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S O M M A I R E

Ministry®, Revue internationale pour les pasteurs12501 Old Columbia Pike, Silver Spring, MD 20904-6600 U.S.A.

[email protected]

Rédacteur en chef : Derek J. MorrisRédacteur adjoint : Willie E. Hucks II

Rédacteur de l’édition en français :Bernard Sauvagnat

Secrétaire de rédaction : Sheryl BeckResponsable financier et de fabrication : John Feezer IVConseillers internationaux : Mario Brito, L. Chansanga Colney, Michael Kaminsky, Janos Kovacs-Biro, Armando Miranda, Rudatinya Mwangachuchu,Daniel Opoku-Boateng, Jongimpi Papu, Bruno Raso, Ángel M. Rodríguez, Héctor Sánchez, Houtman Sinaga, David Tasker, Ivan L. Williams, Ted N.C. Wilson.Publicité : Cheri Gatton ; [email protected]; +1 208 965-0157Abonnements et changements d’[email protected]; +1 301-680-6508; +1 301-680-6502 (fax)Couverture, maquette & corrections : Dominique Gilson - FranceTarif : 4 numéros pour le monde entier : 10 US$. Pour commander, envoyer nom, adresseet règlement à Ministry® Subscriptions, 12501 Old Columbia Pike, Silver Spring, MD 20904-6600 U.S.A.Articles : Nous accueillons les articles non sollicités. Avant de soumettre un article, mercide consulter les consignes de rédaction sur www.ministrymagazine.org. Merci d’envoyervos textes par courrier électronique à : [email protected] ou à[email protected]

Ministry® est publié chaque mois depuis 1928 par l’Association pastorale de la Confé-rence générale des adventistes du septième jour®

Secrétaire : Jerry N. PageAdjoints : Jonas Arrais, Robert Costa, Willie E. Hucks II, Anthony Kent, Derek J. Morris,Janet Page.Centre de ressources pastorales Coordinatrice : Cathy Payne 888-771-0738, (téléphone) +1 301-680-6508;www.ministerialassociation.com

Imprimé par la Pacific Press® Pub. Assn., 1350 N. Kings Road, Nampa,ID 83687-3193. Port payé à Nampa, Idaho (ISSN 1947-5829).

Membre d’Associated Church Press. Adventiste®, Adventiste du septième jour®, et Ministry® sont des marques déposées deGeneral Conference Corporation of Seventh-day Adventists®.

Volume 5 Numéro 4 © 2013 - IMPRIMÉ AUX ÉTATS-UNIS.

4 Le sens d’une virgule :Analyse de Luc 23.43

W i l s o n P a r o s c h i

8 La fausse sécuritéde la sincérité

P a u l D y b d a h l

13 Les adventisteset l’œcuménisme

N i c h o l a s P. M i l l e r

17 Traiter des questions de doctrine dans l’église Deuxième partie

Paul S. Ratsara & Richard M. Davidson

22 Tendances qui confrontentles dirigeants spirituels adventistes

S t a n l e y E . P a t t e r s o n

M I N I S T R Y ® 2 ‡ ‡ 4 E T R I M E S T R E 2 0 1 3 ][

3 ÉDITORIAL

12 NOUVELLES

21 COURRIER DU LECTEUR

25 Personnes ou projets ? Reprendre contact avec lesmembres absents

C u r t i s R i t t e n o u r

28 LIVRE

3- 24 RÉVEIL ET RÉFORME

Co-Animateurs :Anthony Kent et Derek Morriswww.MinistryinMotion.tv

29 Nous pouvonsconquérir Jéricho

T i m o t h y P. N i x o n

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É D I T O R I A L | B E R N A R D S A U VA G N AT

J e suis frappé par l’énormecontraste entre ses premierset ses derniers versets de Ge-

nèse 12. Au départ Dieu appelleAbram : il veut faire de lui une béné-diction pour toutes les nations. À lafin, le pharaon expulse Abram parcequ’il y a été une vraie plaie pour sonpays. Dieu a dû penser : « Abram,c’est raté ! Tu peux toujours dire quece pharaon était immoral pour enleverSaraï et en faire sa femme. Mais, parton petit mensonge, presque vrai,c’est toi qui lui en a donné la per-mission. » Pourtant, Dieu maintientson choix. Il poursuit l’expérienceavec Abram. Ses promesses restentvalides. Quelle patience !

Un peu plus tard, Sodome et lesvilles voisines, refusent de payer untribut imposé par des envahisseurs

venus du Nord-Est. Ces pillards re-viennent en représailles. C’est larazzia et la déportation de la popu-lation. Abraham réagit. Il arme 318de ses serviteurs, s’allie avec troisde ses voisins. Il poursuit les enva-hisseurs, délivre les prisonniers etreprend le butin. Alors Dieu dépêcheMelkisédec pour dire au nom detous : « C’est bon d’avoir près de nousun homme comme Abraham, lecroyant ! Son Dieu est bon ! »

Pas de doute : si nous voulons au-jourd’hui que les habitants de nosvilles et nos villages en viennent àlouer Dieu d’avoir près d’eux desadventistes, il nous faut apprendrela leçon.

Dieu ne nous a pas choisis pournous récompenser de nos bonnesconduites. Nous sommes aussi mau-

vais qu’Abram le menteur ou queLot à la recherche de ses aises. Nousavons autant besoin de la grâce di-vine qu’eux et tous les autres hu-mains.

Dieu nous a choisis pour nous bé-nir, c’est-à-dire nous accorder desprivilèges non mérités, nous fairedes promesses incroyables. Mais ils’attend à nous voir partager sesbienfaits avec les autres. Nous etnos églises sommes là pour faire dubien. Si nous pasteurs ne conduisonspas nos églises à s’engager pour lebien de ceux qui n’en sont pas mem-bres, nous ne pourrons remplir notremission. Nous n’aurons jamais ledroit d’être écoutés, et notre messagen’aura aucune crédibilité. Notre défin’est pas de dire le message pouraujourd’hui, mais de le vivre.

Une BÉNÉDICTIONpour les autres

M

D’après 1 Samuel 19.19-24, la nouvelle par-vient aux oreilles de Saül qu’il peut trouver

David avec le prophète Samuel à Rama. Saül envoieimmédiatement des contingents de soldats pour lecapturer. Quand chaque groupe approche, les soldatssont remplis du Saint-Esprit et commencent à pro-phétiser. Finalement, Saül, tout offusqué, part lui-même pour capturer David. Lui aussi est saisi duSaint-Esprit, dominé et prosterné nu devant Samuel,et prophétise tout le jour et la nuit.

Lorsque Saül est rempli du Saint-Esprit, rien de re-marquable ne se produit. Quand Pierre est rempli duSaint-Esprit, les gens se repentent et 3000 personnesse convertissent ce jour-là (Ac 2). Qu’est-ce qui faitla différence ? C’est le même Esprit. La Bible dit queSaül est rempli de l’Esprit de Dieu, mais que rien depositif n’en jaillit.

Votre vie correspond-elleau message ?

revivalandreformation.org

La puissance du Saint-Esprit peut seulement être efficace si nos viescorrespondent au message. La vie de Saül ne correspond pas au messagequ’il transmet sous l’influence du Saint-Esprit. Saül est rempli de l’Es-prit, mais ne laisse pas l’Esprit le refaçonner et le transformer. Lesmoments de puissance, même ceux venant d’en Haut, ne nous forcentpas à changer de direction. Ils ne sont efficaces que si le reste du systèmeest en bon état de fonctionnement.

Cela nous montre pourquoi nous avons si désespérément besoind’un réveil et d’une réforme. Nous devons constamment laisser leSaint-Esprit agir dans nos vies dès maintenant, sans attendre qu’unepuissance surgisse à un moment donné.

– Homer TRECARTINest le président de l’Union des missionsdu Moyen-Orient à Beyrouth, Liban.

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W I L S O N PA R O S C H I , PhD, est professeur deNouveau Testament à la Faculté adventiste deThéologie de Engenheiro Coelho, SP, Brésil.

La promesse de Jésus au « bon »larron sur la croix : « Amen, je tele dis, aujourd’hui tu seras avec

moi dans le paradis », est souvent em-ployée comme une preuve majeure del’immortalité de l’âme ; c’est-à-dire enla croyance que l’esprit ou l’âme desjustes morts poursuit une vieconsciente au ciel avant la résurrection.Cependant tous ne sont pas convain-cus que Jésus ait déclaré au criminelpénitent qu’ils seraient ensemble auparadis ce jour même. Toute la questiontient à une simple virgule qui est d’ail-leurs absente du manuscrit original deLuc. Si l’on place la virgule avant « au-jourd’hui » (sēmeron), comme le fontla plupart des traductions, l’adverbe faitréférence au verbe qui le suit (être), etle texte a le sens traditionnel : « Amen,je te le dis, aujourd’hui tu seras avecmoi dans le paradis. »1 Mais si on laplace après « aujourd’hui », alors l’ad-verbe modifie le verbe qui précède (jedis), les paroles de Jésus présententune connotation différente : « Amen, jete le dis aujourd’hui, tu seras avec moidans le paradis. » Bien que cette lecturealternative ait pu parfois être considé-rée comme un pléonasme et commeabsurde,2 elle n’en demeure pas moinspossible, surtout si tous les élémentsd’ordre textuel, linguistique et scriptu-raire sont pris en compte.

Que nous enseignent ces élémentssur le sens véritable de ce texte ?

Indices textuelsAu cours des premiers siècles, les

manuscrits du Nouveau Testament (NT)ont été écrits sans marquer de sépara-tion entre les mots et les phrases, etavec peu ou pas de ponctuation poursignaler comment lire le texte. La vir-gule, par exemple, n’a été introduitequ’au IX e siècle ; avant cela, de courtesposes étaient parfois indiquées aumoyen d’un point sur la ligne (.), et unpoint final se reconnaissait à ce qu’ilétait écrit au-dessus de la ligne (.). Bienqu’aucun écrit autographe du NT n’aitété conservé, on peut penser que Luc23.43 n’était accompagné d’aucunesorte de ponctuation, comme le papy-rus Bodmer XIV-XV (ou simplementP75) semble le démontrer. Écrit au dé-but du III e siècle, P75 est le texte deLuc le plus ancien que nous possé-dions, et il ne présente, dans notre pas-sage, aucun signe de ponctuationavant ou après sēmeron, bien qu’àd’autres endroits on en trouve certains.Les marques de ponctuation ne fontdonc pas partie du texte canonique. Enfait, elles ne révèlent que la façon dontle texte était lu et compris par les co-pistes. Ainsi, quand Luc 23.43 a étéponctué, la virgule devant sēmeron aété placée non pour des raisons gram-maticales, mais conformément auxconvictions théologiques qui préva-laient à l’époque selon lesquelles lesfidèles décédés recevaient leur récom-

pense immédiatement après leur mort.Les scribes ont même parfois récrit letexte pour le rendre plus clair à leursyeux. C’est ainsi que le pronom relatifque (hoti) est entré dans la déclarationde Jésus. « Que » n’était pas dans l’ori-ginal, mais a été ajouté avant l’adverbe(« Amen, je te dis qu’aujourd’hui… »)en supposant que c’est ce que Jésusvoulait dire ; cette addition apparaîtdans nombre de manuscrits grecs mé-diévaux et dans plusieurs traductionsanciennes et modernes. Il nous paraîtintéressant cependant de noter que leCodex Vaticanus daté du IV e siècle,« l’un des plus valables de tous les ma-nuscrits de la Bible en grec »3 et prochepar son texte du P75 4, dispose d’unpoint sur la ligne juste après, et nonavant, l’adverbe sēmeron. Comme lemanuscrit contient des points ou destaches d’encre accidentels, celui de no-tre texte peut être accidentel ; mais lefait que le point est juste sur la ligne etéquidistant des deux mots adjacentsréduit grandement l’hypothèse d’un ac-cident. Cependant, il est difficile de sa-voir si ce point remonte à l’original ous’il a été ajouté postérieurement, cequi est le plus probable.5 De toute fa-çon, le Codex Vaticanus a un pointaprès sēmeron, et le manuscrit nemontre aucune tentative de ses lecteurspour l’enlever ou le corriger.

Malgré tout, même si cet élémentn’est pas décisif, on ne peut contester

Le sens d’une virgule :

Analyse de Luc 23.43

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qu’une grande partie de l’Église chré-tienne a lu l’adverbe « aujourd’hui » enlien avec le verbe « dire » qui le précède.Le manuscrit grec 339 écrit en minus-cules est un autre exemple. Écrit auXIII e siècle, il n’a pas seulement unpoint après sēmeron, mais il a aussilaissé assez d’espace avant le mot sui-vant pour rendre la thèse d’un accidentvirtuellement impossible. De plus, plu-sieurs autres manuscrits médiévauxavec une ponctuation, laissent ce pas-sage tel qu’il est, sans ponctuation, 6

bien que la règle ait été de placer unpoint ou une virgule avant l’adverbe.La lecture alternative (« Amen, je te ledis aujourd’hui… »), se trouve aussidans le texte Syriaque découvert par leDr Cureton, une des premières traduc-tion du NT dont le texte remonte au II e

siècle. Cette lecture est aussi attestée

La promesse de Jésus au «bon» larron sur la croix : «Amen, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans leparadis », est souvent employée comme une preuve

majeure de l’immortalité de l’âme […]. Cependant tous nesont pas convaincus que Jésus aitdéclaré au criminel pénitent qu’ilsseraient ensemble au paradis ce

jour même. Toute la question tient àune simple virgule qui est

d’ailleurs absente dumanuscrit original de Luc.

dans le christianisme ancien et médié-val. Ce ne fut pas le cas. 10 Mais en-semble ils démontrent que la tentativede rattacher l’adverbe « aujourd’hui »au verbe qui le précède a eu de nota-bles supporters dans l’histoire du chris-tianisme, ouvrant ainsi la possibilité quetelle était, en fait, ce que Luc pensait.

Indices linguistiquesEn grec, il n’y a pas de règle spéci-

fique sur la position de l’adverbe, avantou après le verbe.11 Aussi, d’un pointde vue grammatical, il est impossiblede déterminer si sēmeron en Luc 23.43se rapporte au verbe qui précède (jedis) ou à celui qui suit (tu seras). Luccependant a une tendance bien mar-quée à rattacher cet adverbe au verbequi le précède. C’est le cas dans 14

par des auteurs chrétiens tels que lesyrien Ephrem, du IV e siècle 7, Cassienet Hesychius. Bien que ces derniersaient préféré rattacher « aujourd’hui »au verbe « être » ils désignent explicite-ment ceux qui rattachent l’adverbe auverbe « dire » comme des hérétiques.8

Finalement, la lecture alternative setrouve encore dans deux écrits apo-cryphes indépendants datés probable-ment du IV e siècle, si ce n’est encoreplus tôt : les Actes de Pilate et La des-cente du Christ aux enfers. Ces deuxdocuments, connus dans deux versionslégèrement différentes, en grec et enlatin, ont été réunis autour du V e siècleet, à partir du XIII e, ont été parfois ap-pelés : l’Évangile de Nicodème.9 Aucunde ces documents n’établit la ponctua-tion originale ni ne démontre que lalecture alternative ait été prédominante

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Jésus seulement, les justes ressuscitéset les justes vivants iront ensemble àsa rencontre dans les airs pour êtreavec lui pour toujours (voir 1 Th 4.17).De plus, selon Paul, c’est la résurrectionde Jésus, et non sa mort, qui donneaux justes une espérance de vie aprèsla mort (1 Co 15.16-20 ; Rm 10.9).Quel sens donc pourrait avoir l’idéeque Jésus ait promis au brigand qu’ilsseraient ensemble au paradis ce mêmejour, alors que la Bible dit clairementque le jour où Jésus est mort, il est allédans la tombe (Lc 23.50-54 ; Ac 2.31,32 ; 13.29-31) ? Prétendre que seul lecorps du Christ est allé dans la tombealors que son esprit est monté au ciel20

c’est ignorer le fait que, tôt au matinde la résurrection, il a dit à Marie dene pas le toucher car il n’était pas en-core monté vers son Père (Jn 20.17).

ConclusionIl ne paraît donc pas approprié de

conclure que Jésus ait promis au bri-gand pénitent qu’ils seraient ensembleau paradis le jour de leur mort. Si lavirgule est placée avant l’adverbe « au-jourd’hui » il devient virtuellement im-possible de réconcilier le passage avecce que la Bible, et Jésus lui-même, ontenseigné concernant le temps où lesfidèles décédés reçoivent leur récom-pense finale au ciel (cf. Luc 14.13,14 ;20.34-38 ; Jean 5.28, 29 ; 6.39, 40, 53-58). Dans aucun cas les auteurs bi-bliques ne tentent de réconforter lescroyants en leur disant que les mortsen Christ ont déjà été emportés au ciel.Le réconfort face à la mort est toujoursmis en lien avec la résurrection, nonavec l’idée qu’à la mort l’esprit oul’âme est libérée du corps pour être enla présence de Dieu (cf. Jean 11.21-27 ; Ap 20.6). À l’inverse, si nous relions« aujourd’hui » avec le verbe qui pré-cède, la déclaration de Jésus peut avoirl’air d’un pléonasme dans nos languesmodernes, occidentales, mais ce pléo-

W I L S O N PA R O S C H I

des 20 occurrences où sēmeron estemployé dans Luc et dans Actes (Luc2.11 ; 5.26 ; 12.28 ; 13.32,33 ;22.34,61 ; Actes 19.40 ; 20.26 ; 22.3 ;24.21 ; 26.2, 29 ; 27.33).12 Sur les cinqemplois où l’adverbe se rattache auverbe suivant il y a une citation dupsaume 2.7 (Actes 13.33), et trois casoù sēmeron est précédé d’uneconjonction (Luc 4.21 ; 19.5, 9),13 quirend inévitable une telle construction.Il n’y a ainsi qu’un seul exemple dansles écrits de Luc où sēmeron est libre-ment placé avant le verbe (Actes 4.9).La tentative de rattacher l’adverbe enLuc 23.43 au verbe qui le précède, enconséquence, n’est pas seulement plei-nement acceptable en termes de gram-maire, mais elle est aussi en completaccord avec le style littéraire de Luc.

