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Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

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The Project Gutenberg EBook ofLettres persanes, tome II, by Charles-Louis de Secondat, baronde Montesquieu

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www.gutenberg.org

Title: Lettres persanes, tome II

Author: Charles-Louis de Secondat,baron de Montesquieu

Release Date: October 12, 2010[EBook #33856]

Language: French

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*** START OF THIS PROJECTGUTENBERG EBOOK LETTRESPERSANES, TOME II ***

Produced by Laurent Vogel, PierreLacaze and the OnlineDistributed Proofreading Team athttp://www.pgdp.net (Thisfile was produced from imagesgenerously made availableby the Bibliothèque nationale de

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France (BnF/Gallica) athttp://gallica.bnf.fr)

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LETTRESPERSANES

PAR

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MONTESQUIEU

AVEC

PRÉFACE, NOTES ETVARIANTES,

INDEX

PHILOSOPHIQUE,HISTORIQUE,LITTÉRAIRE,

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PAR

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ANDRÉ LEFÈVRE

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TOME II

PARIS

ALPHONSE LEMERRE,ÉDITEUR 27, PASSAGE

CHOISEUL, 29

M DCCC LXXIII

Tous droits réservés.

E. Picard

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IMP. EUGÈNE HEUTTE ET Ce, ASAINT GERMAIN.

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LETTRE LXXXIX.

USBEK A RHÉDI.

A Venise.

A Paris règne la liberté etl'égalité. La naissance, la vertu, lemérite même de la guerre, quelquebrillant qu'il soit, ne sauve pas unhomme de la foule dans laquelle ilest confondu. La jalousie des rangsy est inconnue. On dit que lepremier de Paris est celui qui a les

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meilleurs chevaux à son carrosse.

Un grand seigneur est un hommequi voit le roi, qui parle auxministres, qui a des ancêtres, desdettes et des pensions. S'il peutavec cela cacher son oisiveté par unair empressé, ou par un feintattachement pour les plaisirs, ilcroit être le plus heureux de tous leshommes.

En Perse, il n'y a de grands que

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ceux à qui le monarque donnequelque part au gouvernement. Ici,il y a des gens qui sont grands parleur naissance; mais ils sont sanscrédit. Les rois font comme cesouvriers habiles qui, pour exécuterleurs ouvrages, se servent toujoursdes machines les plus simples.

La faveur est la grande divinitédes François. Le ministre est legrand prêtre, qui lui offre bien desvictimes. Ceux qui l'entourent nesont point habillés de blanc: tantôt

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sacrificateurs, et tantôt sacrifiés, ilsse dévouent eux-mêmes à leur idoleavec tout le peuple. A Paris, le 9 de la lune deGemmadi 2, 1715.

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LETTRE XC.

USBEK A IBBEN.

A Smyrne.

Le désir de la gloire n'est pointdifférent de cet instinct que toutesles créatures ont pour leurconservation. Il semble que nousaugmentons notre être, lorsque nouspouvons le porter dans la mémoiredes autres: c'est une nouvelle vieque nous acquérons, et qui nous

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devient aussi précieuse que celleque nous avons reçue du ciel.

Mais comme tous les hommesne sont pas également attachés à lavie, ils ne sont pas aussi égalementsensibles à la gloire. Cette noblepassion est bien toujours gravéedans leur cœur; mais l'imaginationet l'éducation la modifient de millemanières.

Cette différence, qui se trouve

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d'homme à homme, se fait encoreplus sentir de peuple à peuple.

On peut poser pour maxime que,dans chaque État, le désir de lagloire croît avec la liberté dessujets, et diminue avec elle: lagloire n'est jamais compagne de laservitude.

Un homme de bon sens medisoit l'autre jour: On est en France,à bien des égards, plus libre qu'en

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Perse; aussi y aime-t-on plus lagloire. Cette heureuse fantaisie faitfaire à un François, avec plaisir etavec goût, ce que votre sultann'obtient de ses sujets qu'en leurmettant sans cesse devant les yeuxles supplices et les récompenses.

Aussi, parmi nous, le prince est-il jaloux de l'honneur du dernier deses sujets. Il y a pour le maintenirdes tribunaux respectables: c'est letrésor sacré de la nation, et le seuldont le souverain n'est pas le

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maître, parce qu'il ne peut l'êtresans choquer ses intérêts. Ainsi, siun sujet se trouve blessé dans sonhonneur par son prince, soit parquelque préférence, soit par lamoindre marque de mépris, il quittesur-le-champ sa cour, son emploi,son service, et se retire chez lui.

La différence qu'il y a destroupes françoises aux vôtres, c'estque les unes, composées d'esclavesnaturellement lâches, ne surmontentla crainte de la mort que par celle

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du châtiment; ce qui produit dansl'âme un nouveau genre de terreurqui la rend comme stupide: au lieuque les autres se présentent auxcoups avec délice, et bannissent lacrainte par une satisfaction qui luiest supérieure.

Mais le sanctuaire de l'honneur,de la réputation et de la vertu,semble être établi dans lesrépubliques, et dans les pays où l'onpeut prononcer le mot de patrie. ARome, à Athènes, à Lacédémone,

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l'honneur payoit seul les servicesles plus signalés. Une couronne dechêne ou de laurier, une statue, unéloge, étoit une récompenseimmense pour une bataille gagnéeou une ville prise.

Là, un homme qui avoit fait unebelle action se trouvoitsuffisamment récompensé par cetteaction même. Il ne pouvoit voir unde ses compatriotes qu'il neressentit le plaisir d'être sonbienfaiteur; il comptoit le nombre

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de ses services par celui de sesconcitoyens. Tout homme estcapable de faire du bien à unhomme: mais c'est ressembler auxdieux que de contribuer au bonheurd'une société entière.

Mais cette noble émulation nedoit-elle point être entièrementéteinte dans le cœur de vos Persans,chez qui les emplois et les dignitésne sont que des attributs de lafantaisie du souverain? Laréputation et la vertu y sont

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regardées comme imaginaires, sielles ne sont accompagnées de lafaveur du prince, avec laquelleelles naissent et meurent de même.Un homme qui a pour lui l'estimepublique n'est jamais sûr de ne pasêtre déshonoré demain: le voilàaujourd'hui général d'armée; peut-être que le prince le va faire soncuisinier, et qu'il n'aura plus àespérer d'autre éloge que celuid'avoir fait un bon ragoût. A Paris, le 15 de la lune de

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Gemmadi 2, 1715.

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LETTRE XCI.

USBEK AU MÊME.

A Smyrne.

De cette passion générale que lanation françoise a pour la gloire, ils'est formé dans l'esprit desparticuliers un certain je ne saisquoi qu'on appelle point d'honneur:c'est proprement le caractère dechaque profession; mais il est plusmarqué chez les gens de guerre, et

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c'est le point d'honneur parexcellence. Il me seroit biendifficile de te faire sentir ce quec'est; car nous n'en avons pointprécisément d'idée.

Autrefois les François, surtoutles nobles, ne suivoient guèred'autres lois que celles de ce pointd'honneur: elles régloient toute laconduite de leur vie; et elles étoientsi sévères qu'on ne pouvoit, sansune peine plus cruelle que la mort,je ne dis pas les enfreindre, mais en

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éluder la plus petite disposition.

Quand il s'agissoit de régler lesdifférends, elles ne prescrivoientguère qu'une manière de décision,qui étoit le duel, qui tranchoit toutesles difficultés; mais ce qu'il y avoitde mal, c'est que souvent lejugement se rendoit entre d'autresparties que celles qui y étoientintéressées.

Pour peu qu'un homme fût connu

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d'un autre, il falloit qu'il entrât dansla dispute, et qu'il payât de sapersonne, comme s'il avoit été lui-même en colère. Il se sentoittoujours honoré d'un tel choix etd'une préférence si flatteuse; et telqui n'auroit pas voulu donner quatrepistoles à un homme pour le sauverde la potence, lui et toute sa famille,ne faisoit aucune difficulté d'allerrisquer pour lui mille fois sa vie.

Cette manière de décider étoitassez mal imaginée, car de ce qu'un

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homme étoit plus adroit ou plus fortqu'un autre, il ne s'ensuivoit pasqu'il eût de meilleures raisons.

Aussi les rois l'ont-ils défenduesous des peines très-sévères; maisc'est en vain: l'honneur, qui veuttoujours régner, se révolte, et il nereconnoît point de lois.

Ainsi les François sont dans unétat bien violent: car les mêmes loisde l'honneur obligent un honnête

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homme de se venger quand il a étéoffensé; mais, d'un autre côté, lajustice le punit des plus cruellespeines lorsqu'il se venge. Si l'onsuit les lois de l'honneur, on péritsur un échafaud; si l'on suit cellesde la justice, on est banni pourjamais de la société des hommes: iln'y a donc que cette cruellealternative, ou de mourir, ou d'êtreindigne de vivre. A Paris, le 18 de la lune deGemmadi 2, 1715.

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LETTRE XCII.

USBEK A RUSTAN.

A Ispahan.

Il paroît ici un personnagetravesti en ambassadeur de Perse,qui se joue insolemment des deuxplus grands rois du monde. Ilapporte au monarque des Françoisdes présents que le nôtre ne sauroitdonner à un roi d'Irimette ou deGéorgie; et, par sa lâche avarice, il

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a flétri la majesté des deux empires.

Il s'est rendu ridicule devant unpeuple qui prétend être le plus polide l'Europe, et il a fait dire enOccident que le roi des rois nedomine que sur des barbares.

Il a reçu des honneurs qu'ilsembloit avoir voulu se fairerefuser lui-même; et, comme si lacour de France avoit eu plus à cœurla grandeur persane que lui, elle l'a

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fait paroître avec dignité devant unpeuple dont il est le mépris.

Ne dis point ceci à Ispahan:épargne la tête d'un malheureux. Jene veux pas que nos ministres lepunissent de leur propreimprudence, et de l'indigne choixqu'ils ont fait. De Paris, le dernier de la lune deGemmadi 2, 1715.

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LETTRE XCIII.

USBEK A RHÉDI.

A Venise.

Le monarque qui a si longtempsrégné n'est plus[A]. Il a bien faitparler des gens pendant sa vie; toutle monde s'est tû à sa mort. Fermeet courageux dans ce derniermoment, il a paru ne céder qu'audestin. Ainsi mourut le grand Cha-Abas, après avoir rempli toute la

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terre de son nom.

[A] Il mourut le 1er

septembre 1715.

Ne crois pas que ce grandévénement n'ait fait faire ici que desréflexions morales. Chacun a penséà ses affaires, et à prendre sesavantages dans ce changement. Leroi, arrière-petit-fils du monarquedéfunt, n'ayant que cinq ans, unprince son oncle a été déclaré

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régent du royaume.

Le feu roi avoit fait un testamentqui bornoit l'autorité du régent. Ceprince habile a été au parlement; et,y exposant tous les droits de sanaissance, il a fait casser ladisposition du monarque, qui,voulant se survivre à lui-même,sembloit avoir prétendu régnerencore après sa mort.

Les parlements ressemblent à

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ces ruines que l'on foule aux pieds,mais qui rappellent toujours l'idéede quelque temple fameux parl'ancienne religion des peuples. Ilsne se mêlent guère plus que derendre la justice; et leur autorité esttoujours languissante, à moins quequelque conjoncture imprévue nevienne lui rendre la force et la vie.Ces grands corps ont suivi le destindes choses humaines: ils ont cédéau temps, qui détruit tout; à lacorruption des mœurs, qui a toutaffoibli; à l'autorité suprême, qui a

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tout abattu.

Mais le régent, qui a voulu serendre agréable au peuple, a parud'abord respecter cette image de laliberté publique; et, comme s'ilavoit pensé à relever de terre letemple et l'idole, il a voulu qu'onles regardât comme l'appui de lamonarchie et le fondement de touteautorité légitime. A Paris, le 4 de la lune de Rhégeb,1715.

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LETTRE XCIV.

USBEK A SON FRÈRE,SANTON AU

MONASTÈRE DECASBIN.

Je m'humilie devant toi, sacrésanton, et je me prosterne: jeregarde les vestiges de tes piedscomme la prunelle de mes yeux. Tasainteté est si grande, qu'il sembleque tu aies le cœur de notre saintprophète; tes austérités étonnent le

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ciel même; les anges t'ont regardédu sommet de la gloire, et ont dit:Comment est-il encore sur la terre,puisque son esprit est avec nous, etvole autour du trône qui est soutenupar les nuées?

Et comment ne t'honorerois-jepas, moi qui ai appris de nosdocteurs que les dervis, mêmeinfidèles, ont toujours un caractèrede sainteté qui les rend respectablesaux vrais croyants; et que Dieu s'estchoisi dans tous les coins de la

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terre des âmes plus pures que lesautres, qu'il a séparées du mondeimpie, afin que leurs mortificationset leurs prières ferventessuspendissent sa colère prête àtomber sur tant de peuples rebelles?

Les chrétiens disent desmerveilles de leurs premierssantons, qui se réfugièrent à milliersdans les déserts affreux de laThébaïde, et eurent pour chefs Paul,Antoine et Pacôme. Si ce qu'ils endisent est vrai, leurs vies sont aussi

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pleines de prodiges que celles denos plus sacrés immaums. Ilspassoient quelquefois dix ansentiers sans voir un seul homme:mais ils habitoient la nuit et le jouravec des démons; ils étoient sanscesse tourmentés par ces espritsmalins; ils les trouvoient au lit, ilsles trouvoient à table; jamais d'asilecontre eux. Si tout ceci est vrai,santon vénérable, il faudroit avouerque personne n'auroit jamais vécuen plus mauvaise compagnie.

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Les chrétiens sensés regardenttoutes ces histoires comme uneallégorie bien naturelle, qui nouspeut servir à nous faire sentir lemalheur de la condition humaine.En vain cherchons-nous dans ledésert un état tranquille; lestentations nous suivent toujours: nospassions, figurées par les démons,ne nous quittent point encore; cesmonstres du cœur, ces illusions del'esprit, ces vains fantômes del'erreur et du mensonge, se montrenttoujours à nous pour nous séduire,

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et nous attaquent jusque dans lesjeûnes et les cilices, c'est-à-direjusque dans notre force même.

Pour moi, santon vénérable, jesais que l'envoyé de Dieu aenchaîné Satan, et l'a précipité dansles abîmes: il a purifié la terre,autrefois pleine de son empire, etl'a rendue digne du séjour des angeset des prophètes. A Paris, le 9 de la lune de Chahban,1715.

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LETTRE XCV

USBEK A RHÉDI.

A Venise.

Je n'ai jamais ouï parler dudroit public, qu'on n'ait commencépar rechercher soigneusementquelle est l'origine des sociétés; cequi me paroît ridicule. Si leshommes n'en formoient point, s'ilsse quittoient et se fuyoient les unsles autres, il faudroit en demander

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la raison, et chercher pourquoi ilsse tiennent séparés: mais ilsnaissent tous liés les uns aux autres;un fils est né auprès de son père, etil s'y tient: voilà la société, et lacause de la société.

Le droit public est plus connuen Europe qu'en Asie: cependant onpeut dire que les passions desprinces, la patience des peuples, laflatterie des écrivains, en ontcorrompu tous les principes.

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Ce droit, tel qu'il estaujourd'hui, est une science quiapprend aux princes jusqu'à quelpoint ils peuvent violer la justicesans choquer leurs intérêts. Queldessein, Rhédi, de vouloir, pourendurcir leur conscience, mettrel'iniquité en système, d'en donnerdes règles, d'en former desprincipes, et d'en tirer desconséquences!

La puissance illimitée de nossublimes sultans, qui n'a d'autre

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règle qu'elle-même, ne produit pasplus de monstres que cet art indignequi veut faire plier la justice, toutinflexible qu'elle est.

On diroit, Rhédi, qu'il y a deuxjustices toutes différentes: l'une quirègle les affaires des particuliers,qui règne dans le droit civil; l'autrequi règle les différends quisurviennent de peuple à peuple, quityrannise dans le droit public:comme si le droit public n'étoit paslui-même un droit civil, non pas à la

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vérité d'un pays particulier, mais dumonde.

Je t'expliquerai dans une autrelettre mes pensées là-dessus. A Paris, le 1er de la lune deZilhagé, 1716.

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LETTRE XCVI.

USBEK AU MÊME.

Les magistrats doivent rendre lajustice de citoyen à citoyen: chaquepeuple la doit rendre lui-même delui à un autre peuple. Dans cetteseconde distribution de justice, onne peut employer d'autres maximesque dans la première.

De peuple à peuple, il est

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rarement besoin de tiers pour juger,parce que les sujets de disputes sontpresque toujours clairs et faciles àterminer. Les intérêts de deuxnations sont ordinairement siséparés, qu'il ne faut qu'aimer lajustice pour la trouver: on ne peutguère se prévenir dans sa proprecause.

Il n'en est pas de même desdifférends qui arrivent entreparticuliers. Comme ils vivent ensociété, leurs intérêts sont si mêlés

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et si confondus, il y en a tant desortes différentes, qu'il estnécessaire qu'un tiers débrouille ceque la cupidité des parties chercheà obscurcir.

Il n'y a que deux sortes deguerres justes: les unes qui se fontpour repousser un ennemi quiattaque; les autres pour secourir unallié qui est attaqué.

Il n'y auroit point de justice de

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faire la guerre pour des querellesparticulières du prince, à moins quele cas ne fût si grave qu'il méritât lamort du prince, ou du peuple qui l'acommis. Ainsi un prince ne peutfaire la guerre parce qu'on lui aurarefusé un honneur qui lui est dû, ouparce qu'on aura eu quelqueprocédé peu convenable à l'égardde ses ambassadeurs, et autreschoses pareilles; non plus qu'unparticulier ne peut tuer celui qui luirefuse le pas. La raison en est que,comme la déclaration de guerre doit

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être un acte de justice, dans lequelil faut toujours que la peine soitproportionnée à la faute, il faut voirsi celui à qui on déclare la guerremérite la mort. Car faire la guerre àquelqu'un, c'est vouloir le punir demort.

Dans le droit public, l'acte dejustice le plus sévère c'est laguerre: puisque son but est ladestruction de la société.

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Les représailles sont du seconddegré. C'est une loi que lestribunaux n'ont pu s'empêcherd'observer, de mesurer la peine parle crime.

Un troisième acte de justice estde priver un prince des avantagesqu'il peut tirer de nous,proportionnant toujours la peine àl'offense.

Le quatrième acte de justice, qui

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doit être le plus fréquent, est larenonciation à l'alliance du peupledont on a à se plaindre. Cette peinerépond à celle du bannissementétablie dans les tribunaux, quiretranche les coupables de lasociété. Ainsi un prince à l'allianceduquel nous renonçons est retranchépar là de notre société, et n'est plusun de nos membres.

On ne peut pas faire de plusgrand affront à un prince que derenoncer à son alliance, ni lui faire

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de plus grand honneur que de lacontracter. Il n'y a rien parmi leshommes qui leur soit plus glorieux,et même plus utile, que d'en voird'autres toujours attentifs à leurconservation.

Mais pour que l'alliance nouslie, il faut qu'elle soit juste: ainsiune alliance faite entre deux nationspour en opprimer une troisièmen'est pas légitime, et on peut lavioler sans crime.

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Il n'est pas même de l'honneur etde la dignité du prince de s'allieravec un tyran. On dit qu'unmonarque d'Égypte fit avertir le roide Samos de sa cruauté et de satyrannie, et le somma de s'encorriger: comme il ne le fit pas, illui envoya dire qu'il renonçoit à sonamitié et à son alliance.

La conquête ne donne point undroit par elle-même. Lorsque lepeuple subsiste, elle est un gage dela paix et de la réparation du tort;

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et, si le peuple est détruit oudispersé, elle est le monument d'unetyrannie.

Les traités de paix sont si sacrésparmi les hommes, qu'il semblequ'ils soient la voix de la nature,qui réclame ses droits. Ils sont touslégitimes, lorsque les conditions ensont telles que les deux peuplespeuvent se conserver: sans quoi,celle des deux sociétés qui doitpérir, privée de sa défense naturellepar la paix, la peut chercher dans la

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guerre.

Car la nature, qui a établi lesdifférents degrés de force et defoiblesse parmi les hommes, aencore souvent égalé la foiblesse àla force par le désespoir. A Paris, le 4 de la lune de Zilhagé,1716.

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LETTRE XCVII.

LE PREMIER EUNUQUEA USBEK.

A Paris.

Il est arrivé ici beaucoup defemmes jaunes du royaume deVisapour: j'en ai acheté une pourton frère le gouverneur deMazenderan, qui m'envoya il y a unmois son commandement sublime etcent tomans.

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Je me connois en femmes,d'autant mieux qu'elles ne mesurprennent pas, et qu'en moi lesyeux ne sont point troublés par lesmouvements du cœur.

Je n'ai jamais vu de beauté sirégulière et si parfaite: ses yeuxbrillants portent la vie sur sonvisage, et relèvent l'éclat d'unecouleur qui pourroit effacer tous lescharmes de la Circassie.

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Le premier eunuque d'unnégociant d'Ispahan la marchandoitavec moi; mais elle se déroboitdédaigneusement à ses regards, etsembloit chercher les miens, commesi elle avoit voulu me dire qu'un vilmarchand n'étoit pas digne d'elle, etqu'elle étoit destinée à un plusillustre époux.

Je te l'avoue, je sens dans moi-même une joie secrète quand je

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pense aux charmes de cette bellepersonne: il me semble que je lavois entrer dans le sérail de tonfrère; je me plais à prévoirl'étonnement de toutes ses femmes;la douleur impérieuse des unes;l'affliction muette, mais plusdouloureuse, des autres; laconsolation maligne de celles quin'espèrent plus rien, et l'ambitionirritée de celles qui espèrentencore.

Je vais d'un bout du royaume à

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l'autre faire changer tout un sérailde face. Que de passions je vaisémouvoir! Que de craintes et depeines je prépare!

Cependant, dans le trouble dudedans, le dehors ne sera pas moinstranquille: les grandes révolutionsseront cachées dans le fond ducœur; les chagrins seront dévorés,et les joies contenues; l'obéissancene sera pas moins exacte, et lesrègles moins inflexibles; ladouceur, toujours contrainte de

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paroître, sortira du fond même dudésespoir.

Nous remarquons que, plus nousavons de femmes sous nos yeux,moins elles nous donnentd'embarras. Une plus grandenécessité de plaire, moins defacilité de s'unir, plus d'exemplesde soumission, tout cela leur formedes chaînes. Les unes sont sanscesse attentives sur les démarchesdes autres: il semble que, deconcert avec nous, elles travaillent

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à se rendre plus dépendantes; ellesfont presque la moitié de notreoffice, et nous ouvrent les yeuxquand nous les fermons. Que dis-je?elles irritent sans cesse le maîtrecontre leurs rivales; et elles nevoient pas combien elles setrouvent près de celles qu'on punit.

Mais tout cela, magnifiqueseigneur, tout cela n'est rien sans laprésence du maître. Que pouvons-nous faire avec ce vain fantômed'une autorité qui ne se communique

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jamais tout entière? Nous nereprésentons que foiblement lamoitié de toi-même: nous nepouvons que leur montrer uneodieuse sévérité. Toi, tu tempèresla crainte par les espérances: plusabsolu quand tu caresses, que tu nel'es quand tu menaces.

Reviens donc, magnifiqueseigneur, reviens dans ces lieuxporter partout les marques de tonempire. Viens adoucir des passionsdésespérées: viens ôter tout

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prétexte de faillir; viens apaiserl'amour qui murmure, et rendre ledevoir même aimable; viens enfinsoulager tes fidèles eunuques d'unfardeau qui s'appesantit chaquejour. Du sérail d'Ispahan, le 8 de la lunede Zilhagé, 1716.

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LETTRE XCVIII.

USBEK A HASSEIN,DERVIS DE LA

MONTAGNE DE JARON.

O toi, sage dervis, dont l'espritcurieux brille de tant deconnoissances, écoute ce que jevais te dire.

Il y a ici des philosophes qui, àla vérité, n'ont point atteint jusqu'au

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faîte de la sagesse orientale: ilsn'ont point été ravis jusqu'au trônelumineux; ils n'ont, ni entendu lesparoles ineffables dont les concertsdes anges retentissent, ni senti lesformidables accès d'une fureurdivine: mais, laissés à eux-mêmes,privés des saintes merveilles, ilssuivent dans le silence les traces dela raison humaine.

Tu ne saurois croire jusqu'où ceguide les a conduits. Ils ontdébrouillé le chaos; et ont expliqué,

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par une mécanique simple, l'ordrede l'architecture divine. L'auteur dela nature a donné du mouvement à lamatière: il n'en a pas falludavantage pour produire cetteprodigieuse variété d'effets, quenous voyons dans l'univers.

Que les législateurs ordinairesnous proposent des lois pour réglerles sociétés des hommes; des loisaussi sujettes au changement quel'esprit de ceux qui les proposent etdes peuples qui les observent:

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ceux-ci ne nous parlent que des loisgénérales, immuables, éternelles,qui s'observent sans aucuneexception, avec un ordre, unerégularité, et une promptitudeinfinie, dans l'immensité desespaces.

Et que crois-tu, homme divin,que soient ces lois? Tu t'imaginespeut-être qu'entrant dans le conseilde l'Éternel, tu vas être étonné parla sublimité des mystères: turenonces par avance à comprendre;

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tu ne te proposes que d'admirer.

Mais tu changeras bientôt depensée: elles n'éblouissent point parun faux respect; leur simplicité les afait longtemps méconnoître, et cen'est qu'après bien des réflexionsqu'on en a connu toute la féconditéet toute l'étendue.

La première est que tout corpstend à décrire une ligne droite, àmoins qu'il ne rencontre quelque

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obstacle qui l'en détourne; et laseconde, qui n'en est qu'une suite,c'est que tout corps qui tourneautour d'un centre tend à s'enéloigner, parce que, plus il en estloin, plus la ligne qu'il décritapproche de la ligne droite.

Voilà, sublime dervis, la clef dela nature: voilà des principesféconds, dont on tire desconséquences à perte de vue,comme je te le ferai voir dans unelettre particulière.

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La connoissance de cinq ou sixvérités a rendu leur philosophiepleine de miracles, et leur a faitfaire plus de prodiges et demerveilles que tout ce qu'on nousraconte de nos saints prophètes.

Car enfin je suis persuadé qu'iln'y a aucun de nos docteurs qui n'eûtété embarrassé, si on lui eût dit depeser dans une balance tout l'air quiest autour de la terre, ou de mesurer

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toute l'eau qui tombe chaque annéesur sa surface; et qui n'eût penséplus de quatre fois, avant de direcombien de lieues le son fait dansune heure; quel temps un rayon delumière emploie à venir du soleil ànous; combien de toises il y a d'icià Saturne; quelle est la courbe selonlaquelle un vaisseau doit être taillé,pour être le meilleur voilier qu'ilsoit possible.

Peut-être que si quelque hommedivin avoit orné les ouvrages de ces

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philosophes de paroles hautes etsublimes; s'il y avoit mêlé desfigures hardies et des allégoriesmystérieuses, il auroit fait un belouvrage qui n'auroit cédé qu'ausaint Alcoran.

Cependant, s'il te faut dire ceque je pense, je ne m'accommodeguères du style figuré. Il y a dansnotre Alcoran un grand nombre dechoses puériles, qui me paroissenttoujours telles, quoiqu'elles soientrelevées par la force et la vie de

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l'expression. Il semble d'abord queles livres inspirés ne sont que lesidées divines rendues en langagehumain: au contraire, dans noslivres saints, on trouve le langagede Dieu, et les idées des hommes;comme si, par un admirablecaprice, Dieu y avoit dicté lesparoles, et que l'homme eût fourniles pensées.

Tu diras peut-être que je parletrop librement de ce qu'il y a deplus saint parmi nous; tu croiras que

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c'est le fruit de l'indépendance oùl'on vit dans ce pays. Non, grâcesau ciel, l'esprit n'a pas corrompu lecœur; et, tandis que je vivrai, Alisera mon prophète. A Paris, le 15 de la lune deChahban, 1716.

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LETTRE XCIX.

USBEK A IBBEN.

A Smyrne.

Il n'y a point de pays au mondeoù la fortune soit si inconstante quedans celui-ci. Il arrive tous les dixans des révolutions qui précipitentle riche dans la misère, et enlèventle pauvre avec des ailes rapides aucomble des richesses. Celui-ci estétonné de sa pauvreté; celui-là l'est

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de son abondance. Le nouveau richeadmire la sagesse de la providence;le pauvre, l'aveugle fatalité dudestin.

Ceux qui lèvent les tributsnagent au milieu des trésors: parmieux il y a peu de Tantales. Ilscommencent pourtant ce métier parla dernière misère: ils sontméprisés comme de la boue pendantqu'ils sont pauvres; quand ils sontriches, on les estime assez: aussi nenégligent-ils rien pour acquérir de

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l'estime.

Ils sont à présent dans unesituation bien terrible. On vientd'établir une chambre qu'on appellede justice, parce qu'elle va leurravir tout leur bien. Ils ne peuventni détourner ni cacher leurs effets;car on les oblige de les déclarer aujuste, sous peine de la vie: ainsi onles fait passer par un défilé bienétroit, je veux dire entre la vie etleur argent. Pour combled'infortune, il y a un ministre connu

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par son esprit, qui les honore de sesplaisanteries, et badine sur toutesles délibérations du conseil. On netrouve pas tous les jours desministres disposés à faire rire lepeuple; et l'on doit savoir bon gré àcelui-ci de l'avoir entrepris.

Le corps des laquais est plusrespectable en France qu'ailleurs:c'est un séminaire de grandsseigneurs; il remplit le vide desautres états. Ceux qui le composentprennent la place des grands

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malheureux, des magistrats ruinés,des gentilshommes tués dans lesfureurs de la guerre; et quand ils nepeuvent pas suppléer par eux-mêmes, ils relèvent toutes lesgrandes maisons par le moyen deleurs filles, qui sont comme uneespèce de fumier qui engraisse lesterres montagneuses et arides.

Je trouve, Ibben, la providenceadmirable dans la manière dont ellea distribué les richesses: si elle neles avoit accordées qu'aux gens de

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bien, on ne les auroit pas assezdistinguées de la vertu, et on n'enauroit plus senti tout le néant. Maisquand on examine qui sont les gensqui en sont les plus chargés, à forcede mépriser les riches, on vientenfin à mépriser les richesses. A Paris, le 26 de la lune deMaharram, 1717.

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LETTRE C.

RICA A RHÉDI.

A Venise.

Je trouve les caprices de lamode, chez les François, étonnants.Ils ont oublié comment ils étoienthabillés cet été; ils ignorent encoreplus comment ils le seront cet hiver:mais surtout on ne sauroit croirecombien il en coûte à un mari, pourmettre sa femme à la mode.

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Que me serviroit de te faire unedescription exacte de leurhabillement et de leurs parures? unemode nouvelle viendroit détruiretout mon ouvrage, comme celui deleurs ouvriers; et, avant que tueusses reçu ma lettre, tout seroitchangé.

Une femme qui quitte Paris pouraller passer six mois à la campagneen revient aussi antique que si elle

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s'y étoit oubliée trente ans. Le filsméconnoît le portrait de sa mère,tant l'habit avec lequel elle estpeinte lui paroît étranger; ils'imagine que c'est quelqueAméricaine qui y est représentée;ou que le peintre a voulu exprimerquelqu'une de ses fantaisies.

Quelquefois les coiffuresmontent insensiblement; et unerévolution les fait descendre tout àcoup. Il a été un temps que leurhauteur immense mettoit le visage

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d'une femme au milieu d'elle-même:dans un autre, c'étoit les pieds quioccupoient cette place; les talonsfaisoient un piédestal, qui les tenoiten l'air. Qui pourroit le croire? lesarchitectes ont été souvent obligésde hausser, de baisser et d'élargirleurs portes, selon que les paruresdes femmes exigeoient d'eux cechangement; et les règles de leur artont été asservies à ces fantaisies.On voit quelquefois sur un visageune quantité prodigieuse demouches, et elles disparoissent

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toutes le lendemain. Autrefois lesfemmes avoient de la taille, et desdents; aujourd'hui il n'en est pasquestion. Dans cette changeantenation, quoi qu'en dise le critique,les filles se trouvent autrementfaites que leurs mères.

Il en est des manières et de lafaçon de vivre comme des modes:les François changent de mœursselon l'âge de leur roi. Le monarquepourroit même parvenir à rendre lanation grave, s'il l'avoit entrepris.

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Le prince imprime le caractère deson esprit à la cour, la cour à laville, la ville aux provinces. L'âmedu souverain est un moule qui donnela forme à toutes les autres. De Paris, le 8 de la lune de Saphar,1717.

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LETTRE CI.

RICA AU MÊME.

Je te parlois l'autre jour del'inconstance prodigieuse desFrançois sur leurs modes.Cependant il est inconcevable àquel point ils en sont entêtés: c'estla règle avec laquelle ils jugent detout ce qui se fait chez les autresnations; ils y rappellent tout; ce quiest étranger leur paroît toujoursridicule. Je t'avoue que je ne

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saurois guères ajuster cette fureurpour leurs costumes avecl'inconstance avec laquelle ils enchangent tous les jours.

Quand je te dis qu'ils méprisenttout ce qui est étranger, je ne teparle que des bagatelles; car, surles choses importantes, ils semblents'être méfiés d'eux-mêmes jusqu'àse dégrader. Ils avouent de boncœur que les autres peuples sontplus sages, pourvu qu'on conviennequ'ils sont mieux vêtus: ils veulent

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bien s'assujettir aux lois d'unenation rivale, pourvu que lesperruquiers françois décident enlégislateurs sur la forme desperruques étrangères. Rien ne leurparoît si beau que de voir le goût deleurs cuisiniers régner duseptentrion au midi; et lesordonnances de leurs coiffeusesportées dans toutes les toilettes del'Europe.

Avec ces nobles avantages, queleur importe que le bon sens leur

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vienne d'ailleurs, et qu'ils aient prisde leurs voisins tout ce quiconcerne le gouvernement politiqueet civil?

Qui peut penser qu'un royaume,le plus ancien et le plus puissant del'Europe, soit gouverné, depuis plusde dix siècles, par des lois qui nesont pas faites pour lui? Si lesFrançois avoient été conquis, cecine seroit pas difficile àcomprendre: mais ils sont lesconquérants.

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Ils ont abandonné les loisanciennes, faites par leurs premiersrois dans les assemblées généralesde la nation; et ce qu'il y a desingulier, c'est que les loisromaines, qu'ils ont prises à laplace, étoient en partie faites et enpartie rédigées par des empereurscontemporains de leurs législateurs.

Et afin que l'acquisition fûtentière, et que tout le bon sens leur

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vînt d'ailleurs, ils ont adopté toutesles constitutions des papes, et en ontfait une nouvelle partie de leurdroit: nouveau genre de servitude.

Il est vrai que, dans les dernierstemps, on a rédigé par écritquelques statuts des villes et desprovinces: mais ils sont presquetous pris du droit romain.

Cette abondance de loisadoptées, et pour ainsi dire

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naturalisées, est si grande qu'elleaccable également la justice et lesjuges. Mais ces volumes de lois nesont rien en comparaison de cettearmée effroyable de glossateurs, decommentateurs, de compilateurs;gens aussi foibles par le peu dejustesse de leur esprit qu'ils sontforts par leur nombre prodigieux.

Ce n'est pas tout: ces loisétrangères ont introduit desformalités qui sont la honte de laraison humaine. Il seroit assez

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difficile de décider si la forme s'estrendue plus pernicieuse, lorsqu'elleest entrée dans la jurisprudence, oulorsqu'elle s'est logée dans lamédecine; si elle a fait plus deravages sous la robe d'unjurisconsulte que sous le largechapeau d'un médecin; et si dansl'une elle a plus ruiné de gensqu'elle n'en a tué dans l'autre. De Paris, le 17 de la lune deSaphar, 1717.

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LETTRE CII.

USBEK A ***.

On parle toujours ici de laconstitution. J'entrai l'autre jourdans une maison où je vis d'abordun gros homme avec un teintvermeil, qui disoit d'une voix forte:J'ai donné mon mandement; je n'iraipoint répondre à tout ce que vousdites; mais lisez-le, ce mandement;et vous verrez que j'y ai résolu tousvos doutes. Il m'a fallu bien suer

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pour le faire, dit-il en portant lamain sur le front; j'ai eu besoin detoute ma doctrine; et il m'a fallu lirebien des auteurs latins. Je le crois,dit un homme qui se trouva là, carc'est un bel ouvrage; et je défie cejésuite qui vient si souvent vousvoir d'en faire un meilleur. Eh bien,lisez-le donc, reprit-il, et vousserez plus instruit sur ces matièresdans un quart d'heure, que si je vousen avois parlé deux heures. Voilàcomme il évitoit d'entrer enconversation, et de commettre sa

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suffisance. Mais, comme il se vitpressé, il fut obligé de sortir de sesretranchements; et il commença àdire théologiquement force sottises,soutenu d'un dervis qui les luirendoit très-respectueusement.Quand deux hommes qui étoient làlui nioient quelque principe, ildisoit d'abord: Cela est certain,nous l'avons jugé ainsi; et noussommes des juges infaillibles. Etcomment, lui dis-je pour lors, êtes-vous des juges infaillibles? Nevoyez-vous pas, reprit-il, que le

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Saint-Esprit nous éclaire? Cela estheureux, lui répondis-je; car, de lamanière dont vous avez parlé toutaujourd'hui, je reconnois que vousavez grand besoin d'être éclairé.

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De Paris, le 18 de la lune deRebiab 1, 1717.

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LETTRE CIII.

USBEK A IBBEN.

A Smyrne.

Les plus puissants États del'Europe sont ceux de l'empereur,des rois de France, d'Espagne etd'Angleterre. L'Italie et une grandepartie de l'Allemagne sontpartagées en un nombre infini depetits États, dont les princes sont, àproprement parler, les martyrs de la

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souveraineté. Nos glorieux sultansont plus de femmes que la plupartde ces princes n'ont de sujets. Ceuxd'Italie, qui ne sont pas si unis, sontplus à plaindre: leurs États sontouverts comme des caravansérails,où ils sont obligés de loger lespremiers qui viennent: il faut doncqu'ils s'attachent aux grands princes,et leur fassent part de leur frayeur,plutôt que de leur amitié.

La plupart des gouvernementsd'Europe sont monarchiques, ou

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plutôt sont ainsi appelés: car je nesais pas s'il y en a jamais euvéritablement de tels; au moins est-il impossible qu'ils aient subsistélongtemps dans leur pureté. C'est unétat violent, qui dégénère toujoursen despotisme, ou en république: lapuissance ne peut jamais êtreégalement partagée entre le peupleet le prince; l'équilibre est tropdifficile à garder: il faut que lepouvoir diminue d'un côté pendantqu'il augmente de l'autre; maisl'avantage est ordinairement du côté

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du prince, qui est à la tête desarmées.

Aussi le pouvoir des roisd'Europe est-il bien grand, et onpeut dire qu'ils l'ont tel qu'ils leveulent: mais ils ne l'exercent pointavec tant d'étendue que nos sultans;premièrement, parce qu'ils neveulent point choquer les mœurs etla religion des peuples;secondement, parce qu'il n'est pasde leur intérêt de le porter si loin.

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Rien ne rapproche plus lesprinces de la condition de leurssujets, que cet immense pouvoirqu'ils exercent sur eux; rien ne lessoumet plus aux revers, et auxcaprices de la fortune.

