memoires concernant les chinoise 6
DESCRIPTION
Livro 6 do jesuíta Joseph Marie Amiot, missionário na China do século XVIIITRANSCRIPT
Mémoires concernantl'histoire, les sciences,
les arts, les moeurs, lesusages, ,c. des Chinois/ par les missionnaires
[...]
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Amiot, Joseph (1718-1793),Bourgeois, François (S. J., Le P.),Poirot, Aloys de (S J Le P). Mémoires concernant l'histoire, les sciences, les arts, les moeurs, les usages, ,c. des
Chinois / par les missionnaires de Pe-kin. 1776-1814.
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~s- ~;i-.I Y k' ..a ~`a -çe, s!~ k.
CONCERNA N T
L'HISTOIRE, LESSCIENCES,
LES ARTS LES MŒiURS LES USAGES tv.
.~i_~ C' F'.1: H .t-
~I" T ,t~~3~ 111'SDES
CHINOIS, r~,
PAR LES MISSIONNAIRES DE PE-KIN.
T O M E S I X ï E M E.
la P A II I S y
Chez N v oni'uïnô Libraire rue du Jardine; vi--n-\ ;, i~ ruo
Mignon, près c:c 1 imprimeur éluPuriemenr,,
M, D CC. a I X X X.,
- '-rL C A V F KO V AT l 0 A i. T l1 11 J L - .- >V ''
AVERTI S S E M E N T.
CE fixierne Volume des Mémoires concernant
l '1" rd, b .ci 0
('les Chinais préfente d'abord un Ouvrage confidé-
rable fur la Mujîque des Chinois tant anciens que
modernes par M. Amiot Millionnaire hPc-kin,
connu depuis long-tems en Europe par fes correspon-dances & les travaux Littéraires. D'après les éloges que
sc' <Zr C1 CIce Savant fait des rares & profondes connoilTances
de M. l'Abbé Rouflîer, en fait de Mufiquc ( Foye-
pag. jj & fiuv. ) il eût defiré (ans doute que Ion
Ouvrage fut revu, par cet habile Théoricien, M. l'Abbé
Rouffier a fait pi us il s'efi; non-feulement charge d'en
faire l'édition mais il l'a accompagnée de notes &de differtations favanres il en a vermé les calculs il
en a réduit les planches dont il a aufiî rédigé les
explications il ya ajouré une table raifonnee en
un mot, il en a rait un Ouvrage fondamental, où
les principes de cet Art, qui iont efiennellemcntt 1 0
lest'
invariables & les mîmespar-tout,
fontapprofondis
& développés.
A ce grand Mémoire on a ajouté un Eîlai fur le:-7) 1 1 0 1 1\
1
Pierres fonorcs qui s'emploientdans la
Musiquechi-
noiie. Ce morceau n'eiipoint
de M. Amiot maisc
nciie. Ce morceau n'eitpoint
de M. Arr.iot n-sais
d'un autre Millionnaire de Pe-kin. i\î. l'Abbo
Roufîier en a iuivi auiii l'imprcfiion.& v a
ajouteJ 3
~les ilotes l cet¡"
.;I.les notes dont cet ciîaî pouvoit avoir befoin.
On trouvera eniuue ci;:férens extraits d'une het-
îretrès-longue
de iM.Amiot, où, à l'occanon d'un
A V E R T I S S E M E N T.
Livre intitule* Recherches Philofophiques fur les
£o-} yiicfit & les Chinois F Auteur éclairât piuueurs
points importantrelatifs à l'étal & aux mœurs de
la Chine. Après avoir porté (on jugement en géné-
rai fur le cara clerc de cetOuvrage
& i'efpriî qui
y règne,il réfute ce qui y cM dit concernant la Popu-
lation & les Roc nus del 'Empire
de la Chine, la
Polygamiedes Chinois leur Aflronomie leurs Eunu-
ques l' Infanticide qu'on leur reproche leur Gouver-
iienieni l ordre de fiiccejjion à F Empire & le climat
du P ctchcly enrin il donne des détails j7/r la mort &
les funérailles dei Impératrice mère de 'l'Empereur s
arrivée en 1777. On a jette à la nn du Volume le
dénombrement: des habitans de la Chine par pro-
vincetraduit
liftérciiernenî d'aprèsle tableau ori-
ginaldu Tribunal des Fermes de îa Chine qui
a
cîé envoyécette année en caractères chinois
comme pièce authentique.
On a été obligé de rendre ce volume moins
fort que les précedens pour ne point faire deux
nrix vu le nombre considérable des gravures dont
:1 a [allu accompagner
celui-ci.
MÉMOIRES
Tome Vh A
1
MEMOIRES
CONCERNANT
LES CHINOIS.
DE LA MUSIQUE DES CHINOIS,
TANT ANCIENS QUE MODERNES;
Par M. AMIOT, MiJJîonnalrc a Vihln.
DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
TJ_* E premier de mes foins en arrivant a la Chine fut
d'étudier lalangue & les mœurs de ceux qui l'habitera afin
de pouvoir leur annoncer avec quelque eipérancede fv.ee es
les vérités de notre lainte Religion. Sachant que de tous les
moyens qu'on peut employer pour s'en faire écouter les
Sciences éc les Arts font les plus efficaces fur-tout dans h
DE LA MUSIQUE
Capitale & à la Cour, où je me rendis par ordre de mes Supé-
rieurs; je crus que je ne devois négliger aucune des avances
que je pouvois avoir dans plufieurs parties des Mathématiques,
dans celles fur-toutqui
font lepins
augoût
des Chinois.
Je favois paffahlement la Mufique je jouois de la flûte
iravcrf.ere & du clavecin; j'employai tous ces petits talens
pour me faire accueillir.
Dans les différentes occafions que j'eus d'en faire ufage
pendant les premières années de mon féjour à Péking je
n'oubliai rien pour tacher de convaincre ceux quim'écou-
toient, que notre Mufique l'emportoit de beaucoup fur celle du
Pays. Au furplus c'étoient des perfonnes inftmltes en état de
comparer & de juger; des pcrfollues du premier rang qui,hono
r;mt les MillionnairesFrançois
de leurbienveillance,
venoient
fouvent dans leur maifon pour s'entretenir avec eux de quel-
ques objets concernant les Iciences ou les arts cultivés en Chine
Les Sauvages les Cyclopes (a) les plus belles fonates les
airs de flûte les plus mélodieux & les plus brillans du Recueil.
de Blavet rien de tout cela ne faifoit impreffion fur les Chi-
nois. Je ne voyois fur leurs phyfionoiiiies qu'un air froid &
diiîxait qui m'annonçoit que je ne les avois rien moins qu'émus.
Je leur demandai un jour comment ils trouvoient notre Mufique, s
& les priai de me dire naturellement ce qu'ils en penfoient.
Ils me répondirent le plus poliment qu'il leur fut poffible “
queNos airs
nciant point faits pour leurs ore'dles^ni leurs oreilles
ros & celles qui font mar-
quées par des aftérifques font
des portions du texte rejeî-
îées en notes pour plus de préci-
fion dans le difeours. Enfin, toutes
celles qui font marquées par des
leurc; ont etc ajoutées par M,
i'AL'bc îlouiîier,
(<•)Pièces de clavecin & de
caractère du ccic&re Rameau.
AvirtiljenuTiî.Les notes de ce
Dii'-ours Préliminaire l'ont de M.
l'Al>hé Rouff.ev. le corps
dei'Duvra^e celles qui iont jnt;r-
<i^:cc-: \)dV des cKîrfCi font du P.
ri'otj fous leurs mCiïiCG .;ii:r;<
DES CHINOIS.
A i« Il
pour nos airs, il n étoit pas furprenam qu'ils n'en fentijfent pasles beautés comme ils fentoient celles des leurs. Les airs de
notre Mufique ajouta un Do£ïeur du nombre de ceuxqu'on
appelle Han-lïn & qui etoit pour lors de fervice auprès de
Sa Majeftéles airs de notre Mufique paffent, de C oreille juf
qu'au cœur, & du cœur jufquà l'ame. No '.s les [entons nous les
comprenons ceux que vous vene^ de jouer ne font pas fur nous
cet effet- Les airs de notre ancienneMufique
etoient bien autre
ckofe encore, il fuffifoit de les entendre pour être ravi, Tous nos
Livres en font un éloge des plus pompeux mais ils nous appren-
nent en même tems que nous avons beaucoup perdu de l'excel-
lente méthodequ' 'employaient nos Anciens pour opérer de f mer-
veilleux ejfets 5 &c.
De femblables difeours répétés plus d'une fois & par
plus d'une perfonne me firent naître l'envie de connoître la
Mufique Chinoiie & de m'inflruire à fond, û je le pouvois
de toutes les règles qui en conftituent la théorie. Le P. Gaubil,
qui étoit très-verle dans plufieurs parties de la Littérature des
Chinois m'excita à mettre la main à l'œuvre s'engageant à
me fournir tous les fecours qui dépendraient de lui. Je deman-
dai à quelques Lettrés de ma connoiffance un catalogue des
Livres dans iefquels je pourrois puifer les connoiffances que je
voulois acquérir. J'en parcourus quelques-uns, à l'aide de mon
Maître de Langue mais comme ce Maître tout habile Lettré
qu'il étoit, n'avoit aucune teinture de Muiique il le trouvoir
encore plus embarraffé que moi quand il etoit queiHon de
calcul ou de quelques termes de l'art, & de certaines exprei-
fions confacrées qui ne font connues que de ceux qui font
verfés dans laMufique,
Les difficultés que je rencontrais pour ainu dire à chaque
pas, m'auraient infailliblement rebuté fi je ne m'etois apper-
eu qu'à l'occaiion de la Mufique je pouvois .me former une
DE LA MUSIQUE
idée de la plupart des Sciences que les Chinois cultivent Se
nfinltruire fur-tout de leur ancienne manière de pratiquerles
cérémonies reiigieufes & civiles fur lefquelles ils ont appuyé
là plus grande partie du vafre édifice de leur gouvernement.
Je continuai donc lire & à méditer fur ce que je lifois. Je
ne fusuns îoiipr-tems fans
m'appercevoir& fans être convaincu
que de tems immémorial la Mufique avoit été cultivée en
Chine & qu'elle avoit fait l'un des principaux objets de l'at-
tention des Magiftrats & des Souverains; qu'érigée en feience
dès les commencemens mêmes de la Monarchie elle avoit
jotfi chez les anciens Chinois, du double avantage de pouvoir
charmer les cœurs par les différentes impreffionsdont elle les
affecloit & faire en même tems les délices de l'eiprit par l'evi-
dence des dcmunilrations, exactement déduites de principes
qui pofent fur Tinconteftable vérité.
IL ne me fuffiibitpoint
d'être convaincu de tout cela il me
falloir quelque choie de plus. J'aurois fouhaité que parmi les
anciens Sages, qui avoient pris la Mufique pour le fujet de
leurs méditations les plus profondes, & en avoient fait l'objet
de leurs plus îérieul'es occupations, il s'en fut trouvé quelques-
uns qui euffent parlé clairement dans leurs ecrits du principe
fur lequel ils fondoient toute la théorie d'une fcience qu'ils
regardent comme la Science univerfelle comme la Science
des feiences en un mot comme celle au moyen de laquelle
on peut expliquer toutes les autres fciences, à laquelle fe
rapportent toutes les autres Sciences, & de laquelle, comme
d'une fourec des plus fécondes, découlent toutes les autres
fciences. J'aurois voulu trouver desrègles détaillées & une
méthode pour faire l'application de ces règles. 11 ne rne fut pas
poflible de me procurer alors cette fatisfaclion.
Cependant à la periuafion du P. Gaubi! je me déterminai,
à traduire un ouvrage fort eftimé qui a pour titreKou-yc-
DES CHINOIS.
king-tc/wuen c'eft-à-dire Commentaires fur le Livre dafjuyue
touchant la Mujiquedes Anciens par Ly-koar.g-ty Miniitre
d'Etat, & membre du premierTribunal des Lettrés. C'eir. en
effet celui de tous les ouvrages fur la Mufique qui. fuivant le
peu de lumières que j'avois alors me parut mériter le plus
d'attention. Ma traduction finie je l'en, oyai au P. De Latour
Procureur de la Million françoife de Chine, avec promeffe
de lui envoyer chaque année autant de fupplémens qu'ii juge-
roit à propos, fi ces matières etoient de fon goût & lui paroif-
foient pouvoir être de quelque utilité. Je le priai en même tems
de vouloir bien remettre mon manuferit à -M. de Bougam-
viile (£)» alors Secrétaire de l'Académie des Infcriptions 8c
Belles-Lettres & auquel jJeus l'honneur d'écrire pour lui recom-
mander ce fruit de mon travail.
Ce que j'adreflai directement au P. De Latour à diverfes
repriies, arriva en France mais M. de Bougainville n'etoit
déjà plus lors de mon dernier envoi & le P. De Latour en
1763 interrompit toute communication avec nous. Ainfi
n'ayant pu favoir quel avoit eté le fort de mes écrits fur la Mufi-
que Chinoife je ne m'en occupai plus, & je dirigeai mon
travail vers des objets que je crus n'êtrepas
tout-à-faitindignes
de l'attention des favans & qui même pouvoient en être bien
reçus parce qu'ils n'avoient point encore été traités par aucun
des Millionnaires mes prédécefîeurs.
L'année derniere ( 1774 ) M. Bignon Bibliothéquaire du
Roi qui neû. pas moifts zelé peur tout ce qui peut avoir quel-
que rapport au progrès des feiences que ne l'ont été lesilluitres
perfonnages de ton nom, qui depuis près de deux ficelés ont
rendu iucoeflivement des fervices fiimponans
à lurépublique
(/•)Ce il en
17^4 quece Ma-
nuienî a ihc renab à M. de Bou-
gainville félon une note de B.a-
m eau- dans fon Code <!:Muflqui
page 1S9,
DE LA MUSIQUE
des Lettres eut la bonté de m envoyer un Livre que ] avois
demandé à feu M. Bignon ion Père. Il ajouta à ion envoi uu
autre Livre que je n'avois point demandé, mais qu'il jugea
pouvoir m'ètre ici de quelque utilité à railbn du fujet qu'il
traite & des matériaux qui y l'ont ii judicicuiement employés.
C'eil le Mémoire de M. l'Abbé Rouffur fur la Mujl.jucdes
Anciens.
Cet ouvragel'un des meilleurs & des plus folides à mon
avis qu'on puifTctaire en ce genre m'a éclairé fur une foule
d'objets, même chinois, que je ne f'aiibis qu'entrevoir aupa-
ravant, &: que je n'eut revoy ois qu'à travers les plus épais nua-
ges. Il mefembloit., en le liiant, que j'étois devena l'un des
dilciples du fameux Pythngore ou l'un des initiés dans le
Collège des Pi eues d'Egypte. Quel dommage, diibis-je en
moi-même que M. l'Abbé Roufficr n'ait pas pu fouiller dans les
antiquitésdes Chinois, comme il l'a fait dans celles des Egyp~
tiens & des Grecs En remontant julqu'à la fource primitive
d'un ivilème de Mufique connu à la Chine depuis plus de
quatremille ans en approfondifTant
lesprincipes fur lefquels
ce iyirême s'appuie; en développant fes rapports avec les autres
feiences; en déchirant ce voile épais qui nous a caché jufqu'icila majeftueuie iîmplicité de fa marche, ce Savant eût pénétré
peut-être jufque dans le ian&uaire de la nature pour y décou-
vrir cetre harmonie univerielle qui foumet tout à fes immuables
loix. Tout au moins, il fut parvenu iufqu'au terme de ce tems
heureux où les premiersInftituteurs du
genre humain ont fait
en tout genreles découvertes, qui de la partie orientale du
globe quenous habitons, le répandant de proche en proche
dans le refle de l'Univers, font enfin arrivées non fans beau*-
coupde peine jufque dans nos climats occidentaux.
En réunifiant les lambeauxépars
des archives dumonde,
ceux fur-tout des plus anciennes archives qui exiftentaujour-
DES CHINOIS.
d'hui fur la terre parmiles nations qui l'habitent il eût décou-
vert qu'avant Pythagore qu'avant l'établifieincnt des Prêtres
d'Eoypte qu'avantMercure lui-même on connoiffoit en
Chine la diviiion de l'oftave en douze demi-tons, qu'on appel-
loit les clause lu queces douze lu, distribués en deux clafi.es 7
y étoient distingués en parfaits & en w. tarfaus fous les noms
&yan<r-lu&
A'y/i-lu qu'on yconnoiffoit la nécefîité de cette
ciiftinftion j & qu'enfin la formation de chacun de ces douze
lu & de tous les intervalles muficaux qui en dépendent, n'etoir.
dans le Syfteme QU'ON Y AVOIT inventé qu'un (impie réi'ul-
tat de la pr ogre filon, triple de douze termes depuis l'unité
jusqu'au nombre 177147 inclusivement (c).
Pouffant fes découvertes plus loin, M. l'Abbé Roufïîer eût
trouve fans doute les véritables raifbns qui ont engagé les Clii-
nois de hi plushaute antiquité, à ne faire mention dans leur
échelle muucale quedes cinq tons koung c/iang klo tché
yu qui répondent h fa tjol, la ut re tandisqu'ils
avoient
dans ce qu'ils appelloient le picn-koung, répondant notre mi& le pïen-tché o'dfï,
dequoi completter
leurgamme, & rem-
plirles prétendues lacunes cjiu paroijfait au premier coup-
d'œil, attendre dansleur j'y 'jtime toujours quelques nouveaux
fons ( d).Il fe feroit peut-être
convaincu par 'lui-même que lesrap-
ports que les Egyptiensont aiîlgnés
entre les fons de laMuiique
& les planètesentre les mêmes fons & les douze figues du
zodiaqueles vingt-quatre heures du jour, les fept jours de ta
iernaine & autres objets ( c ) ne font qu'une copie informe
ci-après noteb c!e la troint:
Partie.
(>.) IbU, An, 10 5c 1 1 pag. 71i
£v iuiy,
H.v~ IL", f'
(f) Voyezle Mémoire far la
;M>i!ic;He des Anciens art. 9, p. sy.
(.)iVicm.
fur la Mufique clés
Ane, art. ) § 59 p;i«. 33 &
ijotî 16,$ 6y? p-ig. ^y. Voyez
DE L A M U S T Q U E
de ce tiui aveit été fait par les Cliinois bien des ficelés avant
que les Egyptiens euiîcnt une diviium du zodiaque en douze
iîgnes avant qu'ils euilent les noms de Saoanth (/') de Satur-
ne èv' tous les antres nomsqui pouvoient déiigner
ies cliilorens
objets de ces rapports.
Frappéde l'attention fcrupuleuie des premiers Cliinois
dans leur.opérations
iur les ions <Scplus
encore clc leur conf-
tance à ne vouloiropérer
iur ces mêmes ionsqu'an moyen
des
inlhumens à vent, M. l'Abbé Rouiiier eût conclu fans doute
qu'ils etoient les Inventeurs de leur méthode. Peut-être eût-
il conclu encore que l'heptacorde des Grecs anciens que la
Lyre de Pythagore que ion inverfion des tétracordes diatoni-
ques, cV la formation de ion grand fyftème (g), font autant
de larcins faits aux Cliinois du premier âge auxquels on ne
peutcontefter l'invention de deux anciens initrumens le Khi
£v le Chc (]i) qui réunifient eux feuls tous les fyfrêmes imagi-
nables de Muiique. Ilfe feroit apperçu que les Egyptiens les
Grecs Se Pythagore lui-même n'avoient fuitqu'appliquer
aux cordes ce que les Chinois dil oient avant eux en parlant
des tuyaux.
En examinant de près les différentes méthodes employées
parces anciens Chinois pour fixer le lu générateur, &:
le ton fondamental de ce lu, M. l'Abbé Rouilïer fe fût con-
vaincu encore que pour avoir ce point fixe cetteregle authen-
tique & infaillible que la nature affigne elle-même les Chinois
n'avoient pascraint de fe livrer aux opérations les plus péni-
bles de la géométrie aux calculs les plus longs & les plus
rebutans de la feience des nombres & à une infinité de
(/") Mém. fur la MuGq. des Anc.
pag. 94note c.
(Y) ïbid. Art. 3 &4, pag. i<57
1 7 ÔC iuiv.
(lï) Voyez ci-apres la Première
Partie, art. fixiemc1 touchant le
Km & le Clu,
minutieux
DES C H I N O ï S.
Tome VL B_
fciîuutieux détails en tout genreau moyen defquels ils ont.
enfin obtenu finon les vraies dimenfions dechaque ton la
-vraie mefure des intervalles qui les confirment & les limitent,
3a légitimitéde leur génération réciproque & les chfférens
rapports qu'ilsont néceiTuirement entre eux; du moins ces
approximationsfatisfaifantes qui fe confondent, en quelque
forte avec le vrai. Alors je n'en doute point M. l'Abbé
Rouffier plein d'eftime pourles anciens Chinois leur eût
transféré fans peineles éloges dont il gratifie les fages Egyp~
tiens & n'eût pas hérité à leur faire honneur du fyftême très-
étendu qu'il attribue à ces derniers ou à tout autre Peuple-
plusancien que les Grecs & les Chinois (z).
Son ouvrage fur la Mufique des Anciens nous eut peut-
être fait connoître à fond le plusancien lyitême de Mufique
quiait eu cours dans l'univers & en l'expofant avec cette
clarté cette préciiioncette méthode qui
ne laiffent pour
ainfi dire rien à délirer il eût fervi comme de flambeau
pouréclairer tout-à-la-fois & les gens de Lettres & les
Harmonift.es les premiers,dans la recherche des
ufages anti-
ques& les derniers dans
celle du fecret merveilleux de
rendre à leur art l'efpece de toute-puiffance dont il jouiiToiî
autrefois &qu'il
a malheureufement perdue depuis.
On fait bien en Europe que l'Egypte a eu fonMercure
( j) Mérn. fur la des Ane.
note 16 pag. 129.On verra par les notes & les
obfervations que j'ai jointes à ce
Mémoire non-feulement que ]ee
penfe avec le P. Amiot, queles
vraies dimenfions de chaque ton
leur génération réciproque en un
mot que les vraies proportions
Kiulicaîes celles qu'adoptoit Py-
fhagore font réellement dues aux
anciens Chinois mais que les
approximations dont parle ici ce
l'avant Millionnaire lont l'ouvra-
ge des Chinois modernes, c'eli-
à-dire la luite des erreurs dans
kfquelles les Chinois paroiffentêtre depuis deux ou trois ficelé» ¡;
avant l'Ere chrétienne. Vovcz la
première &la
quatrième obiervu-
îion j à la fin de ce Mémoire,
DE LA MUSIQUE
fon trois fois grand ( Trifmégifte ) 'qui par la douceur de fort
chant acheva de civilifer les hommes; l'on fait que la Grece a.
eu ton Orphée & fon Amphion qui, par les fons mélodieux
de leurs Lyres pouv oient fufpendre le cours des ruiffeaux, fe
faire fuivre par les rochers enchaîner Cerbere lui-même dans
les Enfers; mais l'on ignore les merveilles étonnantes qui ont
été opérées a la Chine par les Lyng-lun par les Kouci &
par les Pin-mou-kia. Non moins habiles & aufli puilTans que
les Mercures, les Orphées & les Amphions, les Muficiens-
Philofophes de la Chine en accordant leur Kin & leur Chê
à l'uniffon du King (k) par la méthode infaillible de leurs
Lu en tiroient des fons qui pouvoient apprivoifer les bêtes
les plus féroces, & adoucir les mœurs des hommes fouvent
plus féroces que les bêtes.
Quand je fais réformer les pierres fonores qui conzpofert mon.
JR-iNC, les animaux viennent fe ranger autour de moi, &
tref aillent d'aije difoit à Chun l'inimitable Kouei plus de
mille ans avant l'exiilence du fameux Chantre de la Thrace, s
& environ huit fîecles avant que parût le célèbre filsd'Antiope.
L'ancienne Mufique difent les plus diflingués d'entre les
Auteurs Chinois de tous les âges pouvait faire défendre du
ciel fur la terre lesEjpnts fupérieurs
elle pouvoit évoquer les
ombres des Ancêtres Ole. elle injpiroit aux hommes F amour
de la venu & les portoit à la pratique de leurs devoirs, &C
Veut-on f avoir difent encore les mêmes Auteurs (î un
Royaume eflbien
gouverné files mœurs de ceux qui l'habitent,
font bonnes ou mauvaifes ? Qu'on examine laMujîqite qui y
a cours.
C'ci!r ('
le C fiCcll fur-tout à quoi faifoit attention le grave Confucins ?
en parcourant les différenspetits Royaumes qui compofoient
(j/c)Cet infiniment eu. compofé
•i*uh aïlortiment de pierres fono-
res. Voyez ci-après l'article 3 dela premiere Partie.
DES CHINOIS.
Bij J>
alors l'Empire de la Chine. Les traces de l'ancienne Mufique
n'etoient pas encore entièrement effacées de ton tems. ïl etoit
convaincu, par fa propre expérience, de l'effetprodigieux
que des fons bien ménagés peuvent produire fur l'amc &: fur
toute la conftitution de la machine qu'elle anime. Arrivé dans
les Etats de Tfi nous difent les Hiftoriens de fa vie on lui fit
entendre un morceau de laMufique Chao c'eft-à-dire de
cette Mufique que Kouei compofa par ordre de Chun &
pendant plus de trois mois il ne lui fut pas poffible de penfer à
autre chofe. Les mets les plus exquis & le plus délicatement
apprêtés ne furent pas capables de réveiller fon goût ni d'exclu
ter fon appétit &c. &c.
Encore une fois quel dommage que M. l'Abbé Rouflîer &
les autres Savans d'Europe ne puiffent pas puifer par eux-
mêmes dans les fources Chinoises, comme ils puifent dans les
fources Egyptiennes & Grecques Que de belles chofes ils
découvriroient J'ai bien fait tous mes efforts autrefois pour y
fuppléer en quelque forte, par la traduction de l'ouvrage de
Ly-koci7ig-ty dont j'ai parlé ci-deffus & à laquelle j'avoisjoint tout ce que j'avois puifé moi-même dans divers Auteurs
Chinois touchant la feience des fons. Mais, à juger par les
lambeaux epars qu'ona produits de cette traduction j'ai tout
lieu de croire que mes ecrits ayant patte par plusieurs mains
ont fouffert quantité d'altérations qui les ont défigurés. Rameau
lui-même, qui n'auroit dû prendre pour lui que ce qui concernele fyftême Chinois, me fait parler d'un incendie arrivé, h ce quïl
fait entendre, 22.77 ans avant Jefus-Chrift tandis que l'incen-
die dont je parle, ou pour mieux dire dont parle l'Editeur
de l'ouvrage que je traduifois n'eft qu'un incendie particu-
lier, un incendie qui confuma la maiion de l'Auteur, dont
les ecrits devinrent la proie des flammes; en un mot un
incendie arrivé, pourainii
dire ?de nos
jours.Sa date cil de
DE LA MUSIQUE
l'année y-ycou vingt-deuxièmedu Cycle des Chinois, & ia
quarante-troifieme du règne de Kang-hy c'efl-à-dire fuivant
notre manière de compter, l'an 1705 (/). Du refte, je n'ai
pas lu l'ouvrage dans lequel Rameau me fait parler de cet
incendie. Je n'en fuis inftruit que par la citation de M. l'Abbé
Rouflier, note 18 page 135 de ion Mémoire fur la Mufîque
des Anciens (m).
Les poffeffeurs de mon manuferit pourront fe convaincre de
cet énorme anachronifme de Rameau je les invite à lire feule-
ment la premiere page de la Préface du Livre que j'ai tra-
duit (n). Si ceux qui ont publié ce que j'ai dit dans le même
(/) Lecycle
dont parle le P.
Amiot, eft le (bixante-qnatorzie-
.rne il a commencé en 1684 par
conséquent la vingt-deuxième,ïtnnée de ce cycle à compter
depuis 1684, tombe en 1705.
(ot) Le Manuferit de M. Bertin
ajoute Je fuppofe <jus M. l'Abbé
Rtmffîcr qui cjï tris-exactdans tout
et qu'il dit n'aura point oublié fon
exactitude dans cette citation. Je dois
donc affurer ici le P. Amiot que
cette citation eft exactement con-
forme à l'énoncé de Rameau. Je
viens de la vérifier fur Ion Code
iliMufique
d'où elle eft tirée ( pag.
i 8 9 a ia note). Jeremarque même
que le mot- F 'cking dans ma cita-
tion efi:ortographié Pékin à la
manière de Rameau.
(n) Comme l'erreur de Rameau,
touchant l'incendie dont il s'agitir:'a fait propofer dans mon Mé-
moire, une conjeûure qui ne petitiubi'iftfr aujourd'hui c'eft une
rai Ton de plus de rapporter ici ce
qui concerne ik. cetincendie,
&
l'ouvrageracine ùï
Ly-koang-ty
d'après le Manuîcrit du P. Amiot
cahier A page 30 où commence
la Préface dont il vient de parler,Cette Préface efî de TJîng-tchêfils de Ly-koang-ty Editeur de
l'ouvrage de fon père c'eft de
Ly-koang-ty qu'il parle.« II fit un recueil de tout ce qu'il
» avoit pu trouver fur l'ancienne
» Mufique dans les livres les plus» eitimés & les plus authentiques;» il le mit en ordre & le diviia en
» huit parties dont voici les
» titres i°. Théorie de laMufique
» en général; %°. Effets delaMufi-
»-que 30. Explication des diffé--
» rentes efpeces de Mufique;4Q. dus
» règles de la.Mufique 50. des
» inilrumens dont on fe fervoit
» anciennement dans l'exécution
» de la Mufique 6°. de la MufU
» que vocale 70. de la Mufique» qu'on employoit anciennement
» pour les danfes & la comédie î,.» 8°, de l'ufage de chaque efpece» de mufique en particulier.
l
» L'ouvrage achevé ajoute
» TJîng-tché le feu prit à notre
DES CHINOIS,
ouvrage,fur les anciennes cérémonies, tant reiigieufes que
civiles, & particulièrementfur les Danfes qui les accompa-
gnoient,m'ont fait parler
à proportion comme l'a fait Rameau
fur l'incendie je prieles Savans de regarder comme fabuleux
& fuppofétout ce qu'on aura pu avancer à cet égard..
J'ai une autre raifon qui m'engage à leur faire cette prière
elle me paroît affez, importante la voici. Dans le tems que
j'ai écritfur l'ancienne Mufiquc des Chinois n'ayant ni les
lumières que je puis, avoir aujourd'hui fur cet objet, ni les
connoiffances que j'ai acquifes depuis fur les mœurs les ufages
& les Livres du Pays, ni les fecours en tout genre que j'ai ea
occafion de me procurer je ne puis qu'avoir fait une infinité
de fautes dans mes premiers écrits dans ceux fur-tout où je
me fuis expliqué fur un fujet que très-peu de Lettrés entendent
& dont par conféquent ils n'ont pu me donner alors que des
explications fautives ou peu exactes. Ainfi je lerépete l'on
ne doit point compter fur mon manufcrit, i'eût-on fans aucune,
altération &tel qu'il eft forti de mes mains (o). Ceci néanmoins.
M maifon & confuma dans un
» inftant le fruit d'un travail im-
»>•menfe. Ce fâcheux accident arri-
» va l'année du cycle y-yeou.» L'année Ou-tjïe ( 1708 ) mon
? père eut réparé en partie la
t> perte qu'il avoit faite. Ii chercha
» de nouveau dans les fources où
» il avoit pvdlé auparavant mais
n comme il ne les eut pas toutes
» fous fa main &C qu'il avoit
t> perdu la mémoire de bien des
» chofes il racourcit ton pre-» nùer deffein & le rédtiifit à des
« bornes plus étroites.
( Page 32). » Enfin l'année T'"S~»-ovc: ( 1727), l'ouvrage fut misj> çalre Içs mains des Impriœeiirs
Mlefquels
enpeu de mois en eurent
» achevé lapremière édition ».
(o)Le P. Amiot veut parler ici
des Préliminairesqu'il
aajoutés à
fa traduction de l'ouvrage de L\~
koung-ty dans Iefquels en lui-
vant les explications des Lettrés
quil'ont aidé dans ton travail il
a expofé quelques objets d'une
manière différente de cequ'il éta-
blit aujourd'hui dans ce Mémoire.
Mais ces objets font en bienpetit
nombre, & l'on trouve dans fes
Préliminaires quantité de très-
bonnes choies. Al'égard de fa
traduction même je croisqu'elle
rend essftemenfle iens de Ly w
kbang-ty mais il faut obferyer
DE LA MUSIQUE
ne doit s'entendre que de ce qui regarde directement la Mim-
que car pour ce qai efl des cérémonies & des autres objets
dont il y eft fait mention on peut s'en tenir à ce que j'en ai
dit. Les Lettrés Chinois dont je me fervois alors etoient très
en état de me fournir des lumieres à cet égard.
Cependant comme la Mufique Chinoife ou pour mieux
dire comme le fyflême mufical des Chinois eft, à ce que jecrois, plus ancien qu'aucun autre de tous ceux qu'on nous a
fait connoître jufqu'à préfent il me paroît à propos & même
de quelque importance pour les amateurs de la vénérable
antiquité d'en donner une connoiffance auffi exafte qu'il
pourra fe faire, afin qu'on puiffe le compareravec celui de*
Egyptiens & celui des Grecs.
M. l'Abbé Roufiier a très-bien prouvé que ces trois fyftêmes
ne différent entre eux que comme les différentes parties, prifes
féparément, different de leur tout; i mais il n'a pas auffi bien
prouvé,ce me femble, que le tronc du fyftême général de
ce grand fyftême dont les fyftêmes particuliers des Grecs &
des Chinois ne font que les branches eût fa racine autre part
quedans la Grece ou la Chine.
Comme ces fortes defaits ne fe devinent pas (p) Se qu'il n'a
eu entre les mains aucun monument qui pût lui fervir d'appui
que cet Auteur, outre qu'il a rai
femblé dans fon ouvrage divers
textes de doftrines contraires
s'eft trompé encore lui-même quel-
quefoisdans les explications qu'il
joint à ces textes. Cependant cet
ouvrage de Ly-koang-ty n'en eft
pasmoins précieux pour cela.
Parmi les textes qu'il renferme
il y en a plufieurs quinous tranf-
snettent l'ancienne doctrine des
Chinois. Je me fuisappuyé de
quelques-uns dans les obiervations
quifont à la fin de ce Mémoire
mais en abandonnant l'explication
de Ly-koang-ty lorfqu'elle m'a
paru fauffe ouerronnée. Onpourra
juger par la pureté de doftrine
énoncée dans les textesque j'ai
rapportés qu'en général la tra-
dudnon du P. Amiot eft exacte
&que fon Manufcrit ne fera pas
inutile à ceux qui 'aurontprendre
le vrai où il fe trouve.
(/>) M cm. fur la Mufiq. des Ane.
pag. 61,
DES CHINOIS.
pourune affertion dans les formes, il n'en parle que comme
d'une chofe quilui paroît très-probable. En affurant donc que
le fyftêmetrès-étendu d'où dérivent tous les fyftêmes parti-
culiers a prisfon origine che\ les Egyptiens ou
cher tel autre
Peuple quon voudra, pourvu qu'il fut plus ancienque les
Grecs & les Chinois (q°)il ne veut nous donner que fes cou-
jeéturesou nous préfenter des conféquences déduites des
principes qu'il établit il nous laiffe libres de penfer ou de ne
penfer pas comme lui»
Il feroit heureux pour moi & je crois dequelque utilité
pour la république des Lettres fi je pouvois fournir à M. l'Abbé
Rouffier ou à quelqu'autre Savant dans fon genre de quoi
confeater que les Chinois font auteurs du fyftême de Mufîque
qui a cours chez eux que ce fyftêmedate du commencement
même de leur Monarchie, c'eft-à-dire au moins 2637 ans
avant l'Ere Chrétienne & que s'il a été altéré outronqué
dans des fiecles poftérieursc'eit que les principes fur
lefquels
il eft fondé n'ont pas toujours été connus ou que fe trouvant
mêlés avec des Sciences vaines & abfurdes telles que la
Divination par les nombres & l'Aitrologie judiciaire les
vrais Savans les ont négligés. Une autre fource del'altération
ou peut-êtrede la corruption de ces principes c'eft
que les
Chinois ayant eu de tout tems un fyftême universel, lié dans
toutes fes parties & auquel ils rapportent tout tant dans le
politique que dans le phyfique & le moral, ils ont voulu, de
quelque manière que ce fût faire quadrer toutes les règles &
îous les détails qui ont rapport à la Science des fons avec les
détails & les règles qui concernent leurs autres feiences &
quiont lieu pour tous leurs ufages religieux & civils.
Si l'on vouloit donner feulement un abrégé de ce qu'ils ont
(%q) Ibld, Note 16, pag. 119 & art. 5 § 60 261,
DE LA MUSIQUE
compris
écrit fur ce fyftême qu'ils prétendent être fondé fur les ïoix
immuables de l'harmonie univerfelle il faudroit, à leur exem-
ple, compofer un grand nombre de volumes; mais comme
ce n'eft pas ici mon objet, je me contenterai de rapporter les
principaux traits quicara&érifent leur Mufique & ces traits
'je lesemprunterai des monumens les plus authentiques
de la
Nation. J'en conclurai, & j'efpere que nos Savans le concluront
avec moi, que les Egyptiens n'ayant pu communiquer aux
Chinois un fyftême de Mufique antérieur 4e plufieurs fîecles
à la Lyre de Mercure {/) & ce fyftême étant lié avec les
autres connoiffances qui donnent à une nation fon exHlence
morale & politique, il s'enfuit néceffairement que les Chinois
font cette nation ancienne,' chej laluelle 7:p/Z-/t;K/e/7!ë/Zt l~s
Grecs mais la nation Egyptienne elle-même, ont puifé-les dé-
mens des Sciences & des Arts qui ont été tranfinis enfuite aux
peuples barbares de l'Occident.
Cette conféquence placée à la fuite de celle que j'ai déjà 1
tirée dans ma differtation fur l'antiquité des Chinois, prouvée
par les monumens {s) fera la dernière par laquelle j'appuie-rai mon opinion. Je fens bien
qu'unefoule de vérités Chinoises
quimefont démontrées, pourront
ne paffer que pour des para-
doxes auprèsde ceux qui
ne voient qu'à travers leurs pré-
jugés. yNe pouvant leur donner ce coup-d'œil ceta£l? cette
maniere d'envifager, de fentir & de juger, qui ne s'acquierent
qu'à la longue, avec beaucoup de peine, & dans le pays
même je leur préfenterai du moins les principaux monumens
d'après lefquels ils pourront exercer leur fagacité & faire
ufage de leur critique.
S'il eft des écrits, qui, pour être goûtés & pouvoir être
(V) Mcm. fur la Mufique des
Anc. art. i pag. 1 1 & troifieme
pbfcrvation § 60 pag. 33.
(Y) Voyez le fécond volume
de ces Mémoires pag. 6.
DES CHINOIS.
Tome VL Ç
compris, comme ils doivent l'être exigent de la part de ceux
qui les lisent une attention toujours fuivie ce font en particu-lier ces fortes d'ouvrages, qu'on regarde comme peuïntéref-
Iàns en eux-mêmes, & qui ne roulent que fur des vérités
feches dont les détails n'offrent rien d'?mufantpour l'imagi-
nation. Ceque j'ai
à dire dans ce Mémoi. e fera ibuvent de ce
genre;1
ydes matières
quidemandent de l'attention, de La
patience&
quelquefoisune certaine contention
d'efprit.11
faut, enparticulier
fe faire aux idées desChinois
fe mettre
pour ainfi dire à leur ton(t on veut les entendre.
Qu'on ne s'effraiepoint
à la vue dugrand
nombre defigu-
res que préfement les planches & dont j'ai cru devoir accom-
pagner ce Mémoire. Elles m'ont paru néceffaires pour faciliter
l'intelligence de ce qu'on n'aurait peut-être pas compris fans
leur fecours.
Quant à cette multitude de noms & de mots etrangers à
notre langue qu'on trouvera pour ainfi dire à chaque pas
dans ce Mémoire, il ne m'a pas été poffible de leur fubftituer
des mots franc ois qui exprimaffent la même chofe. J'ai eu foin
cependant de donner toujours l'explication des termes Chinois, 5
lorfque cette explication m'a paru néceffaire pour l'intelligence
de ce que j'avois à dire.
Dans l'incertitude de l'ufage qu'on pourra faire de ce
Mémoire je me fuis déterminé à en envoyer deux exemplai-
res écrits l'un & l'autre de ma propre main, l'un à M. Bignon
pour la Bibliothèque du Roi & l'autre à M. Bertin, Mimftre
& Secrétaire d'Etat protecteur non moins éclairé que zélé >
des différons objets de la Littérature Chinoife. J'ai joint à
chaque exemplaire deux cahiers de Planches l'un écrit en
carafteres Chinois l'autre enFrançois.
Encomparant
celui-ci
aupremier,
on verraque
lesfigures
font exactement dans le
eoftumechinois,
&que
je n'ai faitque
tranferire enFrançois 3
DE LA MUSIQUE
ce que les Chinois expriment fur ces mêmes figures par
leurs caractères.
Comme l'exemplaire que j'adrefîe à M. Bertin efl le der-
nier que j'ai ecrit j'ai fait quelques petites corrections & un
petit nombre d'additions qui n'intéreffent en rien le fond ni
l'efîentiel de l'ouvrage on pourra y avoir égard fi l'on veut (t).
Cet exemplaire augmentera le nombre des curiofités Chinoi-
fes qui font dépofées dans le cabinet de ce Miniftre & afin
qu'il puifle avoir place dans ce cabinet, à titre de curiofité? 3
je l'accompagne de quelques inftrumens de Mufique des plus
anciennement inventés.
Le premier efl un Km à fept cordes non tel que ceux
d'aujourd'hui, mais comme les Km du tems de C/um, de
Yao de Hoang-ty & de Fou-ki lui-même. Il eft fait d'une feule
pièce de bois. J'en ai donné la tablature dans le cours du
Mémoire (u).
Le fécond inftrument eft un K'mg ifolé, c'eft-à-dire une
feule pierre fonore du nombre de celles qui etoient placées
en-dehors de la falle, & qui ne fervoient que pour avertir
foit les Danfeurs foit les Muficiens, quand ils dévoient com-
mencer ou finir, les uns quelque évolution les autres quelque
partie d'un Hymne d'un Chant &c. foit enfin pour donner
d'autres fignaux femblables.
Le troifieme des anciens inftrumens que j'envoie }eCtcelui
qu'on appelle Cheng. On en trouvera la defcription à l'arti-
cle 9 de la premiere Partie de cet Ouvrage fur chaque tuyau
de rinrtrumenî j'ai écrit le nom du ton qu'il donne.
A ces curiofités antiques j'ajoute une pièce moderne, non
moins digne d'occuper une place dans le cabinet de M,
(/) C'efî l'exemplaire de M,
Bertin qu'on a huviprincipale-
ment dans cette édition,
{h) Voyez l'article 4 de la troï-;
fieme Partie,
DES CHINOIS.
Ci]
Bertin à qui je l'envoie. C'eft un Diapafon fait au com-
mencement de ce fiecle par l'un des Fils de l'Empereur
Kar>v-hi. Ce Prince etoit à la tête des tribunaux de la Littéra-
ture 6k des cérémonies de l'Empire, lorfqu'il fit lui-même,
ou qu'il fit faire fous fes yeux le Diapafon dont je parle t
c'eft un bâton d'un peu plus de deux pieds & demi & d'en-
vironquinze lignes de diamètre fur lequel on a gravé les
dhneniîons des principaux inftrumens de la Mufique Chinoife “
& leurs divifions réciproques pour leur faire rendre avec
jufleffe les fons qu'on en veut obtenir. Ce Diapafon ou bâton
harmonique., eft une efpece d'abrégé de tout le fyftême muii-
cal. On conçoit comment un grand Prince qui avoit fous fes
ordres les Savans les plus diftingués de l'Empire & tous les
Ofliciers qui préndent aux Rits & à la Mufique a pu faire
lui-même un modèle de proportionsun bâton harmonique s
qui renfermât en fubftance tous les principes fur lefquels on
fonde la fcience des tons.
On voit par-là combien les Sciences & les Arts doivent être
en honneur dans ce vafte Empire puifque les plus grands
Princes & les Souverains eux-mêmes ne dédaignent pas de
s'en occuper férieufement (x).
J'ai donné fur un tableau à part l'explication françoife de
tout ce qui eft marqué en Chinois fur le bâton harmonique
& afin qu'on pût avoir les dimenfions juftes des inftrumens qui
y font défignés j'ai tracé à côté de cette explication le pied
(.r) On peut ajouter à cette
réflexion du P. Amiot que les
deux Auteurs qu'il a fuivis par-ticulièrement dans fon Mémoire
{Voyez l'article i de la premiere
Partie ) font le Prince Tfai-yude la famille Impériale des Ming&
Ly-koang-ty Minifire d'Etat &
membre du premier Tribunal des
Lettrés de l'Empire auxquels on
peut joindre le Prince Houi-nan-
ifu cité affez fouvent dans le
cours de cet Ouvrage. Voyezla
note s de la feconde Partie & le
texte auquel ferapporte
cette
note» art, 5.
DE LA MUSIQUE
fur lequel elles ont été prifes. Ce pied eft calqué exactement
fur l'étalon clépofé dans [es Tribunaux.
Si ceux qui liront ce Mémoire fans préjugé & avec l'atten-
tionrequife ne fe forment pas une idée brillante du fyftême
deMufique des Chinois, ils fe convaincront du moins que
c'eft un fyftême qui leureft-
propre.Si dans îa manière dont
je l'ai préfenté ils trouvent des détails inutiles des répétitions
tandis que j'omets peut-être despoints effentiels,ou que je n'infiile
pasaffez fur le fond & les
preuvesdu
fyiîêmeils doivent m'ex-
eufer en faveur des monumensque je
leur tranfmets,monu-
mensuniques
& del'antiquité
laplus
reculéequ'on
connoiïle.
D'ailleurs j c'eft ici un Mémoire, & non un Traité en forme fur
laMufique
Chinoife. Dans cette extrémité du monde oùje
ne faurois acquérir les connoiflances néceffairesni me
procu*
rer les fecours dont j'aurois befoinpour pouvoir compofer
un
ouvrage complet, j'ai cru que c'etoit bien affez pour moi que
de fournir des matériaux aux Savans d'Europe qui font en etat
d'en tirer parti.
Ce que j'ai eu principalement en vue en travaillant fur un
fujet iî peu connu jufqu'ici, a été de fournir des objets de
comparaifon entre les Chinois & les autres Peuples & fur-
tout entre ces mêmes Chinois & les Egyptiens, afin que s'il fe
trouve entre ces deux Peuples des refîemblances qui puiffent
faire conclure raifonnablement que l'un a eté formé par l'autre P
on ne prive pas de l'honneur de la primauté celui à qui il appar=
rient inconteftablement.
AMIOT Millionnaire à Péking l'an de
J.C. 1776, du règne de Kien-longla quarante-unième année.
Je mets ici le Catalogue des Livres Si autresouvrages où
(e trouvent les matériaux qui om fervi à compofer ce Mémoire,
DES CHINOIS.
C'cit moins pourla iatisfachon des Savans a'Europe que
pour celle des Miffionnaires à venir qui pourr oient être tentés
de traiter lemême fujet.
Ce fera leurépargner
la moitié de la
peine quede leur
incliquerles fources où ils
peuvent puifer.
Tout extraie de cet ouvrage qui ne fera pas exacleiner.t
conforme à l'exemplairede M. Bertin ou à celui de la Biblio-
thèque du Roi, doit être regardé comme n'ayant pas été fait
fur mon Mémoire. Je prie ceux qui voudront en faire ufage f
de fe conformer fcrupuleufement à h manière dont j'écris les
mots chinois. Je les écris comme on les prononce à la Cour
& dans la Capitale, Ceux qui les écrivent d'après les Diction-
nairesfaits dans les Provinces font à-peu-près
comme ferok
un Gaiconqui
ecriroit les motsfrançois
de la manière don;:
on les prononcedans fon
pays.
CATALOGUE
JDes Ouvragesou fe trouvent les matériaux qui ont
fervi h lacompofîtion
duMémoire fur
la Mufiauc
des Chinois,
s3 ï je donne ici la lifte desprincipaux Ouvrages où Ton peut
trouver les matériauxqui
ont fervi à lacompofîtion
de ce
Mémoire } ce n'eu,pas feulement pour
faire voirque j'ai puifé
dans de bonnes iources; c'eft encore pour épargnera ceux
qui voudront travailler fur le même fujet la peine qu'ils fc
clonneroient de chercher ailleurs. Je n'écris que les {impies
îitres en termesoriginaux, & je
lesdiftingue par
des chiffres
correfpondansà ceux
que j'ai ajoutés aux titres écrits en
caractères chinois, Tous ces Livres ont été recueillis avec foin
DE LA MUSIQUE
fous la Dynaftie des Ming. Us ont eté abrégés & donnés au
Public fous lerègne de Ouan-ly. Cette
compilation eft intitu-
lée Lu tfou tfan kao c'eft-à-dire Examen critique des Livres
de Mujique.
§. L
Livres faits par ordre desEmpereurs & dans lefquels on n'a,
employé que ce qu'il y avoit de plus authentique dans les
ouvrages jur laIdujzque.
i. Ta-ming ki ly.
z. Ta-ming hoei tien.
3. Tilng pan ou King,fee-chou ta tfiuen.
4. Tfing pan fîng ly ta tfiuen chou.
5. Tinig pan iy tay toung kien tfoan yao.
6. Tfing pan ly tay ming tchen tfeou y.
S- H.
Livres qui traitent en même tems des Danfes & de laMujîqufr
7. Tcheng tfou yu tché hiuen kiao yo tchang pou.
8. Che tfoung yu tché hiuen kiaoyo tchang pou.
9. Tien ty, tan, ta fee yo tchang pou.
10. Tay-miao ou fiang yo tchang pou.
1 1. Ouang fou kia miao yo tchang pou.
1 2. Ouang fou leang tan yo tchang pou.
1 3. Sien ché miao y tien ly tou.
1 4. Koung miao pao tfoung ly yo tou.
15. Ta tcheng yo ou pou.
\6. Tay tchang tfoung lanpou.
17. Hing tao tchang pou.
18. Pou hiu tfee pou.
DES CHINOIS.
î9- Ou koungou pou.
20. Ouen tê ou pou.
§. IIL
Livres qui contiennent ce qu'il y a de plus effamei à favoir fur
l'ancienne Mujîque& un examen c, itique dz tout ce qu'en
ont écrit les différens Auteurs fous chaque Dynajiie,
H l, 1 1 e-2.1.
Hoang minglei tchao
mingtchen tfcou
y.
2.2. Hoang ming ming tchen king ki lou,
23. Kieou joui ta hio yen y pou.
24. Hia yen teng {y pou tfeou y.
25. Lieou king tou choue.
2.6. Tchang ngao tfm lu tou choue,
27. Lu jan clic yo tou pou.
28. Nio tao nan lun ko ché.
29. Ouang cheou jin lun ko ché,
30. Ouang ting fianglu-Iu lun,
31. Ki.
pen yolu tfoan
yao.
32. Ki pen lu-lu pié chou.
33. Ho tang yo lu koan kien,
34. Hoang tfouo yo tien.
35. Han pangki tché yo.
36. Han pang ki lu-lu tché kié^
37. Ly ouen ly lu-lu yuen cheng.
38. Hoang ki tfîng yo lu koang kien,
39. Tchang ou lu-lu fin choue kié,
40. Ly ouen tcha lu chou pou tchoUo
41. Ly ouen tcha hing yo yao lun,
42.. Ly ouen tcha kou yo tfien ty.
43. Ly ouen tcha tfing koung yo tiao,
44. Lieou lienyo king yuen y.
DE LA MUSIQUE
S. Vï,
45- Lieou lien kieou tai yo tchang.
46. Chao koung tchou kou yo y.
Z~7'< g/2 '[" a'c y1
Km .c r GhcLivres qui traitent enparticulier
de l'iifage du Kîil & du CKc »
depuis l'antiquité la plus reculée jufquaux tems où ces
Livres ont été écrits.
47. Heng fou kao tang ouang chê pou.
48.Lieou
yunchê
pou.
49. Kou tchouen kin pou.
l) o. Chen ki mi pou.
ij 1 Tay-kou y yn.
5 2.. Kin joan ki mong.
53. Sien ko yao tché.
54. Tchoung ho fa jen.
55.Y fa kin pou.
56. Tchan tchou kin pou.
57. Hoangfîen kin pou.
58. Siao loan kin pou»
Uvres quitraitent en particulier de la
Mujîque employée pendant
les cérémonies de l'exercice de la flèche dufejlin folent*
nel ? &c
ffîj. Tchan jo chouicheng hio ko ou
toung.
60. Tchan jo choui eulh ly king tchoan tfê.
61. Tchan jo chouiting yen chê ly y.
<d£. Hanyo koang fîang chê ly y kié.
63. Tcheou fou toung chan chou yuen y kié.
§. IV.
S- v.
DES CHINOIS.
Tome VI. D
S. VI.
Livres qui traitent du calcul du diamètre & de lacirconférence.
64. Kou yng fiang tsê yuen liai kin£ fen Iei y chou.
6j. Tang chun tchê hou ché keou kou joung fang yuen lun,
66. Sing yun lou, hou ché keou kou ko yueafoan fa.
S- VIL
Livres qui traitent des mefures employées pour la conjîrucdion
des Lu, & en général de toutes fortes de mefures
67. Ta-ming y toung tché.
68. Kocheng toung tché ki fou tcheou fien tché.
6y. Ko cheng fiang ché lou yo lu tcheng tsê.
Outre les Ouvrages mentionnés dans ce Catalogue on a
encore mis à contribution les treize King ( che-fan king ) les
vingt-une hiftoires ( Eulh che y che ) c'eft-à-dire toute
l'hilloire depuis Fou-hi jufqu'à la Dynaftie des Ming. D'où il
faut inférer qu'on n'avance rien fur la Mufique des Chinois
quine foit pris de leurs meilleurs Auteurs & des Ouvrages
les plus authentiques de la Nation.
*{ Iciejl placé
dans les deux JAanufcnts 9 le même Catalo-
gue écrit en caractères Chinois & contenant les G<) Titres de
Livres dont on vient de voir l énumération.
DE LA MUSIQUE,&c.
AVE R TISS EMENT.
§ ,E Manufcrit du P. Amiot contient cent
dix-huit planches chaque figure y forme une
planche & le plus fouvent l'explication de la figure
efl fur la planche même. Pour ne pas fùrchargerce
Volume d'un fi grand nombre de plancheson a
d'abord imprimé à part toutes les explications “
afin de pouvoir réunir plufieurs figures dans une
même planche. Ces explications forment un corps
à la fuite du Mémoire, & précedent immédiatement
les planches. En fécond lieu on a fupprimé celles
des figures qui n'etoient que la reprétentation d'un
même objet fous des grandeurs différentes, ou la
continuation d'un même fujet dont la premiere
figure (uffit pour donner l'idée., Mais l'on a confervé
à chaque figure le même numéro qu'elle porte dans
le Manufcrit, fous le titre de planche. On a feule-
ment changé, dans cette édition le mot de planche
en celui de figure, à caufe de la réunion de plufieurs
figures dans une même planche. Ainfi ce qu'on
appelle ici figure t figure z &c. foit dans lecorps
de l'Ouvrage foit dans les explications, répond à
planche i planche z &c. du Manufcrit du P,
Amio t, >
Dij
MÉMOIRESUR LA MUSIQUE
DES CHINOIS,TANT ANCIENS QUE MODERNES;
Par M. A M I O T Miffionnaire à Pékin.
PREMIERE PARTIE.
A R T I C L E P R E M I E R.
D v Son en général.
DE tous les tems les Chinois ont regardé le fon comme un
bruit ifolé qui a un éclat plus ou moins fort, plus ou moins
clair de plus ou de moins de durée conformément à la na-
ture du corps qui le tranfmet mais qui n'étant point encore
fournis à la mefure & aux regles qui condiment le ton, n'a
befoin, pour devenir tel, que d'être circonfcrit dans les limites
DE LA MUSIQUE
qui font fixées par les loix immuables de ce qu'ils appcllem
~u ( y ).
(i) J'expliquerai en fon lieu ce
que c'eft que Lu («).En atten-
dant, ceux qui 1 lient peur s'mi-
tniire, peuvent ne prendre d'abord
qu'une îimple idée de cet Ouvrage,& referver leur attention pourune féconde ledure qui leur
développera ce qu'ils n'auront vu
que fuperfkiellement dans la pre-
mière. Au refte on ne doit pas
perdre de vue en lifant ce Mé-
moire que mon principal objet
étant de faire connoître un iyftême
purement chinois j'ai dûen
empruntant les idées & le langagemême des Chinois nvenoncer
ibuvent comme le feroit un Chi-
noisqui expliquerait
lui -même
fonfyltème.
(.;) Comme cette explication
dépond de la lecture attentive de
plusieurs articles de la féconde
Partie de cet Ouvrage j'ai cru
devoir prélenter ici une idée des
Lu. Je commence par l'interpréta-tion du mot Lu d'après le maiiuf-
crit fur laMulique que
le P.
.Amiot avoit autrefois envoyé en
France 8c dont il eil parlé à la
page 5 du Diicours Préliminaire.
« Le mot ou la lettre Lu prisit en lui-même & dans toute fa
si lignification veut dire Prin-
jt clpc Origine Loi Mefurg Rc-
»gL-,&cc."y> Traduction :de l'Ou-
vrage de Ly-Koang-ty Prélimi-
naires, cahier^ page i^.Les Chinois admettent douze
Lu comme on le verra à l'arti-
cle i de Sa féconde Partie. Ces
douze Lu furl'application deï-
quels les Auteurs Chinois ont
beaucoup varié ne font autre
chofe dans le i'ens primitif de
leur inititution qu'une lérie de
douze fois fondamentaux gardantentr'eux la même proportion,comme feroit une férie de Quar-
tes de Quintes ou de Dou^jtmzs y
car il n'y a que ces intervalles
confonans qui puiflent être des
Principes des Loix des mefures
du fort. Ainfi la férie des confo-
nances fi mi la rc Sic. ou fa,
ut fol rc &c. conçues comme
Quartes ou commeQuintes
ou
comme Douzièmesfort en mon-
tant, l'oit en defeendant » eft une
féne de Lit.
Cette férié pouffée jufqifaunombre de douze Lu, comme ,fi?
mi la re ,Jol ut ,ja ,Jl c mi \>
la b rc fol \i ou fa ut fol
re lu mi fl, fa ut fol
k% la ->? forme cette règle inva-
riable du Ion ce modele, & pouramfi dire, cette mafurc qui doit le
constituer ton muiïcal.
Les t"yaux qu'on fuppofe ren-
dre ces fons ainfi détermines 9"
font également appelles Lie; ainfi.
le Ion re par exemple conçu
dans certaines proportions, rela-
tivement à la férie de confonances
dont il fait partie ou bien le
tuyau qui rend ce même n font
l'un & l'autre la régie le /.?/,
le modèle d'intonationpour
tous
les requ'on peut former foit ci la
voix ioit fur des inïtmmens. Il ca
DES CHINOIS.
De tout tems encore ces mêmes Chinois ont diftinguc huit
efpeces différentes de fons & ont penlé que, pour les pro-
duire, la nature avoit formé huit fortes de corps fonores fous
lefquellestous les autres pouvoicnt fe claffer. Ces huit fortes
de corps fonores font la peau tannée des animaux la pierre
le métal, la terre cuite la foie, le bois le bambou & la calc-
baffe. Cette divifion difent les Chinois, n'eft point arbitraire;
on la trouve dans la nature quand on veut fe donner la peine
de l'étudier. Elle découle comme naturellement ajoutent-
ils, de la doctrine des trigrammes de Fou-iù (£). Ainfi que
ces trigrammeselle a ion principe
dans le nombre 3 qui défigne
ici les trois principaux règnes de la nature l'animal le végé-
tal & le minéral & elle eft limitée par le nombre 8 nombre
qui Gompofe aufîi la totalité des trigrammes. Comme tout ce
qui eft dans la nature difent encore les Chinois tient aux
trigrammesde même chacune des huit efpeces de fons eft
engendrée par un trigramme particulier & eft analogue à
tout ce que ce trigramme repréfente. Voye^ dans les Planches
la figure1 & fon explication,
C'eft ainfi qu'en voulant tout rapporter aux trigrammes &
tout expliquer par leur moyen les Chinois plus modernes
ont tellement obfcurci les principes de la Muiique, qu'il feroit
difficile d'en retrouver les traces fi une certaine claffe de
Lettrés, par un attachement inviolable pour tout ce qui venoit
des anciens ne nous eût confervé ces mêmes principes fous
leur premiere forme.
eft de même des autres Lit quifont toujours le type des intona-
tions précilesde
chaque intervalle
muiical ibit ton loit demi-ton
lbit tierce &c.
(Z>) Ces trigrammesfont com-
poiéscomme leur nom le
porte
de trois caraôeres ou fignes quine confiaient qu'en de {impies bar-
res, fou entières comme –
i'oit coupées 3 dont on
verra l'uiage dans la i'ecende Par-
tie de cet Ouvrage,
DE LA MUSIQUE
Le défordre général que firent naître dans 1 Empire les guer-
res prefque continuelles dont il fut agité pendant près de quatre
fîecles après l'extinftion des Han les mœurs des Tartares
que ces mêmes guerres introduifîrent dans les Provinces les plus
voulues de ces Peuples, & la préférence qu'on y donnoit aux
armes fur les Lettres firent négliger l'étude des anciens prin-
cipes de laMufique. Mais dans lesProvinces méridionales quel-
ques Lettrés du premier rang s'attacherent à conferver les an-
ciens ufages dans toute leur pureté & comme IaMufique tenoit
à la plupart de ces ufages, ils la conferverent pareillement telle
qu'ils l'avoient reçue de leurs ancêtres. Ils ne changerent rien
aux Inftrumens ils s'appliquerent au contraire à développer
la méthode fuivant laquelle ils etoient conftruits & en les
comparant avec ce qui en efl dit dans les Livres les plus au-
thentiques, avec les descriptions faites dans les premiers tems j.
& avec ce qu'une tradition non interrompue leur afluroit avoir
eté déterminé par Hoang-ty lui même ils fe convainquirent
qu'en fait de Mufique comme en toute autre chofe ce qui
leur venoit des anciens etoit préférable à ce qu'introduifoient
chaque jour les modernes. Si en fouillant dans les Livres &
dans les Mémoires particuliers qui traitoient des lu ils n'y
découvrirent point encore ce principe qui en eft la bafe & fur
lequel les premiers inventeurs avoient appuyé tout l'édifice
mufical, ils mirent du moins par leurs écrits ceux qui de-
voient venir après eux dans la voie qui pouvoit les conduire
à cette découverte.
Après l'extinction de toutes ces petites dynafties qui régne-
rent depuis l'an de Jefus-Chrifl 265 jufqu'à l'an 61 8 l'Empire
réuni fous la domination d'un feul Souverain fembla vouloir
reprendrefon ancienne fplendeur. Les illuftres Princes de
la race des Tang en accordant aux Lettres une proteclio^
DES CHINOIS.
dont elles avoient été privées pendant les quatre fîecles pré-
cédens, les firent renaître pour ainfi dire en les tirant de
cette efpeced'oubli dans lequel elles etoient comme ensevelies.
Parmi les Lettrés qui s'appliquèrent à débrouiller le chaos de
l'antiquitédeux favans, Sou-fieou-fun 8c
Tchang-ouen-cheou
s'occupèrentde Mufique. Ils donnèrent par extrait ce qu'il y
avoit de pluseffentiel dans les ouvrages des Auteurs qui les
avoient précédés & en particulier deKing-fang qui floriffoit
vers l'an 48 de l'ère chrétienne, & de Lin.-tchcou-k.Uou con-
temporain & ami de Confucius.
Sous les cinq petites dynafties poftérieures qui gouvernerent
l'Empire après les Tang c'efl-à-dire depuis l'an 907 jufqu'àl'an 960 la Chine redevint guerriere & la Mufique fe cor-
rompit ainfi que les moeurs.
Vinrent enfuite les Soung. Sous les Empereurs de cette illuftre
race les fciences reprirent une nouvelle vigueur. On ecrivit
fur tous les genres ?mais félon les faux
principes qu'on s'étoit
faits. La. plupartdes Lettrés rejetterent tout ce qu'ils n'ente n-
doient pas,ou dédaignèrent ce qui leur parohToit trop iimple
parmiles découvertes & les travaux des anciens. Pour faire
parade d'érudition quelques Auteurs parlerent avec emphafe
de divers Inilrumens des anciens mais fans toucher à rien qui
eût trait aux principesfur lefquels ces Inïîrumens avoient été
conftruits. D'autres ont décrit fort au long les dimenfions des
divers lu mais tout ce qu'ils en ont dit ne fauroit faire con-
noître le principe de ces dimenfions le principe des lu. Auffi
ont ils paiTé fous filence ce qui concerne le fon conhdéré
comme ton muucal comme circonfcrit dans telles ou telles
limites par leprincipe des lu.
Laiffant à part ce principe ce tronc du grand fyftême je
veux dire la progreflion triple pouffée jufqu'à douze ter-
DE LA MUSIQUE
rhiitoire
mes (c) ils ne s'attachèrent qu'à des petites branches fépa-
rées, à des fyftêmes particuliers & même à des parties de
fyitêmes parce qu'ils pouvoient en déduire avec plus de faci-
lité tous les rapports qu'ils croyoient devoir fe trouver entre
les trigrammesde Fou-hï & tout ce qui eft dans la nature. C'eft
ainfi qu'en voulant faire honneur aux anciens de leurs propres
idées, ils travaillèrent, fans le favoir., à leur ravir la gloire
d'avoir trouvé le vrai fyftême de la Mufïque.
Quelques Lettrés fe préferverent de la contagion & laif-
fant aux anciens leurs combinaifons leurs allégories, non feu-
lement ils ne leur en fuppoferent pas de nouvelles mais ils
prouvèrent que celles dont les anciens avoient fait ufage
n'etoient, à l'égard des principes, que des acceffoires & des
objets de furérogation. C'eft à ce petit nombre de Savans que
la poftérïté eft redevable de plufieurs monumens antiques qui
ont été confervés fans altération tels font en particulier quel-
ques Livres fur la Mufique qu'ils ont arrachés à la faulx du
tems, en les faifant réimprimer tels qu'ils etoient fans vouloir
s'en faire.accroire en les interprétant à leur maniere.
C'eft dans ces fources, ainfï que dans les Livres claffiques &
dans les Mémoires qui ont fervi pour la compofition de
(c) La progreffion triple pouf-
fée jufqu'à douze termes, comme
i 3 9 27 &c. eft l'exprefllon
numériqued'une férie de confon-
nances, appellées Douzièmes dont
la Quinte & la Quarte font l'image.
Voyez ci-devant note a. Ainfi l'on
peut dire quela regle d'une férie
de douze termes en progreffion
triple la règle des Lu, ou la regled'une fuite de fons à la quarte à
la quinte ou à la douzième l'un de
l'autre font une feule & même
règle un feul & même principe
fous des formes différentes. Or, 9ce principe pour achever de le
bien faire connoître dès à préfent,n'efl jamais autre chofe, de quel-
que manierequ'on le repréfente
qu'un affemblage de confonnances
de même genre de même nature& d'une
égalité inaltérable de
proportions. C'eft-là. la bafe du
•fyftême des anciens Chinois qu'ilfaut bien diflinguer dans ce Mé-
moire, des principes, ou pourmieux dire des erreurs des Chi-
nois modernes,
DES CHINOIS.
Tome VL E
l'hifloire des trois premières dynaitics, que Filimlre Prince Tfai-
yu, de la famille Impériale des Ming; aidé des plus habiles Let-
très de ton tems, puifale vrai fyftême de l'ancienne Mufique
Chinoife qu'il a développé dans unouvrage fur les lu ( z )“
C'eft de ces mêmes fources que le célèbreLy-koang-ty a
tiré les lumières qui l'ont éclairé dans la composition de l'ou-
vrage qui fut publié, fous le règne de Kang-hi fur le même
fujet (d)i & c'eft dans les écrits de ces deux favans Auteurs
que j'ai pris moi-même une partie des matériaux dont j'ai
compofé ce Mémoire. Je n'ai pas vérifié leurs citations, parce
qu'il m'eût fallu recourir à des Livres qui ne fe trouvent guere
que dans laBibliothèque Impériale mais on peut s'en rap-
porter à la fidélité & à l'exactitude de ces deux Auteurs.
J'ai trouvé dans leurs ouvrages & dans tous ceux qui parlent
de Mufique que du tems même de Yao & de Chun on diftin-
guoit huit fortes de fons, produits par autant de corps fonores
différens & qu'on avoit des Inftrumens particuliers défîmes
à faire entendre ces huit fortes de fons. J'y ai trouvé encore
que dès ce même tems on avoit fait des recherches pour obte-
nir le ton propre de chacun de ces huit corps fonores afin
de pouvoir en tirer ces modulations ravivantes feules capa-
bles de charmer tout-à-la-fois & l'oreille & le coeur.
( x ) Cet Ouvrage en: intitulé
Lu-lu-tfng-y c'eft-à-dire expli-
cation claire fur ce qui concerne les
Lu. Le Prince Tfai-yu le préfei-itaà l'Empereur Ouan-ly à la troi-
iieme lune de l'année P'mg-chentrente-troifieme du cycle & la
vingt-quatrième durègne de cet
Empereur c'eft-à-dire Fan 1 596.
(<i) L'Ouvrage de Ly-koang-tya paru en 1717. Voyez note n du
Difcours Préliminaire, page 1 2. Le
manufcrit qui contient la traduc-
tion de cet Ouvrage faite par le
P. Amiot, m'a etc confié en 1770,
J'en ai cité divers partages dans
une Lettre touchant la divilion du
Zodiaque, inférée dans le Journal
des Beaux-Arts & des Sciences
par M. l'Abbé Aubert mois de
Novembre 1770. Voyez cette mê-
me Lettre imprimée à part p. 7
oupag. 103 du Journal.
DE LA MUSIQUE
Les Chinois font peifuadésen
général que, quoiqu'on puifie
tirer de chaque corps fonore tous les tons de la Muiîque il
eil cependant pour chaque corps particulier un ton plus
analogue aux parties qui le compofent, un ton propre que la
nature dans la diftribution des chofes pour le concours de
l'harmonie univerfelle lui a affigné elle-même en combinant
ces parties.
Cependant, comme les fentirnens font partagés fur la fixa-
tion de ce ton "propre je n'entrerai point ici dans une difcuf-
tion néceffaircment longue & qui ne me conduiroit à rien
d'utile pour l'objet que je me propofe.îl me fufilt d'observer
que l'ordre le plus anciennement affigné aux huit corps fonores
qui rendent les huit fortes de fons eil i v. le métal 2°. la.
pierre, 3°. la foie, 40. le bambou, j°. la calebafîe, 6°. la
terre cuite, 70. la peau tannée des animaux, 8°. le bois. Cet
ordre a eté renverfé dans la fuite des tems par ceux d'entre
les Lettrés qui ont voulu faire accorder à leur manière les huit
trigrammes de Fou-hi avec les huit fortes de fons mais cet
arrangement ne remonte pas plus haut que les Soung (e).
Les anciens comme je l'ai dit avoient des liiflrumeils
particuliers qui faifoient entendre le fon propre de chaque
corps fonore. Je vais énoncer ici ces Inftrumens en préfen-
tant l'ordre plus moderne que les Chinois donnent aux huit
fortes de fons.
i°. Le fon de la peau etoit rendu par les tambours; i°. le
fon de la pierre par les klng 3°. celui du métal, par les clo-
ches 40. celui de la terre cuite, par les hiuen; 50. celui de la
foie par les kin & les ché 6°. celui du bois, par les yu & les
te hou 70. celui du bambou par les différentes flûtes & les
(e) La Dynaftie des S mm aa
commencé en 960 & a fini en
1 179 félon une remarque du P.
Amiot, dans fa traduftion de
l'Ouvrage de Ly-koang-ty Cahier
B ? n°, 14 page 41 note 124,
DES CHINOIS.
E ij
koan; 8°. celui de la calebafle par les cheng. Tel eft l'ordre
repréfentéà la première figure de la Planche I & c'eft cet
ordre que je vais fuivre dans autant d'articlesparticuliers oui
termineront cette premiere Partie. Voyez figure 1.
ARTICLE SECOND.
Du SON DE LA PEAU.
JL^és les premiers tems de la Monarchie Chinoife avec la
peau tannée de quelques quadrupèdes on conftruiibit divers
Inftruraens que je ne faurois déligner en François que
par le nom général de tambour. Ces Infïrumens etoient de
piufïeurs efpeces & différaient les uns des autres tant par
leur forme que par leurs dimensions.
Le plus ancien tambour qu'on connoifïe cit le tou-kou de
chen-noung. On l'appelloit tou-kou qui lignifie tambour ds
terre parce que ce qui en formoit la caiiTe etoit en effet de
terre cuite, 6c l'on tendoit fur fes deux extrémités la peau dont
on devoit tirer le ion.
Un Infiniment aufli fragile etoit encore néceffairenient lourd
& difficile à manier pour peu qu'il 'fût gros. Aufli ne tarda-
t-on pas de fubftituer le bois à la terre cuite. L'on conftruiiit
des tambours dont on varia la groffeur & la forme fuivani
les différensufages auxquels on les deftinoit.
Les anciens n'ont rien laiffé par écrit iur l'efpece de bois
qu'on employoitdans les premiers
tems pour la conftruftion
destambours mais on fait
par tradition quedans les Pro-
vinces du Midi, le cèdre, le fandal &c tous les bois odoriférante
etoient choiiîs de préférence à tous les autres, & quedans les
Provinces du Nord on failbit ufage du mûrier ou de quelque
autre bois fembiabie.
DE LA MUSIQUE
Comme on ne trouve aucun monument authentique tou-
chant la forme des premiers tambours je ne parlerai ici que
de ceux qui ont cté employés foit dans la Muflque foit dans
les cérémonies, fous les trois premières dynafties depuis Yu
le grand jufqu'aux Tckeou inclurivement c'eil-à-dire depuis
le règne de Pharaon Apophis dans la baffe Egypte jufque
vers le tems où les Héraclides s'établirent à Lacédémone &
dans le Péloponefe ou fi fon veut depuis le tems du Patriar-
che Jacob, jufqu'à l'établiffement des Rois Saiil & Davido L'un
des objets que je me fuis propofé en compofant ce Mémoire
étant de prouver que les Chinois n'ont emprunté leurs feiences
& leurs arts d'aucun autre Peuple je dois quand l'occaiîon
s'en préfente les rapprocher des plus anciens Peuples connus, 9
afin qu'on puiffe comparer les uns & les autres entre eux &
ne pas refufer l'honneur de l'invention à ceux qui le méritent
à jufte titre. Je n'avancerai rien dont je ne puiffe fournir les
preuves & ces preuves je les tirerai des Livres Chinois les
plus authentiques & dont l'autorité ne fauroit être révoquée
en doute.
Comme le Chou-king, le Ché-king, le Ly-ki & autres anciens
Livres claffiques ne font aucune mention des tambours des pre=
miers fiecles je me bornerai comme je l'ai déjà annoncé
à ne parler ici que des tambours en ufage fous les trois dynaf-
ties Hia Chang & Tcheou les feuls dont parlent ces Livres
claffiques.
On compte huit efpeces de ces tambours ou pour mieux.
dire on donnoit huit noms différens à des tambours conftruits
à peu près de méine mais qui différoient en quelque chofe
foit dans leurs formes particulières, toit dans leurs dimenfions.
Ceux du tems des Hia, dont le fondateur fut affocié à l'Em-
pire par Chun l'an avant Jefus-Chriir. 2224 etoient appellés
Tfou-kouk leur forme etoit à peu près femblable à. celle de
DES CHINOIS.
nos barils. Une piece de bois ayant un pied fait en forme de
croix fans aucun ornement, traverfoit, par le milieu, le corps
de l'Inftrument pour le foutenir. Voyez figure 2.
Cette forte de tambour portoit encore le nom de pen-kou
comme qui diroit tambour lourd & c'eft fous cette dénomi-
nation qu'il en eft parlé dans le Ché-k'ng.
Aprèsl'extinction de la dynaftie des Hia, c'eft- à-dire vers
ce tems où le Peuple de Dieu tombé dans l'anarchie pour la
troifieme fois fut de nouveau réduit en fervitude fous les
Moabites, l'an 1756 avant l'ère chrétienne, fuivant le P. Pezron 5
la dynaftie des Chano monta fur le trône de la Chine. Cette
dynaflie fit quelques changemens aux cérémonies Si comme
les tambours fervoient dans les cérémonies, elle changea auffi
quelque chofe à leur forme. On les appella Yn-kou & on ne
parla plus des Tf&u-kou fous cette dynaftie.
h'yn-kou etoit, comme le tfou-kou traverfé par une piece
de bois equarrie mais cette piece de bois etoit fans pied j
on Fenfonçoit dans la terre affez, profondément pour que le
tambour ne pût vaciller lorfqu'on le frappoit. Cette forte de
tambour portoit encore le nom de kao-kou, &: c'eil fous cette
dénomination qu'il en eft parlé dans le Ché-king. Voyez fig. 3.
L'an 11 22 avant l'ère chrétienne Ou-ouang fe trouva 3
par la mort de Tcheou-Jîn feul maître de l'Empire & fonda
ia troifieme dynaftie dite des Tcheou. Il laiffa fubfifter l'ufage
de Y yn-kou mais le tambour employé dans les cérémonies
particulieres de fa dynaiie fut le hiuen-kou fa forme etoit à
peu près la même que celle du tfou-kou des Hia on y avoit
joint deux petits tambours fufpendus à fes côtés. Voyez fig. 4,
Ces deux petits tambours avoient des noms différens fuivant
qu'ils etoient placés à l'eft ou à l'oueft c'eff-à-dire à la droite
ou à la gauche de celui qui devoit en tirer le ion. Les uns
s'appelloient cho-yng les autres eulh-pi s mais ils etoient com-
DE LA MUSIQUE
pris fous le nom du kiuen-kou dont ils formoientl'accompa-
gnement.
Le kin-kou à peu près femblable au tfou-kou avoit diffé-
rens noms il s'appelloit kien-kou quand il etoit fans aucun
ornement extérieur & on lui donnoit les noms de lei-kou
de linçr-kou & de lou-kou félon ce que repréfentoient les
peintures quidécoroient fa circonférence. Voyez fig. 6.
Le tao-kou etoit diftinguéen
grand & petit. Voyez fig. 7.
Le grand tao-kou fervoit à donner le fignal pour commencer
le chant; & le petit tao-kou etoit pour avertir quand une ftance
une ftrophe ou une partie de la piece qu'on chantoit étoit
finie.
Le ya-kcu & lepo-fou
l'un fait en forme de baril l'autre
fait en cylindre voyez les figures 1 o & 11, avoient cela de
particulier qu'ils etoient remplis de ton de ri^'c'eft-à-dire de
cette enveloppe que quitte le riz quand on le monde. La peau
tendue fur ces tambours devoit non feulement être tannée
mais il falloit encore qu'on, l'eût fait bouillir dans une eau fans
mélange. Le fon de ces deux Inftrumens etoit doux. Uya-kou
etoit placéhors de la faile des cérémonies & celui qui en
jouoit fe tenoit debout. Au lieu que le po-fou devoit être dans
la falle même il fervok à accompagner les voix, & celuiqui
en jouoit étoit afïïs tenant le po fou fur tes genoux. Il le
remettoit enfuite fur la table qui fervoit de fupport à cet Inf-
trument, lorfque la mufique etoit finie. Le nom de po fou
donné à cette forte de tambour défigne plutôt la maniere
dont on le frappoit, que le tambour lui-même il s'appelloit
po lorfqu onle frappoit de droite à gauche & fou quand on
le frappoitde gauche à droite ou fi l'on veut po c'étoit le
frapper de la main droite & fou de la gauche.
Au refle ce qu'ona avancé clans quelques ouvrages tou-
chant: les tambours à quatre fix & huit faces, ne mérite pas
DES CHINOIS.
qu'on yfafîe attention. Il n'y a jamais eu de tambours à plus
de deux faces. Voici ce que penfeà ce fujet un excellent
Auteur dont j'ai actuellement l'ouvrage fous lesyeux Quand,
à l'occafiondes tambours il cfl parié dans les anciens mo-
numais de quatre, fixoïl huit j 'aces, c.lci fignifie feulement quil
yavoit quatre, fix,
ou huit tambours de même efpece fur une
même face cejl-à-dire fur un mêmerang.
C'eft-là à peu près tout ce que je trouve de plus elTentielà
dire fur les Infrrumens construits pour faire entendre le fon
propre de la peau.
Si les détails danslefquels je viens d'entrer paroifïent trop
minutieux on doit faire attentioncrue
ce n'eftque par ces
«détails même que je puis mettre fous les yeux du Lecleur
lesoccupations
des hommes dans ces tems heureux où la race
humaine étoit pourainfi dire encore dans fon enfance. Or
cette enfance, loin d'avoir rien de puérile pour les Philofo-
phes fera pour eux un fujet de réflexions.
ARTICLE TROISIEME.
Du SON DE LA_PI£JIRE.
'a*
J_/ a s. T de faire fervir les pierresmême à l'ufage de la
Mufique eft je penie, un art particulier aux Chinois du
moins je n'ai lu nulle part que les Grecs, les Egyptiens, les
Chaldccns, les Arabes ni aucun des anciens Peuples connus
l'aient pratiqué ou en aient eu feulement l'idée. Il falloit
pour l'inventer un peuple naturellement pbuloiophe fi je
puis parler ainfi un peuple curieux de connoître les produc-
tions de la nature accoutumé à les contempler & aiTez in-
rlu&ieux pour en tirer parti. Tel a été cet ancien peuple qui
DE LA MUSIQUE
Sous
dès les premiers fiecles du monde vint habiter la Chine.
Nous liions dans le Chou-king que du tems même d'Yao &
de Chun les Chinois avoient déjà obfervé que parmi les
différentes fortes de pierres il s'en trouvoit qui rendoient un
fon propre à la mélodie que ce fon tenoit un milieu entre le
fon du métal & celui du bois qu'il etoit moins fec & moins
aigre que le premier, plus eclatant que le fecond plus bril-
lant & plus doux que l'un & l'autre; que déjà ils avoient taillé
ces pierres fuivant les règles des lu pour leur faire rendre de
véritables tons & en avoient fait des Inftrumens qu'ils appel-
loient kieou & auxquels on donne aujourd'hui le nom de
king. Voyez fig. 13.
Nous trouvons encore dans le Chou-king que vers ce même
tems d' Ya o & de Chun, c'eft-à-dire plus de 2200 ans avant
l'ère chrétienne les différentes pierres fonores propres à faire
les king, font fpéciiîées parmi les tributs qu'Yu le grand avoit
déterminés pour chaque Province. Celle de Su-tcheou devoit
fournir les pierres dont on feroit les fou-king (*). La Province
de Yu-tcheou celle pour les king-tfouo, c'eft-à-dire, ces king
de grandeur indéterminée, grands ou petits, fuivant le ton fur
lequel on devoit les mettre. Enfin la Province de Leang-tcheou
devoit fournir les pierres nommées de Yzc dont on faifoit les
nio-king ( ).
(* )Ces pierres fonores fe trou-
vent fur la fuperficie de la terre
prèsdes bords de la riviere Sic.
Les PhyficiensChinois
quiont
interprété le Chou-king difent
queces pierres expofées au foleil &
a toutes les variations de l'air, acquiè-
rent une dureté qui fait qu'elles ren-
dent un Jon plus clair plus net 6"
plus terminé.C'efl pourquoi ajou-
lent-lls j o?i leur donnait lapréfé-
rence fur les autres pierres fonores qui
fe trouvent dans lefein de la terre ou
dans le fond des eaux fait qu'elles
y /oient ifolécs ou qu' 'elles foient erz
bloc, ou par couches dans les carrie-
res. ( Extrait du texte du P. Amiot, )
(**) H fautremarquer
dit L'm-
chl que iorfqu'il eu parlé, dans
les anciens Livres duNio-king
& du Kieou-king on entend les
King faits de pierre deju, &qne
DES CHINOIS.
Tome FI. F
Sous le regnede Tcheng-ty dixième Empereur de la dy-
naftie des premiers H an vers l'an 3 avant Jefus-Chrift on
trouva dans le fond d'un étang un ancien king compofé de
feize pierres.
L'un 247 de l'ère chrétienne on 1. -éfenta àl'Empereur un
yu-king, c'eft-à-dire un king fait de pierres de Yu compofé
de feize pierres. Cet Inftrument fut trouvé près àcHlué-tcheng
dans le diftriér. de Su-tcheou. Les Dofteurs les plus habiles de
ce tems-là convinrent tous que /à forma etoit celle des plus an-
ciens king. Ils reconnurent qu'il donnait quatre fons au-dejjiis
des dou^e lu & que tous fes tons étaient de la denuere juj-
tejfe (/")• Ils fervirent de modèle à Tcheng-ché lorfqu'ii voulut
fixer les lu fupérieurs.
Sous le nom général de king on difiingue le ifé-king & le
pien-king. Le tfê-king confiftoit en une feule pierre fonore 3
qui ne rendoit par conféquent qu'un feul ton il fervoit ainfi
que le gros tambour & la grande cloche, à donner le fignal
pour commencer ou pour finir. Le pien-king eftun affortiment
de feize pierres formant le fyftême de fons qu'employoient
ces King ne pouvoient être em-
ployés que dans la mufique qui fe
faiîbit chez l'Empereur. Dans celle
qui fe faifoit chez les Princes les
King etoient d'une pierre fonore
moins précieule que leyw. (Extraitdu texte du P. Amiot. )
(/) La jufteffe de ce King
prouve encore fon antiquité, puif-
queles anciens Chinois fe régloient
par la progreffion triple pour obte-
nir des tons & des demi-tons
tels que les donne la fuite des
confonnances reprélentée parcette progreffion triple. Au lieu
que les Chinois plus modernes ?
comme on le verra à la féconde
Partie -de ce Mémoire font tom-
bés dans les fauffes intonations
qui rcfultent du fyftûme abfurde
de confondre le demi-ton chroma-
tique avec le demi-ton diatonique
( La-dufi avec Ji-bèmol &c. ) pour
avoir, ainfi quenos Fafteurs d'inf-
trumens à touches des demi-tons
à-peu-près égaux entr'eux des
demi-ions de fantaiile à la place
de ceux qu'exige la loi immuable
des confonnances la règle inva-
riable des Lu. Voyez les notes a
& c pag. 28 ôc 32.
DE LA MUSIQUE
les anciens Chinois dans leur Mufique tel que celui de la
figure 13.
Les anciens avoient encore le cheng-king & le foung-king.
Voyez n"g. 1 4 & fon explication.
Quelques Auteurs ont prétendu que le tfê-king, c'eft-à-dire
leking ifolé dont nous avons parlé en premier lieu etoit
anciennement employé pour marquer la mefure & même
chaque tems de la mefure foit que l'on chantât, foit qu'on
jouât des Inftrumens & que les king qui donnent tous les tons
de la Mutique ne commencerent que fcus les Chang. Mais ces
Auteurs ont eté réfutés par un excellent Critique Tfai-yuen-
ting qui rapporte que tous les anciens fragmens ont toujours
parlé de feize cloches de feize king de feizepei-jiao (g)
ce qui dépefe en même tems contre les différentes opinions
de quelquesEcrivains de la baffe
antiquité qui ont compofé
l'affortiment du pien-kmg les uns de douze pierres les autres
de vingt-quatre & qui ont avancé que c'étoit-là la doctrine
des anciens. Mais ce qui eil rapporté, foit dans les ufages du
Tay-tchang-féefoit dans les fragmens des anciens Livres fait
voir le faux de ces différentes opinions.
( g") Indépendamment des preu-
ves tirées des anciens fragmens
il etoit aifé de démontrer à ces
Auteurs que fi, felon eux les
Anciens fe fervoient du King ifolé
pour marquer la mefure il leur
falloir, néceffairement avoir plu-
fieurs de ces Kln«s ifolés relati-
vement aux divers tons fur lefquels
on pouvoit exécuter de la mufï-
que.Un feul King n'ayant que fon
ton propre èc même un ton fixe
les Auteurs qui ont avancé l'opi-
nion qu'onréfute ici auroient dû
prouver auparavant quetout ce
quife chantoit, ou tout ce qu'on
jcuoit ïu'.treibis etoit fur un feul
& même ton, ce qui ne peut même
être fuppofé fer-tout pour la
Mufique instrumentale.
Il réfulte donc de cette obfer-
vation qu'on ne peut contefler aux
Anciens l'ufage de plufieurs Kings^
c'eft-à-dire d'un aflbrtiment com-
pofé d'un certain nombre de pier-res fonores 9 quand même ce
11'auroit étéque pour battre la
mefure dans les divers tons fur
lefquels on faifoit de la mufique.
Or avec un tel aflbrtiment qu'efî-ce qui empêche de jouer des airs,
de iuivre la voix o\i les autres
¡T1fh"l1mpn~
DES CHINOIS.
Fij
ARTICLE Q U A T R I E M E.
Du SON D U MÉTAL.
1 i e métal tient un rang diftingué dans l'ordre que gardent
entre elles les produ£Hons de la nature. C'eft fuivant la phy-
fïque des Chinois, l'un des cinq elémens que la nature emploie
pour conftituer l'effence des autres corps. L'art de mettre le
métal en fufion par le moyen du feu de le purifier & de
l'employer à divers ufages efl prefque aufii ancien que le
Monde mais l'art de le faire fervir à la Mufique n'a pas eté
iî-tôt connu chez les diverfes Nations. Les Chinois font peut-
être le feulpeuple de l'univers qui fe foit avifé de fondre
d'abord une premiere cloche pour en tirer ce ton fondamental
fur lequel ils devoient fe régler pour avoir douze autres clo-
ches qui rendirent exactement les douze fémitons qui peuvent
partager l'intervalle entre un fon donné & celui qui en eft la
réplique, l'image, c'eft-à-dire Yoffave & enfin de former un
affort-iment de feize cloches pour en tirer tous les fons du fyÇ-
tême qu'ils avoient conçu, & fervir d'Infiniment de Mufique j
car il ne faut pas croire qu'il s'agit ici de cloches comme
celles qui fontfufpendues à nos tours. Voyez la figure 16 &
fon explication.
On diftingue chez les anciens, trois fortes de cloches les
po-tchoung les tê-tchoung &les pien-tchoung c'eit-à-.dire, trois
efpeces défignées par po tê & pi en; car tchou/ig ûgnihe cloche.
Lespo-tchoung etoient des cloches ifolées fur lefquelles on
frappoit, foit pour donner quelque fignal au commencement
d'une Pièce, foitpour avertir, pendant la Piece même ou les
danseurs ou les joueurs d'Inflrumens lorfqu'ils dévoient com-
mencer ou finir. Ces fortes de cloches etoient les plus greffes
DE LA MUSIQUE
de toutes on les appelloit encore du nom de Young & c eït
fous ce nom qu'il en eft parlé dans le Di&ionnaire Eulh-ya.
Les tê-tchoung etoient de moyenne groffeur.On employoit
ces cloches dans l'exécution de la murique, foit pour marquer
la mefure, foit pour faire la partie quileur etoit propre.
Dans
plufieurs Livres ou dans les monumens anciens elles font con-
nues fous le nom de piao elles avoient la forme de celle qu'on
voit à la figure 1 7.
Les cloches pien-tchoung appellées autrement tchan, etoient
les plus petites & c'eft fur-tout de celles-ci qu'on formoit un
affortiment de feize cloches pour joindre à l'affortiment des
king ou pierres fonores. Voyez fig. 1 8.
Sans m'arrêter ici à décrire les proportions que doivent avoir
les cloches pour qu'elles rendent des fons conformes aux regles
des lu ( ) je dirai feulement pour ce qui regarde la matiere
dont elles etoientcompofées qu'un mélange
d'étain & de
cuivre a été de tout tems celle que les Chinois ont employée
pour leurs cloches. Sur fix livres de cuivre rouge (dit le Tchcou-
fy) il faut mettre une livre d'étain. Quant à la forme elle
n'a pas toujours été la même; les anciennes cloches n'étoient
point rondes mais applaties, & terminées en croiffant dans
leur partie inférieure.
La méthode de proportionner les cloches fuivant les règles
invariables des lu fut exactement obfervée depuis le règne
de Chun jufque vers la fin de celui des Tcheou c'efl-à-dire
depuis l'an 225 5 avant Jefus-Chrift, jufque vers l'an 250 avant
l'ére chrétienne.
Tcheou. Je ne l'ai point rapportée
ici parce qu'ellem'auroit mené
trop loin. ( Extrait du texte duP, Amiot. )
( ) La maniere de faire les
cloches, conformément aux reglesdes Lu, efl expliquée en détail dans
l'article Kao-koung-ki inféré dans
ie Tcheou-ly ou cérémonial des
DES CHINOIS.
A cette epoquetout prit une nouvelle forme dans l'Empire.
Le barbare TJîn-ché-hoang-tyne fe contenta pas de faire, pour
ainfi dire la guerreaux Lettres & d'abolir autant
qu'il lui
fut pomble, tous les monumens Littéraires il voulut encore
effacer jufqu'aufouvenir de la vénérar'e antiquité en détrui-
fant tout ce qui pouvoitdirectement ou indirectement rappeller
ce fouvenir dans l'efprit de ceux qui viendroient après lui. Les
Initrumens de mufique parmi lefquels les cloches tenoient
un rang diftingué furent détruits. On en conftruifit de nou-
veaux par tes ordres & fur des principes différens de ceux que
prefcrivoit l'ancien cérémonial. Les cloches même du Tay-
tekang-fée c'eft-à-dire, du tribunal qui préfidoit à la Mufique
& aux Rits, furent remifes en fonte & pour qu'aucune des
anciennes cloches ne pût dépofer contre les principes arbi-
traires, & peut-être faux, qu'on avoit fuivis à l'égard des nou-
velles, fous prétexte que le Prince avoit befoin de matière
pour les ftatuescoloffales qu'il vouloit faire placer à l'entrée
de fon Palais on enleva des différentes villes de l'Empire
autant de cloches que fon put trouver.
Cependantil fut plus facile aux Muficiens de conferver
leurs Inftrumens qu'il ne le fut aux Lettrés de confervcr leurs
Livres. Ils etoient en bien plus petit nombre que les Lettrés
auffi furent-ils recherchés moins rigoureuiement & ils s'en
prévalurent pour cacher pluiîeurs affortimens de cloches, qu'on
a découverts dans la fuite des tems, tantôt dans des jardins
au milieu des villes tantôt dans la campagne foit en creu-
fant des puits foit en labourant les terres.
Sous le règne desTJîn & long-tems après cette dynaffie
oh négligea la méthodedéfaire le koung primitif avec chacun
des dou^e lu ( h~). Contens de tirer deleurs Inflritmens les jevz
( ) Faire le Koitng primitif avec
chacun des douze Lu c'eit établir
une modulation fur chacun fies
douze ions fondamentaux quiior-
DE LA MUSIQUE
modulations communes ( i ) les Mujîciens fe perfuaderent peu
à peu qu'il etoit "impojjihle d'en tirer d'autres & ne fe mirent
point en peine de ce qui avoit été pratiqué par les anciens.
Sous les Han Orientaux vers l'an 60 de l'ère chrétienne
Pao-jé Préfident du tribunal des Rits fit tous fes efforts
pour réformer la Mufique de fon tems. Il compofa un ouvrage
très-favant dans lequel il développa toute la doftrtne des
anciens fur la Mufique. Les Lettrés accueillirent cet ouvrage
avec transport mais les Muficiens accoutumés à leur rou-
tine, firent naître une foule de difficultés qui empêchèrent
que la réforme n'eût lieu. La Mufique refta dans l'état d'im-
perfection où elle etoit alors, jufqu'au tems des Soui c'eft-à-
dire, jufqu'au fixieme fiecle de l'ère chrétienne. On décou-
vrit quelques affortimens d'anciennes cloches, & l'Empereur
les fit mettre entre les mains des Officiers qui préfidoient à la
Mufique de fon Palais, avec ordre de s'en fervir mais comme
ancienne méthode etoit ignorée les Mujîciehs ne firent ufage
que de fept cloches dans un nzême ajjortiment les cinq cloches
rejîajites furent appellées les cloches muettes.
Vers l'an 640, le grand Tay-tfoung, de la dynaftie desTang,
nt faire des recherches fur l'ancienne Mufique. Il ordonna que
tout ce qu'on pourroit trouver fur cette matière importante
tant en Livres qu'en Inftrumens fut envoyé à la Cour. Une
foule de Mémoires & de fragmens d'ouvrages tant imprimés
ment les douze Lu ou comme
l'entendent aujourd'hui les Chi-
nois, fur chacun des douze demi-
tonsqui
divifent une oftave &
qui. ne font qu'une combinaifon
des douze fons primitifs à la quarteou à la quinte l'un de l'autre. C'ert
à cette combinaiion à cet ordre
de demi-tons que les Chinois
plusmodernes ont attaché l'idée
de Lu comme on le verra dans la
féconde Partie de ce Mémoire.
( i ) Par les fept modulations
communes il faut entendre ici
les fept degrésordinaires d'une
gamme quelconquc. J'expliquerai
plus en détail dans la note lui-
vante, ce que les Chinois enten-
dent parmodulation.
DES CHINOIS..
que manufcrits lui furent adreflés. Il les livra aucorps des
Savans pourêtre examinés &
comparésavec ce
qu'on avoit
déjà dans les king & dans l'Hiftoire. Tfou-fiao-fim &Tchang-
ouen-cheou rédigèrentle tout, & démontrèrent que les anciens
faifoient ufagedans leur Mufique de b t modulations (/c). Ils
firent exécuter eux-mêmes en préfence de SaMajejlé les 84 mo-
dulations fur les anciennes cloches & les anciensking de pierres
fonores qu'on avoit déterrés depuis peu. Après cette découverte
les gens de Lettres prodiguèrent àtenvi les éloges les plus bril-
lans augrand Tay-tfoung & crurent devoir le
comparer aux
cinq Ty ( cefl-à-direà Fou-hi Chen-noung Hoang-ty Yao
& Chun ). Rien en effet ne rapproche plus Tang-tay-tfoung des
premiers fondateurs de la Monarchie que les foins qu'il fe donna.
pour le rétaBhjfement de la bonneMufique*
Sur la fin de cette dynaftie des Tang lors de la révolte de
Ngan-lou-chan & de Ché-Jêe-ming l'Empereur s'étant enfui de
faCapitale le Palais fut pillé; les Initrumens de
mufique par-
( k ) Les Chinois n'ont pas plusde modulations que nous mais
ils entendent par modulation ce
que nous appellerions à l'égardd'un Ion, fa poiïtion fa maniert
d'arc dans un ton déterminé. Un
ut par exemple dans nos princi-
pes, peut être tonique dans fon
propre mode ficonde-nou dans le
mode de f-bcmol médianes dans
celui de la-bimol &c. Ainfi ces
manières d'être que j'appellerai
degrés font au nombre de feptlavoir premier degré, deuxième,
troifieme quatrième cinquième, 1
fixieme & feptieme. Or chacun des
douze La des Chinois pouvant
êtreconfidéréfous l'idée de cha-
cun de ces fept degrés ou ce
qui eit la même choie chacun dms
douze Lu devant contenir les fept
degrés qui conftituent fagamme
il eft clair que 1 fois ces 7 degrésfont 84 rapports ou manieres
d'être fouslefquels les Lupeuvent
être confidérés.
Au relie ces 84 rapports ou
modulations fuppofent l'octave di-
viiee en douze demi-tons e»auxentr'eux comme on le verra dans
la fuite de cet Ouvrage. Erreur
dont Fancienneté chez les Chinois
prouve pourle dire en paffant
la haute antiquité des vrais princi-
pes de la Mufique.
D.E LA MUSIQUE
fur
tiechiperfes partie emportés
en Tartarie ne purent plus être
raffemblés. On en fit de nouveaux; mais on ne garda, dans
leur conftruclion ni lesregles des lu ni celles de l'harmonie.
Les Officiers qui préfidoient aux cérémonies s'en plaignirent.
On fit rechercher les anciens lnftrumens & fur-tout les clo-
ches. On offrit aux Tartares des fommes immenfès pour rache-
ter celles dont ils etoient en poffeffion il ne fut jamais poffibfe
de les retirer d'entre leurs mains. Ils alléguerent d'abord diffé-
rens prétextes ils répondirent à la fin qu'ils ne favoient pas ce
qu'elles etoient devenues.
Les cinq petites dynafties qui régnèrent fucceffivement après
celle des Tans; ne s'embarrafferent guere de Mufique 6k la
laiflerent dans l'état où elle etoit. Après ces dynafties vinrent
les Soung qui remirent en vigueur la Littérature firent fleurir
les Arts & n'oublièrent rien de ce qui pouvoitcontribuer à
rendre à l'Empire fon ancien éclat. Mais les Lettrés donnèrent
dans une extrémité oppofée à celle de la barbarie d'où ils
fortoient ils prétendirent qu'on trouvoit tout dans les ecrits
des anciens mais en les expliquant à leur maniere & fans
s'appercevoir des erreursdans lef quelles les jettoientleurs fauffes
explications. Les expériences qu'ils firent fur les cloches fail-
lirent à replonger la Mufique dans l'état de barbarie d'où les
Tang l'avoient tirée. Ils fondirent d'abord douze cloches
croyant y avoir obfervé les regles des lu & en fuivant les
inïlruftions détaillées dans le Tcheou-ly de la manière qu'ils les
entendoient. Ils firent enfuite un certain nombre d'autres clo-
ches pour avoir les octaves tant aiguës que graves de
leurs douze premieres.Ils furent fi contens de leurs
opérations, 9
qu'ilsn'héfiterent point à préférer leurs cloches à toutes celles
qui avoient eté faites depuis les Tcheou puifqu'ils les croyoient
conformes aux inilruclions du Tcheou-ly. Sur cette idée &
DES CHINOIS.
Tome VL G
fur le rapport des Lettrés de fa Cour, l'Empereur donna ordre
qu'on remît en fonte les cloches de fa mufique pour leur en
fubftituer de femblables à celles qu'on venoit de faire.
Mais les Muiiciens ne jugerent pas des nouvelles cloches
auffi favorablement que l'Empereur; 's furent très-mortifiés
qu'on les contraignît de fe fervir d'inftrumens dont ils trou-
voient tous les tons faux, & qui ne reffembloient aux inftru-
mens des Anciens que par leur forme. En obéiffant aux ordres
de l'Empereur, ils eurent cependant la confolation de fauver
i'affbrtiment complet d'anciennes cloches qui etoit dans le Tri-
bunal du Taj-tc/iang-fee ( Tribunal de la Mufique & des Rits)»
Ils gagnerent les bas-Officiers de ce Tribunal, lefqueis du
confentement tacite de leurs Supérieurs enterrèrent de nuit j,
dans une des cours du Palais, ces mêmes cloches qu'il etoit
ordonné de livrer aux Fondeurs elles ont été déterrées depuis, y
& on s'en efl fervi comme de modeles pour en faire de
femblables.
ARTICLE CINQUIEME.
Du SON DE LA TERRE CUITE.
JLj e s hommes n'eurent pas plutôt trouvé l'art de durcir la
terre par le moyen du feu qu'ils découvrirent dans cette
terre, ainfi durcie des qualités qu'on croyoit auparavant lui
être abfolument etrangeres. Celle qui la rendit propre à l'har-
monie fut obfervée en particulier par les Chinois. Ce fage
peuple qui n'employa d'abord la Mufique que pour rendre
hommage au Chang-ty ( l'Etre fuprême ), & honorer les Ancê-
tres, crut devoir faire concourir toute la nature à la perfection
d'un art, au moyen duquel il rempliffoit ce double objet. La
terre defféchée & durcie au feu ne rendit d'abord que des
DE LA MUSIQUE
fons trop bruyans, dans fon choc avec quelqu'autre corps dur.
On modéra peu à peu l'eclat de ces fons foit en tendant une
peau tannée fur quelque vafe de terre cuite, foit en façonnant
diverfement ces mêmes vafes pour les mettre à l'uniffon pour
ainfi dire de quelqu'autre infiniment.
Tous ces effais n'avoient abouti qu'à faire un instrument
monotone, dont le fon n'avoit ni la douceur, ni le brillant de
ceux que rendoient les autres corps fonores & l'on vouloit
que la terre qui renferme elle-même dans fon fein les principes
des autres corps, figurât dans la Mufique d'une manière qui
ne fût pas indigne de fa qualitéde mère commune de toutes
chofes l'on vouloit qu'elle pût compofer un infiniment dont
les tons renfermaient éminemment toutes les qualités des autres
fons, & qui par fa matière fût l'allégorie des bienfaits dont
cette mère commune comble les hommes.
Après bien des tâtonnemens on parvint à faire un infiniment
à vent qui, dans fon principe, dans fa matière dans fa for-
me, dans. fon aftion & dans ies effets, rempliffoit toute l'éten-
due de ce qu'on s'etoit propofé. On prit une certaine quantité
de terre la plus fine qu'on pût trouver on la raffina encore
en la lavant dans plufieurs eaux 6k on lui laiffa prendre la.
confiftance d'une boue encore liquide voilà la matière. Pour
ce qui eft de la forme, deux œufs l'un d'oie l'autre de
poule, furent le modèle de l'inftrument, L'oeuf de poule don-
noit les dimenfions de fa furface intérieure celui d'oie donnoit
celles de fa furface extérieure & i'efpace entre l'œuf de poule
& celui d'oie en les fuppofant l'un dans l'autre, faifoit
l'epaiffeur de l'inftrument. On fit une ouverture à la pointe
de cette forte d'ceuf de terre on fotiffla dans l'ouverture & il
en réfulta un fon mélodieux & affez grave, qui fut le koungde hoang-tchoung, ç'eft-à-dire le ton fondamental le principe
des autres tons,
DES CHINOIS.
Gij
Pour obtenir ces autres tons, on perça cinq trous, c'eft-à-
dire, trois fur la partie de l'inftrument qui devoit être en
devant & deux fur la partie oppofée qui devoit être en
derrière. Les trois de devant formoient un triangle renverfé
c'eft-à-dire ayant la pointeen bas eet.x de derriere etoient
en ligne horizontale, & diamétralement oppofés aux deux qui.
formoient la bafe du triangle. Par cet arrangement on eut
cinq fons différais & pour qu'ils formaffent les cinq tons
koung chang kio tché yu {fa fol-, la ut re) on ne fit
qu'agrandir ou retrécir les trous, fuivant qu'il falloit hauffer ou
baiffer les fons pour leur donner la jufteffe requife ( /).
