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museedelhomme.fr 18 janvier - 23 avril 2017 Dossier de presse MAPUCHE VOYAGE EN TERRE LAFKENCHE PHOTOGRAPHIES DE RITUAL INHABITUAL

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18 janvier - 23 avril 2017 Dossier de presse

MAPUCHEvoyAgE En tErrE LAfkEnCHE

photographies de ritual inhabitual

Entre photographie, ethnographie et ethnobotanique, l’exposition mêle de manière originale art et sciences et nous emmène à la découverte du peuple Mapuche, qui vit actuellement dans le sud du Chili et dans l’environnement urbain de Santiago. Née d’une collaboration inédite entre le collectif d’artistes « Ritual Inhabitual » et les chercheurs du Département « Hommes, Natures, Sociétés » du Muséum national d’Histoire naturelle, l’exposition met à l’honneur la culture Mapuche et notamment la cosmogonie, les pratiques rituelles et la connaissance des plantes qui se maintiennent, se transmettent et se transforment à travers la relation entre l’ancienne et la nouvelle génération. Le travail photographique sur les communautés amérindiennes « traditionnelles » mais aussi catholiques, évangéliques et les jeunes rappeurs de la banlieue de Santiago, a donné naissance à une magnifique galerie de portraits des acteurs des principaux rituels de ce peuple ; tandis qu’en parallèle, une étude sur les plantes endémiques a permis la création d’un herbier, qui illustre non seulement la diversité des formes végétales existantes dans la région, mais aussi la diversité d’usages associés à ces plantes. Toutes les images ont été réalisées avec une technique photographique atypique « le collodion humide », l’un des premiers procédés photogra-phiques sur plaque de verre datant de 1851.

EntrE PHotogrAPHIE, ETHNOGRAPHIE ET ETHNOBOTANIQUE

RITUAL INHABITUALritual inhabitual est un collectif d’artistes composé de deux artistes chiliens vivant en France : tito gonzalez garcia et Florencia grisanti. depuis 2013, ils réalisent différents projets qui unissent art et science dans des institutions comme le Muséum national d’histoire naturelle de paris, le CentQuatre et la Cité internationale des arts de paris. leurs œuvres vidéos et leurs installations sont une réflexion sur la place des rituels dans le monde moderne. ils s’intéressent aussi à la manière dont les pratiques rituelles unissent ou séparent l’homme de l’animal. dans leur travail, est toujours présente la notion de contradiction, principalement : vie et mort, culture et nature.

Ana Millaleo Collodion humide sur plaque de verre

© Ritual Inhabitual

BencineraCollodion humide sur plaque de verre

© Ritual Inhabitual

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À L’orIgInE DE L’EXPOSITIONDepuis plusieurs années, les projets artistiques du collectif d’artistes Ritual Inhabitual ont rencontré les réflexions des ethnobiologistes du Musée de l’Homme qui travaillent autour du thème des relations de l’Homme avec la Nature. Cela s’est d’abord concrétisé par la participation de Serge Bahuchet, directeur du département « Hommes, Natures, Sociétés » du Muséum national d’Histoire naturelle à un film documentaire autour du mythe du Minotaure et des relations hybrides entre les hommes et les animaux. Lorsque les artistes de Ritual Inhabitual ont voulu aborder ces questions sur le terrain avec des communautés entretenant encore un rapport particulier avec la Nature, leur choix s’est porté vers les autochtones Mapuche du Chili , dont le nom signifie « Peuple de la Terre ». C’est donc tout « naturellement » que la collaboration avec les chercheurs du Musée de l’Homme s’est poursuivie. Les thèmes à explorer ont été discutés en commun, pour s’arrêter sur le monde végétal, les plantes et leurs usages matériels et symboliques par les Mapuche. C’est ainsi que Flora Pennec, ethnobotaniste (CNRS/MNHN), a suivi Florencia Grisanti et Tito Gonzalez Garcia au Chili, pour réaliser ces enquêtes et confectionner un herbier de référence, qui a été déposé au Museum national du Chili ainsi qu’au Muséum national d’Histoire naturelle.

