performance de la microfinance en afrique de l'ouest
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Performance de la microfinanceen Afrique de l'OuestEdith L. P. Togba
n° 319
July 2
019
Document de travail n° 319
Résumé
Le présent document analyse le lien entre la
pérennité financière, l’étendue et la profondeur de
la portée sociale d’institutions de microfinance
appartenant à l’Union économique et monétaire
ouest africaine (UEMOA). L’analyse est effectuée
sur des données de panel de la période 2000 à 2014
à l’aide d’un modèle à équations simultanées
dynamiques. Des résultats obtenus, il ressort une
relation positive entre la pérennité financière et la
profondeur de la portée sociale lorsque toutes les
variables qui généralement influencent la pérennité
financière sont incluses. D’autre part, relativement
aux réformes initiées dans l’UEMOA, si le projet
d’Appui à la réglementation sur les mutuelles
d’épargne et de crédit (PARMEC) de même que le
Programme régional d’appui à la finance
décentralisée (PRAFIDE) affectent négativement la
pérennité financière, l’impact du PRAFIDE est
également négatif sur la profondeur de la portée
sociale.
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connaissances et l'apprentissage, partager les idées, fournir un accès libre à sa recherche et contribuer au
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avec la mission de la BAD, ses objectifs stratégiques de croissance verte et inclusive et les 5 Grandes priorités
- Éclairer l’Afrique, Nourrir l’Afrique, Industrialiser l’Afrique, Intégrer l’Afrique et Améliorer la qualité de vie
des populations en Afrique. Les auteurs peuvent être contactés au [email protected]
Citation correcte: Togba E.L.P (2019), Performance de la microfinance en Afrique de l’Ouest, Série de documents de travail N° 319,
Banque africaine de développement, Abidjan, Côte d’Ivoire.
1
Performance de la microfinance en Afrique de l’Ouest
Edith L. P. Togba12
Classification JEL: C23, G21
Mots clés : Microfinance ; pérennité financière ; portée sociale ; UEMOA
1 UFR des Sciences Economiques et Développement, Université Alassane Ouattara, Bouaké, Côte d’Ivoire et
Visiting Research Fellow à La Banque Africaine de Développement, Abidjan, Côte d’Ivoire
2 L’auteur tient à exprimer sa gratitude à la Banque Africaine de Développement (BAD) et au Consortium pour la
Recherche Economique en Afrique (CREA) pour la bourse de Visiting research fellow qui a permis la conduite de
cette étude. Il remercie également le département EDRE de la BAD et Dr Linguère Mbaye pour les commentaires
qui ont permis certainement l’amélioration de ce travail.
2
1. Introduction
L’exclusion financière des pauvres du système financier formel classique est un problème de
développement social qui aujourd’hui retient l’attention des dirigeants partout dans le monde.
En Afrique subsaharienne, l’exclusion financière touche environ 76 % des personnes adultes,
taux au-dessus de la moyenne globale de 50 % et celui des économies à revenus élevés qui est
de 11 % (Demirguc-Kunt et Klapper, 2012). Les gouvernements, les donateurs et les institutions
financières internationales reconnaissent que l’accès aux services financiers peut jouer un rôle
important dans la réduction de la pauvreté et la diminution de la vulnérabilité des personnes
pauvres. Les programmes de microcrédit sont ceux qui vont particulièrement retenir l’attention.
Ainsi les interventions à travers la provision des services de microfinance sont considérées
comme un instrument de politique pour les gouvernements dans leurs stratégies de réduction
de la pauvretĂ©. Par exemple, le secteur de la microfinance a ainsi contribuĂ© Ă©normĂ©ment Ă
l’autonomisation des femmes par l’amélioration de leur bien-être social et économique. Dans
les pays comme l’Inde et le Bangladesh, l’émergence des groupes d’entraide a conduit à la
promotion des programmes d’autonomisation de la femme, et dans un pays socialement
conservateur tel que l’Afghanistan, les femmes ont été explicitement reconnues comme des
agents Ă©conomiques (Awawory et Marr, 2014).
Dans l’espace de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), la
microfinance est un secteur en pleine expansion et porteur de beaucoup d’espoir sur le plan de
l’accessibilité aux services financiers pour les populations de la zone. La zone UEMOA
enregistre environ 759 institutions de microfinance avec 61 grandes institutions, car détenant
un total d’actif ou de dépôts supérieur à 2 milliards de francs CFA (Imam et Kolerus, 2013). La
consolidation et l’intégration de ces institutions dans le système financier des pays de
l’UEMOA sont les nouveaux défis de la régulation financière auxquels sont confrontées les
autorités chargées du développement du secteur. Dans ce contexte, les institutions de
microfinance dans l’espace UEMOA ont emboîté le pas au mouvement de commercialisation
de la microfinance. Dès lors, on assiste à une transformation des institutions de microfinance
qui accordent de plus en plus d’importance à la profitabilité. Ce phénomène de
commercialisation des institutions de microfinance est supposé être un moyen pour résoudre
les problèmes managériaux, d’efficacité, et également d’accroissement de la portée sociale de
ces institutions sur la base de la pérennité financière (Kapur, 2014 ; Kipesha et Zhang, 2013).
3
Toutefois, les niveaux de succès varient entre les institutions de microfinance. Certaines
institutions n’arrivent pas atteindre cette pérennité et d’autres parviennent à croître pour
atteindre des millions d’emprunteurs tout en couvrant leurs coûts dans ce processus (Ahlin et
coll., 2011). Selon Hermes et coll. (2011), seulement 1 Ă 2 % des institutions de microfinance
sont pérennes bien que se focalisant sur cet objectif. Le chiffre atteint 8 % lorsqu’on y ajoute
les institutions qui sont presque profitables. Mais ce résultat ne concerne que les grandes et
anciennes institutions de microfinance qui sont réglementées et bien connues (ibid.). Par
ailleurs, bien que conduisant à une amélioration la pérennité dans certains pays, la
commercialisation a entrainé un surendettement des clients dans les institutions de microfinance
en Inde et en Bosnie avec pour conséquence une augmentation des créances douteuses (Hoque
et coll., 2011). En outre, leur potentialité à atteindre les villages les plus reculés est souvent
extrêmement limitée. On observe une concentration plus grande des institutions de
microfinance en milieu urbain qu’en milieu rural (Lashley, 2004). Il semble même difficile pour
les institutions de microfinance d’obtenir à la fois la pérennité financière et une plus grande
portée sociale sans un recours aux subventions (Armendáriz et Morduch, 2010). D’où le regain
d’intérêt suscité par la question de l’impact social de la microfinance pendant la quête de la
pérennité financière durant ces dernières années où l’industrie a été dominée par la pensée
institutionnaliste. En effet, les institutions de microfinance font face Ă un dilemme, Ă savoir
fournir les services financiers aux pauvres (portée sociale) et recouvrir leurs coûts durablement
de façon concomitante (Muruiki et coll., 2015).
Ce problème que posent la pérennité financière et la portée sociale des institutions de
microfinance s’insère dans l’important débat qui secoue l’industrie de la microfinance
relativement à la dérive de sa mission sociale initiale une fois les institutions de microfinance
devenues des institutions commerciales. Cette mission faut-il le rappeler se résume en l’octroi
des services financiers aux pauvres et exclus du système financier classique. Il ressort de ce
débat sur l’équilibre possible entre les deux objectifs de la microfinance qu’il n’y a presque pas
de consensus à ce sujet. En effet, alors que certaines études confirment l’existence d’une dérive
de mission (Cull et coll., 2007; Augsburg et Fouillet, 2010; Nawaz, 2010), d’autres études
suggèrent que la pérennité financière et la portée sociale se renforcent l’une et l’autre (Meyer,
2002 ; Woller et Schreiner, 2006, Otero, 1998 ; Gonzalez et Rosenberg, 2006 ; Schicks, 2007 ;
Armendáriz et Szafsarz, 2011).
4
La présente étude s’inscrit donc dans ce débat sur la dérive de la mission en analysant
dans un premier temps le lien entre la pérennité financière et la portée sociale. Elle analyse
également les effets des différents canaux susceptibles d’influencer la pérennité financière sur
cette relation. Connaitre le sens de la relation entre la pérennité financière et la portée sociale
de même que l’analyse des différents facteurs influençant cette relation permettrait d’accroitre
notre compréhension de la pérennité financière, de même que sa contribution potentielle à la
réduction de la pauvreté. En effet, étant donné les difficultés que rencontrent les institutions de
microfinance dans l’UEMOA, il semble important pour des questions de recommandations de
politique de savoir si un arbitrage entre pérennité financière et portée sociale existe dans la zone
UEMOA. L’étude est également importante pour la Banque centrale des états de l’Afrique de
l’Ouest (BCEAO), les gouvernements, les autorités des institutions de microfinance et autres
institutions financières, car elle pourra les guider dans les politiques visant à accroitre les
performances sociale et financière des institutions de microfinance. Enfin, le présent document
entend contribuer aux réflexions sur la finance inclusive, car il s’intéresse à un des organismes
opérant dans ce domaine.
La section suivante se présente ainsi : la section 2 fait l’état de la littérature sur cette
question. La section 3 donne une vue d’ensemble de la microfinance dans l’UEMOA. La section
4 traite de la méthodologie. Ensuite la section 5 présente les résultats. Et enfin la dernière
section conclut l’étude et fait des recommandations de politique.