L'usage où ils sont de fairemourir tous ceux qui leurdéplaisent, au moindre signe qu'ilsfont, renverse la proportion qui doitêtre entre les fautes et les peines,qui est comme l'âme des États etl'harmonie des empires; et cette

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proportion, scrupuleusement gardéepar les princes chrétiens, leur donneun avantage infini sur nos sultans.

Un Persan qui, par imprudenceou par malheur, s'est attiré ladisgrâce du prince, est sûr demourir: la moindre faute ou lemoindre caprice le met dans cettenécessité. Mais s'il avoit attenté à lavie de son souverain, s'il avoitvoulu livrer ses places aux ennemis,il en seroit aussi quitte pour perdrela vie: il ne court donc pas plus de

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risque dans ce dernier cas que dansle premier.

Aussi, dans la moindredisgrâce, voyant la mort certaine, etne voyant rien de pis, il se portenaturellement à troubler l'État, et àconspirer contre le souverain; seuleressource qui lui reste.

Il n'en est pas de même desgrands d'Europe, à qui la disgrâcen'ôte rien que la bienveillance et la

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faveur. Ils se retirent de la cour, etne songent qu'à jouir d'une vietranquille et des avantages de leurnaissance. Comme on ne les faitguères périr que pour le crime delèse-majesté, ils craignent d'ytomber, par la considération de cequ'ils ont à perdre, et du peu qu'ilsont à gagner: ce qui fait qu'on voitpeu de révoltes, et peu de princesmorts d'une mort violente.

Si, dans cette autorité illimitéequ'ont nos princes, ils n'apportoient

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pas tant de précautions pour mettreleur vie en sûreté, ils ne vivroientpas un jour; et s'ils n'avoient à leursolde un nombre innombrable detroupes, pour tyranniser le reste deleurs sujets, leur empire nesubsisteroit pas un mois.

Il n'y a que quatre ou cinqsiècles qu'un roi de France prit desgardes, contre l'usage de ces temps-là, pour se garantir des assassinsqu'un petit prince d'Asie avoitenvoyés pour le faire périr: jusque-

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là les rois avoient vécu tranquillesau milieu de leurs sujets, commedes pères au milieu de leurs enfants.

Bien loin que les rois de Francepuissent de leur propre mouvementôter la vie à un de leurs sujets,comme nos sultans, ils portent aucontraire toujours avec eux la grâcede tous les criminels; il suffit qu'unhomme ait été assez heureux pourvoir l'auguste visage de son prince,pour qu'il cesse d'être indigne devivre. Ces monarques sont comme

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le soleil, qui porte partout lachaleur et la vie. De Paris, le 8 de la lune de Rebiab2, 1717.

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LETTRE CIV.

USBEK AU MÊME.

Pour suivre l'idée de madernière lettre, voici à peu près ceque me disoit l'autre jour unEuropéen assez sensé:

Le plus mauvais parti que lesprinces d'Asie aient pu prendre,c'est de se cacher comme ils font.Ils veulent se rendre plus

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respectables: mais ils font respecterla royauté, et non pas le roi; etattachent l'esprit des sujets à uncertain trône, et non pas à unecertaine personne.

Cette puissance invisible quigouverne est toujours la même pourle peuple. Quoique dix rois, qu'il neconnoît que de nom, se soientégorgés l'un après l'autre, il ne sentaucune différence: c'est comme s'ilavoit été gouverné successivementpar des esprits.

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Si le détestable parricide denotre grand roi Henri IV avoit portéce coup sur un roi des Indes, maîtredu sceau royal et d'un trésorimmense, qui auroit semblé amassépour lui, il auroit pristranquillement les rênes del'empire, sans qu'un seul homme eûtpensé à réclamer son roi, sa familleet ses enfants.

On s'étonne de ce qu'il n'y a

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presque jamais de changement dansle gouvernement des princesd'Orient; et d'où vient cela, si cen'est de ce qu'il est tyrannique etaffreux?

Les changements ne peuvent êtrefaits que par le prince, ou par lepeuple; mais là, les princes n'ontgarde d'en faire, parce que, dans unsi haut degré de puissance, ils onttout ce qu'ils peuvent avoir; s'ilschangeoient quelque chose, ce nepourroit être qu'à leur préjudice.

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Quant aux sujets, si quelqu'und'eux forme quelque résolution, ilne sauroit l'exécuter sur l'État; ilfaudroit qu'il contre-balançât tout àcoup une puissance redoutable ettoujours unique; le temps luimanque comme les moyens: mais iln'a qu'à aller à la source de cepouvoir; et il ne lui faut qu'un braset qu'un instant.

Le meurtrier monte sur le trône

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pendant que le monarque endescend, tombe, et va expirer à sespieds.

Un mécontent en Europe songe àentretenir quelque intelligencesecrète, à se jeter chez les ennemis,à se saisir de quelque place, àexciter quelques vains murmuresparmi les sujets. Un mécontent enAsie va droit au prince, étonne,frappe, renverse: il en effacejusqu'à l'idée; dans un instantl'esclave et le maître; dans un

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instant usurpateur et légitime.

Malheureux le roi qui n'a qu'unetête! il semble ne réunir sur elletoute sa puissance, que pourindiquer au premier ambitieuxl'endroit où il la trouvera toutentière. De Paris, le 17 de la lune deRebiab 2, 1717.

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LETTRE CV.

USBEK AU MÊME.

Tous les peuples d'Europe nesont pas également soumis à leursprinces: par exemple, l'humeurimpatiente des Anglois ne laisseguère à leur roi le tempsd'appesantir son autorité; lasoumission et l'obéissance sont lesvertus dont ils se piquent le moins.Ils disent là-dessus des choses bienextraordinaires. Selon eux, il n'y a

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qu'un lien qui puisse attacher leshommes, qui est celui de lagratitude: un mari, une femme, unpère et un fils, ne sont liés entre euxque par l'amour qu'ils se portent, oupar les bienfaits qu'ils se procurent;et ces motifs divers dereconnoissance sont l'origine detous les royaumes, et de toutes lessociétés.

Mais si un prince, bien loin defaire vivre ses sujets heureux, veutles accabler et les détruire, le

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fondement de l'obéissance cesse;rien ne les lie, rien ne les attache àlui; et ils rentrent dans leur liberténaturelle. Ils soutiennent que toutpouvoir sans bornes ne sauroit êtrelégitime, parce qu'il n'a jamais puavoir d'origine légitime. Car nousne pouvons pas, disent-ils, donner àun autre plus de pouvoir sur nousque nous n'en avons nous-mêmes: ornous n'avons pas sur nous-mêmes unpouvoir sans bornes; par exemple,nous ne pouvons pas nous ôter lavie: personne n'a donc, concluent-

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ils, sur la terre un tel pouvoir.

Le crime de lèse-majesté n'estautre chose, selon eux, que le crimeque le plus foible commet contre leplus fort, en lui désobéissant, dequelque manière qu'il luidésobéisse. Aussi le peupled'Angleterre, qui se trouva le plusfort contre un de leurs rois, déclara-t-il que c'était un crime de lèse-majesté à un prince de faire laguerre à ses sujets. Ils ont doncgrande raison, quand ils disent que

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le précepte de leur Alcoran, quiordonne de se soumettre auxpuissances, n'est pas bien difficile àsuivre, puisqu'il leur est impossiblede ne le pas observer: d'autant quece n'est pas au plus vertueux qu'onles oblige de se soumettre, mais àcelui qui est le plus fort.

Les Anglois disent qu'un deleurs rois, qui avoit vaincu et prisprisonnier un prince qui s'étoitrévolté et lui disputoit la couronne,ayant voulu lui reprocher son

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infidélité et sa perfidie: Il n'y aqu'un moment, dit le princeinfortuné, qu'il vient d'être décidélequel de nous deux est le traître.

Un usurpateur déclare rebellestous ceux qui n'ont point opprimé lapatrie comme lui: et, croyant qu'iln'y a pas de loi là où il ne voit pointde juges, il fait révérer, comme desarrêts du ciel, les caprices duhasard et de la fortune. De Paris, le 20 de la lune de

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Rebiab 2, 1717.

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LETTRE CVI.

RHÉDI A USBEK.

A Paris.

Tu m'as beaucoup parlé, dansune de tes lettres, des sciences etdes arts cultivés en Occident. Tu mevas regarder comme un barbare;mais je ne sais si l'utilité que l'on enretire dédommage les hommes dumauvais usage que l'on en fait tousles jours.

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J'ai ouï dire que la seuleinvention des bombes avoit ôté laliberté à tous les peuples d'Europe.Les princes ne pouvant plus confierla garde des places aux bourgeois,qui, à la première bombe, seseroient rendus, ont eu un prétextepour entretenir de gros corps detroupes réglées, avec lesquelles ilsont dans la suite opprimé leurssujets.

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Tu sais que, depuis l'inventionde la poudre, il n'y a plus de placesimprenables; c'est-à-dire, Usbek,qu'il n'y a plus d'asile sur la terrecontre l'injustice et la violence.

Je tremble toujours qu'on neparvienne à la fin à découvrirquelque secret qui fournisse unevoie plus abrégée pour faire périrles hommes, détruire les peuples etles nations entières.

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Tu as lu les historiens; fais-ybien attention: presque toutes lesmonarchies n'ont été fondées quesur l'ignorance des arts, et n'ont étédétruites que parce qu'on les a tropcultivés. L'ancien empire de Persepeut nous en fournir un exempledomestique.

Il n'y a pas longtemps que jesuis en Europe; mais j'ai ouï parlerà des gens sensés des ravages de lachimie: il semble que ce soit unquatrième fléau qui ruine les

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hommes et les détruit en détail,mais continuellement; tandis que laguerre, la peste, la famine, lesdétruisent en gros, mais parintervalles.

Que nous a servi l'invention dela boussole, et la découverte de tantde peuples, qu'à nous communiquerleurs maladies plutôt que leursrichesses? L'or et l'argent avoientété établis, par une conventiongénérale, pour être le prix de toutesles marchandises et un gage de leur

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valeur, par la raison que ces métauxétoient rares, et inutiles à tout autreusage: que nous importoit-il doncqu'ils devinssent plus communs, etque, pour marquer la valeur d'unedenrée, nous eussions deux ou troissignes au lieu d'un? Cela n'en étoitque plus incommode.

Mais, d'un autre côté, cetteinvention a été bien pernicieuse auxpays qui ont été découverts. Lesnations entières ont été détruites; etles hommes qui ont échappé à la

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mort ont été réduits à une servitudesi rude, que le récit en a fait frémirles musulmans.

Heureuse l'ignorance desenfants de Mahomet! Aimablesimplicité, si chérie de notre saintprophète, vous me rappelez toujoursla naïveté des anciens temps, et latranquillité qui régnoit dans le cœurde nos premiers pères. De Venise, le 2 de la lune deRhamazan, 1717.

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LETTRE CVII.

USBEK A RHÉDI.

A Venise.

Ou tu ne penses pas ce que tudis, ou bien tu fais mieux que tu nepenses. Tu as quitté ta patrie pourt'instruire, et tu méprises touteinstruction: tu viens pour te formerdans un pays où l'on cultive lesbeaux-arts, et tu les regardescomme pernicieux. Te le dirai-je,

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Rhédi? je suis plus d'accord avectoi que tu ne l'es avec toi-même.

As-tu bien réfléchi à l'étatbarbare et malheureux où nousentraîneroit la perte des arts? Iln'est pas nécessaire de sel'imaginer, on peut le voir. Il y aencore des peuples sur la terre chezlesquels un singe passablementinstruit pourroit vivre avec honneur;il s'y trouveroit à peu près à laportée des autres habitants: on nelui trouveroit point l'esprit

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singulier, ni le caractère bizarre; ilpasseroit tout comme un autre, etseroit distingué même par sagentillesse.

Tu dis que les fondateurs desempires ont presque tous ignoré lesarts. Je ne te nie pas que despeuples barbares n'aient pu, commedes torrents impétueux, se répandresur la terre, et couvrir de leursarmées féroces les royaumes lesmieux policés. Mais, prends-ygarde, ils ont appris les arts ou les

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ont fait exercer aux peuplesvaincus; sans cela leur puissanceauroit passé comme le bruit dutonnerre et des tempêtes.

Tu crains, dis-tu, que l'onn'invente quelque manière dedestruction plus cruelle que cellequi est en usage. Non: si une fataleinvention venoit à se découvrir, elleseroit bientôt prohibée par le droitdes gens; et le consentementunanime des nations enseveliroitcette découverte. Il n'est point de

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l'intérêt des princes de faire desconquêtes par de pareilles voies:ils doivent chercher des sujets, etnon pas des terres.

Tu te plains de l'invention de lapoudre et des bombes; tu trouvesétrange qu'il n'y ait plus de placeimprenable: c'est-à-dire que tutrouves étrange que les guerressoient aujourd'hui terminées plus tôtqu'elles ne l'étoient autrefois.

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Tu dois avoir remarqué, enlisant les histoires, que, depuisl'invention de la poudre, lesbatailles sont beaucoup moinssanglantes qu'elles ne l'étoient,parce qu'il n'y a presque plus demêlée.

Et quand il se seroit trouvéquelque cas particulier où un artauroit été préjudiciable, doit-onpour cela le rejeter? Penses-tu,Rhédi, que la religion que notresaint prophète a apportée du ciel

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soit pernicieuse, parce qu'elleservira quelque jour à confondre lesperfides chrétiens?

Tu crois que les arts amollissentles peuples, et par là sont cause dela chute des empires. Tu parles dela ruine de celui des anciens Perses,qui fut l'effet de leur mollesse; maisil s'en faut bien que cet exempledécide, puisque les Grecs, qui lessubjuguèrent, cultivoient les artsavec infiniment plus de soin qu'eux.

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Quand on dit que les artsrendent les hommes efféminés, onne parle pas du moins des gens quis'y appliquent, puisqu'ils ne sontjamais dans l'oisiveté, qui, de tousles vices, est celui qui amollit leplus le courage.

Il n'est donc question que deceux qui en jouissent. Mais commedans un pays policé ceux quijouissent des commodités d'un artsont obligés d'en cultiver un autre, àmoins que de se voir réduits à une

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pauvreté honteuse, il s'ensuit quel'oisiveté et la mollesse sontincompatibles avec les arts.

Paris est peut-être la ville dumonde la plus sensuelle, et où l'onraffine le plus sur les plaisirs; maisc'est peut-être celle où l'on mèneune vie plus dure. Pour qu'unhomme vive délicieusement, il fautque cent autres travaillent sansrelâche. Une femme s'est mis dansla tête qu'elle devoit paroître à uneassemblée avec une certaine parure;

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il faut que dès ce moment cinquanteartisans ne dorment plus, et n'aientplus le loisir de boire et de manger:elle commande, et elle est obéieplus promptement que ne seroitnotre monarque; parce que l'intérêtest le plus grand monarque de laterre.

Cette ardeur pour le travail,cette passion de s'enrichir, passe decondition en condition, depuis lesartisans jusqu'aux grands. Personnen'aime à être plus pauvre que celui

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qu'il vient de voir immédiatementau-dessous de lui. Vous voyez àParis un homme qui a de quoi vivrejusqu'au jour du jugement, quitravaille sans cesse, et court risqued'accourcir ses jours pour amasser,dit-il, de quoi vivre.

Le même esprit gagne la nation;on n'y voit que travail etqu'industrie: où est donc ce peupleefféminé dont tu parles tant?

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Je suppose, Rhédi, qu'on nesouffrît dans un royaume que lesarts absolument nécessaires à laculture des terres, qui sont pourtanten grand nombre, et qu'on en bannîttous ceux qui ne servent qu'à lavolupté ou à la fantaisie, je lesoutiens, cet État seroit le plusmisérable qu'il y eût au monde.

Quand les habitants auroientassez de courage pour se passer detant de choses qu'ils doivent à leursbesoins, le peuple dépériroit tous

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les jours; et l'État deviendroit sifoible, qu'il n'y auroit si petitepuissance qui ne fût en état de leconquérir.

Je pourrois entrer ici dans unlong détail, et te faire voir que lesrevenus des particuliers cesseroientpresque absolument, et parconséquent ceux du prince. Il n'yauroit presque plus de relation defacultés entre les citoyens; cettecirculation de richesses et cetteprogression de revenus, qui vient de

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la dépendance où sont les arts lesuns des autres, cesseroientabsolument; chacun ne tireroit derevenu que de sa terre, et n'entireroit précisément que ce qu'il luifaut pour ne pas mourir de faim.Mais, comme ce n'est pas lacentième partie du revenu d'unroyaume, il faudroit que le nombredes habitants diminuât à proportion,et qu'il n'en restât que la centièmepartie.

Fais bien attention jusqu'où vont

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les revenus de l'industrie. Un fondsne produit annuellement à sonmaître que la vingtième partie de savaleur; mais, avec une pistole decouleur, un peintre fera un tableauqui lui en vaudra cinquante. On enpeut dire de même des orfèvres, desouvriers en laine, en soie, et detoutes sortes d'artisans.

De tout ceci il faut conclure,Rhédi, que pour qu'un prince soitpuissant, il faut que ses sujetsvivent dans les délices; il faut qu'il

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travaille à leur procurer toutessortes de superfluités avec autantd'attention que les nécessités de lavie. De Paris, le 14 de la lune deChalval, 1717.

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LETTRE CVIII.

RICA A IBBEN.

A Smyrne.

J'ai vu le jeune monarque: savie est bien précieuse à ses sujets;elle ne l'est pas moins à toutel'Europe, par les grands troublesque sa mort pourroit produire. Maisles rois sont comme les dieux; et,pendant qu'ils vivent, on doit lescroire immortels. Sa physionomie

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est majestueuse, mais charmante:une belle éducation sembleconcourir avec un heureux naturel,et promet déjà un grand prince.

On dit que l'on ne peut jamaisconnoître le caractère des roisd'Occident jusqu'à ce qu'ils aientpassé par les deux grandesépreuves, de leur maîtresse, et deleur confesseur. On verra bientôtl'un et l'autre travailler à se saisirde l'esprit de celui-ci; et il selivrera pour cela de grands

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combats. Car, sous un jeune prince,ces deux puissances sont toujoursrivales; mais elles se concilient etse réunissent sous un vieux. Sous unjeune prince, le dervis a un rôlebien difficile à soutenir: la force duroi fait sa foiblesse; mais l'autretriomphe également de sa foiblesseet de sa force.

Lorsque j'arrivai en France, jetrouvai le feu roi absolumentgouverné par les femmes; etcependant, dans l'âge où il étoit, je

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crois que c'étoit le monarque de laterre qui en avoit le moins debesoin. J'entendis un jour unefemme qui disoit: Il faut que l'onfasse quelque chose pour ce jeunecolonel, sa valeur m'est connue; j'enparlerai au ministre. Une autredisoit: Il est surprenant que ce jeuneabbé ait été oublié; il faut qu'il soitévêque: il est homme de naissance,et je pourrois répondre de sesmœurs. Il ne faut pas pourtant que tut'imagines que celles qui tenoientces discours fussent des favorites

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du prince; elles ne lui avoient peut-être pas parlé deux fois en leur vie:chose pourtant très-facile à fairechez les princes européens. Maisc'est qu'il n'y a personne qui aitquelque emploi à la cour, dansParis ou dans les provinces, quin'ait une femme par les mains delaquelle passent toutes les grâces etquelquefois les injustices qu'il peutfaire. Ces femmes ont toutes desrelations les unes avec les autres, etforment une espèce de république,dont les membres toujours actifs se

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secourent et se serventmutuellement: c'est comme unnouvel État dans l'État; et celui quiest à la cour, à Paris, dans lesprovinces, qui voit agir desministres, des magistrats, desprélats, s'il ne connoît les femmesqui les gouvernent, est comme unhomme qui voit bien une machinequi joue, mais qui n'en connoît pointles ressorts.

Crois-tu, Ibben, qu'une femmes'avise d'être la maîtresse d'un

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ministre pour coucher avec lui?Quelle idée! c'est pour lui présentercinq ou six placets tous les matins;et la bonté de leur naturel paroîtdans l'empressement qu'elles ont defaire du bien à une infinité de gensmalheureux, qui leur procurent centmille livres de rente.

On se plaint en Perse de ce quele royaume est gouverné par deuxou trois femmes: c'est bien pis enFrance, où les femmes en généralgouvernent, et prennent non-

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seulement en gros, mais même separtagent en détail, toute l'autorité. De Paris, le dernier de la lune deChalval, 1717.

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LETTRE CIX.

USBEK A ***.

Il y a une espèce de livres quenous ne connoissons point en Perse,et qui me paroissent ici fort à lamode: ce sont les journaux. Laparesse se sent flattée en les lisant:on est ravi de pouvoir parcourirtrente volumes en un quart d'heure.

Dans la plupart des livres,

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l'auteur n'a pas fait les complimentsordinaires, que les lecteurs sont auxabois: il les fait entrer à demi mortsdans une matière noyée au milieud'une mer de paroles. Celui-ci veuts'immortaliser par un in-douze;celui-là, par un in-quarto; un autre,qui a de plus belles inclinations,vise à l'in-folio; il faut donc qu'ilétende son sujet à proportion; cequ'il fait sans pitié, comptant pourrien la peine du pauvre lecteur, quise tue à réduire ce que l'auteur apris tant de peine à amplifier.

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Je ne sais, ***, quel mérite il ya à faire de pareils ouvrages: j'enferois bien autant si je vouloisruiner ma santé et un libraire.

Le grand tort qu'ont lesjournalistes, c'est qu'ils ne parlentque des livres nouveaux: comme sila vérité étoit jamais nouvelle. Il mesemble que, jusqu'à ce qu'un hommeait lu tous les livres anciens, il n'aaucune raison de leur préférer les

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nouveaux.

Mais lorsqu'ils s'imposent la loide ne parler que des ouvragesencore tout chauds de la forge, ilss'en imposent un autre, qui est d'êtretrès-ennuyeux. Ils n'ont garde decritiquer les livres dont ils font lesextraits, quelque raison qu'ils enaient; et, en effet, quel est l'hommeassez hardi pour vouloir se faire dixou douze ennemis tous les mois?

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La plupart des auteursressemblent aux poëtes, quisouffriront une volée de coups debâton sans se plaindre; mais qui,peu jaloux de leurs épaules, le sontsi fort de leurs ouvrages, qu'ils nesauroient soutenir la moindrecritique. Il faut donc bien se donnerde garde de les attaquer par unendroit si sensible; et lesjournalistes le savent bien. Ils fontdonc tout le contraire; ilscommencent par louer la matièrequi est traitée: première fadeur; de

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là ils passent aux louanges del'auteur; louanges forcées: car ilsont affaire à des gens qui sontencore en haleine, tout prêts à sefaire faire raison, et à foudroyer àcoups de plume un témérairejournaliste. De Paris, le 5 de la lune de Zilcadé,1718.

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LETTRE CX.

RICA A ***.

L'université de Paris est la filleaînée des rois de France, et très-aînée; car elle a plus de neuf centsans: aussi rêve-t-elle quelquefois.

On m'a conté qu'elle eut, il y aquelque temps, un grand démêléavec quelques docteurs à l'occasionde la lettre Q[B], qu'elle vouloit

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que l'on prononçât comme un K. Ladispute s'échauffa si fort, quequelques-uns furent dépouillés deleurs biens: il fallut que leparlement terminât le différend; et ilaccorda permission, par un arrêtsolennel, à tous les sujets du roi deFrance de prononcer cette lettre àleur fantaisie. Il faisoit beau voirles deux corps de l'Europe les plusrespectables occupés à décider dusort d'une lettre de l'alphabet.

[B] Il veut parler de la

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querelle de Ramus.

Il semble, mon cher ***, que lestêtes des plus grands hommess'étrécissent lorsqu'elles sontassemblées; et que, là où il y a plusde sages, il y ait aussi moins desagesse. Les grands corpss'attachent toujours si fort auxminuties, aux formalités, aux vainsusages, que l'essentiel ne va jamaisqu'après. J'ai ouï dire qu'un roid'Arragon[C] ayant assemblé lesétats d'Arragon et de Catalogne, les

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premières séances s'employèrent àdécider en quelle langue lesdélibérations seroient conçues: ladispute étoit vive, et les états seseroient rompus mille fois, si l'onn'avoit imaginé un expédient, quiétoit que la demande seroit faite enlangage catalan, et la réponse enarragonois.

[C] C'était en 1610.

De Paris, le 25 de la lune deZilhagé, 1718.

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LETTRE CXI.

RICA A ***.

Le rôle d'une jolie femme estbeaucoup plus grave que l'on nepense. Il n'y a rien de plus sérieuxque ce qui se passe le matin à satoilette, au milieu de sesdomestiques; un général d'arméen'emploie pas plus d'attention àplacer sa droite ou son corps deréserve, qu'elle en met à poster unemouche qui peut manquer, mais dont

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elle espère ou prévoit le succès.

Quelle gêne d'esprit, quelleattention, pour concilier sans cesseles intérêts de deux rivaux, pourparoître neutre à tous les deux,pendant qu'elle est livrée à l'un et àl'autre, et se rendre médiatrice surtous les sujets de plainte qu'elleleur donne!

Quelle occupation pour fairevenir parties de plaisir sur parties,

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les faire succéder et renaître sanscesse, et prévenir tous les accidentsqui pourroient les rompre!

Avec tout cela, la plus grandepeine n'est pas de se divertir; c'estde le paroître: ennuyez-les tant quevous voudrez, elles vous lepardonneront, pourvu que l'onpuisse croire qu'elles se sont bienréjouies.

Je fus, il y a quelques jours,

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d'un souper que des femmes firent àla campagne. Dans le chemin ellesdisoient sans cesse: Au moins, ilfaudra bien rire et bien nousdivertir.

Nous nous trouvâmes assez malassortis, et par conséquent assezsérieux. Il faut avouer, dit une deces femmes, que nous nousdivertissons bien: il n'y a pasaujourd'hui dans Paris une partieaussi gaie que la nôtre. Commel'ennui me gagnoit, une femme me

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secoua, et me dit: Eh bien! nesommes-nous pas de bonne humeur?Oui, lui répondis-je en bâillant; jecrois que je crèverai à force derire. Cependant la tristessetriomphoit toujours des réflexions;et, quant à moi, je me sentis conduitde bâillement en bâillement dans unsommeil léthargique, qui finit tousmes plaisirs. De Paris, le 11 de la lune deMaharram, 1718.

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LETTRE CXII.

USBEK A ***.

Le règne du feu roi a été si long,que la fin en avoit fait oublier lecommencement. C'est aujourd'hui lamode de ne s'occuper que desévénements arrivés dans saminorité; et on ne lit plus que lesmémoires de ces temps-là.

Voici le discours qu'un des

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généraux de la ville de Parisprononça dans un conseil de guerre:et j'avoue que je n'y comprends pasgrand'chose.

«Messieurs, quoique nostroupes aient été repoussées avecperte, je crois qu'il nous sera facilede réparer cet échec. J'ai sixcouplets de chanson tout prêts àmettre au jour, qui, je m'assure,remettront toutes choses dansl'équilibre. J'ai fait choix dequelques voix très-nettes, qui,

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sortant de la cavité de certainespoitrines très-fortes, émouvrontmerveilleusement le peuple. Ils sontsur un air qui a fait, jusqu'à présent,un effet tout particulier.

«Si cela ne suffit pas, nousferons paroître une estampe qui feravoir Mazarin pendu.

«Par bonheur pour nous, il neparle pas bien françois; et ill'écorche tellement, qu'il n'est pas

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possible que ses affaires nedéclinent. Nous ne manquons pas defaire bien remarquer au peuple leton ridicule dont il prononce[D].Nous relevâmes, il y a quelquesjours, une faute de grammaire sigrossière, qu'on en fit des farces partous les carrefours.

[D] (Note de l'auteur,extraite de l'édition 1721 2e,Cologne, Pierre Marteau.)

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Le cardinal Mazarin,voulant prononcer l'arrêtd'Union, dit devant les députésdu parlement: l'Arrêt d'Ognon,de quoi le peuple fit forceplaisanteries.

«J'espère qu'avant qu'il soit huitjours, le peuple fera du nom deMazarin un mot générique pourexprimer toutes les bêtes de somme,et celles qui servent à tirer.

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«Depuis notre défaite, notremusique l'a si furieusement vexé surle péché originel, que, pour ne pasvoir ses partisans réduits à lamoitié, il a été obligé de renvoyertous ses pages.

«Ranimez-vous donc; reprenezcourage, et soyez sûrs que nous luiferons repasser les monts à coupsde sifflets.» De Paris, le 4 de la lune deChahban, 1718.

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LETTRE CXIII.

RHÉDI A USBEK.

A Paris.

Pendant le séjour que je fais enEurope, je lis les historiens ancienset modernes: je compare tous lestemps; j'ai du plaisir à les voirpasser, pour ainsi dire, devant moi;et j'arrête surtout mon esprit à cesgrands changements qui ont rendules âges si différents des âges, et la

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terre si peu semblable à elle-même.

Tu n'as peut-être pas faitattention à une chose qui cause tousles jours ma surprise. Comment lemonde est-il si peu peuplé, encomparaison de ce qu'il étoitautrefois? Comment la nature a-t-elle pu perdre cette prodigieusefécondité des premiers temps?seroit-elle déjà dans sa vieillesse,et tomberoit-elle de langueur?

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J'ai resté plus d'un an en Italie,où je n'ai vu que le débris de cetteancienne Italie si fameuse autrefois.Quoique tout le monde habite lesvilles, elles sont entièrementdésertes et dépeuplées: il semblequ'elles ne subsistent encore, quepour marquer le lieu où étoient cescités puissantes dont l'histoire a tantparlé.

Il y a des gens qui prétendentque la seule ville de Romecontenoit autrefois plus de peuple

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que le plus grand royaume del'Europe n'en a aujourd'hui. Il y a eutel citoyen romain, qui avoit dix, etmême vingt mille esclaves, sanscompter ceux qui travailloient dansles maisons de campagne; et,comme on y comptoit quatre ou cinqcent mille citoyens, on ne peut fixerle nombre de ses habitants sans quel'imagination ne se révolte.

Il y avoit autrefois dans laSicile de puissants royaumes, et despeuples nombreux, qui en ont

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disparu depuis: cette île n'a plusrien de considérable que sesvolcans.

La Grèce est si déserte, qu'ellene contient pas la centième partiede ses anciens habitants.

L'Espagne, autrefois si remplie,ne fait voir aujourd'hui que descampagnes inhabitées; et la Francen'est rien, en comparaison de cetteancienne Gaule dont parle César.

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Les pays du Nord sont fortdégarnis; et il s'en faut bien que lespeuples y soient, comme autrefois,obligés de se partager, et d'envoyerdehors, comme des essaims, descolonies et des nations entièreschercher de nouvelles demeures.

La Pologne et la Turquie enEurope n'ont presque plus depeuples.

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On ne sauroit trouver dansl'Amérique la deux-centième partiedes hommes qui y formoient de sigrands empires.

L'Asie n'est guères en meilleurétat. Cette Asie mineure, quicontenoit tant de puissantesmonarchies, et un nombre siprodigieux de grandes villes, n'en aplus que deux ou trois. Quant à lagrande Asie, celle qui est soumiseau Turc n'est pas plus pleine; etpour celle qui est sous la

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domination de nos rois, si on lacompare à l'état florissant où elleétoit autrefois, on verra qu'elle n'aqu'une très-petite partie deshabitants qui y étoient sans nombredu temps des Xerxès et des Darius.

Quant aux petits États qui sontautour de ces grands empires, ilssont réellement déserts: tels sont lesroyaumes d'Irimette, de Circassie etde Guriel. Tous ces princes, avecde vastes États, comptent à peinecinquante mille sujets.

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L'Égypte n'a pas moins manquéque les autres pays.

Enfin je parcours la terre, et jen'y trouve que délabrement: je croisla voir sortir des ravages de lapeste et de la famine.

L'Afrique a toujours été siinconnue, qu'on ne peut en parler siprécisément que des autres parties

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du monde: mais, à ne faire attentionqu'aux côtes de la Méditerranéeconnues de tout temps, on voitqu'elle a extrêmement déchu de cequ'elle étoit, lorsqu'elle étoitprovince romaine. Aujourd'hui sesprinces sont si foibles, que ce sontles plus petites puissances dumonde.

Après un calcul aussi exact qu'ilpeut l'être dans ces sortes dechoses, j'ai trouvé qu'il y a à peinesur la terre la cinquantième partie

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des hommes qui y étoient du tempsde César. Ce qu'il y a d'étonnant,c'est qu'elle se dépeuple tous lesjours; et si cela continue, dans dixsiècles, elle ne sera qu'un désert.

Voilà, mon cher Usbek, la plusterrible catastrophe qui soit jamaisarrivée dans le monde; mais à peines'en est-on aperçu, parce qu'elle estarrivée insensiblement, et dans lecours d'un grand nombre de siècles;ce qui marque un vice intérieur, unvenin secret et caché, une maladie

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de langueur, qui afflige la naturehumaine. De Venise, le 10 de la lune deRhégeb, 1718.

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LETTRE CXIV.

USBEK A RHÉDI.

A Venise.

Le monde, mon cher Rhédi, n'estpoint incorruptible; les cieuxmêmes ne le sont pas: lesastronomes sont des témoinsoculaires de tous leurschangements, qui sont les effets biennaturels du mouvement universel dela matière.

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La terre est soumise, comme lesautres planètes, aux mêmes lois desmouvements; elle souffre au dedansd'elle un combat perpétuel de sesprincipes: la mer et le continentsemblent être dans une guerreéternelle; chaque instant produit denouvelles combinaisons.

Les hommes, dans une demeuresi sujette aux changements, sontdans un état aussi incertain: cent

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mille causes peuvent agir, dont laplus petite peut les détruire, et àplus forte raison augmenter oudiminuer leur nombre.

Je ne te parlerai pas de cescatastrophes particulières, sicommunes chez les historiens, quiont détruit des villes et desroyaumes entiers: il y en a degénérales, qui ont mis bien des foisle genre humain à deux doigts de saperte.

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Les histoires sont pleines de cespestes universelles, qui ont tour àtour désolé l'univers. Elles parlentd'une, entr'autres, qui fut si violentequ'elle brûla jusqu'à la racine desplantes, et se fit sentir dans tout lemonde connu, jusqu'à l'empire duCatay: un degré de plus decorruption auroit peut-être, dans unseul jour, détruit toute la naturehumaine.

Il n'y a pas deux siècles que laplus honteuse de toutes les maladies

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se fit sentir en Europe, en Asie et enAfrique; elle fit dans très-peu detemps des effets prodigieux: c'étoitfait des hommes, si elle avoitcontinué ses progrès avec la mêmefurie. Accablés de maux dès leurnaissance, incapables de soutenir lepoids des charges de la société, ilsauroient péri misérablement.

Qu'auroit-ce été si le venin eûtété un peu plus exalté? et il le seroitdevenu sans doute, si l'on n'avoitété assez heureux pour trouver un

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remède aussi puissant que celuiqu'on a découvert. Peut-être quecette maladie, attaquant les partiesde la génération, auroit attaqué lagénération même.

Mais pourquoi parler de ladestruction qui auroit pu arriver augenre humain? n'est-elle pas arrivéeen effet, et le déluge ne le réduisit-ilpas à une seule famille?

Ceux qui connoissent la nature,

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et qui ont de Dieu une idéeraisonnable, peuvent-ilscomprendre que la matière et leschoses créées n'aient que six milleans? que Dieu ait différé pendanttoute l'éternité ses ouvrages, et n'aitusé que d'hier de sa puissancecréatrice? Seroit-ce parce qu'il nel'auroit pas pu, ou parce qu'il nel'auroit pas voulu? Mais s'il ne l'apas pu dans un temps, il ne l'a paspu dans l'autre. C'est donc parcequ'il ne l'a pas voulu. Mais, commeil n'y a pas de succession dans

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Dieu, si l'on admet qu'il ait vouluquelque chose une fois, il l'a voulutoujours, et dès le commencement.

Il ne faut donc pas compter lesannées du monde; le nombre desgrains de sable de la mer ne leur estpas plus comparable qu'un instant.

Cependant tous les historiensnous parlent d'un premier père: ilsnous font voir la nature humainenaissante. N'est-il pas naturel de

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penser qu'Adam fut sauvé d'unmalheur commun, comme Noé le futdu déluge; et que ces grandsévénements ont été fréquents sur laterre, depuis la création du monde?

Mais toutes les destructions nesont pas violentes. Nous voyonsplusieurs parties de la terre selasser de fournir à la subsistancedes hommes: que savons-nous si laterre entière n'a pas des causesgénérales, lentes, et imperceptibles,de lassitude?

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J'ai été bien aise de te donnerces idées générales, avant derépondre plus particulièrement à talettre sur la diminution des peuples,arrivée depuis dix-sept à dix-huitsiècles. Je te ferai voir dans unelettre suivante, qu'indépendammentdes causes physiques, il y en a demorales qui ont produit cet effet.

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De Paris, le 8 de la lune deChahban, 1718.

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LETTRE CXV.

USBEK AU MÊME.

Tu cherches la raison pourquoila terre est moins peuplée qu'elle nel'étoit autrefois: et si tu y fais bienattention, tu verras que la grandedifférence vient de celle qui estarrivée dans les mœurs.

Depuis que la religionchrétienne et la mahométane ont

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partagé le monde romain, les chosessont bien changées: il s'en faut bienque ces deux religions soient aussifavorables à la propagation del'espèce que celle de ces maîtres del'univers.

Dans cette dernière, lapolygamie étoit défendue: et en celaelle avoit un très-grand avantage surla religion mahométane; le divorcey étoit permis: ce qui lui en donnoitun autre, non moins considérable,sur la chrétienne.

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Je ne trouve rien de sicontradictoire que cette pluralitédes femmes permise par le saintAlcoran, et l'ordre de les satisfaireordonné par le même livre. Voyezvos femmes, dit le prophète, parceque vous leur êtes nécessairecomme leurs vêtements, et qu'ellesvous sont nécessaires comme vosvêtements. Voilà un précepte quirend la vie d'un véritable musulmanbien laborieuse. Celui qui a lesquatre femmes établies par la loi, et

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seulement autant de concubines etd'esclaves, ne doit-il pas êtreaccablé de tant de vêtements?

Vos femmes sont voslabourages, dit encore le prophète;approchez-vous donc de voslabourages: faites du bien pour vosâmes; et vous le trouverez un jour.

Je regarde un bon musulmancomme un athlète, destiné àcombattre sans relâche; mais qui

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bientôt, foible et accablé de sespremières fatigues, languit dans lechamp même de la victoire; et setrouve, pour ainsi dire, ensevelisous ses propres triomphes.

La nature agit toujours aveclenteur, et pour ainsi dire avecépargne: ses opérations ne sontjamais violentes; jusque dans sesproductions elle veut de latempérance; elle ne va jamaisqu'avec règle et mesure; si on laprécipite, elle tombe bientôt dans la

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langueur: elle emploie toute la forcequi lui reste à se conserver, perdantabsolument sa vertu productrice etsa puissance générative.

C'est dans cet état dedéfaillance que nous met toujoursce grand nombre de femmes, pluspropres à nous épuiser qu'à noussatisfaire. Il est très-ordinaireparmi nous de voir un homme dansun sérail prodigieux avec un très-petit nombre d'enfants: ces enfantsmêmes sont la plupart du temps

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foibles et malsains, et se sentent dela langueur de leur père.

