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  Philippe PANERAI L’urbanisme: du territoire à l'individu !" $ !%&'()'*+ '(,'-',.+/ 0 !1.,'2 32.*,)(45*2.+6647).1'+* 0 8+(,. 6'()/ 9:;<9;=<99 0 7).*'+ >+*?2 4 @/21?'/,+ A2./)'(

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  • Philippe PANERAI

    Lurbanisme: du territoire l'individu

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  • Laurie Berho Clothilde Poulain 2

    "#$$%&'(!

    INTRODUCTION - BIOGRAPHIE............................................................................................3

    I. DES THEORIES ET DES METHODES ................................................................................4 1) ANALYSE URBAINE .............................................................................................................4 2) PROJET URBAIN .................................................................................................................5

    II. EN PRATIQUE.....................................................................................................................8 1) REHABILITATION DU QUARTIER LA TEISSEIRE A GRENOBLE ATELIER PANERAI, 1997-2010.8 2) ANALYSE CRITIQUE.............................................................................................................9

    III. SES APPORTS A LURBANISME CONTEMPORAIN ....................................................10 1) PARALLELE AVEC LE QUARTIER MALBOSC A MONTPELLIER ................................................10 2) ET POUR NOUS ?..............................................................................................................11

    CONCLUSION .......................................................................................................................12

    BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................................13

    ANNEXES..............................................................................................................................14

  • Laurie Berho Clothilde Poulain 3

    )*+'#,-.+*!/!0'%23&(! Franais - N en 1940 Architecte de formation initiale, il poursuit ses tudes en urbanisme en sortant diplm de l'Institut d'Urbanisme de l'Universit de Paris (IUUP), l'actuel Institut d'Urbanisme de Paris (IUP). Il fait une carrire d'enseignant-chercheur l'cole d'architecture de Versailles, Paris-Villemin puis Malaquais et a galement enseign lInstitut Franais dUrbanisme. Il est professeur associ la Facult d'architecture de l'Universit fdrale du Rio Grande do Sul (Porto Alegre, Brsil). Il est galement expert auprs de l'ANRU, membre du Comit d'expertise de la qualit urbaine (Groupe I3F), membre de la Commission Nationale des Monuments Historiques, membre du Comit d'orientation des Cahiers de la Recherche Urbaine et Architecturale. Il est auteur de plusieurs ouvrages de rfrence sur les villes et les tissus urbains, ainsi que plusieurs contributions sur larchitecture et lurbanisme brsiliens. De nombreux contacts l'ont conduit raliser des expertises et des tudes ou donner des confrences en Europe (Italie, Espagne, Pays-Bas, Angleterre), au Maghreb et au Proche-Orient (gypte, Liban, Tunisie), en Amrique du Sud (Brsil, Chili, Uruguay, Venezuela), au Canada et aux tats-Unis ou en Extrme-Orient (Taiwan et Chine). Il a cr assez tardivement, en 1992, lAtelier Philippe Panerai (devenu depuis Panerai et associs). Lquipe runit des comptences en matire durbanisme, darchitecture, damnagement et de paysage urbain. Elle possde une solide exprience du projet urbain, de la matrise duvre urbaine, et de la ralisation des espaces publics. Lquipe travaille sur diffrentes chelles (du projet territorial au quartier) et diffrents points de vue (urbanisme oprationnel et rglementaire, matrise doeuvre des espaces publics, AMO et suivi). Il a reu en 1999 le Grand Prix de lUrbanisme, en mme temps que Nathan Starkman. Il est actuellement responsable du Plan dAmnagement de la ville de Tmara (Rabat, Maroc). Il travaille aussi llaboration du Schma Directeur dAmnagement du dpartement des Landes ainsi quau Plan dAmnagement de Reims-Mtropole dans le cadre du projet Reims 2020. Rcemment, il a publi un ouvrage qui constitue un essai d'analyse de la forme urbaine de la mtropole parisienne : Paris- Mtropole, formes et chelles du Grand Paris (2008) qui a reu cette anne le prix Haussmann. Il a dailleurs suivi comme membre du Conseil Scientifique la consultation du Grand-Paris. *** NDR : Pour faciliter la correction, les parties correspondant principalement aux rsums des lectures sont mises en italique, tandis que nos rflexions et apports personnels restent en style normal. ***

  • Laurie Berho Clothilde Poulain 4

    )4!5(6!+37#'&(6!(+!,(6!$7+3#,(6! Philippe Panerai a crit ou particip llaboration de nombreux ouvrages (voir Bibliographie jointe p.13). Aprs stre intress des sujets trs spcifiques (la ville de Versailles, les bastides ), il a choisi de publier en 1999 deux manuels durbanisme lintention des personnes concernes par le sujet (urbanistes, tudiants, lus) : Analyse Urbaine qui comme son nom lindique pose les bases dune analyse efficace et complte dune ville, et Projet Urbain , cocrit avec David Mangin, qui donne des mthodes pour concevoir une ville nouvelle ou une extension. Nous allons vous exposer ces ides.