2. Pérennité financière et portée sociale dans la littérature sur les institutions de
Microfinance
La littérature relative à la survie des institutions de microfinance et à l’accessibilité aux crédits
pour les ménages pauvres se décline suivant deux axes principaux avec pour débat fondamental
la conciliation des deux objectifs principaux de la microfinance que sont la pérennité financière
et la portée sociale (Bhatt et Tang, 2001 ; Woller et Woodworth, 2001, Woller et coll. 1999).
Ces deux axes constituent deux courants de pensée qui sont les institutionnalistes comprenant
l’Ohio State University Rural finance program, la Banque Mondiale, Consultative Group to
Assist the Poor (CGAP) et United States Agency for International Development (USAID) et
les partisans de l’assistance sociale qui découlent de la Grameen Bank au Bangladesh et de ses
réplications.
5
Pour les institutionnalistes (ou Financial Camp), la performance des institutions de
microfinance doit être analysée par la capacité à être pérenne financièrement, mais aussi par
l’étendue de la portée sociale. Bhatt et Tang (2001) considèrent à ce propos que les
institutionnalistes privilégient l’expansion financière de la microfinance avec un accent
particulier sur la fourniture des services financiers Ă un plus grand nombre de personnes pauvres
et l’atteinte de la pérennité à travers des opérations efficaces et des économies d’échelle. Les
Partisans de l’assistance sociale, quant à eux, apprécient la performance à travers la profondeur
de la portée sociale même si cela requiert la subvention des opérations effectuées par les
institutions de microfinance. Atteindre un plus grand nombre de personnes pauvres nécessite
pour ce faire la provision de subventions aux institutions de microfinance qui les servent (Zeller
et Meyer, 2002).
Toutefois, selon le Consultative Group to Assist the Poor (2004), une subvention
excessive des bailleurs pourrait créer des distorsions sur le marché entravant ainsi le
développement de systèmes financiers inclusifs et décourageant les initiatives commerciales
locales par la mise à disposition de fonds gratuits ou à faible coût. Pour ce consortium
regroupant des agences de développement publiques et privées, la microfinance a les moyens
de s’autofinancer et c’est une nécessité pour elle de le faire si elle veut avoir une plus grande
portée sociale, car les subventions des bailleurs de fonds sont rares et limitées. Otero (2006)
corrobore cette idée en affirmant qu’il suffit qu’une institution de microfinance adopte les bons
mécanismes bancaires pour qu’elle atteigne automatiquement les pauvres. En effet, une
institution pérenne et ne bénéficiant pas de subvention pourrait avoir à long terme une plus
grande portée sociale sans qu’aucune limite ne soit imposée par les bailleurs de fonds.
Cependant, Conning (1999) montre que l’atteinte des couches pauvres est plus coûteuse
que celle des autres segments du marché, mais aussi que la pérennité financière n’est pas une
condition suffisante pour améliorer la performance sociale. Morduch (2006) quant à lui, bien
que convenant de l’importance de la pérennité financière, reconnait le rôle des subventions dans
l’accès des pauvres au crédit. Il recommande ainsi une subvention au début des activités, qu’il
qualifie de subventions intelligentes. Au vu de ce qui précède, il apparait que la pérennité
financière n’est pas une condition suffisante pour assurer à la fois la survie de l’institution et
l’atteinte des couches les plus pauvres, mais plutôt une condition nécessaire pour assurer sa
survie face à la rareté de la subvention.
6
De façon générale, la littérature révèle l’existence d’un arbitrage entre la pérennité
financière et la portée sociale de la microfinance. Copestake (2007) démontre graphiquement
l’existence de cet arbitrage entre la pérennité financière et la portée sociale. Pour lui, accroitre
le taux d’intérêt améliore certes la performance financière, mais cela au détriment de la
performance sociale. Il en conclut que les effets de cet arbitrage durent longtemps et sont
capables de toucher les performances sociales et financières futures. Certaines études vont donc
s’intéresser à l’étude de la dérive de la mission sociale (Kipesha et Zhang, 2013 ; Wagenaar,
2012 ; Kablan, 2012 ; Hishigsuren, 2007 ; Christen, 2001 ; Christen et coll., 1995). D’autres par
contre se sont intéressées aux facteurs explicatifs de la pérennité financière (Adongo et Stork,
2005 ; Ayayi et Sene, 2010 ; Ayele, 2015).
Wagenaar (2012), dans son étude sur la dérive de la mission sociale, conclut que les
institutions de microfinance qui ne recherchaient pas de profit qui se sont transformées en
institutions orientées vers le profit, avaient des montants moyens de prêts élevés et un faible
taux d’emprunteurs féminins comparativement aux institutions de microfinance de type
organisations non gouvernementales (ONG). Il ressort Ă©galement de son Ă©tude que la
performance sociale de ces institutions était encore plus faible qu’avant leur transformation, en
ce qui concerne le pourcentage de femmes qui empruntent et de montant moyen des prĂŞts. Selon
l’auteur, la cause de la dérive de la mission observée dans son étude serait plus due au fait que
les institutions de microfinance deviennent des institutions réglementées qu’au fait qu’elles se
soient transformées en institutions orientées vers le profit, ou à la combinaison des deux, étant
donné que les institutions de microfinance réglementées sont généralement des institutions de
microfinance orientées vers le profit.
Toutefois, Christen (2001) révèle dans son étude sur les institutions de microfinance en
Amérique latine que les montants élevés de crédits des institutions de microfinance
réglementées et commerciales ne sauraient être un argument convaincant démontrant une dérive
de la mission. Pour lui, l’explication réside dans des facteurs tels que : le choix de la stratégie,
la période d’entrée sur le marché ou l’évolution naturelle du groupe cible. Les résultats de
l’étude de Hishigsuren (2007) semblent corroborer l’analyse de Christen (2001). En effet, pour
ce dernier, la dérive de la mission n’est pas le résultat des décisions délibérées de la part des
organes de gestion, mais plus un résultat des défis que pose le processus de commercialisation.
Kablan (2012) s’est intéressé à l’efficacité des institutions de microfinance dans l’UEMOA
après les réformes entreprises dans ce secteur par la Banque centrale des États de l’Afrique de
7
l’Ouest. Il s’agissait particulièrement de savoir si ces réformes ont contribué à la promotion de
la pérennité financière ou de la portée sociale. L’étude révèle que les réformes ont promu la
pérennité financière au détriment de la portée sociale, et que l’impact des réformes était négatif
sur cette dernière.
Christen et coll. (1995) examinant l’existence d’un arbitrage direct entre la pérennité et
la portée sociale, trouvent que les institutions de microfinance de leur échantillon d’étude
étaient pérennes à tout niveau de la clientèle. Ils ajoutent que pour les institutions bien
performantes, il n’y a pas de corrélation entre le niveau de pauvreté des clients et la viabilité
financière de l’institution. Kipesha et Zhang (2013), dans leur étude portant sur l’existence d’un
arbitrage entre pérennité, profitabilité et portée sociale, démontrent que cela n’est possible que
lorsque l’analyse se fait selon l’approche Partisans de l’assistance sociale. Une orientation de
l’analyse selon l’approche institutionnaliste révèle une relation positive entre la portée sociale,
la pérennité financière et la profitabilité. Selon ces derniers, l’existence d’un arbitrage dépend
donc des variables utilisées et de la spécification du modèle à estimer qui se font sur la base de
l’approche d’analyse retenue. L’adoption de l’approche institutionnaliste ou de l’approche
assistantialiste influence le choix des variables, et de ce fait le résultat obtenu. Toutefois l’auteur
fait une estimation équation par équation. Cela ne permet pas à l’analyse de prendre en compte
les interactions possibles entre la pérennité financière et la portée sociale. Nawaz (2010),
utilisant des données de panel de 179 institutions de microfinance dans le monde, montre qu’il
n’y a pas d’arbitrage entre la portĂ©e sociale et la pĂ©rennitĂ© financière. Quayes (2012), quant Ă
lui, met en évidence de façon empirique, l’existence d’une relation positive de complémentarité
entre la pérennité financière et la profondeur de la portée sociale. Cependant, il fait ressortir un
autre résultat contredisant la croyance habituelle. En fait, il trouve que l’étendue de la portée
sociale affecte négativement la performance financière.
Pour le second groupe, la question la plus importante Ă©tait celle des facteurs conduisant
à la pérennité financière. Car comme le soulignent Hollis et Sweetman (1998), la pérennité
financière des institutions est une condition nécessaire pour la pérennité institutionnelle.
Adongo et Stork (2005), conduisant une étude sur la pérennité financière des institutions de
microfinance namibienne en 2004, réalisent que ces institutions n’étaient pas pérennes
financièrement. Le capital de démarrage était corrélé positivement avec la pérennité financière
alors que l’usage des prêts de groupe l’était négativement. Ayayi et Sene (2010) également vont
tester l’effet du portefeuille à risque, taux d’intérêt, de la bonne gestion, du ratio de productivité,
8
du nombre de clients et de l’âge sur la pérennité financière de 217 institutions de microfinance
à travers le monde sur la période allant de 1998 à 2006. Il ressort de leur étude qu’une bonne
qualité du portefeuille de crédit combinée avec un taux d’intérêt élevé permet une bonne
performance financière. Par contre, l’effet du pourcentage d’emprunteurs féminins sur la
pérennité financière était négatif, mais non significatif. Le nombre de clients et l’âge de
l’institution avaient une corrélation positive avec la pérennité, mais la magnitude était faible.