Ce n'est pas tout: ces femmes,obligées à une continence forcée,ont besoin d'avoir des gens pour lesgarder, qui ne peuvent être que deseunuques: la religion, la jalousie, etla raison même, ne permettent pasd'en laisser approcher d'autres; cesgardiens doivent être en grandnombre, soit afin de maintenir latranquillité au dedans parmi lesguerres que ces femmes se font sans

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cesse, soit enfin pour empêcher lesentreprises du dehors. Ainsi unhomme qui a dix femmes ouconcubines n'a pas trop d'autantd'eunuques pour les garder. Maisquelle perte pour la société que cegrand nombre d'hommes morts dèsleur naissance! quelle dépopulationne doit-il pas s'ensuivre!

Les filles esclaves qui sont dansle sérail pour servir avec leseunuques ce grand nombre defemmes, y vieillissent presque

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toujours dans une affligeantevirginité: elles ne peuvent pas semarier pendant qu'elles y restent; etleurs maîtresses, une foisaccoutumées à elles, ne s'en défontpresque jamais.

Voilà comme un seul hommeoccupe lui seul tant de sujets de l'unet l'autre sexe à ses plaisirs, les faitmourir pour l'État, et les rendinutiles à la propagation del'espèce.

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Constantinople et Ispahan sontles capitales des deux plus grandsempires du monde: c'est là que toutdoit aboutir, et que les peuples,attirés de mille manières, se rendentde toutes parts. Cependant ellespérissent d'elles-mêmes, et ellesseroient bientôt détruites, si lessouverains n'y faisoient venir,presque à chaque siècle, des nationsentières pour les repeupler.J'épuiserai ce sujet dans une autrelettre.

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De Paris, le 13 de la lune deChahban, 1718.

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LETTRE CXVI.

USBEK AU MÊME.

Les Romains n'avoient pasmoins d'esclaves que nous; ils enavoient même plus: mais ils enfaisoient un meilleur usage.

Bien loin d'empêcher, par desvoies forcées, la multiplication deces esclaves, ils la favorisoient aucontraire de tout leur pouvoir; ils

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les associoient le plus qu'ilspouvoient par des espèces demariages: par ce moyen, ilsremplissoient leurs maisons dedomestiques de tous les sexes, detous les âges, et l'État d'un peupleinnombrable.

Ces enfants, qui faisoient à lalongue la richesse d'un maître,naissoient sans nombre autour delui: il étoit seul chargé de leurnourriture et de leur éducation; lespères, libres de ce fardeau,

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suivoient uniquement le penchant dela nature, et multiplioient sanscraindre une trop nombreusefamille.

Je t'ai dit que, parmi nous, tousles esclaves sont occupés à gardernos femmes, et à rien de plus; qu'ilssont, à l'égard de l'État, dans uneperpétuelle léthargie: de manièrequ'il faut restreindre à quelqueshommes libres, à quelques chefs defamilles, la culture des arts et desterres, lesquels même s'y donnent le

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moins qu'ils peuvent.

Il n'en étoit pas de même chezles Romains: la république seservoit avec un avantage infini dece peuple d'esclaves. Chacun d'euxavoit son pécule, qu'il possédoitaux conditions que son maître luiimposoit; avec ce pécule iltravailloit et se tournoit du côté oùle portoit son industrie. Celui-cifaisoit la banque; celui-là sedonnoit au commerce de la mer; l'unvendoit des marchandises en détail;

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l'autre s'appliquoit à quelque artmécanique, ou bien affermoit etfaisoit valoir des terres: mais il n'yen avoit aucun qui ne s'attachât detout son pouvoir à faire profiter cepécule, qui lui procuroit en mêmetemps l'aisance dans la servitudeprésente, et l'espérance d'uneliberté future: cela faisoit un peuplelaborieux, animoit les arts etl'industrie.

Ces esclaves, devenus richespar leurs soins et leur travail, se

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faisoient affranchir, et devenoientcitoyens. La république se réparoitsans cesse, et recevoit dans son seinde nouvelles familles, à mesure queles anciennes se détruisoient.

J'aurai peut-être, dans meslettres suivantes, occasion de teprouver que plus il y a d'hommesdans un État, plus le commerce yfleurit; je prouverai aussifacilement que plus le commerce yfleurit, plus le nombre des hommesy augmente: ces deux choses

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s'entr'aident, et se favorisentnécessairement.

Si cela est, combien ce nombreprodigieux d'esclaves, toujourslaborieux, devoit-il s'accroître ets'augmenter! L'industrie etl'abondance les faisoient naître; eteux, de leur côté, faisoient naîtrel'abondance et l'industrie. De Paris, le 16 de la lune deChahban, 1718.

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LETTRE CXVII.

USBEK AU MÊME.

Nous avons jusqu'ici parlé despays mahométans, et cherché laraison pourquoi ils étoient moinspeuplés que ceux qui étoient soumisà la domination des Romains:examinons à présent ce qui aproduit cet effet chez les chrétiens.

Le divorce étoit permis dans la

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religion païenne, et il fut défenduaux chrétiens. Ce changement, quiparut d'abord de si petiteconséquence, eut insensiblementdes suites terribles, et telles qu'onpeut à peine les croire.

On ôta non-seulement toute ladouceur du mariage, mais aussi l'ondonna atteinte à sa fin: en voulantresserrer ses nœuds, on les relâcha;et au lieu d'unir les cœurs, commeon le prétendoit, on les sépara pourjamais.

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Dans une action si libre, et où lecœur doit avoir tant de part, on mitla gêne, la nécessité, et la fatalité dudestin même. On compta pour rienles dégoûts, les caprices, etl'insociabilité des humeurs; onvoulut fixer le cœur, c'est-à-dire cequ'il y a de plus variable et de plusinconstant dans la nature: on attachasans retour et sans espérance desgens accablés l'un de l'autre, etpresque toujours mal assortis; etl'on fit comme ces tyrans qui

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faisoient lier des hommes vivants àdes corps morts.

Rien ne contribuoit plus àl'attachement mutuel que la facultédu divorce: un mari et une femmeétoient portés à soutenir patiemmentles peines domestiques, sachantqu'ils étoient maîtres de les fairefinir: et ils gardoient souvent cepouvoir en main toute leur vie sansen user, par cette seuleconsidération qu'ils étoient libresde le faire.

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Il n'en est pas de même deschrétiens, que leurs peinesprésentes désespèrent pour l'avenir:ils ne voient, dans les désagrémentsdu mariage, que leur durée et, pourainsi dire, leur éternité: de làviennent les dégoûts, les discordes,les mépris; et c'est autant de perdupour la postérité. A peine a-t-ontrois ans de mariage, qu'on ennéglige l'essentiel; on passeensemble trente ans de froideur: ilse forme des séparations intestines

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aussi fortes, et peut-être pluspernicieuses, que si elles étoientpubliques: chacun vit et reste de soncôté, et tout cela au préjudice desraces futures. Bientôt un hommedégoûté d'une femme éternelle, selivrera aux filles de joie: commercehonteux et si contraire à la société;lequel, sans remplir l'objet dumariage, n'en représente tout au plusque les plaisirs.

Si, de deux personnes ainsiliées, il y en a une qui n'est pas

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propre au dessein de la nature et àla propagation de l'espèce, soit parson tempérament, soit par son âge,elle ensevelit l'autre avec elle, et larend aussi inutile qu'elle l'est elle-même.

Il ne faut donc pas s'étonner sil'on voit chez les chrétiens tant demariages fournir un si petit nombrede citoyens. Le divorce est aboli:les mariages mal assortis ne seraccommodent plus; les femmes nepassent plus, comme chez les

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Romains, successivement dans lesmains de plusieurs maris, qui entiroient, dans le chemin, le meilleurparti qu'il étoit possible.

J'ose le dire: si, dans unerépublique comme Lacédémone, oùles citoyens étoient sans cessegênés par des lois singulières etsubtiles, et dans laquelle il n'y avoitqu'une famille, qui étoit larépublique, il avoit été établi queles maris changeassent de femmetous les ans, il en seroit né un

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peuple innombrable.

Il est assez difficile de fairebien comprendre la raison qui aporté les chrétiens à abolir ledivorce. Le mariage, chez toutes lesnations du monde, est un contratsusceptible de toutes lesconventions, et on n'en a dû bannirque celles qui auroient pu enaffoiblir l'objet; mais les chrétiensne le regardent pas dans ce point devue: aussi ont-ils bien de la peine àdire ce que c'est. Ils ne le font pas

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consister dans le plaisir des sens;au contraire, comme je te l'ai déjàdit, il semble qu'ils veulent l'enbannir autant qu'ils le peuvent: maisc'est une image, une figure, etquelque chose de mystérieux, que jene comprends point. De Paris, le 19 de la lune deChahban, 1718.

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LETTRE CXVIII.

USBEK AU MÊME.

La prohibition du divorce n'estpas la seule cause de ladépopulation des pays chrétiens: legrand nombre d'eunuques qu'ils ontparmi eux n'en est pas une moinsconsidérable.

Je parle des prêtres et desdervis de l'un et de l'autre sexe, qui

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se vouent à une continenceéternelle: c'est chez les chrétiens lavertu par excellence; en quoi je neles comprends pas, ne sachant ceque c'est qu'une vertu dont il nerésulte rien.

Je trouve que leurs docteurs secontredisent manifestement quandils disent que le mariage est saint, etque le célibat, qui lui est opposé,l'est encore davantage, sanscompter qu'en fait de préceptes etde dogmes fondamentaux, le bien

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est toujours le mieux.

Le nombre de ces gens faisantprofession de célibat estprodigieux. Les pères ycondamnoient autrefois les enfantsdès le berceau; aujourd'hui ils s'yvouent eux-mêmes dès l'âge dequatorze ans: ce qui revient à peuprès à la même chose.

Ce métier de continence aanéanti plus d'hommes que les

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pestes et les guerres les plussanglantes n'ont jamais fait. On voitdans chaque maison religieuse unefamille éternelle, où il ne naîtpersonne, et qui s'entretient auxdépens de toutes les autres. Cesmaisons sont toujours ouvertes,comme autant de gouffres oùs'ensevelissent les races futures.

Cette politique est biendifférente de celle des Romains, quiétablissoient des lois pénales contreceux qui se refusoient aux lois du

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mariage, et vouloient jouir d'uneliberté si contraire à l'utilitépublique.

Je ne te parle ici que des payscatholiques. Dans la religionprotestante, tout le monde est endroit de faire des enfants: elle nesouffre ni prêtres ni dervis; et si,dans l'établissement de cettereligion qui ramenoit tout auxpremiers temps, ses fondateursn'avoient été accusés sans cessed'intempérance, il ne faut pas douter

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qu'après avoir rendu la pratique dumariage universelle, ils n'en eussentencore adouci le joug, et achevéd'ôter toute la barrière qui sépare,en ce point, le Nazaréen etMahomet.

Mais, quoi qu'il en soit, il estcertain que la religion donne auxprotestants un avantage infini sur lescatholiques.

J'ose le dire: dans l'état présent

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où est l'Europe, il n'est pas possibleque la religion catholique y subsistecinq cents ans.

Avant l'abaissement de lapuissance d'Espagne, lescatholiques étoient beaucoup plusforts que les protestants. Cesderniers sont peu à peu parvenus àun équilibre, et aujourd'hui labalance commence à l'emporter deleur côté. Cette supérioritéaugmentera tous les jours: lesprotestants deviendront plus riches

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et plus puissants, et les catholiquesplus foibles.

Les pays protestants doiventêtre, et sont réellement, pluspeuplés que les catholiques: d'où ilsuit, premièrement, que les tributs ysont plus considérables, parcequ'ils augmentent à proportion deceux qui les payent; secondement,que les terres y sont mieuxcultivées; enfin que le commerce yfleurit davantage, parce qu'il y aplus de gens qui ont une fortune à

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faire, et qu'avec plus de besoins ony a plus de ressources pour lesremplir. Quand il n'y a que lenombre de gens suffisants pour laculture des terres, il faut que lecommerce périsse; et lorsqu'il n'y aque celui qui est nécessaire pourentretenir le commerce, il faut quela culture des terres manque, c'est-à-dire il faut que tous les deuxtombent en même temps, parce quel'on ne s'attache jamais à l'un, quece ne soit aux dépens de l'autre.

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Quant aux pays catholiques, nonseulement la culture des terres y estabandonnée, mais même l'industriey est pernicieuse; elle ne consistequ'à apprendre cinq ou six motsd'une langue morte. Dès qu'unhomme a cette provision par deverslui, il ne doit plus s'embarrasser desa fortune: il trouve dans le cloîtreune vie tranquille, qui dans lemonde lui auroit coûté des sueurs etdes peines.

Ce n'est pas tout: les dervis ont

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en leurs mains presque toutes lesrichesses de l'État; c'est une sociétéde gens avares, qui prennenttoujours, et ne rendent jamais: ilsaccumulent sans cesse des revenuspour acquérir des capitaux. Tant derichesses tombent, pour ainsi dire,en paralysie; plus de circulation,plus de commerce, plus d'arts, plusde manufactures.

Il n'y a point de princeprotestant qui ne lève sur sespeuples dix fois plus d'impôts que

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le pape n'en lève sur ses sujets;cependant ces derniers sontmisérables, pendant que les autresvivent dans l'opulence. Lecommerce ranime tout chez les uns,et le monachisme porte la mortpartout chez les autres. De Paris, le 26 de la lune deChahban, 1718.

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LETTRE CXIX.

USBEK AU MÊME.

Nous n'avons plus rien à dire del'Asie et de l'Europe; passons àl'Afrique. On ne peut guère parlerque de ses côtes, parce qu'on n'enconnoît pas l'intérieur.

Celles de Barbarie, où lareligion mahométane est établie, nesont plus si peuplées qu'elles

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étoient du temps des Romains, parles raisons que nous avons déjàdites. Quant aux côtes de la Guinée,elles doivent être furieusementdégarnies depuis deux cents ans queles petits rois, ou chefs de villages,vendent leurs sujets aux princesd'Europe, pour les porter dans leurscolonies en Amérique.

Ce qu'il y a de singulier, c'estque cette Amérique, qui reçoit tousles ans tant de nouveaux habitants,est elle-même déserte, et ne profite

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point des pertes continuelles del'Afrique. Ces esclaves, qu'ontransporte dans un autre climat, ypérissent par milliers; et les travauxdes mines, où l'on occupe sanscesse et les naturels du pays et lesétrangers, les exhalaisons malignesqui en sortent, le vif-argent dont ilfaut faire un continuel usage, lesdétruisent sans ressource.

Il n'y a rien de si extravagantque de faire périr un nombreinnombrable d'hommes pour tirer du

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fond de la terre l'or et l'argent, cesmétaux d'eux-mêmes absolumentinutiles, et qui ne sont des richessesque parce qu'on les a choisis pouren être les signes. De Paris, le dernier de la lune deChahban, 1718.

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LETTRE CXX.

USBEK AU MÊME.

La fécondité d'un peuple dépendquelquefois des plus petitescirconstances du monde: de manièrequ'il ne faut souvent qu'un nouveautour dans son imagination pour lerendre beaucoup plus nombreuxqu'il n'étoit.

Les Juifs, toujours exterminés et

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toujours renaissants, ont réparéleurs pertes et leurs destructionscontinuelles, par cette seuleespérance qu'ont parmi eux toutesles familles, d'y voir naître un roipuissant qui sera le maître de laterre.

Les anciens rois de Persen'avoient tant de milliers de sujetsqu'à cause de ce dogme de lareligion des mages, que les actesles plus agréables à Dieu que leshommes puissent faire, c'étoit de

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faire un enfant, labourer un champ,et planter un arbre.

Si la Chine a dans son sein unpeuple si prodigieux, cela ne vientque d'une certaine manière depenser: car, comme les enfantsregardent leurs pères comme desdieux, qu'ils les respectent commetels dès cette vie, qu'ils les honorentaprès leur mort par des sacrificesdans lesquels ils croient que leursâmes, anéanties dans le Tyen,reprennent une nouvelle vie, chacun

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est porté à augmenter une famille sisoumise dans cette vie, et sinécessaire dans l'autre.

D'un autre côté, les pays desmahométans deviennent tous lesjours déserts, à cause d'une opinionqui, toute sainte qu'elle est, nelaisse pas d'avoir des effets très-pernicieux lorsqu'elle est enracinéedans les esprits. Nous nousregardons comme des voyageurs quine doivent penser qu'à une autrepatrie; les travaux utiles et

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durables, les soins pour assurer lafortune de nos enfants, les projetsqui tendent au delà d'une vie courteet passagère, nous paroissentquelque chose d'extravagant.Tranquilles pour le présent, sansinquiétude pour l'avenir, nous neprenons la peine ni de réparer lesédifices publics, ni de défricher lesterres incultes, ni de cultiver cellesqui sont en état de recevoir nossoins: nous vivons dans uneinsensibilité générale, et nouslaissons tout faire à la providence.

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C'est un esprit de vanité qui aétabli chez les Européens l'injustedroit d'aînesse, si défavorable à lapropagation, en ce qu'il portel'attention d'un père sur un seul deses enfants, et détourne ses yeux detous les autres; en ce qu'il l'oblige,pour rendre solide la fortune d'unseul, de s'opposer à l'établissementde plusieurs; enfin en ce qu'ildétruit l'égalité des citoyens, qui enfait toute l'opulence.

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De Paris, le 4 de la lune deRhamazan, 1718.

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LETTRE CXXI.

USBEK AU MÊME.

Les pays habités par lessauvages sont ordinairement peupeuplés, par l'éloignement qu'ils ontpresque tous pour le travail et laculture de la terre. Cettemalheureuse aversion est si forteque, lorsqu'ils font quelqueimprécation contre quelqu'un deleurs ennemis, ils ne lui souhaitentautre chose que d'être réduit à

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labourer un champ, croyant qu'il n'ya que la chasse et la pêche qui soitun exercice noble et digne d'eux.

Mais, comme il y a souvent desannées où la chasse et la pêcherendent très-peu, ils sont désoléspar des famines fréquentes; sanscompter qu'il n'y a pas de pays siabondant en gibier et en poisson quipuisse donner la subsistance à ungrand peuple, parce que lesanimaux fuient toujours les endroitstrop habités.

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D'ailleurs, les bourgades desauvages, au nombre de deux outrois cents habitants, isolées lesunes des autres, ayant des intérêtsaussi séparés que ceux de deuxempires, ne peuvent pas se soutenir,parce qu'elles n'ont pas la ressourcedes grands États, dont toutes lesparties se répondent et se secourentmutuellement.

Il y a chez les sauvages une

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autre coutume qui n'est pas moinspernicieuse que la première: c'est lacruelle habitude où sont les femmesde se faire avorter, afin que leurgrossesse ne les rende pasdésagréables à leurs maris.

Il y a ici des lois terriblescontre ce désordre; elles vontjusqu'à la fureur. Toute fille qui n'apoint été déclarer sa grossesse aumagistrat est punie de mort si sonfruit périt: la pudeur et la honte, lesaccidents même, ne l'excusent

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jamais. De Paris, le 9 de la lune deRhamazan, 1718.

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LETTRE CXXII.

USBEK AU MÊME.

L'effet ordinaire des coloniesest d'affoiblir les pays d'où on lestire, sans peupler ceux où on lesenvoie.

Il faut que les hommes restentoù ils sont: il y a des maladies quiviennent de ce qu'on change un bonair contre un mauvais; d'autres qui

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viennent précisément de ce qu'on enchange.

L'air se charge, comme lesplantes, des particules de la terre dechaque pays. Il agit tellement surnous, que notre tempérament en estfixé. Lorsque nous sommestransportés dans un autre pays, nousdevenons malades. Les liquidesétant accoutumés à une certaineconsistance, les solides à unecertaine disposition, tous les deux,à un certain degré de mouvement,

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n'en peuvent plus souffrir d'autres,et ils résistent à un nouveau pli.

Quand un pays est désert, c'estun préjugé de quelque viceparticulier de la nature du climat:ainsi, quand on ôte les hommes d'unciel heureux pour les envoyer dansun tel pays, on fait précisément lecontraire de ce qu'on se propose.

Les Romains savoient cela parexpérience; ils reléguoient tous les

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criminels en Sardaigne, et ils yfaisoient passer des Juifs. Il fallutse consoler de leur perte; chose quele mépris qu'ils avoient pour cesmisérables rendoit très-facile.

Le grand Cha-Abas, voulantôter aux Turcs, le moyend'entretenir de grosses armées surles frontières, transporta presquetous les Arméniens hors de leurpays, et en envoya plus de vingtmille familles dans la province deGuilan, qui périrent presque toutes

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en très-peu de temps.

Tous les transports de peuplesfaits à Constantinople n'ont jamaisréussi.

Ce nombre prodigieux de nègresdont nous avons parlé n'a pointrempli l'Amérique.

Depuis la destruction des Juifssous Adrien, la Palestine est sans

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habitants.

Il faut donc avouer que lesgrandes destructions sont presqueirréparables, parce qu'un peuple quimanque à un certain point reste dansle même état; et si, par hasard il serétablit, il faut des siècles pourcela.

Que si, dans un état dedéfaillance, la moindre descirconstances dont nous avons parlé

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vient à concourir, non-seulement ilne se répare pas, mais il dépérittous les jours, et tend à sonanéantissement.

L'expulsion des Mauresd'Espagne se fait encore sentircomme le premier jour: bien loinque ce vide se remplisse, il devienttous les jours plus grand.

Depuis la dévastation del'Amérique, les Espagnols, qui ont

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pris la place de ses ancienshabitants, n'ont pu la repeupler; aucontraire, par une fatalité que jeferois mieux de nommer une justicedivine, les destructeurs sedétruisent eux-mêmes, et seconsument tous les jours.

Les princes ne doivent doncpoint songer à peupler de grandspays par des colonies. Je ne dis pasqu'elles ne réussissent quelquefois;il y a des climats si heureux, quel'espèce s'y multiplie toujours:

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témoin ces îles[E] qui ont étépeuplées par des malades quequelques vaisseaux y avoientabandonnés, et qui y recouvroientaussitôt la santé.

[E] L'auteur parle peut-êtrede l'île de Bourbon.

Mais quand ces coloniesréussiroient, au lieu d'augmenter lapuissance, elles ne feroient que lapartager, à moins qu'elles n'eussent

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très-peu d'étendue, comme sontcelles que l'on envoie pour occuperquelque place pour le commerce.

Les Carthaginois avoient,comme les Espagnols, découvertl'Amérique, ou au moins de grandesîles dans lesquelles ils faisoient uncommerce prodigieux: mais quandils virent le nombre de leurshabitants diminuer, cette sagerépublique défendit à ses sujets cecommerce et cette navigation.

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J'ose le dire: au lieu de fairepasser les Espagnols dans les Indes,il faudroit faire repasser les Indienset les métifs en Espagne; il faudroitrendre à cette monarchie tous sespeuples dispersés; et, si la moitiéseulement de ces grandes coloniesse conservoit, l'Espagnedeviendroit la puissance del'Europe la plus redoutable.

On peut comparer les empires àun arbre dont les branches tropétendues ôtent tout le suc du tronc,

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et ne servent qu'à faire del'ombrage.

Rien ne devrait corriger lesprinces de la fureur des conquêteslointaines que l'exemple desPortugais et des Espagnols.

Ces deux nations ayant conquis,avec une rapidité inconcevable, desroyaumes immenses, plus étonnéesde leurs victoires que les peuplesvaincus de leur défaite, songèrent

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aux moyens de les conserver, etprirent chacune pour cela une voiedifférente.

Les Espagnols, désespérant deretenir les nations vaincues dans lafidélité, prirent le parti de lesexterminer, et d'y envoyerd'Espagne des peuples fidèles:jamais dessein horrible ne fut plusponctuellement exécuté. On vit unpeuple, aussi nombreux que tousceux de l'Europe ensemble,disparoître de la terre à l'arrivée de

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ces barbares, qui semblèrent, endécouvrant les Indes, avoir voulu enmême temps découvrir aux hommesquel étoit le dernier période de lacruauté.

Par cette barbarie, ilsconservèrent ce pays sous leurdomination. Juge par là combien lesconquêtes sont funestes, puisque leseffets en sont tels: car enfin ceremède affreux étoit unique.Comment auroient-ils pu retenir tantde millions d'hommes dans

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l'obéissance? Comment soutenir uneguerre civile de si loin? Queseroient-ils devenus, s'ils avoientdonné le temps à ces peuples derevenir de l'admiration où ilsétoient de l'arrivée de ces nouveauxdieux et de la crainte de leursfoudres?

Quant aux Portugais, ils prirentune voie tout opposée; ilsn'employèrent pas les cruautés:aussi furent-ils bientôt chassés detous les pays qu'ils avoient

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découverts. Les Hollandoisfavorisèrent la rébellion de cespeuples, et en profitèrent.

Quel prince envieroit le sort deces conquérants? Qui voudroit deces conquêtes à ces conditions? Lesuns en furent aussitôt chassés; lesautres en firent des déserts, etrendirent de même leur propre pays.

C'est le destin des héros de seruiner à conquérir des pays qu'ils

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perdent soudain, ou à soumettre desnations qu'ils sont obligés eux-mêmes de détruire; comme cetinsensé qui se consumoit à acheterdes statues qu'il jetoit dans la mer,et des glaces qu'il brisoit aussitôt. De Paris, le 18 de la lune deRhamazan, 1718.

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LETTRE CXXIII.

USBEK AU MÊME.

La douceur du gouvernementcontribue merveilleusement à lapropagation de l'espèce. Toutes lesrépubliques en sont une preuveconstante; et, plus que toutes, laSuisse et la Hollande, qui sont lesdeux plus mauvais pays del'Europe, si l'on considère la naturedu terrain, et qui cependant sont lesplus peuplés.

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Rien n'attire plus les étrangersque la liberté, et l'opulence qui lasuit toujours: l'une se faitrechercher par elle-même, et lesbesoins attirent dans les pays oùl'on trouve l'autre.

L'espèce se multiplie dans unpays où l'abondance fournit auxenfants, sans rien diminuer de lasubsistance des pères.

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L'égalité même des citoyens, quiproduit ordinairement de l'égalitédans les fortunes, porte l'abondanceet la vie dans toutes les parties ducorps politique, et la répandpartout.

Il n'en est pas de même des payssoumis au pouvoir arbitraire: leprince, les courtisans, et quelquesparticuliers, possèdent toutes lesrichesses, pendant que tous lesautres gémissent dans une pauvretéextrême.

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Si un homme est mal à son aise,et qu'il sente qu'il fera des enfantsplus pauvres que lui, il ne semariera pas; ou s'il se marie, ilcraindra d'avoir un trop grandnombre d'enfants, qui pourroientachever de déranger sa fortune, etqui descendroient de la conditionde leur père.

J'avoue que le rustique oupaysan, étant une fois marié,

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peuplera indifféremment, soit qu'ilsoit riche, soit qu'il soit pauvre;cette considération ne le touche pas:il a toujours un héritage sûr àlaisser à ses enfants, qui est sonhoyau; et rien ne l'empêche jamaisde suivre aveuglément l'instinct dela nature.

Mais à quoi sert dans un État cenombre d'enfants qui languissentdans la misère? Ils périssentpresque tous à mesure qu'ilsnaissent; ils ne prospèrent jamais:

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foibles et débiles, ils meurent endétail de mille manières, tandisqu'ils sont emportés en gros par lesfréquentes maladies populaires, quela misère et la mauvaise nourritureproduisent toujours; ceux qui enéchappent atteignent l'âge viril sansen avoir la force, et languissent toutle reste de leur vie.

Les hommes sont comme lesplantes, qui ne croissent jamaisheureusement si elles ne sont biencultivées: chez les peuples

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misérables, l'espèce perd, et mêmequelquefois dégénère.

La France peut fournir un grandexemple de tout ceci. Dans lesguerres passées, la crainte oùétoient tous les enfants de famillequ'on ne les enrôlât dans la miliceles obligeoit de se marier, et celadans un âge trop tendre, et dans lesein de la pauvreté. De tant demariages il naissoit bien desenfants, que l'on cherche encore enFrance, et que la misère, la famine

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et les maladies en ont faitdisparoître.

Que si, dans un ciel aussiheureux, dans un royaume aussipolicé que la France, on fait depareilles remarques, que sera-cedans les autres États? De Paris, le 23 de la lune deRhamazan, 1718.

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LETTRE CXXIV.

USBEK AU MOLLAKMÉHÉMET ALI,

Gardien des trois tombeaux

A Com.

Que nous servent les jeûnes desimmaums et les cilices desmollaks? La main de Dieu s'estdeux fois appesantie sur les enfantsde la loi, le soleil s'obscurcit, et

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semble n'éclairer plus que leursdéfaites; leurs armées s'assemblent,et elles sont dissipées comme lapoussière.

L'empire des Osmanlins estébranlé par les deux plus grandséchecs qu'il ait jamais reçus: unmoufti chrétien ne le soutientqu'avec peine; le grand vizird'Allemagne est le fléau de Dieu,envoyé pour châtier les sectateursd'Omar; il porte partout la colère duciel, irrité contre leur rébellion et

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leur perfidie.

Esprit sacré des immaums, tupleures nuit et jour sur les enfantsdu prophète que le détestable Omara dévoyés; tes entrailles s'émeuventà la vue de leurs malheurs; tudésires leur conversion, et non pasleur perte; tu voudrois les voirréunis sous l'étendard d'Ali, par leslarmes des saints; et non pasdispersés dans les montagnes etdans les déserts par la terreur desinfidèles.

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De Paris, le 1er de la lune deChalval, 1718.

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LETTRE CXXV.

USBEK A RHÉDI.

A Venise.

Quel peut être le motif de ceslibéralités immenses que lesprinces versent sur leurscourtisans? veulent-ils se lesattacher? ils leur sont déjà acquisautant qu'ils peuvent l'être. Etd'ailleurs, s'ils acquièrent quelques-uns de leurs sujets en les achetant, il

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faut bien, par la même raison, qu'ilsen perdent une infinité d'autres enles appauvrissant.

Quand je pense à la situationdes princes, toujours entourésd'hommes avides et insatiables, jene puis que les plaindre: et je lesplains encore davantage lorsqu'ilsn'ont pas la force de résister à desdemandes toujours onéreuses à ceuxqui ne demandent rien.

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Je n'entends jamais parler deleurs libéralités, des grâces et despensions qu'ils accordent, que je neme livre à mille réflexions: unefoule d'idées se présente à monesprit; il me semble que j'entendspublier cette ordonnance:

«Le courage infatigable dequelques-uns de nos sujets à nousdemander des pensions ayant exercésans relâche notre magnificenceroyale, nous avons enfin cédé à lamultitude des requêtes qu'ils nous

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ont présentées, lesquelles ont faitjusqu'ici la plus grande sollicitudedu trône. Ils nous ont représentéqu'ils n'ont point manqué, depuisnotre avènement à la couronne, dese trouver à notre lever; que nousles avons toujours vus sur notrepassage immobiles comme desbornes; et qu'ils se sontextrêmement élevés pour regarder,sur les épaules les plus hautes,notre sérénité. Nous avons mêmereçu plusieurs requêtes de la part dequelques personnes du beau sexe,

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qui nous ont supplié de faireattention qu'il étoit notoire qu'ellessont d'un entretien très-difficile;quelques-unes même très-surannéesnous ont prié, branlant la tête, defaire attention qu'elles ont faitl'ornement de la cour des rois nosprédécesseurs; et que, si lesgénéraux de leurs armées ont rendul'État redoutable par leurs faitsmilitaires, elles n'ont point rendu lacour moins célèbre par leursintrigues. Ainsi, désirant traiter lessuppliants avec bonté, et leur

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accorder toutes leurs prières, nousavons ordonné ce qui suit:

«Que tout laboureur ayant cinqenfants retranchera journellement lacinquième partie du pain qu'il leurdonne. Enjoignons aux pères defamille de faire la diminution, surchacun d'eux, aussi juste que fairese pourra.

«Défendons expressément à tousceux qui s'appliquent à la culture de

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leurs héritages, ou qui les ontdonnés à titre de ferme, d'y faireaucune réparation, de quelqueespèce qu'elle soit.

«Ordonnons que toutespersonnes qui s'exercent à destravaux vils et mécaniques,lesquelles n'ont jamais été au leverde notre majesté, n'achètentdésormais d'habits, à eux, à leursfemmes et à leurs enfants, que dequatre ans en quatre ans; leurinterdisons en outre très-étroitement

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ces petites réjouissances qu'ilsavoient coutume de faire, dans leursfamilles, les principales fêtes del'année.

«Et, d'autant que nousdemeurons averti que la plupart desbourgeois de nos bonnes villes sontentièrement occupés à pourvoir àl'établissement de leurs filles,lesquelles ne se sont renduesrecommandables, dans notre État,que par une triste et ennuyeusemodestie, nous ordonnons qu'ils

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attendront à les marier, jusqu'à cequ'ayant atteint l'âge limité par lesordonnances, elles viennent à les ycontraindre. Défendons à nosmagistrats de pourvoir à l'éducationde leurs enfants.» De Paris, le 1er de la lune deChalval, 1718.

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LETTRE CXXVI.

RICA A ***.

On est bien embarrassé danstoutes les religions, quand il s'agitde donner une idée des plaisirs quisont destinés à ceux qui ont bienvécu. On épouvante facilement lesméchants par une longue suite depeines, dont on les menace: mais,pour les gens vertueux, on ne saitque leur promettre. Il semble que lanature des plaisirs soit d'être d'une

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courte durée; l'imagination a peine àen représenter d'autres.

J'ai vu des descriptions duparadis, capables d'y faire renoncertous les gens de bon sens: les unsfont jouer sans cesse de la flûte cesombres heureuses; d'autres lescondamnent au supplice de sepromener éternellement; d'autresenfin, qui les font rêver là-haut auxmaîtresses d'ici-bas, n'ont pas cruque cent millions d'années fussentun terme assez long pour leur ôter le

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goût de ces inquiétudes amoureuses.

Je me souviens à ce proposd'une histoire que j'ai ouï raconter àun homme qui avoit été dans le paysdu Mogol; elle fait voir que lesprêtres indiens ne sont pas moinsstériles que les autres dans lesidées qu'ils ont des plaisirs duparadis.

Une femme qui venoit de perdreson mari vint en cérémonie chez le

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gouverneur de la ville lui demanderpermission de se brûler: mais,comme, dans les pays soumis auxmahométans, on abolit tant qu'onpeut cette cruelle coutume, il larefusa absolument.

Lorsqu'elle vit ses prièresimpuissantes, elle se jeta dans unfurieux emportement. Voyez, disoit-elle, comme on est gêné! Il ne seraseulement pas permis à une pauvrefemme de se brûler quand elle en aenvie! A-t-on jamais vu rien de

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pareil? Ma mère, ma tante, messœurs, se sont bien brûlées? Et,quand je vais demander permissionà ce maudit gouverneur, il se fâche,et se met à crier comme un enragé.

Il se trouva là, par hasard, unjeune bonze: Homme infidèle, luidit le gouverneur, est-ce toi qui amis dans l'esprit de cette femmecette fureur? Non, dit-il, je ne lui aijamais parlé: mais, si elle m'encroit, elle consommera sonsacrifice; elle fera une action

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agréable au dieu Brama: aussi ensera-t-elle bien récompensée; carelle retrouvera dans l'autre mondeson mari, et elle recommenceraavec lui un second mariage. Quedites-vous? dit la femme surprise.Je retrouverai mon mari? Ah! je neme brûle pas. Il étoit jaloux,chagrin, et d'ailleurs si vieux, que,si le dieu Brama n'a point fait surlui quelque réforme, sûrement il n'apas besoin de moi. Me brûler pourlui!... pas seulement le bout du doigtpour le retirer du fond des enfers.

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Deux vieux bonzes, qui meséduisoient, et qui savoient dequelle manière je vivois avec lui,n'avoient garde de me tout dire:mais si le Dieu Brama n'a que ceprésent à me faire, je renonce àcette béatitude. Monsieur legouverneur, je me fais mahométane.Et pour vous, dit-elle en regardantle bonze, vous pouvez, si vousvoulez, aller dire à mon mari que jeme porte fort bien.

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De Paris, le 2 de la lune deChalval, 1718.

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LETTRE CXXVII.

RICA A USBEK.

A ***.

Je t'attends ici demain:cependant je t'envoie tes lettresd'Ispahan. Les miennes portent quel'ambassadeur du Grand Mogol areçu ordre de sortir du royaume. Onajoute qu'on a fait arrêter le prince,oncle du roi, qui est chargé de sonéducation; qu'on l'a fait conduire

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dans un château, où il est très-étroitement gardé, et qu'on l'a privéde tous ses honneurs. Je suis touchédu sort de ce prince, et je le plains.

Je te l'avoue, Usbek, je n'aijamais vu couler les larmes depersonne sans en être attendri: jesens de l'humanité pour lesmalheureux, comme s'il n'y avoitqu'eux qui fussent hommes; et lesgrands même, pour lesquels jetrouve dans mon cœur de la duretéquand ils sont élevés, je les aime

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sitôt qu'ils tombent.

En effet, qu'ont-ils à faire, dansla prospérité, d'une inutiletendresse? elle approche trop del'égalité: ils aiment bien mieux durespect, qui ne demande point deretour. Mais, sitôt qu'ils sont déchusde leur grandeur, il n'y a que nosplaintes qui puissent leur enrappeler l'idée.

Je trouve quelque chose de bien

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naïf, et même de bien grand, dansles paroles d'un prince qui, près detomber entre les mains de sesennemis, voyant ses courtisansautour de lui qui pleuroient: Je sens,leur dit-il, à vos larmes que je suisencore votre roi. De Paris, le 3 de la lune deChalval, 1718.

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LETTRE CXXVIII.

RICA A IBBEN.

A Smyrne.

Tu as ouï parler mille fois dufameux roi de Suède: il assiégeoitune place dans un royaume qu'onnomme la Norwége; comme ilvisitoit la tranchée, seul avec uningénieur, il a reçu un coup dans latête, dont il est mort. On a fait sur-le-champ arrêter son premier

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ministre: les états se sontassemblés, et l'ont condamné àperdre la tête.

Il étoit accusé d'un grand crime:c'étoit d'avoir calomnié la nation, etde lui avoir fait perdre la confiancede son roi: forfait qui, selon moi,mérite mille morts.

Car enfin, si c'est une mauvaiseaction de noircir dans l'esprit duprince le dernier de ses sujets,

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qu'est-ce, lorsque l'on noircit lanation entière, et qu'on lui ôte labienveillance de celui que laprovidence a établi pour faire sonbonheur?

Je voudrois que les hommesparlassent aux rois comme les angesparlent à notre saint prophète.

Tu sais que, dans les banquetssacrés où le seigneur des seigneursdescend du plus sublime trône du

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monde pour se communiquer à sesesclaves, je me suis fait une loisévère de captiver une langueindocile; on ne m'a jamais vuabandonner une seule parole qui pûtêtre amère au dernier de ses sujets.Quand il m'a fallu cesser d'êtresobre, je n'ai point cessé d'êtrehonnête homme; et, dans cetteépreuve de notre fidélité, j'ai risquéma vie, et jamais ma vertu.