    !"#$%&'()*#+,-&.%*# Ph. Panerai essaie dans ce livre de donner une mthodologie d'analyse des villes en 7 chapitres (on retrouve dailleurs ce dcoupage en 7 dans Projet Urbain et Paris Mtropole ) voquant chacun une tape, que lon peut rsumer ainsi :

    ! l'volution du regard sur un territoire: apprendre voir la ville d'un il tout d'abord extrieur, touriste , subjectif, avant de la considrer de manire plus scientifique (architecte, urbaniste, gographe) travers les cartes et les statistiques. Entre ces deux extrmes se trouvent ltape du regard scrutateur en ralisant de nombreux croquis de dtails ou panoramiques, et celle de la photographie qui permet un tat des lieux rapide mais fig en un instant donn.

    ! le reprage des lments marquants du paysage urbain: les parcours, les nuds , les secteurs, les limites et les repres. Il insiste sur limportance du dplacement et de considrer la ville comme une succession de squences, de plans organiss autour des rseaux.

    ! la comprhension des tapes de croissance de la ville : comment lhistoire a influ sur la gographie, les limites dun territoire et ses axes ou ples de dveloppement.

    ! le dcorticage des tissus urbains : comprendre les relations de superposition, dimbrication des trois ensembles que constituent respectivement le rseau viaire, le dcoupage foncier (parcelles) et les constructions (bti)

    ! la dfinition de typologies qui permettent linventaire, la comparaison et le classement des architectures et formes urbaines rencontres

    ! la hirarchisation des tracs de voiries et autres espaces publics qui donnent son unit la ville, pas seulement en fonction des flux qui les occupent mais en prenant en compte les usages qui sy tiennent, leur rle dans le quartier, dans la ville.

    ! linventaire et la comprhension des pratiques sociales de lespace, cest--dire des activits concrtes qui influencent la vie quotidienne (travail, consommation, frquentation, trajets, relations sociales, rites). Lespace offert aux usagers structure leurs pratiques, induit des modes de vie, mais linvestissement dun lieu donn est parfois trs diffrent de ce que pouvait imaginer son concepteur, lappropriation change en fonction des cultures, de la situation conomique ou sociale un moment donn. Cest toute la subtilit de la relation entre le travail de larchitecte et lusage de lhabitant.

    Ces mthodes sont censes permettre la comprhension dune ville ou dun territoire sous tous ses aspects, la fois architecturaux et techniques, mais aussi humains, historiques, conomiques et sociaux. La prise en compte de ces enjeux doit permettre par la suite la conception dun nouveau projet urbain parfaitement intgr une ville vivante , que ce soit en remplacement de lexistant ou en extension. Lanalyse surpasse le stade de simple lecture du lieu de type descriptive, elle est avant tout dordre prospective, cest dire que lon va analyser dans lintention premire de projeter. Elle doit au final induire certaines hypothses de travail.