DE L’Art A LA SCIEnCE : LA CRÉATION D’UN HERBIERLa collecte effectuée par Flora Pennec a permis de documenter les plantes présentes dans les quelques « bois natifs » qui subsistent et qui sont utilisées par les communautés Mapuche du Lac Budi. Un herbier d’environ 35 plantes - arbres, arbustes, lianes ou herbacées - illustre non seulement la diversité des formes végétales existantes dans la région, mais aussi la diversité d’usages associés à ces plantes.Pour cela, Flora Pennec est allée à la rencontre de plusieurs personnes afin de connaître les plantes qui les entourent et qui sont de plus en plus rares car elles sont aujourd’hui remplacées par des plantations de pins, d'eucalyptus ou par l'agriculture. Avec elles, Flora Pennec a échangé sur le nom des plantes, leurs usages, que ce soit pour l'artisanat ou la construction, l'alimentation, la médecine ou les activités rituelles comme celles pratiquées par les chamanes, les machis. Ces plantes ont été collectées et mises en herbier, afin de déterminer leur nom scientifique, grâce à une collaboration avec une botaniste chilienne du Muséum de Santiago. Cette étude montre l'importance et la diversité des relations que les Mapuche entretiennent avec les plantes, et leur rôle dans cette culture. C’est à partir de cette base que les portraits des Mapuche seront exposés, comme les branches d’un grand arbre généalogique, dont le tronc serait la Nature.

UnE tECHnIQUE AtyPIQUE : LA PHOTOGRAPHIE AU COLLODION HUMIDELes photographies ont été réalisées avec une technique appelée « collodion humide », l’un des premiers procédés photographiques sur plaque de verre datant de 1851 et qui fut associé à des travaux ethnographiques de la fin du XIXe siècle en Amérique du Nord.La technique du collodion humide produit un négatif sur verre qui, posé sur un fond noir, devient un positif que l’on appelle ambrotype. Elle consiste en l’application d’une épaisse émulsion liquide sur une plaque de verre, qui est ensuite plongée dans un bain de nitrate d’argent, puis transférée dans un châssis étanche à la lumière. Les prises de vue se font à l’aide d’une chambre photographique. La photographie au collodion humide nécessite des manipulations chimiques, le transport d’une chambre noire portative, une rigueur et un soin extrêmes mais elle permet d’obtenir un rendu d’une grande finesse.La contrainte principale est que la préparation et le développement de la plaque de verre doivent se faire au même moment et au même endroit. Ce temps crée une relation particulière entre la personne photographiée et l’objectif de la chambre photographique. Ce que l’on obtient n’est donc pas la condensation d’un geste, mais plutôt un état d’esprit qui est né dans ce temps photographique et qui semble de fait hors du temps.

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Lobelia tupa - Tabaco del diabloCollodion humide sur plaque de verre

© Ritual Inhabitual

Lapageria rosea - Copihue - Collodion humide sur plaque de verre

© Ritual Inhabitual

Lorsque les conquistadors espagnols pénètrent au centre du Chili, en 1536, ils se confrontent à l’un des peuples d’Amérique australe, les Mapuche (« les gens de la terre »), fiers guerriers qui leur résistèrent, comme ils avaient résisté auparavant aux Incas. Connus autrefois sous le nom d’Araucans, ces chasseurs-cueilleurs et pêcheurs empruntèrent aux Incas l’agriculture (maïs, pommes de terre…) et l’élevage (lamas). Des Espagnols ils prirent les moutons, et surtout les chevaux et la pratique de la monte, qui firent d’eux de redoutables cavaliers, à la fois chasseurs et guerriers. Ils s’opposèrent ainsi à tous les envahisseurs pendant trois siècles, se garantissant un vaste territoire autonome, et pratiquant des échanges à travers la Cordillère des Andes, de cuir, chevaux, tissages, viande salée, sel gemme… Ces activités les conduisirent à s’implanter dans la plaine de l’ouest de l’Argentine au cours du 17e siècle. Toutefois, à la fin du 19e siècle, Chiliens et Argentins portèrent les coups décisifs pour expulser par la force les autochtones de leurs terres ancestrales, afin de coloniser ces espaces, y développer l’agriculture intensive, exploiter les forêts, et plus tard construire des barrages… Outre des tueries, il en résulta des déplacements massifs, notamment vers les villes. Au 20e siècle, les Mapuche avaient été spoliés de 90 % de leurs territoires, et ils avaient perdu la majorité de leur cheptel.du Muséum national d’Histoire naturelle