Tehulu (2013), analysant les déterminants de la pérennité financière des institutions de
microfinance en Afrique de l’Est à partir des données de panel sur la période 2004 à 2009,
trouve que l’intensité des prêts et la taille de l’institution de microfinance affectent positivement
la pérennité. Cependant, une gestion inefficace et un portefeuille à risque élevé influencent
négativement la pérennité des institutions de microfinance en Afrique de l’Est. L’auteur trouve
également que l’étendue de la portée sociale et l’épargne ne sont pas des déterminants
importants de la pérennité financière. Gershwin et Marwa (2015), analysant le cas du Ghana
sur la période 2006-2011, révèlent que la pérennité est positivement liée au rendement du
portefeuille et à l’efficacité administrative. Cependant, elle se trouve être corrélée négativement
avec la productivité du personnel qui est mesurée par le nombre d’emprunteurs par effectif du
personnel. Sekabira (2013), quant à lui, s’intéresse à la structure du capital sur la performance
des institutions de microfinance en Ouganda. Il arrive Ă la conclusion que la dette et les
subventions sont négativement corrélées avec le ratio d’autonomie opérationnelle. Par
consĂ©quent, elles ont un effet nĂ©gatif sur la pĂ©rennitĂ© financière. Bogan (2012) aussi aboutit Ă
la conclusion que l’utilisation de subventions par les grandes institutions de microfinance réduit
leur ratio d’autonomie opérationnelle.
La présente étude utilise le cadre d’analyse simultanée afin de prendre en compte les
interactions possibles entre la pérennité financière et la portée sociale en supposant une
interdépendance entre les deux. Cela permet de combiner les deux courants de pensée dans
notre analyse. En outre, en dehors de l’étude de Kablan (2012) portant sur l’effet des réformes
sur les performances des institutions de microfinance, aucune Ă©tude ne se rapporte
exclusivement à l’espace UEMOA mettant en relation la pérennité financière et la portée
sociale. Notre étude, bien qu’intégrant les politiques mises en œuvre dans la zone UEMOA et
analysant l’existence d’un arbitrage entre la portée sociale et la pérennité financière comme
dans le document de Kablan (2012), diffère de ce dernier sur les points suivants : dans un
premier temps, l’étude adopte une méthode paramétrique en lieu et place de l’approche non
9
paramétrique (Data Envelopment Analysis) adoptée par Kablan (2012). La méthode non
paramétrique exige une homogénéité de l’échantillon au niveau de l’environnement
concurrentiel, mais aussi de la taille des firmes sous-évaluation. S’il est possible de garantir
l’homogénéité au niveau de l’environnement concurrentiel puisque toutes les institutions de
microfinance de la zone UEMOA sont régies par la même loi définie par le Projet d’appui à la
réglementation sur les mutuelles d’épargne et de crédit (PARMEC), celle de la taille des firmes
n’est pas assurée. Ensuite, nous menons ici une analyse dynamique afin de voir s’il y a un
phénomène persistance dans les performances des institutions de microfinance. Autrement dit,
les institutions de microfinance ajustent-elles leurs performances au fil du temps ?
3. Contexte : La microfinance dans l’Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine
Les réformes du système financier au cours des années 1990 ont permis de constater une grande
diversification du paysage financier dans l’UEMOA. Ce changement marque l’émergence de
structures (appelées systèmes financiers décentralisés ou institutions de microfinance) autres
que les établissements de crédit bancaires et établissements financiers.
Les institutions de microfinance se présentent dans l’union sous trois formes légales
d’existence essentiellement que sont : les coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC), les
institutions de crédit direct (DCI) et les projets à volet de crédit (CP) avec des taux de
représentativité de 85%, 7 % et 8% respectivement (Camara, 2006). Ces trois formes
d’institutions sont présentes dans l’ensemble des pays de l’UEMOA à l’exception de la Côte
d’Ivoire et du Sénégal où seules les deux premières formes existent. La domination des
coopératives est démontrée par le nombre d’agréments octroyés à ces dernières. Ainsi selon
Riquet et Poursat (2013), 97,6% des agréments sont octroyés aux coopératives dans l’UEMOA.
En général, les institutions de microfinance mettent plus souvent l’accent sur
l’intermédiation financière complète puisqu’elles financent leurs portefeuilles presque
exclusivement avec des microépargnes qui sont faiblement ou non rémunérées. Certaines
associent plus ou moins des fonds propres ou des lignes de crédit. Les fonds propres sont
constitués des reports à nouveau, des fonds de dotations, des réserves générales et facultatives
et du résultat net après subvention d’exploitation. La plupart de ces institutions de microfinance
sont autorisées à collecter des dépôts.
10
a. La réglementation du secteur de la microfinance
La microfinance dans l’UEMOA doit son développement dans les années 90 à la mise en œuvre
de deux grands projets que sont : le Projet d’appui à la réglementation sur les mutuelles
d’épargne et de crédit (PARMEC) et le Projet d’appui aux structures mutualistes ou
coopératives d’épargne (PASMEC).
Le projet PARMEC, implémenté en deux phases (1992-1996 et 1997-2002), comporte
deux catégories de mesure visant à assurer l’efficacité et la viabilité des institutions de
microfinance dans la distribution de crédits. Ces deux catégories sont : les normes de gestion et
les mesures prudentielles. L’imposition de normes de gestion aux institutions de microfinance
va ainsi préserver l’équilibre financier et garantir la pérennité financière. Cette injonction passe
par la fourniture d’un certain nombre d’états statistiques et de documents comptables
susceptibles de révéler les informations sur l’état des indicateurs à surveiller en matière
gouvernance (le résultat, les comptes produits et charges, les provisions pour créances
douteuses, le taux de remboursement, le taux de recouvrement, le taux d’intérêt débiteur, le taux
d’intérêt créditeur, le taux d’endettement auprès des banques,). Mais la spécificité ici est que
les mutuelles et coopératives d’épargne et de crédit sont déchargées d’impôts en ce qui concerne
les activités d’épargne et de crédit. Mais toute autre activité secondaire à caractère lucratif
Ă©chappe Ă cette exception (Acclassato, 2009). Le but de la mise en Ĺ“uvre de ces projets Ă©tait le
renforcement des capacités, l’information et la sensibilisation des différents acteurs.
Cependant, ce cadre légal, très vite élaboré, va révéler ses limites mettant à mal
l’efficacité de certaines institutions ainsi que le pouvoir des autorités de régulation. Concernant
les institutions de microfinance, l’on constatera un non-respect des dispositions législatives et
réglementaires en vigueur, une faiblesse en matière de système de contrôle interne, des
problèmes de fiabilité des états financiers dus à un manque de système d’information et de
gestion, une faiblesse des procédures d’analyse de crédit. En ce qui concerne les autorités de
régulation, l’on assistera à une forte augmentation du nombre d’autorisations d’exercices non
pérennes, des insuffisances dans les contrôles effectués, des difficultés dans la prise et
l’application de sanctions en cas de non-respect des prescriptions réglementaires, et des
insuffisances dans la collecte de l’information financière (Cordier, 2011).
Le PASMEC, dont la mise en œuvre porte sur la période 1992-2000, visait l’expansion
des systèmes financiers décentralisés dans la zone en permettant une meilleure connaissance de
11
la finance alternative aux populations. Pour cela, il se devait d’identifier les acteurs, les attentes
et les politiques d’intervention. Ainsi donc à ces deux programmes, la Banque centrale va
entreprendre un autre programme en 2004 qui est le Programme régional d’appui à la finance
décentralisée (PRAFIDE) pour la période 2005-2009. Ce programme visait à moderniser leur
fonctionnement, leurs performances en matière d’impact tout en renforçant leur viabilité
financière. En plus, en 2007, des innovations sont apportées à la loi PARMEC en vue de
réglementer toutes les institutions de microfinance sous la même loi et améliorer la stabilité du
secteur. Toutefois, ce n’est qu’en 2012 que cette loi va être appliquée effectivement dans les
huit pays.
Dans ce même élan, la Banque Centrale va adopter en décembre 2012 le Plan d’action
pour la préservation et la consolidation de la viabilité du secteur de la microfinance pour la
période 2012 2016 en vue d’apporter une réponse à la crise de maturité à laquelle le secteur
était confronté. Le but est de disposer désormais d’un secteur assaini avec des institutions de
microfinance légalement reconnus, dont l’offre des services financiers est diversifiée et
accessible aux populations avec un niveau élevé de sécurité dans leurs prestations. Suite à toutes
ces réformes et restructurations intervenues, le secteur de la microfinance dans la zone a subi
une contraction du nombre d’institutions se traduisant par une plus grande concentration autour
des caisses de base et de leurs structures faîtières. Ainsi, de 2007 à 2013, le nombre
d’institutions de microfinance s’est contracté de 1 136 à 729. Le nombre de bénéficiaires a cru
de 53,1 %, passant de 8,3 millions en 2007 à 12,7 millions en 2013 (Banque centrale des États
de l’Afrique de l’Ouest, 2014).
