na-turels et de corridors les reliant. Elle estcomplétée par une trame bleue forméedes cours d’eau et masses d’eau et desbandes végétalisées qui les longent.L’objectif de la trame verte et bleue estd’assurer une continuité biologiqueentre les grands ensembles naturels etles milieux aquatiques pour permettrela circulation des espèces sauvages.

« Agriculturebiologique :Horizon 2012 »Ce plan fait partie de la loi Grenelle del’environnement et vise principalementà augmenter la surface agricole utile enagriculture biologique pour atteindre6 % en 2012 et 20 % en 2020. Laconsolidation des filières biologiquessera renforcée et le crédit d’impôt en fa-veur de l’agriculture biologique seradoublé dès 2009 afin de favoriser laconversion des exploitations agricolesvers l’agriculture biologique.

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Une agriculture durableDes pratiques extensivesContrairement aux pratiques intensives, elles impliquent l’utilisation d’un minimum d’engrais

et de produits chimiques artificiels et un pâturage faible. Cette agriculture plus traditionnelle

peut s’inscrire dans une démarche durable lorsqu’elle associe préservation du vivant et

économie agricole (maintien des emplois et revenus des agriculteurs). La gestion d’une telle

production, qui ne se base pas sur des rendements élevés, est un investissement sur le long

terme et intègre des technologies modernes, contrairement aux idées reçues.

En Franche-Comté, il n’existe pas de profil type d’exploitation extensive : elles peuvent se

retrouver aussi bien dans les exploitations autonomes pour l’alimentation du bétail, que dans

les exploitations en agriculture biologique ou sous contrat d’une mesure agri-environ nementale.

La plupart se retrouvent cependant dans les zones de montagnes ou agro-pastorales où de telles

pratiques participent à l’entretien du paysage.

Les mesures agri-environnementalesEn 1992, la Politique Agricole Commune (PAC) est réformée et les Mesures Agri-Environ -

nementales (MAE) apparaissent dans le règlement européen.

Les deux mesures suivantes ont pour objectif de développer des pratiques agricoles respectueuses

de l’environnement et ainsi de préserver la biodiversité et les ressources en eau :

* la « prime à l’herbe » ou prime herbagère agro-environnementale (PHAE), mesure nationale

proposée aux exploitations garantissant un pourcentage minimum de surfaces en herbe sur

leur territoire ;

* les mesures appliquées localement au sein des CTE (Contrats Territoriaux d’Exploitation),

des CAD (Contrats d’Agriculture Durable) et, depuis 2007, des MAET (Mesures Agri-

Environnement Territorialisées). Ces dernières sont mobilisées en priorité sur des zones à

enjeux « biodiversité » (au sein des sites Natura 2000) et à enjeux « qualité de l’eau » (sur des

zones et bassins versants prioritaires) en application de trois directives européennes : Directives

Oiseaux, Directive Habitats-Faune-Flore et Directive Cadre sur l’eau. Elles donnent droit à

des primes pour l’exploitant agricole qui s’engage volontairement, sur une durée de cinq ans.

Réserve naturelle nationale du ravin de Valbois

Marché biologique à Besançon

Un éleveur du Jura en agriculture biologique

Fruitière de Vernierfontaine (Doubs)

Vente directe à la fruitière à Comté de Lièvremont (Doubs)

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Mise en pratique et exemple

du Haut-JuraLe Parc naturel régional (PNR) du Haut-Jura s’est lancé en 2008 dans la mise en place d’une mesure agri-environne-mentale « prairies fleuries » sur certainssites Natura 2000. Parmi une liste de 23plantes à fleurs sélectionnées pour leurreprésentativité de milieux riches et équi-librés, 4 de ces indicateurs doivent êtreprésents dans la prairie, comme parexemple la succise, le salsifis et la saugedes prés, le sainfoin, les orchidées, lescampanules, le trolle d’Europe, le nar-cisse, etc. Cette mesure s'est étendue en2009 dans le PNR du Haut-Jura et surd'autres sites en Franche-Comté (CrêtMonniot, Dessoubre...).

Un concours de prairies fleuriesAutre initiative, en 2008, le PNR duHaut-Jura et le Comité Interprofes-sionnel du Gruyère de Comté ont lancéun concours de prairies fleuries ouvertaux agriculteurs volontaires, sociétairesdes fromageries en activité dans le PNRdu Haut-Jura et de la communauté decommunes Ain-Aiguillon-Malvaux.Parmi les parcelles proposées, quatre récompenses :- le prix de la biodiversité (présentant laplus riche en espèces floristiques ou laplus représentative d’un habitat en bonétat de conservation),- le prix du meilleur équilibre agro-environnemental (présentant le meil-leur équilibre entre préservation de labiodiversité ordinaire et production defourrage de qualité),- le prix de la prairie mellifère (présen-tant le plus grand intérêt pour la pro-duction de miel),- le prix de la plus grande valeur esthé-tique (présentant le plus grand intérêtpaysager).En 2009, un 2e concours a été organisé,associé au Comté, au Morbier et auBleu de Gex.