Je ne sais comment il arrivequ'il n'y a presque jamais de prince

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si méchant, que son ministre ne lesoit encore davantage; s'il faitquelque action mauvaise, elle apresque toujours été suggérée; demanière que l'ambition des princesn'est jamais si dangereuse que labassesse d'âme de ses conseillers.Mais comprends-tu qu'un homme,qui n'est que d'hier dans leministère, qui peut-être n'y sera pasdemain, puisse devenir dans unmoment l'ennemi de lui-même, de safamille, de sa patrie, et du peuplequi naîtra à jamais de celui qu'il va

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faire opprimer?

Un prince a des passions; leministre les remue: c'est de ce côté-là qu'il dirige son ministère; il n'apoint d'autre but, ni n'en veutconnoître. Les courtisans leséduisent par leurs louanges; et luile flatte plus dangereusement parses conseils, par les desseins qu'illui inspire, et par les maximes qu'illui propose. De Paris, le 25 de la lune de

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Saphar, 1719.

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LETTRE CXXIX.

RICA A USBEK.

A ***.

Je passois l'autre jour sur lePont-Neuf avec un de mes amis: ilrencontra un homme de saconnoissance, qu'il me dit être ungéomètre; et il n'y avoit rien qui n'yparût, car il étoit d'une rêverieprofonde; il fallut que mon ami letirât longtemps par la manche, et le

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secouât pour le faire descendrejusqu'à lui; tant il étoit occupé d'unecourbe qui le tourmentoit peut-êtredepuis plus de huit jours. Ils sefirent tous deux beaucoupd'honnêtetés, et s'apprirentréciproquement quelques nouvelleslittéraires. Ces discours lesmenèrent jusque sur la porte d'uncaffé où j'entrai avec eux.

Je remarquai que notregéomètre y fut reçu de tout le mondeavec empressement, et que les

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garçons du caffé en faisoientbeaucoup plus de cas que de deuxmousquetaires qui étoient dans uncoin. Pour lui, il parut qu'il setrouvoit dans un lieu agréable: caril dérida un peu son visage, et semit à rire comme s'il n'avoit pas eula moindre teinture de géométrie.

Cependant son esprit réguliertoisoit tout ce qui se disoit dans laconversation. Il ressembloit à celuiqui, dans un jardin, coupoit avecson épée la tête des fleurs qui

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s'élevoient au-dessus des autres:martyr de sa justesse, il étoitoffensé d'une saillie, comme unevue délicate est offensée par unelumière trop vive. Rien pour luin'étoit indifférent, pourvu qu'il fûtvrai: aussi sa conversation étoit-elle singulière. Il étoit arrivé cejour-là de la campagne avec unhomme qui avoit vu un châteausuperbe et des jardins magnifiques;et il n'avoit vu, lui, qu'un bâtimentde soixante pieds de long sur trente-cinq de large, et un bosquet barlong

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de dix arpents: il auroit fortsouhaité que les règles de laperspective eussent été tellementobservées, que les allées desavenues eussent paru partout demême largeur; et il auroit donnépour cela une méthode infaillible. Ilparut fort satisfait d'un cadran qu'ily avoit démêlé, d'une structure fortsingulière; et il s'échauffa fortcontre un savant qui étoit auprès demoi, qui lui demanda si ce cadranmarquoit les heures babyloniennes.Un nouvelliste parla du

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bombardement du château deFontarabie; et il nous donna soudainles propriétés de la ligne que lesbombes avoient décrite en l'air; et,charmé de savoir cela, il voulut enignorer entièrement le succès. Unhomme se plaignoit d'avoir étéruiné l'hiver d'auparavant par uneinondation. Ce que vous me dites làm'est fort agréable, dit alors legéomètre: je vois que je ne me suispas trompé dans l'observation quej'ai faite, et qu'il est au moins tombésur la terre deux pouces d'eau plus

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que l'année passée.

Un moment après il sortit, etnous le suivîmes. Comme il alloitassez vite, et qu'il négligeoit deregarder devant lui, il fut rencontrédirectement par un autre homme: ilsse choquèrent rudement; et de cecoup ils rejaillirent, chacun de soncôté, en raison réciproque de leurvitesse et de leurs masses. Quandils furent un peu revenus de leurétourdissement, cet homme, portantla main sur le front, dit au géomètre:

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Je suis bien aise que vous m'ayezheurté; car j'ai une grande nouvelleà vous apprendre: je viens dedonner mon Horace au public.Comment! dit le géomètre, il y adeux mille ans qu'il y est. Vous nem'entendez pas, reprit l'autre: c'estune traduction de cet ancien auteur,que je viens de mettre au jour; il y avingt ans que je m'occupe à fairedes traductions.

Quoi! monsieur, dit le géomètre,il y a vingt ans que vous ne pensez

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pas! Vous parlez pour les autres, etils pensent pour vous! Monsieur, ditle savant, croyez-vous que je n'aiepas rendu un grand service aupublic, de lui rendre la lecture desbons auteurs familière? Je ne dispas tout à fait cela: j'estime autantqu'un autre les sublimes génies quevous travestissez; mais vous ne leurressemblerez point; car si voustraduisez toujours, on ne voustraduira jamais.

Les traductions sont comme ces

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monnoies de cuivre qui ont bien lamême valeur qu'une pièce d'or, etmême sont d'un plus grand usagepour le peuple; mais elles sonttoujours foibles et d'un mauvaisaloi.

Vous voulez, dites-vous, fairerenaître parmi nous ces illustresmorts; et j'avoue que vous leurdonnez bien un corps: mais vous neleur rendez pas la vie; il y manquetoujours un esprit pour les animer.

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Que ne vous appliquez-vousplutôt à la recherche de tant debelles vérités qu'un calcul facilenous fait découvrir tous les jours?Après ce petit conseil, ils seséparèrent, je crois, très-mécontentsl'un de l'autre, De Paris, le dernier de la lune deRebiab 2, 1719.

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LETTRE CXXX.

RICA A ***.

Je te parlerai dans cette lettred'une certaine nation qu'on appelleles nouvellistes, qui s'assemblentdans un jardin magnifique, où leuroisiveté est toujours occupée. Ilssont très-inutiles à l'État, et leursdiscours de cinquante ans n'ont pasun effet différent de celui qu'auroitpu produire un silence aussi long:cependant ils se croient

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considérables, parce qu'ilss'entretiennent de projetsmagnifiques, et traitent de grandsintérêts.

La base de leurs conversationsest une curiosité frivole et ridicule:il n'y a point de cabinet simystérieux qu'ils ne prétendentpénétrer; ils ne sauroient consentir àignorer quelque chose; ils saventcombien notre auguste sultan a defemmes, combien il fait d'enfantstoutes les années; et quoiqu'ils ne

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fassent aucune dépense en espions,ils sont instruits des mesures qu'ilprend pour humilier l'empereur desTurcs et celui des Mogols.

A peine ont-ils épuisé leprésent, qu'ils se précipitent dansl'avenir; et, marchant au-devant dela providence, la préviennent surtoutes les démarches des hommes.Ils conduisent un général par lamain; et, après l'avoir loué de millesottises qu'il n'a pas faites, ils lui enpréparent mille autres qu'il ne fera

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pas.

Ils font voler les armées commeles grues, et tomber les muraillescomme des cartons; ils ont desponts sur toutes les rivières, desroutes secrètes dans toutes lesmontagnes, des magasins immensesdans les sables brûlants: il ne leurmanque que le bon sens.

Il y a un homme avec qui jeloge, qui reçut cette lettre d'un

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nouvelliste; comme elle m'a parusingulière, je la gardai; la voici: «Monsieur,

«Je me trompe rarement dansmes conjectures sur les affaires dutemps. Le 1er janvier 1711, jeprédis que l'empereur Josephmourroit dans le cours de l'année: ilest vrai que, comme il se portoitfort bien, je crus que je me feroismoquer de moi si je m'expliquoisd'une manière bien claire; ce qui fitque je me servis de termes un peu

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énigmatiques; mais les gens quisavent raisonner m'entendirent bien.Le 17 avril de la même année, ilmourut de la petite vérole.

«Dès que la guerre fut déclaréeentre l'empereur et les Turcs, j'allaichercher nos messieurs dans tousles coins des Tuileries; je lesassemblai près du bassin, et leurprédis qu'on feroit le siége deBelgrade, et qu'il seroit pris. J'aiété assez heureux pour que maprédiction ait été accomplie. Il est

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vrai que, vers le milieu du siége, jepariai cent pistoles qu'il seroit prisle 18 août[F]; il ne fut pris que lelendemain: peut-on perdre à si beaujeu?

[F] 1717.

«Lorsque je vis que la flotted'Espagne débarquoit en Sardaigne,je jugeai qu'elle en ferait laconquête: je le dis, et cela se trouvavrai. Enflé de ce succès, j'ajoutai

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que cette flotte victorieuse iroitdébarquer à Final pour faire laconquête du Milanès. Comme jetrouvai de la résistance à fairerecevoir cette idée, je voulus lasoutenir glorieusement: je pariaicinquante pistoles, et je les perdisencore; car ce diable d'Alberoni,malgré la foi des traités, envoya saflotte en Sicile, et trompa tout à lafois deux grands politiques, le ducde Savoie et moi.

«Tout cela, monsieur, me

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déroute si fort, que j'ai résolu deprédire toujours et de ne parierjamais. Autrefois nous neconnoissions point aux Tuileriesl'usage des paris, et feu M. le comtede L. ne les souffrait guère; mais,depuis qu'une troupe de petits-maîtres s'est mêlée parmi nous,nous ne savons plus où nous ensommes. A peine ouvrons-nous labouche pour dire une nouvelle,qu'un de ces jeunes gens propose deparier contre.

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«L'autre jour, comme j'ouvroismon manuscrit, et accommodoismes lunettes sur mon nez, un de cesfanfarons, saisissant justementl'intervalle du premier mot ausecond, me dit: Je parie centpistoles que non. Je fis semblant den'avoir pas fait d'attention à cetteextravagance; et, reprenant laparole d'une voix plus forte, je dis:M. le maréchal de *** ayantappris... Cela est faux, me dit-il,vous avez toujours des nouvellesextravagantes; il n'y a pas le sens

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commun à tout cela. Je vous prie,monsieur, de me faire le plaisir deme prêter trente pistoles; car jevous avoue que ces paris m'ont fortdérangé. Je vous envoie la copie dedeux lettres que j'ai écrites auministre. Je suis, etc.»

LETTRE D'UN NOUVELLISTEAU MINISTRE.

«Monseigneur,

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«Je suis le sujet le plus zélé quele roi ait jamais eu: c'est moi quiobligeai un de mes amis d'exécuterle projet que j'avois formé d'unlivre pour démontrer que Louis leGrand étoit le plus grand de tous lesprinces qui ont mérité le nom deGrand. Je travaille depuislongtemps à un autre ouvrage quifera encore plus d'honneur à notrenation, si Votre Grandeur veutm'accorder un privilége: mondessein est de prouver que, depuisle commencement de la monarchie,

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les François n'ont jamais été battus,et que ce que les historiens ont ditjusqu'ici de nos désavantages sontde véritables impostures. Je suisobligé de les redresser en bien desoccasions; et j'ose me flatter que jebrille surtout dans la critique. Jesuis, monseigneur, etc.» «Monseigneur,

«Depuis la perte que nous avonsfaite de M. le comte de L., nousvous supplions d'avoir la bonté denous permettre d'élire un président.

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Le désordre se met dans nosconférences, et les affaires d'Étatn'y sont pas traitées avec la mêmediscussion que par le passé; nosjeunes gens vivent absolument sanségard pour les anciens, et entre euxsans discipline: c'est le véritableconseil de Roboam, où les jeunesimposent aux vieillards. Nousavons beau leur représenter quenous étions paisibles possesseursdes Tuileries vingt ans avant qu'ilsfussent au monde; je crois qu'ilsnous en chasseront à la fin, et

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qu'obligés de quitter ces lieux oùnous avons tant de fois évoqué lesombres de nos héros françois, ilfaudra que nous allions tenir nosconférences au Jardin du Roi oudans quelque lieu plus écarté. Jesuis...» De Paris, le 7 de la lune deGemmadi 2, 1719.

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LETTRE CXXXI.

RHÉDI A RICA.

A Paris.

Une des choses qui a le plusexercé ma curiosité en arrivant enEurope, c'est l'histoire et l'originedes républiques. Tu sais que laplupart des Asiatiques n'ont passeulement d'idée de cette sorte degouvernement, et que l'imaginationne les a pas servis jusqu'à leur faire

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comprendre qu'il puisse y en avoirsur la terre d'autre que ledespotique.

Les premiers gouvernements dumonde furent monarchiques: ce nefut que par hasard et par lasuccession des siècles que lesrépubliques se formèrent.

La Grèce ayant été abîmée parun déluge, de nouveaux habitantsvinrent la peupler: elle tira presque

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toutes ses colonies d'Égypte et descontrées de l'Asie les plus voisines;et, comme ces pays étoientgouvernés par des rois, les peuplesqui en sortirent furent gouvernés demême. Mais la tyrannie de cesprinces devenant trop pesante, onsecoua le joug; et du débris de tantde royaumes s'élevèrent cesrépubliques qui firent si fort fleurirla Grèce, seule polie au milieu desbarbares.

L'amour de la liberté, la haine

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des rois, conserva longtemps laGrèce dans l'indépendance, etétendit au loin le gouvernementrépublicain. Les villes grecquestrouvèrent des alliées dans l'Asiemineure: elles y envoyèrent descolonies aussi libres qu'elles, quileur servirent de remparts contre lesentreprises des rois de Perse. Cen'est pas tout: la Grèce peuplal'Italie; l'Italie, l'Espagne, et peut-être les Gaules. On sait que cettegrande Hespérie, si fameuse chezles anciens, étoit au commencement

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la Grèce, que ses voisinsregardoient comme un séjour defélicité: les Grecs qui ne trouvoientpoint chez eux ce pays heureux,l'allèrent chercher en Italie; ceux del'Italie, en Espagne; ceux d'Espagne,dans la Bétique ou le Portugal: demanière que toutes ces régionsportèrent ce nom chez les anciens.Ces colonies grecques apportèrentavec elles un esprit de libertéqu'elles avoient pris dans ce douxpays. Ainsi, on ne voit guère, dansces temps reculés, de monarchies

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dans l'Italie, l'Espagne, les Gaules.On verra bientôt que les peuples duNord et d'Allemagne n'étoient pasmoins libres: et, si l'on trouve desvestiges de quelque royauté parmieux, c'est qu'on a pris pour des roisles chefs des armées ou desrépubliques.

Tout ceci se passoit en Europe:car, pour l'Asie et l'Afrique, ellesont toujours été accablées sous ledespotisme, si vous en exceptezquelques villes de l'Asie mineure

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dont nous avons parlé, et larépublique de Carthage en Afrique.

Le monde fut partagé entre deuxpuissantes républiques: celle deRome et celle de Carthage. Il n'y arien de si connu que lescommencements de la républiqueromaine, et rien qui le soit si peuque l'origine de celle de Carthage.On ignore absolument la suite desprinces africains depuis Didon, etcomment ils perdirent leurspuissance. C'eût été un grand

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bonheur pour le monde quel'agrandissement prodigieux de larépublique romaine, s'il n'y avoitpas eu cette différence injuste entreles citoyens romains et les peuplesvaincus; si l'on avoit donné augouverneur des provinces uneautorité moins grande; si les lois sisaintes pour empêcher leur tyrannieavoient été observées, et s'ils nes'étoient pas servis, pour les fairetaire, des mêmes trésors que leurinjustice avoit amassés.

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Il semble que la liberté soitfaite pour le génie des peuplesd'Europe, et la servitude pour celuides peuples d'Asie. C'est en vainque les Romains offrirent auxCappadociens ce précieux trésor:cette nation lâche le refusa, et ellecourut à la servitude avec le mêmeempressement que les autrespeuples couroient à la liberté.

César opprima la républiqueromaine, et la soumit à un pouvoirarbitraire.

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L'Europe gémit longtemps sousun gouvernement militaire etviolent, et la douceur romaine futchangée en une cruelle oppression.

Cependant une infinité denations inconnues sortirent du Nord,se répandirent comme des torrentsdans les provinces romaines; et,trouvant autant de facilité à fairedes conquêtes qu'à exercer leurspirateries, les démembrèrent et en

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firent des royaumes. Ces peuplesétoient libres et ils bornoient si fortl'autorité de leurs rois, qu'ilsn'étoient proprement que des chefsou des généraux. Ainsi cesroyaumes, quoique fondés par laforce, ne sentirent point le joug duvainqueur. Lorsque les peuplesd'Asie, comme les Turcs et lesTartares, firent des conquêtes,soumis à la volonté d'un seul, ils nesongèrent qu'à lui donner denouveaux sujets, et à établir par lesarmes son autorité violente: mais

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les peuples du Nord, libres dansleur pays, s'emparant des provincesromaines, ne donnèrent point à leurschefs une grande autorité.Quelques-uns même de ces peuples,comme les Vandales en Afrique, lesGoths en Espagne, déposoient leursrois dès qu'ils n'en étoient passatisfaits; et, chez les autres,l'autorité du prince étoit bornée demille manières différentes: un grandnombre de seigneurs la partageoientavec lui; les guerres n'étoiententreprises que de leur

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consentement; les dépouilles étoientpartagées entre le chef et lessoldats; aucun impôt en faveur duprince; les lois étoient faites dansles assemblées de la nation. Voilàle principe fondamental de tous cesÉtats, qui se formèrent des débrisde l'empire romain. De Venise, le 20 de la lune deRhégeb, 1719.

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LETTRE CXXXII.

RICA A ***.

Je fus, il y a cinq ou six mois,dans un caffé; j'y remarquai ungentilhomme assez bien mis qui sefaisoit écouter: il parloit du plaisirqu'il y avoit de vivre à Paris; ildéploroit sa situation d'être obligéde vivre dans la province. J'ai, dit-il, quinze mille livres de rente enfonds de terre, et je me croiroisplus heureux si j'avois le quart de

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ce bien-là en argent et en effetsportables partout. J'ai beau pressermes fermiers, et les accabler defrais de justice, je ne fais que lesrendre plus insolvables: je n'aijamais pu voir cent pistoles à lafois. Si je devois dix mille francs,on me feroit saisir toutes mes terres,et je serois à l'hôpital.

Je sortis sans avoir fait grandeattention à tout ce discours; mais,me trouvant hier dans ce quartier,j'entrai dans la même maison, et j'y

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vis un homme grave, d'un visagepâle et allongé, qui, au milieu decinq ou six discoureurs, paroissoitmorne et pensif, jusques à ce que,prenant brusquement la parole: Oui,messieurs, dit-il en haussant lavoix, je suis ruiné; je n'ai plus dequoi vivre; car j'ai actuellementchez moi deux cent mille livres enbillets de banque, et cent mille écusd'argent: je me trouve dans unesituation affreuse; je me suis cruriche, et me voilà à l'hôpital: aumoins si j'avois seulement une

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petite terre où je pusse me retirer,je serois sûr d'avoir de quoi vivre;mais je n'ai pas grand comme cechapeau en fonds de terre.

Je tournai par hasard la tête d'unautre côté, et je vis un autre hommequi faisoit des grimaces de possédé.A qui se fier désormais? s'écrioit-il. Il y a un traître que je croyois sifort de mes amis que je lui avoisprêté mon argent: et il me l'a rendu!quelle perfidie horrible! Il a beaufaire; dans mon esprit il sera

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toujours déshonoré.

Tout près de là étoit un hommetrès-mal vêtu, qui, élevant les yeuxau ciel, disoit: Dieu bénisse lesprojets de nos ministres! puissé-jevoir les actions à deux mille, et tousles laquais de Paris plus riches queleurs maîtres! J'eus la curiosité dedemander son nom. C'est un hommeextrêmement pauvre, me dit-on;aussi a-t-il un pauvre métier: il estgénéalogiste, et il espère que sonart rendra, si les fortunes

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continuent; et que tous ces nouveauxriches auront besoin de lui pourréformer leur nom, décrasser leursancêtres, et orner leurs carrosses; ils'imagine qu'il va faire autant degens de qualité qu'il voudra; iltressaille de joie de voir multiplierses pratiques.

Enfin, je vis entrer un vieillardpâle et sec, que je reconnus pournouvelliste avant qu'il se fût assis;il n'étoit pas du nombre de ceux quiont une assurance victorieuse contre

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tous les revers, et présagenttoujours les victoires et lestrophées: c'étoit au contraire un deces trembleurs qui n'ont que desnouvelles tristes. Les affaires vontbien mal du côté d'Espagne, dit-il:nous n'avons point de cavalerie surla frontière, et il est à craindre quele prince Pio, qui en a un groscorps, ne fasse contribuer tout leLanguedoc. Il y avoit vis-à-vis demoi un philosophe assez mal enordre qui prenoit le nouvelliste enpitié, et haussoit les épaules à

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mesure que l'autre haussoit la voix;je m'approchai de lui, et il me dit àl'oreille: Vous voyez que ce fatnous entretient, il y a une heure, desa frayeur pour le Languedoc; etmoi, j'aperçus hier au soir une tachedans le soleil, qui, si elleaugmentoit, pourroit faire tombertoute la nature en engourdissement;et je n'ai pas dit un seul mot. De Paris, le 17 de la lune deRhamazan, 1719.

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LETTRE CXXXIII.

RICA A ***.

J'allai l'autre jour voir unegrande bibliothèque dans uncouvent de dervis, qui en sontcomme les dépositaires, mais quisont obligés d'y laisser entrer tout lemonde à certaines heures.

En entrant, je vis un hommegrave qui se promenoit au milieu

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d'un nombre innombrable devolumes qui l'entouroient. J'allai àlui, et le priai de me dire quelsétoient quelques-uns de ces livresque je voyois mieux reliés que lesautres. Monsieur, me dit-il, j'habiteici une terre étrangère: je n'yconnois personne: bien des gens mefont de pareilles questions; maisvous voyez bien que je n'irai paslire tous ces livres pour lessatisfaire; mais j'ai monbibliothécaire qui vous donnerasatisfaction, car il s'occupe nuit et

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jour à déchiffrer tout ce que vousvoyez là; c'est un homme qui n'estbon à rien, et qui nous est très àcharge, parce qu'il ne travaille pointpour le couvent. Mais j'entendsl'heure du réfectoire qui sonne.Ceux qui comme moi sont à la têted'une communauté doivent être lespremiers à tous les exercices. Endisant cela, le moine me poussadehors, ferma la porte, et, commes'il eût volé, disparut à mes yeux. De Paris, le 21 de la lune de

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Rhamazan, 1719.

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LETTRE CXXXIV.

RICA AU MÊME.

Je retournai le lendemain à cettebibliothèque, où je trouvai tout unautre homme que celui que j'avoisvu la première fois: son air étoitsimple, sa physionomie spirituelle,et son abord très-affable. Dès queje lui eus fait connoître macuriosité, il se mit en devoir de lasatisfaire, et même en qualitéd'étranger, de m'instruire.

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Mon père, lui dis-je, quels sontces gros volumes qui tiennent toutce côté de bibliothèque? Ce sont,me dit-il, les interprètes del'Écriture. Il y en a un grandnombre! lui repartis-je; il faut quel'Écriture fût bien obscure autrefois,et bien claire à présent; reste-t-ilencore quelques doutes? peut-il yavoir des points contestés? S'il y ena, bon Dieu! s'il y en a! merépondit-il; il y en a presque autantque de lignes. Oui, lui dis-je! Et

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qu'ont donc fait tous ces auteurs!Ces auteurs, me repartit-il, n'ontpoint cherché dans l'Écriture cequ'il faut croire, mais ce qu'ilscroient eux-mêmes; ils ne l'ont pointregardée comme un livre où étoientcontenus les dogmes qu'ils devoientrecevoir, mais comme un ouvragequi pourroit donner de l'autorité àleurs propres idées: c'est pour celaqu'ils en ont corrompu tous les sens,et ont donné la torture à tous lespassages. C'est un pays où leshommes de toutes les sectes font

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des descentes, et vont comme aupillage; c'est un champ de batailleoù les nations ennemies qui serencontrent livrent bien descombats, où l'on s'attaque, où l'ons'escarmouche de bien desmanières.

Tout près de là vous voyez leslivres ascétiques ou de dévotion;ensuite les livres de morale, bienplus utiles; ceux de théologie,doublement inintelligibles, et par lamatière qui y est traitée, et par la

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manière de la traiter; les ouvragesdes mystiques, c'est-à-dire desdévots qui ont le cœur tendre. Ah!mon père, lui dis-je, un moment;n'allez pas si vite; parlez-moi deces mystiques. Monsieur, dit-il, ladévotion échauffe un cœur disposéà la tendresse, et lui fait envoyerdes esprits au cerveau quil'échauffent de même, d'où naissentles extases et les ravissements. Cetétat est le délire de la dévotion;souvent il se perfectionne, ou plutôtdégénère en quiétisme: vous savez

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qu'un quiétiste n'est autre chosequ'un homme fou, dévot et libertin.

Voyez les casuistes, qui mettentau jour les secrets de la nuit; quiforment dans leur imagination tousles monstres que le démon d'amourpeut produire, les rassemblent, lescomparent, et en font l'objet éternelde leurs pensées: heureux si leurcœur ne se met pas de la partie, etne devient pas lui-même complicede tant d'égarements si naïvementdécrits et si nuement peints!

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Vous voyez, monsieur, que jepense librement, et que je vous distout ce que je pense. Je suisnaturellement naïf, et plus encoreavec vous, qui êtes un étranger, quivoulez savoir les choses, et lessavoir telles qu'elles sont. Si jevoulois, je ne vous parlerois de toutceci qu'avec admiration; je vousdirois sans cesse: Cela est divin,cela est respectable; il y a dumerveilleux. Et il en arriveroit dedeux choses l'une, ou que je vous

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tromperois, ou que je medéshonorerois dans votre esprit.

Nous en restâmes là; une affairequi survint au dervis rompit notreconversation jusqu'au lendemain. De Paris, le 23 de la lune deRhamazan, 1719.

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LETTRE CXXXV.

RICA AU MÊME.

Je revins à l'heure marquée, etmon homme me mena précisémentdans l'endroit où nous nous étionsquittés. Voici, me dit-il, lesgrammairiens, les glossateurs, et lescommentateurs. Mon père, lui dis-je, tous ces gens-là ne peuvent-ilspas se dispenser d'avoir du bonsens? Oui, dit-il, ils le peuvent; etmême il n'y paroît pas, leurs

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ouvrages n'en sont pas plusmauvais; ce qui est très-commodepour eux. Cela est vrai, lui dis-je; etje connois bien des philosophes quiferoient bien de s'appliquer à cessortes de sciences-là.

Voilà, poursuivit-il, lesorateurs, qui ont le talent depersuader indépendamment desraisons; et les géomètres, quiobligent un homme malgré lui d'êtrepersuadé, et le convainquent avectyrannie.

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Voici les livres demétaphysique, qui traitent de sigrands intérêts, et dans lesquelsl'infini se rencontre partout; leslivres de physique, qui ne trouventpas plus de merveilleux dansl'économie du vaste univers quedans la machine la plus simple denos artisans; les livres de médecine,ces monuments de la fragilité de lanature et de la puissance de l'art;qui font trembler quand ils traitentdes maladies même les plus

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légères, tant ils nous rendent la mortprésente; mais qui nous mettent dansune sécurité entière quand ilsparlent de la vertu des remèdes,comme si nous étions devenusimmortels.

Tout près de là sont les livresd'anatomie, qui contiennent bienmoins la description des parties ducorps humain que les noms barbaresqu'on leur a donnés: chose qui neguérit ni le malade de son mal, ni lemédecin de son ignorance.

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Voici la chimie, qui habitetantôt l'hôpital et tantôt les petites-maisons, comme des demeures quilui sont également propres.

Voici les livres de science, ouplutôt d'ignorance occulte: tels sontceux qui contiennent quelque espècede diablerie; exécrables selon laplupart des gens; pitoyables selonmoi. Tels sont encore les livresd'astrologie judiciaire. Que dites-

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vous, mon père? Les livresd'astrologie judiciaire, repartis-jeavec feu! Et ce sont ceux dont nousfaisons plus de cas en Perse: ilsrèglent toutes les actions de notrevie, et nous déterminent dans toutesnos entreprises; les astrologues sontproprement nos directeurs; ils fontplus, ils entrent dans legouvernement de l'État. Si cela est,me dit-il, vous vivez sous un jougbien plus dur que celui de la raison:voilà ce qui s'appelle le plusétrange de tous les empires; je

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plains bien une famille, et encoreplus une nation, qui se laisse si fortdominer par les planètes. Nous nousservons, lui repartis-je, del'astrologie, comme vous vousservez de l'algèbre. Chaque nation asa science, selon laquelle elle règlesa politique: tous les astrologuesensemble n'ont jamais fait tant desottises en notre Perse qu'un seul devos algébristes en a fait ici. Croyez-vous que le concours fortuit desastres ne soit pas une règle aussisûre que les beaux raisonnements

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de votre faiseur de système? Si l'oncomptoit les voix là-dessus enFrance et en Perse, ce seroit unbeau sujet de triomphe pourl'astrologie; vous verriez lesmathématiciens bien humiliés: quelaccablant corollaire en pourroit-ontirer contre eux!

Notre dispute fut interrompue, etil fallut nous quitter. De Paris, le 26 de la lune deRhamazan, 1719.

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LETTRE CXXXVI.

RICA AU MÊME.

Dans l'entrevue suivante, monsavant me mena dans un cabinetparticulier. Voici les livresd'histoire moderne, me dit-il. Voyezpremièrement les historiens del'Église et des papes; livres que jelis pour m'édifier, et qui fontsouvent en moi un effet toutcontraire.

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Là, ce sont ceux qui ont écrit dela décadence du formidable empireromain, qui s'étoit formé du débrisde tant de monarchies, et sur lachute duquel il s'en forma tant denouvelles. Un nombre infini depeuples barbares, aussi inconnusque les pays qu'ils habitoient,parurent tout à coup, l'inondèrent, leravagèrent, le dépecèrent, etfondèrent tous les royaumes quevous voyez à présent en Europe.Ces peuples n'étoient pointproprement barbares, puisqu'ils

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étoient libres: mais ils le sontdevenus depuis que, soumis pour laplupart à une puissance absolue, ilsont perdu cette douce liberté siconforme à la raison, à l'humanité,et à la nature.

Vous voyez ici les historiens del'Allemagne, laquelle n'est qu'uneombre du premier empire, mais quiest, je crois, la seule puissance quisoit sur la terre, que la division n'apoint affoiblie; la seule, je croisencore, qui se fortifie à mesure de

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ses pertes; et qui, lente à profiterdes succès, devient indomptable parses défaites.

Voici les historiens de France,où l'on voit d'abord la puissancedes rois se former, mourir deuxfois, renaître de même, languirensuite pendant plusieurs siècles;mais, prenant insensiblement desforces, accrue de toutes parts,monter à son dernier période:semblable à ces fleuves qui dansleur course perdent leurs eaux, ou

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se cachent sous terre; puisreparoissant de nouveau, grossispar les rivières qui s'y jettent,entraînent avec rapidité tout ce quis'oppose à leur passage.

Là, vous voyez la nationespagnole sortir de quelquesmontagnes: les princes mahométanssubjugués aussi insensiblementqu'ils avoient rapidement conquis;tant de royaumes réunis dans unevaste monarchie, qui devint presquela seule; jusqu'à ce qu'accablée de

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sa fausse opulence, elle perdit saforce et sa réputation même, et neconserva que l'orgueil de sapremière puissance.

Ce sont ici les historiensd'Angleterre, où l'on voit la libertésortir sans cesse des feux de ladiscorde et de la sédition; le princetoujours chancelant sur un trôneinébranlable; une nation impatiente,sage dans sa fureur même; et qui,maîtresse de la mer (chose inouïejusqu'alors), mêle le commerce

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avec l'empire.

Tout près de là sont leshistoriens de cette autre reine de lamer, la république de Hollande, sirespectée en Europe, et siformidable en Asie, où sesnégociants voient tant de roisprosternés devant eux.

Les historiens d'Italie vousreprésentent une nation autrefoismaîtresse du monde, aujourd'hui

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esclave de toutes les autres; sesprinces divisés et foibles, et sansautre attribut de souveraineté qu'unevaine politique.

Voilà les historiens desrépubliques: de la Suisse, qui estl'image de sa liberté; de Venise, quin'a de ressources qu'en sonéconomie; et de Gênes, qui n'estsuperbe que par ses bâtiments.

Voici ceux du nord, et entre

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autres de la Pologne, qui use si malde sa liberté et du droit qu'elle ad'élire ses rois, qu'il semble qu'elleveuille consoler par là les peuplesses voisins, qui ont perdu l'un etl'autre.

Là-dessus, nous nous séparâmesjusqu'au lendemain. De Paris, le 2 de la lune deChalval, 1719.

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LETTRE CXXXVII.

RICA AU MÊME.

Le lendemain, il me mena dansun autre cabinet. Ce sont ici lespoëtes, me dit-il; c'est-à-dire cesauteurs dont le métier est de mettredes entraves au bon sens, etd'accabler la raison sous lesagréments comme on ensevelissoitautrefois les femmes sous leursparures et leurs ornements. Vous lesconnoissez; ils ne sont pas rares

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chez les Orientaux, où le soleil,plus ardent, semble échauffer lesimaginations mêmes.

Voilà les poëmes épiques. Hé!qu'est-ce que les poëmes épiques?En vérité, me dit-il, je n'en saisrien; les connoisseurs disent qu'onn'en a jamais fait que deux, et queles autres qu'on donne sous ce nomne le sont point: c'est aussi ce queje ne sais pas. Ils disent de plusqu'il est impossible d'en faire denouveaux; et cela est encore plus

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surprenant.

Voici les poëtes dramatiques,qui, selon moi, sont les poëtes parexcellence, et les maîtres despassions. Il y en a de deux sortes:les comiques, qui nous remuent sidoucement; et les tragiques, quinous troublent et nous agitent avectant de violence.

Voici les lyriques, que jeméprise autant que je fais cas des

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autres, et qui font de leur art uneharmonieuse extravagance.

On voit ensuite les auteurs desidylles et des églogues, qui plaisentmême aux gens de cour, par l'idéequ'ils leur donnent d'une certainetranquillité qu'ils n'ont pas, et qu'ilsleur montrent dans la condition desbergers.

De tous les auteurs que nousavons vus, voici les plus dangereux:

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ce sont ceux qui aiguisent lesépigrammes, qui sont de petitesflèches déliées qui font une plaieprofonde et inaccessible auxremèdes.

Vous voyez ici les romans, quisont des espèces de poëtes, et quioutrent également le langage del'esprit et celui du cœur; qui passentleur vie à chercher la nature, et lamanquent toujours; et qui font deshéros, qui y sont aussi étrangers queles dragons ailés et les

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hippocentaures.

J'ai vu, lui dis-je, quelques-unsde vos romans: et, si vous voyiezles nôtres, vous en seriez encoreplus choqué. Il sont aussi peunaturels, et d'ailleurs extrêmementgênés par nos mœurs: il faut dixannées de passion avant qu'un amantait pu voir seulement le visage desa maîtresse. Cependant les auteurssont forcés de faire passer leslecteurs dans ces ennuyeuxpréliminaires. Or, il est impossible

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que les incidents soient variés: on arecours à un artifice pire que le malmême qu'on veut guérir; c'est auxprodiges. Je suis sûr que vous netrouverez pas bon qu'unemagicienne fasse sortir une arméede dessous terre; qu'un héros luiseul en détruise une de cent millehommes. Cependant voilà nosromans: ces aventures froides etsouvent répétées nous font languir,et ces prodiges extravagants nousrévoltent.

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De Paris, le 6 de la lune deChalval, 1719.

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LETTRE CXXXVIII.

RICA A IBBEN.

A Smyrne.

Les ministres se succèdent et sedétruisent ici comme les saisons:depuis trois ans j'ai vu changerquatre fois de système sur lesfinances. On lève aujourd'hui, enPerse et en Turquie, les subsides dela même manière que les fondateursde ces monarchies les levoient: il

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s'en faut bien qu'il en soit ici demême. Il est vrai que nous n'ymettons pas tant d'esprit que lesOccidentaux: nous croyons qu'il n'ya pas plus de différence entrel'administration des revenus duprince et de ceux d'un particulierqu'il y en a entre compter cent milletomans ou en compter cent. Mais ily a ici bien plus de finesse et demystère. Il faut que de grands géniestravaillent nuit et jour; qu'ilsenfantent sans cesse, et avecdouleur, de nouveaux projets; qu'ils

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écoutent les avis d'une infinité degens qui travaillent pour eux sans enêtre priés; qu'ils se retirent et viventdans le fond d'un cabinetimpénétrable aux grands et sacréaux petits; qu'ils aient toujours latête remplie de secrets importants,de desseins miraculeux, desystèmes nouveaux; et qu'absorbésdans les méditations, ils soientprivés non-seulement de l'usage dela parole, mais même quelquefoisde la politesse.

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Dès que le feu roi eut fermé lesyeux, on pensa à établir unenouvelle administration. On sentoitqu'on étoit mal, mais ne savoitcomment faire pour être mieux. Ons'étoit mal trouvé de l'autorité sansbornes des ministres précédents: onla voulut partager. On créa pour ceteffet six ou sept conseils; et ceministère est peut-être celui de tousqui a gouverné la France avec plusde sens: la durée en fut courte, aussibien que celle du bien qu'ilproduisit.

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La France, à la mort du feu roi,étoit un corps accablé de millemaux: N*** prit le fer à la main,retrancha les chairs inutiles, etappliqua quelques remèdestopiques; mais il restoit toujours unvice intérieur à guérir. Un étrangerest venu, qui a entrepris cette cure.Après bien des remèdes violents, ila cru lui avoir rendu sonembonpoint; et il l'a seulementrendue bouffie.

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Tous ceux qui étoient riches il ya six mois sont à présent dans lapauvreté, et ceux qui n'avoient pasde pain regorgent de richesses.Jamais ces deux extrémités ne sesont touchées de si près. L'étrangera tourné l'État comme un fripiertourne un habit: il fait paroîtredessus ce qui étoit dessous; et cequi étoit dessus, il le met à l'envers.Quelles fortunes inespérées,incroyables même à ceux qui les ontfaites! Dieu ne tire pas plusrapidement les hommes du néant.

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Que de valets servis par leurscamarades, et peut-être demain parleurs maîtres!

Tout ceci produit souvent deschoses bizarres. Les laquais quiavoient fait fortune sous le règnepassé vantent aujourd'hui leurnaissance: ils rendent à ceux quiviennent de quitter leur livrée dansune certaine rue tout le mépris qu'onavoit pour eux il y a six mois; ilscrient de toute leur force: Lanoblesse est ruinée, quel désordre

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dans l'État! quelle confusion dansles rangs! On ne voit que desinconnus faire fortune! Je te prometsque ceux-ci prendront bien leurrevanche sur ceux qui viendrontaprès eux; et que, dans trente ans,ces gens de qualité feront bien dubruit.

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De Paris, le 1er de la lune deZilcadé, 1720.

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LETTRE CXXXIX.

RICA AU MÊME.

Voici un grand exemple de latendresse conjugale, non-seulementdans une femme, mais dans unereine. La reine de Suède, voulant àtoute force associer le prince sonépoux à la couronne, pour aplanirtoutes les difficultés, a envoyé auxétats une déclaration par laquelleelle se désiste de la régence, en casqu'il soit élu.