  • Laurie Berho Clothilde Poulain 5

    /"#0,12*3#+,-&.%# Avec David Mangin, Ph. Panerai crit cet ouvrage vocation didactique qui mle observations, rflexions personnelles et exemples dapplication de projet. Ce guide part du constat que les villes s'tendent par oprations ponctuelles depuis les annes 50 sans que l'organisation d'ensemble ne soit pense ou repense. Le manque de relation entre les rseaux viaires existants et les dessertes locales autoconstruites cre de nombreuses discontinuits, et l'aspect des btiments est toujours privilgi au dtriment des relations de ces btiments entre eux. Il souhaite donc reprendre la base le lien entre thories et pratiques urbaines. Tout d'abord, la ville est dfinie comme un cadre susceptible de s'adapter aux changements de modes de vie et aux modifications conomiques . L'hypothse de travail est donc l'importance d'une relation entre le dcoupage du sol et les types de btiments difier, afin de donner un cadre initial au tissu urbain qui favorisera par la suite la colonisation des espaces, leur appropriation, leur adaptation une volution certaine, tout en restant le plus conome possible. Pour cela, les auteurs prconisent de : - repenser les techniques de lotissement, en prenant en compte plusieurs chelles et situations diffrentes, notamment lvolution des contextes dmographiques. Mangin et Panerai insistent sur la distinction entre le lot, unit opratoire , soumis des contraintes techniques ou programmatiques, et la parcelle, unit d'usage individuel ou collectif. - engager la production courante, cest--dire ne pas se limiter des expriences urbaines isoles et coteuses, gnraliser de nouveaux processus de production urbaine. Le projet urbain est l'instrument de mdiation entre l'architecture et la ville , il suggre des formes plus qu'il ne les dessine, pour permettre l'adaptation un contexte en constante volution. Un lment de dfinition majeur sera donc la permanence de lespace public et sa distinction des espaces privs. Le but affirm de cet ouvrage est donc de donner des exemples de mthodes pour crer les conditions de l'dification et de la gestion du tissu , articuler des architectures diverses par : - le contrle des espaces publics majeurs, - le dfinition des caractres typologiques des btiments, - la dfinition d'un rythme, d'une alternance entre zones actives/secteurs rsidentiels/quipements/... , le tout dans une dmarche rationnelle et conome qui permet par la suite un meilleur entretien. La premire partie de leur mthodologie de projet urbain repose sur le dcoupage parcellaire. L'observation des tissus urbains montre que le mlange des types d'difices est parfois d une pense initiale, mais bien plus souvent des substitutions partielles et successives dans un tissu d'origine homogne. Or les rgles d'urbanisme du XX sicle ont tendance figer ce tissu dans un tat idal , ce qui est l'encontre de l'volution normale d'une ville. La rflexion de Mangin et Panerai va donc se porter sur les diffrentes manires d'utiliser un mme lot l'intrieur d'un mme rseau de voiries, en se basant sur l'exemple courant , dfini partir des contraintes techniques (fractionnement des constructions en bton arm de plus de 40m) et dusage (trames proches de 6m entre voiles pour les logements collectifs ou pour les maisons en ranges), d'un lot btir A de 36m sur rue par 30m de profondeur (voir schma 1 ci-contre). Ce dcoupage simple permet ensuite par simple division (A/2, A/3, A/12 voir schma 2 page suivante) dobtenir des parcelles rgulires de 100 1000m2 sans modifier les conditions de desserte initiales.

    Sch. 1 le lot courant

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    Sch. 2 Exemples de division du lot courant Ils donnent ensuite par typologies de remplissage les diffrentes densits d'habitation possibles sur un tel espace, de la villa individuelle unique avec son grand terrain aux 60 logements permis par un immeuble collectif sur cour en 5 niveaux, en passant par les maisons jumeles ou les maisonnettes superposes (voir schma 3 ci-dessous).

    Sch. 3 Exemples doccupation du lot Ils soulignent limportance dune utilisation rationnelle des terrains pour permettre des conomies de cltures, de voiries, de rseaux en gnral et permettre dtre plus gnreux pour les espaces habits. Ils sinterrogent galement sur la place de la voiture. En ce qui concerne les espaces publics, Mangin et Panerai insistent sur la ncessit d'un langage commun et d'une simplicit terminologique pour les dfinir, car sans ces espaces aucun trajet ne serait possible en ville, ce sont eux qui lient et desservent tous les espaces et btiments privs. Les auteurs raisonnent donc sur les profils en travers et tablissent 9 rgles de relations rue/parcelle (voir encadr ci-contre), par ordre croissant de contrainte, la rue tant vue la fois comme un espace de parcours et le support de l'dification.

    - fixer la largeur de la voie, son emprise (laissant ainsi limplantation des btiments, leur hauteur, le traitement des cltures sil y en a linitiative de chacun) - imposer des cltures, en fixer les dimensions, les matriaux, voire le dessin - contrler la distance entre les cltures et le bti - dfinir des types de btiments - imposer de construire lalignement, sur une rive ou les deux - imposer de construire en mitoyennet, sur une rive ou sur les deux - fixer la hauteur de corniche et le gabarit - dfinir le vocabulaire formel - imposer le dessin de la faade et ses matriaux

    L'espace public se construit en plusieurs tapes: - l'installation des rseaux, - le nivellement du sol, - le revtement du sol, - la pose du mobilier urbain.

