perception des perturbations climatiques, savoirs locaux et

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African Crop Science Journal, Vol. 20, Issue Supplement s2, pp. 565 - 588 ISSN 1021-9730/2012 $4.00 Printed in Uganda. All rights reserved ©2012, African Crop Science Society PERCEPTION DES PERTURBATIONS CLIMATIQUES, SAVOIRS LOCAUX ET STRATÉGIES D’ADAPTATION DES PRODUCTEURS AGRICOLES BÉNINOIS D.S.M. AGOSSOU, C.R. TOSSOU, V.P. VISSOH et K.E. AGBOSSOU 1 Département d’Economie Socio-Anthropologie et Communication, Faculté des Sciences Agronomiques/ Université d’Abomey-Calavi 1 Laboratoire de l’Hydraulique et de Maîtrise de l’Eau, Département d’Aménagement et de Gestion des Ressources Naturelles, Faculté des Sciences Agronomiques/Université d’Abomey-Calavi Auteur de correspondance: [email protected] RÉSUMÉ Le diagnostic fait sur les effets du changement climatique au Bénin, montre que la sécheresse, les pluies tardives et violentes et les inondations sont trois risques climatiques majeurs. Les effets profonds du changement climatique sur l’agriculture, couplés avec la faible résilience et la grande vulnérabilité des populations aux chocs, pourraient réduire considérablement leur capacité de gestion des ressources naturelles et altérer ainsi leurs moyens d’existence, leur sécurité alimentaire et leur bien-être. Il devient impérieux de mieux comprendre les efforts déployés par les cultivateurs pour faire face aux changements climatiques qui les affectent. La présente étude s’intéresse à la compréhension qu’ont les populations locales des manifestations des changements climatiques, de ses effets perceptibles dans le paysage agraire et les mesures qu’elles développent pour y faire face. Elle est basée sur des études qui ont été menées sur 260 producteurs au sud (Adjohoun, Dangbo, Lokossa et Athiémé) et au centre (Glazoué et Savalou) dans diverses zones agro-écologiques du Bénin. Les résultats de ces études ont montré que les populations des zones agro-écologiques les plus vulnérables ont une lecture des phénomènes climatiques essentiellement fondée sur des savoirs localement construits. En effet, plusieurs concepts locaux, adages et proverbes sont utilisés par les communautés rurales pour caractériser les changements observés. Pour y faire face, une variété de stratégies sont localement développées par les producteurs du Sud et du Centre Bénin en fonction de leurs conditions socio-économiques. La connaissance des mécanismes ayant conduit à leur mise au point au Bénin sont des éléments qui pourraient servir de base à des politiques agricoles susceptibles de garantir la sécurité alimentaire malgré les perturbations environnementales observées actuellement au Sud et au Centre Bénin. Mots Clés: Bénin, risques climatiques, chocs, vulnérabilité ABSTRACT The diagnosis made on the effects of climate change in Benin shows that drought, late and violent rains and floods are three major climatic risks. The profound effects of climate change on agriculture, coupled with low resilience and high vulnerability of populations to shocks, could significantly reduce their capacity of managing natural resources and, thus, impair their livelihoods, food security and welfare. It becomes imperative to understand the efforts of farmers to cope with climate changes that affect them. This study focuses on understanding of local populations on the manifestations of climate change; its sensible effects in the agricultural landscape and the measures they can develop to cope with climate change. The study is also based on others studies conducted on 260 farmers in the South region (Adjohoun, Dangbo, Lokossa and Athiémé) and the central region (Glazoué and Savalou) in various agro-ecological zones of Benin. Results from these studies showed that populations in the most vulnerable agro-ecological zones recognized climate phenomena essentially based on locally built knowl- edge. Indeed, several local concepts, adages and proverbs are used by rural communities to characterize the observed changes. To cope with these changes, a variety of strategies are developed locally by producers in Southern and Central Benin according to their socio-economic conditions. The knowledge of the mechanisms

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Page 1: perception des perturbations climatiques, savoirs locaux et

African Crop Science Journal, Vol. 20, Issue Supplement s2, pp. 565 - 588 ISSN 1021-9730/2012 $4.00Printed in Uganda. All rights reserved ©2012, African Crop Science Society

PERCEPTION DES PERTURBATIONS CLIMATIQUES, SAVOIRS LOCAUX ETSTRATÉGIES D’ADAPTATION DES PRODUCTEURS AGRICOLES BÉNINOIS

D.S.M. AGOSSOU, C.R. TOSSOU, V.P. VISSOH et K.E. AGBOSSOU1

Département d’Economie Socio-Anthropologie et Communication, Faculté des Sciences Agronomiques/Université d’Abomey-Calavi

1Laboratoire de l’Hydraulique et de Maîtrise de l’Eau, Département d’Aménagement et de Gestion desRessources Naturelles, Faculté des Sciences Agronomiques/Université d’Abomey-Calavi

Auteur de correspondance: [email protected]

RÉSUMÉ

Le diagnostic fait sur les effets du changement climatique au Bénin, montre que la sécheresse, les pluies tardiveset violentes et les inondations sont trois risques climatiques majeurs. Les effets profonds du changement climatiquesur l’agriculture, couplés avec la faible résilience et la grande vulnérabilité des populations aux chocs, pourraientréduire considérablement leur capacité de gestion des ressources naturelles et altérer ainsi leurs moyens d’existence,leur sécurité alimentaire et leur bien-être. Il devient impérieux de mieux comprendre les efforts déployés par lescultivateurs pour faire face aux changements climatiques qui les affectent. La présente étude s’intéresse à lacompréhension qu’ont les populations locales des manifestations des changements climatiques, de ses effetsperceptibles dans le paysage agraire et les mesures qu’elles développent pour y faire face. Elle est basée sur desétudes qui ont été menées sur 260 producteurs au sud (Adjohoun, Dangbo, Lokossa et Athiémé) et au centre(Glazoué et Savalou) dans diverses zones agro-écologiques du Bénin. Les résultats de ces études ont montré queles populations des zones agro-écologiques les plus vulnérables ont une lecture des phénomènes climatiquesessentiellement fondée sur des savoirs localement construits. En effet, plusieurs concepts locaux, adages etproverbes sont utilisés par les communautés rurales pour caractériser les changements observés. Pour y faire face,une variété de stratégies sont localement développées par les producteurs du Sud et du Centre Bénin en fonctionde leurs conditions socio-économiques. La connaissance des mécanismes ayant conduit à leur mise au point auBénin sont des éléments qui pourraient servir de base à des politiques agricoles susceptibles de garantir la sécuritéalimentaire malgré les perturbations environnementales observées actuellement au Sud et au Centre Bénin.

Mots Clés: Bénin, risques climatiques, chocs, vulnérabilité

ABSTRACT

The diagnosis made on the effects of climate change in Benin shows that drought, late and violent rains and floodsare three major climatic risks. The profound effects of climate change on agriculture, coupled with low resilienceand high vulnerability of populations to shocks, could significantly reduce their capacity of managing naturalresources and, thus, impair their livelihoods, food security and welfare. It becomes imperative to understand theefforts of farmers to cope with climate changes that affect them. This study focuses on understanding of localpopulations on the manifestations of climate change; its sensible effects in the agricultural landscape and themeasures they can develop to cope with climate change. The study is also based on others studies conducted on260 farmers in the South region (Adjohoun, Dangbo, Lokossa and Athiémé) and the central region (Glazoué andSavalou) in various agro-ecological zones of Benin. Results from these studies showed that populations in themost vulnerable agro-ecological zones recognized climate phenomena essentially based on locally built knowl-edge. Indeed, several local concepts, adages and proverbs are used by rural communities to characterize theobserved changes. To cope with these changes, a variety of strategies are developed locally by producers inSouthern and Central Benin according to their socio-economic conditions. The knowledge of the mechanisms

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leading to their development in Benin includes elements that could form the basis for agricultural policies that canensure food security despite environmental perturbations observed currently in southern and central Benin.

Key Words: Benin, climate risk, shocks, vulnerability

INTRODUCTION

Les catastrophes engendrées par lesphénomènes de changements et perturbationsclimatiques ont de lourdes influences surl’agriculture dans les pays en développement(Frank Sperling et al., 2003). Selon le quatrièmerapport d’évaluation du Groupe Inter -gouvernemental des Experts sur l’Evolution duClimat (GIEC, 2007), les communautés pauvresseront les plus vulnérables du fait de leurscapacités d’adaptation limitées et leur grandedépendance de ressources à forte sensibilitéclimatique telles que les ressources en eau et lessystèmes de production agricole. A l’avenir, cephénomène apportera aux économies agraires, depar le monde, un ensemble de défis complètementnouveaux (Messner et Briintrup, 2007).