On avance de manière récurrentequ’une telle lecture ne peut être cor-recte car elle ferait de la déclarationde Jésus un pléonasme ou la rendraitmême «grammaticalement absurde. »14

Cela peut être vrai pour l’anglais oupour les autres langues modernes, maisle Nouveau Testament a été écrit engrec, pas en grec classique, mais ungrec parfois bourré d’expressions sé-mitiques. Le grec de Luc entre danscette catégorie, particulièrement dansson Évangile, bien qu’il ne soit pas lui-même un Juif (voir Col. 4.10-14). Et ila été démontré depuis longtemps quel’emploi de «aujourd’hui » précédé d’unverbe pour introduire ou clore une dé-claration n’est rien d’autre qu’unidiome sémitique ayant pour but d’in-tensifier la signification et la solennitéde la déclaration qui va suivre ou quivient d’être faite.15

En fait, cet idiome est assez commundans les Écritures, particulièrementdans le Deutéronome, où l’on trouveplus de 40 exemples d’expressionstelles que « je vous apprends (au-jourd’hui) » (4.1), « Je place aujourd’huidevant vous » (11.26), « que j’institue

devant toi aujourd’hui » (6.6 ; 7.11 ;12.32 ; 28.13), « je vous en avertis au-jourd’hui » (8.19) et « je vous le dis au-jourd’hui » (30.18 ; cf. 4.26 ; 30.19 ;32.46 ; Actes 20.26 ; 26.2).16 Dans lecas de Luc, cet idiome biblique et d’au-tres peuvent lui être parvenus sous l’in-fluence de la Septante, une traductiongrecque de l’Ancien Testament large-ment utilisée par les premiers chré-tiens. Il mérite d’être signalé que « 90 %du vocabulaire de Luc se retrouve »dans la Septante.17

Indices scripturairesPour aider à établir le sens de la dé-

claration de Jésus sur la croix, nous es-timons important d’examiner l’ensei-gnement biblique général à propos dumoment où les élus recevront leur ré-compense au paradis. Par « paradis », ilne fait aucun doute que Jésus penseau ciel (2 Co 12.2-4) ou à la demeureéternelle des rachetés dans la NouvelleJérusalem où se trouveront l’arbre devie et le trône de Dieu (Ap 2.7 ; 22.1-5)18. Dans un autre passage, Jésusmentionne les nombreuses demeuresdans la maison de Dieu et le momentoù il reviendra pour prendre les siensavec lui (Jn 14.1-3). C’est alors seule-ment qu’il invitera ses disciples à héri-ter du royaume qui a été préparé poureux depuis la fondation du monde (Mt25.31-34). Ce sera un événement glo-rieux de réunion au cours duquel la cé-lébration finale et complète de la déli-vrance du péché aura lieu (Lc22.14-18). Paul enseigne que lescroyants qui meurent sortiront de leurtombe au retour de Jésus (1 Co 15.20-23), et que le don de l’immortalité leursera alors accordé (v. 51-53). Il ne tentejamais de réconforter les vivants en leurdisant que les décédés sont déjà avecJésus au ciel. Au contraire, il tented’apaiser leur cœur en leur rappelantla résurrection (1 Th 4.13-18 ; cf. 2 Co1.8-10 ; Ph 3.8-11)19: au retour de

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LE SENS D’UNE VIRGULE : ...

proche, “aujourd’hui” et non à la fin… Ainsiau travers d’un voleur, le paradis a étéouvert. » (Moes., 244, 245). Dans un autrepassage il mentionne l’histoire du briganden disant que son âme ne pouvait entrer auparadis sans son corps parce que le juste,en fait, ne peut entrer au paradis avant larésurrection finale (Hymnes, par. 8.11).8. Cassien, Collat. 1.14 ; Hesychius, PG 93 :1432, 1433.9. La lecture qui rattache «aujourd’hui » avecle verbe « dire » apparaît dans la versiongrecque B des Actes de Pilate (chap. 10) etdans la version grecque de La descente duChrist aux enfers (aussi au chap. 10). 10. Il est important de souligner, cependant,que tous les Pères apostoliques et la plupartdes Pères grecs jusqu’au IVe siècle ont étéconditionnalistes, c’est-à-dire qu’ils necroyaient pas en l’immortalité de l’âme.Pour le détail, voir Leroy Edwin Froom, TheConditionalist Faith of Our Fathers, Wash-ington, DC: Review and Herald, 1965, vol.1,p. 758, 759.11. « L’ordre des mots dans le grec et aussidans le NT est bien plus libre que dans leslangues modernes. » F. Blass and A. Debrunner,A Greek Grammar of the New Testamentand Other Early Christian Literature, trad. eted. par Robert W. Funk, Chicago: Universityof Chicago Press, 1961, § 472.12. En Luc 22.61, la position de sēmeronen rapport avec le verbe doit être considéréesur la base de son emploi sans équivoqueau v. 34 et dans Actes 27.33 où l’adverbedoit être nécessairement lu après un verbeêtre implicite : « C’est aujourd’hui le quator-zième jour » comme le reconnaissent laplupart des traductions.13. La position de sēmeron en Luc 19.5s’explique par le fait que, contrairement àhoti (parce que) (4.21 ; 19.9) gar (car) sepositionne normalement en second.14. Robert A. Morey, Death and the Afterlife,Minneapolis: Bethany, 1984, p. 199–222,cite dans Erwin W. Lutzer, One Minute AfterYou Die, Chicago: Moody, 1997, p. 51.15. E. W. Bullinger, How to Enjoy the Bible, 4e

éd., London: Eyre & Spottiswoode, 1916, p.48. Voir aussi E. W. Bullinger, The CompanionBible, London: Oxford University Press, 1932,appendice 173.16. Appeler cela un « idiome fantôme » parcequ’aucun des exemples du Deutéronomen’a le mot « en vérité » (amēn ) ou « dire »(legō), comme le font Kenneth D. Boa et Ro-

nasme devient pleinement acceptablesi on le comprend comme une manièreidiomatique de mettre l’accent sur lasignification de l’annonce : « En vérité,je te le dis aujourd’hui… ». Finalement,il y assez d’indices pour penser quecette façon de comprendre le passagen’est ni nouvelle ni illégitime, car celamontre précisément comment d’impor-tantes portions de l’Église l’ont compris,même à l’époque où la croyance enl’immortalité de l’âme était déjà deve-nue prédominante au sein du christia-nisme. Ce que le brigand a demandé àJésus c’est qu’il se souvienne de luidans son royaume (Luc 23.42), et c’estexactement ce que Jésus lui a promis,de sorte que l’homme est mort dans lapaix et le réconfort. C’est là la grandepromesse de l’Évangile, être avec Jésuspour toujours (Jn 14.1-3 ; 1 Th 4.16,17 ; Ap 21.1-4).

1. Sauf remarques particulières, les accen-tuations en italiques ont été ajoutées dansles citations bibliques.2. Par ex., Anthony A. Hoekema, The FourMajor Cults: Christian Science, Jehovah’sWitnesses, Mormonism, Seventh-day Adven-tism, Grand Rapids, MI: Eerdmans, 1963, p.353.3. Bruce M. Metzger and Bart D. Ehrman,The Text of the New Testament: Its Transmission,Corruption, and Restoration, 4th ed., NewYork: Oxford University Press, 2005, p. 67.4. Des analyses textuelles attentives ontconvaincu la grande majorité des spécialistesdu NT que le P45 et le Codex Vaticanus re-présentent la forme du texte qui était employéà Alexandrie avant la fin du IIe siècle (Idem,p. 58, 59).5. Voir Bruce M. Metzger, Manuscripts of theGreek Bible: An Introduction to Paleography,Oxford: Oxford University Press,1981, p. 74.6. Les manuscrits 57 et 713 en sont desexemples, tous deux du XIIe siècle.7. Ephrem cite trois fois Luc 23:43, en omet-tant chaque fois « aujourd’hui », mais il ditaussi : «Notre Seigneur a abrégé ses libéralitéslointaines et a donné une promesse plus

bert M. Bowman Jr., Sense and NonsenseAbout Heaven and Hell, Grand Rapids: Zon-dervan, 2007, p. 58), n’est rien d’autre qu’unetergiversation. Ce qui est idiomatique, c’estl’adverbe « aujourd’hui » qui sert à soulignerla solennité de l’annonce, et non pas lesautres mots.17. Raymond E. Brown, The Birth of the Mes-siah: A Commentary on the Infancy Narrativesin the Gospels of Matthew and Luke, NewYork: Doubleday, 1993, p. 623.18. Pour tenter de réconcilier l’interprétationtraditionnelle de Luc 23.43 avec le fait queJésus n’est monté au ciel que plusieursjours plus tard, on a prétendu que le “paradis”n’est pas le ciel mais seulement la demeuredes justes dans un compartiment de l’hadès,qui possède aussi un compartiment pourles injustes (voir Lutzer, One Minute AfterYou Die, p. 138,139). D’autres ont mêmesuggéré que depuis la résurrection et l’as-cension du Christ, le paradis a été déplacéde l’hadès au troisième ciel mentionné en2 Co 12.4 (H. A. Kent Jr., « Paradise », inEvangelical Dictionary of Theology, GrandRapids, MI: Baker, 1984, p. 826, 827). Pourtenir de telles affirmations, il faut quitter ledomaine des Écritures et valider des affir-mations similaires de la part de ceux quicroient, par exemple, au purgatoire et auxlimbes.19. Pour une discussion sur 2 Co 5.6-8 etPh 1.21-23, voir Samuele Bacchiocchi, Im-mortality or Resurrection ? A Biblical Studyon Human Nature and Destiny, BerrienSprings, MI: Biblical Perspectives, 1997, p.178–186.20. Voir Douglas Groothuis, Christian Apolo-getics: A Comprehensive Case for Bible Faith,Downers Grove, IL: InterVarsity, 2011, p. 390

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naire, une personne sincère possèdel’« honnêteté d’esprit et d’intention » etelle est « dépourvue d’hypocrisie 2 ». Il ya un consensus de plus en plus généralselon lequel une personne aimable etréfléchie ne devrait pas s’impliquerdans des débats inutiles concernantdes croyances divergentes et des pointsde vue opposés concernant la vérité.« Après tout, puisque nous ne serons ja-mais d’accord, à quoi bon discuter ? »diraient certains. « Ce qui compte vrai-ment, c’est d’être sincères dans ce quenous croyons. » En tant que pasteur, j’airemarqué cette ligne de pensée, et jecontinue à en voir les manifestationsparmi les étudiants de l’université chré-tienne où j’enseigne.

Récemment, la réalité de cette ten-dance en faveur de la « sincérité » a étéillustrée par un sondage informel quej’ai réalisé auprès des étudiants dansdeux de mes classes de religion. Je leurai fourni une liste de quatre qualités : lapureté, l’orthodoxie, la sincérité, la foi.Puis je leur ai demandé de classer cesqualités en fonction de ce que, seloneux, Dieu désire le plus de nous. Le ré-sultat a été bouleversant. Les étudiantscroient qu’aux yeux de Dieu, la sincéritéà plus de valeur que la pureté ou l’or-thodoxie 3.

Je reconnais qu’il y a un certain ré-confort à penser que la croyance et lapureté de vie n’ont pas autant d’impor-

tance que la sincérité de la personne.Un tel point de vue paraît inclusif, ai-mable, et semble montrer une certaineouverture d’esprit. Mais est-il sûr, pru-dent et intelligent d’avoir une telle idéede la sincérité? Cette vertu est-elle réel-lement vertueuse ? Et si ce n’est pas lecas, comment un pasteur pourrait-il dia-loguer avec la personne qui place lasincérité au sommet de son classementdes vertus ? Ma suggestion serait d’en-treprendre une réflexion explorant aumoins quatre vérités à propos de la sin-cérité.

Dieu veutque nous soyonssincèresTout d’abord, même s’il est discutable

d’élever la sincérité au-dessus des autresvertus, la Bible enseigne clairement quela sincérité (ou l’inconditionnalité) estun trait de caractère qui a une grandevaleur aux yeux de Dieu. Dans 1 Ch28.9, David conseille vivement à sonfils, Salomon : « Connais le Dieu de tonpère, et sers-le d’un cœur dévoué etd’une âme bien disposée 4. » Luc écritque les premiers croyants en Jésus serassemblaient et mangeaient ensemble« avec joie et simplicité de cœur » (Ac2.46). Dans 1 Tm 3.8, Paul mentionnela sincérité comme étant l’une des ca-ractéristiques requises des dirigeantsde l’Église. Dans Jc 3.17, la sagesse

R éfléchir et écrire sur les vertushumaines est une tradition quia été honorée à travers les

temps1. Platon suggéra que chaque êtrehumain devrait posséder les quatre ver-tus fondamentales que sont la pru-dence, la tempérance, le courage et lajustice. Bouddha a proclamé le besoinde renoncer au monde. Plusieurs au-teurs bibliques ont également relevécertaines vertus qui devraient être ma-nifestes dans la vie des disciples deDieu. Par exemple, Paul a vivement en-couragé les Corinthiens à rechercher lafoi, l’espérance et, par-dessus tout,l’amour.

Cependant, l’histoire a montré queles humains ne se sont pas satisfaitsdes listes de vertus réalisées dans lepassé. Les vertus que Platon et Paulconsidéraient comme primordiales, àleurs époques respectives, ne sont pasnécessairement les valeurs générale-ment défendues par les gens d’au-jourd’hui. Dans certaines sociétés, latempérance pourrait être remplacéepar la libre expression, la tolérancepourrait supplanter le courage, et la foiserait peut-être même considéréecomme une preuve d’enfantillage plu-tôt qu’une vertu.

Il me semble qu’au cours de monexistence, la sincérité est l’une des ver-tus qui a gagné de la popularité àl’échelle mondiale. Selon le diction-

Le D R PAU L DY B DA H L est professeur dethéologie à l’université Walla Walla à CollegePlace, Washington (États-Unis).

La FAUSSE SÉCURITÉde la SINCÉRITÉ

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difficile de la cerner pleinement, oumême de la définir.

Combien de fois avons-nous cru êtresincères, seulement pour réaliser plustard que nous nous étions leurrés nous-mêmes et que nos mobiles n’étaientpas aussi purs que nous l’avions penséà l’origine ? Par exemple, les mariagesdébutent habituellement avec deux per-sonnes pensant honnêtement avoirtrouvé l’âme sœur. De leur plein gré, lemari et la femme jurent de rester fidèlesl’un envers l’autre pour le reste de leurvie. Ils sont sincères. Cependant, si nousvisitions ces couples quelques annéesplus tard, nous découvririons que plu-sieurs de ces mariages sont déjà rom-pus. De plus amples conversations por-teraient un bon nombre d’entre eux àconfesser qu’avec le recul, ils réalisentmaintenant s’être mariés, au moins enpartie, pour faire plaisir à leurs parents,ou combattre la solitude, ou satisfaireleurs désirs d’intimité physique, ou éviter

les problèmes de leur foyer d’origine,ou peut-être pour jouir d’une certainesécurité financière. Si on leur avait évo-qué ces raisons à leur mariage, ils au-raient ardemment protesté. Leurs motifsmitigés étaient présents, mais subcons-cients. Ainsi, à ce moment-là, ils ne pou-vaient pas même voir que leurs vœuxn’étaient pas pleinement sincères. Detoute évidence, nos jugements humainssur la sincérité ne sont pas très fiables.

En elle-même,la sincéritén’est pas bonneL’idée que les croyances ont peu

d’importance tant qu’on est sincèrevient peut-être aussi de la suppositionque la sincérité est une qualité à partentière qui peut être une vertu enelle-même. En réalité, ce n’est pasdu tout le cas.

d’en haut est décrite comme étant« exempte de duplicité, d’hypocrisie. »Au-delà de ces références explicites,les auteurs ont rempli la Bible d’histoiresdémontrant la valeur de la sincérité etd’un cœur non partagé face à Dieu.L’un des plus grands reproches queJésus a faits aux chefs religieux de sontemps était leur hypocrisie et leurmanque de sincérité (voir, par exemple,Mt. 23.13,15,23,25, 27,28).

Ainsi, il apparaît évident que la sincéritéest, en effet, une qualité admirable queDieu désire voir en chacun de nous.Dieu peut sauver des gens sincères quisont peut-être ignorants ou confusconcernant la vérité. Mais est-il appropriéd’élever la sincérité au point de conclureque nos croyances n’ont aucune im-portance, pour autant que nous soyonssincères ?

La sincéritéest difficile à cernerÀ mon avis, la vraie sincérité est bien

plus difficile à atteindre que nous pour-rions le supposer au premier abord.L’appel à la sincérité plutôt qu’à unecroyance juste ne nous éloigne en riende l’ambiguïté et ne produit aucun sen-timent de confiance ou de paix. Au lieude rendre les choses plus simples ouplus faciles, l’appel à la sincérité est uncritère particulièrement élevé qui nouspose un problème.

Selon Jr 17.9, « Le cœur est tortueuxpar-dessus tout, et il est méchant : quipeut le connaître ? » Si le cœur del’homme pécheur est si tortueux, il n’estpeut-être pas sage de se retirer des dé-bats concernant les « croyances » oula « vérité » pour se réfugier derrière lasincérité. Même si rien d’autre necomptait à part la sincérité, commentpourrions-nous avoir la certitude d’êtrepleinement sincères ? C’est une vertuquelque peu insaisissable ; il nous est

Combien de fois avons-nous cruêtre sincères, seulement pour

réaliser plus tard que nous nousétions leurrés nous-mêmeset que nos mobiles n’étaient pasaussi purs que nous l’avions pensé à

l’origine ?

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Qu’est-ce qui a fait la différence pource chef ? Nous serons sûrement d’ac-cord qu’il y a eu un changement radicalet positif dans la vie de cet homme,mais ce n’était pas une transformationde l’hypocrisie en sincérité. La diffé-rence est plutôt venue lorsque le chefa décidé de croire sincèrement quelquechose de nouveau, quelque chose dedifférent, et quelque chose de mieux.En bref, la sincérité doit avoir pour objetquelqu’un ou quelque chose de bonpour pouvoir demeurer une vertu. Ainsi,à la personne qui affirme être sincère,on pourrait aimablement demander :« Sincère en quoi ? »

La sincéritén’est pas un substitut à la croyanceCeux qui élèvent la sincérité au statut

de vertu suprême le font probablementdans une tentative d’éviter les bataillesinsignifiantes concernant des croyancesdivergentes, batailles qui sèment la dis-corde et détruisent souvent les commu-nautés. Nous espérons que si noussommes tous sincères, tout ira bien. Jecrois que c’est une bonne intention. Ce-pendant, le problème est que lorsquenous poussons ce raisonnement plusloin, nous empruntons alors un cheminque le bon sens ne peut pas suivre.

Le bon sens suggère plutôt que lescroyances ont effectivement de l’impor-tance, car ce que nous savons et ceque nous croyons influence notre com-portement. La relation entre la croyanceet le comportement (et l’importance decette relation) peut être illustrée par unnombre d’exemples quasiment illimité.

