p124 - tératome médiastinal et syndrome de klinefelter : association fortuite ?

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Vol. 65, n° 4, 2004 Congrès de la SFE - Reims 2004 345 Reinke pathognomoniques des tumeurs hilaires, avec marquage par calrétinine, sans signe de malignité. La testostérone post-opératoireest à 0,36 ± 0,11 ng/ml. Un hirsutisme récent avec spanioménorrhée doit faire doser la testotérone à la recherche d’une tumeur vi- rilisante. Des taux supérieurs à 2 ng/ml sont en faveur de ce diagnostic, bien que 20 % des malades aient des taux plus bas. En l’absence de Cushing, ces tu- meurs sont ovariennes ou surrénaliennes. L’origine ovarienne est suspecté devant un taux normal de delta 4 androstènedione et de SDHEA, une stimula- tion de la testostérone par l’hCG et un scanner sur- rénalien normal. Les tumeurs virilisantes représentent moins de 5 % des tumeurs ovariennes. Les tumeurs à cellules de Leydig et de Sertoli (ex « arrhénoblastomes ») sont les plus fré- quentes (< 1 % des tumeurs de l’ovaire). Les tumeurs hilaires à cellules de Leydig ne représentent que 0,1 %. Elles se manifestent autour de la ménopause par une hyperandrogénie et une déféminisation. Unilatérales, petites, elles sont généralement bénignes. Notre malade se singularise par une survenue plus précoce (sous contrôle gonadotrope, ces tumeurs s’observent habituellement après la ménopause) et surtout par une exceptionnelle bilatéralité (trois cas décrits : Duun, 1994 ; Baramki, 1983, Sternberg, 1949). L’annexecto- mie bilatérale, qui est recommandée chez les femmes ménopausées mais évitée, autant que faire se peut, chez une femme plus jeune et désireuse de maternité, devient alors une nécessité. DENSITÉ MINÉRALE OSSEUSE DE JEUNES ADULTES PRÉSENTANT UN SYNDROME DE KLINEFELTER : L’OSTÉOPOROSE, UN CARACTÈRE PHÉNOTYPIQUE INCONSTANT P123 M. Vernin, S. Hieronimus, V. Lussiez, B. Bständig, J.-L. Sadoul, Fr. Brucker-Davis, P. Fénichel Service d’Endocrinologie, Médecine de la Reproduction, hôpital l’Archet CHU de Nice. L’hypogonadisme masulin est associé à un risque d’os- téoporose. Les patients présentant un syndrome de Kli- nefelter (SK) sont classiquement présentés comme ostéoporotiques, notamment en l’absence de supplé- mentation en androgènes. Cependant, les données de la littérature sont peu nombreuses. Nous avons évalué la densité minérale osseuse (DMO) de 26 patients atteints d’un SK (47 XXY), d’âge moyen 31 ans ± 10, IMC moyen 25 kg/m 2 ± 4,6, rapport taille/hanche de type gy- noïde (< 0,9) dans 50 % des cas. Seuls 7 patients étaient sous testostérone injectable depuis une durée moyenne de 8 ans (1-27). La DMO a été mesurée par absorptiométrie biphotonique (Hologic QDR 4500) au niveau du rachis lombaire (L1-L4) et du col fémoral. L’évaluation hormonale a comporté les dosages plasma- tiques de testostérone totale, testostérone libre, estra- diol et estrone. 2 patients sans traitement substitutif (18 et 35 ans) avaient une ostéoporose exclusivement rachidienne, définie selon l’OMS par un T-score < – 2,5 DS. 7 pa- tients dont 4 sous testostérone avaient une ostéopé- nie rachidienne (– 2,5DS > T-score < – 1DS). 17 patients d’âge moyen 29 ans ± 10 avaient une DMO normale (T-score > – 1DS) au niveau du rachis et du col, 14 d’entre eux n’avaient pas de traitement hor- monal et se caractérisaient par un hypogonadisme modéré (Testo totale = 3,5 ± 2 XXXg/l, Testo libre = 12 ± 10 ng/l) associé à des concentrations élevées d’estradiol et d’estrone, respectivement 26,2 pg/ml ± 24 et 39 ± 36 pg/ml. Pour l’ensemble des patients non traités par testostérone (n = 19), il existait une relation positive entre les concentrations de testosté- rone libre et la DMO du rachis (r = 0,59 p = 0,01), les taux d’estrone et le Z-score du col fémoral (r = 0,63 p = 0,01), l’IMC et la DMO du rachis (r = 0,44 p = 0,02). Conclusions : la DMO de jeunes adultes présentant un SK est normale dans la majorité des cas, même en l’absence de substitution andro- génique. Contrairement à ce qui est observé dans les hypogonadismes hypogonadotropes, ces patients pré- sentent un hypogonadisme modéré et une hyperes- trogénie qui peuvent participer à la constitution et au maintien du capital osseux. La répartition gynoïde du tissu adipeux, site d’aromatisation des androgènes en estrogènes, pourrait ainsi être un facteur protecteur. Néanmoins, la fonction leydigienne s’altère avec le temps et impose une substitution par testostérone avant la constitution d’une éventuelle ostéoporose. L’ostéodensitométrie doit faire partie du suivi des pa- tients présentant un SK. TÉRATOME MÉDIASTINAL ET SYNDROME DE KLINEFELTER : ASSOCIATION FORTUITE ? P124 J.-Ph. Le Berre, J. Margery, L. Bordier, R. Poyet HIA Bégin, 69 avenue de Paris, 94160 Saint-Mandé. La survenue d’un tératome médiastinal chez un sujet de sexe masculin doit inciter à rechercher systématique- ment l’existence d’un syndrome de Klinefelter. Observation : Un homme de 18 ans est adressé en consultation pour une micro-orchidie bilatérale. L’examen clinique constate chez un sujet longiligne et imberbe,