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Il y a soixante et quelquesannées qu'une autre reine, nomméeChristine, abdiqua la couronne pourse donner tout entière à laphilosophie. Je ne sais lequel deces deux exemples nous devonsadmirer davantage.

Quoique j'approuve assez quechacun se tienne ferme dans le posteoù la nature l'a mis; et que je nepuisse louer la foiblesse de ceux

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qui, se trouvant au-dessous de leurétat, le quittent comme par uneespèce de désertion; je suiscependant frappé de la grandeurd'âme de ces deux princesses, et devoir l'esprit de l'une et le cœur del'autre supérieurs à leur fortune.Christine a songé à connoître dansle temps que les autres ne songentqu'à jouir; et l'autre ne veut jouirque pour mettre tout son bonheurentre les mains de son augusteépoux.

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De Paris, le 27 de la lune deMaharram, 1720.

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LETTRE CXL.

RICA A USBEK.

A ***.

Le parlement de Paris vientd'être relégué dans une petite villequ'on appelle Pontoise. Le conseillui a envoyé enregistrer ouapprouver une déclaration qui ledéshonore; et il l'a enregistrée d'unemanière qui déshonore le conseil.

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On menace d'un pareiltraitement quelques parlements duroyaume.

Ces compagnies sont toujoursodieuses: elles n'approchent desrois que pour leur dire de tristesvérités; et pendant qu'une foule decourtisans leur représentent sanscesse un peuple heureux sous leurgouvernement, elles viennentdémentir la flatterie, et apporter aupied du trône les gémissements etles larmes dont elles sont

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dépositaires.

C'est un pesant fardeau, moncher Usbek, que celui de la vérité,lorsqu'il faut la porter jusqu'auxprinces: ils doivent bien penser queceux qui le font y sont contraints, etqu'ils ne se résoudroient jamais àfaire des démarches si tristes et siaffligeantes pour ceux qui les font,s'ils n'y étoient forcés par leurdevoir, leur respect, et même leuramour.

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De Paris, le 21 de la lune deGemmadi 1, 1720.

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LETTRE CXLI.

RICA AU MÊME.

A ***.

J'irai te voir sur la fin de lasemaine: que les jours coulerontagréablement avec toi!

Je fus présenté, il y a quelquesjours, à une dame de la cour, quiavoit quelque envie de voir ma

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figure étrangère. Je la trouvai belle,digne des regards de notremonarque, et d'un rang auguste dansle lieu sacré où son cœur repose.

Elle me fit mille questions surles mœurs des Persans, et sur lamanière de vivre des Persanes: ilme parut que la vie du sérail n'étoitpas de son goût, et qu'elle trouvoitde la répugnance à voir un hommepartagé entre dix ou douze femmes.Elle ne put voir sans envie lebonheur de l'un, et sans pitié la

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condition des autres. Comme elleaime la lecture, surtout celle despoëtes et des romans, elle souhaitaque je lui parlasse des nôtres: ceque je lui en dis redoubla sacuriosité; elle me pria de lui fairetraduire un fragment de quelques-uns de ceux que j'ai apportés. Je lefis, et je lui envoyai, quelques joursaprès, un conte persan: peut-êtreseras-tu, bien aise de le voirtravesti.

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Du temps de Cheik-Ali-Can, il yavoit en Perse une femme nomméeZuléma: elle savoit par cœur tout lesaint Alcoran; il n'y avoit point dedervis qui entendît mieux qu'elle lestraditions des saints prophètes; lesdocteurs arabes n'avoient rien dit desi mystérieux qu'elle n'en comprîttous les sens; et elle joignoit à tantde connoissances un certaincaractère d'esprit enjoué, qui

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laissoit à peine deviner si ellevouloit amuser ceux à qui elleparloit, ou les instruire.

Un jour qu'elle étoit avec sescompagnes dans une des salles dusérail, une d'elles lui demanda cequ'elle pensoit de l'autre vie, et sielle ajoutoit foi à cette anciennetradition de nos docteurs, que leparadis n'est fait que pour leshommes.

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C'est le sentiment commun, leurdit-elle; il n'y a rien que l'on n'aitfait pour dégrader notre sexe. Il y amême une nation répandue par toutela Perse, qu'on appelle la nationjuive, qui soutient, par l'autorité deses livres sacrés, que nous n'avonspoint d'âme.

Ces opinions si injurieuses n'ontd'autre origine que l'orgueil deshommes, qui veulent porter leursupériorité au delà même de leurvie; et ne pensent pas que, dans le

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grand jour, toutes les créaturesparoîtront devant Dieu comme lenéant, sans qu'il y ait entre elles deprérogatives que celles que la vertuy aura mises.

Dieu ne se bornera point dansses récompenses: et comme leshommes qui auront bien vécu, etbien usé de l'empire qu'ils ont ici-bas sur nous, seront dans un paradisplein de beautés célestes etravissantes, et telles que, si unmortel les avoit vues, il se

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donneroit aussitôt la mort, dansl'impatience d'en jouir; aussi lesfemmes vertueuses iront dans unlieu de délices, où elles serontenivrées d'un torrent de voluptés,avec des hommes divins qui leurseront soumis: chacune d'elles auraun sérail, dans lequel ils serontenfermés; et des eunuques, encoreplus fidèles que les nôtres, pour lesgarder.

J'ai lu, ajouta-t-elle, dans unlivre arabe, qu'un homme, nommé

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Ibrahim, étoit d'une jalousieinsupportable. Il avoit douzefemmes extrêmement belles, qu'iltraitoit d'une manière très-dure: ilne se fioit plus à ses eunuques, niaux murs de son sérail; il les tenoitpresque toujours sous la clef,enfermées dans leur chambre, sansqu'elles pussent se voir ni se parler;car il étoit même jaloux d'uneamitié innocente: toutes ses actionsprenoient la teinture de sa brutaliténaturelle; jamais une douce parolene sortit de sa bouche; et jamais il

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ne fit un moindre signe qui n'ajoutâtquelque chose à la rigueur de leuresclavage.

Un jour qu'il les avoit toutesassemblées dans une salle de sonsérail, une d'entre elles, plus hardieque les autres, lui reprocha sonmauvais naturel. Quand on cherchesi fort les moyens de se fairecraindre, lui dit-elle, on trouvetoujours auparavant ceux de se fairehaïr. Nous sommes si malheureuses,que nous ne pouvons nous empêcher

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de désirer un changement: d'autres,à ma place, souhaiteroient votremort; je ne souhaite que la mienne:et, ne pouvant espérer d'êtreséparée de vous que par là, il mesera encore bien doux d'en êtreséparée. Ce discours, qui auroit dûle toucher, le fit entrer dans unefurieuse colère; il tira son poignard,et le lui plongea dans le sein. Meschères compagnes, dit-elle d'unevoix mourante, si le ciel a pitié dema vertu, vous serez vengées. A cesmots, elle quitta cette vie

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infortunée, pour aller dans le séjourdes délices, où les femmes qui ontbien vécu jouissent d'un bonheur quise renouvelle toujours.

D'abord elle vit une prairieriante, dont la verdure étoit relevéepar les peintures des fleurs les plusvives: un ruisseau, dont les eauxétoient plus pures que le cristal, yfaisoit un nombre infini de détours.Elle entra ensuite dans des bocagescharmants, dont le silence n'étoitinterrompu que par le doux chant

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des oiseaux; de magnifiques jardinsse présentèrent ensuite; la nature lesavoit ornés avec sa simplicité, ettoute sa magnificence. Elle trouvaenfin un palais superbe préparépour elle, et rempli d'hommescélestes destinés à ses plaisirs.

Deux d'entre eux se présentèrentaussitôt pour la déshabiller; d'autresla mirent dans le bain, et laparfumèrent des plus délicieusesessences; on lui donna ensuite deshabits infiniment plus riches que les

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siens; après quoi on la mena dansune grande salle, où elle trouva unfeu fait avec des bois odoriférants,et une table couverte des mets lesplus exquis. Tout sembloitconcourir au ravissement de sessens: elle entendoit d'un côté unemusique d'autant plus divine qu'elleétoit plus tendre; de l'autre, elle nevoyoit que des danses de ceshommes divins, uniquement occupésà lui plaire. Cependant tant deplaisirs ne devoient servir qu'à laconduire insensiblement à des

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plaisirs plus grands. On la menadans sa chambre; et, après l'avoirencore une fois déshabillée, on laporta dans un lit superbe, où deuxhommes d'une beauté charmante lareçurent dans leurs bras. C'est pourlors qu'elle fut enivrée, et que sesravissements passèrent même sesdésirs. Je suis toute hors de moi,leur disoit-elle; je croirois mourir,si je n'étois sûre de monimmortalité. C'en est trop, laissez-moi; je succombe sous la violencedes plaisirs. Oui, vous rendez un

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peu le calme à mes sens; jecommence à respirer et à revenir àmoi-même. D'où vient que l'on a ôtéles flambeaux? Que ne puis-je àprésent considérer votre beautédivine? Que ne puis-je voir... Maispourquoi voir? Vous me faitesrentrer dans mes premierstransports. O dieux! que cesténèbres sont aimables! Quoi! jeserai immortelle, et immortelleavec vous! je serai... Non, je vousdemande grâce, car je vois bien quevous êtes gens à n'en demander

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jamais.

Après plusieurscommandements réitérés, elle futobéie: mais elle ne le fut quelorsqu'elle voulut l'être biensérieusement. Elle se reposalanguissamment, et s'endormit dansleurs bras. Deux moments desommeil réparèrent sa lassitude:elle reçut deux baisers quil'enflammèrent soudain, et lui firentouvrir les yeux. Je suis inquiète,dit-elle; je crains que vous ne

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m'aimiez plus. C'étoit un doute danslequel elle ne vouloit pas resterlongtemps: aussi eut-elle avec euxtous les éclaircissements qu'ellepouvoit désirer. Je suis désabusée,s'écria-t-elle; pardon, pardon; jesuis sûre de vous. Vous ne me ditesrien, mais vous prouvez mieux quetout ce que vous me pourriez dire:oui, oui, je vous le confesse, on n'ajamais tant aimé. Mais quoi! vousvous disputez tous deux l'honneurde me persuader! Ah! si vous vousdisputez, si vous joignez l'ambition

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au plaisir de ma défaite, je suisperdue; vous serez tous deuxvainqueurs, il n'y aura que moi devaincue; mais je vous vendrai biencher la victoire.

Tout ceci ne fut interrompu quepar le jour. Ses fidèles et aimablesdomestiques entrèrent dans sachambre, et firent lever ces deuxjeunes hommes, que deux vieillardsramenèrent dans les lieux où ilsétoient gardés pour ses plaisirs.Elle se leva ensuite, et parut

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d'abord à cette cour idolâtre dansles charmes d'un déshabillé simple,et ensuite couverte des plussomptueux ornements. Cette nuitl'avoit embellie; elle avoit donné dela vie à son teint, et de l'expressionà ses grâces. Ce ne fut pendant toutle jour que danses, que concerts,que festins, que jeux, quepromenades; et l'on remarquoitqu'Anaïs se déroboit de temps entemps, et voloit vers ses deuxjeunes héros; après quelquesprécieux instants d'entrevue, elle

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revenoit vers la troupe qu'elle avoitquittée, toujours avec un visage plusserein. Enfin, sur le soir, on laperdit tout à fait: elle allas'enfermer dans le sérail, où ellevouloit, disoit-elle, faireconnoissance avec ces captifsimmortels qui devoient à jamaisvivre avec elle. Elle visita donc lesappartements de ces lieux les plusreculés et les plus charmants où ellecompta cinquante esclaves d'unebeauté miraculeuse: elle erra toutela nuit de chambre en chambre,

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recevant partout des hommagestoujours différents, et toujours lesmêmes.

Voilà comment l'immortelleAnaïs passoit sa vie, tantôt dans desplaisirs éclatants, tantôt dans desplaisirs solitaires; admirée d'unetroupe brillante, ou bien aimée d'unamant éperdu: souvent elle quittoitun palais enchanté pour aller dansune grotte champêtre; les fleurssembloient naître sous ses pas, etles jeux se présentoient en foule au-

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devant d'elle.

Il y avoit plus de huit joursqu'elle étoit dans cette demeureheureuse, que, toujours hors d'elle-même, elle n'avoit pas fait une seuleréflexion: elle avoit joui de sonbonheur sans le connoître, et sansavoir eu un seul de ces momentstranquilles, où l'âme se rend, pourainsi dire, compte à elle-même, ets'écoute dans le silence despassions.

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Les bienheureux ont des plaisirssi vifs, qu'ils peuvent rarement jouirde cette liberté d'esprit: c'est pourcela qu'attachés invinciblement auxobjets présents, ils perdententièrement la mémoire des chosespassées, et n'ont plus aucun souci dece qu'ils ont connu ou aimé dansl'autre vie.

Mais Anaïs, dont l'esprit étoitvraiment philosophe, avoit passépresque toute sa vie à méditer: elleavoit poussé ses réflexions

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beaucoup plus loin qu'on n'auroit dûl'attendre d'une femme laissée àelle-même. La retraite austère queson mari lui avoit fait garder ne luiavoit laissé que cet avantage. C'estcette force d'esprit qui lui avoit faitmépriser la crainte dont sescompagnes étoient frappées, et lamort, qui devoit être la fin de sespeines et le commencement de safélicité.

Ainsi elle sortit peu à peu del'ivresse des plaisirs, et s'enferma

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seule dans un appartement de sonpalais. Elle se laissa aller à desréflexions bien douces sur sacondition passée, et sur sa félicitéprésente; elle ne put s'empêcher des'attendrir sur le malheur de sescompagnes: on est sensible à destourments que l'on a partagés. Anaïsne se tint pas dans les simplesbornes de la compassion: plustendre envers ces infortunées, ellese sentit portée à les secourir.

Elle donna ordre à un de ces

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jeunes hommes qui étoient auprèsd'elle de prendre la figure de sonmari; d'aller dans son sérail de s'enrendre maître: de l'en chasser, et d'yrester à sa place jusqu'à ce qu'ellele rappelât.

L'exécution fut prompte: ilfendit les airs, arriva à la porte dusérail d'Ibrahim, qui n'y étoit pas. Ilfrappe, tout lui est ouvert; leseunuques tombent à ses pieds: ilvole vers les appartements où lesfemmes d'Ibrahim étoient

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enfermées. Il avoit, en passant, prisles clefs dans la poche de ce jaloux,à qui il s'étoit rendu invisible. Ilentre, et les surprend d'abord parson air doux et affable; et, bientôtaprès, il les surprend davantage parses empressements et par la rapiditéde ses entreprises. Toutes eurentleur part de l'étonnement; et ellesl'auroient pris pour un songe, s'il yeût eu moins de réalité.

Pendant que ces nouvellesscènes se jouent dans le sérail,

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Ibrahim heurte, se nomme, tempête,et crie. Après avoir essuyé bien desdifficultés, il entre, et jette leseunuques dans un désordre extrême.Il marche à grands pas; mais ilrecule en arrière, et tombe commedes nues, quand il voit le fauxIbrahim, sa véritable image, danstoutes les libertés d'un maître. Ilcrie au secours; il veut que leseunuques lui aident à tuer cetimposteur; mais il n'est pas obéi. Iln'a plus qu'une foible ressource,c'est de s'en rapporter au jugement

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de ses femmes. Dans une heure lefaux Ibrahim avoit séduit tous sesjuges. Il est chassé et traînéindignement hors du sérail, et ilauroit reçu la mort mille fois, si sonrival n'avoit ordonné qu'on luisauvât la vie. Enfin, le nouvelIbrahim, resté maître du champ debataille, se montra de plus en plusdigne d'un tel choix, et se signalapar des miracles jusqu'alorsinconnus. Vous ne ressemblez pas àIbrahim, disoient ces femmes.Dites, dites plutôt que cet imposteur

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ne me ressemble pas, disoit letriomphant Ibrahim: comment faut-ilfaire pour être votre époux, si ceque je fais ne suffit pas?

Ah! nous n'avons garde dedouter, dirent les femmes. Si vousn'êtes pas Ibrahim, il nous suffit quevous ayez si bien mérité de l'être:vous êtes plus Ibrahim en un jourqu'il ne l'a été dans le cours de dixannées. Vous me promettez donc,reprit-il, que vous vous déclarerezen ma faveur contre cet imposteur?

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N'en doutez pas, dirent-elles d'unecommune voix; nous vous juronsune fidélité éternelle: nous n'avonsété que trop longtemps abusées: letraître ne soupçonnoit point notrevertu, il ne soupçonnoit que safoiblesse; nous voyons bien que leshommes ne sont point faits commelui; c'est à vous sans doute qu'ilsressemblent: si vous saviezcombien vous nous le faites haïr!Ah! je vous donnerai souvent denouveaux sujets de haine, reprit lefaux Ibrahim: vous ne connoissez

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point encore tout le tort qu'il vous afait. Nous jugeons de son injusticepar la grandeur de votre vengeance,reprirent-elles. Oui, vous avezraison, dit l'homme divin; j'aimesuré l'expiation au crime: je suisbien aise que vous soyez contentesde ma manière de punir. Mais,dirent ces femmes, si cet imposteurrevient, que ferons-nous? Il luiseroit, je crois, difficile de voustromper, répondit-il: dans la placeque j'occupe auprès de vous, on nese soutient guère par la ruse; et

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d'ailleurs je l'enverrai si loin, quevous n'entendrez plus parler de lui,pour lors je prendrai sur moi le soinde votre bonheur. Je ne serai pointjaloux; je saurai m'assurer de vous,sans vous gêner; j'ai assez bonneopinion de mon mérite pour croireque vous me serez fidèles: si vousn'étiez pas vertueuses avec moi,avec qui le seriez-vous? Cetteconversation dura longtemps entrelui et ces femmes, qui, plusfrappées de la différence des deuxIbrahims que de leur ressemblance,

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ne songeoient pas même à se faireéclaircir de tant de merveilles.Enfin le mari désespéré revintencore les troubler; il trouva toutesa maison dans la joie, et lesfemmes plus incrédules que jamais.La place n'étoit pas tenable pour unjaloux; il sortit furieux; et un instantaprès le faux Ibrahim le suivit, leprit, le transporta dans les airs, et lelaissa à quatre cents lieues de là.

O dieux! dans quelle désolationse trouvèrent ces femmes dans

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l'absence de leur cher Ibrahim!Déjà leurs eunuques avoient reprisleur sévérité naturelle; toute lamaison étoit en larmes; elless'imaginoient quelquefois que toutce qu'il leur étoit, arrivé n'étoitqu'un songe; elles se regardoienttoutes les unes les autres, et serappeloient les moindrescirconstances de ces étrangesaventures. Enfin, Ibrahim revint,toujours plus aimable; il leur parutque son voyage n'avoit pas étépénible. Le nouveau maître prit une

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conduite si opposée à celle del'autre qu'elle surprit tous lesvoisins. Il congédia tous leseunuques, rendit sa maisonaccessible à tout le monde: il nevoulut pas même souffrir que sesfemmes se voilassent. C'étoit unechose singulière de les voir dansles festins, parmi des hommes, aussilibres qu'eux. Ibrahim crut avecraison que les coutumes du paysn'étoient pas faites pour descitoyens comme lui. Cependant il nese refusoit aucune dépense: il

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dissipa avec une immense profusionles biens du jaloux, qui, de retourtrois ans après des pays lointains oùil avoit été transporté, ne trouvaplus que ses femmes et trente-sixenfants. De Paris, le 26 de la lune deGemmadi 1, 1720.

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LETTRE CXLII.

RICA A USBEK.

A ***.

Voici une lettre que je reçushier d'un savant: elle te paroîtrasingulière. «Monsieur,

«Il y a six mois que j'ai recueillila succession d'un oncle très-riche,

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qui m'a laissé cinq ou six cent millelivres, et une maison superbementmeublée. Il y a plaisir d'avoir dubien lorsqu'on en sait faire un bonusage. Je n'ai point d'ambition ni degoût pour les plaisirs: je suispresque toujours enfermé dans uncabinet, où je mène la vie d'unsavant. C'est dans ce lieu que l'ontrouve un curieux amateur de lavénérable antiquité.

«Lorsque mon oncle eut ferméles yeux, j'aurois fort souhaité de le

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faire enterrer avec les cérémoniesobservées par les anciens Grecs etRomains: mais je n'avois pour lorsni lacrymatoires, ni urnes, ni lampesantiques.

«Mais depuis je me suis bienpourvu de ces précieuses raretés. Ily a quelques jours que je vendis mavaisselle d'argent pour acheter unelampe de terre qui avoit servi à unphilosophe stoïcien. Je me suisdéfait de toutes les glaces dont mononcle avoit couvert presque tous les

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murs de ses appartements, pouravoir un petit miroir un peu fêlé, quifut autrefois à l'usage de Virgile: jesuis charmé d'y voir ma figurereprésentée, au lieu de celle ducygne de Mantoue. Ce n'est pas tout:j'ai acheté cent louis d'or cinq ousix pièces de monnoie de cuivre quiavoit cours il y a deux mille ans. Jene sache pas avoir à présent dansma maison un seul meuble qui n'aitété fait avant la décadence del'empire. J'ai un petit cabinet demanuscrits fort précieux et fort

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chers: quoique je me tue la vue àles lire, j'aime beaucoup mieuxm'en servir que des exemplairesimprimés, qui ne sont pas sicorrects, et que tout le monde aentre les mains. Quoique je ne sortepresque jamais, je ne laisse pasd'avoir une passion démesurée deconnoître tous les anciens cheminsqui étoient du temps des Romains. Ily en a un qui est près de chez moi,qu'un proconsul des Gaules fit faireil y a environ douze cents ans:lorsque je vais à ma maison de

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campagne, je ne manque jamais d'ypasser, quoiqu'il soit trèsincommode, et qu'il m'allonge deplus d'une lieue; mais ce qui me faitenrager, c'est qu'on y a mis despoteaux de bois de distance endistance, pour marquerl'éloignement des villes voisines; jesuis désespéré de voir cesmisérables indices, au lieu descolonnes milliaires qui y étoientautrefois: je ne doute pas que je neles fasse rétablir par mes héritiers,et que je ne les engage à cette

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dépense par mon testament. Si vousavez, monsieur, quelque manuscritpersan, vous me ferez plaisir dem'en accommoder: je vous lepayerai tout ce que vous voudrez; etje vous donnerai par-dessus lemarché quelques ouvrages de mafaçon, par lesquels vous verrez queje ne suis point un membre inutilede la république des lettres. Vous yremarquerez entre autres unedissertation, où je prouve que lacouronne dont on se servoitautrefois dans les triomphes étoit de

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chêne, et non pas de laurier: vousen admirerez une autre, où jeprouve, par de doctes conjecturestirées des plus graves auteurs grecs,que Cambyses fut blessé à la jambegauche, et non pas à la droite; uneautre, où je prouve qu'un petit frontétoit une beauté recherchée par lesRomains. Je vous enverrai encoreun volume in-quarto, en formed'explication d'un vers du sixièmelivre de l'Enéide de Virgile. Vousne recevrez tout ceci que dansquelques jours; et quant à présent,

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je me contente de vous envoyer cefragment d'un ancien mythologistegrec, qui n'avoit point paru jusquesici, et que j'ai découvert dans lapoussière d'une bibliothèque. Jevous quitte pour une affaireimportante que j'ai sur les bras: ils'agit de restituer un beau passagede Pline le naturaliste, que lescopistes du cinquième siècle ontétrangement défiguré. Je suis, etc.»

FRAGMENT D'UN ANCIEN

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MYTHOLOGISTE.

«Dans une île près des Orcades,il naquit un enfant qui avoit pourpère Éole, dieu des vents, et pourmère une nymphe de Calédonie. Ondit de lui qu'il apprit tout seul àcompter avec ses doigts; et que, dèsl'âge de quatre ans, il distinguoit siparfaitement les métaux, que samère ayant voulu lui donner unebague de laiton au lieu d'une d'or, ilreconnut la tromperie, et la jeta parterre.

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«Dès qu'il fut grand, son pèrelui apprit le secret d'enfermer lesvents dans une outre, qu'il vendoitensuite à tous les voyageurs; maiscomme la marchandise n'étoit pasfort prisée dans son pays, il lequitta, et se mit à courir le mondeen compagnie de l'aveugle dieu duhasard.

«Il apprit dans ses voyages quedans la Bétique l'or reluisoit de

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toutes parts: cela fit qu'il y précipitases pas. Il y fut fort mal reçu deSaturne, qui régnoit pour lors; maisce dieu ayant quitté la terre, ils'avisa d'aller dans tous lescarrefours, où il crioit sans cessed'une voix rauque: Peuples deBétique, vous croyez être richesparce que vous avez de l'or et del'argent; votre erreur me fait pitié:croyez-moi, quittez le pays des vilsmétaux; venez dans l'empire del'imagination; et je vous prometsdes richesses qui vous étonneront

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vous-mêmes. Aussitôt il ouvrit unegrande partie des outres qu'il avoitapportées, et il distribua de samarchandise à qui en voulut.

«Le lendemain il revint dans lesmêmes carrefours, et il s'écria:Peuples de Bétique, voulez-vousêtre riches? Imaginez-vous que je lesuis beaucoup, et que vous l'êtesbeaucoup aussi; mettez-vous tousles matins dans l'esprit que votrefortune a doublé pendant la nuit;levez-vous ensuite; et, si vous avez

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des créanciers, allez les payer de ceque vous aurez imaginé; et dites-leur d'imaginer à leur tour.

«Il reparut quelques jours après,et il parla ainsi: Peuples deBétique, je vois bien que votreimagination n'est pas si vive que lespremiers jours; laissez-vousconduire à la mienne; je mettrai tousles matins devant vos yeux unécriteau qui sera pour vous lasource des richesses: vous n'yverrez que quatre paroles; mais

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elles seront bien significatives, carelles régleront la dot de vosfemmes, la légitime de vos enfants,le nombre de vos domestiques. Etquant à vous, dit-il à ceux de latroupe qui étoient le plus près delui; quant à vous, mes chers enfants(je puis vous appeler de ce nom,car vous avez reçu de moi uneseconde naissance), mon écriteaudécidera de la magnificence de voséquipages, de la somptuosité de vosfestins, du nombre et de la pensionde vos maîtresses.

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«A quelques jours de là ilarriva dans le carrefour, toutessoufflé; et, transporté de colère, ils'écria: Peuples de Bétique, je vousavois conseillé d'imaginer, et jevois que vous ne le faites pas: ehbien! à présent je vous l'ordonne.Là-dessus, il les quittabrusquement; mais la réflexion lerappela sur ses pas. J'apprends quequelques-uns de vous sont assezdétestables pour conserver leur oret leur argent. Encore passe pour

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l'argent; mais pour de l'or.... pourde l'or... Ah! cela me met dans uneindignation... Je jure par mes outressacrées que, s'ils ne viennent mel'apporter, je les puniraisévèrement. Puis il ajouta d'un airtout à fait persuasif: Croyez-vousque ce soit pour garder cesmisérables métaux que je vous lesdemande? Une marque de macandeur, c'est que, lorsque vous meles apportâtes il y a quelques jours,je vous en rendis sur-le-champ lamoitié.

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«Le lendemain on l'aperçut deloin, et on le vit s'insinuer avec unevoix douce et flatteuse: Peuples deBétique, j'apprends que vous avezune partie de vos trésors dans lespays étrangers; je vous prie, faites-les-moi venir; vous me ferezplaisir, et je vous en aurai unereconnoissance éternelle.

«Le fils d'Éole parloit à desgens qui n'avoient pas grande envie

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de rire; ils ne purent pourtant s'enempêcher: ce qui fit qu'il s'enretourna bien confus. Mais,reprenant courage, il hasardaencore une petite prière: je sais quevous avez des pierres précieuses;au nom de Jupiter, défaites-vous-en:rien ne vous appauvrit comme cessortes de choses; défaites-vous-en,vous dis-je: si vous ne le pouvezpas par vous-mêmes, je vousdonnerai des hommes d'affairesexcellents. Que de richesses vontcouler chez vous, si vous faites ce

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que je vous conseille! Oui, je vouspromets tout ce qu'il y aura de pluspur dans mes outres.

«Enfin il monta sur un tréteau,et, prenant une voix plus assurée, ildit: Peuples de Bétique, j'aicomparé l'heureux état dans lequelvous êtes, avec celui où je voustrouvai lorsque j'arrivai ici; je vousvois le plus riche peuple de laterre: mais, pour achever votrefortune, souffrez que je vous ôte lamoitié de vos biens. A ces mots,

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d'une aile légère le fils d'Eoledisparut, et laissa ses auditeursdans une consternationinexprimable; ce qui fit qu'il revintle lendemain, et parla ainsi: Jem'aperçus hier que mon discoursvous déplut extrêmement. Eh bien!prenez que je ne vous aie rien dit. Iln'y a qu'à prendre d'autresexpédients pour arriver au but queje me suis proposé. Assemblons nosrichesses dans un même endroit;nous le pouvons facilement, carelles ne tiennent pas un gros

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volume. Aussitôt il en disparut lestrois quarts.» De Paris, le 9 de la lune deChahban, 1720.

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LETTRE CXLIII.

RICA A NATHANAELLÉVI, MÉDECIN JUIF.

A Livourne.

Tu me demandes ce que jepense de la vertu des amulettes, etde la puissance des talismans.Pourquoi t'adresses-tu à moi? tu esJuif, et je suis mahométan: c'est-à-dire que nous sommes tous deuxbien crédules.

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Je porte toujours sur moi plusde deux mille passages du saintAlcoran; j'attache à mes bras unpetit paquet, où sont écrits les nomsde plus de deux cents dervis: ceuxd'Ali, de Fatmé, et de tous les Purs,sont cachés en plus de vingtendroits de mes habits.

Cependant je ne désapprouvepoint ceux qui rejettent cette vertuque l'on attribue à de certaines

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paroles: il nous est bien plusdifficile de répondre à leursraisonnements, qu'à eux de répondreà nos expériences.

Je porte tous ces chiffons sacréspar une longue habitude, pour meconformera une pratiqueuniverselle: je crois que, s'ils n'ontpas plus de vertu que les bagues etles autres ornements dont on separe, ils n'en ont pas moins. Maistoi, tu mets toute ta confiance surquelques lettres mystérieuses, et,

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sans cette sauvegarde, tu seroisdans un effroi continuel.

Les hommes sont bienmalheureux! ils flottent sans cesseentre de fausses espérances et descraintes ridicules: et, au lieu des'appuyer sur la raison, ils se fontdes monstres qui les intimident, oudes fantômes qui les séduisent.

Quel effet veux-tu que produisel'arrangement de certaines lettres?

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Quel effet veux-tu que leurdérangement puisse troubler? quellerelation ont-elles avec les vents,pour apaiser les tempêtes; avec lapoudre à canon, pour en vaincrel'effort; avec ce que les médecinsappellent l'humeur peccante et lacause morbifique des maladies,pour les guérir?

Ce qu'il y a d'extraordinaire,c'est que ceux qui fatiguent leurraison pour lui faire rapporter decertains événements à des vertus

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occultes, n'ont pas un moindre effortà faire pour s'empêcher d'en voir lavéritable cause.

Tu me diras que de certainsprestiges ont fait gagner unebataille: et moi je te dirai qu'il fautque tu t'aveugles, pour ne pastrouver dans la situation du terrain,dans le nombre ou dans le couragedes soldats, dans l'expérience descapitaines, des causes suffisantespour produire cet effet dont tu veuxignorer la cause.

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Je te passe pour un moment qu'ily ait des prestiges: passe-moi à montour, pour un moment, qu'il n'y en aitpoint; car cela n'est pas impossible.Cette concession que tu me faisn'empêche pas que deux armées nepuissent se battre: veux-tu que, dansce cas-là, aucune des deux nepuisse remporter la victoire?

Crois-tu que leur sort resteraincertain jusqu'à ce que quelque

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puissance invisible vienne ledéterminer? que tous les coupsseront perdus, toute la prudencevaine, et tout le courage inutile?

Penses-tu que la mort, dans cesoccasions, rendue présente de millemanières, ne puisse pas produiredans les esprits ces terreurspaniques que tu as tant de peine àexpliquer? Veux-tu que, dans unearmée de cent mille hommes, il nepuisse pas y avoir un seul hommetimide? Crois-tu que le

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découragement de celui-ci ne puissepas produire le découragement d'unautre? que le second, qui quitte untroisième, ne lui fasse pas bientôtabandonner un quatrième? Il n'enfaut pas davantage pour que ledésespoir de vaincre saisissesoudain toute une armée, et lasaisisse d'autant plus facilementqu'elle se trouve plus nombreuse.

Tout le monde sait, et tout lemonde sent, que les hommes,comme toutes les créatures qui

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tendent à conserver leur être, aimentpassionnément la vie; on sait celaen général: et on cherche pourquoi,dans une certaine occasionparticulière, ils ont craint de laperdre?

Quoique les livres sacrés detoutes les nations soient remplis deces terreurs paniques ousurnaturelles, je n'imagine rien de sifrivole, parce que, pour s'assurerqu'un effet qui peut être produit parcent mille causes naturelles est

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surnaturel, il faut avoir auparavantexaminé si aucune de ces causes n'aagi; ce qui est impossible.

Je ne t'en dirai pas davantage,Nathanaël: il me semble que lamatière ne mérite pas d'être sisérieusement traitée. De Paris, le 20 de la lune deChahban, 1720.

P. S. Comme je finissois, j'aientendu crier dans la rue une lettre

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d'un médecin de province à unmédecin de Paris (car ici toutes lesbagatelles s'impriment, se publient,et s'achètent): j'ai cru que je feroisbien de te l'envoyer, parce qu'elle adu rapport à notre sujet. Il y a biendes choses que je n'entends pas:mais toi, qui es médecin, tu doisentendre le langage de tesconfrères.

LETTRE D'UN MÉDECIN DEPROVINCE A UN MÉDECIN DE

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PARIS.

Il y avoit dans notre ville unmalade qui ne dormoit point depuistrente-cinq jours: son médecin luiordonna l'opium; mais il ne pouvoitse résoudre à le prendre; et il avoitla coupe à la main; qu'il étoit plusindéterminé que jamais. Enfin il dità son médecin: Monsieur, je vousdemande quartier seulement jusqu'àdemain: je connois un homme quin'exerce pas la médecine, mais quia chez lui un nombre innombrable

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de remèdes contre l'insomnie;souffrez que je l'envoie quérir: et, sije ne dors pas cette nuit, je vouspromets que je reviendrai à vous.Le médecin congédié, le malade fitfermer les rideaux, et dit à un petitlaquais: Tiens, va-t'en chez M.Anis, et dis-lui qu'il vienne meparler. M. Anis arrive. Mon chermonsieur Anis, je me meurs, je nepuis dormir: n'auriez-vous point,dans votre boutique, la C. du G., oubien quelque livre de dévotioncomposé par un révérend père

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jésuite, que vous n'ayez pas puvendre? car souvent les remèdes lesplus gardés sont les meilleurs.Monsieur, dit le libraire, j'ai chezmoi la Cour sainte du P. Caussin, ensix volumes, à votre service: je vaisvous l'envoyer; je souhaite que vousvous en trouviez bien. Si vousvoulez les œuvres du révérend pèreRodriguez, jésuite espagnol, nevous en faites faute. Mais, croyez-moi, tenons-nous-en au pèreCaussin; j'espère, avec l'aide deDieu, qu'une période du père

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Caussin vous fera autant d'effetqu'un feuillet tout entier de la C. duG. Là-dessus M. Anis sortit, etcourut chercher le remède à saboutique. La Cour sainte arrive: onen secoue la poudre; le fils dumalade, jeune écolier, commence àla lire: il en sentit le premier l'effet,à la seconde page il ne prononçoitplus que d'une voix mal articulée, etdéjà toute la compagnie se sentoitaffoiblie: un instant après toutronfla, excepté le malade, qui aprèsavoir été longtemps éprouvé,

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s'assoupit à la fin.

Le médecin arrive de grandmatin. Hé bien! a-t-on pris monopium? On ne lui répond rien: lafemme, la fille, le petit garçon, toustransportés de joie, lui montrent lepère Caussin. Il demande ce quec'est; on lui dit: Vive le pèreCaussin! il faut l'envoyer relier. Quil'eût dit? qui l'eût cru? c'est unmiracle! Tenez, monsieur, voyezdonc le père Caussin: c'est cevolume-là qui a fait dormir mon

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père. Et là-dessus on lui expliqua lachose, comme elle s'étoit passée.

Le médecin étoit un hommesubtil, rempli des mystères de lacabale, et de la puissance desparoles et des esprits: cela lefrappa; et, après plusieursréflexions, il résolut de changerabsolument sa pratique. Voilà unfait bien singulier, disoit-il. Je tiensune expérience; il faut la pousserplus loin. Hé pourquoi un esprit nepourroit-il pas transmettre à son

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ouvrage les mêmes qualités qu'il alui-même? ne le voyons-nous pastous les jours? Au moins cela vaut-il bien la peine de l'essayer. Je suislas des apothicaires; leurs sirops,leurs juleps, et toutes les droguesgaléniques ruinent les malades etleur santé: changeons de méthode;éprouvons la vertu des esprits. Surcette idée il dressa une nouvellepharmacie, comme vous allez voirpar la description que je vous vaisfaire des principaux remèdes qu'ilmit en pratique.

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Tisane purgative.

Prenez trois feuilles de lalogique d'Aristote en grec; deuxfeuilles d'un traité de théologiescholastique le plus aigu, comme,par exemple, du subtil Scot; quatrede Paracelse; une d'Avicenne; sixd'Averroès; trois de Porphyre;autant de Plotin; autant deJamblique: faites infuser le toutpendant vingt-quatre heures, et

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prenez-en quatre prises par jour.

Purgatif plus violent.

Prenez dix A*** du C***concernant la B*** et la C*** desI***; faites-les distiller au bain-marie; mortifiez une goutte del'humeur âcre et piquante qui enviendra, dans un verre d'eaucommune: avalez le tout avecconfiance.

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Vomitif.

Prenez six harangues; unedouzaine d'oraisons funèbresindifféremment, prenant gardepourtant de ne point se servir decelles de M. de N.; un recueil denouveaux opéras; cinquante romans;trente mémoires nouveaux: mettez letout dans un matras; laissez-le endigestion pendant deux jours; puisfaites-le distiller au feu de sable. Etsi tout cela ne suffit pas,

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Autre plus puissant.

Prenez une feuille de papiermarbré, qui ait servi à couvrir unrecueil des pièces des J. F.; faites-la infuser l'espace de trois minutes;faites chauffer une cuillerée de cetteinfusion; et avalez.

Remède très-simple pourguérir de l'asthme.

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Lisez tous les ouvrages durévérend père Maimbourg, ci-devant jésuite, prenant garde de nevous arrêter qu'à la fin de chaquepériode: et vous sentirez la facultéde respirer vous revenir peu à peu,sans qu'il soit besoin de réitérer leremède.

Pour préserver de la gale,gratelle, teigne, farcin deschevaux.

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Prenez trois catégoriesd'Aristote, deux degrésmétaphysiques, une distinction, sixvers de Chapelain, une phrase tiréedes lettres de M. l'abbé de Saint-Cyran: écrivez le tout sur unmorceau de papier, que vousplierez, attacherez à un ruban, etporterez au col.

Miraculum chymicum, deviolenta fermentatione cum fumo,igne et flammâ.