14

Inquiétude…La disparition des prairies remarquables d’altitudeL’exemple des prairies fauchées montagnardes au nord de Pontarlier en témoigne par une étude

réalisée en 2004 par le Conservatoire botanique national de Franche-Comté entre les seconds

plateaux du Doubs et la Haute Chaîne du Jura (de 850 à plus de 1 300 m d’altitude).

Des conclusions étonnantesLes prairies en bon état de conservation, contrairement aux attentes, sont rares et concentrées

dans la partie sud d’Arc-sous-Cicon (près du Crêt Monniot principalement). La majorité des

prairies étudiées ont un potentiel écologique mais peu de parcelles offrent les vraies

caractéristiques des prairies montagnardes. Elles sont souvent artificialisées et en mauvais état

de conservation. Cette étude scientifique présente pour la première fois un constat de la

disparition des prairies remarquables d’altitude.

...et avenirL’exemple d’autres régionsDes solutions ont été proposées et mises en place dans d’autres régions d’élevage (Alpes

françaises, Suisse, Allemagne) avec l’implication directe des agriculteurs dans la reconquête de

la biodiversité. En Allemagne par exemple, une politique d’écologisation a été mise en place

dans la région du Bade-Wurtemberg, avec comme objectif, l’harmonisation de la conservation

de la biodiversité avec la production agricole, sans se limiter aux sites Natura 2000.

Cette méthode originale s’appuie sur une obligation de résultats et non plus de moyens, à

savoir la préservation d’au moins quatre espèces indicatrices (plantes à fleur) de la prairie

d’origine à sauvegarder. Elle a donné lieu à une recherche en amont des espèces intégratrices

de niveau de conservation correct des prairies et par la suite, à la mise en place d’une mesure

agro-environnementale « prairies riches en espèces » et d’un concours de prairies fleuries ouvert

à tous les agriculteurs volontaires.

Écosystème : ensemble

dynamique d'organismes vivants

(plantes, animaux, micro-organismes,

etc.) qui interagissent entre eux

et avec le milieu (sol, climat, eau,

lumière, etc.) dans lequel ils vivent.

Ensilage : méthode de

conservation du fourrage (herbe et

maïs) par voie humide (balles rondes

sous plastique, silos, etc.)

Entomofaune : partie de

la faune constituée par les insectes.

Épiaison : moment où

l'inflorescence sort de la gaine foliaire

(chez les graminées) marquant le

début de la floraison.

Graminées : importante famille

de plantes aux épis de fleurs peu

voyants, comprenant les céréales et

les « herbes » (prairies, jardins, etc.).

Habitat d’intérêtcommunautaire : siteremarquable en danger de disparition

dans son aire de répartition naturelle

ou présentant une aire de répartition

réduite du fait de sa régression

ou présentant des caractéristiques

remarquables (espèces en danger,

prioritaires, etc.).

Habitat naturel : milieu

qui réunit les conditions physiques

et biologiques nécessaires

à l’existence d’une espèce (ou

d’un groupe d’espèces) animale

ou végétale.

Hygrométrique :qui a rapport à l’humidité relative

de l'air.

Légumineuses : plantes

dont les graines sont riches en

protéines ; ce sont généralement

des espèces cultivées dans un but

alimentaire soit comme fourrage

aux animaux (luzerne, trèfle,

sainfoin) ou comme graines pour

l’homme (haricots, pois, etc.).

Microbiotope : petite aire

géographique offrant des conditions

relativement constantes aux espèces

animales et végétales qui la peuplent

(dépressions, pierres, etc.)

Oléagineux : végétaux

à l’origine d’une production

d’huiles (colza, tournesol, etc.)

Protéagineux : végétaux

à l’origine d’une production de

protéines (soja, légumineuses, etc.)

Le jury en action pendant le concours de prairies fleuries 2008.

Prairie du Crêt Monniot (Doubs) Prairie du Haut-Jura

Concours prairies fleuries 2008

Quelques références bibliographiques– BERTRAND J. Agriculture et biodiversité, un partenariat à valoriser,

ONCFS et Educagri éditions. 157 p, 2001.