Au Bénin, les paramètres agro-climatiquesprésentent des particularités contraignantes pourl’agriculture et la foresterie surtout dans le Sud-ouest et l’extrême Nord qui connaissent parfoisde graves sécheresses (MEPN, 2008). Des travauxde Boko (1988), Afouda (1990) et de Ogouwalé(2004), on retient que la péjoration pluviométrique,la réduction de la durée de la saison agricole, lapersistance des anomalies négatives et la haussedes températures minimales caractérisent lesclimats du Bénin et modifient les régimespluviométriques et les systèmes de productionagricole.

Ce phénomène hypothèque ledéveloppement de l’agriculture de type pluvialet donc rend vulnérables les producteursagricoles sur le plan de la sécurité alimentaire.

Il est urgent d’adopter des mesuresd’atténuation et de développer de nouvellespolitiques pour éviter les pires effets deschangements climatiques (Willbanks et al., 2007).Pour y parvenir, il est indispensable de disposerdes données sur le système climatique et sesimpacts sur les systèmes de production, et dedéfinir des mesures pertinentes d’adaptation àpartir de celles développées localement. Pour cefaire, il faut s’inscrire dans un processus basé

sur une analyse complète de la situation, élaborerun plan d’action adapté prenant en compte lesperceptions et suggestions des populationslocales, et la volonté politique de reconnaître lecaractère prioritaire des actions requises (Sokona,2007). L’objectif de cette étude est de cerner lesperceptions des populations locales, exposéesau quotidien aux effets néfastes deschangements climatiques, d’analyser les mesureslocales qu’elles développent pour lutter contrele phénomène.

La présente étude s’est basée sur les théoriesde la perception et de l’approche par les moyensd’existence durables. Les pratiques desagriculteurs, les choix techniques qu’ils fontet les changements qui y sont liés ne sontintelligibles qu’au regard de leur conception deschoses (Ruault, 2007). Selon van den Ban (1991),pour une bonne compréhension ducomportement, la connaissance de la perceptionhumaine est essentielle. Il faudra comprendre icien termes de comportement, les différentespratiques, les différentes actions/réactions, lesraisons explicites (Weber, 1956/71) développéesou utilisées par les producteurs face auxdifférentes modifications que connait le climat. Ilse dégage qu’il y a une relation de dépendancequi lie les stratégies d’adaptation à la perception: toutes les mesures que nous développons pourrésoudre un problème sont donc fonction del’idée que nous faisons de ce problème, de notreperception du problème et de la manière dont nousressentons ledit problème.

Le phénomène en question ici étant leschangements climatiques, l’analyse de saperception tiendra compte de deux types deperceptions : la perception collective et laperception individuelle (Aho et al., 2006). Ainsi,selon ces auteurs, la perception collective estcelle mentionnée par les populations locales etqui concernent les manifestations physiques etles effets ressentis par l’ensemble desproducteurs de façon générale. Quant auxperceptions individuelles, elles sont cellesmentionnées par chaque producteur ou groupe

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de producteurs qui vivent dans des conditionssocio-économiques similaires et quiappartiennent à un même réseau social ou desproducteurs qui ont leurs exploitations dans uneunité de paysage donnée. Ce type de perceptiontient compte des expériences vécues ou desattentes futures et est en rapport avec lesobjectifs, les désirs et les besoins de l’individu(van den Ban, 1991). Ces différents points à savoir,les expériences vécues, les attentes, les désirs etles besoins de l’individu sont les élémentsd’analyse de la perception des effets deschangements climatiques sur les activités desproducteurs agricoles. Les normes socio-culturelles sont également prises en compte dansl’analyse de la perception.

Ces expériences vécues par rapport au climatsont susceptibles de renforcer les connaissancesendogènes au niveau des producteurs et deconstituer des savoirs potentiels face auchangement en cours. La connaissanceendogène n’est pas abstraite comme laconnaissance scientifique, elle est concrète, reliéefortement à l’intuition, aux expérienceshistoriques et directement percevable et évidente(Farrington et Martin, 1987).

Les savoirs exogènes au milieu, c’est -à-direceux qui ont été introduits dans le milieu par desorganisations ou des personnes autres que lesmembres de la communauté, ont une influencesur les savoirs locaux.

Sur la base des perceptions que lesproducteurs ont des changements climatiques,des savoirs locaux subséquents et des savoirsexogènes, les stratégies développées, commemesures d’adaptation pour faire face au problèmeseront analysées de manière à faire ressortir lesrelations d’interdépendance qui lie les troisconcepts (perception, savoir et stratégiesd’adaptation). Dans l’analyse des stratégiesd’adaptation, il sera tenu compte du niveaud’accès aux capitaux (social, humain, naturel,physique et financier) dans la perspective del’approche par moyens d’existence durable(sustainable livelihood) (DFID, 1999). Ainsi, onpourra voir si l’appartenance à un tissu socialspécifique, le nombre d’actif agricole possédé oula facilité d’accès à la main d’œuvre salariale,l’accès à la terre en quantité et en qualité, la facilitéd’accès au crédit pour acquisition d’intrants et

d’équipement influencent la nature et le nombrede stratégies développées au niveau local. PourWhitehead, (2002) le « livelihood » intègrebeaucoup de données (quantitatives etqualitatives) et peut permettre de fournir uneanalyse socio - économique et surtout politiquesur ce que cachent les disparités entre ménagesdans la mobilisation des atouts et le déploiementdes stratégies de subsistance. L’influence desorganisations de développement local sur lesatouts en capital que possède le producteur seraégalement analysée. Le « livelihood » proposeen effet que l’analyse des politiques et desinstitutions soit conduite à tous les niveaux, duniveau local au niveau national (Adato et al.2007). Le cadre d’analyse de la présente étudecombine les théories sur la perception etl’approche par les moyens d’existence durable.

De façon opératoire, les phénomènesclimatiques sont perçus de façon sensorielle àpartir de la variation des facteurs du climat(température, pluviométrie, vents, insolation.),mais aussi de façon psychique sous l’influencedes facteurs fonctionnels. Le postulat de basede cette recherche est donc qu’à partir du typede perception qu’ils ont du climat et desstratégies endogènes existantes construites surdes savoirs locaux en réponse aux phénomènesclimatiques passés dans le milieu, lesproducteurs développent de nouvellesstratégies en réponse aux nouvelles conditionsclimatiques. Ces stratégies développéesdépendent du niveau d’accès en capital dechaque producteur et fortement influencées parl’environnement politique et institutionnel dumilieu. Les résultats obtenus constituent denouvelles connaissances qui s’ajoutent au stockancien, le tout constituant une sourced’inspiration et d’alternatives pour des mesuresfutures d’adaptation.

Cette étude qui est basée sur des donnéesempiriques tirées de diverses études menées auBénin, abordera successivement, après laméthodologie utilisée, la perception paysannedes changements climatiques, les stratégieslocales d’adaptation aux changementsclimatiques et une discussion à la lumière desrésultats obtenus sur les enseignements qu’onpeut tirer pour les politiques agricoles au Bénin.

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MATÉRIELS ET MÉTHODES

Choix des zones d’étude. L’étude de perceptionqui a servi de base au présent article couvre leszones du sud et du centre du Bénin (Fig. 1). Cesdeux zones se caractérisent respectivement parune pluviométrie bimodale d’une part et par unrégime pluviométrique de transition entre lesrégimes bimodal du sud et unimodal du nordBénin. Le choix de la zone d’étude repose sur lecritère du régime climatique qui caractérise le sudet le centre du Bénin.