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Misce Quesnellianaminfusionem, cum infusioneLallemaniana; fiat fermentatio cummagna vi, impetu et tonitru, acidispugnantibus, et invicempenetrantibus alcalinos sales: fietevaporatio ardentium spirituum.Pone liquorem fermentatum inalembico: nihil inde extrahes, etnihil invenies, nisi caput mortuum.

Lenitivum.

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Recipe Molinæ anodyni chartasduas; Escobaris relaxativi paginassex; Vasquii emollientis foliumunum: infunde in aquæ communislibras iiij. Ad consumptionemdimidiæ partis colentur etexprimantur; et in expressionedissolve Bauni detersivi etTamburini abluentis folia iij.

Fiat clyster.

In chlorosim, quam vulgus

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pallidos-colores, aut febrim-amatoriam, appellat.

Recipe Aretini figuras quatuor;R. Thomæ Sanchii de matrimoniofolia ij. Infundantur in aquæcommunis libras quinque.

Fiat ptisana aperiens.

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Voilà les drogues que notremédecin mit en pratique, avec unsuccès imaginable. Il ne vouloitpas, disoit-il, pour ne pas ruiner sesmalades, employer des remèdesrares, et qui ne se trouvent presquepoint: comme, par exemple, uneépître dédicatoire qui n'ait faitbâiller personne; une préface tropcourte; un mandement fait par unévêque; et l'ouvrage d'un jansénisteméprisé par un janséniste, ou bien

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admiré par un jésuite. Il disoit queces sortes de remèdes ne sontpropres qu'à entretenir lacharlatanerie, contre laquelle ilavoit une antipathie insurmontable.

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LETTRE CXLIV.

USBEK A RICA.

Je trouvai, il y a quelques jours,dans une maison de campagne oùj'étois allé, deux savants qui ont iciune grande célébrité. Leur caractèreme parut admirable. Laconversation du premier, bienappréciée, se réduisoit à ceci: Ceque j'ai dit est vrai, parce que je l'aidit. La conversation du secondportoit sur autre chose: Ce que je

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n'ai pas dit n'est pas vrai, parce queje ne l'ai pas dit.

J'aimois assez le premier: carqu'un homme soit opiniâtre, cela neme fait absolument rien; mais qu'ilsoit impertinent, cela me faitbeaucoup. Le premier défend sesopinions; c'est son bien; le secondattaque les opinions des autres; etc'est le bien de tout le monde.

Oh, mon cher Usbek, que la

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vanité sert mal ceux qui en ont unedose plus forte que celle qui estnécessaire pour la conservation dela nature! Ces gens-là veulent êtreadmirés à force de déplaire. Ilscherchent à être supérieurs; et ils nesont pas seulement égaux.

Hommes modestes, venez, queje vous embrasse. Vous faites ladouceur et le charme de la vie.Vous croyez que vous n'avez rien; etmoi je vous dis que vous avez tout.Vous pensez que vous n'humiliez

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personne; et vous humiliez tout lemonde. Et, quand je vous comparedans mon idée avec ces hommesabsolus que je vois partout, je lesprécipite de leur tribunal, et je lesmets à vos pieds.

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De Paris, le 22 de la lune deChahban, 1720.

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LETTRE CXLV.

USBEK A ***.

Un homme d'esprit estordinairement difficile dans lessociétés. Il choisit peu depersonnes; il s'ennuie avec tout cegrand nombre de gens qu'il lui plaîtappeler mauvaise compagnie; il estimpossible qu'il ne fasse un peusentir son dégoût: autant d'ennemis.

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Sûr de plaire quand il voudra, ilnéglige très-souvent de le faire.

Il est porté à la critique, parcequ'il voit plus de choses qu'un autre,et les sent mieux.

Il ruine presque toujours safortune, parce que son esprit luifournit pour cela un plus grandnombre de moyens.

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Il échoue dans ses entreprises,parce qu'il hasarde beaucoup. Savue, qui se porte toujours loin, luifait voir des objets qui sont à detrop grandes distances. Sanscompter que, dans la naissance d'unprojet, il est moins frappé desdifficultés qui viennent de la chose,que des remèdes qui sont de lui, etqu'il tire de son propre fonds.

Il néglige les menus détails,dont dépend cependant la réussitede presque toutes les grandes

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affaires.

L'homme médiocre, aucontraire, cherche à tirer parti detout: il sent bien qu'il n'a rien àperdre en négligences.

L'approbation universelle estplus ordinairement pour l'hommemédiocre. On est charmé de donnerà celui-ci, on est enchanté d'ôter àcelui-là. Pendant que l'envie fondsur l'un, et qu'on ne lui pardonne

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rien, on supplée tout en faveur del'autre: la vanité se déclare pour lui.

Mais, si un homme d'esprit atant de désavantages, que dirons-nous de la dure condition dessavants?

Je n'y pense jamais que je ne merappelle une lettre d'un d'eux à unde ses amis. La voici. «Monsieur,

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«Je suis un homme quim'occupe, toutes les nuits, àregarder, avec des lunettes de trentepieds, ces grands corps qui roulentsur nos têtes; et quand je veux medélasser, je prends mes petitsmicroscopes, et j'observe un cironou une mite.

«Je ne suis point riche, et je n'aiqu'une seule chambre: je n'osemême y faire du feu, parce que j'ytiens mon thermomètre, et que lachaleur étrangère le feroit hausser.

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L'hiver dernier, je pensai mourir defroid; et quoique mon thermomètre,qui étoit au plus bas degré, m'avertîtque mes mains alloient se geler, jene me dérangeai point; et j'ai laconsolation d'être instruitexactement des changements detemps les plus insensibles de toutel'année passée.

«Je me communique fort peu: et,de tous les gens que je vois, je n'enconnois aucun. Mais il y a unhomme à Stockholm, un autre à

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Leipsick, un autre à Londres, que jen'ai jamais vus, et que je ne verraisans doute jamais, avec lesquelsj'entretiens une correspondance siexacte, que je ne laisse pas passerun courrier sans leur écrire.

«Mais, quoique je ne connoissepersonne dans mon quartier, je suisdans une si mauvaise réputation,que je serai, à la fin, obligé de lequitter. Il y a cinq ans que je fusrudement insulté par une de mesvoisines, pour avoir fait la

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dissection d'un chien qu'elleprétendoit lui appartenir. La femmed'un boucher, qui se trouva là, semit de la partie; et, pendant quecelle-là m'accabloit d'injures, celle-ci m'assommoit à coups de pierres,conjointement avec le docteur ***,qui étoit avec moi, et qui reçut uncoup terrible sur l'os frontal etoccipital, dont le siége de sa raisonfut très-ébranlé.

«Depuis ce temps-là, dès qu'ils'écarte quelque chien au bout de la

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rue, il est aussitôt décidé qu'il apassé par mes mains. Une bonnebourgeoise qui en avoit perdu unpetit, qu'elle aimoit, disoit-elle,plus que ses enfants, vint l'autrejour s'évanouir dans ma chambre;et, ne le trouvant pas, elle me citadevant le magistrat. Je crois que jene serai jamais délivré de la maliceimportune de ces femmes qui, avecleurs voix glapissantes,m'étourdissent sans cesse del'oraison funèbre de tous lesautomates qui sont morts depuis dix

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ans.

«Je suis, etc.»

Tous les savants étoientautrefois accusés de magie. Je n'ensuis point étonné. Chacun disoit enlui-même: j'ai porté les talentsnaturels aussi loin qu'ils peuventaller; cependant un certain savant ades avantages sur moi: il faut bienqu'il y ait là quelque diablerie.

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A présent que ces sortesd'accusations sont tombées dans ledécri, on a pris un autre tour; et unsavant ne sauroit guère éviter lereproche d'irréligion ou d'hérésie. Ila beau être absous par le peuple: laplaie est faite; elle ne se fermerajamais bien. C'est toujours pour luiun endroit malade. Un adversaireviendra, trente ans après, lui diremodestement: A Dieu ne plaise queje dise que ce dont on vous accusesoit vrai! mais vous avez été obligéde vous défendre. C'est ainsi qu'on

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tourne contre lui sa justificationmême.

S'il écrit quelque histoire, etqu'il ait de la noblesse dans l'esprit,et quelque droiture dans le cœur, onlui suscite mille persécutions. Onira contre lui soulever le magistratsur un fait qui s'est passé il y amille ans. Et on voudra que saplume soit captive, si elle n'est pasvénale.

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Plus heureux cependant que ceshommes lâches, qui abandonnentleur foi pour une médiocre pension;qui, à prendre toutes leursimpostures en détail, ne les vendentpas seulement une obole; quirenversent la constitution del'empire, diminuent les droits d'unepuissance, augmentent ceux d'uneautre, donnent aux princes, ôtent auxpeuples, font revivre des droitssurannés, flattent les passions quisont en crédit de leur temps, et lesvices qui sont sur le trône, imposant

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à la postérité, d'autant plusindignement qu'elle a moins demoyens de détruire leur témoignage.

Mais ce n'est point assez, pourun auteur, d'avoir essuyé toutes cesinsultes; ce n'est point assez pourlui d'avoir été dans une inquiétudecontinuelle sur le succès de sonouvrage. Il voit le jour enfin, cetouvrage qui lui a tant coûté. Il luiattire des querelles de toutes parts.Et comment les éviter? Il avoit unsentiment; il l'a soutenu par ses

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écrits: il ne savoit pas qu'unhomme, à deux cents lieues de lui,avoit dit tout le contraire. Voilàcependant la guerre qui se déclare.

Encore s'il pouvoit espérerd'obtenir quelque considération!Non. Il n'est tout au plus estimé quede ceux qui se sont appliqués aumême genre de science que lui. Unphilosophe a un mépris souverainpour un homme qui a la tête chargéede faits; et il est, à son tour, regardécomme un visionnaire par celui qui

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a une bonne mémoire.

Quant à ceux qui font professiond'une orgueilleuse ignorance, ilsvoudroient que tout le genre humainfût enseveli dans l'oubli où ilsseront eux-mêmes.

Un homme à qui il manque untalent se dédommage en leméprisant: il ôte cet obstacle qu'ilrencontroit entre le mérite et lui; et,par là, se trouve au niveau de celui

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dont il redoute les travaux.

Enfin, il faut joindre, à uneréputation équivoque, la privationdes plaisirs et la perte de la santé. De Paris, le 20 de la lune deChahban 1720.

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LETTRE CXLVI.

USBEK A RHÉDI.

A Venise.

Il y a longtemps que l'on a ditque la bonne foi étoit l'âme d'ungrand ministre.

Un particulier peut jouir del'obscurité où il se trouve; il ne sedécrédite que devant quelques gens;

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il se tient couvert devant les autres:mais un ministre qui manque à laprobité a autant de témoins, autantde juges, qu'il y a de gens qu'ilgouverne.

Oserai-je le dire? le plus grandmal que fait un ministre sans probitén'est pas de desservir son prince etde ruiner son peuple: il y en a unautre, à mon avis, mille fois plusdangereux; c'est le mauvais exemplequ'il donne.

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Tu sais que j'ai longtempsvoyagé dans les Indes. J'y ai vu unenation, naturellement généreuse,pervertie en un instant, depuis ledernier des sujets jusqu'aux plusgrands, par le mauvais exemple d'unministre: j'y ai vu tout un peuple,chez qui la générosité, la probité, lacandeur et la bonne foi ont passé detout temps pour les qualitésnaturelles, devenir tout à coup ledernier des peuples; le mal secommuniquer, et n'épargner pasmême les membres les plus sains;

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les hommes les plus vertueux fairedes choses indignes; et violer, danstoutes les occasions de leur vie, lespremiers principes de la justice, surce vain prétexte qu'on la leur avoitviolée.

Ils appeloient des lois odieusesen garantie des actions les pluslâches; et nommoient nécessitél'injustice et la perfidie.

J'ai vu la foi des contrats

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bannie, les plus saintes conventionsanéanties, toutes les lois desfamilles renversées. J'ai vu desdébiteurs avares, fiers d'uneinsolente pauvreté, instrumentsindignes de la fureur des lois et dela rigueur des temps, feindre unpayement au lieu de le faire, etporter le couteau dans le sein deleurs bienfaiteurs.

J'en ai vu d'autres, plus indignesencore, acheter presque pour rien,ou plutôt ramasser de terre des

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feuilles de chêne, pour les mettre àla place de la substance des veuveset des orphelins.

J'ai vu naître soudain, dans tousles cœurs, une soif insatiable desrichesses. J'ai vu se former en unmoment une détestable conjurationde s'enrichir, non par un honnêtetravail et une généreuse industrie,mais par la ruine du prince, del'État et des concitoyens.

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J'ai vu un honnête citoyen, dansces temps malheureux, ne secoucher qu'en disant: J'ai ruiné unefamille aujourd'hui; j'en ruinerai uneautre demain.

Je vais, disoit un autre, avec unhomme noir qui porte une écritoireà la main et un fer pointu à l'oreille,assassiner tous ceux à qui j'ai del'obligation.

Un autre disoit: Je vois que

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j'accommode mes affaires: il estvrai que, lorsque j'allai, il y a troisjours, faire un certain payement, jelaissai toute une famille en larmes,que je dissipai la dot de deuxhonnêtes filles, que j'ôtail'éducation à un petit garçon; le pèreen mourra de douleur, la mère péritde tristesse: mais je n'ai fait que cequi est permis par la loi.

Quel plus grand crime que celuique commet un ministre, lorsqu'ilcorrompt les mœurs de toute une

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nation, dégrade les âmes les plusgénéreuses, ternit l'éclat desdignités, obscurcit la vertu même, etconfond la plus haute naissancedans le mépris universel?

Que dira la postérité, lorsqu'illui faudra rougir de la honte de sespères? Que dira le peuple naissant,lorsqu'il comparera le fer de sesaïeux avec l'or de ceux à qui il doitimmédiatement le jour? Je ne doutepas que les nobles ne retranchent deleurs quartiers un indigne degré de

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noblesse qui les déshonore, et nelaissent la génération présente dansl'affreux néant où elle s'est mise. De Paris, le 11 de la lune deRhamazan, 1720.

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LETTRE CXLVII.

LE GRAND EUNUQUE AUSBEK.

A Paris.

Les choses sont venues à un étatqui ne se peut plus soutenir: tesfemmes se sont imaginé que tondépart leur laissoit une impunitéentière; il se passe ici des choseshorribles: je tremble moi-même aucruel récit que je vais te faire.

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Zélis, allant il y a quelquesjours à la mosquée, laissa tomberson voile, et parut presque à visagedécouvert devant tout le peuple.

J'ai trouvé Zachi couchée avecune de ses esclaves; chose sidéfendue par les lois du sérail.

J'ai surpris, par le plus grandhasard du monde, une lettre que je

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t'envoie: je n'ai jamais pu découvrirà qui elle étoit adressée.

Hier au soir, un jeune garçon futtrouvé dans le jardin du sérail, et ilse sauva par-dessus les murailles.

Ajoute à cela ce qui n'est pasparvenu à ma connoissance; carsûrement tu es trahi. J'attends tesordres: et, jusqu'à l'heureux momentque je les recevrai, je vais être dansune situation mortelle. Mais, si tu ne

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mets toutes ces femmes à madiscrétion, je ne te répondsd'aucune d'elles, et j'aurai tous lesjours des nouvelles aussi tristes à temander. Du sérail d'Ispahan, le 1er de la lunede Rhégeb, 1717.

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LETTRE CXLVIII.

USBEK AU PREMIEREUNUQUE.

Au sérail d'Ispahan.

Recevez par cette lettre unpouvoir sans bornes sur tout lesérail: commandez avec autantd'autorité que moi-même; que lacrainte et la terreur marchent avecvous; courez d'appartements enappartements porter les punitions et

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les châtiments; que tout vive dans laconsternation, que tout fonde enlarmes devant vous; interrogez toutle sérail; commencez par lesesclaves; n'épargnez pas monamour; que tout subisse votretribunal redoutable; mettez au jourles secrets les plus cachés; purifiezce lieu infâme; et faites-y rentrer lavertu bannie. Car, dès ce moment,je mets sur votre tête les moindresfautes qui se commettront. Jesoupçonne Zélis d'être celle à qui lalettre que vous avez surprise

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s'adressoit: examinez cela avec desyeux de lynx. De ***, le 11 de la lune de Zilhagé,1718.

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LETTRE CXLIX.

NARSIT A USBEK.

A Paris.

Le grand eunuque vient demourir, magnifique seigneur:comme je suis le plus vieux de tesesclaves, j'ai pris sa place, jusquesà ce que tu aies fait connoître surqui tu veux jeter les yeux.

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Deux jours après sa mort, onm'apporta une de tes lettres qui luiétoit adressée: je me suis biengardé de l'ouvrir; je l'ai enveloppéeavec respect, et l'ai serrée, jusquesà ce que tu m'aies fait connoître tessacrées volontés.

Hier, un esclave vint, au milieude la nuit, me dire qu'il avoit trouvéun jeune homme dans le sérail: jeme levai, j'examinai la chose, et jetrouvai que c'étoit une vision.

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Je te baise les pieds, sublimeseigneur; et je te prie de comptersur mon zèle, mon expérience et mavieillesse. Du sérail d'Ispahan, le 5 de la lunede Gemmadi 1, 1718.

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LETTRE CL.

USBEK A NARSIT.

Au sérail d'Ispahan.

Malheureux que vous êtes, vousavez dans vos mains des lettres quicontiennent des ordres prompts etviolents; le moindre retardementpeut me désespérer: et vousdemeurez tranquille sous un vainprétexte!

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Il se passe des choses horribles:j'ai peut-être la moitié de mesesclaves qui méritent la mort. Jevous envoie la lettre que le premiereunuque m'écrivit là-dessus avantde mourir. Si vous aviez ouvert lepaquet qui lui est adressé, vous yauriez trouvé des ordres sanglants.Lisez-les donc ces ordres: et vouspérirez, si vous ne les exécutez pas. De ***, le 25 de la lune de Chalval,1718.

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LETTRE CLI.

SOLIM A USBEK.

A Paris.

Si je gardois plus longtemps lesilence, je serois aussi coupableque tous ces criminels que tu asdans le sérail.

J'étois le confident du grandeunuque, le plus fidèle de tes

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esclaves. Lorsqu'il se vit près de safin, il me fit appeler, et me dit cesparoles: Je me meurs; mais le seulchagrin que j'aie en quittant la vie,c'est que mes derniers regards aienttrouvé les femmes de mon maîtrecriminelles. Le ciel puisse legarantir de tous les malheurs que jeprévois! puisse, après ma mort, monombre menaçante venir avertir cesperfides de leur devoir, et lesintimider encore! Voilà les clefs deces redoutables lieux; va les porterau plus vieux des noirs. Mais si,

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après ma mort, il manque devigilance, songe à en avertir tonmaître. En achevant ces mots, ilexpira dans mes bras.

Je sais ce qu'il t'écrivit, quelquetemps avant sa mort, sur la conduitede tes femmes: il y a dans le sérailune lettre qui auroit porté la terreuravec elle, si elle avoit été ouverte;celle que tu as écrite depuis a étésurprise à trois lieues d'ici: je nesais ce que c'est, tout se tournemalheureusement.

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Cependant tes femmes negardent plus aucune retenue: depuisla mort du grand eunuque, il sembleque tout leur soit permis; la seuleRoxane est restée dans le devoir, etconserve de la modestie. On voitles mœurs se corrompre tous lesjours. On ne trouve plus sur levisage de tes femmes cette vertumâle et sévère qui y régnoitautrefois: une joie nouvelle,répandue dans ces lieux, est untémoignage infaillible, selon moi,

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de quelque satisfaction nouvelle;dans les plus petites choses, jeremarque des libertés jusqu'alorsinconnues. Il règne, même parmi tesesclaves, une certaine indolencepour leur devoir et pourl'observation des règles, qui mesurprend; ils n'ont plus ce zèleardent pour ton service, quisembloit animer tout le sérail.

Tes femmes ont été huit jours àla campagne, à une de tes maisonsles plus abandonnées. On dit que

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l'esclave qui en a soin a été gagné;et qu'un jour avant qu'ellesarrivassent, il avoit fait cacher deuxhommes dans un réduit de pierre quiest dans la muraille de la principalechambre, d'où ils sortoient le soirlorsque nous étions retirés. Le vieuxeunuque, qui est à présent à notretête, est un imbécile, à qui l'on faitcroire tout ce qu'on veut.

Je suis agité d'une colèrevengeresse contre tant de perfidies:et si le ciel vouloit, pour le bien de

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ton service, que tu me jugeassescapable de gouverner, je te prometsque, si tes femmes n'étoient pasvertueuses, au moins elles seroientfidèles. Du sérail d'Ispahan, le 6 de la lunede Rebiab 1, 1719.

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LETTRE CLII.

NARSIT A USBEK.

A Paris.

Roxane et Zélis ont souhaitéd'aller à la campagne; je n'ai pascru devoir le leur refuser. HeureuxUsbek! tu as des femmes fidèles etdes esclaves vigilants: jecommande en des lieux où la vertusemble s'être choisi un asile.Compte qu'il ne s'y passera rien que

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tes yeux ne puissent soutenir.

Il est arrivé un malheur qui memet en grande peine. Quelquesmarchands arméniens, nouvellementarrivés à Ispahan, avoient apportéune de tes lettres pour moi; j'aienvoyé un esclave pour la chercher;il a été volé à son retour, demanière que la lettre est perdue.Écris-moi donc promptement; car jem'imagine que, dans ce changement,tu dois avoir des choses deconséquence à me mander.

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Du sérail de Fatmé, le 6 de la lunede Rebiab 1, 1719.

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LETTRE CLIII.

USBEK A SOLIM.

Au sérail d'Ispahan.

Je te mets le fer à la main. Je teconfie ce que j'ai à présent dans lemonde de plus cher, qui est mavengeance. Entre dans ce nouvelemploi: mais n'y porte ni cœur nipitié. J'écris à mes femmes det'obéir aveuglément: dans laconfusion de tant de crimes, elles

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tomberont devant tes regards. Il fautque je te doive mon bonheur et monrepos: rends-moi mon sérail commeje l'ai laissé. Mais commence parl'expier; extermine les coupables, etfais trembler ceux qui seproposoient de le devenir. Que nepeux-tu pas espérer de ton maîtrepour des services si signalés? Il netiendra qu'à toi de te mettre au-dessus de ta condition même, et detoutes les récompenses que tu asjamais désirées.

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De Paris, le 4 de la lune deChahban, 1719.

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LETTRE CLIV.

USBEK A SES FEMMES.

Au sérail d'Ispahan.

Puisse cette lettre être comme lafoudre qui tombe au milieu deséclairs et des tempêtes! Solim estvotre premier eunuque, non paspour vous garder, mais pour vouspunir. Que tout le sérail s'abaissedevant lui. Il doit juger vos actionspassées: et, pour l'avenir, il vous

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fera vivre sous un joug si rigoureux,que vous regretterez votre liberté, sivous ne regrettez pas votre vertu. De Paris, le 4 de la lune deChahban, 1719.

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LETTRE CLV.

USBEK A NESSIR.

A Ispahan.

Heureux celui qui, connoissanttout le prix d'une vie douce ettranquille, repose son cœur aumilieu de sa famille, et ne connoîtd'autre terre que celle qui lui adonné le jour.

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Je vis dans un climat barbare,présent à tout ce qui m'importune,absent de tout ce qui m'intéresse.Une tristesse sombre me saisit; jetombe dans un accablement affreux:il me semble que je m'anéantis; et jene me retrouve moi-même quelorsqu'une sombre jalousie vients'allumer, et enfanter dans mon âmela crainte, les soupçons, la haine etles regrets.

Tu me connois, Nessir; tu astoujours vu dans mon cœur comme

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dans le tien: je te ferois pitié, si tusavois mon état déplorable.J'attends quelquefois six moisentiers des nouvelles du sérail; jecompte tous les instants quis'écoulent; mon impatience me lesallonge toujours; et lorsque celuiqui a été tant attendu est prèsd'arriver, il se fait dans mon cœurune révolution soudaine; ma maintremble d'ouvrir une lettre fatale;cette inquiétude qui me désespéroit,je la trouve l'état le plus heureux oùje puisse être, et je crains d'en

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sortir par un coup plus cruel pourmoi que mille morts.

Mais, quelque raison que j'aieeue de sortir de ma patrie, quoiqueje doive ma vie à ma retraite, je nepuis plus, Nessir, rester dans cetaffreux exil. Et ne mourrois-je pastout de même en proie à meschagrins? J'ai pressé mille fois Ricade quitter cette terre étrangère; maisil s'oppose à toutes mes résolutions;il m'attache ici par mille prétextes:il semble qu'il ait oublié sa patrie;

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ou plutôt il semble qu'il m'ait oubliémoi-même, tant il est insensible àmes déplaisirs.

Malheureux que je suis! jesouhaite de revoir ma patrie, peut-être pour devenir plus malheureuxencore! Eh! qu'y ferai-je? Je vaisrapporter ma tête à mes ennemis. Cen'est pas tout: j'entrerai dans lesérail; il faut que j'y demandecompte du temps funeste de monabsence: et si j'y trouve descoupables, que deviendrai-je? Et si

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la seule idée m'accable de si loin,que sera-ce, lorsque ma présence larendra plus vive? que sera-ce, s'ilfaut que je voie, s'il faut quej'entende ce que je n'ose imaginersans frémir? que sera-ce enfin, s'ilfaut que des châtiments que jeprononcerai moi-même soient desmarques éternelles de ma confusionet de mon désespoir?

J'irai m'enfermer dans des mursplus terribles pour moi que pour lesfemmes qui y sont gardées; j'y

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porterai tous mes soupçons; leursempressements ne m'en déroberontrien; dans mon lit, dans leurs bras,je ne jouirai que de mesinquiétudes; dans un temps si peupropre aux réflexions, ma jalousietrouvera à en faire. Rebut indignede la nature humaine, esclaves vilsdont le cœur a été fermé pourjamais à tous les sentiments del'amour, vous ne gémiriez plus survotre condition, si vous connoissiezle malheur de la mienne.

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De Paris, le 4 de la lune deChahban, 1719.

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LETTRE CLVI.

ROXANE A USBEK.

A Paris.

L'horreur, la nuit et l'épouvanterègnent dans le sérail; un deuilaffreux l'environne: un tigre yexerce à chaque instant toute sarage; il a mis dans les supplicesdeux eunuques blancs, qui n'ontavoué que leur innocence; il avendu une partie de nos esclaves, et

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nous a obligées de changer entrenous celles qui nous restoient. Zachiet Zélis ont reçu dans leur chambre,dans l'obscurité de la nuit untraitement indigne; le sacrilége n'apas craint de porter sur elles sesviles mains. Il nous tient enferméeschacune dans notre appartement; et,quoique nous y soyons seules, ilnous y fait vivre sous le voile: il nenous est plus permis de nous parler;ce seroit un crime de nous écrire:nous n'avons plus rien de libre queles pleurs.

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Une troupe de nouveauxeunuques est entrée dans le sérail,où ils nous assiégent nuit et jour:notre sommeil est sans cesseinterrompu par leurs méfiancesfeintes ou véritables. Ce qui meconsole, c'est que tout ceci nedurera pas longtemps, et que cespeines finiront avec ma vie: elle nesera pas longue, cruel Usbek! je nete donnerai pas le temps de fairecesser tous ces outrages.

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Du sérail d'Ispahan, le 2 de la lunede Maharram, 1720.

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LETTRE CLVII.

ZACHI A USBEK.

A Paris.

O ciel! un barbare m'a outragéejusque dans la manière de me punir!Il m'a infligé ce châtiment quicommence par alarmer la pudeur;ce châtiment qui met dansl'humiliation extrême; ce châtimentqui ramène, pour ainsi dire, àl'enfance.

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Mon âme, d'abord anéantie sousla honte, reprenoit le sentimentd'elle-même, et commençoit às'indigner, lorsque mes cris firentretentir les voûtes de mesappartements. On m'entenditdemander grâce au plus vil de tousles humains, et tenter sa pitié, àmesure qu'il étoit plus inexorable.

Depuis ce temps, son âmeinsolente et servile s'est élevée sur

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la mienne. Sa présence, ses regards,ses paroles, tous les malheursviennent m'accabler. Quand je suisseule, j'ai du moins la consolationde verser des larmes; mais lorsqu'ils'offre à ma vue, la fureur me saisit;je la trouve impuissante; et je tombedans le désespoir.

Le tigre ose me dire que tu esl'auteur de toutes ces barbaries. Ilvoudrait m'ôter mon amour, etprofaner jusques aux sentiments demon cœur. Quand il me prononce le

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nom de celui que j'aime, je ne saisplus me plaindre: je ne puis plusque mourir.

J'ai soutenu ton absence, et j'aiconservé mon amour, par la forcede mon amour. Les nuits, les jours,les moments, tout a été pour toi.J'étois superbe de mon amourmême; et le tien me faisoit respecterici. Mais à présent... Non, je ne puisplus soutenir l'humiliation où je suisdescendue. Si je suis innocente,reviens pour m'aimer; reviens, si je

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suis coupable, pour que j'expire àtes pieds. Du sérail d'Ispahan, le 2 de la lunede Maharram, 1720.

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LETTRE CLVIII.

ZÉLIS A USBEK.

A Paris.

A mille lieues de moi, vous mejugez coupable: à mille lieues demoi, vous me punissez.

Qu'un eunuque barbare porte surmoi ses viles mains, il agit parvotre ordre: c'est le tyran qui

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m'outrage, et non pas celui quiexerce la tyrannie.

Vous pouvez, à votre fantaisie,redoubler vos mauvais traitements.Mon cœur est tranquille, depuisqu'il ne peut plus vous aimer. Votreâme se dégrade, et vous devenezcruel. Soyez sûr que vous n'êtespoint heureux. Adieu. Du sérail d'Ispahan, le 2 de la lunede Maharram, 1720.

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LETTRE CLIX.

SOLIM A USBEK.

A Paris.

Je me plains, magnifiqueseigneur, et je te plains: jamaisserviteur fidèle n'est descendu dansl'affreux désespoir où je suis. Voicites malheurs et les miens; je ne t'enécris qu'en tremblant.

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Je jure, par tous les prophètesdu ciel, que, depuis que tu m'asconfié tes femmes, j'ai veillé nuit etjour sur elles; que je n'ai jamaissuspendu un moment le cours demes inquiétudes. J'ai commencémon ministère par les châtiments; etje les ai suspendus, sans sortir demon austérité naturelle.

Mais que dis-je? pourquoi tevanter ici une fidélité qui t'a étéinutile? Oublie tous mes servicespassés; regarde-moi comme un

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traître; et punis-moi de tous lescrimes que je n'ai pu empêcher.

Roxane, la superbe Roxane, ôciel! à qui se fier désormais? Tusoupçonnois Zachi, et tu avois pourRoxane une sécurité entière; mais savertu farouche étoit une cruelleimposture; c'étoit le voile de saperfidie. Je l'ai surprise dans lesbras d'un jeune homme, qui, dèsqu'il s'est vu découvert, est venu surmoi; il m'a donné deux coups depoignard; les eunuques, accourus au

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bruit, l'ont entouré: il s'est défendulongtemps, en a blessé plusieurs; ilvouloit même rentrer dans lachambre, pour mourir, disoit-il, auxyeux de Roxane. Mais enfin il acédé au nombre, et il est tombé ànos pieds.

Je ne sais si j'attendrai, sublimeseigneur, tes ordres sévères: tu asmis ta vengeance en mes mains; jene dois pas la faire languir. Du sérail d'Ispahan, le 8 de la lune

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de Rebiab 1, 1730,

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LETTRE CLX.

SOLIM A USBEK.

A Paris.

J'ai pris mon parti: tes malheursvont disparoître; je vais punir.

Je sens déjà une joie secrète;mon âme et la tienne vont s'apaiser:nous allons exterminer le crime, etl'innocence va pâlir.

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O vous, qui semblez n'être faitesque pour ignorer tous vos sens etêtre indignées de vos désirs mêmes;éternelles victimes de la honte et dela pudeur, que ne puis-je vous faireentrer à grands flots dans ce sérailmalheureux, pour vous voirétonnées de tout le sang que j'y vaisrépandre! Du sérail d'Ispahan, le 8 de la lunede Rebiab 1, 1720.

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LETTRE CLXI.

ROXANE A USBEK.

A Paris.

Oui, je t'ai trompé; j'ai séduittes eunuques; je me suis jouée de tajalousie; et j'ai su de ton affreuxsérail faire un lieu de délices et deplaisirs.

Je vais mourir; le poison va

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couler dans mes veines: car queferois-je ici, puisque le seul hommequi me retenoit à la vie n'est plus?Je meurs; mais mon ombre s'envolebien accompagnée: je viensd'envoyer devant moi ces gardienssacriléges, qui ont répandu le plusbeau sang du monde.

Comment as-tu pensé que jefusse assez crédule, pourm'imaginer que je ne fusse dans lemonde que pour adorer tescaprices? que, pendant que tu te

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permets tout, tu eusses le droitd'affliger tous mes désirs? Non: j'aipu vivre dans la servitude; mais j'aitoujours été libre: j'ai réformé teslois sur celles de la nature; et monesprit s'est toujours tenu dansl'indépendance.

Tu devrois me rendre grâcesencore du sacrifice que je t'ai fait;de ce que je me suis abaisséejusqu'à te paroître fidèle; de ce quej'ai lâchement gardé dans mon cœurce que j'aurois dû faire paroître à

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toute la terre; enfin de ce que j'aiprofané la vertu en souffrant qu'onappelât de ce nom ma soumission àtes fantaisies.

Tu étois étonné de ne pointtrouver en moi les transports del'amour: si tu m'avois bien connue,tu y aurois trouvé toute la violencede la haine.

Mais tu as eu longtempsl'avantage de croire qu'un cœur

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comme le mien t'étoit soumis. Nousétions tous deux heureux; tu mecroyois trompée, et je te trompois.

Ce langage, sans doute, te paroîtnouveau. Seroit-il possible qu'aprèst'avoir accablé de douleurs, je teforçasse encore d'admirer moncourage? Mais c'en est fait, lepoison me consume, ma forcem'abandonne; la plume me tombedes mains; je sens affoiblir jusqu'àma haine; je me meurs.

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Du sérail d'Ispahan, le 8 de la lunede Rebiab 1, 1720.

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FIN DU TOMESECOND.

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NOTES ETVARIANTES.

(Voir l' Index, pour l'histoire, lareligion, la philosophie, le droitpublic et privé, les mœursorientales et européennes.)

Lettre LXXXIX (LXXXVI de1721-1754).

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Lettre XCII (quatrième duSupplément de 1754).

Lettre XCIII (LXXXIX de1721-1754).

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Lettre XCVI (XCII de 1721-1754).

«L'acte de justice la plussévère, c'est la guerre; puisque sonbut est la destruction de lasociété.» C'est la leçon de 1721 etde 1754.

Le passage est atténué ainsidans quelques éditionssubséquentes: «puisqu'elle peutavoir l'effet de détruire la

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société».

Un éditeur moderne (Didot) acru bien faire en accolant les deuxleçons bout à bout: «puisqu'ellepeut avoir l'effet etc..., puisque sonbut est la destruction de la société.

«Cette peine répond à celle dubannissement établie dans lestribunaux, qui retranche lescoupables de la société. Ainsi unprince, à l'alliance duquel nous

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renonçons, est retranché par là denotre société et n'est plus un de nosmembres.»

Ceci est la leçon originale de1721 et 1754.

Dans les éditions postérieures,notamment 1785 (édition complète),et Lefèvre 1820, d'après l'édition deLondres 1757, et peut-être sur desindications manuscrites deMontesquieu conservées par son

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fils et son secrétaire, ce passage estcorrigé ainsi:

«Cette peine répond à celle dubannissement, que les tribunauxont établi pour retrancher lescoupables de la société. Ainsi unprince, à l'alliance duquel nousrenonçons, est retranché de notresociété, et n'est plus un desmembres qui la composent.»

Les trois derniers alinéas, pour

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lesquels nous suivons la correctiondu Supplément de 1754, sont ainsirédigés dans le texte primitif:

«Le droit de conquête n'estpoint un droit. Une société ne peutêtre fondée que sur la volonté desassociés: si elle est détruite par laconquête, le peuple redevient libre;il n'y a plus de nouvelle société: etsi le vainqueur en veut former, c'estune tyrannie.

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«A l'égard des traités de paix,ils ne sont jamais légitimes,lorsqu'ils ordonnent une cession oudédommagement plus considérableque le dommage causé: autrement,c'est une pure violence, contrelaquelle on peut toujours revenir; àmoins que, pour ravoir ce qu'on aperdu, on ne soit obligé de se servirde moyens si violents, qu'il enarrive un mal plus grand que le bienque l'on en doit retirer.

«Voilà, cher Rhédi, ce que

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j'appelle le droit public; voilà ledroit des gens, ou plutôt celui de laraison.»

En tête de la correctionindiquée par le Supplément, et qui,sous beaucoup de rapports, estinférieure au texte primitif, se lit cetavertissement: «A la place des troisderniers alinéas, mettez ceux-ci.»

Cependant quelques éditions ontmaintenu, et avec raison, à la suite

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du nouveau texte, la conclusion siferme: «Voilà cher Rhédi...»

Lettre XCVIII (XCIV de 1721-1754.)

«Écoute ce que je vais tedire...».

1721 1re: «Ce que je te vais

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dire...»

Leçon préférable eu égard àl'habitude constante deMontesquieu.

«Ce n'est qu'après bien desréflexions, qu'on en a connu toute lafécondité.»

Éditions postérieures à 1754:«qu'on en a vu...»

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Cette lettre (LXXXIV de la 2eMarteau) est vivement incriminéedans la brochure de l'abbé Gaultier:Lettres persannes convaincuesd'impiété.

Lettre CIII (XCIX de 1721-1754).

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«Au moins il est impossiblequ'ils aient subsisté longtemps dansleur pureté.»

Les mots en italiques manquentdans 1721-54, et appartiennent auxéditions postérieures qui procèdentde 1757 (voir la Bibliographie.)

«Caravansérails». 1721, 1re

donne: Caravansérais, qui avec unï serait peut-être la meilleuretranscription de ce terme oriental; et

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1754: Caravanseras.

«Il n'y a que quatre ou cinqsiècles qu'un roi de France prit desgardes.»

Ce roi est Philippe Augustemenacé par les Assassins du Vieuxde la Montagne.

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Lettre CXI (CVII 1721-1754).

«Un général d'armée n'emploiepas plus d'attention à placer sadroite... qu'elle en met à poster unemouche qui peut manquer...»

C'est la leçon de 1754, etcertainement la meilleure.

1721 1re donne: «porter unemouche. (C'est une coquille.)

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1721 2e donne: poster sadroite,... placer une mouche.

Les éditions subséquentes«poser une mouche» (qui ne vautpas poster).

Lettre CXII (Cinquième duSupplément de 1754).

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Elle se trouve déjà en grandepartie dans la 2e Marteau (LVIII),avec une adresse et une datedifférentes.

En voici le début et lesvariantes, ainsi qu'une note, qui nefigure plus au Supplément: Rica à ***

«Le peuple est un animal qui

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voit et qui entend; mais qui ne pensejamais. Il est dans une léthargie oudans une fougue surprenante; et il vaet vient sans cesse d'un de ces étatsà l'autre, sans savoir jamais d'où ilest parti.

«J'ai ouï parler en France d'uncertain gouverneur de Normandie,qui, voulant se rendre plusconsidérable à la cour, excitoit luimême de temps en temps quelquesséditions, qu'il apaisoit aussitôt.