En outre, pour améliorer la performance de ce secteur et le redynamiser, les pays de
l’Union se sont dotés d’une stratégie nationale pour le secteur de la microfinance qui assure le
renforcement du secteur en coordonnant les actions de tous les acteurs. Ces différentes
stratégies sont à leur deuxième phase d’exécution pour les pays comme le Mali et le Togo tandis
que d’autres n’ont pas encore pu entrer en phase d’exécution comme c’est le cas de la Côte
d’Ivoire. Au Bénin, par contre, l’exécution a connu une longue période de latence (Cordier,
2011). Cette longue période de latence était due au fait que le gouvernement voulait actualiser
le « Document de politique pour le développement de la microfinance » à travers un diagnostic
approfondi du secteur (Programme des Nations Unies pour le développement, 2007).
12
b. La performance de la microfinance
En ce qui concerne la performance, on observe une Ă©volution relativement positive fin mars
2017 selon la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest. Les dépôts collectés sont en
hausse de 13,7 % et représentent 6,9 % du total des dépôts détenus par les établissements de
crédits de l’Union. Par pays, les dépôts sont en hausse en Côte d’Ivoire (23,3%), au Sénégal
(19,6%), au Burkina Faso (12,4%), au Mali (9,7%), au Togo (7,8%) et au BĂ©nin (1,8%). Par
contre, une baisse des dépôts est enregistrée au Niger (8,8 %) et en Guinée Bissau (50,8 %).
Pour l’ensemble du secteur, l’encours de crédit a progressé de 18,9 % et représente 7 % des
crédits accordés par les établissements de crédits de l’Union. De façon générale, tous les pays
enregistrent une hausse au niveau des encours de crédits. Les taux sont de 43,9 % en Côte
d’Ivoire, 20,9 % au Sénégal, 12,5 % au Burkina Faso, 14,2 % au Mali, 12,2 % au Togo, 3,3 %
au Bénin, 10,0 % au Niger et 29,9 % en Guinée Bissau.
Toutefois, le nombre d’institutions de microfinance en difficulté et en situation de
faillite (par exemple, des institutions de microfinance présentant des fonds propres négatifs, de
graves problèmes de gouvernance et/ou celles ne se conformant pas aux normes de
réglementation prudentielle), y compris les institutions leaders sur le marché a augmenté au
cours de la période 2001 à 2011 (Riquet et Poursat, 2013). Pour la zone UEMOA, 25 institutions
étaient sous administration provisoire au cours de cette période bien que ce nombre soit sous-
estimé selon les auteurs. Ils relèvent également que 14 institutions de microfinance
(essentiellement des réseaux de coopératives et plusieurs Sociétés Anonymes) étaient sous
administration provisoire dans l’UEMOA (contre huit en 2008), représentant près de 6,6 % du
total des actifs des institutions de microfinance de la région à la fin 2011. Ce nombre
d’institutions de microfinance sous administration provisoire a augmenté et se situe à 17
institutions fin mars 2017, dont quatre (4) Sénégal, quatre (4) au Bénin, trois (3) au Mali, deux
(2) en Guinée Bissau, une (1) au Burkina Faso, une (1) en Côte d’Ivoire, une (1) au Niger et
une (1) au Togo. Les défaillances et les processus d’administration provisoire ont parfois des
conséquences négatives à savoir la perte de confiance des clients et la réduction de
l’investissement dans les institutions de microfinance (refinancement des portefeuilles de prêts
par les banques/investisseurs, par exemple). Ce qui pourrait entrainer une perte de confiance Ă
l’égard de la microfinance dans la zone UEMOA (Riquet et Poursat, 2013).
13
Ces faibles performances financières suscitent des interrogations quant à la santé et
situation financière de ces institutions. L’on pourrait ajouter Ă©galement les inquiĂ©tudes quant Ă
leur rĂ´le dans les politiques de finance inclusive.
c. Environnement socio et macroéconomique des pays de l’Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine
Les pays de la zone UEMOA ont enregistré des trajectoires de croissance en dent de scie sur la
période de l’étude 2000-2014. La plupart des pays ont enregistré une hausse de leur taux de
croissance en 2014 excepté le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Malgré ces taux de croissance
encourageants, beaucoup d’efforts restent encore à faire pour la réduction de la pauvreté dans
la zone. Selon le rapport de la Banque africaine de développement et coll. (2016), les pays de
la zone UEMOA enregistrent un indice de développement humain faible. Il est en dessous de
0,55. La pauvreté, le chômage, et les inégalités de revenus et de genre sont toujours élevés.
Graphique 1: Evolution des taux de croissance entre 2000 et 2014
Source : auteur
L’extrême pauvreté a reculé dans certains pays de la zone, mais s’est accrue au Bénin,
en Côte d’Ivoire et en Guinée Bissau comme le montre le graphique 2. Toutefois, elle reste
supérieure aux pays de référence d’Asie et d’Afrique (Fonds monétaire international, 2016).
-6
-4
-2
0
2
4
6
8
10
12
14
20
00
20
01
20
02
20
03
20
04
20
05
20
06
20
07
20
08
20
09
20
10
20
11
20
12
20
13
20
14
Benin
Burkina Faso
CĂ´te d'Ivoire
Mali
Niger
Senegal
Togo
14
Graphique 2 : Indice numérique de pauvreté à 1,90 dollar/jour(PPA,2011), 1990-2012( en
pourcentage de la population totale)
Source : Fonds Monétaire International (2016)
3.4. Environnement financier des pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine
La microfinance s’est développée au sein de l’UEMOA dans un système financier dominé par
le secteur bancaire. Les marchés régionaux interbancaire, obligataire et boursier sont moins
développés, à l’exception du marché de la dette publique, qui a connu récemment une expansion
rapide. Ce secteur bancaire dans tous les pays de l’étude enregistre une concentration des prêts
élevée et une faible qualité des actifs (Fonds monétaire international, 2013). Il est caractérisé
Ă©galement par une faible observance des normes prudentielles pour un certain nombre de ratios,
et une non-conformité de ces normes aux normes internationales.
Au sein de l’Union, le taux de bancarisation, au sens strict (banques) est de 10,87 % Ă
fin décembre 2012. Lorsqu’on y intègre les autres acteurs financiers tels que les institutions de
microfinance, Postes et Caisse d’Épargne, le taux se situe à 28,97 %. Le taux d’accès aux
services financiers (banques, institutions de microfinance, Postes et Mobile Banking) se situe Ă
39,97 %, en raison essentiellement de l’apport significatif des institutions de microfinance et
des autres structures financières non bancaires (Banque centrale des États de l’Afrique de
l’Ouest, 2014). Les relations qui lient les banques aux institutions de microfinance se limitent
à des opérations de placement des excédents d’épargne et de trésorerie des seconds auprès des
premières, qui en garantissent la sécurité et la rémunération. Par ailleurs, certaines banques
mettent Ă la disposition des institutions de microfinance, leurs infrastructures commerciales ou
technologiques ainsi que des lignes de crédit. Les lignes de crédit sont des apports en capitaux
15
fournis par des partenaires financiers : États, banques et bailleurs de fonds et destinés à accroitre
la capacité de crédit des institutions de microfinance.
Toutefois des disparités existent au niveau du système financier au sein de la zone. Au
Sénégal, le secteur bancaire est en moyenne bien capitalisé, rentable et liquide. Cependant, la
réglementation prudentielle et la surveillance des banques ont besoin d’être renforcé. Le marché
interbancaire demeure sous développé (Iman et Kolerus, 2013b). Au Burkina Faso, les banques
sont également, en moyenne bien capitalisées (Iman et Kolerus, 2013a). Mais on observe un
taux de bancarisation globalement faible, s’élevant à environ 7 % dans l’ensemble du pays dû
à des taux d’intérêt élevés, entre 10 % et 12 %. Le système financier béninois, quant à lui, est
petit et fragmenté. Le taux de bancarisation est faible, environ 5 % en 2010, mais c’est aussi le
système financier qui enregistre un taux élevé d’inclusion financière dans l’UEMOA lorsqu’on
intègre les institutions de microfinance et Centres postaux (Fonds monétaire international,
2012). C’est un système qui souffre également de problèmes d’asymétrie d’information, d’une
insuffisance des droits des créditeurs, et une faiblesse judiciaire qui constituent des menaces
pour l’intermédiation financière (Fonds monétaire international, 2013). Au Togo, selon l’étude
d’Iman et Kolerus (2013a), le secteur bancaire est bien capitalisé, mais est aussi exposé au
risque de concentration des prêts. Le système est fortement dépendant du secteur public.
Certains systèmes financiers comme ceux de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger font
face à des problèmes structurels importants qui ont parfois nécessité des réformes (Par exemple,
le Programme d’évaluation du secteur financier au Mali en 2008). En Côte d’Ivoire, ces
problèmes sont un faible taux de bancarisation qui se situe entre 7 % et 10 % ; la quasi absence
de crédits de long terme, soit 6 % du total des crédits en 2008 ; un faible niveau de financement
de l’économie et un faible niveau de capitalisation (République de Côte d’Ivoire, 2012). En
marge de cela, le secteur bancaire enregistre une forte progression du coût du risque, un
affaiblissement des portefeuilles de prêts et une nette détérioration de sa rentabilité (Banque
africaine de DĂ©veloppement et coll. 2012). Quant au secteur financier malien, le secteur
bancaire est bien capitalisé et rentable, mais faiblement approvisionné. L’intermédiation
financière est plus faible au Mali que dans les autres pays de la région. En outre, le système
financier malien est confronté à de nombreux problèmes qui sont : l’accès limité aux services
financiers ; la participation importante de l’État dans le secteur bancaire et la réglementation
prudentielle inadéquate (Josz, 2013).