Cette opération finie, on mit l'inftrument dans un fourneau
& on l'y laiffa jufqu'à ce qu'entiérement pénétré par le feu,
il.eût acquis la folidité qui lui etoit néceffaire. Oeil cet infini-
ment qu'on connoît aujourd'hui fous le nom de Hiuen. Sou
antiquité le rend refpe&able aux yeux des Chinois il date
de plus d'un fiecle avant le règne de Hoang-ty dont la
foixante-unieme année comme je l'ai déja dit, eft fixée a
l'an 2637 avant l'ère chrétienne fa forme & tout ce qu'il
repréfente fymboliquement le font admirer des Antiquaires.
Cet infiniment fut perfectionné enfuite fous les T~c~eoM il
(Z) Il paroît que les AuteursChinois qu'a fuivis ici le P. Amiot,ont oublié que rinftrument fans
trous donnoit déjà comme on l'a
vu le Koung de Hoang-tckoung
c'eft-à-dire fa. Or le premiertrou ouvert pour fuivre ici l'or-
dre des cinq tons des Chinois, doit
donner fol; le fécond trou, la;
le troifieme, ut; le quatrième m& il refle encore le cinquièmetrou qui peut donner ou l'oâave
«Se /à, ou un nouveau (on hors la
elaffe des cinq tons fa ,fo! la ut a
re comme feroit fi ou fi-bimolentre la & ut ou mi au-deffus de
re. Mais comme il n'eft fait men-
tion ici que des cinq tons il faut
croire que ce cinquieme trou don-
noit l'octave du Koung c'eft-à-
dire, de/à, & qu'on n'avoit pas
encore trouvé alors le moyen
d'obtenir cette octave en rebou-
chant tous les trous, & foufflant
plus fort, comme on le fait fur la
flûte &£ comme l'ont fait dans la
fuite les Chinois eux-mêmes fui'
les leurs.
DE LA MUSIQUE
y en avoit de deux fortes, le grand & le petit /7~<M & l'ún
& l'autre etoit percéde fix trous fans compter l'embouchure.
Legrand Hiuen dit
YEulh-ya efi comme un œuf d'oie &
le petit Hiuen comme un œuf de poule fa figure eflcomme le
poids de la balance ila fix
trous pour les tons } & un feptieme
trou pour l' embouchure 3 &c. LeTcheou-ly
le Ouen-hien-
toung-kao & le Fong-fou-toung parlent également du Hiuen.
comme d'un inftrument à fix trous parce qu'ils ne font men-
tion que du Hiuen perfectionné par les Tcheou (m*). Ceux des
Anciens n'avoient que cinq trous. Voyez les figures 19 & zoa
ARTICLE SIXIEME.
Du son d. e la Soie.
J\. v a N T que les Chinois eurent inventé l'art de travailler
la foie & de l'employer à la fabrication des étoffes, ils avoient
trouvé le fecret de la faire fervir leur Muiîque & d'en tirer
les plus doux & les plus tendres des fons. Du tems même de
Fou-hi ils fir ent un inftrument qui ne coniiîtoit qu'en une
fimple planche d'un bois fec & léger fur laquelle ils avoient
tendu plusieurs cordes, faites de fils de foie qu'on avoit jointsenfemble en les tordant entre les doigts. Peu-à-peu ils façon-
nerent la planche elle fui courbée envoûte & on y obferva
certaines dimenfions. Les cordes furent filées plus exactement
(m) Ces Hiucn à fix trous vien-
nent à l'appui de ce que j'ai obier-
vé dans la note nrécédente. Avec
ces fix trous & le (on grave quedonne l'inftrument tous les trous
étant bouchés, on a les fept fons
différens qui condiment une gam-
me, & qui forment un iyftCme
complet. Par exemple fi le fon
grave eâfii le premier trou don-
nera fol le iecoîid la le troi-
fieine (iowf-blmol le quatrième
lit le cinquième, rc le fixieme
mi & en rebouchant tous les
trous & fouftîant plus fort on
aura l'oftave de/r.
DES CHINOIS.
Se avec plus d'art les fils de foie qui lescompofoient furent
comptés& l'on en détermina le nombre félon les différentes
groffeurs qu'on vouloit avoir. Ces cordes, pincées légèrement
rendirent ainfi tous les tons, graves aigus ou moyens, félon
le degré de tenfion qu'on leur donnoit, & le nombre des fils
dont elles etoient compofées.
Telle eiî en fubftance l'origine du Kin & du Ché. Je joinsces deux inftrumens, parce qu'ils font de même date de même
nature & qu'ils rendent l'un & l'autre le fon propre de la
foie. On en attribue l'invention à Fou-ki. Voyez les figures
ai22.
A l'égard du Kin, Fou-hi dit le Clze-pen employa le
Toung-mou ( forte de bois ), & en fit V infiniment de Mufi-
que que nous appellons aujourd'huiKik. Il l'arrondit fur fa
partie fupérieure pour repréjenter le Ciel y il l'applanit dans fa
partiedu defjous pour reprêfenter la terre. Il fixa à huit pouces
la demeure du dragon (3) pour reprêfenter les huit aires (le vent
& donna quatre pouces au nid du FouNG-HO AN g pour reprê-
fenter les quatre faifons de V année. Il le narrât de cinq cordes
pour reprêfenter les cinq planetcs & lescinq démens & déter-
mina fa longueur totale à fept pieds deux pouces pour repré-9
I J~fenter l'univerj "alité des chujes.
(3)La cUmmre du dragon & le
nid du foung-hoang dont il va
être parlé dans ce paffage font
des expreflions qui défignentdif-
férentes parties du Kin. Voyez
la figure 21, La demeure ditdragon
zde-é'j%ne la partie fupérieure de-
puis le chevalet en la prenantdans fa largeur le nid. du foung-hca'ig défigne
la même partie en
la prenant" dans ia hauteur. En
gcuér al on reconnoit trois parties
dans le Kln la tête le corps &
la queue. Latête comprend tout
îehaut jufqu'au chevalet; le corps 5
depuis le chevalet jufqu'au trou
par où parlent les cordes & la
queue, depuis le morceau de pierrede ya iur lequel appuient les cor-
des, immédiatement au-deflus du
trou jusqu'au Dont de l'inflru-
ment. Les échancrures qui ïor.t aux
deux côtés repréientent les ima-
ges ? &iç,
DE LA MUSIQUE
Au moyen de cet infiniment il régla d'abord fon propre
coeur & renferma fes pajjîons dans dejujles homes il travailla,
enfuite à civilifer les hommes il les rendit capables d'obéir aux
loix de fairedes actions dignes de.recompen.fe & de cultiver en
paix l'induflried'où, naquirent
les ans.
Voici ce que dit du Chê leKoang-y un-chou Ouvrage
très-eftimé des Antiquaires.
Le Chê( fig. 22 ) efl
une efpece de Kin il a été inventé
parP ao-hi-chÉ (4). efl long de fept pieds deux pouces &
large d'un pied,huit pouces. Originairement il etoit monté de
cinquante cordes mais dans la fuite le nombre des cordes fut
réduit à la moitié.
Il n'eft guere de Lettrés d'un certain ordre qui n'ait parlé
du Kin & du Chê, foit dans des Ouvrages faits exprès pour
cela foit par occafion ou dans des notes particulieres fur
d'autres Ouvrages. Mais la plupart, félon que le remarque
l'iilultre Prince Tfai-yu dont je lis actuellement l'Ouvra-
ge (5) n'ont avancé que des abfurdités tant fur le nombre
des cordes du Kin & du Chê que fur la nature mêmç de ces
inftrumens & en particulier du Kin. Plufieurs ont avancé que
cet infiniment n'avoit originairement que cinq cordes & que
Ouen-ouang & Ou-ouans; l'augmentèrent chacun d'une corde î
qu'ainfî leKin n'a été monté de fept cordes que depuis le tems
des Tcheoit.
Le Kin, dit le Prince Tfai-yu a toujours eu fept cordes ï
on l' accordait fur deux modes differens («), dans l'undefquels
(4)Pao-hi-ché efl un des noms
qu'ondonne à Fou-hi.
(5) Tfai-yu etoit fils d'un Prince
tributaire de la Famille Impériale
àesMing, à qui l'Empereur Ouan-
ly avoit donné le titre de Tcheng-
ouang. L'Ouvrage du Prince ion
fils fut imprimé la trente-troifieme
année du cycle c'efl-à-dire en
1596, la même annéeque cet Ou-
vrage avoit été préfente à l'Empe-reur. Voyez note 2, pag. 33.
(tz) Par le mot mode, il faut
entendre, dans ce paffage,un fyf-
DES CHINOIS.
on ne faifoit ufige quedes cinq
tons J~O~WC Cx~wG j~70
TcbÉ Yu. On donnait à ce mode le nom de Kin à cinq cor-
des & au mode dans lequeloutre les cinq tons
pleins on
faifoit ufagedes deux demi-tons qu'on appclioit alors Chao
& qu'ona appellé enfuite
PlEN ( ) on donnoit le nom de
KlN à feptcordes.
A l'egard des deux cordesque quelques
Auteurs ont cru
avoir eté ajoutées au Kin par Ouen-ouangSc Ou-ouang fîces
Auteurs ajoute le Prince Tfai-yu av oient été au fait de
l'ancienne Mujîque& fur-tout de la Mu (t que du tems des
TcheOVils auroient fu que la corde appellée LA CORDE de
Ouen-ouang newit ainfi. nommée que parce qu'elle donnoit
le ton au mode tendre & doux qui fert à exprimer les avantages
que l'on retire de la paix & de l'étude des Lettres car Ouen-
ouangflgnijîe
Prince pacifique amateur DES Let-
tres &c. Us auroient fu encore que la corde qui portoit le
nom de Ou-OUANG n'etoitainfi nommée que parce qu'elle
donnoit le ton au mode brillant qui exprime les qualités guer-
rières Ou-ouangfignifie Prince
guerrier En un
mot le Kin, tel que nous le tenons de Fov-hi a toujours eu
Jbpt cordes (o). Ceuxqui ofent affurer le contraire font dans
F Cireur*
tême d'un nombre indéterminé (le
fons, parce qu'il ne s'agit pas ici
de ce que nous appelions un mode
mais feulement d'un fyfiême par-ticulier de cinq ou de fept fons.
(*) Chao fignifie diminué petit
moindre &c. & Pien fignifie qui
paffe dt. l'état de poJJîbU'ué à celui
d'exijicnce&c.
{ Extrait du texte
du P. Amiot. )
(o) Ces fept cordes comme
on le verra ù l'article 4 de la troi-
.fiejne Partie préfcnte.nî tanîOt
le /yftême de fons ut n,fa,fol
la ut 7v dans lequel il n'y a que
cinq fons difrerens, puifque Yut Si
le re étant répétés à l'octave neforment pas de nouveaux fous 9
tantôt ces fept cordes préfentent
fept fons réellement différens en-
tr'eux, comme,fa ,fol la fi ut
n mi, En confondant feus la même
idée, du moins fous la m Orne e.v-
preflion la corde & le (on il a
etc aiié aux Muficiens Chinois de
parler de Km à cinq cordas Si aux
DE LA MUSIQUE
tout
Comme je ne parle du Kin qu'à l'occafion du fon propre
de la foie qui cil le fujet de cet article je n'entrerai pas dans
un plus granddétail fur cet infiniment. Je me propofe
d'en
parler plusau long dans la troifietne Partie où je traiterai, à
l'article 4 de la manière d'accorder le Kin foit dans le fyfte-
me de cinq cordes foit dans celui de fcpt cordes. Il me fuffit
de dire pour le préfent que cet instrument efl l'un des plus
anciens que l'on connoiffe que dès le tems de Fou-là c'efl-
à-dire, plusd'un fiecle avant la foixante-unieme année du
regne de Hoang-ty fixée à fan 2637 avant l'ère chrétienne, 1.
il fer voit à l'accompagnementd'un Hymne en l'honneur du
Ckang-ty qu'on montoit fes cordes qui etoient de foie fur
le ton du Cheng, infiniment à vent, dont je donnerai la des-
cription à l'article 9 que depuis l'antiquité la plus reculée
jufqu'au tems des Soui c'eft-à-dire jufque vers l'an 600 de
l'ère chrétienne, on faifoit fur le Kin fept oftaves dont on
tiroit quatre-vingt-quatre modulations, & qu'enfin aumoyen
du feul Kin on a pu de tout tems repréfenter tout le fyflême
muficai.
Les Chinois tant anciens que modernes ont donné les
éloges les plus pompeux à cet admirable infiniment. Le haut,
le bas, le defîus le deffous les côtés, les fept cordes dont il
efl monté, les trois ottaves qu'on peut tirer de chacune de ces
cordes les treize points qui indiquent les principales divifions
de ces mêmes cordes pour en tirer les fons des trois oÊlaves
l'arrangement que ces divifloiis conservent entr'elles; ce point
feul qui eft au milieu, les deux placés de fuite à chacun de tes
côtés les quatre qui occupent l'une & l'autre des deux extrémi-
tés, formant la proportion 1,2,4; en un mot, la conflruclion
du Kin fa forme, difent les Chinois, tout en lui efl doctrine s
Lettrés qui n'etoient pas Mufi- Kin qui n'avoient que cinq cordes.
ciens de croire qu'il y ait eu des
DES CHINOIS.
Tome FI.
tout y efl repréfentationou iymbole. Les fons qu'on en tire,
ajoutent-ils difripent les ténebres del'entendement, & rendent
le calme aux payionsmais pour en recueillir ces précieux
fruits, il faut être avancé dans l'etude de la fageffe. Les feuls
fages doivent toucher le Kin les perfcnnes ordinaires doivent
fe contenter de le regarderdans un profond filence & avec le
plus grand refpecl:.
Sous les Tcheou les regles du Kin etoient gravées dans la
partie creufe de rinftrument même ( c'eft-à-dire fur la partie
de deffous ) & les Muficiens chargés du Kin dévoient favoir
ces regles par cœur; elles etoient exprimées par 260 carafte-
res. Les treize points qui marquent,fur la table de l'initrument s
les principalesdivifions des cordes etoient autant de clous d'or
fin prisde la riviere Zy-c~of~ la partie qui termine la lon-
gueur des cordes, du côté oppofé au chevalet, etoit une pierre
de yu de l'efpece la plus précieufe le corps de l'inftrument
etoit d'un boisappelle toung-mou & l'arbre dont on tiroit ce
bois devoit être de ceux qui croiffent fur lepenchant des
montagnes, du côté expofé au midi.
Pour accorder le Kin, on prenoit ou le ton du Ckeng^
comme on l'a vu ci-devant ou celui de la cloche& du tambour,
félon que ces divers imlrumens dévoient accompagner la voix,
conjointement avec le Kin. Ceux qui veulent en tirer des fous
capables de charmer difent les Auteurs Chinois en parlant du
Kin, doivent avoir une contenance grave, 1& un intérieur bien
réglé ils doivent le pincer légèrement & le monter fur un ton
qui ne fou ni trop haut nitrop bas. On ne fait pas au jufle la
vraie grandeur de "ancien KlN mais on connoit toutes jes
dimenfions relativement aux Lu (*)•
(*) Onpourra voir cet infini-
ment dans le cabinet de M. Bertin
Miniftre Si Secrétaire d"Etar à
qui je me propoie d'en envoyei;
DE LA MUSIQUE
Pour ce qui efl du Chê, c'eil comme je l'ai déjà dit une
efpece de Kin. Je l'appellerois volontiers le premier & le plus
parfait des inftrumens chinois parce qu'il repréfente feul toute
l'étendue de leur iyftême mufical. Son origine eft auffi ancienne
& auffi noble que celle du Kin il la doit au Fondateur de la
nation à Fou-hi comme je l'ai dit ci-devant.
Fou-hi-chê cliient d'un commun accord & les Kiftoriens
& les Savans & tous les gens de Lettres Fou-hi-ché prit
du bois nommé toung-mou Olt du bois appellé sang (c'efl
le mûrier ) & en fit l'inJJrument auquel il donna le nom de mer-
veilleux & que nous appelions Chê. L'intérieur de cet infini-
ment etoit creux Fou-hi le monta de 50 cor des mais Chen~
noung félon les Auteurs Chinois rédidjîtle Chê à la moitié,
en fup primant les 2.5 cordes les plus graves.
Il n'y avoit que trois efpeces de Kin, le grand le moyen
& le petit mais il y avoit quatre efpeces de C/ié, qui font le
grand Ckê le Chê moyen lepetit CAé, &un
quatrième plus
petit encore que le petit Ckê. Ils etoient tous montés d'un egal
nombre de cordes, c'eïr-à-dire de a 5 & ces cordes for-
moient entr'elles deux klun c'eft-à-dire tous les fons qui font
renfermés dans l'intervalle de deux octaves ( q ). Chaque corde
un calquéfur le modelé des plus
anciens Kin qu'on connoiffe (/> )car c'eft cette efpece en particulier
qui fait les plus cheres délices des
Amateurs de l'antiquité. Notre
Empereur lui-même n'a pas dédai-
gné de (e faire peindre plusieursfois dans l'attitude d'un homme
profondément occupé à tirer des
ions d'un infiniment qui pairedans ion Empire pour ctre dévolu
{p ) Ce Kin a été envoyé il eft dans
le cabinet de M. Bertin,
de droit à ceux qui font leur prin-
cipale étude de la littérature Se de
la fajïeffe. ( Extrait du texte du P.
Amiot. )
{<?) Il faut entendre icil'o£lave
diviïce en douze femi-tons com-
me le défigne i'expreffion du P.
AmSot tous lis fons qui font renfer-
més &c. Le Klun n"e/i pas pro-
prement une ocîave mais Faflem-
blagede treize ions à un demi-ton Il
l'un de l'autre. Ainfi, en comptant
par demi-tons, on trouvera que 15<;
DES CHINOIS.
Hij
avoit fon appui ou chevalet particulier, élevé fur la furface
du Chê, de deux pouces fept lignes. Ces chevalets, entre eux
tous repréfentoient les cinq couleurs. Les cinq premiers
etoient bleus les cinq qui fuivoient etoient rouges les cinq
du troifieme rang etoient jaunes, les cirq du quatrième etoient
blancs, & les cinq derniers etoient noirs.
Du refte tous ces chevalets etoient mobiles afin de pou-
voir rendre les cordes plus longues ou plus courtes fuivant
qu'il etoit néceffaire car il paroît que les cordes du Ckê p
depuis le tems de Fou-hi jufqu'aux Tcheou etoient toutes
compofées de 8 1 fils de foie crue fans qu'il y eût par confé-
quent aucune différence entr'elles de groffes & de petites.
La, plupart des Auteurs qui ont écrit fur l'antiquité n'ont
pas manqué de faire mention du Chê comme d'un infini-
ment auffi ancien que la Monarchie, puifqu'il doit fon origine
à Fou-hi mais plufieurs de ces Auteurs en ont parlé d'une
maniere qui n'eft rien moins qu'exacte. Les uns difent que
parmi les différens Chê il y en avoit qui n'etoient montés
que de cinq cordes d'autres prétendent que le grand Chê de
Fou-hi fut réduit par Chen-noung à %j ou à 23 cordes, &
le petit CM à 1 5 &c &c.
Ces Auteurs peu infiruits dans laMujlque
félon le Prince
Tfaï-yu, dont j'emprunte ici les paroles, n'ont pas compris
lesexprejjions des anciens quand ils ont lu que pour tel YA
pour tel SouNG pour telle autre pièce il y avoit accompa-
gnemcnt du Chê à 5 z 5 19 23 cordes &c ils ont cru
bonnement qu'il s'ag/ffoit d'un ChÊ de 3 de ib tg ou 13 cor-
cordes ne font que deux Kiun
tandis que ce que nous appelionsune oftave ne contenant que 8
degrés, il ne faut que 15 de ces
degrés pour former deux de nos
Graves, Au refte quoique le P,
Amiot ne dife pas que les 15 cordes
du CT^etoierit accordées à un demi-
ton l'une de l'autre la manière e
dont il s'exprime & ce que j'ob»fcrve ici, doivent le taire conclure,-
DE LA MUSIQ U E-
des tandis qu'il n'etoit quejîion que du nombre des cordes
employées pour V accompagnement de tel YA de tel SouNG l~-
ou de telle autre pièce qu'on chantoit dans les cérémonies publi-
ques. En un mot ajoute le Prince il n'y a jamais eu de
Chê à b ib 19 2 j & xy cordes. Depuis Fo u-ht jufquà
Hoang-tt le Chê fut monté de bo cordes c`3 depuis
Hoang- TY jufqu'au tems préfent il a eté monté de zb cordes
feulement. L'éloge & les regles du Chê ^etoient ecrits ancien-
nement fur la furface inférieure de ïinfirument même. On y
employoit 1189 caracleres dont chacun renfermait un fais très-
profond. Ceux qui veulent jouer du Chê, difoient les Anciens,
doivent avoir les paffîons nzortifiées & l'amour de la vertu
gravé dans le cœur fans cela ils n'en tireront que des fons
(îé'riles qui ne produiront aucun fruit.
Je ne prétends pas adopter les idées Chinoifes fur la per-
fection du Chê mais j'ofe affurer que nous n'avons en Europe
aucun infirument de Muiîque qui mérite de lui être préféré.
Je n'en excepte pas même notre Clavecin parce que les fons
aigres des cordes de métal & le bruit que font quelquefois les
touches & les fauteraux, affeftent défagréablement une oreille
un peu délicate.
Les dimensions réelles du CM n'ont pas toujours été les
mêmes, parce que les mefures ont varié. Le pied a cté tant-
tôt plus long tantôt plus court. Néanmoins la plupart des
antiquaires conviennent que fous les trois premières dynafties
la longueur totale de cet inftrument etoit de neuf pieds que
fa tête c'eft-à-dire cette partie qui efl au-deffus du che-
valet fixe avoit en hauteur neuf pouces & que la queue
c'eft-à-dire cette partie inférieure de Finirrument où vont
aboutir les cordes, avoit en longueur un pied huit pouces.
Cependant on employoit des Chê qui avoient d'autres dimen-
fions félon les différentes circonfrances.
DES CHINOIS.
ARTICLE SEPTIEME.
Du son il U 7? o i s.
LE bois eft une des productions de la nature dont l'hom-
me retire les plus grands avantages. C'eft un préfent du ciel s
difent les Auteurs Chinois qui exige de notre part les aftions
de graces les plus finceres & ce ne fut que pour laiffer un
monument eternel de fa reconnoiflance que le faint hom-
me {Fou-hi} détermina que dans la munque en l'honneur
du ciel il y auroit toujours quelques inftrumens propres à
rappeller le fouvenir de cet infigne bienfait.
Ces inftrumens font le Tckou le Ou & le Tcnoung-tou.
Voyez les figures 23, 24 2 & 26.
Le Tckou repréfente les avantages que les hommes fe pro-
curent les uns aux autres depuis qu'ils font unis entre eux
par les liens de la fociété. Cet infiniment a eu de toute anti-
quité la forme de cette forte de boiffeau qui fert à mefurer
les denrées qui nous font vivre & au moyen defquelles nous
prenonsnotre accroiffement. Il etoit placé au Ncrd-Eft des
autres infoumens & on le jouoit en commençant la mufique.
Le Ou a la forme d'un tigre couché qui fe repofe il eft
par cetteattitude,
le fymbole de l'empire que les hommes
ont fur tous les êtresqui jouiflent comme eux de la vie. Il
etoit placé au Nord-Oueft des autres inftrumens & on le jouoiten firiffant la mufique. Anciennement on tiroit du Ou juf-
qu'à fix tons pleins, aumoyen des chevilles qu'il a fur ton
dos onne frappoit pas fur la tête comme on l'a fait dans
la finte ious les Tang 6k tes Soung, on fe contentoit de
racler légèrement les chevilles avec le Tcken ou baguette •.
on failoit trois fois cette cérémonie en iiniliant la niulïqutv
DE LA MUSIQUE
Le Tcnoung- tou ou les Planchettes tiennent un rang dif-
tingué parmi les inftrumens repréfentatifs moins parce qu'on
en tire le fon du bois que parce qu'à leur occaiîon on rappelle
le fouvenir de l'invention merveilleufe au moyen de laquelle
les hommes fe font communiqué mutuellement leurs idées
fans le fecours de la parole.
Avant qu'on eût trouvé l'art de faire le papier, on ecrivoit
fur des planchettes comme fur autant de feuilles on les joi-
gnoit les unes aux autres en les liant enfernble & l'on en
compofoit les Livres. Cet ufage qui efl de tems immémorial
en Chine, n'a ceffé d'avoir lieu que du tems des Han, Les
Auteurs ne font pas d'accord fur la matiere dont on faifoit
les Planchettes dans leur premiere inftitution. Les uns
croient qu'elles etoient uniquement de Bambou, les autres
affurent qu'elles étoient indifféremment ou de Bambou, ou de
quelque efpece de bois que ce fût. Quoi qu'il en foit l'u-
faged'admettre les Planchettes dans la Muiîque eft ires-ancien s
puifqu'il eft: dit dans le Tcheou-ly, que le Maître du Cheng
doit l'être aujji du Tchoung-tou.
LesPlanchettes ont eu différens noms fuivantlcurs différentes
formes & leur deflination. On appelloit Tfê, celles fur lefqu elles
on ecrivoit des ouvrages d'une certaine importance elles
etoient liées les unes aux autres, avec une courroie en forme
de Livre ( voyez, la figure %6) & on ecrivoit fur la pre-
miere de ces Planchettes les premiers mots de l'ouvrage, ou
le fujet ou fimplement le titre. Ces Planchettes avoient de
longueurdeux pieds quatre pouces.
On appelloit Tou les Planchettes fur lefquelles on ecri-
voit de petites pieces fugitives, ou tel autre ouvrage qui ne
demandoit pas beaucoup de paroles; elles n'avoient qu'un
pieddeux pouces de longueur.
Celles qui etoient etroites & fur lefquelles on ne pouvoit
écrire qu'un rang de caractères portoient le nom de Kien,
DES CHINOIS.
ARTICLE H U l'T I E M E.
D v son r> u Bambou.
Des Koan-tfee.
JlL paroîtd'abord que le bambou qui eft une
efpece de
rofeau, ne devroïtpas être diftingué
du bois. Ily a cepen-
danr félon les Chinois une très-grande différence entre le
bambou & le bois. Le bambou difent-ils n'eit proprementni un arbre ni une simple plante mais il
peut êtreregardé
comme étant l'un & tout à la fois. C'eft un végétal
Elles etoient indifféremment longues ou courtes fuivant le
nombre de caractères qu'ellesdévoient contenir.
Les King c'efï-à-dire les livres facrés de la nation
etoient ecrits fur les Planchettes dites Tfê, dont la longueur
etoit, comme je l'ai dit de deux pied quatre pouces. Dans
la fuite, on fit l'honneur au Tchun-tficou de Confucius de
l'ecrire comme les King, c'eft-à-dire fur des Planchettes de
pareille longueur.Les premiers Empereurs des H an faifoient
écrire leurs Edits, & tout ce qui emanoit de leur autorité fuprê-
me, fur des Planchettes dont la longueur n'etoit que de deux
pieds ne voulant pas qu'elles fuffent au niveau pour ainfi
dire de celles fur lefquelleson avoit ecrit les King.
Le Tchoung- ton ou les Planchettes à l'ufage de la Mufî-
que, etoient anciennement de la longueur d'un pied deux
pouces, &larges d'un pouce. Cet instrument etoit compofé de
douze Planchettes, pour repréfenter les douze Lu fonde-
ment de la Mufique. Elles etoient liées enfemble comme
on l'a vu figure 26, & on s'en fervoit pour battre la mefure 9
en les tenant de la main droite & les heurtant doucement con-
tre la paume de la main gauche.
DE LA MUSIQUE
fingulier & unique dans fon efpece qui réunit en foi les prin-
cipales propriétés des arbres & des plantes c'eft celui de tous
les végétaux que l'homme peut employer à un plus grand nom-
bre de befoins & qui eft en général d'une utilité plus uni-
verfelle pour les différens ufages de la vie civile mais il fem-
ble que la nature en le produifant l'a defriné en particulier à
1'ufage de la Mufîque.Le vuide qui fe trouve dans l'intérieur
d'un nœud à l'autre la distance & la proportion entre ces
nœuds cette dureté & cette efpece d'incorruptibilité qui afTu-
rent au bambou une fi longue durée tout, en un mot fera-
ble inviter l'homme à effarer fi en foufflant dans des tuyaux
que la nature elle-même a pris foin de préparer il ne pourroit
pas en tirer des fons propres à l'harmonie. C'efl ce que firent
les premiers habitans de la Chine, & ce qui les conduisit à l'in-
vention de leur Mufîque.
Quelques hommes plus eclairés que les autres, s'apperçurent
que.plusle tuyau dans lequel on fouffloit etoit long plus le
fon .qu'on en tiroit etoit grave mais que quand les longueurs
de divers tuyaux de même calibre, etoient ou doubles, ou
la moitié les unes des autres, les fons fe confondoient de ma-
niere qu'ils paroiffoient ne faire entr'eux qu'un feul & même
fon, Se n'etoient en effet que la repréfentation, l'image & pro-
prement la répétition à l'aigu ou au grave les uns des autres,
Dans des forêts de bambous ils coupèrent des tuyaux de
toutes les longueurs, ils comparèrent les uns aux autres tous
les fons qu'ils en tir oient & après plusieurs expériences ils
trouverent que tous les tons intermédiaires depuis un fou
donné jufqu'à celui qui en etoit la répétition au grave ou à
l'aigu & que nous nommons octave fe réduifoient au nom-
bre de douze (r) comme celui qui donnait le plus exactement
( r) D'un fon donné à fon ofta- a que onze -d'intermédiaires entre
ye, il y a treize fons, & il n'y en ce premier fon donné, & celui
fous c
DES CHÎ N 0 IS.
Tome VI. i
tous les intervalles fenfibles ( s ). Ils choifirent des tuyaux pour
exprimer ces intervalles, & leur donnèrent le nom de Ko an-
quien çû î'oftave mais il faut
entendre ici les douze fons diffé-
rais contenus dans une oûave
divifée pardemi-tons. Voyez ci-
après note b de la Seconde Par-
tic.
(s) Cette rédu&ion d'interval-
les, au nombre de 12 efl bien
plutôt une idée moderne, que le
procédé des premiers Inflituteurs
de laMufique.
Je dis une idée
moderne parce qu'eneffet une
telle opération eft, ontrop fa-
ou trop erronéepour le
teiîis.Sc la circonflance oit l'on
iuppole ici les anciens Chinois.
Elle efl trop favante fi les into-
nations intermédiaires entre un
fon donné & faréplique
font
conçues comme des demi tons
jjuftes telsque
(croient les divers
demi-tons apotome & limma
eu limma & apotome quefor-
ment les chants fa, fa-dhjï fol,
&c., ou fa, fol-bhnol, fol &c. ces
chants n'ayant pu être imaginésni mcme
foupçonnés avant l'éta-
bliffement des douze Lu, c'eft-à-
dire, des douze ions fondamen-
taux à laquinte l'un de l'autre
dont ils font le réfultat( Voyez
note a, p. 28 ). Ou bien cette opé-ration
efltrop erronée trop abfur-
de, fi les demi-tons qu'on peut
concevoir entre un ion & fa
réplique font fuppofcs égaux
entr'eux c'eiî-à-dire font ftippo-fés n'être ni des
apotome ni des
limma & par com'équent ne for-
mer, ni l'un ni l'autre des deux
chants que je viensd'apporter en
exemple ce qui dans ce cas ne
feroit pli'î qu'un chant idéal un
chantcompofé
d'intervalles faiVi-
ces un chant en un mot qui n'en
efl pas un, puifqu'ilne feroit que
îa manière de détonner, de chanter
faux, dans l'un ou l'autrefyftême
de demi-tons, fa ff a- Jlcfi ,> &c.
ou fa fol-bémol fol, &c. quej'ai donnés
pour exemple. Or,
d'un fon à fa réplique,à Ion
octave il y a bien plusde douze
manières de détonner, bienplus
de douze intervalles feniïbles y
puifqu'Ariftoxenechez les Grecs
outre tes moitiés de ton y voyoit
encore des tiers de ton des
quarts &c. Mais il faut remarquer
quedu tems d'Ariftoxene la
Mufique loin d'être à la naiflance
marchoit au contraire, &c l'on
peut dire a grands pas, vers !a
décadence, comme le prouve l'idée
même d'Ariftoxene qui n'eûtpu
ctre proppfée dans un tems où les
principesetoient en
vigueur. Je
reviendrai fur cetobjet
à l'occa-
iïon des Lu dans la ieconde Par-
tie de ce Mémoire &C en parti-
culier dans la troifieme Obfcrva-
tion qu'on trouvera à la fin où
je ferai voir ce quia pu conduire,
foit les Chinois ibit Anftoxene
à vouloir te donner, contre le
Sentiment de l'oreille des demi-
tons factices &C qui ne tuflenr.
décidément ni le hmma ni
Ttipotorne,
DE LA MUSIQUE
tfee avant qu'ils leur euflent donné celui des Lu qu'ils repré-
fentoient. Voyez figure 27.
Les Koan-tfee ou tuyaux furent rangés fous trois claffes,
compofées chacune de douze tuyaux. Ceux de la premiere
claffe donnoient les fons graves ceux de la féconde les
fons moyens & ceux de la troifieme les fons aigus. Cha-
que claffe avoit fes douze tuyaux liés les uns aux autres
avec une fimple ficelle", & de la manière qu'on le voit à la
figure 27.
Cependant comme ces douze tuyaux ne différoient l'un
de l'autre que d'un demi-ton on trouva quelque difficulté à
s'en fervir pour l'accompagnement des paroles qu'on chantoit
en l'honneur du ciel ou des ancêtres. Le chant procédant par
des tons, il falloit que l'accompagnateur donnât fur le champ
le ton requis avec quelqu'un de fes Koan-tfee & il n'etoit pas
rare fur un infiniment dont les tuyaux etoient rangés par
demi-tons que cet accompagnateur prît un tuyau pour l'autre,
& occafionnât une cacophonie insupportable.
Pour parer à cet inconvénient on s'avifa de féparer les
tuyaux & de les ranger de manière que de l'un à l'autre il
y eût l'intervalle d'un ton entier. Les fix qui correipondoient
aux nombres impairs c'eft-à-dire le premier, le troifieme,
le cinquièmele fepticrne le neuvième & le onzième furent
placés de fuite & les iix autres qui correfponduient
aux nombres pairs c'eft-à-dire le fécond le quatrième 3
le fixieme le huitième le dixième & le douzième furent
pareillement placés de fuite ce qui conftitua deux ordres de
tuyaux dont le premier fut appelle -Yang c'eft-à-dire du
premier ordre Parfait, &c. & le fécond Yn c'eft-à-dire,
du fécond ordre, > Imparfait &c. (t). On lia les uns aux autres
(i) Le texte du P. Amiot, porte fait &c. yr c'eit-à-dire mï~
i.ei Yanb J1. J.. ydu~ rze:~r, inzprrfzit F~c.; c,'iL 1 Clepltlsici Yang) c'eft-à-dire majeur., par- rieur, imparfait &c; ÔCc'efï depuis
DES CHINOIS.
Iii 1
les fix tuyauxde chaque ordre & ces deux ordres de tuyaux
furent comme deux inftrumens particuliers, dont on tira, pour
fes premiers manufcrits fur la
Miuîq.ue des Chinois quele P.
Amiot fe fert des termes de ma-
jeur & de mineur pour rendre
le fens de Vyang & de Vyn des
Chinois. Voyezdans les Variétés
Littéraires, tome pag. 318 la
note fur les Lu.
J'ai cru devoir fubftituer ici,
8c dans tout le cours de cet Ou-
vrage, l'expreffion de premier
ordre, fecond ordre, aux termes de
majeur & de mineur. D'abord pour
plus de clarté en fecond lieu
pour deux raifons qui m'ont paruaffez importantes. La premiere 1,
parce que les termes de majeur &
de mineur préfentent parmi nous
des idées dont il n'eft nullement
quefKondans cet Ouvrage la
leconde parce que les dénomina-
tions chinoifes ne font pas pro-
prement relatives aux Lu pris en
eux-mêmes mais feulement aux
qualités que les Chinois attribuent
aux nombres auxquels ces Lu cor-
refpondent Vyang, comme on l'a
vu répondant aux nombres im-
pairs, & l'yn aux nombres pairsles uns
regardés comme parfaitsles autres comme
imparfaitsou fi
l'on veut Vyang repréfentant le
mâle Yyn la femelle idéesque
Pythagore a fus'approprier dans
fa doSrine fur les nombres. Or
les Lu foit qu'ils foient difpoiés
par des confonnances ou par des
demi-tons, comme fa ut ,fol, re
la mi &c. ou fa fa-diefe fol
fol-dhfe la, la-diefe &c. n'ont,
en les prenant de deux en deux
aucune fupériorité aucunepréé-
minence réelle les uns fur les
autres. Dans le fyftême des con-
fonnances, on aura, en prenant:ceux de nombre impair, les ton;:
confécutifs fa, fol, la, &c. & zn
prenant les nombres pairs on
aura les tons ut re mi, Sec. De
même dans le fyftême des demi-
tons, on aura également d'un,
côté fa fol la. &c. de l'autre
fa-diefe, fol-diefe la-diefi &c.
entre leiquels i! y a toujours même
intervalle, même intonation en
un mot, un même chant, procé-dant par tons. On voit par-làcombien les termes de majeur &
de mineur, appliqués à ces diffé-
rentes féries de tons auroient punous éloigner de l'idée que nous
devons nous former des lu ou
fons yang &c des lu ou fons yn
entre lefqueisil
n'y a, comme jel'ai dit, nulle prééminence réelle,
nulle autre particularité, fi ce n'eft
celle d'être le premier ou le fe-
cond, le troifieme ou le quatrie-
me, <kc. de l'ordre à-peu-près-arbitraire dans lequel ils font ex-
pofés, ce qui fans doute n'a rien
de commun avec l'idée que nous
nous formons de majeur & de
mineur.
Au refle pour mieux faire
comprendre ce que c'eft que Vyang& Vyn des Chinois, je rapporteraiici ce qu'en
dit le P. Amiot lui-
même, dans les Préliminaires des
manufcrits envoyés autrefois à
DE LA MUSIQUE
l'accompagnement tous les tons qui font renfermés entre les
bornes de l'oftave.
On ne fut pas long-tems fans s'appercevoir queces deux
efpeces d'initrumens étoient trop incommodes & tropbornés.
On tâcha d'en corriger l'imperfefticn on les rendit plus com-
modes en les joignant l'un à l'autre, non plus avec une (im-
ple ficelle comme auparavant mais en les affujétiffant entre
deux ais. On en augmenta l'étendue en ajoutant quatre tuyaux.
Ainfi au lieu de deux inftrumens on eut un feul & même
iniîrumentj compofé de feize tuyaux, auquel on donna le nom
de Siao.
A l'imitation de ce nouvel inflrument on en fit un plus
petit, dont tous les tuyaux fonnoient l'oftave aiguë du premier.
On appella ce premier, grand Siao & l'autre petit Siao; 3
Voyez la figure 34. Le tuyau qui donnoit le Hoang-tchoung 3
fon le plus grave du grand Siao avoit deux pieds de lon-
gueur, & le Hoang-tchoung du petit Siao n'étoit que d'un
pied.Deux Muficiens étoient ci devant chargés des tuyaux liés
avec une ficelle. L'un fouffloit dans les tuyaux Yang ou du
M. de Bougainville cahier A
page 7.« Le ciel eu yang la terre eu
» yn le foleii cû yang, ia lune
» efï yn l'homme eit yang la
» femme eu yn le haut çftyang,
» le bas efl yn le deffus eu yang,
» le défions eft yn en un mot,
;> tout ce qu'il y a de plus parfait
» dans les efpeces tout ce qu'il
» y a de plus accompli, z&yang; le
» moins parfait efi: yn. La matière
» en mouvement eûjang, la ma-
» ticre en repos efl: y/?, &c.» »
On voit par-ià que n'y ayant
aucune différence réelle entre les
Lu du premier ordre & ceux du
iecortd les termes à'yang&C d'ynn'ont
puleur êire
appliqués que
pour indiquer la clafîe à laquelleils appartiennent Yyang cléiignantcelle des nombres parfaus ou im-
pairs, ÔcYyn désignant celle des
nombres imparfaits ou pairs; cîaffes
que j'ai appeiiécs premier &; fecoîid.
ordre d'autant que le P. Amiot
vient de parler lui-même de deux
ordres de tuyaux Se qu'il emploiela
mcmeexpreflion immédiatement
après ce pafiage.
DES CHINOIS.
premier ordre l'autre dans les tuyaux Yn, ou du fecond ordre
deux Muficiens encore furent chargés des Siao L'un du grand
Siao pour les tons graves& l'autre du petit pour Les tons
aigus.il.
aigus.
§. IL
Du Yo.
Il n'étoit pas encore venu en penfée aux Chinois, qu'on
pouvoir avec un feul tuyau donner tous les tons qu'on obte-
noit avec les douze ou les feize tuyaux des deux fortes d'inf-
trumens dont nous venons de parler ils l'imaginèrent enfin
& comprirent qu'un tuyau qu'on perceroit à différentes dif-
tances, donneroit différens fons & repréfenteroit ainiî
autant de tuyaux qu'il y auroit de trous dans une partie de
fa longueur. Ils firent l'initrument auquel ils donnèrent le
nom de Yo. Voyez la figure 36, A.
Cet inftrument fut percé non pour moduler indifférem-
ment fur tous les tons mais pour un ton fixe & déterminé.
On ht le premier Yo fur la mefure du Hoang-tckoung ainfi
le fon fondamental qu'il fit entendre tous les trous étant
bouchés, fut le Koung, que je traduis par fa &c non par
lit pour des raifons que je dirai dans la fuite en parlant des
tons. En foufSant plus fort, au lieu du Koung, le tuyau fit
entendre le Tché, c'eft-à-dire m quinte au-defïus de fa (</).
( h) Le]" Amiot corijedure iciavec beaucoup de railbn que cet
ut ii'.i-deffus de fa eli apparem-ment lu aouïictiic du Koiins: c'eiî.ton expj-ciïion. Cette conjectureeft fonclcc iur ce que tout corpshonore donne parmi fes harme-
îiiques, la douzième, & nc;i la
quinte. Mai:, il ici d'un tait
3z après avoir vérifié la chofe,
j'ai cru devoir iubibtuer à la con-
jecture du Pi Amiot les mots tres-
poûùis, ijuinte au-.lc(fu.s Je fa. Voicice qui décide pour la quinte.
Nous avons eu Provence uninfiniment de même genre que le
yo, & qui nu c-«J.lenient quj troistrou.: ccû l-j tluut trcs-conmi
DE LA MUSIQUE
Dès-lors trois trous fuffirent pour donner tous les autres tons.
Voici comment l'expliquele Prince Tfaï-yu après en avoir
fait l'expérience par lui-même.
Torrs les trous étant bouchés £ infiniment donnoit le Ko UNC
(fa ). En ouvrant le premier trou & enfoufflant
modé-
rément on eut le ChANG (fol ) en foufflant plus fort on
entendit réfonner le Yu ( re ). En ouvrant enfemhle le premier
& le fécond trou on eut le Kio (la) enfoufflant modéré'
ment & le Ho (mi ) en foufflant plus fort. En fermant le
trou du milieu, les deux trous extrêmes étant ouverts, on fit
réfonner le Tchoung (fi )en foufflant modérément & l'on
eut ainfltous les tons (x).
fur-tout à Marfeille &C à Aix. Cet
infiniment dont le fon grave eft
communément re ne donne, parfa conftruâion que quatre fons
confécutifs qui font, ri mi, fa
fol%. Or, pour obtenir les autres
ionsqui
doivent completter la
gamme de cet infiniment c'eft-à-
dire les fons la ,f, ut il faut
en fouillant un peu plus fort, faire
qtunter rinftrument. Ainfi le re parce moyen donne fa
quinte La; le mi
donne fi, et lefa^ donne !W%.
Quant aux oftaves on les obtient
en fouillant encore plus fortque
pour la quinte.J'ai confulté fur cela M. Cha-
teauminois, Muficien, & excellent
Maître de Flutet, à Paris. Il a eu
la bonté de me donner tous les
eclairciffemensqueje lui ai deman-
dés. En embouchant moi-même le
Flutet, j'ai eté filrpris de l'extrême
facilité avec laquelle, en fortifiant
tant foit peu le fouftle on obtient
la quinte de l'un des quatre prc-
miers fons felon les trous qu'on,
tient ouverts ou fermés. Si i'on
fouffle un peu plus fort, on obtient
l'oftave & enfin la douzième parun fouffle beaucoup plus fort. Ainf^
après un fon grave donne le pre-mier fon obtenu par la différence
du fouffle efl la quinte vient
enfuite Toftave & en dernier lieu
la douzième. C'efl: à quoi fe réduit
la gamme du Flutet que M. Clia-
teauminois a bien voulu me donner
par ecrit. Cette gamme efï pourun Flutet en mi-bémol mais c'efi:
toujours le même phénomène pourle Flutet en re. La différence du
fon fondamental ne change en
rien l'opération de la nature com-
me on le voit d'ailleurs par le yodont le fon grave cû.fa.
(.r) II refaite de ce paffage, que
le yo donne en premier lieu, Se
par la manière dont il ett percéles quatre fons confécutifs fa
fol la ,fi; qu'enfitite les trois pre-
miers de ces fons ,fa, fol &C la,
DES CHINOIS.
Les fentimens font partagés fur le nombre des trous dont
on perça l'ancien Yo. Les uns /'& c'eft le plus grand nom-
bre, croient qu'il n'avoit que trois trous au moyen defquels
on obtenoit différens tons les autres, au contraire prétendent
qu'il avoit fix trous pour former les douz^ Lu mais cela revient
au même dit le Prince Tfai-yu car en ajoutant un trou entre
le premier & le fécond entre le fécond & le troijieme, & un autre
plus bas que le premier on ales Jîx trous qui donnent les dou^e
Lu 3 ou les dou^e demi-ions de l'oclave de la manière que jevais dire (y)., &C. Voyez la figure 36, B.
en faifant entendre leurs quintes
par la feule différence du foufïïe
achèvent de completter la gamme
chinoife fa, fol, la, fi, ut, rc7 mi.
Or, le Flutet dont j'ai parié à la
note précédente en fuivant le
même procédé a encore cela de
remarquable que fes quatre pre-mieres notes forment exactement
les mêmes intervallesles mûmes
trois tons confccutifsque
leyo 9
celui-ci diiant_/îi ,fol, lii,Ji, & le
Flutet re i;û fi >Â- fol d'où
rélulte par la différence du (ouffle,
une gamme femblable à celle du
yo. Cette intonation de notre mi-
trument provençal paroitra fans
doute imguliere ibit en elle-mê-
me, foit par fa conformité à celle
de rinfînnnent chinois mais il
faut obierver que îe ton propre du
Flutet n'eft pas c;lui du ton le plus
grave di> 'l'inllrurnent mais celui
de la quinte de ce ion«rave
qu'ainille
Fluret dont le fon graveeit n c(t percé pour ie ton de la& quecelui dont le l'on f;rave dtml-bc.'nol a pour ton
pronre fi-bimol, Il cil ailé d'ailleurs de don-
ner fur cet infiniment la quarte
jufle du fongrave le troifieme
trou étant par-deflbus, on le ferme
à moitié avec l'extrémité du pou-ce ci. cette quarte redevient tri-
ton, II on laiffe le trou entièrement
ouvert mais il eiî aifé de remar-
quer que cette aftion de fermer à
moitié le troineme trou, eft un
artifice &que la nature du Flutet
eft de donner, comme leyo, trois
ions coniécutil's un triton, rél'ul-
tat d'une opération très-naturelle,dont
je parlerai à la note a a.
(jk) Hparoît aifez par ce paf-
fage que le yo à iix trous n'eit
qu'une fuppofition des Chinois
modernes conçue d'après l'idée
qui fait coniîfter l'etabhuement
desprincipes
de la Muficme dans
une diviïion de l'oclave en douze
deim-tonségaux ou à-peu-près
égaux entr'eux( Voyez, note s
pag. 6=; ). iNiais le piiénorac-ae du
yo ù l'on y fait attention démon-tre bien évidemment l'abllir.lité de
cetteidcj pu'ifque k-s quintes
ji-iftes quex\ût entondre cet inltru-
ment ne peuvent donner Je.>
DE LA MUSIQUE
difficile
On voit par-là ajoute Tfai-yu qu'on peut obtenir les mêmes
tons du Yo v foit qu'il ait Jîx trous foit qu'il n'en ait que trois.
Cependant à dire ici ce que je penfe Les plus anciens Yo
n'avoient que trois trous. J'en ai vu un moi-même dont l'anti-
quité etoit fans contredit avant les Tcheou & quietoit tel.
D'ailleurs le Tcheou-ly I'Eulu-ya & ce qu'il ya de plus,
authentique parminos monumens n'en parlent que
comme d un
infinimentà trois trous. Mao-chÉ cjl le premier que je fâche
qui en ait parlé comme a uninfiniment
à Jix trous. Le torrent
des Lettrés Jans fe donner la peine d'approfondir l'opinionde
Mâo-chÉ ont été de fou f animera &c.
Les Anciens dit encore le Prince Tfai-yu, faifoientun très-
grand cas du Yo ,• parce qu'ilsax oient dans cet infiniment
les
principes qui avaient fervi aux premiers Inflimteurs pour fixer
les Lu les poids & lesdimenfwns (^ ). L'ancien Yo etoit très-
demi-tons égaux entr'eux. On va
voir d'ailleurs ce que penfe le
Prince Tfai-yu lui-même du yo à
iix trous.
Au relie la maniere dont fe
forment les douze lu, par le yo àfix trous que
décrit ici fort en
détail le Prince Tfai-yu fe ré-
duit ce que ces Iix trous ré-
pondant à fn fol fol la
La^ fi donnent chacun leur
quinte par la différence du fouffle.
J'ai fuppriiné cette defeription
non-feulement comme inutile à la
queflion préfentemais parce
qu'elleeft vicieufe. Notre illuftre
Auteur, arrivé au cinquième trou,
qui eû la-diefe dit que ce trou
donne le tchiung-lu & le hoang-
tchoung, c'eft-à-dire la-duf Se fi
cequi
îVeftpas.
Laquinte
de la-
dkfceit
mi-rdlcfior mi-dieft n'eft
pas fa ou ce qui eâ la même
chofe, laquinte de la-dïefi ne fau-
roit s'accorder avec l'oftave de
fa. qu'elle furpaffe de près d'un
quart de ton car la nature, dans
le phénomène du yo, ne connoît
pas le tempérament ou telle autre
abfurdité imaginée par les hom-
mes. Voyez note q de la féconde
Partie.
( i ) Le phénomène que préfentele yo en ce qu'il fait entendre fa
quinte par la feule différence du
louffie a dû iutEre aux premiersInstituteurs pour fonder tout le
fyftè-me mufical qui n.'ell au fond
qu'un affembiage une fuite de
quintes, ou de conlonnanccs qui la
reprcfentent ( Note a pag. 28).Un fimple tuyau dans lequel
ces premiers Inltituteurs auront
découvert ce phénomène fi finçu-
DES CHINOIS,
Tome FI. K
difficile à jouer.Nos
Mujîciensmodernes auraient bien de la
peine, à l'accorder avec lesinjlnunens donv
on Je fert aujour*
d'hui(aœ).
iier & naturellement fî. remar-
quable a pu les conduire à faire
en même teins de ce tuyau un
infiniment complet, & une règle
authentique pour La formation
des lu.
Supposons que ce tuyau ait été
au ton de fa. Ce fa comme on l'a
vu à lapage 6y, donne fa quinte
?«, en foulant un peu plus fort.
Or il n'a fallu que couper un
fecond tuyau à l'uniflbn de cet ut,
pour avoir par la différence du
îbuffle une nouvelle quinte un
fol, qui a fervi de modèle de
regle d'intonation, pour le fol quedonne le premier trou percé fin-
ïeyo.
Ce premier trou par le même
phénomène, donnant laquinte rc
un troifieme tuyau mis à l'uniflbn
de ce re, a fourni la quinte la,
modèle du laque donne le fécond
trou du yo.
Ce iecond trou, ce la. donnant,
comme le premier fa quinte miil n'a plus fallu qu'un quatrième
tuyau coupéà FunifTon de ce mi,
pour en obtenir, par la différence
du fonffle fa quinte^?, modèle de
cejï qui paroît choquer furie troi-
sième trou du yo quand on n'a
que des gammes dans la tête..
On a donc par cette opération
les huit fons fondamentaux, ut,
fol /?, la mi ,fî,fa que donne
le yo, car le trouqui ionney?,
fournit comme les autres fa propreaxûnte fa-dùjï. D'où il eft aifé de
conclure ru'en formant feulement
un nouvel o à l'ottave au-de(ïbus
de ce fa-d'ujï ou bien d'autres yo
au ton des trous foi la & fl du
pr emier il n'aura pas été difficile
aux Inftituteurs d'obtenir plus de
tons fondamentaux que n'en em-
ploient aujourd'hui les Chinois
dans leur fy {terne qu'ils bornent
à douze lu pris individuellement
depuis /i, comme on le verra à la
féconde Partie de ce Mémoire.
On peut croire, au refte que c'eft
la perte ou le non ufage du yo quia jette les Chinois modernes dans
ces proportions fachees eue l;i
réduction du fyftême nuuical ù
douze tons déterminés entraîne
nécessairement. Je traiterai de cet
objet dans la troifieme observa-
tion, à la fin de ce Mémoire.
(tf.j) Ce dernier parTage mérite
la plus grande attention il ren-
verie totalement la doctrine des
proportions factices des Chinois
modernes. En efïet l'ancien yo,
comme on fa vuci-devant,
don-
ne, dans fa longueur totale, fa.
Les trois trous dont il eil percé
rendent les trois fons fol, A.r &
c'efî-là l'opération de l'homme
c'eft l'intonationquïi
a" voulu
mettre fur cet infiniment mais
l'intonation des trois autres fons
de lagamme au. yo lavoir, l'in-
tonationcYut
de rc & de mi ne
dépend pius de lui. En jouant ft ~z
il n'a qu'à fouffler un peu plus fort,
la nature lui tait entendre elle-
DE LA MUSIQUE
Leyo etoit au rang des înftrumens itables on ne pouvoit s'en
fervir pour moduler indifféremment fur divers tons. Il avoit
même un ut quinte de (on fa de
même en jouant fol & la s'il
fouffle un peu plus fort la nature
lui fournira re & mi, quintes jitftesde Ion fol & de fon la. Quintes
qui ne fauroient fe foumettre à
aucun fyftême de tempérament à
aucune de ces intonations affoiblies
que l'homme imagine pour fe don-
ner des demi-tons égaux ou à-peu-
près égaux entr'eux.
Or, ce font ces quintes natu-relles, obtenues par la feule diffé-
rence du fouffle qui ont guidé les
anciens Chinois pour la place &
la jufle proportion des trous du
yo; foit qu'ils aient eu recours à
d'autres tuyaux comme je l'ai
expoié à la note précédente foit
qu'ils fe foient conduits comme
je vais le fuppofer.La premiere quinte entendue
l'ut au-deffus de fa,, aindiqué l'in-
tonation de fa propre quintel'intonation de fol; & l'on a percéle premier trou pour donner
l'octave au-deffous de ce fol. La
quinte de fol c'eft-à dire re en
indiquant également fapropre
quinte, qui eft la a fait fentir où
il falloit placer le fecond trou
pour avoir l'oftave au-deffous de
ce la. Enfin, mi, obtenupar la
différence du iouffle, en jouant la,a
indiqué comme les autres fa
propre quinte c'eft-à-dire fi, &
voilàpourquoi l'inftrument chi-
nois, ainfique le Fltitet dont j'ai
parlé aux notes u & x fonne le
triton ou quarte fuperflue contre
le fon donne par la longueurto-
tale de l'inftrument au lieu d'une
quarte jufte. Car les hommes en
perçant l'un ou l'autre de ces deux
inftrumens, ne fe font pas guidés
pardes divifions arbitraires de
tons ou de demi-tons mais par
des quintescomme on en fera
convaincu fi on fait bien atten-
tion à tout ce que j'ai déjàdit au
fujet du yo & fur-tout à ce tri-
ton fa fi, entre le fon grave ôi le
troifieme trou, réfultat jufte d'une
férie de quintes& réfultat abfur-
de, fi l'on fuppofe une férie de
tons. Revenons au procédé que je
viens de décrire.On a donc par ce procédé
la
férie de quintes
fa ut fol re la mi fi,les unes ( ut, re & mi ) données
directement par la nature les au-
tres (fol la&cjî') feulement indi-
quées. Or ceci explique la propo-fition du Prince Tfai -yu fur
laquelle j'ai fait cette note nos
Mujïcicns modernes auroient bien de
la peins, à l'accorder ( l'ancien yo )avec les inflrumens
dont on fi jert
aujourd'hui. En effet comment
accorder cet ancien yo tel que
nous l'avons vu fe former avec
des inftrumens dont les quintesou du moins plufieurs quintesfont altérées & mifes hors de leurs
proportions uniquement pourleur faire rendre ces demi-tons
factices ces demi-tons de fantai-
fie, par. lesquels les Chinois mo-
dernes ont voulu divifer i'otlave ?'f
DES CHINOIS.
Kij
comme je i'ai dit, un ton fixe ÔC déterminé, dont il ne fortoit
jamais; & ce ton, ainfi qu'on l'a vu ci-devant, fut d'abord
celui du Hoang-tckoung ( le premier des lu ). On fit enfuite
autant de yo qu'il y avoit de lu, afin de pouvoir employer
cet inhument dans toute forte de Mufique fur quelque ton
qu'elle fût. L'on donna à ces différent yo & le nom & les
dimensions des lu qu'ils repréfentoient.
Pour ne pas décider la queilioi-1 entre ceux qui prétendent
que l'ancien yo n'avoit que trois trous, & ceux qui veulent
qu'il en ait eu jufqu'à fix; j'ai mis l'un &l'autre fous la figure 36.
Le yo tel que je l'ai décrit, etoit un Simple tuyau d'une
longueur déterminée ouvert dans fes deux extrémités &
percé dans fa partie inférieure de trois ou de fix trous. Il n'etoit
pas aifé d'en attraper l'embouchure de manière à en tirer des
fons clairs & nets. Cette difficulté fit imaginer l'inflrument
fuivant.
§. III.
Du Ty.
Le Ty n'eft autre chofe qu'un yo, à l'extrémité fupérieure
duquel on mit un tampon. On fit à ce tampon une ouverture
d'une demi-ligne, & l'on echancra d'autant le bout du tuyau.
Voyez la figure 39, A. Par ce moyen l'on eut une embouchure
plus aifée à trouver, &il ne fallut pas une fi grande dépenfe de
foufile. Voilà au vrai ce que c'etoit que l'ancien Ty. Cependant
tous les Antiquaires ne conviennent pas entr'eux fur le nom-
bre de trous dont etoit percé cet ancien Ty. Les uns lui en
Cette obfervation vientà l'appui
de ce que j'ai déja infirmé à la
note ( s ), favoir que c'efl d'une
férie de quintes juftes que l'ont
formés & les demi-tons & les
divers intervalles muiicaux, loin
qu'une férie de demi-tons égaux en-
tr'eux, 6c par confdquent taux
puiffe jamais donner, ni quinte,ni
quarte, ni aucun autre intervalle
jufle.
ï> I' L A M U S J Q V E
domu'iK trois, les autres quatre. quelques-uns riiK| ex d,iu-
(ces jutqu'à (cpt. M, lis il e(l évident que ces Ailleurs, ne parlant,
de cet iiil'iunu'iii: ijue p.iv occalion eV fans le connoiire, ils
l'ont confondu ,nee le Tv moderne. Celui-ci quoique pci-
U'clioune p.ir degrés, s'cll iou|ours unie (r.mh erl.ileiiienlce
qui n.i jamais cté de 1 ancien .7 v qui ne diflcroit du yo
comme je I ai dit que p;ir l'embouchure qu'on .noir perfec-tionnée.
§. IV.
Du Tché.
Parmi les tli<lefOïis inicnimcns dont. Ce (ervoïent les anciens
Chinois pour ;n oir le ion propre<\v B;iml>ou ? il n'y en a
point qui (oit eonlbuir d'une f.içou plus linmilicrc tjuecc:lii!
:niquel ils ont donné le nom de fc/ic e'cfl une clpece de (lùtc
tT.nertiere fermée d.ms tes deux bouts, ;iy;nu l'cmboueliiirc
i}au< le milieu de t.ilongueur, 6c trois trous à chacun des côtes
tle 1 embouchure. Voyez, In ligure 42-
On tiroit trois tons chilérens de chaque trou. Cet infiniment
ditle Prince Tiai-yu ac \vr-tout en ufa^e fous les trois pre-
y:: y. c" .'es m. uns un jiniii.jue.ire .ji/i en jaifoit plus de
vjtjcljist: jobtenu
du moins de pouvoir le confi.dérer à
/;, t-' er: e.i pr:s ewiclement la figure t-' toutes les dunen-
f:e::s.ylvec :;i: ;. Je
B .im hou j'enai
me/ure le contour, & j'ai'.
rrv.v;' -e fa circonférence et'ott la me/neque
celle des monnaies
ci l'v;pjrtcv.c l errifrcuitc
des deux Caracle/'ds Kai-
y us y (7). Q:o;^e de ces pièces de monnaie placées de j une
(-) À.1 .•;eit le nom eue
M.s. r.-x:j: aurreir.cnt dit
rl:x:h;. : z • iaiiineE!î"ijNereur
de< T.ç don::?. ?.u>: amice:; tle
'.l:i 1 V ~iïl~tils I.:i1 CA~ ~LÂt\v~ic:\regiio depuis
i an de Jclus-
Chrirt 713 jiifqu'à l'an 741 niciiL-
iivemenr. Hiucn-tjon/ig d\ un des
plus ^rancisPrinces
quiait occupe
le Trône Chinois,
D E S C TI INO1 S.
l'une contre l'autre donnaient exactement. \a. longueur. Joui le
mon Je fait que le diamètredes monnaie, tnjcnies /{ Ai-rur.N
doit d'un pouce de l'ancien pied.; par conféquem /</ lomnicur
de f ancien T'eut-: croit de quatorze poucesou d'un
pied quatre
poucescc qui
revient: au même. I.'epaiJJeur du /l.unlxiu noir,
d'une H'jne & demie Le diamètre de fou mhnuclmre de. trois
Ho nés.Sur la
partie inférieure de I. infinimentet oient l'iavés trois
caractères anciens des plus extraordinaires. Les caractères je
LifeiuHoANC-TcirouNG-rcitÉ c'cTr-a-dire TcuA du
H.OANG-TCJIOUNG.Du rcjlc je Jais Jûr
amantqu'on peu/,
l'être que le Tcif que j 'aieu cuire les mains & que /'ni exa-
miné avec foin cfl véritablementun
antique.Il
efl conforma à.
toutes lesdejcnpiLons que fai. lues
6' dans leTchequ-lv
& dans des frainnens plus anciens encore.
Je me fuis tropétendu fans cloute fur ce
qui. regarde les
inftrumens qui donnent leTon du Bambou; mais on doit faire
attention queces fortes d'inftrumcns ayant contribué plus que
tous les autres à Fetabliffement des règles de laMufique j'ai
dû entrer dans quelquesdétails a cet égard. En effet, c'efr. au
moyendes tuyaux
de Bambou que Lin g- Lan. vint à bout
félon les Auteurs Chinois, de trouver les douze demi-tonsqui
font renfermés dans les limites d'une octave &:qu'on appelle
les douze Lu. Or ce Ling-lunetoit un des Grands de la Cour
de Moang-ty& la foixante-unicme année duregne de
Hoang-
jty réponda l'an 2637 avant l'ère chrétienne. Qu'on juge par
cette époquede l'ancienneté de la Mufique chez les Chinois»
DE LA MUSIQUE
ARTICLE NEUVIEME.
Du son de la Calebasse.
J E l'ai déja dit, & je le répete avec plaisir les anciens Chi-
nois ces hommes qui les premiers donnèrent des loix dans
cette portion de la terre, qu'on appelle la Chine ont eté les
inventeurs de cette Mufique qui a eu cours de tout tems chez
la nation qu'ils formerent. Le premier ufage qu'ils en firent
fut pour chanter des Hymnes en l'honneur du Ciel & en l'hon-
neur des Ancêtres. Ces deux fortes de cultes, quoique très-
différens entr'eux & rendus dans des lieux féparés n'ont
jamais eté à la Chine l'un fans l'autre. Par le premier, les
anciens Chinois rendoient grace au Ciel de tous les bienfaits
dont il ne ceffoit de les combler & par le fécond, ils remer-
cioient leurs Ancêtres de leur avoir donné la vie & les avoir
mis ainfl en etat de pouvoir jouir de tous les dons du Ciel. En
s'acquittant de ce double devoir, ils vouloient, dans la Mufi-
que qui accompagnoit l'une & l'autre cérémonie avoir fous
leurs yeux les différentes matieres qui pouvoient exciter leur
reconnoiffance en leur rappellant le fouvenir de ce qui fer-
voit à leur nourriture, à leur entretien & à leur bien-être
dans l'ufage ordinaire de la vie.
Déjà dans leurs inftrumens de mufique ilsemployoient la
peau & la foie comme un figne de leur fupériorité fur les
animaux & de leur prééminence fur ce qu'il y a de plus pré-
cieux dans la nature. Déjà d'autres inftrumens de terre de
pierre & de métal etoient l'emblème & de la terre qu'ils
habitoient & de l'ufage qui leur avoit eté accordé de tout ce
que cette même terre contient fur fa furface, ou de ce qu'elle
renferme dans fon fein. Déja le fon des inftrumens de bois, a
DES CHINOIS.
& celui des tuyauxde Bambou, leur rappelloient les avanta-
ges fans nombre qu'ils retiroient de toutes les productions des
forêts & de la campagne.Il leur manquoit un huitieme ton
pour completterle nombre qui, félon eux, etl fixé par la
nature & que désignentles huit ko a ou trigrammes deFou-hi,
Sans s'écarter de leurs habitations ils le trouvèrent ce ton
particulier, dans l'enceinte de leurs jardins.Parmi ces plantes annuelles qui pourvoient aux befoins de
la vie, il en eft une de la claffe des courges, dont le fruit a
une ecorce mince liiïe & dure qui par la direction l'arran-
gement& le tiffu des fibres qui la composent, nous fait affez
connoître que la nature ne l'a ainfi travaillée que pour la
mettre au rang des corps fonores. Ce fruit, auquel nous don-
nons, enfrançois, le nom de calebafïe, eft appelle Pao par
les Chinois; fa figure eft comme celle de nos gourdes de Pèle-
rins. C'eft cette efpece que choifîrent les1 anciens Chinoispour
repréfenter dans leur Mufique les légumes & les herbages dont
le Ciel a accordé à l'homme la connoiffance & Tufage libre
& c'etoit pour accompagner les Hymnes qu'on chantoit en
reconnoiflance d'un pareil bienfait qu'ils fe fervoient d'un
inftrument dont la partie principale etoit faite avec le Pao
c'eft-à-dire la calebaffe.
Cette partie etoit le corps même de l'inftrument différens
tuyaux de Bambou etoient adhérens à ce corps & c'eft ce
corps même qui, recevant immédiatement le fouffle de l'hom-
me, le diftribuoit aux tuyaux & leur faifoit produire divers
ions, félon les regles des Lu. J'oie le dire lesanciens Egyp-
tiens, avec leurs hiéroglyphes, n'ont été que des enfans en
comparaifon des anciens Chinois. Dans le feul inftrument dont
il s'agit ici que de merveilles n'aurions-nouspas a découvrir
Son origine ion antiquité, fa matière fa forme ton ufage
tout eft allégorie, tout eft myftere en lui. Que ne puis-je
DE LA MUSIQUE
entrer dansquelque
détail à cefujet niais continuons;
Dans l'intention de faire entrer dans leur Mufique des gran-
des cérémonies un infiniment qui pût repréfenter pour la
nombreufe claffe des légumesles lnftituteurs Chinois imagi-
nèrent un moyen qui ne leur réuïïit pas d'abord mais qui les
mit fur la voie qui devoir leur faire trouver ce qu'ils fouhai-
toient ils prirentune calebaflc de médiocre groiTeur la per-
cerent à cette partie par où elle tient à la plante pour avoir
une embouchure & ils firent un certain nombre de trous dans
différens pointsde fa panfe pour avoir les différens tons. Le
fon lourd & mat qu'ils tirerent de ce nouvel infiniment le leur
fit abandonner ils penferent à un autre expédient ils coupe-
rent rouie la partie fupérieure qui forme le cou de la calebafTe
& en ne réiervant que la partie inférieure de manière à pou-
voir y adapterun couvercle de bois ils percèrent ce cou-
vercle d'autant de trous qu'ils vouloient avoir de tons différens.
Ils placerentdans
chaquetrou un
tuyaude Bambou plus ou
moins long, félon le ton qu'ildevoit donner.
La conftruction de ces tuyaux fut toute différente de celle
des tuyaux dont j'ai parlé dans les articles précédens. Ceux-là
rendoient leur fon propre lorfquJon fouffloit à travers l'echan?
crure du bout fupérieur au lieu que les nouveaux tuyaux ne
devant être que comme le canal du fon de la calebaffe ne
fervoient qu'à modifier ce for par leurs différentes longueurs,
de manière à lui faire rendre tel ou tel ton. Le bout inférieur
de ces mêmes tuyaux celui qui enrroit dans le corps de la
calebaffe etoit exactement fermé avec un tampon; mais une
echancrure d'environcinq
ou fixlignes
delong
fur trois ou
quatrede
largefaite à
quelquediitance du
tampontenoit
lieu d'ouverture. On y avoit appliqué une feuille très-mince
d'or fin battu, au milieu de laquelle etoit découpée une lan-
guette de la longueur d'un peu plus des deux tiers de celle de
la
DES CHINOIS.
Tome Vh L
la feuille. Cette languette, ne tenant à la feuille très-mince,
dont elle faifoit partie, que par l'une de fes extrémités pou-
voit être agitée en tout fens par le moindre fouffle & laiffoit
unpafîage libre à l'air, foit qu'on voulût le pouffer ou l'attirer à
foi par le moyen d'un ruyau de bois qui ivoh la forme du cou
d'une oie & qu'on avoit adapté au corps même de la cale-
baffe pour fervir d'embouchure. Voyez la figure 45.
Les Chinois comme on peut bien le penfer ne manquent
pas de raifons très-myftiques touchant la figure de ce tuyau
mais comme elles ne font pas à mon fujet, je me contenterai
de dire pour ne pas fruftrer en entier la curiofité du Lefteur
que cet infiniment, plus parfait qu'aucun autre forti jufqu'alorsde la main des hommes, en ce qu'il pouvoit lui feul rendre
de la manière la plus exacte, tous les Lu & tous les tons
devoit encore exprimer allégoriquement les divers fons que
fournit la nature dans les principales productions de fes trois
regnes l'animal le végétal & le minéral. CJeft ce que fait
cet infiniment, au moyen des différentes matieres qui le com-
pofent, & par la maniere dont il en: conftruit. Le cou d'oie
repréfente, pour le regne animal; le bois le Bambou & la
courge pour le végétal & la languette d'or fin battu, pour le
minéral.
L'infrrument ainfi conftruit par les premiers Chinois, pour
rendre le ton propre de la calebafle n'a pas toujours porté le
même nom. Les Lettrés les plus verfés dans l'antiquité pré-
tendent que le plus ancien nom cru'il ait eu efl celui de fu 6k
que les noms de Tchao de Ho & de Cheng ne lui 'ont eté
donnés que fucceflïvement, à mefure qu'on changeoit quelque 1
chofe foit à fa matière foit à fa forme. D'autres Lettrés &
c'eft aujourd'hui leplus grand nombre, difent qu'il y en avoiti v 1
de trois ordres différens quedans le
premierordre etoient les
Yu & les Tchao dans le fécond, les Ho ,• & dans le troineme i
DE LA MUSIQUE
les Cheng. Ils ajoutent que les Yu & les Tchao etoient compofés
de 24 tuyaux, les Ho de 19, & les Cheng de 13 feulement.
Voyez l'explication de la figure 45 pour les Cheng à 19 & à
13 tuyaux.
Un troifieme fentiment eft que les anciens ne connouToient
en général que deux efpeces d'inftrumens à vent, qui donnaf-
fent le fon propre de la calebaffe qu'ils appelloient l'une la
grande efpece & l'autre la petite que les inffcrurciens de ia
premiere efpece avoient 36 tuyaux & ceux de la petite
efpece 17.
Je vais rapporter ici les paroles du Di&ionnaire Etdh-ya
aux articles jya &ho pour quele Lecteur puiffe fe décider en
quelque façon. Je crois, dit l'Auteur de cet ancien Livre que
ce qu'on appelle aujourd'hui le grand Cheng à dix-neuf languet-
tes ( ou tuyaux ) efl levrai YU des Anciens & que notre
Cheng ordinaire à treize languettes eflce qu'on appelloit autre-
fois ho & petitYU.
Le cheng à treize tuyaux, ou petit yu, ne donne que les
lu dits naturels, c*eft-à-dire les douze demi-tons de l'o&ave
moyenne le treizieme tuyau efr. pour completter cette oftave
par la réplique du premier fon.
Je dois faire obferver avant de finir que les anciens
Chinois fe fervirent de tuyaux & de cordes pour régler les
proportionsdes douze Lu. Ils appellerent les inftrumens qui
repréfentoientces Lu dans leur jufte proportion Lu-tchun
qui fignifie regle ou mefure des Lu. Le Lu-tchun à vent etoit
compofé de treize tuyaux & le Lu- tchun à cordes, de treize
cordes, mais celui-ci fe régloit fur l'autre, comme étant un
ïnftrument fixe & dont les intonations etoient permanentes,
Auffi les différentes fortes decheng, c'eft-à-dire le yu le
tchao le ho & le cheng proprement dit tiennent-ilsaprès
\a cloche & la pierre fonore le premier rang parmi les
DES CHINOIS.
Lij
inftrumens de mufique. C'eil: fur le cheng que fe règlent les
autres inftrumens & le Maître du cheng, dans l'ancien céré-
monial etoit un de ceux qui recevoient immédiatement leurs
ordres du Tay-tchang-fee c'eft-à-dire du Grand-Maître ou.
Préfîdent du Tribunal des Rits.
L'ancien cheng, tel que je l'ai décrit m'a paru n'être pas
eout-à-fait indigne des regards de nos François. UnAntiquaire
Chinois m'en a procuré des deux efpeces ( le grand & le petit
cheng) qui font, au nombre des tuyaux près exactement
conformes auxyu & aux ho des Anciens je les envoie à M.
Bertin (bb). Ce digne Miniflre ami zélé des Arts leur
donnera fans doute une place dans fon cabinet des curiofités
chinoifes où les Savans & les curieux pourront les aller voir
& les examiner à loifir. J'en envoie une paire de chaque efpe-
ce, car ces inftrumens vont toujours par paires, & j'aurois
manqué effentiellement au cérémonial des Chinois fi je
m'etois avifé de les ifoler.
L'on pourra en démonter un de chaque efpece en ôter les
tuyaux, pour voir comment ces inftrumens font conftruits. Si
on les fait fonner, on n'aura pas befoin de recourir à des juges
étrangers & quelquefois fufpe£ts pour décider fur quel ton
eft la mufique chinoife d'aujourd'hui car dans les mufîques
ordinaires le cheng e(l l'infirument fixe furlequel comme je
l'ai dit tous les autres doivent fe régler. S'il me refte afl'ez de
tems j'en donnerai la tablature à la fuite de celle du Kïn à
la fin de ce Mémoire (ce ).
Voilà fur les différentes fortes de fons un trèi-petit abrégé
( bb ) Ces chengont été envoyés.Ilsiont dans le cabinetde M. Bertin.
(ce) Les travaux multiplies de
notre illnftre Miffionnaire l'ont
empêché fans dqute de donner
cette tablature. On ne la trouve
ni dans le Manukrit de M. Bénin
ni dans celui de laBibliothèque
du Roi. Celle du Kïn eft ù la Uo;
fieme Partie ? article 4.
DE LA MUSIQUE
de ce qui fe trouve très au long & féparément dans une multi-
tude de Livres, difficiles à débrouiller, plus difficiles encore à
analyfer. Cette première Partie de mon Mémoire, qui, pour
parler le langage Chinois ne traite que des fons non encore cir-
confcrits dans les limites du ton, n'eft intéseffante qu'autant
qu'elle met fous les yeux la manière tout-à-fak finguliere dont
on envifage les objets dans cette contrée du monde. Cette fingu-
làrité feule eft une preuve que les Chinois font auteurs d'un
fyftême qu'aucun autre peuple n'a traité comme eux. On pour-
roit encore en conclure que puifqu'elle a eu lieu dès les pre-
miers tems de leur Monarchie ils font les inventeurs encore
d'une foule d'autres Arts, fans lefquels ils ne fuffent jamais venusà bout de tirer, des différentes productions de la nature les
huit fortes de fons auxquels ils croient que tous les autres fe
rapportent. En effet combien de connoiffances ne falloit-il pas
queceux qui les premiers ont fait les ïnftrumens dont j'ai parlé,
euffent déja acquifes I
Quoi qu'il en foit fi l'on a quelque peine à tirer cette der-
niere conféquence fur ce que j'ai déja dit dans cette première
Partie on y fera peut-être forcé, après qu'on aura lu ce qui me
refle à dire.
Jufqu'à préfent, avec un peu de patience, le Lecteur a pu me
comprendre mais pour les matières qui me relient à traiter,
outre la patience, je lui demande une attention plus qu'ordi-
naire, & je le prie de vouloir bien, en fe dépouillant de tout
préjugé ne voir les objets que dans le point de vue convena-
ble, & de ne former de jugement qu'après avoir tout vu.
Fin de la première Partie.
DES CHINOIS.
SECONDE PARTIE,
DES LU,
ARTICLE PREMIER.
DES L v en C É N É R A L.
J_j E s Inventeurs de la Mufique, chez les Chinois, ne penfe-
rent pas d'abord que l'Art qu'ils venoient d'inventer pouvoit
être elevé à la dignité de Science, de Science proprement dite, }
& dans toute la rigueur du terme. Contens d'avoir fu tirer, des
diverfes produétions de la nature différentes fortes de fons
qu'ils pouvoient marier avec ceux de leur voix, lorfqu'ils chan-
toient des Hymnes & des Cantiques en l'honneur du Ciel 8c
des Ancêtres, ils ne fuffent peut-être pas allé plus loin fi la
difficulté de renouveller les inftrumens dont ils tiroient ces fons
ne les eût comme forcés de chercher quelque moyen facile &
fur qui les difpenfât des tâtonnemens, ..& des effais multipliés
qu'il avoit fallu faire pour la conftruclion des premiers inftru-
mens.
L'oreille avoit été jufqu'alors leur feul guide. Mais tout le
monde a-t-il de l'oreille ? & ceux qui en ont pofledent-ils tou-
jours cette adreffe, ces talens néceffaires, fans lefquels il eft
dinicile de travailler avec fuccès ? Les Chinois comprirent
enfin qu'il n'etoit pas impomble de trouver quelque méthode,
quelque regle infaillible, qui pût fuppléer les fecours de l'oreille.
Hoang-ti venoit de conquérir l'Empire & de mettre fous
le joug tous ceux qui s'etoient rangés fous les étendarts de
DE LA MUSIQUE
Tché-ycou. N'ayant plus d'ennemis à combattre, il s'appliqua
de toutes tes forces à rendre fes fujets heureux. Il régla leurs
mœurs par de fages loix & par l'invention de la plupart des
Arts utiles & agréables, il leur procura les avantages & tous
les agrémens qu'on peut goûter dans la vie civile. Que ne puis-
je, fans m'ecarter trop de mon fujet, tracer dans le détail
toute la conduite de ce fage Légiflateur Tout ce que l'hiftoire
profane nous raconte des Légiflateurs des autres nations, n'ap-
proche pas fans doute de ce que je pourrois dire, avec vérité,
du Légiflateur des Chinois. Mais je ne dois rapporter ici de lui
que ce qui concerne le fujet que je traite.
/7<?n/y dit fHifloire o>donna ci LYmG-LUN de travailler
à régler la Mujîcjue. Lyng-lun fe transporta dans le pays de
Si-joung, dont la pofition eft au nord-oueft de la Chine. Là eft
une haute montagne au nord de laquelle croiffent des bam-
bous d'une très-belle venue. Chaque bambou eft partagé, dans
fa longueur, par plufieurs nœuds qui, féparés les uns des autres,
forment chacun un tuyau particulier (a).
(a) Je Supprime ici diverfes
fables queracontent les Chinois,
{avoir, que Lyng-lun prit l'un de
ces tuyaux,le coupa entre deux
nœuds en ôta la moëlle fouffla
dans le tuyau & qu'il en fortit un
fon qui n'etoit ni plus haut ni
plus bas que le ton qu'il preno'u lui-
même lorf qu'il parloit fans être
officiéd'aucune paffiorz effet bien
plus que merveilleux puisque
dans un tuyau ainfi ouvert & aufli
court qu'onle fuppofe ( etant
coupé entre deux nœuds ) le
fouffle doit paffer de part en part
fans rendre aucun fon. Quoi qu'il
en foit, non loin de-là, la fource
du fleuve Hoang-ko, forîanî de
terre avec bouillonnement rend
un fon & ce fon etoit précifément
fur le ton du tuyau ouvert par fes
deux bouts. Voilà le premier fon
le fon fondamental des Lu, bien
établi. Mais voici tous les douze
Lu.
Le foung-hoang ( oifeau comme
notrephénix ) accompagné de
fa femelle, vient tout-à-coup fe
percher fur un arbre voifin le
mâle donne fix fons différens &
la femelle fix autres voilà bien
les fix lu yang & les fix lu yn
( Voyez note t de la première Par-
tie, page 66). Enfin le premierfon que donne le foung-koang mâle
fg trouve comme cela devoit
D E S C H I N O I S, IL Pan.
Lyng-lun,muni d'un bon nombre de ces tuyaux, de diffé-
rentes longueurs, vint les etaler devant fon Souverain, en
préfencede tous les Sages qui compofoient fa Cour. Il avoit
déja fait la découverte que l'intervalle que nous nommons
octave etoit diviiïble d'une manière fenr.ble en douze demi-
tons il fépara des autres tuyaux ceux qui donnoient ces demi-
tons (l) les fit fonner l'un après l'autre & reçut les applau-
diffemens qu'il méritoit.
être ( quoiquele texte dife par
un bonheur inefpéré) fur le même
ton du tuyau ouvert par fes deux
bouts, & du fou rendu par le
bouillonnement de la fource du
Hoang-ho fonqui
ne peut cepen-
dant être qu'un bruit. Néanmoins
d'après toutes ces indications
Lyng-lun coupe douze tuyaux, les
prépare & aprèsles avoir accor-
dés, dit le P. Amiot, avec les
douzefons du chant de l'un &l'autre foung-hoang
de la maniere,
ajoute-t-il avec raifon que tout le
monde petit bien imaginer il s'en
retourna vers l'Empereur pour lui
rendre compte de la découverte.
Dépouillons ce récit continue le
P. Amiot de tout ce qu'il peut avoir
de fabuleux &c. C'eft ici que j'airepris fon texte.
Au refte les Chinois ne font
pas le feul peuple dont les Ecri-
vains qui n'entendoient rien à la
icience des fons aient inventé
des fables pour honorer, à leur
manière, les instituteurs des prin-
cipes de la Mufique. Voyez dans
mon Mémoire fur laMujique des
Anciens, la note ade l'avant-propos, 5
page 2, & la note 37, page 22.1.
(£) Le P. Amiot en fuivant
toujours les Auteurs Chinois dit
ici Il féparades autres Us do;rLe
tuyaux qui donnoient tous les fonsde ïoclave. J'ai eté obligé de chan-
ger cet endroit parce que pouravoir tous les fons d'une o£tavedivifée par demi-tons il faut
treize tuyaux. J'aurois pu fubfhtuer
le mot treize à celui de dou^e fi
le plan de cet article, comme on
l'a déja vu à la note précédenten'etoit de trouver dans douze
objets l'origine des douze lu. IL
eft certain qu'il ne fautque douze
tuyaux pour former douze lu
mais il en faut treize pour avoir
douze demi-tons parce qu'un lu,un fon quelconque n'eft
ni un
tonni un demi-ton. Ce
qu'on
appelle ton ou demi-ton eft l'in-
tervalle entre un lu & un autre
entre un fon & un autre fou. Par
exemple, l'intervalle entre ut 8; ra,eft un ton l'intervalle entre mi
6cfa, eft un demi-ton. Mais ni
fut, ni le mi dans ce cas ne font,ni un ton ni un demi-ton bien
que plufieurs perfonnes l'entendent
ainfi. On pourroit néanmoins fou-
tenir à ces perfonnes, d'après leurs
idées mêmes, que l'ut n'eft qu'un
demi-ton 3 & que le mi eft \m ton; 3
DE LA MUSIQUE
infecles y
11 talloit donner un nom à chacun de ces tuyaux; il falloit
en fixer les proportions réciproques il falloir en mefurer toutes
les dimenfions. La fécondité de fon génie lui fournit un expé-dient facile pour venir à bout de tout cela.
Parmi les différentes fortes de grains que la nature produit
pour la nourriture & les autres befoins de l'homme il en eft
d'une efpece qui prefque tous femblables entr'eux & par
leur forme, & par leur poids, & par leurs dimenfions, font
dcfignés par un caractèrequi fe lit chou. Je crois que nous
pourrions Fappelier du nom de gros millet mais laiffons-lui fon
nom chinois pour ne pas nous tromper. C'efr. aux grains de
chou que s'attacha Lyng-lun pour exécuter ce qu'il avoit
imaginé.
Il s'en fît apporter de toutes les couleurs; car il y en a de
jaunes, de noirs, de cendrés, & de prefque rouges. Il choifït
les noirs préférablement aux autres parce qu'ils lui parurent
en général d'une figure plus régulière plus uniformes entre
eux, plus durs & moins fujets à être altérés foit par les
il n'y auroit pour cela qu'à faire
une autre fuppofition quela leur
c'eft de monter à'ut à rc-bcmol &C
de rni à fa-diefe. On voit par-là
qu'un ut un. re un mi un fon
quelconque en un mot n'eft pas
plus un ton qu'un demi-ton, ou
bien il eft ce qu'on veut fi on
prendla choie dans un iens ab-
ilirde.
Cette remarque feroit peut-être
trop minutieufe par-tout ailleurs
mafs elle ne l'eft point ici, parce
que les Chinois comme on le
verra dans cet Ouvrageont eux-
memes cinq tons iiivoïr ,fi, fol,
la ut rc, ck deux pien ou demi-
tons, fi Si mi enfone quedans
les fept notes conjointes fa fol
la fi ut,re, mi, ils ont cinq tons
& deux demi-tons. Or, il eft ai{é
de voir par maremarque que
pour bien entendre ce que veulent
dire les Chinois par leurs tons &
leurs demi-tons, il faut fous ces
expreffions, n'envisager autre chofe
que des fons. En eftet dans leurs
cinqtons, par exemple fa fol 51
la ut rc il n'y a réellement quetrois tons tfafol fol la ut rc &
une tierce la ut bien qu'il y ait
cinq notes ou ions de même
dans fa, fol, la ,Jî, ut re, mi il
n'y a que cinq tons & un demirton,
quoiqu'il yait fept
fons.
DES CHIN0 1S,A«.
Tome VL M
A
infectes foit par les variations & lesintempéries de l'air. Il
en rangeal'un contre l'autre & fe touchant par le
plus petit
diametre autant qu'ilfut iiéceffaire pour égaler la longueur
du tuyau dont il avoit tiré le fon primitif & fondamental il
les compta & trouva quele nombre etoit exactement de
cent.
Il les rangeaenfuite dans un autre fens de manière
qu'ils
fe touchoient parleur
plus grand diametre & il ne lui fallut
plus que quatre-vingt-un grains pour égaler la longueur des
cent, rangés dans le premier fens. Il s'en tint à ce nombre de
quatre-vingt-un pour fixer la longueur du tuyau qui donnoit le
fon primitif.11 falloit donner un nom à ce ton primitif, il fut
conclu qu'on l'appelleroit JCoung. Ce mot pris dans le fens
littéral fignifie Palais impérial, Maifon royale &c. mais
dans le fens figuré il lignifiele
foyerdans
lequel fe réuniffent
tous lesrayons de lumière qui eclairent le gouvernement & le
point central de toutes les forces qui le font agir &c. Par
conféquent le nom de Koung, donné au premier des fons
exprime, dans le fens figuré le fon fur lequel efl fondé tout le
fyfléme mufical.
ïl falloir encore donner un nom au tuyau dont on tiroit ce
fon primitif;on
l'appella Hoang-tchoung.,nom
qui veut dire
à la lettre cloche jaune mais qui dans le fens figuré fignifie »-
.Principe inaltérable de tous lesinjîrumens
dont on peut tirer les
différais fons.Le
hoang-tchoung fut ainfi nommé difent ceux
qui ontglofé fur l'Hiftoire", par allujîon
ci la couleur jaunede cette terre primitive qui efl l'un
des principesde tous les
corps & à laqualité invariable de la matiere qu'on fait entrer
dans la compojîtion de la cloche (c).
( c) On peut penfer que ces
GloiTateurs ne voient pas, dans le
mot hoang, tout ce qu'il faut y
voir. La couleur jaune défignee
par ce mot étant la première des.
cinq couleurs des Chinois il y a
DE LA MUSIQUE
infe&es )1
il falloit donner un nom à chacun de ces tuyaux; il falloit
en fixer les proportions réciproques; il falloit en mefurer toutes
les dimenfions. La fécondité de fon génie lui fournit unexpé-
dient facile pour venir à bout de tout cela.
Parmi les différentes fortes de grains que la nature produit
pour la nourriture & les autres befoins de l'homme il en eft
d'une efpece qui prefque tous femblables entr'eux & parleur forme, & par leur poids, & par leurs dimenfions font
défignés par un caraâere qui fe lit, chou. Je crois que nous
pourrions l'appeller du nom de gros millet mais biffons-lui fon
nom chinois pour ne pas nous tromper. C'eft aux grains de
chou que s'attacha Lyng-lun pour exécuter ce qu'il avoit
imaginé.
Il s'en fit apporter de toutes les couleurs; car il y en a de
jaunes de noirs, de cendrés, & de prefque rouges. Il choifit
les noirs préférablement aux autres parce qu'ils lui parurent
en général d'une figure plus régulière plus uniformes entre
eux, plus durs & moins fujets à être altérés foit par les
il n'y auroît pour cela qu'à faire
une autre fuppolîtion que la leur
c'eft de monter d'ut à n-btmol &
de mi à fa-diefe. On voit par-là
qu'un ut un re, un mi un fon
quelconque en un mot n'eft pas
plus un ton qu'un demi-ton, ou
bien il eft ce qu'on veut fi on
prend la choie dans tin fens ab-
ilirde.
Cette remarque feroit peut-être
trop minutieufe par-tout ailleurs
mais elle ne l'eu point ici parce
que les Chinois comme on le
verra dans cet Ouvrage ont eux-
mçmes cinq tons, lavoir fa, fol,
la ut n & deux pien ou demi-
tons, fi & mi , enforte quedans
les fept notes conjointes fa, fol^la
,Jî ut, re, mi, ils ont cinq tons
& deux demi-tons. Or, il eft aifé
de voir par ma remarque que
pour bien entendre ce que veulent
dire les Chinois par leurs tons &
leurs demi-tons, il faut fous ces
expreffions, n'envifager autre chofe
que des fons. En effet dans leurs
cinq tons par exemple fa, fol
la m re il n'ya réellement que
trois tons fa. fol fol la ut n &C
une tierce la ut bien qu'il y ait
cinq notes ou fons de même
dans fa fol la fi ut re mi il
n'y a que cinqtons & un dçmi-:ton} J
quoiqu'il y ait fept fons.
DES CHINOIS, Pan.
Mij
1'employa, & toutes les difficultés disparurent. L'on dit dès-
lors, comme on a toujours dit depuis le diametre d'un grain
de chou, ou gros millet, équivaut à un fin ou une ligne dix
fen ou lignes egalent un tfun ou pouce dix tfun ou pouces
font la longueur d'un tché ou pied dix tc/ié ou pieds font un
tchang & dix tchang font unyn.
L'on procéda de la même manière pour les mefures décroif-
fantes, c'eft-à-dire pour celles qui'devoient défigner les frac-
tions du fin ou ligne, & l'on dit le diametre d'un grain de
choit, eft ce qu'on défigne par le mot fen ( ou ligne ). La
dixième partie de ce fen eft un ly, la dixieme partie du ly eft
un hao la dixieme partie du hao eft un fee, la dixieme partie
du fee eft un hou la dixieme partie du hou eft un ouei 8c la
dixieme partie du ouei eft un kié. Le kié eft donc la dix-millio-
nieme partie d'un/è/z ou ligne.
Après avoir fixé l'évaluation de l'étendue, on travailla à
fixer celle de la capacité, pour l'autre genre de mefures. Les
grains de chou furent encore employés & le fon fondamental,
le hoang-tchoung, fut auffi le principe des nouvelles mefures. Le
tuyau qui donne le ton de hoang-tchoung contenant 1200
grains de chou, on donna à ce tuyau, pris pour mefure le
nom de yo & l'on détermina que deux yo feroient un ko
que dix ko feroient un cheng que dix cheng feroient un teou
& que dix teou feroient un hou.
Quelques Auteurs prétendent que du tems de Hoang-ty
même on avoit trouvé que le folide duyo, & par conféquent
du tuyau qui fonne le hoang-tchoung etoit de ySifen, 92 ly
750 hao que le folide du ko etoit d'un tfun, 964 fen, y
1^1 ly & demi que le folide du cheng etoit d'un tché 9 tfun,
641 fen, 855 ly que le folide du teou etoit de 196 tfun F
418 fen 550 ly & enfin que le folide du hou etoit de
DE LA MUSIQUE
1964 tfun 1*85 fen & demi. J'entrerai dans le détail de ces
mefures à l'article i o de cette feconde Partie.
D'autres Auteurs afîurent qu'outre les mefures dont je viens
de parler Hoang-ty en fixa quelques autres qui nous ont eté
confervées par les foins de Ouen-ouang, de Tcheou-koung fon
fils & du fage Tay-koung.
Il réfulte de tout ce que je viens d'expofer, que les Inven-
teurs de la Mufique chez les Chinois donnerent pour ainfi
dire un corps au ton fondamental; qu'ils mefurerent ce corps
dans toutes fes dimenfions & qu'ils firent de cette mefure le
principe & le fondement de toutes les autres mefures. Ils alle-
rent plus loin par le moyen de ce même fon fondamental
ils fixerent les poids & la balance.
Le tuyau qui rend ce fon fondamental, le hoang-tchoung
comme on l'a vu, contient 1200 grains de chou. Ainfi il fut
aifé de ftatuer que tout corps qui feroit équilibre avec ces
i 200 grains, feroit dit avoir le poids d'un yo. Sur ce poids on
fixa tous les autres voici comme on raconte que procédèrent
les Sages de la Cour de Hoang-ty.
Les douze lu, dirent-ils, ou ce qui eft la même chofe les
douze demi-tons qui font renfermés entre les bornes d'une
oftave font tous contenus dans le hoang-tchoung comme
dans leur principe ( e ); partageons le hoang-tchoung en douze
(e) Les douze Lu fa, ut ,fol donnent, en y ajoutant l'ofîave du
re, la, mi Jî,fa% ut% ,fol% premier fon la férie des douze
re%, la^ etant rapprochés par demi-tons fuivansles moindres intervalles poffibles
E X E M P L E.
FA/^ fol fom la laUfi ut ut% re rc^ ml fa.
De quelque manière que l'on
conçoive l'ordre des là il eft tou-
jours vrai de dire que le hoang-
tchoung, qui eft ici fa eft le prin-
cipe des autres lu.
DES C H I N O I S, IL Pan.
parties egales& nous aurons cent
grains pour chacune de ces
parties. Le poids de ces cent grains aura le nom de tchou &
tout corps qui fera équilibreavec cent
grainsfera dit avoir
le poids d'un tchou. On conçoit aifément tout le refte de leur
procédé pour la fixation des autres poids. Je me contenterai
d'en mettre ici le réfultat en commençant par le poids d'un
grain de chou, quiefl le
plus petit despoids
ordinaires.
On compte un grain de chou, deux, trois, &c, jufqu'àneuf
enfuite dix grains font un lez dix lei font un tchou fix tchou
font un tfee quatre tfee font un leang qui eft l'once. Ainfi. le
yo, mefure du f on fondamental duhoang-tchoung & qui
contient 1 200 grains, pefe une demi-once. Un yo fait le demi-
leang ou demi-once deux yo ou 24 tchou font un leang ou
l'once feize leangfont un kin c'eft la livre trente kin ou
livres font un kiun, & quatre kiwi font un tan.
On voit par-là que le lu fondamental eft regardé comme
uncorps qu'on peut pefer & mefurer qui peut fe compofer
& fe décompofer,& dont toutes les parties peuvent être cal-
culées.
Sous Hoang-ty lelu
générateurfut fixé, comme je J'ai dit
plus haut, à neuf pouces de longueur.Ce nombre eil le der-
nier terme de la figure lo-chou. Neuf fois 9 egalent 81 ainfî
hoang-tchoung, qui eft ce lu générateur eft conftitué par §1l
parties egales dont on peut prendre tel nombre qu'on voudra
pour former les autres lu.
Pour la facilité du calcul, onfubftitua, comme je l'ai dit,
le nombre i o à celui de 9 & l'on procéda par la progreffion
décuple. Or 10 eft le dernier terme de la figure ho-tou ,• ainfi
en formant le' lugénérateur, fuivant cette figure, le hoang-
tchoung aura 10 pouces de longueur, & le nombre de fes par-
ties fera de 100 parce que dix fois 10 egalent 100 (le pouce
étant de i o lignes )..
DE LA MUSIQUE
Pour bien faire dit Tfai-yu, il faut fuivre la méthode des
Anciens & joindre les nombresimpairs de la figure lo-chou,
aux nombres pairsde la figure ho-tou ( f ). Cette méthode n'ejî
pas fimpkment l'ouvrage de l'homme; elle aetéfuggérée
à l'hom-
nze parle Ciel lui-même lorfqu'il lui montra les figures lo-
chou & HO-TOU fur la maifon de la tortuemyfiérieufe & fur
le corps du dragon-cheval.
Ce qui efi caufe, continue Tsai-YU que les lu font depuis
prés de trois mille ans dans un etat et imperfection qui eût révolté
les Anciens (g) c'eft que quand l'empire des Tcheou com-
mença à décheoir de fon anciennefplendeur,
l'on ne s'occupa
plus quede guerre
& la doclrine des Lu fut entièrement négli-
gée. Vinrent enfuite les TsiN qui bouleverferent tout. Aprèsles
TsiN les H AN mirent tous leurs foins ci recouvrer tout ce qui
s'etoit perdu de la vénérable antiquité mais Lieou-hING &
Pan-kou qui furent chargés de régler les Lu les calculèrent
mal, parce qu'ils nentendoient pas bien tous lesmyfleres qui
( f) Paffage bien précieux, dont
il feroit à fouhaiter que les Chinois
modernes n'eurent pas perdu le
fens & l'application En effet joi-
gnez,fuivant la méthode des An-
ciens, les nombres pairs aux nom-
bres impairs c'e/î-à-dire la. pro-
greffion double à la progreffion
triple, & vous aurez tout le iyftême
muflcal. Voyezdans mon Mémoire
fur la Mufiquedes Anciens page
248 le tableau qui repréfente
par ces deux progreffions c'efl-à-
dire, par les nombres pairs & les
nombres impairs deuxportions
du fyftême général, donne par une
férie de douze fons fondamentaux.
(g) Aveu de la part du Prince
TJài-ju, qui confirme l'excellence
de cette méthode qu'ildit avoir
été fuggérée à l'homme par le Ciel
lui-même mats dont il paroît à
peine avoir fenti tout le mérite
puifqu'il confeille comme on le
verra à l'article 5 à ceux qui vou-
droient travailler fur les Lu de
ne pas tant s'attacher à fuivre la pro-
greffîon triple des Ancims qu'ilsnen ajoutent quelqu'autre pour lui
fervir de fupplément & même de
correciif dans certaines oesafons.Nous verrons en fon lieu
(art.
13), que ce fupplément & ce cor-
rectif ne donnent malheureufement
que des fons irrationnels,des demi-
tons de fantaifie pur ouvrage de
V homme, & noTïfuggérésparle Ciel.
DES CHINOIS, Pan.
font renfermés dans les nombres des figures lo-CHO V & HO-
toc/. Ceux qui font venus après eux les ont pris pour modèles,
font entrés dans les routes qu'ils avoient tracées &fe font éga-
rés comme eux, &c.
Suivons nous-mêmes le Prince Tfai-yu pas à pas. Voyons
s'il a pris la route des Anciens, ou fi, comme les autres, il ne
s?eft point egaré. Mais auparavant, il nous faut dire quelque
chofe de chacun des Lu en particulier c'eft le fujet de l'arti-
cle fuivant.
Au refte le commun des Lefteurs peut paffer légérement
fur certains détails où je vais entrer dans cet article. Mais ceux
qui veulent que les Chinois foient redevables aux Egyptiens de
leurs arts & de leurs fciences doivent tout lire avec attention.
Ce n'eft qu'à ce prix qu'ils peuvent fe mettre en état de porter
un jugement exempt de tout préjugé.
ARTICLE SECOND.
D E S • Lu EN PARTICULIER.
jLj ES Lu font au nombre de douze, dont fix font yang ou
parfaits, & les fix autres yn ou imparfaits cela veut dire que
parmi les douze demi-tons qui partagent roc'ta-ve ( h ) il y en
(A) Les douze demi-tons qu'on
peut placer dans une octave ne
font qu'unecombinaifon des douze
lu rangés par quintes. Voyez ci-
devant note e page cji. C'eft
néanmoins cette combinaifon que
les Chinois modernes regardent
comme l'ordre naturel des Lu. Les
tuyaux qui repréfentent ces lu &c
quifont des lu eux-mêmes ces
tuyaux dis-je rangés par ordre il
felon leurs diférentes longueurs
c'eft-à-dire par demi-tons com-
me le font les cordes de nos cla-
vecins, ôntpu jetter dès long-tems
les Chinois dans cette erreur &c
ils ont appliqué à cette fuite de
demi-tons, les noms que les an-
ciens Chinois avoient impoiés à
une fuite de confonnances comme
DE LA MUSIQUE
lune 3
a fix qui répondent aux nombres impairs premier, troifieme 9
cinquieme &c. ce font les yang; s & fix qui répondent aux
nombres pairs deuxième quatrieme, fixieme, &c., ce
font les yn (z).
Les Lu yang, ou parfaits, gardent conflamment le nom de
lu; mais lesLujTz ou imparfaits font appellés indifféremment
y ri' lu fee toung & le caraftere Chinois qui défigne Xyn-lu
eft tout différent de celui par lequel on exprime Yyang-lu.
Hoang-tchoung tay-tfou kou-Ji joui-pin, y-tfê & ou-y 5
font les noms qu'on a donnés aux fix yang- Lu ou de nombre
impair. Ta-lu kia-tchoung tchoung-lu lin-tchoung nan-hc
Scyng-tchoung, font les noms qui défîgnent les fix yn-lu ou de
nombre pair.Tous ces noms font fymboliques & font allufion
de près ou de loin aux différentes opérations de la nature, dans
l'efpace des douze lunalfons, dont une année commune eil
compofée, parce que chaque lu, fuivant la doQxine Chinoife, '}
correfpond à une lunaifon, & lui donne fon nom.
Hoang-tchoung qui efl le principe le pere & le géné-
rateur des autres lu, répond à la onzieme lune, parce que
c'eft à cette lune que fe trouve le folflice d'hiver que c'eft à
ce folftice que commence l'année agronomique, & que la
onzième lune eftregardée comme le principe de toutes les
autres. Auffi porte-t-elle le même nom que le lieu du zodiaque
où fe trouve alors le foleil & s'appelle tfee. Ce nom eft celui
du premier des caractères cycliques. Ainfi lorfque par le
caractère tfee, on défigne & le hoang tchozcng~, & la onzieme
on le verra dans la feconde Obfer-
vation, à la fin du Mémoire. En
attendant il faut fe mettre au pointoù en font les Chinois modernes
fi l'on veut entendre leur doÛrine
fur divers objets.
(/) J'aifupprimé
ici les mots
de majeur Se de mineur, par lefquelsle P. Amiot défigne ces deux fortes
de lu.Voyez les raifons que j'ai
apportées à ce fujet, note t de la
premiere Partie page 66.
DES CHINOIS, Pan.
Tome VI. N
lune & le pointdu ciel par où l'on commence pour régler
l'année l'on entend défigner celui des douze lu d'où dérivent
tous les autres celle des douze lunaifons qui donne commen-
cement à l'année folaire, & le lieu d'où le foleil eft cenfé partir
pour commencer fa courfe annuelle.
Tay-tsou le fecond des yang~lu répond à la lune qui
commence l'année civile appellée communément première
lune & défignée par le carafterecyclique yn. Comme alors
tout ce que doit produire la terre a déja pris racine, commence
à prendre ton accroiffement & eft encore fans marque dif-
tinéKve de ce qui, de fa nature, doit atteindre à la plus grande
hauteur, ou de ce qui ne doit que ramper fur la terre ou ne
s'elever que très-peu,, on a donné à cette lune, & à fon lu cor-
refpondant, le nom de tay-tfou qui fignifie la grande égalai.
Kou-Sl, le troifieme des yang-lu répond àlatroifieme lune
de l'année civile, défignée parle caraâere cyclique tchen.
Comme alors toute la nature femble reprendre une nouvelle
vigueur on voulut que cette lunaifon & fon lu correfpondant,
euffent le nom de kou-Jî qui fignifie Y ancien renouvelle.
Joui-pin le quatrieme des yang-lu répond à la cinquieme
lune de l'année civile, défignée par le caraftere cyclique ou.
Cette lune & ion lu correfpondant portent le nom de joue-pin
qui Cigmiie peu nécejjaire dont on peut fe pajjir &c.
Y-tsè le cinquieme des yang-lu répond àlafeptieme lune
de l'année civile, défignée par le caraftere cycliqueclien. Cette
lune & fon lu correfpondant, portent le nom dey-tfc. PTignifie
tuer mettre à mort &c.; & tfè infiniment de fupphces &C.
Ce lu & cette lunaifon ont été ainfi appellés, parce quec'eft
dans ce tems qu'on coupe les fruits qui font alors tous ou prel-
quetous dans leur maturité.