Le 26 avril 1986, le réacteur nucléairede Tchernobyl, en Union Soviétique, adispersé des radiations qui ont tué plusde 4 000 personnes et handicapé plusde 70 000 autres. La cause de cette ca-tastrophe n’était pas un manque de sin-

cérité de la part des experts nucléairessoviétiques. Ils testaient l’un des quatreréacteurs de Tchernobyl et ils croyaienthonnêtement, de tout leur cœur, qu’ilsseraient capables de contrôler le tauxde fission. Ils avaient tort. Une réactionen chaîne incontrôlée s’est produite etle réacteur a explosé. Il est importantde noter que ces experts n’étaient pasméchants. Ils n’essayaient pas de pol-luer l’environnement, ni de tuer leursfamilles et les habitants des alentours.Ils étaient sincères. Mais leur sincériténe les a pas protégé des graves consé-quences de leur croyance malaviséeselon laquelle huit barres de carburede bore seraient suffisantes pour contrô-ler la réaction nucléaire en chaîne 7.

Ceux qui sont familiers avec l’histoiremédicale savent que dans la premièremoitié du XIX e siècle, en bien des en-droits du monde, des médecins bien in-tentionnés examinaient et traitaient plu-sieurs patients d’affilée sans se laverles mains. Ils utilisaient des instrumentsqui n’avaient pas été stérilisés, et ilsportaient les mêmes blouses chirurgi-cales toute la journée malgré l’accu-mulation de taches de sang et de pusdes interventions précédentes. Ces mé-decins étaient sincères dans leur désird’aider leurs patients, mais ils ne sa-vaient pas comment les infections setransmettaient. Il n’est donc pas surpre-nant que des infections mortelles sepropageaient rapidement parmi ceuxqui avaient subi des opérations. Les am-putations avaient un taux de mortalitéentre 40 et 45 %. La fièvre puerpérale(une infection de l’utérus au momentde la naissance) tuait près d’une mèresur cinq dans certains hôpitaux 8.

Combien d’entre nous aujourd’huivoudraient que l’un de ces chirurgiensnous opère ? Combien d’entre nous di-raient : « Pour autant que le docteur soitsincère, ses croyances concernant la

Les auteurs de la Bible démontrentcette réalité dans plusieurs passagesbibliques où se trouve le mot sincère.Dans sa lettre aux croyants de Corinthe,Paul avoue craindre que leurs « penséesne se corrompent et ne se détournentde la simplicité à l’égard de Christ » (2Co 11.3 5). Remarquez que la sincéritéa un objet : Christ. Dans 2 Tm 1.5, Pauldécrit la sincérité comme étant une « foisincère » ; dans 1 Pi 1.22, l’apôtre dé-peint la sincérité comme « un amourfraternel sincère ». Dans chaque cas, lasincérité a un objectif précis. « La sim-plicité à l’égard de Christ » est une vertu,mais le dévouement sincère et pur àCésar, à l’alcool ou la violence ne l’estpas. Si nous éliminons l’objet valable,la sincérité cesse d’être une vertu.

Le missiologue K. P. Yohannan racontel’histoire d’un commerçant qui avait ac-costé sur une des îles du Pacifique pourla première fois. Lorsque ce marchandcommença à parler avec le chef de l’île,il remarqua une Bible dans la maisonde cet homme et se rendit compte quedes missionnaires avaient déjà visitél’île. Avec dégoût, le négociant se mo-qua du chef en disant : « Quelle honted’avoir écouté les sottises de ces mis-sionnaires ! » Le chef fixa le commerçantet répondit :

« Voyez-vous la grande pierreblanche là-bas ? C’est la pierre quenous utilisions, il y a quelques annéesseulement, pour écraser la tête de nosvictimes et en faire sortir leur cerveau.Voyez-vous ce grand four là-bas ? C’estle four où, il n’y a que quelques années,nous cuisions les corps de nos victimesavant de nous en régaler. Si nousn’avions pas écouté ce que vous ap-pelez les sottises de ces missionnaires,je peux vous assurer que votre tête se-rait déjà écrasée sur ce rocher, et quevotre corps serait en train de cuire dansce four 6. »

PAU L DY B DA H L

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à ses enfants la meilleure façon de vi-vre. Comme l’a dit le psalmiste : « jen’oublierai jamais tes ordonnances, carc’est par elles que tu me rends la vie »,et « ta parole est une lampe à mespieds, et une lumière sur mon sentier »(Ps 119.93,105). Il n’est pas toujoursfacile de comprendre les directives deDieu. Les croyants ne seront pas tou-jours d’accord sur tous les points dedoctrine, mais nous devons étudier lesÉcritures dans un esprit de prière etd’humilité afin que chacun, nous puis-sions être comme « un ouvrier qui n’apoint à rougir, qui dispense droitementla parole de la vérité » (2 Tm 2.15). Né-gliger cette tâche pour prêcher la vertude la sincérité est incohérent. La luttepour une juste compréhension des di-rectives de Dieu pour ensuite les suivreavec sincérité est une vocation nobleet élevée.

Dans 1 Pi 1.21,22, l’importance descroyances, de l’obéissance et de la sin-cérité est soulignée dans une merveil-leuse unité. L’apôtre écrit à l’Église, rap-pelant aux membres que par Christ,« vous croyez en Dieu ». Pierre continueen disant : « Ayant purifié vos âmes enobéissant à la vérité pour avoir unamour fraternel sincère, aimez-vous ar-demment les uns les autres, de tout vo-tre cœur. »

Je crois que Pierre nous adresseraitle même appel aujourd’hui. Que notrefoi en Dieu nous conduise à l’obéis-sance, qui sera ensuite exprimée parun amour sincère envers autrui. Si nous

vivions de cette manière, nous serionsmeilleurs et plus heureux. Le monde se-rait, lui aussi, meilleur et plus heureux.Je le crois sincèrement.

1. Cet article s’inspire largement d’un chapitreque j’ai écrit dans le livre Always Prepared:Answers to Questions About our Faith, Nampa(ID): Pacific Press, 2012, édité par HumbertoM. Rasi et Nancy J. Vyhmeister. Ce chapitres’intitule « Does It Really Matter What IBelieve As Long As I Am Sincere ? »2. Traduction libre du New Webster’s Dictio-nary, 2003 ed., article “sincerity.”3. Les deux classes qui ont participé à cetteétude s’adressaient à des débutants qui ontcomplété 40 sondages, et à des étudiantsplus confirmés qui ont complété 43 sondages.Parmi les 83 sondages rendus, 71 étudiantsont classé la sincérité à la première oudeuxième place, et seulement six ont placél’orthodoxie en premier ou deuxième rang.Le sondage a été effectué en février 2010. 4. Toutes les citations de la Bible sont tiréesde la version Louis Segond – Nouvelle Éditionde Genève (1979).5. Dans tous les cas, c’est nous qui souli-gnons.6. K. P. Yohannan, Revolution in World Missions,Carrolton, TX: GFA Books, 2003, p. 111, 112.7. Judith Newman, « 20 of the GreatestBlunders in Science in the Last 20 Years »,Discover, 1er octobre 2000, sur http://disco-vermagazine.com/2000/oct/featblunders,consulté le 9 avril 2010.8. Discoveries in Medicine, « Antisepsis » surhttp://www.discoveriesinmedicine.com/A-An/Antisepsis.html#b, consulté le 28 juin2012.

transmission des infections n’ont au-cune importance pour moi, ni mêmece qu’il sait de l’anatomie humaine. Cequ’il croit n’a aucune importance » ?Dirions-nous la même chose des pi-lotes ? « Qu’ils fassent confiance ou nonau contrôleur aérien n’a aucune im-portance, pour autant qu’ils désirentsincèrement me ramener chez moi. »Et qu’en serait-il d’un professeur, d’unpoliticien ou d’un comptable ? Nousvoulons certainement qu’ils soient sin-cères, mais nous voulons égalementdavantage.

Dans notre vie quotidienne, nousnous attendons à ce que les gens au-tour de nous soient conscients de laconnaissance qui leur est disponible.En bref, nous nous attendons à ce qu’ilssachent et croient ce qui est raisonna-ble, puis qu’ils vivent sincèrement enharmonie avec ces croyances. Agir au-trement serait irresponsable, voir mêmeinsensé.

De nous jours, il est facile de trouverdes gens fervents et sincères dans leurdévouement à une idéologie religieuse.Leur sincérité est admirable, mais leurscroyances pourraient les conduire à desactions dangereuses comme, par exem-ple, attacher des explosifs sur leur corpspour ensuite les faire exploser au milieude foules qui ne se doutent de rien. Jé-sus lui-même nous a mis en gardecontre une passion religieuse aveuglelorsqu’il a dit à ses disciples que le jourviendrait où «quiconque vous fera mou-rir croira rendre un culte à Dieu » (Jn16.2). La sincérité n’est certainementpas suffisante. Nos croyances ont uneimportance.

Appelà une pieuse sincéritéÀ travers la Bible, nous voyons les ef-

forts attentifs de Dieu pour apprendre

LA FAUSSE SÉCURITÉ DE LA SINCÉRITÉ

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L ’année 2013 est une année spéciale pour les adventistes de New York : un programme d’évangélisation de grandeenvergure se déroule toute l’année, avec des centaines de conférences bibliques et des programmes de santé. Au seinde ce projet, une quinzaine de prédicateurs ont été invités. C’est dans ce cadre que j’ai pu donner, en juin, des

conférences bibliques à un public Haïtien (organisées par les églises d’Emmanuel et Beer-Scheba). Le chiffre est impressionnant :il y a une vingtaine d’églises Adventistes Haïtiennes à New York !

J’ai bénéficié d’un accueil on ne peut plus chaleureux. Je n’oublierai par exemple jamais les poissons que m’ont préparés lesmamies Haïtiennes… mais je m’égare (quoi que…). Si quelqu’un pense qu’il n’y a qu’une façon de vivre son adventisme, jel’invite à voyager. Ici, avec les Haïtiens, j’ai vu ce que veut dire « chanter avec son cœur ». Quel bonheur de voir toutes cesmamies (oui, encore elles) danser de joie et de reconnaissance pour leur Seigneur. D’autant plus touchant quand on connaît unpeu leurs histoires, marquées par de telles épreuves que j’ai tendance à relativiser les miennes !

Dix-huit conférences donc… cela a été pour moi un marathon de la Parole ! Quel plaisir de partager le thème « Le Royaumeoublié » et d’accompagner trois personnes vers le baptême. Pendant les journées, j’ai pu participer à des formations, avec laprésence entre autres de Ted Wilson et Mark Finley. En discutant avec quelques pasteurs du monde entier, j’ai pu m’apercevoirà nouveau de l’importance des groupes de maisons et des églises ayant un impact social dans leur quartier, même (surtout ?)dans les pays où l’évangélisation a beaucoup de fruit, comme le Brésil ou la Chine.

Au bout des trois semaines, pour conclure toutes les conférences, la fédération adventiste a organisé un sabbat spécial avec15 000 personnes… et 200 baptêmes. Le chiffre est impressionnant, c’est sûr, et on ne peut que s’en réjouir. Mais il faut noterque ces 200 baptêmes sont le fruit de la collaboration de plus de 200 églises. Le partage de l’évangile aux USA n’est pas aussiévident qu’on pourrait le croire. De plus, très peu voire aucune personne non issue d’une récente immigration ne semble avoirété baptisée. Ce sont bien les récents immigrés aux USA qui constituent la quasi totalité des nouveaux baptisés. Si je rendsgloire à Dieu pour leur engagement, cela me laisse tout de même un goût d’inachevé, moi qui fait justement partie de ces post-modernes si rarement touchés par le message adventiste.

De retour en Europe, je suis bien conscient que nous ne bénéficions pas ici de ces mêmes groupes de populations encoreréceptifs aux conférences bibliques. Mais cela, paradoxalement, ne fait que m’encourager. Nous vivons une époque unique,époque qui nous oblige à toujours(re)donner du sens à notre engagementen Christ, à offrir des relations aimantescomme signes tangibles du Royaumede Dieu. Convaincu qu’il ne peut êtreque profitable d’offrir régulièrement desconférences bibliques centrées sur l’évan-gile, je suis aussi convaincu, à l’exempledes pays où l’adventisme est en croissance,qu’elles ne peuvent avoir de fruit que si,et seulement si, elles s’appuient sur desrelations où l’amour fraternel se vit « enœuvre et en vérité » (1 Jn 3.18). Cela,c’est la leçon essentielle que m’ont appriseles mamies haïtiennes, elles qui ont suouvrir leur table à un petit Françaiscomme moi.

Pierre Franco,pasteur à Annemasse

et Thonon-les-Bains, France.

NOUVELLES

J’étais à New York pour le projet NY13

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- - - de la rédaction - - -

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Un œcuménismepositifDe nombreux adventistes seront surpris

d’apprendre que nos croyances fonda-mentales reconnaissent la validité del’Église œcuménique. Le dictionnaire Ro-bert explique qu’«œcuménique» veutdire «universel», comme dans l’expressionÉglise universelle. Notre croyance fon-damentale numéro 13, «Le reste et samission», commence ainsi : «L’Égliseuniverselle englobe tous ceux qui croientvraiment en Christ »1. Cette déclarationreconnaît que le Christ a des croyants fi-dèles partout, y compris dans la palettedes dénominations chrétiennes.

De nombreux adventistes voudronts’assurer de ne pas oublier les lignesqui suivent dans cette croyance numéro13 : «Mais, dans les derniers jours, entemps d’apostasie généralisée, un “reste”a été suscité pour garder les comman-dements de Dieu et la foi en Jésus»2. Ilest vrai que nous croyons au rôle spéciald’un reste visible, avec une mission etun message spéciaux. Mais nous n’avonsjamais enseigné que cette réalité dureste nie l’existence de l’Église œcumé-nique, universelle, invisible. Au contraire,nos pionniers reconnaissaient, commeEllen White le dit, qu’«il y a d’authentiqueschrétiens dans chaque Église, y comprisdans l’Église catholique romaine»3.

L’adventismedu septième jouret le mouvementœcuménique On peut sérieusement démontrer que

le mouvement adventiste du XIXe sièclea été l’un des premiers mouvements vé-ritablement œcuménique des temps mo-dernes. William Miller était un baptiste,mais il a prêché son message dans denombreuses dénominations. Au début,ceux qui sont devenus adventistes n’ontpas quitté ces Églises mais, dans biendes cas, ils ont finalement été forcésd’en sortir.

Alors que le mouvement grandissait,il avait des représentants de presquetoutes les dénominations américaines(méthodistes, baptistes, presbytériens,congrégationalistes et issus de la «Chris-tian Connexion»). Après la déception de1844, le mouvement adventiste, qui estdevenu l’Église adventiste du septièmejour, était composé d’anciens membresde ces Églises.

Certains imaginent que nos fondateursse sont assis dans une pièce avec uneBible et ont composé une collection en-tièrement nouvelle de croyances et depratiques, reconstruisant une Église néo-testamentaire à partir de miettes. En réa-lité, les premiers adventistes ont empruntéleurs croyances et leurs pratiques deculte à une variété de groupes en les

Pour certains chrétiens conserva-teurs, le terme œcuménisme estun mot désagréable. Cette attitude

a trop souvent conduit à une intolérancedoctrinale et relationnelle face aux autreschrétiens. Cette apathie et ce désintérêtpar rapport aux autres chrétiens sontjustifiés par des arguments théologiquesvagues comme : « tenir pour la vérité»ou «éviter les compromis». Mais tropsouvent, cette apathie représente sim-plement un refus de franchir les limitesfamilières et prévisibles de nos zonesde confort. Pire encore, elle peut êtremotivée par un sentiment élitiste, voiremême bigot, à l’égard des autres chré-tiens. Pour éviter de tels obstacles à lafraternité, il nous faut réfléchir attentive-ment à notre conception de l’Église deDieu, à la fois dans ses aspects visibleset invisibles.

Cependant, la prudence est nécessairepour aborder ce sujet. Une étude attentivede notre histoire et de nos enseignementsmontre qu’il y a un œcuménisme positifet un œcuménisme problématique. L’as-pect positif concerne la fraternité, le sou-tien et le soin réciproque entre chrétiens,dans le concret sur le terrain, en fonctiondes circonstances. Le négatif est une re-cherche plus formelle, idéologique, d’uneunité doctrinale et institutionnelle. Exa-minons les deux.

N I C H O L A S P. M I L L E R , JD, PhD, estprofesseur adjoint d’histoire de l’Église àla Faculté adventiste de théologie del’Université Andrews, Berrien Springs,Michigan, États-Unis.

Les adventisteset l’ŒCUMÉNISME

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faisant passer à travers le filtre de laBible et en adoptant, et adaptant cellesqui satisfaisaient à ces critères bibliques.C’est sûr, certaines de nos pratiques bi-bliques ne sont pas conseillées ni mêmedécrites dans la Bible, mais ont été priseschez nos amis chrétiens et adaptées.Parmi elles, la réunion de prière du milieude la semaine, l’École du sabbat, lescamp-meetings, l’ordre du culte, le chantdes cantiques, les appels pour des of-frandes, la Sainte-Cène trimestrielle. Denombreux autres facteurs ont influencénos pratiques de culte et de témoignage.Les adventistes du septième jour sonteux-mêmes le résultat d’un mouvementœcuménique véritablement biblique.

Les messages des trois anges et l’œcuménismeCertains insistent, étant donné que

les messages des trois anges d’Apoca-lypse 14 ont commencé à la fin des an-nées 1840 (y compris celui du secondange sur la chute de Babylone), qu’il nepeut plus y avoir d’association avecd’autres Églises chrétiennes puisqu’ellesconstituent la Babylone déchue. Ce n’est

pas ce qu’ont compris nos pionniers. Aucontraire, ils se sont activés dans descauses communes avec d’autres chré-tiens, partageant des préoccupations, enparticulier la lutte contre l’esclavage,pour la tempérance et la liberté reli-gieuse.

Ellen White a parlé devant des audi-toires les plus nombreux étant dans descadres non adventistes, militant en faveurde la tempérance et des lois sur la pro-hibition devant des groupes de chrétiensissus d’Églises diverses. Elle s’est aussiadressée du haut de chaires d’églisesd’autres dénominations. De plus, elles’est servie de commentaires bibliqueset de livres religieux rédigés par d’autreschrétiens après 1844, qualifiant certainscommentaires non adventistes contem-porains comme faisant partie des «meil-leurs livres»4.