16
Le secteur financier nigérien quant à lui, a beaucoup souffert des crises financières
pendant la période 80 à 90 dues principalement à des facteurs macroéconomiques (la longue
période d’instabilité politique et économique, la faible ou négative croissance, la pauvreté
chronique et le faible niveau d’épargne de la population) et aux facteurs institutionnels (système
judiciaire inefficace, faible politique financière) (Fonds monétaire international, 2007).
L’intermédiation financière au Niger demeure faible. En outre, la qualité du portefeuille des
prêts qui s’était beaucoup améliorée depuis 2002 pour être un des taux le plus faible de la zone
en 2007 a augmenté depuis et est à nouveau élevé (Iman et Kolerus, 2013a).
4. MĂ©thodologie
Pour répondre aux questionnements sus-évoqués, les discussions méthodologiques seront
ventilées en définissant dans un premier temps, la technique d’analyse qui ressort les indicateurs
pertinents pour finir avec la présentation des données.
4.1. Modèle et définitions des variables
En vue de mener cette analyse tout en tenant compte des questions de simultanéité et
d’endogénéité entre la pérennité financière et la portée sociale, notre modèle se base sur celui
développé par Awawory et Marr (2014) à la différence que nous intégrons les valeurs retardées
des variables de la pérennité financière et de portée sociale. Nous développons alors un modèle
de panel dynamique dans lequel les variables dépendantes retardées sont introduites comme
variables explicatives afin de prendre en compte l’influence de la pérennité financière et de la
portée sociale de l’année précédente sur celle de l’année présente. L’idée sous-jacente de cette
analyse est de rechercher l’existence d’un phénomène de persistance de la pérennité dans le
temps.
Pour la conduite de la régression, nous estimons la pérennité financière en relation avec
chacune des composantes de la portée sociale à savoir l’étendue de la portée de sociale et la
profondeur de la portée sociale. Les variables ci-dessous définies représentent la pérennité
financière ou la portée sociale de l’institution de microfinance à la période. Suivant Quayes
(2012), nous mesurons la pérennité financière par le ratio d’autonomie opérationnelle (RAO).
Les indicateurs de mesure de la portée sociale (PS) sont définis sur la base du débat opposant
les institutionnalistes et les Partisans de l’assistance sociale. Pour les institutionnalistes (ou
Financial Camp), la performance sociale des institutions de microfinance doit être analysée par
l’étendue de la portée sociale. C’est à dire ici, le nombre d’emprunteurs (NE). Les partisans de
17
l'assistance sociale quant à eux apprécient la performance sociale à travers la profondeur de la
portée sociale, c’est-à -dire la qualité de l’emprunteur. Nous retenons, comme indicateur de la
profondeur de la portée sociale, le montant moyen des prêts divisé par le produit national brut
par tête (MP). Compte tenu de la difficulté pour avoir les informations sur les niveaux d’actifs
et de revenus de chaque client de l’institution de microfinance entre autres choses nécessaires,
cette mesure est la plus communément utilisée dans la littérature existante (Quayes, 2012 ;
Hisako, 2009 ; Cull et coll., 2007).
Atteindre ces deux objectifs dépend donc du sens de la relation entre les deux
indicateurs. Aussi, serait-on tenté de considérer par hypothèse un effet direct et positif entre
pérennité financière et étendue de la portée sociale dans chacune des deux équations. Toutefois,
le sens de la relation entre la profondeur de la portée sociale et la pérennité financière reste
ambigu. En effet, selon Ayele (2015), le sens de la relation entre la profondeur de la portée
sociale et la pérennité financière est déterminé conjointement par deux effets opposés : i) les
coûts de transactions élevés qu’engendre l’atteinte de la profondeur de la portée sociale
compromettent la pérennité financière. ii) les revenus opérationnels élevés que procurent
l’augmentation du portefeuille de prêts contribuent positivement à la pérennité. Par conséquent,
l’effet général dépend de l’importance relative des deux effets opposés.
Par ailleurs, depuis son introduction dans le paysage du système financier de l’UEMOA,
le secteur de la microfinance a été l’objet de plusieurs réformes dont le plus marquant est le
projet dénommé PARMEC. À cette loi nous ajoutons le programme PRAFIDE. Nous créons
alors des variables muettes qui prennent la valeur 1 pour les années après la fin des réformes.
Car nous croyons comme Kablan (2012) que l’effet d’une réforme ne s’apprécie mieux que
durant les années suivant sa mise en œuvre. D’où les variables muettes PARMEC et PRAFIDE.
En vue d’analyser l’effet des déterminants de la pérennité financière sur le sens de la
relation entre pérennité financière et portée sociale dans le cadre de l’UEMOA, les variables
suivantes sont incluses une à une dans l’équation de la pérennité financière. Le premier canal
étudié est le Portefeuille à risque (PAR30). La qualité du portefeuille est appréciée ici à travers
le portefeuille à risque à 30 jours. Exprimé en pourcentage, il se réfère au pourcentage de tous
les encours de prêts qui ont une ou plusieurs échéances de remboursement en principal en retard
de plus de 30 jours. Il mesure l’efficacité dans le recouvrement des prêts par l’institution de
microfinance. Un taux élevé implique un faible taux de remboursement et donc une pérennité
financière moindre. Nous émettons donc l’hypothèse d’une relation négative entre le
18
portefeuille à risque et la pérennité financière. Ensuite, le taux de rendement du portefeuille
(TR) qui est utilisé comme une approximation du taux d’intérêt nominal effectif. Il est égal au
ratio des revenus des prĂŞts sur le montant moyen des prĂŞts. Une augmentation de ce taux signifie
plus de revenus pour l’institution de microfinance. On anticipe un effet positif de cette variable
sur la pérennité financière. Enfin, nous incluons la variable charges administratives (dadm).
Elle est Ă©gale aux charges administratives totales sur le montant moyen des prĂŞts. On inclut
dans ces charges, les salaires, les rentes, et autres charges directement liés à la fourniture de
services financiers. On y exclut les provisions, les charges financières et les amortissements.
Nous anticipons un effet négatif de cette variable sur la pérennité financière.
À ces variables clés, nous contrôlons pour diverses variables en relation avec
l’institution de microfinance et l’environnement dans lequel elle évolue. La première variable
de contrôle que nous introduisons afin d’apprécier son effet sur la relation entre pérennité
financière et portée sociale est les fonds propres (Fprop) dans l’équation (1). Nous la définissons
comme le montant total des fonds propres pour l’année t. Elle capture l’effet de la
réglementation, en particulier le respect du capital minimum exigé, sur la performance
financière de ces institutions. Selon Kirkpatrick et coll. (2008), la réglementation imposée par
les autorités de la Banque centrale pourrait affecter positivement ou négativement les
performances de ces institutions. La seconde variable est le portefeuille des encours de prĂŞts
(Pprêts) à la fin de l’année au niveau de l’équation (2). Une augmentation du portefeuille de
prĂŞts est souvent associĂ©e positivement Ă une plus grande portĂ©e sociale, en particulier Ă
l’étendue de la portée sociale. L’âge de l’institution de microfinance traduit l’expérience
acquise par l’institution dans l’exercice de ses activités. Le document utilise ici la structuration
de Microbanking Bulletin qui catégorise l’âge des institutions comme suit : de 1 à 4 ans :
nouvelle ; 5 à 8 ans : jeune ; au-delà de 8 ans : mâture. La variable de référence pour notre
analyse est jeune. Selon l’hypothèse de l’apprentissage par la pratique, plus ancienne est
l’institution de microfinance, plus d’expérience elle possède et mieux elle gère ses activités en
vue d’une bonne performance. Par conséquent, l’hypothèse est faite sur une relation négative
entre la variable nouvelle et la pérennité financière, mais aussi sur une relation positive entre la
variable mâture et la pérennité financière. Par contre, nous anticipons une relation négative
entre la variable nouvelle et la portée sociale et positive entre la variable mâture et la portée
sociale. La taille de l’institution de microfinance (taillimf) mesurée par le total des actifs de
l’institution de microfinance. Selon Kablan (2012), la taille peut conduire à des économies
d’échelle dans la distribution des produits financiers.
19
Enfin, les caractéristiques du pays où l’institution de microfinance est implantée peuvent
influencer autant sa performance financière que sociale. En fait, les pays peuvent avoir des
dotations différentes en matière d’infrastructures (physiques, financières, etc.) qui
contribueraient à accroitre les coûts opérationnels de l’institution et autres difficultés
rencontrées par les institutions de microfinance. Selon Ahlin et coll. (2011), l’environnement
macroéconomique dans lequel l’institution de microfinance exerce son activité impacte sur sa
performance. À la suite de ces auteurs, le niveau de croissance économique mesuré par le
produit intérieur brut par habitant (PIBc) de chaque pays est introduit dans le modèle. Cette
variable est supposée affecter la pérennité financière, car son augmentation pourrait entrainer
une croissance des demandes de prêts ou une diminution des défauts de payements.