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    Par la suite Mangin et Panerai reviennent sur la dfinition de tissu urbain donne dans Analyse Urbaine (voir p.4). Ils soulignent le fait que partout la conception et le trac des trames viaire et parcellaire sont assez rapides, mais le remplissage effectif des parcelles est beaucoup plus lent, ce qui donne les diffrences entre la forme rflchie du maillage et sa forme finale . Pour les tracs, les auteurs insistent sur l'importance des marques des poques passes (anciens tracs urbains ou agricoles) en s'appuyant sur des exemples historiques (les voies romaines) ou des mgalopoles actuelles (Manhattan et Le Caire). Daprs eux les nouveaux tracs doivent s'appuyer sur ces empreintes du pass ainsi que sur des lignes naturelles et des pratiques d'usage (chemin le plus court, sens de l'coulement de l'eau ). Un nouveau trac viaire ou despaces publics doit tre la fois un plan dmergence, et un plan de suggestions et de prescriptions. Les activits viennent en gnral s'implanter le long des voies de liaison les plus anciennes. On constate depuis toujours un effet de souk ; cest--dire le regroupement par type dactivits marchandes qui stimule la concurrence. Lemplacement des hypermarchs est purement stratgique, tandis que pour les bureaux, la localisation et le type de btiment dpendent plus de la volont d'image de l'employeur que de la fonction. Des terrains de sport ou zones de loisirs peuvent s'implanter sur des lieux dserts ou considrs a priori comme inexploitables (toits de parking ! terrains de tennis, ). Les auteurs dfinissent des chelles d'activits: 150m2 pour un logement, groupe de deux logements ou commerce traditionnel, 500m2 pour un immeuble ou des services, 1500 5000m2 pour un groupement d'immeubles ou de parcelles bties, une cole, un march couvert puis l'lot pour les lyces, jardins, terrains de sport ou lieux de culte, le super bloc (groupement dlots) pour grosses institutions (universits, hpitaux, gares centrales, cimetires, changeurs dautoroute) et enfin la grande maille pour les grandes compositions (aroport, fort ou zone agricole, parc rgional). Ces pr-dimensionnements permettent de faciliter le travail de recherche lorsquil sagit de rhabilitation ou de rutilisation des friches, mais galement dans un projet nouveau de guider limplantation des constructions venir par le simple dcoupage parcellaire. Le dernier chapitre se pose la question du temps. Mangin et Panerai font une distinction entre le temps du montage (qui concerne politique et finances), le temps du projet et des chantiers (avec les choix des matriaux et les possibilits d'volution) et le temps de l'usage (cration d'un voisinage , identification des lieux). Leur ide est que l'ordonnance architecturale dicte par un projet urbain doit, pour tre justifie sur le long terme, porter plus sur la relation entre espace public et btiments que sur les objets eux-mmes, et que sa lecture doit tre vidente pour tous, donc assez simple et souple, pour convaincre. Pour conclure, les auteurs notent l'aspect cintique des villes d'aujourd'hui, o le dplacement, les communications et la vitesse sont des valeurs incontournables qui font de la ville un lment tats successifs et interactifs . Le travail urbanistique consiste donc leur avis distinguer le permanent de l'phmre, le superficiel (surface) de l'artificiel (dcor) ; on doit savoir tirer des leons de l'Histoire et construire avec le temps . La redfinition des rapports entre les difices et la ville, entre larchitecture dbarrasse de son obsession formelle et lurbanisme dlivr de ses pesanteurs technocratiques est une revendication politique donc, car elle suppose une nouvelle formulation du rle des techniciens de lamnagement, leurs rapports avec les habitants et les collectivits territoriales. [Mais cest une] Revendication thorique galement, en ce sens quelle appelle de nouveaux outils conceptuels et de nouvelles techniques de projet . Panerai et Mangin affirment donc ici que toute activit durbanisme ou de construction a des implications conomiques et politiques, et que le projet urbain est un champ pluridisciplinaire qui ne saurait se contenter du simple dessin despaces publics et de voiries.

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    ))4!8*!2'%+&9-( Dans le cadre de lagence quil a cr, Ph. Panerai a conu et ralis de nombreux projets durbanisme : des extensions de villes (quartier du Bourran Rodez dans les annes 90), des requalifications de quartiers existants (presquile de Caen depuis 2002), des co-quartiers (les coteaux de la Seille Metz), des plans dorientation damnagement (plateau de Satory Versailles) et des rhabilitations de Grands Ensembles Sarcelles, Pau, Aubervilliers dont lexemple le plus marquant fut le quartier La Teisseire Grenoble, que nous allons dtailler ici.