Ou- Y le fixieme &r le dernier des yang-lit, répond à la
neuvieme lune de l'année civile défignée par le cara&ere
DE LA MUSIQUE
cyclique jîu. Cette lune & fon lu correfpondant portent le
nom de ou-y, qui fignifie non encore fini, parce que dans ce
tems, qui eft celui de l'automne la nature venant de donner
fes productions laiffe cependant appercevoir encore quelques
reftes de cette vertu productrice qui anime tout.
Les yn-lu ont aufli leurs noms fignificatifs & fymboliques
comme les yang-lu je vais en fuivre l'ordre comme j'ai fait
de ceux-ci.
TA-LU le premier dcsyn-lu répond à la douzieme lune
de l'année civile défignée par le caractère cyclique tckeou.
Cette lune & fon lu correfpondant portent le nom de ta-lu
qui fignifie grand coopéraieur parce que les deux principes
yn & yang concourent egalement alors à la production des
chofes, en fourniffant Fun & l'autre les vertus qui leur font
propres.
Kia-tchoung, le fecond desyn-lu répond à la féconde
lune de l'année civile, défignée par le cara&ere cyclique mao.
Cette lune & fon lu correfpondant portent le nom de kia-
tc/ioung, qui fignifie cloche fenée des deux côtés, parce qu'alors
tous les germes font encoreenveloppés dans les pellicules qui
les renferment mais comme les principes yn & yang agiffent
confhmment fur eux, ils en reçoivent peu-à-peu la force de
pouvoir fe développer quand il en fera tems.
Tchoung-lu le trôifieme des yn-lu répond à la quatrie-
me lune de l'année civile, défignée par le cara&ere cyclique
fee. Cette lune & fon lu correfpondant portent le nom de
tchoung-lu qui fignifie coopérateur moyen parce que c'eft
alors que le principe inférieur (Yyn ) femble pour la feconde
fois reprendre toutes fes forces pour concourir fuivant fa
nature à la produftion des chofes.
LIN-TCHOUN G le quatrieme des yn-lu répond à la fixieme
lune de l'année civile défignée par le cara&ere cyclique ouei.
DES CHINOIS, Part.
N ii
Cette lune & fon lu correfpondant portent le nom de lin-
tckoung, qui fignifie clochedes forêts, parce que c'eft alors que
les forêts font embellies de toute la verdure dont elles font
fufceptibles & qui fait leur principale beauté.
Nan-lu le cinquieme des yn-lu, répond à la huitieme lune
de l'année civile, défignée par le cara&ere cyclique yeou.
Cette lune & fon lu. correfpondant, portent le nom de nan-lu 3
qui fignifie coopératzur du midi parce que c'eft alors que la
terre eft chargée de fruits, & que ces fruits fontl'ouvrage de
ïYang-kl, auquel ïYn-kï a prêté fa coopération, pour la croif-
fance & la nutrition.
Yng-tchoung le fixieme & le dernier des yn-lu, répond.
à la dixieme lune de l'année civile, défignée par le caractère
cyclique hai. Cette lune & fon lu correfpondant, portent le
nom de yng-tchoung qui fignifie cloche d'attente parce
qu'alors l'ouvragecommun des deux principes yn tk yang,
etant dans l'attente de fon développementle
principe yang,
ou parfait, celle fes opérations, & jouit d'un repos qui doit
lui faire acquérir de nouvelles forces pour recommencer quand
il en fera tems.
ARTICLE TROISIEME.
Dimensions des S Lu.
JLjES lu font invariables, parce que n'etant par eux-mêmes
que la repréfentationde retendue de Foétave divifée en douze
demi-tons, il eft evident qu'ils confervent toujours entr'eux la
diflance qui leur a eté affignée par la nature. Les hommes ne
peuvent rien contre cette loi éternelle tout au plus ils peuvent
donner des preuves de leurs talens ou de leur mal-adreffe en
DE LA MUSIQUE
affignant bien ou mai, ou par des calculs ou au moyen de
fimples inftrumens les bornes de chaque division. C'eft-là
précifément ce qui efl arrivé aux Chinois, dès les premiers tems
de leur Monarchie.
La divifion de l'oftave en douze demi-tons, fut trouvée
fous Hoang-ty leur Légiflateur. On a vu à l'article premier
de cette féconde Partie, comment on s'y prit pour faire'cette
divifioii. Douze tuyaux, de même calibre mais de différentes
longueurs, furent les premiers moyens dont on fe fervit pour
obtenir les douze lu. Le lu principaldonna lieu à l'invention
des mefures & l'on employa les mefures pour affigner une
proportion fixe à chacun des autres lu. Mais comme fous les
trois premieres dynafties, les mefures ont varié, & que les lu,
toujours les mêmes entr'eux n'ont pu varier comme elles, on
s'eft contenté de changer les dimenfions du lu primitif, du
koang-tchoung & par une conféquence néceffaire les dimen-
fions des autres lu ont dû être changées proportionnellement,
à celles de leur générateur. On ne s'attend pas fans doute que.
j'entre ici dans tous les détails des différentes opérations qui
ont occupé en divers tems les Muficiens-Philofophes de la
Chine, lorfqu'il a été queftion d'affigner à chaque lu fa véri-
table mefure. Je me contenterai de donner le réfultat de ce
qui me paroîtra mériter le plus .l'attention de nos Philofophes-
Muficicns..Voyez la figurei de cette féconde Partie, & fon,
explication.
Sous Hoang-ty on commença par affigner, au lu primitif,
des- dimenfions par nombres impairs. Sa longueur fut de 8.1t
parties égales fa circonférence de 9 & fon diametre de 3.
On fubftitua enfuite comme je l'ai dit à l'article premier la
progreffion décuple à celle de c> les nombres pairs eurent la
préférence, & la longueur du hoang-tchoung c'efl-à-dire de
DES CHINOIS, Part.
ce luprimitif & fondamental fut divifée en cent parties
égales.
Le grand Yu, plus de quatre cens ansaprès Hoang-ty reprit
les nombres impairs & redonna au hoang-tchoutig les mêmes
dimensions qu'on lui avoit afiignées d'abord. Mais les Empe-
reurs des Hia, c'eft-à-dire ceux de la dynaftie donc le grand
Yu lui-même eft le chef & le fondateur, revinrent aux nombres
pairs & affignerent au hoang-tchoung pour fa longueur 100
lignes, pour fon diametre extérieur lignes, & pour l'on dia-
mètre intérieur 3 lignes cinq dixièmes & trois centièmes de
ligne.
Les C/iang, qui fuccéderent aux Hia, l'an avant Jefus-Chrift
1783 fixerent la longueur du hoang-tchoung à 80 lignes fon
diametre extérieur à 4 lignes, & fon diametre intérieur à 2
lignes,huit dixièmes & deux centièmes de ligne.
Les Tcheou en prenant la place des Chang, l'an avant Jefus-
Chrift 1 1 22 affignerent au hoang-tchoung pour û\ longueur
un pied 2 pouces 5 lignes, c'eft-à-dire, 125 lignes pour ton
diametre extérieur 6 lignes,deux dixièmes &
cinq centiemes
de ligne & pour fon diamètre intérieur 4 lignes, quatre dixie-
mes & un centieme deligne.
Les 7y?rt, par quiles Tcheou furent détruits, boule verferent
tout. Scus cette dynaflie on fit tous les efforts poffibles pour
abolir le fouvenir de la vénérable antiquité. La Mufique ne fut
pas plus epargnée que les autres fciences, & l'on ne fit rien de
nouveau alors en ce genre qui mérite d'être rapporté, il
fon en excepte quelques Ouvrages publiés fous le nom de
,Lu-ché, pere de TJîn-ché-hoang-ty parmi lefquels on compte
le Tfun-tfieou c'eft-à-dire le printems &. F automne il eft
parlé des lu à la manière des Anciens.
Les Han travaillèrent, de leur mieux & firent tout leur poiTl-
ble pour réparefHés'-pé:te,s littéraires qu'on avoit faites fous
DE LA MUSIQUE
les TJin.Ils n oublièrent rien en particulier pour raire revivre
l'ancienne Mufique. Calcul, géométrie, inftrumens tout fut
mis en ufage pour tâcher de perfectionner la méthode des lu
qui etoit fort altérée de leur tems. Ils fixerent, comme Hoang-
ty l'avoit d'abord fait la longueur du hoang-tchoung à 9 pou-
ces, c'eft-à-dire 81 lignes, parce qu'ils compoferent le pouce
de 9 lignes, & donnerent au hoang-tchoung pour diamètre
intérieur 3 lignes, quatre dixiemes & fix centiemes de ligne.
Ce diametre fut le même pour tous les lu, dont ils proportion-
nerent les longueurs à celle du hoang-tchoung.
Depuis les H an jufqu'aux Ming exclulivement c'eft-à-dire
depuis environ l'an avant Jefus-Chrift 179 jufqu'en 1573 de
l'ère chrétienne, premiere année du regne de Ouan-ly on
gâta plutôt qu'on ne perfectionna la Mufique. Les dimenuons
des lu etoient devenues comme arbitraires, & ceux qui les
déterminoient ne manquoient pas de dire que c'etoit d'après
les préceptes & la méthode des Anciens qu'ils avoient fait tou-
tes leurs opérations.
Enfin, fous le même Ouan-ly le Prince Tfal-yu dont j'aidéjà parié fi fouvent, aidé de tout ce qu'il y avoit de plus
habile dans l'Empire, entreprit de rendre à la Mufique fon
ancien luftre en la rétabliflant dans l'état où elle etoit lors de
fon origine fous Hoang-ty. Il préféra les mefures des Hia à
toutes les autres par la raifon felon lui que celles des Chang
etoient trop longues & celles des Tcheou trop courtes. Celles
des HW dit-il encore tiennent un milieu entre les unes les
autres; les HiA étaient d'ailleurs plus voifins du tems de
Hoang-ty & ilejl à préfumer qu'ils n avoient point encore
oublié tout ce qui s' etoit fait fous ce grand Prince.
Tfai-yu confulta tous ceux qui etoient en etat de l'inflruire
ou de l'eclairer. Il fouilla dans tout ce qu'il y avoit de plus
ancien & de plus authentique en fait de monumens & pour
DES CHINOIS, Pan.
fruit de toutes fes recherches, il trouva que le pied dont fe
fervoient les Hia, devoit être le même quant à falongueur
abfolue, que celui du tems deHoang-ty &c
que le pied
employéfous Hoang-ty devoit être tel que celui dont il avoit
trouvé la defcription dans des anciens fragmens de Livres &
dont il avoit vu l'empreinte fur: quelques vieux monumens. II
en fit conflruire un femblable, & y employa tous les foins &
toute l'exactitude dont il etoit capable. Voici en abrégé quelles
furent fes opérations.
Au lieu d'or pur dont fe fervoient les Anciens & qui pro-
bablement fut employé par Hoang-ty, il prit fix onces de cui-
vre rouge auxquellesil ajouta une once d'etain fin & mit
le tout en fonte. Sur la furface du creufet s'eleva d'abord une
vapeur noire; à cette vapeuren fuccéda, quelque tems après,
une autre d'un jaune foncé; vint ensuite unevapeur bleuâtre
& enfin une vapeurblanche qui ne changea plus. Il jugea que
la matiere etoit fuffifamment préparée, & la jetta en moule.
Il en fortit le pied qui eft repréfenté dans fa grandeur natu-
relle, à la figure 4, a. Voyez cette figure.
•Ce pied a quatrefaces ou côtés qui font egaux entr'eux.
L'intérieur eft creux & parfaitement rond, il a 9 lignes de cir-
conférence fon diametre eft celui duhoang-tchoung & fa
capacitéeft la mefure dnyo, qui contient 1 200 grains de chou,
ou gros millet; fon poids eft de 12 tchou. On infinue lesgrains
de millet parl'ouverture A qui eft à l'un de fes bouts. En
fouillant dans cette même ouverture, on obtient lekoung du
hoang-tchoung, c'eft-à-dire le ton fondamental, le premier
& le générateurde tous les autres tons. Celui des côtés du
pied quieft infcrit face de devant eft la mefure du véritable
pied mufical, appelléen chinois lu-tchi ou pied de lu. Il eft
divifé en 9 pouces,& chaque pouce en 9 lignes, & contient
par conféquent 81 ligues nombre fous lequel on prétend que
DE LA MUSIQUE
Hoang-tylui-même renferma tout le calcul des lu, & la méthode
dont il voulut qu'on fe fervit pour les calculer.
Le côté infcrit face de derrière eft la mefure du pied de
compte c'eft-à-dire dupied
dont on fe fert pour l'ufage
ordinaire. Il eft appellé en chinois tou-tché il eft divifé en i o
pouces, & chaque pouce en 10 lignes. Les grains de chou f
ou gros millet ont été employés pour la divifion de ces deux
fortes de pieds. Les lignes du pied mufical font l'efpace que
renferment 8 1 grains rangés de fuite en fe touchant l'un
l'autre par leur plus long côté & leslignes du pied ordinaire
font exactement fefpace que renferment cent de ces mêmes
grainsie touchant l'un l'autre par leur plus court diametre
comme on voit au demi-pied repréfenté fous la figure i.
Le côté infcrit côté gauche, contient trente-deux caractères
du genrede ceux qu'on employoit dans la haute antiquité. Le
fens de ces caractères eft tel, & c'eft du lu-tché qu'il s'agit
Le pieddu LU qui donne le hoang-tchoung & la mefure
YO a g lignes de circozzférezzce ile~ lon~
de g pouces, & ces
pouces font la mefure exacte du pied. Il contient zzoograins
de CHOU, & pefe iz TCHOU. Il ne doit avoir ni plus ni
moins pourêtre parfaitement jufle.
Enfin la quatrieme face, infcrite côté droit, contientegale-
ment trente-deux carafteres de même genre que ceux qui fe
lifent fur le côté gauche en voici le fens Comme l'unitéefl h>
principede tout de même le HOANG-TCHOUNG
efl l'originede
toutes fortes de mefures. On évitera toute erreur en fe réglant fur
le HOANG-TCHOUNG. Les huit fons les fept principes, lescinq
tons le calcul la mefure, lagéométrie
la balance & les poids,
tout fe trouve réuni dans le pied & dans le YO.
Le pied mufical ou lu-tché difent les Savans qui ont tra-
vaillé fur cette matiere eft le pied qui futemployé par
Hoang-ty i & le pied ordinaire, ou tou-tché eft le pied du
grand
DES CHINOIS, Pan.
Tome VI. O
grand Yu & de la dynaflie Hia c'eft-à-dire pour la mefure
des chofes ordinaires. Quoi qu'il en foit, c'eft ce même tou-
te hé divifé en dix pouces de dix lignes qui a fervi au Prince
Tfaï-yu pour déterminer la mefure des lu de la manière qui fuit.
Pour s'accommoder à la portée des divers inftrumens & des
différentes voix, Tfaï-yu a rangé les /«fous trois clafles. Sous
la premiere, il met les lu qu'il appelle donbles c'eJ1-à-dire,ceux qui donnent les fons graves; fous la féconde, les lu
moyens ou naturels; & fous la troifieme, ceux qu'il nomme les
moitiés de lu c'eft-à-dire les lu qui donnent l'oftave ati-d effus
des lu moyens, par la ration qu'il a appelle doubles ceux quidonnent l'oâave au-deflous de ces mêmes lu moyens. Voici
les dimenfions qu'il donne à chacun des lu (k).
Dimenjlons des Lu fulvant le pied ordinaire des
Hia dit Tou-tché.
§. I.
Lu doubles ou graves.
XiOANG-TCHOUNG. Sa longueur eft de i pieds, c'eft-à-
dire, de 20 pouces, ou de 200 lignes. Son diametre extérieur
eft de 7 lignes & fept centiemes de ligne. Son diametre inté-
rieur eft de lignes.
(A) Il auroit eté à fouhaiter
quele Prince Tfaï-yu qui a tant
fàit de recherches touchant ladoctrine des Anciens fur la Mufi-
que,fe fût apperçu que l'ordre
qu'ilfuit ici pour les lu Hoang-
tchoung Ta-ln Tay-tfou &c.
etant relatif à celui des lunes
Tjee Tchcau Yn Mao &c. &
à la progreffion triple, employée
par ies Anciens n'eût pas appli-
qué à une pure combinaifon des
lu, à un ordre où ils fe trouvent
rangés par demi-tons les noms
etablis pour exprimer une férie de
confonnances. Quelle figure fe-
roient en effet les nombres 1,3, 1-
9, 27, 8i tkc. ou; 81, Z7,
9 3 1 à côté des ionsJî Jî\?
la la h fol, &c., ou fa, fa
fol ,fol%, la &c. ? Voyez ci-
devant note h page 95.
DE LA MUSIQUE
Ta-lu. Sa longueur eft d'un pied 8 pouces 8 lignes fept
dixiemes & fept centiemes de ligne. Son diametre extérieur
eft de 6 lignes, fix dixiemes & fix centiemes de ligne. Son
diamètre intérieur eft de 4 lignes, huit dixièmes & cinq cen-
tiemes de ligne.
TAY-TSOU. Sa longueur eft d'un pied 7 pouces, 8 lignes
Tô> t!f de ligne. Son di.ametre extérieur eft de 6 lignes –“
de ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes j~o de
ligne.
Kia-tchoung. Sa longueur eft d'un pied 6 pouces 8
lignes, j~ de ligne. Son diametre extérieur eft de 6 lignes
•jV, Tbo de ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes T|^
de ligne.
Kou-si. Sa longueur eft d'un pied pouces, 8 lignes
-jt±- de ligne. Son diametre extérieur eft de 6 lignes de
ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes, r^ de ligne.
Tchoung-lu. Sa longueur eft d'un pied, 4 pouces, 9
lignes, tzô de ligne. Son diametre extérieur efi -de 6 lignes
"To 5 yÎô de ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes – 9
ïf- de ligne.
Joui-pin. Sa longueur eft d'un pied, 4 pouces une ligne y
rs 1 rlo de ligne. Son diametre extérieur eft de 5 lignes
de ligne. Son diamètre intérieur eft de 4. lignes, de
ligne.
Lin-tchoung. Sa longueur eft d'un pied, 3 pouces,. 3
lignes y^ T§5"de ligne. Son diametre extérieur eft de 5 lignes.
Ta > ~hs de ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes ™
de ligne.Y-tsê. Sa longueur eft d'un pied 2 pouces lignes,
de ligne. Son diametre extérieur eft de 5 lignes ?9
T|- de ligne. Son diamètre intérieur eft de 3 lignes -^de
ligne.
DES CHINOIS, Parc.
o ij
Nan-lu. Sa longueur eft d'un pied i pouce 8 lignes
~?5) tÎ~6 de ligne. Son diametre extérieur eft de lignes -~s.}
de ligne. Son diametre intérieur eft de 3 lignes T^ de
ligne.
Ou-Y. Sa longueur eft d'un pied r pouce, 2 lignes ~'f
rfô- de ligne. Son diametre extérieur eft de lignes, £0 de
ligne. Son diametre intérieur eft de 3 lignes de
ligne.
YNG-TCHOUNG. Sa longueur eft de 10 pouces, lignes y
~rs-> rtô de ligne. Son diametre extérieur eft de 5 lignes
T^ de ligne. Son diamètre intérieur eft de lignes, y§5
de ligne.
S. IL
Lu moyens ou naturels.
Hoang-tchoung. Sa longueur eft de 10 pouces ou utt
pied. Son diametre extérieur eft de lignes. Son diametre
intérieur eil de 3 lignes de ligne.
TA-LU. Sa longueur eft de 9 pouces 4 lignes, -£-o de
ligne. Son diametre extérieur eft de 4lignes, deligne.
Son diametre intérieur eft de 3 lignes y^-o de ligne.
Tay-tsou. Sa longueur eft de 8 pouces ,9 lignes y|-0 de
ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes, –, de ligne.
Son diametre intérieur eft de 3 lignes, de ligne.
Kia-tchoung. Sa longueur eft de 8 pouces, 4 lignes, a
de ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes de
ligne. Son diametre intérieur eft de 3 lignes, de
ligne.
Kou-si. Sa longueur eft de 7 pouces 9 lignes f^ tfo de
ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes, rJ-o de ligne.
Son diametre intérieur eft de 3 lignes -~0 de ligne.
DE LA MUSIQUE
Tchoung-lu. Sa longueur eft de 7 pouces 4 lignes
de ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes -& ï£0 de
ligne. Son diametre intérieur eft de 3 lignes, y£0 de ligne.
Joui-pin. Sa longueur eft de 7 pouces rib de ligne..
Son diametre extérieur eft de 4 lignes de ligne.Son diamè-
tre intérieur eft de 2 lignes ^-0 de ligne.
Lin-tchoung. Sa longueur eft de 6 pouces 6 lignes, ~^9
~£-o de ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes t§-o de
ligne. Son diamètre intérieur eft de 2 lignes, ~o de ligne.
Y-tsê. Sa longueur eft de' 6 pouces, 2 lignes, ïf0 de
ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes f^ de ligne.
Son diamètre intérieur eft de 2 lignes de ligne.
Nan-lu. Sa longueur eft de 5 pouces 9 lignes, de
ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes •– de ligne.
Son diametre intérieur eft de 2 lignes, {- – de ligne.
Ou- y. Sa longueur eft de 5 pouces, 6 lignes, rs ^-o de
ligne. Son diametre extérieur eft de 3, lignes -~o de ligne.
Son diametre intérieur eft de 2 lignes, de ligne.
Yng-tchoung. Sa longueur eft de 5 pouces 2 lignes
r£-o de ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes, y|-0 de
ligne. Son diamètre intérieur eft de 2 lignes de ligne.
"s. m.
Lu aigus ? ou demi-lu.
Hoawg-tchoung. Sa longueur eft de pouces, ou jo
lignes. Son diamètre extérieur eH de 3 lignes, tVî rfb de ligne.
Son diamètre intérieur eft de 2 lignes de ligne.
Ta-lu. Sa longueur eft de 4 pouces, 7 lignes y- ,-f^ de
ligne. Son diamètre extérieur eft de 3 lignes, ^-6 j^0 de
ligne. Son diamètre intérieur eft de z lignes fk 3 rl"o de
ligne.
DES CHINOIS, II. Part.
TAY-TSOU. Sa longueur eft de 4 pouces 4 lignes,
ff^ de ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes } 0
de ligne. Son diametre intérieur eft de 2 lignes x-^ de
ligne.
Kia-tchoung. Sa longueur eft de 4 pouces, 2 lignes,
,r*ô de ligne. Son diametre extérieur eft de lignes,
de ligne. Son diametre intérieur eft de 2 lignes, de
ligne.
Kou-si. Sa longueur eft de 3 pouces 9 lignes ~-0 de
ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes, de ligne.
Son diamètre intérieur eâ de 2 lignes, y^-o de ligne.
Tchoung-lu. Sa longueur eft de 3 pouces 7|lignes -fs
r£-o de ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes – 0 de
ligne. Son diametre intérieur eft de 2 lignes – de ligne.
Joui-pin. Sa longueur eft de 3 pouces, lignes,de
ligne. Son diametre extérieur eft de lignes, de ligne.
Son diametre intérieur eft de 2 lignes de ligne.
Lin-tchoung. Sa longueur eft de 3 pouces, 3 lignes
Y^o de ligne. Son diamètre extérieur eft de 2 lignes, ,-f-o
de ligne. Son diametre intérieur eil de 2 lignes P ~ode ligne.
Y-tsê. Sa*longueur eft de 3 pouces une ligne de
ligne. Son diamètre extérieur eft de z lignes, .de ligne. Son
diametre intérieur eu d'une ligne f^ de ligne.
Nan-lu. Sa longueur eft de 2 pouces 9 lignes de
ligne. Son diametre extérieur eft de 2 lignes, – z-f^ de ligne.
Son diamètre intérieur eft de1 ligne, £–
de ligne.
Ou-Y. Sa longueur eft de 2 pouces 8 lignes, ~o de ligne.
Son diamètre extérieur eft de lignes ^-o de ligne. Son
diametre intérieur eft de i ligne -ps i~o-ode ligne.
Yng-tchoung. Sa longueur eft de 2. pouces, 6 lignes, /0
§3 de ligne. Son diamètre extérieur eft de lignes, ,-– de
ligne. Son diametre intérieur eft de ligne, – –^ de ligne.
DE LA MUSIQUE
Telles doivent être felon T/ai-ju, les dimensions des trente-
fix tuyaux qui donnent les lu de trois o£taves (/). Il prétend
qu'avec ces dimenfions on a au jufte les véritables tons de la
Mufique des Anciens & en particulier de celle qui etoit en.
ufage du tems de Hoang-ty. Je n'oferois contredire fes préten-
tions 5 elles font trop bien fondées (»z). Il ajoute qu'il ne croit
pas que les voix des Anciens puffent embraffer tout l'intervalle
de ces trois oftaves & que comme ils n'inventerent leur fyftê-
me de mufique qu'en le fubordorinant à retendue de la voix
humaine, dont les inftrumens ne doivent être que les foutiens 9
les aides, ou les fupplémens, il fe regarde comme fuffifamment
autorifé àrefferrer ce fyftême dans les bornes de deux ofta-
ves ( n ) delà manière qu'il eft repréfenté à la figure 4 h. Il
fixe au nombre de fix, tant les lu aigus que les lu graves c'eft-
à-dire, ceux qui ne font pas de l'octave moyenne ou naturelle.
Au-deffus du lu Yng-TCHOUNG qui efi le plus haut desdou^e
lu naturels dit-il, la voix humaine ne monte pour l'ordinaire 9
(/) C'eft-à-dire dé trois fois
îes douze Lu qui font bien trente-
ûx fons mais non pas trois oc'ta-
ves. Pour avoir les lie de trois
octaves il faudroit après yng-
tchoung dernier des fons aigus
ajouter encore la repliquedu
Jzoang-tchoung ou fa, qui feroit le
trente-feptieme'on ik. complette-
roit les trois oftaves. Voyez ci-
devant note b page 87.
( m ) Les calculs du Prince
Tjai-yu n'etant fondés que fur ce
cu'il regarde comme des correctifs
neceffaires à la progreflîon triple
( Voyez ci-après art. 5 ) on peutofer contredire tes prétentions
puifque les viritabhs tons des An-
ciens n'etoie:it quele réiultat
d'une férie de quintes juftes telles
que les donne laprogreflîon triple.
On verrad'ailleurs
à l'article 13de cette feconde Partie, quel eft
le fyfîême du Prince TJ'ai-yu.
( n ) C'efl-à-dire de vingt-qua-tre lu douze moyens, fix
aigus Se
fix graves. Voyez la figure citée
dans le texte. Les deux oûaves ne
font pas complettes dans cette
figure. Il faudroit, pour avoir deux
oftaves fuppofer du côté de
l'aigu la répétition du fon le plus
grave, c'eft-à-dire de 'joui-pin
ou fi, ou fuppofer aii-deflbus de-
ce fongrave, la répétition du fou
le plus aigu de tckoung-lu on
la-diefe.
D E S CHINOIS, II. Part.
qiiejufquau Tchoung-lu & au-dejfous du Hoang-tchovng
elle ne fauroit defcendre plus bas que le Joui-pin.Au-dejfus ou
au-dejfous de ces deux termès ce feroit unnouveau j'y flâne.
C'eft donc fur ces fons & uniquement fur ces tons félon
le Prince Tfal-yu qu'eil fondé tourne fyftême mufical des
anciens Chinois, comme on le verra bientôt.
Les Modernes l'ont un peu raccourci, en opprimant encore
deux lu de chaque côté c'eft-à-dire les deux lu les plus aigus, }
& les deux la les plus graves du fyftême des Anciens. Au-dejfus
de Kia-tchoung difent les Chinois modernes pour leurs rai-
fons, la voix, nefl plus naturelle elle ne donne que le faujfet
au-dejfous de Y-tsê les fcns qu'elle donne font des efpeces de
râlemens.
Quoique le Prince Tfaî-yu adopte lui-même ce retranche-
ment des modernes, comme on le verra à l'article fuivant il
me femble que la fupprefiion des deux lu de chacun des
extrêmes, loin d'avoir perfectionné ia Mufique des Anciens,
l'a entièrement défigurée. La fuite de ce que j'ai extrait des
Livres, tant anciens que modernes, mettra le Lefteur à portée
de pouvoir juger.
ARTICLE QUATRIEME.
Formation du système musical DES Chinois.
JLi e s lu ainfi que j e l'ai déjà dit, font des fons qui ne différent
l'un de l'autre, en montant ou en descendant par degrés con-
joints, que de l'intervalle que nous appelions un demi-ton. Ce
fut d'abord avec ces demi-tons que les anciens Chinois formè-
rent leur fyftême. Ils ne notoicnt leurs airs, ils ne déiignoient
les intervalles que par les noms des douze lu. Cette méthode 9
DE LA MUSIQUE
toute facile, toute commode toute exafte même qu'elle etoit,
leur parut n'être pas fuffifante pour embraffer toute l'étendue
d'un fyftême accompli. Ils joignirent Xyn à Yyang, c'eft-à-dire
l'imparfait au parfait, un lu du fecond ordre à un lu du pre-
mier ordre, & ces deux fons réunis furentappellés tons.
Après avoir combiné de bien des manieres, pour pouvoir
faire de ces tons un arrangement qui pût repréfenter l'ordre
harmonique des lu ils firent une echelle de cinq tons & de
deux dêmi-tons (o). Ils donnerent aux tons les noms de koung.,
(o) Pourquoices demi-tons,
voudrois-je demander aux .Chi-
nois, qui penfent que les premiers
elémens de la Mufique confifleiit
dans une férie de demi-tons &
fur-tout de demi-tons égaux en-
tr'eux comme ils le fuppofent ?
Quelle raifon auroient eue les Inffi-
tuteurs, en combinant une fuite de
demi-tons les accouplant deux à
deux pour en tirer un fyftême tout
différent une echelle compofée
de tons quelle raifon dis-je,
auroient-ils eue de faire entrer auflî
des demi-tons dans cette echelle,
d'y placer des fons ifolés & non
accouplescomme les autres ?
Pourquoi n'attroient-ils pas com-
pofétout de fuite leur echelle
FA, ut, fol, re, la, mi, fi, fa, ut, fol, re, la, mi, fi, fa, ut, fol, re, la, &c.
Prenez de deux en deux les fons
de cet Exemple & vous aurez
des echelles toutes faites toutes
aflbities de leurs demi-tons s'il
en faut fans autre combinaifon
que celle de prendre, comme jele dis, les ions de deux en deux
combinée de fept degrés de fept
tons comme fa ,Jbl la /z, iit%re mi M ? car ce dernier ton
pour parler comme les Chinoisce mi diejè devra completter
l'échelle en fonnant Fo&ave de
fa, s'il eft vrai que les demi-tons
foient égaux entr'eux. Mais faites
travailler les Inftituteurs fur un.
fond de confonnances donnez-
leur, au lieu de demi-tons, les
fept LU fa, ut, fol, re, la, mi, f, 1,
que vous répéterez pliifietirs foisfi vous voulez, & ils n'auront plusà combiner de bien des manières ni
à rechercher fi des tons feuls peu-vent former une echelle ou s'il
faut la mêlanger, & comment la
mélanger, de tons & de demi-tons.
EXEMPLE.
premier, troifieme cinquieme
&c. ou deuxième quatrième 5
fixieme, &c. Commencez par fa,vous aurez l'echelle chinoife fa
fol la Ji tu re mi commencez
parfi, vous aurez l'echelle des
Grecs fitu re mi fa fol la;
chang
DE S CHINOIS, IL Pan.
Tome VI. P
chang, kio, tché, yu, & les deux demi-tons furent appellés
J'un pien-koung, ç'eft-à-dire, qui devient koung, & l'autre
pien-xcké, c'eft-à-dire qui devient tché. Voyez la figure f b;i
elle comprend l'échelle entiere du fyftême les lu, les noms
anciens & modernes des tons de la Mufique chinoife & les
noms des notes qui dans notre Mufique correfpondent aux
tons des Chinois.
En commençant cette echelle par te degré le plus bas, elle
dit, felon les anciens noms chinois, pien-tcké tché yu pien-
koung enfuite koung, chang kio, pïen-tchè tché ,yu picn-
kourz~; & enfin koung, clzang, kio ce qui felon nos notes
répond à fi ut re mi fa fol la fi ut re mi fa fol la.
En appliquant fucceffivement cette échelle à chaque lu, les
anciens Chinois faifoient 84 modulations différentes, en ce
fens, que les douze lu etant ftables les feuls tons etoient mobi-
les, & changeoient chacun douze fois de place comme on le
voit à la figure 6.
Les 84 modulations, repréfentées dans cette figure ont
paru défeftueufes au Prince Tfai-yu en ce qu'elles s'etendent
trop du côté de l'aigu. Il les a arrangées d'une autre maniere t
en les bornant au lu kia-tchoung felon les idées des Modernes,
par fol, vous aurez la gamme de
Gui d'Arezzo fol la fi ut re
mi fa; par ut vous aurez notre
echelle du mode majeur ut re
mi fa fol la fi prenez enfin en
rétrogradant & commencez par
le dernier la vous aurez notre
echelle du mode mineur la fol
fa mi n ut fi {la} 6c vous
conclurez, de ces divers réfultats
queni une echelle ni encore
moins une fuite de demi-tons ne
font les premiers elémens fur lei-
quels on a pofé les principes de la
Mufique. Ce fonten effet les con-
fonnances qui ont fourni aux hom-
mes leurs différentes echelles, leurs
divers arrangement de tons comme
s'exprime le texte pour repréfenterl'ordre HARMONIQUE des LU. Pa-
roles bien remarquables ici &
dont cette note n'eft comme on
voit, que le développement. Voyezla note aa de la premiere Partie
page 73.
DE LÀ MU S TQ XJ Et
& comme je l'ai dit a la fin de l'article précédent. Ce nouvel
arrangement, difent les Ciiinois vaut beaucoup mieux que
l'ancien. Mais eft-ilplus conforme à la fimplicité primitivedes
Inventeurs ? C'eft fur quoiils feroient peut-être embarrafles de
décider.
Pour mettre le Lefteur à portée de juger lui-même, je lui
préfente la table corrigée, dans la figure 7. Je le prie de faire
attention en l'examinant, que lorfque je me fers du terme de
moduler, je n'entends dire autre chofe fi ce n'eftque
tel lu
par exemple fait tel ton. Ainfi, quand je dis kia-tchoung
module en koung tchoung-lumodule en chang lin-tchoung
module en kio &c., c'efl comme G. je difois le ton que donne
kïà-tchoung eft alors le koung, le ton que donne tchoung-lu eft
chang celui de lin-tchoung eft kio &c. (p ).
(/> )C'eft comme nous dirions
kia-tchoung eft premier degré
tchoung-lu fecond degrélin-
ichoung troifieme degré, &c. On
1er, degré.2me. 3me. 4me. jme.
éme. 7me. octave.
Kou/ig Chang Kio Pkn-tclû Tchê Yu Picn-koun.g Koung.
Au refte fans vouloir décider
la queftion que le P. Amiot laiffe
au jugement du Lefteur favoir
fil'arrangement que le Prince Tfni-
yu propofe dans cette figure 7vaut mieux que celui des Anciens,
expofé à la figure 6 j'obferveraique
le fyftême des Anciens me pa-roît n'avoir aucune relation avec
la portée de la voix. Je penfe en
effet que les Anciens qui avoient
une multitude de lu les gravesles moyens & les aigus comme
on l'a vu à l'article précédent,
peut voir ce que j'ai dit ce fujet,
note k de la premiere Partie p. 47.
Voici le rapport des tons Chinois
avec ces degrés.
E X E M P L E.
n'ont voulu représenter autre cho-
fe, par la figure 6 que les degrés
qui correspondent à chacun des
lu pris alternativement pour pre-mier degré ou ponr parler chi-
nois, pris pour faire lekoung.
D'après ce plan ils ont dû poferfiiccemVement le koung fur chacun
des LV,fa,fa% fol, ,fom, &c.comme on le voit dans la figureau premier lu de chaque colonne.
En examinant enfuite chacune de
ces colonnes en particulier on
voit que fi le premier lu, le hoang-
DES CHINO1 S', II Pan.
Pi,
On fera peut-être furpris de voir qu'en traduisant les tons &
les lu des Chinois, je fais répondre le ton générateur, le hoang-
tchoung, à notre fa, & non pas à fut, qui eft le premier fon de
notre gamme. J'en ai agi ainfi i°.parce qu'en prenant fa pour
le fan générateur tout le fyftême diatonique des Chinois fe
trouve rendu par des notes naturelles, fans avoir récours à
aucune diefe, fi ce n'efl pour les luqui
font hors dufyftême
diatonique 2°. parce que l'intonation en eft plus conforme à
celle des Chinois; 30. parce qu'alors les cinq tons koung,
chang, kio, tché,yu, & les deux pien, ou demi-tons pisn-
koung & plen-tché peuvent moduler fans fortir des bornes du
fyftême 4°. enfin parce qu'après avoir noté des airs chinois
à notre manière, en faifant répondre lekoung au fa j'ai tou-
jours fatisfait les oreilles chinoifes en les exécutant; ce qui ne(k
point arrivé quand j'ai rendu lekoung par ut ou par toute
autre note. On pourroit peut-être en trouver la raifon, ou
dans la nature de nos inftrumens, ou dans la manière dont
les Chinois montent, ou percent les leurs, & auxquels ils font
accoutumés.
tchoung OUfa eu koung, c'eft-à-
tlire premier degré tay-tfou fera
chang ou fécond degré kou-fi fera
kio ou troifieme degré, &c.; & quefi ta-ln ou fa
eftkoung
kia-
tchoung ou fol §^ fera chang
c'eft-à-dire fécond degré tchoung-
lu fera kio, outroifieme degré, &c.,
& ainfi de fuite pour chaque co-
lonne.
Quant au fyftême de la figure 7
que le Prince Tfai-yu a voulu
arranger, relativement à la portée
des voix il me femble qu'en fui-
Vant même ce plan, il auroit pu
l'arranger d'une manière moins
embrouillée. Mais je periifte £croire que le fyflcme des Anciens
n'ayant aucune relation comme
je l'ai dit, avec les tu formés parla voix, mais feulement avec ceux
que repréfentent les tuyaux n'a-
voit befoin que d'être compris, &
non pas d'être différemment arran-
gé. J'er, remets comme le P,
Amiot, le jugement au Lefteur.
DE LA MUSIQUE
ARTICLE CINQUIEME.
GÉNÉRATION DES Lu.
ILeft aifé de parler des lu dit Tfai-yu il eft aifé de les
repréfenter, en quelque forte, au moyen de cordes ou de
tuyaux; mais il eft très-difficile d'en parler exactement & il
eft plus difficile encore de les repréfenter avec la derniere
juftefTe.
Après ce début & quelques excurfions fur différens Ouvra-
ges qui ont été faits fur la Mufique depuis la renaiffance des
Lettres fous les Han, il confeille à ceux qui auroient quelque
envie de travailler fur les lu d'éviter avec grand foin les incon-
véniens dans lefquels font tombés Lieou-hing Pan-kou &
particuliérement ceux qui ont ecrit du tems de Ouang-mang
c'eft-à-dire entre la huitieme année de l'ère chrétienne & la
vingt-troifieme; en fecond lieu, de ne pas tant s'attacher à fui-
vre la progreffion triple des Anciens, qu'ils n'en ajoutent quel-
qu'autre pour lui fervir de fupplément & même de correctif
dans certaines occafions (q).
Le lu primitif & fondamental dit-il, ne dépend ni Ju cal-
cul, ni de la mefure; c'efl par lui au contraire qu'on iejï formé
(?) Voici la raifon de ce cor-
rectif. La progreffion triple donne
une fuite de douzièmes, ou quintes
jiiftes. Un certain nombre de ces
quintes fournit, par fa combinai-
fon, une fuite de demi-tons diffé-
rens entr'eux, l'un dit majeur,l'autre mineur. Voyez ci-devant
note e page *)%. Or, lorfque dans
un fyftême de Mufique on veut
avoir des demi-tons, entre lefquels
il n'y ait pas cette différence de
majeur & de mineur, il faut alors 1.
pour ces demi-tons neutres ou
recourir à ce que les Européens
appellent tempérament, ou imagi-ner quelque correctif comme le
recommande le Prince Tfai-yu.,afin que chaque quinte, obtenue
par la progrefiion triple puiffstomber jufle au point idéal ou l'on
fouhaite placer le demi-ton.
DES CHINOIS, 77. Pan.
mt calcul & qu'on a réglé les mefures Ce feroit dénaturer
le hgang-tChoung que de le foumettre à une mefure arbitrai-
re. Tenons-nous en à la méthode qui a eu lieu depuis Hoang-TT
jufquaux Han cejl-à-direconcevons le hoang-tchoung s
compofé de 81 parties égales & partons de-là. Quatre-vingt-un
ejl le nombre de la figure to-CHOU. Ce nombre ejl YANG, ou
parfait; il ejl le produit deg multiplié par lui-même. Neuf vient
de 3 & 3 vient de i. Aux nombres de la figure lo-chou qui
font YANG joigne^ceux de
la figure ho-tou qui font YN &
vous en déduire^ la valeur de chaque lu avec toute l'exaBitude
pojfible (r).
Après plufieurs pages, d'un langage à-peu-près femblable à
celui que je viens d'expofer, il conclut que pour fe former une
idée jufte de la Mufique des Anciens, il ne faut s'attacher qu'à
bien comprendre ce qui en eft dit dans le Tcheou-ly Ouvrage
compofé par Tcheou-koung, au moins onze cens ans avant l'ere
chrétienne dans le Tfo-tchouen ou Commentaires de Tfo-
kieou-ming l'un des Hiftoriens du Royaume de Lou du tems
de Confucius dont il etoit i'ami dans le Koué-yu excellent
Ouvrage fait avant la décadence des Tcheou dans lequel on
trouve à chaque pas les précieux veftiges de la plus haute anti-
quité & fur-tout dans le Lu-lan de Koang-tjée qui etoit
Miniftre d'Etat dans le Royaume de 7fi,fous Hoang-koung
environ fix cens ans avant Jefus-Chriit. On ne faaroit dit-il,
s'ecarter de la vraie route enfuivant de pareils guides. Un aure
ancien Auteur dont il fait beaucoup de cas, & dont il cite
fouvent les paroles eft Hoai-nan-tfee ainfi appellé parce
( r ) Si la progreflion triple i
5,9, &c. cnoncée affez expref-
fément ici, donne la valeur de cha-
que LU avec touteVcxaclititdcjio(Jlb!c^
comment peut-on vouloir ajoiiter
-à cette progreflion quelque fup-
plèmznt ou même quelque correc-
tif, comme le confeilloit tantôt le
Prince Tfii-yu puifqu'en altérant
la progreffion triple, on détruit en
même tems la jnfle valeur des lu
que doit donner cette progreflion?
DELA M U S I QV E'
qu'il etoit Roi de Hoai-nan (s). Ce que dit cet illuftre Auteur
fur les lu mérite d'avoir fa place ici, parce que c'eft comme
un précis de tout ce qui en avoit été dit depuis Hoang-ty juC-qu'aux Tcheou.
« Le principe de toute doctrine -dit Hoai-nan-tfée eft un.
» Un en tant que feul, ne fauroit engendrer mais il engen-
» dre tout en tant qu'il renferme en foi les deux principes
» dont l'accord & l'union produifent tout. C'eft dans ce fens
» qu'on peut dire 1 engendre 2; z engendre 3 & de 3 toutes
;» chofes font engendrées.
» Le ciel & la terre forment ce que nous appelions en géné-
» rai le tems. Trois lunaifons forment un che ( une faifon ). C'efl
» pourquoi lorfqu'anciennement on faifoit les cérémonies
M refpeftueufes en l'honneur des Ancêtres, on faifoit trois
« offrandes (t ) on pleuroit trois fois. Les anciennes armées!,
» quelque nombreufes qu'elles fuffent, n'etoient jamais com-
» pofées que de trois kiun ( c'eft-à-dire de trois grands
» corps ) &c.
» Il en eft ainfi pour les lu. Un engendre 3 3 engendre 9,
» 9 engendre 81 («). Un, c'eftle hoang-tchoung 81 font les
(s)« On l'appelle auffi Hoaî-
» ?ian-vang (Owàng') parce qu'il
» etoit Roi de Hoai-nan..Son Palais
» etoit une académie de Savans
» aveclefquels
il creufoit dans
» l'antiquité la plus reculée; c'eft
» pourquoifes Ouvrages font très-
» curieux, & fon ftyle eft très-
>> beau ». Note du P. de Premare
dans fon Difcours Préliminaire
mis à la tête du Chou-king, publié
par M. de Guignes Paris ijjo
page xlvj
Hoai-nan-tfee. felon une note
du P. Amiot dans fes premiers
manuferits fur la Mufique, vivoit
105 ans avant Jefus-Chrift. Cahier
B, /z°. 14, nottSs..
( t ) Voyez dans le Mémoire furla
Mujique des Anciens la note yyy 9
page 80, touchant les trois offran-
des des Egyptiens &c. & fur le
nombre 3.
( a ) Le nombre 9 n'engendre
pas dire&ement 81 il engendre
vj parce que trois fois neuf font
27 & c'efi de la même maniere
que 17 engendre 81. Si ce n'eft
pas ici une omiflion de la part de
Hoai-nan-tfee il apu dire dans
DES CHINOIS, Pan.
» parties qui le compofent. Le koitng de hoang-tchoung eft le
»pere le chef, le général de tous les autres tons. C'eft pour
» cette raifon que la place du hoang-tchoung eft à tfée qui
» défiome la onzieme lune, celle où fe trouve le folftice d'hiver.
» Son nombre eft 81.
( x ) » La onzieme lune engendre, en defcendant, la fixieme
» lune où fe trouve lin-tchoung, dont le nombre eft 54.
» La fixieme lune engendre en montant la première lune “
» qui eft la place naturelle de tay-tfou dont le nombre eft 72.
de lunes mais bien de celle des
fons ou lu qui correfpondentaux lunes on pourroit être em-
barraffé pour concevoir comment
les Chinois descendent de fa à ut il
en paffant par les demi tons fa
fa* fol fol* la la* fi ut on
comment ils montent d'«/ h fol,
en paffant par ut fi la* la fol* fol.
Ainfi, lorfque l'Auteur fe fert de
l'expreffionen defcerclant ou de
l'expreflionen montant on n'aura
qu'à deicendre ou à monter réelle-
ment, d'une ligne à l'autre dans
chacune des colonnes de l'exemplefuivant.
un très-bon fens, que 9 engendre
81, c'eft-à-dire au moyen d'une
génération intermédiaire tout de
même qu'onpourroitdire du même
S 1 qu'il eft engendré de 3 ou
même de i car 3 9, 2.7 & Si
viennent de 1 fouche commune
de tous les termes de la progrefflon
triple, qu'ileft aifé de reconnaî-
tre ici.
( x ) Pour l'intelligence du relie
de ce paffage je vais mettre ici i
l'ordre des lunes celui des lu &
fur-tout les fons que Hoai-nan-tfee
fait correfpondreaux lu. Comme
il ne s'agit pas ici d'une génération
Lunes. Lu. SONS.
XL Hoang-tchoung fa.81.
XII. Ta-lu, fa*.
T. Tay-tfou fol. 72.
IL Kia-tchoung fol*.
III. Kou-fi la. 64.
IV. Tchoung-lu la
V. Joui-pin fi.
VI. Lin-tchoung ut. 54.
VII. Y-tfê ut*.
VUI. Nan-lu n. 48.
IX. Ou-y re
• X. Yng-tçhoung ml (43 ),
DE L^ MUSIQUE
» La premiere lune engendre, en descendant la huitieme
» lune où fe trouve le nan-lu, dont le nombre eft 48.
» La huitieme lune engendre, en montant la troifieme lune,
» où fe trouve le kou-fi dont le nombre eft 64.
» La troifieme lune engendre, en defcendant, la dixieme
» lune, où fe trouve yng-tchoung dont le nombre eft 43.
» La dixieme lune engendre en montant la cinquieme
» lune, où fe trouve joui-pin dont le nombre eft 57.
» La cinquieme lune engendre en montant, la douzieme
» lune qui eft la place naturelle de ta-lu, dont le nombre
» eft 76.
» La douzieme lune engendre en defcendant, la feptieme
» lune, où fe trouve y-tfê dont le nombre eft 51.
» La feptieme lune engendre en montant, la Seconde lune,
» où eft le kia-tchoung dont le nombre eft 68.
» La féconde lune engendre, en defcendant la neuvième
» lune, place naturelle du 011-y dont le nombre eft 45.
» La neuvieme lune engendre en montant, la quatrieme
» lune où eft le tchoung-lu dont le nombre eft 60 ».
Telle eft la génération des douze lu, donnée par Hoai-nan-
tfée, plufieurs fiecles avant l'ère chrétienne & en expofant
ainft cette génération, ce favant Auteur ne prétend donner
qu'un précis de la doctrine des plus anciens Ecrivains de fa
nation (y).
(y ) C'eft un vrai malheur pour
les Chinois. La génération dont il
s'agit ici n'embrafle que leurs cinq
tons fa fol la ut re donnés,
comme on Fa vu, par les lu fa
ut fol re la. Tous les autres lu
font irrationnels & abfolument
etrangers au principe qui donne les
cinq tons. Les nombres fixés-à ces
cinq tons & que j'ai transcrits
dant l'exemple de la note précé-
dente, d'après le texte font 81,
71 64 54 48. De ces nombres,
le feul 8 1 eft radical les autres
font les différentes oûaves des
radicaux 27 9 3 & i donnaht,
avec 81 la férie de fons81. 27. 9. 3. il.
fa ut Jol rc la.
Il eft aifé de vpu; que c'eft ici la
Les
DES CHINOIS, Pan.
Tome VL Q
Les figures 8 9 & o mettront cette doftrine fous les yeux
du Lefteur. La figure 8 repréfente, i°. le koung du hoang-
tchoung regardé comme fon fondamental & générateur de
même génération décrite dans le
texte & qui fe réduit félon
l'exemple de la note précédenteà ce que fa engendre ut; qu'ut en-
gendre fol que fol engendre re
que re engendre la. Mais cette gé-nération ne s'etend pas plus loin.
Le dernier fon, la 64, qui répondà kou-jl dans le texte n'engendre
pas yng-tchoung ou mi porté à
43. Ce nombre eft irrationnel, &
un mi ainfi entonné n'eft pas la
quinte de 64. Le la 64 a pour quintemi 41 f fi l'on veut fuivre l'ordre
de génération déjà établi &qu'on
voit bien qu'aucune raifon aucune
confidération ne peuvent per-mettre d'interrompre.
Il paroît donc par ce texte, quia déjà quelque ancienneté puifque
Hoai-nan-tfée felon ce qu'on a vu
à la note s .page 118, vivoit 1055ans avant Jefus-Chrift il paroît,
dis-je que les Chinois poftérieursde quelques fiecles aux Inftitu-
teurs, prenant d'abord laprogref-
fion triple à rebours & la faisant
commencer par le terme 81 n'ont
plus fu où paffer quand ils font
arrivés à i. Ou peut-être ont-ils
craint de fe jetter dans les fra&ions
car les termes qui fuivent 1 en
voulant continuer la même pro-
greffion, fontT –, &c. Mais
dans ce cas il y avoit un moyenbien fimple que j'indiquerai ail-
leurs ( Première Obfirvadon à la
fin duMémoire). Revenons au la
64 ce fon a pour quinte, comme
je l'ai déja annoncé mi 41 y,
feptieme oftave au-deffous du nou-
veau nombre radical y. La quinte de
ce mi, eil fi 5 6 | neuvieme oftave
au-deffous du radical II n'eft pas
néceflaire d'examiner les autres
fons engendrés du mi 43 Il fuffit
que celui-ci ne foit plus harmoni-
que lui-même avec ceux qui pré-
cedent, pour que toutes les quin-tes que fournit 43 foient irration-
nelles, faufles exharmoniques
quand même elles feroient toutes
juftes entr'elles & c'eft malheu-
reufement ce qu'on ne trouve pasdans les nombres énoncés parHoai~
nan-tfée, pour les fons ultérieurs
fi, fan, uf%, &c. Le par
exemple pour former la quarte
jufte au-deffous de ml pofé à 43doit être 57 j. Or ce^f ou ce quieft la même chofe le joui-pin
dans le texte n'eft qu'à 57 d'où
il ne peut former ni la quarte du
ton irrationnel 43 ni celle du ion
42 y quinte jufte de la 64. On eft
fâché de conclure de tout ceci
que dès long-tems les Chinois ont
perdu la marche des principes fim.
piesmais fublimes en même
tems pofés foit par Hoang-tyfoit par tout autre. Principes quefon Instituteur a confignés dans la
progreffion triple, Se dont il ne
fautque connoître l'ufage pour
s'epargner bien des calculs des
tâtonnémens & mille peines per-
dues pour l'oreille, qui n'admet
que des fons juftes.
DE LA MUSIQUE
tous les autres fons; i°. les douze lu & leur génération 30. les
carafterescycliques qui défignent chacun des douze lu; 4°. la
correfpondance qu'on fuppoie entre les douze lu & les douze
lunaifons, dont une année commune eft co.rnpofée.
La figure 9 a contient les nombres employés par les plus
anciens Chinois pour la formation de leurs lu. Les nombres
fupérieurs qui répondent à chaque lu, favoir ,81,76,72, &c.,
font les nombres entiers qui expriment la mefure, dont les
nombres inférieurs repréfentent les parties ou fractions.
La formation des douze lu par la progreffion triple, depuis
l'unité jufqu'au nombre 177147 inclufivement, date encore
des premiers fiecles de la Monarchie chinoife, & l'addition
qu'on y a faite, par manière defupplément ou de correction
eft antérieure de bien des fiecles au tems où vivoit Pythagore.
Ainfi, ce n'eft point des Grecs que les Chinois ont emprunté
leur fyftême mufical; & l'on n'eft point fondé à dire qu'ilsl'ont
pris des Egyptiens puifqu'il eft évident que le fyftême chinois
a été trouvé du tems de Hoang-ty & que le tems de
Hoang-ty précède de bien des fiecles, celui où l'on fait vivre
l'Inventeur de la lyre. Voyez la figure 9 h où fe trouve toute
la férie de la progreffion triple augmentée d'une autre pro-
greffion, alternativement double & quadruple.
La figure 10 repréfente cette même génération des lu 'par
des lignes courbes qui les lient les uns aux autres. On lit, à
droite, que les LUlongs engendrent en defcendam
les LU
courts & que la génération defcendante fe fait aprèsun inter-
valle de 8 on voit., à gauche queles LU courts engendrent
en montant les LUlongs & que la génération montante fe fait
après un intervalle de 6 ( { ).
(^)Ces
expreffions en defcen-
dant en montant font relatives à
la maniere dont les lu font ecrits
dans cette figure, & en généralà
l'écriture des Chinois qu'on fait
être par colonnes & en defcendanr,
DES C H I N O 1$, IL Part.
Qij
Pourexprimer ce langage à notre manière on
peut dire
que lepremier fon fondamental, le
hoang-tchoung ou fa
placé au haut de la figure engendre fa quinte utj qu'ut engen-
dre à fon tour fa quinte fol, placée à la quarte au-deffous d'ut,
en remontant dans lafigure que fol produit fa quinte re que
re produit fa quinte la, placée encore ici à laquarte aii-deffous
de ce même re & en remontant dans lafigure & ainfi du
refte en fuivant toujours les lignes courbes, qui coiiduifent
d'un lu à un autre dans l'ordre de leur génération réci-
proque.
La figure i1 repréfente une main harmonique portant fur
quatre de fesdoigts les noms des douze lu que je me fuis
contenté dedéfigner par les chiffres i 2 3 &c. Ces font
placés comme s'ils formoient la circonférence d'un cercle dont
le centre feroit entre le doigt du milieu & fauriculaire c'eft-
à-dire, fur le quatrieme doigt. En pofant le poucefur le lu
par lequelon veut faire commencer le fon
principald'un mode,
on fait le tour, en commençant parce lu qui devient alors le
premier dans l'ordre numérique. Cette manière cie compter
eft très-aifée pour un Chinois, parce quil eft accoutumé dès
l'enfance à fupputer ainfi fur ies doigts les années du cycle
pour pouvoir affigncrfur le champ l'intervalle d'une telle épo-
que,d'une telle date à telle autre.
Ainfi, dans la fuite des modes, koung tché change &c,
infcrits fur le côté droit, au haut de la planche fi ~oK/~ ou
faeft pris pour le ton
principald'un mode, puifque koung
Si l'on ecrit de la même manière
les tons ut re mi fa par exem-
ple, on trouvera que pour pafferà'ut à rc à mi à fa les yeux
defcendent pendant que l'efprit
monte & c'efl le contraire pour
revenir de fa h mi, à re, &c. Voyez
l'exemple de la note .v, page 1 19.
Ainfi la génération defcendante des
Chinois, eft pour les Européens
une progreffionde fons qui
mon-
tent & leur génération montante,une progreffion de fons qui defcen-
dent.
DE LA MUSIQUE
répond à hoang-tchoung l'ordre des lu commencera par hoang-
tchoung, c'eft- à-dire omme au premier rang des cafés infé-
rieures, qui répond au premier mode & les autres lu feront
tci-lu tay-tfou &c. felon les chiffres fupérieurs qui indiquent
leur ordre, en allant de droite à gauche. Si tché, ou ut efl
pris pour le fon principal d'un mode puifque tché répond à
lin-tchoung alors l'ordre des lu commencera par lin-tchoung y.
c'eft-à-dire comme au no. II des chiffres romains lin-tchoung^.
y-tfé nan-lu &c toujours de droite à gauche & en fuivant
les chiffres fupérieurs. Si chang ou fol efl:pris pour le fon prin-
cipal d'un mode l'ordre des lu fera comme au n°. III des mêmes
chiffres romains & ainfi de fuite, tant pour les autres modes
indiqués furla planche le quatrieme
le cinquieme &c. 5
que pour ceux qu'on peut etablir fur les lu ultérieurs lavoir 9
ta-lu ou fa y-tfé, oua: kia-tchoung ou fol ou-y
ou re & tchoung-lu ou la qui comme les précédens,
deviendront fucceffivement premiers, dans l'ordre naturel des
lu & auront pour douzieme celui qui les précede immédiate-
ment dans cet ordre.
ARTICLE SIXIEME.
DE la circulation DU son f o n ij ament al*
I iF. fon fondamental efl: le koung du hoang-tchoung, c'eft-à-
dire, fa. Ce koung, difent les Chinois ne fauroit ni fe
reproduireni
parcourir l'un après l'autre tous les lu, fans quel-
que fecours. Cefecours lui a eté donné par la nature ( aa), &
( aa ) Les Chinois peuvent bien
s'exprimer ainfi mais cette nature
eu l'ouvrage même des Chinois
modernes, Elle eft prife de l'ordre
arbitraire des demi-tons auxquelsils font enfuite engendrer les con-
fonnances, comme on le verra
dans cet article.
DES CHINOIS, Part.
3 le trouve dans les deux lu extrêmes qui ferrent des deux côtés
le hoang-tchoung qui en: la demeure primitive du koung*
Voyez la figure a. Tous les tons qui complettent I'oclave y
ajoutent les Chinois, font liés les uns aux autres par le moyen
du ho, qui eft le pien.-k.oung {mi)& du ,'choung, qui eft le
pien'tche {fi)-
Entre le koung & le chang, il y a le vuide d'un lu~y de même
qu'entre le changlk. le kio mais entre le kio & le tché {la ut) «
il y a le vuide de deux lu. Le lu le plus près du tché, donne
comme un paffage au tché &le fon qu'il rend eft le commen-
cement du tché ou le fon qui fait vivre le TCHÉ qui le nourrit
& le fortifie. Entre le tché & le yu, il y a le vuide d'un lu
mais fi du yul'on paffe à la reproduction du koung ( de re à
fa ) il y a le vuide de deux lu. Alors le lu le plus près du
koung prend le nom de pien-koung & eft comme le com-
mencement àukowig, auquel il donne une nouvelle vie en le
faifant changer de demeure ( c'eft-à-dire en le portant à
i'oclave ).
Ce n'eft pas tout le koung de hoang-tchoung en tant que
Son fondamental, eft ioutenu & aidé par tchoung-lu & iin-
tchoung & c'eil par le moyen de ces deux luqu'il peut engen-
drer fans obftacie tous les autres tons ( bb ).. Voyez la figure 1 3 3
( bb ) Les Chinois poftérieurs
aux Instituteurs ayant appliquél'ordre des lu à une férie de demi-
tons il a fallu enfuite palier par
une foule de ces demi-tons pourtrouver les quintes & les quartes.
Voyez l'exemple de la note x\
page 1 19 oàponr parvenir feule-
ment de fa à lit, il faut paffer par
fa fol fol M la v la X< fans
qu'on fâche pour ainfi dire d'où
Tiennent ces ions. Car fansparler
ici de ceux qui portent des diefes .}&
qui viennent de bien plus loin
encore, on voit par les nombres
même qui accompagnent les au-
tres fons, queyô/ym'a d'exigence
que par ut. 54 dont il eitennen-
dré cet utl'ayant été directement
par fa. 81 on y voit encore que le
la 64 elt le produit d'un ion qui eil
dé]a au-delà de la route où nous
cherchons Vue, qu'il eft produit parre 48 engendre lui-même de fil
DE LA MUSIQUE
dans laquelleen comptant
de droite à gaucheles tons s en-
gendrent les uns les autres dans l'ordre fuivant koung tché
chaftg yu kio ho tchoung c'eft-à-dire en allant par quin-
tes, fa ut fol rt la mifi.
Mais en comptantde gauche
à
droite, c'eft un autre ordre de génération qui procèdeainfi:
tchoung ho kio yu chang tché, ho un g c'eft-à-dire en
montant de quartes, fimi la re fol ut fa.
Dans cette double générationon ne fait ufage que
de fept
lu c'eft pourquoi on appelle la figure quila
reprélenteY ordre
des fept réunis ou les fept principes. ICotmg&C tchoung (fa &
fi) yfont en oppofîtion
& agiffentl'un fur l'autre ( ce ). Les
cinqlu
quifont à droite reftent inutiles & on les appelle les
cinqtermes ou fins parce que c'eft à ces lu que
fe termine l'une
& l'autre génération par/à & par_/r qui ne peut embraffer
que fept ions.
Voici deux paflages, l'un fur le pien-tché l'autre fur le pien-
koung.Le premier
eft de Tfo-kieou-ming plus ancien que
Pythagorele fecond de
Hoai-nan-tfee qui vivoit dans un
fiecle peu éloigné de celui du Philofophe Grec ( dd).
"~ji. Voyez la note y, page no, oh
les nombres de cet exemple fetrouvant réduits à leurs radicaux
il fera plusfacile d'y reconnoître
la vraie génération des ions dans
le iens des Chinois. Mais il l'on y
regarde avec attention, on s'apper-
cevra bien que la marche qu'ils
tiennent eft rétrograde & que le
vrai fens de la progreffion, fa mar-
che la plus naturelle, & încontefta-
blement la premiere imaginée, eft
i 3 9 27 8 1 fur-tout pour les
Chinois eux-mêmes, qui ne con-
noiffant pas nos vibrations, n'opè-
rent que fur les longueurs des corps s
honores, pour l'évaluation du fon,&
principalement même fur des
tuyaux plutôt que fur des cordes.
(cl) Fa&cfeVdnt les deux ex-
trêmes, fila vénération commence
par fa pour en obtenir l'ordre de
quintes \efi fera le dernier terme
& ii la génération commence par
fi, pour en obtenir l'ordre dequar-
tes, le fa fera le dernier terme.
Voilà comment ces deux tons agif-
fent Fun fur Future comment ils
font alternativement leprincipe Si
le terme l'un de l'autre.
Çcid) Ces deuxpartages font ex-
traits de la planche 14 du maniifcrit.
DES CHINOIS, Pan.
Tfo-kïeou-mingdit dans fon Tchoucn Du TCHOUNG,en
de fc aidant leKirf n'a plus de tons j mais ait
moyen de ce
TCHOUNG il pajfeau tche. C'eji
ce qui a fait donner à ce ion
le nom de I'IEN-tché (comme fi on difoit ton nui devient
TCHÉ ).
Hoai-nan-tféc dit Kio eflci kou-si ko u -si
engendre
YNG-TCHOUNG. Yng-TCHOUNG napoint
de tonpropre i
mais il fe joint à un autre ton, & devient le tonauquel il Je
réunit; c'ejl pourcette raifon qu'on l'a
appelle PIEX-KOU.VG
& ho. On a vu plushaut ( art. 4 page 113), quepien-koung
fignifîeton qui devient koung. Ho fignifie accord, union &c.
ARTICLE SEPTIEME.
GÉNÉRATION DES Lu PAR LES DEUXKûA,
KlEN ET KOUEN.
%^J N entend par koa, les trigrammes de Fou-hi & les hexa-
grammesde Cken-noung expliqués d'abord par Quen-ouang
8a par Tcheou-koung plus de mille ans avant l'ère chrétienne
5c enfuite par Confucius, environ cinq cens ans avant Jeius-
Chrilt; cesexplications
fubnllcnt encore. Les Chinois font
perfuadés de tems immémorial, que tout, foit dans le moral,
foit dans le phyfîque dérive des koa & eft formé myflique-
ment par les koa. Il n'eft donc pas furprenant qu'ils aient trouvé
dans les koa la génération &: des lu & des tons, & tout ce
qui compofe le fyilême mufical.
En réuniffantfous une même figure e
les planches 13 & 14 j'ai cru de-
voir placer ici ces deux paffagesd'autant qu'ils feront ainfi plus
rapprochés de ce qu'on vient de
lire an tujet de leurs Auteurs parou le P. Amiot terminent cet arti-
cle en renvoyant à la planche 14,
DE LA MUSIQUE
Les koa trigrammesfont au nombre de huit. Chaque ko ci en
formépar
troislignes
ou entièresou.
briféesou
mi-parties*
C'eit de l'arrangement &de la combinai fon des koa & des
lignes quiles compoient que dépend la formation myiliquc
de tour ce qui exilte.
Les koa hexagrammesfont au nombre de foixante-quatre.
Chaque hexagrammeen. formé par hx
lignesou entières ou
brifées, ou mi-parties.Tout ce qui fe dit des trigrammes s'appli-
que égalementaux hexagrammes.
Les uns & les autres font
égalementles iymboles
des changemens qu'éprouvent les êtres
dans leurs divers états de génération d'accroiffement de
deftruftion &c. avec cette différence que les hexagrammes
etant chacun en particulier le double d'un trigramme & dans
leur totalité, l'oftupledes huit trigrammes, ils ouvrent une
carrière plus vafte à l'art înépuifabledes combinaiibns.
Voici ce qui concerne les deux koa kien èckouen dont les
lu font engendrés.
Le koa ou hexagramme kien, repréfente le ciel, oule prin-
cipe varfj.it queles Chinois appellent y ang. Il eft
compofé de
iîx lignes entieres, qui portent chacune le nom du nombre 9,
nombre parfait,avec cette dininftion que la ligne la plus baffe
eft appellée le premier g celle qui la fuit le fécond 9 la troi-
iîeme le troifieme 9, & ainh de fuite jufqu'à la fixieme
ligne,
qu'on appelle le c, jupérieur, au lieude fixieme g. Voyez, la
figure 1 5 a.
Le koa, ou hexagramme kouen repréfente la terre, ou le
vrincîpe imparfait que les Chinois appellent yn. Il eftcompofé
de fix lignes brifées qui portent chacune le nom du nombre 6,
nombre imparfait. On les distingue par Fepithete de premier 6,
fecond(5,&c. en commençant par la ligne la plus baffe,
jufqu'à la fixieme appellée le6 fit parieur.
Quant à la génération des lu par ces deux koa on fait
qu'il
DES CHINOIS,
1 .J
Tome VL il
qu'il y a douze lu ou douze demi-tons qui partagent1 inter-
valle d'une oftave; que fix de ces lu iont y<mg ou parfaits
& que fix font ynou imparfaits j or, les hx. lu
yang font
placés fur les lignes yang c'eJ'r-à-dire celle:, qui repréfen-
tent le ciel, & les fix lu ynfont place fur les lignes yn
celles qui repréfentent la terre; en un mot, les f i x premiers
fur les lignes entières, les fix lu yn fur les lignes bnfées.L) u1~ orlf~cs.
Laiffant àpart le langage figuré
des Chinois ou le rédui-o 0 0
fant aulangage fec & fans images que nous employons
pourmamtefter nos
idéesil réfulto de tous les rnif.-nncrncns
des Auteurs Chinois que le ion fondamental fa engendre fa
quinte ut, que cette quinte, devenue fou fondamental à (on
four, engendre de même fa propre quinte fol laquelle conti-
nue iagénération jufqu'au
douzièmeterme,
oula.1%.
comme
il efc ailé de ie voirpar
leslignes
tracées entre leskoa
&qui
joignentles parfaits avec les imparfaits car, difent les Chi-
nois, il enejt
des koa comme du mile & de la femelle la
première lignedu koa
KIEX qui cflcomme le
mâle jointeà 1er
première lignedu koa KO VEN qui ejl comme la
femelle engendre
la féconde ligne dukoa kien laquelle fe joignant à la féconde
ligne du koa kouks engendre la troijieme èc ainfi des autres.
îl n'eit pas néceiîaire de développer" plus au long cette
doftrine. Par l'application des fous aux lignes des hexagiani-
mes, les Lecteurs Muiiciens verront aifément que ceslignes
repréfentent de l'une à l'autre la génération des tons fonda-
mentaux, puifqu'ils trouveront une luirede quintes prenant la
place l'une de l'autre (ec) jufqu'au terme pofé par la nature
(se) Ces quintes iont dites pren-
dre la place l'une ck TauTrc en ce
([Lie '\l ut engendré de fr devient
lui-même générateur pour pro-
duire fol. Celui-ci devient à ion
tour générateur& produit >v, &r
aini'i de 'mte d'une qu-me à l'au-
tre jufqu\;u Li >' qui eit ce terne
P'ifJ p.ir L: n-.iturc dont p.r'e lec,
P. Amiot mais auciuel le 5 Chi-
DE LA MUSIQUE
elle-même & les Muficiens Philoibphes y découvriront peut-
être tout le fyftême de la baffe fondamentale du célèbre
Rameau(£[').
nois quand ils veulent font pro-
duire le hoiiTi^-tchoung ou fa
qu'ils prennent alors pour '?<
quinte de Li # ^'oyez. ci-aj^rcs
note i"v, p"e 131.
(./)'') Le (yirime de Rameau n'a
d'autre coïMorunrj- avec celui des
Ch:nois cruednns la m;ir:iere
dont Yur. clés ibiis engendrés par
3a bai'ie 'oiidamenvalc cL vientà
fon tour fondamental pour en
engendrer d'autres. Voye*. la note
précédente. Or en ceci même
on apperçoit encore une différence
entre ce lyftéme & celui des Chi-
nois puisqu'un fon fondamental
dans lelylléme Européen
ell
fuppofé porter avec lui fa tierce
& fa quinte tandis que dans le
fyilême chinois chaqueton fon-
damental eit ifolé & ne fujjpoié
dans la réionnance aucun harmoni-
que aucun fon concomitant phé-qUI! auc::n ionj)
C
nomène dont heureufement les
Chinois n'ontpas
même l'idée.
Mais voici cruelle eu la différence
eiTeiitielie entre ces deux fyitcines.Par
exemple, pour former îa
gamme a ut par lefyllême de
Rameau, il ne fautque
les trois
fons fondamentaux fa, ru & fol
qui avec leurs tierces & leurs
quintes donnent les troisgrouppes
de ions fii lu ut ut mi fol fol fi
rt dont fe forme l'échelle ut m
mi f.i fol la fi ut. Au lieu que
pour former la même échelle par
]c fyiîéme chinois il faut autant
de ions fondamentaux que cette
échelle contient de fons differens.
En un mot, il faut les fept fons
fondamentaux f: ta fol ri la
'/ni, tous' à la quinte l'un de
l'autre, pour former l'échelle Cl ut-
il L'i manière des Chinois. On peutvoir à Tarticle iz de mon Mémoire
jurlaMujnjUtJc.s Aucuns p'.lijc 84,
un plus loua; détail touchant cesdeux fyflême: Carie fyiléme des
Egyptiens & celui des Modernes
dont je traite dans cet article, ne
font autre choie, fous des noms
differens que celui des Chinois &
celui de Rameau.
Il faut obiérver au refte quela baiïe fondamentale de Rameau
a deuv objets bien diflincïs l'unde fonder la valeur d;s ions qui
compoient le fyitême muiicall'autre de réduire en principes la
pratique de l'harmonie. Rameau
peut n'avoir pas réuiTi dans fon
premier objet, à l'égard de cer-
tains ions auxquels il attribue les
proportions factices dépoféescL:is tous les écrits des Modernes,
M;:i-> fon f.cond objet qui cil leieui qui iméreife tes Harmoaifies
efi rempli parfaitement, Ce n'cfl
même que depuis l'époque de la
bi'/Te fondamentale que l'harmonie
(Si devenue une icience. Cette
obfei vâiiûn pourra n'être pas inu-
tile ici parce que c'efl pre ci fu-ment contre cette partie di: iyÛCrne
de Rameau contre îa bafle .011-
damentale aue s'elevent les
Compofitears ians principes 6s
DES CHINOIS, Pan,
Ri)
A cette explication des lu, par les deux hexagrammes qui
font le fymboledu ciel & de la terre, je vais ajouter dans
l'article fuivant une autre explication, tirée encore de la
combinaiibn deslignes qui compofent
ces deuxhexagrammes.
Je préviensle Lecteur que lorfque j'emp*. >ie le ligne du diefe
à côté d'un ton, je ne prétends que marquer l'élévation d'un
demi-ton (gg) au-deffus du ton fur lequel il eit placé.
ARTICLE H U I T I E M E,
Génération DES Lu par les quatre Ko a
Kl EN ET K OU EX, Kl-KI ET OuEI-KI.
\_> 'est toujours en employant le langage figuré, que les Chinois
continuent àexpofer
lagénération
des lu. On a vu dans l'ar-
ticle précédent comment lesdeux hexagrammes kien èckouen
ont engendré les douze lu & comment ces douze lu, deve-
nant générateurs ont produit tout le iyitême des demi-tons.
que leurs déclamations ont ion-
vent arrêté les progrès qu'auroient
pu faire des Mufkiens de génie
par la connoiffance de cette mé-
thode de La baffe fonda-
mentale il efl: bon de l'apprendreici aux Amateurs ne coniîile qu'à
enieigner comment tels & tels
accords particuliers iur l'emploi
defquels les Muficiens errent iou-vent ouibntembarfailés, ie rédui-
fent à trois ou quatre accords
primitif:; plus connus que Rameau
appelle fo;idamenr;!u\- & dont la
marche n'clt ignorée pour ainii
dire, d'aucun Écolier. Aufïï a-t-oa
appelle cette harmoir.e primitive
cette bafie fondamentale la boul-
fole le guide le flambeau du
Compoliteur. Faut-il s'étonner fi
c'eft cette lumière qu'en veulent
les Compôhteurs de routine ? Nontant à cauie qu'elle pcH'rrou les
éclairer, mais parce qu'elle edaire
les autres Iur ce qu'il y a de vicieux
dans leurs compoiîrionj.
(£Tj) -Le P. Amiot entend ici
par tlenn-'on une intonation in-
termédiaire entre le demi-ton
nvd]tur èc le c!emi-ton mineur
eniurte qu'im I.i-JuJ, par exem-
ple pir.ile être conçi! comme unji-btuiol un mi-.ihj; comme un
f.i, c'vc. clair> les cLvcrj ob]ecss
qui cié'pendenc de cette identut
iorcOe cic ibjis.
DE LA MUSIQUE
Nous allons voir à prefentun autre ordre de génération
formé par le mélange des lignes qui compofent les deux hexa-
grammes précédens.
Si l'on prend alternativement une ligne de l'un & l'autre
de ces deux hexagrammes c'eft-à-dire une ligne entière &
une ligne brifée en continuant de même jufqu'à ce qu'on ait
employé toutes les lignes qui les compofent,on obtient deux
autres fortes d'hexagrammesl'un appelle ouci-ki l'autre ki-ki.
Le nom du premier fignifie qui n'a pas encore ce qu'il lui
faut qui fe remplît peu-à-peu &c. & ki-ki fignifie à qui il1
ne manque rien qui ejî rempli &c. Ces expreflions font allu-
fion à la manière dont les Chinois conçoivent la génération
des êtres par le concours de leurs deuxprincipes
le parfait
& l'imparfait le mâle & la femelle le mouvement & le
repos Sic. en un mot Yyang & Yyn.
Pour appliquercette doftrme à la
générationdes lu & à
la formation du fyftcine mufical, ils diient Les quatre fiexa-
grammei kien koueN ovej-ki & ki-ki donnentle prin-
cipe, [ Liccroijpme.itla perfection ou le
complcmera à la
fubhme feience des fons.
On a déjà vu à l'article précédent comment, au moyen
des deux koa kicn & kouen fe formoit la iucceffion fonda-
mentale des fons c'eft-à-dire la mcceiïïon des quintes. Cette
fuccefiioii fuffiroit feule pourle
développement de tout le
fyftême mufical puifque dans les fons fondamentaux on a les
différentes combinaifons des degrés plus rapprochés. Cepen-
dant, pour faciliter, & l'intonation, Se Tunige qu'on peut
faire d'une fuite de demi-tons pour paffer d'un mode à l'autre,
les Chinois ont imaginé de réunir les lignes brifées avec les
lignesentières des deux koa kien & kouen de la
figure ir ,7?
pour en furmcr les deux autres koa, ki-ki & ouei-ki, de la.
figure 1 5 £ qui préfente leur échelle chromatique mi a
DES CHINOIS, Part.
fa, fa%, fol, foin. i*> l* (°u/ b ), ut, ut% re
re
Us comparentcette échelle à la manicre dont les deux prin-
cipes yn Szyang agiffent de concert, en le mêlant l'un avec
l'autre en montant & en defeendant depi is la onzième lune,
où fe trouve le folftice d'hiver, jufqu'à la cinquième, où cit.
le folftice d'été & depuiscelle-ci juf qu'au retour à la onzième
par où l'on avoit commencé à compter.
Je ne m'étendrai pas davantage fur la formation de ces deux
derniers hexagrammes. L'infoection de la heure fera allez
connoître enquoi
confifte leur combinaifon de celle des demi-
tons qui en réfukent.
ARTICLE N E U V I E M E.
CéxÉRATION DES Lu PAR LES LTCN ES DES HEXAGRAMMES
QUICOMPOSENT DOUZE KO A.
Y o c i la dernière & la plus compiette des générations
des fouspar
les koa. Nous avons vuque
leslignes
entières font
yang,oa
parfaites&
que les lignes briJcesfont
ynou impar-
faites quec'eft de la réunion du
parfaitavec
l'impartaitde
Xyangavec \yn que tout ce qui exiite reçoit fa manière d'être.
Uyan <?difenî les Chinois,
cherchetoujours
à lejoindre à
['yn tkréciprecT'en:ent L'yn veut le réunir
à yang. \Jy\mg ein
Tel prit gcnéraicar c'eft le kl vivifiant, qui de ia nature eft
;î;hr. L'y/2 cil: l'eiprit coopérateur le kl nournllant & pafiif
de ia nature. Le premier, donne le fécond reçoit. Quand
Yyanqa donné il fe repole quand \'yn
a reçu il a ion tour
pour agir. C'ell par cette alternative de mouvement & de
repos quetout
prendfon
exiftence fa modificationl'on
accroiilement &: la coniommation,
DE LA MUSIQUE
C'eft-ià en fubflance ce que repréfentent les douze koa de
la figure i j c. Chaque koa a foh nom propre le premier eil
appellé fou le Second lin le troiiîeme tay & ainfi de fuite “
félon les nombres qu'on trouve fur la figure même. C'eft des
licriles ces douze l' 1lignes entières & bïifées de ces douze koa que font engendrés
les douze lu de la manière que le repréfente la figure.
La .ligne entière du koa fou > n°. inommée le premier g 9
engendre le hoang-tchouns;, ou fa, fon fondamental.
Le ki de ce fon fondamental le porte jufqu'à tchoung-lu là il
cede fa place à joui-pin parce que c'eft à joui-pin que com-
mence Yyn-ki engendre par la ligne brifee ou premier 6 du
koa keou répondant à la cinquieme lune par où commence
une nouvelle génération.
La ligne enticre du koa fou ou premier koa, s'etant accrue
fucceiîivement jufqu'au koa kien ou fixieme koa, ne (auroit
aller plus loin. C'eil-là le terme du repos & le moment où le
principe yang ayant acquistoute lu
plénitudede fa
force,doit
diminuer dans le koa keou où commence leprincipe yn, qui
continue lagénération.
Ce koa keourépond
à lacinquième
lune, où fe trouve le folftice d'été. La première ligne brifée
commence ici & produit le lu joui- pin ouf. Cette ligne
brifée va en augmentant par degrés julqu'à la dixième lune,
où elle atteint à la plénitude de l'on eilence qui coniiiîe à for-
mer Fhexagramme kouen. Là les fix lignes brifées engendrent
ynv-idiQun°douzième lu qui répond à notre mi. Ce mi peut
parler au fa (au hoang-tchounpf) pourrecommencer la fuite
des demi-tons, oubien il peut
être fondamental lui-même pour
commencer un autre mode.
L'infpeftion de ia iigure fuppléera à tout ce que je pourrois
ajouterici.
DES CHINOIS, II. Part.
ARTICLE DIXIEME.
F 0 R M AT I O NDES L U PAU L ±. S X 0 M 23 R E S
JlL en es des nombres comme des autres êtres. Ils ont leur
yang;&
leur ync'ell-à-dire
les deuxprincipes,
leparfait
&
Y imparfait qui parleur union & leur mutuel
concours, proclui-
fent clansl'eipece
tout cequi peut
êtreproduit. Ainit
les
nombresimpairs Comyang,
ouparfaits;
les nombrespairs
lont
y/i ou imparfaits.C'eft de l'union des uns (les autres que
refaite la perfection en tout genre c'eft par la combinaison,
des uns avec les autresque la nature produit
les merveillesque
nous admirons & c'clt en les aflociant àpropos qu'on peur
t~ (jus > l~l »donner à la ilibiime feience des ions la vertu d'éclaireri'eiprit
des plus vives lumières,d'échauffer le
eccur, 1)en l'excitant à
l'amoiir du devoir, & de charmer l'oreille par la douceur de
la mélodie.
Il aplù
aux anciens Chinois, d'appclictles
nombres impairs 3
du nom de nombres ducidl, parce que
leciel eilyang;
& les
nombres Dairsdu nom de ;-o??:5res de Li
terre parce quela
terre eftyn &: par
uneanalogie naturelle ils
ont dit de mhne
que parl'accord du ciel 6' de la terre,
toutese.hojesfe compojeni
& fe dczompofent prennent leur j 'orme!e::r
accroifjcimnt &
Icurperfcaio:: i ,i:njî par uicombmaifon
f union 6' l'accord des
nombres pairs&
impairs qui les repréjententon
peut également
compojcr&
décompojerles
êtres,leur donner la
forme l'accroif-
Icmcnt 6'la perfection.
Onvoit par-là que lorfque
les Chinoisparlent
de la vertu cv
de la t ûuîe-puiilance des nombres, ce quiis en dilent n'eir
que dans un feus figuré, & qu'ilsne
prennent point à la lettre
DE LA M U S I Q U E
les exprefiions qu'ils emploient. Ce feroit leur faire injure, &
fe faire tort à ioi-même que de penfer qu'ils ont cru & qu'ilscroient encore que ici nombre, par exemple produit le feu,
tel autre le fon tel autre la terre &c. Pour le;, bien entendre
il faut tâcher de pénétrer leurs idées il faut fe faire à leur lan-
gage, fans il feroit ailé de ieur prêter des inepties
auxquelles ils n'ont jamais penfé & dont ils rougiroient fans
doute s'ils faiioient de cas de ceux qui les leur attribuc-
roient. le n'ai de pareil à craindre de la part de ceux; qui
liront en entier ce ils prouveront qu'ils font
entrés dans mes vues, en (aiiiilant Le vrai feus des expreffions
chinoifes,
Un } deux, trois & dit Tfo-kieott-ming dans fon
Tchov en renferment la doctrine la plus profonde ( hli ). Cette
( hh ) C'eft-là ie facré quater-
naire des Pythagoriciens. Auffi ce
partagemérite-t-il la plus grande
attention. Les nombres i, z,3,
4 renferment en abrégé les prin-
cipesfondamentaux du iyftêrne
muiical. J'ai traite de ce facré qua-
ternaire à l'article 7 de mon
Mémoire fur U Mu fiant des Anciens.
Je vais tranferire ici une partie du
paragraphe 69, page 38, pour
iérvir de développement au partage
&<t 'Tj'c-ki'-ou-niLii^« Ce facre quaternaire
confifte
» dans l'aggrégationdes quatre
y> nombres 1,2,3,4. On a dans
» ces nombres de n'u, lapro-
•» portion de l'octave de 2 à 3
» celle de la quinte; & de 3 à 4,
3» celle de la quarte. De pins, de1
» h 3 la douzième ( fondement
>i de la progrejïïon triple); de1
» A 4, ia double ottave,ce epu
?» entre i a } &. 2 4 indique
» a fiez viiiblement la progreiïïon
.v double, Sec. ».
Quoique le facréquaternaire ne
i oit connu, chez tous Les Auteurs
que fous le nom dePythagore j'ai
ofépréiumer,
à la note15 page
147 de mon Mémoire que Pytha-
gore n'etoitpas lui-même
YJ/ifri-
tnuurni de
cette méthode ni des
principes vraiment admirables aiLcIU
renferme; & l'on voit aujourd'hui
que c'en aux Chinois qu'on doit le
facréquaternaire. Au rciïc ce
qui m'a voit conduit i cette affer-
tion c'elt que dans le courant de
mon Mémoire n'ayant pu regar-der
Pythagore comme l'Auteur
foit dela progreflion triple, foit
des principes fondamentaux de la
Muiique je ne devois point lui
attribuer une méthode faite pour
présenter en raccourci pour ainij
dire & cerreprogreffiun & ces
principes. En effet, 1, elt le
dociri'is
D ES CHINOIS, Pan.
Tome VI. S
doctrine n'avou point échappéà nos Anciens, qui en fdijoieni 1
l'objet de leurs études & de leurs méditations (es plus profondes.
Je répète ici, car il 11, bon qu'on s'en [" que 7/o-Je répète ici car il eft bon qu'on s'en fouvienne que Tfo-
kieou-ming etoit contemporain de Confucius & par confé-
quent plus que Pythagore.
Un & rm font deux, dit encoreTfo-kieou-ming dans un
autre endroit de fon Tchouen un & deux font trois. Les
hommesvulpaires ne voient rien dans cet énoncé mais les Sa^es
[avant en tirer parti, quand ils calculent les lu &c.
L'unité félon la doctrine des Chinois eft leprincipe du
calcul & le commencement des nombres la dixaine cil le
terme où aboutit le calcul, & le complément des nombres.
Depuis 1 jufqu'à 10 c'eft la repréfentationdes deux principes
yn &yang dans l'état de la confuhon primitive. 1 3 5,7, <
9font les nombres
parfaits.Ces nombres
n'ayant pointla
dixaine, ont le principe & n'ont pas le terme ils ont le com-
mencement mais ils n'ont pas la (in. C'cil pourquoi ii cil: dit
dans YY-K7NG l'efprit vital cherche à produire Sec. 2,4,
6,85 10, font les nombresimparfaits.
Ces nombresn'ayant
point l'unité, ont le termemais ils n'ont
pasle
principeils
ont la fin mais ils n'ontpas
le commencement. C'eftpourquoi
il eft dit dans le même y-king l'efprit erre & cherche à s'unir
pour pouvoir agirfuivant fa. nature 6' acquérirl.i
perjeclion de
fon être. La figure \6 repréfente dans cette occahon, les deux
principes yang & yn comme non encore ieporés l'un de l'au-
tre, & dans leur état d'inaction. Les nombrespairs
&impairs
yfont également repréfentés comme non encore employés au
modèle le premier pas de la pro-
greffion double 1,2,4,8, &c. -9
&C 1 3 eft le modèle de la pro-
greffion triple, ,1,3,9,17, &c.
•celle-ci ytf/zg' ouen. nombres im-
pairs, & la première yn ou en
nombres pairs. Voyez le tableau
qui présente la formation du fyftc-
mc des Grecs par ces deux princi-pes, page 248 de mon Mémoire.
DE LA MUSIQUE
calcul. Les points blancs défignent leprincipe yang & les
nombres du ciel, ou impairsles points noirs défignent le prin-
cipe yn & les nombres de la terre, c'efi-à-dire, les nombres
pairs. Nous allons voir comment par la iéparation & la combi-
naifon de ces nombres on efl venu à bout de former les lu
ou les douze demi-tons de l'oétave.
C'ejî le ciel, & non pas l'homme difent les Chinois qui a
fait la féparation &la combinaifon des nombres pairs
& impairs
d'où refaite la formationdes Lu & c efl fur le corps du dragon-
cheval que. cette jéparadon cette combinaifon ont été montrées
à Fou-hi telle qu'on lavoit dans la figure HO-TOU. Voyez
la
figure 17 & ion explication.
La combinaifon des nombres pairs & impairs eft fi bierl
distribuée dans cette figure, qu'il femble qu'elle n'ait été faite
que pour repréienter le fyitêrne muiical. On y trouve en efîet
lescinq
tons & la mefure des tuyaux dont on les tire.
Les perits nombres, félon les expreilions chinoifes engen-
drent les grands. 1 2 3 4,5, font les nombres générateurs
6,7,8,9,10, font les nombres engendrés.
Ainlï 1 premier des nombres générateurs & 6 premier ï~
cies notnl~:es emge:zclrés, l, aus nord de l,~ fgure, 'A.'des nombres engendrés placés au nord de la figure à côté
l'un de l'autre font le fymbole de l'eau.Ils défignent le ton
yu, ou re qui eft rendu par un tuyau de 6 pouces.
1, le fécond des nombres générateurs, &7, le fécond
des nombres engendrés placés au midi de la figure à côté
l'un de l'autre, font le fymbole du feu. ils défignent le tché ou
ut (ii) qui eit rendu par untuyau
de la longueur de 7 pouces,
( ï ) On lit ici ch;r;s le manuferit
dcMBertin Us dîjiyicnt Ur-IEN-
TCI/É ( cifi notre S] ) qui cji ren-
du &c.
Le manuferit de la Bibliothèquedu Roi porte: Ils dcfignmt U
P1EN-TCHÈ ( Si ) q;ù efl ren-
du &c.
C'eft une faute d;ms le:; deux
exemplaires. J*;u cru devoir fubfti-
tuer ici Via au fi, & le tdic an
pien-tdiL Frank rement parce qu'il
DES S CHINOIS, Pan.
Si;
3 le troifieme des nombres générateurs, & 8 le troi-
fîeme des nombres engendrés, placés à l'orient de la figure,
à côté l'un de l'autre font le fymboledu bois. Ils
défignentle
kio ou la quieft rendu par un tuyau
de la longueur de huit
pouces.
4, le quatrièmedes nombres générateurs, & 9 le qua-
trieme des nombres engendrés placés à l'occident de la
figure à côté l'un de l'autre, font le fymbole du métal. Ils
défignent le chang ou fol qui eft rendu parun tuyau de la
longueur de neuf pouces.
5 lecinquième
& le dernier des nombres générateurs
& 10 lecinquieme & le dernier des nombres engendrés, font
le complément des nombres 5ils représentent leprincipe
uni-
verfel d'où dérivent toutes chofes & qui renferme éminem-
ment le germe de tout ce qui peut être produit. Ces deux nom-
bres font placés enfemble au centre de lafigure ils font le
fymbole de la terre & défignent le koung de hoang-tchoung >
ne s'agit toit dans cetteexplica-
tion, toit dans la figure 17 que
des cinq tons des Chinois comme
l'a annoncé le texte, maisqui font
pris ici en rétrogradant c'efi-à-
dire en commençant parle ion
le plus aigu yu, cché, kio chang
koung, ou, rc, lit la, fol, fa.En
fécond lieu, parce que les planches
des deux exemplaires foit celles
quifont ecrites en françois foit
celles qui font ecrites en chinois
portent très-exa&ement toutes les
quatre, dans leurs explications les
cinq tons cti cet ordre yu, tché
kio chang, koung; le yu ayant 6
pouces le tché 7 le kio 8 &c.
Si dans les deux textes on lit
yu, pien-tché, ou rejî, au lieu de
yu tcliê ou n ut c'( fl que leP. Amiot s'eil guidé par les pro-
portions que portent les deux
tuyaux qui doivent rendre ces
deux fons ie premier de G pieds 'Jo
comme on vient de ie voir, &
l'autre de 7. Or, lerapport de
6 à 7 répond plutôt une tierce
mineure à rc Jî qu'à un ton
rc ut. Mais on verra à ia note
fuivante que le nombre 7 eft un
nombre faftice qui ne répond pas
plus ïijl qu'à&
que ce nombre
précaire n'eu: placé icique pour
former uneproportion arithméti-
que entre 6 & 8 proportion abdir-
de en matière de corps fonores
qui ne fe mefurent que géométri-
quement.
D E L A M U S I Q U E
le ion fondamental, ou flr qui eft rendu p;:run tuyau de la
longueur de dix pouces (kk).
(Ak) On voit par ceîte explica-
tion que les cmq tons pris en
descendant rc m la /'•' répon-dent .u:\ nombres 6 7 o 0
10 qui marcliert p::rune pro'^rei-
fion antlimetique dnv.t l'excès
d'un nombre Air celuiqui le pré-
cède, cil toujours 1 esxès qui nel.iuroit donner une (cne d'inter-
valles imiiic;ui\" (juand riième le
jnemur ieroit jviile ce qui n'eii:
p.;s comme nous Talions voir.
De ces nombres les uns (ont
légitimes les autres (ont de pure
iantaiiie. Le 6, le S cv le 9 ont leur
principe da ri s 'la pro;j,i eilion triple.Le
0 qui répond au /< eil radi-
cal il (. il i-iii;c!:dré cle 3 ou r\-
repivii.ni>. par 6 qui en e!r l'oCta-
ve 5 eil engeridrc de 1 ou
rejM'êlenté par 8 triple octave
tle 1. O:i a donc la proereliioii 1
3,9, poiir les ions l.i n fol. En
iuivant ctlie pro^reilion on ;ui-
roit pour ut le nombre 27 &
pour/,? le nombre 81. Or, en
rapprochant ces nombres de ceux
du texte chinois un aura d'un
coté 137, moitié de 17 & 6 }
moitié de 1 3 } de 'l'autre on aura40 -J-, moitié de 81 io-\ moitié
de 40 -i-, & 1 o { moitié de 20 4-.
C/eil clone cet ut 6 -J- ck: ce fa 1 o j-
qu on a cru représenter par les
uoinbivs îaclices 7 &10 dans le
texte chinois. Mais ii les nombres
6 7 8, 9 10, repréiéntent di:^
poucescomme on l'a 11 dans ce
texte ck: fi de 6 à 7 un pouce de
plu., donne le ton /v ut comment
un pouce de plus de 7 à S ilon-
nera-t-il la tierce Li ? Ou bien,
fi tic 6 à 7 i)ii n la t'erce rc (1
comment de 7 à 8 yura-t-on la
féconde, le toi! J! l:i ? On voit par-
làque quelque parti que
Ton
prenne, le nombre 7 1 ft abiurde.
Jl en elt de môme du nombre 10;
car ii l'on a un ton de c à 9 l.tj.il,
comment la proportion de 9 à IQ
donnera-r-elle le même intervalle,
le même ton de fol à fi? Cette
obfervation ieroit plus que (uffi-
i'ante pour les Chinois mais com-
me les Européens ont un ton de 9
à îo, outre le ton muiical de 8à
9 je nie vois forcé d'allonge:" cette
note. Voici donc nies valions.
1 °. Le raifonnement que ]C viens
de l'aire ne doit pas être jugé parr
rerreur mais p:'r des principes.
2°. Le ton tle 9 à 10, les Européens
l\ippe!iei:t ri;ci:r, &C ils lTCOniiOlf-
ient qu'il n'elî pas le mémo que
l'ancien ton des lîrecs le ton de
S à q qu'ils appellent nui/ciir. Or .>
un ton moindre un ton ar:-peiL-
munur, prouve par l'erreur même
où veulent être lesEuropéens que
laproportion
de9
à 10n'eit pas
la même que celle de 8 à 9 ce quifuffit
pour faire voirque dans le
texte chinoisquiaoccalionné cette
note, le nombre 10 eu ablurde
puisque les Chinois cuoicm'ils
aient suffi leurs erreurs n'ont p,is
.néanmoins celle d'un tonrenvei
tronqué, quenous
appelions plus
honnêtement mineur. On pourroit
voir ce que j'a.i dit dans nion Mi-
DES CHINOIS, /.•
Les nombrespairs
&impairs yn tkyan» placés
comme
ils le font dans la figure ho- ton déliguent l'accord parfait qui
repue clans lu nature j en même rems qu'ils nous donnent celuircgnc dans la nature) eu m(~l1le rems cr3.i'iIs nous cunl1cm cciui
quirefaite des lu
pourla formation des tons.
9& 10 font
le fondement fur lequeltout appuie le p -iucipe & la fin de
tous les calculs.
Les grains de chou ou gros millet, mis en travers & fe
touchant l'un l'autre par l'endroit d'où fort le germe cU(igne;-t ~c
Vrff & l'rANG en conjonction. C'eir. pourquoi la longueur du
hoançr-tchounir c'eft-à-dire du tuyau qui donne le ion fonda-
mental eit 8i produit de cette conjonction par le nombre 9
car9 muîtiplié par 9
donne 81. a
Ces mêmesgrains
dechou placés
il côté l'un del'autre
ayantla
pointeen haut ou en
bas, déjigneml'rx 6' l yaxg
ayant mis le complémentà leur ouvrage qui je trouve pj.r-Li
<~w [' ¡ ~t,o/z. C' j' pourquoi taloupucur dudans fort état de perfection. C'eil pourquoi la
longueur du
hoang-tchoungétant la même que î'eipace qu'occupent les
orains ainli rangés c'eft-à-dire, étant del cent lignes, cettegramsaini~rariges,c'eit-a-dirc, étant de cent lignes, cetta
longueur efî; cenfée dans fon eau de perfection car o iiiulri-
pliés par !0donnent 100.
Les calculateurs peuvent choiMr à volonté l'une ou l'autre deLes ca cu atcnrs peuvent choirir à vo onte une ou ['autre de
ces «deux manières ils arriveront au même terme parce eue
moire, fier la jSluÇque des Anciens
aux notes 24, 28 35 pag. 144
158, 197 & ailkuis touchant
l'intervalle appelle ton ïjns que
je m arrête ici à prouver tjuii ay
a [tas en niufiqiie deux: ior'.es de
tons tout di; mûuie tiu jÏ n'y vl pastleux iorres de quintes ckax ioi-
ï^:> de quartes qui jinuFeiit ics pro-
duire. Le im ov.X iht ies Grecs
ifl /:txch < la quinte fur la quarte.
Or ? ciéc'z difi'éreraes fortes dç
quintes ou ditTcrc-nres forte1, de
quartes, xowi r.iiivz autant d'eipe-ces de tons que vous voudrez, ou
bien, raccourcifiez un pied, de
i'épauTeur du petit doigt, diviiez-
le e;: douze, vou, aurez avec les S
pouces que nous connoiiToub des
pouees niAiturs des pouces >
murs & cela ne iera j)-b phib
ai)iurde que notre du-inue (ni" leton,
DE LA MUSIQUE
la longueur réelle du hoang-tckoungclr toujours iuppoiee la
même foitqu'on
la divife en 81 parties ou en 100, & que
les longueurs des autres lugardent entr'elles les proportions
qu'elles doivent avoir relativement au lu générateur.
Les Lettrés ordinaires dit Tfai-yu n'entendant rien à cette
doctrine ont fait dire aux Anciens bien des chojes auxquelles
ils nom jamais penfé. Cependant toutes leurs méthodes pour
le calcul des lu peuventfe réduire à quatre principales.
Lapremière confifle à donner au hoang-ichoung 9 pouces
delongueur,
le pouce compoféde 9 lignes, & à faire ufage
de la progreflion triple. Le hoang-tchoungaura alors 81 lignes.
La féconde confifte à lui donner 8 pouces, plus une ligne,
le pouce étant compoféde 10 lignes,
le hoang-tchoung aura
alors 81 de ceslignes.
La troifîeme à lui donner 1 o pouces compofésde io
lignes. Le hoang-tchoung aura alors 100 lignes.
Enfin, la quatrièmen'a eu lieu
quedans la baffe antiquité
c'eft-à-dire du rems des Han. On donnoit auhoang-tchoung 9
poucesde
longueurle pouce étant compofé de 10 lignes. Le
.hoang-tchoung avoit aind 90 de ces lignes.
Nous allons voir à l'article luivant les méthodesparticu-
lieres dont fe fervoient les anciens Chinois pour obtenir par
les nombres, tous les fons qui divifent l'octave.
ARTICLE ONZIEME.
Formation des Lu par les nombres à la manière des anciens
Chinois depuis Hoang-ty jufqu'aux Han.
JLj A méthode d'opérer fur les fons, par laquelleon
fuppofe
la longueur du hoang-idwun^ de 81 parties, félon ce que j'en
DES CHINOIS, IL Part.
ai dit à l'article précédenteft fans contredit la plus ancienne
de toutes, puifqr.ec'eft celle qui a été employée la première
fous le l '[Tous les raréfient,fous le règne de Hoang-ty.Tous les monumens l'atteftenr. &
perfonneà la Chine ne l'a encore révoqué en doute.
Le fameux ïloai-nan-tfec cet iiluftre Prince qui avoit
fait de fon Palais une académie de Savans, prétend c[uc
tout l'artifice de la méthode des Anciens confiftoit àdiftinguer
dans le corpsfonore deux fortes de
générationsl'une en.
defeendantc'eft celle que nous appellons la quinte l'autre en
montant c'eft la quarte de la quinte déjà produite {II).
Pour avoir en nombres i'expreflionde la
quinteil faut dit
Hoai-nan-tfee multiplierla longueur du corps fonore égal à
Si par 500 on obtient 40500. On divife ce produit par
749, & l'on a pour quotient 54 qui eft le nombre de lin-
tclwuno. Voilà pourla génération defeendante. Ce
corps ionore
évalué à Si eft notre fa & leiin-ichoung répond à notre ut
c'eft donc fa 8 1 ut 5 4.
Pour avoir I'expreflion numérique du tay-tfou qui eft la
quarte de im-tchoung c'eft-à-dire pouravoir
I'exprefliondu
fol, quarte au-deflbus à! ut on multiplie par icco le u:i-
tchoung 54, ou ut. Le produit de cette multiplication eft
^4000 qu'il faut divifer par 749 le quotient fera pour t.v-
(//) La quintedont parle ici le
F. Amiot, fe prend en montant,
& la quarte le prend en defeen-
dant. J'ai dé|a fait obferver à la
note { page 112. que Texprellion
Ciiinoife, en defandant eft pour
r.ous une marche montante de
même que leur cxpreiîion, en mon-
tant s'applique chez nom à des
ions quidelcendent. C'eft pour
préveniren quelque manière le
Leireur cet égard que j'ai fan
mettre en ciirafteres italiques ces
fortes d'expreiTions lcrfqu'elles fe
rencontrent dans le texte il n'y
aura qu'à y faire attention. On doit
fe fouvenir que le P. Amior a
averti iouvent que pour bien en-
tendre ion Mémoire, il tklloit ie
faire aux idées des Chinoii. En
effet, lorfqu'il s'agit iuv-ro.i: de
pafiages d'Auteurs chinois ce
ieroit les dénaturer que de vou-
loir traduire en idcCb Européenne;.celles des Chiner,
DE LA MUSIQUE
OUli
/fou ou fol 72. Il n'en pas néccilaire d'avertir ici quon
néglige les fraftions. On n'a qu'à fuivrc cette méthode pour
avoir tous les autres tons (mm). Voyez la figure 9, adans
laquelle ona marqué,
fous chaque lu ton expreillonnuméri-
que, & au-deffous du nombre qui la repréfente le produit
qui doit être divifé par 749.Ce divifeur n'eft
pas marqué
parce qu'il cil; toujours le même. Je me difpenfede
plus amples
explications parce que je fuppofe que cette partiede mon
Mémoire ne fera lue que parceux qui entendent ces matieres.
Une méthode encore plus (impie eft celle qui fuppofe le
koang-tcfioungdivifé en 9 parties appeliées pouces,
à la
manière des Anciens. Ainfi le koung dehoang-tchoung ou fa,
étant fuppofe 9 on double ce nombre & on divifé leproduit
par 3. Or le double de 9 eft 18 18 divifé par 3 donne 6
c'efr. donc 6qui
fera l'expreflion numériquede lln-tchoiuig ou
ut. Voilà pourla génération défendante c'eft-à-dire
de la
quinte. Quant a la génération montante c'eft-à-dire de la
quarteon quadruple
le nombre de lin-tchoung, ou ut, qui eft
6 le produitde ce nombre eft 24. On divifé ce produit par
3^0: l'on apour quotient 8 qui
feral'expreflion numérique
du tay-tfouou fol. On procède
de la même manière pour
avoir la valeur des autres ions. Voyez lafigure 9
b. En lifant
les nombres de cette figureil faut fubftituer 9 à 1 6V aller
de fuite.
Cette même méthode a lieu, enfuppofant
lehoang-tchoung
(7/Z/72)Mais ces tons en négli-
geant les fractionsferont-ils
juftes ?
On a déjà vu à la note y, page 1 io,
ce qu'on doit penfer durcfultat de
cette méthode donné par Hoai-
n.m-rj'ii à l'a rude 5 Voyez page
119). Comme la figure 9, <z, expofe
ce même rclultat, je n'en dirai pas
davantage icila dii'çufiion de cet
objet important feroit trop longue.Je me propofe d'examiner en par-ticulier les proportions que pré-fente cette figure, afin de {"avoir
ce qu'on doit penfer de la méthode
denégliger ies fractions.