Le modèle à estimer se présente donc comme suit :
0 1 1 2 3 4 5
8
6 9 10
7
11 12
30
lim
ln
it it it it it it
it m it it it
m
it it it
RAO RAO PS par TR Dadm
Fprop age tail f PRAFIDE
PARMEC PIB
(1)
5
0 1 1 2 3 6
4
7 8
limit it it it m it it
m
it it it
PS PS RAO PprĂŞts age tail f
PARMEC PRAFIDE
(2)
avec 1,....,69 1,..... ii et t t . it et it sont les termes d’erreur aléatoire.
L’estimation du modèle développé ci-dessus équation par équation pourrait être sujette
à des problèmes de biais d’endogénéité et de simultanéité dus à une probable causalité
bidirectionnelle entre la pérennité financière et la portée sociale. En effet, nous supposons qu’il
existe une interdépendance entre la pérennité et la portée. Cela aurait pu être estimé par la
méthode GMM, développée par Arellano et Bond (1991), qui a l’avantage de résoudre les
problèmes éventuels de biais de simultanéité, de causalité inversée et de variables omises, mais
aussi de traiter le problème de l’endogénéité de toutes les variables explicatives. Cependant, les
résultats n’auraient laissé apparaitre les effets des variables explicatives de l’équation 2 sur de
la portée sociale. Ainsi donc, le modèle est estimé par le modèle d’équations structurelles
généralisées ou « Generalized structural equation modelling (GSEM) » en anglais via la
méthode du maximum de vraisemblance. Ce modèle peut être utilisé pour estimer les modèles
20
linéaires ou à équations simultanées, Logit ou Probit, Logit ordonné, Poisson, multinomial
Logit et bien d’autres modèles.
4.2. Données
La méthodologie mise en œuvre repose principalement sur l’exploitation des bases de données
secondaires fournies par Microfinance Information eXchange connu sous le nom de MIX
Market . Le MIX publie des données sur les états financiers et les indicateurs financiers des
institutions de microfinance à travers le monde. Ce site range les données sur les institutions de
microfinance selon une échelle de 1 à 5 étoiles qui donne le degré de fiabilité des données
publiées. Pour la constitution de notre échantillon, nous avons retenu d’abord les institutions de
microfinance qui avaient soit 2 Ă©toiles et plus comme classement global. Ensuite pour celles
qui avaient une étoile, nous avons retenu les années de publication des données financières pour
lesquelles elles avaient obtenu au moins 3 étoiles et plus. Enfin, notre échantillon n’inclut que
les institutions de microfinance qui ont au moins trois années d’observations sur la période
d’analyse. Cette base comprend donc les données annuelles de 69 institutions de microfinance
de sept pays de l’UEMOA, excepté la Guinée-Bissau sur la période allant de 2000 à 2014.
Toutefois le panel est non cylindrique. Les indicateurs sociaux, quant Ă eux, proviennent de
World Development Indicators produit par la Banque Mondiale.
4.3. Statistiques descriptives
Avant la présentation des résultats issus de l’estimation, une description statistique des
performances des institutions de microfinance dans la zone UEMOA est nécessaire. La
performance financière des institutions de microfinance au sein de l’UEMOA de façon
générale, est caractérisée par un ratio d’autonomie opérationnelle juste au-dessus de la norme
exigée qui est de 100 %. Les institutions de microfinance de notre échantillon ont un ratio
d’autonomie opérationnelle en moyenne de 101,23 %. On pourrait dès lors dire qu’en moyenne,
les institutions de microfinance de la zone UEMOA couvrent tout juste leurs charges
opérationnelles. Ce sont des institutions en moyenne mâtures, car la moyenne d’âge est de
12 ans et ce sont majoritairement des coopératives. En ce qui a trait à la composition du
portefeuille de crédits, 56,21 % de leurs emprunteurs sont des femmes et le montant moyen des
prêts est d’environ 680 USD. Le portefeuille à risque à 30 jours est de 8,90 % et le taux de
rendement du portefeuille des prêts est d’environ 21,96 %. Les charges administratives sont
d’environ 8,84 %.
21
Tableau 1 : Statistique descriptive des variables
Variables Observation Moyenne Ecart-type Minimum Maximun
RAO 558 101,23 41,22 1,94 467,27
NE 558 20201,73 26719,88 0 167089
MP 558 680,01 711,13 0 4685
Par 30 558 8,90 11,50 0 100
Intérêt 558 21,96 7,74 6,2 78,1
Dadm 558 8,84 6,97 2,04 113,08
Fprop 558 3499512 1,02e+07 -4,28e+07 7,68e+07
Age 558 12,80 8,00 1 42
PIBc 558 666,24 655.21 179 1545
Source : calculs de l’auteur à partir de l’échantillon
On observe un ratio d’autonomie opérationnelle élevé au Sénégal, au Bénin, et au Niger,
les autres pays étant en deçà de la norme exigée. Dans les pays où ce ratio est élevé, il suggère
qu’en moyenne les institutions de microfinance de ces pays, pourraient continuer d’opérer au
mĂŞme niveau actuel sans recourir aux subventions. Le taux de rendement du portefeuille des
prêts (qui est utilisé pour approximer le taux d’intérêt nominal effectif) se situe autour de 22 %
en moyen, juste en deçà du taux d’usure fixé à 27 % par la Banque centrale. Le taux de
portefeuille à risque est élevé (8,90 %) (Graphique 3).
Graphique 3 : Performance financière des institutions de microfinance dans l’UEMOA de 2000-2014
Source : Calcul de l’auteur à partir de l’échantillon
Relativement au taux rendement du portefeuille, la Côte d’Ivoire semble être le pays
où ce taux est très élevé, environ 31,3 %, bien au-dessus de la moyenne de l’UEMOA. En outre,
les institutions de microfinance ivoiriennes totalisent des charges administratives d’environ 15
%. Elles sont suivies par celles du Burkina Faso (11,3 %), avec une moyenne régionale située
autour de 8,84 %. De façon générale, le portefeuille à risque excède la norme de 5 % exigée
dans tous les pays de l’échantillon avec des pics en Côte d’Ivoire (13,68 %) et Togo (13,31 %).
Cela démontre ainsi une mauvaise qualité du portefeuille des prêts des institutions de
microfinance dans la zone due peut-être à l’application d’une mauvaise procédure de
0
50
100
150 ratio d'autonomie opérationnelle (%)
taux de rendement du portefeuille (%)
portefeuille Ă risque 30(%)
Charge administrative(%)
22
recouvrement des prêts. On pourrait en déduire que le secteur de la microfinance est confronté
au problème de la détérioration de portefeuille de prêts déjà observé dans le secteur bancaire
dans l’UEMOA.
Les institutions de microfinance du Sénégal, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire
possèdent en moyenne des montants d’actifs plus élevés que la moyenne régionale. Dans la
zone, les institutions de microfinance sont très mobilisatrices d’épargne, particulièrement en
Côte d’Ivoire comme le montre le graphique 4. Mais paradoxalement, elles sont caractérisées
par une faiblesse de fonds propres et parfois une quasi-inexistence de ces derniers comme c’est
le cas en Côte d’Ivoire. Par ailleurs, les institutions de microfinance de l’UEMOA sont
faiblement subventionnées, seuls des pays comme le Bénin et le Sénégal semblent en percevoir
quelque peu. De façon générale, le graphique montre que le Niger reste le pays où les
institutions de microfinance ont une faible performance en matière de collecte d’épargne et
d’octroi de crédits.
Graphique 4 : Les sources de financement des activités
Source : Calcul de l’auteur à partir de l’échantillon
Au regard de nombre d’emprunteurs, force est de constater un niveau plus élevé au
Sénégal et au Burkina Faso comparativement aux autres pays. Au Bénin, malgré une assez
bonne performance et les subventions, le nombre d’emprunteurs est moins élevé. Mais la plus
faible performance en matière de nombre d’emprunteurs est observée en Côte d’Ivoire.
-5.00E+06
0.00E+00
5.00E+06
1.00E+07
1.50E+07
2.00E+07
2.50E+07
3.00E+07
3.50E+07
4.00E+07
4.50E+07
Benin Burkina
Faso
CĂ´te
d'Ivoire
Mali Niger Senegal Togo UEMOA
Total Actif
PrĂŞts encours
Epargne
Fonds propres
subvention
23
Graphique 5 : Le nombre d’emprunteurs moyens par pays.
Source : Calcul de l’auteur à partir de l’échantillon
En ce qui concerne la profondeur de la portée sociale, le Niger est le pays qui enregistre
un taux moyen élevé de femmes qui empruntent, soit 67,46 %, suivi du Bénin avec 65,39 %.
Toute la zone se situe autour de 56,8 % laissant présager que dans UEMOA, en général, les
hommes comme les femmes ont les mêmes chances d’obtenir un prêt de la part des institutions
de microfinance. Le montant moyen des prêts montre une disparité entre les pays. Les montants
les plus élevés sont enregistrés en Côte d’Ivoire, au Togo et au Sénégal.
Graphique 6 : Montant moyen des prĂŞts par pays.
Source : Calcul de l’auteur à partir de l’échantillon
En conclusion, il ressort de cette analyse que les institutions de microfinance de
l’UEMOA enregistrent à la fois une faible performance financière et sociale, confirmant de fait
la nécessité de comprendre les facteurs explicatifs de la pérennité financière et la portée sociale.