Elle a insisté pour que les pasteursadventistes s’impliquent dans une actionœcuménique personnelle pour descauses communes ou pour la fraternité.Elle a écrit : «Nos pasteurs devraientchercher à s’approcher de leurs collèguesd’autres dénominations. Priez pour etavec ces hommes pour lesquels le Christintercède. Ils ont une responsabilité so-

lennelle. En tant que messagers du Christ,nous devrions manifester un intérêt pro-fond et authentique pour ces bergers dutroupeau»5. Deux points méritent d’êtreparticulièrement notés. D’abord, nousdevrions prier «pour et avec» ces autrespasteurs. Écrire «avec» montre qu’il nes’agit pas simplement de les gagnermais bien de fraterniser avec eux. Deuxiè-mement, notre devrions remarquer qu’El-len White reconnaît que ces autres pas-teurs sont des «bergers du troupeau».Cette expression indique que les pasteursdes autres dénominations prennent aussisoin «du troupeau» du Christ.

Comment comprendre cela à la lumièredu message du second ange sur lachute de Babylone? Le quatrième anged’Apocalypse 18 indique que Babyloneest finalement complètement tombéelorsqu’elle a embrassé la cause despouvoirs commerciaux et civils du mondeet utilisé leur force civile à des fins reli-gieuses. Ellen White et les pionniers ontcompris que le message du quatrièmeange se situait encore dans l’avenir etque, en attendant, Babylone, tout en tom-bant, continue à abriter des chrétiens etdes Églises fidèles avec lesquels nouspouvons et devons fraterniser. Ce n’est

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Il est vrai que nous croyons au rôle spécial d’unreste visible, avec une mission et un message

spéciaux. Mais nous n’avons jamais enseigné que cetteréalité du reste nie l’existence de l’Église

œcuménique, universelle, invisible. Au contraire, nospionniers reconnaissaient, comme Ellen White le dit, qu’« il

y a d’authentiques chrétiens dans chaqueÉglise, y compris dans l’Église catholique romaine» 3.

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mais nous ne pouvons pas contesterque le Seigneur en a béni les consé-quences. Sans ce refus, il est peu probableque les adventistes du septième jourauraient pu devenir la dénomination pro-testante la plus largement répanduedans le monde, avec plus de 17 millionsde membres dans plus de 200 pays, àla tête des réseaux protestants d’éducationet de santé les plus vastes du monde.Nous reconnaissons humblement quela puissance de Dieu permet aux petiteset faibles choses d’accomplir beaucoup.Nous devons toujours avoir à l’esprit lesavertissements concernant la fierté d’être« riches, devenus riches» (Apocalypse3.17). Dieu nous a bénis en nous per-mettant d’être aujourd’hui la dénomina-tion qui croît le plus rapidement en Amé-rique du Nord grâce aux adventistesémigrants qui, d’outre-mer, continuent àgrossir nos rangs.

Cette croissance ne prouve pas quenous ayons raison, bien qu’un manquede croissance pourrait indiquer que nousallons dans la mauvaise direction. Lesquestions importantes sont : pourquoiles adventistes ont-ils résisté à ce partagedu champ missionnaire? Quel principeest là derrière et pourrait aussi limiternotre implication dans un mouvementœcuménique formel aujourd’hui?

Le mouvement œcuménique idéolo-gique peut être défini comme une ten-tative de rendre visible l’Église universelleet invisible du Christ, qui existe déjà.C’est un projet institutionnel et théologiqueprofond auquel les adventistes ont dumal à se joindre pleinement.

Le sabbat et l’œcuménismeL’une des raisons fondamentales de

cette difficulté vient de notre croyancedans le sabbat du septième jour. Lesabbat provoque des barrières pratiques,historiques, prophétiques et théologiquesà notre collaboration avec le mouvementœcuménique moderne.

Premièrement, dans le domaine pra-tique, notre jour particulier de culte estun obstacle pour que nous adorions ré-

que lorsque ces chrétiens utiliseront lepouvoir de l’État pour persécuter ceuxavec lesquels ils sont en désaccord surdes sujets spirituels que ce point seraatteint 6.

Si nous faisons une étude du contexte,il est évident que, même de nos jours, lemessage du quatrième ange concernele futur. Il en résulte que de nombreuxpasteurs adventistes sont impliqués, etque davantage devraient l’être, dans desrencontres pastorales et dans des visitesde pasteurs d’autres dénominations aveclesquels ils prient. Ces associations etrelations peuvent aussi servir de basepour des actions communes en faveurde la population sur des sujets commela liberté religieuse, la création et l’évo-lution, l’harmonie entre les races, ainsique des sujets de morale civile tels quela famille et le mariage.

Ceci veut dire que la pratique œcu-ménique à l’échelle locale implique desquestions de justice sociale. La justicesociale, enracinée dans la lumière del’Évangile et dans le retour du Christ, aété le fondement des efforts œcumé-niques des adventistes du début. La luttecontre l’esclavage, pour la tempéranceet pour la liberté religieuse étaient desefforts visant à protéger et à réhabiliterle pauvre, le faible, le jeune et le margi-nalisé. Il est nécessaire de le rappeleraux adventistes pour les inspirer à nou-veau en faveur de ce genre d’engagementœcuménique pour la société.

Les éléments négatifs de l’œcuménismeIl y a aussi eu des limites dans l’œcu-

ménisme des premiers adventistes, enparticulier à propos d’un œcuménismeidéologique plus formel. L’un des exemplesles plus clairs de cette réserve a été laconférence mondiale missionnaired’Edimbourg (Écosse) en 1910. Des ad-ventistes y ont assisté et participé à cesdébats, mais ont refusé d’adopter la di-vision du champ missionnaire entre lesdifférentes dénominations 7.

Ce refus de coopérer dans les missionspeut paraître étroit, sectaire, voire arrogant,

gulièrement avec d’autres groupes chré-tiens. D’autres chrétiens peuvent s’ar-ranger à propos de la liturgie, du rituel,de la musique et de l’homélie pour par-venir à adorer à l’aise ensemble. Maisl’un de nos engagements essentielspour le culte est qu’il a lieu un jour oùtrès peu d’autres chrétiens adorent. Enbref, on peut s’adapter à des occasionsspéciales. Nous pouvons participer auculte le sabbat comme le dimanchepour des événements particuliers, oubien les autres peuvent nous rejoindrepour les samedis. Mais cela constitueun réel problème pour des relations fra-ternelles à long terme, car la plupart desgens ne peuvent prendre le temps d’as-sister à des services de culte à la fois lessamedis et les dimanches.

Deuxièmement, notre observation dusabbat nous a rendus très sensibles à lasituation des minorités religieuses quiont été persécutées pour des croyancesqui sortaient du courant majoritaire. L’an-tisémitisme a une longue et malheureusehistoire en Europe et en Amérique etsouvent, la cible de la critique a inclusla pratique du respect du sabbat.

Après le début de la Réforme, les lu-thériens, les calvinistes et les catholiquesse sont unis pour persécuter et mettre àmort les anabaptistes à cause de leurscroyances minoritaires. Certains anabap-tistes observaient le sabbat et ont étépersécutés à cause de cette pratique. Àla fin du XIX e siècle, en Amérique, les ad-ventistes ont reçu des amendes et certainsont été emprisonnés pour violation deslois du dimanche 8. On pensait que lapression forcerait les groupes minoritairesà accepter les croyances de la majoritéou, peut-être, à minimiser leurs croyances,différentes de celles de la majorité. Àcause de cette histoire, lorsque des chré-tiens de différents groupes se rassemblentet proposent de s’unir sur des pointscommuns, les adventistes deviennentpeureux.

En effet, les adventistes croient que laprophétie annonce qu’à un moment dufutur, certaines pratiques du culte de lamajorité seront imposées par la loi. Nous

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sommes donc très sensibles, peut-êtreà certains moments trop sensibles, etnous projetons sur le désir de recherched’unité l’intention de minimiser les dif-férences doctrinales ou théologiques.Nous avons des croyances qui incluentle sabbat, et l’histoire montre que cescroyances risquent d’être minimisées.

Troisièmement, nous pensons qu’il ya une autorité théologique inhérente ausabbat. Nous croyons que le sabbat n’estpas un simple jour de la semaine maisqu’il est une expression de l’autorité ai-mante de Dieu. Le sabbat nous rappelleque Dieu nous a créés pour aimer. Ilcommémore, d’une manière unique, sonautorité de Créateur. Comment le sabbatest-il un rappel unique de cette autorité?La société civile reconnaît la validité decertains des dix commandements sansrecourir à la Bible, par exemple elle ades lois contre le vol, le meurtre et l’adul-tère. Mais on ne peut reconnaître lesabbat du septième jour que par le com-mandement spécifique donné par Dieu.

La physiologie peut nous révéler queles humains fonctionnent mieux et sonten meilleure santé avec un jour de repossur sept 9. Mais elle ne peut pas nousdire que le meilleur jour pour se reposerest le septième. Ainsi, respecter la saintetédu samedi constitue une marque spécialede soumission à l’autorité aimante deDieu. Dans le sabbat, la création, l’amouret l’autorité convergent dans un cultequi a du sens.

Les adventistes ne croient pas êtresauvés par le sabbat du septième jour.Mais nous croyons que l’observer consti-tue une reconnaissance spécifique del’autorité aimante de Dieu par rapportaux autorités humaines, comme la tra-dition, le magistère ou la pensée majori-taire. L’œcuménisme idéologique a ten-dance à dire, au moins en pratique, quece qui est important pour la majorité de-vrait l’être pour tous. De cette façon,l’autorité du groupe tend à déterminerquelles sont les doctrines importanteset comment on les définit.

N’est-ce pas ainsi que toute déclarationde foi est formulée? C’est vrai, maispour les adventistes, l’engagement detraiter les Écritures comme l’autoritéultime demeure. Elles sont la norme parlaquelle les autres prétentions de laraison, de l’histoire ou de l’expériencedoivent être évaluées. En observant au-jourd’hui les dénominations chrétiennes,nous constatons une grande variété d’ap-proches concernant l’autorité doctrinale.Il y a différentes conceptions à proposdu rôle de la tradition, de l’importanced’un magistère et de méthodes d’étudede la Bible, telle que la méthode de lahaute critique, et tout cela se situe, pourles adventistes, en-dessous de l’autoritéde l’Écriture.

Pour les adventistes du septième jour,l’autorité ultime de Dieu s’exprime dansla Bible par le Saint-Esprit pour une com-munauté engagée à respecter le mé-morial hebdomadaire de cette autorité.Ceci nous rend peu enclins à nousjoindre pleinement aux groupes qui pla-ceraient l’autorité ultime soit dans destraditions, des crédos ou une prêtrise etun magistère, ou toutes autres sortesd’opinions majoritaires au sein de lachrétienté.

ConclusionNous pouvons applaudir le mouvement

millérite, en tant qu’exemple d’un mou-vement œcuménique vraiment biblique.Il était fondé sur la poursuite de la véritébiblique, avec un engagement enversson autorité ultime réalisée par le Saint-Esprit au sein d’une communauté decroyants. Nous croyons qu’un tel mou-vement œcuménique universel se re-produira avant le retour du Christ et qu’ilrassemblera « toute nation, toute tribu,toute langue et tout peuple» (Apocalypse14.6). Nous prions pour que mon Église,votre Église et de nombreuses autresÉglises puissent avoir l’humilité et l’amourde faire partie de ce mouvement. En at-tendant, nous devrions partager nos donsaccordés par Dieu et nos perceptionsles uns avec les autres sans chercher

une unité superficielle ou de surface,mais en laissant l’Esprit nous guidervers une unité authentique fondée surla Bible et réalisée par le Seigneur.

1. Ce que croient les adventistes. 28 vérités bi-bliques fondamentales. Dammarie-les-Lys : édi-tions Vie et Santé, 2011, p. 194. 2. Idem.3. Ellen White. Évangéliser. Dammarie-les-Lys :éditions Vie et Santé, 1986, p. 214. 4. Dans son livre, Messenger of the Lord : TheProphetic Ministry of Ellen G. White, Nampa,ID: Pacific Press, 1998, Herbert E. Douglassdécrit la carrière d’oratrice d’Ellen White devantdes auditoires non adventistes. Au chapitre 12,« The Sought-for Speeker » (L’orateur recherché),Herbert Douglass donne des détails sur les au-ditoires de dizaines de milliers de non adventistesauxquels elle s’est adressée. Dans une sectionintitulée « Non-Adventist Audiences » (les au-ditoires non adventistes), il cite des documentsqui montrent qu’elle a prêché dans des églisesnon adventistes. Dans une lettre de son filsEdson White, écrite le 1er janvier 1900, elle luidemandait de lui envoyer en Australie « quatreou cinq volumes » de commentaires bibliquesécrits par l’exégète presbytérien Albert Barnes,l’un des plus populaires commentateurs pro-testants du XIXe siècle. Dans la lettre, elleaffirme que ces livres sont parmi ses « meilleurslivres ». Voir Ellen White, Lettre numéro 189,1900.5. Ellen G. White, Counsels for the Church.Nampa, ID : Pacific Press, 1991, p. 313.6. Voir Ellen White, Le grand Espoir (édition in-tégrale). Dammarie-les-Lys : Éditions Vie etSanté, 2012, p. 443.7. Voir F.L. Cross et E.A. Livingstone, éditeurs,The Oxford Dictionary of the Christian Church.Oxford : Oxford University Press, 2005, article“Edimburgh Conference”; et George Knight,dans l’introduction à Historical Sketches of Fo-reign Mission. Berrien Springs, MI : AndrewsUniversity Press, 2005, p. XVIII-XXVI.8. Concernant les anabaptistes qui ont gardéle sabbat et leurs persécutions, voir George H.Williams, The Radical Reformation. Kirksville,MO : Truman State University Press, 2000, p.272 ; Bryan W. Ball, The Seventh-Day Men.Oxford : Clarendon Press, 1994, p. 37 ; W.L.Emmerson, The Reformation and the AdventMovement. Hagerstown, MD : Review and Herald,1983, p. 73-75 ; pour des descriptions d’ad-ventistes du septième jour arrêtés au XIXe siècle,condamnés et emprisonnés pour leur obser-vation du sabbat, voir William A. Blakely, AmericanState Papers and Related Documents on Free-dom in Religion. Washington, DC : Review andHerald, 1949, p. 457-512.9. Neil Nedley, Proof Positive. Armore, OK : NeilNedley, 1999, p. 504.

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Préparer le terrainUn des problèmes auquel la jeune

Église a été confrontée venait de ju-déo-chrétiens venus de Judée à Antiocheet qui enseignaient, « Si vous n'êtes cir-concis selon le rite de Moïse, vous nepouvez être sauvés » (Ac 15.1).2 Lucrapporte que, pour répondre à cet en-seignement, « Paul et Barnabas eurentavec eux un débat et une vive discussion;et les frères décidèrent que Paul et Bar-nabas, et quelques-uns des leurs, mon-teraient à Jérusalem vers les apôtres etles anciens, pour traiter cette question »

(v. 2). Arrivés à Jérusalem, Paul et Bar-nabas firent un rapport à l’Église et àses dirigeants de Jérusalem sur ce queDieu avait fait par eux pour convertirdes païens (v. 3,4). Mais «alors quelques-uns du parti des pharisiens, qui avaientcru, se levèrent, en disant qu'il fallaitcirconcire les païens et exiger l'obser-vation de la loi de Moïse » (v 5).

Ainsi, les questions fondamentalesaffrontées par la jeune Église au Concilede Jérusalem avaient deux aspects :(1) Les païens devaient-ils devenir juifsafin de devenir chrétiens ? (2) Quelles

pratiques juives, en plus de la loi moraledes Dix Commandements, étaient exi-gées pour ces païens ? Ellen G. White arésumé le problème : « Les Juifs géné-ralement avaient de la peine à com-prendre les desseins de la Providencedivine… Ils étaient lents à comprendreque tous les sacrifices cérémonielsn’avaient fait que préfigurer la mort duFils de Dieu, en qui le type avait rencontréson antitype, et que désormais, les riteset les cérémonies de la dispensationmosaïque cessaient d’être obligatoires.»3

PAU L S . R AT S A R A , PhD, est président de laDivision Afrique du Sud - Océan Indien, Pretoria,Afrique du Sud.

Traiter des questionsde doctrine dans l’église

R I C H A R D M . DAV I D S O N , PhD, estprofesseur d’Ancien Testament, à la Facultéadventiste de Théologie de l’UniversitéAndrews, Berrien Springs, Michigan, États-Unis.

Deuxième partie

Le premier concile de Jérusalem, décrit dans Actes 15, a été le sujet de nombreusesétudes savantes.1 Dans cet article, nous considèrerons ces délibérations comme modèlede la manière dont la jeune Église agissait face aux questions de doctrine. Noussoutenons qu’aujourd’hui notre Église peut apprendre grâce à ce modèle commentrégler nos disputes concernant la doctrine et la pratique.

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Une assembléede déléguésreprésentatifsde l’églisePour répondre à la question théolo-

gique en débat concernant la relationdes païens avec la loi cérémoniellejuive, « les apôtres et les anciens seréunirent pour examiner cette affaire »(v 6). Ce verset mentionne spécifique-ment les « apôtres et les anciens » quise sont réunis avec Paul et Barnabas etles délégués de l’Église d’Antioche,mais le verset 12 parle de « toute lamultitude/l’assemblée (plethos) » et leverset 22 des « apôtres et anciens, avectoute l’église. » Ellen G. White préciseque cette assemblée incluait des « dé-légués des différentes communautés,ainsi que ceux qui y étaient venus pourassister aux fêtes prochaines. » 4 Elleécrit également : « à Jérusalem, les dé-légués d’Antioche rencontrèrent lesfrères des différentes églises qui s’étaientréunis pour la grande assemblée. » 5

On trouve ici un modèle qui donneune justification biblique à la déclarationd’Ellen G. White concernant l’autoritéde la Conférence générale des adven-tistes du septième jour en session plé-nière : « Dieu a prévu que les représen-tants de son église de toutes les partiesdu monde, réunis en assemblée géné-rale, détiennent une autorité. »6 Demême, le principe de réunir des déléguésreprésentatifs en assemblée pour exa-miner une question théologique, s’ap-plique aussi aux rencontres tenues àl’échelle régionale et dans un contextemoins formel que la Conférence généraleen session.