Voyezla
première Oblervation à la iln du
Mémoire,
DE S CHINOIS, Paru
Tome VLd a T
on fa, egal à i & l'on opere alors fur les fra&ions de la
même manière que l'on a opéré fur les nombres entiers. Les
anciens Chinois n'en ont pas fait ufage. Ils ont fuppofé que t
valoit 10 ils doubloient ceio, & en divifoient le produit par
5 en cette maniere 2 fois ic font 20 20 Jiyifé par 3 donne
6~. On négligeoit la fra£Kon, & fon s'en tenoit au nombre
entier 6 qui etoit la valeur numérique du lin tchoung
ou ut. On quadruploit cette valeur du lin-tchoung c'elt-à-
dire, 6, & l'on avoit 24 ce produit étant divifé par 3 don-
noit 8 valeur du taj-tfou, ou fol. On opéroit de même pour
obtenir la valeur des autres lu {nn ). Voyez la figure 9 b, pour
tordre des lu ainii engendrés l'un de l'autre,
( nn) Si l'on veut pouffer plusloin cette opération en partantde tay-cfou ou fol évalué à 8 il
faut doubler ce 8 & on aura 1 6
on prendra enfuite le tiers de 16
ou comme dit le texte on divifera
1 6 par 3 onaura 5 }
& en négli-
geantla fraction réitéra 5 pour
la valeur de nan-lu ou re quinteau-deffus de fol. Pour avoir la
quarte au-deffous de re c'efl-à-
dire, la, il fautquadrupler 5
on
aura 10; divifez 2.0 par 3 vous
aurez 6f négligez la fraûion,refte 6 pour la valeur de kou-fiou la. Il réiulte donc de cette mé-
thode, fans aller plus loin quantà préfent que le fon fondamental
faétant
10, comme on l'a vu dans
le texte ià quinte au-deffus ou
ut eft 6 que la quarte au-deffous
de cet ut eu fol 8 que laquinte
de ce fol, cft rc 5 &que la quarte
au-deffousde re 5 eft la 6 ce qui
donne la férie de quintes & de
quartes alternatives ,/« ut fol rc la.
portant les nombres fuivans
10. 6. 8. 5. 6.
fa ut fol rc la.
Il eft ailé de voir queVus étant
6 fa tierce au deffous 'La, ne fau-
roit être exprimée p:r le même
nombre 6 que fi étant 1 o ia
fixte au-deiTus n ne peut être
reprélentée par 5 puifque 10 ck 5
font 1'ex'prelîion de l'octave. Mai.
fi l'on ccntiiiue la même opéra-
tion, on trouvera mi 4 qui don-
ne, pour fa quarte au-deffous,
fi 5 | c'eft-i-dire 5 puifque les
fraftions font nulles dans cette
méthode. Or on a vu plus haut le
re h 5 donc le Ji ne fauroit être
également 5 ce qui doit fuffire
pour s'appercevoir que l'idée de
négliger les fraûions, tant pour
cette méthode que pour toute au-
tre, eft bien plutôt chez les Chi-
nois, une erreur des modernes “que le procédé des Anciens plutôtun vice qu'une règle.
DE LA MUSIQUE
Le Chc'-ki deSee-ma-tjîcn
& l'ancien Lu-chou ou Livre
ïur la Muhque font mention encore de deux autres méthodes,
qui etoient enufage du tems des Tcheou Si long-cemsavant
eux.
Par la prensiere de ces méthodes on fuppofoitla valeur da
hoang-tchoung ou/à, égale à ioj on multiplioitcette valeur
par 50, & l'on en divilbit le produit par 75. Ainfi hoang-
tchoung 10, multiplié par 50, donne 500; ce nombre divifé
par 75 donne6~.
Onnégligeait
la fra&ion & l'on s'en
tenoit au nombre entier 6 qui etoit la valeur du lui-tchoung :J
ou ut quinte du hoang-tchoung, fa.Pour avoir la valeur du
tay-tfou ou fol quarteau-deflous cYut on
quadruploitla
valeur dulin-tchoung
ou ut 6; ainfi quatre fois 6 donnent 24 j
14 divifé par 3 donne 8 qui efl la valeur du tay-tfou ou fol s.
& ainft des autres en les prenant alternativement par quin-
tes & par quartes.
La feconde de ces méthodes confiftoit à multiplier la valeur
dulin-tchotmg par ioo; & à divifer le produit par 75. Or,
lïn-tchoung 6 multiplié par too, donne 600 ce nombre
divifé par 75 eft égal à 8 ^-°, valeur du tay-tfou ou foL
Quant à la méthodequi fuppofe
le hoang-ichouno de c> pou-
ces, compofés de 10lignes
elle ne vaut pas la peine qu'on en
parle ici. Elle eft de l'invention de Pan-kou & de Lieou-hlng
mais tous ceux qui ont travaillé fur les lu, d'après les Anciens,
la rejettent comme fautive. Ces deux Auteurs n'ont pasfait
attention qu'en compofant lepouce
de 1 o lignesil ne falloir
pas alors multiplier par 9, mais par 10. Ainfi tout leur travail
n'a produit que des --erreurs dit le Prince Tfai-yu.
Je pourrois m'etendredavantage
fur la manière d'opérer
des Anciens; mais puifque tout ie réduit aux méthodes que je
viensd'expofer je vais donner le réfultat des
opérationsde?
Modernes.
DES CHINOIS, Part,
Tij
ARTICLE DOUZIEME.
Dimenfionsdes Lu calculés plus ngou cufement par les
Chinois modernes.
\_} N a vu au commencement. de cette féconde Partie
quellesetoient les opérations faites par les Chinois de la plus
haute antiquité, pour obtenir la divifion de i'o&ave en douze
demi-tons qu'ils ont appelles lu. comment à i'occafion de ces
lu ils avoient inventé les mefures de divers genres & com-
ment enfuite ils s'etoient fervi de ces mêmes mefures pour
connoître & ramener à un point fixe toutes les dimensions de
chacun des douze lu. J'ai expofé leurs différentes méthodes,
& j'ai fait connoître ce que les Chinois avoient de propre 6c
d'uniquementà eux dans la manière de traiter les différentes
partiesdu fyftême
mufical. Il leroit fuperflu d'entrer ici dan;
le détail des opérations géométriques, des calculs pénibles dont
ilsfe font occupés, pourobtenir plus exactement les dimenfions
déjà fixées parles Anciens.
Si les Chinois ont cherché laquadrature-du cercle s'ils ont
travaillé à trouver des méthodes pour laduplication
du cube
les Grecs en ont fait autant. Mais ce que quelques Philosophes
Grecs n'ont fait peut-être que pour remplir un loùlr qui leur
etoit à charge ou pour fatisfaire une curiofité ftérile les Phi-
lofophes Chinois l'ont fait dans des vues d'utilité pour la per-
fection de celle de leurs fciences, qu'ils regardent comme la
clef de toutes les autres. S'ils ont cherché la quadrature du
cercle c'eft pour trouver lerapport exact du diametre à la
circonférence, afin de pouvoir déterminer avec prccihon l'aire
de chaque lu. S'ils ont travaillé à la duplicationdu cube c'eft
DE LA MUSIQUE
pour pouvoir mefurer exactement le i'olide d'un lu quelconque, 'J
afîignerun fécond folide parfaitement fcmblable à ce pre-
mier, & parveniraintt à une connoiffance fùre de la jufteffe
du ton.
Comme tout le travail des Chinois à l'égard de ces deux
objets, n'a abouti qu'à des approximations, & qu'ils ne fe
font livrés à ce travail que depuis un ou deux liccles avant l'ère
chrétienne, je crois pouvoir me dilpenler d'en faire ici l'ex-
pofé. Je dis, au rclte depuis un ou deux fïecles avant l'ère
chrétienne parce que tout ce qui m'a paffé par tes mains, en
fait de géométrie& en matière de calcul pour la
quadrature
du cercle & la duplicationdu cube, relativement à la Mufi-
que ne m'apas paru
remonterplus
hautque
les Han. Du
moins jen'ai vu aucun monument
authentique quim'atteftât
le contraire. Les Chinois cependantne penfent pas de même-,
ils font perluadés que ce que fit Lyng-lun fousHoang-ty 9
plus de 2.637 ans avant l'ère- chrétienne etoit bien autrement
exactque
tout ce qui s'eil fait fous les Han. Ilspenfent que
ce qu'avoittait
Tchcou-koungdu tems de
Ouen-ouang,c'ei\-
à-dire plusde j 1 22. ans avant Jeius-Chriit que ce qu'avoit
fait Lin^-tchecu-kLcou du teins de Confucius qu'en un mot,
tout ce qu'ontfait tant d'autres grands hommes fous les trois
dynafties qui ont précédé celle des Han etoit marqué à un
coin de précihon & d'exaôitucîe bien au-defTus de tout ce qui
aparu après
eux. Mais la faulx du tems, difent-ils, a moiflbnné
laplupart
des productions du génie des Anciens. Il ne nous en
refte que quelques fragmens par lefquelsnous
pouvons juger
de cequi
nousmanque.
Je vais donner le{impie réfukat des opérations des Moder-
nes, touchant les dimenfions de chacun des douze lu. Ce
réi'u'itat eft le fruit du travail de l'illuilre Prince Tfai-yu dont
j'?,i parlé il fouvem dans ce Mémoire. Les ligures io_, Ï9 &
DES CHINOIS, Part.
20 préfententce réfultat. J'ai ajoute à
la figure i S les tons
Chinois, fous les luauxquels
ilsrépondent ,&; les fyllabes
Européennes fa ,jbl, la, &c. par lesquelles j'ai traduit les
tons chinois dans le courant de cetOuvrage. On pourra
Toir ainfi d'un coup d'œil fi les tons s'av cordent avec les
nombres.
Tout le calcul de Tfal-yu cil fondé fur la fuppofmon que
le pied qui donne la longueur duhoang-tchoung ou fa cil
divifé en dixpouces
le pouce en dixlignes les
lignes en dix
autres parties & ainfi de fuite.
Quant aux deux autres figures, les détails qui les concer-
nent font fur les planches mêmes pour plus de commodité.
ARTICLE TREIZIEME.
Manière d e p r o u y e ji l £ s Lu,
J. OUR éprouverla jufteffe des lu les Chinois ont inventé
un infiniment qui réunit, félon eux, la perfeâlion du kin a
celle du ché ils l'appellent lu-tckunil
eil plus grand que le
kin & plus petit que le ché. Sa conftruttion eft toute mvfté-
rieufe il eft en petit l'image de tout ce que reprefente la Mu(î-
que elle-même. On peutle rappeller ce que j'ai dit du kiu &
du chê à l'article 6 de lapremière Partie, &
l'appliquer au
lu-tchun. Ainfi iaiflant à part tout ce que cet inihument a de
myftérieux & de fy mbolique je pafle à ce qu'il a d'efientici
par rapport aux lu, dont il doit éprouver & conilater, pour
ainfi dire la juilefTe,Les Anciens avoient fait deux fortes de lu-tchur. la premiers
forte etoit de la forme du chë & la féconde reffembloit au
kïn. Les lu-tchun faits comme le ché., etoientlongs
de dix
DE LA MUSIQUE
piedsles autres n'avoient que fix à fept pieds. Le nombre de
cordes, pour les uns & les autres, etoit indifféremment de
d onze ou de treize. Cet infiniment etoit très en ufage du tems
des Han.
Parmi les Auteurs qui ont parlé du lu-tchun on en compte
quatre principaux.Le premier efl Lïng-tcheou-kleou qui vivoit
fous les Tckeou environ 500 ans avant l'ère chrétienne. Le
fécond efl Kuig-fangil vivoit fous les premiers Han, vers le
commencement de notre ère. Le troifieme eft Tchen-tchoung-
jou il a écrit du tems des Ouci poftérieurs c'eft-à-dire un
peu piusde deux fiecles après Jefus-Chrift. Enfin le quatrieme
nommé Ouang-poua écrit fous la petite dynaftie des Tcheou
vers l'an 560 de notre ère. Je ne parle que de ces quatre
Auteurs parce qu'ils ont vécu en différens fiecles & qu'ils
jouiffent dans leur pays d'une eftime plus univerfelle.
Il s'en faut bien cependant que ces Auteurs aient traité du
Iu-tchun avec l'exactitude reqnife pour un pareil fujet. Ils ont
cru qu'il fuffifoit pour la pratique de donner des à-peu-pres
fans faire attention que ces à-peu-près devenoient des erreurs
énormes quand on les ramenoit au calcul.
Le Prince Tfai-yu qui a travaillé avec plus de méthode
quetous ces Auteurs & qui avoit les fecours néceffaires pour
le faire avec plus de fuccès; ce Prince, dis-je après avoir
dépouillétous les Livres tant anciens que modernes qui ont
parlédu lu-tchuii, conclut que cet inflrument pour être exact
& conforme en tout aux vues de ton Inventeur, devoit être
tel quecelui qu'il
s'en1 donné la peine de conirruire lui-même.
Ii eft repréfentéa la figure zi. En voici une courte
defcription
tirée de l'Ouvrage même de Tfai-yu.
Pour avoir un bon lu-tchun dit cet ilkiftre & favant Auteur,
oc pour quece lu-tchun ait toutes les qualités qu'exigeoient les
,• ciens pour repréfenter la perfectionde leur
Mufique, il faut
DES CHINOIS, Par,.
employer le bois appelle loung-mou. On donnera a ce bois une
forme oui tienne un milieu entre celle du kin H< cuic du die.
Car le lu-tchun, fans être exactement ni cornaisï-m nié'~ir le Il-lC Utll, être exaccement Jl1 cÙm:11'::"[;1) nI
comme l'autre de ces inftrumens doitcependant reiTembler
en quelquechofe à tous les deux. Il faut qu" 1 foit
également:
large par-tout qu'ilait deux ouvertures, faites en rond fur ia
partiede derrière & une couche de vernis noir fur fa partie
de devant. Ses dimenfions doivent être fixées au moyen du
pieddes Hia.
La longueur totale de TinUrument doit être de 5 pouces
nombre completdu ciel & de la terre & fa longueur d'un
chevalet à l'autre c'eft-à-dire lalongueur
ducorps fonore
doit être de 50 pouces,nombre de la
grande expanfion.
Lalargeur
tant au haut qu'au bas de l'inflrument doit être
de 8 poucesnombre qui repréiente les 8 aires de vent & fon
epaifieur, c'eft-à-dire fa hauteur depuis fa furfacefupérieure,
jufqu'à fa furface inférieure doit être d'un pouce & demi.
Le rebord ce ( figure 21 ) de l'extrémité de la partie fupé-
ïieure doit être de pouces pour repréfenter les trois lunai-
fons dont chaquelaiton de l'année eit compofée.
Il doit avoir 12cordes pour former les douze lu, fk ti 2.
points de divifion, fervant à l'accord de l'inflrument ce nom-
bre de 1 2 repréfenteles douze lunaiions de l'année commune.
Le chevalet ff, quieft à la partie fupérieure de l'inllrument
doit avoir 6 lignesde hauteur, & celui d'en bas
go- }{\\ dixiè-
mes de ligne pour repréfenterles ûx heures
que les Chinois
comptentde minuit à midi Se depuis midi jufqu'à l'autre
minuit ( on fait que nos 24 heures ne font que 12 heures chi-
aoifes ). La largeur de l'un & l'autre chevalet doit erre de 5
lignes & la longueur de 8 pouces, Ces divers nombres de 5
de 6 & de 8 qui répondent aux différentes mefure.s délirent
les 5 tonsPles 6 yang-lu ( appelles fimplement lu ) «Se les S foiv-,
DE LA MUSIQUE
Le diamètre des deux ouvertures, ou trous a ù, doit être
de 3 pouces. La diftance depuis le centre du trou a jufqu'5.l'extrémité du rebord de la partie fupérieure ee doit être d'un
pied & depuisle centre du trou b jufqu'à l'extrémité de la
partie inférieure la dnlance ne doit être que de 5 pouces. Ces
nombres 3 5 & 1 font le fymbole du tout, concentré dans
l'unité*
L'epaiffeurdu bois doit être par-tout de 4 lignes pour
repréfenter les quatre faifons. Les tuyaux qui donnent les douze
vrais lu ou lu moyens doivent être mis en dépôt dans le
corps de l'inftrument en les faifant entrer par les ouvertures
a ,,b & cela pour défigner que le lu-tchim eft un abrégé ou
contient en abrégé toute la Mullque.
Les chevilles dd font pour arrêter fixement les cordes,
ou'on tend Se détend au moyen des chevilles c. Ces cordes
doivent être comme celles du kin. Il faut choifir les meilleures,
& en prendredeux affortimens. La premiere, qui donne le
hoanv-tchoung oiifa,& celle du milieu font uniques tou-
tes les autres doivent être doubles, pour fortifier le ion.
Les divifions feront d'autantplus juftes que
lespoints qui
Les indiquent feront plus -fins; chaque divifion défigne un lu.
Ainfi la premiere, c'efl-à-dire, celle qui partage la corde en
deux parties égales eit l'octave du hoang-tchoung la Seconde
eft yng-tchoung ou mi la troifieme ou-y c'efl-à-dire re^
& ainfi des autres jufqu'à la divifion d'en bas, après laquelle
eft le hoang-tchoung grave donné par la longueur totale de la
corde. Voilà pour l'ordre rétrograde. En fuivant l'ordre natu-
rel, on compte pour premiere divifion celle qui eft la plus près
de l'extrémité de rinftrument alors la premiere division répond
au td-lu ou fa la feconde a taï-ifou ou fol 8cc jufqu'à n
la douzième quieft l'oclave du
hof.ng-iclioung.
Lorfqu'on veut accorder le lu-içh.un on retire les tuyaux
des
DES CHINOIS, Part,
Tome VL
·
Y
deshi, mis en dépôtdans le corps de l'inilniment on fait
fonner celui du hoang-tchoung,& l'on met la premiere corde
à l'uniffon. On peut,fi l'on veut, accorder les autres cordes
en prenant le ton des tuyaux de leurs lu correfpondans mais
la véritable manière (o o) efl une de celles qui (lavent.
La premiere corde, mife exactement au ton du premier
tuyau des lu donne le hoan.g-tchoung dont Focl-ave eft à la
premiere diviilon.
La féconde corde doit donner le ta-lu. Pour s'afïurer que ce
ta-lit eft jufte il faut mettre le doigt fur li féconde diviilon “
& pincer la corde. Si le tonqu'elle
rend alors cil à l'unifTon
du koang-tchoung toute fa longueurdonnera le véritable ta-lu.
La troilleme corde doit donner le tay-tfou.Si en la
parta-
geant au point de la troillemediviiion elle eft à l'unilîon du
hoang-tchoung toute fa longueur donnerale véritable
tay-tjou.
Il en eft ainfi des autres cordes la quatrième la cinquième
la fixieme &c., qui partagéesà la quatrième la cinquieme
la fixieme divifion &c., feront bien accordées fi elles (ont à
i'unifîon du hoançr-tchounsr.
(00) Le P. Amiot a raifon de
s'exprimer ainfi car la manière de
retirer les tuyaux du corps de l'ini-
trument, les taire ionner, & met-
tre chaque corde au ton du tuyau
qui luicorrefponcl eft bien plutôt
la manière d'éprouver le lu-tchun
lui-même que celle d'éprouverau contraire les lu fur le lu-tchun.
Mais dès qu'on a des tuyaux bien
d'accord, ne feroit-il pas plus iim-
ple de comparer à ce modèle à
cette forte d'original tout autre
tuyau tout autre infiniment en
un mot, tout ce qui doit donner
les lu que de parler par la céré-
monie du lu-tchun fi, comme on
vient de le voir, iln'eft que la
copie des intonations que préien-tent les tuyaux
iur lefquels on
l'accorde ?f
Cequ'on auroit eu à délirer ici
à l'égard de cet infiniment ce
feroit de lavoir quelle eft la jufreproportion que gardent entr'elles
les di vivions mr.rqué-es par des
points. On pourroit alors le regar-
der comme un modelé de demi-
tons tunpcris propres à être trani-
portés iur nos înitrumeiis à tou-
ches, c'elt-à-dire, ceux qui n'ont
qu'une feule touche pour deux ions
différens,
DÉ LA MUSIQUE
Pour épargner auLcftcur la peine d'avoir fans ceffe les
yeux fixes fur la figure qui repréfente les & leur correfpon-
dance avec nos tons je vaisexpliquer à notre manière cette
premiere méthode d'accorder le lu-tckun.
Lapremiere corde ou fa partagée en
deux parties égales
c'eit-à-dirc au point qui marque la première divihon donne
(on oâave fa.
La féconde corde fa^, partagéeau point de ia féconde
clivihon doit être à l'unifion de la première corde ,fa.
La troiheme corde, fol, partagéeau point de la troifîeme
diviiion doit être à l'uniffon de la première corde fi.
Laquatrième corde, fol% partagée au point
de la
quatrième divihon doit être à l'uniflon de la première cor-
de,/fl.
La cinquieme corde, la partagée au point de la cinquieme
divihon doit être à l'uniiTon de la première corde ,fa & ainil
des autres cordes, jufqu'àla douzième, lefquelles partagées
chacune à leur divifîoncorreipondante
doivent être à l'uniflon
de lapremiere
cordefa.
O.icomprend
allez cette métho-
de donton
petitte fervir aufîi
pourvérifier la juflede des
dhiiîons.
La féconde méthode confifle à accorder les cordes qui don-
nent les fons fondamentaux avec cellesqui
doivent donner
leursharmoniques ou, pour rn'exprimer comme
lesChinois s
cette méthode confifte à accorder les fons fondamentaux avec
les fons qu'ils engendrent par V intervalle de huit en défen-
dant & par l'iczrervalled~~-jr~c
erz Voici cette
méthode.
La premiere corde, hoanp;-ichoung fa & la huitième corde
lin-tckoungou ut, doivent être d'accord; ck lin-tchouns ut,
doit s'accorder avectay-tfou fol, parce que /ioap.p;-ichoun<{ y
fa. } engendre,en
defeendant parl'intervalle de huit.,
Un-
DES CHINOIS, Pau.
V ij
tchoungr^ut ,8>tcF\e Hn-tchoungi ut, engendre, en montant,
par l'intervalle de iïx, tay-tfou ,fol (pp ).
La troifieme corde tay-tfou fol, doit s'accorder avec la
dixième corde nan-lu re & nan-lu re doit s'accorder avec
kou-fi la, par la même raifon que ci-deffus.
La cinquièmecorde
kou-fi, la, doit s'accorder avec la dou-
zième corde yng-tchoung mi & la douzième corde yn%-
ichoung mi, doit s'accorder avec la feptieme corde joui-
pin, fi.
L
Lafeptieme
corde joui-pin, fi, doit s'accorder avec la
féconde corde ta-lu ,fa ^-f & la féconde corde ta-lu j.i 3€ ?y
doit s'accorder avec ia neuvième corde y-tfé ut
La neuvième cordey-tfè
utdoit
s'accorder avec la
quatrième corde kic-tchoung foi ,• & la quarrieme corde
kia-tchoung fol%. doit s'accorder avec onzième corde
°u-y 7 rc M-
La onzième cordeou-y
re doit s'accorder avec la
iîxicme cordeichowng-lu, la^j Scia dixième corde tclcozcnJ-i.c
la^doit s'accorder avec la
premièrecorde
ho.vig-tchoun^,
~à(%;).
(PP ) C'eft-à-dire quela
pre-
mière corde étant ja la huitième
corde, ou ut devra former la
quinteavec ce j-.i & la quarte
avec fol. Quant aux cordes iuivan-
tes, le texte qu'on va lire le reduit
à ceque rc ionne la
quinte avec
fol. Si la quarte avec ta; que mi
ionne la quinte avec Li & la
quarte avec fi & ainii de fuite
pour V:s ions qui relient, formant
avec les precédens laicrie alterna-
tivede quintes &
dequartes
fa ut fil rc l.i mi fi fa ut, fol #*
( 1 '1 ) Cvefl-à-dire a\"ec hoansr
ichcun™ Ou ;\i pris ici pour rm-
d'ufi quarteau-deffous de lu-
la' doit lonner la quarte. On \o:i
par-là Que le lu-:chim du Prince
IJai-yu nVir qu u;i i!io\"cn niccha-
n.ique pour obtenir des quintes &
des quartes tc/nnJrJcs c'eil-à-dir;3
des quintes & desquartes hors des
proportions que donne le mono-
corde, OU canon liarmani^ii-: vrai
lu-tchunpour les ions juites, puis-
qu'il n"e il au fond, comme je l'ai
d;t dans mon Mémoire, .v: ..-
DE LA MUSIQUE
Le lu-tchun ainfi accordé, peut fervir de règle à tous les
autres inftrumens il peut rendre tous les fous de la Mufi-
que (/r).
fuirai de laprogreflîon triple ( page
6, §. 8). VoyezibiJ.
page 103
§• 10.(rr)Excepte les ml-diefcs les
fl-bimoh les mi-bcmols &c. quine peuvLMit être représentés qu'à-
peu-pres par_/Ir, par la-dkfc par
rt-diefi ôcc. Je dis à-peu-prbs mais
les théoriciens favent, & les per-
fonnesqui jouent du violon ou du
violor.celle éprouvent tous les
jours quece n'eil qu'à beaucoup
près qu'un la-dicfe peut repréfenter
Ji-hcmol un mi-diefe fa un re-
diefi mi-bémol &c. mais il s'agit/7~y!o/ &~c. mais il s'agit
ici d'un fyflême tempéré comme
on l'a vu à la note précédented'un ryflcme où le Prince TJÏu-yu
emploie ce qu'il appelle des cor-
rectifs. Voyez ci-devant l'article 5& la note q page 1 1 6>
DES CHINOIS, Part.
TROISIEME PARTIE,
ARTICLE PREMIER.
Ce queLES Chinois entendent par ton.
M E ton j fuivant les Chinois, efl un fon modifié qui efl de
quelque durée & qui ne peut occuper qu'une étendue que la
nature elle-même a fixée par les immuables loix.
On voit par cette définition que le ton eft distingué du bruit,
du fimplefon, & de ceque
les Chinois appellentlu. Ainfi
tout ion qui n:eft pas modifié qui n'eft pas dequelque durée
& qui n'a pas l'étendue quilui a été fixée par la nature n'eft
qu'un bruit fans vie auffi incapable de rien produire hors de
foi que de fe reproduire lui-même. Il réfuite dé-làque
le
véritable ton eft un fon animé, un ton fécond qui donne l'être
à d'autres tons, & quia la vertu de le reproduire.
Les tons doivent être envifagésfous deux points de vue
différens i°. comme ifolés 8c indépendans l'un de l'autre;
29. comme étant nécefTairemcnt liés entr'eux, & h étroitement
liés qu'ils ne peuvent exifter l'un fans l'autre.
Les tons enviiagés fous le premier point cie vue c'eft-à-dire,
comme il oies & indépendans font appelles du nom dechen°-
ôedéfignés parun
caractère particulier envifagésfous le fécond
pointde vue c'eft-à-dire comme liés entr'eux ils font
appel-
lesjy/z,
&: on lesdéngne par
un caraflere tout différent du
premier.Les
c/ie;:g &: les ynfont la mélodie appellée yo
la
mélodie & les_v« ront laMufique, qu-on exprime ordinairement
parles deux carafteres
yn-yo.
DE LAMUSIQUE
C cilpour
n avoirpas connu
toutes cesdifférences & pour
avoir confondu leseneng
avecles yn (les fons ifolés avec les
ions liésentr'eux ) que
laplupart des Auteurs qui
ont écrit
fur laMulîquc les H. m
ont avance tant d'abfurdités.
Enlilant par exemple dans
les anciens Livres les deux cara-
ctères on y a qui iignihent les chuj tons ils n'ont vu autre e
choiedans cette
cxpreiTion qu'une échelleou une
gamme
decinq
tonsconfécutirs,
& ils fefont trompes.
Lescinq
tons
koung cher; g kio tchc “ yu ( /.rloi la ut
rc) n'ont jamais
conlikué une échelle comoletre. Si ces Auteurs avoient été
plus verlésen
Mul;qu-% ï.sauroicnt vu
queles
cinqtons
n'eroicntdelignes
eue comme un rcîultatdes Cinq premiers
termes de laprogreihon triple, 1,3,9, 27, Si,
&qu'ils
n'ctoien: c[ueles
cinq tons piincipauxdu iyilème
diatonique
formespar une
férié dequintes fa ut ut fui, fol rc
rcii
comme onpeut
s'en convaincrepar
la feuleinfpe£uon
de la
Ji^urc 1 c!e cette troiiiemc Partie. Laojcnératioii de
cescinq
tons veil trop
bienexprimée pour qu'on puiiîc s'y mépren-
dre( .1).
ce 11 d\pas encore-là
unfyitêmc complet
c'en eil.
(«0 O. voir c-, crïït Jrnscette L
h<j,i:rc ! s:>i~.cr;iTion tics iiunibrcs
1 3 9 17, 81 répondre r.ii.v
ions jd m \ol rc La, II cil' tros-vrai
que 1 cH.cnJre 3 cnic 3 enten-
dre 9 & a:ficlc imte. Mais
quant
auv noms des T.otes ces nombres
C2VJ'oie/it ttrepris en rétrogra-
dant eu bien leb noml^res étant
dans leur ordre naturel celui des
-otes devroit liâ-irênie être rérro-
cracle ccïhthc /> fol iuj-1, (ur
les nombres 1 3.9, ôcc. parce
que ces r.ombrcs déhgrnr.t les !oîi-
çueurs des tv.vaux qui lonnent les
/.v, 1! iîr.p'.iquc ù: î^ire répondre
ai 3 ou 3 9 ike, les quintes
en inoutîint fa ni ou ut j\,l &c.
\oycv. la figure 1 de la première e
Partie où les tons & les nombresfont pris dans leur vrai fens c'eft-
à-dire, 011 leton koiuig, ou fa,
porte lenombre Si. C^e
nombre,
oc ceux tics autres tons de l.i même
figure iont confirmés par le texte
deHodi-rr.n-ijic rapporté ù l'art,
de la féconde Partie.Voyez p. 1 19,
Au rer;e toutes ces ^aridtions
des Chinois touchant l'apphca-non des nonibrcs n'cnipûclient
pas que les cir.q tons neioienr
ioi:jouri le rcHiltat des cinq pre-
DES CHINOIS, Part.
du moins le commencement. Nous allons voir qu'en ajoutant
à ces cinq tons ce que les Chinois appellent les à^xpien
c'eft-à-dii-e le ml &le/
on a tout cequ'on peur
cleiircrpour
rendre ce lyftèmc complet ( b ).
miers termes de la progreffion
triple, prisdans un feus ou dans
l'autre à droite ou à gauche par
i ou par 81.
(i) Cettedoftrine des cinq
tons, qui femble n'avoir produit
que des erreurs chez les Chinois
eft néanmoins une des belles dé-
couvertes en munquedues cette
ancienne nation. Voici l'idéeque
je l'uppoie à cet égard aux inftitu-
E X E M P L E.
i. 3. 9. 27. 81.243.729.1187.6561.19683.59049.177147.
faut fol rc. la mi fi fi% rteti /<>*? /•“;< lu v
fi
(.
mi la rc fol ut fi ·zf: [•.· ?; Li V:· rj fol..
{- Liïi rcïijol^vi^pi'&jl mi1 U r-z Jbl 1 ut fj.
Prenez les cinq premiers termes
de cettepros/ciuon
ou ii vous
voulez.,les
cinq premiersions fi
ut fol n lu dupremier r^ng
de
notes arraiigez-les de différentes
manières, vous aurez, pour les
moindres intervalles poiîiblcs tes
tons ut rc fa Jbl & fol la ou
félon les Chinois, les cinq tons
ja,j:il La ut rc. Prenez un terme
de plus, vous aurez avec le pre-mier terme un nouvel inter-
valle plus petit que le ton vous
aurez/" nu au premier rang, fivi au fécond & la $£ fi au troi-
sième. Voilà donc pourquoi les
anciens Chinois dans rémunéra-
tion des fons qu'ils appellent tons,
ne parlent jamais que de cinq. Car
teurs des cinqtons. Ce fera la
mienne ou la leur, peu importe
c'c'iî l'idée de l,i choie.i e.?<?
Concevez, le lydème harmoni-
que de doii'e (ons à l.i quime l'un
de l'autre repréiertés par la léne
des douze ternies de !aprogrefîion
triple, auxquels vous fort" corres-
pondredes
quintes ino.i:a:ues ou
des quintes dépendantes à votre
choix:
un Sixième ion par quelque ternie
de la progrefîion que Ton com-nu'nce à compter ioit en i'l;iv,int
l'ordre naturel, ioit en rétrogra-
dant îVeil: phis que ce quellesChinois ap-^eilent un ch,™ un
intervalle moindre yeiit intervalle
que nous nommons denù-ton.
J'ai dit pur quelque i;nnc qui Ton
commence a compter &c. 6; c'elt
précilément en cela que lado£lrinedes cinq tons paroît admirable. En
effet comptez depuis le Second
terme (celui qui répond à 3 ) juf-
qu'à l'on Sixième, vous aurez le
demi-tonut fi au
premier ranç
mi fa au lecond rc% mi au troi-
licme.
Partezdu terme qui porte le
DE LAMUSIQUE
peuvent
ARTICLE SECOND.
DES SEPT PRINCIPES.
J E S Chinois appellent du nom de fept principes ou de
tfi-ché la réunion des cinq tons & des deux picn en un mot t
tous les tons qui, dans l'intervalle d'une oclave diatonique, y
chiffre g vous aurez de ce terme
à fon lixieme ,1e àemi-tanjol fa §¥
on làjtl* 5 ou. fol %$ la & ainli du
refte. Vous trouverez également
Tin demi-ton en remontant du der-
nier terme à ion iixieme de l'avant
dernier ou de tout autre à ion
iixieme.
On peut donc, en fuivant ce
procédé définir le demi-ton dia-
tonique ou limma dont ils'agit
ici le chant ou l'intonation qui
réfulte d'un ternie donné de la
progrefllon triple& de fon fixie-
me en les rapprochant l'un de
l'autre ou fi l'on veut le rappro-
chement de deux termes entre
lefquels il y en a quatred'inter-
médiaires.Par la même méthode on aura
la définition de l'autre lorte de
demi-ton appelle chromatique
ou apotonnil le trouve d'un ter-
me donné à fon huitième. Ainfi on
aura un apotome du premier terme
au huitième fi fa¥i ou Jîfïb
ou Az'& la; du lecond terme au
neuvièmem ut mi
mi b n rc
ciu troiiieme au dixième &c. &c.
On peut voir le développement
de ce procédé pour d'autres inter-
valles 3 note Y) démonMémoire s
§. 182, 183 1S4, page 198.
Il rclulte do cette obfervation “que rinflituteur des cinq tons, chez
les Chinois, a pu vouloir repré-
fenter, par cette forte de tableau,
l'idée d'un genre qu'on pourrait
appeller à la lettre, diatonique â
d'ungenre dont les moindres inter-
valles font le ton; puiique plufieursairs chinois, & divers autres mor-
ceaux de leur Mufique ne font.
compofés qu'avec ces cinq tons »
n'ont pour elémens que les fons
koung chang kïo uhi yu tan-
dis que le prétendu genre diatoni.
que des Européens n'eft pas fine-
tementtel, pmfqu'i! admetles tons
& les demi-tons, îk que de l'aveu
même des Grecs,de qui nous tenons
cette dénomination, ce genre n'eft
ainfi appelle que parce qu'il pro-cede principalement par des tons.
Encore faut-il le prêter à cette idée,& la circonferire ainfi que le fai-
foienr les Grecs dans le chantque
forme un tétracorde car dans des
chants particuliers comme mi fa
Jol ou Jî ut n mi fa ou fol la fîut re mi fa qui font pourtant dia-
toniques, ily a autant de tons que
de demi-tons.
DES CHINOIS, Pan.
Tome VL
V ° .1
X
peuvent commencer une modulation, ou coniVituer un mode,
& que nous appellerions une échelle une gamme &c. Voyez
lafigure 2.
Ces fept principes connus de tout tems à la Chine par les
Sages, ont été ignorés par les Lettrés vulg ires parce qu'ils
n'ont connu, ni le fens de l'expreffion qui déiîgne ces fept
principes ni l'application qu'on eu faifoit dans la icience des
fons. Ils n'ont voulu admettre dans la Mufique des Anciens
que les cinq tons (fa fol la ut re ) & ont rejette les deux pieu
mi &cfi),comme etant, difoient-ils de nouvelle invention.
Ho-foui y Tchen-yang & Sou-kouei ont eté les plus ardcns ài~
profcrireles
pieu. Les deux premiersde ces Auteurs ont
avancé que le pien-koung & le pien-tché, etoient aufli inutiles
dans la Mufique que le feroit un doigtde plus à
chaque main
ÔC le dernier dit que fit l'on admet les deux pien il ny aplus
decorrefpondance entre les LU & les lunaifons dont une année
ejl compofée & que tout l'ordre du cérémonial fe trouve ren-
verfé &C.
Il faut avouer, dit le Prince Tfai-yu avec uneefpece
d'indignation que nos Lettrés font quelquefoisbien hardis dans
leursdécifions. Un peu moins de hardieffe & un peu plus de
fcience lesempêcher oient fouvent de faire certaines bévues
qui les rendentméprifables aux yeux de ceux qui entendent ces
matières.
Il ny a qu'à lire ajoute Tfai-yu, les commentaires de
Tso-kieou-ming le K.OUE-YUles Ouvrages de
Confu-
euesle Chou-kihg
lui-même pour feconvaincre
que depuis
l'antiquitéla
plus reculée 072 aconnu & fait ufage dans l'Em-
pire d unemufique qui adnzet
les fept modulations principales
comme le fondement de toutes les autres que parmi cesfept
modulationsil y en avoit une en pien-koung & une autre en
Pien-tché & qu'enfin c'efice qui efi défigné dans les plus
DE LA MUSIQUE
(*) té de Mufique, dédié àMgr,
le Duc de Chartres, 1776,
anciens Livres fous le de 1 si-CHE } ou des SEPT PRIN-
CIPES. En un mot il ne lausoit y avoir de vraiemujique
fans le pien-koung & le pien-tche. Comment les Anciens
auroient-ilspu jaire
circuler le koung,ou
fon fondamental
par toutes les modulations des lu s'ils nav oient employéles
deux PIEN ? Sec.
Voyez les figures 3,4, &rc. jufqtxà la huitième inckiiîve-
rnenf. Ellesprésentent
tes modulations des fix autres ions, qui
avec la figure précédente, forment les modulations des fept
principes (c). On fe convaincra par-là que les Chinois ont
( t) j'ai réuni toutes ces figuresen. un ieul tableau ioit
pourdimi-
nuer le nombre des planches foit
pour présenter fous le même
ccup-d'œil -pour ainfi dire les
ic;>tmodulations dont il
s'agitici.
Pourpouvoir
former cette réu-
nion, il m'a fallu fortir ducoftume
chinois, mais je ne l'ai fait qu'a
l'cg-rd de la forme, fans rien chan-
gerau rond comme on en
jugera
par la figure 1 que j'ai répétée
pour la mettre la tete des fix au-
tres modulations.
Les titres particuliers des figures
3,4, &c. que j'ai conferves tels
qu'ils ctoient l'avoir modulation
in chana modulation m lin &r.
uourroient peut-être encore embar-
rafie-r le Lecteur, malgré la clartc
que j'ai tâché de répandre fur cet
objet mais voici ce que c'efi.
Là modulation en koung eïi
comme on l'a vu à la figure 2 celle
oh fa fait le kc;?g. Or modulation
enchang fignifie ici modulation
de jol qui etoit cùœng lorfque fa
faifoit le koung, lorfqu'il etoit pre-
mier degré; modulation en-kio iigni-
fie, modulation de La qui*etoitkio
lôrfque/i etoit premier degré 9
& ainii'du refle. CJeft à-peu-près
comme nous dirions d'une pièce
en re ou en mi qu'eUe eft an ton
de la Jiconde note, au ton de la
médiame, parce que lorfqu'on eft
en ne ce re eft féconde note ce
mi eu mediante ou, comme difent
affer. férieufemeni quelques per-
fon.ncs peu verfées en mufique 5
J'infibU de. quinte, fenjibl; dt fécon-
de ( ) &c. ou bien paffer an ton
de la dominante ait ton de l.ifoudo-
minantt &c.fans faire attention
que cette quinte & cette féconde ne
font .plus ni cinquièmeni fécond
degré dès qu'on aceufe leurs notes
fenfibles leurs feptiemes degrés& que cette dominante & cette
foudominanu ne lont plus telles
dès qu'on parte à leur ton qu'on
en fait des ioniques. Car un Euro-
péen n'efl pas plus en ut quand il
pafie en fol ou en re &c. qu'un
DES CHINOIS, Pan.
Xi]
pour principei°. que les lu font immuables 20.
quechacun
des douze lu peut former fucceiîlvement lesfept tons qui
constituent ce qu'on appelle les fept principes d'où l'on con-
clura, qu'avec les douze lu & hs fept principes ils ont un
fyftêrne de mufîque çpmplet.
Mais pour que cefy flâne fait y entablement complut
dit le
célèbre Tchou-hi je crois qu'il 'faut prendre ces motsLES
sept principes dansun fais plus étendu, & qu 'aux fept
principes il faut joindre lescinq compléments.
Voici félon cet Auteur, quels font les fept principes & les
cinq complémens.
Premierprincipe hoang-tchoung & lin-tchoung c'eft-à-
dire, fa ut.
Second principe, lin-tchoung & tay-tfou, ut fol.
Troifiemeprincipe tay-ifou & nan-lu fol
re.
Quatrième principe, nan-lu & kou-fire la.
Cinquième principe, kou-fi & yng-tchoung lamu
Sixièmeprincipe yng-tchoung Se joui-pin
mif.
Septième principe, joui-pin fi (d).
Chinois ne devroit être en fa, lorf-
qu'il fait le koung fur foi fur la
fur ut &c.
Au refte les modulations de
fol, de la &c. dans le manufmt
du P. Àmiot font toutes expri-mées par les fept notes fa fol la. jlut re nu. C'eft une forte de tranfpo-fition muficale par laquelle on dit
fi fur le dernier diefe or ici ce
dernier diefe eft toujours le pien-tché. J'ai cru devoir faire difparoî-tre cette tranlpofition, qui
auroit
tropcontredit les vrais noms des
notes que j'ai ajoutés dans la
colonne des lu pour faciliter l'in-
telligence de toutes les parties da
tableau.
(</) Cet exemple de Chou-hi au-
roit été plus clair, s'il n'avoir pas
affocié chaque lu avec celui qu'il
entendre le fa avec Vut l'ut avec
fol, &c. Des qu'on fait une fois
quele
hoang-nhoujjg ou/.i,en-
gendrei'a quinte ut que celle-ci
engendre fol que fol engendre
/v &c. il etoit plus limple de
dire queles fept principes font
les iepr fons fi ut, fol, ;v, U
mi fi c'elt-ii-dire, les cinq tons
avec les deux p'un pris dans Tor-
dre de leur génération£c que les
DE LA MUSIQUE
Du feptieme principe joui-pin oujîfe forme le
premier
des complémensde la manière qui fuit.
Premier complément joui-pin & ta- lu c'eft-à-dire (î &
fa^. Secondcomplément,
ta-lu & y-tfê c'eft-à-dire /<r %>.
& //r^. Troisième complément, y-tfé 8i kia-tchoungc'eft -à-
dire, ut^Sc fol%. Quatrième complément kia-tchoung &
au-y, c'eft-à-dire ,fol^. & re% Cinquième& dernier com-
plément, ou-y & tchoung-lu c'eil-à-dire re & Az^.
Ce que j'appelle ici principes & complémens, pourrait être
traduit de quelqu'autre manière plus conforme peut-êtreaux
idées fous lesquelles nous concevons les objets. Quoi qu'ilen
foit le Lefteur mufteien ne verra dans ces expreflions qu'uneférie de quintes formées par la progreffion triple depuis
l'unité jufqu'au douzième terme incluiîvement & c'efttoutee
dont il s'agit ici.
ARTICLE TROISIEME.
Si les Chinoisconnoiffent
ou ont connu anciennement ce que
nous appelions Contrepoint.
v3 1 l'on me demandoit fimplementles Chinois
connoiffent-
ils ou ont-ils connu anciennement £ harmonie ? Je réponc'roîs
affirmativement & j'ajouterois queles Chinois lont
peut-être
la nation du monde qui a le mieux connu l'harmonie & qui
cinq complémens font dans le mê-
me ordre les ions fa M ut
Jbl% ri% > la'ï& tous engen-drés de la fouche commune fa
par une fuite de lu filiation précé-dente. Au lieu qu'avec le plan qu'aliiivi l'Auteur chinois, il lui arrive
que le joui-pin ou fe trouve
ifolé & que cejî qui eft le Jep-
tiant principe pourroit ctre regar-
déii on voulo;t comme principe
& compliminttout à la
fois
puifqu'on lerencontre encore dans
la claffe des complémc-ns. Voyez
la fuite du îe>te,
DES CHINOIS. Psn.
en a le plus univerfellement obfervl U. loi'VLls quelle oit
cette harmonie ajcuteroit-ondont r:s Cuisis o.t r; ;n
obfervé les loi* ? Je répondroiscette harmonie con-sfe ^,ns
un accord général,entre les choies phyllques nierai js &
politiques,en ce qui coniHtue la Religion 3c le Gouverne-
ment accord dont la feience des tons n'ert qu'une repréfenta-
îion n'eft que l'image. Quel eft donc cet accord, puisqu'il ne
s'agitici que
deMufique ?
A cela lesChinois tant anciens
que
modernes, feront la réoonfe iuivante que j'extrais de leurs
Livres. Jel'abrégerai, pour
nepas répéter
ceque je puis avoir
dit dans le cours de ce Mémoire.
La Mufique difent les Chinois, n'eft qu'une eipece de lan-
gagedont les hommes fe fervent peur exprimer les fentimens
dont ils font affectés. Sommes-nous affligés t Sommes-nous
touchés des malheurs de quelqu'un ? Nous nous aurifiions
nous nous attendrirons & les fons que nous formonsn'expri-
ment quela trifteffe ou la compafiîon. Si au contraire la joie
eft dans le fond de notre cœur notre voix la manifefie au-
dehors le ton que nous prenons éft clair nos paroles ne font
point entrecoupées chaque fyllabe eil prononcée distincte-
ment, quoiqu'avec rapidité.Sommes-nous en colère ? nous
avons le fon de voix fort & menaçant. Mais h nous fomrnes
pénétrésde refpecl
ou d'eirime pour quelqu'un nousprenons
un ton doux affable & modefte. Si nous aimons, notre voix
n'a rien de rude ou de groflîer.En un mot, chaque paillon a
fes tons propres & fon langage particulier.
Il faut par conséquent quela
Mufique pour être bonne
toit à l'unifîbn des pallions qu'elle doit exprimer. Voilà le pre-
mier accord.
Il faut outre cela quela
Mufique module, enn'employant
quele ton
proprecar
chaqueton a une manier-.» d'être &
d'exprimer qui n'appartient qu'à lui. Parexemple le ton houn?
DE LA MUSIQUE
a une modulation férieufe & grave parce quelledoit
reprefeuter l'Empereur,la fublinu'té de (a dofhine (f), la
ink\']etlé de la contenance & de toutes les actions. Le ton c/ntng,
au contrair j a une modulation forte & unpeu acre, parce
qu'elledoit reprefenter le Miniitre & ion intrépidité
à exercer
la initiéemême avec un
peude
rigueur.Le ton kio a une
modulation unie ev douce, parce qu'elle doit rcprélenterla
modeltie la foumiflion aux Loix, cv la coudante docilité que
doivent avoir lespeuples
envers ceuxqui font chargés de les
cTouverncr.Le ton tchcaxmo modulation rapide, parce qu'elle
vepréiente lesadirés de l'Empire, l'exactitude & la célérité
avec lefquelles on doit les traiter. Le tonyw a une modulation
haute cv brillante, parce qu'elle représente l'univerfalité des
choies & les difiorens rapports qu'elles ont entr'elles pour
arriver à la même fin.(
Que ces modulations 1 oientemployées à propos
en n'ex-
primant quece qu'elles doivent
reprefenter, ce fera le fécond
accord.
Les tons lent comme les mots dulançaore mufical les modu-
lations en font les phrales. Les voix, les inftrumens & les
cianlcs forment le contexte cv tout l'enfemble du difcours.
Lorlquenous voulons exprimer ce que nous fentons nous
employons,dans nos paroles
des tons hauts ou bas, graves
ou aie;us torts ou foibles lents ouprécipités courts ou de
quelquedurée. Si ces tons font réglés par les lu fi les inftru-
mens foutiennent la voix & ne font entendre cestons
ni
plutôtni
plus tardqu'elle fi
chacun des huit fortes de ions a
été mis au ton qui lui convient & n'eil employé que lorfqu'i!
ell à propos cm il le ioit; li les danfcurSj par leurs attitudes
{J) II faut ie Convenir que ce fontk^ Chinois qui parlent &
qu'il
s'agit ici des règles pour faire de !a
mulïque en Chine.
DES CHINOIS, Pan.
& toutes leurs évolutions difent aux yeux ceque les voix &
les inftrumens difent aux oreilles (/)fi celui qui fait [es céré-
monies en l'honneur du Ciel ou pour honorer les Ancêtres
montre parla gravité de
fa contenance & partout fou main-
tien, qu'ilcil véritablement
pénétrédes fentirn >ns
qu'expriment,
& le chant ëz les danies voila l'accord leplus parfait; voilà,
la véritable harmonie. Nous n'en connoijjons point & nous n'en
avons jamaisconnu d'autre.
ïl me femblequ'on
nepeut pas
réfoudreplus
clairement la
queflion. Un exemple achèvera de mettre fous les yeux du
Lecleur quelle efv. la forte d'harmonie dont les Chinois ont
fait ufage dans leur muiîque depuisles tems les
plus reculés
jufqu'àcelui où nous vivons. Je le tire de ce qu'il y a de plus
facré parmi eux, & en même tems de ce qu'il y a de plus
authentique dans leur cérémonial. C'eftun Hymne qu'on chan-
toit du tems des Tcfieou dans la falle des Ancêtres, lorfque le
Souverain y faifoit les cérémonies refpeftueufes clans tout
l'appareilde fa grandeur. Voyez le Supplément à la fin de cette
troiiieme Partie(g).
(/) Les danies font en mêmetems que le chant, comme on le
verra à la Un de l'Ouvrage. Maiscela n'empêche pas quoique la
danfe ne vienne chez nous qu'après
le chant, que nos Directeurs de
fpeftacîes, en Europe, ne puffent
beaucoup profiter de cet article.
(g) Cet Hymne fa traduction,
&. tous les détails qui concernent
ces deux objets, formoient la lvitc
de cet article.J'ai rejette le tout à
la fin fous le titre de Supplément
à ce troiiieme article. Cette tranf-
poiïtion m'a paru néceffaire pour
rapprocher davantage l'article fui-
vant, & fur-tout laconclufion
par ou fe termine le Mémoire du.
P. Ajniot.
ARTICLE QUATRIEME.
Manière dont les Anciens accordaient le Kin àcinq on à
fept cordes,
NT '1" '1L
l 1 P. l_Lnî ou s avons vu, à l'article 6 de la première Partie, quele
kin appelleà
cinq cordes cil celui dans lequel on ne faifoit
uiage quedes cinq tons, f fol la ut re bien que l'inirrument
portât en realité fept cordes; & que le kin, dit à fept cordes
eil celui dans l'accord duquel, en employant les deux pien,fî
& ml, on avoit les feptions diiïérens fa fol la fi
ut re mi,
tandis que dans le kin, appelleà
cinq cordes, la ïixieme & la
ieptieme corde n'etoient que les o£taves des deux premieres,
Voici la manière dont on accordoit ce kin.
.Accord du Kin à cinq cordes procédantdu
grave à F aigu.
Lapremiere corde répondant au lin-tchoung
donnoit le
ton tc/ié y ut.
La féconde corde, répondant au nan-lu, donnoit le ton y/ re.
La troilîeme corde, répondant au hoang-tchoung donnoit
le ton koung fa.
La quatrième corde répondant à tay-tfou donnoit le
ton chang fol.
La cinquieme corde, répondant à kou-fi, donnoit le ton kio, la.
La fixieme corde répondant à lin-tchoung donnoit le
ton tché ut«
La feptieme corde répondant à nan-lu donnoit le ton yit, re.
Le kin ainfi monté etoit au rang des infirumeus ftables &
l'on ne s'en lervoit que pour accompagner certaines pièces
c'eft-à-dire
DE LA MUSIQUE
DES CHINOIS, Part.
£.<L? --––
~7.
1 1'? -c 2 -j
y
c'eft-à-dire celles où. le Compofiteur n'avoit fait ufage que
des cinq tons, koung, chang, kio te lié yu.
La manière la plus générale de monter le kin etoit celle où
li'on faifoit ufage de fept fons différens, en cette maniere.
Accord du Kin à fept cordes procédant du grave à Caigu.
La premiere corde répondant au hoa.ng-teh.oungdonnoit le
ton koung, fa.
La feconde corde répondant au tay-tfou donnoit le
ton chcaig fol.
La troifieme corde, répondant au kou-fl donnoit le ton
kio, la.
La quatrieme corde répondant au joui-pin donnoit le
pien-tché fi.
La cinquieme corde répondant au hn-tchoung donnoit
le ton te hé uu
La fixieme corde, répondant au nan-lu donnoit le ton
yu, 1 rt.
La feptieme corde, répondant à yng-tchoung donnoit
le pien-koung mi.
Cette feptieme corde etoit appellée ho qui fignifie corde
de V union & laquatrieme, qui répond au pien-tché ou fi «
etoit appellée tchoung qui fignifie moyenne.
J'ai dit, en parlant du kin à l'article 6 de lapremière Partie,
qu'il y avoit à cet infiniment treize points ou marques qui indi-
quoient la divifion des cordes. Ces treize marques dans les
premiers tems, etoient autant de clous de l'or le plus fin. Lorf-
que les cordes du km etoient montées félon le fyftême defept
cordes il falloit, pour coafhuer la juflefTe de fon accord
que la premiere corde hoang-tchoung ou fa, en mettant le
1) E LA MUSIQUE
doie,t iur le dixième clou donnât fa quarte tchoung-lu ou
/7-/v>m/, reprefenré par (/' ).
L.i féconde corde r.:v-i'«, ou /u/ diviiec de même au
dixième clou devoit donner le Im-tcliaunsr ou
La troiiieme corde kou-ft ou Li diviléean dixième clou,
devoit donner /;> ou ;r.
La quatrième corde joui-pin ou/?,divifée au dixième clou,
devoit donner \n$-t chouan; ou mu
La. cinquièmecorde lïn-tchoung, ou m divifée au dixième
clou devoit donner le Iwcing-tchoung aigu c'ett-à-dire 3
Foclave de /•.
La tixieme corde nan-lu ou rc divifée au dixième clou,
devoir donner, Toclave du ta\-tfou, ou /<
Laieptieme corde vn^-tclioun^ ou /;«' divifée avi dixième
clou devoit donner l'ocïavc de keu-fi ou /^7.
On accordoit le ,t'« iur le ton rixe des lu c'eit-à-dire que
la première corde fe mettait au ton de tel ou, tel Lu, fuivant.
les mttrumens itables avec lelqucls on Taccordoit. De cette
maniore -on tiroitdu ieul kir. S 4 modulations lorfqu'il etok
monté .7 jerr cordes c'eit-à-dire pour rendre iept ions diffé-
rent :iu lieu qu'on ne tiroit que foixante modulations du kin >
dit >z c:n.j civ\L-s c'ell-à-dire monté pour ne rendre queles
cinq tons, comme on l'a vu a la page 168.
Dans ce kin decinq tons le koung & le tchc c'eft-à-dire
ie Se l'ut s'engendrent mutuellement; le tchc & lechange
c eit-à-dire, l'ut&z lejol, s'engendrent mutuellement le cliang
( •: ) 11 s'agit ici d'un iyjlème
pr:s -po\\?J:-ti;:?o!. quoiqu'on iache
c;; cr_ muUqLie cela!P. iveit pas ainfi
( ove; note rr de iaicconck- Par-
:.e p;;ge 1 16 ). Il ieroit ii aile aux<.r;-c;s Prendre cer inùrument
tout-à-tait mutical il ne fiiudroïi
pour cela que doubler tes clous y
arîn qu'on put mettre le doisjt un-
le clou de La Je ou iur celui d«
jl-bimol de /v^ ou de mi-bcmol
&c. félon le beibinqu'on auroiî
de ces divers ions.
DES C HT N O I S III. P,n.
Yij
&z leyu c'eft-à-dire le foi & le re s'engendrent mutuellement
le yu &: le kio c'eft-à-dire 1ère & le la s'engendrent mutuel-
lement niais le kio & le koung, c'clt-à-dirc la &<r ne (au-
roients'engendrer parce que c'efl: an kio nue te ternùnc le
calcul pour cette partiedu
grand fyftême ( i).
Dans l'accompagnement qui fc fait avec le kin on pince
toujours deux cordes en même tems. Dans le kin monté pourles cinq tons les accords d'en bas (k) fe font par ce que les
Chinois appellent ta-kiuen-kcou c'eft-à-dire par le grand inter-
valle, qui efl laquinte & les accords d'en'haut le font par le
chao-kiue/i-keou c'eft-à-dire par le petit intervalle qui cft la
quarte (/).
Je croisqu'en voilà bien aviez pour donner à un Lcclc-ur
européen une connoiflance exafte de la Mufiquc des Chinois.
( i ) Pour l'intelligence de ce
pnflage il faut avoir fous les yeuxcette génération des fons avec les
nombres radicaux qui leur font
affectés en divers endroits de ce
Mémoire favoir
81. 27. 9. 3. 1.
/ 111 fol rc Iii.Il elt aii'é de voir que c'efl réel-
lement à kio, ou la portant le
nombre 1 que fe termine le calcul.Ceft-là a la lettre ce que j'ai pref-fenti à la note y de la féconde
Partie, lorfque j'ai ditqu'il paroif-
foit que les Chinois poltéricursaux Inftituteurs n'avoient plus fu
oit paffer quand ils etoient arrivés
au terme 1.Voyez cette note,
page 120.
( k ) Les accords d'en bas ainfi
queceux d'en
haut dont il va être
parlé (eprennent dans un iens
contraire àl'expreffion chinoiie
c'ert-à-dire comme les rennes en
dejce/rdaiu &£ en monuiit iur !((-
quels j'ai prévenu le Leckurà la
note de la (econtle Partie. Voyez,
cette note, page 143.
( /) Voilà tîciic une forîe d h;ir-monic chez, les Chinois, ^eii' en
effet la ieu'e qu'ils eor-iioifient
la feule que connuflent les drecs
C\C celle-là même par oii nos pèresont commencé. Elle ie rucLul à la
quinte d'un Ion donné placée au-
deflus de ce ion ou au-deilous
comme quarte. C'efl: un ut p?a-
cxemple accompagné de iongrj.nd
imcrvtilk de fa quinte fol; ou de
ion petit 'intervalle de l'a quarte au-
deffous qui n'eil autre choie que
la répétition au grave l'octave
du même fol. La vielle &: quel-
quesiîîftrumcns champtîres nousretracent encore, avec leurs bour-
dons, cette forte d'harmonie.
DE L A M U S I Q U E
Le Lettré que j'ai employé pour travailler à ce Mémoire l
délire que j'y ajoute l'Hymne en l'honneur des Ancêtres, noté
à la maniere des Anciens qu'il s'eit donné la peine de copier.
Voyez la iigure 9 & ton explication.
11 me demande encored'y joindre quelques planches qui
repréfentent desrangs
de Muficicns & de Danfeurs afin
dit-il qu'on puiiïeen
Europefe former une idée de la majefté
de nos cérémonies. Je ne dois pas le mécontenter; je l'aioccupé
pendant quatorze mois iàns lui donner preiqueun moment de
relâche. Ceft bien' le moins que je lui accorde cette légere
fatisfaclion. Voyez la figure 39cv les fuivantes ( 1 ).
CONCLUSION.
De tout ce quia été dit fur la Mufique des Chinois dans
les trois Parties de ce Mémoire il me l'érablequ'on peut légi-
timement conclure
i°. Que les Chinois ont eu de tout tems, ou du moins bien
long-tems avant les autres nations, un lyitemede mufîque
fuivi lié dans toutes les parties & fondé îpécialement fur les
rapports que les différens termes de la progrefîlon triple ont
entr eux.
20. Que ces mêmes Chinois font les Auteurs de ce fyftême .>
puiique, tel que je l'aiexpole, d'après leurs Livres les pluf
authentiques il eft antérieur à tout autre lyftême de mufique
dont nous ayons connoriîance je veux dire atout autre fyftê-
me dont les Auteurs nous foient connus autrement que par
des conjectures, ou des inductions forcées.
3°. Que ce fyilême renfermant à-peu-près toat ceque
les
( i ) Pour bien entendre tout ce
que j'ai dit fur le kin il endroit
l'avoir ious les yeux. J'en envoie
un pour le cabinet des curioiîtcs
chinois du Miniftre (M. Bertio)
qui daigne m'encourager dans mes
travaux littéraires,
DES CHINOIS, Paru
Grecs & les Egyptiensont mis en œuvre dans lesleurs, &c étant
plus ancien il s'enfuit queles Grecs & même les
Egyptiens
ont pnifé chez les Chinois tout ce qu'ilsont dit fur
la Mufique
& s'en font fait honneur comme d'une invention propre.
4°. Qu'il pourroitbien être que le fameux
Pyth.agorc qui
voyageoitchez les nations pour s'initruire & qu'on iait fûre-
ment avoir été dans les Indes fût venu jufqu'à la Chine où
les Savans & les Lettres en le mettant au tait des Sciences &
des Arts en honneur dans le pays, n'auront pas manqué de
lui faire connoître celle des feiences qu'ils regardoient comme
la premierede toutes, je veux dire la
Mufique & que Pytha-
gore, de retour en Grèce aura médité ïur ce qu'il avoit appris
en Chine fur la Mufique& en aura arrangé le fyJtérnc à fu
manière d'où fera. venu ce qu'on appelle leJyjlême
dePyiha-
gore (»0-
(/?/) Cette conje&urc du P.
Amiot le tourne en certitude par
l'inspection de la figure 2 de cettetroiiicme Partie. On y voit, en
commençant d'en haut la férie
des fonsdiatoniques [a fol fa
ml rc
ut fî, la fol fa mi rt ut Jl. C'eft
exactement pour le nombre &
l'ordre des fons le iyilcme de
Py thagoreou fi l'on veut, celui
des Grecs dont on auroit (uppriméla corde ajoute-: le lu inférieur
queles Grecs eux-mêmes regar-
doient comme étrangère au (yliê-
me &i qu'ils appelloient Projlum-
banoment de peur qu'on ne laconfondît avec le iyfîême que leur
avoit donné Py thagore.
Mais ce qu'il y a encore de re-
marquable dans cette figure c'ell
le modèle des tétracordes des
Grecs que prclcntent les quatre
fous fl ut rc nurcnk-rnics dans le
cercle inférieur.
Si les autres fons tic Tcchellc
chmoiie ne font plus diiuugués par
tétracordes danscette figure
c'eft-îà ce qu'a de propre !e fyiiêmedes Chinois & l'on ne laie fi
Py-
thagore a m'ieux tait de coupertoute la férie des ions par tétra-
cordes que de laii'Ter iioLs com-me ils le iont chez les Chinois les
iept ions différens qui composentle fyitêmo mufical dit diatonique,dont ie font formées les diverfes
gammes ou échelles des différens
peuples. Qno: qu'il en l'oit on voit
toujours & par le tétracorde Jlut rc mi du cercle intérieur, & parla tcriC totale des ions du fyttéme
chinois &i par l'idée même de
fous moyens tranlporïee dans le
i'yfîcme des Grecs (tétracorde des
DE LA MUSIQUE
5°. Que quoiqu'il paroifîeau
premier coup-d'oeii que les
rapports que les Egyptiensont trouvés entre les fons de la Mufi-
que & divers autres objets («) ibientà-peu~près
les mêmes
que ceux qu'ont etablis les Chinois il y a cependant une très-
grande différence & cette différence eil dans ce qu'il y a
ci'efTentiel dans le fyftême muiîcal. Je prie le Lefteur de revoir
ce que j'ai dit dans la féconde Partie de ce Mémoire en par-
lant des lu &c.
6°. On peut conclure enfin qu'il n'eft pas jurle d'imputeren
général à tous les Chinois, Yufage gauche (o) que quelques-uns
moyennts} que Pythagore n'a pas
misbeaucoup
du lien dans celui
qui portefon nom, ou comme le
dit le P. Amioî dans le fylremedes Chinois qu'il a atr.inv;c à fa¡,[
rii.wLrc. On peut même remarquer
quecet
arrangementne lui a
pas
été bien difficile à imaginer. Des
douze lu tournis par les douze
termes de laprogremon triple,
Pythagoreen a pris huit, oC ion
fyfîêmea été fait. Voyez dans le
Mémoire fur la Mu/îque des Anciens
le tableau de la page 45 oii les
huitpremiers
termes de laprogref-
fiontriple
font comme le texte
dont lefyftême
dePythagore
n'eft
que le développement & ce dé-
veloppement lui etoit fourni par
le fyftème chinois. Il femble môme
qu'on pourroit conclure de ce
que nous venons d'obferver quele premier terme de la progreflion
triple, à l'époque où l'on peutfup-
poier que Pythagore ait voyagé en
Chine, que ce premier terme, dis-
je, répondoitindifféremment à
fa
ou à fi chez les Chinois &peut-
être même exclufîvernent à fi,
puifque, dans le fyftême dePytha-
gore, ley? inférieur porte le nom-
bre 8191 treizième oclave du
premier terme c'eft-à-dire du fi
défigné par l'unité. La figure 1 de
la feconde Partie & fon explica-
tion, femblent confirmer cette
conjecture. On peut voir d'ailleurs
ce qui eft dit au fiuet des deux or-
dres de génération par fa &C par
fi, à l'article 6 de la même féconde
Partie pages 125 116.
Au relie il eit bon de remar-
quer que le fi inférieur dont jeviens de parler cette corde, la
plus baffe du fyftême chinois Py-
thagore l'a appellée dans le lien
Yh.ypate des hypaus c'eft-à-dire
la première des premières. C'eft
exactement, comme nous la nom-
merions nous-mûmes la figure 2 à
la main & les yeux fixés fur le
cercle inférieur :fi ai re mi.
( n ) Mémoire fur la Mufiqut desAnciens articles
io&ii pages
71& fuiv.
( o ) Ibid. page 3 3 §. 58. Ce que
je dis en cet endroit de mon Mé-
moire, n'eft comme j'en ai préve-
DES C H I N O I S, III. Pan.
de leurs Auteurs ont fait de la progrcfîion triple appliquée
aux fons. C'eft comme û l'on rendoit tous les Auteurs francois
refponfables des impertinences qui ont été avancées par Y Au-
teur rijîblc dont parle M. l'Abbé Rouffier dans la note de la
page 72 de fon Mémoire fur la Mufique des Anciens,
Si le Lefteur a quelque peine à tirer toutes ces confcquen-
ces, parce qu'il ne verra pas affez clairement tout ce que j'ai
tâché d'établir & de développer dans ce Mémoire il peut
n'envisager mon Ouvrage que comme un Ecrit, où j'expofeavec fincérité des ufages antiques, qui lui mettent fous les yeux
ce qui s'eft pratiqué chez une grande nation, dès les premiers
fiecles du monde.
AMIOT Millionnaire à Péking l'an de
J. C. 1776 "clu règne de Kiai-long Ala quarante-unième année.
nu, que d'après les idées de Ra-
meau, &c fur ce qu'il a rapportédans ton Code de l'ancien manuf-criî du P. Amiot. Mais je vois au-
jourd'hui, par ce même manuf-
crit, que Rameau en beaucoup
d'endroits, n'a pas voulu fe donner
la peine d'entendre ce qu'il lifoit.
Ce font en effet les opinions de
quelques particuliers touchant
lescinq tons que
le P. Amiot ex-
poie dans fes Préliminaires fur la
traduction de l'Ouvrage de Ly-
koang-ty. Les nombres 3 27
243 Sic. que cite Rameau, font
(*) L'oidre fondamental de ces tons, eft comme à l'exemple de h note b.
pag. 159 pris en rétrogradant, fiivok
177147. 5C049. 19683. 6561. 1187.
fiiut
fol ri
à la page 9 du cahier A, & il pou-
voit voir à la pnge 15 de cemême cahier, les cinq tons bien
énoncés koiais; chang k'10 sc/ij, ':)
yu mots chinois, à la venté,mais à côté de ces noms font écrits
les nombres 177147 19683
2187 59°495 6561 qui dévoientêtre le langage naturel de Rameau;
ce font les nombres radicaux des
cinq tons (* ). Aujourd'hui que je
puis lire pour ainfi dire dans les
îources, le P. Amiot verra par lanote b de cette troiiîemePartie,pag,1 5 9 ce que je penfe des cinq tons,
DE LA MUSIQUE
j. Yu
SUPPLÉMENT l l'Article III
De cette troifieme Partie.
En l' honneur DES S Ancêtres.
Premiere Partie.
(*) Siao-tfee
l* ) Ces deux mots fe difent à part & n'entrent point dans ia confïru&ion du vers.
HYMNE CHINOIS,
i, Jee hoangrien Tfou,
z. Yo ling yu Tien
3 Yuen yen tfing lieou
4. Yeou kaotay
hiuen.
5. Hiuen fun cneou ming
6. Tchoui yuen ki fien
7. Ming yn ché tfoung
8. Y ouan fee nien.
Seconde Partie,
i. Toui yué tché tfing
2. Yen jan jou cheng.
3. Ki ki tchao ming,
4. Kan ko tfai tin g.
5. Jou kien ki hing
6. Jou ouen ki cheng
7. Ngai eulh king tché >
8. Fa hou tchoung tfing.
Troijieme Partie.
i, Ouei tfien jin koung
2.. Té tchao yng Tien.
3. Ly yuen ki yu
4. Yuen cheou fang koue
DES CHINOIS, SuppL
Tome KL e Z
11_ f__
5. Yu pao ki tê,6. Hao Tien ouang ki.
7. Yn tfin fan hien
8. Ouo fin yué y.
Avant de mettre fous les yeux du Lefteur le chant que
portent ces paroles, je vais donner la traduction de l'Hymne
afin qu'onfe pénètre d'avance des fentimens qu'on doit trouver
dans l'expreffion de la mufîque. Chaque partie de cet Hymne,
comme on vient de le voir, efl compofée de huit vers &
chaque vers compofé de quatre pieds. En le traduifant en
vers François j'ai doublé le nombre des vers j'en ai employé
feize pour chaque partie & ces vers font de différente mefu-
re. On font affez que cette traduction n'eft point littérale il
m'eût été impoffible de la faire telle mais j'ai tâché de rendre
exactement le fens dé l'original. Je dois prévenir d'ailleurs que
je touche à ma foixantierne année, & que depuis vingt-fept
ans que je fuis en Chine, je ne me fuis guere occupé de
Poéiîe.
Pour trouver quelque fatisfa£tion à lire cette pièce il faut
tâcher de fe perfuader que la reconnoiffance envers ceux de
qui l'on tient la vie, efl l'un des principaux devoirs de l'hom-
me, & que ce n'eft qu'en s'acquittant de ce devoir, comme
difent les Chinois, que l'homme fe diftingue de la brute. J'ofe
ajouter que fi l'on veut eprouver une partie des effets que
produit fur les Chinois une mufique au moyen de laquelle
on témoigne fa gratitude envers les Ancêtres il faut, comme
eux être pénétré de tous les fentimens d'amour de refpeft
& de reconnoiffance qu'on doit à ceux à qui l'on efl redeva-
ble & de la vie & de tous les autres biens dont on jouit.
Alors on peut fe transporter en efprit dans la falle deftince à
leur rendre hommage.
On trouve d'abord dans le veftibule tous ceux qui portent
DE LA MUSIQUE
les etendards qui annoncent que c'eft dans ce lieu quele
Prince doit fe transporter. On y voit les principales cloches
& les principaux tambours les Officiers des gardes & quel-
ques Mufîciens tous rangés avec fymmétrie & immobiles
dans leurs poftes. En entrant dans la falle on voit, à droite &
à gauche les joueurs du cheng, du king & autres joueursd'inftrumens rangés egalement par ordre. Vers le milieu de
la falle font les danfeurs, habillés en uniforme & tenant
à la main les inflrumens qui doivent leur fervir dans leurs
evolutions (p ). Plus près du fond font placés les joueurs du
kin & du c/ië, ceux qui touchent fur le tambour po-fou & les
chanteurs. Enfin dans le fond même de la falle on voit la
représentation des Ancêtres, c'eft-à-dire, ou leurs portraits,
ou de fimples tablettes fur lefquelles leurs noms font écrits
depuis celui qu'on compte pour le Tay-tfon c'eft-à-dire, celui
qui eft reconnu pour avoir commencé la tige, jufqu'à celui
qui a tranfmis la vie & l'Empire au Souverain actuellement fur
le trône. Devant ces repréfentations eft une table garnie de
tout ce qui doit fervir à l'offrande & aux libations ( Voyez la
figure 39). En même tems que les yeux fe repaiffent de ce
fpeclacle & que le cœur difpofé comme je le fuppofe eft
agité des plus douces fenfations on entend le fignal qui avertit
de l'arrivée du Fils du Ciel ( l'Empereur )= Le profond filence
qui fuccede à ce fignal la démarche grave & majeftueufe
du fils du ciel qui s'avance vers la table des parfums com-
(/>) Le P. Amiot ne dit rien fur
ces inftrumens mais je trouve
dans fa iraduûion del'Ouvrage de
Ly-koang-ty qu'il y avoit, chez z
les Anciens des danfes appellécsdu drapeau des plumes du dard
&c. parce que les danfeurs te-
noient en main ou un étendard
ou un petit bâton furmemté de
plumes 011 un dard &c. & l'on
appc-loit la danfc de f 'homme, celle
où les danfeurs avoient les mains
libres & ne portoient rien dans
leurs évolutions. Cahier A, page
63 explicationde
Ly-koang-ty,
DES CHINOIS, Suppl.
Zij
mencent à infpirerce que
les Chinoisappellent une fainte
horreur fur tout û comme eux, l'on eft perfuadé que les
Ancêtres defcendent du ciel, pour venir recevoir les nomma-,
ges qu'onfe
difpofeà leur rendre. Mais lorfque le Souverain
etant arrivé devant la repréfentationde fes Ancêtres les Mufi-
ciens commencent à entonner l'Hymne je fuisperfuadé que
lespremiers
fons qu'on entend pénètrent jufqu'à Famé &
réveillent, dans le cœur les plus délicieux fentimens dont ilIL
puiffeêtre affefté. C'eft ainfi
qu'on peut expliquer comment
laMufique
apu opérer
de figrandes
merveilles chez les anciens
peuples,tandis
quela nôtre, avec toute fon harmonie, peut à
peine effleurer Tarne, pour ainfi dire. _“
Traduction DE L'HYMNE EN l'honneur
des S Ancêtres.
Première Partie ( ).
JLiORSQUE je penfe à vous, ô mes fages Aïeux! 1
Je me fens élevé jufqu'au plus haut des Cieux.
Là, dans l'immenfité des fources éternelles
De la folide gloire & du conftant bonheur,
Je vois avec transport vos ames immortelles
Pour prix de leurs vertus pour prix de leur valeur
De délices toujours nouvelles
Goûter l'ineffable douceur.
Si malgré mes défauts & mon infuffifance 9
Les décrets de la Providence
( ) C'efl au nom de l'Empereur
que les Muficiens chantent cet
Hymne. Ils commencent la pre-
miere partie lorfque l'Empereiir ?
etant entré dans la falle, fe place
debout devant la table où font les
repréfentations de fes Ancêtres.
DE LA MUSIQUE
M'ont placéfur la terre au plus fublime rang
C'efl parce que je fuis de votre augufte fang.
Je ne faurois marcher fur vos brillantes traces a
Mais mes foins affidus mon rcfpecl: mes efforts,
Prouveront aux futures races
Qu'au moins j'ai mérité de vivre fans remords ( ).
Seconde Partie.
Je vous dois tout j'en fais l'aveu fans peine
Votre propre fubltance a compofé mon corps
Je refpire de votre haleine
Je n'agis que par vos rcfiorts.
Quand pour donner carriere à ma reconnoiffance
Conduit par le devoir, je me rends en ces lieux,
J'y jouis de votre préfence
Vous defcendez pour moi du féjour glorieux.
Oui vous êtes préfens votre augufte figure
Fixe parfon eclat mes timides regards
Le fon de votre voix, de la douce nature,
Réveille dans mon cœur les plus tendres égards.
Humblement profterné je vous rends mes hommages,
O vous, dont j'ai reçu le jour
Daignez les accepter comme des témoignages
Du plus profond refpeft du plus parfait amour (•).
(*) Après cette eipece d'exor-
de, qui n'elt que comme une pré-
paration, ou une manière de fe
difpoferàfaire dignement les céré-
monies refpechieuies l'Empereur
fe profterneà trois reprifes diffé-
rentes frappe à chaque reprile
trois fois la terre du front, fait les
libations & les offrandes. Pendant
ce rems-là les Muficiens chantent
la feconde partie de l'Hymne, tou-
jours au nom de l'Empereur,
( ) Lorfque l'Empereur a
fini les cérémonies refpeftueufes
c'eft-à-dire après qu'il a offert
les viandes qu'il a fait les liba-
tions, ou vcr'é le vin qu'il a
brûlé les parfums & qu'après
s'être proilcrné il a frappé neui
fois la terre du front de la ma-
nière accoutumée il ie relevé &
fe tient debout dans la même atti-
tude que lorsqu'on chantoit la pre-
miere partie de l'Hymne.Alors les
DES CHINOIS, Suppl.1
TroijiemePartie.
Je viens de retracer dans ma foible mémoire
Les vertus, les travaux, les mérites fans prix
De ces fages mortels qui parmi les Ef^-its
Sont placésdans le Ciel au faîte de la
gloire.
Ils tiennent à mon cœur par les plus forts liens
Ils m'ont donné le jour, je poffede leurs biens y
Et plus encor je rougis de le dire,
(*) Moichétif. après eux je gouverne l'Empire.
Le poids d'un fi pefant fardeau
Me feroit trébucher fans cefle
Si le Ciel ne daignoit foutenir ma foibleffe
Par un fecours toujours nouveau.
Je fais ce que je peux quand le devoir commande
Mais comment reconnoître hélas tant de bienfaits ?
Trois fois avec refpeft j'ai fait ma triple offrande (** )
Ne pouvantrien de plus, mes vœux font fàtisfilits.
L'Hymne fini, l'Empereurfe retire avec fes Miniftres &
tout l'on cortègedans le même ordre
que lorsqu'ileft entré
dans la falle. Pendant ce tems-là lamufique continue jufqu'à
ceque
Sa Majeité foit rentrée dans fon appartement.
Les danfeurs font admis à cette cérémonie &y jouent un
rôlequi
contribue à la rendre encoreplus augufte par l'appareil
qui l'accompagne.Du refte par ces danieurs, il ne faut pas fe
figurerdes baladins ou de faifeurs de fauts. Les danfeurs
Muficiens entonnent la troifieme
partie.Pendant qu'on chante cette troi-
fieme partie les Ancêtres qu'oncroit erre defeendus du Ciel pourrecevoir les hommages qu'on leur
rendoit font fuppofés quitter la
terre pour remonter au Ciel.
( ) Ces mots qui commencent
le vers, font comme hors de rang
à l'imitation des deux mots chinois
Jîiio-tj'it: de l'original auxquels ils
répondent & qui ïont auffi hors
derang.
Ces deux mots fe chan-
tent à demi-voix & d'un ton
prefque tremblant.
(**) Par h triple offrande on
entend ici i°. l'oblation des vian-
des 2°-. les libations 30. les
parfums qu'on brûle»
DE LA MUSIQUE
dont il eft ici queftion, font des hommes graves, qui expriment
gravement par leurs geftes leurs attitudes, & toutes leurs
évolutions les fentimens dont le Fils du Ciel eft cenfé devoir
être pénétré lorfqu'il s'acquitte envers fes Ancêtres des
devoirs quelui impofe la piété filiale. Voyez les figures 40 a }
40 ô & leurs explications. Pendant qu'on chante le premier
mot del'Hymne
c'eft-à-dire ffee qui fignifie p enfer,méditer
profondément être affecté jufqù au fonddu cœur de ce à quoi l'on
penfe &c., les danfeurs font debout, ayant la tête penchée
fur la poitrine & fe tiennent immobiles.
Quant à l'accompagnementdes inftrumens lorfque les voix
commencent le mot fec, on donne un coupfur la cloche du
hoang-tchounVy c'eft-à-dire fa parce que la pièce eft dans
ce ton, & que le mot fee eft exprimé par la note koung
ou fa.
Après que la cloche a donné fon koung une feule fois le
po-fqudonne trois fois la même note. Après la troifieme note
du po-fou le kin & le chè donnent la leur le po-fou en redonne
encore trois après lesquelles le kin & le ché répètent leur note j
& c'eft lorfque quelqu'un de ces inftrumens commence, que
les chanteurs reprennent haleine. Ce que je dis ici pour la pre-
miere note s'obferve à toutes les autres; on doit juger par-là
de la lenteur avec laquelle procede ce chant.
Dans l'exemple que je vais donner je n'ai noté que la par-
tie qui fert à la cloche, au kin, au clzê & au po-fou parce que
ces inftrumens accompagnent toujours la voix ( q ). Les autres
(7) Il y a quelquefois une diffé-
rence entre ce que chante la voix
& ce que jouent ces inftrumens.
Dans les planches qui repréfenlent
l'Hymnenoté pour la voix à la
manière des Anciens la fin du
quatrième vers de la feconde Par-
tie (planche 10 ) & celle du
fixieme vers de la troifieme Partie
(planche 30), portent un re en
bas, au lieu du n en haut, qu'anoté le P. Amiot dans fon exem-
ple. J'ai cru devoir ajouter ce re
en bas, dans l'un & l'autre endroit
DES CHINOIS, Suppl.
inlîrumens quandc'eft leur tour de fe faire entendre, ne diftnt
tous qu'unemême note avec la voix.
Enfin tous les inftrumens dont j'ai parlé à la première Partie
de ce Mémoire, font employésdans cette îr.ufique.
Il y en a qui font en dehors de la falle les autres font dans
la falle même auprès des chanteurs.
Pour avertir qu'il faut commencer, on donne trois coups,
à quelqueintervalle l'un de l'autre fur le tao-kou enfuite un
coup fur la cloche, & la voix commence;, ainfi que tous les
inilrumens qui doivent l'accompagner.
A la fin de chaque vers, on donne un coup fur le lien-kou
à cefignal,les voix & tous les
mftrumens ceffent. Après un
petit reposon frappe
une fois fur Yyng-kou immédiatement
après, fur le hiuen.-k.ou enfuite un fécond & un troifieme coup
fur chacun de ces deux tambours, après quoi l'on donne un
coup fur la cloche, & les voix commencent le vers fuivant;
il en eft de même pour tous les vers.
Au refte le km & le chê comme je l'ai dit du kin ,h l'arti-
cle quatrième p. 1 7 1 donnent toujours deux fons à la fois c'eft-
à-dire, le même fon que chante la voix & la quinte de ce ton.
de cet exemple l'on aura ainfi la
note pour la voix, & la note des
inftrumens.
Cette obfervation peut faire
naître un doute touchant le qua-trième vers de la premiere Partie,
où l'on trouvera la même termi-
naifon du ri d'en haut awfa. Cette
tenninajfon eft conforme à la plan-che 1 1 qui préfente ce vers or
n'y auroit-il pas faute dans la plan-
che, ou dans l'Ouvrage dont on
l'a extraite ?
Aii refte, je dois encore préve-nir ici Qu'au lieu de foi 5 dernière
note du quatrième vers de la troi-
fieme Partie de cetexemple on
trouve un fi; dans laplanche 2.8
crui représente cequatrième vers
ioit dans le maintient de M. Ber-
tin, ibit dans celui de la Biblio-
thèque du Roi & ce/z eft confir-
me par le carairere ho qui répondà
kuii7:a dans lesplanches chinoi-
fes des deux mêmes manufents. Il
en eu de mêmepour les trois pnl-
fkges dont j'ai parle ci-deffus les
quatre exemplaires deplanches
font conformes à ce que j'aiénonce,
DE LA MUSIQUE
A la fin de l'Hymneon frappe un coup fur la tête du tigre
accroupi (fîg. 24 de la premiere Partie ) & l'on patte trois
fois la baguette ou tchen fur ion dos. Voici cet Hymne “
note à notre manière (r).
HYMNE EN l'honneur DES Ancêtres,
Première Parue.
Trcs4cntcmcnl.
Seconde Partie.
( r) Dans les doubles notesqu'on trouve à la féconde & à la troifieme partie
de cei Hymne le rc inférieur eft pour la voix & celui d'en haut pour les
snitrumsns, d'après ce qu'en a dit le P. Amiot à la page 182. Voyez Ibid, note y.
Jou
DES CHINOIS, Suppl.
Tome VI. -A a
TroijlemePartie.
Fin du Mémoire.
DE LA M U SI Q U E
OBSERVATIONS
Sur quelques pointsde. la Doctrine des Chinois.
PREMIERE OBSERVATION.
Examen des proportions expofées à la figure 9 a de la
féconde Partie du Mémoire du P. Amwt.
JL L s'agit ici des proportions que j'ai promis d'examiner
page 144 note mm.
Comme la figure c> a ne préfente pour les douze lu que
le réfultat des opérations de Hoai-nan-tfee décrites aux arti-
cles 5 & i de la féconde Partie ce que j'ai déjà dit à la
note y page 1 20 touchant les valeurs particulieres de quel-
ques-uns de ces lu, peut fuffire pour juger du vice des opéra-
tions par lclquelles on obtient ces valeurs & pour fe convain-
cre que Hoai-nan-tfce en voulant négliger les fractions
corrompt totalement une méthode, dont l'excellence confîfte
à n'admettre d'autres fons que ceux que produit une généra-
tion de quintes & de quartes alternatives. Méthode la plus
fimple & la plus parfaite que les hommes aient pu imaginer
jufqu'à ce jour, mais qui cefTe d'être la même fî on ne la
prend à la rigueur û l'on fe porte à altérer la forme & pour
ainfi dire la dimenfion que chaque quinte ou chaque quarte
doit avoir loit en retranchant quelque chofe de cette dimen-
fion foit en y ajoutant à fon gré.
Nous avons vu à la note y, que je viens de citer que les
feuls ions j 'a ut fol re la ont une valeur légitime dans l'opéra-
DE S C H I N O I S O6f.
A a ij
non de Hoai-nan-tfee.^OMS avons vu que le mi, quinte de la, eft
irrationnel quey?, quarteau-deffbus de ce mi ne forme point
une quarte jufteni avec le fon irrationnel 43 ni avec le ton
légitime 41- puifque ce fi, porté à 57, 0 oit être 50I, neu-
vieme octave de i engendréde
|. Or, les ions qui fuivent^Ç
dans la générationdes quintes
& des quartes alternatives
favoir fa.% ut% fol%, re%, la% font également
irrationnels, altérés & abfolument hors de leurs proportions
foit dans le texte de Hoai-nan-tfee foit dans la figure quien
eft l'expreffion.
Le/à dans l'un & l'autre endroit, eft évalué à j6 tandis
que la quarte au-deffousdéfi 5<Sf, doit être 75 f* onzième
octave de -– engendré de-|. Uut%, en fuivant toujours la
génération des fractions f, §, &c. Yut%, dis-je, doit
être 50 H & il eft porté à 5 15 mais le fol le re le la
détonnent bien davantage; le premier, de 6, avec. une frac-
tion, eft porté à 68 d'où les deux autres font trèi-confidéra-
blement altérés, tant en eux-mêmes, que relativement aux
fons qui les précèdent.On voit par-là de quelle importance il
eft de ne rien négliger en matière de fons car ici les fractions
valent autant quedes nombres entiers &il n'eft pas plus loifi-
ble d'ajouterau
produitde ces fractions ou d'en Supprimer
quelque chofe, qu'il ne le feroit d'ajouter ou de retrancher
des unités ou même plufieurs unités dans des nombres
entiers.
Mais, en prenant la progreffion tripleà rebours, & la faifant
commencer par le cinquième terme, par 81 il y avoit encore
un moyen bien{impie pour eviter de fe jetter dans les frac-
tions, comme je l'ai dit à la note y de la féconde Partie &
où j'ai promis d'indiquer ce moyen.Le
voici.
Les cinq tons des Chinois comme on l'a vu en divers
endroits du Mémoire du P. Amiot, font le réfultat des cinq
DE LA MUSIQUE
fons fondamentaux % l7/ ?0; rv Il eft vifible, fans que je
m'arrête ici à legrouver que la progreffion des nombres qui
répondent à ces fous eft l'inverfe de i 3 9 27 8 1 O<r
pour avoir un nouveau fon au-deflus de la qui répond au pre-
mier terme de la progreffion à 1 puifque ce terme conduit
à fy par la marche rétrograde qu'on a priie il ne falloit, pour
eviter cette fraction qu'ajouter un nouveau terme à la fuite
naturelle des nombres 1 3*9, 27,81. Le triple de 8 1 étant
243 il n'y avoit qu'à pofer 243 fur fa & l'on arrivoit ainfi
à mi 1 quinte de la, qui pour lors répond à 3 comme .£'
lï }Ii 'J ïà »)• Voul oit-on avoir un fi, quinte (ou douzième)
de mi ? la même méthode le fourniffoit en avançant encore
d'un terme c'eft-à-dire en pofantyâ à 729 on aboutiffoit à
fi 1 Il en eft de même pour tous les ions ultérieurs qu'on vou-
dra ajouter à fi, favoir fa^ m^0 &c. comme dans
l'exemple fuivanr.
81. 27. 9. 3. ï.fa M
fol re la.
243. 8i. 27. 9. 3. 1.
fi' utfol re la mi.
719- 243. SI. 27. 9. 3. T.
fit utfo 1 re la mi
fi.
21S7. 72JJ. 24;. gl. 27. 9. 3. 1.
./iut
fil rcU mi
fi fa^
'6561. 21S7. 719. 243. 81. 27. 9. 3.y^ utt fol re la mii
/a^ 2/
19683. 6561. 1187. 719. 243. 81. 27. g. 3. Ti
fa ut fil 1 re la mlfi fa% u:% foi^
59049. 19683. 6561. 2x87. 729. 243. Su 27.9. 3. t
fa ut 1 re la mifi fj% Ur% /o!%
J77J47- 59°49- i9683- 6561. 21S7. 729. 243. 81. ^27. 9 3 Tut
fol « la mlfi fai% ur% fil% re% là.
En rapprochant alors du fa 1 771 47, les autres fans pa-les moindres intervalles poffibles, le fyftême chinois fe trouvoit
exprimé par les nombres fuivans
'DES CHINOIS,0^
I77M7- 1<>5888- 57464- 147456- 1 399^8. 131072. 114416.
/a /i^ >/ >m
118098. 110592. 104976. 98304. 93311.
«r k*|^ // «^ mi.
On pourroitêtre furpris de voir ici le hoang-tchoung ou
/à, exprimé par le nombre 177 147; mais il n'y a, en cela,
rien d'étranger à la doclrine des Chinois. Voici ce que dit le
P. Amiot dans les Préliminaires de fa traduction de l'Ouvrage
de Ly-koang-ty fur l'ancienne Mufîque cahier A page 8.
« Le hoang-tchoungeft le tout qui diviie juf qu'au poiuble
s> du moins jufqu'au terme de l'unité donne les lu & les tons.
»3 & 9 font les nombres générateurs. Ils font indifféremment
» diviseurs ou multiplicateurs.Si 3 eft divifeur le terme de
»hoang-tchoung eu. connu, c'eftle nombre 177 147. On trouve
» ce même nombre parla multiplication & on a les progrei-
» fions fuivantes
» 1 3>9?2-7>§I » 243 5 7295 2187,6561 19683, 59049,
» 177147 hoang-tchoungou bien 177147 59049, 19683
» 6561 21S7 729 243 Si 27 9 3 1 hoang-tchoung».
D'ailleurs, dès que les Chinois appliquent, à la progreilîon
triple,des quintes, owdou^ictnes en montant; des que, pour
avoir leurs douze lu les fons qui forment ces quintes doivent
être au nombre de douze il eft évident que le terme d'où il
faut partir pour la génération de ces quintes ne peut être ni
8; ni tout autre terme intermédiaire mais le douzième
1 77 1 47 fi l'on veut que le douzieme fon la^ ne parle pas
le nombre ou terme i. Les difficultés même qu'éprouvent les
Chinois, en allant au-delà de ce nombre 1 font une preuve de
la (implicite de l'opération dont je parle.
DE LA MUSIQUE
A dire néanmoins ici ce que je penfe il me paroit plus
naturel de croire que les Inftituteurs de la progreffion triple
partant du terme i faîfoient correfpondre à cette progreffion
des quintes, ou douzièmes, en defcendant. En effet, pour
pouvoir procéder en montant, il faut néceffairement commen-
cer cette marche par un terme affez éloigné du premier pour
qu'on ne puiiTe être arrêté par l'obftacle des fra&ions. Or par
quelque terme que l'on veuille commencer le nombre qui
exprimera ce terme paroitra toujours un nombre arbitraire
car on peut alors demander d'où vient 8 1 t d'où vient 1 77 1 47 ?r
Au lieu qu'en partant de l'unité, qui, dans les idées mêmes
qu'en ont confervées les Chinois eit l'origine la fource le
principede tout; on marche pour ainfi dire toujours devant
foi dans un chemin connu & fans obftacles. Voyez le pafTage
de Hoai-nan-tfee rapporté à l'article 5 de la feconde Partie
page i 1 8 Le principe de toute doctrine ejl Un &c.
Il nous refleroit à examiner, dans la figure dont il s'agit ici
l'ordre des lu: Hoang-tchoung ta- lu tay-tfou &c. appli-
ciué à des demi-tons. Comme la figure 9 b préfente un ordre
par quintes déduit de celui-ci je parlerai de l'un & de l'au-
tre à l'Obfervation fuivante.
S E C O N D E O B S E R V A T I O N.
Sur la figure g b de la féconde Partie.
JL our répandre plus de clarté dans ce que j'ai à obferver
fur cette figure je vais trailfcrire ici un texte qui préfente les
mêmes objets, quoiqu'avec une différence dans l'ordre des lu.
Ce texte eft fous la claffe de ceux que le P. Amiot appelle
Textes de FHifloire dans fa traduction de l'Ouvrage de
DES CH1NOIS,O^
Ly-koang-tycahier B n°. 9 page
282. Je joindrai à ce texte
l'explicationde Ly-koang-ty qu'on
trouve à hpage 2.83 du
même cahier B. Les notes qui accompagnent & le texte &
l'explication font du P. Amiot. Je les tranfc/rai ici fous leur;,
mêmes numéros.
TEXTE.
« Voici les divifions qui conviennent à chaque lune (88)
» Tfee i. XIe. Lune.. Hoang-tchoung.» Tcheou 3. 2. XIIe Ta-lu.
» Yn 9. 8 Ie Tay-tfou.» Mao 17. 16 IIe
Kia-tchoung.» Tchen 81. 64 IIIe Kou-fi.
» See 2.43- I2&. • • IVe Tchoung-lu.» Ou 719. 512. Ve Joui-pin.» Ouei Z187. 102.4. VIe Lin-tchoung.» Chen 6561. 4096. VIIe Y-tfô.
» Yeou 19683. 8192. Ville Nan-lu.
» Su Î9°49- 31768. IXe Ou-y.» Hai 177147. 65536. Xe Yng-tchoung (89 ),
Explication.
«Tfal-che des montagnes de l'Oueft dit que le nombre 3
» fait les tons hauts ou bas, ielon qu'il eft divifeur ou multipli-» cateur, qu'il eft ajouté ou fouftrair. Depuis 3 en
haut, tous
» les nombres font pris de la divifion duhoang-tchoung. Le lu
»qui répond à tfee eu le dividende.
» Le lu de yn ( c'eft-à-ciire le tay-tfou ) le divife en pou-
ces (90 ), celui de tchen en lignes celui de ou en dixièmes
«(88) C'eft-à-cUre aux lu
*r correipondaas à chaque lune ».
» (89) A côté des chiffres de
»tchaque lune j'ai ecrit les lu cor-
» refpondans pour la commodité
» du Lefteur ».
« ( 90) Il me femble qu'il feroit
» mieux de dire le nombre aiîi–
» gné au tay-ijou exprime celui
» despouces
le nombre de kou-fi
»exprime
celui deslignes,
Sic. w
DE LA MUSIQUE
» de ligne celui de chen en centiemes celui de fu en millie-
» mes; pour ce qui eft des fix qui reftent à favoir les lu de
» tc/ieou mao Jèe ouei yeou &c kai ils ont chacun trois
»»divifions, parmi lefquelles il y a des pouces des lignes, des
» dixiemes des centièmes & des milliemes parties de ligne.
» Les chiffres qui font à côté de ceux des lunes tcheou ,yny
» mao &c., expriment le nombre des parties du hoang-tchoung
»qui convient à chaque lu. Par exemple tfec qui défigne le
» hoang-tchoung efr. le d ividende tcheou 3,2, fignifie que
» fi on divife le hoang-tckoung en trois parties egales tcheou
» aura deux tiers du hoang-tckoung. Ainfi., fuppofant le hoang-
»tchoung divifé en trois parties dont chacune fera de trois
» pouces on dit 3 multiplié par 3 donne 9 les deux tiers
» de 9 font 6 donc tcheou aura fix pouces. Si le hoang-tchoung
» a 27 parties égales nzao aura feize de ces parties & ainfi
>~des autres. Telle eft la méthode par laquelle on peut favoir
yi la doctrine du ciel ce de la terre ( 9 1 ) ».
Que l'on adopte ou non cette explication de Ly-koang-ty y
il eft toujours confiant que le texte nous préfente la progreffion
triple appliquée à l'ordre des lunes, telle qu'on la trouve fur
la figuredont il s'agit dans cette obfervation. Il y a feulement
une différence dans l'ordre des lu, ajoutés au texte par le P.
Amiot. Mais cet ordre étant le même que celui que les Chinois
modernes regardent encore comme l'ordre primitif, même en y
appliquant des demi-tons ainfi qu'on l'a vu aux articles 2 & 3
de la feconde Partie pages 95 & 99 il s'enfuit que ce même
ordre, vraiment primitif, & antérieur à tout autre arrangement
«(91) En adoptant l'explica-
» tion de Ly-koang-ty on doit
»expofer
le texte de cette manie-
» re la onzième lune qui repré-
» fente hoang-tckoung elt le divi-
» dende » égal à i. La douzième
» lune, qui repréfente le ta-lu de
» trois parties du hoang-tchoung
» en a deux. La première lune
»qui représente le tay-ifou de
» neuf parties du hoang-tchoung» en a huit & ainii des autres ».
Jes
DES CHINOIS, O*/
Tome VI. B b
4
des lu doit néceffairement répondre à une férie de confonnan-
ces, puifqu'on ne fauroit appliquerla progreffion triple à des
demi-tons comme fa fa% fol ,fol%, la &c. fans tom-
ber, pour ainfi dire, dans la plus grandedes abfurdités ( a ).
Si les Chinois modernes, fans doute, depuis les ecrits de
Hoai-nan-tfee femblent regarder les demi-tons comme les
premiers elémens de la générationdes fons & û d'une certaine
fora me de ces demi-tons ils recompofent enfuite les quintes &
lesquartes ( en clefceizdint de huit, & en montant de fix ) la
progreffion triple, inife à côté des lunes dépofera toujours en
faveur des confonnances, prifes, par les Inftituteurs pour
premiers principes dans la génération des fons; & ces confon-
nances feront pour ainfi dire l'interprétation qu'ii faudra.
joindre foit à l'ordre des lunes tfîe tcheou, &c. foit à celui
des lu hoang-tchoung ta-lu &c. foit à la férie des nombres
1,3, 9,&c. (i).
(<z) Je ne m'arrêterai pas ici à
ïe démontrer. Ce que j'ai dit au
fujet d'un paflage de Plutarquedans la feconde Lettre à l'Auteur du
Journal des Beaux-Arts & des
Sciences, page 37, peut fuffire à
cet egard. Voyez ce même Jour-
Bal Août 1771 page 219.
Plutarque dans Ion Traité de
la création de l'a me applique les
nombres 27 81 243 719 de
la progrefîîoa triple à l'ordre des
planètes la lune mercure venus
lefoleil, répondant aux lotis dia-
toniques la, fol, fii mi du fyftcmedes Grecs au lieu de faire corref-
pondre ces nombres à un ordre de
confonnances al'arrangement
qu'ont entr'elles les planetes lorf-
qu'elles défignent les jours de la
iemaine la lune, mars mercure t
Jupiter ou la, re ,/bl ut, c'eft-à-
dire, lundi mardi, mercredi, jeudi.On peut remarquer qu'au moins,
dans Phttarque, les fons diatoni-
ques,la fol fa nzi, font pris en
defcendant. Que feroit-ce donc fi
on appliquoitles mêmes nombres
la même progreffion triple à des
fons qui monteroient par demi-
tons ? comme
i. 3. 9. 27. 81. 243. 729.
fa fa* fol fol* la la* fi, &C.
(7>) Les exemples que je don-
nerai à la fin de cette Observation
en convaincront encore davanta-
ge. J'exprimeraià notre manière
c'eft-à-dire en notes de imifiquece que repréfentent
les nombres
tant du texte quede la figure. On
y verra comment les divers inter-
DE LA MUSIQUE
Ce qui a pu conduire les Chinoispoitérieurs aux Infutntcurs
desprincipes de la Mufiquc à faire
correfpondre une férié de
demi-tons l'ordre primitif des lu y c'cft fans doute comme
je l'ai tait remarquer à la note h de la féconde partie page 95
l'ordre des tuyaux appelles du nom de & rangés pardemi-
tons dans certains inftrumens.Voyez a l'article S de la première
Partie la defcription dukoan-tfce page 66 & la figure 27.
On peut voir encore dans le Chou-kingmis au jour par M. de
Guignes, l'inirxument n°. 6 de laplanche
1.
Figurons-nous l'ordre des lunes, par leiquellesles Chinois
divisent l'année comme nous concevons celui de nos mois
Janvier, Février (c) cvc. Nous avons vu à l'article 5 de la
féconde Partie page 1 23 que cet ordre des lunes eft auffi
familier à un Chinois que peut Têtre a un Européen celui des
mois.
Or, comment avec cet ordre des lunes, que les Chinois ont
toujours prélent à l'efprit avec destuyaux, appelles lu ran-
gésiuivant Tordre de leurs différentes longueurs ( figure 27 )yy
& le premier de ces tuyaux le premier lu répondant à la
valles muficaux font engendrés des
confonnances. Vérité qu'au bout
de quatre mille ans Rameau &
Tartmi ont de nouveau apperçue
pour le fond, dans leurs îyfîcmcsiur la génération des ions mais
dont ils le iont ecarres à l'égard de
quelques détails pour les ramener
aux erreurs des modernes dont ils
etoient imbus.
(<.) C ett de Tannée Joîaire qv.e
je parle ici. Cette ar.r.ce commence
au loliiice d'hiver & répond
pour le tems à notre mois de
Décembre, & au ligne du capri-corne. Voyez le Choit-king Paris
1 770, Dilcours Préliminaire,?. 50.
Comme ce ncû ici qu'une com-
paniilbn que je fais des lunes des
Chinois aux mois romains la rd-
fembbrice entre ces deux objetsconiiile en ce que les Chinois com-
mencent leur année par 'a oiv/itme
lune, comme nous la commençons')"J- "ttl "fi 'le 01171'C'111' Liesp~«r Janvier, qui cû le onzième des
mois romains, Février le douziè-
me 6v"AîiifS ie premier. Aiiii: lorl-
qti'un Chinois leslu aux
lunes tja tchecu \n £cc. nous
pouvons très-bien, pour nous ren-
dre ces objets plus familiers les
rapportera nos mois, le premier
U à janvier, le fécond a Février, ]
le troiiieme à Mars &c,
DES C FI I N O I S, Obf.
B b ij
lune qui commence l'année à Janvier ou tfee comment
dis-je avec tout cela, le fécond tuyau le fécond lu n'au-
roit-il pas ncceflairemeiit été Février ou Tcheou le troilïeme
Mars ou Yn Sec. pourles Chinois qui n'ayant plus les yeux
de la théorie venoient à fixer ces tuyaux, & iavoient d'en-
fance l'ordre des noms tfee, tcheou yn, mao tchen, ocz.
&c. &c. ?
De-là les noms propres des lu hoang-tclioung ta-lu &c.
fuivant exactement l'ordre des lunes ces noms fe font trouvés
correfpondreà cles demi-tons à des lu rangés fuivant l'ordre
de leursdifférentes longueurs
au lieu de répondre à des quin-
tes, à des lu principes règles & modèles d'intonation. Voyez
note a de la premiere Partie page 28.
Cet ordre de demi-tons, devenu l'ordre primitif dans l'efprit
des Chinois l'ancien ordre desquintes n'a plus été pour eux
qu'un réiiiltat une combinailon du nouvel ordre & ils en ont
formé la fuite des noms hoang-ichoung Ln-tchoung, &c. que
préfentela figure 9 b pour exprimer ces quintes ci-devant
génératrices,& produifant tout ce qui fe nomme intervalle
engendrées maintenant elles-mêmes d'une longue fuite de demi-
tons. Mais il eft confiant par l'ufage qu'ont fait les anciens
Chinois de la progreffion triple, quece tout les conionnances
les quintes, quileur ont fourni, & leurs tons, & leurs demi-
tons en un mot,tous les tons dont un
fyilême mulïcal peut
être compofé fous quelqueforme que ces tons ie prélcntent
foit comme des degrés plus ou moins rapprochés, foit comme
des intervalles plus ou moins grands. On peut voir dans la
Lettre que j'ai citée à la note a Journal der Beaux-Arts &
des SciencesAoût
1771 page208
(ou
pagev6 de la Lettre
impriméeà part ) ce que j'ai dit touchant la queiHon fi ceft
d'une juitede
degrés conjoints que font forméesles
confonnances
ou flce
ntjl pasau contraire
dSune jénede
conjonn.inces ^ueie.<
D F. L A M II S I Q U V.
th;\ .-V <<» tirait leur on finie. Cette queilion I)ien CA'llïU-
née lera connoitic (i les inUiuuouis tic l;i Muliqne(.lu1/, les
Chinois, ont eu pour premiers pi nu ipes une léne dedemi-
tons comme loniblcnt le pcnler les Chinois plus modernes,
raiù'inblablomcut d'après lesceins de //iM/h.i/m/.c, ou (i
ces premiers principes ont été les conionnances comme, tout
le demomte ( )-
Voici les exemples que j'.ii .nmoneés à l.i noie A. Le premier
t'it lYxptvlhon du tevte de l.i p.ii',e u)i d'.iprès l'explic.itioii
tle L\ -Ù-. : Le (econd prélente le mêmeol>|ei tn.nscon-tormemeiu A l'explieanon
de laligure o A
uuicliant les
nombres en progrelliondouble ex"
t|iiadnij)lc.
l\iniu les diversmoyens que j'ai ellayés,
de rendre ces
objets encore plus lenhbles que dans la figureou dans le texte,
je n'ai rien trouve deplus clair, & qui put dire p'.us de choies
dans unmoindre efpaee, que notre manière
de noter les ions.
Les Lecteurs tant ioitpeu
mvilieienspourront
en|Ui^cr.
Au telle je n'écrispas
les noms des lu à caule de la diffé-
rence d'ordre entre ceuxque porte
laligure eV ceux du texte.