5. Résultats et discussions sur la relation entre pérennité financière et portée sociale
des institutions de microfinance dans l’UEMOA.
Pour la conduite de l’analyse dynamique du lien entre pérennité financière et portée sociale, le
système d’équations a été estimé par la méthode du maximum de vraisemblance à partir du
modèle GSEM. Les résultats sont présentés comme suit :
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
Benin Burkina
Faso
CĂ´te
d'Ivoire
Mali Niger Senegal Togo UEMOA
Emprunteurs
Emprunteurs
0 200 400 600 800 1000 1200
Benin
Burkina Faso
CĂ´te d'Ivoire
Mali
Niger
Senegal
Togo
UEMOA
montant moyen des prĂŞts($US)
montant moyen des prĂŞts($US)
24
a) La pérennité financière et la profondeur de la portée sociale
Il ressort de l’analyse que la variable mesurant la profondeur de la portée a un effet positif et
non significatif sur la pérennité financière (modèle 1). L’estimation révèle également une
corrélation négative, non significative et quasi nulle entre la variable mesurant la pérennité
financière et celle mesurant la profondeur de la portée sociale dans l’UEMOA. Le fait que ces
coefficients ne soient pas significatifs ne permet pas d’affirmer ou d’infirmer l’existence d’un
arbitrage entre la pérennité et la portée sociale.
Les résultats de l’analyse dynamique révèlent que la pérennité financière de l’année
précédente a un effet positif significatif sur celle de l’année en cours. Ce résultat confirme la
présence d’un phénomène de persistance de la pérennité financière. De même, on note
également que la profondeur de la portée de l’année précédente influence celle de l’année en
cours. Ces effets restent les mêmes pour tous les modèles estimés.
En ce qui concerne les politiques mises en Ĺ“uvre par la BCEAO au niveau du secteur
de la microfinance, on note un impact négatif et significatif des lois PARMEC et PRAFIDE sur
la pérennité financière. Ce résultat est différent de celui de l’étude de Kablan (2012) qui trouve
un effet positif de la loi PARMEC sur la pérennité financière. Quant à la profondeur de la portée
sociale, seul l’effet négatif du PRAFIDE est observé. Ce résultat est le même que celui trouvé
par Kablan (2012). Ce, quel que soit le modèle estimé. Les résultats trouvés viennent confirmer
que la loi PARMEC a mis effectivement à mal l’efficacité des institutions de microfinance
comme développé à la section 3.1. Le fait, par exemple pour les institutions de microfinance de
ne pas respecter les instructions réglementaires, et de ne pas recevoir de sanctions de la part des
autorités réglementaires a contribué à créer probablement un laxisme dans la gestion de ces
institutions. D’où la mauvaise performance en matière de pérennité financière observée les
années après la mise en œuvre des politiques.
La section ci-dessous présente les résultats des effets des différents canaux influençant
la pérennité financière en lien avec la portée sociale (Modèles 2 à 5). L’introduction du premier
canal, en occurrence le portefeuille à risque à 30 jours (modèle 2), ne change rien aux signes et
à la significativité des coefficients de la pérennité financière et la profondeur de la portée
sociale. La variable portefeuille à risque à 30 jours, qui possède le signe espéré traduit le fait
qu’une augmentation de ce taux de 1 % dans la zone UEMOA entraine une baisse du ratio
d’autonomie opérationnelle de 58 %. Cet effet négatif du portefeuille à risque pourrait
25
s’expliquer dans un premier temps par la mise en œuvre de procédures de recouvrement des
prêts inadaptés, une conséquence du type de technologie de prêts utilisé par les institutions de
microfinance, qui sont essentiellement des prêts individuels. Cette situation peut avoir été
rendue encore plus complexe avec la série de crises qu’ont traversées les pays de la zone. Dans
un second temps, ce résultat pourrait être la conséquence de la faiblesse des procédures
d’analyse des dossiers de demande de crédit observé dans le secteur.
L’estimation du modèle avec taux de rendement du portefeuille (modèle 3) ne permet
pas également d’affirmer qu’il y a existence ou non d’un arbitrage entre la pérennité financière
et la profondeur de la portée sociale au sein de l’UEMOA. Néanmoins, une augmentation de 1
% de ce taux entraine une augmentation du ratio d’autonomie opérationnelle de 49,3 %. Ceci
pourrait être dû au fait que l’institution de microfinance face à ce taux d’intérêt ait été
confrontée une demande de prêts inélastique. Ce qui a engendré l’octroi de grands prêts et
permis à cette dernière d’obtenir un revenu plus grand. D’où une amélioration de sa pérennité
financière. Les effets du portefeuille à risque et du taux de rendement du portefeuille des prêts
corroborent ainsi les résultats de l’étude d’Ayayi et Sené (2010). Il est à noter un effet beaucoup
plus élevé de chacun de ces canaux sur la magnitude du coefficient de l’indicateur de la
profondeur de la portée sociale bien que n’étant pas significatif.
L’estimation du modèle avec les charges administratives (modèle 4) aboutit aux mêmes
résultats que les modèles 2 et 3. Toutefois, la variable Charges administratives a le signe espéré,
signe qu’une augmentation de ce taux dans la zone UEMOA entraine une baisse du ratio
d’autonomie opérationnelle. Ainsi, avoir des charges administratives élevées a un impact direct
négatif sur la pérennité financière. Les charges administratives sont souvent utilisées pour
analyser l’efficacité des institutions de microfinance (Farrington, 2000). Son effet négatif
pourrait suggérer que la provision des services financiers ne se fait pas à moindre coût. Les
institutions de microfinance sont inefficaces en matière de minimisation de leurs coûts. Les
signes des coefficients des charges administratives et du portefeuille Ă risque sont les mĂŞmes
que ceux trouvés dans l’étude de Tehulu (2013). Lorsque nous estimons le modèle 5 avec tous
les canaux inclus dans le modèle, on observe une corrélation positive entre la pérennité
financière et la profondeur de la portée dans le sens l’équation (1). Autrement dit, une institution
de microfinance qui réduit ses charges administratives et son portefeuille à risque tout en
appliquant un taux d’intérêt adéquat peut accroitre sa portée sociale et améliorer ainsi sa
performance financière.
26
Par ailleurs, les variables de contrôle suivantes se sont avérées significatives. L’analyse
fait apparaitre l’impact positif et significatif des fonds propres sur la pérennité financière dans
les modèles 1 à 4. D’où la nécessité de disposer de fonds propres afin de pouvoir bénéficier des
investissements provenant de sources autres que l’épargne. De même, un effet positif du
portefeuille des prêts est observé sur la profondeur de la portée sociale. Il en est de même pour
l’effet de la variable la taille de l’institution de microfinance sur la profondeur de la portée. Par
contre, le fait pour une institution de microfinance d’être nouvelle, c’est-à -dire d’avoir un âge
compris entre 1 et 4 ans, les amène à être moins performantes en matière de pérennité financière.
Tableau 2 : Analyse dynamique de la relation entre la pérennité financière et la profondeur de la portée
sociale
Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3 Modèle 4 Modèle 5
ROA MP ROA MPs ROA MP ROA MP ROA MP
ROA -.0006
(.001)
-.0008
(.001)
-.0008
(.001)
-.0007
(.001)
-.001
(.001)
ROAt-1 .496***
(.091)
.469
(.088)
.490***
(.090)
.449***
(.093)
.413***
(.088)
MP 1.21
(1.14)
1.65
(1.12)
1.57 (1.08)
1.35
(1.10)
2.101**
(1.00)
MPt-1 .770***
(.069)
.771***
(.069)
.771***
(.069)
.771***
(.069)
.772***
(.069)
TR .493***
(.167)
.516***
(.174)
Dadm -1.29***
(.416)
-1.49***
(.442)
PAR30 -.580***
(.131)
-.489***
(.150)
Fprop 13.91***
(4.01)
9.85***
(3.53)
12.14***
(4.11)
8.43**
(3.59)
2.295 (3.43)
PprĂŞt .212*
(.110)
.217**
(.110)
.216*
(.110)
.214*
(.110)
.222**
(.111)
nouvelle -13.6**
(6.68)
-.076
(.092)
-15.92**
(6.71)
-.082
(.092)
-13.21**
(6.61)
-.081 (.092)
-12.01**
(6.07)
-.078
(.092)
-13.16**
(6.01)
-.087
(.092)
mature -1.77
(4.24)
.003
(.075)
.423
(4.26)
-.003
(.074)
-.393 (4.31)
-.003
(.074)
-3.48
(4.18)
-.003
(.075)
-.459 (4.24)
-.004 (.074)
taillimf 1.23
(.84)
.032*
(.018)
.255
(.834)
.033*
(.018)
1.35 (.83)
.033*(.018)
.269
(.842)
.033*
(.018)
-.580 (.856)
.034*
(.018)
Prafide -4.67*
(2.79)
-.152**
(.072)
-4.78*
(2.65)
-.155**
(.072)
-5.14*(2.77)
-.154**
(.072)
-5.65**
(2.75)
-.153**
(.072)
-6.40**(2.59)
-.157**
(.072)
Parmec -17.85***
(6.85)
-.115
(.161)
-16.76**
(6.86)
-.121
(.161)
-18.26***
(6.80)
-.120 (.160)
-17.61**
(6.84)
-.117
(.161)
-17.08**
(6.84)
-.127 (.161)
GDPc 1.041
(3.95)
2.84
(3.89)
-1.11
(3.83)
4.96
(3.99)
4.83 (3.80)
constante 42.55*
(24.21)
.102
(.336)
52.03**
(23.81)
.126
(.335)
43.72
(23.92)
.122 (.335)
50.58**
(24.33)
.110
(.334)
61.14**
(23.80)
.151 (.333)
N 463 463 463 463 463
Notes : ***, **,* représentent la significativité à 1%, 5% et 10% respectivement, (,) Représentent les écart-types
27
b) La pérennité financière et l’étendue de la portée sociale
Il ressort de cela que la variable mesurant l’étendue de la portée sociale a un effet négatif non
significatif et quasiment nul sur la pérennité financière. L’estimation des différentes équations
révèle également une corrélation positive et non significative entre la variable mesurant la
pérennité financière et celle mesurant l’étendue de la portée sociale dans l’UEMOA.