Discussion francheet vive et exposés pour clarifierAu concile de Jérusalem, dans Actes

15, il y a eu beaucoup de « disputes »(KJV, NKJV), de « débats » (ESV, NASB),ou de « discussions » (NIV) (v. 7). Lemot grec zètèsis, dans le contexte de

ce verset, fait probablement référenceà « la prise de parole dans une discussioncontroversée, un débat, une argumen-tation, » mais le terme peut aussi dési-gner « la recherche d’informations, l’in-vestigation» (comme par exemple dansAc 25.20).7 Ellen G. White dit que laquestion de base « fut chaudement dé-battue par l’assemblée. » 8

Avec la discussion énergique, le débat,l’argumentation, et/ou l’enquête, Pierrefait un exposé de sa propre expérienceet de sa perspective théologique. Il faitallusion à sa rencontre avec Corneille(décrite dans Actes 10), où Dieu lui-même a conduit les païens à entendreet accepter l’évangile qu’il a prêché.Pierre « a affirmé que Dieu ayant crééun tel précédent au sein de la missionjudéo-chrétienne 10 ans auparavant –même si cela n’avait pas été reconnucomme tel par l’église – Dieu avait déjàmontré son approbation en faveur del’évangélisation des païens. Ainsi l’ap-proche de Paul envers les païens nepouvait être décrite comme une déviationde la volonté divine. » 9 Pierre a demandéaux délégués du concile : « Maintenantdonc, pourquoi tentez-vous Dieu, enmettant sur le cou des disciples unjoug que ni nos pères ni nous n'avonspu porter ? » (Ac 15.10)10. Et il a conclupar cette déclaration théologique : «Maisc'est par la grâce du Seigneur Jésusque nous [les juifs] croyons être sauvés,de la même manière qu'eux » (v. 11).

Une discussion énergique, une en-quête sérieuse et des exposés d’argu-ments, bref une lutte commune sur desquestions théologiques controversées,sont aussi appropriées aujourd’hui dansnos sessions prévues pour, qu’au concilede Jérusalem.

Rapports personnelset témoignagesde l’activitédu Saint-EspritSelon Ac 15.12, après l’exposé de

Pierre, « toute l'assemblée garda le si-

lence, et l'on écouta Barnabas et Paul,qui racontèrent tous les miracles et lesprodiges que Dieu avait faits par euxau milieu des païens. » Une partie im-portante du concile de Jérusalem a étéd’écouter les rapports décrivant en détailles miracles du Saint-Esprit à traversBarnabas et Paul parmi les païens. 11

De même aujourd’hui, en abordantnos controverses doctrinales, nous de-vons présenter des rapports et des té-moignages personnels concernant lesactions du Saint-Esprit à travers desdélégués ou d’autres personnes et quisont liés au sujet discuté.

Cependant le rapport de l’activité duSaint-Esprit n’a pas clos les travaux duconcile de Jérusalem. La phase suivante,souvent négligée dans la plupart desdiscussions sur Ac 15, est peut-être lapartie la plus importante du processus.

Mise à l’épreuve et vérification par le témoignage des ÉcrituresOn a parfois affirmé qu’Ac 15 présente

un modèle d’autorité ecclésiale danslequel l’Église, fortifiée par la liberté del’Esprit, est capable de faire appel autémoignage de l’Ancien Testament (AT)et de choisir les parties de l’AT pertinentespour la situation en cours. Puis, avec lamême autorité de l’Esprit, de passerpar-dessus d’autres portions de l’AT quine sont plus applicables, et mêmeajouter des nouvelles stipulations quine se trouvent pas dans l’AT. Autrementdit, l’Église du Nouveau Testament (NT),et par implication l’Église aujourd’hui,est supposée avoir l’autorité de rejetercertaines instructions de l’AT et d’enajouter de nouvelles pour déterminerle meilleur chemin vers l’unité.

Cependant, une telle position ne cadrepas avec Ac 15. Le concile de Jérusalema toléré des débats vigoureux (v. 7-12),mais l’élément décisif a été l’Écriture.La déclaration conclusive de Jacquesa été fondée sur une exégèse de pas-

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sages de l’AT. Amos 9.11, 12 lui a fournila réponse à la question : les païens nedoivent pas devenir juifs pour devenirchrétiens.12

Ils ont également trouvé dans Lévitique17et18 la base biblique pour déciderquelles lois cérémonielles s’appliquaientaux païens. Le lien intertextuel entre Ac15 et Lv 17.18 n’est pas immédiatementapparent. Mais après un examen plusattentif, ce lien entre les passages ap-plicables de l’AT et la situation duconcile de Jérusalem devient évident.Ac 15 fait la liste des quatre prohibitionsdonnées par le concile de Jérusalemaux pagano-chrétiens : « vous abstenirdes viandes sacrifiées aux idoles, dusang, des animaux étouffés [avec lesang coagulé et non ôté du corps]13, etde l'impudicité » (Ac 15.29). On ne peutmanquer de noter, après un examensérieux, que c’est la même liste, dansle même ordre, que les quatre prohibi-tions majeures légales mentionnéesdans Lv 17 et 18 qui s’appliquaient al’étranger aussi bien qu’aux Israélitesde naissance. Dans ces chapitres del’AT nous trouvons (1) sacrifier aux dé-mons ou aux idoles (Lv 17.7-9) ; (2)manger le sang (v.10-12) ; (3) mangerce qui n’a pas été immédiatement vidéde son sang (v.13-16) ; et (4) diversespratiques sexuelles illicites (Lv 18).

De nombreux spécialistes ont reconnuce lien intertextuel.14 Dans ce cas évidentd’intertextualité, le concile de Jérusalem,sans aucun doute, a conclu que lespratiques interdites a l’étranger non cir-concis dans Lv 17 et 18 étaient cellesqui devaient être défendues aux pa-gano-chrétiens. Ce qui était exigé despaïens étrangers dans l’AT était toujoursexigé d’eux dans le NT.

Ainsi l’Écriture a fourni la base ultimepour décider de la pratique de l’Église.Ce test ultime de la Parole de Dieu estévidemment crucial aujourd’hui pourtoute décision concernant les questionsdoctrinales.

Émergence d’un consensus conduit par l’EspritAlors que l’étude et l’application de

l’Écriture se poursuivaient, un consensusa commencé à apparaitre sous laconduite de l’Esprit et la direction desapôtres, visible dans le décret de Jéru-salem : « Les apôtres, les anciens, et lesfrères » (Ac 15.23) « nous avons jugé àpropos, après nous être réunis tous en-semble » (v. 25) ; « il a paru bon auSaint-Esprit et à nous» (v 28). Concernantle processus à ce point des délibérationsdu concile, Ellen G. White souligne« l’étude attentive » du sujet par ceuxqui étaient présents et précise : «Jacquesaussi rendit son témoignage avec har-diesse ; il déclara que Dieu désirait ré-pandre sur les Gentils les mêmes bé-nédictions et les mêmes privilèges ac-cordés aux Juifs, Le Saint-Esprit jugeaqu’il était bon de ne pas imposer la loicérémonielle aux païens convertis, etl’opinion des apôtres à ce sujet étaitconforme à la volonté divine, »15 EllenWhite continue de décrire le consensus :« L’assemblée agissait conformément àl’inspiration divine, et avec la dignitéd’une Église établie par la volonté d’enhaut. À la suite de leurs délibérations,ils furent convaincus que Dieu avait lui-même tranché la question en litige, enrépandant le Saint-Esprit sur les Gentils.Ils comprirent alors que tous devaientsuivre les directives de l’Esprit. »16

Ce consensus a été formulé parJacques, le frère de Jésus, qui présidaitle concile (v 19). L’Esprit aspire à guiderson Église aujourd’hui vers un tel consen-sus quand elle traite de controversedoctrinale, en accomplissement de lapromesse de Jésus (Jean 16.13). Ilfaut reconnaître que l’unité (consensus)du premier concile de Jérusalem ne si-gnifiait pas uniformité (de pratique). Ilest clair que le consensus atteint par lapremière Église n’était pas la conclusionqui était attendue quand le processusa commencé, mais est arrivé commeune surprise pour ceux qui étaient

concernés, alors que l’Esprit les guidaitvers une meilleure compréhension del’Écriture. L’Esprit peut très bien noussurprendre encore.

Décision formelle et diffusion de la décision du concile Le consensus atteint par le concile a

été formulé par écrit (v 23-29) et diffuséparmi les Églises (v 22,30 ; 16.4). EllenG. White montre clairement que la dé-cision concernant les questions discu-tées, une fois prise par le concile, « seraituniversellement adoptée par leséglises. »17 Il n’y a pas eu besoin d’unvote de la totalité des membres d’église :« Le corps entier des chrétiens ne futpas appelé à se prononcer sur cettequestion. Ce furent “ les apôtres et lesanciens ”, hommes d’influence et aujugement sain, qui rédigèrent et émirentle décret, accepté en général par leséglises chrétiennes. »18 En dépit dequelque résistance parmi certains ju-déo-chrétiens, « les décisions aux vueslarges et aux portées lointaines de l’as-semblée générale ramenèrent laconfiance dans les rangs des Gentils,et la cause de Dieu prospéra. »19 La ré-daction formelle et la diffusion publiquedes décisions de l’église sont applicablesaujourd’hui pour des instances commele Conseil annuel ou la Conférence gé-nérale en session.

Autorité universelle de la décision du concileCertains prétendent que la décision

du concile de Jérusalem n’a été qu’in-formative, et non pas obligatoire, dufait que Paul considérait sa règlemen-tation sur les aliments offerts aux idolescomme non applicable (1 Co 10.19-33). Mais une telle lecture néglige aussibien les données plus larges du NTque la base vétérotestamentaire de ladécision du concile de Jérusalem. Selon

TRAITER DES QUESTIONS DE DOCTRINE DANS L’ÉGLISE

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PAU L S . R AT S A R A & R I C H A R D M . DAV I D S O N

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Ac 16.4, dans ses voyages après leconcile de Jérusalem, Paul commeSilas considérait les décisions duconcile comme obligatoires : « En pas-sant par les villes, ils (Paul et Silas) re-commandaient aux frères d'observerles décisions des apôtres et des anciensde Jérusalem ».

Paul n’a pas changé sa position fon-damentale dans son conseil aux Co-rinthiens. Apparemment, il a plutôt re-connu que la raison vétérotestamentairede ne pas manger d’aliments offertsaux idoles se trouvait en Lv 17.7-9,qui défend de sacrifier de la nourritureaux démons ou aux idoles. Paul sembleavoir compris l’intention de ce passagede l’AT qui était à la base de l’interdic-tion du concile de Jérusalem, et asoutenu l’interdiction d’offrir de la nour-riture aux idoles et aux démons (1 Co10.21, 22). Il a reconnu aussi que leschrétiens grecs qui n’offraient pas per-sonnellement de nourriture aux idoles,ne s’opposaient pas aux prohibitionsde l’AT (et par conséquent, à la régle-mentation du concile de Jérusalemfondée sur ces prohibitions) s’ils man-geaient des aliments qui, sans qu’ilsle sachent, avaient été offert à uneidole (v. 25-27). De plus, dans les pa-ramètres généraux de la règlementationdu concile de Jérusalem, Paul acceptaitune différence de pratique basée surla conscience individuelle et laconscience des autres (v. 27-29).

ConclusionAc 15 révèle que l’Église, dans son

assemblée de membres représentatifs,peut s’exprimer avec une autorité quis’applique à l’ensemble de l’église dufait que cette autorité est fondée sur laParole écrite.20 Ce chapitre présenteaussi un paradigme que l’Église ad-ventiste du septième jour pourrait suivrequand elle est confrontée à des ques-tions controversées. Certains de cesprincipes s’appliquent seulement auConseil annuel ou à la Conférence gé-nérale en session ; pourtant la plupart

sont pertinents pour les rencontres àl’échelle de Divisions et autres conseilsqui affrontent des questions de doctrine.

1. Voir par exemple la bibliographie dansJoseph Fitzmyer, The Acts of the Apostles (TheAnchor Bible). New York: Doubleday, 1997, p.549, 550, 559, 560.2. Sauf indication spéciale, toutes les citationsbibliques sont tirées de la version Louis Se-cond.3. Ellen G. White, Conquérants pacifiques. Dam-marie-les-Lys : SDT, 1959, p. 168.4. Ibidem. La référence aux anciens du v.6 aété interprétée comme désignant seulementles anciens de l’église locale de Jérusalem,mais elle peut aussi inclure les anciens desautres églises locales (cf. Ac 11.30 ;14.23 ;20.17 ; 21.18, 1 Tm 5.17, Tt 1.5).5. Idem, p. 169. « L’assemblée qui trancha lecas se composait des apôtres et des docteursqui s’étaient signalés dans l’établissement deséglises chrétiennes, tant parmi les Juifs queparmi les Gentils, ainsi que des déléguéschoisis dans les différents régions. Il y avaitaussi les anciens de Jérusalem et les déléguésd’Antioche, et les membres les plus influentsdes églises. » (Idem, p. 173, 174). 6. Ellen G. White, Testimonies for the Church.Vol. 9. Mountain View, CA: Pacific Press, 1948,p. 261.7. Walter Bauer, A Greek-English Lexicon of theNew Testament. 3rd ed., ed. Frederick Danker.Chicago, MI: Chicago University Press, 2001,article zètèsis. 8. Ellen G. White, Conquérants pacifiques, p.169.9. Richard N. Longenecker, “The Acts of theApostles” in John and Acts, vol.9, The Expositor’sBible Commentary. Grand Rapids, MI: Zondervan,1981, p. 445.10. Ellen White précise : « Ce joug n’était pascelui des Dix Commandements » mais plutôt« la loi cérémonielle qui fut annulée par la cru-cifixion du Christ », Conquérants pacifiques, p.172.11. Pour des précisions sur les rapports et té-moignages et Pierre, Barnabas et Paul, voirEllen White, Conquérants pacifiques, p. 170-172.12. Pour une discussion sur la manière dontl’interprétation de Jacques est en harmonieavec Amos 9.11 et 12 dans le contexte de l’AT,voir en particulier R. Reed Leessing, ConcordiaCommentary : Amos. St Louis, MO: Concordia,2009, p. 575-578, 586-590.13. L’adjectif grec pniktos, habituellement traduitpar étouffé ou étranglé, se réfère à la situationdécrite en LV 17.13-16. Voir H. Bietenhard, TheNew International Dictionary of News TestamentTheology (NIDNTT). Grand Rapids, MI: Zondervan,

1975, vol. 1, p. 226. Article pnipktos : Le com-mandement [d’Ac 15.20, 29] remonte à Lv17.13s et à Dt 12.16, 23. Un animal doit êtretué de manière à ce que son sang, où setrouve sa vie, soit répandu. Si l’animal est tuéd’une quelconque autre façon, il a été étranglé.Cf. H. Bietenhard, pnigo, apopnigo, sunpnigo,pniktos, in G. Kittel et G. Friedrich ed., G.W. Bro-miley trad., Theological Dictionary of the NewTestament (TDNT). Grand Rapids, MI: Eerdmans,1968, vol. 6, p. 457 : « Les règles de Lv 17.13set Dt 12.16, 23 indiquent qu’un animal doitêtre mis à mort de manière à ce que tout sonsang soit évacué de sa carcasse. S’il est mis àmort d’une quelconque autre façon, il étouffe,car la vie sise dans son sang reste dans soncorps. »14. Pour d’autres points de vue et pour appro-fondir la discussion voir, Richard M. Davidson,« Which Torah Laws Should Gentile ChristiansObey? The Relationship Between Leviticus 17-18 and Acts 15. » Exposé, Evangelical TheologicalSociety, 59ème rencontre annuelle, San Diego,CA, 15 novembre 2007. Voir aussi H. Reisser,article porneuo in NIDNTT, 1975, vol. 1, p. 497-501, et F. Hauck et S. Schulz, article pornè,pornos, porneia, porneuo, ekporneuo, in TDNT,1968, vol.6, p. 579-595.15. Ellen G. White, Conquérants pacifiques, p.174. 16. Ibidem.17. Idem, p. 169.18. Idem, p. 17419. Idem, p. 17520. Ac 15 est une illustration du principe posépar Jésus à propos de l’autorité de l’Église enMt 16.19 : « Je donnerai à toi les clefs duRoyaume des cieux, et ce que tu lieras sur laterre, sera ayant été lié dans les cieux, et ceque tu délieras sur la terre sera ayant été déliédans les cieux. » (NT interlinéare grec/français).Comme Maurice Carrez le traduit correctement,le participe parfait passif des verbes lier etdélier indique que ce que l’Église décide n’estni indépendant ni arbitraire, mais ce qu’elle lieet délie dépend de sa reconnaissance de cequi a déjà été lié ou délié dans les cieuxcomme le révèle l’Esprit dans les Écritures.

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J’apprécie l’article d’Eliezer Gonzalez «Jésus et leTemple». C’est intéressant de noter que Dieu n’a donnéà Abraham, Isaac et Jacob que le sacrifice de l’agneaupour préfigurer le sacrifice du Christ pour nos péchés,comme il l’avait déjà fait pour Adam.Ce n’est pas avant que les Israélites aient passé plusde 400 ans d’esclavage, immergés dans l’idolâtrie etles rites des Égyptiens, qu’ils ont eu besoin, semble-t-il,de davantage d’illustrations que le sacrifice del’agneau. C’est une fois que Moïse est descendu de lamontagne et a vu le peuple danser autour du veau d’or,que Dieu leur a donné la belle représentation du sanc-tuaire pour illustrer l’œuvre du Christ en leur faveur parses fêtes, ses célébrations et ses rites. Je ne connais au-cune mention du temple céleste ou terrestre avant cemoment.Dans le Nouveau Testament, quand Paul écrit aux Gen-tils de Corinthe, de Galatie, d’Éphèse, de Philippes, deColosse ou de Thessalonique, il exalte le Christ Sauveursans mentionner le sanctuaire qui représentait son ac-tion. Mais quand il a écrit aux frères d’origine juive dansl’épitre aux Hébreux, il s’est fréquemment référé au ta-bernacle pour leur montrer comment Jésus a accompliles représentations du Messie qui s’y trouvent.Comme le dit Gonzalez, le Nouveau Testament se réfèreà Jésus comme le Temple (Ap 21.22 ; Jn 2.19, 21). QuelDieu merveilleux qui souhaite tant nous aider à com-prendre son grand désir de nous sauver !

Helen Fearing, courriel.

L’article «Jésus et le Temple» d’Eliezer Gonzalez,est une contribution de valeur sur le sujet du sanc-tuaire. Cependant, à un moment, il reflète malheureu-sement une mauvaise compréhension d’Hébreux10.19 et 20, en suggérant que le «voile» est «un as-pect physique du sanctuaire céleste [qui] est identifiéau corps du Christ lui-même». Plusieurs articles de spé-cialistes ont démontré clairement que le voile n’est pasidentifié au corps du Christ dans ce passage, mais quele sang/corps du Christ est le nouveau chemin vivantqui pénètre au-delà du voile qui sépare l’homme deDieu (voir par exemple la Revised English Bible, 1989).