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Vol. 65, n° 4, 2004 Congrès de la SFE - Reims 2004

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Reinke pathognomoniques des tumeurs hilaires, avecmarquage par calrétinine, sans signe de malignité. Latestostérone post-opératoireest à 0,36 ± 0,11 ng/ml.Un hirsutisme récent avec spanioménorrhée doit fairedoser la testotérone à la recherche d’une tumeur vi-rilisante. Des taux supérieurs à 2 ng/ml sont en faveurde ce diagnostic, bien que 20 % des malades aientdes taux plus bas. En l’absence de Cushing, ces tu-meurs sont ovariennes ou surrénaliennes. L’origineovarienne est suspecté devant un taux normal dedelta 4 androstènedione et de SDHEA, une stimula-tion de la testostérone par l’hCG et un scanner sur-rénalien normal.Les tumeurs virilisantes représentent moins de 5 % destumeurs ovariennes. Les tumeurs à cellules de Leydig et

de Sertoli (ex « arrhénoblastomes ») sont les plus fré-quentes (< 1 % des tumeurs de l’ovaire). Les tumeurshilaires à cellules de Leydig ne représentent que 0,1 %.Elles se manifestent autour de la ménopause par unehyperandrogénie et une déféminisation. Unilatérales,petites, elles sont généralement bénignes.

Notre malade se singularise par une survenue plus précoce(sous contrôle gonadotrope, ces tumeurs s’observenthabituellement après la ménopause) et surtout par uneexceptionnelle bilatéralité (trois cas décrits : Duun,1994 ; Baramki, 1983, Sternberg, 1949). L’annexecto-mie bilatérale, qui est recommandée chez les femmesménopausées mais évitée, autant que faire se peut,chez une femme plus jeune et désireuse de maternité,devient alors une nécessité.

DENSITÉ MINÉRALE OSSEUSE DE JEUNES ADULTES PRÉSENTANT UN SYNDROME DE KLINEFELTER : L’OSTÉOPOROSE, UN CARACTÈRE PHÉNOTYPIQUE INCONSTANT P123M. Vernin, S. Hieronimus, V. Lussiez, B. Bständig, J.-L. Sadoul, Fr. Brucker-Davis, P. FénichelService d’Endocrinologie, Médecine de la Reproduction, hôpital l’Archet CHU de Nice.