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    /"#$%&'()*#D,.3.98* Depuis son lancement, ce projet a suscit des adhsions mais aussi des critiques car les habitants se sont plaints dun manque de concertation et parfois dun manque de prise en compte de leurs usages. Un travail important dinformation a t fait, mais les runions par units rsidentielles attirent peu dhabitants, ce qui risque de poser des problmes quant leur implication dans lentretien et la gestion de ces espaces. Des comits de concertation (instances de dbat et de proposition) et des enqutes rgulires auprs des habitants du quartier, voire de la ville sont envisags. Malgr cette erreur dapprciation ou plutt ces difficults de communication, on a pu constater travers ce projet comme dans ses crits ou lensemble de ses autres ralisations, que Ph. Panerai sintresse davantage aux espaces publics quaux btiments, aux relations entre les espaces et les fonctions plutt qu larchitecture. Daprs lui, la russite dune implantation de bti repose sur le rapport au sol et la rue, lencontre des principes de la Cit Radieuse qui est pour lui une ngation de la ville (Formes Urbaines, de llot la barre, 1997). Au contraire, l'ilot s'impose comme unit constitutive du tissu urbain, il assure chaque espace un statut reconnu par la pratique. Pour lui, lhtrognit des grands ensembles est source de qualits et invalide leur dmolition systmatique (il lassimile une volont de supprimer limage de ce qui gne). Les aides aux banlieues devraient se concentrer sur le dsenclavement et lingalit du systme actuel de transports en commun plutt que sur la dmolition de tours ou de barres (comme le rsume sa propre conclusion de Paris-Mtropole : la carte d'un Grand-Paris plus juste et plus solidaire sera le plan de ses transports en commun ). A lencontre des rglementations rigides fondes sur lesthtique ou lhyginisme des villes modernes, il a dvelopp une vision trs sociale de la ville, qui privilgie la communication, les dplacements, le confort de la vie quotidienne la fois dans le logement et en dehors grce la qualification des espaces extrieurs, des lieux de transition. Bien quil travaille sur des projets de grande envergure, il place lindividu et lusage au centre des espaces quil imagine. Il nous apparat donc que pour Ph. Panerai, la question de lurbanisme ne tourne pas autour de la ville, mais autour de lhumain et de ses modes de vie.

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    On peut se demander comment va voluer ce quartier tout neuf (certaines constructions sont encore en cours), si les habitants vont finalement russir sapproprier lensemble des espaces qui leurs sont offerts ou continuer se retrancher dans leurs logements. Une question majeure se pose sur lvolution mme du bti : les tracs actuels semblent prdfinis depuis lorigine du projet, il y a dj plus de 10 ans, que va-t-il se passer quand les constructions actuelles deviendront obsoltes ? Quelles rgles guideront leur remplacement ? Cest dans cette optique du long terme que les travaux de Panerai et sa dfinition dun cadre prenne prennent tout leur sens.

    #

    /"#I3#H18,#%18)#J# De tout cela ressort limportance du dessin et de lamnagement des espaces publics, non pas pour leur esthtique, mais bien en fonction des usages quon leur imagine. Il ne suffit pas de laisser un espace vide pour en faire une place, il faut lui amener des qualits dambiance, des quipements, une desserte suffisante pour que cet espace prenne vie et son tour cre la ville . Il faut que le dialogue entre public et priv, souvent entre vide et plein , se fasse dans les deux sens : le bti donne un sens au vide qui en change lui apporte confort visuel, pratique, sensation despace ou vgtation A cette relation permanente vient sajouter la question de la densit, quel degr se fait le contraste entre le construit et le non-construit ? Cest une question que Ph. Panerai sest galement pos dans son essai Paris mtropole : Formes et chelles du Grand-Paris. La matrise de la densit permet de dpasser la contradiction entre construire pour loger et limiter l'talement urbain. Une mme densit peut se traduire par des dispositions formelles diverses (une tour / 2 immeubles / range de maisons = mme densit mais occupation du sol diffrente). Mais comme il dit, la sensation de densit est la somme d'impressions personnelles, variables, o la concentration, l'accumulation, l'encombrement jouent un rle plus important que la densit mesure . Cest bien le rapport des objets entre eux plus que leur taille ou leur nombre qui va donner des sensations de confort ou au contraire dtouffement. Au final, on comprend que quelle que soit lpoque, la culture, le lieu dans lequel un projet urbain est conu, sa force rsidera dans son aptitude comprendre les usages quil doit accueillir ou induire, et sadapter leur volution. Ce ne sont pas les contraintes techniques ou financires qui vont guider la russite dune greffe urbaine mais bien les individus qui la pratiqueront au quotidien.