Johan A. Japp, Helderberg College, Western Cape,Afrique du Sud.

COURRIER DU LECTEURVous réagissez aux articles de «Ministry®»

Je viens de prendre connaissance de l’article du Dr. Reinder Bruinsma dans le Ministry® du deuxième tri-mestre 2013. Cet article m’a fait du bien et je me suis ré-galé à sa lecture. Notre frère a une saine vision de l’Égliseet des conditions de son développement, ceci dans l’Espritet la fidélité à la Parole de Dieu. Je ressens douloureusement le sectarisme rampant quis’insinue dans notre Église et l’ouvre ainsi à une critiquelégitime de la part de ceux, de tous bords, qui œuvrentpour une unité du peuple de Dieu, unité fondée sur le res-pect réciproque et la prise en compte des valeurs de cha-cun. Oui nous avons reçu un message; oui nous avons unemission particulière, l’un et l’autre doivent se prêcher, nonpas contre, mais avec un véritable esprit œcuménique. Cetesprit œcuménique n’est pas une concession à la fidélitéà l’Écriture, ni un aveu de faiblesse, mais un impératif divin.Grâce aux connaissances accumulées dans toutes les dis-ciplines théologiques et historiques, de même que dansles sciences humaines, nous disposons de valeurs quin’ont jamais été aussi larges et approfondies. Ces valeurs,bien comprises et utilisées à bon escient, viennent docu-menter et enrichir notre compréhension de la Bible et ainsielles nourrissent notre foi en Dieu. Elles la rendent égale-ment plus crédible aux yeux des âmes sincères qui, detous horizons, recherchent, parfois désespérément, des rai-sons de croire.Certes on ne manquera pas d’être attentif et en gardecontre les multiples pièges que toutes connaissances por-tent naturellement en elles, pour ne pas parler des pseudosconnaissances. Le discernement, l’humilité, faisant partieintégrante du message chrétien, l’Esprit de Dieu nous ac-cordera dans la prière l’attitude juste. Le discernement desesprits est une promesse que Dieu donne à toute personnesincère et consacrée. A contrario, le recours à une certainetradition figée, réactualisée par un dogmatisme étroit etdes ajustements cosmétiques, le tout asséné par un auto-ritarisme suspect, nous conduiront immanquablementdans le mur.Merci donc d’avoir publié l’article en question. Que Dieubénisse ce frère et vous bénisse tous vous qui avez la mis-sion de publier des articles destinés à soutenir la foi enDieu. Cette foi est soumise aujourd’hui comme toujours àrude épreuve. Puissent également certaines publicationsouvrir les yeux de ceux qui demeurent disponibles à uneécoute active et fidèle de la Parole en cet an de grâce2013.

Michel Burnier, pasteur adventiste retraité, Suisse

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S TA N L E Y E . PAT T E R S O N est directeuret professeur au Département du MinistèreChrétien, de la Faculté adventiste deThéologie de l’université Andrews, à BerrienSprings, Michigan, États-Unis.

bien où que ce soit. Dans aucune activitéde l’œuvre, un homme seul ne doit avoirle pouvoir de tenir la barre. Que Dieu l’enempêche1.» Ce mode monarchique étaitcompatible avec le comportement desdirigeants dans les affaires du monde, ladirection militaire et la gestion d’organi-sation, où des attitudes de commande-ment et de contrôle étaient attendues.Imposer ce mode à l’Église et ses institu-tions a eu pour résultat un comportementabusif envers les personnes, et suscité lecommentaire suivant : « Dans le passé,l’œuvre du Seigneur a été trop souventmenée en fonction des directives d’agentshumains… Un temps de grande perplexitéet de détresse n’est pas un momentpour se précipiter et trancher le nœuddu problème. Dans une telle période, ilfaut des hommes qui ont reçu de Dieul’ingénuité, le tact, et la patience. Ilsdoivent travailler de manière à ne pas“blesser l’huile et le vin”. »2

En réaction à ce modèle monarchique,des transformations furent mises enplace au cours des premières annéesdu XX e siècle, et ceci a eu pour résultatune décentralisation de l’organisation,et une distribution de l’autorité del’Église. Les réformes mises en place

pendant la Conférence générale de1901 ont eu pour résultat une réorga-nisation du système de gouvernancedes adventistes du septième jour. Lecorps des membres a été réorganiséde manière à constituer une autoritéecclésiale représentative plutôt qued’être les sujets de dirigeants autoritaires.L’accent a été mis sur l’autorité spirituellede ce corps, et un système bien définide délégation de l’autorité a été établi.Dans ce système représentatif de gou-vernance, l’autorité émanait clairementdu corps. Des barrières pour limiter lepouvoir des individus et des niveauxd’organisation ont été établis commeprotection contre le retour d’un pouvoircentralisé et d’une autorité abusive.

Alors que l’Église progressait au coursdu XX e siècle, la structure et le fonction-nement de l’organisation ont de plus enplus souffert de l’influence du modèleoccidental des affaires, ainsi que du mo-dèle présidentiel de la société. Les diri-geants sont devenus des exécutifs, leprésident a été élevé au rang de chefexécutif, les pasteurs sont devenus desemployés, la gestion de commandementet de contrôle est devenue une pratiquecourante dans la direction de la mission

Comment notre Église mondialedoit-elle être dirigée? Quel mo-dèle utilisons-nous pour gou-

verner une Église aussi grande que cequ’est devenu le mouvement des ad-ventistes du septième jour? La tendancea été de diriger l’Église selon ce quel’on appelle le mode entreprise. L’objetde cet article est d’analyser cette tendanceà considérer l’église selon le mode en-treprise, et de montrer quatre des consé-quences potentielles de ce mode.

L’Égliseet le mode entrepriseQuand l’Église adventiste du septième

jour est sortie du XIXe siècle, elle a étéconfrontée à la nécessité de changerson organisation. Des dysfonctionnementsadministratifs, généralement qualifiés«pouvoir monarchique», avaient émergéen l’absence de structures qui soutien-draient les valeurs théologiques associéesà la direction chrétienne. La déclarationsuivante d’Ellen White est typique decette époque : «L’intelligence d’une per-sonne ne peut devenir une force decontrôle telle qu’un seul homme détien-drait l’autorité d’un roi, à Battle Creek ou

Tendancesqui confrontentles dirigeantsspirituels adventistes

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Nos procédures de délégation, sur les-quelles repose la force du modèle re-présentatif, doivent être mises à jourpour s’assurer que les délégués ne votentni ne se concertent dans l’ignorance.Les délégués devraient recevoir des in-formations concernant tous ceux qu’onleur demandera de considérer commeéligibles, ainsi que sur les questionsqu’on leur demandera d’examiner. L’igno-rance des membres a été un facteurprincipal du passage de l’Église primitived’un système d’autorité distribuée à unmodèle 3 qui concentrait toute l’autoritésur une personne. Écouter et s’assurerqu’une assemblée administrative estbien informée est de la responsabilitéde l’organisation de l’Église, et reste unenécessité critique, si nous devons main-tenir un système représentatif de gou-vernance, solide et efficace.

Augmentationde la distance relationnelleL’augmentation progressive de la dis-

tance relationnelle entre les dirigeantsde la dénomination et le corps est étroi-tement liée au désengagement deslaïcs. Pour beaucoup de membres etde pasteurs, les organisations et les di-rigeants au-dessus de la Fédération lo-cale ou de la Mission sont très distants.Le lien entre leurs décisions et la vie dumembre est devenu si vague que cesorganisations et leurs dirigeants n’ontque peu ou pas de lien relationnel avecles membres. De même, il n’y a quepeu de relation significative entre l’Égliselocale et ce qui se passe aux niveauxde l’Union et de la Division.

Cette coupure relationnelle dans uneorganisation conçue non comme uneentreprise avec des structures decontrôle, mais plutôt comme bâtieautour d’un modèle relationnel, posela question : Qui suit l’orientation donnéepar les organisations supérieures ? Sile membre ordinaire perçoit que lastructure au-dessus du niveau de laFédération ou Mission a peu d’impact

sur sa vie, la relation a besoin d’êtrerétablie, que la perception du membresoit correcte ou non.

La décision prise lors de la 52e session(1975) et publiée en 1980 4, de retirerles pasteurs consacrés des assembléesd’Union a eu une conséquence inatten-due. Jusqu'en 1980, tous les pasteursconsacrés étaient membres de droit desassemblées de leur Union; l’effet immédiatétait qu’un groupe important représentaitclairement l’Église locale, et sa voix étaitentendue dans les sessions administra-tives aussi bien que dans les Églises lo-cales à leur retour. Ce renvoi des pasteursen bloc (ceux qui servent dans lescomités exécutifs, ou qui sont élus commedélégués, continuent de participer auxassemblées d’Union) a contribué à aug-menter la distance relationnelle depuisce temps-là.

De même, les pasteurs étaient tradi-tionnellement invités aux précessionspastorales de la Conférence générale,où le lien et des relations étaient établiset renouvelés entre l’organisation et lepasteur local. Cet événement de pré-cession a été supprimé avant 2005 afinde permettre à chaque Union de la Divi-sion nord-américaine d’organiser sa pro-pre formation pastorale. Là encore le ré-sultat imprévu a été une perte de lien etde présence, et une augmentation de ladistance relationnelle entre le pasteur etl’Église locale et les plus hauts niveauxde l’organisation de l’Église, dirigeantsaussi bien qu’institution.

À tous les niveaux de l’Église les diri-geants doivent insister sur le tissu rela-tionnel qui nous unit, et réduire la distancerelationnelle entre les membres et lesdirigeants. De manière générale, lesmembres ne connaissent pas leurs diri-geants et perçoivent que les décisionset orientations des niveaux plus élevésn’ont qu’un effet marginal dans leur vieet dans l’Église. L’Église n’a pas été bâtiesur un mode de commandement et decontrôle, mais sur un réseau de relationsgouvernées par la voix commune ducorps dirigé par l’Esprit. Pour faire fleurircette relation, les dirigeants ne doiventpas simplement parler au corps de

de l’église. Du même coup, l’autoritéfonctionnelle est graduellement passéedu peuple aux dirigeants suite à l’aug-mentation du nombre des membres, ladiminution du taux de délégués par rap-port au nombre total des membres, l’aug-mentation des mandats entre les as-semblées, et le désir de simplement ex-pédier les affaires courantes. Le sentimentque les niveaux inférieurs de l’organisationdoivent rendre compte aux niveaux su-périeurs a commencé à émerger plutôtque de voir les niveaux inférieurs coopéreravec les niveaux supérieurs, et rendredes comptes devant les assemblées quiles ont élus. Le système représentatif,qui fut conçu comme une hiérarchied’ordre plutôt que de pouvoir, continuede fonctionner comme modèle adventiste,mais avec une efficacité réduite.

Voici les conséquences de ces chan-gements (ainsi que des solutions pos-sibles).

Faire tairela voix du peupleLa voix représentative du peuple est

de plus en plus silencieuse, ce quiproduit un désengagement des laïqueset du pasteur local dans la gouvernancede l’Église. C’est en particulier le casdans le monde occidental développé.Les efforts pour réengager les laïcs etleur donner du pouvoir n’ont qu’un effetmarginal. L’implication, l’engagementet la passion sont inextricablement liésau sentiment d’être partie prenantedans le processus de décision. Mais cesentiment est graduellement passé duniveau du membre individuel à celuidu corps de l’Église.

Des millions de dollars sont dépenséspour des medias qui permettent a l’Églisede s’exprimer, périodiques, livres, télévision,radio, sites internet et satellites; malheu-reusement, l’Église organisée investit peupour augmenter sa capacité à écouterde manière crédible. En conséquence,l’Église organisée doit trouver un moyend’écouter de façon à revigorer la voix dela base ; et en conséquence, le sentimentd’être partie prenante grandira.

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doivent aider l’Église à se rappeler quec’est l’église/corps qui a créé l’église/or-ganisation pour les besoin du corps.Tous les dirigeants tirent leur autorité ducorps, et exercent l’autorité qui leur estaccordée pour un temps et un espaceen tant que serviteurs du corps.

Ce concept peut être théoriquementvérifié par cette question : si un désastremondial, naturel ou provoqué par leshommes, avait pour conséquence l’ef-fondrement des systèmes qui soutiennentnotre organisation (transport, finances,communications, etc.) aurions-nous tou-jours une Église? Réponse: oui, maissans l’avantage et la bénédiction d’uneorganisation dirigée professionnellement.Le corps existerait toujours, et le corpsc’est l’église.

Pour surmonter ce défi, les dirigeantsdoivent éviter intentionnellement toutedirection ou gouvernance qui utilise lesméthodes épiscopales. Le modèle re-présentatif qui permet à la voix de l’en-semble du corps d’être entendue, doitêtre géré par des serviteurs de l’organi-sation de façon à nous éloigner du modeentreprise, et à nous ramener dans lasphère du service par une collectivité depersonnes conduites par l’Esprit.

ConclusionLa question discutée dans cet article

représente la compréhension d’unhomme. Certains éléments de ce qui aété présenté sont soutenus par la re-cherche récente, mais d’autres ont peut-être besoin d’être confirmés ou rejetéspar une recherche sérieuse. Une sourceinfaillible suggérerait que tout doit êtreétabli en présence de deux ou trois té-moins. Peut-être que l’on pourrait élargirce concept et demander au corps descroyants leur témoignage concernantles questions soulevées ci-dessus.

1. E. G. White, Manuscript Releases, vol 4. Wash-ington DC: White Estate, 1990, p.292.2. Idem, p. 291.3. Ellen G. White, From Here to Forever. MountainView, CA: Pacific Press, 1982.4. General Conference of Seventh-day Adventists,NAD Constitution, Bylaws and Working Policy.Washington, DC: General Conference of Se-venth-day Adventists, 1980.

l’Église, mais aussi l’écouter intention-nellement.

Les pasteurscomme employésLe modèle entreprise a donné comme

résultat des «administrateurs» et des«employés». Les pasteurs sont officiel-lement nommés employés. Cette no-menclature satisfait le modèle entreprise,mais décrit-elle la volonté de Dieu pourl’Église? Examinez la question au niveaudu salaire du pasteur. En tant qu’employé,le pasteur est payé pour les services deson ministère ; à l’origine de notre Église,le pasteur était payé afin qu’il puisserendre le service de son ministère. Dansce contexte-là, le service du pasteurn’était pas rattaché à une transaction fi-nancière pour ses services; l’engagementpastoral se poursuivait quelle que soit larémunération. La désignation d’employésuppose une relation transactionnelleentre le salaire et le service. Cette diffé-rence subtile détermine si le pasteur sesent appelé, ou accomplit simplementle plan de l’organisation, se voit commemercenaire ou berger.

Le danger que doivent traiter les diri-geants est la tendance pour les pasteursde tendre vers un comportement d’em-ployé, qui peut être caractérisé par unecontribution marginale, une créativitémédiocre, et un travail servile plutôtqu’engagé. Redéfinir le pasteur commeprofessionnel plutôt qu’employé peutpermettre de rétablir le sentiment d’avoirune vocation, et de revigorer la créativiténécessaire pour faire face aux défis spé-cifiques du ministère local.

Qu’est-ce que l’église?La perception courante parmi les ad-

ventistes du septième jour est que l’Égliseest le système organisé en Fédération,Union, Conférence générale et ses Divi-sions. La structure administrative del’église a largement remplacé l’idéed’une collectivité de membres nés etliés par le Saint-Esprit en un corps quivit et représente Jésus, et qui est mandatépour remplir sa mission. Les dirigeants

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S TA N L E Y E . PAT T E R S O N

L es paroles de Jésus, « vous serez mestémoins à Jérusalem, dans toute la

Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémitésde la terre » (Ac 1.8, Semeur), représentaientun défi majeur pour les disciples au premiersiècle. Au XXIe siècle, nous sommes confrontésau même défi. L’Église du Nouveau Testamentsemble avoir fait face à une tâche impossible.Cependant, remplie du Saint-Esprit, l’Églisea connu une croissance explosive (Ac 2.41;4.4; 6.7). Ces premiers chrétiens partageaientleur foi partout où ils allaient (Ac 5< ;42).

L’effusion du Saint-Esprit à la Pentecôte du-rant la pluie de la première saison n’était quele prélude de ce qui est à venir. Dieu a promisde déverser son Saint-Esprit en abondancedans les derniers jours ( Jo 2.23; Za 10.1). Laterre sera remplie de sa gloire. L’œuvre de Dieusur la terre se terminera rapidement (Mt 24.14;Rm 9.28).

Les membres de l’Église primitive se virentconfier une responsabilité sacrée. Ils devaientêtre les exécuteurs testamentaires du Christ,qui léguait au monde le trésor de la vie éter-nelle. Les croyants de tous les âges partagentl’héritage donné aux premiers disciples. Dieudésire que chaque croyant soit un exécuteurtestamentaire de la volonté du Sauveur. Noussommes ranimés pour témoigner, et en témoi-gnant, nous sommes ranimés.

Aujourd’hui, le monde attend le messagede Dieu pour l'humanité, la vérité présente.Dieu rassemble son peuple à travers le mondepour un mouvement final, l’apogée de l'his-toire de la terre. Il déversera son Esprit sur euxet ils utiliseront leurs dons pour proclamer laBonne Nouvelle. Les chapitres les plus glorieuxdu livre des Actes seront bientôt écrits.

–Robert COSTA est secrétaire adjoint de l’associationpastorale de la Conférence générale de l’Église ad-ventiste du septième jour, Silver Spring, MD, États-Unis.

Ranimés

revivalandreformation.org

pour témoigner

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C U RT I S R I T T E N O U R , MDiv, est consultantau « Centre pour un ministère créatif », de laDivision nord-américaine pour aider àreprendre contact. Il vit à Mead, dans l’État deWashington, aux États-Unis.

Personne ne veut être un projet. Vousne pouvez pas aimer les autres de ma-nière efficace. S’intéresser aux autresest quelque chose qui jaillit du cœur etremplace tous les plans bien pensés,savants et stratégiques. Il y a une placepour les systèmes, mais parfois, les mé-thodes font obstacle au simple regardvers l’autre qui dit : « Je me soucie devous. »

Les pasteurs et les membres qui ontle don de l’organisation hésitent à mettrede côté les formules quand il faut fairele travail. Or, trop souvent, j’ai découvertque les gens qui ne vont plus à l’églisese méfient des visites organisées et sontsceptiques face aux actions pour les« ramener» à la bergerie. Les relationsprennent du temps. Comme Don Gray,un pasteur spécialisé dans la reprise decontact avec les membres absents, avaitl’habitude de dire : «plus longtemps ilssont partis, plus de rencontres serontnécessaires pour renouer les liens».