LES MAPUCHE DU CHILI

Audilio Painepan - Collodion humide sur plaque de verre ©Ritual Inhabitual

Pukutriñuke - Collodion humide sur plaque de verre© Ritual Inhabitual

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La photographie, la recherche ethnographique et la botanique se conjuguent dans l’exposition « Mapuche, voyage en terre lafkenche », nous rapprochant ainsi du peuple Mapuche qui vit actuellement dans le sud du Chili, entre la côte et le lac budi, et dans l’environnement urbain de santiago. Ce travail collectif, sur le terrain, d’artistes et intervenants chiliens et de chercheurs français, essaye d’apporter un regard nouveau et révélateur sur les aspects principaux de la culture traditionnelle et en transformation qui définissent le peuple mapuche, ou « les gens de la terre ».

Patricio Powell, Directeur de la DIRAC, Direction des affaires culturelles du Ministère des affaires étrangères du Chili

De nos jours, plusieurs groupes constituent le peuple Mapuche, selon leur lieu d’implantation, notamment les lafkenche près de la côte, les pehuenche dans les montagnes, les huilliche de l’Île de Chiloe… près d’un million de personnes se revendiquent comme Mapuche, plus de 900 000 au Chili, les autres en argentine. la moitié vit dans des centres urbains, souvent depuis plusieurs générations, loin de leurs terres d’origines. Cependant cette émigration urbaine se poursuit. au Chili, elle est provoquée par l’accroissement démographique, la pression foncière qui en résulte, et par les constantes pertes de territoires à cause de la construction de barrages et des transformations de l’environnement (plantations d’eucalyptus ou de pins à la place des forêts naturelles, par exemple). Malgré des timides mesures légales de protection, les pressions sur les terres et les ressources persistent, comme les tentatives d’assimilation culturelle. les communautés y résistent, et fortes sont les revendications autochtones identitaires et territoriales, de part et d’autre des frontières.

Serge Bahuchet, Directeur du Département Hommes, Natures, Sociétésdu Muséum national d’Histoire naturelle

À l’occasion de l’exposition photographique, le Musée de l’Homme propose un cycle de conférences, rencontres, projections et concerts pour découvrir la culture Mapuche du Chili.

Samedi 21 janvier « Entre art et sciences »• De 14h30 à 16h : Rencontre avec les artistes et scientifiques pour découvrir la genèse de l’exposition autour d’un film (40 min). Avec Florencia Grisanti et Tito Gonzalez Garcia, artistes du collectif Ritual Inhabitual ainsi que Serge Bahuchet, ethnoécologue, et Flora Pennec, ingénieur d’études en botanique et écologie, du Muséum national d’Histoire naturelle - Musée de l’Homme.

• De 16h30 à 18h : Rencontre avec les acteurs du programme de Médecine Interculturelle dans les hôpitaux en terre Mapuche du Chili. Dans certaines régions où se trouvent des populations autochtones, il existe des pôles de médecine interculturelle publics où l’on peut aller voir un chaman et être remboursé par le système de santé chilien. Avec Rosa Barbosa, chamane de l’hôpital de Puerto Saavedra ; Andres Paillaleo, coordinateur du Pole de Médecine Interculturelle de l’hôpital de Puerto Saavedra ; et Digna Paillan Colihuinca, représentante de la communauté Mapuche de la région du lac Budi.