Le choix des communes d’enquête s’estinspiré des résultats de l’étude réalisée dans lecadre de la mise en place du programme nationald’adaptation aux changements climatiques(PANA-Bénin, 2008) et de la vision du projetPerceptions, Adaptations et Accompagnementsdes Populations face aux changementsClimatiques Environnementaux et Sociaux(PAAPCES). Les communes enquêtées dans lecadre de cette étude font donc partie des zonesles plus vulnérables aux manifestations duphénomène. Ainsi, la collecte de données s’estétendue sur deux années consécutives 2008 et2009. Deux communes ont été enquêtées au centreen 2008 et quatre autres dans le sud en 2009.Deux raisons ont guidé le choix des communes etdes villages d’enquête: la situationpluviométrique et le relief du milieu. Les communesde Glazoué et de Savalou, choisies comme zoned’étude au centre, sont des communesappartenant à la zone cotonnière du Centre,identifiée comme l’une des zones agroécologiques les plus vulnérables aux variationsclimatiques au Bénin (MEPN, 2008). Lavulnérabilité physicoclimatique de cette zone esttoute particulière du fait de sa situationgéographique dans le Pays. En effet, elle est unezone qui connaît un climat de transition (Boko,1988 ; Afouda, 1990, cité par Ogouwalé, 2006),entre celui subéquatorial à deux saisons humideset celui tropical de type soudanien. Elle connaîtsoit une pluviométrie unimodale, et bimodale(Ogouwalé, 2006). Un village a été sélectionnédans chaque commune en raison de la présencedes caractéristiques toposéquentielles. Le choixde ce critère se justifie par la nécessité d’étudierla perception des producteurs sur lesconséquences des changements climatiques,

lesquelles pouvant varier selon que l’on seretrouve en situation de haut de pente ou de basde pente. Ainsi, les villages de Houin dans lacommune de Glazoué et de Lama dans la communede Savalou ont été choisis. Les mêmes critèresde vulnérabilité ont guidé le choix des communesdu Sud. Les villages étant aussi choisis selon laprésence d’une situation de relief contrastée (basde pente et haut de pente) présent sur le mêmeterroir. Les zones du Sud enquêtées sontcaractérisées par une pluviométrie bimodale avecdes risques d’inondation fréquents du fait del’abondance des manifestations pluvieusesentrecoupées fréquemment des plages desècheresse brusques et parfois prolongées. Ils’agit des communes de Lokossa et d’Athiémé,dans la partie sud-ouest du Bénin et lescommunes de Dangbo et de Adjohoun dans lazone sud-est. Les villages de Djondji Zounmédans la Commune de Lokossa, Dévémé dans laCommune d’Athiémé, de Zounta dans lacommune de Dangbo et de Sissèkpa dans lacommune d’Adjohoun ont été choisis pourétudier le phénomène des changementsclimatiques dans le sud du Bénin. Le Tableau 1présente les caractéristiques topo-séquentiellesdes villages d’étude.

Méthode de collecte. La phase de collecte dedonnées s’est déroulée en trois étapes : la phasede clarification conceptuelle, la phased’exploration et la phase d’étude fine/approfondie faite de collecte de donnéesquantitatives à base de questionnaire individuel.

La phase de clarification conceptuelle. C’est unephase qui a préparé la phase des entretiens degroupe. Les savoirs locaux sont capitalisés endes concepts à clarifier pour la collecte dedonnées fiables. La clarification conceptuelle aété faite lors des séances d’entretien de groupeavec des producteurs ressources (d’une dizaineenviron par village), ayant au moins la quarantained’âge avec une forte emphase sur les personnesdu troisième âge, habitués à la lecture desperturbations climatiques. Une séance d’entretiende groupe pour la clarification conceptuelle a étéconduite dans chaque village. Des entretiensindividuels complémentaires avec d’autrespersonnes ressources du troisième âge ont

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Figure 1. Carte présentant les communes d’étude.

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permis de compléter les informations reçues lorsdes entretiens de groupe organisés. Cespersonnes ont été identifiées dans chaque village,par l’aide des guides de terrain et font partie despersonnes plus âgées du village et rempliesd’expérience en la matière. Nous en avonsenquêtées deux par village.

Les enquêtes exploratoires. Les entretiens ontété conduits dans des focus groupes composésde producteurs ayant de l’expérience dansl’activité de la production agricole (au moins 15ans d’expérience agricole). Pour avoir desinformations de qualité, des groupes ont étéconstitués dans différents hameaux des villagesenquêtés, dans leurs spécificités. Au total, parvillage trois focus groupes de 20 hommes enmoyenne ont été constitués et deux focusgroupes de 20 femmes en moyenne, pour cerneraussi les perceptions des femmes sur lesperturbations en cours telles qu’elles lesressentent dans leur quotidien. Le guided’entretien élaboré a abordé les aspects deschangements climatiques dans leursmanifestations, les conséquences sur le milieu/paysage, les hommes (les moyens d’existence)et les différentes stratégies développées pour yfaire face.

La phase de l’enquête finale de l’étude. Au coursde cette phase, les données ont été collectéessur la base d’un questionnaire, élaboré et revu àpartir des résultats de la phase exploratoire del’étude. Des entretiens individuels ont étéeffectués avec des producteurs et selon le genrepour cerner les perceptions des acteurs au niveaulocal. Au total 260 producteurs individuels ontété enquêtés dans les six communes de l’étude :120 au centre (en 2008) et 140 au sud (en 2009).Pour le choix des producteurs enquêtés, on ad’abord procédé dans chaque village aurecensement exhaustif de toutes les exploitationsagricoles. Ensuite, le choix des producteurs a étéfait sur la base de critères discriminant lesexploitations identifiés au cours de l’étudeexploratoire. Il s’agit de : la taille de l’exploitation/superficie emblavée et la possession deplantation. Ainsi, sur la base du nombre total àenquêter, des quotas ont été répartis par village

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palmeraie, tient compte des réalités économiquesde la zone d’étude. En effet, l’anacarde et lepalmier font parties des cultures de rentecaractéristiques de la région du Centre et dusud du Benin; respectivement. La combinaisonde ces deux critères a permis de réaliser unetypologie des producteurs par zone présentéedans le Tableau 2.

Pour appréhender la relation qui pourraitexister entre les catégories de producteurs selonle critère de possession d’anacarderaie/palmeraieet le nombre d’unités de paysage exploitéescomme stratégie d’adaptation, nous avons réaliséle test de comparaison t de Student à deuxproportions (Dagnelie, 1998).

Pour mesurer la force de la relation entre lesgrands et les petits producteurs, selon le critèrede la superficie totale cultivée et le nombred’unités de paysage exploitées, nous avonscalculé le coefficient de corrélation de point r entrela superficie totale emblavée et le nombre d’unitésde paysage exploitées. Nous avons donc fait latransformation suivante : soit l’enquêté est ungrand producteur, soit un petit producteur ; ilexploite soit une unité de paysage, soit au moinsdeux unités. Cette analyse a permis de dégager larelation statistique qu’il y a entre la catégorie deproducteurs et le nombre d’unités de paysageexploitées en termes de stratégies d’adaptation

et par catégorie de producteurs selon l’importancede leur population.

Méthode d’analyse. Pour l’analyse desperceptions, nous avons fait des encadrés etdes analyses de déclarations paysannesinspirées des savoirs locaux, et qui révèlent leurperception du phénomène et des analysesstatistiques. Pour corroborer ces résultatsprésentés sous forme qualitative, nous avons faitune synthèse de proportions relatives auxéléments indiquant un certain changement duclimat, selon les populations, à partir des donnéescontenues dans les fiches d’enquête individuelle.Des catégories de producteurs ont étéconstituées sur base de la taille/superficie del’exploitation du producteur et la possessiond’anacarderaie ou de palmeraie selon qu’il s’agitdu centre ou du sud du pays. Ces critères ont étéretenus sur la base des réalités rencontrées dansles milieux respectifs après étude exploratoire.

Le choix de la superficie comme critère pourdiscriminer les producteurs se justifie par le faitque la superficie emblavée reflète le pouvoiréconomique du producteur et lui confère uncertain rang social dans la société puis influenceson comportement d’adoption de technologiesaméliorées de production agricole (Demeke, 2003).Le choix de la possession d’anacarderaie ou de

TABLEAU 2. Typologie des producteurs par zone d’étude

Type exploitation Superficie (ha) Possession anacarderaie/ Taille échantillon Zone d’étude palmier à huile

Grande exploitation e” 6 Oui (anacarderaie/palmeraie) 30 CentreNon 13

e” 3 Oui (palmeraie) 17 Sud-EstNon 6

e” 2 Oui (palmeraie) 20 Sud-OuestNon 25

Petite exploitation < 6 Oui (anacarderaie/ palmeraie) 36 CentreNon 41

<= 3 Oui (palmeraie) 27 Sud-EstNon 20

<= 2 Oui (palmeraie) 3 Sud-OuestNon 22

Source : Etude de terrain centre et sud du Bénin, Août-Octobre 2008/2009Centre : communes de Glazoué et de Savalou. Sud-Est : communes de Dangbo et AdjouhounSud-Ouest : communes de Lokossa et Athiémé.

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pour faire face aux changements climatiques. Laméthode d’analyse en composante principale aété utilisée pour identifier les stratégiesdéveloppées par les différentes catégories deproducteurs obtenues (Glele Kakaï et Kokode,2004).