On pourrafur
chaque exempleibus-eureiulve l'un ou l'autre
(-0 Q'c-k J.o l.i progreflion
•• 'y.c cw'cwMicnt toutes les
w f~l:v'w`:1~i;cilt1y11Ca
(~Ci lll\W1'j•• rorrv.cs .ut";is?miq\it?>
des divers
•• o: :r.r.i:U' Leurs définitions
• ce l.ï c-.iinte i de la quarte•
4 du :on S o du limnia ou
•• :e:r.o:: d!.uo:i;ci:e 143 i^ 6,
.'• >ie 'j".o:r.e ou le mi-ton chro-
rr.îtirv.e 1C4S 11S7ne tout
î"e cr.O'.e eue ces reuikî.ts
*>;'v."é une de douzièmes, don-
••~ees
per11 rrocr^:uo;i triple
>
mi di-^x-A-.i C-* Jis Scitmis page
41 ou pai'.e zt, 4 de ce mûme Jour-
nal Août 177 1.
Ces ./<-<u^c/c.< données par ht
pvo^reihon triple vont fctrouver
rapprochées (bus la forme de quin-
tes Ck de quartes alternatives, dans
les deux exemples l'uivans d'011 il
i'era aile de conclure quela (uite
des contbiinaiices repréfentôc par
cetre même proj^reflioncil la baie
du i'vitcme chinois comme elle
l'ett "de celui des Grecs & de tout
iViîème nuiùcal où l'oreille eit
conlukce.
DES CHINOIS, Olf.
ordre, comme on voudra. Le fa dans les deux exemples cil
le hoang-tchoung des lu moyens,dits naturels & les
guidons
délignent toujoursce même
Iiodtig-iclioiing, premier généni-
tcur de tous les autres fous, & auquel il faut appliquer ks nom-
bres intérieurs.
Texte de THifloire 7 d 'après [explication de Ly-koang-ty.
FI G u RE <),b, d'après l'explicationdu P. Aimou
On voit dans ces exemples la vraie portion de chaque Ton
relativement au nombre qui l'exprime. Il efl aifé d'y remarquer
une férié de quintes & de quartes alternatives d'où réfulte la
julte proportion de chaque intervalle que cette férié forme
dans fa marche laquinte {fa ut)
comme de 3à 2 le
ton
comme de 9 à 8 la fîxte majeure, comme de 27 à 1 6, &c. &c.
On peut relire l'explication de Ly-koang-ty pour voirque
fi, dans le premier exemple le hoang-tchoung ou fa dénVné
par un guidon, contient trois parties, fa quinte ut en aura
deux que il ce même/à contient 9 parties, le fol qui forme
un ton avec lui en aura huit & ainfi du refte.
Quant au fécondexemple j en voici la clef.
De là}, c'eft- à-dire de fa à ut il y a l'intervalle d'une
douzième. Or, fi on eieve d'une octave le fa délign-j par
un guidon en le portant à 2 on n'aura plus que la lîmnle
quinte de fa à ut, dans le rapport de 2 à 3 li on eleve ce
DE LA MUSIQUE
même fa de trois octaves, en le portant à 8, on aura le ton fa,
fol, dans Le rapportde 8 à 9 & ainii du relie ( e).
En comparantà ces exemples le tableau de la page 248 de
mon Mémoire tous ces objets deviendront encore plus fe no-
bles pourles perfonnes a qui
notre manière de noter les ions
n'eft pasbien familière.
Mais ce quetout le monde peut ail ement remarquer dans
ces exemplesc'ell cette distribution des ions comme en
deux parties féparéesl'une inférieure, l'autre iupéiïeure. Les
fix notes inférieures fj- fol la.fi ut% re forment les yang-
lii des anciens Chinois les îix notes lupericures, ut re mi fa.
fàM. ^aM- 1 préfententleurs yn-lu. Je dis des anciens Chinois
parce que les modernes a compter peut-être depuis Hoai-nan-
tféd (Voyez note s page 118), failant correipondre l'ordre
primitifdes lu à des demi-tons, leurs
{vs. yn-lufont différais
quant à l'ordre des fans. Mais on voit par la figure 1 5 ade
la féconde Partie & par ce qui eil dit à l'article 7 de cette
même Partie touchant la génération des lu pag. 1 28 1 29
queles Chinois modernes ic
rapprochent quelquefois pour le
fond des idées des Anciens. Les fix yn-lu que préiente cette
(c) L'explication que donne le
P. Ainiot de la figure 9 h porte
queles nombres 2,8, 16 6cc.
font ai pw.'XilJlon doutli & quadru-
ple pour rapprocher Us tons, aumoyen da leurs cclavis. Cette expli-
cation, h elle ctoit prileà. la ri-
gueurlailïeroit entrevoir un trop
grandintervalle entre le fa, dcii-
gné par un guidon& les trois
ions fol 4, I4M. Mais le
texte que j'ai rapporte, en confir-
mant Li jurk-iïe des nombres que
portela figure fait voir que
ces
trois ions ne peuvent être rappro-
chésdavantage du fa fans dc-
truire l'ordre des confonnances qui
compofent cet exemple. L'objet
'que le font propeié les Chinoisdans cette figure n'eïl pas de met-
tre fous les yeux les moindres
intervalles que le fa le hoan«-
tchouns; puifle former avec lesautres fons qu'il, engendre, mais
de preienter dans une fuite de
quintes & de quartes alternatives,
le tableau des douze lu fous uns
forme plus rapprochée de La pra-
tique.
DES CHINOIS, Gif.
figurene différent de ceux des exemples que par l'inverficn
des noms des lu. Cette inverfion même fe prouve par le vice
des yn-lumodernes.
D'après ce qui en eil dit à l'article 2. de la Seconde Partie
page 0.6,les fix yn-lu font ta- lu kia-tchoung iclioung-lu
ân-ichoung nan-lu &Zy?ig-tchoung c'eft-à-dirc ,/t^ Jbl^,
la %i,itt re mi. Or on voit ici entre b% & ut ( tchoung-lu
& Im-tckoung) une interruption notable dans la marche des
yn-lu ces deux fons ne pouvant former l'intervalle d'un ton
obfervé entre tous les autres lu tant y a ng, que yn.
Suppofera-t-on que Y ut eil: la même chofe que jî-dicfe ? Mais
alors le même inconvénient fe trouvera entre Jî & re dont
l'intervalle ne fauroit être regardé comme un ton. Je lais bien
cru'un Températeur ne manquera pas de dire qu'un, ut deux fois
diefe eft la même chofe que re &c qu'il pouflera peut-être la
fuppofition jufqu'à regarder les trois fons/7^ ut% nr%
comme les fynonymes de ut, re mi. Mais la Mufique n'a pas
encore adopté une pareille transformation de tons & de
noms 1! cil démontré que fî% n'cll pas ut, & Terreur, à cet
égard, de quelques Praticiens bornés ne fait pas corps avec
les principesimmuables de la Mufique (/'). Il y a donc toujours
on vice dans les hx yn-lu des Chinois modernes, en tant qu'ils
commencent par fa
Si l'on prend ces yn-lu tels qu'ils font expofés à la figure
ï 5 a déjà citée on trou^ïrera les nx fons m rcmi ja")^ /c/.$|
In Stf,fans
interruption{ans
lacunes tonnant tous entr'eux
(/) Les Conipoflfeurs fur l'cpi-nette font quelqucibis nface de
cette transtbrmatioiide ions. Nous
•avons aftuellement en France un
Opéra où dans une fuite de rao-
thiiaiions très-rapides &C fans liai-
son le Compoiiteur arrive à un
foi-J'cfc, le prend pour un la-bânolJ
écrit /.i- j/;w/ &i dans l'exécution ')
ïorchc-jîre ne craiiit pas de dtton-
ncr pour jouer cet abfur Je /vwo/,
qui doit taire oublier le jnl-dlcfc.
Voyez frkigen. enAid. pag. 183 de
la Partition,
DE LA MUSIQUE
l'intervalle d'un ton, & fous la même proportion que dans les
exemples. Et cela doit être puifque cette figure, d'une ligne
entiere à une ligne brifée ne préfente que les mêmes fons la
même férié de quintes & dequartes alternatives exprimée
par les fyllabes fa ut fol &c. dans la figure & écrites en
notes de mufique dans les exemples.
Je Iaifle aux Muficiens le foin de réfléchir fur la beauté la
préciiion& la (implicite de cette antique doclxine des Chinois; i
aux Théoriciens qui ne peuvent ou ne veulent pas vérifier les
chofes par eux-mêmes le plaifir de nous répéter que la tierce
de fa à la. eft dans le rapport de 4 à 5 ou 64 80 l'intervalle
de fa à midans celui de 128 à 240 (g) &c. & à ceux dont
les connoiffances fur laMufique & fur la théorie font
reftraintes aux inftrumens à touches la confolation de regar-
der l'expreflion numérique des fons comme une chofe idéa-
le ( à) ou la folle prétention d'établir que lafcience des propor-
tions harmoniques inventée par Pytkagore & cultivée jufqu'à-nos jours, riejl qu'une fcience trompeufe ( 1 ).
(g) Au lieu de 64: 81, & 128:
243 qu'on voit dans les exemples.
Au refle les proportions faftices
qu'on trouve dans tous les Théo-
riciens Européens qui ont ecrit
depuis environ deux iiecles ne
font qu'une répétition de ce qu'a
cru etablir Zarlin dans fes Inftitu-
tions harmoniques 6c perfbnne
n'a penfé encore à vérifier fi Zarlin
avoit raifort & fi les proportions
qu'il adopte ont un principe. Voyez
le Mémoire fur la Mufiquz des An-
ciens, pages 89 160, éc le dernier
alinéa de la page 250.
( h )« Dans le monde idéal tout
» eft facile c'efl des fons iur-
» tout qu'on s'occupe dans ces
»régions aériennes. On
y fixe le
» tems,le lieu & la méthode,
» d'après laquelle l'oûave s'eû
>»complettée de treize fons on
» calcule comment s'engendre» l'harmonie &c. » Traité de
Mufiquedédié à
Monfeigneur le
Duc de Chartres Paris 1776, Dif-
cours fur Vorigine des forts
page 8.
( ) Ckiunque cébia,qualche Lune,
délia volgar Aritmetica dit encore
un Difcoureur furl'origine des
fons vzdraGerzi~mJ
irz gtner-ale c/i.:
la Jcien^a de' mimin armonici inven-
tata da Pitagora ecoltivata infino
a' tajipi nojlri.h una pura fallacitt,
Dell' origine e delle Regole della
TROISIEME
DES CHINOIS, Où/
Tome VI. C c
TROISIEME OBSERVATION.
Source des proportions factices des Chinois modernes.
JCj N circonfcrivant leurs douze lu à douze fons déterminés
les Chinois modernes n'ont pu avoir douze modulations fans
être forcés d'altérer les proportions d'une partie de ces fons.
Mufica. In Roma 1774; Introdu-
lione, pag.1.
La raii'on de l'Auteur de cet
Ouvrage eft que quand il veut ïe
mettre à ton clavecin, qui vrai-
femblablement eft de l'elpece de
ceux qui n'ont qu'une touche pour
rc-dkfc, par exemple & mi-bémoL,
il faut que ton Accordeur détruire
toutes les proportions que la théo-
rie affigne aux divers fons à l'ufagede la Mufique
e quai Jcïocdu-^amozz é qrzzlla s'ecrie-t-il alors
fuppore la Mufica fondata in certc
ragionï che bijbgna guajlarc per ri-
durre laMujîca
ad efecu^ione ? Ibid.
Lib. 1 cap. 1 pag. 71.
Mais voici ce que penfoit le
fameux Becattelli autrefois Maître
deMufique à Prato en Tofcane, 1
touchant la différence entre les
diefes & les bémols, que les Pra-
ticiens mcmes les plus bornes
diftinguent fur les inftrumens li-
bres, tels que le violon, le vio-
loncelle, &x.
« Se ne' communi firumenti di
» tafti, per la mancanza delle pro-
» prie voci fi prendono e per» diefis e per bmolli
queitalli
s> che tali non fono, aquelle ci
»aftringe la neceffltà prenden«
» do per quelli che dovrebbero
y> cflere( fondait
in ccrtiragioui )
»quelli che s' cletti (noni ion più
» vicini e pui proffimi Ma
»quando un tafto per un altro û
» prends il nome fuo allora è
»quello per ioquale è prefo, a
» dove che altnmenti iacendo
» non folo patii'ce il fenfo ciell'
M udito ma tutto il nobile com-
» pofto deila niufica fi rovina e
» confonde.
» Se prender emmo un cembaJo,» cii quelli che cromatici fort
» chiamati ( cembali fpcrriiti ) oh
»'quanto fcorcleranno le parti tra
» loro nelie lole accompagnature» del medeilmo cembalo » Sup~
phmemi al Giornale de Limrati
d'haUa Tome III Venife 1726
pages 19,30,3 2.On von par ce paîlage que fi
l'Auteur dclP ongjnc eût appris la
Mufiqi:c kir un de ces clavecins
que les Italiens appellent frc-?i.:t:
( clavecins brifés}&
qui ont leur
touche pour Ui-dï:J'c 6-1 leur icn-
che pour [i-banol &c. la icience
desproportions, qu'il
croit inven-
te e par Pytl ngore ne lui cin pas
DE LA MUSIQUE
C'efr. ce que je me propofe d'examiner dans cette Obferva-
tion, où je ferai voir en même tems quels font les moyens
qu'on peut employer pour obtenir réellement douze modula-
tions, émanées d'un même principe, ou, ce qui efl la même
chofe pour avoir, dans un fyftême mufical tous les fons
légitimes qui doivent former douze gammes différentes.
Au refte il ne s'agit ici que de modulations ou de gammes,
en mode majeur foit qu'on les arrange à l'européenne, c'efi-
à-dire, fur le modele de notre gamme 6! ut foit qu'on les dif-
pofe à la manière des Chinois dont la gamme fa fol la f ut
re mi fa efl le modele & où le quatrième fon le pien-
tché forme avec le houng ou premier fon, une quarte
fuperflue. Venons à notre Obfervation.
D'un fon donné à fon oclave on compte douze demi-
tons, dont fept font appellés diatoniques, ou limma. & cinq
paru une fcience trompeufe una
purafallacia puifque ces clavecins
devant avoir leurs quintes juftes
e'eft-à-dire dans In proportion de
3 à 2 telle qu'on l'a vue dans les
exemples, pag. 197,1011 Accordeur
n'auroitpas eu la peine de corrom-
pre cette proportion.En effet, ce qu'on appelle tem-
pérament à l'égard des mftrurrjens
quin'ont pas tous les tuyaux,
toutes les cordes toutes les tou-
ches qu'il leur faut n'eu quel'action d'altérer la forme de cha-
que quinte, juiqu'au point nécef-
faire pour en obtenir des demi-
ions neutres, qui ne loient ni le
majeur ni lemineur .(Voyez
note de la iecon.de Partie, page
116); ou ce qui eft la même cho-
ie U umpîrammt félon qu'il a
déjàeté défini confijle. à difeorder
tous /- demi-tons qui Je rencontrent
entreun fon donné & fon offave, de
manUreqitaucun
de ces demi-tons
nepuijfe
être dit appartenir ri tel ou.
tel mode( ). Or, cette action à' al-
térer des Ions de lesdifeorder ne
iaia-oit êtreregardée
comme une
perfectiondans la
Mulîque encore
raoins comme unprincipe
iiir
lequel onpût jamais eiablir les
rc^Ls de cerïc feience(**).
(*) Voyez le Mémoire fur la Mujîquedes Anciens note 34.
( ) C'eli (l'p.près le clavecin que l'Au-
teurDeWOrigiae e:h>lin les
règles de la
Miifiqi:£ comme h <lôs !cng-:ems avant
cpie t'Auteur viiir ;u mr-rAie avant qu'ilcx;ft;it des clavecin; ou autres in!îrt:mtns
à touches, inventes ti;i:is clcs fiec'.es de
barbarie ia Muiiqjs n'avoir pas eu fes
redits
DES CHINOIS, Oy
Ce ij
chromatiques, ou apotome. Le nombre des uns & des autres
eft toujours le même, de quelque maniere que ces demi-tons
foient formés, c'eft-à-dire foit par des diefes, foit par des
bémols comme dans les deux exemples fuiv.ais où les limma
font défîgnés.par l, & les apotome par «.
a. 1. a. 1. a. t. 1. a. I. a. 1.
ser. exemple, fa fa% fol fol% la ld% Jiut ut%- re re% rtù fa,
1. a. 1. a. 1. a. 1. 1. a. l. a. 1.
jme, exemple. fa fol]? fol la\; laJî'v /î
ut rt\ re mi1; mi fa.
Le limma eft un intervalle beaucoup moindre que l'apoto-
me celui-ci étant dans le rapport de 2048 à 2187, tandis que
le limma eu. comme de 243 à 256. D'où il réfulte que les
chants formés par l'un ou par l'autre de ces exemples, ne font
pas les mêmes celui du premier, procédant fucceflivement par
apotome & limma jufqu'àyï', & enfuite par limma & apotome
depuis Jl jufqu'à mi, tandis que dans le fecond exemple le
chant procède au contraire par limma & apotome, jufqu'au
même /?, & enfuite, depuis ut, toujours différemment que
dans le premier exemple.
De cette variété d'intonation entre le limma & l'apotome
il réfulte encore qu'aucun des deux exemples ne peut fournir
autant de modulations qu'il contient de ions différens. C'efl:
ainfi que le fol du fecond exemple, le la leyF &c. ne peu-
vent avoir leurs modulations complettes,leurs
gammes, puis-
qu'on ne trouve point dans cet exemple, de limma au-defïbus
de ces fons, c'eft-à-dire de/i^ au-defibus de fol, defol^
au-deffous de la, &c. ( k ).
(/< ) Je me borne à prendre notre
gamme d'ut pour modèle. Celle
des Chinois auroit, pour la modu-
lation de fol dans cet exemple
le double inconvénient de man-
quer de pien-koung ou fi% &
de pien-teke ou uvfe. Si pour la
gamme de fa, on trouve le p'un-
tchc ou/, dans ce mûme exem-
ple en re anche notre gamme
DE LA M U S I Q'U E
De même le premier exemple ne fauroit fournir autant de
modulations qu'il contient de ions puifque fa^ fol% &
phiiieurs autres Ions n'ont pointde limma au-deffous d'eux
le fii^ n'ayant au-deilous de luique l'apotome/rf au lieu du
limma mi^ le fol^i n'ayant également qu'un apotome au-
dellbus de lui qu'un fol, au lieu. de fc^^ & ainii du
reité.
Or, les Chinois modernes n'employant dans leur lyftême
muiical que les douze tons différens contenus dans le premier
exemple & qui forment leurs douze lu n'ont pu avoir douze
modulations, fans altérer plusieursde ces lu plusieurs
de ces
mêmes ions, afin que ceux qui formoient des apotornes avec
leurs voifins pufTent leur fervir à-peu-près de limma dans le
befoin. C'eft-là l'unique raifon la feule fource de ces cor~
rectifs de ces fupplcmcns dont le Prince Tfal-yu recommande
de faire ufage àl'égard
de laprogreilion triple. Voyez
l'arti-
cle de la féconde Partie page1 16.
Mais il y avoit un moyen plus innple & en même tems
plus légitime& plus conforme aux vues & aux
principes des
Anciens, pour obtenir tous les tons qu'exigent douze modula-
tions diil'érentes. Ce moyen paroît indiqué en particulier par
ce qui eu énonce a l'article 6 de la même féconde Partie tou-
chant la double génération des pag. i z^ 116, où Ton voit
queles deux
extrêmes fa Jl,des
lept lu naturels fa utfol
rc la
mi fifont dits
agirl'un fur
l'autreen ce
que de flion aboutit
hjî, parla marche directe fa ut fol, è:c. 6\: que de fi on
aboutit a fa par la marche rétrograde fimi Li Sec. Or, en
continuantl'une & l'autre de ces deux
marcheson
aura par
lapremière
une fuite dedicics
au-defi-us desfept
luprimitifs
à'utn'ylauroit être
arrangéeà la
exemple, pourêtre le
pien-iJié
manière des Chinois, puifqu'on ou le limma, d?fo/r.e trouve pas âe fa% dans cet
DES C H I N O I S Obf.
ou naturels, & une fuite de bémols au-deiTous de ces mêmes
lu fi fon prend la marche rétrograde c'eil-à-dire celle qui
commence par_yf.
Il paroît même, d'après ce que j'ai raj oorté des anciens
manufcrits du P. Amiot, dans la première Obfervation page
189, que l'opération que j'indique ici n'a pas toujours été
inconnue aux Chinois, puifqu'on voit, dans le pafTuge que
j'ai tranfcrit la progrefïïon triple prife indifféremment en
montant ou en defcehdant j & bien que dans ce paflage le
même l'on, le même hoang-tchou/i^, réponde alternativement,
& au premier terme de la progreffion triple.,lk au douzième
il eft à croire que la double génération, par fa & par fidont
nous venons deparler,
émane de la double manière depren-
dre cette mêmeprogreffion.
Carle fa par exemple appliqué
au douzieme terme donne les quintes montantes qui engen-
drent les diefes, & le fl appliqueau premier terme, donne
les quintes defeendantes qui engendrentles bémols.
On objectera fans douteque les Chinois n'admettant dans
leur fyftême que douze la cette double opération leur en
donner oit un bien plus grand nombre. Mais il faut obfervcr
que(î les Chinois ne parlent jamais que ce douze lu ils ne
font mention non plus que de cinq tons ix defcp- principes. Or,
cescinq
tons 6k cesfept priacipes
ne fontpas
individuelle-
ment tels ou tels fons déterminés, puîique parmiles douze lu
011 trouve, félon eux plusieursfois les
cinq tons &pluneurs
fois leslept principes (/). Quel inconvénient
yauroit-il donc
(/)On peut m unie remarquer
que peur fermer, iur chnqaL'
ces cinq tons &ces fept principes,
ils font obliges de prendre le />.?;.>«-
tch-mnt* ou fa pour nv.-(l:f. Je
lin-uhinin« cm ;.v, po;:r \l-dicft
&c. Âbfuriité qui n'eft qu'une
conlequence deia rcducUon du
fyftêni2mufical douze ioiTS dé-
tenrù'iés. Au!U voyons-nous eneri
Euroj)enos joueurs d'inlirumens
à touches, & en s^jirjnil tous ceux
q\ii 'bornent b iylK:;ne i"ï;cal A
douze tons p:on<;é-, d.mi I,i ni -j nie
ji"reur tinre d *U:i j:l:< u:
d'an n-dlij un mi-lcrnoi. ikc.
DE LA MUSIQUE
qu'ils euflent une longue férie de lu parmi lefquels ils choiu"-
roient les douze vrais lu, les douze fous particuliers qui peuvent
légitimement diviser chaque o&ave par demi-tons plutôt que
d'employer,dans plusieurs de ces oclaves des fons irration-
nels, & par conféquent faux tels que ceux dont j'ai fait
l'analyse dans la premiere obfervation? t
Avec une férie de lu de telle longueur qu'on veuille la
fuppofcr qui empêche de ne compter jamais que cinq tons 2
fept principes & douze lu ? Cinq tons, parce que cinq lu
fuffifent pour les obtenir; fept principes, parce qu'il ne faut
quefept lu pour former une gamme complette; & enfin douze
lu, parce que ce nombre fuffit pour divifer une oclave en
douze demi-tons.
Mais comme cette divifîon peut fe faire de deux manieres;
félon ce qu'on a vu à la page 203 il eft clair que douze lu
feulement ne peuvent fournir la divifion propre à chaque ofta-
ve, ou ce qui eft la même chofe le limma n'étant pas l'apo-
tome, ni celui-ci le limma, il eft évident qu'au defîr de l'oreille,
& en ne fuivant même en ceci que le fimple raifonnement il
faut, dans un fyftême de mufique où l'on admet douze modu-
lations, douze gammes toutes calquées fur une premiere gam-
me donnée il faut dis-je avoir autant de ions que les regles
de l'intonation & le modele de cette premiere gamme le
prefcrivent.
Or puifque les Chinois établirent une gamme, une modu-
lation, fur chacun de leurs douze lu c'eft une fuite de leur
propre fyftême qu'ils aient tous les fons que ces gammes
exigent.
Ces fons, fous la forme de Iimma & d'apotome, font au
nombre de dix-huit; il feroit donc abfurde de vouloir, avec
douze lu feulement fuppléer ces dix-huit fons, & encore plus
abfurde de dénaturer pour cela la plus grande partie de ces
DES C H I N O I S Ohf,
lu, en y fubftituant des tons irrationnels qui clans ce cas ne
r-epréfenteroient plus, ni les lu qu'ils doivent repréfenter ni
aucun des dix-huit fons que comportent douze modulations
différentes.
REMARQUE.
La doclrine que j'ai tâché d'établir ou pour mieux dire,
que je n'ai fait que rappeller dans cette obfervation touchant
la différence entre deux fons, coniidérés l'un comme demi-
ton diatonique l'autre comme demi-ton chromatique cette
doéïrine dis-je n'eft point étrangère aux Chinois elle a dû
leur être connue dans certains tems. Je viens de trouver dans
la traduction mamifcrite de l'Ouvrage de Zy-koang-iy par
le P. Amiot, cahier B, n°. 10 page 308 un texte du Toung-
tien ou Abrégé de l' Hijloïre qui préfente la même doctrine
la même exactitude dans la diftinc~tion de l'une ou l'autre forte
de demi-tons. Je vais rapporter ici ce qu'il y a de plus effentie!
dans ce texte. Je l'accompagnerai de quelques notes, pour le
mettre à la portée d'un plus grand nombre de Lecteurs.
TEXTE DU T 0 U N G-T I E Ar.
« La première année du règne de Che/i-koud Roi de Ouei
» un des Miniilxes de ce Prince nomméTchen-tchoung-jou
» luiparia
ainu II feroit àpropos d'adopter par rapport aux
» Tiao(;«),&
aux huit fortes de Sons, la méthode de King-}>jang(n). Selon cet Auteur, continua-t-il, voici quel eit le
( m) Tiao félon le 1'. Amiot,
cahier A note 57 Jlg -m ;&: propre-
ment yl-Mimn chofis rancis de Julie
les unes auprès dis autres c;hd!c
ou tc'di autre ch.ojc jlmlLibu. Ici il
iîçnine l'ordre d'js cinq tons dans
le même fens que nous dirions
premier Jeçré fécond de^/e &c.
Voyez note p de la iccoivde Par-
tie page 1 14.
( /• ) 1! ett pr.rld de cet Au leur à
la parie 3 1 <ïc au ïomj z de ces
Mémoires, pag. 197, a". 19,
DE LA MUSIQUE
»principe des Tiao. Le koung 8^ le
cliang doivent être graves P
» le tchc tv le yu doivent êtreaigus.
Si vous fuivez la méthode
»de Koung-foun-tchoung, qui n'emploie que les douze
»» ££/ quidit
quechacun d'eux fait le
koung&
quele
grave
» &l'aigu
indifféremment fontégalement bons
vous n'aurez
yqu'une
mauvaifernufiqne
&c.
» Hoang-tcJioiaig doit faire le koung, tay-tfou lechange
£k
» lin-tc/touno-lc tchc (o ). Si au contraire, &c.
>»Si o«-_y fait le koung le leul tchoung-lu fera le fc/zc &rî
*n'y aura aucune mélodie pour les tons chang kio &tyu (p).
» Si le tchoung-lufait le koung, il n'y aura aucun qui ne
« foit dérangé ( 7 )& il n'y aura aucune mélodie
» Suivant la méthode de Klng-jang le tchoung-lu fait le
Sons donnés par les lu Rc% fi fol /<r% ut.
c Rm miU f" 'm
Sonsvrais 1 Koung, chang, kio tchc yu.
i-él) on d à
ts.y-:joiià fol & lin-tchouns; à «£
(Voyez la figure 9 a dela fécon-
de Partie);donc les tons A<«^,
chang & rchc dont il eu parlé ici 1
font/z «?. Exemple
koung, chang, kio, tché, yu.
(/')Le lu ou-y répond hre%.
£c tchour.g-lu à lu% voyez la
figure 9de la féconde Partie.
Àïnfi r& f aifant le koung les au-
tres tons feront mi% JaWÂ
(<?) On vient de voir que tchoung-lu eft /<;#, or fi ld% fait le koung,
Sons donnés par les lu Lg% lit le fa fol,
Sons yr2.isL~~`' fr ur~~s;~
nre~< f%z.3~bons vrais
1< T, A kio,
J
E X E M P L E.
fa fol la J't re.
la%,Ji%. Or, dans la férié des
lu de la figure citée on ne trouve
ni rni^ pour être chang, ni fa
pour être kio ni Jî%. pour être
yu; le ieul cchourig-!u comme dit
le texte ou la pourra faire le
tchL Car hotins-tchoung, ou fa ne
peut tenir heu de mi tay-tjou
ou /o/, ne peut remplacer faWX& lin-tclioung, ou «r ne peut être
employé pour/i-jsç. Voici le rapportdes ions vrais avec ceux que don-
nent les lu de lafigure 9 a.
aucun ton de la férié des la ne
pourra raccompagner. Exemple
L Koung chang kio tchc yu.
»koung }
DES CHINOIS, Ohf
Tonte VI. Dd
»kounp après lequel
vient le chang & le tché{ r) il reiulte
» de tout cela une véritable mélodie. Cette mélodie s'évanouira
>» fi tchoung-lu faifant le koung lin-tchoung tait le c/iarcg- &
» hoang-tchoungle /c/ze ( j) ».
Le feris des trois derniers alinéa de ce texte, en fuppofant
qu'on n'ait pasaffez fait attention aux notes qui l'accompa-
gnent, eft i°. Que fi le lu ou-y, ou re fait le koung J
c'eft-à-dire efl premier degré on ne trouvera dans la férié
des lu ( figure 9, a ou note u ci-après ) que le feul la
pour être le cinquieme degré ou tché ( t ) cette férie ne
foùrniflant, ni le fecond degré, ,mi% ni le troifieme,/à
ni le fixieme Jï% Voyez l'exemple de la note p ci-devant.
i°. Que fi le tchoung-lu ou la eft premier degré, il n'y
aura aucun lu qui ne [oit dérangé,comme dit le texte, puifqu'il
faudroit difeorder ïut ou avoir un autre tuyau, pour en faire
v\n.Ji%difcorder le re pour en faire un m% le fa pour
en faire un mi%i, & le fol pouren faire un fa% Voyez
l'exemple de la note q.
3". Que par la méthode de King-fang, lorfque ce même
tchoung-luou la etoit premier degré on avoit par cette
méthode un f^ pour le fecond degré, un ut^^ pour le
troifieme un mi^ pour le cinquième & un/a^^c pour le
fixieme la^ ji% ,m%% mï% fa%%s d'où ré fuit e
félon le texte une véritable mélodie. Or cette mélodie s'eva-
nouit _j fi au lieudejî vous employez le lu qui forme ut
( r ) Le chang eûfX le tchê eft
miVi comme dans l'exemple de
la note précédente.
(i) Lin-tchoung, dans la férie
des lu, répond k ut &hoang-
tchoung à fa or on voit dans
l'exemple de la note q comment
ut & fa ne peuvent faire ni le
chang, ni le tché, puiique ut n'eil
pas/z"& que/i n'eil: pas mi%.
D'ailleurs l'intervalle la¥- utpeut-
il former un ton entre le koung &
le chanç; ?
( t ) Voyez note p de la fécond.» j'
Partie, page 114 au fujet des
degrés.
DE LA MUSIQUE
if au lieu d'ut vous employez le lu re au lieu de mi
le hocuig-tchoung ou fa & au lieu de /a^^ le lu qui
donne fol. Voyez l'exemple de la note q ci-devant.
Ce dernier pafTage feul prouve que les lu des Chinois n'ont
pas toujours eté reitraints individuellement à ceux dont on a
fait ufage dans ce Mémoire, & qui, dans la génération par
quintes ont Li^, pour dernier terme (u) puifque la méthode
de King-fang admet les lu ultérieurs qui fuivent la^ dans
cette même génération., lavoir mi%. fi j^ fi' uti^ 4
&c. Ou ce qui eft la même chofe, ce pafîage prouve que les
Chinois n'ont pas toujours confondu le llmma avec ïapotome
c'efli-à-dire le demi-ton diatonique comme ml fa avec le
demi-ton chromatique mimi%.} &c. D'où l'on peut conclure
que lorfqu'ils ont voulu obtenir les demi-tons chromatiques de
fi de ml de la &c. ,-ils ont dû néceffairement employer des
lu correfpondans à nos fons f [?, mi \y la\y &:c. afin de ne
pas faire évanouir pour m'exprnner comme eux, toute mélo-
clie de leurs modulations en y faifant fervir contre le fenti-
ment de l'oreille, un ld^ pour unfi\y un re1% pour un mi
&c. &c.
En un mot la doctrine touchant la différence entre le demi-
ton diatonique & le'demi-ton chromatique, eft fi bien établie
clans ce texte qu'après en avoir fait la découverte clans l'Ou-
vrage de Ly-koang-ty traduit par le P. Àrniot j'ai balancé û
je ne (upprimerois pas mon observation. Néanmoins, comme
elle préfente plus en détail l'objet dont il s'agit ici, j'ai cru
devoir la laiffer fubuYter. Elle conduit d'ailleurs au développe-
ment du texte, & le texte à ion tour confirme & fortifie la
do £trine expofée dans l'obfervation. Doétrine de la plus grande
(a)Fz ut fol rc la ml
J2 fa% mYi foP& rc% la%,
IX345678 9 ÏO II î 2,.
DES C H l N O I S Gbf.
D d ij J
importance quidécoule des principes fondamentaux de la
Mufique (x) & qu'on ne faurcit préfenter fous trop de faces
aux Européens, parmi lefquels un grand nombre de tempéra--
teurs &de joueurs d'inftrumens à touches prêchent continuel-
lement le contraire (y).
(x) La différence entre les deux
fortes de demi-tons eft donnée
par une fuite de quintes comme
on le verra à la note fuivante.
(j-)Pour s'affurer de la diffé-
rence entre le demi-ton mi fa par
exemple & le demi-ton fa fa%on peut former une fuite de quin-
tes, depuis fi jufqu'à fa M en
rapprochant enfuite les trois ions
mi fa fa% on s'appercevra de
l'extrême différence qu'il y a entre
l'intonation mi fa &c l'intonation
fafa% û les quintes ont eté juites.
iz8. 192. 288. 432. 6
fa lit fol re
Rapprochez du fa les fons mi
&cfa, en les élevant par autant
d'octaves qu'il fera néceffaire. Or,
pour avoir l'oâave d'un fon dont
la valeur eft connue il faut dou-
bler cette valeur. Ainiî l'octave de
fa evalué dans cet exemple à
128 fera le double de 128 c'eft-
à-dire ,256. Ce nombre étant
doublé donnera 5 12 celui-ci parla même opération, donnera 1024, >&
1024, donnera 2048. Quantau
mi 972 il n'a befoin d'être clevé
que d'une feule oflave. Le double
de 972 étant 1944, on aura les
deux demi-tons mi fa & fa fa%dans le rapport fuivant
1944. 2048. 2187,mi
fa fa%.
En voici la dcmonftration.
On fait quele
rapportde la
quinte eft comme de 2 à 3 c'eft-
à-dire, comme d'un nombre quel-
conqueà celui qui
réfulte de l'ad-
dition de ce nombre avec fa moi-
tié, & c'eft ce que les Anciens
appelloient le rapport ffjuialicrc
puifqu'ici le nombre 2 additionné
avec 1 qui eft fa moitié, donne 3
valeur de la quinte de 2. Voici une
férié de quintes dans ce même
rapport
648. 972. 1458. 1187.
la mifi fi'^<
Il eft aifé deremarquer ici que
l'intervalle de fa à fa% eft de
beaucoup plus grand que celui de
mi à fa puifquela différence de
fa à fa% c'.eft-à-dire cle 1048 à
1187, eft de 139, tandis que laa
différence de mïkfa, ou de 1944à 2048 n'eft que de 104.
On voit par-là que la difiinclion
de hmrr.ii & <X apotome de demi-
tondiatonique,
& demi-ton chro-
matique qu'admettentles princi-
pesde la Muhque entre cts deux
fortes d'intervalles, ifeit qu'une;luite ncceffaire de la valeur hxJe
à la quinte & cette vérité fe dé-
couvre encore par- la manière dont
on accorde l'orgue, le clavecin, 3
&Cc. puifqu'il faut y altérer 1;<
QUATRIEME OBSERVATION.
Expojîtion dit principe des proportions authentiques des
anciens Chinois.
A progrellion triple fur laquelle les anciens Chinois ont
fondé les dimenfions de leurs lu n'eft autre chofe que le réful-
tat d'une premiere confonnance donnée dont la proportion,
iuffifamment conftatée par l'expérience a été le modèle de
toutes celles qu'on aajoutées
à cette premiere, pour en former
une fuite ou progreffion d'intervalles femblables.
Ce n'eft au relie que pour la facilité du calcul, & pour eviter
les fraftions qu'on a choifi le rapport de i à dans la pro-
greffion dite triple à raifon de ce rapport & il faut obferver
que l'intervalle de douzième, repréfenté par ces nombres eft
une forte de fynonyme de la quinte, puifque celle-ci, portée
à une oftave plus haut ou plus bas, devient douzieme, ou
ce quielr. la même chofe puifque la douzième n'eft que
l'octave de la quinte.
On fait que Y octave en muiîque eft regardée comme une
equifonnance comme la réplique d'un même fon, mais entendu
à huit degrés plus haut ou plus bas. Ain i la progreflion triple
en remontant à fa fource n'eft au fond que le réfultat d'une
premiere quinte évaluée à la proportion de 2 à 3 & portée
pour la commodité du calcul à ton oftave t 3.
De cette equifonnance de l'oclave il réfulte encore qu'une
quinte prife en montant ou en defeendant pourra être repré-
DE LA MUSIQUE
proportion de chaque quinte pouravoir ces demi-tons neutres &c
fans caractère dans lefquels fe
complaiient les Amateurs de ces
fortes d'inftrumens. Voyez ce que
j'ai dit au iujet du icxpcnirnent à
la fin de la note i féconde Obier-
vation, page zoz.
DES C H I N O I S IV. Obf.
fentée par la quarte, pnie en lens contraire, puifquecette
quarte ne fera alors que l'oftave de la quinte déjà trou-
vée (ï).
Le rapport de l'oftave eft reconnu généralement pour être
comme de i à 2 c'eft-à-dire comme d'ur nombre donné à
celui qui en eft le double.
On a défini la quinte,dans le rapport de 2 à 3 ou 3 2 &
laquarte
dans celui de 3 à 4 ou 4 3
Or, pours'affurer fi ces deux rapports font juftes il faut
d'après ce quenous avons remarqué que
laquinte
d'un fon >
prifedans un fens, & fa quarte prife
dans le fcns contraire
donnent entr'elles le rapportde l'oftave, c'eit-à-dire la
pro-
portion double finon le rapport de la quinte ou celui de la
quarteaura été mal
afîigné.
Prenons, par exemple,la
quinte au-defïus de fa évalué à
3 cette quinte par la proportionfixée à cet intervalle, fera
ut i. Si nous prenons enfuite laquarte au-defîous du même
fa 3la
quarte étant dans la proportion de 3 à 4 nous aurons
ut 4. Or 4 eil le double de 2 ou ce qui cil la même chofe
Yut au-defîous de fanous a donné une valeur double de celle
qu'avoit['ut au-delîus de ce même fà donc le
rapport de la
quinte 2 3 & celui de la quarte 3 4 aflignés depuis
plusde quarante ilecles à ces deux intervalles font juftes l'un
& l'autre (aa).
(^)Si l'on monte de quinte
depuis ut, par exemple on abou-
tira à/e/f, comme ut rc ml fa fol;
& ù l'on defeend de quarte depuis
le même ut on arrive à un autre
fol octave du premier, comme,
ut fi La fol.Il en eft de même il
Ton monte dequarte comme,
ut
re mi fa ou qu'on defeencie de
quinte comme ut /z la foi. fa les
deux extrêmes > feront toujours
l'oftavc Fun de l'autre.
(^<z) Ce développement etoit
néceffaire ici, parce que des Théo-
riciens Européens partant des
proportions faflices qu'ils a (lignentà certains intervalles ont voulu
élever des doutes fur la proportion
de la quinte fans penier à s'affu-rer auparavant li les proportion»
par leiquellesils vouloknt juecr
de la quinte etoient lc^itmus î
DE LA MUSIQUE
De tout ce que nous venons d'obferver, il réfulte qu'il n'a
fallu aux anciens Chinois qu'une feulequinte ou une feule
quarte une fois trouvée pour avoir tout le refte de leur fyftê-
me, quelqu'etenclue qu'ils aient voulu lui donner, puifqu'il
n'efr. befoin pour cela que d'ajouter au premierintervalle
trouvé une fuite d'intervalles femblables (££).
Voici un texte chinois qui préfente les douze lu, engendres
parce même principe c'eft-à-dire ou comme quinte
ou
comme quarte l'un de l'autre & dans laproportion que je
viens de décrire pour ces deux intervalles. C'efr. un texte du
Han-chou (ce), extrait de l'Ouvrage de Ly-Uoang-tytra-
duit par le P. Amiot quatrième Partie cahier B n°. 9 page
290. Je joindrai à ce précieux texte l'excellente note que le
P. Amiot y a ajoutée & pour le rendre encore plus intelligi-
ble, je vais donner une fuite de lu, rangés par demi-tons,
ordre d'après lequel l'Auteur du texte s'eft énoncé. J'ajoute-
rai dans le texte même, mais entre des parenthefes tout ce
qui fera néceffaire pour l'expliquer.
ou fi même elles avoient un prin-
cipe. Voyez à ce fujet le Mémoire
fur la Muflquc des Anciens note 3 J,
§.208, page ^2 15.
(/>/>)« D'une feule quarte ou
» d'une feule quinte donnée dc-
5» coule tout le fyftême mulical
»puilque la quarte
d'une premiere»
quarte,ou la quinte d'une pre-
» miere quinte devra naturelle-
» ment être dans la même propor-» tion qu'on aura reconnue pour» la premicre, quelle que foitcette
» proportion Une troifieme
» quarte ou une troiiieme quinte» devra ncce/Tairement être com-
» me la premiere & comme la
» féconde & ainii de fuite de
» l'une de ces cenfonnances à
« l'autr e en observant toujours» entr'elles le rapport établi pour» la premiere. Or, c'eft de l'a ne m-
Mblage d'un certain nombre de
» ces confonnances combinées
» de différentes manières que» naiffent les tierces les fixtes
le
» ton, & les divers demi-tons dont
» on peut raisonnablement faire
»ufage dans un fyitême de Muli-
»que ». Mtm. fur la Muf. dis Ane.
page i de Y Averti [fanent, note a.
(ce) C'efi fans doute du Si-haïf
chou c'eft-à-dire de l'hiftoire des
Han occidentaux qu'il s'agit ici
puifque Ly-koang-ty rapporte en-
fuite des textes, du Hcou-him-chou
hiftoire des H.in pollcrieurs ou
orientaux.
DES CHINOIS, Obf.
En recourant du texte, à l'exemple fuivant on fe rappellera
que l'intervalle d'en-bas chez les Chinois cil notre quinteen
montant & que leur intervalle d'en- haut eft notre quarte en
defcendant. Voyez note de la feconde Partie, page 122.
Ordre des Lu PAR z>em,tons.
a. Hoang-tchoung fa.
b. Ta-lu fa%.
c. Tay-tfou fol.
d. Kia-tchoung fol%.
e. Kou-fi la.
f. Tchoung-lu la~
g. Joui-pin fi
h. Lin-tchoung ut.
i. Y-tfê ntU.
k. Nan-lu re.
L Ou-y reU.
m. Yng-tchoung mi.
11. Hoang-tchoung fa.
o. Ta-lu faM-
p. T ay-ifou -wl.p. Tay-tfou fol.
q. Kia-tchoung fol-
r. Kou-fi la.
s. Tchoung-lu la^.
Y' --7 x T E du HAN-CHOU.
« Hoang-tchoung eft comme le roi des autres tons. Il n'en
eft aucunqui puiffe lui reflembler. Des trois parties du hoang.
» tchoung ( a, ou fa, dans l'exemple ci-deffus) qu'on en ôte
» une on aura le lin-tchoung d'en bas ( h ou ut ).
» Aux trois parties dont eft compofé le lin-tchoung ( ut )
» qu'on en ajoute une femblable on aura le tay-tfou d'en-hauc
DE LA MUSIQUE
»»(c- on fol). Des trois parties du tay-tfou (/<>/) qu'on en
» ôte une on aura le nan-Ki d'en bas ( k, ou rc).
» Aux trois partiesdu nan-lu ( /v) qu'on en ajoute
une (cm-
*> blable on aura le kou-h d'en haut (f, ou /a). Des trois
»>parties
du kou-h (Aï), qu'on en ôte une, on aura le yng-
wtclioung d'en bas ( m ou nu ).
» Aux trois parties du yng-tchoung (/«/) qu'onen ajoute
» une lemblable on aura le joui-pin d'en haut(g, ou/?).
Des
m trois parties du joui-pin ( fi) qu'onen ôte une, on aura le
M ta-lu d'en bas ( o oufi ).
v Aux trois partiesdu talu (fi^) qu'on
en ajoute une
Memblableon aura le y-tie d'en haut (/, ou ut%.). Des
>- trois partiesde y-tie ( ut ) qu'on
en ôte une on aura le
»kia-rchoung
d'en bas (q oujol^).
>~Aux trois parties du kia-tchoung (fol%. ) qu'onen ajoute
» une iemblable on aura le ou-y d'en haut ( oure^).
?- Eniîn il des trois parties dont efr. compofé le ou-y ( re%. ),
» on en ôte une on aura le tchoung-lu d'en bas ( s, ou
» Ai 5^ ) »• Voici la Note du P. Amïot ( cahier B n°. 14
p:r~ 3-~ )~
» Pour épargnerau Lcfteur la peine
de calculer les/«,fuivant
>>la méthode de ce texte je les ai calculés moi-même & j'ai» trouvé
» Hoang-tchoung cgal à 177147.» Lin-tchoung d'en bas = 11 8098.» Tay-rfbn d'en haut =
157464.>» Nan-lu d'en bas =
104976.» Kou-fî d'en haut = 139968,» "ïng-tchoung d'en bas = 93312, >
» Joui-pin d'en haut =: 1144 16.;> Ta-lu d'en bas = 81944.» 1 -de d'en haut = 1 10592,» Kia-tchoung d'en bas = 73728.» Ou-y d'en haut = 98304.» Tchoung-lu d'en bas = 65536 »,
Voici
DES C H l N O I S, TV. Obf.
~~n V. uTome FI. 1. fce
Voici félon notre manière de noter les fous tout le
contenu, tant du texte quede cette note du P. Amiot c'eft-à-
dire, la génération des douze lu, par quintes & par quartes
alternatives avec l'exprefïïoii numérique dechaque fou
calculée par le P. Amiot, & que je ne fuis que transporter
fur les notes (dd).
I77r4V' rtSopd. tj74i?+. ro4j)7<r. lîpyfiB. j>3Jtî. 1144.16. 82544. no;;z. 7i7i*. 5>8;o+. ejyj'î.
Si l'on veut faire l'analyfe de ces nombres on trouvera
que fa 177147 eft le douzieme terme cle la progrefîion triple
&que
les autres nombres font les différentes oftaves de cha-
cun des termes de la même progrefîion prife enrétrogradant 7
comme dans l'exemple de la page 188 ( ee ).
10, la tierce mineure La ut de ï
à 6 &c. &cc. On peut voir ce
que j'ai dit à ce Sujet, note g dela féconde ObServation pagezoo.
(<;e) Si fon prend l'an & l'autre
exemple dans un fens contraire
c'eft-à-dire en commençant par
l.i% on aura alors les termes de
la progrefîion Triple dans leur or-
dre naturel 1 3 9 27 &c.comme dans l'exemple nuvant
où les petits chiffres joints a cha-
que terme de cette progreilio.i
marquentle nombred'ochives do:r
il eft élevé foit dans la note J-.i
P. Amiot, foit dans rexempît qinla représente.
(dd)Nos Théoriciens Européens
pourront voir par cet exemple
combien il feroit abfurde d'imagi-ner qu'après les quatre premiersfons fondamentaux fa ut fol rc il
fallût donner au la une autre pro-
portion que celle qu'ilobtient
comme quarte de rc ou de pré-
tendre que ce même ta en tant
que quarte jufte au-clefibus de re,
ne pût comme tel, former un ton
jufte avec fit une tierce mineure
avec ut une tierce majeure avec
fa, &c. & cela parce que depuisla fin du ler/ieme fiecle un hom-
me auroit ecrit que la tierce fa la
doit être de 4 à 5 &: ce qui en
cil: une fuite le ton fol la de 9 à
i"\ 3". 9'3. 271-. 8i'°. ?.rf. 7i97.iiS7> 65Û14. 196835. 59049'. 177147. ?.-
U% re%fit% ut% fi' fi mi ia re fil utt f.i.
Il eft aifé de voir par ces nom- pond an la dans "IVxempie
bres que la valeur 65536 qui ré- n'efi autre choie cr.e le terrai 1
DE LA MUSIQUE DES CHINOIS, IV. Obf.
On peut conclure de la méthodefimple
& uniforme, fuivie
dans ce texte du Han-chou combien les proportions fa&ices
des deux illuftres Princes TJai-yu &c Hoai-nan-tfee expofées
aux articles 3 & 5 de la feconde Partie de ce Mémoire, s'ecar-
tent de la doctrine des anciens Chinois. Doclrine la feule
vraie, la feule raifonnable, il l'on veuty réfléchir la feule en
un mot qu'on puiffe adopter dans toutfyftême
deMufique où
l'on voudra fe guider par le fentiment de l'oreille.
élevé de feize oftaves que le re%
évalué à 98304, eil la qvuiv/.ienie
oftave de 3 ïefol^ la treizième
octave de 9 Se ainfi du relie. On
peut vérifier tous ces calculs fur
les Tables qui font à la fin de monMémoire.
Ces divers exemples doivent
nous ramener ce que j'ai d'abord
annoncé à la note c de la pre-
miere Partie, page 32.favoir
quela règle d'une férié, de
dou\c termes en
progrefjlon triple la règle des lu ou
larègle
d'une fuite defons à la quar-
te, à. la quinte ou à ladouzième
Cuîz
de l'autre Jont une Jeule & même,
règle, un fad & même principe fous
des formes différentes.
Fin des Obfervations.
Ee ij
EXPLICATIONS DES FIGURES.
PREMIERE PARTIE.
Figure i. L'ordre des huit fortes de fons fe prend dans cette
figure, depuisla cafe du milieu, infcrite fon de la peau, en allant a
celles qui la fuivent à droite :fon de la pierrt fon du métal &c.
De la correfpondance des huit fortes de fons aux trigrammes de
Fou-hi, naiffent d'autres rapports avec tout ce qui eft repréfenté par
ces trigrammes comme les huit points cardinaux du monde les huit
aires de vent, & plufieurs autres objets quiforment une érudition
chinoife mais qui n'intérefferoient guere les Européens.
Les chiffres qu'on voit dans cette figure au-deffous des cinq tons
koung chang kio, cchi y yu désignent les différentes longueurs de la
corde qui donne chacun de ces tons. Koung placé au centre de la
figure, & qui eft le principe le générateur, & le premier des autres
tons eft donnépar une corde qu'on fuppofe divifée en 8 1 parties
egales. De ces 8 parties il en faut j-l pour former le ton chang 64
pour le tonkio 54 pour le ton tchi 8c 48 pour le ton yu. Cette
maniere de divifer la corde eft très-ancienne chez les Chinois. On a
ainfi les cinq tons dans la proportion fuivante
81. 71. 64. 54.^ 48.
Koung chang kio tché yu.(. fa fol la ut rc.
Figure 2. Tambour, nommé tfou-kou. Sa longueurd'<z à b eft de trois
pieds. Le diametre de chacun des deux côtés couverts de peau cil
de 4 pieds le diametre du milieu, de c à d efl de 6 pieds, 6 pouces
6 lignes (<z).
(a) Le P. Amiot neIpécifie pas le
pied fur lequel doivent feprendre ces
meftires, bien qu'il y eût deux forte de
pieds chez les anciens Chinois, le pieddit mufical & le pied ordinaire comme
on le verra à l'article 3 de la féconde
Partie de ceMémoire. Néanmoins, d'après
ce qui efl dit dans ce même article nous
préfiimons quece n'eft point le
piednvj-
ficalqu'il
faut entendre ici. ni dans le?
EXPLICATIONS
Le tfou-\on eft du tems même du grand Yu, Ainiî ton antiquité
remonte pour le moins julcjifà l'anzzo^ avant Perc chrétienne. C'etoit
le tambour proprede la Dynafhe des &Vz. Il etoit travedé par une
pièce de bois eqiurnedont le bout entroit dans un pied tait en
terme de croix c'eft ce quil'a iait
nppeller tfan-kon. On lui donnoiî
nuiîî \e nom àe pen-kou. liencji du pen-kou dit le Chc-ki/ig comme
A' Li cloche young (/arz-kou om:youns;
Cette efpece de tambour lut
adoptée par les Tchtou.
Fis,u'i j. Tambour nomme yng-kou. Salongueur de
c à d, ell de
douze pieds. Le diamètre de chacun des deux côtés, couverts de peau
eft de 4 pieds le diamètredu milieu, de c à. cil de 6 pieds 6 pou-
ces 6 lignes.
L'\i;i*-koii eir le tambour particulier de la féconde Dynailiedite
indifféremment ch.i; ou y u 6i dont le Fondateur monta fur le Trône
l'ar. avant J. C. 17S}, Il etoit traverfé par une pièce de bois équarrie,
mais cette pièce de bois n'avoit point de pied on l'enfonçoit dans la
terre, & c'eii ce qui lui a fait donner le nom de yng-koit. On l'appel-
loit encore du nom de kuo-kou. Le ton du tambour kao-kou dit le
ChJ-k.'xg eft le plus fort de tous les ions{kao-kou fou c/icng). La
Dynaftie des Tcheou adopta encore Yy/ig-kou comme elle avok
adopte le tfoit-kou.
Figure 4. Tambour nomme huicn-kon. Ce tambour eft particulierà
la Dynafhe des Tduou il en eft parlé dans le Tcheou-ly fous le nom
de ku7i-koit.
Il y a un autre tambourcorrefpondant à celui-ci, appelle yng-knu t
dont le petit tambourregarde le côté oppofé à celui du inucn-kni;.
Le huur:-ko:i dit le Ly-ki doit être place du côté de l'occident, &
Yyrg-kou du coté de l'orient.
Les deux petits tambours qui accompagnent ceux-ci font appelles
l'un chouo-pi l'autre yng-pi. Le premier reffemble au tambour des
exp'icaricvis (Vivantes, mais lepied ordi-
nsire > tî ie ifu-chc ou p:sd di compte,
compoiè oc 10 pouces, 6c chaque poucetic ic lignes, d'autant que c'eft ce même
ïj-.ed qui cfi énoncé dans lesexplications
lies figures 13 & 14 ci-anrès, La diffé-
rence entre ces deux fortes de piedsik
confifte que dans leur dividon en 9 ov.
en 10pouces. Voyez la figure 4 a de i.i
feconde Partie, ou ces deux pieds ("on:
lepréfenrés dans leur grandeur natu-
relle,
DES $ FIGURES, Pan.
cavaliers & fe frappe légèrement Yyng-pi eft plus petit, il reffemble
au tambour des fantaffins & fe frappe un peu fort.
Fi "tireG. Tambour appelle
kin-kott. Sa longueur cil de 6 pieds
6 pouces;le diamètre de chacun des côtés eft île 4 pieds celui du
milieu de 6 pieds6 pouces 6 lignes. En général ce tambour eft le
même que celui qu'on appelloit kkn-kou mais on lui donnoit le nom
de lei-kuu quandon y avoit repréfenté le tonnerre les vents &£ des
nuages & on l'appelloit ling-kmt ou lou-kou félon qu'on y avoit
peint des oifeaux myftérieuv, ou fimplement des cicognes, des cygnes,
ou autres oifeaux qui font le fynibole de la longue vie.
Figure 7. Tambour, nommé tao-kou dont ily a deux fortes le
grand& le petit. Le grand
tao-kou a un pied de longueur & un picd
de diametre dans chacun de fes côtés le bâton qui le traverfe eftlong
de 4 pieds, 5 pouces. Le petit tao-kou eft long de 7 pouces & fei
deux diametres ont chacun 7 pouces; le bâton qui le traverfe a 3
pieds i pouces de longueur.
a &c h font deux noeuds faits avec de la peau, & enfiles a la cor-
delette c, qui pend de chaque côté du tambour. Celui qui eft chargé
de cet infiniment le tient par le manche en d & en tournant la main
alternativement de gauche à droite ck de droite a gauche les nœuds
vont frapper en e & en f
Figure 10. Tambour, nommé j'«-A.««. S;; longueur eft d'unpied,
pouces;le diamètre de chacun de fes côtés eft de y pouces.
Figure 11. Tambour, nomme po-f'ou. Sa longueur eft d'un pied, 4
pouces le diametre de chacun de fes cités eft de 7 pouces. La table
qui fupporte cet infiniment a un pied de hauteur 8i" \:n pied de
largeur.
Figure ;j. ïnftrument de pierres fonores nommé pien-kms ('')• Ce*
(A) Pendant qu'on imprimoit ces ex-
plicitions nousavons trouvé dans les
Réflexions fur la Poéfic & fur fa Peinture
par TAbbc cUiBos, un p;iil;ii^e fort inte-
scfi'ant fur une fone de pierre (onore,
connue des Anciens, en Europe. Voici
ce quedit cet Uluftre Académicien troi-
-.fisme Partie, vers !a fin de la fection Xll
«linon de Paris 1755 pnge ±io.
« Pline en parlant despierres cnrieu-
si (es dit que la pisvre qu'on appelle
:î calcopkonos ou Con d .nr^ln efi noire
» Se que iuivant I'ctymolocic de for;
« nom, elle rend un (un approchsn; du
•' fon de ce rne:al lorfqi; on la touche u.
ïlrapporte cnkiite k- r.aiï"<!gs de Piine eu
ces termes LMcoykoi.j! ;:i;-j ef: fed
lll}fa >xus linnuuni ucJ^, Lit' 3", c?.p. 10.
Couur.e Le Ktn^ ifolé diî Càhirct es
M. Bert'm ( Xoyxz le Difecurs Préu:i:i'
naire, page iB }, eft précii'éirent c'une
pierre so;re Oc. rend cftcitivemvn: y.»
EXPLICATIONS S
infiniment en compofé de 16 pierres,dont les dimcnuons fe prennent
Suivant les règles des lu. Pour rendre le fon plus grave on prend fur
l'epaifleur dont on ôte autant qu'il en faut on prend au contraire fur
lalongueur., quand on veut rendre le fon plus aigu. Le pim-king étant
a l'oftave au-deffus des lu moyens, dits naturels, fes dimenfions le
prennent fur les lu aigus, appelles dcmi-lu &c onfe fert du pied, dit
tou-tchi compofé de 10 pouces &le pouce de 10 lignes.
Figura 14. Forme ôt dhnenfions du cheng-king & du foung-king.
Chaque pierre de ces deux inftrumens a deux parties ou branches
comme on voit par la figure. La branche a, b,e,i, eft appellcela
partit j'uperiiure ou la cuijfe &£ la branche inférieure a,c,d,i, eft:
appellce la partie inférieure, ou le tambour. Les Chinois partagent la
ligne b c en deux parties égales. Du point de divifion h ils abaiffent
une perpendiculaire fur la ligne a, c; ils partagent de même la ligne
c d en deux parties égales& abaiffent une perpendiculaire fur la
ligne a b le point d'interleftion f, efl l'endroit qu'ils percent pour
pouvoir fufpendre l'inftrument.
La mefure générale des king fe prend fur celle des lu. Ainfi le cheng-
king a un lu & demi d'a à b c'eft-à-dire un pied & demi le lu
valant un pied, & le pied 10 pouces. Le côtéZ-, e eu long de trois
quarts d'un lu ton côté a, c, de deux lu un quart, & (on côté< d,
d'un demi-/«. L'epaiffem- de la pierre dans toutes fes parties eft d'un
lixieme de lu; le diametre du trou/, eft d'un quatorzième de On
frappe rinftrument vers le point g.
Quant au foung-kins. fa longueur d'a à b eft de deux lu. La longueur
de en c eft d'un celle d'a en c eft de trois lu & celle de c en d
eft de deux tiers de lu c'eft-à-dire de 6 pouces 6 lignes & 6 dixie-
mes de ligne. L'epaiffeur de la pierre eft de 17 lignes 2 dixièmes de
ligne le diamètre du trou /"de lignes cinq dixiemes de ligne.
Ces deux inftrumens fe plaçoient en dehors de la falle fur la der-
niere marche de l'efcalier le chaig-king, du côté de l'orient, & le
foung-king du côté de l'occident. Le cheng-king etoit ainfi appelle,
parce qu'il s'accordoit en particulier avec l'inflniment appelle chtng
dont on parlera à l'article 9 de cette premiere Partie & le foung-king
fon d'p.irain nous nous propofons de re-
venir fur cet objet à la fin des explica-
tions, poin' faire connoiire à quelle claffe
de pierres peut appartenir ce king quiparoit avoir toutes les
propriétés du cal-
cophonos de Pline.
DES S FIGURES, Pan.
etoit ainfi appellé parce qu'on s'en fervoit dansl'accompagnement
des Hymnes, appelles Soung. En général les king, comme étant des
inftmmens fixes, fervoient à donner le ton.
Figure ,6'. Ancienne cloche des Tchcou. Les Chinoisdiftinguent fur
cette cloche trois parties principalesla partie fupéneure depuis o
jusqu'à n-; la partie du milieu depuis d jufqu'à h & la partie infé-
rieure, depuish jufqu'à
La partie fupérieurefe divife également
en trois parties le cou “
a,b; le corps, c,c; & le pied,p, q. Le long du cou, le point a
s'appelle heng c'eft-à-dire point d'équilibre& le point b
s'appelle
young c'eft-à-dire point de direction; ou, félon quelques Auteurs lung
fignifiela gorge, Si. young le conduit. Le corps c c eft appelle hiutn-
tchoung, comme qui diroit animaux qui environnent pour fervir de
foutien, parce que c'eft par-là qu'on fufpendoit la cloche. Le piedp, q
eft fait de façon qu'il paraît fortir du fein de la cloche avec laquelle il
fait un tout.
Cette partie fupérieure de la cloche eft un folide fait d'un même
jet avec la cloche elle-même. Sa hauteur depuis o jufqu'à n eft de 8
poucesfa circonférence à l'extrémité o eft de 5 pouces un tiers.
La circonférence du foutien c,c eft de 12 pouces fa hauteur d'un
pouce fept neuviemes. La circonférence du pied p q eft de huitpou-
ces fa hauteur, de p en q eft de huit neuvièmes de pouce.
La partie de la cloche dite le milieu d A, eftpartagée en
cinq
zones ou bandes dont trois plus grandes que les autres font
chargées de douze mamelles chacune. Ces mamelles repréfentent les
douze maifons dufoleil, les douze lunaiions dont une année commune e
eft compofée les douze lu muficaux, &c. Les deux petites bandes
font unies &fans avoir rien d'apparent fur leur furface parce qu'elles
doivent repréfenter les champs qui renferment dans leur fein les diffé-
rentes femences qu'on leur a confiées & qui poufferont dans leur
tems, &c. Le fonimet de cette partiedu milieu n'eft point convexe
les points d, d font appelles ou, & ce nom s'ecrit par le caracteie e
qui fignifie danfc danjeurs &c. parce que ce font les deux points
d'agitation de la cloche quelques Auteurs donnent à ces deux points
le nom £ épaules. Les points h h, qui terminent cette partie du milieu,
EXPLICATIONS
portent lenom de loan c'efl-à-dire qui ne f au r oh recouvrer les forces
perdues&C,
Enfin la partie inférieure de la cloche fe prend depuis hjufqu'eri
Cette partie eil terminée en forme de croisant pour défignerla lune.
Les pointsfont l'endroit où l'on frappe la cloche le point k eft
appelle le tambour. La lettre m dé ligne le milieu de la cloche les
Chinois penfent quede ce point le ion va en droiture
jufqu'à c, &
qu'ilfe divife, en chemin faifant à g & &c.
La hauteur de la cloche depuis d jufqu'à eft de douze pouces
& demi S^ depuis n jufqu'en k de dix pouces. Le diametre de à
cfl de dix pouces& de fcau bord oppofé de huit pouces. Le diame-
tre de la partie fupérieurea huit pouces, de d end; &
lîx pouces
quatre lignesde n au côté oppofé.
On ne fauroit dire au jiifte quand a commencé l'ufage de cette
efpecede cloche ce qu'on fait fûrement c'eft qu'elle etoit déjà
ancienne du tems de Confucius. Sa forme tout-à-fait finguliere ren-
ferme une foule d' allégories pour les Chinois. Je me fuis contenté
d'en décrire les proportions d'après leurs Livres les plus authentiques.
Figures ty '<?. Les cloches nommées tê-uhoung, de la Dynaflie des
Tchzou etoient applaties & avoient la même forme qui eft repréfen-
tée à la figure 17. Elles s'accordoient avec les lu aigus ou demi-/Ks 9
&i l'affortiment n'etoit compofé que de douze cloches.
L'afibrtiment appelle pien-tchoung de lafigure «8, etoit
compofé
de feize cloches dont douze etoient accordées fur les lumoyens “
dits naturels, Se etoient par conféquent plus groîTes les quatre autres
s'accordoient fur les demi- ou /«.aigus. Cet affortiment faifoit ainfi
un iiillrument complet.
Pour accorder les cloches fur les lu on avoit égard à la hauteur,h l'epaifleur
& au diametre. Quand elles donnoient un tontrop bas
on retianchoit fur la hauteur quand au contraire elles donnoient un
ion trop haut on amoindriflbit l'epaifleur jufqu'à ce qu'on eût
attrapé le ton.
Figures k)20. ïnflrumens de terre cuite appelles hiucn. La figure
19 repréfente le grand hiuen la figure io, le petit hiuen j a eft le
devant de l'inftrument & b le derriere.
Le
DES S FIGURES, Pan.
i i 1
Tome FL1
F f
Le grand hiutn a de hauteur trois pouces & demi, faplus grande
circonférence eft de fept pouces & demi, 8c le diamètre du fond eft
de deux pouces quatre lignes. Le diametre de l'embouchure qui eft
à la pointe eft de trois lignes & demie celui des trous qui donnent
les tons eft d'une ligne Sc'fept dixiemes de ligne.
Le petit hiuen a de hauteur trois pouces & demi fa plus grande
circonférence cft de cinq pouces & demi, & le d 'mètre du fond eft
d'un pouce, fept lignes & cinq dixiemes de ligne. Le diamètre de
l'embouchure eft de trois lignes celui des trous qui donnent le ton
efl d'une ligne cinq dixièmes de ligne.
Figurai. Kin à fept cordes. Il y a trois fortes de khi qui ne different
entr'eux que par la grandeur le grand kin le kinmoyen & le petit
kin. Le corps de cet infiniment eft fait de bois de toiing~nwn qu'on
vernit en noir fa longueur totale eft de 5 pieds <j pouces.La tcte a
de largeur 9 pouces la queue 6 pouces & les epaules io pouces.
Depuis le chevalet fur lequel appuient les cordes, jufqu'à la queue
il y a 5 pieds. Le kin moderne eft fait comme cet ancien kin.
Figure 22. Inftrument à 2. cordes appelle clu. Il y a quatre fortes
de clié, qui ne différent entr'eux que par la grandeur. Engénéral le
clzê a delongueur 9 pieds
fa tcte a 9 pouces de long,fur 2 pieds de
large, & fa queue i pied, 8 pouces de long & 1 pied, 6 pouces
de large. D'un chevalet a l'autre ily
a 6pieds pouces. Le bas de
i'inftrument appelle laqueue
doit repréfenter des nuages on en
fculpte 6 dechaque côté. Ce chê a la même forme que l'inflmment
qu'on appelle aujourd'hui tfeng.
Figure 23. Infiniment nommé tchou. Cet infiniment efl fait avec des
planches de kieou-mou. Le kieou-mou efl un arbre, dont le tronc cil
femblable à celui du pin & dont les feuilles font comme celles du
cyprès. Les planches de cet infiniment doivent avoir 9 lignes d'épaif-
feur. L'ouverture fupérieure du ichou eft de 1 pieds 4 pouces en
quarré fa profondeur eft d'un pied 8 pouces de même que le fond.
Le pied fur lequel il pofe a deux pouces de hauteur. Au milieu de l'un
des côtés ily a une ouverture en rond, dans laquelle
on pafle la
main pour prendre le manche du cché ou marteau de bois. Ce manche c
a de longueur 1 pied, 8 pouces, & le battant un pied. Le bout du
manche entre dans un trou, pratiqué dans le fond &c y eft arrêté par
EXPLICATIONS
une goupille,fur
laquelle il le meut à droite & à gauche lorfqu'ou
veut frapper l'uHÎriiment avec le tclic ou marteau.
Fleure .'4. Intlrument appelle ou. Il cil l'ait avec du bois de kieou ou
r/,v,i.Y le même dont j'ai parlé dans l'explication précédente. Le tigre
qu'il repréfente po!e lur une eadle de même bois qui a 3 pieds 6
pouces de longueur,1 pied, & pouces de largeur, & 1 pied de hau-
teur. Le rebord fur lequel cette caifle appuie a pouces de haut.
Sur le dos du tigre font 17 chevilles, ayant la pointe en haut, &
de même bois que le relie de l'inflniment. Elles reffembleut aux dents
d'une (eie ik tout appellees tjbti-yn c'ell-à-dire dents qui font hors
..v n/.ïi, La figure .7, qui eil au-deilous de finflniment s'appelletchen.
CVft uneplanchette mince du même bois
queElle a.
un pied de longueur, un pouce de largeur, & une ligne d'epaificur.
On Li pailc légèrement fur les chevilles dutigre pour tirer le ton
propre de Cet mlîrument.
Figures i5 i<S. Infiniment appelle tclwut;s,-tou ou les planchettes. La
figure 16 repréiente les planchettes, liées enfemble dont on le fer-
oit anciennement pour battre la mei'ure. La figure 25 repréiente les
mêmes planchettes ieparées. Elles etoient au nombre de douze (jms'cjl
comenté d'enrefréjenur trois dans lu jigure ), Ces douze planchettes;
etoient de bambou larges d'un pouce cv d'un pied & un pouce de
long. Àu-deiibus de l'extrémité lupcrieure & à la d'itance de deux
pouces il y avoit une ouverture de chaque côté longue de deux
hi.;ne5 c'cil dans ces iortes de trous qu'on paiToit la courroie qui les
hoir les unes aux aurres. Les carafteres écrits fur les planchettes repré-
ientees dans cettefigure composent
une des Odes duTa-ya
du Ché-
Airg. Cette Ode cilcompoice
de huit llances chaque fiance dequatre
vers Sichaque
versde quatre pieds
ou iyliabes, Les fiances fontfépa-
°
rjespar des ronds mis entre la fin de l'une & le commencement de
l'autre. Je me luis difpenié de traduire cette Ode parce qu'elle n\-lt pas
du iujet que je traite elle n'a. été tranferite l'ur lafigure que pour
donner unexemple
de la manière dont les anciens Chinois ecrivoienî
le-r.rsOuvrages. Quand
lesplanchettes
etoient couvertes de caractè-
res onles
hoit comme on voit à lafigure 16
mais d'une manière
plus lerrce lapremière planchette
etoit feule àdécouvert,
afinqu'on
putvoir
d un coup-d'ceiiou le
titre ou le fiuetou le commence-
DES FIGURES, Pari.
Ffii
ment de l'Ouvrage. C'cft avec une de ces fortes de livres qu'on battoir
la mefure dans la mufique des grandes cérémonies, pour rappellcr le
fouvenir de l'invention de l'écriture &C lori qu'on facniioit au Ciel on
lui rendoit grâces de ce don fait aux hommes comme de tous les
autres dont il les a comblés.
Figure 27. Infiniment appelle koan-tfee, compofé de dou/.e tuyaux
de bambou d'une fente venue. Il y avoit trois (o. es de ko:ui-:jh fous
cette même forme. Les plus grandi donnoient !ts fons graves les
féconds les fousmoyens
& lesplus petits
les fousaku\.
Leplus long
tuyau des grands koan-tjec c'eft-à-dire le premier tuyau avoit deux
pieds de longueur,celui des moyens koaii-tjn avoit un pied & le
premier des petits koan-ifcc avoit un demi.-p.ied. Ces premiers tuyaux
r-ipondoient pourle
ton,au
premierdes dit
lioang-tchoung,&,
les autres qui fe fuivoient par demi-tons en montant, répondoient
l'ordre ultérieur des lu, & avoient leurs mêmes proportions.
Figure 34. Infiniment nommé fuw. On diltingue cet inftrument en
grand ÔC petit. Le plus long tuyau du grandyîao avoit deux pieds &c
le plus lor.g du petit avoit un pied, eniorte que tous les tuyaux du
petit fuw etoie.it à la moitié de ceux du grand. Ces deux fortes de
fia.0 avoient chricui feize tuyaux, qui donnoient les tons de feize In
lavoir !: crji.d fuio n /« graves &C 4 moyens le petit Jîao 12 lu
moyensCl 1 aigus dans cet ordre
i. H'Jit:î,-tchoung, 9. Y-tfé.
2. Ta-lu. 10. Nan-lu.
3. Tay-tfou. 11. Ou-y.
4. Kia-tchoung. 31. Yng-tchoung.
5.Kou-fi. 13. Hoang-tchoung. 1 nQ
J “ T 1 a UcUvcs dos6. Tcnoung-lu. 14. Ta-lu.
U 4 premieri7. Joui-pin. 15. Tay-tfou. | tuyaux.8. Lin-tchoung. 16. Kia-tchoung. j
Figure 36. Flûte appellée yo. Cet infiniment tel qu'il eu repré-
fenté en A ie dirlingue en grand, moyen &t petit.Il
y en avoit douze
de chacune de ces trois efpeces dont les proportions 6i les longueurs
etoient comme celles des trois différentes claii;s dj lu graves
ïnoyens& aigus.
La figureB n'eft que pour fatisfaire au fyftème
de ceux qui on:
EXPLICATIONS S
imagine que le yo avoit lix trous, formant des demi-tons de 1 un à
l'autre.
Figure 10. Flûte appellée /[)-. Cet infiniment tel qu'onle voit en Ay
etl le même que le f a trois'trous il n'en dillere que par l'embou-
chure. On le diltingue de raànc en grand moyen & petit (es dimen-
lions font les mêmes que celles du yo. Voyez, l'explication précédente.
La figure Bn'etl encore ici 'que pour reprelenter l'idée de ceux qui
peinent qu'il vavoit anciennement des yo &C des ry à iix trous.
Figure 4-1. Flûte appellée tchc. A reprélente le devant de l'inftru-
menr îs: B le derrière, qui Ht tout uni. On dillingue cet infiniment
en urand cv petit. Le grand:du: a de longueur un pied, quatre pouces
ion diamètre cil d'un pouce. L'embouchure C a trois lignes & demie
de diamètre; les trous qui font fur les deux cotés ont chacun de dia-
metre, une ligne, l'ept dixièmes & cinq centièmes de ligne.
Le petit rchJ a de longueur un pied, deux pouces; (on diamètre
rit de huit lignes Cv demi. L'embouchure a de diamètre trois lignes
& les trous de côté chacun une ligne & demie.
Figure Infiniment nommé ciung C\Canciennement y u conipofb
de 14 tuyaux, dont douze font appareils; les autres iont ûippofés
garnir l'autre moitié de la circonférence. Les chcri* plus petits que
celui-ci avoient la même forme ils n'en difteroient que par le nom-
bre l'ordre îk la longueur des tuyaux.
Dans le cfuna que présentecette figure les 14 tuyaux font cliftri-
bués en iix ordres de grandeurs différentes chaque ordre étant com-
pote de quatre tuvaux deux d'un côté, deux de l'autre, qui font de
même longueur.Les quatre tuyaux les plus longs, ou du
premier
ordre ont pieds, 1 poucesde longueur; les quatre du lecond ordre
ont un pied S pouces lesquatre
du trentième ordre ont unpied
3 pouces ) lignesles
quatredu
quatrièmeordre ont un
pieules
quatre ducinquième ordre ont 7 pouces lignes enfin les quatre
du lixieme ordre ont 5 ponces 5 lignes.
La longueur des tuyaux le prend depuis l'ouverture intérieure 011
eii [a languette juîqu à l'ouverture d'en haut.
Chaque nivaucomme on voit fur la
figure,a un trou dans fa
partie inférieure c'eitpar
ce trou que le vents'échappe lorfqu'on
DES FIGURES, Part.
fouffle dans letuyau
recourbé quifcrt d'embouchure & lu
languette,
qui eftdans le corps
de l'indrunicnt ne reçoit aucune agitation. Pour
faire parlerun tuyau
il faut boucher ce trou preeiiéniem au con-
traire de nos initmmens alors l'air, forcé de palier du coté de la
languette, l'agite& fait entendre le ion
quedoit donner le
tuyau.
Chaque tuyau portele nom du lu dont i'l donne le ton. L:i
iigure Si
repréfentele deffus du che/ig avec tous les trous th. is
lelquels entrent
les tuyaux qu'il fupporteà la manière d'un fo mimer
d'orgue. Le
premier tuyauou ce
quie!t la même chofe le premier trou de cette
forte de fomniier, eft du côté du bec recourbe le1; autres viennent
par ordre en fiiivant les chiffres marqués dans les trous. Voici les
noms des vingt-quatre tuyaux; quientrent dans ces trous. Il
y en a
qui répondenta des lu
graves& d'autres à des lu
moyenslelon
que
je vais l'exprimer (c).
1. Hoaiiç-tchoiuig grave fa.
2. Kim-j'i grave La.
3. Y-tsd grave ut:
4. Hoiing-tchoung moyen fa.
5. Kou-JL~li moyenn lu.
6. 1 -tsJmoyen «<$•
7. Ou-y moyen rc%.
8. Hoiinçrtclioung moyen fa.
C). Tay-rjou moyen fol.
10. Ou-y grave rt^.
11. J oui-pi >i grave p.
1 2.Tay-îfou grave fol.
Chengà dix-neuf
tuyaux.
Cecheno- dit
anciennement ko, cinqordres de
tuyaux,de lon-
gueursdifférentes. Le
premierordre eft
compoféde trois
tuyaux
longschacun d'un
piedo
Leietond ordre eu
compotede
qur.tre tuyaux d'un pied 4 poucesle trentième ordre de
quatre
tuyauxd'un
le quatrième ordre, dequatre tuyaux de 7 pouces;
lecinquième ordre de
quatre tuyauxde
5 pouces.
Cestuyaux ranges par ordre fur un tond ou
ibmmier quia
19
(c) Nous avons ajouté eux noms les
iu tantpour
techeng, qi;c pour less
faiviias ks noies curopisnr.es alin
13. Kia-ichounç grave Joiy.
14. l.in-tchoung grave u:.
I<. Yn<r-ichounii «rave /“
16. Kt\i-icfiou/ig [moyen Ji.-l.-y,
17. Lin-:cliiiu;ig moyen m.
18.I nç-tchou/ig moyen nu.
ly. N.ui-l:i moyenre.
20.Tciiiui/i^-tii moyen la'#.
ai. Td-lu moyen f •<•
xi. Nan-'ugrave
/v.
23. Tchoung-lti grave /•
24. Tu-lu grave fi^.
qu'on pu: f; r;prèi'>r.:cr plus aifénienî
raccord X i'ordrtf cL= myaux qui com-
pofent ces diagrens •r-
EXPLICATIONS
trous répondentaux lu fui vans en commençant du côté de l'embou-
chure comme à la figure A.
1. IIoj.n-r-r.ihou:ig grave fa.
2. Kou-fi gravela.
t.. Y-tii fraye ui;
4. Hoiing-tchoung moyen fa.
y. Kou-ji moyen la.
6. Joui-pin moyen
7. Taj-tfo:: moyen fol.
8. Ou-y gra%"e re.
9. Joui-pin grave fi.
10. T.iy-ifou grave fol.
Les tuyaux qui coinpofcnt ce chcng fontrangés différemment que
dans le précédent,& {ont lur un autre ton
(^). A l'arrangement près,
tout le refte eii le même car les lu l'ont immuables. Les tuyaux de ce
shitisi répondentaux lu iuivans.
1. Honng-tchoung moyen fa.
1. Kqh fi moyen la.
t>. Y-né moyenut¥:.
4. HoLing-uhuung aigu fa.
5. Ou-y moyenre%.
6. Joui-pin moyen fi.
7. Tay-tjbiL moyen fol.
o. Ou-y grave. relfc.
ç. Joui-pin grave fi.
10. Lin-tchoung grave ut.
Ce c«<vzga
quatreordres de
tuyaux. Le premierordre eft
compofc
de troistuyaux longs
d'unpied
troispouces
le fécond ordre a
quatre tuyaux, longsde
9 poucesle troificnie ordre quatre tuyaux
de 6pouces
lequatrième ordre,
deuxtuyaux
de4 pouces.
{d )Dsnç le cheng précédent le tuyau
}e plus bas eit ie ho.ir:<: tckoung grave
c'eft-i-clite i au rftiTous de la clef
dut & 1s ti:yau le plus aigu eft le ;c«j-p;n moyen, c'uft ;dire tierce aii-
deinib de la clef de Jol au heu que dansle £«£ dont il s'a = it ici le tuyau
le
plus bas eft lejjui pi« grave c'ell- à-dire
/i immédiatement au-dellous de la clef
11. Kui-tchoung grave folïi,
1 2.Lin-tckoung grave tu,
13. Yng-cchoung grave mi,
14. KLi-r.ckoung moyen folYi,
15. Tchoung-lu moyen la%.
16. 7Vr-/«moyen fa%.
17. N.m-lugrave re.
18.Tchoung-lu. grave la%.
19. T.i-lu grave Ja%.
Autrechcng
ar 9 tuyaux.
1 1 Yng tchoung grave ml,
iz. Kia-tctioun» moyen fol%.
13. Lin-tckowig moyen ut.
14. Yjig-'ciwung moyenmi.
i1). N.vi-lu moyen re.
16. Tchoung-lu moyen la%,
17. Ta-lu moyen fa¥i,
18. Nan-lugrave re,
19.Y-tsê
graveut¥i.
Péritchenp;
à 13 tuyaux.
d'ut, Si le tuyau le plus aigu ed la dou-
ble octave dulio.ing-ichoung grava c'eft-
à-dire, fa, au-tleluis de la clsf da /o/,
Ainfi ce cheng a du cô: i des ions :;raves.,
fis tuyaux de moins que le piécodent
depuis fa Jiifqu'a fi par tljuv-tn: &
du côté des Ions aigus il a fis de
plus depuis fi juiau'à fj par demi»
tons,
DES FIGURES, Pan.
Ces tuyaux rangésfuccefîivement comme à la figure A répondent
aux lu luiyans.
S E C O N DE PARTIE.
JT xgure i. Tuyauxdes douze lu. Ou diftingue les Lu en grave;
moyens&
aigus. Les lugraves font, pour la longueur le double des
lumoyens
& les luakï/as
en font la moitié. Ainii lepremier tuyau
des lugraves,
celui qui donne le hoaug-tchoung a de longueur deux
piedsmefure des hïa dont le modèle fera roprefenté à la figure lai–
vante y&C dont on voit ici le demi-pied. Le lioang-tchouug des lu
moyensa un
piedde
longueur& le
hoang-tclwungdes lu.
aigus un
demi-pied ou pouces.
Engênerai,
les douze lu, Ibit graves moyens ou aigus répondent
aux caractèrescycliques par lefquels
les Chinoisdésignent
les douze
heures, qui compoient chez eux un jour entier, depuisonze heures
du loir jufqu'à la même heure du jour (uivant. Voici les noms des lu
avec leurcorrespondance
aux heures chino'.fes.
Noms des lu. Heures ck'molfis. Sons.
1. Koang-tchoung Tfee fa. XP1. – minuit.
2. Ta-lu Tcheou 'fa* I – II.
3. Tay-tfou.Yn 'fol. III -IV.
4. Kia îchoung Mao fil%. V– VI.
5. Kou-îi Tchen la." VII -VIII.
6.Tchoiing-lu See la%. IX -X.
7.Joui-pin.Ou fi. XI -midi.
8. Lin-tchoung Ouei ut. I – II.
9- Y-tle 'Chen :u^. III-IV.
10. Nan-lu Yeou rs. V – Vî.
11. Ou-y Kiu {e) >r)i. VII- VIII.
12. Yng-tchoung Kai n: IX – X,
( e) Ce carnûere (c lit également hïu fit ou fa. Voyez le Torac ÏI de ces Mé-moires pag. 96,
1.Hoang-tchoung moyen fa.
2. Kou-ji moyenlu.
3. Y-:sc moyen utë.
4. Hoang-tchoung aigu /
<j. Ou-y moyenré&.
6. /oui-pin moyen
y. Tuy-ifou moyeu fol.
8. Kia-tchoung moyen jhi,i
9. Lui-(ciioufig moyen ut,
10. ï rt<uhouni' moyen nu.
11. A'. ;«moyen
?v.
12. Tchoung-h. moyen, la-X.
13. Ta-lu moyt.i fa'Â,
EXPIAI ÇA TIONS S
Figure 4, a. Cette figure repréfente l'ancienne inefure nxée par la
longueur J;i tuyau qui foimoit le hoang-tchmins, moyen & par la
capacité intérieure du même tuyau, qui contenoit douze cens grains
de chou dont le poids fut appelle yo. Voyez l'article premier de cette
féconde Partie & particulièrement l'article 3 où tout ce qui concerne
ces deux fortes de pieds eft expliqué, pag. 103 ck fuivantes.
Figure 4 b. Cette figure repréiente le fyftcme mufical des Anciens, 1
fixé a 24 lu douze moyens fix graves &£ fix aigus.
Les Lu aigus difent les Auteurs chinois ne montent au-deflus des
lu moyens ou naturels que depuis efee, jufqu'à fie (/) 5 c'eit-à-dire
depuis hoiing-ichoung juiqu'à tchoung-lu.
Les /«graves, diient-ils encore, ne descendent au-deflbus des lu
moyens que depuis ou jufqu'ù nui (g), ç'eft-à-dire depuis yng-
tekoung jufqu'à Joui-pin.
Figure 8. Le koung écrit au centre de la figure eft le nom du pre-
mier des tons. Ce ton, donné parle hoang-tchoung le premier des
douze lu, en cenfé le principe & le générateur de tous les autres tons.
J'avertis ici afin qu'on ne diie pas que j'explique le iyiïême chinois
à ma manière & non pas tel qu'il eft, que je traduis tous les caractè-
res (ceux de la planche chinoife ) auiïï littéralement qu'il m'eft poiîi-
ble (A).Le Lefteur fuppléera de lui-même à l'exprefîîon, & fubftituera
la véritable à celle qui pourroit lui paraître barbare.
(/)Noms des canfteres cycliques
qui répondent au premier lu & au hxieme.Voyez l'exemple qui termine l'explica-tion de la figure 1 page précédente.
(?) Caractères cycliques qui répon-
dant au Septième /u&au douzième. Voyez
l'exemple'de la page précédente.
Les carafteres cycliques & les lu étant
intimement liés enfemble, dans le fyftè-
me mufical les Chinois prennent indif-
féremment le nom de l'un, lequel que ce
foit, pour dèfignerl'autre.
(/:)La traduction du P. Amiot eft
exacle unis b planche chinoife eftfau-
tive dans Se:- dci'.x exemplaires celui de
la Bibliothèquedu Roi, & celui de M.
Bertin. A ia ccfe n°. 2 m- lu on lit dans
l'un & l'autre exemplaire, S en hautil
jaut 6, au Hiu de S! Aux cifes, n°. 4,
kia-tckour.gn°, 6, tchoung lu
nJ. 8,
lin-tchoung on lit S en b.is il faut 6 en
haut ;3.a\ c;iles n°. 10, n.i:i-lut & n°. 12,
yng-tchûurrg, on lit S ( tv; /«/) il faut 6.
Les planches chinoifes, comme nous
l'avons dit, portent les mêmes fautes,
excepté qu'à 1;: café 8 qui répond à hn-
tchou/ig des deux caractères qui défignenrS en
h.iut il n'y a que le premier de fau-
tif il faut 6, au lieu de 8. La figure
même nous a fervi à faire dans cette
édition, les corrections que nous venons
d'indiquer. Le Lecteur pourra lui-même
les vérifier, en le iouvenain que Ven bas
fe prend de droite h gnuch.- félon l'ordre
des lu ( ou des chirtres ) & que l'en hautte prend de gauche i droite, kion l'ordrerétrograde des lu. Le premier ordre don-
nant, à l'Européenne desquintes
en
montant, & l'ordre rétrograde donnant
des quartes en defeendant.
Figure
DES FIGURES, Part.
Tome VL G g
Figure ci L'ordre des lu, dans cette figure, va de droite à gau-
che, comme on l'a vu à la figure 8 & commence de même au
caraûere cyclique tfie & au lu hoang-tchoung.
Les nombres qui,dans chaque café, font placés à gauche, 8c fous
lesquels font ecrits les noms des notes délignent la formation des Lu
par la progrefllon triple depuis i jufqu'à 177 147 Les nombres placés
à droite favoir z 8 16 &c. font en progrefïïon double &cp3-"
druple, pour rapprocher les tons aumoyen de leurs ottaves ( ).
Figure 10. Dans cette figure les deux lu du milieu, tclwung-lu &
joui-pin n'engendrent qu'en montant, parce que depuis tchoung-lu en
defeendant on ne trouve que fept lu au lieu de huit & qu'on n'en
trouve plus que fix, en defcendant depuis joui-pin. Or la génération
defcendante, comme on l'a vu fur la planche même fe faifant après
un intervalle de huit, on prend, pources deux lu, la
génération mon-
tante, qui fe fait par un intervalle de fe.
Figure 12. a. Le ta-lu & le yng-tchoung foutiennent des deux côtés
le hoang-tchoung pour l'aider à marcher de droite à gauche ou de
gauche à droite fiûvant le befoin. C'eft par lemoyen du ta-lu. que ce
fon fondamental produit le tay-tfou &que continuant cette marche
il produit les autres tons; &Cc'eft par le moyen du yng-tchoung qu'il
fe reproduitlui-même.
Tous les tons de l'octave font formés de l'union de deux lu à l'ex-
ception du tché & de la reproduction du koung, qui font formés par le
concours de trois lu.
On appelle cette figure le hiuen-koung c'eft-à-dire la circulation
du koung.
Figure jj. Le tchoung-lu & le hn-tchoung dit le texte chinois fou-
tiennent hoang-tchoung par le milieu,
En comptant de droite à gauche, & de gauche à droite dans cette
figure,les tons s'engendrent de deux manières comme je l'explique
aux pages 1x5 126.
Outre les noms qu'on donne à cette double génération on l'appelle
encore l'ordre du milieu l'ordre moyen &c. parce que koung &£ tchoungf
en fe regardant dans la figure en occupent le milieu.
(;) Voyez à ce fnjet la note e de la feconde Obfçrvation page 19?,
Y. XPLI C A T I () Nf S
J-l : Ho.!r;i'iho;tf:i; dans celle ligure cl! U1premier duko.i ou hev.a:r.uuiue A.'iv/ il entendrelin-rehivi/t» en dcleciulanl c\'ll-
à-dnv en p.. liait! .mpremierC>ilo 1 lK1\.ii;r.imnv;ki'ucu. C.eliu-ci enten-dre en montant.•, -> locond o i!u L0.1Kie/sn isi />•/<>« entendreendciVcnd.mtr:i lecond b duko.i Louer: c\' ainli de lintc |)i.>in"les /.v ii.;cnciirs.
i-v /•. 1.0!o.i oulu'i;;raiiunc oiu'i-k't (c lil en mont.int
vli'pi!'.•.• |Uk|ii .'iAi'••
Liicvi^iYuniiH1Â: leiitendelct'iul.uit,(.lc[nusrc!ioun>uj111t(iiAon-y.
11l'ciiiîto ik1ù'[ .u'i'.u\i;i.>mciit unecclicllc île nostons uls tjuc |i-
los .11in.n\|i!cs il ti'ik1 île ehanuelis;nc il es lie\.ii.M\iniincs.
>i,' .. i. 1'. t et(e figure rc|)rctcntc l.i "^encraiion îles par il'Stioii.-c ko.i. Le[>ie!UÏer, ;ippol!J fou cv cjni coifel'poiul à l.i oiv/.icmo
luiu1, tii:eiuhe le premieri;i)ml)ro pail.iil, qui cl! 1. Cenombrecn-
:e;:eiie le •.• -.o.1.0 vluhoiinfi-tclioitngva|iiic|ii'à tcliotini\-l»'1
pl.iee ..lu koaA:tv.- de l.i i|.i.urieme lu.ie qui en^emlrcles lix lijnics
ei'.t'.eres. C_.e!^ pourcette raikmqu'onlut a ili>nne le nomtle pi-hou
c'cù-.Vvlu'e. qui i\vivi la Jeux!\ui.uis J'unc forte pour/iti[/cr Uptijj'tgt•v.v-w" O'.iïcr:.
Le k.0.1 Â.iv:/ Je l.i cinquièmelune, entendre la ligne imparfaite
ou bniee de laquelle vient /oui-pin dont le ki va julqu'à la dixièmelune [i'a.:e du L0.1koiw: d'où vient yrig-u-'i.mngqui entendre les iiv.
lignes bniees, appellces les imparfaites. 0a lui a donné le nomdeho. c ell-à-dire j'ami Ls Jeux l\itc-tm d'une porte parce que tout
Cil completalors.
F:ç.re Le. loix invariables & éternelles de la nature ayant fixeiû pouces, la longueur du véritable lioan^-rchouns;\vs ci/tij to/is ionî
n.;r.i:\ l'.enicnt rormes par ce ho.i.ng-cchcungde la manière qui iuit.I -vest deiignc par 1 il cil f par un tuyau qui a iix pouces
de Icru.Te'u-ei'î deligne par 1 il ei\ forme par un tuyau qui a fcpt pouces
ce !o:ic.
A.e eu dcii^né par 3 il eit formé par un tuyau qui a huit pouces
de ion..ëil défîgné par 4j il elt formé par un tuyau qui a neuf pouces
de kng.
D Iî S FI G U i:». S, /A. /> f.
Kotnig cft dôfigné par 5 il cil formé p.ir'.ii! luyrni qui a di1-. pouce.
de long.
Figure:; /o, 20. Les calculs qui concenvnt ce1; d'-ir-. limin. ont '!é
faits du teins desMi/it> c'ifi-à-dire
loir;la [Jyna'iie qui j^ouvi -.v;it
l'Empire immédiatenieiil av. m! 1rs Ta, ire1. M.!iitenou>. qui i'<>nt
aujourd'huiiur le Trône. Voici l'évaluai ion 'e1; nr-ure, (Ion; on
fuppofe qu'ondevra faire
iii'aijc.
E VA I. VA T ION des mcp.:es pour
la dctxrmiiulltuji de Faire des lu 5
fi~ruv rJ.
100 lion, font un Jic.
ïoo f'ii(ont un /w.
100 /;ao font un />
100 ly font un /cv/.
100 j'en font un /?.
100 {/« font un /c//J.
ÏOO /f/u' font un l.chiiriy;.
TROISIEME PARTI E.
X1 1 CV re 1. On voit dans cettefigure, comment koim<> engendre
tcké, c'eft-à-dirc comment dekniur;^ principe
des autr_s rons on
paffe à tché oude
r à 3comment de relié on
nafieà
cha/i^, ou de
3 à 9 de cluwg 9 àj« 17 & de yu 27 à khi 81 ce cp.ii ir.et fous lt.ï
yeux la progreffion triple 1 3 9 17 8 1 & !a férié de onionnan-
ces /ii nt.jbl.ru la de laquelle le forme In cornîjinaifwn deo ions rappro-
chés, fd fol. la tu n ou kounv cluing /c;o tché yu qui tormer.t Î;ï
cinq tons des Chinois.
Figure 9. Cette figure repréfente le premiervers de rHynric; en
l'honneur des Ancêtres noté à la manière des Ar.cic-r.s Chinois (£)•
(k) Cet Hymne ainfinoti, comprend
3.4 planches cluns le mnnnfcrit C.v. P.
Amiot, c'eft-à-(!irc depuis le numéro') ~7
;u("qu' 32 chavjiic [j'ianche ne préion-tant qu'uu fcul vers du quatre fyliabcs
ou
mots chinois. Nous avons cru qu'au
moyen desdcveloppemetis qv:e
nous
['. l'y! I. U A V I O r! ,!c, nicf/irc-: /im:i
/il dîlcriituiiiihm de Ui di/'iii/c de;
lu fi:;i'rc-la.
joignons :i l'oxpllcitlon fucclnre du P.
Am:.c;r l.i i-JLw-- plancha c;:i! préi"e::rs le
r:j;i; vers pouveût do:i::e.- 2
Lv-u. u:ie idée fnff:f?.:i:s d; !a m-
c!c norer d;s :cien5 Ch:uis. D'âlïj;
nous prifcntor.5deux ob;î:s de p'us c:s
cette ngure en metisnt dans !e5 qui::ijj
iooo hou (ont (m /.}j.
1000 (ce lonl 11:1 luui.
I coo (ont un /y.
1000 ly (ont un /t-
IOOO fen font un //«/
] 000 r/u/i f < j 1 1 1 un /(.7/J.
i 000 /c/k tunt un iduin'j.
Gg4
EXPLICATIONS S
Les lu ecrits comme ils le font dans cette forte d'échelle chroraatL«
que font eux-mêmes les notes muficales.
La première note de chaque portion de chant, efl: toujours jointeà un lu au moyen d'une petite ligne horizontale. De cette note aux
fuivantes il n'ya qu'a
fuivre laligne tracée d'un quarré ù l'autre.
Dans les quarrés à droite, font en caractères chinois les paroles
del'Hymne fee hoang fien (fou, qui forment le premier vers chaque
mot dans l'écriture chinoife, étant exprimé par un caractère & c'eft
en cela que conlifle cette ancienne manière de noter les fous ou
pour mieux dire, d'indiquer le ton qui répond à une fyllabe car ce
n'eil pas proprement la note qu'on écrit ici fur la parole c'efl au
contraire la parole qu'ilfaut écrire à côté de la note.
J'ai ajouté à gauche,dans les quarrés correfpondans à ceux des
parolesles notes chinoifes modernes. Ainfi les quatre notes que pré-
fente cette figure&
qui répondentaux lu hoang-tchoung lin-tchoung
&c. font koung teke ho koung ielon les Anciens &C ho, tchj
y hofélon les modernes c'eft-à-dire ,fa ut la fa.
Cet Hymne eil dans la modulationkoung
& n'a pour elémens que
les cinq tons des Chinois fa fol la ut rz fansqu'on y ait fait ufage
des deux pien mi &?(/).
Figure 36'. Le tambour tao-kou eil placé contre le king dans cette
figure, parce que c'eft ordinairement celui qui joue du king qui efl
chargé du tao-kou. Avec cet infiniment il donne d'abord le lignai pour
faire commencer le chant, il pane enfuite au king fur lequel il fait fa
partie avec les autres.
Figure j<?. Ces deux joueurs d'inflrumens l'un duché, l'autre du
po-fau font placés enfemble dans cettefigure parce que ces deux
inftrumens accompagnent les voix & qu'ils lonî regardés comme les
à droite & à gauche les carafteres qui
leur correfponcleiTt dans la planche cln-
noife, au lieu desmots fee hoap.g, &c.
& /u, ta'ié Sic. que porte amplement, 1
dans ces méme^ quarrôs la planche ira-
iluitepar
le P. Amiot. On aura ainii fous
une même figure,le texte original
& fa
traduction tant pour les paroles que pourles fioles modernes. A l'égard
de la
ccîonuc des lu il eft aife de fe figurer
que la planche chinoife porte dans les
mîmes places ou ils font écrits les cara-
tteres qui (e lifem hoang-Lchoung ta-
lu tay-tfou &c.
(l)On trouve cet Hymne, noté à
l'Européenne,dans le Supplément à Far'
tkle 3 page 184,
DES FIGURES, Pan.
plus effentiels pourl'exécution de la mufique à la manière des An-
ciens ('«)•
Ceux qui jouent de ces inftrumens font repréfentés enaveugles
parce que l'ancienne tradition eft que c'etoient des aveugles qui etoient
les Muficiens dans les premiers liecles de la Monarchie. Le Prince
Tfaï-yu trouve la fource de cette tradition dans l'arention avec laquelle
les anciens Muficiens jouoient de leurs inftrumens. Ils fermaient Us
yeux, dit-il, pour empêcher qu aucun objet ni pût les dijlraiu dt-là 5
COlîclut-il eftvenu le nom d'aveugles qiion leur <zdonné.
Figure 39. Cette figure repréfente l'arrangement des Muficiens dans
le tay-miaoou grande falle c'eft-à-dire celle des cérémonies reli-
gieufes.
1
Au fond du côté du midi,' eft la table des parfums, placée devant
la repréfentation des Ancêtres.
A droite c'eft-à-dire, du côté du couchant font rangés par ordre
<i ceux qui frappent fur la cloche b ceux qui battent la mefure c
les joueurs de la ÛCitefïœo d, les joueurs de chang.
A gauche du côté de l'orient, font dans le même ordre e, ceux
quibattent furie tambour; les joueurs du tao-kou g les joueurs
du koan; h, les joueurs du ty.
Figure 40 a. Les divifions qui font marquées fur la circonférence
de cette figure,divifée en Z4 points, désignent les pas de ceux qui
font les évolutions en chantant, c'eft-à-dire des danfeurs. Les chiffres
înferits dans les ronds de l'intérieur de la figure défignent les dan-
feurs de chaque rang, & les points où ils doivent fe placer pour fe
combiner entr'eux. En attendant le F'ds du Cid(l'Empereur ) ils font
rangés comme le défignent les chiffres. Lorfque le Fils du Ciel eft
arrivé devant la table des parfums ils fe rangent comme on le verra
dans la figure fuivante.
A & B font ici les places des porte-étendards.
Figure 40 b, Les danfeurs pendant la cérémonie en l'honneur des
Ancêtres te combinent de trente-deux manières différentes &
{m)Le cht Contient la voix des chan-
teurs & leur fournit l'inioiiacion le
pa-fou les dirige pour le mouvement &
la mefure. Car ce taraboiir ue pouvant
fnire entendre qu'un fciû fon il nepe-.iî
être regardé cumins ifjln'.id pour l'exécu-
tion de l.i nmjiquz (nf: l'c^ard de 'a l'no-
fure, qui efî en eiiît l'aine de la millions.
EXPLICATIONS DES FI C 11 R ES,
iwinn'iït à chaque évolution,ou coinbirl.:i'.o[i des altitudes C|ui
exprimentce
que l'oneh. mie.
Cette heure reprcleatel:i première c omlunailon c\ exprime le
premier vers vie l'H\ mne note .1 la ligure 9 :.Av l-'t'.i/ f^ rj°" •> C'eil-
à-d'uv io-i'.nu / /v-v/c w; 6 mts ].:(. Auux.
On peut le l'aire une idée des autres continuations lur eélle-u.
/7. ..V.( Exf>!ii'it':O!:s.
A V E R T 1 S S E M E N T.
iS o i' s vivons promis à la note /• île ces explications, p:i£. izt do
l'aire eonnoitre à quelle clalle de pierres peut appartenir celledont
les Chinois t'ont leurs A.1;; ordiiKiires. oiei le relultat des expériences
Lûtes p.ir M. le Duc de _Ch, mines lur un king duCabinet de M.
Bcrtii. ( :).
A N A L Y S E C II 1 M 1 Q U E
Dj L: Pwrrc noire des King Chinois,
On a elemLiiulo A l'Académie des Sciences, à M. Rome Delille &
pluiiei'.rs autres S.iw.ns mméralogilless'ils connoilloient la Pierre
noire des \c ils o;u répondu par le partage de Pline cité dans le
D:cV,onn;ire de Bom.ire dar.s Boece de Bott, dans Linticus(*),
&
on::|ou:eq;;e
M. Andetïon parloir, dans ion Hiltoire naturelle d'Iflan-
de d'ur.e pierre bleuâtre es." très-lbnore. Comme la pierre noire des
Chinois devie;it bleuâtrequand
on la lime, c'eil \"r;îiiemî)lablcment la
ir.èrr.e ;ucun de ceuxqu'on
a coniulr.es d'ailleurs ne l\t\'oit vue.
(-) Avar: d'cr.rrer dans le détail de
le Dv;; ob'crv; eue !;s Chinois ront r.i:;Vi
ci» •.–
c;
Lrvi-.a1,, qui riiiùiùer.: t:ci-i
ïj.-i-3r\ d" !e Csbireî deM. ded,
h 1; S:j:ai:e du Roi; qu'ils em-
& çu' ;• v;r.ù ce !>f Cnir.e à M. Ber-
tin, des morceaux de cet albâtre figuréscomme les kir.g de pierre noire onannonce comrîic lor.ores, iïi;us qui ne
b. pieire de don: les Chinois font
auiïi des !J"c ( oyez pag. 40) n'efî ri
autre c!:cie qu'une agathe.
(")Al'article/vi'W! fousladénomi-
nâiicn de jr.xum tinn'uans.
A N A L Y S E C H I M 1 O U E.
Voici le pafiagede Pline Ciilcoplionos ni»i\t cjl O itlifu ans linni-
lum iwlrht.
La Pierre des Chiiiois reuVmLle enliéivmcnl :uipremier couu-
Ô'ol'ÎI i >'" marbre noir, & e(l calcaire comme lui, ni.ir, le marbre
ordinairement n'cil" point lonore. Elle riflemble cj'alciiieut pourfou
extérieur, ta pierre de touche, qui ci! un bai Ite &c au balalce
volcamcj'e inius ces deux pic-rres lonl df, vili"ific;it loir,.
,S;i rcdemlilariLe avec le niarbi'e noir m'a cni'Mi'c à faire le', exue-
rien ces coin |)arati veinent. t'.
Elle «Vil pas plio(|)horK|iie ni le marbre noir non plus.
Elle ne fait aucun effet fur le barreau lulpendu &i ne contient par
confisquent pas de fer, dans l'état inétallit|iie.
Lus cliflo'utsonr. dans les acides, éprouvés auparavant, pour voir
s'ils ne conteiioient pas de ter montrent par Talkali ])hlogifljquc
quela pierre en contient un indice.