Si nous voulons reprendre contactavec les membres absents, nous devonsprier pour que nos cœurs puissent véri-tablement être sensibles aux autres. Nousdevons amener nos membres à montrerde la sympathie sans vouloir « soigner »les membres qui ne sont plus là. Nousferions mieux de soigner notre façond’aimer les autres sans chercher à êtreefficace ou à réussir. Cette recherche secentre davantage sur nous, tandis qu’unamour désintéressé se tourne vers lesbesoins des autres.

J e ne suis pas un projet ! » dit lafemme en foudroyant du regardSamantha 1, de notre équipe du

ministère en faveur des membres absents.«Cessez de me déranger ! » Sur ce, elleferma la porte. Samantha se tint là uninstant, sur les marches froides, puis, re-partit lentement, les larmes aux yeux.Elle eut ces mêmes larmes en partageantson expérience avec notre groupe lesabbat suivant, après le culte.

Samantha raconta sa rencontre. «Ellem’a demandé pourquoi les gens del’église venaient chez elle chaque se-maine. Je lui ai expliqué que nous avionscréé un nouveau ministère appelé “ProjetAmour” pour atteindre les membres quenous n’avons pas vu à l’église récem-ment. » C’est là qu’elle est partie auquart de tour. « Le nom de notre ministèrelui a peut-être donné l’impression qu’elleétait un projet. Comment aurais-je pumieux gérer cette situation?»

Renouer avec les membres absentsest un défi pour l’Église adventiste duseptième jour. Selon certaines estima-tions, il y aurait plus d’un million d’an-ciens membres, seulement dans la Di-vision nord-américaine. 2 Tout commeSamantha, de nombreux pasteurs etmembres se demandent comment mieuxfaire face aux obstacles à la reprise decontact avec ceux qui faisaient autrefoispartie de la famille de l’Église. Les portesne sont pas toutes fermées; il y en aaussi qui s’ouvrent.

Après que Samantha ait partagé sonhistoire avec notre groupe, nous noussommes agenouillés et avons prié pource membre de la famille disparue etles personnes sur les registres locauxde l’Église que nous n’avions pas vudepuis longtemps. Nous avons égale-ment passé du temps à discuter de lafaçon de reprendre contact avec ceuxqui arrêtent de venir à l’église. Depuiscet incident, j’ai appris quelques leçonssur les raisons pour lesquelles les gensquittent l’Église et sur la façon de leurtendre la main, comme membres denotre famille élargie. Voici trois facteursà retenir tout particulièrement.

Les gens ne sont pasdes projetsSamantha n’avait pas l’intention d’in-

sinuer que la femme sur le seuil de saporte n’était qu’un projet. Pourtant, ilnous arrive parfois inconsciemment detraiter les autres moins comme des per-sonnes et plus comme des cas. J’aimeêtre organisé, et notre action de dix se-maines en faveur des membres absentsa été bien planifiée. Les organigrammeset les documents ont leur place, maisils ne peuvent se substituer à des cœursbienveillants envers ceux qui ont choiside ne plus venir à l’église. Ellen G.White nous encourage : « Tous ceux quis’engagent dans un travail personneldevraient prendre garde de ne pas lefaire mécaniquement. »3

PERSONNES OU PROJETS ? Reprendre contact

avec les membres absents

«

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Qui s’appropriele problème ?J’ai grincé des dents lorsqu’un membre

de mon Église a parlé des membres ab-sents. «Pasteur, nous sommes dans unpays libre. S’ils veulent partir, c’est leurchoix. Je pense que nous devrions sim-plement les laisser tranquilles.» La né-gligence est l’un des problèmes clésquand il s’agit de prendre contact avecceux qui ont pris du recul vis-à-vis del’Église. Christ n’a certainement pas priscette approche avec ceux qui ont quittéla bergerie (Lc 15.4). Paul écrit ceci:«Ainsi donc, tant que nous en avonsl'occasion, faisons du bien à tout lemonde, et en premier lieu à ceux qui ap-partiennent à la famille des croyants.»(Ga 6.10, Semeur).

Lors de séminaires en faveur des mem-bres absents, je fais faire un exercicesimple : lever la main si on connait unmembre qui ne vient pas à l’Église.Presque tout le monde réagit. Alors, jepose la question : «Combien d’entrevous avez des membres de votre famillequi ne viennent pas à l’Église?» Habi-tuellement, plus de 75% lèvent la main.Il y a beaucoup de souffrance et d’an-goisse au sein de la famille des croyants.Il ne s’agit pas seulement de théorie,mais de famille.

Dans l’Église, on trouve parfois debonnes raisons pour expliquer pourquoiles membres quittent l’Église. Beaucoupdisent que c’est pour des raisons dedoctrine ou des raisons spirituelles, maisça peut être aussi une manière de ren-forcer son propre statut. Autrement dit,« je suis OK parce que je suis toujoursdans l’Église. Eux ont un problèmepuisqu’ils sont partis. » Cette explicationégoïste enlève toute responsabilité desépaules du membre qui reste pour lamettre sur celles de celui qui quitte. Celanous empêche de voir ce que nousavons pu faire pour contribuer à ce quel’autre s’en aille.

Même si l’on ne peut pas mettre tousles anciens membres de l’Église adventistedu septième jour dans le même panier,

En fait, je ne le savais pas jusqu’à ceque, une fois assis, nous avons commencéà parler. Ils étaient mécontents parceque la commission de nomination neleur avait rien proposé pour servir dansl’Église. Ils voulaient s’impliquer, maisavaient été négligés. Nous les avons im-médiatement impliqués dans un ministèrecorrespondant à leurs dons et leurs pas-sions, et ils sont devenus très vite engagésdans l’Église.

Nous devons également, avec soin,évaluer nos propres motivations pour ra-mener les autres. Il se peut que nous nesoyons pas conscients de ce qui nousincite à essayer d’entrer en contact aveceux. Dans le livre de l’Institut Arbinger,The Anatomy of Peace: Resolving theHeart of Conflict (L’anatomie de la paix :résoudre le cœur des conflits), les auteursexpliquent comment un esprit d’auto-justification peut nous rendre inconscientsde la manière dont nous pouvons blesserles autres. «La façon la plus profonded’avoir raison ou tort… est dans notremanière d’être avec les autres. Je peuxavoir raison en surface, dans mon com-portement ou mes opinions, tout en étanttotalement dans l’erreur en profondeur,dans ma façon d'être.» 4

Enseignez à ne pas se prononcer, àne pas demander pourquoi ils sont partis.Si les gens veulent dire pourquoi ils sontpartis, laissez-les faire avec leurs mots.Sinon, montrez-leur simplement de lacompassion, quelles que soient les cir-constances qu’ils traversent dans la vie.Les gens abandonnent souvent l’Égliseen raison de la perte d’un emploi. Celapeut être une situation embarrassantepour plus d’un membre et une personnepeut se voir comme en échec total.Soyons sensibles à notre manière d’abor-der ces événements de la vie lorsquenous parlons avec d’anciens membres.

La plus grande qualitéToutes les recherches en faveur de la

reprise de contact avec les membresabsents pourraient se résumer à unequalité qui l’emporte sur toutes les autres:l’écoute empathique. Bien sûr, il y a

il y a des motifs pour lesquels les gensla quittent. Même quand certains mem-bres absents vous disent tout de suiteque la raison de leur départ est unedoctrine de l’Église, il y a souvent uneblessure à l’origine.

Ces douleurs sont souvent liées à desévénements de la vie ordinaire. Certainsfinissent l’école, déménagent, ont desenfants, ou perdent leur emploi. L’évé-nement le plus commun aux personnesqui quittent l’Église est le divorce. Unmariage qui s’écroule est compliqué etles gens ne veulent pas toujours avoir àexpliquer les choses aux membres del’Église qui posent des questions, surtoutà ceux qui veulent mener une enquête.Il devient plus facile de ne pas venir àl’église tout simplement.

Pour rejoindre la génération post-mo-derne de manière efficace, nous devonsrevenir à l’essentiel : vivre les principesbibliques, développer des amitiés au-thentiques, se soucier des besoins pra-tiques et donner aux nouveaux disciplesl’occasion de croire avec le sentimentd’appartenir à l’Église.

Le plus souvent, les raisons relation-nelles qui font quitter l’Église ne sontpas un acte de quelqu’un de l’Église. Detemps en temps, on accuse le pasteurou un autre membre, souvent c’est unefaçon de justifier son départ. Le plusgrand échec de l’Église est sa manièrede gérer les personnes qui s’en vont.Certains tentent de trouver qui blâmerpour le départ de quelqu’un. C’est gé-néralement une perte de temps et d’éner-gie. D’autres mettent en doute ceux quireviennent à l’Église, ce qui revient (nonintentionnellement) à les juger. Toutefois,la plupart de ceux qui quittent en doucesont tout simplement ignorés.

Une fois, j’ai visité par hasard un jeunecouple qui n’était pas venu à l’église de-puis plus d’un mois. J’étais le pasteuradjoint d’une grande Église et je n’avaispas vraiment remarqué leur absence. Jesuis donc tombé chez eux et ils m’ontchaleureusement accueilli, tout en «sa-chant» la raison de ma visite : découvrirpourquoi ils ne venaient plus à l’église.

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beaucoup d’autres qualités à apprendrepour reprendre contact avec les membresqui ont cessé de fréquenter l’Église (com-ment les trouver, le premier contact, lemoment opportun pour les inviter àrevenir à l’église, fournir un environnementsûr où ils pourront grandir), rien n’estplus important que l’écoute empathique:essayer de se mettre à leur place.

Une fois, le père d’un adolescent m’adit : « Il n’a pas été traité équitablement »Le père était un membre absent denotre Église qui s’est mis en colère,blessé, lorsque son fils a été renvoyéde l’école d’Église. « Le directeur nel’aimait pas ! » Sa femme ne fréquentaitpas vraiment l’Église non plus. L’incidents’était produit quelques années avantmon arrivée.

Je connaissais les grandes lignes del’histoire par des sources dignes deconfiance, pourtant j’ai simplementécouté. Il y a eu des moments où j’aivoulu l’interrompre pour « corriger » sonpoint de vue. Mais je disais: « Je com-prends, c’est difficile. Je suis désolé dela façon dont tout cela s’est passé. » Jen’étais pas totalement d’accord aveclui, mais je lui montrais que je compre-nais. Je lui ai fait savoir mon désird’aider de quelque façon que je le pou-vais, même si son fils était maintenanttrop âgé pour fréquenter notre école.En fin de compte, cela a permis decréer pour eux, y compris le fils, une oc-casion de reprendre contact avec l’Église.Sur le coup, j’ai pensé que mon écouten’avait pas fait de bien. J’avais sous-estimé la puissance de montrer de l’in-térêt.

Puisque la plupart des gens qui nesont plus dans l’Église ont une histoiredouloureuse à raconter, nous pourrionsleur ouvrir plus de chemins de retour àl’Église si nous reconnaissions leursblessures, même si nous doutons de laréalité des faits au sein de l’Église.Mieux vaut se contenter de dire : « Jesuis tellement désolé. Ce n’est pas re-présentatif de Dieu ou de son Église. »Des fois, il serait approprié d’ajouter :« Au nom de l’Église, je veux vous pré-

(nous n’avons plus utilisé le mot projet)et si nous avons besoin de passer plusde temps à apprendre à écouter le cœurdes membres absents, nous avons toutde même eu du succès. Nous avonscommencé nos contacts d’une manièretrès discrète et avons offert des michesde pain, des cadeaux faits par les enfantsde l’école d’Église, et d’autres objetssimples. À mesure que nous avancionsdans les dix semaines, nous avons com-mencé à partager de la littérature ap-propriée. Ensuite, nous avons invité cespersonnes à un repas ou à une activitésociale de l’Église. Après dix semainesde contact, nous les avons invités àrevenir à l’Église. Trois familles ont répondupositivement.

Une de ces familles s’était disputéeavec une autre famille de l’Église àpropos d’une propriété à louer. Les deuxparties n’avaient jamais résolu le pro-blème jusqu’à ce que l’un des bénévolesde notre ministère propose de les ren-contrer. Dans ce cas précis, la présenced’une tierce personne a amené uneguérison. Après avoir discuté pendantquelques heures, les deux couples ontprié ensemble, puis se sont serrés dansles bras. Les larmes étaient au rendez-vous. Le sabbat suivant, ils se sont mêmeassis ensemble à l’église. Je me rendscompte que certaines situations sontbeaucoup plus complexes que d’autres,mais une chose me vient en tête alorsque je repense à cette histoire : ce couplevoulait réellement revenir à l’Église. Ilfallait juste résoudre ce conflit.

ConclusionAu fil des années, j’ai découvert des

points communs aux Églises qui atteignentles membres absents de manière efficace.Premièrement, il y a un groupe qui sedédie à ce ministère. Ces membres ontsouvent suivi une formation sur la reprisede contact avec d’anciens adventistes.Ils apprennent surtout à écouter lesautres avec empathie, sans les juger.Ces groupes concernés agissent inten-tionnellement non seulement pour tisserdes liens avec les membres absents,

senter des excuses. » Un tel intérêt peutaider à guérir des blessures qui peuventdater de plusieurs décennies.

Le désespoir est un marqueur clé queles anciens membres croisent sur leurchemin hors de l’Église. Lorsque desévénements de la vie se produisent etque les gens se sentent découragés, iln’est pas rare qu’ils remettent en questionla valeur des choses spirituelles. Leschrétiens peuvent se mettre à penserque l’Église semble inutile. Personne nese soucie vraiment de moi. Lorsque cetétat d’esprit commence à s’installer, ilssont en passe d’abandonner l’Église. Sides membres aimants intercèdent enprenant conscience des difficultés de lavie et font preuve de compassion, ilsmontrent que l’Église n’est pas inutile.Ils montrent que dans la famille de Dieuon se soucie réellement les uns des au-tres. L’écoute communique de l’amour.

Encore une chose que les pasteurspeuvent garder à l’esprit quand ils écou-tent des membres absents. En tant quereprésentants de l’Église, nous pouvonsnous trouver face à la colère des gensqui se déverse sur nous et nous ébouil-lante. Il est facile de prendre ces expres-sions de haine personnellement. Je mesouviens d’un homme âgé qui pointaitson doigt vers moi en colère. Il n’étaitpas venu à l’église depuis de nombreusesannées parce que, disait-il, « Dieu apermis que ma fille meure dans un ac-cident de voiture une semaine avantson mariage. Comment puis-je adorerun Dieu comme ça?» Comme il est ten-tant, dans ces circonstances, de théolo-giser. J’étais tout simplement assis, là,les larmes aux yeux, et j’ai dit : «Je suistellement désolé.» Les pasteurs repré-sentent Dieu et, parfois, les gens dé-chargent leur douleur sur le pasteur quipersonnifie le Seigneur (quoique impar-faitement !).

Pas pour les craintifsNotre projet du ministère en faveur

des membres absents s’est appliqué àtoucher la vie de dix familles. Même sinous avons certainement fait des erreurs

PERSONNES OU PROJETS ?

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C U RT I S R I T T E N O U R PERSONNES OU PROJETS ?

mais aussi pour déceler ceux qui cessentde venir à l’Église.

Dans notre ministère du « ProjetAmour», j’espérais vraiment que les dixfamilles reviendraient toutes à l’Église.Après des années de tentatives pour re-prendre contact avec d’anciens membres,je me rends maintenant compte que siun tiers de ces personnes renouent leursliens avec l’Église, c’est un excellent ré-sultat. Nous nous sommes réjouis de

voir ces membres revenir à l’Église. Nousavons appris que les gens sont indulgentsenvers nos efforts maladroits pour leurmontrer de l’attention. Il est moins im-portant d’avoir un programme bien struc-turé, et plus vital de démontrer un véritableamour chrétien envers ceux qui étaientautrefois actifs au sein de la famille del’Église. Nous avons appris que les genssont plus importants que les projets.

M

1. Un pseudonyme.2. Monte Sahlin, North American Division Officeof Information and Research. Silver Spring, MD,1994. Les estimations actuelles confirment ceschiffres. Un nouveau projet de recensement esten cours.3. Ellen G. White, Le ministère évangélique. Dam-marie-les-Lys : SDT, 1951, p. 187.4. Arbinger Institute, The Anatomy of Peace: Re-solving the Heart of Conflict. San Francisco, CA:Berrett-Koehler Publishers, 2006, p. 57.

La société actuelle désarçonne plus d’un responsable mais aussi bien desmembres d’église. Comment transmettre à nos contemporains la BonneNouvelle alors que toutes les méthodes habituelles semblent inefficaces ?

Comment toucher nos proches, nos voisins, nos amis ? De commissions en groupesde partage, l’institution Église tente, au mieux une réflexion mais bien souvents’arcboute sur des fonctionnements du passé. Michel Serres, philosophe, membre del’Académie française et professeur à Stanford University, va même plus loin dansson dernier livre Petite poucette : « Face à ces mutations, sans doute convient-ild’inventer d’inimaginables nouveautés, hors les cadres désuets qui formatentencore nos conduites, nos médias, nos projets noyés dans la société du spectacle. Je vois nosinstitutions luire d’un éclat semblable à celui des constellations dont les astronomes nous apprennentqu’elles sont mortes depuis longtemps déjà. » (p. 22)Dans son ouvrage, Michel Serres s’intéresse aux nouveautés, à l’individu, à l’école et à la société, et à ce qu’il fauttransmettre. Il ne parle pas de l’Église (ni de spiritualité) même s’il l’inclut dans sa réflexion globale. Néanmoins, sil’Église, tout comme les autres institutions évoquées, désire profondément rester porteuse de sens, d’avenir pour lesindividus d’aujourd’hui et de demain, elle doit impérativement changer, se réinventer. Un défi pour chacun.Même si ce petit livre peut sembler bizarrement construit, il mérite notre attention.Pour aller plus loin, voici la 4e de couverture publiée par l’éditeur :Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer. Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux révolutions : le passage de l’oral à l’écrit, puis de l’écrit à l’imprimé. Commechacune des précédentes, la troisième, tout aussi décisive, s’accompagne de mutations politiques, sociales et cognitives. Cesont des périodes de crises.De l’essor des nouvelles technologies, un nouvel humain est né : Michel Serres le baptise « Petite Poucette » - clin d’œil àla maestria avec laquelle les messages fusent de ses pouces. Petite Poucette va devoir réinventer une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d’être et de connaître…Débute une nouvelle ère qui verra la victoire de la multitude, anonyme, sur les élites dirigeantes, bien identifiées, d’unesociété immatérielle librement connectée sur la société du spectacle à sens unique…Ce livre propose à Petite Poucette une collaboration entre générations pour mettre en œuvre cette utopie, seule réalitépossible.