RÉSULTATS

Perceptions paysannes des changementsclimatiques

Perception des changements pluviométriquesdans leurs manifestations. Pour permettre d’avoirune vision claire de la situation pluvieuse passéeet celle qui est en cours, l’encadré ci -contreprésente les concepts clés attribués par lesproducteurs aux manifestations pluvieuses.

Encadré 1. Etat des connaissances sur lesconcepts relatifs aux pluies et changementspluviométriques

(i) Zofin kplo ji : première pluie qui tombe aprèsla saison sèche. Littéralement, le mot signifiequi nettoie les cendres provenant denombreux feux de brousse de la grandesaison sèche. Cette pluie annonce la fin dela grande saison sèche et prépare lesproducteurs à l’entame de la grande saisonpluvieuse. Jadis, cette pluie intervenait lanuit au début du mois de mars. Pour éviterqu’elle s’accompagne de vents violents, lesanciens offraient des sacrifices à Hêviosso(dieu du ciel : le tonnerre). Depuis les années1980, cette pluie arrive en Avril, voire Maiavec d’importants dégâts (chablis,démolissage de maison, etc.).

(ii) Xwé sin : c’est-à-dire l’eau de l’an. C’est latoute première pluie qui tombe après le Zofinkplo ji. C’est une pluie qui «lance ledémarrage » de la saison des pluies. Elleannonce le démarrage effectif de la grandesaison des pluies. C’est une pluie qui tombedrue. Elle tombait la plupart du temps la nuit.Elle arrivait avec, un vent non violent. Elleavait généralement une grande couverturespatiale estimée à environ 12 km de rayon.

C’est après cette pluie que les premierslabours commencent suivis des premierssemis.Mais depuis cette période (1982), cettepluie a disparu et a laissé la place à une pluieappelée Gboja ji.

(iii) Gboja ji : signifie une pluie qui choisit deszones qu’elle humidifie. Elle tombe de façonsélective dans la zone (elle peut tomber dansce village et manquer dans le village d’à cotéou vice- versa). Il peut pleuvoir dans unendroit situé à moins d’un kilomètre etmanquer ici. C’est un véritable spectacle, unpur paradoxe auquel nous n’avons pasd’explication. Cette pluie qui tombe de façonsélective dans l’espace et dans le temps acomme conséquence des dates de semisdifférentes d’un territoire villageois à unautre ou d’une parcelle à une autre dans lemême territoire (selon la manifestation duphénomène). La grande saison des pluiesaccuse tellement de retard que nous tendonsvers une saison des pluies. La saisoncommence en Mai et on ne distingue plus lagrande saison de la petite. On n’observepratiquement plus la petite saison sèche.C’est ce à quoi nous assistons actuellement.

(iv) Nugblé ji : C’est une pluie qui tombait endécembre (pendant la deuxième quinzaine dumois : 18-20 décembre).Le nom signifie unepluie de dégâts. En effet, sa venue coïncidaitavec la période de séchage sur billon desplantes d’arachides de la petite saison despluies arrivées à maturité et arrachées pourla récolte. Elle tombait abondamment àplusieurs reprises et occasionnait unepourriture des gousses qui germaiententrainant d’importantes pertes de récoltes.Cependant, c’est une pluie favorable pourle manioc. Elle accompagnait bien le maniocdans sa croissance /développement pourbien traverser la grande saison sèche. C’étaitaussi la période opportune dont disposaientles producteurs d’igname ayant accusé deretard de procéder aux réalisations de butteset aux plantations des semenceaux. Cettepluie ne tombe plus de nos jours.

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573Perception des perturbations climatiques

Source : enquête terrain Glazoué/Savalou,Septembre- Octobre 2008

Des informations contenues dans cet encadré, ilressort que les populations ont remarqué uncertain «déréglage» quant au déroulementnormal, tel que connu autrefois, desmanifestations pluvieuses. Ces décalages de lanormale, des manifestations pluvieuses obtenueslors de la séance de clarification conceptuelle sontexprimées par les producteurs de l’échantillond’étude dans la perception qu’ils ont deschangements climatiques. Les principauxbouleversements perçus par les producteursconcernent : le démarrage tardif et/ou mauvaiserépartition des pluies pendant la grande saisondes pluies, le raccourcissement de la durée de lagrande saison pluvieuse, le raccourcissement dela durée de la petite saison des pluies, ladiminution des hauteurs Pluviométriques, ladiminution du nombre de jours de pluies, despoches de sécheresse plus fréquentes,l’occurrence des pluies très fortes et violentescausant des dégâts, et la persistance de lasécheresse pendant la période de la grande saisonsèche. Cette perception se traduit par despéjorations pluviométriques telles que résuméesdans le Tableau 3.

Perception paysanne de la vulnérabilité des solsdes différentes unités de paysage face auxchangements climatiques. La situation toposéquentielle d’une parcelle de culture déterminel’ampleur et le type de conséquence qu’ont leschangements climatiques sur son sol. Afin decerner l’effet des principales péjorationsclimatiques, il est présenté les conséquences desretards/ruptures de pluies et des excès de pluiessur les différentes unités de paysage telles queressenties par les producteurs.

Conséquences des retards/ruptures de pluiessur les sols des différentes unités de paysage.Les sols des parcelles situées en haut de penteétant des sols drainant à structures grossière, lavitesse d’infiltration de l’eau est élevée. Lacapacité de rétention en eau de ces sols étantdonc faible, on assiste à leur dessiccation rapideen cas de rupture ou de retard de pluie. Cespéjorations étant caractéristiques des

changements en cours, la dessiccation s’estencore plus aggravée et la disponibilité en eaudu sol pour les cultures au temps convenablefortement diminué. Jadis, aux dires desproducteurs, la situation est moins criarde, iln’existe pas une différence aussi significative enmatière de quantité utile d’eau du sol pour lescultures car les fréquences des pluies étaientraisonnées et régulières, satisfaisant les cultures.Quant aux sols des parcelles situées en bas depente, la topographie jouant en leur faveur, enplus de leur structure leur permettant de garderlongtemps l’eau, ils résistent mieux aux situationsde retard/rupture temporaires de pluies qui, pourles parcelles en haut de pentes s’avèrent déjàpréjudiciables. Il faut donc une situationsuffisamment criarde pour qu’on en arrive à unedessiccation de ces sols et un fort endurcissementdes terres.

Conséquences des excès de pluies sur les solsdes différentes unités de paysage. Lesproducteurs dont les exploitations sont situéesen milieu et surtout en bas de pente perçoiventde façon différente les excès de pluie que ceuxayant leurs parcelles en haut de pente.

En effet, avec les quantités impressionnantesde pluies qui tombent en une courte période, descas d’inondation de parcelles situées en bas depente sont devenus fréquents. Ces inondationstemporaires peuvent selon les saisons allerjusqu’à 1 voire 2 mois et persister dans les espacesinter monticules jusqu’à 3 mois. Cet état de choserend impossibles tous les travaux/opérationsagricoles comme le labour et le sarclage et,provoque de nombreux cas d’asphyxie descultures, de pourriture de racines de manioc, detubercules d’igname et de gousse d’arachide. Lesparcelles situées en milieu de pente qui, jadis neconnaissaient pas d’inondation, s’inondent denos jours, ce qui cause de nombreux dégâts auxcultures comme le coton.

On assiste également à l’augmentation duniveau des eaux dans les bas-fonds pendant lessaisons pluvieuses.

Ce phénomène devenu récurrent ces 5dernières années place les producteurs dans unesituation d’impasse totale quant aux choix descultures dans ces unités et aux dates de semis/

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D.S.M. AGOSSOU et al.576

plantation, au risque de se faire surprendre parl’inondation des parcelles cultivées.

Par contre, sur les parcelles situées en hautde pente, les excès de pluies n’entraînent pas decas d’inondation, le sol étant filtrant. Laconséquence remarquable est, selon la situationtopographique de la parcelle et le type de sol,l’érosion des terres accompagnée d’un fortlessivage des éléments nutritifs du sol (ceuxexistant dans le sol et ceux apportés sous formede fumure minérale) entraînant constammentl’appauvrissement de ces sols et un ensablementdes bas-fonds selon 90% des producteursenquêtés, exploitant cette unité de paysage. Leschangements climatiques ont donc de lourdesconséquences sur ces unités de paysage à causede l’abondance des pluies en une courte période.