Comme le marbre noir ne donnoiV point le même phénomène on
a examiné plusattentivement la pierre fonore à la loupe, OC un y
a
découvert des points pyriteux auxquels on Tatti il.Hic-
DifToute d'ailleurs par les acides, vitnoiique mtreux & marin,
elle donne toujours les mêiaes phénomènes que le marbre noir elle
fait un magna orileàtre-( qui rt'eft qu'une chaux teinte par 11- bitume }
avec l'acide vitnolique, & laiiieen arnere une portion noire, mfolu-
ble dans les acides nitreux &C marin qui eft comme dans le marbre
noir un véritable bitume combulhble.
Le marbre noir Si la pierre ionorc calcinés deviennent entièrement
blancs, & donnent des chaux îres-vives ilsperdent leur bitume p;.r
Faction du feu.
La pierre fonore paroît cependant contenir un peu moins de matic-re
phlogiflique ou colorante car les précipités par Falkaii fixe, font un
peu plus blancs ( &même bleuâtres) que ceiui du marbre noir.
Ellayée par Falkali volatil elle ne contient point de cuivre.
Les autresprécipités par les différentes iubltanc.es donnent tcus
les mêmes apparences.
On en etok-là. de cette anaiyle, lorf qu'en prenant des infonr;or:s
chez les Marbriers ils ont dit Que le marbre blcu-ivciiin c:o:: rres-
fonore. On en a ciïcclivei-cnt vu degrandes :able;tes cui
le :'om
ANALYSE CHIMIQUE.
OBJETS
beaucoup mais ayant fait faire un king avec ce marbre il n* avoir
point cette qualité. En eflayant des marbres noirs de Flandres on en
a enfin trouvé des morceaux quiont beaucoup de ion & on en a fait
tailler un king, qui efl prcl'que aulii l'onore que ceux de la Chine.
Tout ceci met en état d'aflurer que les pierres des king ne font
autre chofe qu'un marbre noir entièrement compote des mêmes prin-
cipes que nos marbres mais que quelque différence dans l'organila-;
tion, rend plus ou moins Ibnores.
!'m.~l~~>m.~ ~·I ~s·
~rmÎ nt~lr·iwnlr: ~mlr.~ ~1 · .I'~ m ;.rm·~~i t'i>·mlilmm
r1r ~lm.r %imt~~ur.r~, ~r'l'wm-IW u, /·Yue-ISv
}W/nii-re P.irtïeAfivnoffwr ./•• /) ( V/n>r.
T.mi. I
l'iniNi'ir J',tr/n-.<< '< .r/(r/<\t (7u//(>r
/^<y>/t'.i,•<(> tu1 i/tt'cr.r 'J'iiinbouf.r.
/“,“
//iy/tftv"<•l'iirlicr-
Aft'/HOt/W .>• A'.r (Vlttioui J,
/J/ct'/u- f/w/rutncnfj-.
Tu m r; ![!
–––––~
/>,,•/>>''• J'.i'/tc
.('llll~llt:~ 1 1
])ivi't\f ii/rwnù }.
!,““ 1 1 l'l
'l,-ttiii'/e /<AIt'f/iowt',1 .rit/' ici ('/u/ioi-r.
l~)llh'r Jji.rlru/ne/u(L. <
j;,r,(7.J' l'.
//ivwivi'/<<• !/)/< V.' /;>(7l//liHS.
/)// >c/:r /i// /r/i
/;
,V<V/«- l'if/ I,-
Mi/iti>(/t'.r ,i /<!t', i /s/
/.i.r </<>, t' I,u /{</c//u />/<(/
(/<:r Ilia.
y. /•
/,>
iTetonde Jartze,, Afemoire^r j-u-r le^r C/linoÙ.Tom.T'I.Fl l'III,
Il II;
y^t'c/ ^j- Hia r/M-./tz grandeur /iaù</r//d
Snv/tJc Jhr/ie.
i
Afenioiri\r sur tt-d CJù/iour.
<fi/.rû'/neAliurical dc\r y/ae/J.
Tom. yjj'x.
7<>.
Seconde Jaràe..
For/nationdit Jyj'femc • deé d/iae/ia ,poitrla snoduialio/v de^> 3To/m
Me/noiredj-ur le-dCA/swîch Tom.VJ.I'Lx
Ficure C. Planche X T.
LUS CINQ TONS,LES DEUX P1EN ET LES
QUATRE-VINGT-QUATRE MODULATIONS.
"g-i~ir'Nota. Depuis le premier In de chaque colonne jnfcni'à In double ligne, font les In
:,»ciuitn moyens, dits naturels; & depuis certe double ligne en bas, l'ont les lu aigus.
Ta lu
Ta- lu. module en
Ko us g.
r.iv tfou 7ay 'fi"module' en Tay tfou. module en
Chang. Koukg.
Kia tchoung Kia tchoung
Kia tchoung, module en Kia tchoung. module enKia-tchorsag,
Chang. enG. K o u k g.
Kou li Kou-fi fc Kou-J:
module en Kou-fî.module en Kou-fi. module eu
Sic. Chang. KOUNG.
Tcl:oun?-lu Tchoiwg-!u Tchoung-lu
Tcho-jng-h, module" en Tchoiwg-iu.module en Tchoung-lii. module en
K.IO. Cil AN G. KO UN G.
Joui ~pm Joui -pin Joui-pin
module en Joui -pin. module en Joui -pin.module en
Joiû-pin.
Pilb-tch;. Kio. CHANG.
L:a -îchou.ig Lin [choiwg Lin-tchoun" Lin-tclwungmodule en module en
¡Lin- tchoung, module cri Lin tdwnng, module en
Te HÉ. PlEK-TCHÉ. KlO. C.HA.C.
y-tfè r-tfè T-tfê fz
Y -ifi. module en module en Y-tfl,module en
Y-tfc.
TCHÉ. Pl£N-TCHt. KlO.
A' II -l" Nan- lu Non In A' /“
module en
1
Non -lu. module en module en
lu
Nar.-iu. module enY"- Tché. Pien-tchjé. Kio.
Ou- y Ou.yy~ Ou -yy'-J*-y- module en
Ou-y. module en module en Ou- y.u.
Tché. Pien-tché.
1 ng-t:hozng Y ns- tchoung Y ng- tchoung Ynz ichouttgi.
n-;odii!c enYng-uhottng. module en
Yn%- tchoung. module en module en"
Pœk-îookc.
J ng -lchoftt1g.
YU.
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aholll1g,Tcn(:. V i en -rcn±.
I
Hoizr.g tekoung Hoang-tcheung JJvjKS-lchi/aiigi
module en
Homg tcheunc. module
en
JLIozni\-tchoim!
itindulc enmo~iuleenj'Vt;~s'c~f. modu;e en ~o~o; mo'du1c el1
PlEN HGUNG. Yu. Te II)'
Ta /,< Ta-Ï7~
"lod.ile en!I
Ta lu. module en Ta lu*
l'iff-tOUHO.ÏO.
T.n-tjou Taj. -tfou
module en Tuy tf/u. modiile enmoê!~lli en Tny-tf rt.moclitlc
CIl
PlE?i KOUNG. ÎC-
fira-tc6o:u:b1
module en Kia tchoung,
rnodulcen
1
füa-tcfnoun~.
lâPlEN KOUNG.
Kou-fi
module c:l
PiliS-KOUlVC.
Suite de la Figure 6.
Joui -pin
-u=- $?'~v
module en
Ko un g.t,OUNG.
Lin-idmung
¡
*' tckoung. module en
KOUNG.
-f^/i t p– z
CHANG,Kou!<G.
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1
T~-KOUNG, -~c.. 1
module en-Y. y.
nioduleen 0" -)'#
j;,odu!c~ CIl
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HliUS G.
*g-'rf™*
^|^»gr.K*0Mî.
^s^s
Il~1~Z~~S. ^EET
~-M~-tC~
~t."==-====-====.en
en HOdf:g-tcllaun;. mO~llleen
f{oa"g-ttl'oung. module el'
IILh1::g-u!:<wS.
_P.^i.»«ns-,tkmMi.
,*=/H^g.K,^s.
H°pk^>SHMs.uta.Ms.
Ta luTs lu ~^T –
1
module en module en Ta-U. raocKb'cu TTl'
.I¡nlDd!lJe cn
P~c~.
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en
r.yriu: [::1
/ modules modules T^-yi,. mo.fcleco cil ^v-TcHE- _P'T«t Kio.
module^Kia.uho-.ms. modulfe? ^od^ei? A-T, ^W?
Tcirt.Piex-tche.
'"kio.
en.?
mtjê'nA-u. r^îlô'e, .i^i^a
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J^;_7i"f^ Pl"«"É. l~~
ir.odi'cen Tckom-j-ùi. module'' en:n Tchoi"i° • .«".•»-,
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liL-°»^«-
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moduieen /,“ ,““ moduh; Jn lin-ici-
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i'liiK-=tLiL.N&. YV.
\11 Lw J~
;i-.odu' t'i j-,i'ii r.(ji\c.
H^r^ *,«. Aa-dc«u, d, double ,^e v,ont les moyens &"ZtâïZ?Kûun-g. aii-dciio^),0.Kics.UJ:Sii5. TCHÉ_
l
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T,l-
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K o y n r..
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Cu.iso. Kou\-c.. » u-
K'i.i- Ichoitn* A/.I !t.o::r!l
AWi-oW.r-. module ea À'ia-i.ijimj. ir.iul.ilc en' Kid-uhc-m*.
C :i a x G.C-. K. o u v o.
module en
ri
Kou.fi. module en Aj.v-y.. module ca module cil
Ii
Rl°- Cha.vg. Ko-jxf. Pirk-koung.
Tiko: module enCil T^ko:air-i,.n'L'JuL- ci TJ^n»- module en
KlO. ClIANi:. KOUNG.
nv.Hl'.ile en Jo:J-y!\ module en Joui-fli.mouu.e c;i /oti-pn.
PlLÏ-TCHÉ. K.o.C.-IAXC-. 1
Ul-lïhiui* Ui-uho: Ur.-tchi.ur? L:i.n7.nniJiiiee.i mo.luleen V r tchonnir module eu Un :chmn?,
mo.lu.e en
TCMÉ. PlEX-TCHÉ. K[O._111_1__
r-y/. mjJiili euY-
module e.lY-ri'
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Y -1.'1-T- a
[Ttîli. E N' T c liE.
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aw:e en A*v: nodule cie:i module en !v- -' m*1-1
I >'' fCHr. PlEX-TCHK. ï_ ï
Ou- y. moJ.i'e o-l Ou- y. module en mc^l -• <mo. l1 O:t m.¡Jt,:c en I11C-i, C.. w"
I ïi'. Te hé. 'LUlL'IUÎ'
U:r.j lu e eu i" in;lul.' en iX'c7:o.tf. irr: IlIc ci
,.r«'!JU';i1, !|
i i'iL:oi.vc- 'y,_i_i: _.li_IIl^ j
Pi£N- -io;sf..°
Yu.
n-u!e en ) j ':>, r' '-1
Pi>.s-roLNr,.
T.JVv.
i ^;z r~mo kile ci 1 J J :j' '
1
Plt.N FOUNT-,"-r,r.,
PlIK SOVNC.
LES Cl.XQ TOXS LES DEUX PIEW ET LES QUATÏIE-VLXGT-QUATREMODULATIONS.
flp,-c Planche XII. r.
SECONDE 1~. PARTI E.
fio<:n£ tc'iounç S
modu'c en funïTiç- tchouiï-,PtEN~n-'â.
T.i-i:t
iro'iule c:i module en Tu- lit,
i c;;k. Pie:; -tctié.
Jav ->/“, T,,)-
J
ji.iy-jo, module en module en iny-v:i.
T.<.1,
.-Jo.
Te
en
Pu:n-tchS.
T,,) ,°,
Ai.; 7- -ic'nr.i.1-; – KiT-tchaunq KLi-tr^annç – – – – – – – t j'i
A;K.t\!T-CC'IJ.11'~ ·
ILt:7-r.. ~l, O r:ç
module c>i A'i-r-'ov;jT mo.lule en.' module enKU-tckour.g.
YU. TCSÎ. Pinx-TCÎIÏ.I`.
mOd,ukl'Il
/Vr>7
mo.IaJe',C!l
Ko-! /i /vo.i fi
|j
Ko:Ji. mo;'i\i\c ca Ko:i-j7. mo-.lule on mo-l-.i!-cn
I
Ao:i-fi.
Yu. Te ni. Piex-tc-u:.
7^<nnr-[:i Tcho:lu Tcho-t-lu Tchn-r^lu
r.iofl.il- en
1:1
Tjùourg-h.module en TJioinig- in. mociul? ci innd'j! . en
Pi-n ;ouxg.°
Yu.
cn
Tcai. P;f.n-tc;if.. î
Ju:l Jtr.i-pln Jovi-vhl Jo- -:!1
j
nodule eu
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module -m
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Joul-v: module en Joui-phi.mr- : en
r:1?,tl~cn
n;o;i;
Jo m-e·'i.mo·ful.~
co Joui-pi.r.
r,
m ca 1;"Rqung. pir.s kousc. Yu. Te:
j]
Lin-t:sourz Li.t-icliortnr Lir.-lc!\our,g j|Lin tchoung.
I
module c:i module en Lin tc,lou;a'. îv.om-Ac en J,:r--r: -orr. |LirJ- tcho!1Tlg.
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C:1
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Jr-.f_J.
morlule encn module en --j- mo-ini-j >:i\
Ctiat;g.
'1 1 -'j..
Kousg.
cn
Pie-v r.ou;r..1 -)--
Vv.j
C i f~.~lOu\C:.
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Suite (î: l.i Figure 7,
fdc'û/u/e Ill/é/c.
Génération di\r cloute. Lu, da/it 6 son/Yane:, ou par/at/j,
et 6Yx\ ouutyiar/wf')
Jkfemo crcu- j-w les 6/u/u/ur.Tom. VI. Pi, XIII,
S E 0 O N D lî. A II T 1 !•
Florin- n a.1.
|> A n c 11 V. x i v.
L e s d o u z ]; y; i/
CALCULAS PAR LES ANCIENS Cflf'NO !S.
1 lo.inj.^ -idioutij^ H j[,
.~O')00.
T.i-lu 76 fa y,_
58000.
T;iy-tlou 71
36000.
Kia-IcliDinii^ 68 fil Y/
34000.
Kou-fï 64 /“.
3 2.000.
Tchoung-lu 60 Ui '#.60000.
Joui-pin 57
57000.
Lin-tchoung 54 “
54000.
V t(c 1 ut
5 1000.
Nan-lu 48 i-c.
48000.
Ou -y 45 ,-£y/.
45000.
Yng-tcliouny 43 m\. 1
43000.
Mcjurcs employées parles anaens Chinois dans le calcul
de leurs dou?e lu.
10 hou ibnt un /î; – '– de Iiçne.
10 /t\- font un /'v;y _l_ do îi^nc.
10 /<> ("ont un !y de li^ne.
10 iy tout un Jùfi ligne.
10 jeu fout un 1 fu n pouce.
10 tj'un fontun rdn- pied.
10 cc/u font un rc/u/in toile.
1 .ri.
JWo/iJc Piir/tc/\4i>/riotrc<) ,r/ A\i C/u/lOl.t
l'or/nalw/i dcodm/?^i' Lu par lej /lû/i)O/v<r,
'ivm.n.pl. xi:
/<
Seconde Jhrtui
Généra li on dos Tonjpar /cj
i/tfervailcj de- Huit et de S ex,.
i
JYIenioi/^e*ii ./y/ à\r ( Vii/ioù:Tout. VI. P/. XVI.
7^-
s r?co/ide Ihr/ie
31tunharmonique
J*ur/aoue/Zc
on /ronce la circula/ion c/uJb/?
fo/i(/ame/zùz/ parcAacun dej rfoia^c, Lu
L.
jPieH-koune;
porte mio'j'i
/i; nom Je IIc^
çu/ signifie
jVfocU'valeur
L &r/ notre
Mi.
L^
i'i'en-lche
P
yvrle ,mj\ri
fe nom rie
Trhoimg,
i 7ari ,ry9~~`c
31fdiateur
Cej-t notre
Si.
I
il
i'2. ii. io. o. 8. 7. 6\ 5, 4. 3. 2. 1.
I Yrtjj-Ou- TJan- Y- Lin- Jouir-
7è/ioiuip Kou-À'uz- Tai/- 7\i \lL>,in^
\ù"/ioiffiç. –V'-lu- -f+ré*>
-fc/wiwç. ~pm-tu.
~*n. évfitfu/uiï-i'j-OK- ai \&-fïou/2^,
i
-la, -t.n<Ó::IUJlVl'fN~l'
-lu,tr/¡'J'O!{,
-It"
i'1
iJolu,- 7ckoivia~Jion- JCta-
Tay-Ta
£foa/iy- Jny-Ou- i\ran Lia-
-pin~ài -<ri- -icJwitny.- trôii.
-luteAminx}. -fcîiouruf y.
\u.
-/<rr\ -tc/:sioui l-1
Ta- Tfoa/iq- y^i^-Ou~~ JVuji- J-
Lin–Joui- TcAounÀ Keu-\ J±ta- j l'ay-
lit éc/iûusiû. -fc/ta tma, ~u. lu ~l,re' \tefwttatf- -rai ~/u ~^i • '-frAouru?, -t.fc~>t<- Ji-1
i I -Cu. frJmur~, fchoun~ -(u. -f.rc'. It·lz<zrutq. -Friz. _~u, z ~frwarty-to'czrr, ~II,
y- Z~z- ~Tuui-c%rorznr/ httz-
Ti~-J Tz-
Horzn~~ -L'(7rt-
\-t<rè*. VfrÀ0T£/2$, -ptn-la. -d-i
-tchaiinf-td-oic--lu.
-tcAounç\tc/ioiniç\-y- -/u. ;-L*
1 Â1n~3hi/-
7*a-IToany- Isy?-
Ou- IVem- Lin- Jota- W/wut-tp A\>u~ j
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Jiccz- T~zr>-7:
oaa9- ~n9_Orr- _tTaiz- Y-
Lrit- Jotu'_ ~r%taur:yz~da·u
irttrutin^ -Acoit- • -fil. -ichaunq.-trfiauiiq, –-IJ-–lu- -io-C--fcAûiuuj--pin. fn
–11–i]_l_J–Ou-M1/2- Y-Ztn-
Joui-fàAûtmy.
JCûit- A'ûr-Tm/-
T>i-[//<>, ?;:<?- Yrnf-
– [/-lit- –Àj'ff-
-ic/wtUlf –jpi/l.~/u. ~<fl- -tt/lOU'li/' -t-J'Oli.
-LU- ^tCJlOWl()*-u.'flO!(7Ui
\Zc/witsiy-JCou- Ala~
Tu:Tu- $oa/u?- Ynq- Ou- -ViV?- J } l Lm
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j -ht. -j-i. -tcÀoiuiq.-tj'ûH. -lu-fr/wTenqVfcAottnq. -y-
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Circu/atwii (/il. Kovng
T,»>r/.li,Xf
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SiWiii/e Jhrhi'
Ge/ieral/on cZCJ l ~ll~l)cll'
lc~J Ko a
Aïc'}<nn\i J'/t/- A'j CVu/MAf.lom. FJ P/. XIX.
J~
Seconde Jgrâe
yiccorcv d/xr Nombres Pairset Iinpatrj,
it comoinauion des cc*r ma/nej /lombrejvous* produire /es ct/ia Tû/i,f
7kfemotrej- tntr /&/ C/unou .Tom.Vl.Pl. XX.
SECONDE PARTIE.
/•;««« iS.Planche xxi.
LES DOUZE LU
CALCULÉS PLUS EN DÉTAIL
PAR LES CHINOIS MODERNES.
Hoang-tchoungKouxc .fa 10,000, oco,ooo.
Ta-lu 9,438,704,312.
Tay-tfou Chang fol Z 8,908,908,718.
Kia-tchoung 8,408,906,415.
Kou-fi. Kio la 7,937,000,525.
Tchoung-lu 7,491,503,538.
Joui-pin Pien-tciiÉ..Jl 7,071,006,781.
Lin-tchoung TcHÉ ut6,674,109,927.
Y-tiê6,299,600,524.
Ntin-lu Yu re5,946,003,557.
Ou-y 5,612,301,024.
Yng-tchoungPiEN-KOUXG. mi
5,297,301,547.
J'ai ajoute les tons chinois qui répondent aux lu, 8c
les tonseuropéens qui répondent aux tens chinois, ai n
qu'on pût voir d'un coup-d'ceii fi les tons s'accordent
avec les nombres.
Tout ce calcul cil fondé iur laiuppofition que
le
pied, quidonne la
longueurdu
haanv- tchouns;eit
divifé en dixpouces, le
pouceen dix
lignes, les lignes
en dix autres parties ôvc.
SECONDE PARTIE.
Figure ic;. Plakcht. xxîi.
AIRE DES D OUZE L U
CfILCULLL' P~1P Li S C~/A'0/~ 7tjf073~7?A'S.
t~
NOMS DES S L U. AIR E D E S s- U
feu. /y.h.iu. ftc.C. hou.
Hoang-tchoung T 9. 82. 9. 27, 51.
Ta-lu 9-2.6.
97.21. 20.
Tay-tfou 8. 74- 94- îi- 71-
Kia-tchoung8. 25, 83. 83. 74.
Kou-fi 7- 79- 4&- 75- 3 3-
Tchoung-lu 7. 35. 73.82.
59.
Joui -pin6. 94. 44. 44. 44-
Lin-tchoimg 6. 55. 46- 8i. 72.
Y-tfô 6. 18. 67. 96. 65.
N<m-lu y 83. 95. 58. 43.
Ou-y 5- 51.18.
9.20.
Yng-tchoung )•10. 24. 55.
12.
Figure 20.
CAPACITÉ DES DOUZE LU
CALCULE E PAR LES CHINOIS MODERNES.
Noms DES lu. Capacité DES LU.
fin. ly. h.10. fei. hou.
Hoang-tchounc; 982. 92. 751- 647. 982. I.
Ta"lu 874- 945- J73- )3g- IO9-
Tay-tfou 779. 487. 533. 548. 175.
Kia-tchoung 694. 444. 444. 444. 444.
Kou-fi 618. 679. 665. 375. 135.
Tchoung-lu 551, 18. 925. 821. 291.
Joui -pin 49 1. 46, 37)- 823. 991.
Lin-tchoung 437. 472. 586. 769. 53.ï-tft 389- 743- 766. 774- 87.Nan-lu
347- 222. 222. 222. 222.
Ou-y 309. 339. 832. 687. 617.
Yng-tchoung 275. 590. 460. 411. 145
Seconde ihf/ïe
Afcmoz/TJ' j'W /ej C/unv/.r
Lu -rciiïJN, c/a Jhwcc T.sai-yu.
Toin.yj.l'I.XXin.
i
Seco/tck JhràeMémo iras j-ur led C/ii/ioi\r.
Tom.T7Jp/.XKni.
Lu- ï'c hun,du JFhmce, T sai yu
7Ç.
Troosùjne' PartiejMcmoà~e</ j~ur £e<i CÂénolr.
Génératwn de^rcùia
To/ztcS).
Tom.vi,iHjocry-
IV.
TreztTzerrLe Partie.jMemocred sur le<r C/iuiour.
LeJcaia
tond et le<r deuœ, Pirn
JlfodiJation en Koxine:^_j
Tom.FI.Pl.XXr.
TROISIEME PARTIE.
Figures f, 4, Sv,
tig. ?. Fig- 4- F'g. f. fi£- 6- F'g- 7- f'g- S-
tES MODULATION MODULATION MODULATION MODULATION MODULATION MODULATION|
FIGURE 2. CINQ TONSEN £g £ N i; K EN E f,
jj
B É 1 & T t E.D^JX"^V
CIIAN0.1. KIO, TCJIÈ.4. M', t. PIÏN-KCVXC FlfS-TCHÉ.R PET E E.
DEUX PlF`Y.l'
II C.l~IP7G, IL:O, :J.
TCJ!ï,
4. YIi, S. PILW-f`C;Lr:C:.
1'iFV_TC'Fte.__––––––––– ––––––––––– –––––––––– –––––––––– ––––––––––
TAoung-lu.
Il 1-- 1
Picu-tM. Pn-n-kcu,:r.la «.
K°"-û-KlO. "ëî^g. Koung. Tu. Tche.
f'"KIO.I O.
r^^–n-.
Tdi.
|
iiia-tr:laoting. I Piu.-f,c:r:y.
Pi.er:-tc':d. Xio.I"rt,
T;?;Ul-P!Cr.-ki,imS. Y, FUn-'d-.
Kio.CLir;. TM.
|
Koang-icho'-mg. KouKG, j
Yu. Pial-'d. Kw.
/<;“ cW.|
Ho::mg-honng.
KOl/P(;
Il~-`-
Peen-reds,
'1-
f!
'1 ng-tc7:.oung.
I~=~It
l:a, Pfj'j- uY: Tc,c'. Kéo. G:rr:
1.
~'VLl^y.
IlÇr~ 4- Piera-rela."7~
Il
re
JI
P¡Cll-U/ ri;k¡J:p,g. .I.~io.
Nan-hi. 5. “ I 7T~
Yu.U!J-
Ch"S- `""o'
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wïs. Fim-icliL Kio.
I *I'« ->««.
J-
C'a,!»-.
Li.1-tcaoung. '4-
•» TCHE.(l
KOUNG.
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Jouy-pin.K,t,w. A- c/mng_ ~7~ZIT
l™-l K°""S'
Tcho'Jng-la
1'<'1' c"ang.
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le Kio.
1t^uuNG. In.
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K IO. chang. 1.oUNG.
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Pnn-hcur,g. *"" «"'• A, i-,
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~îv7^s^ i~ ~7 ~f
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ÏV.fe.
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P;«-*o«w. J-/j. Phn-ukJ. Kio. aun^jtkL
Horirîf;-tchoLine.J-
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Yng-tchoung. n 1
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~ôl^ 1 – i I ~jireit.. Picn-l: ] ?!: «:-f.
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A,
J A^"
J. 7- Kou-.c,.~=-I~~II¡-I
<1-1
1.
PLANCHE XXVI,
21-
Trois Lem&J'ar/ie-JHemoir&f <rur les C/tâiaùc^
Toim. VLPl, XX PU,
Chantdu. premier
verj- del'Hymne,
en ITwnneur des^încelrcj-
jHôdulaào/i, e/vKoxrnjr
22.
Trûuneme J\irtic
^/otteu/'j' eût King^ du C]ie et du Po-fbn.
uMemoirej <rur /cj C/iuwùcTom. n.PJ.XXrm.
–i
2.3.
Trowi&ne, Partie
^Arrangement dos Musiciens pourùz Cérémonie en l'àonneitr
d&s_s4nce£re<t dcuu le Tay-miao
_Memow&s j"ut~ /e<t CAinoéj'.Torrv.VI.lH.XXlX
~– ~t
24.
Afemoù^&J jar les CAowcs.Troisième! J}arci&
sîfrranaementde* JDarureww chantant
l'Hymnes
T<mt,.P7.Pl.XXX.
'_H' _U. -1- _no
Tome FI._1
H h
P R E M I E R E PARTIE.
Des huit SORTES de sons.
J% RTICLE PREMIER. Du fon en général. page ij.
ART. II. Du fon de la peau. 3 ?•
ART. III. Du fon de la pierre. 39-
ART. IV. Du fon du métal. 43-
ART. V. Du fon de la terre cuite, 49-
ART. VI. Du fon de la foie. 5 1-
ART. VII. Du fon du bois. 6i.
ART. VIII. Du fon du Bambou. 63.
ART. IX. Du fon de la calebaffe. 78.
SECONDE PARTIE.
D E s Lu.
ART. I. Des Lu en général. 8).
ART. II. Des Lu en particulier. 95.
ART. III. Dimenfions des Lu. 99.
ART. IV. Formation du fyflême mufical des Chinois; m.
ART. V. Génération des Lu. 1 16.
ART. VI. De la circulation du fon fondamental. 124.
ART. VII. Génération des Lu par les deux koa kien & kouen. 1 17.
ART. VIII. Génération des Lu par les quatre koa, kien & kouen, ki-ki
& ouei-ki. 13 i- ·
'Art. IX. Génération des Lu par les lignes des hexagrammes qui com-
pofent douze koa. 133.
ART. X. Génération des Lupar les nombres. 135-
ART. XI. Génération des Lu par les nombres, à la maniere des anciens
Chinois, depuis Hoang-ty jufqu'aux Han. 141.
ART. XII. Dimenfions des Lu calculés plus rigoureufement par les
Chinois modernes. 147-
ART. XIII. Manière d'eprouver les Lu.Tir 1
149..T" rT <
OBJETS
CONTENUS DANS CE MÉMOIRE.
OBJETS CONTENUS DANS CE MÉMOIRE.
TROISIEME PARTIE.
D E s TONS.
ART. I. Ce que les Chinois entendent par Ton. 157;ART. IL Des fept principes.
160.
ART. III. Si les Chinois connoiffent ou ont connu anciennement, ce
que nous appellons Contre-point. 164.
ART. IV. Maniere dont les Anciens accordaient le kin à cinqou à
fept cordes. 168.
Conclusion. 172.
Hymne Chinois en l'honneur des Ancêtres. 176.
O B S E R va tion s fur quelques points de la Doctrint des Chinois.
Premiere Obfervation. 186.
Seconde Obfervation. 190.Troifieme Obfervation. 201.
Quatrième Obfervation, .212.
Hh ij
TABLE DES MATIERES.
A
Accord du kin à cinq cordes page 168 du kin à fept cordes,
page 169.
Apotome ou demi-ton chromatique. Ce demi-ton eft comme d'un
fon quelconque à fon diefe ou à fon bémol; d'/w, par exemple à
ut-diefe défi s.fi-bémol &c. Voyez l'exemple de la page 2.03 oit les
apotomes font marqués par a. Cet intervalle que les Européens en
partantde leurs fauflbs proportions, appellent demi-ton mineur eft
plus grand que le demi-ton diatonique, 103 & note y pag. 2.1 1 où
cela eft démontré. Voyez limma.
B
Bambou. Sorte de rofeau dont les Chinois font des inftrumens à
vent. Les Instituteurs des principes de la Mufique, opèrent fur des
tuyaux de bambou, 64, 86; les douze fons fondamentaux, appellés lu,
font rendus par des tuyauxde bambou, 6 5 66 ioo.
c
Calcophonos. Pierre au fon d'airain dont parle Pline x x 1
Cakhaffi employée pour former l'inilrument nommé cheng 78.
Voyez cheng.
Cliang. Le fecond des cinq tons des Chinois. Ce ton peut répondre
à ce quenous appellerions fecond degré, dans une gamme. Voyez,
l'exemple de la page 1 14 & celui de la note o pag. 208..Chao. Voyez
demi-ton.
CM. Infiniment à cordes ,54.
Cheng. Inftrument à tuyaux de bambou, fur un fond de calebaffe
78 & filiv. Ordre & accord des tuyaux des différentes fortes de cheag, t
219, 230, 231.
Cheng-king. Pierre fonore ifolée', 41 & azi.
Chou. Sorte de gros millet; 88. Grains de chou, rangés l'un contre
l'autre de deux manieres pour mefurer la longueur dutuyau qui
donne le fon primitif, 89 les mêmes grains employés pour mefurer
le diametre du même tuyau,&
pour régler les poids & les mefures,
90 & fuiv.
Complémcns. Les fons que les Chinois appellent complimens font au
nombre de cinq; favoir }fa% ut% fol% re%. Ia% ce font les fons111_ L
iiltérietirs ajoutés aux fept principes, c'eft-à-dire, aux fept fons fonda-
mentaux primitifs fa ut fol re la. mi fi, que les Chinois appellent les
fept principes 163.
D
Danses. Elles accompagnentle chant, chez les Chinois, & les
attitudes ou les différentes evolutions des Danfeurs doivent dire aux
yeux, ce que les voix & les inftrumens difent en même tems aux
oreilles, 166, 177.Demi-ton. Ce que nous appellons demi-ton fe nomme ckao chez
les Chinois, qui fignifie moindre petit &c. 55 dans les notes. Cet
intervalle ne doit pas être confidéré comme une moitié de ton l'oftave
divifée en douze demi-tons qu'on iuppoferoit egaux entr'eux ne
préfenteroit qu'un chant factice qui ne feroit, dans le fond quel'action de détonner dans l'un ou l'autre fyftême de demi-tons mufi-
caux, le majeur & le mineur, 65 2.0Z 203 & fuiv. Quelques per-fonnes appellent le mi & le fi des demi-tons; on pourroit, d'après leurs
mêmes idées leur foutenir que le mi eft un ton & l'ut un demi-
ton, &c. 87 note b.
D'un Son donné à ton o£tave il ya douze demi-tons, dont fept
font appellés diatoniques ou limma, & cinq chromatiques ou apo-
tome 201. Dans quels rapports font ces deux fortes de demi-tons, 103Les demi-tons ne fauroient être regardés comme les premiers élémens
de la génération des fons 193.La fuppofition que les lniiituteurs des
principes de la Mufique aient d'abord commencé à divifer l'oftave en
douze demi-tons eil bien plutôt une idée des modernes que le pro-cédé des Anciens. Raifons qui empêchent de faire cette fuppofition
65 note s. Comment les Chinois poftérieurs aux Inilituteurs, ont
pu être conduits à faire correfpondre des demi-tons à l'ordre primitif.des lu, ç>f à la note, & 194, 195. Douze demi-tons ne peuventfournir douze modulations différentes 203 C'efl pour s'être reftraints
à douze lu déterminés que les Chinois modernes ont eté forcés d'en
altérer la proportion afin qu'ils purTent fervir indifféremment de
limma & d'apotome dans les douze modulations qu'ils vouloient tirer
de leurs lu 204. Moyen d'obtenir douze modulations fans dénaturer
les lu, 104; en quoi confifte ce moyen, ao6 texte du Toung-tkn 1
qui confirme la doûrine que dou^e la ne peuvent fournir douce modula-
tions, 107; développement de ce texte, 209.
Duplication du cube. Les Chinois fe font occupés à trouver des
méthodes pour la duplication du cube, afin de pouvoir mefurer ex.nfte-
ment le folide d'un luquelconque, & affigner ainfi les dimenfions de
divers lu, 147 148.
TABLE
DES MATIERES.
E
E C H E L L E. Comment on fuppofe que les anciens Chinois for-
merent leur echelle de cinq tons, m. Une férie de confonnances
donne d'une maniere plus fimple& les
cinqtons des Chinois, &
le fyftême des Grecs & la gammede Gui d'Arezzo & l'echelle d'ut
des Européens, & leur echelle defcendante du mode mineur de laIbid. note o. Cette méthode eft la même que celle qu'ont employée les
anciens Chinois, pour la génération de leurs cinq tous, par lescinq
premiers termes de la progreffion triple c'eft-à-dire par les confon-
nances, 158. Voyez la figure citée en cet endroit, qui préfente aux
yeux cette génération.
F
Frj ction s. La méthode de négliger les fractions dans le calcul
des fons eft plutôt un vice qu'une règle, 145 à la note. Erreurs quiréfultent de ce vice, 186. Moyen d'éviter les fradions, même en pre-nant la progreffion triple dans un fens rétrograde felon la manière
des Chinois modernes, 187, 188. Les Inftituteurs de la progreffion
triple ont dû la prendre dans fon fens naturel c'eft-à-dire en faifant
correfpondre le premier terme à l'unité & appliquant, àchaque ter-
me, des confonnances defcendantes 190 confirmation de cette idée
par l'exemple de la figure i de la premiere Partie ou les nombres qui
répondent aux cinq tons ont, pour radicaux les cinq termes 1 3
9 2.7 8 1 repréfentant les confonnances defcendantes la re, fol ut fa
page 219.
G
( Le P. ) G AU Si L engage M. Amiot à faire une étude de la Mufi-
que des Chinois 3Génération des cinq tons, & des deux/>àvz par des quintes en mon-
tant, depuis fa, ou par des quartes, depuis fi, 126.
Génération des lu par les koa, 127 & fuivantes.
La génération defcendante des Chinois eft une fuccefîion de fons en
montant; & leur génération montante une fucceiîion de fonsqui
descendent, 121, 143, dans les notes. Exemple pour faciliter l'intel-
ligence de ces deux fortes de générations ,119, note x.
H
Harmonie, Les Chinois ne connoiffent point notre harmonie,
prife dans le fens d'accords, de contre-point^ mais tout eft harmonie
dans leur mufique 165 & fuivantes. Le feul affemblage de fons difto-
rens que connoiffent les Chinois confifte à pincer deux cordes et la
quinte ou à la quarte l'une de l'autre fur le km & fur le chê lorique
ces inflrumens accompagnent la voix, 171 183,
T A B L E
Heures. Correfpondance des lu aux douze heures chinoifes 2.3 1.
Hiuen. Infiniment à vent, de terre cuite 51.
Hiutn-kou. Tambour en ufage fous laDynaflie des Tcheou 37.
Ho. Nom du pien-koung, ou feptieme degré, 125. Voyez l'exemple
de la page 114.
Hoai-nan-tfee. Auteur qui a ecrit fur la Mufique avant l'ere chré-
tienne. Il etoit Roi de Hoai-nan ,118, note s. Paflage de cet illuftre
Auteur, touchant la génération des lu & leurs proportions 1 1 8 6c
fitivantes. Ce qu'ondoit penfer de la doctrine de ce favant Prince
120, à la note & a 18.
Hoang-tchoung.Nom donné au tuyau qui rend le fon fondamental,
fur lequeltout le fyftême des fons eft établi 89 ce que finifie ce
mot lhid. Le hoang-tchoung eft le premier des douze lu & tient le
premier rang dans la claffe des lu dits yang; il répond à la onzieme
lune par laquelle commence l'année civile, & au caractère cyclique
tfee 96& 231. La longueur du tuyau qui donne le ton de hoang-
tchoung & fa capacité, ont fervi à fixer les poids & les mefures,
9° » 9I-
Hymne chinois en l'honneur des Ancêtres 176; noté à notre ma-
niere, 184 v traduction de cet Hymne 179 ce qui s'obferve lorsqu'on
chante cet Hymnedans la falle des Ancêtres 177 178 & fuivantes
comment les inflrumens accompagnent cet Hymne 182, 183.
I
Impairs. Les nombres impairs font yang. Voyez Pairs.
J
Jou i-PlN. Son fondamental, le feptieme dans l'ordre des lu, &
le quatriemedes yang-lu, répond à la cinquieme lune & au caraftere
cyclique Ou, 97& 23 r.
K
KI 1 a-t c h ou N G. Son fondamental, le quatrieme dans l'ordre des
lu, & le fecond des yn-lu répond à la féconde lune & au caraûere
cyclique mao 98 & 23 1.
Kieou. Nom qu'on donnoit anciennement à Pinftrument de pierres
fonores, appelle aujourd'hui king, 40.
Kin. Infiniment à cordes, 53 & fuivantes.Antiquité de cet infini-
ment, 56comment il s'accorde, voyez accord.
Ring. Infiniment de pierres fonores 40 & fuivantes.
Rln-kou. Tambour à-peu-près femblable au tfou-kou des hia 3 8.
Kio. Le troilieme des cinq tons des Chinois. Ce ton peut répondre
à ce quenous appellerions troi/îeme degré. Voyez l'exemple de la page
1 14 & celui de la note o, page 208.
DES S MATIERES.
Klun. Ce mot peut répondre à ce que nous nommons octave, avec
la différence qu'il faut iuppofer cette oftave divifée en douze demi-
tons, 58. Le kiun eft proprement l'affemblage de treize fons à un
demi-ton l'un de l'autre, Ibid. à la note. [Du refte nous prenons ici ce
mot dans le fens qu'il efl employé par M. Amiot, d'après les Auteurs
chinois qu'il a fuivis. Peut-être ne doit-on concevoir par kiun que
l'affemblage de douze fons le treizieme qui eft l'oftave du premier,
pouvant être regardé comme recommençant un autre kiun. L'infpe&iondes planches 4, b 5 ,a&c b 6 & 7 peut appuyer cette idée. ]
Koa. Les koa font des fignes d'inflittition qui ne confiftentqu'en de
fimples lignes ou barres, foit entieres, foit brifées, 128. Ily a des
koa trigrammes c'eft-à-dire compofés de trois lignes ( Voyez note b
page 29 ) & des koa hexagrammes compofés de fix lignes 1 18. Les
Chinois fe fervent de ces différens koa pour exprimer foit la géné-ration des fons pag. 128 & fuivantes, foit leur fucceffion par demi-
tons, 131 132. 133 & 134.
Koa/2-tfe.s. Infiniment à tuyaux de bambou, 63 & fitiv.
Koung. Nom donné au fon primitif fur lequel efl fondé tout le fyftê-me mufical, 89 ce que lignifie ce mot, Ibid. Le ton koung efl le pre-mier des cinq tons des chinois &c peut répondre à ce que nous appelle-rions premier degré. Voyez l'exemple page 1 14 & celui de la note 0
page 208.
K011.-JI. Son fondamental, le cinquieme dans l'ordre des lu & le
troifieme des yang-iu répond à la troisième lune & aucaraftere cycli-
que tchen, 97 & 231.
Kou-yo-klng-rchoue.i. Ouvrage de Ly-koang-ty traduit par M.
Amiot 5.
L
Li m ma ou demi-ton diatonique. Ce demi-ton fe rencontre entre
deux degrés différens, commede Jî à ut de mi à fa, de ta à fi-bêmol
&c. à la différence de l'apotome qui ne parcourt aucun intervalle
& ne peut former ce qu'on appelle une fe coude mineure. Voyez l'exemplede la page 203 011 les limma font marqués par Les Européens
depuis les ecrits de Zarlin, appellent cet intervalle, demi-ton majeur;cette dénomination annonce plus d'une abfurdité dans leur fyflêmele limma efl moindre que l'apotome, ou demi-ton chromatique voyeznote y page ni oit cela eft démontré.
Lyng-Lun. Inftituîeur des principes de la Mufique fous Hoang-tyl'an 2637 avant l'ère chrétienne 77 il opere fur des tuyaux de bam-
bou, 86.
Lin-tchoung. Son fondamental le huitième dans l'ordre des lu &
le quatrieme des yn-lu 7 répond la fixieme lune & au caractère cycli-
que oxei, 98 & 2. Jo
TABLE
Lu. Son déterminé à certaines proportions, fervant de modele pour
tous les fons qui doivent le repréfenter, foit à i'uniffbn foit à différentes
oûaves à l'aigu ou au grave, ^,8, note a. Les lu iont au nombre de
douze Ibid. & page 95. On les distingue en deux ordres parfaits,
ou yang, & imparfaits, ov. yn 95 pourquoiainfi
appelles 66
note t quels font les lu yang & les lu yn 96. Voyez encore page 198.Il y a trois fortes de lu les graves les moyens
& les aigus 105
dimenlions des lu graves, felon le Prince Tfai-yu Ibid. §. 1 des lu
moyens, 107 §. x des lu aigus 108 §, 3. Ce qu'on doit penfer de
ces dimenfions 1 10 note m. Autres dimenfions des lu, calculés plus
rigoureufenient par le même Auteur, 148, figures 18, 19, 2.0; fur
quoi eft fondé le calcul de ces dernieres dimenfions 149.L'ordre des lu par demi-tons n'efl: qu'une combinaison des lu for-
mant entr'eux des confonnances 4a à la note & 9 a note e. Si c'eft
une abfurdité dans Plutarque d'avoir appliqué la progreffion triple à
des fons diatoniques, quoique ces fonsfoienten descendant, comment
pourroit-on vouloir appliquer cette même progreffion à des demi-tons
qui fe fuccéderoient en montant ? 193.Lunes. Correfpondance des lu aux douze lunes par lefquelles les Chi-
nois divifent l'année ,119,191.Lu-tché. Pied mufical, divifé en pouces, & le pouce en 9 lignes,
103 104.Lu-tchun. Infiniment compofé de douze cordes fervant de canon
harmonique pour eprouver la jufteffe des lu 149. Le mot lu-tchunfigni-
fie regle ou mefure des lu, 82. Les Anciens avoient des lu-tchun à vent,
compofés de treize tuyaux, & des lu-tchun à cordes, compofés de
treize cordes Ibid. ( la treizieme corde fonnant vraifemblablement
l'octave de la premiere, & le treizieme tuyau, celle du premier ).
Ly-koang-ty. L'un des Auteurs qu'a fuivis principalement M. Amiot,
dans fon Mémoire, 33. Voyez Kou-yo^king-echouen,
M
Modulât ion. Ce que les Chinois entendent par modulation,
47, note k en quoi confiftent leurs 84 modulations, 113 fyftêmedu Prince Tfai-yu pour l'arrangement des 84 modulations, Ibid. Ce
qu'on doit penfer de ce fyftôme ,114, 1 1 5 à la note.
Mujlque. Cultivée en Chine de tems immémorial, 4 les Chinois la
regardent comme la fçience des fciences celle au moyen de laquelleon peut expliquer toutes les autres feiences &c., &c., Ibid, Effets de
l'ancienne Mufique chez les Chinois 10 31j.
N
Nan-lv. Son fondamental, le dixième dans l'ordre des lu, & le
cinquième
DES S MATIERES.
Tome VI,
U
I i
cinquiefiie des yn-lu répond à la huitième lune & au cara&ere cycli-
que yeou, 99 & 2,3 ï.
Nombres fe diftinguent en parfaits & imparfaits. Les nombres im-
pairs font parfaits oxi yang, & les nombres pairs font imparfaits ou
yn } 135' I37- C'éft au moyen de ces deux fortes de nombres que fe
forme le fyflême mufical, 135 & fuivantes. Différentes méthodes pourobtenir la valeur des lu par les nombres, 1 41 celle qui fuppoie le
hoang-tchoung compofé de 81 parties, eft la plus ancienne Ibid. &
pages fuivantes. Ce que penfent, en Europe touchant l'exprefiion
numérique des fons & en général, touchant les proportions harmo-
niques, ceux dont les connoiffances riuficales font bornées aux inftru-
niens à touches, 200 notes h i.
o
Orthographe des mots chinois. M. Amiot les ecrit comme
on les prononce à la Cour, & non d'après les Dictionnaires faits dans
les Provinces, 2.1.
Ou. Infiniment de bois qui a la forme d'un tigre 61.
Ozi-y. Son fondamental le onzième dans l'ordre des lu, & le
fixieme des yang-lu répond à la neuvieme lune & au cara&ere cycli-
que /«, 97, 98, &231.
P
Pairs. Les nombres pairs font yn & les impairs font yang, 13^.La méthode de joindre ces deux fortes de nombres pour le calcul
des fons fuggérée à l'homme par le Ciel lui-même felon le Prince
Tfai-yu 94. Comment au moyen de cette méthode on obtient tous les
fons dufyfieme mufical Ibid. note/ Par quelles caufes les lu juf-
qu'au tems du Prince Tfai-yu ont refté pendant plus de trois mille
ans dans un etat d'imperfeétion qui eût révolté les Anciens 94 etat
dont ce favant Prince n'a pu les tirer lui-même faute -de fentir tout
le mérite de la méthode qu'il dit avoir eté fuggérée à l'homme par le
Ciel Ihid. note g, & page 1 1 6 note q. Voyez encore page 218 & les
notes qq rr, pages 155,156.Pied. Deux fortes de pieds chez les anciens Chinois le pied
mufi-
cal, & le pied de compte voyez lu-tché & tou-tchc. Le Prince Tfai-yu,
pour remettre les lu dans leurs anciennes proportions rétablit le piedtel qu'il avoit dû être fous les Hia, 102.
Pien, Son auxiliaire. cui précède le koung ou le tché d'où il tire ia
dénomination de pkn-koi.ng ou de pien-tchè voyez tons. Le pien-koungfe définit: ton qui devient houng &C le pitn-tchc ton qui devient tché.,
117.Le
pien-koung répond à notre mi & le plen-tché à notre fi, 115;le nom particulier du premier efl ho & le nom du pien-tché eft
tchovng Ibid. & page 117. Relativement au kin ho lignifiecordi
'T' ~~r t T
TABLE
de r union Se tchoung>à&é corde moyenne 169. L'intervalle entre lé
koirng &c\e pien-koung ou entre le tché & le pien-tché, répond à ce
que nous appellons demi-ton diatonique ou limma; voyez l'exemple
de la page 114.
Pien-king, eft un affortiment de feize pierres fonores 41.
Pien-tchoung affortiment de feize cloches 44.
Pierres fonores. Voyez King &C Calcophonos.
Planchettes de bambou. Voyez Tchoung-tou.
Po-fou. Sorte de tambour ,38.
Po-tchoung. Cloches ifolées, 43.
ProgreJJîon triple. C'eft l'expremon numérique d'une fuite de confort-
nances qui représentent la quinte ,32, note c, & 212. Les propor-tions authentiques que les Grecs nous ont tranfmifes touchant les
divers intervalles muficaux ne font ainfi que les proportions des
anciens Chinois qu'un réfultaf de la progreffion triple 196, note d,
&C 197.
Proportions. Expofition du principe fur lequel font fondées les pro-
portions des anciens Chinois, ,21a. D'une feule confonnance donnée
comme la quinte ou la quarte découle tout le fyflême mufical, 214.
Texte du Si-lian-chou ou hiftoire des Han occidentaux, qui préfentetout le fyfïême mufical des Chinois formé par une fucceflion de
quintes & de quartes alternatives, 215 le même texte exprimé pardes notes à la manière des Européens 117 analyiè des nombres
par lefquels M. Amiot repréfente chacun des douze lu enoncés dans
ce texte, Ibid. note ee. Source des proportions factices des Chinois
modernes, 101 & fuivantes. Fauffes proportions qui réfliltent de la
méthode de Huai-nan-tfte 144, à la note, & 187. Les proportionsfaûices
qu'on-trouve dans tous les Théoriciens Européens depuis
près de deux fiecles ne font qu'une répétition de ce qu'a ecrit Zarlin
dans fes Intitulions 200 note g. D'après ces proportions faôices
quelques Européens ont voulu élever des doutes fur celle de la quinte,fans penier à vérifier auparavant fi leurs proportions de 1 à ï6 pourle demi-ton, de 4 5 pour la tierce &c. etoient légitimes, ou fi
elles avoient un principe, 2.13 note (la. Comment on peut s'affurer
fi la proportion de 2 à 3 pour la quinte & celle de 3 à 4 pour la
quarte, font juftes l'une & l'autre 213.
Pythagore. Selon M. Amiot, Pythagoreapu des Indes jufqu'àla Chine, d'oit il aura rapporté en Grece le fyflcme mufical des Chi-
nois, en l'arrangeant à fa maniere 173 Lits qui appuient cette con-
jeûure lbid. à la note.
Q
Quadrature DU CERCLE. Ce n'eft point par une cuviofitc ftérile
que les Chinois ont cherché la quadrature du cercle, c'eft pour déter-
D E S- M A T I E R E S.
Iiij
miner avec précifion l'aire de chaque lu par la connoifTance exacte
du rapport du diametre à la circonférence, 147.
Quarte & quinte. Ces deux intervalles pris dans des fens oppofés 9
c'eft-à-dire en montant ou en defcendant pour l'un & en defcen-
dant ou en montant pour l'autre donnent mutuellement l'oftave 9
2 1 3 note ç.
Quaternaire. Ce que les Grecs ont appellé le facré quaternaire de
Pythagore, n'eftpas de ce Philoibphe 136. En quoi confifte ce facré
quaternaire & comment il renferme les principes fondamentaux de
la Mufique, Ibid. à la note.
R
Ram e au. Ce que penfe M. Amiot de la Baffe fondamentale de
Rameau 130. Différence entre ce fyfiême & celui des Chinois 130 9
à la note. Comment la Gamme eft formée par le fyftênie de Rameau
&c comment elle fé forme par celui des Chinois Ibid. La Baffe fonda-
mentale a deux objets très-différens entr'eux l'un de fonder la valeur
des fons l'autre de réduire en principes la pratique de l'harmonie,
Ibid. Pourquoi les compofiteurs de routine s'elevent contre ce fécond
objet, Ibid. pag. 131.
Rapport. Ce mot fe prend dans le fens de proportion. Le rapport
de l'oûave etl comme de 1 à 2 celui de la quinte, comme de 2 à 3 7
& celui de la quarte comme de 3 à 4 pag. 213. Ainfi l'aggrégationdes nombres 1,2,3,4, eft la baie des principes fondamentaux de lail
Mufique voyez tjb-k'uou-mïng & quaternaire.
S
Siao, Infirument à plufieurs tuyaux, 68.
Siao. Flûte 237 explication de la figure 39.Son. Les Chinois distinguent le fon fimplement dit d'avec le foR
confidéré comme ton mufical 27, 28 157& fuivantes. Ils recon-
noiffent huit fortes de fons produits par autant de corps fonores dilfé-
rens 29 ordre de ces huit fortes de fons 34.
Soung-king. Pierre fonore ifolée 41 & 222.
T
Ta-l v. Son fondpmental, le fecond dans l'ordre des lu, & le pre-
mier des yn-lu, répond à la douzième lune &C au caractère cyclique
uheou, 98 &c 23 1.
Tao-kou. Tambour avec un manche, 38.
Tay-tfou. Son fondamental, le tromeme dans l'ordre des lu & le
fecond des yang-lu répond à la premièrelune & au caractère cyclique
Yn, 97 & 231. T
T A B L ï.
TckJ. Le quatrième des cinq tons des Chinois. Ce ton peut répondre
à ce que nous appellerions cinquième degré parce qu'entre le troifieme-
degré & le cinquième il y a le pien-tché au quatrieme rang & quine formant qu'un demi-ton avec le tché n'eft pas compté parmi les
tons. Voyez l'exemple de la page 114, celui de la note o page 208
& le mot tons.
Tché. Sorte de flûte traverfiere, 76.
Tcken. Baguette qu'on paffe fur les chevilles de l'infirument en forme
de tigre, ,61.
Tatou. Instrument de bois en forme de boiffeau ,6 t.
Tchoung. Nom du phn-tché ou quatrieme degré 125. Voyez l'exem-
ple de la page 114, & le mot picn.
Tchmmg-lu. Son fondamental le fixieme dans l'ordre des lu, 8c le
troisième àesyn-Ia répond à la quatrieme lune & au caractère cycli-
que fie, 98 & 13 1.
Tchotmg-tou. Planchettes de bambou fur lefquelles on ecrivoit avant
l'invention du papier en Chine, 62. Ces planchettes, au nombre de
douze, & liées enfèmble en forme de Livre, fervoient battre la
meuire. lbid.
Tempérament. C'eft l'avion de difcorder, fur les inftrumens bornés,dits à touches, les quintes ou les quartes, afin de pouvoir réduire à
douze les dix-huit fous qui fe rencontrent d'un fon donné à fon octave
202 & xo6. Voyez encore la fin de la note y, pag. 211. Le tempérament
répond à ce qu'un Auteur chinois appelle correctif, relativement à la
progreffion triple qui ne donne que des fons jufles 116, 204.
Tê-tchoung. Cloches applaties de moyenne groiIVur 44.Texte de l'hijîoire ou les douze lu font repréfentés dans leur jufle
proportion, exprimée par des nombres, 191. Les mêmes lu, notés à
notre maniere & confrontés avec l'exemple de la figure 9 b de la
féconde partie, 197.
Texte du han-chou qui préfente les douze lu engendrés l'un de l'au-
tre, comme quinte ou comme quarte, ii<j; les mêmes tu calculés
par M. Amiot dans une note 2 1 6 ce texte du han-chou & le calcul
de M. Amiot, repréfentés par un exemple de mufique 217 comment
ce calcul fait depuis plufieurs années par M. Amiot, dans fes premiers
manufcrits, fe trouve n'être qu'un réfultat de la progreffion tripleJïid. note e e.
lori triple
T exte du toung-tieii touchant la différence entre le demi-ton diato-
nique & le demi-ton chromatique 207 & fuiv.
Tons. Les Chinois admettent, dans leur fytfême cinq fons princi-
paux qu'ils appellent tons lavoir kou/ig, clumg kio tché, yuy
répondant à nos fons fa fol la ut re; & deux fons qu'ils
appellent pien favoir, le p'un-koung ou mi, & le pien-tché, ou fi y
m, 1 1 3 rapport de ces fons à ce qu'on peut appeller degrés, 114..
DES S MATIERES.
Les cinq tons & les deux pien réunis, font ce que les Chinois appellent
les fept principes, 126, 160 & liiivantes. Conjectures fur la doctrine
descinq tons, 1 5 9 à la note.
Tou-tclii. Pied de compte divifé en dix pouces & le pouce en dix
lignes, fur la même longueur que le lu-tchi ou pied mufical 104.
Trigrammes de fou-hi. Voyez Koa.
Tfai-yu. Prince de la famille Impériale des Ming, Auteur d'un Ou-
vrage fur la Mulique & l'un de ceux qu'a fuivis principalement M.
Amiot dans fon Mémoire, 33.
Tsê-king. Pierre fonore ifolée, 41.Tfo-kieou-muig. Auteur contemporain de Confucius, & plus ancien
que Pythagore, 137. Ilparle de l'aggrcgation des nombres, 1 z 3
4 relativement à la Mufique comme d'une doctrine connue de ceux
qu'il appelloit dès-lors nos 'Anciens 136, 137.
Tfou-kou. Tambour du tems des Hia 3 6.
Ty. Flûte qui ne diffère àuyo que par fon embouchure, 75. Voyez Yo.
u
Unité, nombre. L'unité, felon les Chinois, efl le principe de
toute doftrine 118; elle eft le principe du calcul, Se le commence-
ment des nombres 137.
Y
Ya-kou. Sorte de tambour, 38.
Yang & yn. Dans quel fens il faut entendre ces termes, relative-
ment aux fons 66, note f.
Yang-lu. Les yang-lu font au nombre de fix; ce font les lu qui répon-
dent aux nombres impairs, favoir le premier, le troifieme, le cin-
quième le feptieme le neuvième & le onzième, 96. Voyez pag. 198.
Yng-tckoung. Son fondamental, le douzième dans l'ordre des lu &
le fixieme des yn-lu répond à la dixieme lune & au caraflere cycli-
que hai 99 & 13 1.Yn-kou. Grand tambour appellé
aufîl kao-kou 37.
Yn-lu. Les yn-lu font au nombre de iix; ce {ont les lu qui répondent
aux nombres pairs favoir le fécond lu le quatrièmele fixieme le
huitième, le dixième & le douzième; ils font les correl'pondans des
yang-lu, 96 & 98 voyez encore page 198.
Yo. Flûte à trois trous 69. Cet infiniment préfente le même phé-
nomene que le flùtet de Provence, Ibid. note u en quoi conùfte ce
phénomène, 70 il établit d'une manière incontefeble &i à la portée
des Praticiens, c'eft-à-dire, fans calcul, par le nmplc fentiment de
l'oreille & parla feule perceptiondes fous tout le lytleme mufical
favoir, l'oftave divifée en douze demi-tons non égaux entr'eux
comme l'entendent les Praticiens bornés qui n'ont pas même les
TABLE DES MATIERES.
principesde leur art, mais en douze demi-tons dont les uns font
chromatiques& les autres diatoniques tels qu'on les entonne à la
voix, fur le violon, le violoncelle, &c., jx note £. Voyez encore
note a a page 73.Y'tsê. Son fondamental, le neuvieme dans l'ordre des lu & le
cinquieme des jang-lu répond à la feptienie lune & au caraftere
cyclique chen, 97 & 231.Yu. Le dernier des cinq tons des Chinois. Ce ton peut répondre à
ce que nous appellerions Jixiemc Jegré. Voyez l'exemplede la page 114, a
ôc celui de la note o pag. 208.
z
Zod 1 AQif E. Le rapport des fons aux douze lignesdu
Zodiaquechez les Egyptiens n'eft qu'une imitation de ce qu'avoient' fait les
Chinoislong-tems auparavant, 7, 8. Voyez lunes.
Fin de. la Table des Maticres.
E R R 4 T A.
X A G E 6, ligne 20, s'appuie, lifez appuie.
Pag. 201 notes ligne 14 fuppore lifez fupporre.
Pag. 91, ligne 14, le kié efl la dix-millionieme partie &c. lifez la millionicme
partie &c.
Les deux Manr.fcrits portent dix-millionieme mais c'eil une faute. On peut la
reftifier aifément par l'énoncé même du texte, où l'on voit que les mefures décroif-fantes vont toujours en décuplant. Ainfi le ly etant la dixieme partie de la ligne
ou fen, le hao en fera la centième partie; le fee, la millième partie; le hou la
dix-millieme le ouei, la cent-millieme, & le kié, par conféquent, la millionieme
partie Se non la dix-millionieme.'
ESSAI
SUR LES PIERRES SONORES DE CHINE.
JLiES pierres fonores ont eté de fiecle enfiecle, un des
inftrumens de mufique les plus eftunés en Chine. Il en eft
fait mention dans les livres appellés King qui font comme
on fait, les plus anciens & les plus précieux monumens qu'aient
les Chinois. L'ancien Dictionnaire Euïh-ya en parle auffi le
Dictionnaire Cnoue-ouen, dit le king eflun
infiniment demujî-
quede
pierre.On peut voir en particulier le livre curieux de
Tchin-tfée fur la Mufique.
Il efr. fort difficile de favoir fi la Colonie qui vint en Chine,
y porta l'idée d'un instrument de muGque fait depierre ou
fi les pierres fonores qu'elle y trouva la conduifirent à cette
belle & curieufe invention. Un vieux commentaire du Chou-
king, dit que les Anciens, ayant remarqué que le courant de
l'eau faifoit réfonner quelques pierres du rivage en fe brifant
contre elles, en détachèrent quelques-unes, & que charmés
du beau ton qu'elles rendoient ils en firent des king.
Selon le Chi-pen ce fut Vou-kïu qui inventa leking. Le
Yo-lou ou la chronologie de la Mutique obfervcque ce
Von-kiu vivoit du tems de Yao fondateur del'Empire de
la Chine mais qu'on ne fait pas avec certitude quel eft. le
premierdu king.
Voilàà-peu-près
tout ce qu'on
trouve de plus plaufible fur l'origine de cet mftrument. Quel-
que fingi-illere cependant qu'en paroiffe l'invention, dèsqu'il y
avoit des pierres fonores dans l'antiquité il ctoit fort naturel
qu'on fongeât à en faire des inftrumens de mufique puifqu'on
E S S A I
en avoit déjà en bois, en cuivre & même en terre cuite (a).
Quoi qu'il en foit le king étoit chez les Anciens un des
inftrumens dont on faifoit le plus de cas. C'etoit l'instrument
dominant dans les facrifices au Tien dans les cérémonies en
l'honneur des Ancêtres, & dans le repas des vieillards. Le
Ti-ni le nomme le king de l'Etat ( Kouan-kiag). Les Princes-,
felon le Tcheou-ly en avoient toujours dans la falle des hôtes
on l'appelloit le king des louanges, parce que quand on en
faifoit jouer pendant le repas c'etoit une diftinclion & pour
faire plus d'honneur aux convives ( b ). H ne faut qu'ouvrir les
annales, de Dynaftie en Dynaftie, pour voir qu'on a confervé
au king cette glorieufe destination dans les Yen-yen & autres
feilins publics.
Nous appelions pierres fonorescelles qui, par le choc d'un
corps dur rendent un fon diftincT: & de quelque durée. On
peut appliquer aux pierres fonores tout ce qu'on peut dire des
timbres de métal ou de verre. La différence entre les diver-
fes fortes de pierres fonores eft très-grande pour la beauté la
force & la durée du fon & ce qui doit furprendre, c'eft qu'on
ne fauroit déterminer cette différence foit par les divers
degrés de dureté, de pefanteur, de fineffe de grain, foit par
d'autres qualités qui femfcleroient devoir l'occafionner. Il y a
des pierres très-dures, qui font très-fonores & des pierres
tendres qui donnent d'auffi beaux fons. Quelques-unes très-
pefantes, rendent un fon très-doux; d'autres auffi légères que
(a) Le Tou-koit & les Hiuen.
Voyez les articles 2 & 5 de la
premiere Partie du Mémoire de M.
Amiot, pag. 3) & 49.
(£) Dans les repas de cérémo
nie on exécutoit des chants ou
hymnes dans lefquels on faifoit
J'eloge des bons Rois des Minif-.
tres vertueux, &c, felon les qua~
lités des convives. Ainfi le king
deftiné à accompagner ces chants
s'appelloit avec raifon le king des
louanges c'eft-à-dire le kingfervant d'accompagnement aux
chants ou hymnes de louanges.
la
SUR LES PIERRES SONORES.
Tome VI. K k
1
la pierre ponce, ont un ton. fort agréable. Les Anciens les
appelloient feou-cke ou pierres jhttante.s d'où eft venu le
nomde feou-king ou kïng flottanu Il ell parlé de cette eipece
de pierres dans le Ckou-king auchapitre Yn-kong. Il y eft dit
qu'on les trouvoit dans la pecite rivière de S de ou Si. Tchin-
tfee & plufieurs autres Commentateurs difent très-clairement
que ces pierres légères & flottantes font propres à faire cksking.
Voyez le Commentaire Impérial du Chou-kinp- liv. 4,s
fol. 36.
Les Anciens diftinguoient leurs pierres fonores en pierre d'or,
pierre de cuivre, pierre de fer. On ignore fur quoi etoit fon-
dée cette dirtinftion. Etoit-ce fur l'analogie de leur ton avec
celui de ces métaux ? Etoit-ce fur la manière, dont elles etoient
montées & fufpendues ? Etoit-ce fur leurs divers degrésde
bonté ou etoit-ce relativement aux cérémonies dans lefquelles
on en jouoit ? On ne trouve rien fur cet objet dans les anciens
livres & tout ce qu'on en dit dans les nouveaux ne donne
aucune lumière fur la comparaifon qu'il feroit fi curieux de
faire entre les anciennes pierres fonores ôc celles des modernes.
L'Empereur a bien à la vérité quelques kin% qui pafient
pour anciens; mais outre qu'ils font tous en pierre àeyu fort
peu différente de celle qu'on a aujourd'hui, ils ne remontent
pas plus haut que le dixième fiecle.
Cette pierre de yu eft la plus renommée la plus précieufe
& la plus belle des pierres fonores qu'on connoilTe en Chine.
Comme le caractère qui la défigne forme une claffe parmi les
caractères chinois, qu'il fe trouve parmi les plus anciens &
c;z la pierre de yu eit fouvent louée dans les king, on ne peut
guère douter qu'elle n'ait été connue dans l'antiquité. Cepen-
dant à s'en tenir à ce que les Anciens difent de leurs yu s'ils
n'en ont point exagéré ia beauté & la perfection,il faut con-
venir que ceux, qu'on a aujourd'hui leur font fort intérieur.
ESSAI
Mais ce qui raffureroit fur la fîncérité des Anciens, dont on
a d'ailleurs tant de preuves c'eft que cette pierre qui paroît
avoir eté affez connue fous les premiers Tcheou dont la
Dynaftie commença Tan 1122 avant Jefus-Chrift etoit fort
rare fous la Dynailie des Han, qui commença en 206*5 c'etoit
alors ce qu'on pouvoit offrir de plus magnifique aux Empe-
reurs. Tching-ty de cette Dynaftie, qui monta fur le trône
37 ans avant l'ère chrétienne regardacomme une
époque
glorieufe de fon regne, qu'on eût trouvé au bord d'une rivière s
feize king anciens, & tous de yu.
Le yu d'aujourd'hui fe trouve dans les ravines torrens
rivieres qui coulent au bas des montagnes du Yun-nan du
Kouei-tcheou, du C/M/z- & fur-tout de celles des pays nou-
vellement conquis, YY-Iy & le Yoquen. Ce yu reffemble exté-
rieurement aux caiHoux qu'on trouve dans les ruiffeaux &
les torrens, qui font dans les gorges des montagnes. Les gros
yu font très-rares. Les plus grands que nous ayons vus au Palais:
Impérial, n'avoient guere que deux pieds & demi,, ou trois,
pieds fur un pied huit à dix pouces de largeur & on les
regarde comme des pieces uniques. On en trouve encore, fous
terre, dans les vallées, auprès des mines 8c dam les crevaffe£,
faites par les ravines fur le flanc des: montagnes. Ceux-ci diffe-
rent des autres en ce que leur furface eft moins polie, & qu'ils
ne font jamais intérieurement 3 ni fi élaborés ni d'ungrain
fi fin.
Dans le yu fonore, que nous croyons un caillou mc'taltifié
& cryjîdtifê comme dit un Naturalifte chinois on remarque
cinq propriétés différentes la dureté la pefanteur la couleur
le grain & le fon.
La dureté des beaux yu eft fi grande-, qu'on les travaille &
les polit comme ragate & les pierres précieufes. L'acier le mieux
trempé gliffe deffus & s'emouffe. Plus la nature l'a préparé
SUR LES PIERRES SONORES.
Kk ij
plus il eft difficile à tailler mais le poli qu'on lui donne en a
bien plus d'éclat.
La pefanteur du yu eft proportionnée à fa dureté. Nous en
avons vu, au Palais de l'Empereur, un morceau brut, qu'il
fembloit qu'un homme auroit dû porteril en fallut quatre
feulement pour le remuer. Il n'avoit cependant que deux pieds
& demi de long, fur un demi-pied d'epaiffeur. Il etoit d'une
figure irréguliere & de couleur verte, qui eft celle des _y« plus
communs.
Quant ,à fes différentes couleurs le Chi-king parle d'un bleu
célefte le Li-kl diflingue le couleur de chair le jaune, le
blanc le rouge de cinabre & le marron-foncé. Mais comme
le yu travaillé entroit dans les ornemens des habits impériaux,
& que c'eft à cette occafion que le Li-kl en parle le mot yu
ayant d'ailleurs une fignification fort étendue on peut douter
qu'il y en eût, parmi ces différentes efpeces d'affez grands
pour faire des king ou d'autres inftrumens de mufique. Ce qui
Connrmeroit ce doute c'eft que le rouge de cinnabre qu'on a
appelle enfuite rouge de, crête de coq eft très-rare depuis près
de deux mille ans ainfi que le beau jaune & le marron-foncé.Il y en a chez l'Empereur de toutes les efpeces connues. La plus
eftirnée aujourd'hui, & qui eft réellement la plus belle eft le
blanc de petit lait, d'une feule teinte. Viennent enfuite le bleu-
clair le bleu-célefte le bleu-indigo, le jaune-citron le jaune-
orangé, le rouge de bois d'Inde le verd-pâle le verd-d'eau,
le verd-foncé le gris de cendre &c. Les Chinois font plus
de cas de celui qui eft d'une feule couleur, fans nuances ni
dégradations, à moins qu'il ne foit marbré agréablement de
cinq couleurs (O, comme celui dont il eft parlé dans le
( c)Au lieu de cinq couleurs
prifes indiflinûement peut-être
ïaut-il entendre ici, marbré des cinq
couleurs qui dans ce cas font le
jaune, le rouge le verd, le blanc
Si le noir; les Chinois, relative-
E S S A 1
Tcheou-ly, qui dit, pourle
remarqueren payant qu'il y avoit
douze king fufpendusderriere & devant l'appartement de
l'Empereur &que c'etoit enfrappant
fur les king qu'on l'eveil-
luit à la pointe du jour.A l'égard du grain des yu le plus
dur & le plus pefant eft
celui qui a le grain leplus fin.
Enfin quelleeft la forte de yu la plus fonore ? Nous ne pou-
vons répondre à cette queftion parce que nous n'avons pas
eté à même de faire les comparaifons néceffaires. Il n'y a que
chez l'Empereur qu'on puifle les faire lui feul a .toutes les
efpeces de yu. Encore doutons-nous qu'il y ait divers king,faits fur les mêmes dimenfions & mefures; ce qui feroit cepen-
dant effentiel pour la comparaifon. Du refle, quoique le grand
king & le pien-king pour les facrifices foient l'un d'un bleu-
pâle, & l'autre verd on n'enpeut
rien conclure pour le plus
ou le moins de ion, parce qu'il a fallu s'en tenir à cet egard “
à ce qu'avoient régie les Anciens, dont peut-être les yu les
plus fonores etoient de ces couleurs.
Le nieou-yeou-che ou pierre graijjede
eftla féconde
efpece de pierres fonores que nous connoiffions. Elle n'a ni la
dureté ni lapefanteur ni la douceur du fon du yu & eft
bien moins rare & bien moins eftimée. Malgré cela il eft très-
difficile d'en trouver degrandes pieces propres
à faire des ,king.
Ce qu'il-y a de plus beau en ce genre comme dans les autres
eft d'abord deftiné pour le Palais, & y entre pour n'en plus
fortir. Le nieou-yeou-ch; le plus eftimé pour les king, eft celui
dont le jaune, qui eft réellement celui de la graiffe de bœuf,
eft d'une feule teinte fans nuances ni dégradations. Toutes les
ment aux cinq tons de leur raufi-
quen'adr.ictur.t
queces
cinq
couleurs 3 comme ils admettent
cinq elémens cinq vertus cinq
goûrs cinq devoirs cinq princi-
paux ufagcSj &c. } &c.
SUR LES PIERRES SONORES.
grandes pièces que nous avons vues ctoient ondées de divers
jaunes dont quelques-uns approchoient beaucoup du blanc
de lait ou de petit-lait.
Cette belle pierre vient du Yun-nan. Elle fe. trouve dans la
terre près des mines ou dans les vallées, au bas des monta-
gnes. Sa première furface eft raboteufe, d'une couleur fale
mêlée de marron & de verd; vient enfuite une couche de
blanc de lait caillé, & une autre qui a une teinte jaune. Ce
jaune devient de plus en plus foncé à proportion qu'il appro-
che du centre.
Il feroit curieux d'examiner pourquoi le centre de cette
pierre efl plus travaillé & plus fini plus compacte & plus foncé
que les autres parties. Le yu dorme du feu au briquet, le nieou-
yeou-che n'en donne pas du moins celui fur lequel nous avons
fait cet effai il nous paroît plus approcher de l'agate que lui,
& il pourroit bien n'être qu'une agate particulière à la Chine.
Lebeau nicou-yeou-che
cûfonore
mais il fautpour
cela
qu'il foit bien jaune & fans ondes de cryftal (d) nous nous en
fommes afîurés fur un king d'un pied; mais il s'en faut de beau-
coup qu'il foit auffi. fonore que le yu.
La troifieme efpece de pierres fonores, nommée hiang-chzrend un fon fi métallique que nous la prîmes d'abord pour une
compofinon mais nous nous fommes allures que c'eft une vraie
pierre& l'on n'en doutera pas quand on aura vu les pièces
que les Miffionn aires envoient en France.
Quant à la nature de cette pierre & à la propriété finguliere
du fon harmonieux qu'elle rend, ce n'eft que par l'analyfe
(</) Le morceau de Nleou-yeou-
che qui a paru à M. le Duc de
Chaulncs ne rendre aucun fon
n'etoit pas fans doute affez dé-
pouillé d'ondes de cryftal ou affez
jaune pour donner un fon iatisfai-
lant. Voyez dans le Mémoire de
M. Amiot la note n pag. 2.38,
ESSAI 1
qu'en feront les Chymiftes qu'on peut les bien connoître (e).
Nous nous contenterons de dire que nous en avons vu de noi-
res, de grifâtres de verdâtres unies A&d'autres marbrées de
blanc. Les plus noires font les plus fonores; cette pierre fingu-
liere vient d'un lac du Tcke-kiang. Elle remplit parfaitement
l'idée que les Anciens donnent des pierres fonores, & paroît
une efpece d'albâtre, noirci & changé par les eaux dont il a
eté pénétré.
La quatrieme efpece de pierres fonores reffemble a« mar-
bre, par les nuances, qui font, grifes noires & blanc-fale
fur un fond blanc de lait. Les pierres que nous avons vues
avoient des taches îranfparenj:es qui font une vitrification
commencée & tiennent, ce femble le milieu entre le talc &
le cryftal. Voilà apparemment pourquoi les frémiffemens s'in-
terrompoient & etoient moins longs.
Il y a probablement bien d'autres pierres fonores en Chine;
mais comme, nous en avons averti, nous ne parlons que de
celles que nous avons vues, & dont nous avons entendu le
fon. Il nous paroît cependant à propos d'avertir les Naturalises
& les Phyficiens, que plufieurs pétrifications de Tartarie
pierres colorées & autres pieces de cabinet d'ici, rendent un
fon fort diftïntr. & accompagné de frémifTement quand elles
font taillées en longues plaques ou creufées en vafes pro-
fonds. Ils pourront examiner pourquoi les pierres de cette
extrémité de l'Occident, ont cette qualité, qu'il ne paroît pas
( e) L'analyfe qu'on trouve à la
page 238 de ce volume, ne pré-îente qu'une partie des expérien-ces que fe propofoit de faire M. le
Duc de Chaulnes mais Fimpref-£on de l'ouvrage de M. Amiot
dont les explications des figures
etoient alors fous preffe ne nous
a pas permis d'en attendre le rcful-
tat. Nous nous fommes bornés
avec regret, à ce que ce Seigneura bien voulu nous communiquer
pour le moment.
SUR LES PIERRES SONORES.
qu'on ait étudiée & obfervée en Europe (/). Les Chinois
difent qu'elle leur eft imprimée par les eaux qui les rempliffent
de particules métalliques infenfibles, ou qui les cryfrallifent
nous nous bornons au fîmple récit des faits dont les pierres
que nous avons envoyées fourniront la preuve.
Les king, ou infirumens de mufique en pierre, font en ufage
en Chine, de toute antiquité. Maisquelle forme leur donnoit-
on dans les fiecles les plus reculés Quelles etoient les regles
de leurs dimensions? Comment en jouoit-on ? Nous répondons
que les Chinois en font, à cet égard où nous en fommes fur
la Mufique des Egyptiens, des Phéniciens, des Grecs & des
autres anciens peuples. Les monumens les mémoires, man-
quent.Tout ce qu'on débite dans les plus favantes diflertations
fe réduit à des probabilités qui vont flottant çà & là. d'un fyftê-
me à un autre, & ne donnent aucune connoiiTancë précife &
fatisfaifante (g"). Le Houen-hïen-teng-kao efi à. la Bibliothèque
(/) M. Amiot penfe à-peu-près
de même à l'article 3 de fon Mé-
moire; voyez ci-devant page 39.
Le pacage de Pline que nous avons
ïappellé à la note b des explica-
tions, pag. 211 prouve que les
Romains ont connu anciennement
une pierre fonore de la claffe des
Hiang-c/ie. Voyez les Réflexions de
l'Abbé du Bos, à l'endroit cité dans
cette note b.
(g) On a, dans le Mémoire de
M. Ainiot article 3 de la pre-
mière Partie, la connoiffance la
plus précife touchant la forme &
les dinieuGons des anciens king.
La forme d'equerreeft certaine-
ment la plus ancienne & c'efc
encore celle que les Chinois mo-
dernes donnent leurs pien-king
e'cft-à-dire aux king affortis ySe
compofés de feize pierres. L'an-
cienneté de cette forme efî démon-
trée par les dimenilons même
preicrites pour le Chcng-king & le
Sming-kïng, dont il eft parlé à la
page 4X du Mémoire de M. Amiot.
Voyez l'explication de la figure
14 pag. 221.
Les dimensions de ces deux for-
tes de king fontmarquées., pour
ainli dire au Coin de la plus haute
antiquité c'efl ce que nous devons
faire remarquer ici puifqu'il pa-
roît, d'après- ce que vient d'obier-
ver l'Auteur de cet E(jal, que les
CkiRois ne s'apperçoivent pas mê-
me, depuis plusieurs iîeclss des
principes iur leiquels etoienî éta-
blies les dimenfians des anciens
ki/ig.
Celles du CXtMj- fe
E S S A t
du Roi, on y trouvera, au cent trente-cinquième livre, ce qui
a eté dit fur cette matiere de plus raisonnable jufqu'au com-
mencement du quatorzieme fiecle.
l'explicationde la page 2,12. du
Mémoire de M. Amiot, font, pour
le côté a b y d'un lu & demi
pour le côté b e de trois quarts
de lu pourle côté a e de deux
lu un quart& pour le coté c, J,
On voit par ces dim enflons que
le côté £,&. le côté b, e, l'un
de 6 poucesl'autre de neuf, font
entr'eux dans le rapport de la
quinte ou de i à 3 que le côté
l>,c, de 9 pouces, cû avec le
côté *z, b qui en a 18, dans le
rapport de Podhive ou de I à 2
enfin, que le côté a b de 18
pouces cil encore avec le côté
On a encore ici de 8 a iz le
rapport de laquinte de 12 à 14
celui de l'oûave, & de 14 à 36celui de la quinte.
Si l'on veut comparer, à ces
mefures, les dimenfions arbitraires
&fans nulle proportion entr'elles
que les Chinois modernes don-
nent à leursklng.r depuis plufieurs
fiecleson en conclura aifément
quecelles
que nousvenons de
décrire, portent l'empreintede la
plus haute antiquité ibit qu'elles
d'un demi-Av. En transportant ces
mesures à notre piedde Roi on
remarquera plus aifément les pro-
portions que ces divers côtés for-
ment entr'eux. Exemple
Côté c d demi-pied ou 6 pouces,Côté b e trois quarts de pied, ou
y pouces.Côté a, b un pied & demi ou 18 pouces.Côté a, c, deux pieds un quart ou 27 pouces.
a c, qui a 17 pouces dans le rap-
port de la quinte ou de 2. à 3.
Il en eft de même pour ïzfoung-
king, dont les proportions entre
les divers côtés font les mêmes >
quoique fous des longueurs diffé-
rentes. Voici ces longueurs, d'aprèsla fuite de l'explication déjà citée 3
page 2.2.2 de ce volume.
Côte c, d, deux tiers ou 8 pouces.
Cote k, c, un pied, ou .12. pouces.Côte ii, b, deux pieds, ou 24 pouces.Côté a fj trois pieds, ou 36 pouces.
foient réellement anciennes foit
qu'elles partent d'une main nour-
rie des principes {impies &c fubli-
mes del'antiquité tandis
que les
dimenfions des modernes font un
témoignagede leurs différentes
erreurs de !,<perte ou de l'oubli
desprincipes c;c des altérations
iurvenues dans le pi'jc! chinois.
Car !cs tVacii/^ns a\ 'iwiiei dixiè-
mes deîi^ne Civiuio-.i.-s &c.
au; ;icco!npagiKT:r1. dini^n fions
uos.v: mu^:<:y. 5 r;1^ vn: eue
'il
SUR LES PIERRES SONORES.
Tome VL LJ1
Il faut pourtant convenir que les Chinois etant plus près de
l'antiquité & tenant à elle par mille traditions il eft affez
naturel de croire que les dimenfions modernes font à-peu-près
celles des Anciens (h) & que la manière d'en jouer eft encore
d'anciens king ont eté mefurés
avec un pied qui n'etoit plus le
mêmeque celui des Anciens &C
c'eft ce quia donné ces tractions.
Les Chinois comme tant d'au-
tres peuples au lieu de prendre
pour ainfi dire, l'efprit des ancien-
nes inflitutions n'en ont pris quela lettre. De quelque meiiire quel'on voulût fe fervir pour les dimen-
fions du king, il falloit comme les
Anciens, prendre pour un des cô-
tés le double ou les deux tiers de
l'autre en un mot, la proportionde la
quinte & de l'oâave. Pro-
portions qui font en même tems la
bafe furlaquelle ils ont elevé le
fyftême muliail ce qui prouvel'uniformité & l'extrême fimpli-cité des principes pofés par les
anciens Chinois.
Peut-être avoient-lls fitivi éga-lement des proportions confonnan-
tes pour les dimenfions d'autres
infrrumens. Nous oibns inviter
l'Auteur de cet EjJ'ai à vérifier
cette conjecture fur les anciens
monumens de la Chine.
Quoi qu'il en foit, il eft bon de
remarquer encore que les dimen-fions de nos deux king font
egale-
ment, de l'un à l'autre dans une
proportion confonnante. Chaquecôté de l'un eft au côté correfpon-dant de l'autre dans le rapport de
3 à 4, qui eft celui de laquarte.
En effet le côté c, d du cheng-kingétant de 6 pouces & le même
côté, dans le foung-king etant de
8 pouces, on a de 6 à 8 le rapport
de laquarte,
ou de 3 à 4. De
même, le côté h, e eft de 9 pou"ces dans l'un & de 1 dans l'au-
tre, ce qui donne encore le rapportde 3 à 4. Enfin dans le premier
des deux king, le côté a & eu 18,
& le côté a c 27 dans l'autre
les deux mêmes côtés font 24 &
36. Or 18 & 14 2.7 & 36 font
egalement des rapports comme de
3 à 4. Ces deux king font donc
tailléspour être à la
quarte l'un
de l'autre. Les harmoniftes trou-
veront encore d'autres rapports
foit entre les divers côtés d'un
même king, foit entre ceux d'un
king à l'autre. Nous nous conten-
terons d'obferver que les dimen-
fions de chacun des king, de
quelque manière qu'on les expri-
me ont toujours pour baie, &
pour nombres radicaux trois ter-
mes de la progreflion triple com-
me 1 3 9 ou 3 9 27 ou tels
autres termes de la même progref-
fion. On voit par-là que les dimen-
fions des anciens king n'ont rien
d'arbitraire, & quelle diftance il
y a entre les principes fimples des
Anciens & les abfurdités les plus
compliquéesdes modernes.
(A) C'eft précifément cet à-peu-
prh quifait qu'elles
ne font pas
les mêmes voyez la note précé-
dente. En matiere de proportions
le moindre à-peu-prèsdétruit tout;
E S S A 1
la leur. Nous faifons cette obfervation, parce que les cymba-
les des premiers tems, qu'ils ont confervées, & la manière
dont ils en jouent,, font parfaitement reflemblantes à la pein-
ture qu'en ont faite les- Anciens &c s'accordent très-bien avec
leurs defcriptions.
Il eft certain qu'on a donné plufieurs formes différentes aux
king dans la moyenne antiquité. Les Dynasties des Han des
Soûl, des Tang Se autres, en ajoutèrent de nouvelles. Voyez
les figures 3, 5,6,7,8,9,10,, ci-après..
Il auroit été facile de faire copier un plus grand nombre de
figures mais comme les king qu'elles repréfentent etoient faits
d'après des règles qu'on ne connoît plus, ou peut-être félon la
fantaiiïe des ouvriers qui travailloient ainfi une feule pierre de
yu pour montrer leur habileté, ces figures n'inflruiroient l'Eu-
rope de rien. Ce qui eft. plus curieux à favoir, c'eft qu'on a
fait des tambours, des guitares, & diverfes flûtes de yu. On
a même taillé des pierres deyu.en tchong ou cloche.. Voyez
fig. 4.
Quelques Empereurs, par refpe£t pour le Tien, avoient
ordonné que tous les inftrumens de mufique des grands facrifl-
ces, fuffenr enyz~. L'Empereur régnant a biffé aux inilrumens
leur forme & leur matière telles que les avoient déterminées
les Anciens mais il a plufieurs inilrumens en yu pour fon
appartement. Nous avons vu une cythare ou guitare, de
près de trois pieds, d'un beau yu verd. C'eft affurément une
piece magnifique.
Les pierres fonores font fpécialement & principalement
réfervées pour le king, dont le caractère chinois qui repré-
les king en equerre des modernes,
font, au coup-d'œil à-peu-prèsles mêmes que c.eux des Anciens
.mais les proportions qui doivent
fe trouver d'un côté à un autre &
entre tous les côtés, n'y font pas
même loupconnées.
SUR LES PIERRES SONORES.
Llij
fente ce mot, donne dans fon analyfe fon de pierre. Les
Anciens diftinguoienttrois fortes de king: le king-kieou fait
en forme d'equerre & fufpendu par un anneau comme
celui de la figure 2. le pien-king compofé de feize de ces
mêmes equerres de différentes epaiffeurs ( voyez fîg. 1 ) le
ko-king, pour accompagner les voix, qu'on dit avoir eté fait
dans le goût de ceux des figures 7, 8,9, «o. On ne fe fert plus
aujourd'hui,dans la muiique impériale, que des deux pre-
miers. Voici les proportions & dimenfions de ceux qui fervent
dans les grands facrifices au Tien. Nous les avons copiées fur
le Hoang-tchao-R-kl-touliv. 8 imprimé depuis peu au Palais,
par ordrede l'Empereur.
Nous avertirons que le pied chinois eft plus grand d'un cen-
tième que celui de France & que les divifions & foudivifions
font toutes décimales. Le pied fe divife en 10 pouces le pouce
en 10 fen le fen en io ly le ly en 10 hao &c.
La petite branche du king-kieou ouking ifolé fait en
forme d'equerre ng. 2.doit avoir i
pied 4 pouces 5 fin &8
ly de long,fur i pied, 9 fen, 3 ly & 5 hao de large & la grande
branche doit avoir 2 pieds,} pouce, 8 j'ai & 7 (y fur 7
pouces, 2 fen-, & 9 (y de large. L'une & l'autre ont 7 fen &
2. ly d'epaiffeur.
Les feize equerresdu pien-king, fig. 1 font tous faits fur
une même mcfure. Lapetite
branche a 7 pouces, 6 fen 8 ly
de long, fur pouces 1 fen, & 6 ly de large la grande
branche a i pied,1 pouce, 5 fen,
1ly
fur 3 pouces8
fen
& 4 ly de large ( O-
( l ) L'auteur ne parle pas ici de
l'epaifleur ( il a dit plus haut que
tous ces equerresetoient de diffé-
rentes epaijfeurs ) elle eft propor-
tionnée au ton que chaque equerre
doit rendre les plus minces don-
nant les tons graves& les plus
epais les tons aigus. Mais il nous
paroît qu'une pierre trop mince
pour ià grandeur, doit donner un
iongrave
à la vérité niais trop
grêle moins plein& moins fort
E S S A 1
Il e# effentiel de favoir à l'égard de ces dimenfions, qu étant
absolument impoffible de déterminer les mêmes pour le nieou-
yeou-clze le che-hiang le yu fi l'on veut avoir un certain fon
déterminé, comme pour le grand king, fur lequel on regle tous
les autres inftmmens il faut néceffairement les fubordonner à
la pierre fonore qu'on a pour avoir le ton qu'on cherche &
pour fuivre un diapafon dans le pien-king. Deux yu par exem-
ple, de la même couleur du même grain, font plus ou moins
compactes plus ou moins durs, plus ou moins métallifés &
vitrifiés l'un que l'autre. Ce n'en: qu'à l'effai qu'on peut favoir
lequel fera le plus fonore & le plus harmonieux. Les variétés
fingularités & phénomenes qu'offre la taille des pierres fono-
res, font dignes de l'attention des Naturaliftes & des Phyfi-
ciens. Une bagatelle, ce femble, gâte un king ou le perfection-
ne un petit trou ajouté, ou celui qui fert à le fufpendre étant
changé de place le rendent beaucoup plus fonore félon l'en-
droit où l'on perce ce trou.
Sous la Dynaflie des Han on avoit préfenté à l'Empereur
unking en yu d'une rare beauté, & très-harmonieux. Les
ornemens en bas-relief qu'on y avoit fculptés ne plurent pas
que le fon aigu d'une pierre plus
epaiffe; de même que de grandes
pierres mais très-epaiffes pourdonner les tons les plus aigus 1
doivent rendre des fons un peufourds moins eclatans & peut-être moins agréables que û la pier-re
etoit plus petite & moins epaiffe.
Voyez dans le Mémoire de M.
Amiot lafigure 13 de la premiere
Partie oitchaque pierre eft d'une
grandeur proportionnée au ton
qu'elle doit rendre. Il eft à croire
qu'un king exécuté d'après ce
modèle aura des tons plus analo-
gues & plus égaux entr'eux quantà la qualité du fon au timbre
pour ainfi dire de chaque equerreen particulier. Il
ya donc une
forte de fatalité pour que les hom-
mes, en voulant s'écarter des infti^
tutions des Anciens ne puiffentrien trouver de mieux que ce queces hommes plus près de la natu.
re, ont établi fur des principes
fimples mais profonds, &déga-
gés de toutes les erreurs qui fe font
accumulées dans le monde avec les
fiecles.
SUR LES PIERRES SONORES.
à Sa Majefté elle ordonna de les corriger on le fit & le
king ne rendit plus aucun fon ( k ). Un Lettré muficien fe char-
gea de remédier à cet accident, & y remédia en effet en
diminuant de la longueur & de l'epaiffeur Au yu (/).
Une octave en pierres fonores eft très-difficile à completter:
on y réuffit mieux avec le hiang-che qu'avec leju & le nieou-
y6pz/-c~e j ce qui eft fort naturel, parce qu'on trouve de plus
gros morceaux de hiang-che & que cette pierre fi l'on peut
s'exprimer ainfi eft travaillée plus uniformément par la nature.
Quant à la figure d'equerre il feroit peut-être curieux d'exa-
miner, d'après les proportions que nous avons données quelle
eft la raifon de cette figure & plus curieux encore de faire
quelques recherches touchant la grande queftion des Lettrés
chinois fur la forme la figure & les dimenfions que doit avoir
chaque inftrument en particulier ( m) & fur les proportions
( k ) Si cette expreffion doit s'en-
tendre dans le fens des Chinois
le king n'etoit pas muet pour cela;
feulement il ne rendit plus aucun
fon mufical aucun fon déterminé
par les loix immuables des lu.
Voyez dans le Mémoire de M.
Amiot, l'article premier de la troi-
fieme Partie page 1 57.Dans cette fuppofition fi le ton
.de ce king etoit /« par exemple
le fculpteur ne pouvant corrigerles ornemens, qu'en ôtant de la
matiere (iir l'epaiffeur de la pier-
re, ce king aura baiffé & n'aura
plus donné qu'un fon irrationnel
non mufical plus bas que fa,&C
trop haut pour être au ton de mi
ou de re-diefè. Or le Lettré muficien,
en raccourciffant les branches de
ce king l'a fait remonter h fa. Du
refle fi c'eft ici un fait décrit par
quelque Auteur chinois non raufi-
cien, qui afïiire que le king foit
refté entiérement muet nous yieufcrivons volontiers bien quela chofe nous paroifle un peu diffi-
cile à croire.
(/)Pour Y epaij/eur, nous ferions
portes à n'en pas convenir, puif-
que c'etoit pour avoir diminué de
lepaifleur, en corrigeant les orne-
mens, que le kizg avoit eté gâté.Mais fi le Lettré muficien avoit
trop diminué de la longueur il s
bien fallu diminuer a uffi de Pepaif--
feur7 & par conséquent faire re-
toucher aux ornemens à moins
qu'on ne fuppole qu'il y avoit dans
ce king quelques endroits où un
Lettre muficien & non fculpteur
pût porter la main fans défigurer
l'ouvrage.
(m) Cette grande queftion une
fois réioiue on pourroit examiner
fi les dimenfions de chaque inftru-
ESSAI 1
réciproques de tous ces inftrumens foit entr'eux, foit avec la'
voix. Ce n'eftpas tout les Chinois veulent qu'on détermine
par des règles, prifesdans l'ordre de la, nature, combien il
doit y avoir d'inftrumens de chaque efpece pour former un
concert parfait &c.
L'Empereur Yong-lo de la dernière Dynaftie obferve,
dans tes réflexions philofophiques que le king efi de tous
les inftrumens Le plus difficile à accorder avec les autres ce
qui doit s'entendre, fans doute, en ce fens, qu'il faut que tous
les autres infirumens fe mettent à ton ton mais auiîi le king
félon lui, eft admirable pour lier & fondre leurs fons les uns
dans les autres, & il contribue fupérieurement à la beauté d'un
concert. Voilà pourquoi les Anciens comparoient le fage au
king & difoient, en parlant d'une femme vertueufe quelque
mérite au aitune femme
elle n'ojc pas faire réformer le king
c'eft-à-dire donner le ton; par allufion à celui qui jouoit du
king & donnoit le ton à tous les autres Mulîciens pour régler
leurs inftrumens.
La plus belle qualité du yu c'eft d'être invariable & de
donner le même ton dans toutes les faifons qualité qu'on
n'attribue pas même aux autres pierres fonores au lieu dit
Ybng-lo. que le froid & le chaud la féchereffe & l'humidité
font changer néceffairement tous les autres inftrumens même
•ceux de métal. A cette occafion il avance la propofition fingu-
liere quele mime: homme n'a jamais entendu deux fois une
même mufîque & 'parfaitement femblable ni deux hommes la
jnêmyjympko.nie^ny.'La. ràifon qu'il en donne, c'eft que le
ment forment entr'elles des pro-
portions .conformantes comme
celles <les anciens king félon la
oonjeûiire que nous avons propo-
fée.àla note g pag. a.65.
( n) Cette propofition n'a rien
de fingulîer pour les Phyiîclensmais elle peut paroître réellement
finguliere aux Muficiens chinois
accoutumés à entendre parier du
ton fixe & immuable des lu ô£
principalement du hoang-uhoung
SUR LES PIERRES SONORES.
tems change, L'air varie, les inflrumens vieiiliiïcnt ••& ne foivt
jamais parfaitementdans un tems ce qu'ils eté d ans .l'autre
& il ajoute que la différence dans la difpofition du corps & des
organes dans la fituation du cœur & de l'eiprit doivent
néceffairement en mettre une entre les impreflions que fait la
mufique & la manière dont elle arrive à l'ame. Pouffant eniuite
fes réflexions plus loin, il obferve que les changemens qu'on
a faits à la mufique, de Dynaftie en Dynaftie & les différen-
ces qu'il y a entre celles des différens peuples, atteftentqu'on
eu. encore dans l'enfance de cet art car dit-il. fi on avoït
trouvé les vraies règles de la mufique tout le monde goûterok
ce qu'on aiiroit fait en les- fnïv cuit &l'on ne
fongeroït plus à
rien changer ( o ). Ce feroit trop nous ecarter de notre fujet
que de fuivre les réflexions de ce grand Prince touchant la
Mufique des premiers âges. LauTantdonc à. part, & laqueition
difficile du degré de perfection où les Anciens avoientporté
leur mufique & les observations curieufes &fingulieres de
cet illuftre Auteur 1°. fur le chant des oifeanxqui plaît tou-
jours lorfque c'eft celui que la nature leur a appris; au lieu que
celui que l'art leur enfeignene plaît qu'à certaines oreilles', &
ne plaît pas long-ternsz°. fur le défaut des plus belles tnufs-
ques, de n^être faites que pourdes. oreilles lavantes &
fur lequel fe règlent tous les autres
fons qui efl: en même tems la bafe
de tout le fyftcme muficai & le
fondement des inilitutions civiles
qui concernentles poids & les
meiures. Voyez le mot hoang-
tchoung dans la table des matier-
res, p-'ge 246 de ce volume.
(0) Les regles de la mufique
1-ont trouvées mais la difficulté eil
de trouver des hommes 'qui veuil-
lent les etudier & s'attacher ai les
comprendre. Ceux-là ne longeront
certainement pas à y rien changer,.
Parcourez les Auteurs Chinois
Grecs Européens qui ont voulu
faire des changemens à laMufique.
vous trouverez que c'eft toujours
l'ignorance de quelque principe
qui a été. la fource & î'occafion de
ce changement. Aujourd'hui mê<-
me, dans notre Europe les divers
fyftûmes fur la Mufique ne iè mul-
tiplient tant, que parce que l'étude
des principes n'a jamais etc fi né-
gligée,
ESSAI l
d'ennuyer les autres 30. fur la difficulté de faire unemufique
qui foit egalement agréable à tous les âges, tous les fexes
tous les génies & tous les caractères 40. fur les différentes
mufiques qu'avoientles Anciens félon les faifons les céré-
monies, les fêtes & les circônilances 50. fur ce qu'unemufi-
que, pour êcre complette, doit être compoféedes huit fortes
de corps fonores, le métal la pierre la foie &c. laiffant à
parttous ces objets nous nous bornerons à faire remarquer
qu'en rapprochant ce qui eft dit fur laMufique
dans les
king & autres anciens livres de Chine on expliqueroit aifé-
ment ce qui paroît y etonner le plus, fi on vouloit faire atten-
tion que la Mufique etoit, dans l'antiquité, comme l'ame des
cérémonies religieufes & la dépofitaire des enfeignemens de
la Religion.
L'on jouoit du king en le frappant & en le touchant légére-
ment avec un morceau d'un bois dur & c'eft encore la ma-
niere d'en jouer aujourd'hui. Le maillet dont on fe fert a un
côté plus gros, & un autre plus pointu. L'habileté du joueur
confifte proportionner les coups aux fons qu'il veut tirer du
king. Les Chinois prétendent que c'efi celui de tous les inftru-
mens qui fe marie le mieux avec la voix de l'homme (/? ) j auffi
les Anciens comme nous l'avons remarqué avoient des king
Singulièrement deftinés à accompagner la voix. On fe fert
aujourd'hui d'un petit king-kieou dans les fêtes du Palais ( q ).
(/>) Si le king fe marie mieux
avec la voix de l'homme que les
autres inftrumens ce n'elt pastant à caufe de la qualité du fon
qui eu presque le même que celui
du métal, que par rapport à fon
diapafon au ton fur lequelil eft
monté qui eft en effet celui des
voix de taille & c'eft du king or-
dinaire que nous voulons parler, 3
& auquel nous croyons que le
texte le rapporte. Les flûtes fiaodes Chinois font certainement
ainfi que nos flûtes plus analoguesà la voix humaine mais le diapa-fon de ces inifirumens répond aux
voix de diffus qui font celles des
femmes & des enfans.
( q ) Nous préfumons qu'il s'agitici d'un king de feize pierres,
d'un
Comme
SUR LES PIERRES SONORES.
Tome FI. Mm
Comme nous ne l'avons pas entendu, nous ne pouvons en rien
dire (/-).
Les Anciens onc décoré le king des epithetes de célejle de
pur, d'immuable de fpirituel,de lien des cceurs. Le grand yu,
dit le Philofophe Yo-tfée dirigeoit les peuples par la douce
harmonie du king, je ni en fers moi, pour diffiper meschagrins
recueillir mon efprit & apprendre à etudier mesparoles. Il eft
dit dans le Lun-yu chap. 14 que Confucius jouant du king
un bonpayfan qui paffoit devant fa porte, s'arrêta pour l'en-
tendre, & s'écria O que celui qui joue ainji a tante occupée
de grandes chofes Selon le Li-ki le fon harmonieux du king
invite le fage à réfléchir fur la fin de fon être lorfqiiil l'entend
il penfeà la mort & Je fortifie
dans £ amour de fon devoir. Mais
king afforti & non du king ifolédont l'Auteur parle à la page 167.Une feule pierre ne pourroit fer-
vir qu'à foutenir le ton fondamen-
tal fur lequel on chante, & à réglerla mefure ce qui néanmoins fup-
pofe toujours un certain nombre
de Klng-kieou. Voyez dans le Mé-
moire de M. Amiot la note g
page 41 & le texte auquel fe rap-
porte cette note.
( r) Si, fans avoir entendu ce
king, l'Auteur de cet Effai l'avoit
vu & qu'il nous eût dit de com-
bien il eu plus petit que ceux des
Anciens on pourroit en conclure
d'après ce que nous avons obfervé
à la note p ou que cet infini-
ment fert à accompagner des voix
aiguësou
que comme il y a eu
des tems où l'on a employé tan-
tôt des voix de femmes, tantôt des
voix d'Eunuques dans la mufiquedes Impératrices ce petit king eft
peut-être encore un relie de ceux
qui font employés dans cette mufi-
que oubienencore, que les Chinois
modernes, qui ont altéré la forme, “
les dimenfions & les proportionsde la plupart de leurs inftrumens
peuvent bien, dans ces altérations,
n'avoir eu aucun égard au diapa-fon du king relativement la voix
de l'homme, &C ne plus fe faire au-
jourd'hui une difficulté d'accom-
pagner des groffes voix avec de
petits king, ou des voix grêles &C
aiguës avec de gros king. Heureux
encore fi, continuant d'être rigidesfur l'admiflion des Européens dans
leur empire ils ne tombent pasà leur exemple dans le traversde ne vouloir que de ces fons
aigus & décharnés, pris hors de la
portée de chaque genre de voix &
de chaque forte d'inftrument effet
que ce petit king pourroit bien
produire un jour dans leur manière
de chanter, fans le fccours desEuropéens.
ESSAI, &c.
ces parolesdu Li?ki font allufion au
grand king de yu dont
on jouoit dans les facrifices folemnels au Tien; ainfi l'on ne
doit pas être, farpris fi le fon de cet inftrument rappelloit au
fage des idées de religion & il faut obferver que le grand
kingde yu etoit tellement réfervé pour les facrifices folemnels,
qu'on n'en jouoit qu'alors, & que même il ne fortoit pas de
l'enceinte du Lien-tan ufage qui date de la plus haute anti-
quité, qui a été facré fous toutes les Dynafties & qui fubfïfte
encore aujourd'hui, & s'etend à tous les autres inilrumens.
Ceux qui font deflinés pour les grandes cérémonies de la Reli-
gion, font les plus beaux, les plus richement ornés, & les
plus parfaits. Les Chinois regarderoient comme une profana-
tion de s'en fervir ailleurs, ou même d'enemployer de fem-
blables dans les ufages civils. La loi a parlé elle a mis une
différence entre' les inftrumens des grandes cérémonies de la
Religion,& ceux des cérémonies aux Ancêtres des cérémo-
nies de l'Empire, & des cérémonies du Palais; elle a déterminé
qu'ils feroient tous plus petits & moins précieux que les autres.
On peut voir à ce fujet le hoei-tien article du Li-pou & le
hoei-tchao yo-kitou, liv. 8 où fon en diftingue jufqu'à douze
grandeurs différentes.
2 a
J fcr/c.i y\\)/ion\r
Alrmoi/vs .ru/- /r,r C '(?/,r.
Ton,. 11 ri xxxi
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j\fcmoin\r xvur A\r C/umn.r. Hwe-2-4--
T.mi ri p/ sxxn «/«/?]\erres < ïo/it>e,r.
Mm ij
O BSERVATIONS
SUR le Livre de M. P* intitulé: Recherches pkilofophiqu.es
fur les Egyptiens & les Chinois.
I E Livre intitulé Recherches philo fophiques fur les
Egyptiens & les Chinois, eft enfin parvenu jufqu'à moi, après
deux ans de retard. Je l'ai lu d'un bout à l'autre avec l'atten-
tion la plus férieufe & je fuis en ecat de l'apprécier, du moins
quant à ce qui concerne la Chine.
Cet ouvrage écrit avec beaucoup de légèreté & con-
traire, du commencement à la fin aux idées communément
reçues a dû plaire dans vos climats à un certain ordre de
leâeurs mais je fuis perfuadé que les favans & tous ceux qui
aiment l'impartialité l'auront rangé dans la claffe qui lui
convient en le plaçant parmi les produirions d'une imagina-
tion hardie dont l'objet eft de faire valoir des paradoxes aux
dépens de la vérité.