  • Laurie Berho Clothilde Poulain 12

    >#*.;-6*! Il y a dans les essais de Panerai une volont affirme de pdagogie et dinformation. Il dfinit un certain nombre de grands thmes urbains de base qui sont des outils et des repres primordiaux dans toute conception de projet sur un territoire. Il travaille sur la question urbaine partir de trois axes : - la formation du tissu urbain et les manires d'habiter de la ville contemporaine - le projet d'espaces publics et l'intgration des infrastructures techniques - l'chelle territoriale et la forme de l'agglomration. Son approche de lanalyse fait que ses ouvrages sont devenus des rfrences pour une approche mthodologique du projet urbain, mthodologie aussi bien destine des tudiants qu des urbanistes confirms.

  • Laurie Berho Clothilde Poulain 13

    0&=;'%23&( - Philippe Panerai, Critique architecturale, Institut de l'environnement, 1975 - Philippe Panerai, Katherine Burlen, Jean Castex, Patrick Cleste, Catherine Furet, Versailles : lecture d'une ville. Dveloppement morphologique et typologie architecturale de la ville de Versailles, d. Paris : ADROS, 1978 - Philippe Panerai, Jean Castex, Patrick Cleste, Franois Delorme, Jean-Charles Depaule, Marcelle Demorgon, Richard Sabatier, Architecture contemporaine Versailles : critiques et alternatives, parcours, criture, dessins, d. Versailles : ADROS, 1980 - F. Divome, Philippe Panerai, Bernard Lavergne, Les Bastides d'Aquitaine du Bas-Languedoc et du Barn, dcembre 1985 - Marcelle Demorgon, Philippe Panerai, Richard Sabatier, Evelyne Volpe, La banlieue comme territoire structur. Etude d'une route : la N.192 et la N.308, de la Dfense au pont de Maisons-Laffitte, d. Versailles : ADROS, 1985 - Philippe Panerai, Bernard Gendre, Anne-Marie Chatelet, Villes neuves et villes nouvelles : les composantes rationnelles de l'urbanisme franais, d. Paris : MELATT, 1986 - David Mangin, Philippe Panerai, Le temps de la ville : l'conomie raisonne des tracs urbain, d.Paris : MELT, 1988 - Jean Castex, Philippe Panerai, Jean-Charles Depaule, Formes urbaines, de l'lot la barre, d. Parenthses, 1997 - prface de Autobiographie de Frank Lloyd Wright, (d. De La Passion, 1998) - Philippe Panerai, Jean-Charles Depaule, Marcelle Demorgon, Analyse urbaine, d. Parenthses, 1999 - David Mangin, Philippe Panerai, Projet urbain, d. Parenthses, 1999 - Philippe Panerai, Formes urbaines, tissus urbains : Essai de bibliographie raisonne, 1940-2000, Ministre de l'quipement, des transports et du logement, Direction gnrale de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction, Centre de documentation de l'urbanisme, 2001 - Philippe Panerai, Paris mtropole : Formes et chelles du Grand-Paris, ditions de La Villette, 2008

  • 14Laurie Berho - Clothilde Poulain

    ANNEXES

    La voie daccs principale Le supermarch de proximit

    Au programme: ramnagement de la Place des Buttes, cration de jardins privatifs pour les logements

    en RDC, cours de stationnement plantes, jardins communs en cur dlot...

  • 15Laurie Berho - Clothilde Poulain

    entres, cration de jardins privatifs, mise

    en place dune gestion des rsidences

    espaces privs nest pas aussi nette que

    dans le reste de la ville. On y trouve plutt

    des espaces collectifs indiffrencis qui

    accapars par certains groupes.

    nettement des espaces privs doit

    permettre de rsoudre ces questions.

    Lapparition de nouvelles typologies de

    logements, de nouvelles activits et la mixit des

    statuts doccupation doit entraner lintgration de

    nouveaux types de population plus actifs, plus

    aiss, ce qui permet louverture du quartier sur

  • voies existantes

    axe principal : avenue de Fs

    voies principales dentre/sortie

    voies secondaires

    voies de simple desserte

    ou pitonnes

    statut ?

    16Laurie Berho - Clothilde Poulain

    voirie par des espaces verts privatifs communs, hlas

    inutiliss.

    Au niveau des logements individuels, la frontire

    sapproprient alors les espaces intermdiaires pour le

    stationnement, ce qui gne la circulation pitonne.