Tableau 3 : Analyse dynamique de la relation entre la pérennité financière et l’étendue de la portée
Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3 Modele 4 Modèle 5 ROA NE ROA NE ROA NE ROA NE ROA NE
ROA 1.38 (15.5)
1.25 (15.3)
1.61 (15.3)
.348 (15.3)
.457 (15.0)
ROAt-1 .510***
(.094) .473
(.090) .498***
(.092) .450***
(.095) .412***
(.089)
NE -.000 (.000)
-.000 (.000)
-.000 (.000)
-4.47e-06
(.000) -5.68e-
06 (.000)
NE t-1 .930***
(.049) .930***
(.049) .930***
(.049) .930***
(.049) .930***
(.049) TR .612***
(.173) .539***
(.165)
Dadm -1.46***
(.389) -1.49***
(.392)
PAR30 -.651***
(.132)
-.490***
(.143)
Fprop 2.58e-07 (1.74e-07)
2.89e-07*
(1.72e-07)
3.21e-07*
(1.69e-07)
2.05e-07
(1.70e-07) 2.83e-
07*(1.63e-07)
PprĂŞt -627.8 (1034.1)
-625.4 (1032.9)
-632.2 (1031.3)
-608.2 (1031.3)
-610.2 (1028)
nouvelle -13.78**
(6.81) 809.1 (1140.1)
-16.51*
*
(6.81)
806.4 (1136.7)
-13.3**
(6.70) 814.3 (1137.9)
-12.0*
(6.12) 786.3 (1140.0)
-13.6**
(6.08) 788.7 (1135.9)
mature -1.64 (4.25)
-574.2 (766.7)
.944 (4.27)
-574.1 (766.7)
.165 (4.33)
-574.3 (766.8)
-3.50 (4.15)
-573.7 (766.6)
.005 (4.21)
-573.8 (766.7)
taillimf .860 (1.30)
1507.3*** (364.27)
-.216 (1.25)
1507.7*
**
(364.3)
.963 (1.27)
1506.6***
(364.3) -.152 (1.27)
1510.7***(364.2)
-.885 (1.25)
1510.3*
** (364.3)
Prafide -5.91**
(2.88) 750.4 (947.3)
-5.85**
(2.68) 749.1 (946.9)
-6.49** (2.84)
752.8
(946.6) -6.63**
(2.78) 739.8 (947.4)
-7.10***(2.58)
740.9 (946.5)
Parmec -17.4**
(7.19) -2569.1 (3296.3)
-16.3**
(7.19) -2572.1 (3296.1)
-17.9**
(7.11) -2563.5 (3293.0)
-17.2**
(7.11) -2593.9 (3295.2)
-16.8**
(7.10) -2591.3 (3292.3)
GDPc -.565 (3.96)
.991 (3.81)
-3.74 (3.89)
3.93 (3.95)
2.37 (3.77)
constante 61.1**
(28.1)
-18061.3*
**
(6535.5)
74.3***
(27.9) -18049.9***(6528.9)
66.8**(27.7)
-18082.7*
**
(6520.6)
67.9**
(28.09) -17966.9**(6530.6)
82.9***
(27.5) -17976.8***(6513.9)
N 463 463 463 463 463
Notes : ***, **,* représentent la significativité à 1%, 5% et 10% respectivement, (,) Représentent les écart-types
Les résultats de l’analyse dynamique révèlent également que la pérennité financière de
l’année précédente a un effet positif significatif sur celle de l’année en cours. Ce résultat
28
confirme la présence d’un phénomène de persistance de la pérennité financière. De même, on
note également que l’étendue de la portée de l’année précédente influence celle de l’année en
cours. En ce qui concerne les politiques mises en Ĺ“uvre par la BCEAO au niveau du secteur de
la microfinance, on note un impact négatif et significatif des lois PARMEC et PRAFIDE sur la
pérennité financière. Ce quel que soit le modèle estimé.
Ici également, l’introduction des différents canaux ne change rien aux signes et à la
significativité des coefficients de la pérennité et la profondeur de la portée sociale, quel que soit
le modèle estimé. Par ailleurs, l’analyse des variables de contrôle fait ressortir un impact positif
et significatif des fonds propres sur la pérennité financière dans les modèles 2, 3 et 5. De même,
un effet positif de la variable la taille de l’institution de microfinance est noté sur l’étendue de
la portée. Par contre, le fait pour une institution de microfinance d’être nouvelle, c’est-à -dire
d’avoir un âge compris entre 1 et 4 ans, l’amènerait à être moins performante en matière de
pérennité financière.
6. Conclusion
Ce document analysait la relation entre la pérennité financière et la portée sociale des
institutions de microfinance dans l’UEMOA à partir des données de panel dynamique. Sur la
base de l’indicateur de mesure de la pérennité financière, l’analyse ne confirme pas l’existence
d’un arbitrage entre la pérennité financière et la portée sociale de la part des institutions de
microfinance de la zone sauf dans le modèle 5 où une relation positive entre la pérennité
financière et la profondeur de la portée est établie. Cependant, il fait également ressortir
l’existence d’un phénomène de persistance de la pérennité financière dans le temps. De même
que l’effet positif de la valeur retardée de la portée sociale sur sa valeur présente.
Un autre résultat de cette étude, c’est l’effet négatif des politiques PARMEC et
PRAFIDE sur la pérennité financière, et celui du PRAFIDE sur la profondeur de la portée
sociale. Ensuite, il ressort de cela Ă©galement que les canaux tels que : le portefeuille Ă risque, le
taux d’intérêt, et les charges administratives ont un effet sur la pérennité financière, et le sens
de leur relation avec celle-ci confirme ce que dit la littérature. De même ces canaux n’ont pas
d’impact sur le sens de la relation entre la pérennité financière et la portée sociale, mais
influencent la magnitude des effets directs de la portée sociale sur la pérennité bien que les
résultats ne soient pas significatifs.
29
L’étude révèle également les résultats suivants : les fonds propres ont un effet positif
sur la pérennité financière dans le cadre de l’analyse dynamique. Les résultats nous montrent
Ă©galement que les institutions de microfinance nouvelles Ă©taient moins performantes que les
autres. La taille de l’institution de microfinance et le portefeuille de prêts ont un impact positif
sur la profondeur de la portée sociale. La taille de l’institution de microfinance joue
énormément dans l’amélioration de l’étendue de la portée.
De ces résultats, quelques recommandations peuvent être suggérées. Dans un premier
temps, pour atteindre à la fois une pérennité financière et une portée sociale plus grande, les
institutions de microfinance de la zone devraient réduire leurs coûts administratifs à travers la
mise en Ĺ“uvre de technologie de prĂŞts comme des prĂŞts de groupe avec caution solidaire par
exemple, réduction de certaines charges administratives. Les institutions de microfinance
devraient par ailleurs se conformer aux normes en matière de fonds propres afin de diversifier
les sources de financement de leurs activités.
Dans un second temps, la Banque centrale devrait continuer sa politique de
redynamisation et stabilisation du secteur de la microfinance dans l’UEMOA en veillant à ce
que le plan d’action 2012 2016 soit effectivement mise en œuvre en vue de palier aux effets
négatifs des lois PARMEC et PRAFIDE sur les performances du secteur. En cela, elle pourrait
bénéficier du phénomène de persistance de la pérennité financière et de la portée sociale. Cela
suppose le renforcement des procĂ©dures de surveillance des institutions de microfinance Ă
travers des audits, et l’organisation de séminaires de formation à l’endroit du personnel des
institutions de microfinance aux bonnes pratiques de gestion. Enfin, les gouvernants des pays
devraient soutenir la Banque centrale par l’adoption et la mise en œuvre rapide de directives et
programmes de renforcement du secteur de la microfinance.
Enfin, étant donné que les résultats révèlent un effet positif du taux d’intérêt sur la
pérennité financière, une étude plus approfondie devrait être menée sur cette question qui
suscite beaucoup de controverses. Il s’agira par exemple du côté de l’offre, d’analyser
l’existence d’un seuil au niveau du taux d’intérêt et de son effet sur la pérennité financière et la
portée sociale à partir d’une étude sur les effets de seuils du taux d’intérêt et du côté de la
demande, une Ă©tude sur le consentement Ă payer des emprunteurs.
30
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