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«Il avoua depuis que la plusforte sédition ne lui coûta, toutcompte fait, qu'un demi toman. Ilfaisoit assembler quelques canaillesdans un cabaret qui donnoit le ton àtoute la ville, et ensuite à toute laprovince.

«Ceci me fait ressouvenir d'unelettre qu'écrivit dans les dernierstroubles de Paris un des générauxde cette ville à un de ses amis.

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«Je fis sortir, il y a trois jours,les troupes de la ville; mais ellesfurent repoussées avec perte. Jecompte pourtant que je répareraifacilement cet échec; j'ai sixcouplets...

«Si cela ne suffit pas, il a étérésolu au conseil de faire paroîtreune estampe, qui fera voir Mazarinpendu; et pour peu que laconjoncture des affaires ledemande, nous aurons la ressourced'ordonner au graveur de le rouer...

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«Jugez après cela si le peuple àtort de s'animer, et de faire du nomde Mazarin un mot...

«Notre musique l'a sifurieusement vexé sur le péchéoriginel que, pour ne pas voir sespartisans réduits à la moitié, il a étéobligé de renvoyer tous ses pages.Je suis, etc...

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De Paris, le 9 de la lune de Zilcadé1715.

En note aux mots: «le tonridicule dont il prononce.»

«Le cardinal Mazarin, voulantprononcer l'arrêt d'Union, ditdevant les députés du parlementl'arrêt d'Ognon; sur quoi le peuplefit force plaisanteries.»

L e péché originel dont il est

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question plus haut est ce vice contrenature qu'on nomme parfois italien,et qui serait mieux nommé clérical.

Lettre CXIII (CVIII de 1721-1754).

Lettre CXIV (CIX de 1721-

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1754, XCIX de 1721 2e Marteau).

Elle est incriminée dans lab r o c h u r e : Lettres persannesconvaincues d'impiété.

«Il ne faut donc pas compter lesannées du monde...»

Cet alinéa ne manque ni dans1721 1re, ni dans 1721 2e Marteau,ni dans 1754. C'est à tort qu'il a été

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supprimé dans 1758 et dansbeaucoup d'éditions postérieures.

«Cependant tous les historiensnous parlent d'un premier père;ils...»

Les mots en italiques manquentdans la première édition. Ils sontdéjà rétablis dans 1721 2e Marteau.

L'avant dernier paragraphe:

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«mais toutes les destructions ne sontpas violentes...» appartient auSupplément de 1754.

Lettre CXVII (CXII de 1721 1re,CII de la 2e Marteau).

Incriminée dans les Lettrespersannes convaincues d'impiété.

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Lettre CXVIII (CXII 1re, CIII 2e

Marteau).

Également incriminée.

Lettre CXX.

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Tyen, ciel des chinois.

1721 1re: Tyien.

Lettre CXXII

«L'air se charge, comme lesplantes...» Alinéa ajouté par leSupplément de 1754.

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Lettre CXXV (Sixième duSupplément de 1754).

Elle se trouve déjà dans 17212e Marteau (LX, Usbek à ***, Paris,11 Zilcadé 1715), avec lesvariantes suivantes:

Troisième alinéa.

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«A mon esprit; il me semble...»

1721 2e: et il me semble...

Quatrième alinéa.

«De quelques uns de nossujets...»

1721 2e: de nos plus richessujets...

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«Nous avons enfin cédé à lamultitude des requêtes...»

1721 2e: à la multitudeinnombrable...

«Faire attention qu'il étoitnotoire...

1721 2e: qu'il est notoire...

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«Nous ont prié, branlant latête...»

1721 2e: en branlant la tête...

«Ainsi, désirant traiter lessuppliants...»

1721 2e: A ces causes,désirant...

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Septième alinéa.

«A leurs femmes et à leursenfants...»

1721 2e: A leurs femmes, àleurs enfants...

«Dans leurs familles, lesprincipales fêtes de l'année...»

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1721 2e: dans leurs familles,avec leurs amis, etc...

Huitième alinéa.

«Elles viennent à les ycontraindre...»

1721 2e: Ils viennent...

«Défendons à nos magistrats...»

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1721 2e: à tous nos magistrats...

Lettre CXXVI (CXX de 17211re, CX de 1721 2e Marteau).

Incriminée dans les Lettrespersannes convaincues d'impiété.

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Lettre CXXXVII (CXXXI de1721 1re).

«semble échauffer lesi magi na ti ons mêmes. » Mêmesmanque, et avec raison, dans 17211re. «Romans» pris dans le sens deromanciers.

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Lettre CXXXVIII (CXXXII de1721 1re).

«N. prit le fer à la main...» N.est le duc de Noailles.

«Un étranger»; Law, Écossais.(Voir l'Index).

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Lettre CXLI (CXXXV de 17211re).

«Romans» dans le sens deromanciers.

«Zuléma». 1721 1re: Zumela.

«Gemmadi 1, 1720»

1 manque dans 1754.

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Lettre CXLIII (CXXXVII 1721-1754).

La piquante Lettre d'unmédecin de province figure toutentière dans les deux éditions quiservent de base à notre travail.1721 1re donne même Révérendpère jésuite, là où 1754 n'a que les

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initiales R. P. J.

Ce n'est qu'après la mort deMontesquieu que des éditeurstimorés ont supprimé ou mis en notel'énumération des médicaments: lalettre s'arrête à «on lui expliqua lachose, comme elle s'étoit passée.»

Déjà la fin du paragrapheintitulé P. S. avait disparu «Il y abien des choses que je n'entendspas, etc...»

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Les éditeurs ont fictivementattribué à Montesquieu lui-mêmeces mutilations qu'on ne s'expliqueguère:

«L'auteur, disent-ils, dans lemanuscrit qu'il avoit confié de sonvivant» (ce qui est faux) «auxlibraires, a jugé à propos de fairedes retranchements. On n'a pas crudevoir en priver le lecteur qui lestrouvera ici en notes.»

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«Prenez dix A*** du C***concernant la B*** et la C*** desJ***.»

Dix Arrêts du Conseilconcernant la Bulle et laConstitution des Jésuites. (Selond'autres: concernant la Banque, oula Bourse, et la Compagnie desIndes.)

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«M. de N.» Fléchier évêque deNîmes. Montesquieu est ici bienaimable d'excepter les Oraisonsfunèbres de Fléchier.

«Teigne», 1721: tigne.

«Miraculum chymicum, deviolenta, etc...»

Miracle chimique, par violentefermentation, avec fumée, feu et

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flamme.

Mélangez une infusion deQuesnel avec une infusion deLallemand; que la fermentation aitlieu, avec grande violence,bouillonnement et tonnerre, lesacides se combattant, et pénétrant àl'envi les sels alcalins: il se feraune évaporation d'esprits brûlants.Mettez la liqueur fermentée dansl'alambic; vous n'en tirerez rien, etn'y trouverez rien sinon un caputmortuum (une drogue inutile et

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impuissante.)

«Lenitivum.»

Prenez deux feuillets de l'anodinMolina; six pages du laxatifEscobar; une feuille de l'émollientVasquez: faites infuser dans quatrelivres d'eau ordinaire, faitesréduire, par la cuisson, à moitié;pressez; et dans l'extrait faitesdissoudre trois feuilles du détersifBauni et du diluant Tamburini.

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Faites du tout un lavement.

«Clyster.» 1721-1754: clister.

«In chlorosim, etc...»

Contre la chlorose, que levulgaire appelle pâles-couleurs oufièvre-amoureuse.

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Prenez quatre figures del'Arétin; deux feuilles du révérendThomas Sanchez De matrimonio(Du mariage). Faites infuser danscinq livres d'eau ordinaire.

Faites du tout une tisaneapéritive.

Lettre CXLIV (Septième du

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Supplément de 1754).

Lettre CXLV (Huitième dusupplément de 1754).

Cette lettre se retrouve toutentière dans 1721 2e Marteau(LIX).

«Sa vue qui se porte toujours

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loin...»

1721 2e: qui porte...

«On est charmé de donner àcelui-ci, on est enchanté d'ôter àcelui-là.»

1721 2e: On aime à donner..., onest charmé d'ôter...

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«Une mite.»

1721 2e: Mitte...

«L'hiver dernier, je pensaimourir...»

1721 2e: L'hiver passé,...

«On lui suscite...»

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1721 2e: On lui suscitera...

«La constitution de l'empire...

1721 2e: des empires...

«Mais ce n'est point assez...

1721 2e: pas

«De Paris, le 20 de la lune de

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Chahban, 1720.»

1721 2e: De Paris, le 10 de lalune Zilcadé, 1715.

Lettre CXLVII (CXXXIX de1721-1754).

«Tes femmes se sont imaginé...»

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1721, 1754: se sont imaginées...

La date de cette lettre et des huitsuivantes semblerait devoir lesplacer entre CVI et CXXVIII.L'auteur aura voulu, en lesrassemblant, donner plus de corps àla conclusion de son roman et finircomme il avait commencé.

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Lettre CLI (CXLIII de 1721-1754).

«Je sais ce qu'il t'écrivit...»

1721 1re, 2e et 1754 portent: jene sais (qui répond moins bien ausens général).

«Avant qu'elles arrivassent...

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1721 1re, 2e: qu'ellesn'arrivassent...

Lettre CLVII (Neuvième duSupplément de 1754).

Lettre CLVIII (Dixième duSupplément de 1754).

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Lettre CLX (Onzième duSupplément de 1754).

Lettre CLXI et dernière (CL de1721-1752, CXL de 1721 2e

Marteau, et 1730, 3e édition,

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Amsterdam, Jacques Desbordes).

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INDEXPHILOSOPHIQUE,HISTORIQUE ET

LITTÉRAIRE.

A

Abbé. Jeune abbé séduisant uneactrice. XXVIII.

Abdias Ibesalon, juif, interrogeMahomet sur les animaux impurs.

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XVIII.

Académie Française.«établissement singulier et bizarre»inconnu en Perse. Babil éternel,manie du panégyrique. Quarantetêtes pleines de figures, demétaphores et d'antithèses. LXXIII.

Actrices. Elles ne sont pointcruelles. Lettre d'une actrice àlaquelle un abbé a ravi soninnocence. XXVIII.

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Adam. «Dieu met Adam dans leparadis terrestre, à condition qu'ilne mangera pas d'un certain fruit:précepte absurde dans un être quiconnoîtrait les déterminationsfutures des âmes; car enfin un telêtre peut-il mettre des conditions àses grâces, sans les rendredérisoires?» LXIX.

(Voir Dieu. Prescience.)

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Adam a peut-être été sauvéd'une catastrophe générale, commeNoé le fut du déluge. CXIV.

Affranchissement, comblait sanscesse les vides de la populationromaine. CXVI.

Afrique, toujours très-inconnue;ses côtes ne sont plus ce qu'ellesétaient sous les Carthaginois et lesRomains. CXIII, CXIX.

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Agriculture, ses progrèsintimement liés à ceux du commerceet de l'industrie, et réciproquement.CXVIII.

Ses revenus inférieurs à ceux del'industrie et de l'art. Un fonds neproduit annuellement que levingtième de sa valeur. CVII.

Agiotage, ses effets désastreux.CXXXII, CXLVI.

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(Par arrêt du conseil du 25juillet 1719, le papier-monnaie,déclaré immuable, fait tomber l'or;un créancier, rue Quincampoix, tirel'épée contre un débiteur qui l'avaitremboursé. Allusion à ce fait,CXLVI.)

Ainesse. Le droit d'aînesse,invention de la vanité, détruitl'égalité des citoyens; il faitobstacle à la propagation. CXX.

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Alchimistes. Ils vous offrent«pour un peu d'argent le secret defaire de l'or.» LVIII.

Alcoran, ses défauts: langage deDieu, idées des hommes. XCVIII.

Il ordonne de se soumettre auxpuissances (allusion à l'Evangile).CV.

Il autorise la pluralité des

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femmes. CXV.

Plaidoyer d'une femme contrel'Alcoran. CXLI.

Passages de l'Alcoran coususdans les vêtements, commeamulette. CXLIII.

Alexandre comparé àGengiskhan. LXXXII.

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Algébristes comparés auxastrologues. CXXXV.

Ibid. Algébriste faiseur desystème; allusion à Law.

Ali, gendre du prophète.

(Dans un certain nombred'éditions du temps Hali; déjà en1721, on imprime Aly.

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Prophète des Chiites (Persans).

Son nom est un talisman.CXLIII.

Il est «le plus beau de tous leshommes;» expressions d'un Psaumeappliquées au messie. XXXV.

Allemagne, partagée en unnombre infini de petits États. CIII.

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Les peuples de l'Allemagneantique, avant la chute de l'empireromain, étaient libres; leurs roisn'étaient que des chefs à pouvoirlimité. CXXXI.

L'empire d'Allemagne «sefortifie à mesure de ses pertes.»CXXXVI.

Grand vizir d'Allemagne; leprince Eugène vainqueur àPeterwaradin. CXXIX.

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Alliances. Allianceshonorables, alliances injustes;alliances déshonorantes (celle d'untyran).

Il est juste et légitime desecourir un allié. XCVI.

Ambassadeur. Fauxambassadeur de Perse à la cour deFrance XCII.

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Nargum, ambassadeur de Perseen Russie. LI, LXXXII.

Ambassadeur du grand Mogol(d'Espagne) expulsé du royaume.CXXVII.

Ambroise, sa conduite à l'égardde Théodose. LXI.

(Comparez Spinoza, Tractatus

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theologico-politicus, cap. 19.)

Ame, entièrement liée au corpset soumise aux influencesphysiques, XXXIII.

«Ouvrière de sa détermination»l'âme, devant la prescience divine,ne serait pas plus libre qu'une boulede billard. LXIX.

Gens qui croient à l'immortalité

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de l'âme par semestre. LXXV.

Les livres juifs enseignent quela femme n'a pas d'âme. CXLI.

Amérique, avait été découvertepar les Carthaginois; très-dépeuplée, CXIII, par la barbariedes conquérants espagnols. CXXII.

Vainement y introduit-on desesclaves; elle ne profite point des

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pertes de l'Afrique. CXIX.

Indigènes et nègres y périssentpar milliers dans les mines. Ibid.

Amitié. presque inconnue auxAsiatiques. XXXIV.

Amour. «Dans le nombreuxsérail où j'ai vécu, j'ai prévenul'amour et l'ai détruit par lui-même.» La polygamie éteint

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l'amour. VI. LVI.

L'amour, chez les musulmans,est amorti par la pluralité desfemmes. LVI.

L'amour chez les Espagnols.LXXVIII.

L'amour dans le paradis desfemmes. CXLI.

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Amulettes, passages del'Alcoran, noms sacrés cousus dansles vêtements des fidèlesmusulmans. CXLIII.

Anais, ses aventures dans leparadis des femmes, et lavengeance qu'elle exerce sur sonmari, qui l'a tuée. CXLI.

Anatomie. Noms barbaresqu'elle donne aux parties du corps.CXXXV.

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Anatomiste. soupçonné, dansson quartier, du meurtre de tous leschiens qui disparaissaient. CXLV.

Anciens et Modernes. Querellessur le mérite d'Homère. XXXVI.

Anges. Ils demandent à éleverMahomet enfant. XXXIX.

Chrétiens et musulmans rendent

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un culte aux bons anges et seméfient des mauvais. XXXV.

Anglais. Ils limitent l'autorité deleurs rois. Leur humeur et leursraisonnements sur le pouvoir. CV.

Angleterre. Son histoire pleinede discordes d'où sort la liberté.

Ses rois toujours chancelantssur un trône inébranlable.

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Nation qui, maîtresse de la mer,mêle le commerce avec l'empire.CXXXVI.

Antiquaire. Lettre et maniesinnocentes d'un antiquaire malin.CXLII.

Aphéridon, Guèbre qui épousesa sœur: ses aventures. LXVII.

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(Féridun, Zend Thaethraona,sanscrit Tritâna, de Trita, l'une desplus anciennes divinités solairesdes peuples aryens).

Aragon. Les états d'Aragon etde Catalogne, en 1610, discutentquelle sera la langue employée dansles délibérations. CX.

Arche. Légendes sur l'arche deNoé. XVIII.

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Argent (vif), employé contre lesexhalaisons malignes. CXIX.

Arétin, ses figuresrecommandées contre les pâlescouleurs. CXLIII.

Aristote. Le médecin deprovince fait entrer sa logique dansun purgatif, ses catégories dans unremède contre la gale. CXLIII.

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Armées. Différence des arméesd'Orient et des troupes européennes.XC.

L'avantage est du côté du princequi est à la tête des armées. CIII.

Les armées, instrumentnécessaire de la tyrannie, surtout enOrient. Ibid.

Arméniens. Leurs caravanes qui

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partent «tous les jours» de Smyrnepour Ispahan, transportent en Perseles lettres venues de Marseille.XXVII.

Marchands d'esclaves. LXXX.

Quelques ministres de Cha-Soliman voulaient les expulser dePerse, s'ils ne se faisaientmahométans. (Allusion à l'édit deNantes.) LXXXVI.

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Transportés par Cha-Abbasdans la province de Guilan, ils ypérirent par milliers. CXXII.

Arrêt qui permet de prononcerla lettre Q au gré de chacun. CX.

A. du C. (Arrêts du conseil.)concernant la B. et la C. des I. ou J.(Ordinairement traduit: concernantla Bulle et la Constitution desJésuites: Barbier préfère:concernant la Bourse et la

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Compagnie des Indes.) Purgatifviolent. CXLIII.

Arts. Mauvais usage des arts.CVI.

Où nous entraînerait la pertedes arts? Les barbares ont apprisles arts des vaincus. CVII.

Nécessité des arts. L'oisiveté etla mollesse incompatibles avec les

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arts. Les arts à Paris. Ibid.

Ascétiques. Inutilité des livresde cette espèce. CXXXIV.

Asie, dépeuplée, CXIII;toujours livrée au despotisme.CXXXI.

Asie-Mineure, singulièrementdéchue de son antique prospérité.CXIII.

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Astarté, Guèbre qui épousa sonfrère: ses aventures. LXVII.

Asthmè. Pour le guérir, lisez lespériodes du père Maimbourg.CXLIII.

Astrologie judiciaire, est tenueen honneur chez les Persans et lesOrientaux. Rica croit fermement auconcours des astres. CXXXV.

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Auteurs. Vanité des auteurs, leurimpatience de la critique.

Plus jaloux de leurs ouvragesque de leurs épaules. CIX.

Automates, les animaux;allusion au système de Descartes.CXLV.

Autorité. «Quand une fois

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l'autorité violente est méprisée, iln'en reste plus assez à personnepour la faire revenir.» LXXXI.

Averroes. Purgatif. CXLIII.

Aveugles. La vie aux Quinze-Vingts.

Habileté des aveugles à seconduire dans Paris. XXXII.

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Avicenne. Purgatif. CXLIII.

Avocats. «Livres vivants,» ilstravaillent pour les juges et sechargent de les instruire, parfoisaussi de les tromper. LXVIII.

Avortement. Crime sévèrementpuni par les lois européennes.

Abus qu'en font les femmessauvages. CXXI.

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B

Babyloniens. Autorité de lafemme établie chez eux par une loien l'honneur de Sémiramis.XXXVIII.

Bachas. Ils achètent leursemplois et, ruinés, ruinent lesprovinces. XIX.

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Badinage «naturellement faitpour les toilettes... semble être venuà former le caractère général de lanation.» LXIII.

Balk (Bactres), ville sainte oùles Guèbres honoraient le soleil.LXVII.

Banque. Ses actions. Projetsfinanciers du ministère en 1719.CXXXI.

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Baptême, comparé aux ablutionsmusulmanes. XXXV.

Barbares. Ils ont appris les artsou les ont fait exercer aux vaincus.CVII.

Barbarie. Ses côtes, florissantessous les Carthaginois et lesRomains, ont été dépeuplées etstérilisées par le mahométisme.CXIII, CXIX.

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Barbe. Pierre Ier et la barbe deses sujets. LI.

Bataille. La terreur panique d'unseul soldat en décide quelquefois.CXLIII.

Bâtiments. Magnificence deLouis XIV dans ses constructions.XXXVII.

Batuecas. Tribu des montagnes

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d'Espagne, mal connue desEspagnols eux-mêmes. LXXVIII.

Béatitude Éternelle. Croyancedéfavorable à la propagation del'espèce. CXX.

Beauté. Beauté des Persanes.XXXIV.

Beauté d'une esclave deCircassie, achetée à des Arméniens.

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LXXX.

Beauté d'une femme jaune deVisapour. XCVII.

Empire naturel et universel dela beauté. XXXVIII.

Beaux esprits. Ils s'amusent auxchoses puériles. XXXVI.

Beiram. Appartement des

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femmes. Sérail du roi (de Perse).Toute esclave qui y entre devientmahométane. LXVII.

Bénéfices. «Qui voudroitnombrer tous les gens de loi quipoursuivent le revenu de quelquemosquée...» LVIII.

Ben Josué, juif, prosélytemusulman. XXXIX.

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Bibliothécaire. Portrait d'unmoine bibliothécaire. Sesconversations avec Rica. CXXXIV-CXXXVII.

Bibliothèques. Comment ellessont administrées par les dervis.CXXXIII.

Voyage dans une grandebibliothèque à Paris. CXXXIII-CXXXVII.

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Bienfait. Tout homme estcapable de faire du bien à unhomme: mais c'est ressembler auxdieux que de contribuer au bonheurd'une société tout entière. XC.

Boissons. Celles quiabrutissent.

Celles qui égayent et consolent,permises aux musulmans. XXXIII.

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Boîtes où l'on enferme lesfemmes de la Perse au passage desrivières. III.

Bombés. Leur invention a ôté laliberté à tous les peuples del'Europe. CVI.

Défense des bombes. CVII.

Bonheur. Réside-t-il dans lessatisfactions des sens ou dans la

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pratique de la vertu? X.

Bonne foi. Doit être l'âme d'ungrand ministre. CXLVI.

Bons mots préparés d'avance etlancés à l'aide d'un compère. LIV.

Bonzes, confondus avec lesbrahmanes. CXXVI.

Bourgeois. Ont perdu la garde

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de leurs villes. CVI.

Sous quel prétexte les princes laleur ont retirée. Ibid.

Boussole. Que nous a servil'invention de la boussole? CVI.

Brahma récompense le suicidedes veuves. CXXVI.

Brahmane. Croit à la

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métempsychose, mais admet qu'onmange un animal quand on ne l'a pastué soi-même. XLVI.

Bulles, purgatif violent. CXLIII.

C

Cabale. Panthéisme mystiquedes Juifs.

Pratiquée par un médecin de

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province. CXLIII.

Café (et cafés.) Très en usage àParis, donne de l'esprit à ceux quile prennent dans certainsétablissements. On y joue auxéchecs. XXXVI.

Conversations que l'on y entend.CXXIX, CXXX, CXXXII.

Cambyse a établi en Perse le

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mariage de la sœur et du frère.LXVII.

A quelle jambe a-t-il étéblessé? CXLII.

Cappadociens. Ils refusèrent laliberté que leur offraient lesRomains. CXXXI.

Capucins. Conversation de Ricaet d'un provincial de capucins.

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XLIX.

Carthage. République dont onignore les origines; rivale de Rome.CXXXI.

Carthaginois, avaient découvertl'Amérique. CXXII.

Casbin. Ville et monastère enPerse. XCIV.

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Casuistes. Leur habileté à fairepasser les péchés du mortel auvéniel. «Il y a un tour à donner àtout.» LVII.

Ils mettent au jour les secrets dela nuit. Ingéniosité voluptueuse,crudité et danger de leurs ouvrages.CXXXIV.

Castro (Jean de), «fameuxgénéral portugais.» XXXVIII.

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Catalogne. États d'Aragon et deCatalogne, 1610. Discussionpréalable sur la langue à employerdans les délibérations. CX.

Catholicisme. Son inférioritésociale devant le protestantisme.

Dans l'État de l'Europe, il n'estpas possible qu'il y subsiste cinqcents ans. CXVIII.

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Catholiques. Les payscatholiques moins riches, moinsactifs, moins peuplés que les paysprotestants. CXVIII.

Caussin (le P.), jésuite, né àTroyes en 1543, confesseur deLouis XIII, exilé par Richelieu.

S a Cour sainte, livre de piétéen 4 volumes in-4, estrecommandée comme somnifère àun homme qui ne dormait pas

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depuis trente-cinq jours. CXLIII.

Célibat. Les filles esclavescondamnées à la virginité dans lesérail. CXV.

Les Romains établissaient despeines sévères contre le célibat.

Les chrétiens le proclamentsupérieur au mariage. CXVII.

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Nombre prodigieux decatholiques faisant profession decélibat.

Le célibat ecclésiastique estplus nuisible à la propagation quela castration même.

Habitude des familles de vouerun de leur membre au célibatreligieux. Ibid.

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Cellamare (conspiration de),allusions, CXXVII.

Cérémonies. Leur importancesecondaire en religion. XLVI.

César, opprima la républiqueromaine et la soumit à un pouvoirarbitraire. Suites de son crime.CXXXI.

Cha-Abbas, se serait fait couper

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les deux bras plutôt que de signerl'édit de Nantes et «d'envoyer auMogol et aux autres rois des Indesses sujets les plus industrieux.»LXXXVI.

Voulant priver les Turcs desoldats sur leurs frontières, iltransporta vingt milles famillesarméniennes dans la province deGuilan. CXXII.

Chahban, mois ardent. XVIII.

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Chansons. Influence deschansons sur les frondeurs. CXI.

Chapelain, bon contre la gale, lateigne, etc. CXLIII.

Chapelet. «Heureux celui qui atoujours prié Dieu avec de petitsgrains de bois à la main!» XXIX.

Chardin, célèbre voyageur en

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Perse. LXXII.

Charles XII, tué devant uneplace assiégée en Norwége(Frédéricshall). CXXXVII. (Espritdes lois.) X, 13.

Chartreux. Espèce de dervistaciturnes. LXXXIII.

Cha-Soliman. Quelquesministres de ce prince avaient voulu

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expulser de Perse tous lesArméniens (allusion à l'édit deNantes). LXXXVI.

Chat, sorti du nez du lion.XVIII.

Châtiments. Les châtiments dansle sérail. LXIV, CXLVIII-CLXI.(Voir Peines.)

Chaussures. Les hauts talons. C.

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Chauvinisme. «Depuis lecommencement de la monarchie, lesFrançais n'ont jamais été battus.»(Lettre d'un nouvelliste.) CXXX.

Chimie (alchimie?), quatrièmefléau qui ruine les hommes et lesdétruit en détail (?). CVI.

Elle habite tantôt l'hôpital,tantôt les Petites-Maisons. CXXXV.

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Chine. Deux fois conquise parles Tartares. LXXXII.

Les Chinois pensent que leurspères, anéantis dans le Tyen,revivent en eux sur la terre. De là,propagation de l'espèce. CXX.

Ils honorent leurs parentscomme des dieux. Ibid.

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Un conquérant de la Chineobligea ses sujets à se rogner lescheveux ou les ongles. LXI.

Chlorose, doit céder à untonique où entreront des figuresd'Arétin et des passages deSanchez. CXLIII.

Chrétiens (vieux). Ce que c'estque les «vieux chrétiens» enEspagne et Portugal. Leur orgueil.LXXVIII.

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Les chrétiens cultivent les terresen Turquie et sont persécutés parles Pachas. XIX.

Christ. Pas de royaume où il yait eu tant de guerres civiles quedans celui du Christ. XXIX.

Christianisme. Il rend tous leshommes égaux, mais n'empêche pasles rois chrétiens d'autoriser la

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traite des nègres. LXXV.

Il est peu favorable à lapropagation de l'espèce humaine.CXV.

Ses rapports avec lemahométisme au point de vue descroyances. XXXV.

Ses vices sociaux: interdictiondu divorce; création d'eunuques des

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deux sexes; exaltation du célibat.CXV, CXVII, CXVIII.

Christine (de Suède), abdique lacouronne pour se donner à laphilosophie. CXXXIX.

Circassie, pays des bellesesclaves. LXXX, XCVII.

Royaume grand et dépeuplé.CXIII.

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Circoncision. Ablation d'un«petit morceau de chair.» XLVI.

Mesure sanitaire qui délivrel'homme de l'impureté. XXXIX.

Mahomet est né circoncis.XXXIX.

Climats. Ils fixent lestempéraments.

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On n'en sort pas impunément.CXXII.

Cloître. Cinq ou six mots d'unelangue morte y assurent une vietranquille. CXVIII.

Clyster (composition d'un).CXLIII.

Coiffeuses. Supériorité des

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coiffeuses françaises. CI.

Coiffures. Variations descoiffures françaises. C.

Colonies. Elles affaiblissent lamère-patrie sans peupler le pays oùon les établit. CXXII.

Les colonies grecquesapportèrent avec elles un esprit deliberté. CXXXI.

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Colonisation. L'auteur y est peufavorable et n'y voit, sauf exception,qu'une cause de dépopulationintérieure et extérieure. CXXII.

Il voudrait la borner àl'occupation de places pour lecommerce. Ibid.

Com. (Ville de).

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C'est là qu'est le «tombeau de laVierge qui a mis au monde douzeprophètes.» Lettres I, XVII.

Commentateurs. Arméeeffroyable des glossateurs, decommentateurs, jurisconsultes. CI.

Ils peuvent se dispenser d'avoirdu bon sens. CXXXV.

Commerce. Plus il y a

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d'hommes, plus il fleurit; plus ilfleurit, plus il y a d'hommes. CXVI.

Communisme. Montesquieusemble avoir attribué quelquesavantages à l'indivision: «Le peupleTroglodyte se regardoit comme uneseule famille: les troupeaux étoientpresque toujours confondus; laseule peine qu'on s'épargnoitordinairement, c'étoit de lespartager.» Lettre XII.

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Compères. Le rôle descompères dans les conversations dumonde. LIV.

Compilateurs. Contre leursplagiats stériles. LXVI.

Les compilateurs de lois etd'ordonnances. CI.

Conception. Mahomet ne veutpas que la femme conçoive dans

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l'état d'impureté. XXXIX.

Confesseur, son rôle près d'unvieux et d'un jeune roi. CVIII.

Congrès. «Épreuve aussiflétrissante pour la femme qui lasoutient que pour le mari qui ysuccombe.» LXXXVII.

Conquête. «La conquête nedonne point un droit par elle-

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même.» XCVI.

Funestes nécessités de laconquête lorsqu'elle est lointaine:extermination des vaincus etépuisement des vainqueurs. CXXII.

Les conquêtes des Espagnolsmarquées par la ruine descampagnes. LXXVIII.

Conscience. Inhumanité de ceux

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qui affligent la conscience desautres. LXXXVI.

Conseils. Six ou sept conseilsremplaçant les ministres ont pusagement administrer la France.CXXXVIII.

Consolations. Vanité de cellesqu'on tire «de la nécessité du mal,de l'inutilité des remèdes, de lafatalité du destin, de l'ordre de laprovidence.» XXXIII.

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Conspirations fréquentes enOrient. Pourquoi? CIII.

Constantinople menacée dedépopulation par la polygamie.CXV.

Les transports de peuples qu'ony a faits n'ont jamais réussi. CXXII.

Constitution (Bulle de 1710)

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mal accueillie par les Français,surtout par les femmes. Louis XIVl'accepte. XXIV.

Les constitutions des papes,adoptées par la jurisprudencefrançaise. CI.

Influence de la constitution ducorps sur les croyances religieuses.LXXV.

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Conte persan. Anaïs dans leparadis. CXLI.

Continence. Chez les chrétiens,c'est la vertu par excellence (bienque le mariage soit saint:contradiction); elle a anéanti plusd'hommes que les pestes et lesguerres les plus sanglantes. CXVIII.

Conversation. Influence qu'ontdans les conversations les chosesinanimées, bruit du carrosse et du

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marteau, habit brodé, perruqueblonde, tabatière, canne, gants.LXXXIII.

Coquetterie. «Un peu decoquetterie est un sel qui pique etprévient la corruption.» XXXVIII.

Corps. Les grands corpss'attachent aux minuties, aux vainsusages. CX.

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Corruption remarquée dans lesIndes (en France), œuvre dusystème de Law. Peinture énergiquedes hontes de l'agiotage. CXLVI.

Cosrou, eunuque blancamoureux de Zélide. LIII.

Cour. La vertu et la sincérité ysont périlleuses. Lettre VIII.

Courbe selon laquelle un

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vaisseau doit être taillé. XCVIII.

Courouc. Ordre qui, en Perse,écarte les hommes du passage desfemmes de qualité. XLVII.

Courtisans. Par quels servicesils gagnent des libéralités desprinces, CXXV, et leurs faveurs,notamment celles de Louis XIV.XXXVIII.

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Coutumes. Multiplicité descoutumes des provinces en France.La plupart rédigées d'après le droitromain. CI.

Couvent. Famille éternelle où ilne naît personne; gouffre oùs'ensevelissent les races futures.CXVIII.

Création. Peut-on croire qu'ellen'ait eu lieu qu'il y a 6,000 ans?Plus tôt, Dieu n'a-t-il pas voulu?

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n'a-t-il pas pu? CXIV.

Cuisiniers. Le goût descuisiniers français règne duseptentrion au midi. CI.

Czar, son autorité despotique.LI.

D

Débiteurs avares qui ruinent

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leurs créanciers par des payementsfictifs. CXLVI.

Décadence romaine. Passagequi contient en germe un des chefs-d'œuvre de Montesquieu. CXXXVI.

Décisionnaire. Homme contentde lui qui tranche sur tout, morale,science, histoire, nouvelles. LXXII.

Défense. Elle rend la guerre

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légitime. Quand un traité a privéune société de «sa défensenaturelle,» elle peut la reconquérirpar la guerre. XCVI.

Déluge. Hypothèses deplusieurs déluges. CXIV.

Dépopulation. Catastropheinsensible.

Elle croît depuis les temps les

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plus reculés, dans tous les pays dumonde connu. CXIII.

Ses causes physiques, CXIV, etmorales, CXV, dans les paysmusulmans, CXVI, et chrétiens,CXVII, CXVIII; en Afrique et enAmérique, CXIX; chez lessauvages, CXXI; dans les colonies,CXXIII.

Dervis (Lisez prêtres oumoines.) LVII;

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Dervis taciturnes: ChartreuxLXXXIII.

On souhaiterait que les dervis«se retranchassent tout ce que leurprofession leur rend inutiles.» Ibid.

Société de gens avares quiprennent tout et ne rendent rien. Lesdervis catholiques accaparent lesrichesses de l'État, paralysent la

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circulation, le commerce et les arts.CXVIII.

Comment ils administrent leursbibliothèques. CXXXIII.

Déserts. Pays déserts par vicede nature ou destruction de peuples.CXXII.

Désespoir. Il égale la faiblesseà la force. XCVI.

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Désirs. Malheur d'une femmequi a des désirs violents lorsqu'elleest privée de celui qui peut seul lessatisfaire. VII.

Despote, despotisme. Ledespote menacé par l'excès mêmede son autorité. LXXXII, CIII.

Le despotisme tue l'émulation,XC; conduit au régicide impuni.

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CIV.

Devins. Ils vous diront toutevotre vie, «pourvu qu'ils aient eu unquart d'heure de conversation avecvos domestiques.» LVIII.

Dévot. Dévot ou incrédule paraccès, caractère du chrétien. LXXV.

«Si dévots qu'ils sont à peinechrétiens» (les Espagnols).

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LXXVIII.

Le dévot adore tout ce qu'ilvénère, attribue à de petitespratiques monacales la mêmeefficacité qu'aux sacrements. Ibid.

Dictionnaire. Le dictionnaire deFuretière et celui de l'Académie.LXXIII.

Didon. On ignore la suite des

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princes africains depuis Didon.CXXXI.

Dieu. Les hommes le font à leurimage. Dieux nègres, Vénushottentote; «si les triangles faisoientun dieu, ils lui donneroient troiscôtés.» LIX.

«Ils ont fait une énumération detoutes les perfections différentesque l'homme est capable d'avoir etd'imaginer, et en ont chargé l'idée

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de la divinité.»

Quoique tout-puissant, Dieu «nepeut pas violer ses promesses, nitromper les hommes.»

Comment pourrait-il prévoir cequi n'est pas encore?

La prescience divine estdiscutée et discutable. Peut-êtren'est-elle qu'intermittente, quand

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Dieu veut qu'une chose arrive. Entout cas elle est contradictoire etsupprime la liberté, le mérite et ledémérite, tels que lesmétaphysiciens les définissent.LXIX.

«Dieu est si haut que nousn'apercevons pas même sesnuages.» LXIX.

Dieu défend-il le suicide?LXXVI.

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S'il y a un Dieu, il faut qu'il soitjuste... Il serait le plus méchant detous les êtres puisqu'il le serait sansintérêt.

Docteurs qui représentent Dieutantôt comme un être mauvais, tantôtcomme un être qui hait le mal.LXXXIV.

Comment comprendre que Dieu

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ait différé, durant toute l'éternité, lacréation du monde?—Il n'y a pointen lui de succession. CXIV.

Directeur. Portrait du directeurde consciences. XLVIII.

Discours prononcé par ungénéral de la Fronde. CXII.

Disgrâce. Pour un Persan, ladisgrâce du prince, c'est la mort.

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Aussi les révoltes coûtent-elles peuaux Orientaux.

Pour les grands d'Europe, ladisgrâce n'est que défaveur, exil.CIII.

Dissimulation. Art nécessaire etpratiqué chez les Asiatiques. LXIII.

Distinction. Procédé jésuitique,raillé. XXIX.

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Les distinctions des avocats oudes scolastiques. XXXVI.

Une «distinction» sur unmorceau de papier, remède contrela gale, la gratelle, etc. CXLIII.

Divorce. Autorisé par lepaganisme. CXV.

Il contribuait à l'attachement

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mutuel CXVII.

Son interdiction peu judicieuserelâche les liens que lechristianisme prétend resserrer, etporte atteinte à la fin du mariage.Ibid.

Elle engendre la froideur dansle ménage, livre aux filles de joiel'homme dégoûté d'une épouseéternelle et nuit à la propagation del'espèce. Ibid.

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Docteurs qui représentent Dieucomme un être qui fait un exercicetyrannique de sa puissance, etc.LXXXIV.

Don Quichotte. Le seul deslivres espagnols «qui soit bon estcelui qui a fait voir le ridicule detous les autres.» LXXVIII.

Droit barbare. Lois franques,

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etc., abandonnées pour le droitromain. CI.

Droit canon. Constitutions despapes (Décrétales), adoptées parles Français. Ibid.

Droit civil. Il règle les affairesdes particuliers.

Identité rationnelle du droitcivil et du droit public. XCV.

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Droit coutumier presquetoujours modifié selon le droitromain. CI.

Droit des gens (voyez Droitpublic), doit prohiber les inventionsmeurtrières. CVI.

Droit public faussé par lespassions des princes, la patiencedes peuples, la flatterie des

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écrivains; science qui apprend auxprinces jusqu'à quel point ilspeuvent violer la justice. XCV.

Le droit public devrait êtreconsidéré comme un droit civilétendu au monde entier. Ibid.

Il est plus connu en Europequ'en Asie. Ibid.

Sanctions du droit public: la

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guerre; les représailles; lasuppression des avantages mutuels;la renonciation aux alliances.XCVI.

Les principes du droit publicsont ceux du droit privé. Ibid.