L'Auteur, pour avoir voulu trop prouver n'a rien prouvé
du tout. Il a pris les abus pour les loix, les crimes de quelques
particuliers pour les mœurs nationales les affertions témérai-
res de quelques voyageurs peu inftruits pour des vérités incon-
testables & pour le dire plus fimplement mais avec plus
de vérité & non moins d'énergie il a parlé des Chinois fans
les connoître il n'en a parlé que d'après les préjugés les
moins fondés & les plus injuftes il ne les a envifagés que du
EXTRAIT d'une Lettre de M. AM10T,à
M* du 2.8 Septembre iyj7.
O B S E R V A T I O N S.
mauvais côté & en les envifageant il a affefté de ne fe pla-
cer que dans un faux point de vue.
Dire que les Chinois font un peuple barbare groffier
ignorant, fans génie fans loix, fans fciences fans arts ni
înduftrie qu'ils defcendent des Scythes & qu'ils n'ont été
civilifés que dans le douzieme fiecle par les Tartares Mongoux,
qui conquirent leur pays, & fonderent la Dynaftie dite des
Yuen eft une propofition auffi abfurde que celle qui diroit
que les François font naturellement ftupides pefans durs &
cruels qu'ils defcendent en droite ligne des Hurons, & que
ce n'efl: que depuis que ces Américains les ont un peu décraf-
fés, dans la fréquentation qu'ils ont eue avec quelques-uns
d'entr'eux du côté de Québec que leurs mœurs fe font un
peu adoucies & qu'ils ont commencé à cultiver les fciences
& les arts qu'on voit briller aujourd'hui avec tant d'éclat en
France.
Affurer, comme l'Auteur des Recherches ofe le faire que
tous les Millionnaires qui ont écrit fur la Chine ont été des
enthoufiaftes ou des impofteurs dont les favans d'Europe
ont été les dupes pendant deux fiecles, c'eft calomnier en pure
perte.
Les Miffionnaires dira tout homme equitable tout Phi-
lofophe même de la claffe de l'Auteur des Recherches les
Miffionnaires font les feuls qui ont pu nous donner des notions
fûres des pays lointains qu'ils ont arrofés de leur fueur & qui
ont été le théâtre de leurs travaux parce que les ayant par-
courus dans toute leur etendue ils ont eu l'occafion & le
loifir de les examiner; parce qu'en ayant fréquenté les habi-
tans, & ayant vécu grand nombre d'années avec eux ils ont
été à même de connoître tout ce qu'ils ont de bon & de mau-
vais parce qu'ayant appris leurs langues ayant lu leurs
livres, ayant pratiqué leurs ufages, ayant eté fournis à leurs
OBSERVATIONS.
loix ayant combattu leurs erreurs ce tachi: de lescorriger
dé leurs vices, il n'eft pas poffible qu'ils ne fe foientpas formé
une idée à-peu-près exa£te de leurReligion,
de leurs moeurs
de leur manière de vivre, de la forme de leurgouvernement
de leur induftrie de leurs fciences & de leurs arts & s'il leur
eft arrivé de n'être pas de même avis fur bien des articles de
fe contredire fur d'autres, & de ne parler que fuperficielle-
ment ou d'une manière peu exacte de laplupart cela prouve
tout au moins qu'ils ne fe font pas accordés pour tromper le
Monde. Il faut attribuer leurs erreurs, leurs- exagérations &
leur peu d'exactitude au défaut de lumières, plutôt qu'au
manquede bonne-foi. Chaque particulier a dit ce qu'il voyoit,
ce qu'il croyoit & l'a repréfenté comme il le voyoit & com-
me il le croyoit.
L'Auteur des Recherches fait très-bien qu'iln'eft
pas donné
à tout le monde de voir les objets tels qu'ilsfont. Il fait que le
grand nombre a la vue trop foible. pourne pas employer le
fecours du verre quandil
s'agitde les diftinguer.. Malheureu-
fement pour lui & pour ceux encore que fesRecherches pour-
ront féduire le verre dont il s'eft fervi lui a fait illufion fur
tout. S'il eût vu à œil nu & examiné en véritable Philofo-
phe, ce que ces Millionnaires, qu'il méprifefi fort, &
qu'il
décrie avec tant d'affunmee & fipeu de raifon, ont ecrit en.
différeras tems fur la Chine, il fe fût mieux initruitqu'il ne paroit
l'être.
Population de l'Empire Chinois.
Je n'aipu lire fans une furprife extrême dans le premier
Tome de les Recherches pag..84, que l'Auteur regarde
comme un calcul exagéré celui qui donne à la Chine quatre-
vingt-deux millions d'habitans,. tandis qu'elle en a au moins
deux cens millions. à l'heure que j'écris. Comme ce poiut n'aa
O B.SE R.V A T I O N S.
eté traité jufqu'ici que fuperficicllement ou d'une maniere
obfcure je ne crains pas de fatiguer le Lecleur en entrant
dans un affez grand détail, -pour ne lui laiffer rien à defirer
fur un objet qui mérite par lui-même d'être connu, & qui eft
toujoursintéreflant pour un homme d'Etat. Je tirerai ce
que
je vais dire d'un livre authentique, fait par les ordres & fous
les auf&icesde l'Emperew:- ICien-tong, fk: donné au public la
huitième année de fon régne en plus de cent tomes renfer-
més fous vingt-quatretao ou enveloppes. Cet
ouvrage portele titre de Tai-tfing y-toung-tché comme qui diroit en fran-
çoisIndication de ce qu'il y a d'effentiel à /avoir fur la Chine,
fous l'Empiredes Tai-tfing. Il eft à la
Bibliothèque du Roi, &
M.- dé Guignes pourra le confronter pour s'affurer de ma
fidélité à ne rien rapporter que d'après lesoriginaux.
On ne trouve dans XY-toung-tchi que le nombre des contri-
buables de chaque province; mais connoiffant ce nombre, »
on peut connoître à-peu-près celui de tous les individus qui
composentla nation. •.
Nombre des contribuables dans les différentes provinces de
C Empirela huitième année du règne de
Kien-long.
Dans la provincedu Pê-.tchè-ly ou fimplement dans le Tché-ly,
la ville àe.Pe-king non cômprife 3,340,553,
Dans la province du Chan-tong 2,431,936.
Dans la provincedu Koan-toung 47,124,
Dans le Kiang-nan, qui forme aujourd'hui deux
provinces; favoir, les provinces deKiang-fou
& de Ngan-hoei
Dans le Kiang J'ou 2.~7,707.
Dans le Ngan-hoei 2,435, 5 ô'fj.
Dans le Ho-nan2,5 27,4 j6"i
Dans le Çhan-fi 1,793,895.
OBSERVATIONS.
Dans le Tchê-kiang 3,124,798.
Dans le Chen-Jî 2,151,549,
Dans le Ran-foii y compris les familles chinoifes
qui font etablies hors de la grande muraille 708,258.
Dans le Kiang-Ji, y compris quelques monta-
gnards, & quelques marchands venus d'ailleurs
depuis un certain nombre d'années & etablis
pour toujours dans le pays 1,336,270.
Dans le Koang-toung c'eft ce que nous appelions
communément la province de Canton 1,201,320,
Dans leKoang-jî •: -. 228,690.
Dans le Hou-koang divifé enHou-pe & Hou-
nan c'eft-à-dire dans les parties au Nor,d &
au Sud du lac 852,970.
Dans le Yun-nan •• 237,965.
Dans le K ouei-tcheou 51,089.
Dans le See-tchouen 3,036,342.
En additionnant toutes ces fommes on trouvepour le nombre
total des contribuables fi j'ai bien compté vingt-huit millions,
cinq cens feize mille quatre cens quatre-vingt-huit.
Je priele Lecteur de vouloir bien remarquer, que par le
mot de contribuables que le code politique des Chinois expri-
me par celui de.jin-ting
on n'entend, que les chefs des
familles. Quand il s'agit de;déilgner le nombre des individus
on emploie le terme de bouche, & l'on dit; par exemple,il y
a tant de bouches dans cette famille, dans ce hameau, dans
ce village &c. Qu'il y ait dix bouches dans une famille, qu'il
n'y en ait que cinq, qu'il n'y en ait que deux, le nom du chef
efl le feul qui foit infcrit', parce que c'eft le chef feul qui eft
afhgné pour la contribution. Les femmes les enfans & les
doineftiqucs ne font point comptésà plus forte raifon les
OBSERVATIONS.
eté traité jutquici que fuperficiellement ou d'une manière
obfcure je ne crains pas de fatiguer le Lecteur en entrant
dans un aiTez grand détail, pour ne lui laiffer rien à defirer
fur un objet qui mérite par lui-même d'être connu & qui ell
toujoursintéreffant pour un homme d'Etat. Je tirerai ce que
je vais dire d'un livre authentique fait par les ordres & fous
les aufpicesde l'Empereur Kien-long, & donné au
public la
huitième année de fon règne en plus de cent tomes renfer-
més fous vingt-quatretao ou enveloppes. Cet
ouvrage porte
le titre de Tai-tfing y-toung-tché comne qui diroit en fran-
çois Indication de ce qu'il y a d'ejfennel à /avoir Jur la Chine
fous l'Empiredes Tai-tfing. Il eft à la
Bibliothèquedu Roi, &
M. de Guignes pourrale confronter pour s'affures de ma
fidélité à ne rien rapporter que d'après les originaux.
On ne trouve dans X Y-toung-tché que le nombre des contri-
buables de chaque province mais connoiffant ce nombre 9
on peutconnoître à-peu-près
celui de tous les individusqui
compofentla nation.
Nombre des contribuables dans lesdifférentes provinces de
F Empirela huitième année du
règne deKien-long.
Dans la provincedu Pê-tché-ly ou fimplementdaiis le
Tché-lyf
la ville de Pe-king non comprife .3,340,553,,
Dans la provincedu Chan-toiz~ ~1,
Dans la provincedu Koan-toung 47,124,
Dans le Kiang-nan, qui forme aujourd'hui deux
provinces lavoir lesprovinces
deKiang-fou
& de Ngan-hod
Dans le Kian~ fou 2~i/o7.
Dans le Ngan-hoei 2,435,566.
Dans le Ho-nan 2,5 2.7,45^
Dans le Chati-fi 1,793,895.
OBSERVATIONS.
Dans le Tchê-kiang 3,124,798.
Dans le Chen-fi 2,252,549.
Dans le K an-fou y compris les familles chinoifes
qui font établies hors de la grande muraille 708,2*58.
Dans le Kiang-fi, y compris quelques moi/a-
gnards, & quelques marchands venus d'ailleurs
depuis un certain nombre d'années & établis
pour toujours dans le pays 1,336,2700
Dans le Koang-toung, c'eft ceque nous appelions
communément la province de Canton i_, 20 1,3 10.
Dans le Koang^fi .' 2Z8J690.
Dans le Ilsu-hoang divifé en Hou-pe & Hou-
nan c'eft-à-dire dans les parties au Nord &
au Sud du lac 852,970.
Dans le Yun-nan237,965»
Dans le Kouel-tcheou 51,089.
Dans le See-tchouen 3,036,342,
En additionnant toutes ces fommes on trouvepour le nombre
total des contribuables, fi j'ai bien compté vingt-huit millions
cinq cens feize mille quatre cens quatre-vingt-huit.
Je prie le Lefteur de vouloir bien remarquer, que par le
mot de contribuables que le code politique des Chinois expri-
me par celui de .jm-ting on n'entend que les chefs des
familles. Quand il s'agit de déngner le nombre des individus
on emploie le terme de bouche & l'on dit par exempleil y
a tant de bouches dans cette famille, dans ce hameau, dans
ce village &c. Qu'il y ait dix bouches dans une famille qu'il
n'y en ait que cinq, qu'il n'y enait que deux le nom du chef
ell le feul qui foit inferit parce que c'eft le chef ieul qui eit
affigaé pour la contribution. Les femmes les enfans ik les
domeftiques ne font point comptés, à plus forte raiibn, les
OBSERVATIONS.
cfclaves. Les Chinois ne croient pas s'ccarter du vrai, en
affignant pour chaque famille le nombre. de fix bouches par
la raifon difent-ils, que s'il le trouve quelques familles où il y
ait moins de fix bouches il s'en trouve d'autresqui en ont
beaucoup plus. D'ailleurs l'expérience plusieurs fois réitérée
par les Mandarins tant dans les grandes que dans les petites
villes les a toujours convaincus que c'ell à cette évaluation
qu'il falloit s'en tenir. Cependant pour prendre un milieu
entre notre manière d'évaluer le nombre des individus qui
compofent une famille & celle que je viens d'indiquer je ne
fuppo/e que cinq bouches dans chaque famille chinoife. Mul-
tipliant donc par cinq le nombre des jin-ting ou des chefs
de familles que le Tribunal des fubfides accula à l'Empereur
la huitième aimée de ton règne, c'eft-à-dire l'an 1743 nous
aurons pour le total des bouches qui compofent les familles
contribuables cent quarante-deux millions cinq cens quatre-
vingt-deux mille quatre cens quarante.
Je n'exagérerois certainement pas en difant que ce nombre
n'eft tout au plus que la moitié de celui qui comprend tous
les habitans de la Chine & on en conviendra peut-être avec
moi û l'on veut bien donner encore un moment d'attention à
l'ennuyeux détail dans lequel je fuis obligé d'entrer pour le
prouver.
Parmi les contribuables on ne compte point les Mandarins
& ces Mandarins dans une auffi. grande etendue de pays
que celle qui eft comprife dans ce qu'on nomme la Chine s
doivent être & font en effet en très-grand nombre. Je ne nom-
merai que les principaux, c'eft-à-dire ceux qui tiennent un
rang dans l'Etat & qui ont fous eux une foule de fubalternes,
qui comme eux, jouiffent du privilege de l'exemption. Ces
principaux Mandarins font les Gouverneurs-généraux des pro-
vinces, dont onze ont le titre de 7/o/MK c~ quinze celui
de
OBSERVATIONS.
Tome VI. Nn
deHiun-fou ( que nos Européens appellent Vice-rois je ne
laistrop pourquoi ).
Après lesTfong-tou & les Hlun-fou font les
Pou-tc/ienq-
Jee ouTréforiers-généraux au nombre de dix-neuf. Viennent
enfnite les dix-huit Ngan-tcha-fee ouLieuteruns-généraux du
Tribunal des crimes; les dix-fept Hio-yuen ou Infpe&eurs-
juges de ce qui concerne les Lettrés, comme Lettrés les
quatre-vingt-treize Tao, ou CommiiTaires ambulans pour veil-
ler fur la conduite des Gouverneurs particuliers des villes &c.
Tous cesgrands Mandarins ont fous eux des Mandarins de
différais titres, qui font comme leurs affeffeurs ou confeillers,
&qui les aident dans l'adminiitration des affaires de leurs ref-
forts refpeclrifs. Je n'entreprendrai pas d'expliquer en quoi
confifte la jurifdi&ion particuliere de chacun de ces Officiers
ce n'eftpas ici mon objet. Je dois feulement en faire connoître
le nombre.
LesP ou-tcheng-fee ou Tréforiers-généraux ont fous eux
vingt-trois Mandarins les Ngan-tcha-feeou Lieutenans-géné-
raux du Tribunal des crimes ont quatorzeaffeffeurs pour les
affaires générales dix-huit pour viiiter lespriions
& vingt-
fept pour faire les informations juridiques. Les T.ao ou Com-
mifTaires arnbulans ont onze Mandarins qui doivent leur ren-
dre compte de l'état où fe trouvent les magasins publics qu'ils
doivent viiiter.
Après tous ces Officiers qui ont une infpeérion générale
fur toutes les provinces de l'Empire viennent les Gouverneurs
des villes dupremier fécond &: troisième ordre. Les Gouverneurs
des villes du premier ordre, le nomment Tché-jou & font au
nombre de, cent foixante-dix-neuf. lis ont fous eux deux cens
quatre Mandarins, du titre deToung-tché
cent foixante-
ieize du titre de Toung-pan deux cens vingtdu titre de King-
(y, fbixaate-treize du titre de See-yu pouravoir loin des
OBSERVATIONS.
prifons, & veiller-fur ce qui concerne les prifonniers, dix
Choui-ta-chepour
veiller fur les Douanes générales du diftricl: 9
douze Faii-choui-ta-che pour veiller fur les Douanes particu-
lieres de la ville cinq Tfang-ta-che pour veiller fur les greniers
publics, ck cent quatre-vingt-fix Kiao-chcou pour veiller fur les
ecoles.
Les Gouverneurs des villes du fécond ordre s'appellent
Tche-tclzeou, ils font au nombre de deux cens onze, lefquels
ont fous euxfoixante-quatre Tcheou-toung quatre-vingt-dix
Tcheou-pan deux censvingt-quatre Ly-mou quatre Kou-ta-
cnepour veiller fur les magafins publics, quatre Chouita-ché
pour veiller fur les Douanes quatre Tche-ly-ting & deux
censdix-fept du titre de Hio-tcheng pour veiller fur les ecoles.
Les Gouverneurs des villes du troifieme ordre s'appellent
Tché-hïen ils font au nombre de douze cens quatre-vingt-dix-
neuf, lefquels ont fous eux quatre cens dix-huit Hien-tcheng g
onze cens Kiaoyu, quinze cens vingt Hiun-tao cent huit
Tchou-pou ces trois derniers ordres de Mandarins n'ont rap-
port qu'aux écoles & aux Lettrés. Neuf cens foixante Hiun-
kien pour veiller fur les villages, douze cens quatre-\ ingt-
dix-fept Tien-che fept Choui-ta-ché pour veiller fur les doua-
nes de la ville, huit Tfang-ta-che pour veiller fur les greniers
publics, cinquante-cinq Y-tcheng pour veiller fur les portes
quarante-quatre Tcha-koan pourveiller fur les eclufes.
Si on additionne ces différens nombres on trouvera fi jene me
trompe que 8965 eft le total des Mandarins nommés
par l'Empereur pour i'adminifiration des affaires dans les diffé-
rentes provinces car pour ce qui eft des Mandarins fubalter-
nés qui font à la nomination des grands Mandarins, il n'en eft
point parlé dans TAlmanach politique; il faut cependant les
mettre en ligne de compte, ainfi que les autres moindres Offi-
ciers qui font employés fous etix parce que les uns & les
OBSERVATIONS.
i n ij
autres ne fontpoint compris dans lenumération qu'on a faite
des contribuables. En fuppofant leur nombre dix fois plus grand
que celui de leurs fupérieurs on le fuppoferale moindre qu'il
foit poffible. Il fera donc de 89650 qu'i' faut ajouter au
nombre précédent 8965 & l'on aura pour le nombre total
des Mandarins tant grands que petits, qui font répandus dans
les différentes provinces de l'Empire 9861 5. Mais comme tous
ces hommes font cenfés avoir famille, & que nous avons éva-
lué à cinq le nombre des bouchesqui compofent
une famille
nous aurons 493075 bouches qu'il faudra ajouter à celles dont
nous avons déjà fixé le nombre à 142582440 ce qui nous
donnera 143075515.
Les Lettrés font ici une partie de la nation & la partie de
la nationqui éclaire les autres fur ce qu'il leur importe de favoir, :>
qui lesdirige dans ce qu'elles doivent faire qui jouit de toutes
lesprérogatives de la primauté & qui depuis les H an c'eft-
à-dire, depuis environ deux mille ans qu'elle tient constamment
le premier rang dans l'Empire, lui a toujours fourni des Maî-
tres pour l'inilruôion des Miniftres pour l'adminritration des
affaires & le gouvernement de l'Etat & des Magiftrats pour
juger les peuples & les contenir dans les bornes du devoir.
En un mot, les Lettrés font à la Chine cette partie de la nation
qui eft comme l'ame des autres puifque c'eil d'elle & uni-
quement d'elle que les autres reçoivent leur exiftence morale “
& tout leur être politique & civil. Les Lettrés doivent donc
être en très-grand nombre dans un Etat où tout les favorife, oit
tout contribue à les multiplier. Si cette conféquence ne fuit pas
néceflairement des prémices elle eft au moins prouvée démonf-
trativement parle fait. On en conviendra dans le moment.
Comme les Lettres font ici la feule voie qui conduife aux
honneurs, il faut de toute néceffité que tous ceux qui préten-
dent à ces honneurs cultivent les Lettres il faut qu'il conite
OBSERVATIONS.
qu'ils les aient cultivées avec quelque fuccès pour qu'ils pnif-
fent obtenir les emplois civils. C'eft à quoi le gouvernement
a pourvu avec fageffe en fixant danschaque
ville du pre-
mier fecond & troilleme ordre, le nombre des Lettrés qui
doivent être promus juridiquement au premier gradede la
littérature qui eft celui de Sleou-tfai & qui revient à ce
qu'on appelle Bachelier dans nos Univerfités. ToutTfieou-tfai
eit cenfé noble, & n'eïr. point infcrit parmi les contribuables.
Il faut cependant en t'avoir à-peu-près le nombre quand on
veut evaluer celui de tous les habitans. Je pourrois remplir
plusieurs feuilles & même un volume entier- des feuls noms
des villes qui doivent fournir chaque année leur nombre fixe
de gradues fi je tranfcrivois l'Almanach politique qu'on impri-
me iciquatre fois par an. Je vous en envoie un exemplaire en
preuve de ce que j'avance. M. deGuignes pourra
vous expli-
quer le furplus de ce que je ne faurois dire ici; car je ne fini-
roispoint fi je voulois tout dire. Je me contente d'additionner
entr'eux les nombres des Sieou-tfai que doivent fournir les
différentes villes d'une même province & de mettre te total
fous le nom de la province même.
Noms desprovinces. Nombre des Sieou-tfai.
7~y 2496.
Ktarzp-àzt 1410.
A~2-~oe~ 1285.
Kiang-jî 135 <5^
Tche-kiang 1877.
Fou-kicn 11 66.
7~ I i O
Hou-nan11 84.
Ho-nan1669.
Chan-tong “ 1867.
15412,
OBSERVATIONS.
Noms des provinces.Nombre des Sieou-tfai.
De l'autre part 154 t 2.
C/~a/z-/? · 1~9'
1 1127.
T~K° 938.
~e-C/:OM<?/: 1446.
~0(ï/M~ ( Canton ) i 343·
xoan~ f 97~
Yun-nan 11~9'
xonei-tclzeozi ~04.
TOTAL 2470).
Ily
a donc à la Chine vingt-quatre mille fept cent un habi-
tans quel'on introduit chaque année dans la carriere de la
littérature ce qui fuppofe le nombre de ceux qui la courent
habituellement au moins vingt fois plus grand. A ce compte
il y a conftamment a la Chine 494010 Lettrés qui ont reçu
des grades & qui par conféquent ne font point inferits parmi
les contribuables. Ces Lettrés ont famille & nous avonsfup-
pofé que chaque famille etoit compofée decinq bouches
comme on parleici. Multiplions le nombre trouvé des Lettrés
par cinq, & nous aurons pour celui des bouches 2470100.
Ces deux millionsquatre
cens ïoixante-dix mille cent bouches,
ajoutées aux 1430755 15 due nous avions déjà trouvées,
nous donneront 145545615. Je prie le Lefteur de vouloir
bien obfcrver que toutes mes évaluations quand ils'agit de
fixer un nombre font toujours en moins car à en croire les
Chinois, même les plus iniiruits je veux dire ceux qui entrent
pour quelque choie dans le gouvernement de l'Etat ily a
plus d'un million de Lettrés gradués qui (ont diipcrfés dans
la vafte etendue de leur Lmpire. Ce font ces Le.:rc.s qui enici-
OBSERVATIONS.
gnent la jeuneffe dans toutes les villes & dans un très-grand
nombre de villages. Ce font ces Lettrés encore qui font Secré-
taires des Princes, des Grands, des Magiftrats & des Man-
darins des différens ordres, &c., &c.
Après les Lettrés viennent les gens de guerre qui font au
nombre des exempts, & qui par conféquent ne font point infcrïts
parmi les contribuables. Il ne m'a pas été aifé de m'inflruire fur
cet article parce que pour des raifons qu'on devine fans
doute je n'ai pas ofé m'adreffer à quelqu'un des Tribunaux
qui en tiennent regiflre. Mais en procédant comme je l'ai
fait, pour les Lettrés, je puis trouver un à-peu-près qui fuffira
pour ce que je me propofe. Je tire ce que je vais dire de l'Al-
manach militaire qu'on imprime pareillement quatre fois par
an, & qu'on ajoute à l'Almanach politique pour le civil; jevous l'envoie. On trouve dans cet Almanach les noms les
titres & la réfidence de tous les Officiers de la milice chinoife
ainfi que leur nombre connoiflant ce nombre on peut en
conclure celui des foldats.
Officiers qui commandent toutes les troupes d'uneprovince,
fous le nom de Ty-tou 19.
Officiers de différens titres qui font fournis aux Ty-tou
& qui commandent les troupes dans les différentes
villes de chaque province.
Officiers du titre de Tfoung-ping 6j.
de Fou-tjiang 118.
de Tfan-tjîang 163.
de Yeou-ki 374.
de Cheou-pei 828.
de Tou-fee 420,de
TJïen-tfoung 16 17.
dePa-tfoung
»3459.
7063.
OBSERVATIONS.
Outre ces Officiers qui font de réfidence dans les villes du
premier fécond & troifieme ordre il y en a encore dans les
villes du titre de Ouei qui font murées mais non fortifiées.
Dans ces différentes villes il y a des Officiers du titre de
Cheou-pei 5 2.
Du titre deTfien-tfoung ..250.
Du titre de Cheou-pei pour la garde des portes, encore 5 2.
En additionnant tous ces nombres, on a pour total des
Officiers nommés par l'Empereur pour commander la milice
chinoise à laquelle les Mantchoux ont bien voulu confier la
garde des villes de leur Empire .7417.
Il faut remarquer que chacun de ces Officiers outre les
foldats qui" font immédiatement fous fcs ordres a encore une
foule d'autres hommes qui compofentce
qu'on appelle fou
Ya-men c'eft-à-dire fon Bureau que dans chacun de ces
Ya-men il y a des bas Officiers pour tranfmettre & faire exé-
cuter les ordres des Secrétaires &: des Scribes pour tenir
regiftre de tout & des gensde fervice pour être
employés
fuivant le befoin. Le nombre de ces hommes eft à celui des
Officiers dont ilscomposent
le Bureau, au moins comme dix
eft à un ajoutantun zero après le nombre des Officiers nous
aurons 74170.
Il faut remarquer encore quedans l'Almanach militaire il
n'eit point fait mention de ces Officiers fubalternes que l'on
appelle ici du nom de Ouai-outl ( & qu'on peut comparer fi
je ne me trompe à nos Lieutenant ) parce que ces Quai-
ouei ne font pas tous nommés par l'Empereur & que le nom-
bre n'en eftpoint
fixe Les Ty-ton élèvent à ce premier grade
militaire ceux des foldats qu'Us veulent récompenfer quand
ils ont fait quelque belle action ou quand ils les ont trouvés
OBSERVATIONS
constamment exacts à remplir leurs devoirs. C'efl une porte
qu'ils leur ouvrent pour les faire entrer par la fuite dans l'exer-
cice des plus grands emplois. Le nombre de ces Officiers ne
ni'etant point connu, non plus que celui des foldats qui font
de garnifon dans les villes, & de ces autres foldats qui d'un
bout de l'Empire à l'autre, font placés à quelque diftance les
uns des autres fur toutes les grandes routes tant pour la
fureté des voyageurs que pour donner dans l'occaiion des
fignaux par le moyendu feu je les compterai tous in globo
& je fuppoferai fuivant ma manière d'evaluer toujours en
moins, que tous ces hommes, font aux Officiers quant à
leur nombre comme cent eft à un. Il y en a donc en
tout 741,700.
Joignant ce nombre à ceuxqui font marqués ci-,
deflfus ilréfukera pour le total des foldats & des
autres attachés à la milice, y compris les Officiers 813,287.
Je m'arrête ici un moment pour direque mon Lettré à
qui je viens de faire part de mon calcul fe moque de moi
& affure poùtivement qu'au lieu de huit cens vingt-trois mille
deux cens quatre-vingt-fept je devrois ecrire au moins deux
millions mais comme les preuves qu'il m'apporte pour garan-
tir la vérité de ton affertion font du nombre de celles qu'on
peut chicaner je le laiffe dire & je continue.
Les gens de guerre font ici .chefs de famille comme le
refte des habitans il faut doncmultiplier leur nombre nar
cinq & nous aurons pour le total des bouches, qui en vertu
de la milice, ne lont point comptées dans l'enumération qu'on
a faite des contribuables4,115,325.
Que nous devons ajouter aux 145,545,615.
déjà trouvées & nous en aurons149,662,050.
Il faut encore plus de cinquante millions pour compléter les
deux
SUR DIVERS OBJETS.
Tome VI. O 0
deux cens millions, & plus que j'ai affignés pour être le nom-
bre des habitans de la Chine ? Où les trouverons-nous ? L'Au-
teur des recherches nous permettra volontiers fans doute
de lesprendre parmi ces voleurs
qui infectent les grandes routes
de l'Empire jufqu'aux environs de Canton ik unBotcmifle
d'Europe, en allant herborifer fut en deux jours attaqué deux
fois; parmi ces Troglodytes qu'on y trouve en(î grand nombres
parmi ces familles errantes qui déferlent des terres
pour aller vivre aux environs des villes commerçantes où
l'appât du gain les attire; parmi ces ll~loines nzerzdian,r, ces
châtrés & ces efclaves auxquels nous pouvons joindre encore
tous ces aveugles & ces bon^effes qu'il confond fort mal à
propos avec ces malheureuses victimes, que la pauvreté & le
libertinage ont livrées à l'infamie de la proftitution. Et fi tous
ces gens-là ne fuffifent pas, je leur joindrai cette multitude
d'Employés aux douanes, qu'on fuit être en très-grand nom-
bre & fur-tout les habitans de ces villes flottantes qui fur
leurs barques ou leurs radeaux, femblent faire une nationpar-
ticuliere au milieu de la nation.
Dans tout ce que j'ai dit jufqu'à préfent il n'apoint eté
queiliondes habitans de la ville de
Pe-king qui font très-
certainement au nombre de plus de deux millions ni des
Mant-choux qui vivent parmi les Chinois pour les contenir &
les gouvernerni des artifans ni des ouvriers en foie dont
le nombre doit être en proportion, non-feulement de ceux de
leur propre pays pour lefquels ils travaillent mais encore de
ceux des nations étrangères qui viennent chaque année char-
aer leurs vaiffeaux du fruit de leur induftrie ni de cespetits
commerçans en détail qui inondent toutes les villes & les bour-
gades de l'Empireni enfin de ce petit peuple qui ici, comme
par-tout ailleurs j & plus encore que par-tout ailleurs, compote
ce qu'on appellele gros de la nation.
OBSERVATIONS ET NOTES
Par tout ce que je viens de faire paffer fous vos yeux, il
eft démontré ce me femble que ce n'eft point exagérer
que de porter la population de la Chine jufqu'à deux cens
millions d'habitans. Elle doit être aujourd'hui plus forte encore
qu'elle ne l'etoit lorfqu'on imprima l'Y-toung-tché d'où j'ai1tiré ce que j'en ai dit, c'efl-à-dire plus forte qu'en 1743
parce qu'elle va toujours en augmentant comme il confte
par ce qui efr. rapporté dans ce même Y-toung-tché. Dans le
dernier dénombrement qui fut fàit, y eft-il dit, le nombre des
contribuables de chaque province etoit de tant il a augmenté
ale tant. Il feroit à fouhaiter que l'année du dernier dénombre-
ment dont il eft parlé, eût été fpécifiée. Comme elle ne l'a
pas eté & que nous favons d'ailleurs que la coutume etoit
ci-devant d'annoncer chaque année au Souverain l'etat de la
population de fon Empire nous pouvons fuppofer que ce
dernier dénombrement fut fait la feptieme année du regne de
Kien-long c'eft-à-dire l'an 1742. Mais pour continuer à
prendre en tout le parti le moins favorable je recule ce der-
nier dénombrement le plus loin qu'il foit poffible, en le fup-
pofant fait l'année que Kien-long commença fon regne
c'eit-à-dire l'an 1736; & je dirai, fuivant X Y-toung-tché 3
en 1736 le nombre des contribuables des différentes provin-
ces etoit de tant en 1743 il etoit augmenté de tant.
En 1736, ie nombre des contri- En 1743 l'augmen-
buables etoit tation etoit de
Dans leTcki-ly 3292.643. 47910.
Dans le Chc~n-ton~ n.78~81. 152954-
Dans le Kiang-fou 1821146. 96561»
Dans leNgan-hoei 1407285. 28281.
Dans le Ho-nan 2289875. 237581.
Dans leChan-fi 1758635. 352.59»
SUR DIVERS OBJETS.
O 0 ij
Dans leTçhi-kiang 2937899. 186899.
Dans le Chen-fi 2149890. 44(39.
Dans le Kan-fou 304149. 77^3.
Dans leKiang-fi 1308725. X9773«
Dans le Hou-nan 368008. 777 '4.
Dans le Hou-pe 454417- 22771.
Dans le Fou-klcn1468615. Î9992-
Dans le Koang-toung 1 179630. 21690.
Dans leKoang-Jî 205995. 14695.
Dans le Yim-nan185865. 52100.
Dans le Kouel-tcheou 37536. I3553« ·
Dans le See-tchoiien on ne comptoit autrefois que cent
quarante-quatre mille cent cinquante quatre familles qui
fufTent infcrites pour le tribut. On en compte aujourd'hui trois
millions trente-fix mille trois cens quarante-deux.Cette pro-
digieufe augmentation vient fans doute de l'affluence de ceux
qui lors de la conquête de la Chine par les Mant-choux
s'etoient retirés dans les montagnes & qu'on n'avoit pas jugéà propos d'y aller forcer. Il en -eft de même de l'augmentation
qui s'efr. faite dans les provinces de Chen-Jî & de Kan-fou,
dont je n'ai marqué que la moindre partie n'ayant point fait
mention de toutes ces familles qui s'y font établies, depuis que
les Mant-choux font les maîtres de la Chine. Cette augmenta-
tion, dont on a tenu un compte exaft pendant bien des
années, donna lieu à une foule de difficultés pour la perception
du tribut. D'ailleurs le grand nombre des exempts des pau-
vres, des ouvriers ambulans des gens de rivières & mille
autres inconvéniens que le Tribunal des fubfides repréfenta à
l'Empereur Yong-tcheng engagèrent ce Prince à abolir le
jin-ting pour lui fubftituer le ry-ting., c'eft-à-dire à changer la
capitation en taille réelle -9 afin que les revenus de i'Etat hiiTem
C") H S F. R Y A V IONS l<. T N () T M S
pci pciueUemont les mêmes du moins quant a 1 ellentiel &
que la perceptionen tut humus
onércuie au peuple plus
i-vaCÎe & d'une plus ^raude tacilué qu'elle no l'.ivoii été, v
jul qu'alors ( i ).
.K<t'?<<f-Y'('
Je mis porhude M. que vous ne trouverez pas mau-
.usque te m écarte m\ inouu'iu vie
mon (u|ot pour\ous
l'oinuur.viqHeree
i|ne \c viens d^ apprendre au (ii|el île eeite
taille- réelle. Je nepom ois
eu.lequénv
îles eonuoitlaueesplus
(Ares; puifque ce (ont celles que le 1'riluiual des l'ublides vient.
(î > r.1- . i-yS:.z-.f .ù CV;r.c .V .{:> . ,:v U feu
Allciîhin VuJ.U: T, / ,:Va .l/
F.f.V- OO(H>S8>L.
T." f. !Sl S liO-IO.
>>V.117MO',O.
K;C"«î.îlCM^Ovj.
•K;c- 1100(1(140,
7. :i/i.- M41kj6>.U.
F.'r.- «.;08065671.
H.r:oSot-'oOo;.
/Y.0SS19310.
l" !SlS07',4.
H.16^)1 ^7O.
l • 0970S1S9.
->07ÎS7443.
K-r-1.07411014.
Sa-01781976.
X~£- ~C ( C.ur.o:i ) 06797 ? 97-
A-V;- C39474M-
I i -O10~$$01.
03401711.
Cr. 1 nç: a~z ir.~iz de Chine lapièce originale
de ce dénombre-
~ir_ r^r;e i r_~u-ii ;> Fermes avec la comparaiion de l'année
i; • rr^r.e ^e A.t-î avec l'année 16. En la première, on
c :– :z.ii-z- Er. ia itîor.de 5 198^13718, augmentation
S Ull D1VF. Il S OI? J V. T S.de communiquer à riunpcreur à railon de l'année d'exemption
<|iie ce Prince a accordée à l'occ.ilion (le l<i mon de fa mère
dont je parlerai plus l><i.s.
« Lors du dernier Ouan-dicou dit l'Iùiipcrcnr flair, nu
» écrit public » ( c'c(l-a duc lors derelie < '-ré-morue qui fc
fait avec beaucoup dt- pompe, de dix. en dix. air, pour 'a:\k-
Jjrcr le jour <le la naifïancc de la Mère du Souverain cV qu.
llimpereur lit avec le plus jj;raiifl ecl.it il y ;i. cinq :ni', quand
fa Mère eutaitemt la quaire-vin^tierne année de (on 'à'.u; ),
«Lors du dernief Ouan-chcou j'exemptai mes itjjct.'» ri 'une
» année d'impôt fur les terres. Je me lla.ir.ois d.tns le foncl
» du cœur, cjue je pourrois leur accorrler encore une fois ia
» même grâce pour la même rai (on. Mais ma fainte Mère
» étant montée au Ciel plutôt que je ne Pavois compté je me
» trouve privé d'une partie de la fatisfaction que je rn'etoi.
» promife. Je nTetois proposé d'exempter mes Aijets d'une
» année du tribut fur les terres en célébrant un autre Ouan-» clieou. Je les en exempte ik. c'eft ma Mère qui cil cenf-e
» leur accorder ce bienfait, puifquc c'eft a Ton occafion que
» je le leur accorde. Je veux que le fouvenir de cette vc-r-
» tueufe PrinceiTe fegrave profondément dans leur efprit, t<
»c[ue leur cœur le pénètre de la plus fmecre rcconnoiiTance
» pour eue. Dans le tréfor du Tribunal des fubficies il fe
» trouve encore plus de foixante-dix millions d'oncesc:ar2e:
» Cette fomme fuffit de refte pour les dépenfes ordinaire? -Je
» l'Etat, qui font à la charge de ce Tribunal. A:nn je veux
»que dans l'efpace de trois années a
compter depuis ic z:c-
») micr jour de l'an prochain, tous mes fujets puillen: joui- eu
>»bienfait de l'exemptiond'une année de tribut. Que ie T:i-
» bunal des fubfides détermine 1 annéede.xernpii.-cr. c:u;
»chaque province.
Le Tribunal délibéra & fit l'avoir à 1 Empereur a :c,uu:ei
OBSERVATIONS ET NOTES
de fes délibérations dans une fupplique qu'il lui préfenta &
qui eft conçue en ces termes
«Pour obéir aux ordres de Votre Majefté nous, avons
» cherché dans nos rêgiftres ce qui s'etoit fait précédemment
« dans des circonftances femblables à celles où nous nous
» trouvons aujourd'hui. Nous y avons tu que déjà deux fois
» Votre Majefté avait accordé à tes fujets l'exemption pour
une année du tribut fur les terres. La premiere fois ce fut en
ii Kien-long dix ( l'an 1745 ) & la féconde fois en Kien-long
» trente-cinq (l'an 1 770 ). Dans ces deux occafioiis pour obvier
» aux-inconvéniens qui pourroient avoir lieu, fi le tréfor fe
» trouvait tout-d'un-coup vuide pat l'exemption d'une année
» de taille fur toutes les terres de l'Empire onpartagea ce
m bienfait de manière que dans l'efpace de trois ans toutes les
*>provinces fe trouverent en avoir profité nous penfons qu'il
> eft à propos d'en faire de même à préfent. Le tribut fur le
» fel & le tribut fur le riz ne doivent point entrer en ligne
m de compte. Votre Majefté ne prétend exempter fes fujets
+>que
d'une année de taille..
» Ce qui revient à l'Etat, de la perception du tribut fur les
« terres, fe monte chaque année à la fomme de deux mille
» fept cens cinquante-neuf ouan plus quatre mille onces
» d'argent ( c'eft-à-dire à vingt-fept millions cinq cens qui-
s»tre-vingt-quatorze
mille oncesd'argent
cequi
revient à
» deux cens fix millions neuf cens cinquante-cinq mille livres,
» monnoie de France ).
» La premiere des trois années dans lefquelles toutes les
» provinces de l'Empire jouiront une fois du bienfait de
?> l'exemption fera pour les provinces du Tche-ly AuJCiang-
v fou du Ngan-hoei du See-tchouen du Chen-jî du Kan-
-:>fou du Yim-nan & du Kouel-tiheou-. Ces huit provinces
•» jointes enfemble donnent chaque année à l'Etat, pour les
SUR DIVERS OBJETS.
» tributs des terres neuf cens vingt-huit ouan d'onces d'argent,
» c'eft-à-dire 9,280,000d'onces d'argent
»( foixante-neuf
millions, fix cens mille livres, monnoie de France ),
« La féconde année fera pour les provinces duChan-tong
» du Kiang-fi du Tcké-kiang, du Hou-naa & du Hou-pe.
» Ces cinq provincesdonnent chaque année à l'Etat, pour le
» tribut des terres neuf censquarante-fept ouan plus fept
«mille onces d'argent, c'eft-à-dire, 9,477,000 onces d'ar-
»gent » ( 71,077,500 liv. monnoie de France ).
» La troifieme année fera pour les provinces de Fou-klen
» du Kirin, du Chan-fidu Ho-nan du
Koang-toung & du
»Koang-fi.
L'Etat retire de ces fix provinces pour le tribut
» annuel des terres huit cens quatre-vingt-trois ouan plus
fept mille onces d'argent, c'eft-à-dire 8,857/500 onces d'ar-
» gent » (66,277,500 liv. monnoie de France ).
«En distribuant ainfi le total de la fomme dont Votre
» Majefté veut bien gratifier fes fujets on ne s'appercevra
?»pas qu'il y ait du vuide'dans les coffres, & l'on y puifera 5
» comme à l'ordinaire pour les befoins de l'Etat. Cependant,
» comme dans notre Tribunal des.fubfides il y a un grand
» nombre d'Officiers & une multitude d'employés qui ne
» font payés que de l'argent dont nous tommes dépofitaires
» nous ofons repréfenter à Votre Majefté qu'il feroit àpropos
»d'exiger
de ceux qui jouiront du bienfait de l'exemption
» un dixième de ce qu'ils auroient dû donner, fi Votre Majefté
» n'avoit pas jugé à propos de les exempter. Ce petit fecours
» fufïlra pour les gages & autres dépenfes de ceux qui font
» chargés de i'adminiftration de cette partie de vos finances.
» Un autre point qui nous paroit important & fur lequel
» nous croyons qu'il cft à propos que Votre Majefté prononce,
» eft celui qui concerne les débiteurs. Il y a dans différentes
» provinces bien des cantons qui font redevables à votre Tri-
OBSERVATIONS ET NOTES
» bunal des fubfides d'une ou même de plufieurs années de
» tribut parce qu'àraifon de la ftérilité des terres occafionnée
»par l'intempérie des faifons ils fe trouverent hors d'état de
»payer dans le tems. Il convient que tout le monde foit
» inftruit que le bienfait que Votre Majefté accorde cette
». année ne s'étend point fur le paffé & qu'ainfi ceux qui
» dévoient une ou plufieurs années de tribut reftent redeva-
» bles jufqu'à ce qu'ils fe foient acquittés. Nous penfons que
» ceux qui font dans le cas doivent s'acquitter en payant
» comme à l'ordinaire pendant l'année de leur exemption fî
» toutefois cette année fe trouve du nombre de celles que l'on
»regarde communément comme fertiles & bonnes.
» Pour ce qui efi des finances dont on doit payer les trou-
»pes & les Mandarins des lieux refpeftifs lefquelles dans les
» tems ordinaires font fournies par les Tréforiers particuliers
» des lieux où ces troupes& ces Mandarins font leur réfiden-
jtee, ce fera au Tréforier-généralde
chaque province à les
» fournir pendant l'année où fa province fe trouvera dans le
» cas de l'exemption.
« Si Votre Majefté veut bien adhérer à tout ce que nous
avons pris la liberté de luirepréfeuter
nous la fupplions de
» vouloir bien faire favoir fes intentions aux grands Officiers
» qui font difperfés dans les provinces afin qu'ils aient à s'y
» conformer & qu'ils ordonnent aux Mandarins Subalternes
» de leurs diftrifts d'itiilruire le peuple de tout ce qu'il doit
» favoir à ce fujet. Et comme il pourroit arriver que ceux
y> qui font aux gages des Tribunaux, les Exafteurs, Kece-
» veurs & autres. s'avifaffent d'exiger fraucluleufement quelque
» fomme de la part des exempts nous fupplions encore
y Votre Majefté d'ordonner à fes grands Officiers Tfong-tou
» Vice-rois & autres d'être très-attentifs à empêcher toute
t>.exaction & à punir féyérement quiconque fera trouvé
»coupable
SUR DIVERS OBJETS.
Tome VI. P P
»coupable en ce genre. Mais afin que ces grands Officiers
» ne fenégligent point eux-mêmes nous prions Votre Majefté
» de donner fes ordres aux Cenfeurs, & même à tous les
» Mandarins des différensgrades
de dénoncer tous ceux
» fansexception qu'ils fauront être en défaut.
» Lequatrième jour
de la fécondelune, de la
quarante-
» deuxième année de/Ci ai- long » ( le
12 Mars1777 ).
L'Empereur agréacette
fupplique&
répondis: parces
deux mots y-y 7 c'efl-k-dire que tout s exécute ainfi.
Mcvcuus ac l L.rûpir£ de lu Chuis*
Puiique jefuis en train de
parler politique jevais continuer
encorequelque
tems fur le même ton en achevant de vous
expofer le détail des revenus de l'Empereur de la Chine que
l'Auteur des Recherches croit ne pas aller jufqu'à vingt-deux
millions de livres iterlin puifque, félon lui, on peut douter
qu'il entre clans le tréfor impérial quinze millions de ces
mêmes livres en argent réel ( pag. 3 49 du fécond Tome ).
Nous venons de voir que des ieuls revenus du tribut fur les
terres, ou de la taille il entroit clans les tréibrs du Prince
neuf millions deux cens quatre-vingt mille onces d'argent,
c'ell-à-dire foixante neuf millions fix cens mille livres
monnoie de France; car une once d'argent balance chuioife
eft évaluée à 7 liv. io fols de notre monnoie. Voyons à pré-
fent enquoi confident les autres revenus & quelle cil la quan-
tité d'argent réel qu'ils produifent. Ces revenus conkilent dans
les différensimpôts
fur les productions du pays & fur certai-
nes marchandifes quand on les tranfporte d'un lieu à un autre.
Voici à quoi chaque province eft taxée.
Laprovince de Pc-tche-ly doit donner chaque année
Pour l'impôt fur le fel 437,949.
OBSERVATIONS ET NOTES
Pour l'impôt fur le charbon mei32, çio.
Pour les douanes générales 42,093.
taè'ls ou onces d'argent tout cet argent entre dans le
îréfor du Tribunal des fubfides, avec celui du tribut fur les
terres.
Les trois douanes particulièresde trois endroits de cette
province par où !'on peut entrer des pays etrangers dans la
Chine & qui font Ckan-hai-koan Tchang~k.ia-k.eou & Tien-
tfing-oud ( aujourd'hui Tien-tfwg-joii parce que cette ville
a été élevée au rang de Fou ou de ville dupremier ordre ) y
rendent chaque année
Chan-haï-koan 28,200.
Tchang-kia^keou 10,000.
Tien-tjîng-ouei 40,460.
taëls ou onces d'argent. Cet argent entre dans le tréfor
de l'intérieur du Palais.
Additionnant toutes ces fommes le total de ce qui revient
de la province de Pê-tche-ly pour les droits du Souverain
fera de cinq cens quatre-vingt-onze mille deux cens vingt-
deux taëls ou onces d'argent, qui font la fomme de quatre
millions quatre cens trente-quatre mille cent foixante-cinq
livres, monnoie de France 4,434,1651.
La province du Kiang-nan formée parles deux provinces
Kiang-fou & Ngan-hoei rend chaque année pour l'impôt fur
le ici 2,123,866.
Pour les douanes générales 132,317.
Cet argent entre dans le tréfor du tribunal des fubîîcîes. Celui
qui entre dans le tréfor particulier du Palais provientdes
droitsimpofés fur les marchandifes qui paffent par certains
endroits, pour êtreportées
dans lesgrandes
villes. Ces diffé-
renspafiages rendent chaque année
SUR DIVERS OBJETS.
Ppij
Ceux de Loung-kiung & deSi-Jing 33,684. t.
Ceux dcs rivicres 7,666.
Celuid'y~zg-fcAeoM 55 ,7)3.
Celui de Hoai-naii 201,960.
Les deux de Cha-hou t 194,026.
Celui de Foung-yang 79,830.
Celui de Chang-hai 25,516.
Tous les autres réunis 191,149,
Toutes ces fommes, tant ceiles qui entrent dans le tréfor
du Tribunal des fubfïdes que celles qui entrent dans ie tréior
du Palais font pour le total du revenu de la province du
JCiang-nan ., 35045,767.
C'eft -à-dire vingt-deux millions huit censquarante-trois
mille deux cens cinquante-deuxlivres dix fois de notre mon-
noie de France 22,843^252 1. îo ù
La province duKiang-ji
rend chaque année pour l'impôt
fur le fel 5,150 t.
Pour les douanesgénérales 38,593.
Cet argent entre dans le tréfor des fubfîdes. Celui qui entre
dans le tréfor du Palais provient des douanes de Kan-tcheou
de Kieou-klang & de Ta-kou-tang quirendent chaque
année
Celles de Kan-tcheou 46,471 t.
Les deux autres réunies 17~880 t.
Toutes ces fommes réunies donnent pour le total du revenu
fur la province duKiang-fi 264,094.
onces d'argent c!eft-à-dire un million neuf cens quatre-
vingt mille fept cens cinq livres 9 monnoie de Fran-
ce 1,980,705 L
OBSERVATIONS ET NOTES
Cette province donne peu en argent, parce qu'elle donne
beaucoup enprovifiou, & fur-tout en riz.
La province duTchc-kiang rend chaque année
Pour le fel 501,°34 t.
Pour les douanes générales 49,087 t.
Cet argent entre dans le tréfor des fubades. Celui qui entre
dans le tréfor du Palais provient des droits fur les paffages de
Pê-fm, qui font de 111,660 r.
De N an-foi qui font de 26,5oo t.
Et fur les douanes maritimes de N'mg-po quirendent
chaque année 32,030 t.
Toutes ces fommes ajoutées font la fomme
de 73 1,31 1 t.
ou onces d'argent c'eft-à-dire cinq millions quatre
censquatre-vingt-quatre mille huit cens trente deux
livres5,484,832!.
La province de Fou-kien rend chaque année
Pour le fel 85,470 t.
Pour les douanes générales 51,625 t.
Cet argent entre dans le tréfor des fubfides. Celui qui entre
dans le tréior du Palais provient de quelques douanes particu-
lieres, lefquelles réunies rendentchaque année 73,549 t.
Toutes ces fommesajoutées
font" 210,644t.
C'eft-à-direun million
cinqcens foixante-dix-neuf mille
huit cens trente livres de France ,¡ ,579,83° L
La province du Hou-koang divifée en Hou-nan & en Hoii-
pêf c'eft-à-dire, en deux diltri&s, dont l'un eft 411 midi, &
SUR DIVERS OBJETS.
l'autre au nord du lac rend chaque année de les deux dif-
tricls joints enfemble 1 16,177 r-
qui entrent dans le tréfor des fubfides. Ce qui encre dans
le tréfor du Palais eft le provenu de la douane de la viiic de
Kin-tcheou qui eft de9,64.4. t.
La province du Ho-nan rend en tout 44,950 t.
qui entrent dans le tréfor des fubfides. Il n'y a rien pour le
tréfor particulier du Palais. Les revenus du Hou-koan"- & du
Ho-nan réunis ne vont qu'à “ 180.771 t.
C'efl-à-dire un million trois cens cinquante-cinq mille fept
cens quatre-vingt-deux livres dix fols 1,3 5 5,782 1. ici".
La province du Ckan-tonq rend chaque année
Pour le feî 120,720:,
Pour les douanes générales 70^61 t.
Ces deux fomrnes entrent dans le des fubfides. Ce quientre dans le tréfor du Palais fe réduit au provenu de la douane
de la ville de Lin-ifing, qui eft de 29,680 t.Total du revenu du Chan-ions; 220,061 t.
C'eft-à-dire^ un million fix cens cinquantcsfept mille cieux
cens fept livres dix fols de France 1,657,207 î. io f.
La province du Chin-ji rend chaque année
Pour le fel 507,028 t.Pour les douanes générales 82,940 t,
Ces deux fommes entrent clans le tréfor des fubfides. Ce
qui entre le tréfor du Palais de la douane fur le
(le C,~2,I"Oli ¡ reiicl 1pailage de Cha-hou qui rend 10,919 r.
Total du revenu de la province du Ckan-jï 6co,8u- t,
OBSERVATIONS ET NOTES
C'eft-à-dire quatremillions cinq cens fix mille fix cens
cinquante-deuxlivres dix fols de France 4,506,65 2 1. i o f.
La provincedu Chen-fi
neil fixée qu'à 40,623 t.
Pour les douanes générales, c'eft-à-direà trois cens quatre
mille fix cens foixante-douze livres dix fols monnoie de
France 304,672!. io£
On n'a point fixé ce que doivent rendre les douanes particu-
lières dont le revenu entre dans le tréfor du Palais parce que
ce revenu eft tantôt fort, & tantôt foible fuivant laquantité
plus ou moins grande des marchandifes que les Tartares font
entrer dans la Chine par cette voie.
La province de K an-fou rend en tout pour les douanes
générales dont le produit entre dans le tréfor des fubfî-
des 100,237 t.
C'eir-à-ciire fept cens cinquante-un mille fept cens foixante-
dix-fept livres dix fols de France 75 1,777 1. 10 f.
On ne fixe rien pour les douanes particulieres par la même
lYtifon que ci-defïus.
La province du See-tchouen rend pour les douanes généra-
les, en tout 31,661 t.
C'eft-à-dire deux censtrente-fept mille quatre cens cin-
quante-fept livres dix fols de notre monnoie 237,457 1. 10 f.
On ne fixe rien pour les douanes dupaffage de
Ta-tjîen-lou ?
pourles mêmes raifons que ci-deffus.
La province deKoan-toung ( de Canton ) rend
chaqueannée
Pour lic ici47,? 10 t.
Pour les douanes générales 75,520. t.
SUR DIVERS OBJETS.
Ces deux fommes entrent dans le tréfor des fubfîdes celles
qui entrent dans le tréfor particulierdu Palais font
Pour la douane clu pont de Tay-pingii Chao-tchcou 53,670 r.
Pour la douane maritime 43,750 t.
Cette douane maritime de Canton eft taxée ici à bien peu,comme l'on voit la raifon de cela eft que ce qui provient des
vaifleaux d'Europe n'entre point en ligne de compte.
Total de ce qu'on retire de laprovince deCanton 220,450 t.
C'eft-à-dire un million fix cens cinquante-troismille trois
cens foixante-quinze livres, monnoie deFrance 1 56 5 3^375 !•
La province du ICoang-Jî tend chaque année
Pour le fel 47j5 50 t.
Pour les douanes générales 52,660 t.
Total de ce qu'on retire duKoang-Ji 99,81a r,
C'eft-à-dire fept cens quarante-huit mille cinq cens foixan-
te-quinzelivres de France 748,575!.
Laprovince
du Yun-nan rendpour
les douanesgénérales
en tout • • • '• •34,256 t.
C'eil-à-dire deux cens cinquante-fixmille neuf cens
vingt
livres de France 256,910!.
La provincede Kouei-tcheou rend chaque année
Pour le fel 6,230 t.
Pour les douanes générales 27,432 t.
Total 33,662 t.
C'eft-à-dire deux cens cinquante-deux mille quatre cens
foixante-cmq livres de France 252^465],
OBSERVATIONS ET NOTES
Les 1 J )! 7- f1"()iit
<Les provinces du Y uri-/u/i e\: du Kouci-tc licou iont très-
fertiies cil mines d'excellent cuivre blanc & Ces mines
l'iiiic<
1" 1 ['E ;.>.[' 1 lfour l'une dos principales riclieiies de l'Etat & l'un des grands
revenns du Prince. Comme il n'en e(t point parlé dans l'Alma-
r..K"li politique je n'en terni pas mention ici. 11 me iufîit cl avoir
donne une idée générale de la quantité réelle d'argent qui entre
chaque année dans les tréiors du Souverain tant pour ("es
beioms particuliers, que pour les bei'oins de l'Etat.
Si on le donne la peine d'additionner toutes les femmes ci-
deillis mentionnées, on trouvera, i je ne me trompe, fix
raillions quatre cens iix mille trois cens cinquanre-iix tacis
ou onces d'argent 6,406,3515 t.
Qui font quarante-huit millions quarante-' ept mille iiii cens
i"o:\a:ite-dix livres monnoie de France 48,047,670 i.
Auxquei!e>, iï on ajoute les deux cens fix millions neuf
cens cinquante-cinq nulle du revenu iur les terres dont il eft
parlé plus haut, en trouvera que l'argent réel qui entre chaque
année dans tes tréiors de l'Etat, ci! de trente-quatre millions trois
cens ciiiquante-iix tac'lSj ou onces d'argent 34,000,356 t.
Qui t'ont deux cens cinquante-cinq millions deux mille fîx
cens loixanto-dix livres monnoie de France 25 5,001,670 1.
A ce compte l'Auteur des Recherches auroit raifon de ne
pas adopter l'évaluation de M. Salmon, qui, en doutant que
l'argent réel qui entre chaque année dans les tréfors de l'Empe-
reur rie la Chine eo-ale la fomme de vingt-deux millions de
livres iîerlin lemb'e la faire monter jufqu'à vingt millions, au
moins de ces mêmes livres. Vingt-deux millions de livres
ilcrlin équivalent à quatre cens quatre-vingt-quinze millions
de notre nionnoij ce l'Empereur de la Chine fuivant ce que
nous venons de voir, n'en a que deux cens cinquante-cinq
millions c
SUR DIVERS OBJETS.
Tome VI. Qq
millions deux mille fix cens foixante-dix c'eft environ la
moitié moins.
Cependant on voudra bien, obferver que les revenus dont
j'ai parlé font les revenus fixes & invariables qui, de quel-
que manière quece puiffe être hors le c is
d'exemption
comme il arrive quelquefois, par une grâce fpéciale du Prince,
doivent toujours entrer dans le tréfor de l'Etat. Mais fi l'on
ajoute à ces revenus les fommes qui proviennent des domaines
particuliersdu Souverain tant de ceux qui font en Chine
que de ceux qu'il poflede dans la valte Tartaric fi l'on ajoute
encore la vente exclufive du jen-càcng, dont le poids cil payé
au moins cinquantefois plus cher que le poids de l'or, & dont
il fe fait une il grande conlommation dans l'Empire les haras,
d'où fortent tant de chevaux; la pêche des perles dans le He-
long-klang la chaffe dont le produit cfl leprincipal tribut
qu'il reçoit de fes propres Tartares, ainfî que des Tartares
Mongoux; les douanes arbitraires quifont en fi grand nom-
bre les confifeations ce qu'il reçoit à titre depréfent de la
part des grands Officiers des provinces,des Douaniers, des
Fermiers & de tous les Mandarins, dans certaines occaùons
qui ne fontpas rares ce qui lui revient de fes droits fur les
vaifleaux d'Europe qui abordent à Canton ce qu'on lui donne
en denrées; & fur-tout en riz; en marchandifes, & fur-tout
en foie &c. &c. Il en réfultera un total qui le placera au
premier rang parmi les Princes les plus riches de l'univers. Je
ne compte point parmi ces richeiTes les mines d'or & d'argent
qui font en grand nombre dans plaideurs provincesde ion vaite
Empire parce qu'il les tient fermées pour des raiions qui peu-
vent ne plus avoir lieu quand, il lui plaira de défendre l'entrée
de fes Etats aux commerçans etrangers, ou quand ces com-
merçans etrangers cefferont d'eux mêmes de vouloir s'y
rendre.
OBSERVATIONS ET NOTES
Voilà ce qui s'appelle du détail. Je fuis perfuadé qu'après
1'avoir lu & examiné furquoi je le fonde, & quels
font mes
garans on n'en croirapas l'Auteur des Recherches quand il
dit que l'argent réel qui entre chaque année dans le tréfor de
l'Empereur ne va pas à quinze millions de livres fterling.
Encore moins le croira-t-on, quand il dit que la Chine n'a pas
en tout quatre-vingt-deux millions d'habitans & que pour le
prouver, il multiplie à ion gré lestigres, Se leur
afllgne pour
demeure des forêts immenfes, & de varies déferts dans l'inté-
rieur des terres, que les hommes ont ceiïe de cultiver &
qu'ils ont même abandonnées par la crainte de ces terribles
animaux. Il y a des tigres à la Chine mais leursrepaires font
dans lesmontagnes & dans les creux des rochers & non dans
les déferts & les forêts de l'intérieur des terres.
Pour ce qui eft des forêts, à l'exception dequelques pro-
vinces où il s'en trouve il n'y en a prefque point dans tout le
refte de l'Empire & les Chinois font obligés de faire venir
d'ailleurs tous les bois decharpente qu'ils emploient à la conf-
truftion de leurs bâtimens.
Quant aux terres abandonnées & aux dêfcns l'Auteur ne
les a créés que pour y placer la multitude des tigres qu'il a
imaginée. Mieux inilruit qu'il ne i'eft il auroit fu que par-tout
où il y a unpouce de terrein propre à la culture, il le trouve
un Chinois pour le cultiver. Cela eft il vrai, que ne trouvant
pas dans leurpropre pays affez de terre à cultiver, ils vont
cultiver celles des Tartares, qui leur permettent de s'etablir
chez eux. Tel été obligé me difoit il y a peu de jours un
PrinceMongou Souverain du
pays& de la ville de Karatchln
(cette ville eftparla latitude de 41degrés, 30 minutes & r
degré 52. minutes à l'Orient de Pe-king ); j'ai eté obligéde
leur défendre de dégrader nos terres en lesenjemençant & en y
plaçant des arbres jnutiers fans quoi nous manquerionsbien-
SUR DIVERS OBJETS.
Qqii
tôtde j ouvrages pour
nos chevaux. Des hommes qui fc dépay-
fent pour aller défricher des terres commenceroient ce me
femble par défricher celles de leur pays, s'il s'en trouvoit
d'incultes. D'ailleurs il exifte une loi qui oblige les Mandarins
à rendre compte chaque année, de l'etat c 'i fe trouvent les
terres de leurs diftri&s refpeftifs de tenir la main à ce du'elles
foient cultivées, & de les faire cultiver eux-mêmes en les
annexant au fifc fi les propriétaires les biffent trois années de
fuite fans leur donner aucun foin. Dans ce cas, ils font cenfés
les avoir abandonnées. Le Magiftrat s'en faifit au nom du
Prince & les fait valoir.
Il n'eft pas furprenant que l'Auteur des Recherches ait
Ignoré cela, parce qu'il n'a voulu s'inftruire de ce qui concerne
la Chine que dans ce qu'en ont écrit des voyageurs peu
inftruits eux-mêmes ou dans des relations faites fur la fin du
dernier fiecle lorfque les Chinois effrayés de voir les Tartares
maîtres de leur Empire s'entaffoient les uns fur les autres pour
fe fervir mutuellement de confolation & s'accoutumer enfem-
ble à porter plus facilement le joug. Les Auteurs de ces rela-
tions infi délies ou n'ont pas vu les objets par eux-mêmes, ou
les ont vus de trop loin pour pouvoir les difcerner. Ils ont parlé,
pour la plupart, d'après les murmures d'un peuple mécontent T
ou d'après ce que des interpretes peu fmeeres qu'ils n'enten-
doient qu'à demi & dont ils n'etoient peut-être pas entendus,
leur en ont dit auhafard pour ne pas biffer fans réponfes des
interrogations qui les fatiguoient.
De la polygamie des Cliznois.
Un des objets importans a eclaircir feroit celui de la poly-
gamie dont l'Auteur des Recherches Ce plaint que Confuclus
rz'a pas dit un feul mot. 11 fe trompe Confucius en a parlé
non pas ex profeffo mais par occaiîon non pas en termes for-
OBSERVATIONS ET NOTES
mels mais fous le voile de l'allégorie & ce qu'il en dit ne
laifTe aucun doute fur ce qu'il en penfoit. Quand. T habit que l'or
porte cfi vieux ujé ou hors d'ufage on peut en prendre un-
antre. C'eft ainfî qu'il s'exprime,ou à-peu-près fi je m'en
fouviens bien car je n'ai pas actuellement fous la main le
livre où cela fe trouve pour pouvoir en rapporter les propres
termes. Mais c'eft-là fa penfée & les Lettrés aux plus longs
onglesceux qui
lui font le pius dévoués, n'en diiconviennent
pas.Mais loin de défapprouver en cela leur Maître ils affu-
rent qu'ilne pouvoir
rien dire de mieux & ils tâchent de le
prouver par une foule de railons qu'ils regardent comme bon-
nes &quine font rien moins que telles aux yeux d'un Chré-
tien. De toutes ces railons je ne rapporterai que la plus
apparente.La voici A la Chine il naît conjLimtmnt un plus
grand, nombre de filles que de garçons. Que faire de l'excédent
de ces filles ?
Cette proposition à la Chine il naît conjlamment plus de
filles que de garçons m'a paru mériter que je me donnafTe
quelque peine pour la vérifier. Après avoir feuilleté bien des
livres j'ai trouvé enfin ce que je cherchois, dans un excellent
Ouvrage intitulé Lieou-king-tou c'eft-à-dire figures extrai-
tes des fix King ou Livres claffiques de la nation. Cet Ou-
vrage, qui efr. en fix tomes & qui contient trois cens neuf
figures, extraites des plus anciens monumens, fut rédigé en
1165 par ordre de Hiao-tfoung onzieme Empereur de la
Dynaftie des Soung. L'Auteur qui fe nomme Tchen employa
dix années entières du travail le plus affidu à raffembler les
matériaux dont il devoit faireufage à en vérifier les titres à
en conftater l'authenticité & à leur donner une Sous
le règne de Ouan-ty quatorzième Empereur de la Dynaftie
des Ming le Tribunal de la littérature eut ordre de le revoir,
de le critiquer, d'en vérifier tous les articles, de le corriger
SUR DIVERS OBJETS.
& d'en faire une nouvelle edition. Ce qui fut exécuté dans ie
courant des années puig-tc/ien& ting-fee (anquantL-troiiicme
& cinquante-quatrièmedu cycle de 60 lcfqueli.es répondent
aux années de notre ère vulgaire 1 6 1 5 & 1 6 6 ). Ceque je
vais rapporter de cet ouvrage elt extrait Jm fixieme tome, }
article Tchcou-ly pag. 14. Comme îleft'a laBibliothèque du
Roi, on pourrafe décharger fur M. de Guignes du foin de le
confulter. Voici ce que j'y trouve
«Depuis ta divilion de l'Empire en neuf Tcheou faite par
» le grand Yu on a conftamment obfervé ce qui fuit.
» A Tang-tcheou c'eft-à-ciire dans lapartie du fud-efl, il
» naît deux garçons pour cinq filles. Les oifeaux & lesqua-
»drupe des s'y trouvent en
quantité l'efpecede riz, appelle
» lao-mi y cÙ fur-tout excellent on l'y cultive en plus grande
M quantité queles autres denrées. La terre y produit d'ellc-
» même des bambous, & renferme des mines de très-bel
» etain.
» ATJîng, c'eft-à-dire dans la partie qui eft au droit midi,
» il naît un garçon pourdeux filles. Les oikaux & les quadru-
» pedes s'y trouvent en quantité.Le nz appellé tao-mi y
» eft en abondance & c'eil par-là que nous recevons ie
s> corail.
» A Yu c'eft-à-dire au midi du Hoang-ho dans ce qu'on
» appelle le Ho-nan il naît deux garçons pour trois filles. La
5> foie & le vernis en font la principalerichefle.
»AXing, c'eft-à-dire dans la province quieil droit àl'eft,
» il naît deux garçons & deux filles. Les chiens & les poules
» font-ià de la meilleure efpece. Le riz, iao-mi, 5c le fromenty
» abondent & le poiffon y eit excellent.
» A Yen c'eft-à-dire à l'orient du Hoing-hoil naît deux
j'Il L il''1.'
1: 1» garçons pour trois filles. Le portion y cil très-bon oc en plus
»grande quantité que par-tout ailleurs.
OBSERVATIONS ET NOTES
» A Young droit à l'oucft, c'eft-à-dire, dans la province
» du Cken-jiil naît trois garçons pour deux filles. Ce pays efî
» abondant en bœufs chevaux millet & pierres de yu.
» A Yeou c'eft-à-dire au nord-ejî il naît un garçon pour
» trois filles. Le poiffon & le fel y font très-abondans.
» A Ri dans le Ho-nei c'eft-à-dire dans la province du
» Chan-JLil naît cinq garçons pour trois filles ce pays four-
» nit des bœufs, des moutons, du millet & du bois foung-
» chou & p ci-chou qui font les différentes fortes depins.
» À Ping, droit au nord c'eft-à-dire dans le Pe-tche-ly 9
» il naît deux garçons pour deux filles. La plus grande richeffe
» de ce payseft en coton dont on fait de très-belles toi-
» les ».
Tel etoit Fetat où fe trouvoit l'Empire de la Chine dès le
tems du grand Yu c'eil-à-dire deux mille deux censcinq
ans au moins avant Jefus-Chrift. Tel il etoit encore du tems
de Tcheou-koung ( fils de Ouen-ouang & frere deOu-ouang
fondateur de la Dynaftie des Tcheou ) qui rédigea le Tclzeou-
ly ou cérémonial des Tcheou, c'eft-à-dire, environ onze cens
vingt-deuxans avant notre ère vulgaire. Tel il fut trouvé l'an
1165 après Jefus-Chrift Iorfqu'on compofa le livre d'où j'aiextrait ce que je viens de dire; tel enfin il a eté trouvé les
années 161 5 &16 1 6 iorfqu'on examina ce même ouvrage “
qu'on le critiqua qu'onle vérifia & qu'on en fit une nou-
velle édition.
Pour tirer de l'expofé que l'on vient de lire, toutes les lumieres
quenous cherchons nous n'avons qu'à ajouter féparément les
nombres des garçons & des filles qui naiffcnt chaque année,
& comparer entr'eux les deux réfultats.
Nombre des garçons 2+1 + 1 + 2 + 2 + 3 + 1 + 5 + 2 = 20.
Nombre des filles5 + 2 + 3 + 2 + 3 + z + 3 + 3 + 2 + =2j,
SUR DIVERS OBJETS.
Le nombre des garçonsefl donc à celui des filles comme
vingt eft à vingt-cinq c'eft-à-dire qu'il cil moindre d'un cin-
quieme. Indépendammentde toutes les autres raifons, celle-là
fuffiroit feule pour expliquer comment il eft arrivé que les
Légiflateurs chinois aient permisla polygamie. Je reviens aux
Recherches philofophiques.
Ajlronomiedes Chinois.
L'Auteur des Recherches perfuadéfans doute que les
Chinois n'ont jamais fu que leur aftrologie judiciaire & les
règles de leur Foung-ckoui a décidé hardiment qu'ils n'ont
~fc f.'z ~a~ ~c;~/rf3 !i ~o/z ~yM"(ï('/t qtl /~o/~ 0.7~jamais été en état de faire un bon Alninnach qu'ils n ont pas
même comprisles calculs qu'on avoit faits pour eux y qu'ê/z z5o5
ils 71 avoient aucune idée ni de la longitude ni de la latitude
de leur pays &c. S'il eût lu avec une attention des plus médio-
cres, ce que les Millionnaires ont ecrit iur ces clirFcrens objets,
il fe fût mis en etat d'en parler lui-même unpeu pius perti-
nemment qu'il ne Fa fait il eût appris du moins que dès le
tems de Yao dont le règne commença 2357 ans avant notre
ère les Chinois avoient déjà fait des opérations aftronomi-
ques, par lefquelles on peut conclure qu'ils avoient des con-
noiffancesacquifes qui
dénotoient unpeuple
itudieux &
favant puifqu'ilsavoient deux divifions du
Ciel l'une en
vingt-huit parties inégales, quirenfermées chacune en
parti-
culier, entre les limites d'une conilellation leur procuroit le
précieux avantage de pouvoirlire fans embarras dans toute
cette partie da Ciel qui eft vilîble dans leur pays & l'autre
en douze parties égales nommées les douze palais du foleil
quileur
procuroitcet autre
avantage pius précieuxencore de
pouvoirfixer les
lailons puifqu'ilslavoient dès-lors
prédireles
eclipfesG: calculer les lieux des
planètes& des ctoiic^ fixes
puifqu'ilsconnoilioient ù-peu-près la grandeur de l'année
OBSERVATIONS ET NOTES
(blaire, la fixant à 365 jours & 6 heures; puifqu'enfln ayant
déjà obier vé que 235 lunaifons equivaloient à 19 de ces
années ils avoient trouvé le moyen de faire leurs années
luni-folaires, en intercalant 7 lunaiibns dans l'efpace de 1 9
ans. L'Auteur des Recherches n'eût pas été obligé de faire de.
grandsefforts pour comprendre que des hommes qui en
favoient jufques-là pouvoient compofer d'eux-mêmes un
bon Almanach, ou tout au moins un Almanach à-peu-près
exaft" pendant un certain nombre • d'années & c'eft tout ce
qu'illeur falloit pour fixer fans erreur fenfibie le jour auquel
ils dévoient célébrer la Fête des lanternes fi la Fétc des lanter-
nes eût déjà été inftituée dès-lors.
Si avec l'attention qu'on doit apporter à des Recherches
qu'onveut faire pafler pour philofophiques ce même Auteur
eût tâché de débrouiller le cahos de l'ouvrage du P. Gaubil fur
l' Astronomie chinoife il n'eût pas fait dire à ce Millionnaire
que les defcendans des premiersChinois qui etoient très-cclai-
rés, s'etantbifenjîblement abrutis font tombés dans la nuit de
l'ignorance. Des expreffions fi. indécentes ne font jamaistombées de la
plumedu P. Gaubil ( r ). En s'inftruifant de
tous les faits qui font rapportés dans l'ouvrage du P. Gaubil
Se dont il a tiré lespreuves des monumens qui fubfiftent enco-
re, des Recherches malgré ton averiion pour les
longs ongles des Lettrés & pour tout un peuple qui ne lui ell
probablement devenu odieux, que parce que les Millionnaires
quil'ont affez connu pour être en etat de lui rendre juftice en
ont peut-être dit trop de bien, l'Auteur des Recherches dis-
je, n'auroit pas ofé compromettre faphilofophie, en décidant.
de fa pleine autoritéque les Chinois n'ont jamais eté en état
de faire par eux-mêmes un bon Almanach, & que le peu qu'ils
( 1 ) Nous renvoyons à fon Ouvrage même pour ne point tropalonger lçs détails,
favent
SUR DIVERS OBJETS.
Tome VI.
1
Rr t'
favênt d'agronomie leur a eté appris par des Savans de Balk.
qxd ont calculé après-coup quelques obfcrvations & quelques
echpfes pour être inférées dans les nouvelles editions de leurs
Livres. Il fe fût convaincu que depuis le tems des Han c'efi-
à-dire, un peu avant rere chrétienne & plu de douze fiecles
avant qu'il fût queflioii en Chine des Savans de Balk & de
tout autre pays, les Chinois connoiflbient le mouvement diurne
du foleil & de la lune, la quantité du mois lunaire, foit fyno-
dique, foit périodique la durée des révolutions des planètes,
& avoient donné aux différentes conflellations & aux etoiles
qui les compofent des noms analogues aux ufages qui avoient
lieu chez eux & à des evénemens qui s'etoient paffés dans
les fiecles antérieurs, «Se auxquels leurs ancêtres avoient eu part.
Convaincu de toutes ces vérités, par les preuves qu'il fe"fût
donné la peine de difcuter, il auroit evité l'ecueil contre lequel
ne manquent guere d'echouer ceux qui écrivent trop précipi-
tamment, ou qui ecrivent fur des matieres dans lefquelles ils
donnent lieu de croire qu'ils ne font pas même initiés.
Les Savans de Balk, auxquels M. P attribue la gloire
d'avoir appris aux Chinois le peu d'aftronomie qu'ils favent ne
font venus à la Chine qu'à la fuite des Mongoux quand ceux-ci
la conquirent, & ils n'ont pu y former des ctabliiîemens qu'après
que ces Mongoux s'y furent fixés eux-mêmes. Or ce ne fut
qu'après la mort de Tou-tfowig, dernier Empereur des Soung,
que le grand Kobilai, autrement dit Yuen-che-tfou fut paifi-
ble poflefleur de toute la Chine c'eft-à-dire que ce ne fut que
l'an de Jefus-Chrifr. 1280. Avant cette époque, quels font les
Aflronomes qui ont fait le Calendrier des Chinois qui ont
calculé les lieux des planctes & annoncé les eclipfes ? Et dans
ce même tems, quels font les Savans qui corrigèrent le Calen-
drier, réformèrent l'Aftronomie firent fleurir les Lettres Se
rendirent à l'Empire quelque choie de fon ancien luftre ? Ce
OBSERVATIONS ET NOTES
furent des Chinois de ces Chinois à longs ongles que Kobi-
lai fit venir de toutes les provinces de la Chine pour s'éclairer
de leurs lumieres, & fe conduire par leurs confeils. Ce furent
un Yao-chou un Ko-cheou-king un Hiu-hengun Yang-
koung-yun
Ouang-fiai un Teou-mou un Ouang-ou un
Lieou-plng-tchoung & un très-grand nombre d'autres dont
les noms les ecrits & les actions font confignésdans l'hiftoire.
Ce fut à l'infiigation de ces grands hommes que le Conquérant
Tartare rétablit tous les colleges chinois, tombés en ruine
par le malheur des tems qu'il fit commencer le fameux
canal appelle Yun-leang-ho pour le tranfport des den-
rées que les provinces envoient chaque année en tribut à.
la Cour & ce canal que l'Auteur des Recherches regarde
avec raifon comme fun des plus beaux & des plus utiles ouvra-
ges qui foient à la Chine, mais qu'il ne prend fur lui de louer
ainli que parce qu'ilie regarde fauffement comme un ouvrage
fait par des étrangers ce canal dis-je a été imaginé, com-
mencé, fini & perfectionné par des Chinois. C'eft fous
Young-lo troifîeme Empereur de la Dynaftie des Ming, qu'il
a été mis dans l'état à-peu-près où on le voit aujourd'hui, &
qu'on le fit communiquer avec le Hoang-ho. Sous Kobilai &
fous fes fucceffeurs Mongoux il portoit le nom de Hoei-
toung-ho & ne s'etendoit que dans une partie de la province
du Chan-ions depuis la ville deTji-nlng jufqu'à celle de
Lin-tjïng, Cefut encore a
l'infiigation de ces grands hommes,
que le même Kobilai fit faire une recherche exacte de tous les
anciens livres chinois dont il fit faire de nouvelles editions
après les avoir fournis à l'examen & à la critique des Lettrés à
longs ongles, & qu'il fit revivre tous les etablifîemens littérai-
rcs qui avoient eu lieu fous les H an fous les Tang, & fous les
Soung. J'ofe aiTurer fans crainte d'être démenti par aucun de
ceux qui favent l'hiitoire, que Kobilai & tous les Mongoux
SUR DIVERS OBJETS.
Rr i]
à l'exception du mérite militaire qui leur fut propre font
redevables de tout le refte aux Chinois. Ehqu'etoit-ce que
ces Mongoux avant qu'ilsvinffent en Chine ? Des barbares
qui n'avoient ni fciences, ni arts, & qui trouvant de quoi fe
nourrir dans le produitde leurs chafles & Je leur bétail, ne
favoient pas même cultiver la terre. On ditque quand ils vin-
rent pourla première
fois dans la capitale après avoir fait la
conquêtede l'Empire
necomprenant pas à quoi pouvoient
fervir les Palais, ils camperent fous des tentes à leur ordinai-
re, dans les cours, & logèrent leurs chevaux dans les falles;
( en Chine, tous les appartemens font au rez-de-chauffée ).
Mais pourquoi ces mêmes Mongoux, qui outre la Chine ont
conquis tant d'autres pays fe font-ils attachés de préférence
à former les Chinois à leur apprendre un peu d'aftronomie
à faire de nouvelles eclitions de leurs livres pour pouvoir y
inférer des observations calculées après coup, &c. & ont-ils
laiffé tous les autres peuples qu'ils ont fubjugués croupir dans
l'ignorance ?N'avoient-ils pas des Savans de Balk & des autres
villes du Mufulmanifmc qu'ils pouvoient leur donner pour
maîtres
J'avois envie de terminer ici cet article auquel l'Aftrono-
mie a donné occafîon mais il m'aparu que pour l'entiere
farisfa&ion du Lefteur jedevois dire un rnotiur l'état où elle
ie trouve aujourd'hui,fous la direction des
Européens. Cette
fcience eft cultivée kPc-klng comme on la cultive dans les,
capitalesdes royaumes
de notre Europe. Il y a un Tribunal
dont le reiîbrt s'étend fur tout le Ciel vifible depuis la Corée
ii Tl' b u. i A' & depuis 1le 1 ~ii~-iccb de la S '1
jufqu'auThibetd'un côté & depuis
le voiilnage de la Sibérie
j ni qu'au tropique, de l'autre. Les Européens, en donnant à
cette jurifclittionle nom de Tribunal, ont cru traduire à la
lettre le titre à'Ya-men qu'onlui donne en chinois & que
les
Chinois donnent à toutesles autres jurifdiftions particulières ,tanr
OBSERVATIONS ET NOTES
civiles que criminelles. On peut lui donner tel autre nom qu'on
voudra. Le nom ne fait rien à la choie.
Ce Tribunal eil compoféd'un
Infpecleur de deux Préu"-
dens, dont l'un ell toujours Tartare & l'autre cenfé Chinois 7
& de pluficurs Mandarins, qui font comme autant d'Affeffeurs»
Depuis le P. Adam Schal, juf qu'au P. de Rocha qui a fuc-
cédé au P. Halierftein c'ell-à-dire pendant l'cipace de plu-
sieurs fiecles, c'a toujours été un Européen qui a tenu lieu du
Préfideiit Chinois & cet Européen qui préfîde à la place
d'un Chinois ainïî que les autres Européens Tes AffeiTeurs a
loin d'entretenir les Chinois dans l'ignorance que l'Auteur des.
Recherches leur fuppofe fe font un point capital & même
un devoir rigoureux de leur communiquer tout ce qu'il y a
d'eflentiel & d'un peu important même en fait de découverte,
dans les matières qui font de leur reffort & ils ne peuvent fe
lafler d'admirer leur facilité à comprendre & cet efpiït d'ana-
lyfe qui leur fait réfoudre les problêmes les plus difficiles, en
les réduifant aux parties qui les compofent & aux principes
fur lefquels on les a conftruits. De deux cens Chinois environ,
qui font entretenus aux frais de l'Empereur fous le titre
d'Altronomes ou fous celui d'Etudians en aftronomie il y
en a au moins les deux tiers qui connoiffent affez bien le Ciel,
& font allez rompus dans le calcul pour pouvoir compoler
des ephémérides auffi exactes que celles qui fortent de nos
Académies, plus étendues, revues avec plus de foin, & moins
jettes à ces fautes d'inadvertance, auxquelles les ignorans
donnentquelquefois le nom d'erreur. Au refte il faut bien
distinguer ces ephémérides d'avec ces autres qui font pour
i'ufage ordinaire & qui contiennent les fupcrflitions. Celles-ci
ont une des parties qui les compofent uniquement confacréc
à l'indication des efprits & aux opérations de l'aftrologie judi-ciaire c'eit à-peu-près un cinquième du volume. Les premie-
SUR DIVERS OBJETS,
res au contraire qui font d'un volume plus gros que les
autres, n'ont pour objet que l'Aftronomie & ne contiennent
que les réfukats des calculsaftronomiques. J'envoie un exem-
plaire des unes & des autres. Les Millionnaires Agronomes ne
compofent ni les unes, ni les autres; ils ne fmt point chargés
de calculer pourles Chinois. Leur
emploi conlifte a revoir
les calculs purement aftronomiques des Chinois, & à en cor-
riger les erreurs s'il s'en trouve. Les appointemens ou les
gages que l'Empereur leur donne, font attachés au degré de
Mandarins dont ils font décorés. Ce n'eft pas l'Empereur qui
lesappelle
à lui, niqui les fait venir à
grands frais du fond de
l'Allemagne, ou de quclqu'autre royaume d'Europe. Ce font
des Millionnaires déjà etablis dans la capitale de la Chine
qui font venir à leurs frais ou aux frais de leurs bienfaiteurs
Européens, d'autres Millionnaires pour en être aidés, & rem-
placés enfuite quand ils viendront à manquer. Et comme les
premiers Européens qui ont été admis dans le Tribunal d' Alr.ro-
nomie qui eft à Peking, etoient de la Million Porrugaife qui
etoit alors feule c'eftla Million Portugaife qui a fourni jufqu'ù
prêtent des Aftronomes à ce même Tribunal.
Après cette digreiîion je reviens à l'Auteur des Recher-
ches & je dis que s'il avoit lu avec moins de préoccupation
& un peu plus de véritable philolbphïe les ouvrages que les
•Millionnaires ont ecrits fur la Chine en différens tems, il le fut
convaincu, par lespreuves
fans réplique qu'il y auroit trou
vées, que les Chinois qu'il rabaiffe Il indignement, font de
tous les peuples qui couvrent la furface de la terre, celui dont
l'hiltoire eft la plus ancienne la plus authentique & la plus
fuivie celui qui cultive les feienecs utiles, & les arts néceffai-
resdepuis plus long-tems plus conftamment
& avec des
fuccès tels qu'illes lui faut pour pouvoir fe parler du îecours
& de rin.duftr.ie des autres nations > &qui a le plus ancienne-
OBSERVATIONS ET NOTES
ment le plus généralement le plus pratiquement le mieux
connu la nature & les propriétés reipeftives des diilérentes
l'ortes de terrein du pays dont il cil en poiî'eilion qui a dilHn-
gué avec plus de précihon &r tle clarté le genre des denrées
qu'il de\ oit leur conher qui dans tes livres économiques,
compofésdans des teins où les nations occidentales celles
îur-tout qui iont plus voidnes du pôle, ne le doutoient pas
même qu'on pût raire des livres, a traité le plus méthodique-
ment, le plus expérimentalement, ii je puis ainfi dire, des
déférentes manières d'entretenir la Aie par le moyen des ali-
mens propresà chacune des contrées qu'il connoiflbit de
couiervei la iauté en aiîujettiiTunt à certaines règles l'uiage
de ces mêmes alimens & de guérir les maladies par des médi-
camens tirés des trois règnes de la nature choiiis avec intel-
ligence, prépares avec art, & admimllrés à propos, luivant
le belbin cv les circonilances.
Il n'eft pas douteux que les Millionnaires qui ont parlé de
ces diflerensobjets
dans leurs ecritsont ibuvent traité des
matières qu'ilsn'entendoient pas en ont parlé en termes
impropres& ne font
pas toujoursentrés dans les détails
néceîïaircspour
initruireparfaitement
mais ou doit les excu-
ler enfailant réllexion
que n'étantni
cconomiftesni méde-
cins, niinitiés dans certaines
feiencesni dans les
artsils fe
z. l'iii7 desfontexnrimés
en hommes ordinaires iur des matièresqui
n'eioient pas de leur relTort, Une pareille indulgenceeil
digne
de tout Lefteuréquitable
d'un Lecteuriur-tout qui
s'annonce
pour philoiophe.
On ne s'attend point que je iiiive pas a pas un homme qui
pour avoir voulu s'écarter de la route ordinaire s'elt égaré
dans les dii+erens détours des l'cntiers feabreux qu'il s'eir lui-
jne;r:i trayés. Il me iuffit de donner quelques eclairciflemens
iur lesprincipaux
d'entre les articles qui ont mérité l'animad-
SUR DIVERS OBJETS.
verfion de l'Auteur des Recherches afin qu'on puiffe juger
avcc pleine connoiffance fi cet Auteur cfl: bien ou mal fonde
dans les reproches qu'il fait aux Chinois. Comme on n'a ojé
dit-il dans fa Préface pag. v, les juflijier Jur t infanticideon a lûc lié, au moins de les juflifier Jur la 7riniere inhumaine
dont ils châtrent' une multitude de garçons.
Des Eunuques che^les Chinois.
Il n'efi jamais permis de juftifier les crimes; mais on peut
entreprendre de juftificr une nation entière quand on l'accule
mal-à-proposde ie faire une habitude de certains crimes &c
des'y
livrer fans remords. Je ne parlerai point desEunuques,
puîfque l'article qui les concerne a déjà été difeuté je dirai
feulement que la manière dont on les tait ici, même les adul-
tes, n'en: ni fi cmdle ni fî meurtrière que l'Auteur fe l'eft ima-
giné. Elle n'eft point(l cruelle car de l'aveu même de ceux
qui ont fouffert cette opération, ils l'ont à peine fentie dans
le tems qu'on la leur failoit. Elle n'efi point fi mcunrïere car
fur cent il s'en trouve a peine un qui meure & encore, m'a-t-on
dit, quand il meurt il y ci toujours de fa faute ou de la faute
de ceux quile fuignent.
Cette opération m'a-t-on ajouté doit
être moins dan^reuje jur V homme qu'elle ne ï cfl jur Lis ani-
maux parce qù on prend bien d'autresprécautions quand il
s'agitd'un homme que lorf qu'il s' agit fimplemait
d'un animal.
II n'y a aujourd'hui que chez l'Empereur& chez les Princes
de fa famille où ily
ait desEunuques.
Cc>hommes dégradé-;
ne fontque pour
le fervicedomeibque
lagarde
desfemmes,
des jardins ou maifons de plaiiance & des fépultures. lis ne
font, ni dans les Tribunaux ni fous les enfeignes militaires,
ni dans aucun des emplois civils. Sous la Dynaftie prélente on
a elïayé de s'en parlermais on seil convaincu que c'eit un
mal néceffaire parce queles femmes & les iiiies
qu'onaveu:
OBSERVATIONS ET NOTES
chargées des emplois qui font dévolus aux Eunuques ne
pouvoient pas y vaquerconftamment & avec exactitude
tantôt par une raifon, & tantôt par une autre, & très-fouvent
fous des prétextes qui leur tenoient lieu de raifons. Ne pouvant
donc pas s'en paffer on en a réduit le nombre au pur nécef-
faire, & ce nombre ne va pas à fix mille dans toutl'Empire
de la Chine. Tl eft vrai qu'il n'en a pas toujours été ainfi, &
qu'il y a eu des tems où ce terrible fléau défoloit la Chine plus
cruellement que ne l'eût fait la pefte ou la famine mais les
Chinois s'en font toujours plaint, & l'ont toujours regardé
comme le plus grand des malheurs. Qu'on life leur hiftoire
qu'onlife leurs ecrits politiques
on fe convaincraqu'ils ont
toujours défapprouvé l'ufage barbare de mutiler les hommes
hors le cas où ils méritoient la mort. En voilà affez fur cet
article j'en viens à l'infanticide.
Infanticide des Chinois,
On a beaucoup crié en Europe contre l'infanticide des Chi-
nois & l'on a eu raifon, fi les Chinois font, généralement
parlant, coupablesde ce crime. C'eft une
queftion que je ne
crois pas indigne d'être difcutée pour en foumettre la décifion
au Lefteur.
On ne doit ce me femble attribuer un crime à toute une
nation, que dans le cas où ce crime clériveroit de la conftitu-
tion du gouvernement particulier de cette nation ou qu'il
feroit commis par le grand nombre de ceux qui la compofent,
ou fimplement par ceux dont la conduite & les mœurs influent
nécefîairement fur la conduite & les mœurs de tous les
autres.
Je fais qu'il fe commet des infanticides à la Chine; mais jefais auffi que ce crime n'y eft pas auffi commun que les exa-
gérateurs voudroient bien le perfuader i°. il eft inouï qu'il fe
commette
SUR DIVERS OBJETS.
Tome FI. S s1 L u +.J
commette dans les villages & dans lescampagnes. Ici comme
par-tout ailleurs les enfans font la riclieffe des payfans & des
gens de travail; 2°. il n'a lieu que dans les grandes villes & parmi
ceuxqui logent fur des barques
ou fur des radeaux dans queL-
ques-unes des provinces de l'Empire; il n'eft commis que par ce
qu'il y a de plus vil, par l'ecume & le rebut, pour ainfi dire
de la nation. Eft-il de la justice de rendre toute une nation
refponfable du crime de quelques particuliers, qu'elle ne met
qu'à regret au nombre des tiens Qu'en feroit-il de nous, &
quel rang occuperions-nous dans l'eftime des nations étrangè-
res, fîpour caraftérifer la nation françoife elles concluoient
ainfi du particulier au général
`
Le gouvernement chinois qui va au-devant de tout & qui
tire parti des abus mêmes pour corriger les abus n'a porté
aucune loi pour punir les infanticides dans le cas dont il s'agit
ici. Il a mieux fait, il a mis fes foins à empêcher qu'il n'y eût
des infanticides. Il afuppofé que ce crime n'étant pas dans la
nature, nepouvoit
être commis que par des malheureux fans
reffource, qui y feroient portés par le défefpoir de ne pouvoir
nourrir ceux à qui ils auroient donné la vie. Hou dit un pro-
verbe qui a beaucoup de cours ici, hou-pou-cha-tfee c'eft-à-
dire, letygre
ne tuepas fes petits. L'homme feroit-il pire que
le tigre ? Non fans doute.
Les Chinois font des hommes, & ne different pasdes autres
hommes, quant à ce quiconftitue effentiellement leur être
phyfique & moral. Ils font fujets aux mêmes paffions ils font
portés aux mêmesvices
ils ont les mêmes befoins, & le germe
des mêmes vertus. Mais je le dis hardiment, & je ne crains
pas que ceux qui font au fait de leur morale, quiles ont vus de
près &qui connoiffent leurs mœurs & leurs ufages foient
tentés de me défavouer les Chinois font de tous les hommes
réunis en fociété, ceux quifont un plus grand cas de l'homme y
OBSERVATIONS ET NOTES
qui mettent fa vie à un plus haut prix, & qui prennent les mefu-
res les plus efficaces pour empêcher qu'on ne la ravine à per-
fonne injustement ( dans tout ce que je dis, je ne parle point
de ceux qui fe conduisent à la lueur du flambeau de la foi, &:
conformément aux maximes del'Evangile ).
Le jïn c'eft-à-dire l'humanité, l'amour de fes femblables
eft la premiere de leurs trois vertus cardinales; c'eft celle qu'ils
enseignent avec le plus de complaifance c'efr. celle qu'ils
prêchent dans tous leurs livres, & qu'ilstâchent d'inculquer à
tout le monde depuis le Souverain jufqu'à ceux de l'etage le
plus bas jufqu'au mercenaire & à l'efclave. Mais les Chinois
formant une nation beaucoup plus nombreufe qu'aucuneautre
qui foit fur la terre, il fe trouve parmi eux néceffinrement un
plus grand nombre de ces hommes infortunés qu'unedifette
de tout peut dépouiller dans certaines circonftances des fen-
timens les plus naturels & les plus humains en les portant à
des excès que leurs cœurs défavouent même en s'y livrant.
Le gouvernement confidérant ces hommes non tels qu'ils
devroient être mais telsqu'ils
font en effet fait fort bien que
nourrifiant toujours dans le fond de leurs cœurs l'efpérance
flatteufe d'un avenir plus heureux la vue de leurs miferes
préfentes ne les fera pas renoncer au droit naturel qu'ils ont
de fe donner unecompagne pour en avoir des defcendans. Il
fait auffi que ces hommes pouvantà peine fe procurer
leur
propre fubfiflance manqueront de tout pour faire fubfifter
ceux qui naîtront d'eux & que fe trouvant dans la trille alter-
native, ou de mourir de faim, ou d'ôter la vie à quin'en joui-
roit qu'aux dépens de la leur, ils préféreront leur conservation
propreà la conservation de tout ce qui n'eft pas
eux. Il fait
encore que ne pouvant pénétrer dans l'intérieur des familles
pour s'inftruire de ce qui s'y paffe il lui feroit impoffiblede
diftinguer un infanticide d'avec celui à qui une mort naturelle
SURDIVERS OBJETS.
S S ij
aurait enlevé fon enfant. Jl lait enfin que la crainte du châti-
ment eft.un frein bien foiblè pour arrêter le crime quand on
a mille moyens pour le cacher ainfi., au lieu de porter contre
les infanticides une loi rigoureufe mais qui eût eté fans effet
il a mis des obstacles à ce crime il a pris des mefures pour
l'empêcher & les moyens qu'il emploie, font, humainement
parlant, les plus efficaces de tous ceux qu'il pouvoit em-
ployer.
Pour fouftraire à la mort ces innocentes viftimes que l'ex-
trême indigence de leurs parens y dévoueroit, il a favorifé
leur expofition, il l'a facilitée autant qu'il l'a pu, en la dépouil-
lant de tout ce qu'elle pouvoit avoir d'ignominieux aux yeux
du public, en lui fourniflant gratuitement l'abondance des
fecours, en la mettant à l'abri de toute perquifition fous la
fauve-garde même du Magiftrat.
Chaque jour, avant l'aurore, cinq tombereaux, traînés cha-
cun p?:r un bœuf, parcourentles cinq quartiers qui partagent
la ville, c'elt -à-dire les quartiers du nord du midi, de l'eft
de l'oueft & celui du milieu car c'eft ainfi qu'on la divife.
On connoît à certains fignaux quand ces tombereaux paflent,
& ceux qui ont des enfans vïvans ou morts.à leur livrer les
leur livrent pour être portés dans le Yu-yng-tang c'eft-à-
dire, dans cette maifon de charité dans laquellefont des
Médecins, des Matrones & des Nourrices que le Souverain
entretient aux dépens de l'Etat où il y a des Mandarins pour
veiller à la décence & au bon ordre, & où tous ceux qui la
compofent font immédiatement fournis à celui des grands Tri-
bunaux, que l'on appelle ici le Ly-pou & que nous pouvons
appeller en françois le Tribunal qui a infpectwn fur les rit s
les mœurs & les ufages de la nation. Les enfans qui vivent
encore font mis entre les mains des nourrices ôr les morts
font dépofés dans une efpece de crypte, où cales couvre d'un
OBSERVATIONS ET NOTES
peude chaux-vive pour en coniumer promptement les
chairs.
Une fois chaque année, lorfque commence le tjîé-ki, appellé
tfing-ming c'eft-à-dire dans cette faifonque nous appelions
le printems des Corhmiffaires députés par le Ly pou & du
nombre des Mandarins qui compofent ce Tribunal, fe rendent
en cérémonie au Yu-yng-tang, & y président à la conftruftion
d'un bûcher dans lequel on jette tous les reftes de ces petits
corps, pour y être entiérement confumés & réduits en cendres.
Pendant tout le temsque
le bûcher cft en feu, une troupe
de Bonzes l'environne & fait des prieres qu'elleadreffe aux
efprits de la terre, & à ceux qui préfident aux générations,,
pour leur demander d'être plus favorables qu'ils ne l'ont été
ci-devant à ces petits êtres lorsqu'ils reparoîtront fous une
nouvelle forme.
Après que.les prieres font finies, & que le bûcher entière-
ment confumé ne laifTe plus voir que des cendres les Manda-
rins-commiflaires font retirer tout le monde & fe retirent
eux-mêmes pour revenir le lendemain préfider à la cérémonie
du relèvement de ces cendres. Cette cérémonie fe fait avec
le même appareil que celle du jour précédent. On recueille
avec foin les cendres déjà refroidies on les met dans un fac }
& on vales répandre dans la riviere, ou dans le ruiffeau voifin.
Les Bonzes font encore des prieres par lefquellesils deman-
dent aux efprits des eaux, & à ceux qui préfident aux géné-
rations, de faire enforte que ces cendres promptementdif-
foutes, s'exhalent en vapeurs, & ne foient pas long-temsfans
concourir à larégénération de
quelquesautres êtres fembla-
bles à ceux dont elles font les reftes mais qui foient affez heu-
reuxpour pouvoir jouir d'une plus longue vie.
Je me fuis exactement informé, auprèsd'une perfonne
inftruite ? de la raifon pour laquelle on n'enîerroit pas. ces cen-
SUR DIVERS OBJETS.
dres, plutôt que de les répandre dans la riviere. Voici ce qui
m'a eté répondu On fait accroire au peuple que les cendres
jettées dans la riviere étant plus promprement diiïoutes
qu'elles ne le feroient dans la terre, font plutôt en état de
devenir cequ'elles etoient en s'exhalant avi.c les vapeurs de
l'eau; mais la vraie raifon eft qu'avant l'etabluTement de cette
cérémonie legouvernement avoit découvert qu'on abufoit
de ces cendres, en les faifant fervir à des opérations -magiques,
ou à des procédés de chymie pour perfectionner par le
moyen du feu les fubftances qui entrent dans la compofition
de certains corps mixtes. On prétend fur-tout que ces cendres
amalgamées avec la matière dont on fait la porcelaine la
rendoient plus folide plus tranfparente &beaucoup plus belle
en tout point qu'ellene l'eût eté fans cela. Si cet effet eu. réel,
il ne feroitpas impoffible de l'obtenir par les cendres des os
des jeunes animaux.
Une fois dans le cours de chaque lunaifon les mêmesdépu-
tés du Ly-pou vont faire une vifite en regle. Ils s'informent du
nombre des enfans fubftituent de nouvelles nourrices à celles
dont le lait commence à tarir & à celles qui ont rempli le
terme de leur engagement, lequel ne s'etend jamais au-delà
de trois années enfin ils voient par eux-mêmes fi tout eft. dans
l'ordre, & corrigent les abus s'il s'en eft gliffé quelques-uns.
Cet hôpital eft acceffible en tout tems à quiconque man-
quant de fucceffeur de fa propre progéniture,veut s'en don-
ner un qui puiffe le remplacer dans tous les droits en le
choiiîffant d'une condition quilui en afTure la pofleffion exclu-
five, & d'un âge qui lui donne lieu d'efpérerde fa part une
nffeâion telle qu'il auroit droit de l'attendre de celui à qui il
auroit donné le jour. La païîion extrême qu'ont les Chinois
de laiffer quelqu'un après eux qui puiffe les pleurer après leur
mort &rendre à leurs tablettes tous les honneurs que la piété
OBSERVATIONS ET NOTES
filiale prodigue ici à la repréfentation des Ancêtres cette
paffion dis-je, fait qu'il ne fe trouve prcfque perfonne qui ne
fafle coniîiler une partie de fon bonheur à avoir des enfans.
Ceux à qui la nature en refuie ou qui par le concours de
certaines circonstances ne fauroient en avoir de leur propre
fang, ont recours à un fang etranger, & fuppléent par l'adop-
tion à tout ce qui peut leur manquer d'ailleurs. Les Eunuques
même font en cela plus Chinois que les autres Chinois & le
premier ufage qu'ils font de leur argent quand ils en ont
acquis quelque peu, eft en faveur de quelque fils adoptif,
qu'ils choifiiïent dans leurs familles, ou chez quelqu'un de leur
connouTance.
Eft-il vraifemblable & peut-on croire que dans un pays où
il y a tant de débouchés pour les enfans, fi je puis employer
ici cette expreffion triviale, on en foit embarraffé jufqu'au
point de ne pouvoir s'en défaire qu'en leur ôtant la vie auiïi-
tôt qu'ils commencent à en jouir Eft-il à préfumer que ces
malheureux qui fe trouvent furchargés du fuperflu de leur race,
aiment mieux le jetter à la voirie pour être foulé aux pieds des
chevaux & des mulets mangé enfuite par les cochons ou dévoré
par les chiens que de le remettre entre les mains de celui qui
conduit le tombereau dont l'unique deftination eft de le rece-
voir ou d'attendre le moment où ce tombereau paffe, pour
poferdoucement à terre à la vue de celui qui le conduit, le
trifte fardeau dont il veut fe foulager ? Non ce feroit faire le
mal pour le mal & l'homme quelque méchant qu'on le fup-
pofe, n'en eft pas capable. La précaution que prennent de
l'aveu même de l'Auteur des Recherches ceux qui demeurent
iùr les eaux, d'attacher, fur le corps des enfans qu'ils aban-
donnent, des calebaffes qui puiffent empêcher qu'ils ne périf-
ient fi-tôt en empêchant qu'ils ne foient fubmergés eft une
preuve qu'ilsne veulent pas leur perte, ou qu'ils n'y confentent
SUR DIVERS OBJETS.
qu'à regret. Ils le flattent dans le fond du cœur qu'il fe trou-
veraquelques ames compatiffantes, qui voyant flotter fur les
eaux ces tendres enfans, les en retireront pour les faire nourrir
ils efperent que quelques Mahométans charitables, voudront
donner des preuves de leur zele pour la loi ci leurProphète
en leur fauvant la vie pour en faire enfuite des diiciples de
l'Alcoran ils efperent encore qu'il arrivera peut-être que
quelques meres, auxquelles la mort viendra d'enlever un fils
ou uu-e fille qu'elles aimoient tendrement, voudrontréparer
en quelque forte leur perte en remplaçant les morts par les
vivans; & il arrive fouvent qu'ils ne fe trompent point dans
leur efpérance.
La conféquence qu'on doit tirer naturellement de ce que jeviens de dire efl qu'on a très-grand tort d'accufer les Chi-
nois, en général,d'un crime
qui n'eft commis que par ce qu'il
y a de plus vil & de plus méprifable parmi eux, & par un
très-petitnombre de ces hommes méprifables & vils nombre
qu'on a prisà tâche de groffir pour avoir un prétexte plaufi-
ble de décrier toute la nation. Il fuit encore que c'efl: tout au
moins abufer du terme, que d'appeller infanticides le petit
nombre de ces Chinois vils & méprifables qui expofent leurs
enfans.
On m'arrête ici pour me faire remarquer que ce n'eftque
par les Millionnaires qu'on a iu en Europe qu'il y avoit des
Chinois qui expofoient leurs enfans que le nombre de ces
enfans ainiî expofés etoit très-grand que de tout ce grand
nombre, il y en avoit les trois quarts qui etoient morts avant
qu'onne pût
les recueillir, & que du dernierquart restant,
les. trois quarts encore pérhToient immanquablement avant
qu'ilsne fuffent arrivés au lieu de leur deilination. Voilà en
fubftance tout ce qui a été dit fur l'expoiîtion des enfans.
Il eft vrai que c'efl: ainli que quelques Millionnaires l'ont
OBSERVATIONS ET NOTES
cru, & qu'ils l'ont annoncé à. leurs correfpondans d'Europe;
mais ces Miffionnaires fe fonttrompés, & ont pris les
appa-
rences pour la réalité les exagérations & les faux expofés
pour la vérité toute pure. On va en convenir dans le mo-
ment.
