morgane

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Morgane. Dans le poème médiéval Gauvain et le Chevalier Vert, Morgane est la complice de la belle dame de Haut-Désert, toutes deux recherchant la mort de Gauvain par des actes fourbes et traîtres. La christianisation a diabolisé Morgane, tout comme elle l’a fait de Gargantua et de Mélusine. Elle l’a christianisée en sainte Marguerite, représentée « issourt » du dragon, comme à Luceram (Alpes Maritimes), ou avec le dragon à ses pieds, le dragon-vouivre symbolisant alors les énergies telluriques. Dans Histoire et Géographie Mythique de la France, Henri Dontenville précise que dans le Queyras « une centaine de sorcières brûlées entre 1428 et 1447 (...) avaient comme prénom Marguerite » (p. 119). Morgane a perdurée sous le nom de fée Margot et l’on trouve un peu partout en France des « Caves à Margot », des « chambres de la fée Margot », des « fuseaux de Margot », des « Roche Margot » . Le Manuscrit des Paroles du Druide sans nom et sans visage la dit « Mère Grand, Morgan, Celle-qui-sait-la-vuipre, Bel-Terre, la Noire, la Dame de Sous-Terre, et tant d’autres noms... »

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Page 1: Morgane

Morgane.

Dans le poème médiéval Gauvain et le Chevalier Vert, Morgane est la complice de la

belle dame de Haut-Désert, toutes deux recherchant la mort de Gauvain par des actes

fourbes et traîtres.

La christianisation a diabolisé Morgane, tout comme elle l’a fait de Gargantua et de

Mélusine. Elle l’a christianisée en sainte Marguerite, représentée « issourt » du dragon,

comme à Luceram (Alpes Maritimes), ou avec le dragon à ses pieds, le dragon-vouivre

symbolisant alors les énergies telluriques. Dans Histoire et Géographie Mythique de la

France, Henri Dontenville précise que dans le Queyras « une centaine de sorcières

brûlées entre 1428 et 1447 (...) avaient comme prénom Marguerite » (p. 119).

Morgane a perdurée sous le nom de fée Margot et l’on trouve un peu partout en France

des « Caves à Margot », des « chambres de la fée Margot », des « fuseaux de Margot »,

des « Roche Margot » .

Le Manuscrit des Paroles du Druide sans nom et sans visage la dit « Mère Grand,

Morgan, Celle-qui-sait-la-vuipre, Bel-Terre, la Noire, la Dame de Sous-Terre, et tant

d’autres noms... »

Morgane est sans nul doute l’un ,si ce n’est le personnages le plus complexe de la

mythologie arthurienne.

Selon la tradition, elle serait nièce de Viviane, cousine de Lancelot, femme d’Urien,

mère d’Yvain en plus d’être la sœur d’Arthur. Cependant ces liens filiaux sont à

relativiser : dans la chronologies des textes, Morgane est d’abord sans lien de parenté

avec quiconque, puis elle est dite sœur d’Arthur, et enfin faite fille d’Ygerne et du duc de

Tintagel .Mais toujours, elle est une véritable magicienne, initiée par Merlin (cette

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enchanteresse sera transformée par les auteurs de la fin du moyen age en sorcière) . On

l’appelle souvent Morgane la fée (Morgain le fay), la fée étant un être bon qui fait

usages de ses pouvoirs magiques pour faire le bien . De plus, en vieux-breton, le mot

morgan désigne un être féerique résidant au fond de la mer .

Enfin, il est probable que le mythe de Morgane et d’Avalon étaient répandus chez les

lettrés de l’Antiquité (le géographe grec Strabon fait référence à une île, habitée par des

sœurs) .

Certains font dériver Morgane de mori – gena, celle qui est née de la mer. Cette

explication est plausible puisque la Morgane originelle était l’aînée des neufs sœurs

régnants sur Avalon. D’autres font dériver ce prénom de mor – rigain, c'est-à-dire la

grande reine. Même si elle est présentée dans plusieurs textes arthuriens comme reine

(au coté de son mari Urien), on peut y voir deux explications plus plausibles. D’abord

Morgane est la reine D’Avalon, ïle paradisiaque ; ensuite entre Mor-rigain et Morrigan il

n’y a qu’un pas. Le personnage de Morgane est lié à ces deux thèses. Après tout, n’est

elle pas la reine du royaume d’Avalon, royaume qui est en fait une île ? De toute façons,

Morgane représente l’incarnation suprême de la souveraineté (c’est la reine du

Paradis !).

Morgane est un personnage riche et complexe. Markale en dit que c’est « la Vierge qui

fait peur, la Vierge qui engloutit, la Célibataire, l’Indomptable, à la fois vierge et putain,

Mère de tous ceux qui ont été ses amants » C'est l'archétype de la femme celte. ( vierge

a pour sens dans ce contexte indépendante vis-à-vis des hommes).

Retenons que Morgane est une femme libre, indépendante vis-à-vis des hommes et de la

société.

C’est aussi la femme fatale du cycle arthurien (très belle, indépendante, avec beaucoup

de charme, magicienne de surcroit, et dotée des pouvoirs d'une reine…)

La résurgence du mythe de Morgane a lieu au XIIème siècle, époque de l’amour

courtois, et la fée est pour les hommes un sujet de fascination. Mais à la fin du moyen

âge, marquée par une recrudescence de la misogynie , Morgane devient maléfique,

mangeuse d’hommes et sorcière !