Ces résultats sont conformes à ceux deWakponou et al. (2008) qui révèlent au termedes travaux conduits sur les perceptionspaysannes des changements climatiques dansl’extrême-Nord Cameroun que la lecture paysannedes perturbations climatiques se fait notammentà travers les interruptions de pluies ou séquencessèches causant l’arrêt du cycle végétatif et la pertedes récoltes de sorgho et le retard constant despluies responsables des semis tardifs.

Stratégies locales d’adaptation aux changementsclimatiques. Les stratégies locales d’adaptationaux changements climatiques identifiéesconcernent aussi bien la gestion des cultures quecelle des sols.

Gestion des cultures. Les adaptations réaliséesdans la conduite des cultures sont diverses etvariées. Nous en présenterons les pointssuivants : abandon de cultures ou variétés deculture, adoption de nouvelles cultures ounouvelles variétés de culture, déplacement decultures d’une unité de paysage à une autre,modification des emblavures et changementd’itinéraire technique.

Abandon de cultures ou variétés de culture auSud et au centre du Bénin. Le décalage observédans la survenance de la grande saison des pluiesa entraîné des modifications quant au choix desspéculations. Les cultures comme le goussi et leniébé ont été abandonnées par une grande

majorité des producteurs (plus de 90% desenquêtés) ; même si certains continuent d’encultiver. Ces deux cultures font partie des toutespremières cultures que les producteursinstallaient dès le démarrage de la grande saisondes pluies. Les pluies étant plus régulières avantles changements en cours, les producteursdisposaient d’assez de temps pour installer toutesles cultures pendant la grande saison dans unordre bien défini : le niébé, le goussi, le maïs,l’arachide, etc. Le maïs et l’arachide étant lesprincipales cultures des producteurs, du fait desretards criards de pluies, les autres cultures setrouvent sacrifiée s au détriment de ces dernières; car le temps d’installation des cultures estdevenu désormais court par rapport à la situationavant les changements climatiques. Aussi, lesconcentrations des pluies constatées par lesproducteurs à la fin de la grande saison des pluieset au début de la petite saison des pluies contraintles producteurs à ne pas pouvoir installer lescultures comme le voandzou et la lentille de terre.La solution que les producteurs ont trouvée faceà la diminution du nombre de jours de pluie estl’abandon de certaines variétés tardives de maïs(4 mois), de manioc (14 mois), de niébé (4 mois, 12mois), de tomate et de piment (Agossou, 2008,Houssou-Goé, 2008, Codjia, 2009 et Dekoun 2009).

Adoption de nouvelles cultures ou variétés deculture dans le Sud et le centre du Bénin. Faceà la baisse des rendements des cultures, et pourrépondre aux nouvelles donnes climatiques, lesproducteurs ont fait le choix d’adopter dans leursystème de cultures de nouvelles spéculationset variétés de cultures.

En matière d’adoption de nouvelles culturesdans le centre, il s’agit du soja et du riz. Cescultures sont des cultures introduites dans lemilieu paysan par les institutions intervenant dansle milieu rural comme le CeRPA et les divers projetset ONG qui interviennent dans le secteur agricole.Si l’adoption de ces cultures est à mettre à l’actifde ces institutions, l’une des conditions ayantfavorisé leur adoption et diffusion rapides seraitindéniablement les situations climatiques quiprévalent au niveau local et dont dépend toutchoix de cultures. En effet, ces cultures sont enpleine expansion (cultivées par plus de 85% desproducteurs enquêtés) et la diffusion s’effectue

Page 13: perception des perturbations climatiques, savoirs locaux et

577Perception des perturbations climatiques

des hameaux de centre aux hameaux reculés. Celapourrait s’expliquer par les contacts plusimportants des producteurs des hameaux decentre avec les structures d’intervention que ceuxdes hameaux isolés. Ceci est plus remarqué avecle riz dont la culture nécessite une connaissanceplus stricte de l’itinéraire technique et l’utilisationd’engrais minéral qui n’est toujours pas facile àobtenir dans les conditions actuelles deproduction dans notre pays. Nous discuteronsde cette stratégie dans la partie analyse encomposantes principales selon les différentescatégories de producteurs.

L’adoption de nouvelles variétés de culturesconcerne essentiellement les variétés de maïs, laprincipale culture vivrière des populationsétudiées. Pour palier les retards criards de pluieslors de la grande saison des pluies et leraccourcissement de cette saison, les producteurs(plus de 85%) ont progressivement abandonnéles variétés locales de maïs, qui sont des variétésà cycle long (de durée de cycle de 4 mois) pouradopter de nouvelles variétés à cycle court (3 ou2.5 mois de durée de cycle). Cette stratégieconcerne également le niébé pour ceux quicontinuent de le cultiver pour répondre auxpéjorations climatiques enregistrées.

Dans le Sud-Ouest, la proximité avec degrands marchés tels que ceux de Comè, deLokossa, de Dogbo et la proximité avec le Togo afavorisé l’adoption de nouvelles variétés.D’autres variétés ont été introduites dans lesvillages par le CeCPA et d’autres ONG intervenantdans le milieu. Cette adoption a été souventsélective et favorisée par l’adaptation de cesvariétés aux conditions climatiques actuelles.Nous avons dans notre échantillon, 95.23% deproducteurs qui ont ainsi adopté de nouvellesvariétés de maïs, de niébé, de tomate et de piment.Le type de semis du maïs a connu unemodification chez 65.52% des producteurs. Lesemis en ligne est de plus en plus pratiqué pourune bonne gestion de l’espace et un meilleurrendement.

En dehors de ces variétés, deux cultures sontadoptées par 70% des enquêtés. Il s’agit de labanane/plantain. Ils existaient dans le champ decertains producteurs dans le milieu. Ayantconstaté que ces fruits avaient une valeuréconomique grandissante, les producteurs ont

généralisé leur culture. Mais face aux dégâts quecausent les grands vents sur ces plantes, certainsproducteurs les supportent avec des pieux. Cesont des cultures qui ne bénéficient pratiquementd’aucun soin mais qui sont des sources de revenuen toute période de l’année. La demande est siforte que certains producteurs vendent les fruitsdes mois avant leur maturité physiologique.Certains producteurs ont même commencé àinstaller des plantations de banane/plantain audétriment des palmeraies. Certains producteurs(5%) ont, quant à eux, adopté des cultures tellesque le riz et le soja. Le teck a été aussi introduitdans le milieu par les eaux et forêts depuis unevingtaine d’années pour favoriser lereboisement. Cet arbre est un palliatif auxmanques de bois de chauffe et de bois d’œuvreressentis par les populations.

Cette utilisation du teck a été favorisée parson aptitude à donner du bon charbon et sacroissance rapide. Les producteurs, à 80%, enont dans leurs champs. Mais seuls 27% parmieux ont des teckeraies.

Déplacement de cultures dans le Sud et le Centredu Bénin. Il s’agit ici d’un déplacement decultures d’une unité de paysage à une autre dansle même terroir villageois.

Cette stratégie est développée dans le centrepar 47% des producteurs pour gérer les stresshydriques au niveau des cultures. C’est ainsiqu’ayant remarqué que l’igname souffre demanque d’eau sur les parcelles situées en hautde pente, certains producteurs ont dû procéder àun déplacement de cette culture vers les unitésde paysage de moyenne de pente ou de bas depente. C’est le cas par exemple de la variétéLaboko cultivée de nos jours dans les bas - fondspour répondre à ses exigences hydriques. C’estaussi l’exemple du maïs déplacé de l’unité depaysage de haut de pente vers celles de moyenneou bas de pente pendant la grande saison despluies pour juguler les ruptures de pluies quideviennent de plus en plus nombreuse aux débutsde cette saison entraînant de nombreuses pochesde sécheresse. Ces ruptures temporaires de pluiessont facilement gérées par les producteursexploitant les unités de moyenne et de bas depente, grâce à la capacité de rétention plus élevéedes sols de ces unités.

Page 14: perception des perturbations climatiques, savoirs locaux et

D.S.M. AGOSSOU et al.578

Mais pendant la petite saison des pluies, c’estle mouvement contraire qui est observé pouréviter les cas fréquents d’inondation enregistrésdans ces unités de paysage. Cette stratégieconcerne aussi le manioc qui est planté dansl’unité de paysage en bas de pente pendant lapetite saison des pluies et la récolte est effectuéependant la grande saison des pluies suivante,avant l’inondation des parcelles. Cette récolte nepermet pas à la plante d’exprimer autant depotentialité que si elle était laissée jusqu’à 2 ansou au moins un an et demi. Cette récolte faite defaçon précoce a pour conséquences la baisse dela production et du rendement de cette culture.