Parmi les différentes peines auxquelles nous fommes fujets
ici une des plus difficiles à fupporter eft celle de nous voir
traiter en gens au-defîus du commun & d'être forcés par-là
à nous conduire à l'extérieur comme le font ceux de la clalTe
dans laquelle on nous range. Parlons plus firnplement nous
avons tous les défagrémens du décorum & toute la gêne d'une
certaine bienféance d'etat, fans en avoir les avantages. Nous
ne pouvons rien faire par nous-mêmes & nous fommes obli-
gés, pour tout ce que nous faifons d'avoir recours à ceux du
pays. D'ailleurs les Chinois ont fi bien fixé leurs coutumes, ont
fi bien arrangé leurs affaires ont fi bien difpofé de tout, qu'il
ne nous eft pas poffible pour ainfi dire, de faire un pas fans
eux que nous ne pouvons nous iniliruire de ce qui fe paffe
au-dehors, que par leur canal. Ceux qui nous prêtent leur
miniflere & qui font à nos gages font gens de l'étage le plus
bas gens par conféquent dont les vues font toujours intéref-
fées, & dont les fentimens font conformes pour l'ordinaire y
à la baflefle de leur état. Heureux les Millionnaires qui font
allez éclairés pour bien choifir, & aflez avifés pour ne donner
leur confiance qu'à qui la mérite J'ofe dire que ce n'eft pas
le plus grand nombre quoique chacun fe flatte d'avoir fu
faire un bon choix, & d'être en ce point des mieux partagés.
Car ceux d'entre les Millionnaires qui ont été les premiers à
étendre leur zele jufqu'à vouloir procurer la grace du Baptême
aux petits enfans fans aveu, fous le prétexte affurément très-
plaufible que de dix il en mouroit au moins huit n'ont pu
faire cette bonne ceuvre par eux-mêmes ils fe font déchargés
de
SUR DIVERS OBJETS.
Tome FI. Tt r.
,de ce foin fur des catéchiftcs, & ceux-ci fur des infideles J
pour nepas-s'expofer à quelque fâcheuse affaire s'ils etoient
foupçonnés. Ces catéchiftes & ces infideles etoient conftam-
mentrécompenfés par quelquefomme
d'argrnt, en proportion
des peines qu'ils s'croient données, & du lombre plus ou
moinsgrand des petits baptifés tout le refte eft facile à com-
prendre. Les bons Millionnaires loin de Soupçonner la moin-
dre fraude s'applaudiffoient intérieurement & fe réjouifloient
en Dieu d'avoir contribué à ouvrir la porte du Ciel à quelques
milliers d'enfans. Ils faifoient part du fuccès de leur zele à leurs
amis d'Europe & ces amis charmés à leur tour de pouvoir
contribuer à l'édification du public fe faifoient une efpecede
devoir de faireconfigner ces fortes de relations dans le recueil
des Lettres edifiantes pour en infiruire plus généralementceux
qui s'intéreffent à cette bonne oeuvre & qui y contribuoient
par leurs libéralités. Les Editeurs de ces Lettres ne faifant point
la fonction decritiques mais fimplement celle de compila-
teurs, & comptant d'ailleurs fur la bonne-foi de ceux qui
ecrivoient, n'ont pas cru qu'il fût néceffaire de vérifier feru-
puleufement ce qu'on leur ecrivoit airm* ce nombre prodigieux
de petits enfans baptifés a paffé pour confiant & l'on en a
conclu qu'ils etoient tous ou prefque tous des enfans de
rebut.
Cette conclufion qui paroît toute naturelle n'a pas peu
contribué à enraciner parmi nous la fauffe préventionoù Ton
etoit déjà fur le compte des Chinois & a donné lieu à l'Au-
teur des Recherches, de lesregarder
en généralcomme cou-
pables d'infanticide. J'ajoute quelques eclaircifiernens qui vont
mettre la vérité dans tout fon jour.Les Jéfiutes qui par le miniftere des Chinois, auxquels
ils fe fiolent, ontcompté les enfans trouvés ont mis far une
même ligne tous les encans qu'on, leur a dit avoir été ondoyé*
OBSERVATIONS ET NOTES
parles Médecins chrétiens par les catechiites & par les
infidèles qu'ils foudoyoient pour cette bonne oeuvre. Ils ont
cru, faute d'être inftruits de certains ufages que tous ces
enfans qu'on livre chaque jour auxcinq corbeaux qui parcou-
rent les cinq quartiersde la ville, etoient des enfans inhumai-
nement cbanJor./n'spar
ceux dont ils avoientreçu
l'être. Or il
eft très-certain que de tous ces enfans il n'y en a pas un cen-
rieme qu'on doive mettre, au nombre de ce que nous appelions
en fins trouvés. Les uns font des enfans qui malades dans les
maifons de ceux qui leur ont donné la vie y (ontfoignés
avec la plus grande attention mais que la mort cil iur le point
d'enlever de ce monde ou parle fléau de la petite vérole
ou parcelui des convuHions- auxquelles
ils font ici rrès-fujets,
8c quien font périr un grand
nombre. Les Médecins chrétiens
& les catéchiftes qui les voient dans cet état s'acquittent
envers eux de l'obligation qu'on leur a impofée en leur fai-
fant des libéralités, & les baptifcnt comme ils peuvent fans
qu'on puiffe foupçonnerce
qu'ilsfont.
Les autres font pour la plupartdes 'entans déjà morts
quoique leurs parens aient fait tout ce qui dépendoit d'eux
pour leur conferver la vie mais ces parens font gens pauvres
ou gens qui gagnentleur vie par le travail de leurs mains il leur
en coûteroit d'acheter quelques planches pour faire une petite
bière ils perdroient le gaind'une journée s'il leur falloit for-
tir de la ville creufer une folle pour y enterrer celui qu'ils
viennent de perdre & inviter au moins une ou deux perfon-nes pour
tenir lieu de convoi funèbre. Il leur en coûte moins
de le livrer au corbeau pour être porté dans le Crypte de Yu-
ynç-tiuis; i c'eft le parti que prennent les pauvres & laplupart:
des ouvriers, quand il leur meurt des enfans après les premiers
mois qui les ont vus naître.i
"Ignorant cette coutume les Jéfuites qui ont compté les
SUR DIVERS OBJETS.
Tt ij
eufans trouves ou ceux quileur en ont donne la lifte ont cru.
que les enfans qu'on portoit au Yu-yng-iang etoient tous de
ce nombre, & ont ecrit leurs relations en conformité de leur^
croyayee ce qui eft bien éloigné du vrai. Je conclus de tout
ce que je viens de dire que lori qu'on fe dépouille de tout
préjugé $c que l'on veut bien faire attention à tout, ons'apper-
çoit (ans peine qu'il n'y a pas dans l'Empire de la Chine plus
d'enfans réellement abandonnés qu'il n'y en a, proportion
gardée dans les autres Empires du monde. Je dirois quelque
chofe de plus fi j'ofois dire tout ce que je pente mais en
voilà aflez iur un fuje.t que j'aurois peut-être bien fait de pal-
fer fous filence.
Gouvernement des Chinois.
J'en viens au gouvernement des Chinois quel'Auteur des
Recherches appelle un gouvernement de châtrés & de voleurs,
parce que fous quelques Princes foibles les Eunuques ont été
dans les charges, ont gouverné l'Empire & l'ontpillé parce
que dans ces tems de troubles & de confuiion où le trône
chancelant, fous des Souverains incapables de l'occuper, alloit
être envahi par quelqu'autre race dc redoutables bandes de
brigands & de voleurs pilloient des provinces.Une pareille
induction n'cil pas digne d'un Philofophe & d'un Philofophe
quidit avoir fait des Recherches. Il faut que
fes Recherches
aient été bieniuperficielles pour n'avoir pas trouvé que le
gouvernement chinois eft de tous les gouvernemens celui
qui dérive le plus immédiatement des loix de la nature. Le
peuple dela
Chine efl une famille immenfe dont £ Empereur ejî l
le père. Une (impie analyfedes loix fondamentales Iur lei-
quelles s'appuie ce fage gouvernement va mettre cette vérité
dans tout ion jour.Le Souverain dit Confucius dans fes leçons fur la Grande
OBSERVATIONS ET NOTES
fcience, doit gouverner fes Etats comme il gouverne fa propre
r famille ( voyez l'article 9 du Ta-hio ) & il doit regarder fes
*' fujets comme fes enfans.Ce fut-là la feule infiruclion que le
grand Ou-ouangdonna au fage Tcheou-Koung fomfrere
lorfiit'il l'envoya fe mettre en poffeffion dit Royaume de Lou,
qu'il lui donnoit en apanage. Aime^ votre peuple comme une
tendre mère aime jon petit enfant lui dit-il & vous gouver-
nerer~?6yï Le POM-)/f/7Z?772<?7!fde T-'O~'e y~77ZZ~ doit être le
modèle du gouvernementde vos Etats, &C. Le Souverain
dit encore Confucius ( Ta-hio article dixième) ne doit jamaisdonner à lès fujets des ordres dont l'exécution lui jerou défa-
grêable à lui-même ficeux qui auroient droit de lui commander
l 'exigeaient de lui, &C. Il ne faut que remplir le devoir d'un
bon fds pour accomplir ceux d'un bon Jujct. Les uns & les
autres nous font impofés parla nature pour les
mêmes fins &c.
Le Souverain doit aimer & inflndre les Jujets doivent refpecier
& obéir. Le Souverain efi réputé fils du Ciel.; les fujets font
réputés fils duSouverain. Si le
premier je comporte enpere
tendre, & les féconds en fils refpeaueux & ohéiffans tout fera
bien réglé dans l'EmpireSec. &c
Telles font les maximes de gouvernement, répandues dans
tous les livres des Chinois qui traitent de la politique ou de
la morale. C'eft de ces maximes & uniquement de ces maxi-
mes, que dérivent les devoirs qu'ils ont impofés à leurs Sou-
verains, & les moyens qu'ils lui fuggerent pour en obtenir
l'accomplirTement.
L'Empereur, difent-ils en tant que Fils dit Ciet, doit faire
tous fes efforts pourimiter le Ciel; il doit être bon jufte
défintérefle plein de droiture, & être lui-même un modèle fur
lequel fes fujets puiffent fe former. C'eftpourquoi
il a des
regles à fuivre des vertus àpratiquer, des vices à éviter,
( "Voyez, le tome quatrième pag. 77 ).
SUR DIVERS OBJETS.
Le gouvernement Chinois nefl point defpotique.
Le Ckou-king quieft la bafe du gouvernement chinois
leCfwu-king
dit M. de Guignes ( pag. 4 de la Préface ) ren-
ferme une morale anjlereil
prefcnt par-toiula vertu F atta-
chement le plus inviolable au Souverain comme à une perjonm
facrée 7 mife fur le Trône par le Ciel, dont il tient la place fur
la terre unprofond refpecl pour le culte la plus par-
faite foumijfwn aux loix, une entière obéijfance auxMagiflrats.
Il contient de plus les devoirs de ces Magiflrats & de tous les
Officiersà
F égard des peuples regardés comme lesenfans du
Souverain & les obligations du Souverain lui-même auqucl
on accorde à peine quelques délaffemens. Un Trône dit le
Chou-king efl le fîegc des embarras & des difficultés.q
C'eflen
confédérationde ces loix contenues dans cet ouvrage i
queles Chinois etoient anciennement les arbitres des différends
qui arnvoientchez
leursvoifins & qu'en général
ils ont eté
admirés de toutes les nations qui les ont connus &C.
Je fais dit l'Empereur Kien-long ( dans fa Préface de
l'Eloge de Moukden, pag. xxviij ); je fais qu'une attention
continuelle fur moi-même qu'un refpecl confiant pour le Ciel
qu'une unionintime avec mes frères qu'un amour fans bornes
pour les peuples qui me font fournis fort les feuls moyens par
où je puis rendre mon cœur femblableaux cœurs de mes Ancê-
tres à ceux du Ciel & de la terre & que ce ne peut être
qu'autant que mon cœur feratel que' je gouvernerai ban via
famille & l'Empire & que je procurerai ~f~~yf~ joie
l'abondance & tous les avantages que je voudrais avoir pour
moi-même &c. Eft-ce-ià le langage d'un Defpote? ou plutôt
n'eft-ce pas ainfî que s'exprimèrent un père tendre, en pariant
des moyens cui lui paroitTcienij. l' ac;
desmoyens oui
luiparoitroient propres
à bien conduire acs
enfans chéris ? Des deux cens trente-huit Empereurs qui ont
OBSERVATIONS ET NOTES
gouverne la Chine depuis Fou-hi il n'en eft qu'un petit nom-
bre qui n'ait pas fait confiller la première partie de fa gloire
à être réputé Fils du Ciel & la feconde à être regardé comme
le Père de la patrie & du peuple &c. &c. &c.
A la Chine dit l'Auteur des Recherches philofophiques
le dejpotifme a renverfé le Sacerdoce & l'a comme foulé aux
pieds. Comment a-t-il pu arriver que le defpotifme qui n'a
jamais été le gouvernement de la Chine, ait pu renverlër &
fouler aux pieds un facerdoce qui n'a jamais exifté que dans la
perfonne du Souverain ? Il faut avouer que cet Auteur n'efi:
pas heureux en Recherches. Si quelque Ecrivain inconsidéré a.
avancé quelque absurdité, à l'occafion du gouvernement chi-
nois, c'eft juftement à quoi il s'attache. Si un Savant très-
inftruit d'ailleurs de ce qui concerne la Chine laifle échapper
quelque erreur, fans y faire attention il nemanque pas de
la recueillir pour la faire fervir de bafe à une foule de raifon-
nemens, qui ne font rien moins que dignes d'un Philolbphe.
Si j'avois à le faire revenir de fes préjugés fur le gouverne-
ment & le Sacerdoce des Chinois je lui dirois dans un Etat
defpotique tout plie fous la volonté du Souverain, & le Sou-
yerain ne donne pour loi fuprême que fa volonté. A la Chine
au contraire tout plie fous la loi & la volonté du Souverain
n'efi cenfée avoir un effet légitime qu'autant qu'elle eit con-
forme à la loi. Un Defpote n'a qu'à dire je le veux & tout
fe fait. Qu'un Empereur de la Chine dife de même je le veux
h ce qu'il veut n'eft pas jufte ou n'eft pas conforme à la loi,
ou eft contraire à queiqu'ufage reçu, rien ne fe fait, à moins
que la violence ne s'en mêle & dans ce cas on le regarde
comme un tyran. Les Cenfeurs les grands Tribunaux les
Mandarins & tous ceuxqui
ont droit de repréfentation lui
expofent dans des requêtes, en faveur des ufages, de la juftice
ou de la loi toutes les raifons qu'ils croient devoir faire impref-
SUR DIVERS OBJETS.
il on fur lui pour l'engagerà rétracter fon/'s le veux; & s'il ne
fe rend pas d'abord on revient à lacharge autant de fois
qu'ileft nécefTaire pour obtenir ce
qu'onfouhaite de lui, jufqu'à
ce qu'il leur impofe un filence abfolu ce qui arrive allez
rarement.
Pour ce qui efï du Sacerdoce il eft confiant qu'il n'a jamaiseté féparé de l'autorité fuprême. Le Souverain eft cxclufîve-
ment à tous autres le Grand-Prêtre de la nation il a feul le
droit de facrifier publiquement au Ciel & perfonne depuis
Fou-hi jufqu'à l'Empereur Kitn-long n'a jamais effayé de lui
enlever cette prérogative qu'il n'ait auparavant tenté de lui
enlever l'Empire. Les Chinois ont toujours eté fi intimement
convaincus qu'ils n'ont d'autre Grand-Prêtre que leur Souve-
rain, qu'ils ne comprennent pas même que la chofe puiffe être
autrement. Ils fe regardent tous vis-à-vis de leur Empereur
comme des enfans non encore émancipés fe regardent vis-
à-vis de leur pere. L'Empereur en: le pere commun qui pref-
crit à fes fujets, quiiont fes enfans, ce qu'ils doivent faire, ¡
qui les gouverne & pourvoit à tous leurs befoins. Les fujets
à leur tour, fâchant que l'Empereur eft leur pere fe repofent
fur lui de tout. Si l'on a befoin des bienfaits du Ciel & des
dons de la terre c'eft l'Empereur feul qui les demande folenv
nellement par des facrifices propitiatoires. En un mot rien
de plus fîmple que les principes du gouvernement & de la
religion des Chinois. Ce qu'un pere doit à fes enfans, & ce
quedes enfans doivent à leur père voilà fur quoi eft
appuyé
tout le gouvernement le culte du Ciel des Elprits & des
Ancêtres voilà en quoiconfiite toute la religion d'une nation
la plus invariable dans les maximes qu'elle a une fois adoptées }
& la plus confiante qui foit dans l'univers.
Aprèsavoir cherché allez
long-temsce
qui pouvoitavoir
induit en erreur l'Auteur des Recherches phiioibphiques furie
OBSERVATIONS ET NOTES
Sacerdoce des Chinois j'ai trouvé enfin que ce ne pouvoit
être qu'une remarque fautive que M. de Guignes a inférée
dans le Ckou-king-. Cette remarque eft la quatrieme de celles
qui font à la page 179 chapitre Kïn-ting. CejlTcheou-
koung qui parle dans cette prière dit M. de Guignes, quele
Che ou le Grand-Prêtre récite. M. de Guignes fe trompe ( 1 )
le Che ou le Tai-che n'a jamais eté Grand-Prêtre; c'etoit THif-
toriographe, le maître des cérémonies dans certaines occa-
fions, & l'un des Grands de la Cour du Prince.
Ordre de la fuccejjîon àl'Empire chéries Chinois.
Je paffe brufquement à un autre article de peur de l'oublier 1
c'eft celui où l'Auteur prétend que les Chinois n'ont jamais pu
régler l'ordre de la fucceffion parmi les defcendans de l'Em-
pereur.Il fe
trompe & s'il avoit laplus légere teinture de
l'hiftoire & des loix du pays il fauroit que de tous les Empires
du monde, la Chine efl celui où la fucceffion a été de tout
tems la mieux réglée, pour l'avantage réel de l'Etat dupeu-
ple, & de la famille régnante.
L'ordre de cette fucceffion eft tel; i°. le fils fuccede au
perez°. ce doit être le fils dont la mere a été reconnue pour
premiere & légitime epoufe & a eu le titre d'Impératrice 9
30. de tous les fils nés de cette premiere & légitime epoufe
l'aîné a de droit la préférence fur les autres droit que la
naiffance lui donne comme une fuite néceiiaire de celuiqu'il
a de faire les cérémonies dans la falle des Ancêtres exclusive-
ment à fes freres & l'on nepeut
ledépouiller de l'un qu'on
ne le dépouilleen même tems de l'autre 40. au défaut des
fils nés de l'Impératrice les autres fuccedent par préféance
d'âge 5 50. comme les Chinois ont fait tous leurs etabliffemens
( 1 ) La même erreur eft encore dans la page 77,
politiques
SUR DIVERS OBJETS.
Tome VI. V v
politiques avecbeaucoup
de maturité & defageffe
ils ont
prévu que fi la fucceffion au Trône etoit irrévocablement
dévolue à l'un des fils du Prince de manière que ce fils futaffuré qu'on ne fauroit le destituer, quoiqu'il pût faire il en
réfulteroit des inconvéniens auxquels il feroit impofiîble de
parer fans mettre le trouble dans la famille impériale, & le
détordre dans l'Etat; ce fils que la nature a fait naître avant
fes freres, peut être un homme cruel, vicieux, imbécille ou
fans talent pour gouverner. Dans ce cas & dans plusieurs
autres que les circonftances peuvent faire naître ils ont voulu
que le perc pût priverde l'on droit celui qui en abuferoit
pour le transférer k celui de fes autres enfans qu'il jugeroit en
être plus digne. Mais comme ils ont prévu auffi que le père
tout Fils du Ciel qu'il eft, pouvoit être fujet à quelque aver-
fion injufte à quelque aveugle prédilection ou à des préjugés
finiftres fans aucun fondement, ils ont exigé qu'il nommeroit
fon fucceffeur de fon vivant même que ce fucceffeur feroit:
propofé aux Tribunaux & aux Grands de fon Confeil, pro-
clamé enfuite folemnellement & reconnu de même dans tout
l'Empire. Par ce moyen la fucceffion eft affurée elle eft apu-
rée à l'un des fils du Prince régnant; elle eft .affurée à celui
des fils du Prince régnant qui eil le plus âgé ou le plus cligne
elle eft aflurée du confentement tacite ou formel de la nation,
qui nemanqueroit pas
de faire des repréfentations par la voix
des Cenfeurs des Tribunaux & des Grands, ii le choix du
Prince régnant rënfermoit quelque injuftice ou quelque chofe
de contraire aux loix.
Je conclus de ce que je viens de dire que l'Auteur des
Recherches a eu tort d'avancer fans preuves que les Chinois
n'ont pu régler L'ordre de la fuccejjlon parmi les dejeendans de
l'Empereur. J'ajoute qu'il a plus grand tort encore d'alTurer
que le Souverain ne veut y ( à la Chine ) Jouffrir aucun frein.
OBSERVATIONS ET NOTES
J'ofe affurer qu'il n'y a point de Souverain fur la terre qui
ait un frein plus rigoureux que l'Empereur de la Chine. J'en
prends à témoins le Clzou-king, tous les King l'hiftoire &
tous les monumens. Ce ne fut que pour rompre ce frein dont
les Lettrés menaçoient fans ceffe TJin-ché-hoang-ty que ce
Prince barbare fit brûler tous les livres qui en parloient. Que
quelquesautres Empereurs n'aient pas voulu de frein c'eft
une* vérité dont je ne doutepas parce qu'ayant fait une etude
particuliere& réfléchie de l'hiftoire de la Chine, j'ai appris
à connoître le bon & le mauvais qu'on y trouve mais ces
Empereurs qui fe font refufés à tout frein, ont été de mauvais
Empereurs indignes d'être décorés de Faugufte titre de Fils
du Ciel, & quela nation comptera toujours, avec un regret
amer parmi ceux qui l'ont gouvernée, fans les effacer cepen-
dant du nombre de fes Souverains.
L'Auteur des Recherches fe plaint qu'il n'y a aucune pro-
vince aucune ville de la Chine fur laquelle les Millionnaires
aient donné des connoiffances exactes, Il peut fe faire qu'il
n'ait pas lu avec affez d'attention les ecrits de ces Miffionnai-
res, dont il fe plaint. Le feul P. Martini qu'il décrie, l'on ne
voit pas trop pourquoi, toutes les fois qu'il en trouve l'occa-
fion, lui auroit donné les lumieres qu'il cherche, s'il fe fût
donné la peinede fe dépouiller de fes injuftes préjugés,
avant
que de lire fon Atlas & fes autres ouvrages. Mon intention
n'eft pas de juftifier le P. Martini fur tout mais j'ofe dire en
général, qu'à l'exception de fon livre intitulé de lello Tarta-
rïco qui eft plein de fautes fur-toutquand
ilparle
des Tar-
tares, parce qu'il n'en parloit que d'après ce qu'il entendoit
dire aux Chinois récemment fubjugués qu'à l'exception,
dis-je, de ce livre tous les autres qu'il a compofés, font mar-
qués au coin de l'exactitude & de la bonne-foi, quandil extrait
des livres chinois & au coin du difcernement de la vraie
SUR DIVERS OBJETS.
Vvij
fcience & de la bonne phyfîque quand il parle de certains
effets dont il entreprend d'expliquer la caufe. Je n'enrapporte
qu'un exemple, que je prends dans la page 175 du premier
volume des Recherches. Quant aux rivières de la province du
Pe-tché-ly dit l'Auteur, Martini prétend q.i elles contiennent
une quantité fi étonnante de n'ure que la glace s'y forme plutôt
& s'y fond plustard que ceia ne devroit être, eu égard à la lati-
tude de fon climat que M. Linnœusajfure être plus rigoureux
que celui de la Suede, où il a elevé des plantes que la gelée
tue aux environ de Pe-king &c.
Obfervatwns fur le climat du Pe-tché-ly.
La raifon du P. Martini, pour expliquer pourquoi dans les
rivieres du Pe-tché-ly la glace fe forme plutôt & fe fond
plus tard que cela devroit être, eu egard à lalatitude du pays
me paroît plus naturelle & plus conforme à la faine phyfique
quetoutes celles que
l'Auteur des Recherches aimaginées.
Par les différentes obfervations que j'ai faites à Pe-king je
me fuis convaincu que dans cette capitale & dans les envi-
rons, ju'qu'à fept ouhuit lieues à la ronde, l'eau, l'air, la
terre, tout abondoit en nitre; 1°. l'eau; j'en ai jugé par la
facilité avec laquelleelle fe congelé par la confiftance de
cette congélation & par fa durée. Unbaquet plein d'eau,
placé à côté du thermomètre à liqueur de Réaumur eft déjà.
gelé fur toute fa furface quele tiiermometre ne marque
encore qu'un degré au-deffus du terme de la glace & quand
le thermometre eft dcfcendu jufqu'à trois degrés au-deffous de
la congelation, l'eau fe trouve prife jufqu'au fond fi fa pro-
fondeur n'eft que de quatre à cinq pouces,fous une furface
dont le diametre eft à-peu-prèsd'un pied & demi. Cette eau >
ainfi congelée fe foutient par un tems ferein dans le même
etat, tant que le thermomètre ne monte pas plus haut que le
OBSERVATIONS ET NOTES
troiiîeme degréau-deifus du zero. Alors elle commence à fon-
dre, mais fi lentement que deux ou trois jours fuffifent à peine
pour lui ,rendre fa premiere fluidité. A cette expérience que
j'ai faite autrefois, & que je ne rapporte que de mémoire,
j'en ajoute une autre que j'ai faite cet été dernier avec tout le
foin dont je fuis capable, afin de donner fur cet article quel-
que chofe de plus pofitif & de moins équivoque. Il eft bon
d'obferver auparavant que cette année 1777 nous avons
eprouvédes chaleurs plus long-tems qu'à l'ordinaire. Pendant
le courant des mois de Juin & Juillet, le thermometre, à trois
heures après-midi,eft monté constamment depuis le vingt-
fixieme jufqu'au trente-deuxième & trente-troifieme degré au-
deffus du zero.
Le 23 Juillet il eft monté à 34 î degrés à 3 heures après-
midi il s' eft foutenu à cette hauteur jufqu'à 4 heures & demie.
Le 24 du même mois, il eft monté au trente-troifiemedegré
vers les 3 heures. Vers les 3 heures & demie le tems s'eft
obfcurci, & il s'eft élevé un vent fort, mêlé d'une pouffiere
epaiffe qui a duré une demi-heure. Pendant ce rems le ther-
momerre a commencé à defeendre. A 4 heures le vent a ceffé,
& il efl tombé de la pluie. J'ai examiné le thermomètre il
etoit à 33 degrés.
Le 25 & le 26 Juillet, le thermometre à 2.9 degrés. Le 28
à 3 degrés par un vent du nord.
Le 29 Juillet, j'ai mis dans un réfeau de fortes ficelles un
bloc de glace de figure irréguliere, & je l'aifufpendu à une
balance placée en plein air & expofée au vent & à tous les
rayonsdu foleil.
A 6 heures du matin le thermometreexpofé au nord, à 26
degrés & demi, j'ai pefé la glace & j'ai trouvé que fon poids
etoit de 50 livres.
SUR DIVERS OBJETS.
A 7 heures, le thermometre à ij~ degrés poids de la
glace 46 livres.
A 8 heures le thermometre à27^ degrés le poids de la
glace 40 livres.
A 9 heures, le thermomètre à 30 degrés, poids de la glace
3 livres.
A 10 heures le thermometre à 3 1 £ degrés, le poids de la
glace z5 livres.
Ii faut remarquer que le vent etoit nord, & plus fort qu'il
n'etoit ci-devant.
A 11heures, le thermometre à 32 degrés poids de la.
glace 19 livres.
A 1 heures, le thermometre à 33 degrés, poids de la
glace 1 5 livres.
A i heure le thermometre à 33^ degrés, poids de la gla-
ce 10 livres.
A 2 heures, le thermometre à 33^ degrés poids de la
glace 7 livres.
A 3 heures le thermometre à3 3 degrés, poids de la.
glace 5 livres.
A 4 heures le thermometre à 33 degrés poids de la glace
3 livres.
A heures le thermometre à 33 degrés poids de la
glace î + livres.
Il faut remarquer que depuis 4 heures & un quart laglace
s'eft trouvée à l'ombre.
A 6 heures le thermometre à 3 i{ degrés poids de la glace
ï livre, 4 onces.
A 7 heures je n'ai pas pefé à 8 heures il y en avoit encore.
A 9 heures il n'en reiloit plus qu'un morceau de la groffeur
d'une noix il a fallu par conféquent 15 heures de tems pour
que ce quartier de glace pefant o livres, & expofé au vent
OBSERVATIONS ET NOTES
& aux ardeurs d'un foleil brûlant ait pu fondreentiérement,
& encore cette glace etoit-elle déjà hors de la glaciere depuis
deux ou trois jours; car je la fis acheter aux environs de notre
maifon chez l'un de ceux qui font payés par l'Empereur,
pourdonner gratis
de l'eau fraîche à boire à ceux qui en
demandent. La glace fraîchement tirée de la glaciere fond
plus difficilement & on la tranfporte d'un endroit à l'autre
dans les plus fortes chaleurs de l'été, fur des brouettes ouver-
tes, avec auffi peu de précaution que fi l'on tranfportoit de
firnples hriques, ou des cailloux. Elle ne laifle d'autre trace
après elle le longdu chemin que quelques gouttes qu'elle
laifle tomber par intervalles. Je crois qu'on peut conclure t
luivant les principes de la bonne phyûque qu'elle n'eft fi
long-tems à fondre>que parce qu'elle eft chargée de particules
nitreufes qui la confervent dans fon etat de glace, plus long-
tems qu'elle n'y feroit fans cela. Une preuve que cette confé-
quenceeft bonne c'eft que les rivieres des environs de
Pe-king dont on la tire commencent à geler vers le milieu du
mois de Novembre & ne dégèlent que fur la fin de Mars.
Quelquetems qu'il
faffe dans -l'intervalle de ces deux extrê-
mes, on peutfans danger marcher hardiment fur les eaux.
Au refte toutes les eaux tant des puits que des rivieres
ont ici une qualité qui me paroît finguliere. Elles dépofent une
efpecede tartre dans les vafes où elles féjournent, & dans
ceux où on les fait bouillir. Les Chinois appellent cette efpece
de tartre du nom de kien; ce kien eft blanc quand il eft dépofé
par les eaux qui n'ont pas encore fubi l'action du feu il eft
jaunâtre quandil eft dépofé par les eaux cuites. Il n'a ni odeur,
ni faveur & n'efl propre à rien c'eft un vrai caput mortuum.
La premiereoccafion que j'eus de le connoître me fut pré-
fentée par le hafard. Je faifoisremplir tous les foirs d'eau fraî-
chement tirée du puits un petit vafe de porcelaine. Ce vafe
SUR DIVERS OBJETS.
avoit un couvercle que je fermois toujours exactement, pourempêcher que les infectes ou la poufliere ne vmflcnt à faiir
mon eau. Après quelques mois je m'apperçus que dans le fond
& tout autour il s'y etoit formé comme une croûte de
l'epaiffeur d'une feuille de papier. Cette crc Ite etoit u adhé-
rente, qu'il fallut la pointe du couteau pour la détacher. A
cette occafion, voulant faire une leçon de propreté à mon
domeftique, il me répondit que ce que je voyois n'avoit rien
de rebutant, que c'etoit-là le dépôt ordinaire des eaux du
pays, &que je ferois bien plus furpris fi je voyois comment
ce kientapiffoit tout l'intérieur des coquemars &• autres uften-
files de cuifine dans lefquels on fait cuire l'eau. Je m'en fis
apporter un fur le champ & je me convainquis par mes pro-
pres yeux que mon Chinois m'avoit dit vrai. Une croûte
jaunâtre d'environ quatre ou cinq lignes d'epaiffeur tapiffoit
tout l'intérieur de cet uftenfile de la même manière que le
tartre tapifle l'intérieur d'un vieux tonneau. J'en détachai un
morceau, que je portai au nez à la bouche, & que j'exami-nai dans tous les fens; je n'y trouvai rien qui pût me fervir à
le définir. Ne feroit-ce pasun fel dépravé ( infatuatum ) ou
un nitre mort qu'on pourroit revivifier par le moyen de l'air
ou du feu ? Je ne fuis point chymifte je m'exprime comme
je le peux, fur une matiere que je n'entends pas. On pourra
faire examiner ce kienpar gens experts j'en envoie fous le
nom de choui-kien ou kien d'eau.
Si les eaux de la province du Pe-tché-ly contiennent "'beau-
coup de nitre il n'efl pas moins vrai de dire, que l'air en eft
tout rempli ( t ). Voici quelques preuves de fait qui fuffiront
pour le démontrer i°. malgré les alimens peu fains tels que
la chair de la plupart des animaux domestiques morts de
( i ) Nota, Et c'eil fur-tout à cette féconde caufe qu'on doit rappor-ter la rigueur du froid & l'epaiffeur des glaces à Pe-king.
OBSERVATIONS ET NOTES
vieillefie de maladie &c. dont le peuple de cetteprovince
fait fes délices, malgréla mal-propreté & toutes les incom-
modités d'u.i logement bas, petit, où tous ceux d'une famille
font, pour ainfi dire les uns fur les autres il n'y a jamais de
pefte, & prefque point de ces maladies epidémiques, fi com-
munes dans notre Europe; z°. tout le conserve icipendant un
efpace de tems affez considérable fans être fujet à la cor-
ruption. Nous mangeons des raifïns frais jufqu'à la Pentecôte 9
des poires & des pommes jufqu'àla S. Jean les fangliers,
les
cerfs les daims, les chevreuils, les lapins & les lièvres les
faifans les canards les oies & tout le gibier qu'on apporte
de Tartarie ici dès le commencement de l'hiver les poif-
fons, tant gros que petits qu'on y apporte de même des riviè-
res de Lao-toungfe confervent fans le fecours du fel dans
leur état de congelation,des deux & trois mois de fuite, quoi-
que chaque jour on les expofe au marché & que chaque jouron les porte du marché dans les maifons particulieres, & des
maifons particulieres au marché, jufqu'au débit total, qui n'a
lieu ordinairement que vers la fin de Mars.
3°. îl n'efi nullement néceffaire d'aller eu Tartarie pour
trouver des terres nitreufes, il ne faut que s'éloigner dePe-king
ce deux ou trois lieues, n'importe par quel rumb de vent
pour en voir les champs couverts. Tous les matins, au lever
du foleil la campagne dans certains quartiers paroît auffi
blanche que fi une légere couche deneige commençoit à fon-
dre fur fa fuperficie. En ramaffant avec unfimple balai, tout
ce qui eft blanc on en tire beaucoup de kien un peu de nitre
& de fel. On prétend que le fel qu'on en tire peut tenir lieu
de fel ufuel. Il eft certain du moins, qu'à l'extrémité de la
province du côté de Siuen-ho a-fou les pauvres & la plu-
part despayfans n'en emploient pas d'autre. Pour ce qui eft
du kien. on s'en fort pour laver le linge comme nous nous
fervons
SUR DIVERS OBJETS.
fervons du favon. J'en envoie fous le nom de kien de terre
la feuleinfpeftion le fera mieux connoître que tout ce que je
pourrois en dire.
Quoique les terres foient chargées de parties nitreufes, elles
ne forment pas pour cela de vaftes deferts. On les cultive avec
foin & à force de travail on les rend fertiles. Elles gèlent en
hiver jufqu'à trois ou quatre piedsde
profondeur; & une fois
priies, elles nedégèlent que vers
la fin de Mars cequi fuffit
ce me femble pour expliquer pourquoi la gelée tue aux envi-
rons dePe-king des plantes que M. Lïnnœus a élevées dans
la Suéde qui eft plus feptentrionale de près de 20 degrés que
ne l'eil la capitale de l'Empire chinois. Je m'arrête ici, quoi-
qu'il y ait encore bien des erreurs & des faux énoncés à éclair-
cir dans le livre des Recherches philosophiques fur les Egyp-
tiens & les Chinois. Jen'y
ai trouvé de bonnesremarques que
celles qui me regardent perfonnellement; & l'Auteur a eu
ra:fon de dire qu'en écrivant fur la guerre j'ai ecrit fur des
matieres que je n'entendois pas. Il a eu raifon encore de mee
relever fur ce que j'ai dit, qu' la Chine chaque foldatfait lui-
même fa poudre tant celle qui fen à la charge que celle qui
fert aux amorces. Je me fuis mieux informé, &j j'ai appris qu'il
y avoit ici des poudrières où l'on fait la poudre aux frais du
Souverain &des magafins où on la conferve & d'où on la
tire pour la diftribuer à ceux des foldats qui font ufage des
armes à feu mais on m'a affuré en même tems qu'il n'en etoit
pas ainh avant l'arrivée des Tartares Mantchoux à la Chine
parce qu'il n'y avoit pas des corps de fufiliers ni d'artillerie
enregle. Je remarque à cette occafion & je vous prie de
vouloir bien remarquer avec moi que fi un homme qui fait &
parle la langue & qui a eu une attention extrême a ne rien
ecrire que d'après le témoignage des gens dupays, eft
expofé
à recevoir de tems en tems des informations peu exactes ou
Tome VI, X x
OBSERVATIONS ET NOTES1 01 t
même entièrement faillies, que doit-il arriver à desvoyageurs
qui font, pour tout ce qu'ils veulent favoir, à la merci d'un
Interprète fouvent très-ignorantdont ils ne font compris
qu'à demi, qu'ils ne comprennent eux-mêmes pour ainfi
dire qu'en devinant ? Pour ne pas m'cxpoler à parler trop
légèrement une feconde fois de ce qui concerne la poudreà
canon je réferve pourl'année prochaine ce que j'ai à en dire
d'après des mémoires tant manufcrits qu'imprimés que j'ai
acquis depuis peu, & qu'il me feroit très-difficile de pouvoir
débrouiller cette année faute de tems.
MORT ET FUNERAILLES
DE L'IMPÉRATRICE MERE.
J. out effc tranquille aujourd'hui ici & depuis bien des
années l'Empire n'avoit pas joui d'une plus profonde paix.
L'Empereur s'en etoit applaudiaux yeux de fes fujets, comme
d'un bonheur auquel il n'avoit pas lieu de s'attendre fï-tôt &
en commençant cette année 1 777 qui eft la quarante-deuxième
de fon glorieux règneil
efpéroit pouvoir la couler toute
entière au milieu des triomphes, & dans le fein de la joie. Le
contraire eft arrive. La mort lui ayant enlevé fucceffivement
fa mère l'aîné de fes fils, & le fage Chouhédé fon premier
Miniïîre il s'eft vu plongé dans une mer de douleur dont il
n'a pas cru devoir encore adoucir un tant-foit-peu l'amertume,
en goûtant quelques-uns des plaifirs les plus permis. Enfermé
dans fon Palais deYuen-ming-yuen où il ne s'occupe avec fes
Miniftres & ceux de fon Confèil, que de ce quiconcerne le
gouvernement; il prend à peine une heure de tems chaque
jour pour parcourir quelques allées de fon jardin, & pour
SUR D I V E P. S OBJETS.
Xx ii
vifiter les différons atteliers des artiftes qui travaillent pour lui.
La maniere rigoureufe dont il garde tout le cérémonial du
deuil aiguife déjà les burins dont fe fcrviront les Chinois
pour graver fon nom à côté des noms immortels des plus
grands Princes qui aient gouverné leur Ernj.ire depuis Yao
& Chun inclusivement. Vous verrez peut-êtire avec plaifiT une
courte relation de ce qui s'eft paffé ici à l'occasion de la mort
de l'Impératrice mere. Je ne rapporterai que ce qui me paroi-
tra mériter quelque attention de votre part.
Le treizième de la premiere lune de la quarante-deuxième
année de Kicn-long à [heure tcheou la. Tay-heou cfl retour-
née- au Ciel &c. dit l'annonce chinoife c'eft-à-dire le 2
Mars 1777 entre une & trois heures du matin, l'Impératrice
mere eft morte dans fou Palais de Tchang-tchun-yuen dans la
quatre-vingt-feptieme année de fon âge ( ce Palais de Tchanv-
tchun-yuen etoit le féjour ordinaire de cette Princeffe pen-
dant tout le tems que l'Empereur fon fils eteit àYuen-ming-
yuen, c'eft-à-dire plus des trois quarts de l'année ).
Auffi-tôt qu'elleeut expiré l'un des Grands de la préfence
partit pour faire ouvrir celle des portes de Pe-king par où
l'Empereur devoit entrer; & l'Empereur accompagné de fes
feuls Gardes, le fuivit de près, pour fe rendre dans fon Palais,
&y attendre le corps de fa mere, qu'on devoit y tranfporter
fans bruit & comme il l'Impératrice jouhTant encore de la
vie & de toute fa fanté eût fait d'elle-même ce voyage inco-
gnito pendantla nuit pour eviter le tracas du cérémonial.
Ce ne fut quevers les fix heures du matin que le corps arriva.
Ce même jour, les Mandarins qui préfident à la police
donnerent leurs ordres pour faire difparoître des portes qui
donnent fur la rue les enfeignes qu'on met aux boutiques, &
en généraltout ce
quietoit en dorure & en couleur, expofe n
la vue des paffans.
OBSERVATIONS ET NOTES
Le lendemain 3 Mars tous les Mandarins fans exception
prirent le grand deuil, c'elr-a-dire le revêtirent d'un habit
long, de (impietoile blanche, fur lequel ils mirent un (urtout
de latin noir huilèrent croître leurs cheveux:, oterent les fils
de ioierouge qui
couvrent la partie lupérieure du bonnet &
chauffèrent des bottes de toile. Pendant dix-iept jours entiers,
il ne leur tilt pas permis de le montrer autrement. Ils' durent
fur-tout s'abltenir de tous les divertirTemens, tels quela comé-
die, les concerts les promenades, les fellins entre amis &
autres femblables. Ils durent même s'abilenir de leurs femmes
cv pour ne pas manquer à ce point dîcnticl du cérémonial la
plupart paiîerent les nuits dans leurs Tribunaux reipcclifs
pour v prendre leur repos.
Outre ce deuil rigoureux qui ne regardoit que les Princes
les Grands & les Mandarins de tousles ordres, on en ordonna
unqui fut pour
tout le monde dans toute l'étendue de l'Em-
pire, Se dont le terme devoit être le centième jour après la
mort del'Impératrice.
Pendant tout cetefpace de tems il
n'etoit permis à peribnnede quelque état qualité oc condi-
tionqu'il fût de ie taire râler, de jouer des initrumens de
muiique deprendre &
de donner aucun repasde cérémonie
ou d'invitation d'appellerchez loi les comédiens les far-
ceurs, Cv autres de cette eipece. On publia auffi la défenfe
des noces iolemnelles mais cette détente n'eut lieu que pour
un mois, à compterdu jour non de la promulgation mais
de la mon de la Princeffe. En un mot tout le monde devoit
donner des marquesextérieures de douleur. Je puis dire a la
louangedes Chinois crue
tous cespoints
ont été obfervés avec
une décence dont j'ai étéfrappé. Mais ce que j'ai le plus admi-
ré eït que cette décence a eu lieu parmi ceux du plus bas
étage parmi la plus vile populace comme chez les Princes
& les Grands. Dans les rues les plus fréquentéesdans les
SUR DIVERS OBJET S.
marchés même les plus tumultueux de cette immenfe vilie (de
Pc-king) il n'y eut, pendanttout ce tems de deuil, ni que-
relles, ni altercations on n'y parlent, pour ainfi dire, qu'à
demi-voix. Il eft vrai que par une politique, dont la An ne
peut êtreapperçue que par ceux qui ont etu lié ik
qui coa-
noiflent le génie de la nation, le gouvernement avoit foin de
réchauffer de tems en tems le cœur du peuple par des affiches
qui lui preientoient fous différons points de vue toute l'aftli&ion
du Fils du Ciel.
La première qui parut fut celle par laquelle l'Empereur
annoncoit lui-même à fes fujets la mort de l'Impératrice fa
mère. On en verra peut-être volontiers le précis. Le voici
« La, vertueufe PrinceiTe dont la perre caufe aujourd'hui
« mes regrets, n'a eu que moi d'enfant. Depuis le moment de
» ma naiffance jufqu'à celui où elle a cédé de vivre j'ai
» toujours été l'objet de tes plus tendres complaifances. Dans
» mon enfance & dans ma jeunefic elle m'a prodigué tous fes
m foins tant pour me procurer le bien-être que pour tâcher
» de m'inculquer les fentimcns dignesde ma naiffance. Je n'ai
M rien oublié, de mon côté, pour lui donner des preuves de
.» mon tendre refpecl, & de la plus nncere reconnoiflanec.
-y Depuis quarante-deux ans que je fuis iur le Trône je n'ai
» pas manqué à un feul des égards qui lui etoient dus. Je m'en
»applaudiffois au fond du cœur & je regardois le conten-
» tement & la bonne fanté dont elle jovsiffoit, comme une
>> fuite des foins que je prenois pour lui procurer l'un & l'au-
» tre. Il n'y a pas encore bien des jours, qu'en la voyant mar-
» cher d'un pas ferme je difois en moi-même qu'elle pouffe-
» roit fa carrière jufqu'à la centieme année de fonâge &
»l'efpérancc que j'en conçus
inonda mon cœur de laplus
» pure joie. Mais hélas! j'oubliois alors cette belle fentence
« de Confucius Y-tfê y-kiu, dans quoi que cefou,Jîgurc:
OBSERVATIONS ET NOTES1 1 e..
» vous toi/jours quelque c~zofe ci craindre. Je n'avois d'autre
» penfée que celle de prier le Ciel qu'il daignât confcrver
» encore long-tems des jours û précieux, afin de pouvoir moi-
» même remplir long-tems encore les devoirs de la piété
» filiale.
»Après
toutes les cérémonies du nouvel an je la conduifis
» moi-même à fon Palais, près de Yuen-ming-yuen & après
lui avoir rendu mes reipeclrs, je l'invitai à le tranfporter, le
» neuf de la premiere lune au jardin deTckeou-tjîng-yen
où
» je me propofoisde lui donner un repas de famille, & de
» lui procurerle plaifir de voir tous fes defcendans réunis. Le
» jour déiigné étant arrivé je fis illuminer le jardin & j'allai» au-devant d'elle pour l'y conduire. Lorfqu'elle fut arrivée
» je la fis mettre à table & je me mis à la tête de mes fils
»petits-fils & arriere-petits-fils pour la fervir avec tout le
» refpecl: dont je fuis capable. Quel lpeclacle quelle fituation
» attendriflante un fils prêt à atteindre la foixante-dixieme
» année de fon âge, fervir une mèrequi approchoit de fa
» quatre-vingt-dixième cinq générations en ligne droite, réu-
» nies dans un même lieu pour s'y réjouir enfemble; l'hiftoire
>>n'offre rien de pareil. La joie dont ma fainte mère futpéné-
» trée avoit effacé toutes les rides de ton front & fembloit
lui avoir donné tout fon embonpoint. On l'eût prife pour
» une perfonne à la fleur de l'âge.
» Deux jours après, le onze de cette même lune, j'entrai» dans l'appartement du jeûne, pour me difpofer au grand
» facrifice que je devois offrir au Tji-kou-tan. Le quatorze,
» après avoir offert le facrifice je retournai à Yuen-ming-
»yuen,
& je me rendis chez ma mere pour la faluer. Elle
» etoit un peu indifpofée & par ordonnance des Médecins
» qui l'avoient vue il y avoit déjà une potion toute prête ),
que je lui fis prendre moi-même. Elle en fut foulagéc &il
SUR DIVERS OBJETS.
» parut d'abord qu'elle alloit être guérie. Cependant fon état
» etoit très-dangereux & elle le lavoir, bien puifqu'aprcs
» que je me fus retiré elle ordonna à fes gens de ne me rien
» dire de fa Jîtuationde peur de rn affliger.
» Dans cet intervalle de bien apparent j'ai" ai la vifîter deux
» fois & elle me parla toujours avec fa préfence d'efprit ordi-
» naire elle avoit feulement le ton de la voix un peu foible.
»Soyeç tranquille mon fils me dit-elle au moment
que je
» la quittai, fefpere que dans peu je ferai entièrement guérie.
» Je me flattois qu'il en feroit ainfi, & comme il etoit déjà
» tard je me retirai.
Le 22 fur le foir elle fe trouva -plus mal j je la trouvai
» fort abattue. Peu-à-peu les flegmes s'epaiffirent & laparole
» lui manqua. Le 23 à l'heure tcheou elle ne donna plus
» aucun figne de vie Quoi peu d'heures auparavant je» l'avois encore fervie, je m'etois entretenu avec elle, Se
» déformais je n'entendrai plus le fon de fa voix, je ne pourrai
» plus lui parler! Hélas l'excès de ma douleur eu au-deffus
» de toute expreflion».
Quelques jours après, on afficha le teftament del'Impéra-
trice mère. Il etoit dans les deux langues Mantchou & Chi-
noife & impriméen
groscarafteres fur dû
papier jaune.
J'en envoie unexemplaire
en voici la traduction.
«Kien-long quarante-deuxième année de la première lune
» le Z3 Teftament de la vertueufe bienfaiiante compatif-
» fante, &c &c. ( je ne traduis pas tous les titres ) Impéra-
» trice mere. C'eft ainfî qu'elles'eft exprimée.
»Quoique très-peu vertueufe le Ciel fuprême m'a comblé
de fes plus grands bienfaits & j'ai reçu de tous les bienheu-
« reux Ancêtres le plus précieuxdes dons, en mettant au
» monde un fils quietoit deiriné à leur luccéder.
L'Empereur
»"toujours plein de tendreffe & de refpeft pour moi, n'a rien
OBSERVATIONS ET NOTES
» oublié de ce qui etoit en lui pour me faire couler des jours» heureux. Il m'a fervi avec l'attention la plus refpe&ueufe il
» m'a procuré tous les fujets de joie qu'il a puil m'a donné
» en tout des preuves de fon bon cœur. Chaque jour, il n'a
» jamais manqué de venir le matin & le foir, ou pour me
» faluer ou pour me voir manger.
» Toutes les fois qu'il alloit vifiter quelque province, c'etoit
» toujours à côté de moi qu'il marchoit. Il ne quittoit pas ma
» chaife de vue, pour être toujours àportée de me ferviren
» cas de befoin. En voyant une telle conduite le peuple des
» endroits par où nous paflions, le combloit de mille louan-
» ges il adreffoit des prières au Ciel pour lui & lui témoi-
y gnoit fon amour par des cris de joie réitérés. C'eft ce que
» j'ai vu moi-même c'eft ce que j'ai entendu. C'eit-là vérita-
» hïement ce qu'on peut appeller la félicité des royaumes;
c'ei'Mà la vraie manière de gouverner les hommes.
» Toutes les fois encore qu'il alloit pour l'exercice de la chafle,
» il ne manquoit pas de me conduire auparavant à Géhol. Là
» dans le Palais quimet à F abri des chaleurs ( c'eft. le nom du
» Palais quien: à Géhol ) j'étois à couvert de toutes les
» incommodités de la faifon j'y jouilTois de tous les plaifirs
de la campagne, & j'y goûtois la plus délicieufe fraîcheur.
» Chaque année, pendant les réjouiffances du nouvel an,
» il fe rendoit à mon Palais de Tckang-tc/iun-yuen où il me
»procuroit
tous les jours quelque nouveau plaifir. C'etoit bien
» autre choie encore quand il célébroit le jour de ma naif-
» fance. Il n'eft rien dont il ne s'avisât pour m'épanouir le
» cœur. Il danfoit lui-même en ma préfence il me déclamoit
» des vers qu'il avoit faits, il me montroit des peintures aux-
»quelles perfonne n'avoit mis la main que lui & en décoroit
« lui-même mon appartement. Tant d'attentions me péné-
» troient jufqu'au fond de l'ame j'oubliois mon âge & mon
vieux
SUR DIVERS OBJETS.
» vieux corps reprenoit des forces, comme dans le tems de
» fes plus beaux jours (j'emploie autant qu'il m'eft pomble
» les propres expreffions ) pouvois-je ne pas goûter une fatis-
» faftion infinie, en faifant attention que a cher fils qui me
» fervoit ainfi & qui employoit tous les mo)ens de me com-
»plaire etoit ce grand Prince dont la puiffance aidée
» d'une prévoyance fans bornes & dirigée par la plus pro-
» fonde fageffe s'etoit montrée avec tant d'éclat & de majefté
» enfubjuguant ceux du
Tckongkar & les Hoei-tfee & tout
» récemment encore ceux de l'un & l'autre Kin-tchouen ?.
» Témoin des foinsqu'il
ie donnoit nuit & jour pourfaire
» réuffir cette dernière guerre, en en dirigeantlui-même toutes
» lesopérations, je l'ai vu, après cinq années de travaux &
de peines ainfi qu'il l'avoit lui-même prévu, comblé de
» gloire & de joie me fairehommage de fes heureux fuccès.
» Tous les fentimens dont ton grand cœur etoit alors pénétré,
»p afférent jufques dans le mien, & lui firent reffentir tout ce
» qu'on peut imaginer de plus délicieux.
» Je fuisparvenue à ce tems heureux, me difois-je en moi-
», même, où la paix va régner fans obftacle entre les quatre
» mers, & où le peuple tranquille & content., va vivre dans
» l'abondance de tout. Puiffe-je vivre encore longues années,
» pour jouir plus long-tems du bonheur quela bonté du Ciel
nous accorde Quoique je fois d'un âge fort avancé &
» que je touche à celui de la décrépitude je me fens encore
*> robufte & mes forces ne paroiffent pas avoir diminué je
»puis aller jufqu'à cent ans. C'eft ainfi que je le penfois;
c'eil:
» ainfi que l'Empereur,mon fils me le àifoit fouvent lorl-
» qu'en fe rendant chez moipour
me faluer, il me voyoitcet
» air tranquille & ferein figne non équivoquedu contente-
» ment dont j'etois toute remplie& que
fapréfence
rendoit
i> encore plus fenfible, en le faifant paffer fur mormfage épanoui.
OBSERVATIONS ET NOTES
?>Je n'avois aucune forte d'infirmité lorfque ces jours der-
» niers je me fentis tout-à-coup faifie de froid; ce mal, léger
en apparence, augmenta infenfiblement & eft devenu une
» véritable maladie. Il m'a fallu recourir aux remèdes,, & c'eft
»l'Empereur qui me les a
préfentés de fa propre main. Il n'a
»pas ceffé depuis ce moment de me fervir avec ]a plus grande
» attention.Chaque jour il adrefioit fes prieres à l'Efprit du
» Ciel pour obtenir qu'il m'accordât une prompte guérifon.
» Touchée de l'état d'abattement & de trifteffe où je le voyois
» réduit à mon occafion je n'ai rien oublié pourtâcher de
» recouvrer la famé afin de me conformer au defir de fon
» bon cœur qui le fouhaitoit ardemment. Pendant quelque
» tems je me fuis fentie foulagée & je me regardois même
» comme hors de danger.
» Lorfqu'on avoit moins lieu de s'y attendre, aujourd'hui,
» à l'heure tckeou je fuis tombée en défaillance & ce n'efl:
» qu'avec peine qu'on a pu ranimer mes iens. C'en efl fait, je
» fens que je ne puis en revenir, & que mon dernier moment
» approche. J'ai vécu quatre-vingt-iix ans, continua-t-elle en
» adreffant directement laparole à l'Empereur. Je
vous ai v»
»quarante-deux ans fur le trône & vous m'avez procuré tous
w les honneurs qu'on peut rendre à la mere du Souverain. A
» Foccafion de vos victoires & de vos triomphes voulant que
» votre propre gloire réjaillit fur moi, trois fois vous m'avez
» décoré de ces titres honorables qui rendront mon nom
» immortel comme le vôtre. Trois fois encore vous avez célé-
» bré avec la pompe la plus folemnelle le jour de ma naif-
» fance en répandant les bienfaits à pleinesmains fur tous
>> vos fujets » ( c'eft ce qu'on appelle la cérémonie du Ouan-
cheou. Cette cérémonie a eu lieu à la foixanrieme foixante-
dixième &quatre-vingtième année de l'âge de l'Impératrice.
J'ai fait la description de la première qui doit fe trouver fi
SUR DIVERS OBJETS.
Yyij
je ne me trompe, dans quelqu'un des derniers volumes des
Lettres édifiantes ). « J'ai eu la fatisfaclion de voir vos fils “
» vos petits-fils, & vos arriere-petits-fils raffemblés autour de
» moi. De quel accroiffement le bonheur dont j'ai joui pou-
» voit- il être fufceptible ? On m'affignera un rang à part dans
» l'hiftoire & mon exemple fera peut-être unique; quel regret
» pourrois-je avoir en ceffant de vivre ?
» Je fais, ô mon fils que vous êtes plein de droiture &
que les fentimens de la piété filiale que vous m'avez toujours
» témoignés, font finceres. Au moment que je ne ferai plus,
» n'allez pas vous abandonner à une douleur excefilve. Soyez
» maître de vous-même & foumettez-vous fans murmure à la
» loi de la néceffité. Continuez à vous conduire conformé-
» ment à la bbnté de votre naturel, & ne ceffez point de don-
» ner des preuves de votre bienfaifance. Regardez toujours le
» foin des affaires de l'Empire comme lepremier & le plus
» effentiel des devoirs qui vous font impofés, dans la place
» eminente quevous occupez. Soyez toujours plein d'égards
pour les Grands de l'Empire, & pour tous les Mandarins
» tant de lettres que d'armes, afin de les engager par-laà
Il redoubler d'efforts pour vous aider à bien gouverner.Per-
» fuadée que c'eft ainfique vous en agirez je meurs tran-
» quille.
» Pour ce qui eft de la grande affaire du deuil voici ce
» que je vous prefcris. N'ordonnez rien vous-même mais
» tenez-vous-en à ce qui fera déterminé par le Tribunal des
» Rits conformément à l'ufage reçu. Ne portez les habits &
» tout le refte de l'attirail du deuil que l'efpace de vingt-iept
» jours. Ne différez pas d'offrir vos facriflces au Ciel, à ia.
» terre, dans la faile des Ancêtres, &i dans le temple des
» Eiprits qui préiident aux générations. Ne manquez pas d'offrir
f & de faire offrir les facriflces ordinaires tous les Efprits
OBSERVATIONS ET NOTES
» en général. Telles font mes dernières volontés & les derniers
>• ordres que je vous donne. Conformez-vous-y exactement ».
Ce fut-là le dernier entretien qu'elle eut avec l'Empereur
fon fils.Peu de momens après elle perdit entièrement la parole,
Se vers les trois heures du matin elle expira. L'on apporta fon
corps à la ville afin qu'on pût faire dans le Palais même, la
cérémonie du Iou-llen qui eft la première & la plus effen-
tielle de toutes celles qui fe pratiquent à la mort de quelqu'un.
Elle confifte à dépofer le corps dans un cercueil. Cette céré-
monie etant finie, & le Palais de Tchang-tchun-yuen que
l'Empereur deftina pour fervir d'entrepôt au corps de fa mere,
jufqu'au jour où on devoit. le porter au lieu de la fépulture,
étant préparé de la maniere qu'il le falloit pour fervir à cet
uiage le vingt-neuf de la premiere lune ( 8 Mars) le convoi
fortit du Palais ( de Pe-king) dans l'ordre fuivant. Il efl bon
de remarquer que dès la veille on avoit porté des foldats pour
border toutes les rues & tout le chemin depuis la porte du
Palais de Pe-king jufqu'à la porte da Palais de Tchang-tckwi-
yuen que le Gouverneur des neuf portes avoit fait défenfes
d'ouvrir les portes des maifons & les boutiques avant que le
convoi ne fût paffé avec ordre de ne laifïer dans les bouti-
ques, la nuit du 28 au 29 qu'un feu! homme pour les garder;
que le Tribunal des Rits celui de la guerre & les autres
avoient pourvu au bon ordre pour tout ce qui les concernoit
refpeftivement & qu'enfin tout etoit réglé d'une manière
conforme à la cérémonie la plus refpeclabie aux yeux des
Chinois & la plus digne de leur attention par la dignitéde
celle qui en etoit l'objet.
Le 29 vers les fept heures du matin le convoi fortit du
Palais. Ceux de la maifon de l'Empereur, ceit-à-dirc ceux
dont les ancêtres etoient ou fermiers, ou dorneftiques ou
efclaves du Prince Mantchou avant qu'il eût conquis la
SUR DIVERS OBJETS.
Chine, &:qui
font fous une bannière à part, pn.'cédoient,
Après eux venoient les banderoles les paralbis, les dais ( cha-
cune de ces chofes au nombre de cinq & de cinq couleurs
différentes ), les dragonsde bois doré ies deux bâtons de
commandement, vernis en rouge ayant les deux extrémités
dorées deux haches d'armes deux courges d'or & différen-
tes mains de bois doré fymbole des différentes vertus par r
les différentes manieres dont elles font repréfentées, les unes
entièrement fermées, les autres entièrement ouvertes quel-
ques-unes fermées à demi, n'ayant qu'un, deux ou trois doigts
d'étendus & quelques autres dans d'autres pofitions relatives
à ce qu'elles doivent défigner.
Cet attirail etoit fuivi d'un certain nombre de chameaux &
de chevaux marchans deux à deux, & chargés de tout ce
qui fert le long de la route, lorfctu'on fait un long voyage
comme lit, ulteniiies, provisions, &c. Après les chameaux &
les chevaux venoient les charrettes chaifes roulantes chai-
fes à porteur, fauteuils, chaifes tabourets couflins, coffres,
baffins, & tout l'attirail de la toilette. Tout cela marchoit de
file fur vingt-quatre rangs.Les meubles de la chambre les
bijoux, & tout ce qui etoit de i'ufage journalier lorfque la
Princeffe vivoit, comme miroirs vergettes, éventails, boites,
bourfes & autres choies femblables etoient portés ieparé-
ment pardes Officiers de fervice, formant entr'eux pluiîeurs
rangs, après lefquels on portoit, avec beaucoup dercfpecr.,
lepetit
bâton fur lequel elle s'appuyoit en marchant pendant
fes vieux jours.
Les grandsOfficiers de fa maifon précédoient immédiate-
ment le cercueilde même que les fils & petits-iils de
l'Empe-
reur &:c. Quatre-vingts porteurs, vêtus d'un habitlong de
fatin cramoin parfemé de différentes figuresen broderie de
.cinq couleurs portoient fur leurs épaulesle précieux dépôt
OBSERVATIONS ET NOTES
marchant d'un pas grave & lent, & fe faifant relever de tems
en tems par d'autres vêtus de la même manière qui etoient ài
leurs cotés.
Les femmes de l'Empereur celles des Princes de la famille
titrés des Comtes & des Grands les Demoifelles de fervice
dans l'intérieur du Palais, toutes à cheval, & après elles les
Eunuques à cheval auffi etoient immédiatement après le
cercueil & etoient gardées par quelques compagnies de
piquiers, qui, la pique à la main, marchoient à cheval à côté
d'elles, & les enfermaient dans un bataillon trois quarts de
quarré.
Après les Femmes & les Piquiers fliivoient à pied les Régu-
les Mantchoux & Mongoux les Comtes & les Grands du
dedans, les Comtes & les Grands du dehors actuellement en
charge, chacun félon ton rang & à mefure que le convoi
paflbit les Princes de la famille non titrés, tous les Kioro ?
c'eft-à-dire les Princes de la famille régnante avant qu'elle
ne fût fur le trône de la Chine qu'on avoit placés tout le
long de la route, à quelque diflance les uns des autres plus
près ou plus loin de Pe-king fuivant que leur degré de parenté
avec l'Empereur etoit plus proche ou plus éloigné tous ces
Princes dis-je qui s'etoient mis à genoux auffi-tôt que du
pofte où ils etoient, ils avoient pu appercevoir le cercueil
Ce levoient après qu'il avoit pafle, & attendoient modeflement
que leur rang fût venu pour fe mettre à la fuite du convoi,
s'ils le jugeoient à propos, ou pour s'en retourner chacun
chez foi.
A mefure qu'on arrivoit à quelque porte par où il falloit
palier pour fortir de la ville ou des fauxbourgs, ou près de
quelque pont for lequel il falloit également palier tout le
convoi s'arrêtoit on pofoit fur fes trétaux la châffe dans
laquelle on portoit le cercueil, on mettoit devant cette châffe
SUR DIVERS OBJE T S.
la table chargée de tout ce qui devoit fervir à la cérémonie
& qui etoit déjà préparée à cet eflet & après que tout etoit
ainfi difpofé les Mandarins du Tribunal des Rits s'avançoient
refpeftueufement & avec gravité, fe proiternoient devant le
cercueil, touchoient trois fois la terre du front fe relevoient
rempMoient trois taffes de vin, les offroient, & en verfoient
la liqueur. Après avoir réitéré deux fois la cérémonie ils met-
taient le feu àcinq mille pièces de monnoie de papier, pour
être brûlées en l'honneur des Efprits gardiens de la porte ou
du pont & les engager par-là à détourner tout accident
fâcheux & l'on continuoit la marche dans le même ordre
qu'auparavant.
Tout cela fe faifoit au nom de l'Empereur qui n'étant
point préfent, ne pouvoit s'acquitter de ce devoir par lui-même.
Après avoir accompagné le corps depuis l'appartement où
on l'avoir dépofé, jufqu'à la porte occidentale de fon Palais,
dite la porte de Si-hoa-men il avoit fait en perfonne les mêmes
cérémonies après lefquelles il s'etoit retiré, pour fe rendre
par une autre porteau lieu de
l'entrepôt, & y recevoir lecorps
de fa mère quandil y arriv croit il
y arriva vers le midi.
L'Empereur accompagné des Princes, Comtes, Grands &
Mandarinsqui
dévoientl'affilier,
alla au-devant du convoi
jufqu'à la porteextérieure de l'enceinte de Tchang-tchun-yuen
dans laquelle eft la falie dite Kïeou-kïng fan-chê-tien, où
l'on avoit dreffé le catafalquefit les neuf profternations &
les trois libations, de la manière dont je l'ai décritplus haut,
& le conduifït au lieu deftiné. Après qu'on l'y eut dépofe il
fit de nouveau les mêmes cérémonies, auxquelles il ajouta les
parfums & les offrandes, & à la finies gémiffemens & les
pleurs.Tous ceux de la fuite en firent de même après lui &
chacun fe retira. Tchang-tchun-yuen eille nom général du lieu
où l'Impératricecre avoit ion Palais, près de celui où l't :ii-
OBSERVATIONS ET NOTES/YV 1 j_ 1 1 > 1 1*
pereur pafTe les trois quarts de l'année, à deux lieues de
Pe-king. Tchang-tchun-yuen fignifie jardin de l'éternel prin-
tems. Le nom de Kieou-king fan-che-tien a été donné par
l'Empereur à l'appartement où il avoit déterminé qu'on dref-
feroit le catafalque. Il lignifie Salle des neuf prières & des trois
grandes affaires. Depuis le vingt-neuf de la première lune
jour de la tranïlation du corps, jufqu'au dix-neuf de la féconde
lune, jour auquel l'Empereur & toute la Cour quitterent le
grand deuil parce que les vingt-fept jours depuis la mort de
l'Impératrice etoient complets, chaque jour, matin & foir
on renouvelloit les mêmes cérémonies avec le même appareil
& les mêmes fatigues; & à chaque fois on livroit aux flammes
quelques-unsdes meubles, habits équipages & autres chofes
qui avoient été à l'ufage de celle dont on pleuroit la mort.
Celui des Tribunaux du dedans à qui il appartient de veiller
fur tout ce qui s'acquiert & fe dépenfe dans le Palais, avoit
fait un catalogue exaft de tout, & l'avoit livré au Tribunal
des Rits lequel prit fi bien fes arrangemens qu'à l'exception
de ce qui devoit entrer dans le tombeau avec le corps, tout le
refle fut confumé dans les 27 jours.Je viens de dire que chaque jour, foir & matin, on renou-
velloit les mêmes cérémonies avec le même appareil & les
mêmes fatigues j'ajoute que ces fatigues ont été fi affomman-
tes, & par elles-mêmes & par leur continuité que les per-
fonnes d'une fanté médiocre ont eu peine à y réfuter. L'aîné
des fils de l'Empereur en particulier y a fuccombé, c'etoit un
Prince qui donnoit de grandes efpérances il etoit âgé d'envi-
ron quarante ans d'un naturel bienfaifànt d'un efprit droit
& bon & d'une application confiante aux affaires. Il y avoit
toute apparence qu'il auroit gouverné l'Empire après la mort
de ton pere.Il prit du froid en fortant d'auprès du cercueil de
fon aïeule j où il s'etoit échauffé en donnant, pour l'exemple,
des
SUR DIVERS OBJETS.
Tome VI.
VZz
des marques un peu trop fortes de fa douleur; il cacha ton
mal, & continua quelques jours encore à faire ce qu'il croyoitêtre de fon devoir; mais fa maladie ayant empiré il fut
contraint de fe mettre au lit & ce fut alors feulement que
l'Empereur en fut inftruit il etoit trop tard tous les fccours
qu'on lui donna furent inutiles & une légère inflammation de
gorge, qu'il eût pu guérir au moyen de quelques gargarifmes “
ayant dégénéré en une eiquinancie incurable il fut enlevé de
ce monde le z8 de la féconde lune, c'eft-à-dire, le 5 Avril
de cette année 1777.
L'Empereur en parut confterné mais ce n'eft pas icil'ufage
de pleurer un fils comme on pleure une mere. C'eftpourquoi
rien ne fe fit pour fes obfeques au-delà de ce qui cil déter-
miné par le cérémonial c'eft-à-dire qu'aprèsun certain
nombre de jours on le porta au lieu de fa lépulture avec la
pompe qui eft d'étiquette pour les fiis du Souverain, quand
ils font décorés du titre de Régulo, ou de Quang comme on
parle ici.
Cependanton continua à faire les cérémonies foir & matin
devant le cercueil de l'Impératrice mere jufqu'au 13 de la
quatrieme lune inclufivement. Le lendemain quatorze, & le
vingtième jour de Mai, on partit pour Si-ling lieu de la
fépulture d'Yong-tckeng la diftance de trente & quelques
lieues de Pe-king où fon avoit préparé un magnifique tom-
beau, à côté de celui de ce Prince pour y dépofer lecorps
de celle de fes femmes dont il avoit eu le fils qui l'avoit rem-
placé fur le Trône. Il me faudroit faire un volume entier fi je
voulois décrire dans l'exactitude du détail tout le cérémonial
de ce fécond convoi. Je me contenterai d'en donner une légère
idée en en rapportant fimplementles principaux articles.
De Pe-king à Sl-lïng il y a trois cens & quelques lys
chinois. Tout le long de cette route il y a, de diftance en.
OBSERVATIONS ET NOTES
diflance des Koung pour l'Empereur c'eit-à-dire des. mar-
ions Impériales où l'Empereur s'arrête pour prendre fon
repas & fon repos, quandau printems & en automne, il fe
tranfporte à la fépulturede ton pere, pour faire les cérémonies
refpeftueufesfur fon tombeau & ces Koung font au nombre
de neuf, parce qu'on emploie cinq journées entieres pour fe
rendre de Pe-king à Sï-ling-,
Comme il n'y a que l'Empereur qui puiffe logerdans ces
Koung & que ceux où on loge les morts doivent être d'une
conftruclion différente on en conftruifit pour loger le corps
de l'Impératrice prèsde ceux où devoit loger l'Empereur
& conformément au cérémonial, auquel il en falloit pour le.s
deux ftations de chaque jour. Outre cela le voyage que
devoit faire l'Impératrice étant un voyage à part, qui ne
devoit être fuivi d'aucun autre, il fallcit que le chemin par où
elle palTeroitfût de même un chemin à part qu'on pût rom-
pre après qu'elle auroit paiTé comme étant un chemin inutile.
On en fit un à travers les champs de lalargeur de quarante
pieds, depuis l'endroit d'où elle devoir partir, jufqu'à celui
où elle devoit fe rendre à quelque diftance du chemin ordi-
naire de l'Empereur. Du refte ce grand chemin à travers les
champs, ne fut pas fait au détriment despropriétaires». L'Em-
pereur fut cenfé affermer tout le terrein qu'on prenoit 8c il
fit donner en argent tout ce que ceux à qui ilappartenok
auroient pu en retirer cette année s'ils avoient fait une abon-
dante récolte. De cette manière, lespropriétaires du terrein.,
non-feulementn'y
ont rienperdu, mais au contraire ils en ont
retiré un double profit,celui de la bonne récolte qu'on fuopofe
qu'ils auroient faite & celui de la récolte qu'ils ont faite eniuite
réellement: car immédiatementaprès la cérémonie, ils ren-
trercnt en poflefïïonde leurs terres, y firent pafler la charrue “
&: furent à tems de les ensemencer de ce qu'on appelle les
petits grains, C'etoit au commencement de .Juin»
SUR DIVERS OBJETS.
n
L'ordre qui s'obferva fut le même que celui qu'on avoit
obfervé depuis le Palais de Pe-king jufqu'à celui de Tchang-
tchun-yuen. Quand fur la route il y avoit quelque pont à paf-
ier l'Empereur y etoit déjà rendu quand le cercueil arrivoit
& y faifoit les cérémonies telles que je les ai décrites plus haut.
Il arrivoit de même à tous les gîtes, par le chemin ordinaire
unpeu avant que le cercueil n'arrivât par le chemin particulier
qu'on lui avoit tracé & faifoit de nouveau les libations pros-
ternations, offrandes & mutes les autres cérémonies.
Lesprincipaux Mandarins, dont les diftrifts n'etoient pas
au-delà de cinquante lys à la ronde des lieux par où paffoit le
cercueil s'etoient rendus fur le chemin qu'ils bordoient des
deux côtés & fe tenoient à genoux quand le corps paffoit
de la même manière qu'ils l'euffcrit fait., fi l'Impératriceavoit
été vivante. Les Mandarins de toutes lesprovinces
euffent
bien voulu s'acquitter des mêmes devoirs ils en avoient folli-
cité lapermiffiori par des fuppliques très-preuantes
mais
l'Empereur, en leur témoignant qu'il etoit fatisfait de leur
bonne volonté leur répondit qu'iln'etoit pas
à propos qu'ils
quittaffent leurs poftes & qu'il les tenoit pour préfensà toutes
les cérémonies. Les gens de la campagne & le peuple depuis
TcJiang-tchun-yueii jufqu'à Y-tcheou qui eft la ville la plu>
voifine de Si-ling furent plus heureux il leur fut permis de
porter le cercueil de la fainte mère de.la mère de l'Empire &
de l'Empereur dans le chemin qui etoit fur leurs diftrifts rei-
peftifs ils etoient partagés en foixante bandes, compofées de
cent trente-deux hommes chacune. Il n'y avoit cependant que
cent vingt-huit porteurs, parce qu'il y avoit à chaque bande
quatre hommes de relais, pour prendre la place de ceux qui
pourroient le trouver incommodés ou faire quelques faux pas.
Ces iept mille neuf cens vingt hommes furent choifis par leurs
Mandarins; ils devoient être à-peu-près de la même taille. 5
OBSERVATIONS ET NOTES
bien faits & robufles & d'un âge, depuis trente jufqu'à qua-
rante ans. Chaque bande ne portoit le cercueil que l'efpace
d'un mou & trois fen comme on parle ici c'eft-à-dire de
trois cens douze pas parce qu'unmou eu
compofé de deux
cens quarante pas & qu'un feneft le dixième d'un mou.
Quand le cercueil etoit prêt d'arriver le matin & le foir au
lieu de ftarion ces hommes du peuple etoient remplacés par
les porteurs d'office, qui introduiibient le corps, & le plaçoient
comme il devoit l'être, pendant le tems de la cérémonie. Ils
ne le livroient à ceux qui repréfentoient le peuple qu'après la
cérémonie & lorfqu'on fe remettoit en chemin.
Quoique tous ces hommes euffent été défrayés par la com-
mune, pendant l'efpace de douze jours l'Empereur, pour
leur témoigner qu'il agréoit leurs fervices leur fit donner
à chacun foixante pieces de monnoie chaque jour.
Après cinq jours de marche on arriva à. Si-hng le 18 de
laquatrieme lune qui répondoit au vingt-quatrieme jour de
notre mois de Mai. Le premier Miniftre Chouhé-dî, qui etoit
à la fuite de l'Empereur ne put réfifler à la fatigue extrême
qu'il fut. obligé d'effuyer il tomba malade en arrivant-& mou-
rut le lendemain.L'Empereur lui envoya fes Médecins auffi-
tôt qu'il apprit fa maladie mais ce fut en vain fon mal etoir
fans remedc. Pour donner à cet excellent homme des preuves
de ton attachement & de fon eftime Sa Majefté le confultoit
fur tout ne faifoit rien que de fon avis & l'avoit pour ainfz
dire, fur-tout dans ces derniers tems fans ceffe à fes côtés.
Les regrets qu'il a témoignés quand on vint lui annoncer qu'il
n'croit plus n'ont pas été moins vifs que ceux qu'il témoigna
à la mort de fon propre fils. Et pour convaincre tout l'Empire
qu'ils etoient fiticeres 1 il lui a donné un nom honorable
fouslequel il fera connu de la poftérité & a fait entrer fon
portrait clans le Hien-leang-tfée c'efl-à-dire dans le Temple
SUR DIVERS OBJETS.
ou Salle où l'on honore ceux qui te font diftingués par leur
fageffe & leur intégrité. Le Général qui a fait la con-
quête de l'un & l'aurre Km-tchouen a eté nommé premier
Miniftrc à fa place. Par une faveur fpéciale l'Empereur per-
mit que le corpsde Clioulzé-dé pût entrer dans la ville afin
qu'on lui rendît tous les honneurs dus a f<_nrang. Et à {on
retour à Pe-kingil fe rendit en perfonne à ton hôtel & fit
devant fon cercueil toutes les cérémonies qu'un Souverain peut
faire pour honorer fon fujet mort.
Le 25 de la quatrieme lune (31 Mai ) lecorps
del'Impé-
ratrice entra dans Ion tombeau avec tout l'appareil de fa gran-
deurpafiee & l'Empereur fon fils après l'avoir arrofé de fes
larmes, en ferma la por te pour ne la plus r'ouvrir.
Tout étant fini pour l'inhumation Sa Majefté revint à
Pe-king pour s'y occuper encore de fa mère. Il oit de lui
aligner un rang dans la Salle des Ancêtres. Car n'ayant pointeté Impératrice du vivant de ton mari elle ne pouvoit y
entrer que du confentement général de la famille & des grands
Tribunaux. Elle ne pouvoit y entrer décemment que revêtue
de tous les titres honorifiques qui pouvoient juillner aux yeux
de la postérité la faveur dont elle alloit jouir tout cela n'eût
peut-être pas été fort aifé s'il s'etoit agi d'une perfonne moins
digne de la vénération publique, que celle dont on en alloit
faire l'objet.
Perfonne n'ignoroit dans l'Empire, que la Princeffe mère
de l'Empereur Kien-lonq n'etoit entrée au Palais fous Yong-
tcheng qu'à titre de fille à talent. Elle déclamoit dit-on en
perfection. A ce talent acquis elle joignoit toutes les qua-
lités naturellesqui peuvent
rendre une perfonne aimable. Elle
plut à ton Maître & fut mife au nombre de fes Concubines
de l'ordre inférieur; voilà fon premier degré d'élévation. Ellee
eut le bonheur de lui donner un fils & fut mife au nombre
OBSERVATIONS ET NOTES
des Femmes titrées ou des Reines voilà jufqu où elle parvint
du vivant d' Yong-tcheng. Enfin fon fils a été Empereur &
l'un des plus grands Empereurs qu'ait eus la Chine; & un Empe-
reur qui n'a pas ceffé un feul initant d'avoir pour elle les fenti-
mens du plus tendre & du plus refpeclueux de tous les fils, &
qui s'eft toujours fait un point capital de mettre à fes pieds tous
les honneurs de la dignité fuprême. Voilà le comble de fa
félicité pendantles quarante-deux années qu'elle a furvécu à
l'Empereurfon époux. Mais il lui falloit quelque chofe de plus
que tout cela pour être jugée digne de recevoir à perpétuité
les hommages que les defcendans del'Empereur rendront à
leurs Ancêtres dans la Sallequi leur eit confacrée. Il falloit
qu'elleeût eté reconnue pour Impératrice il falloit qu'au titre
d'Impératrice on ajoutâtdes titres de diitinclion. Elle a obtenu
ce double honneur d'un confentement unanime, & avec
i'appkmdiffementde tous les ordres de l'Empire. Pour donner
une idée de cette derniere cérémonie je ne puis rien faire de
mieux que de mettre fous les yeux du Lefteur, ce qu'endit
l'Empereur lui-même dans le Decret qu'il a publié à cette
occaGon. Le voici traduit auffi littéralement qu'il m'a été
pofîibie.
DECRET.
« De celui qui par la pure faveur du Ciel a eté élevé à la
» dignité fuprême.
» Je crois que le véritable & unique moyende faire con-
» noître ceux qui compofent une même famille eft de leur
« donner des noms honorables qui délignent legenre de mérite
*> dans lequel ils fe font distingués. Je crois aufli que la meil-
;•> leure manière de témoigner fa reconnoiffance envers ceux
» à qui l'on doit le jour, eft d'elever en leur honneur des
« Salles particulières, dans lefquelles on puiffe leur rendre les
SUR DIVERS OBJETS.
» devoirsrespectueux de la piété filiale. Lorfque quelqu'un
»après avoir fait tous tes efforts pour devenir vertueux &
»bienfaifant a prouvé par des effets dont perfonne ne doute
9
» qu'il etoit véritablement tel, il eft de la juffice de lui rendre
les honneurs qui font fixés dans le cérémonial en le déco-
» rant de quelque nom ou de quelque titre qui puiffe le rendre
» recommandable aux yeux de la poitérité. Mais quand quel-
» qu'un s 'eft diftingué par la pratique de toutes les vertus
»portées au degré le plus eminent, il faut que les noms & les
» titres puiflent lui procurer dans la Salle des Ancêtres des
» hommages qui les diftinguent plus particulièrement.
» En repayant dans mon efprit tout ce que j'ai vu de la part:
» de celle qui m'a donné la vie je ne trouve rien qui ne foit
» au-defius des communes vertus. Ses paroles, tes actions
» fon maintien même tout etoit dans la plus exafte décence,
M O-bfervatrice fidèle de tous les devoirs de fon fexe elle a
»toujours été un exemple à fuivre, & un modele à proposer.
» La tendrefle qu'elle avoit pour ceux de mon fang etoit
» fans prédilection elle les aimoit tous également & tous î
» fans exception ont eté comblés de fes bienfaits. Et pour ce
» qui me regarde en particulier que n'eût-elle pas voulu fair e a
t> Elle eût réuni dans ma petite- perfonne toutes fes belles
»qualités naturelles & acquifes s'il avoit été en ton pouvoir
» de me les communiquer. Je fais jufqu'oùelle a porté pour
/» moi fes tendres follicitudes & fes attentions dans tous les
»genres. Pénétré de la plus vive reconnoiffance je n'ai rien.
» oublié pour tâcher de la lui témoigner & pendant quarante-
« deux ans j'ai eu la douce fatisfaCtion de lui procurer tous.
» les honneurs qu'on peut rendre à la mere du Souverain.
Au-deiiors, tout le monde fans exception la regardait:
s+ comme la véritable mère de l'Empireau-ded;i,s & dam
!» l'intérieur du Palais, on ne l'appelloit que La Sainte-, S.-u
OBSERVATIONS ET NOTES
» réputation fi bien établie dans toute 1 étendue des neuf
» Tcheou ( c'eft-à-dire dans toute l'étendue de laChine )
» avoit paffé jufques dans les royaumes étrangers & l'ony
» etoit pleinde vénération pour elle, parce qu'on etoit per-
» fuadé qu'elle ne fouhaitoit rien tant que de les voir jouir» d'une profonde paix, & de tous les avantages qui en font
» le fruit.
Le bonheur dont elle a joui eft prefque fans exemple
» elle a vu croître fous fes yeux jufqu'à la cinquieme généra-
» tion. Au printeras je Pinvitois au Palais de Tchang-tchun-
» Jîen, & je lui procurois tous les amufemens qui pouvoient
» la réjouir. En été je la conduifois à Gé/wl, pour la mettre à
» l'abri des chaleurs & luiprocurer des divertiffemens d'une
» autre efpece ( c'eft de la chafle du tigre dont l'Empereur
» veut parler). Lorfque j'allois vifiter les provinces de mon
» Empireil m'en eût trop coûté d'être fi long-tems féparé
» d'elle, elle venoit avec moi & je marchois toujours à fes
» côtés mon cheval ne s'éloignant jamais de fa chaife. Tou-
» ché de ce fpeftacle lepeuple poufïoit des cris de joie &
» nous combloit l'un & l'autre de bénédiftions. Ma mere lui
» faifoit des dons en figne de reconnoiffance & moi en
» confédération de ma mère je i'exemproisd'une année de
a tribut. Auffi, jusqu'aux habitans des plus petits hameaux,
» tous donnoient à notrepaffage des marques
non équivoques
» du contentement de leurs coeurs.
» L'année que je fis en fon honneur la cérémonie de ton
»grand Ouan-cheou ( c'eft-à-dire lorfqu'on fit les fêtes à
» l'occafion de la quatre-vingtième année de l'Impératrice )
» cette même année une nombreufe horde de Tartares
» vint de fon plein gré pour fe foumettre à moi ( il parle
» des Tourgoulhs )&
partageravec mes autres fujets
le
« bonheur dont ils jouiffent fous mon règne,
»Peu
SUR DIVERS OBJETS.
Tome VI. Aaa a
» Peu detems après, me confiant à fa bonne fortune ( de
ri fa mère) j'entrepris de foumettre le Kin-tchouen & j'en» ai fait l'entière
conquête. L'abondance & la paix régnant» dans toute l'étendue de mes vaftes Etats & convaincu que
» je n'etois redevable de tant deprofpérités qu'aux mérites de
» ma vertueufe mère j'ajoutai encore ceux caraftcres à
» ceuxqui exprimoient les titres dont je l'avois déjà décorée
dans différentes occafions. Je priai le Ciel de prolonger le
»cours de fa vie & de fon bonheur, & de faire enlorte que»
jufques dans les uecles les plus reculés ton nom pût faire
» unarticle'diftingué dans l'hiitoire.
» Je me flattois de la douce eipérance qu'elle vivroit encore
» bien des années lorfque tout-à-coup je me fuis vu con-
» damné à être féparé d'ellepour toujours. Je ne la verrai
» plus! ô douleur! pourrai-je déformais rappeilerdans mon
.-> fou venir tous les bienfaits dont elle m'a comblé fans être
» plongé dans la triiteile la. plus arrière de ne pouvoir les
» reconnoître comme je le voudrois ? C'eft en vain que pour
» donner des preuves de la reconnoiffanec fie de tous les fen-
» timens dont je fuis pénétré, j'ai cherché des titres qui répon-
» diflent à fes mérites. Ses mérites, comme ceux du ciel & de
» la terre, font au-defius de toute expreffion.
» Des dix-huit caraftercs dont j'avois déjà compofé ton
» nom & fes titres, le Hiao&iie Cheng, qui déiîgnent le
» premier qu'elle a eu la piété filiale &: le fécond qu'elle a
» vécu de manière à mériter le nom de Sainte iuffiroient
M ]' joint à l'autre pour donner une idée de ce qu'ellel' a» l'un joint à l'autre pour donner une idée de ce qu'elle a
» été. La pïhé filiale annonce un total de conduite, exempt
» de toutreproche & la fainteté cléhgne un intérieur fanss
» défaut. Cependant, pour indiquer parun certain nombre de
» caracleres expreflifs les principalesd'entre les vertus &
» les qualités qui Font plus particulièrement diftinguée > après
OBSERVATIONS ET NOTES
» m'être acquitté envers elle de tous les devoirs funebres
» prefcrits dans le cérémonial, & avoir offert les facrifices
» accoutumés au Ciel, à la Terre aux Ancêtres & aux Efprits
» qui préjîdentaux générations, je procédai juridiquement à
» fixer les titres honorables fous lefquels elle dévoie entrer
» dans la Salle des Ancêtres pour y être honorée par les
» defeendans. Le feizieme de la troisième lune de la quarante-
» deuxième année de Kien-long ayant convoqué l'affemblée
» générale des Princes des Grands & des Mandarins des
j> différens ordres tant de Lettres que d'Armes je leur
» préfentai la feuille ou lame d'or, qui contenoit ces titres.
» Tous, fans exception, les ayant approuvés, je proclamai
» folemnellement ma vertueufe mere fous les noms d!Impèra-
»> trice modele de piété filiale & de faune té de bienveillance
» envers tous d'affcctustife bienjaijance d 'invariable concorde,
» & de fownijjlon refpectueufe.envers le Ciel, qui l'a comblée de
» bonheur & de gloire ( i ). Le vingt-cinq de la quatrieme
» lune, après avoir dépoféle
corps dans fon tombeau, &
» avoir fait les dernieres cérémonies je rapportai refpeclueu-
« fement la lame d'or» ( cette lame d'or eft ce qu'on appelle la
tablette quand il s'agit du commun. Elle eft expofée devant
le cercueil tant que le corps n'eft point entré dans la terre.
Après l'inhumation on prend la tablette & on la porte dans
le lieu où l'on doit faire dans la fuite les cérémonies refpe£tueu-
» fes ). « Le premier de la cinquième lune je la portai folem-
» nellement dans le Tay-mino (c'eft la Salle des Ancêtres)
» & l'ayant placée dans le lieu qui lui etoit particulièrement
» deftiné je lui rendis mes refpeftueux devoirs.
( i ) Tous ces titres ont été heou. Hien-hoang-heou lignifieréduits à deux caratteres H'uio & Impératrice epoufe de Hun-
C/~7;s & on la nommera dans &otM~y. HtCl:-hoang-ty, cil le
l'hhtoire Hiao-cheng, } Hien-hoang- titre â'Yong-ickeng.
SUR DIVERS OBJETS.
A a a ij
» Tous mes fujets étant instruits de l'attention que j'ai eue,
>> & des foins que je me fuis donnés pour ne manquer à rien
de ce que prefcrit la piété filiale, je veux qu'ils fâchent auffi
» que je n'ai pas une moindre attention à leur procurer autant
» qu'il eit en moi, tout ce qui peut contilbuer à augmenter
leur bonheur en augmentant le nombre de mes bienfaits.
» C'eit pourquoi j'ai déterminé le genre & le nombre des
»graces que j'accorde ainfi qu'il eft marqué dans les articles
» (uivans.
» i°. Les Mandarins des lieux refpectifs feront les plus
» exactes recherches pour reconnoîcre l'état où fe trouvent
» actuellement les fépultures & les tombeaux des Empereurs
» des dirférentes Dynafties des Sages & des perfonnages
«diftingués dans les différens genres de mérite depuis l'an-
» tiquité la plus reculée jufqu'à nos jours.Ils relèveront, à mes
» frais & dépens celles de ces fépultures qui feront tombées
» en ruine & feront aux autres les réparations dont elles
auront befoin. Ils les prendront déformais fous leur fauve-
» garde.
» i°. J'eleve d'un degré tous ceux des Grands & des Man-
» darins qui ont exercé quelques fondions pendant les céré-
» monies de l'entrée du corps dans le cercueil de fa tranlla-
» tion ( àTckang-tchun-yuen) & lorfqu'on le portoit au lieu
»> de la fépuiture.
» 3Q. J'eleve auffi d'un degré tous les Mandarins de la pro-
» vince du Tché-ly qui ont donné leurs foins à préparer les
» chemins, & à maintenir le bon ordre pourla facilité & la
»tranquillité du convoi.
» 4°. Tous les Mandarins grands & petits tant du dedans
« que du dehors ( c'efl-à-dire tant de la capitale que des
xprovinces, & de tous les lieux qui font fous la domination
» immédiate de Sa Majefté ) dont le pere& les anciens n'ont
OBSERVATIONS ET NOTES
s* point eté Mandarins font réputés de race mandarine ( c'eft
comme s'il difoit j'accorde la nobleffe à tous ceux qui font
actuellement en place. Voici l'ordre dans lequelcet anno-
bliffement s'en: fait. Les Mandarins du premier & du fécond
ordre font réputés de race noble depuis leurs bifaïeuls qui
font faits nobles eux-mêmes. Les Mandarins des trois &
quatrième ordres commencent à compter leurs aïeuls pour
les[premiers nobles de leur race & enfin les Mandarins
des [cinquième & fixieme &c. ordres, font cenfés defeerr-
dre|d'un pere & d'une mere nobles. Cet honneur eft ici
d'un| prix ineftimable parce qu'ileft tout en faveur des
Ancêtres ) » on leur en donnera les lettres authentiques.»
j°. Les Mandarins s'informeront exactement de tous
» ceux tant Mantchouxque Chinois de leurs diftricts
»refpectifs qui fe feront diftingués par leur piété filiale
» ou par des actions qui peuvent honorer leurs Ancêtres. Ils
merapporteront le précis de ce qu'ils ont fait de plus par-
~>r ticulier Cï- le 'T '1 de9 Rits leur af i~erales titres» ticulicr & le Tribunal des Rits leur affîgnerales titres
» honorables dont il les jugera dignes.» 6°. Les Ecoliers les Maîtres & tous ceux du collège
»Impérial, font
difpcnfés pendant le cours d'une lunaifon
» entière des études des examens, & des autres fonctions
»auxquelles ils
s'appliquent par etat.
» 70. J'accorde à tous les gens de guerre tant de la capitale» que des provinces une amniitie générale pour tous les cri-
» mesqui méritent une punition au-deflous de l'exil. On les
» abaiffera d'undegré & ils feront réputés avoir expié leurs
» fautes.
» 8°. J'ordonne à tous les Mandarins qui ont un rapport» direct ou indirect au gouvernement du peuple
de redou-
» hier d'attentionpour tout ce qui concerne les hôpitaux
t> dans les villes où il y en a, & de pourvoir à leur entretien
SUR DIVERS OBJETS.
» ( cela s entend aux dépens de i Empereur ). Pour ce qui eft
» des endroits où il n'y a point d'hôpitaux en régie les Man-
!> darins pourvoiront eux-mêmes à la iubîiitaace despauvres,
» des veuves des orphelins, des cftropiés Sv de tous ceux
» en général qui font fans reffources.
»90. J'ordonne encore à ces mêmes Ma idarins d'affigner
w dans les différens endroits de leurs refforts des cmplacemens
»qui foient à portée & dans la décence qui convient pour
»que les corps de ceux qui n'ont aucune poftérité & à qui il
» ne refte ni parensni amis puiffent y être enterrés & afin
» que ces malheureux ne foient pas privés des honneurs de la
»fépuiture
les Mandarins auront foin de les leurprocurer
»' eux-mêmes, de manière à ne pas donner lieu de croire qu'ils
»s'acquittent de ce devoir comme malgré eux.
» En donnant à celle dont]e
tiens 19.vie
des titresqui
délî-
»gnent fes principales vertus, j'ai foulage mon cœur par le
»léger
tribut de ma reconnoiffance en la faiiant entrer dans
» la Salle de mes Ancêtres jelui ai alïuré les honneurs
quilui
» fontdus
& en contribuantpar
mes bienfaits au bonheur du
»peuple je me fuis conformé à tes intentions» Que tous mes
» fujets tant du dedans quedu dehors loient inftruits de tout,
» Le fécond de la 5e lune de la 42e année deRien-long ».
Voilà le dernier afte public par lequel l'Empereur a figiulé
fa piété filiale. Il continue à ne vouloir prendre aucun des diver-
thTemens ordinaires. Les Miniftres & les Grands de fa Cour
n'ont pas même pului peruader d'aller pafier au moins
quel-
que tems à Gôhoi pour y prendre l'exercice de la chaffe il
a réililé à leursplus preiTanr.es
foliicitations. De tous les che-
minsqui
conduifent à l'immortalitéchinoiie
celuiqu'il
luit à
préfent, l'yfera
parveniravec moins d'obiîacles
quetant d'au-
tresqu'il
adéjà parcourus.
Il fait tout cequ'il
fautpour y
arriver iuieaient,
OBSERVATIONS ET NOTES
DÉNOMBREMENT
Des S HA BIT ANS de la Chine.
Lomme la grande populationde la Chine, ,eft parmi tant d'autres
chofesqu'on
raconte de cet Empire, un des points qui etonne le plus les
Européens, & qui leurparoît avoir le plus befoin de preuve, on a cru
faire plaifir auLeâeur de lui en préfenter ici un tableau, tiré du Tribu-
nal même des Fermes de la Chine. On a reçu cette année 1 °. une pièce
originale, authentique, contenant ce dénombrement, en caractères chi-
nois 2°. une copiede cette même pièce, auffi en caractères chinois, dont
une partie ecrite en rouge 30. une explication de ces caractères en
rouge avec les mots chinois que fignifient ces caractères & la tra-
duction de ces mots en françois ainfiqu'on va les voir dans ce qui fuit
^– *• –
Ching, Province.
Ta, grands
Siao, petits
Nan hommes
Nui, femmes
Kongen tout,
{^7; foixantea Che100xante
Léo fix
Ouan dix mille
Pa, huit
TJîen mille
Pa, huit
Pei, cent.
NO T E à ajouterà la
page Z92. de ce î^olume.
TCHONG MIN CHOUf
/.<Tout le peuple dénombré. f^f
I.
F O N G-T I E N.
Oz~t~Orz 5 1 cinqi~tèChe, a,
Eul. ûeux.
La province deFong-tien c'eji
le
Koang-tongou le
Leao tong.
Mougdenen
ejl La capitale.
1 I.
TCHE-IY.
Ching, Province.
Ta grands
Siao petitsNan hommes
Niu femmes
Kong, en tout s
SUR DIVERS OBJETS.
1% un
TJitn mille
Ou cinq
Ç Eul7
< “, J- vingti Che S°
Eul, deux
Ouan dix mille
Eul, deux
TJien, mille
Kieou, neuf
Pei cens
Se,
y Clzi, dtlarante.i cki, S V™*™-
Tche-ly ouPe-tche-ly, c'efl
la
mime choj'e.
:{Jf;5}feptante
{^1trente
2 Che, S
La grande province deKiang-nan
Je partage en d'eux Funes'appelle
Kiang fou & taure Ngan~ho ci»
III.
N G A N-H O E Y,
Ching, Province.
Ta, grandsSiao petits
Nân liommes
Niu, femmes;.
Kong, en tout,
Eul deux
TJîen mille
Eul, deux
Pu cens
Tf 1fe tante
Leou fixx
Ouan dix mille e
JT, un
Tfurimille
Ching, Prayince.
Ta grands
Siao petits
Nan hommes
Mu, femmes
Kong en tout
Eul deux
TJîen mille
San trois
Pei cens
c r> lm:7
? Che, dix. feize,
Leou fix. J
Ouan
Y un
TJien mille
Se quatre
Pei, cens
Kieou neuf.
Cking, Province.
Ta, grands
Siao 1 petits
Nan hommes
Niu femmes
I V.
KlANG-SOU,
V.
KlANG-SI, r,
Kong, en tout,
F, un
T/fe/z mille
Y, un
Pei cent
Ouan
Leou fix
TJîcn mille
Leou fix
Pei cens
OBSERVATIONS ET NOTES
Se?q~zarante.1Glzi
quarante.
Che-kiang,
Province.
Ta, grands
Sïao petits
Nan hommes
Niu femmes.
Kon%en tout,
Y, un
TJzen mille
Ou, cinq
Pei cens
Se}{al, }<iluirante
Eul, deux
Ouan
Kieou neuf
Ty?£/z mille
Leou fix
Pei cens
c Kieou| nonante#
1 CAê, 3
C/îi/zg Province.
Il 9 iii
Kong, en tout,
.Prf huit
Pei cens
Leou, fix
9Ozan
•S'fl/ztrois
TJïcn., mille e
v i.
V 1 I.
Fou-rien. N.
Z<MM, fix
Pei cens
ffe tante
L Che
Y, un.
Lez province du Hou-koang fi
partage en deux. La partie qui ejiau
nord s'appelle Hou-pe jcelle
lU'-tfi-
au midi Hou-nan.
vin.
Hoïï-pe. E.
Cking Province»
Ta,
Siao t
Na.71 il
Niu,
Kong en tout
Pa huit
Pei cens
Pa huit
Ouan
Leou, fix.
Pei cens
San trois.
I X.
Hou-nan.
Ching Province.
Kong en tout,
Pa huit
Pei cens
Pa quatre
Che vingt
Eul, deux
Ouan
Kl COU s
SUR DIVERS OBJETS,
Kîeou neuf
TJien mille
San trois
Pei cens
Ç Eul deux 1fEul,
deux} vin~t.la*, dix. Svm&-
China Province.
Ta grands
Siao petits
Nan hommes
à';k femmes
Kong en tout
Eul, deux
TJien, mille
Ou, cinq
.fV'/ cens
< Ou,} dix-huit
i-Pa,J
Ouan
Tfi, fept
P<:i cens
f~/Z-1
~.C/M,_)trente
5e^ quatre.
ChhigProvince.
Kong en tout
6 ·
T, un
TJien. mille
it'o/j: fix
X.
Chang-tong
r. f trente
X I.
H O N A N
J^c TA Bbb
Pei cens
,çantrentr
{San
•)
San trois
Ouan
Eul, deux
7yf^ mii!
Ou, cinq
Pei cens
7}f, fept.
Ching Province,
Ta grands
Siao petits
Ay/« hommes
Niu femmes
Kong en tout
Kieou neuf
Pei cent
{ TcL\ }fePtante
£eo« fix
Ouan
Pa huit
TJien mille
Y, un
Pei cent
f Pa, ->Che
quatre-vinnt{ a/, } q^e-vingt
Kiiou. neuf.
Ck'ing y Province.
Ta grands
Siao petits
Ncm hommes
Aï« femmes
a, I trente
X 1 L
C H A N SI
x r i l
S I N G A ,N
OBSERVATIONS ET NOTES
{Eul
1 67« I °lUarame
Singan c'e/?
la proy'mce du
Chen-Ii,
c
Se 1 qxiarpnte{ C^ } quarante
lSe,J
Kan-fouey? une partie du Chen-fi
dit a U titre de province,
Kong en tout
Tfi, fept
Pei cens
fEK/)
Che, Sgr
Piî huit
Ouari
Tfi, fept
Ty?s« mille
Se quatre
Pei cens
San 5 trois.
K A N- S O 17
Clùng Province.
Ta grands
Sïao petits
Nan hommes
Niu femmes
Kong en tout
Tfi, fept t
Pei cens.
Y, un
Ouan
Eul deux
T/â- mille
-Chc> quatorze.
X I V,
JL'V.S E-T C H O U EN.
Ching Province.
Ta grands
Siao petits
Nan hommes
./Vot femmes
Kong, en tout
i^7// deux
Pei, cens
{ lt } feptame'w'Izep
/J<z huitOuan
Eul, deux
Ty/iOT mille
Kieou, neuf
Pei cens
Tfi 7
{ 2; }*!«**«
Lieou ûx.
XVI.
KOANG-TONG.
CAiwg' j Province.
X«/!j en tout
Leou fix
Pei, cens
{ S', } %tente
Kieou, neuf
Qita >r
T/?, fept t
T/?l'« mille
Ou cinq
P«, cens
SUR DIVERS OBJETS.
{Kieou neuf fois dix ou
Clie j nonante
Tfi, fept.
Ching Province.
Ta, grands
Siao petits
Nan hommes
Niu femmes
Kongen tout
San trois
Pd cens
fA'/EOM,)
{
Kieou
7Che, }nonal^
Se y quatre0uari
T/,fcpt
TJien mille
Se quatre
Pci cens
•< Cheduatorze
l-Si,J
Ching Province.
T'-ï grands
Siao petits
JVa« hommes
Nm femmes
Kong en tout
-E^, deux
Dans l'Original, tire du Heou-pou il y a le nombre des Fou,
des Tcheou & des Sun de chaque province. Il y a auffi la compa-
raiibn de Kien-long i6 avec Kien-long 15. J'ai omis tout cela,
XVII.
Koasc-si.
X V 1 1 L
ÏCN-SANi
{chl,}^mnnte
icmlï vmsc
Pei cens
Ty?, feptOuati
Pa, huit
Ty?i'« mille
Pa, huit
/'«j cens
Eut deux,
KOEY-TCHEOU,
Ching Province.
Ta grands
Siao petits
Nan, hommes
Niu, femmes
Kong en tout
San trois
Pei, cens
Ouan
Eut, deux
Tfîai mille
T/, fept
PM, cens
Eul
-{fVin.s.t
Che 3 Bs
£«/ deux.
KlEN-LOKG,
Llaa
Lioufix
jV'cî/z année.
X I X,
OBSERVATIONS ET NOTES,8:c.1. 1 1_ T9_: ~J_ t_
comme ne faiilmt rien à mon but. J ai mis dans la copie en carac-
tères rouges ceux qui font dans ['Explication on peut les con-
fronter.
Hcou-pou eft le Tribunal des Fermes.
Fou ville du premier ordre; Tclieou ville du fécond Sun ville
du troilieme. A Pe-kin le 3 Juillet 1778.
Fin duJixieme
Volume.
Fautes àcorriger
dans ce Volume.
AC. 188 derniere note de l'exemple, U, lifez la%.
27)deuxième colonne des notes lig, 1 qui
font employés, life^ quiétoient
employés.
283, lig. 15 qu'elles, li/iç qu'ils.
289,/J/ 4, infefter.t, lifi{infèrent.
Ibid. lig. 23 & pag. 291, lig. 17&
23 Mant-choux, lifeç_ Mantchoux.
330, lig. 28, le crypte, lifc^ la crypte.
333 lig. 25 fera, tel, lifiifera têt,
370 lig. 26 Tay-mino lijè^ Tay-miao.
P P R O B .fl T 1 p N.
~9 '_a l lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage
intitule 1~l_moi;e.s f<M/7t/M Clrinozs, Tornes ~6' /~7~ &: je n'ai rienl-L
trouve Gui puifiè ,11 empêcher !imprerH.on.APans; le 10 Novem. 1779.
B Ë J 0 T.
Le l'rï~~ilcyc: ~e trom·e aun/r777!'< ~2c..
,LL~
U R E L
Les planches depuisle N°, t ju{c¡u"à xxx, tant
gra,0e);=éftt'iii~pri-
mees appartiennentau Mémoire 1-ir1 la Muûque, Se doivent être
placées vis-a-vis la page 1~0. Les planches xxxi & xxxm fur les
Pierres foncres doivent être placées vis-a-visla page 7-7~
De l'Imprimerie de 5 ï- o L, p F- rue de la Harpe, 1779.