pour leur santé, les hommes doivent-ils uriner debout ou assis ? par nanou et stan progression...
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Pour leur santé, les hommes doivent-ils uriner debout ou
assis ?
Par Nanou et Stan
Progression manuelle
Comme le disait Pierre Desproges, "tout dans la vie est une affaire de choix, ça commence par la tétine ou le téton, ça se termine par le chêne ou le sapin".
Monde.frLe Monde - dimanche 27 juillet 2014
Plusieurs lecteurs de ma chronique Improbablologie, ayant du mal à supporter l'arrêt estival du supplément "Science & Médecine" du "Monde", dans lequel elle est publiée, m'ont fait
part de leur détresse et de leur sensation de manque. En attendant que la chronique reprenne, il y aura donc un zeste de science improbable chez le
Passeur…
Et, entre ces deux extrémités de l'existence s'insère, pour la moitié masculine de
l'humanité, un autre dilemme : faut-il faire pipi debout ou assis ? Lesquels préservent le plus leur
santé, ceux qui, très majoritaires en Occident, restent droits dans leurs bottes ou ceux qui,
comme on le constate plus couramment en Asie, s'asseyent voire s'accroupissent pour uriner ?
En remontant dans les annales de la science, on s'aperçoit que la question n'est ni loufoque ni nouvelle. Ainsi, en 1883, le médecin militaire
britannique Raglan Barnes, en poste aux Indes, se l'était posée en écrivant à ce sujet un articulet
publié par le fort sérieux "British Medical Journal".
Ayant constaté, en fréquentant les dispensaires et les hôpitaux civils, un nombre important de calculs urinaires dans la population indigène, il avait émis l'hypothèse qu'en plus de trouver leur origine dans le régime alimentaire, ces pépins de santé pouvaient être favorisés par l'habitude qu'avaient les Indiens d'uriner à croupetons. Dans son texte, Raglan Barnes imagine que, pour l'homme, la position accroupie "paralyse l'action de l'organe musclé (la vessie, NDLR) qu'il veut vider".
Le résultat selon lui ? Une urine qui reste en plus grande quantité dans la vessie et favorise la
formation de calculs. Le médecin militaire ajoute d'ailleurs que quand on est un homme, un vrai, on fait preuve de droiture, dans la morale et dans la miction, et que la civilisation et le colonisateur
sauront inciter, je cite, "notre frère aryen" à sortir de son erreur.
Beaucoup plus près de nous, puisque leur travail est paru le 22 juillet dans la revue "PLoS ONE", des
urologues de l'université de Leyde (Pays-Bas) se sont de nouveau posé la question du docteur
Barnes. Pour y répondre, ils ont passé la littérature scientifique au peigne fin et trouvé 11 études
comparant les résultats des deux positions sur un échantillon total de huit cents hommes.
Tous ces articles avaient en commun de fournir des chiffres sur la durée et le débit de la miction, tout en mesurant le liquide demeurant dans la vessie
une fois la braguette remontée. En faisant l'analyse de toutes ces données, les chercheurs néerlandais se sont aperçus que, dans le cas des participants
en bonne santé, la position n'avait aucune influence sur les résultats. En revanche, les choses
étaient un peu différentes pour les hommes souffrant de prostatisme.
Derrière ce nom se cachent une série de symptômes, de troubles de la miction, dus à
l'hypertrophie bénigne de la prostate. Lorsque cette glande qui entoure l'urètre se met à grossir,
ce qui est courant avec l'âge, l'écoulement de l'urine se ralentit et peut même devenir difficile,
ce qui entraîne de fréquents passages aux toilettes où ne sont évacués à chaque fois que de
petits volumes. Selon l'étude de "PLoS ONE", les hommes victimes de prostatisme tirent un léger bénéfice à uriner assis, peut-être parce que la
position nécessite, notamment chez des personnes âgées, moins de crispation musculaire pour le
maintien de l'équilibre : le débit de la vidange et la quantité d'urine excrétée sont accrus (ce qui va à rebours des suppositions de feu Raglan Barnes).
Les auteurs de l'article parlent, avec des termes choisis, d'une tendance vers un profil urodynamique plus favorable", ce qui dit à quel point les améliorations notées sont faibles. Ils concluent d'ailleurs en expliquant que le débat debout-assis ne peut être tranché sur la seule foi des critères "urodynamiques".
Il est en revanche un domaine où la miction debout présente un désavantage incontestable, c'est celui de la propreté des lieux d'aisance. Tous ceux qui
ont, dans nos contrées, fréquenté un jour des toilettes pour hommes se sont demandé comment les énergumènes qui les avaient précédés avaient bien pu réaliser cette reconstitution miniature du
Parc national de Yellowstone après le déclenchement des geysers. Au moins deux
techniques permettent cet exploit : tenter – avec ses deux mains accrochées à son téléphone
portable – un grand pont sur Lionel Messi à FIFA 14 tout en laissant la nature s'exprimer librement un étage plus bas, ou bien essayer de viser la cuvette
des toilettes depuis le fond des WC en faisant un saut carpé. Diable, encore un choix…
Nanou et Stan le 28/07/2014