L’hypogonadisme masulin est associé à un risque d’os-téoporose. Les patients présentant un syndrome de Kli-nefelter (SK) sont classiquement présentés commeostéoporotiques, notamment en l’absence de supplé-mentation en androgènes. Cependant, les données dela littérature sont peu nombreuses. Nous avons évalué ladensité minérale osseuse (DMO) de 26 patients atteintsd’un SK (47 XXY), d’âge moyen 31 ans ± 10, IMCmoyen 25 kg/m2 ± 4,6, rapport taille/hanche de type gy-noïde (< 0,9) dans 50 % des cas. Seuls 7 patientsétaient sous testostérone injectable depuis une duréemoyenne de 8 ans (1-27). La DMO a été mesurée parabsorptiométrie biphotonique (Hologic QDR 4500) auniveau du rachis lombaire (L1-L4) et du col fémoral.L’évaluation hormonale a comporté les dosages plasma-tiques de testostérone totale, testostérone libre, estra-diol et estrone.2 patients sans traitement substitutif (18 et 35 ans)avaient une ostéoporose exclusivement rachidienne,définie selon l’OMS par un T-score < – 2,5 DS. 7 pa-tients dont 4 sous testostérone avaient une ostéopé-nie rachidienne (– 2,5DS > T-score < – 1DS). 17patients d’âge moyen 29 ans ± 10 avaient une DMOnormale (T-score > – 1DS) au niveau du rachis et ducol, 14 d’entre eux n’avaient pas de traitement hor-

monal et se caractérisaient par un hypogonadismemodéré (Testo totale = 3,5 ± 2 XXXg/l, Testo libre= 12 ± 10 ng/l) associé à des concentrations élevéesd’estradiol et d’estrone, respectivement 26,2 pg/ml± 24 et 39 ± 36 pg/ml. Pour l’ensemble des patientsnon traités par testostérone (n = 19), il existait unerelation positive entre les concentrations de testosté-rone libre et la DMO du rachis (r = 0,59 p = 0,01), lestaux d’estrone et le Z-score du col fémoral (r = 0,63p = 0,01), l’IMC et la DMO du rachis (r = 0,44p = 0,02). Conclusions : la DMO de jeunes adultesprésentant un SK est normale dans la majorité descas, même en l’absence de substitution andro-génique. Contrairement à ce qui est observé dans leshypogonadismes hypogonadotropes, ces patients pré-sentent un hypogonadisme modéré et une hyperes-trogénie qui peuvent participer à la constitution et aumaintien du capital osseux. La répartition gynoïde dutissu adipeux, site d’aromatisation des androgènes enestrogènes, pourrait ainsi être un facteur protecteur.Néanmoins, la fonction leydigienne s’altère avec letemps et impose une substitution par testostéroneavant la constitution d’une éventuelle ostéoporose.L’ostéodensitométrie doit faire partie du suivi des pa-tients présentant un SK.

TÉRATOME MÉDIASTINAL ET SYNDROME DE KLINEFELTER : ASSOCIATION FORTUITE ? P124J.-Ph. Le Berre, J. Margery, L. Bordier, R. PoyetHIA Bégin, 69 avenue de Paris, 94160 Saint-Mandé.

La survenue d’un tératome médiastinal chez un sujet desexe masculin doit inciter à rechercher systématique-ment l’existence d’un syndrome de Klinefelter.

Observation : Un homme de 18 ans est adressé enconsultation pour une micro-orchidie bilatérale. L’examenclinique constate chez un sujet longiligne et imberbe,

Congrès de la SFE - Reims 2004 Ann. Endocrinol.

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l’existence d’une macroskélie. Les testicules du volumed’un petits pois contrastent avec la taille normale de laverge. La testostéronémie est basse pour l’âge à3,1 mcg/l (N : 3 à 9 mcg/l) et les gonadotrophines sontélevées affirmant le diagnostic d’hypogonadisme hyper-gonadotrope (FSH : 24,9 UI/l N : 3 à 11 ; LH : 7,1UI/l, N :1 à 8). La formule chromosomique 47, XXY confirme lediagnostic de Klinefelter fortement suspecté devant untableau aussi évocateur. L’interrogatoire retrouve un an-técédent de tératome mature du médiastin, opéré 3 ansauparavant à deux reprises et actuellement stabilisé.

Commentaires : Certaines tumeurs malignes sont plus fré-quemment observées au cours du syndrome de Klinefelter.Il s’agit notamment du cancer du sein dont la prévalence se-rait multipliée par 20 et se rapprocherait ainsi de celle dusexe féminin. Des tumeurs testiculaires parfois bilatéralesdont la nature anatomopathologique est très variée sontégalement rapportées. Enfin des tumeurs germinales extra-gonadiques ont été signalées comme dans cette observa-tion. Devant ce type de tumeur, la palpation testiculaire à larecherche d’une micro-orchidie éviterait de méconnaître sonassociation à un syndrome de Klinefelter.