Dans le sud-ouest, pour éviter la pourritureque subit le manioc en bas de pente lors del’accumulation des pluies et des crues, il a étédéplacé dans les unités de haut de pente par 45%des producteurs de cette zone à celle située enhaut de pente. Mais la majorité des producteursprennent le risque de le cultiver dans cette unitéde paysage. Le crincrin est la culture qui a étécomplètement déplacée de la zone de haut depente dans la zone de bas de pente après leschangements climatiques observés. Dans cetteunité, en effet, il bénéficie de la quantité d’eauidéale pour sa culture.

Changement progressif du calendrier agricoleet d’itinéraires techniques au Sud et au Centredu Bénin. Deux éléments fondamentaux sont àretracer dans ce volet de mesures prises par lesproducteurs pour faire face aux changements encours.

Le premier élément est la date de semis qui aconnu un net décalage comparativement à lasituation ancienne.

Ayant acquis le savoir que la grande saisondes pluies commence véritablement au courantdu mois de Mai au lieu de Mars jadis, lesproducteurs du centre ont dans leur totalitéabandonné le calendrier agricole empirique quis’est révélé non opérationnel face aux nouveauxchangements pour un nouveau calendrier culturalqu’ils continuent à expérimenter afin de l’affinerpour répondre aux nouvelles donnes climatiques.

Dans le sud-ouest, par crainte de voir mourirleurs semis et pour éviter les opérations multiplesde re-semis, les paysans attendent désormais lasaison effective des pluies qu’ils situent au mois

de mai au lieu d’avril. Toutefois, devant lenouveau contexte climatique, nombre de paysanssemblent avoir maintenu leur calendrier agricole.Ainsi, dans la zone, 35% des enquêtés n’ont paschangé leur calendrier agricole et défrichent puissèment même lorsqu’il y a une pluie. Souvent,les semences ne parviennent pas à germer parsuite du manque d’eau, et les responsables deparcelles doivent semer de nouveau. Les datesde semis varient chaque année selon 22.32% desproducteurs et des re-semis se font dans les casde manque à la levée suite au retard/rupture despluies. Le démarrage des travaux se fait par chaqueproducteur en fonction de son expérience, sonespérance, ses moyens et son goût/adversité auxrisques. Cependant il demeure lié aux pluies.

Modification des associations/rotationsculturales. Le second élément qui est importantà souligner, en matière de changement d’itinérairetechnique, est le changement de la pratique derotation des cultures.

Dans le centre, ce changement est intervenuaprès l’introduction des cultures de soja et de rizdans le système de cultures et l’abandon d’autres.Ainsi, les rotations de maïs-niébé, maïs-arachide,etc. ont fait place à des types de rotation commemaïs -soja. Avec la situation antérieure, il y avaitla culture de relais du maïs par le coton : maïs audébut de saison et coton dans le maïs avant sarécolte. Mais actuellement, chaque spéculation asa superficie propre. Les autres pratiquesculturales n’ont pas fondamentalement connu demodifications par rapport à la situation antérieure.

En dehors de l’ajustement du calendrieragricole, d’autres mesures ont été prises par94,29% des producteurs dans le sud. Avecl’introduction des cultures de banane et deplantain, 65.71% des producteurs ont modifié lesassociations culturales. Des associations tellesque banane/plantain-maïs, banane/plantain-manioc et banane/plantain-cultures maraichèressont pratiquées. Ce type de culture tend àremplacer le système d’alley cropping ou dejachère améliorée associant le palmier aux culturesvivrières pratiqué couramment dans le milieu. Larotation culturale a aussi subi des modifications.La rotation principale était maïs-coton-maïs suivide maïs-niébé-maïs. Si la seconde subsiste encore,la première a laissé place à la rotation maïs-maïs

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579Perception des perturbations climatiques

maïs. Ceci est lié à l’abandon du coton. Elle estpratiquée par 64.29% des producteurs.

Intensification de l’utilisation d’engrais,herbicides et insecticides dans le sud. Afin delimiter l’effet des adventices tels que Imperatacylindrica auxquels ils sont de plus en plusconfrontés, les producteurs ont commencé àutiliser des herbicides et le Mucuna. Cettehabitude confirme les résultats obtenus par(Houndékon et al., 1998) sur le plateau Adja. Plusde deux tiers des paysans enquêtés utilisent leMucuna pour contrôler l’Imperata. Dans leursactivités culturales, 54.82% des producteurs ontrecours à des herbicides. Ces derniers sontacquis au CeCPA, dans les marchés de la régionou auprès de certains particuliers quicommercialisent des produits venant du Ghanaou du Nigéria. En plus de ces herbicides, lesproducteurs font recours aux engrais chimiqueset aussi au Mucuna pour la fertilisation descultures. Les engrais employés sont le NPK etl’urée. L’emploi de l’engrais se fait par 74.29%des producteurs sur le maïs et les culturesmaraîchères. Certains producteurs (les grands)fument aussi le niébé, les bananes/ plantains etle manioc. Pour limiter les attaques parasitairesque subissent le niébé et les cultures maraîchères,les insecticides sont utilisées. Cette pratique estconfirmée par 71.39% des producteurs.

Les insecticides et les herbicides sont utilisésdans les deux zones de culture. La quantité deces produits varie selon le pouvoir économiquedes producteurs. Des reports d’intrants du cotonont été faits par les producteurs sur les culturesvivrières. Raymond et Beauval (1990) cités parColnard, (1994) ont montré que 20 à 40% desengrais achetés pour le coton sont utilisés sur lemaïs. En effet le phosphate d’ammonium (PA) estl’engrais recommandé sur le maïs. L’engrais ducoton peut être aussi utilisé pour cette culturebien qu’il n’y ait pas de recommandationsparticulières en la matière. Mais depuis la chutedu coton, les producteurs ont des difficultés àaccéder à ces intrants.

Mécanisation du labour dans le sud et le centre.L’itinéraire technique qui a été aussi modifié avecles changements climatiques est le labour. Avecles difficultés qu’ont les producteurs à travailler

les sols, certains ont opté pour la mécanisationdu labour. Cette pratique qui a commencé depuisune vingtaine d’années est adoptée par 23.16%des producteurs enquêtés. Le facteur favorisantcette pratique est la proximité avec le périmètrerizicole de Dévé. Les relations entre lesgroupements villageois ont été mises à profit pouratteindre cet objectif. Mais les demandes sontsatisfaites avec retard. Il faut parfois jusqu’à deux(02) mois d’attente. Le labour mécanisé est lepropre des grands producteurs car il nécessitel’emploi de la main d’œuvre salariée avant et aprèsle labour pour le dessouchage et la cassure desmottes. L’utilisation des herses n’est pas encoreune réalité. Le labour mécanisé est fait enmoyenne sur 25 kantin (1ha) de terre. Sa pratiqueréduit les peines des producteurs mais leur permet,à leurs dires, d’avoir des rendements plusimportants sur au moins deux (02) campagnes.

Le labour à sec pour les semis précoce dans lescommunes de Dangbo et d’Adjohoun (sud-ouestBénin). En vue de pouvoir démarrer lesopérations de semis de culture dès les premièrespluies, les producteurs procèdent au labour deleur champ en début de saison bien avantl’installation des pluies (98% des CE enquêtés).Autrefois, c’était avec les premières pluies quedémarraient les opérations de labour. C’est unetechnique qui permet aux producteurs de pouvoirfaire bénéficier à leur culture le maximum despluies au cours de la saison et de se mettre àl’abri des conséquences des risques de ruptureprécoce des pluies en fin de saison. C’est unemesure qui exige un surcoût d’effort de la partdes producteurs et se pratique sur les unités depaysage de haut de pente (plateau) et de milieude pente (rebord des plateaux).

Ces résultats sont similaires à ceux deAmadou (2005) qui ont montré qu’au Niger, lesproducteurs ont adopté en réponse auxchangements climatiques, la stratégie « de semisdès la première pluie dans le souci de profiter aumieux des premières pluies utiles et le labourprécoce pour que l’humidité que conservent lesmottes puissent profiter aux jeunes plants en casde sécheresse ».

Gestion des sols. Nous avons essentiellementdeux types de mesures développées par les

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producteurs dans la gestion du sol : l’exploitationsimultanée des différentes unités de paysage etle changement de sites de parcelles.

L’exploitation des unités de paysage dans lecentre du Bénin. L’une des réactions premièresdes producteurs face aux phénomènesclimatiques en cours dans leur terroir, c’estd’exploiter plus d’une unité de paysage afin degérer les risques de ces phénomènes et d’enminimiser les effets néfastes. La Figure 2 présenteles proportions des producteurs ayant occupéau moins deux unités de paysage.