Philippe Aurouze, pasteur, trésorier et responsable du ministère des disciples en FFS

LIVRE

Michel SERRES, Petite poucette, Le monde a tellement changé que les jeunes doivent toutréinventer : une manière de vivre ensemble, des institutions, une

manière d’être et de connaître…,

Paris : éditions Le Pommier, 2012. 82 pages

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T I M OT H Y P. N I XO N , DMin, est aumônieradjoint à l'université Andrews, Berrien Springs,MI, États-Unis.

avec la plus grande subdivision résiden-tielle – tant sur le plan culturel quesocial, religieux, économique et racial.Certaines villes sont visiblement diviséesen diverses enclaves culturelles qui sontracialement, culturellement et religieu-sement monolithiques. La plupart d’entreelles ont un plus grand nombre de chô-meurs et d’ouvriers non qualifiés dansleur population, avec des systèmes édu-catifs inadéquats et un taux élevé d’anal-phabétisme. D’autres sont hautementsophistiqués avec des habitants bienformés, bien éduqués, des professionnelshabitués aux choses les plus raffinéesde la vie. Les récents changements degouvernements dans le monde Arabeont exposé nombre de ces disparités augrand jour. Les réseaux sociaux ontconnecté les grandes villes du mondeavec des informations instantanées etl’accès à plusieurs points de vue, idéo-logies et philosophies opposées au chris-tianisme. Les hameaux, villages et ban-lieues où habitent de nombreux chrétiensont observé un changement ethnique,culturel, religieux et économique radical.Comment faisons-nous face à ces diversdéfis qui bourgeonnent ?

Les géants à affronterEn Occident, le christianisme n’a plus

l’attrait universel dont il jouissait autrefois.Durant plusieurs décennies, l’Église abénéficié de ce qu’un auteur appelle«un avantage de cour intérieure», 5 spé-cialement en Amérique. «L’individu moyens’est accroché à des valeurs qui étaientmarginalement judéo-chrétiennes, n’a

A près quarante ans de pèlerinagedans le désert, Israël arrive enfinà la frontière de la terre promise.

Voilà que les murailles fortifiées deJéricho se dressent devant eux commeun obstacle apparemment insurmontable.Le défi parait écrasant ; mais Dieu a dità Josué: « Je livre entre tes mains Jérichoet son roi, ses vaillants soldats. » (Josué6.2). La tâche parait formidable. Uneville entourée de murailles et ses habitantsressemblant à des géants ont paralyséles Israélites pleins d’appréhension. Le« rapport diabolique» présenté, 40 ansplus tôt, par la majorité des espions queMoïse avait dépêchés semble se dressersur le chemin d’Israël. Et, après 40 ans,les géants ont engendré davantage degéants. Apparemment, la ville de Jérichoest inexpugnable; défaire ses habitants,impossible. Comment Israël pourrait-ilenvahir cette grande ville ?

Qu’est-ce qui constitue notre Jéricho? À l’instar d’Israël, le peuple moderne

de Dieu se tient à la frontière de la terrepromise céleste, mandaté par Jésus pourfaire de toutes les nations des disciples.De même, des défis insurmontables sedressent devant nous.

Les statistiques actuelles nous informentque la majorité de la population humainevit dans les grandes villes.

74%de la population des pays indus-trialisés et 44% des résidents des paysen voie de développement vivent dansles zones urbaines. Il est prévu que vers2050, 70% de la population mondiale

sera urbaine et que la croissance urbaine,en grande partie, se produira dans lespays en voie de développement.1 C’estdonc sur les grandes villes que l’Églisedoit concentrer son attention si elle veuts’acquitter du grand mandat. Mais ledéfi parait si immense et les habitants siimpressionnants ! Quels sont donc lesmurailles et les géants qui nous empê-chent d’atteindre les grandes métropolesdu monde et leurs habitants avec lemessage évangélique?

Les muraillesdevant nous Comme plusieurs autres nations, les

États-Unis ont fait des enjambées signi-ficatives vers l’égalité raciale. Entre temps,le fossé entre riches et pauvres continueà s’élargir. Le «Pew Research» a découvertque les riches vivent à proximité desriches tandis que les pauvres sont empilésdans les vastes bidonvilles des plusgrandes zones urbaines du pays. 2 Lesécoles publiques dans les zones urbainessont aujourd’hui plus racistes que durantles années 1960.3 Mais l’Amérique n’estpas la seule qui affronte ces défis. L’iné-galité des salaires dans le monde aatteint son niveau le plus élevé de tousles temps. 1%, au sommet de l’échelle,contrôle 40% des revenus mondiauxtandis que la moitié de la population aubas de l’échelle se partage 1,1% des ri-chesses du monde.4 Les grandes villes,dans le monde entier, exhibent ces dis-parités.

Les mégapoles d’aujourd’hui sont leszones des plus cosmopolites du monde

Nous pouvonsconquérir Jéricho

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T I M OT H Y P. N I XO N

jamais rencontré un bouddhiste ou unmusulman et ne s’est pas demandé sila vérité existait ou pouvait être connue.»6

Au XXIe siècle, il n’en est plus question.On ne peut plus supposer une connais-sance biblique élémentaire de base. Il ya quelques années, deux fans de footballont vu une grande pancarte portant l’ins-cription Jean 3.16 imprimée en couleursvives. Ils n’ont pas reconnu la référenced’un texte biblique. Ils ont pensé quecette enseigne faisait la publicité pourun nouveau restaurant. On aborde lacroyance en Dieu et sa compréhensionen fonction de points de vue philoso-phiques et religieux autres que le chris-tianisme. L’Occident devient rapidement«postchrétien» et les principes, autrefoismarginaux de la pensée postmoderne,ont sournoisement infiltré notre cultureet aujourd’hui sont devenus normaux.7

Comme dans le cas d’Israël, nous fai-sons, nous aussi, face à des géants denotre fabrication. Tandis que notre Églisese développe rapidement à travers lemonde, elle s’atrophie en Occident. Des17 millions d’adventistes du septièmejour, seuls 8% se trouvent en Amérique 8

et encore moins dans les autres partiesdu monde occidental.

Nous devenons, nous aussi, culturel-lement détachés des milieux qui voisinentnos églises. L’Église adventiste du sep-tième jour en Amérique du Nord et dansd’autres parties du monde occidentalse transforme rapidement en une Églised’immigrants avec un effectif d’immigrantscroissant plus vite que celui des membresautochtones vivant dans les villes où setrouvent leurs églises.9 Ce phénomènecrée un gouffre entre les membres d’égliseet les citoyens de naissance des grandesvilles, et rend l’Église non pertinentepour les habitants de ces villes.

Renverser des murailles et faire face à ces géants simultanémentComment franchir les murs de sépa-

ration culturels, sociaux et économiquestout en faisant face aux géants de l’in-compatibilité philosophique, éducativeet religieuse avec le christianisme ? Les

(1 Corinthiens 9.22). Cela veut direpenser différemment notre manière deprésenter l’évangile. Nous lisons sous laplume de Gibbs : «À mesure que lesÉglises d’Occident combattent le plura-lisme de leurs sociétés, elles reconnaissentle besoin d’acquérir de nouvelles visionset de se familiariser avec de nouvellestechniques»13. L’évangile doit être contex-tualisé en vue d’atteindre les quartiersoù vivent les citoyens. La méthode duChrist pour atteindre les gens seraitencore efficace si seulement les chrétiensvoulaient l’appliquer.

Être socialement engagé. Pauvreté,analphabétisme, discrimination et crimi-nalité sont encore en augmentation dansplusieurs communautés urbaines. Leschrétiens doivent s’identifier avec lesquestions quotidiennes auxquels fontface de nombreux habitants des grandesvilles. L’une des plus importantes activitésqui a aidé le mouvement chrétien àgrandir au cours du Ier siècle, c’était l’en-gagement des églises dans les problèmessociaux de la population romaine. DerrelWatskins a écrit : «Les missionnaireschrétiens ont démontré l’amour du Christà travers leurs soucis pour les besoinsde chaque personne rencontrée. Cettecompassion pour l’humanité souffrantea conduit à l’expansion rapide de l’évan-gile à travers le monde connu d’alorsau cours des trois premiers siècles.»14

Les chrétiens doivent s’engager dansles préoccupations sociales auxquellesfont face les grandes villes. Nous devrionsêtre activement engagés à porter dessolutions aux problèmes de pauvreté,de détresse et de justice qui constituentun fardeau pour tant de gens. Ray Bakkea observé que nous n’avons pas besoinde nouvelles technologies pour gagnerles villes à Jésus; il nous faut seulementredécouvrir sa vision, son énergie et sacompassion.15

En 1996, réagissant à une série desermons sur la passion de Dieu pournos grandes villes, un groupe d’étudiantsde l’université Andrews a eu l’inspirationde démarrer un ministère dans la villede Benton Harbor, Michigan. Ils ont com-mencé par frapper aux portes et prierpour les habitants chaque semaine. Aufil des semaines, les étudiants ont réalisé

quatre suggestions suivantes peuventconstituer un bon point de départ.

Jésus-Christ comme fondement. Pre-mièrement, se reposer sur Jésus commenotre fondement. Nous devons croireque Jésus est capable d’attirer tous leshommes à Lui (Jean 12.32). C’est-à-dire croire que Jésus a le pouvoir derenverser n’importe quelle muraille etgéants auxquels nous faisons face dansles grandes villes du monde. L’ingrédientindispensable avec lequel Jésus s’estprésenté devant l’humanité est sonamour. Jean 3.16 est au cœur de l’appelde Dieu à toute l’humanité et demeurela plus grande puissance universelledans le monde. De l’avis d’Howard Belben,« l’amour de Jésus pour les hommes etles femmes était tellement différent dela manière dont les hommes le com-prennent habituellement. Plus frappantque tout a été l’amour de Jésus sur lacroix pour ceux qui l’ont mis à mort. Iln’y avait rien à faire contre un tel amour…Il a vraiment aimé les gens, même ceuxqui l’ont haï et tué.»10 Refléter le Christet manifester le pur amour chrétien pourtous renversera toutes les barrières quinous séparent des autres.

Se mettre dans la peau des autres.Pour nous sauver, Jésus a dû devenircomme nous (Voir Philippiens 2.7 ; Jean1.14). Par l’incarnation, il a pris sur lui lacondition humaine et a fait l’expériencede la vie comme nous. Il s’est identifiéaux gens. Il est venu pour les sauver et ila compris leurs ennuis. Selon Ellen G.White, « la méthode du Christ pour sauverles âmes est la seule qui réussisse. Il semêlait aux hommes pour leur faire dubien, leur témoigner sa sympathie, lessoulageait et gagnait leur confiance.Puis il leur disait “Suivez-moi”.»11 Belbena écrit : «La mission de Jésus visait leslaissés pour compte, les rejetés. C’est ceque son église doit faire.»12

Trop souvent, les chrétiens essaientde faire entrer les non-croyants de forcedans leur moule religieux tout en restanteux-mêmes dans leur confort. Commedisciples du Christ, nous devons sortirde notre zone de confort et rencontrerles autres sur leur propre terrain. L’apôtrePaul a compris l’obligation de «se fairetout à tous» pour atteindre les incroyants

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parce que je m'en vais au Père.» (Jean14.12).

Alors, qu’attendons-nous? Nous pou-vons conquérir Jéricho!

1. Population Reference Bureau, Human Population:Urbanization, www.prb.org 20092. Business Insider, “Maps of Extreme Income Se-gregation in US Cities,” August 1, 2012. [Cartes del’Extrême Ségrégation salariale dans les grandesvilles américaines, Août 2012] 3. The Atlantic, “Schools Are More Segregated TodayThan During the Late 1960s,” June 11, 2012 [ Lesécoles sont plus racistes aujourd’hui qu’elles nel’étaient vers la fin des années 1960, 11 Juin2012].4. Eduardo Porter, “Study Finds Wealth Inequality isWidening Worldwide,” The New York Times, December6, 2006. [Une étude a découvert que l’inégalitédes richesses s’élargit à travers le monde, 6 Dé-cembre 2016] www.nytimes.com/2006/12/06/business/worldbusiness/06wealth.html5.Tim Morey, Emboding Our Faith: Becoming aLiving, Sharing, Practicing Church [Incarner notrefoi : devenir une Église vivante, altruiste, pratiquante].Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 2009, p. 23.6.Idem.7.Idem.8.Monte Sahlin, Adventist Congregations Today:New Evidence for Equipping Healthy Churches(Center for Creative Ministry, 2003), [Les congré-gations adventistes d’aujourd’hui : nouvelles raisonsd’équiper des églises saines] p.71.9.Paul Richardson and Monte Sahlin, DemographicSurvey Seventh-day Adventist Church in North Ame-rica,[Enquête démographique sur l’Église adventistedu 7e jour en Amérique du Nord] 2007-2008,www.creativeministry.org, 2008.10.Howard Belben, The Mission of Jesus [La Missionde Jésus]. NavPress, 1985, p.15, 16.11. Ellen G. White, Le Ministère de la guérison.Mountain View, CA: Le Monde français, 1977, p.118.12. Belben, 1913. Eddie Gibbs, Church Morph: How Megatrendsare Reshaping Christian Communities [Morphologiede l’Eglise: Comment les grandes tendances refa-çonnent les communautés chrétiennes]. GrandRapids, MI: Baker Publishing Group, 2009, p. 133.14. Derrel Watkins, Christian Social Ministry: An In-troduction [Une introduction au Ministère SocialChrétien]. Nashville, TN: Broadman & Holman Pu-blishers, 1994, p. 8.15. Ray Bakke with Jim Hart, The Urban Christian:Effective Ministry in Today’s Urban World [Le Citadinchrétien : Un ministère efficace dans le mondeurbain d’aujourd’hui]. Downers Grove, IL : InterVarsityPress, 1987, p. 83.16. Alex Fitzpatrick, “75% of the World Has Accessto Cell Phones,” [Les telephones portables sontaccessibles à 75% de la population mondiale].Mashable US & World, July 18, 2012. mashable.com.17. “People Spent 6.7 Billion Hours on Social Net-works in October,” [Les gens ont passé 6.7 milliardsd’heures sur les réseaux sociaux en Octobre]January 4, 2012. www.comscoredatamine.com/2012/01/peoplespent-6-7-billion-hours-on-social-networks-in-october/

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NOUS POUVONS CONQUÉRIR JÉRICHO

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la nécessité d’un ministère pour les en-fants. Cette idée est devenue le Ministèredes rues de Benton Harbor, un servicefocalisé sur les enfants. Après huit ans,ce ministère a servi de tremplin à unesérie de réunions d’évangélisation enautomne 2004. Le résultat de cette im-plication sociale pertinente dans la so-ciété : 41 personnes baptisées, et l’im-plantation d’une nouvelle église dans lacité. Comme on l’a dit, « les gens ne sesoucient pas de ce que vous savez tantqu’ils ne savent pas à quel point vousvous souciez».

Être à la pointe de la technologie. Latechnologie a fait de notre monde unvillage mondial. Les super autoroutes del’information assurent la communicationpresque instantanée avec les partieséloignées du monde. Facebook est devenuun outil mondial de communication quedes gens ordinaires utilisent pour sefaire et maintenir des relations d’amitié.Aujourd’hui, il y a dans le monde six mil-liards d’abonnés au téléphone portable,dont 5 milliards dans les pays en voiede développement. Rien que l’an dernier,les utilisateurs de téléphone portableont téléchargé plus de 30 milliards d’ap-plications.16 Les réseaux sociaux ont tou-ché 82% des internautes du monde. Cepourcentage représente 1,2 milliard depersonnes. En octobre 2011, la connexionaux réseaux sociaux a constitué l’enga-gement le plus satisfaisant parmi lesactivités populaires dans le monde. Ellereprésente à elle seule 19% de tout letemps passé en ligne.17

Les chrétiens doivent utiliser ce moyenvital de communication pour atteindreles habitants des grandes villes du monde.Toutes les Églises et organisations chré-tiennes devraient avoir des pages web,des blogs, des pages Facebook, des pod-casts, des applications, et tout autre outild’interconnexion sociale disponible envue d’atteindre les habitants des villesqui passent leurs vies sur internet etdont le nombre va croissant. La générationde ce millénaire a grandi avec les réseauxsociaux. Nous devons être activementengagés dans l’utilisation de ce moyende communication pour atteindre la pro-chaine génération. A New Life Fellowshipoù je suis le pasteur des jeunes adultes,

nous avons découvert que lorsque nousencourageons nos adorateurs à envoyerdes textos à leurs amis au cours de nosservices, ils informent leurs amis instan-tanément de nos programmes et les en-couragent à venir à l’église. Nous en-courageons aussi nos adorateurs à en-voyer des tweets avec des extraits demusique et de sermons tandis que nousadorons. Actuellement, nous enregistronsune moyenne de 70 à 80 tweets chaquesabbat, et nous avons vu ceux qui suiventles comptes Tweeter des autres se joindreà nous pour le culte du sabbat suivant.Je vous encourage à l’essayer si vouspensez que ce genre de ministère seraitefficace dans votre église aussi.

Un penchantpour les villes À l’époque de l’exil babylonien des Is-

raélites, Dieu a chargé Jérémie de direaux captifs hébreux «Recherchez le biende la ville où je vous ai menés encaptivité, et priez l'Éternel en sa faveur,parce que votre bonheur dépend dusien.» (Jr 29.7) Comme serviteurs deDieu, nous devons croire que ce n’estpas par accident, mais bien parce quenous y avons été destinés que nousvivons à l’heure où la croissance démo-graphique des villes est en pleine ex-pansion. Les villes recèlent les plusgrandes ressources avec un potentiel etdes opportunités illimités si nous avonsla volonté de relever le défi.

Notre armela plus puissante. L’arme la plus puissante dont disposent

les chrétiens pour faire face aux défisapparemment insurmontables que re-présentent les villes, c’est notre foi. Foidans le mandat divin. Foi en la puissancedivine. Foi dans la promesse divine. Dieupeut faire avec nous aujourd’hui ce qu’ila fait avec les 12 hommes ordinaires,sans instruction, sans formation au débutde l’ère chrétienne. Il ne fait pas d’ac-ception de personnes. Jésus a promis :«En vérité, en vérité, je vous le dis, celuiqui croit en moi fera aussi les œuvresque je fais, et il en fera de plus grandes,

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