Samedi 25 février « La musique Mapuche »• De 14h30 à 16h : Violeta Parra au Wallmapu : rencontres méconnues avec le chant Mapuche. À l’occasion du 100e anniversaire de la naissance de la chanteuse, artiste et ethnomusicologue Violeta Parra, découvrez son rapport avec le peuple Mapuche. Au programme : séance d’écoute et échange avec des experts. Avec Paula Miranda, professeur de la P. Universidad Católica de Chile et experte en l’oeuvre de Violeta Parra ; et Elisa Loncon, académicienne de la Universidad de Santiago de Chile et experte en culture Mapuche et mapudungun.

• De 16h30 à 18h : Concert / Performance de Julie Rousse « Esperando la lluvia » est une performance sonore de la musicienne Julie Rousse (électronique, microphone, kültrün, laptop), résultat de sa recherche dans les communautés Mapuche du Lac Budi en 2015.

Samedi 18 mars : « La culture Mapuche à l’image » • De 14h30 à 16h : Conférence « Le portrait et l'herbier. L'ethnographe, le photographe et le savoir de l'Indien » Une réflexion sur le rapport entre Art et Ethnographie, avec des extraits de films et une conférence. Avec Vincent Debaene (Columbia University / Uni-versité de Genève)

Samedi 8 avril : « L’engagement d’une communauté »En résonance avec de l'exposition temporaire « Nous et les autres. Des préjugés au racisme », l'exposition Mapuche vous invite à une journée de réflexion autour de l’intégration des populations autochtones au sein de la société chilienne. À travers le rap, des jeunes chiliens d'origine Mapuche vivant dans la capitale se réapproprient leur langue, leur culture et leur cosmogonie. Le label Wetruwe Producciones vous fait découvrir les artistes issus de ce brassage ethnique faisant preuve du dynamisme de la culture Mapuche.• De 14h30 à 15h : Projection du film de Raoul Ruiz « Ahora te vamos a llamar hermano » (1971, 12 min 57)

• De 15h à 16h30 : Conférence/concert autour du RAP Mapuche par le label Wetruwe Producciones "Résistance et Tradition orale"

CONTACTS PRESSE PIErrE LAPortECoMMUnICAtIonMARIe Roy [email protected]éDéRIC PILLIeR [email protected] 45 23 14 14—MUSÉE DE L'HoMMECHRISTeL BoRToLI01 44 05 73 23Christel [email protected] GoURLeT01 44 05 72 [email protected]—le dossier de presse et les photos libres de droitsont téléchargeables sur museedelhomme.fr/presse

INFORMATIONS PRATIQUESMUSÉE DE L’HoMME17, plaCe du troCadÉro — paris 16e

t. : 01 44 05 72 72le Musée de l’homme est ouvert au public tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h.l’exposition est en accès libre.

rEnContrES AUTOUR DE L'EXPOSITION

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exposition organisée par le collectif d’artistes ritual inhabitual avec le Muséum national d’histoire naturelle, en partenariatavec le Ministère des affaires étrangères du Chili, de l’École nationale de la photographie, arles, ainsi que picto, et ushuaia tV.avec le soutien de Madame ariane de rothschild.partenaires de la programmation : Conseil national de la Culture et des arts du Chili / Violeta parra 100 ans, Commission chilienne à l’unesCo

L’ÉQUIPE DE L’EXPOSITION Commissariat scientifique : serge bahuchet, directeur du département « hommes, natures, sociétés » du Muséum national d’histoire naturelleFlora pennec, ingénieure d’études, « département hommes, natures, sociétés » du Muséum national d’histoire naturelleCommissariat artistique :sergio Valenzuela et ritual inhabitualPhotographie : Collectif ritual inhabitual (Florencia grisanti et tito gonzalez garcia)Production : Julie héraut