On en déduit qu’une proportion non moinsimportante de producteurs exploitentsimultanément les unités de paysage de haut etde bas de pente (62.5% de l’ensemble desproducteurs c’est-à-dire, Zone 1 et 3 + Zone 1,2et 3).

Afin de savoir si les occupations de plusieursunités de paysage à la fois sont effectivementdues aux changements climatiques, nous noussommes servis de la catégorisation basée sur lecritère possession d’anacarderaie/ de palmeraie,ces cultures étant des spéculations qui occupentde grands espaces. Notons que plus de la moitiédes producteurs enquêtés possèdentd’anacarderaie ou de palmier à huile (57,5%).

La Proportion de producteurs ayantd’anacarderaie/palmeraie:

(i) et ayant de champ dans une seule unité depaysage est de 57/69 = 82,60 %

(ii) dans au moins deux unités de paysage de 12/69 = 17,40 %

Le test de comparaison t de Student de deuxproportions confirme que la proportion desproducteurs ayant d’anacarderaie/palmeraie etqui cultivent dans une seule unité de paysageest très hautement supérieure à celle de ceux quipossèdent d’anacarderaie/palmeraie mais quicultivent dans au moins deux unités de paysage.Nous nous sommes également servis dudeuxième critère de catégorisation afin de voir larelation qui pourrait exister entre ces catégoriesde producteurs et l’occupation des différentesunités de paysage. Le Tableau 4 présente lesproportions de producteurs selon la superficie etles unités de paysage exploitées.

L’analyse du tableau montre que quelle quesoit la catégorie des producteurs, le nombre deproducteurs qui cultivent sur au moins deuxunités de paysage est supérieur à celui exploitantune seule unité de paysage. Le coefficient decorrélation de point entre la superficie emblavée

Figure 2. Proportion de producteurs ayant occupé au moins deux unités de paysage au centre du Bénin.Zone 1 : haut de pente ; Zone 2 : moyenne de pente ; Zone 3 : bas de pente.

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581Perception des perturbations climatiques

et le nombre d’unités de paysage exploitées est0,30; ce qui indique une corrélation positive etrelativement forte entre ces deux variables.Toutefois, au regard des données du tableau, laforce de cette corrélation est plus marquée auniveau des producteurs qui emblavent unesuperficie d’au moins 6 ha.

Au sud, dans les communes d’Adjohoun etde Dangbo, il ressort que le quart (25%) desproducteurs exploite simultanément les unités dehaut, milieu et de bas de pente. Au total, près destrois quart (73%) des producteurs enquêtésexploitent simultanément au moins deux (2) unitésde paysage.

La stratégie d’occupation des unités depaysage n’est pas trop développée dans lescommunes d’Athiémé et de Lokossa. Lesproducteurs de cette zone se contentent dedéplacer certaines cultures en fonction de leursexigences et des manifestations pluviométriquesen présence. La non disponibilité de terre pourraitcontraindre les producteurs à ne pas pouvoirdévelopper une telle stratégie.

Changement de site de parcelles. Certainsproducteurs, face aux conséquences lourdes despéjorations climatiques notamment lessécheresses prolongées et les cas d’inondation,prennent l’option de changer d’unités depaysage. Mais cette stratégie qui est en réalitéun abandon n’est développée que par une faibleproportion des producteurs enquêtés (12,5% del’ensemble des producteurs).

C’est une stratégie qui nécessite une bonnedisponibilité en terre pour tous, ce qui n’esttoujours pas évident même dans le départementdes collines où la disponibilité des terres estmeilleure à la situation du Bas- Bénin, encoremoins dans la région méridionale. Laisser uneparcelle dont on est le propriétaire pour allerexploiter des parcelles en mode de faire valoir

indirecte n’est toujours pas perçu de façonordinaire par les producteurs. En lieu et place decette stratégie, c’est l’exploitation simultanée desunités de paysage et le déplacement de culturesqui sont plus développés par les producteurs.

La modification des emblavures dans le centreet le sud du Bénin. La modification desemblavures concerne aussi bien les extensionsdes superficies totales cultivées que lesdiminutions de superficie. Des enquêtes réaliséessur le terrain, il ressort que l’augmentation desemblavures comme stratégie est plus dominanteque la diminution. En effet, plus de 85% desproducteurs enquêtés dans le centre, toutecatégorie confondue, ont augmenté leursuperficie de cultures. Selon les études réaliséespar Ogouwalé en 2006, les emblavures continuentd’être augmentées dans le Bénin central. Il conclutensuite en disant que l’augmentation desproductions agricoles est due plus à unaccroissement des emblavures moins qu’à uneamélioration des rendements. L’augmentationdes emblavures comme stratégie est un acte degestion de l’incertitude climatique de la part duproducteur qui prévoit les dégâts éventuels quipourront être occasionnés par les casd’inondation ou de sécheresse prononcée. Enface, ceux qui diminuent leur superficiel’expliquent par les nombreuses déceptions dontils ont été victimes les années antérieures du faitdes péjorations climatiques, tout enreconnaissant qu’il faille augmenter lesemblavures pour espérer avoir de la récolte.

Dans le sud, c’est une mesure prise par14.32% des producteurs et à consister àl’extension ou à la diminution des emblavures audétriment des palmeraies. Ces mouvements sontfaits dans les deux unités de paysage. Dans lazone de dépression, 1.43% des producteurs ontdiminué leurs emblavures afin de concentrer leurforce sur une petite surface pour une bonneproduction. D’autres producteurs ont procédé àl’extension de leurs emblavures dans la zone dedépression (7.14%). Ils expliquent leurs actes parleur désir à diminuer les pertes de production enemblavant plus de superficie pour avoir desproduits pouvant leur permettre de subvenir àleurs besoins. C’est surtout dans la zone de hautde pente que les producteurs ont augmenté leurs

TABLEAU 4. Catégories de producteurs selon la superficie etunités de paysage exploitées au centre du Bénin

Nombre de zones Une seule zone Au moins deux zonesExploitées

S < 6 ha 36 41S >= 6 ha 7 36

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emblavures en exploitant les terres mises enjachère depuis une vingtaine d’années. La fortesollicitation de cette zone par les producteurs(47.14%) se justifie par l’existence de beaucoupde vieilles palmeraies pouvant être remplacées etles dégâts des inondations et crues de plus enplus importantes dans la zone de dépression.Mais il faut noter qu’il existe beaucoup derésistance dans le remplacement d’une palmeraie.En dehors des nombreux services qu’il rend, lepalmier constitue une épargne sur pied pour lespaysans. Les principales mesures prises parchaque catégorie de producteurs, toutes zonesconfondues, sont présentées dans les Tableaux5 et 6 ci après.

La synthèse des stratégies d’adaptationlocales développées en fonction des catégoriesde producteurs et des régions d’enquête est faitedans les tableaux 4 et 5 ci-dessous.

DISCUSSION

Plusieurs concepts locaux, adages et proverbessont utilisés par les communautés rurales pourrendre compte des changements observés. Lemonde paysan a en effet, un lien étroit avec sonmilieu et sa dépendance vis-à-vis du climat est lerésultat de la connaissance parfaite de l’évolutiondes paramètres climatiques (FAO, 2007).

Les stratégies développées par lesproducteurs du Sud et du Centre Bénin sontfonction des objectifs de production de leursexploitations. Confrontés à l’instabilité de leursmoyens de subsistance, les paysans réagissentdifféremment. Face à des chaos tels que lesinondations, la baisse de la pluviométrie, certainspaysans recherchent avant tout la stabilisationde leurs revenus plutôt que leur maximisation. Lepaysan rejette alors les innovations quiconduisent à une trop forte variabilité, plusexactement qui pourraient induire une fortevariabilité, faute de capacités à lui faire face(Lallau, 2008). Ce comportement du paysan nousramène, finalement, à la notion de coûtd’opportunité (Dufumier, 2006). L’hétérogénéitéqui caractérise le monde rural implique des actionsde politique ciblées et diversifiée. Lallau (2008)parvient à la conclusion que les paysans pauvresconfrontés à une variété ou une méthodeculturale « à haut rendement», ne penseront pas

potentiel génétique, rapport de prix, mais enpremier lieu coût d’opportunité, avéré oupossible : quel risque prend-on en renonçant àla variété ou au schéma « rustique », et est-oncapable d’affronter ce risque ? Telle est laquestion, trop souvent omise des schémastechniques, que se posent les paysans face au «développeur » (Lallau, 2008 : 40). Selon Sautier(1989), les pratiques mises en œuvre pour faireface aux risques forment un ensemble plus oumoins cohérent : atténuer les effets des risquesen les dispersant au maximum ; prévenirl’occurrence des risques en évitant leurmanifestation, ou du moins en agissant sur leurscauses ; se situer hors d’atteinte des risques enles contournant sans agir directement sur leurseffets ni sur leurs causes.