EFFET DU TRANSFORMING GROWTH FACTOR BETA (TGFBETA) SUR LA DIFFÉRENCIATION DES CELLULES GERMINALES MALES DE RAT P125A. Damestoy, M. Vigier, M.-H. Perrard, L. Haidar, Ph. DurandCommunications cellulaires et Différenciation, UMR Inserm 418/Inra 1245, université Lyon 1.

Plusieurs familles de molécules régulatrices et leurs ré-cepteurs respectifs sont exprimés par les différents typescellulaires du testicule. Parmi eux, TGFβ (TransformingGrowth Factor beta), facteur de croissance de la familledes activine/inhibine, de l’hormone anti-Müllérienne(AMH) et de la protéine morphogénique de l’os (BMP),est connu pour ses propriétés tant activatrices qu’inhibi-trices sur la multiplication, la différenciation cellulaire etla production de matrice.Après avoir lié son ligand TGFβ, le récepteur sérine-thréonine kinase de type I active le récepteur de type IIpar phosphorylation. Une fois activé, ce récepteur dimé-rique phosphoryle différentes protéines cibles, et en par-ticulier les protéines Smad. Dans le testicule, la localisation et l’expression de TGFβ et deses récepteurs ont été étudiées mais restent assez contradic-toires. De plus, les différents rôles de TGFβ ont été principa-lement explorés dans les cellules germinales embryonnaireset fœtales ou dans les cellules somatiques adultes.C’est pourquoi, dans cette étude, nous avons voulurechercher si cette cytokine agissait sur l’étape mito-tique et/ou méiotique de la spermatogenèse du ratadulte. Des spermatocytes pachytènes de rats adultessont cultivées sur un tapis de cellules de Sertoli enchambres bicamérales et peuvent se différencier en

spermatides rondes. Des études cytologiques et cyto-métriques ont montré que l’ajout de TGFβ aux milieuxde culture induisait une inhibition de la formation desspermatides rondes. Elles ont été confirmées par ladiminution de l’expression d’une protéine spécifiquedes spermatides rondes, TP1. Des études complémen-taires ont montré l’augmentation du nombre de cel-lules en métaphases et principalement en métaphasesII de l’étape méiotique.

Cet effet est prépondérant en première semaine deculture mais diminue en deuxième semaine. L’étude de laphosphorylation des résidus sérines au cours de la culturemontre que le niveau de phosphorylation des cellules té-moins en deuxième semaine équivaut à celui des cellulestraitées par TGFβ en première semaine. Le dosage deTGFβ dans les milieux de culture montre une augmenta-tion de la concentration en TGFβ au cours de la culture.

L’utilisation d’un modèle de spermatogenèse in-vitro a per-mis de montrer l’effet inhibiteur de TGFβ sur le passage dela méiose. Il apparaît bloquer les cellules germinales endeuxième métaphase de méiose. L’augmentation de laconcentration en TGFβ au cours de la culture confirme ceteffet et explique la diminution du rendement de passagede la méiose par les cellules germinales au cours de laculture.

UTILISATION DU MODÈLE DE CULTURE ORGANOTYPIQUE POUR ÉTUDIER LA MISE EN PLACE DES DEUX FONCTIONS TESTICULAIRES CHEZ LE FŒTUS HUMAIN : EFFET DE L’ACIDE RÉTINOÏQUE P126R. Lambrot(1), H. Coffigny(1), C. Pairault(1), R. Frydman(2), R. Habert(1), V. Rouiller-Fabre(1)

(1) INSERM U566, CEA, université Paris7.(2) Hôpital A. Béclère, Service de Gynécologie-Obstétrique, Clamart.

Les deux fonctions testiculaires, gamétogenèse et stéro-ïdogenèse, s’établissent pendant la vie fœtale et néona-tale. Cette ontogenèse est fondamentale puisque c’est

du nombre de cellules germinales qui se mettent enplace pendant la vie fœtale que dépend, en partie, lafertilité de l’individu adulte et c’est la testostérone secré-