– FERREZ Y. ET NAUCHE G. Caractérisation et localisation des

prairies fauchées montagnardes (Triseto-Polygonium) au nord de

Pontarlier, Conservatoire botanique national de Franche-Comté,

DIREN de Franche-Comté, rapport d’étude. 24 p, 2004.

– FERREZ Y. Connaissance des habitats naturels et semi-naturels de

Franche-Comté : référentiels et valeur patrimoniale. Conservatoire

botanique national de Franche-Comté, DIREN Franche-Comté,

Conseil régional de Franche-Comté. 57 p, 2004.

– PARC NATUREL RÉGIONAL DU HAUT-JURA. Guide technique

2005 : Agriculture, prairies de fauche et environnement dans le Massif

jurassien, outil de diagnostic et conseil. Coll. Terre rurale. 49 p, 2005.

– TRIVAUDEY M.-J., Contribution à l’étude phytosociologique des

prairies alluviales de l’est de la France (vallées de la Saône, de la Seille,

de l’Ognon, de la Lanterne et du Breuchin) : approche systémique

(thèse). Cramer éditeur. 213 p, 1997.

Sites internetwww.franche-comte.ecologie.gouv.fr

www.natura2000.fr – www.espaces-naturels.fr

www.maison-environnement-franchecomte.fr

www.parc-haut-jura.fr – www.prairiesfleuries.fr

RéalisationCe livret a été réalisé par Franche-Comté Nature Environnement,

avec le soutien technique et financier de la Direction Régionale

de l’Environnement de Franche-Comté.

RemerciementsConservatoire régional des espaces naturels de Franche- Comté,

Direction régionale de l’agriculture, de l’ali men tation et de la

forêt (SRISE), LEGTA Mancy, Office pour les insectes et leur

environ ne ment de Franche-Comté et PNR du Haut-Jura.

Crédit photographique F. Compagnon (p.1) – L. Delafollye (p.1, 5, 6, 7, 15) –

E. Leboucher (p.2 à 4, 6, 8, 10 à 12, 14, 15) – M. Landry (p.4, 5

et 7 à 15) – F. Maillot (p.5 et 11) – CREN Franche-Comté (p.5)

– Q. Le Tallec (p.5 et 9) – CIGC-PNRHJ (p.6, 14) – E. Bunod (p.6

et 8) – F. Mora (p.7) – D. Bouvot (p.7) – M. Mazuy (p.7 et 11)

– L. Bettinelli (p.6 à 8) – B. Dupont (p.7) – J.-P. Paul (p.7 et 11)

– J.-C. Weidmann (p.7) – L. Faucoup (p.7) – CIGC (p.8 et 13) –

www.mdrgf.org (p.9) – H. Renaud (p.10) – FCNE (p.11) –

FREDON Franche-Comté (p.11) – M. Lacroix (p.11) – D. Biichlé

(p.11) – F. Lagadec (p.11) – C. Moreau (p.11) – Petit-CIGC (p.12)

– F. Ravenot (p.12) – Interbio Franche-Comté (p.13) –

Studiovision-CIGC (p.13) – A. Leboucher (p.13) – Ladousse-

CIGC (p.13) – O. Roydor (p.14) – H. Gentas (p.15).

Glossaire

Con

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Sensibilisation

Franche-Comté Nature Environnement

Maison de l’environnement de Franche-Comté

7, rue Voirin - 25000 Besançon

Tél. 03 81 80 92 98 - Fax : 03 81 61 66 21

[email protected]

www.maison-environnement-franchecomte.fr

Technique

DIREN de Franche-Comté

5, rue du Général Sarrail BP 137

25014 Besançon Cedex

Tél. 03 81 61 53 33 - Fax : 03 81 81 24 96

[email protected]

www.franche-comte.ecologie.gouv.fr

Entre passé et modernité, les prairies ont subi de nombreux

changements, au risque de s’uniformiser et de voir leur potentiel

écologique et économique s’amoindrir.

Ce livret vous invite à découvrir ou redécouvrir les prairies de notre

région, leurs caractéristiques, leur faune et leur flore. Il propose

également un aperçu des pratiques agricoles et leur impact sur les

milieux et les paysages.

Les prairies franc-comtoises, patrimoine naturel incontournable de

notre région et base de la production laitière, se sont petit à petit

appauvries vis-à-vis de la faune et de la flore. Que faire aujourd’hui

pour que ces grands espaces allient besoins agricoles, qualité des

fromages et préservation de la biodiversité ?

Franche-Comté

terre de prairies

Un patrimoine naturel, une richesse agricole

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