Les stratégies développées varient selon lescatégories de producteurs. Ce constat s’expliquepar l’hétérogénéité des situations socio-économiques qui caractérise le milieu rural,comme toute société d’hommes. Cettehétérogénéité est fonction du niveau d’accès desproducteurs au capital (social, humain, naturel,physique et financier) et de l’environnementinstitutionnel qui prévaut dans le milieu etévidemment de la perception individuelle dechacun. Mais, les stratégies comme les abandonsde cultures, ou variétés de culture, le changementd’itinéraire technique (modification du calendrieragricole) ne varient pas d’une catégorie à uneautre. Ces mesures d’adaptation n’exigent pasde façon particulière une mobilisation deressources mais sont en réponse à la perceptioncommune des producteurs des changementsclimatiques. L’exploitation de plusieurs unités depaysage à la fois par contre, n’est pas à la portéede tout producteur. Cela nécessite d’abord unaccès facile à la terre dans les différentes unitésde paysage, une capacité financière suffisantepour supporter les dépenses qu’implique une tellestratégie. L’exploitation des différentes unités depaysage, indépendamment de l’ardoise financièredu producteur, est fondée sur une connaissanceparfaite des potentialités et des limites de chaqueunité dans une condition climatique donnée. Ledéplacement de cultures d’une unité de paysageà une autre et le changement de site de parcellescomme stratégies sont subséquemment reliés àcette connaissance du paysage agraire,

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connaissance générée à partir de la nouvelleperception des effets des changementsclimatiques sur les unités, c’est -à- dire lecomportement de chaque unité de paysage dansle nouveau contexte climatique. Boyossoro et al.(2007) avaient déjà fait remarquer que, dans lesrégions tropicales, l’érosion hydrique des solsest l’un des processus majeurs à l’origine dufaçonnement de la surface de la terre et de la baissede productivité des terres cultivables. Mais dansun contexte où l’accès à la terre au sud du Bénin,pose un problème, il urge de définir des politiquesvisant l’accès à la terre par les producteurs. Cettemesure devra considérer la ressource disponibleet élaborer un plan d’exploitation, en communaccord avec leurs propriétaires, des superficiesde terre non exploitées mais propices àl’agriculture. En plus de cette mesure, il va falloirprocéder à des aménagements des terresdisponibles en vue de les rendre plus propices àl’agriculture et capable de mieux répondre auxnouvelles contraintes climatiques. Des mesurespour réduire le phénomène d’érosion observédans les unités de haut de pente permettront auxproducteurs de disposer dans ces unités des solscapables de mieux garder l’eau et les élémentsnutritifs du sol. Les unités de bas de pente bienaménagées permettront aux producteurs qui ytravaillent de s’adapter aux excès d’eauenregistrés dans ces unités. Ainsi, lesproducteurs n’auront plus forcément besoind’exploiter simultanément plusieurs unités depaysage.

L’adoption d’une nouvelle culture commestratégie dépend elle aussi de plusieurs élémentsà savoir : l’atout en capital du producteur,l’environnement institutionnel dans lequel il setrouve, etc. En effet, si la culture du soja commenouvelle culture introduite a déjà connu une largediffusion, la culture du riz quant à elle certesémerge mais reste encore l’apanage de certainsproducteurs ayant des contacts réguliers avecles centres agricoles, les ONG promotrices de laculture. Le réseau de dialogue dans lequel setrouvent d’autres producteurs ne leur permet pasd’avoir accès à ces structures et de bénéficier deleurs services. C’est le cas des producteurs situésdans les hameaux isolés recevant rarement lesvisites de ces structures d’intervention ;contrairement à leurs confrères des hameaux

situés dans les centres - villages qui sont encontact régulier et permanent avec ces structures.Indépendamment de l’aspect de réseautage, lacapacité financière pour supporter les coûts(financier, horaire, d’accès à des unités de paysageplus appropriées, etc.) de l’introduction d’unenouvelle culture, constitue un élément essentielqui conditionne l’adoption de nouvelles cultures.La preuve en est que tous les producteurs quisont des hameaux des centres- villages n’ont pasencore introduit de nouvelles cultures(notamment le riz) dans leur système cultural.L’encadrement des producteurs demeure unepréoccupation fondamentale dans ledéveloppement agricole au Bénin. Jusque là,seule la culture du coton bénéficie d’unencadrement rigoureux et organisé. Les culturesvivrières qui assurent la sécurité alimentaire dansnotre pays font objet de peu d’attention en dépitde leur importance dans la réduction de lapauvreté rurale. La vulgarisation devra êtreorganisée de manière à aller aux confins des zonesrurales productrices, au lieu que ces dernièressoient abandonnées à elles-mêmes. Les meilleurestechnologies vulgarisées doivent nécessairementaller vers ces producteurs de zones reculées. Pourque cette entreprise soit une réalité, il faut rendrel’accès à ces zones faciles pour les structuresd’intervention, qu’elles soient privées oupubliques. L’aménagement des pistes ruralesreste un rôle régalien de l’Etat pour créer unenvironnement physique favorable auxinterventions des développeurs.

L’extension des emblavures nécessite del’investissement de la part du producteur quidéveloppe une telle stratégie. Alors que leproblème de la disponibilité de la main d’œuvrese pose avec acuité dans les milieux d’étude, etempirée par les nouvelles conditions climatiques(le retard des pluies et la concentration en unecourte période offrant une faible marge demanœuvre en matière de durée d’installation descultures), un producteur qui augmente sasuperficie de culture est supposé avoir un niveauacceptable d’accès pour les capitaux financier ethumain. Il est important de souligner quel’augmentation de l’emblavure, tout comme ladiminution est une stratégie de gestion del’incertitude d’ordre climatique. Dans tous les cas,la solution de mécanisation de l’agriculture pour

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palier le problème d’accès à la main d’œuvre pourles activités agricoles s’avère impérieuse. Lesefforts faits par le pouvoir public dans ce senssont à encourager et renforcer de façon à garantirune rentabilité technico-économique durable.Pour envisager une production plus rentablerespectueuse de l’environnement, l’optiond’aménagement hydro-agricole des parcelles decultures et le développement de l’irrigation ainsique du drainage sont des stratégies à envisagerdans nos milieux ruraux. La maîtrise de l’eau parirrigation adaptée aux différentes zones desterroirs villageois et le développement destechniques d’intensification des opérationsculturales constitueront une grande avancée dansle développement de l’agriculture au Bénin.L’adoption des techniques de micro-irrigationpermettront aux producteurs de rendrel’agriculture moins dépendante du climat et deréduire les risques liés aux changementsclimatiques (Barbier et al., 2008).

Aussi, la révision officielle du calendrieragricole doit-elle être envisagée par les cadrescompétents en la matière, notamment leschercheurs pour s’adapter aux modificationsactuelles du climat. Cette modification decalendrier suivant les perceptions desproducteurs est un des résultats auquel a aboutiBrou et al, (2005) en Côte d’Ivoire. La redéfinitiondes aptitudes culturales des cultures serait unenécessité, vu les options opérées par lesproducteurs en décidant de déplacer certainescultures d’une unité de paysage à une autre (parexemple, l’igname qui se cultive désormais dansles bas-fonds avec des techniques appropriées).

REMERCIEMENT

Nous adressons nos sincères remerciements auCentre de coopération Internationale enRecherche Agronomique pour le Développement(CIRAD) qui a financé les travaux de cette étudepar le biais du projet Perception Adaptation etAccompagnement des Populations locales faceaux changements Climatiques Environnementauxet Sociaux (PAAPCES).

Nous exprimons également toute notregratitude à l’équipe du Projet PAAPCES,notamment, aux Prof. Simplice VODOUHE, Dr. Ir.Houinsou DEDEHOUANOU, Prof. Nestor AHO,

tous enseignants-Chercheurs à la Faculté desSciences Agronomiques de l’Universitéd’Abomey-Calavi ; Dr. Hervé GUIBERT et Dr.Michel HAVARD du CIRAD ; M. FirminAMADJI, Agronome Système, chercheur àl’Institut National de Recherche Agricole du Bénin(INRAB).

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