Droit romain. Fond du droitfrançais, rédigé en partie par lesByzantins. CI.

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Droits surannés rétablis audétriment du peuple par les fauteursd'intrigues princières. CXLV.

Duel. Edit de Louis XIV contreles duels, loué par un homme qui«reçut cent coups de bâton pour nele pas violer.» LIX.

Contradiction entre les lois dela nation et les lois de l'honneur.

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Inutilité et injustice des lois surle duel. XCI.

Sottise du duel, qui met le droità la merci de la force ou del'adresse corporelle.

Injustice du duel par champions.

Rôle des seconds.

Le duel survit à toutes les

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interdictions et à toutes les peines.Ibid. XCI.

E

Eau froide pour les ablutions dumatin. XLVI.

Manque à Venise pour lespurifications musulmanes.

(Voir Venise.)

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Ecclésiastiques. On leurdemande de prouver ce qu'on estrésolu de ne pas croire. LXI,LXXV.

Ecriture sainte. Tortures que luiinfligent les glossateursecclésiastiques. CXXXIV.

Diversité des interprétations.Ibid.

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Edit de Nantes. «En proscrivantles Arméniens (les protestants), onpensa détruire en un seul jour tousles négociants et presque tous lesartisans du royaume.»

Coup porté à l'industrie par ladévotion. LXXXVI.

Education. Tristes résultats decelle que les enfants, en Orient,

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reçoivent des esclaves. XXXIV.

Education des femmes. Entre leshommes et les femmes, «les forcesseroient égales si l'éducation l'étoitaussi.» XXXVIII.

Egalité. L'égalité civique,amenant l'égalité des fortunes portel'abondance et la vie dans toutes lesparties du corps politique. CXXIII.

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Chez les Guèbres la femme étaitl'égale de son mari. LXVII.

Eglise. L'histoire de l'Église etdes Papes, faite pour édifier,produit l'effet contraire. CXXXVI.

Egypte dépeuplée. CXIII.

Egyptiens. Autorité de la femmeétablie chez eux par une loi enl'honneur d'Isis. XXXVIII.

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Eléphant. Ses ordures fontpencher l'arche et engendrent lepourceau. XVIII.

Emollients. Molina, Escobar,Vasquez, etc., en clystère. CXLIII.

Empire romain. Gouvernementmilitaire et violent sous lequelgémit l'Europe. CXXXI.

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Démembré par les barbares.Ibid.

Empire d'Allemagne (voyezAllemagne).

Empires comparés à un arbredont les branches trop étenduesôtent le suc du tronc. CXXII.

Enfants. Les enfants nés dans lamisère, ou issus de mariages

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précoces, meurent en bas-âge ouforment des générations étiolées.CXXIII.

Tout enfant né dans le mariageest censé être au mari. LXXXVII.

Enrhumé. «Tout Espagnol quin'est pas enrhumé ne saurait passerpour galant.» LXXVIII.

Eole. Fils qu'il eut d'une

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nymphe de la Calédonie (Law), etauquel il apprit l'art d'enfermer duvent dans des outres.

Voyages de ce fils encompagnie du dieu du hasard; sonséjour en Bétique (France); sesdiscours; il escamote la fortune descrédules auditeurs. CXLII.

Epée (gens d'), méprisent lesgens de robe, qui le leur rendent.XLIV.

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Epigrammes. Petites flèchesdéliées qui font une plaie profonde.CXXXVII.

Episodes intercalés. LesTroglodytes. XI-XIV.

Aphéridon et Astarté. LXVII.

L'immortelle Anaïs. CXLI.

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Fragments d'un mythologiste.CXLII.

Epitaphe d'un Français mort delassitude en la soixantième année deson âge. LXXXVIII.

Epopées. Les connaisseursdisent qu'il n'y en a que deux etqu'on n'en peut plus faire.CXXXVII.

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Equité. «Libres que nousserions du joug de la religion, nousne devrions pas l'être de celui del'équité.» LXXXIV.

Erivan, ville où s'achètent lesesclaves géorgiennes etcircassiennes. LXXX.

Erzeron (Erzeroum), ville deTurquie d'Asie. Lettres IV, V, VI,XVI.

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Esclavage aboli par les roisdans leurs États, rétabli dans leursconquêtes. Pour quelles raisons?LXXVI.

Esclaves. Leur dégradationmorale; danger de leurfréquentation. XXXIV.

Esclaves romains. Leurmultiplication favorisée; leurpécule, leurs industries; aisancedans la servitude, espoir de liberté;

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affranchissement et libération.CXVI.

Escobar. Casuiste espagnol(XVIe-XVIIe siècles). Emollient.CXLIII.

Espagne, espagnols. Espagnolset Portugais, deux peuples qui«méprisant tous les autres, font auxseuls François l'honneur de leshaïr.» Orgueilleux, ennemis de touttravail, amoureux, dévots jusqu'à

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enfermer leurs femmes avec unnovice ou un franciscain; jaloux;leurs politesses bizarres; leurignorance. Extravagance de leurslivres. LXXVIII.

L'abaissement de l'Espagnecorrespond aux progrès duprotestantisme. CXVIII.

L'inquisition en Espagne. XXIX,LXXVIII.

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Dépopulation. CXIII.

L'expulsion des maures. CXXII.

Les Espagnols ont étélogiquement conduits à massacrerles indigènes de leurs colonies.

Ils n'ont pu repeuplerl'Amérique dévastée par eux. Aulieu de passer aux Indes, ils feraientmieux de rappeler en Espagne tous

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les métis et tous les indiens. CXXII.

Dans l'Espagne, ou Hespérie, autemps des colonies grecques, on nevoit guère de monarchies. CXXXI.

Résumé de l'histoire d'Espagne.Expulsion des princes mahométans.Eclat momentané, fausse opulence.La nation vit sur l'orgueil de sonpassé. CXXXVI.

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Esprit (homme d'). Portrait del'homme d'esprit, ses défauts, sesennuis. CXLV.

Estomac, son influence surl'intensité des croyancesreligieuses. LXXV.

États. Il y a en France troisétats: église, épée, robe, qui seméprisent mutuellement. XLIV.

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États. Les plus puissants Étatsde l'Europe sont l'Empire, laFrance, l'Espagne et l'Angleterre.CIII.

Eunuques. Leurs fonctions,devoirs; situation dans le sérail. II,XV.

Plaintes contre leur autorité. IV,VII, IX, CLVI-CLIX.

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Leur état détruit l'effet despassions sans en éteindre la cause,IX; leur jalouse impuissance, leurssouffrances. Ibid.

Confiance et mépris de leursmaîtres. XXI.

Leur position entre les deuxsexes. XXII.

Leurs mariages. LII, LXVII.

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Ils n'ont pas sur leurs femmes lamême autorité que les autres maris.LXVII.

Leur multitude en Asie est unecause de dépopulation. CXV.

Voir encore CXLVII-CLXI.

Eunuques (blancs). L'eunuqueblanc n'a pas d'accès près des

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femmes; Nadir, eunuque blanc,trouvé seul avec Zachi, est menacéde mort par Usbek. XXI.

Le chef des eunuques blancssévèrement blâmé. XXII.

Passion de Cosrou, eunuqueblanc, pour Zélide. Sorte de voluptéque les eunuques goûtent, dit-on,dans le mariage. LIII.

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Eunuques (noirs), chargésspécialement de la direction desfemmes dans le sérail, de l'examenet de l'achat des esclaves, descorrections, même manuelles.Passim.

Histoire du grand eunuque noir,racontée par lui-même. IX, LXIV.

Ce qui lui arrive en mettant unefemme au bain. IX.

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Tours que lui jouent les femmes.

Châtiment obtenu contre lui parune femme, dans un de ces momentsoù le mari ne refuse rien.

Il veut mutiler un esclave noirqui résiste, XLI, XLII.

Achète une Circassienne.LXXX.

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Une femme jaune de Visapour.XCVII.

Sa mort; désordres qui lasuivent. CXLIX.

Eunuques chrétiens. Prêtres etdervis de l'un et l'autre sexe.CXVIII.

Agents de dépopulation. Ibid.

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Europe. Sa capitale, Paris.XXIII.

Ses plus puissants États, laplupart monarchiques. CIII.

Européens. Ils font tout lecommerce des Turcs, XIX; aussipunis par une peine légère que lesAsiatiques par la perte d'unmembre. LXXXI.

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Evêques, gens de loisubordonnés au pape; unis au papeils font des articles de foi; enparticulier, ils dispensentd'accomplir la loi. XXIX.

Evêque vantant son mandement.CII.

Extravagance humaine. Apropos des pompes funèbres. XL.

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F

Famille. Puissance paternellechez les Romains. LXXIX.

Chez les Français, les famillesse gouvernent toutes seules.LXXXVII.

Leurs différends portés devantles tribunaux. Ibid..

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Les membres de la famille nesont liés que par l'amour et lagratitude. CV.

Infériorité de la famillepolygamique. VII, CXV, XXXIV.

Fat. Son portrait. L.

Fatalisme musulman. Cause dedépopulation. CXX.

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Fatmé rappelle à Usbek sabeauté, lui raconte ses désirsamoureux et les soins qu'elle prendde sa personne. VII.

Faveur. C'est la grande divinitédes Français. LXXXIX.

Félicitations. Tout pour lesFrançais est matière à félicitationset compliments. LXXXVIII.

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Femme jaune de Visapour,achetée cent tomans. Sa beautésupérieure à «tous les charmes de laCircassie.» XCVII.

Femmes. Liberté des femmeseuropéennes. XXIII, XXVI.

Indignation des Françaisescontre la Constitution (bulle de1710) qui leur interdit la lecture dela Bible. XXIV.

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Coquetterie des Françaises detout âge. LII.

Leur légèreté, leurs infidélitésqui ne choquent personne. LV.

«Ce n'est pas qu'il n'y ait desdames vertueuses... mais si laidesqu'il faut être un saint pour ne pashaïr la vertu.» Ibid.

Les femmes, surtout lorsqu'elles

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vieillissent, s'adonnent au jeu avecpassion. LVI.

Comment elles ruinent leursmaris. Ibid.

Vieilles femmes qui onttravaillé tout le matin à se rajeuniret passent le soir à louer le tempsde leur jeunesse. LIX.

Leur situation en Espagne; elles

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laissent souvent aux hommes «unlong et fâcheux souvenir d'unepassion éteinte.» LXXVIII.

Les femmes adorent ceux quisavent parler sans rien dire.LXXXIII.

La loi naturelle soumet-elle lesfemmes aux hommes?

Chez les peuples les plus polis,

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les femmes ont de l'autorité surleurs maris.

Les hommes, dit Mahomet, ontun degré sur elles. XXXVIII.

En France, les femmesgouvernent, distribuent les faveurset les places. CVIII.

Elles forment une sorte derépublique (nous dirions franc-

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maçonnerie). Ibid.

Gravité du rôle d'une joliefemme. CXI.

Femmes (musulmanes). (Voirsérail). La femme, selon Mahomet,est d'une «création inférieure;» ellen'entrera pas dans le paradis.XXIV.

«Les femmes sont vos

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labourages, elles vous sontnécessaires comme vos vêtements,et vous à elles,» dit le prophète.CXV.

Quatre femmes, permises par laloi, et autant de concubines qu'unhomme en peut entretenir etsatisfaire. Ibid.

Fermier général. Portrait dufermier général suffisant. XLVIII.

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Ceux qui lèvent les tributsnagent au milieu des trésors. XCIX.

Leur situation terrible devant lachambre de justice. Ibid.

Fermiers. En vain les accable-t-on de frais; ils payent leurs loyerstoujours en retard. CXXXII.

Fidélité. La fidélité n'empêchepoint le dégoût qui suit les passions

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satisfaites. XXXVIII.

Filles. Fille modeste avouantdevant les juges les tourments d'unetrop longue virginité. LXXXVII.

Filles ravies ou séduites; ellesfont les hommes beaucoup plusmauvais qu'il ne sont. Ibid.

Les filles des laquaisenrichissent les seigneurs ruinés.

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XCIX.

En Europe, on sait à la minute lemoment où elles cessent de l'être.En Orient, quoique mariées, elles sedéfendent longtemps. LV.

Filles de joie. Il y en a à Parisautant que de dervis. LVII.

L'interdiction du divorce leurlivre les maris désespérés. CXVII.

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Filles musulmanes confiées auxeunuques noirs dès leur septièmeannée; quelquefois on attend leurdixième. LXII.

Finances. En trois ans quatresystèmes. Bouleversées par Law.CXXXVIII.

Financiers. Leurs bureaux, leursinventions, leur impertinence

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CXXXVIII.

Flamel (Nicolas), a découvertla pierre philosophale. XLV. (Lalégende paraît avoir fait sans raisonun alchimiste de Flamel, richeécrivain—juré de l'Université deParis, mort en 1418.)

Fléchier (M. de N.). Sesoraisons funèbres ne peuvent entrerdans le vomitif indiqué par lemédecin de province. CXLIII.

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Flegme des grands seigneurs.LXXIV.

Des Espagnols et Portugais.LXXVIII.

Formalités. pernicieuses dans lajurisprudence et dans la médecine.CI.

Fortune. Instabilité des fortunes

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en France. (Allusion à Law.) XCIX.

Fouet. Châtiment qu'on infligeaux femmes persanes. CLVII.

Fous. Les Français «enfermentquelques fous dans une maison,pour prouver que les autres ne lesont pas.» LXXVIII.

Fragment d'un ancienmythologiste, sur le fils d'Eole,

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Law. CXLII.

Français. Leur activité: «ilscourent, ils volent.» XXIV.

Leur vanité, exploitée par LouisXIV, Ibid.

Le roi les fait penser comme ilveut. Ibid.

Leurs perpétuelles accolades.

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XXVIII.

Leur gaieté, leur liberté d'espritinconnues aux Persans et aux Turcs.XXXIV.

Ils parlent beaucoup. LXXXIII.

Leur badinage. LXIII.

Leurs modes. C.

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Leur prééminence en toilette,cuisine, coiffures. CI.

Leur amour de la gloire. XC.

Ils ont pris de leurs voisins toutce qui concerne le gouvernementpolitique et civil. CI.

Leur droit écrit, coutumier etcanonique. Ibid.

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France. Sa population n'est rienen comparaison de celle del'ancienne Gaule. CXIII.

Un des plus puissants Étatsd'Europe. CIII.

Allusion à la guerre avecl'Espagne, sous la Régence.CXXXII.

G

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Gaité. Gaieté des Français,inconnue des Persans, surtout desTurcs. XXXIV.

Gale. Remède recommandécontre la gale, gratelle, teigne, etc.CXLIII.

Galice, province d'Espagne,lieu de pèlerinage. XXIX.

Gardes. En quelle occasion les

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rois de France se donnèrent desgardes. CIII.

Gaules. Colonies grecques dansles Gaules.

Dans les temps les plus reculés,on ne voit guère de monarchies chezles Gaulois. CXXXI.

Gemchid (nom du fondateurlégendaire de la royauté Perse),

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dervis du brillant monastère deTauris. Usbek lui énumère lesconformités du christianisme et del'islamisme, et lui demande si leschrétiens iront en enfer. XXXV.

Généalogiste. Pauvre métier.Espérances que fonde ungénéalogiste sur les enrichissementssubits dûs au système de Law.CXXXII.

Gênes, république, qui n'est

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remarquable que par ses bâtiments.CXXXVI.

Gengiskan, ses conquêtes misesau-dessus de celles d'Alexandre.LXXXII.

Géomètre. Esprit exclusif d'ungéomètre, sa rencontre avec untraducteur d'Horace. CXXIX.

Les géomètres obligent un

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homme malgré lui d'être persuadé.CXXXV.

Géorgie, royaume jadis vassalde la Perse. XCII.

Gloire. C'est une nouvelle viequ'on acquiert.

Le désir de la gloire croît avecla liberté; la gloire n'est jamaiscompagne de la servitude.

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Amour des Français pour lagloire. XC.

Glossateurs, peuvent sedispenser d'avoir du bon sens.CXXXV.

Goa. Les habitants de Goaprêtent vingt mille pistoles sur unedes moustaches de Jean de Castro.LXXVIII.

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Gortz (baron de), ministresuédois condamné à mort. CXXVIII.

Goths, déposaient leurs rois dèsqu'ils n'en étaient pas satisfaits.CXXXI.

Gouvernements, monarchiquesen Europe, avec tempéraments;absolus en Orient. CIII.

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Diversité des gouvernements enEurope. Le plus parfait est celui quiva à son but à moins de frais et quiconduit les hommes selon leurinclination.

Supériorité rationnelle d'ungouvernement doux. LXXXI.

La douceur du gouvernement,les républiques, Suisse et Hollande,en sont une preuve constante,contribue à la propagation de

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l'espèce. CXXIII.

Grace. Le droit de grâce,attribut des rois en Europe. CIII.

Grammairiens, peuvent sedispenser d'avoir du bon sens.CXXXV.

Grands. En Perse, il n'y a degrands que ceux à qui le monarquedonne quelque part au

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gouvernement. LXXXIX.

Gravitation, la clef de la nature.XCVIII.

Gravité. Causes de la gravitédes Asiatiques. XXXIV.

La gravité est le caractèresaillant des Espagnols et desPortugais. LXXVIII.

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Grèce, aujourd'hui réduite à lacentième partie de ses habitants.CXIII.

Tira ses colonies d'Egypte etd'Asie, renversa ses tyrans, sedivisa en républiques qui tinrent enéchec la Perse, répandirent les arts,peuplèrent l'Italie, colonisèrent laGaule, et l'Espagne. CXXXI.

Guèbres. Antiquité de leurreligion; mariage de la sœur avec le

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frère, «usage introduit parCambyse» (?) LXVII (Aphéridon etAstarté).

La persécution a privé la Persede «cette nation si appliquée aulabourage» (allusion à l'édit deNantes). LXXXVI.

Guerre. Deux sortes de guerresjustes: pour défendre le sol, poursecourir un allié.

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La guerre, c'est la peine de morttransportée dans le droit public.

La déclaration de guerre estrégie par les mêmes principes quel'accusation en droit privé. XCVI.

Il n'y a jamais eu autant deguerres civiles que dans l'empire duChrist. XXIX.

Les guerres de religion ne sont

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pas dues à la multiplicité desreligions, mais à l'intolérance.LXXXVI.

Guerrier. Vanité et babil duvieux guerrier. Les officiersmédiocres languissent dans lesemplois obscurs. XLVIII.

Guilan, province où Cha-Abbasdéporta les Arméniens. CXXII.

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Guinée. Vanité d'un roi deGuinée dont tous les ornementsconsistaient en sa peau noire etluisante et quelques bagues. XLIV.

Ses côtes dépeuplées par latraite des nègres;

Ses rois vendent leurs sujets.CXIX.

Guitare. Abus qu'en font les

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Espagnols. LXXVIII.

Guriel, petit État d'Asie, peupeuplé. CXIII.

Gustape (Hystaspe), nom d'unhéros perse, quatrième roi del'antique dynastie Kaïanienne, souslequel vivait Zoroastre. LXVII.

Les Tartares se sont assis sur letrône de Cyrus et Gustape. LXXXII.

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H

Habillement, son influence surla curiosité publique en France.XXX.

Hagi, qui a fait le pèlerinage dela Mecque. XXXIX.

Hassein, dervis de la montagnede Jaron. Usbek lui adresse la lettre

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sur les philosophes rationalistes.XCVIII.

Hérésie. Les savants en sontnaturellement accusés. CXLV.

Hérétiques. Ceux qui mettent aujour quelque proposition nouvellesans avoir présenté au moins unedistinction. XXIX.

Brûlés par les dervis en

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Espagne et Portugal. LIX, LXXVIII.

Allusion à l'édit de Nantes. LIX.

Héros, se ruinent à conquérirdes pays qu'ils perdent soudain.CXXII.

Les héros de roman français etorientaux. CXXXVII.

Hibernois (?), chassés de leur

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pays, viennent utiliser en Franceleur talent pour la dispute. XXXVI.

(Note de l'édition Lefèvre.1820.)

Historiens de l'Église, de ladécadence romaine, de l'empired'Allemagne, de France, d'Espagne,d'Angleterre, de Hollande, d'Italie,de Suisse, de Venise, de Gênes, duNord, de la Pologne.

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Caractère et destinée desdifférents peuples. CXXXVI.

Hohoraspe (le cheval del'asoura ou le cheval-être), divinitépersique (?), nom donné à unfabuleux Cambyse, père de Gustapeet troisième roi de la dynastieKaïanienne. LXVII.

Hollande, république citée avecéloge. LXXII.

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Seconde reine de la mer,respectée en Europe, formidable enAsie. CXXXVI.

Les Hollandais poussèrent lescolonies portugaises à la révoltepour s'en emparer. CXXII.

Homère. Dispute sur les poëmeset le mérite d'Homère. XXXVI.

Hommes (en général) nés pour

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être vertueux; la justice leur estaussi propre que l'existence. X.

Ils rapportent tout à leurs idées,XLIV; à leurs souvenirs, LIX;s'exagèrent leur place dansl'univers, LXXVI; cèdent tropvolontiers aux passions et à l'intérêtimmédiat qui leur voilent lesavantages de la justice, sinécessaire à leur sécurité et à leurbonheur. LXXXIV.

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La fausseté de leurs espéranceset de leurs craintes les rendmalheureux. CXLIII.

Il semble que le fait d'êtreassemblés en grand nombrerétrécisse leur esprit. CX.

Ils n'ont sur les femmes qu'unpouvoir tyrannique. Ils sont les plusforts. XXXVIII.

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Les soupçons et la jalousie lesmettent dans la dépendance desfemmes. LXII.

Hommes lâches quiabandonnent leur foi pour unemédiocre pension. CXLV.

Hommes a bonnes fortunes, leurfatuité, leur indignité sociale.XLVIII.

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Honneur. Le sanctuaire del'honneur, de la réputation et de lavertu, semble être établi dans lesrépubliques.

Un sujet blessé dans sonhonneur par son prince quitte sur-le-champ sa cour, son emploi, sonservice. XC.

Huguenots. La persécution quiles a jetés en exil n'a point profité àla France. LX.

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Humanité. Les devoirs del'humanité priment les règles de lareligion. A ce point que toutes lesreligions les ont inscrits en tête deleurs préceptes. XLVI.

I

Ibben, un des correspondantsordinaires d'Usbek et de Rica,négociant à Smyrne, oncle deRhédi. XXIII, XXIV, XXV, XXIX,

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XXX, XXXIV, XXXVII, XXXVIII,XL, LV, LVI, LX, LXVIII, LXXVI,LXXVII, LXXXIII, XC, CXIX,CIII-CV, CVIII, CXXVIII,CXXXVIII.

Ibbi, esclave qui a suivi Usbek,correspondant du grand eunuquenoir. IX.

Ibbi (hagi), écrit à Ben Josuésur la naissance merveilleuse deMahomet. XXXIX.

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Ignorance. Les monarchies n'ontété fondées que sur l'ignorance et nesubsistent que par elle, témoins lesroyautés d'Orient. CVI.

Heureuse ignorance desmusulmans. Ibid.

Ignorants. Un ignorant sedédommage en méprisant le mérite.CXLV.

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Iles peuplées par des maladesque quelques vaisseaux y avaientabandonnés. (L'île de France et laRéunion.) CXXII.

Immaums (Imans), saints etprophètes musulmans. Il y en adouze (les douze premierssuccesseurs de Mahomet).Treizième iman est un complimentcomme dixième muse. Les imanssont des prêtres chargés de faire la

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prière publique, de prêcher levendredi; ils assistent à lacirconcision, aux mariages, auxenterrement XVI, XCIV.

Immeubles. Deux appréciationsde ce genre de biens. CXXXII.

Immortalité (de l'âme). On ycroit par semestre. LXXV,

Pour «mourir du côté de

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l'espérance.» Ibid.

Impie. Impie ou dévot, selon letempérament, la digestion, la santé.LXXV.

Impôts. Ils pèsent surl'agriculture, l'industrie, CXXV,

Et la nourriture du peuple. Ibid.

Le vin, très-imposé, est cher à

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Paris. XXXIII.

Impureté, viandes immondes,impureté des cadavres.

«Les choses ne sont en elles-mêmes ni pures, ni impures... Laboue ne nous paroît sale que parcequ'elle blesse notre vue ou quelqueautre de nos sens.» XVII.

Légende musulmane sur

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l'impureté du cochon et du rat. XIX.

Inde. Les «hommes de chairblanche» dans l'Inde. Leur orgueil.LXXVIII.

Industrie. Les revenusindustriels supérieurs à ceux del'agriculture.

Avec une pistole de couleurs lepeintre en gagne cinquante, etc., etc.

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CVII.

Infaillibilité de ceux quel'Esprit-Saint éclaire—et qui ontgrand besoin d'être éclairés. CII.

Injustice. Les hommes peuventfaire des injustices, parce qu'ils ontintérêt de les commettre; nul n'estmauvais gratuitement. LXXXIII.

Inquisition. Elle sévit en

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Espagne et en Portugal. Sa cruautéet son hypocrisie. XXIX.

Elle ne fait jamais brûler un juif«sans lui faire des excuses.»LXXVIII.

Elle présume l'accusé coupable.XXIX.

Instabilité des honneurs et desfortunes en Orient. Aujourd'hui

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général, cuisinier demain. XC.

Intercesseur. Chrétiens etmahométans croient à la nécessitéd'un intercesseur auprès de Dieu.XXXV.

Intérêt. «L'intérêt particulier setrouve dans l'intérêt commun.» XII.

La raison de l'injustice esttoujours «une raison d'intérêt.»

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LXXXIV.

Leur intérêt est toujours cequ'ils (les hommes) voient le mieux.Ibid.

«L'intérêt est le plus grandmonarque de la terre.» CVII.

Interprètes, ont cherché dansl'Ecriture la confirmation de leursidées particulières. CXXXIV.

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Intolérance, ses résultatsfunestes, son iniquité. LXXXVI.

Intrigants, souffleurs, magiciens,devins, femmes fardées, gens de loi,maîtres de langues et d'arts,boutiquiers, etc. LVIII.

Invalides. Éloge des Invalides.LXXXV.

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Irimette, petit royaume voisin dela Perse. CXIII.

Fort dépeuplé. Ibid.

Irréligion. Les savants en sontnécessairement accusés. CXLV.

Isben-Aben, historien arabe.XXXIX.

Isis, divinité égyptienne,

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symbolisant l'autorité de la femme.XXXVIII.

Ispahan (ville des chevaux, oudu soleil considéré comme lecoursier céleste), capitale de laPerse, dépérit et serait changée endésert par la polygamie, si les roisn'y transportaient sans cesse desnations entières. CXV.

Italie, partagée en un nombreinfini de petits États ouverts comme

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des caravansérails. CIII.

Au temps des premièrescolonies grecques, il n'y avait guèrede monarchies en Italie. CXXXI.

Jadis maîtresse du monde,aujourd'hui esclave des autresnations. CXXXVI.

J

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Jalousie. Jalousie musulmane.VI.

Jalousie française. LV.

Jalousie espagnole. LXXVIII.

La jalousie des hommes prouveleur dépendance. LXII.

Jalousie mutuelle des sectesreligieuses; elle descend jusqu'aux

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particuliers. LXXXVI.

Jaloux. Ridicules en France.LV.

Jamblique, purgatif. CXLIII.

Jansénistes, désignés. XXIV.

Japhet raconte, par ordre deMahomet, les légendes de l'arche deNoé. XVIII.

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Jaron, eunuque noir encorrespondance avec le grandeunuque. XV, XXII.

Jésuites. Constitution desJésuites, purgatif violent;

Pièces des Jésuites français,vomitif puissant. CXLIII.

Jeu. «Très en usage en Europe:

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c'est un état que d'être joueur.» LVI.

Les jeux de hasard interdits parMahomet. Ibid.

Jeunes. Les chrétiens en ontcomme les musulmans. XXXV.

Joueuses, leur portrait. LVI.

Journalistes. Ils ne parlent quedes livres nouveaux et flattent les

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auteurs. CIX.

Journaux. Livres par fragments.Leurs avantages et leurs défauts.

Ils flattent la paresse. CIX.

Judaïsme, «vieux tronc qui aproduit deux branches qui ontcouvert toute la terre.» LX.

Juges. Ils ne s'enflent point

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d'une vaine science. Les avocatstravaillent pour eux. LXVIII.

Ils présument qu'un accusé estinnocent. XXIX.

Juifs. Ils font en France ce qu'ilsfont en Perse. Leur obstinationinvincible pour leur religion. LX.

«Ils n'ont jamais eu dansl'Europe un calme pareil à celui

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dont ils jouissent... On s'est maltrouvé en Espagne de les avoirchassés.» Ibid.

Les Juifs lèvent les impôts enTurquie; persécutés par les pachas.XIX.

Ils achètent les enfants. LXVII.

Les Juifs se maintiennent etmultiplient, par l'espoir d'engendrer

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un Messie. CXX.

Transportés en Sardaigne parles Romains. CXXII.

Justesse, «Martyr de sajustesse» un esprit trop régulier,trop géométrique, ressemble àTarquin, à Thrasybule ou àPériandre coupant avec leur épée«la tête des fleurs qui s'élevaientau-dessus des autres.» CXXIX.

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Justice. Les hommes sont «néspour être vertueux; la justice est unequalité qui leur est aussi propre quel'existence.» X.

La justice est inséparable de lasolidarité, de la garantie mutuelledu droit.

«L'intérêt des particuliers setrouve dans l'intérêt commun.» XII.

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La justice est un rapport deconvenance qui se trouveréellement entre deux choses.

Dès qu'on suppose que Dieuvoit la justice, il fautnécessairement qu'il la suive.

Quand il n'y aurait pas de Dieu,nous devrions toujours aimer lajustice.

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La justice est éternelle. Si ellene l'était pas, ce serait une véritéterrible qu'il faudrait se dérober àsoi-même.

Plaisir d'être juste. LXXXIV.

La justice est violée par le droitpublic faussé. XCV.

En France elle se mêle de tousles différends de famille; elle est

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toujours contre le mari jaloux, lepère chagrin, le maître incommode.LXXXVII.

Justice divine, incompatibleavec la prescience. LXIX.

L

Lacédémone. Les récompensesà Lacédémone. XC.

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Si Lycurgue avait établi que lesmaris changeassent de femmes tousles ans, il en serait né un peupleinnombrable. CXVII.

Lapin, immonde pour le juif.Discussion du Juif, du Turc, del'Arménien, du brachmane à proposd'un lapin. XLVI.

Laquais. En France, le corpsdes laquais est un séminaire degrands seigneurs. XCVIII.

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Leurs enrichissements subits parla spéculation.

Leur vanité. CXXXVIII.

Law. Un étranger est venu... quia tourné l'État comme un fripiertourne un habit, etc. CXXXVIII.

Son portrait allégorique en tantque fils d'Eole. CXLII.

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Corruption qui résulte dusystème et de l'agiotage effréné.CXLVI.

Légendes mahométanes sur lesviandes et les animaux immondes,XVIII.

Sur la naissance de Mahomet.XXXIX.

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Législateurs, leurs défautsordinaires et leurs ridicules:étroitesse, puérilité, subtilité,emploi d'une langue morte, etc.LXXIX.

Lèse-majesté, seul crimepolitique qui entraîne la mort pourles grands d'Europe. CIII.

Selon les Anglais, c'est le crimeque le plus faible commet contre leplus fort, aussi bien s'il est roi que

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s'il est peuple. CV.

Lettres, avantages du roman parlettres: «l'on rend compte soi-mêmede sa situation actuelle; ce qui faitplus sentir les passions, que tous lesrécits qu'on en pourrait faire.»

(Quelques réflexions sur lesLettres Persanes.)

Lettres intercalées dans

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d'autres:

D'une comédienne perdue parun jeune abbé. XXVIII.

D'une jeune russe qui veut êtrebattue. LI.

D'un Français voyageant enEspagne. LXXVIII.

D'un savant. CXLV.

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Trois de nouvellistes. CXXX.

D'un antiquaire. CXLII.

D'un médecin de province.CXLIII.

Lever. La présence assidue aulever du roi est un titre auxlibéralités et aux faveurs. XXXVII,CXXV.

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Libéralités. Grâces et pensionsaccordées par les princes auxcourtisans, aux dépens del'agriculture et de l'industrie.CXXIV.

Liberté supprimée par laprescience divine. Libertéd'indifférence. LXIX.

La liberté existe surtout dans les

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républiques; favorable à lapropagation de l'espèce et auxprogrès de l'opulence. Elle attireles étrangers. CXXIII.

La liberté semble faite pour legénie des peuples d'Europe.CXXXI.

La liberté chez les ancêtres despeuples du Nord. Ibid.

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Libre arbitre, incompatible avecla prescience. LXIX.

Lionne (M. de L.) président desnouvellistes. CXXX.

Livourne, ville nouvelle,témoignage du génie des ducs deToscane. XXIII.

Livres. Contre les faiseurs delivres inutiles.

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Respect qu'on doit aux ouvragesoriginaux. LXVI.

Absence de bon sens dans leslivres espagnols, romans ouscolastiques. Exception en faveurde Don Quichotte. LXXVIII.

Le sujet est délayé selon leformat des livres. CIX.

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Jusqu'à ce qu'un homme ait lutous les livres anciens, il n'a aucuneraison de leur préférer lesnouveaux. Ibid.

Les diverses espèces de livres.CXXXIII-CXXXVII.

Lois. Lois variables deslégislateurs.

Lois éternelles, immuables, de

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la nature. XCVIII.

Lois anciennes établies par lesrois Francs, oubliées pour des loisromaines en partie rédigées par lesByzantins.

Ajoutez les constitutions despapes et quelques coutumes devilles et provinces, récemmentrédigées; plus les commentaires, lesformalités et la jurisprudence.

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«Cette abondance de lois, enFrance, accable également la justiceet les juges.» CI, LXXIX.

Il ne faut toucher aux lois qued'une main tremblante. LXXIX.

Les lois contre les suicidés sontinjustes parce qu'elles sont sansobjet. Elles ne lient pas les morts.LXXVI.

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Chez les barbares germaniques,les lois étaient faites dans lesassemblées de la nation. CXXXI.

Louis XIV, son portrait, sadévotion, sa puissance, samaîtresse, ses ministres, savieillesse. XXIV, XXXVII.

Trop peu modéré envers lesennemis. XXIV.

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Son goût pour les femmes.CVIII.

Sa mort et son testament. XCIII.

Son amour pour la politiqueorientale, c'est-à-dire ledespotisme. XXXVII.

Louis XV, son enfance. XCIII.

Son portrait. Les espérances

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qu'il donne. CVIII.

Lucifer jeté au fond de la mer,lors de la naissance de Mahomet,nage quarante jours. XXXIX.

Lumière, son trajet du soleil à laterre. XCVIII.

Lunettes, insignes de la gravitéespagnole et portugaise, symbole descience. LXXVIII.

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Luxe, nécessaire à la prospéritédes nations. CVII.

M

Mages, prêtres du magisme oumazdéisme. LXVII.

Adorateurs du soleil, desétoiles, du feu et des éléments;

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Mais leur religion, calomniéepar les musulmans, est, selonMontesquieu, un pur monothéisme.Ibid.

(Le mazdéisme est unepolythéisme dualiste où la lumièreet les ténèbres (le bien et le mal)luttent dans le temps et l'espacesans bornes.)

Les mages enseignaient que lesactes les plus méritoires sont: faire

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un enfant, labourer un champ,planter un arbre. CXX.

Magiciens. Ils promettent «devous faire coucher avec les espritsaériens, pourvu que vous soyezseulement trente ans sans voir defemmes.» LVIII.

Magie. Les savants en sontaccusés. CXLV.

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Magistrats. Ils doivent rendre lajustice de citoyen à citoyen. XCVI.

Mahomet, sa naissancemerveilleuse. XXXIX.

Il naît circoncis. Ibid.

Ses prescriptions relatives auxviandes immondes. XVIII.

Il a enchaîné Satan et l'a

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précipité dans les abîmes;

Il a purifié la terre. XCIV.

Mahométans. Plus persuadés deleur religion que les chrétiens.LXXV.

Croient à la vertu des amuletteset talismans. CXLIII.

Mahométisme. Peu favorable à

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la propagation de l'espèce humaine.CXV.

Issu du judaïsme, LX.

Comparé au christianisme,XXXV.

Ferme la vie future aux femmes.LXVII.

Etabli par conquête et non par

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persuasion. Ibid.

Maimbourg, bon contrel'asthme. CXLIII.

(Louis Maimbourg, né à Nangisen 1610, exclu de la compagnie deJésus par Innocent XI, pour avoirécrit contre Rome, en faveur duclergé de France (1682); mort en1686.)

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Maine (duc du). Arrestation duduc du Maine, oncle naturel du roimineur. CXXVII.

Maîtres de sciences, arts, etc.,enseignent souvent ce qu'ilsignorent. LVIII.

Maîtresse. Maîtresse etconfesseur, les deux grandesépreuves d'un roi. CVIII.

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Une femme est la maîtresse d'unministre, non pour coucher avec lui,mais pour lui présenter cinq ou sixplacets tous les matins. Ibid.

Louis XIV a une maîtresse dequatre-vingts ans. XXXVII.

Malheurs. Pour un vraimusulman, les malheurs sont moinsdes châtiments que des menaces.LXXVII.

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Malte (chevaliers de), braventl'empire ottoman. XIX.

Mandement. Evêque qui a «biensué» pour le faire. CII.

Marchandes. A Paris «une jeunemarchande cajole un homme uneheure entière, pour lui faire acheterun paquet de curedents.» LVIII.

Nombre infini de jeunes

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marchandes aux abords du palais.LXXXVII.

Mariages. Il y a «des mariagesheureux et des femmes dont la vertuest un gardien sévère.» XLVII.

Mariages d'eunuques: Cosrou etZélide. LIII; Astarté, sœurd'Aphéridon. LXVII.

Mariages entre frère et sœur.

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Ibid.

Avanie faite par Suphis à sajeune femme. LXX.

Charges du mariage chez lesmusulmans. CXV.

Chez les chrétiens, l'interdictiondu divorce porte atteinte à la finmême du mariage. CXVII.

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Le mariage chrétien est uneimage, une figure, un mystèreincompréhensible. Ibid.

En fait, il est stérilisé parl'impuissance de le rompre. Ibid.

Mariages précoces causés parla crainte d'un enrôlement forcé. Delà, dépopulation. CXXIII.

Maris. Facilité des maris

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français.

Les jaloux sont haïs et ridicules.LV.

Les maris eunuques «n'ont passur leurs femmes la même autoritéque les autres.» LXVII.

Une veuve indienne renonce aubûcher dès qu'elle sait que son maril'attend au ciel. CXXVI.

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Matière, son mouvementuniversel. CXIV.

Quelques-uns ne peuventcomprendre qu'elle n'ait que sixmille ans. Ibid.

Maures. Vide irréparable causéen Espagne par l'expulsion desMaures. CXXII.

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Mazarin. Pataquès qu'on luiprête, chanson qu'on fait sur lui.Allusion à ses pages. CXII.

Mécontents. Vieux guerrier.XLVIII.

Vieilles femmes, goutteux, vieuxseigneurs, ecclésiastiques, etc. LIX.

Mecque (la). Les musulmanscroient s'y purifier des souillures

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contractées parmi les chrétiens. XV.

Médecine. Ravages de la formeen médecine. CI.

Les livres de médecine fonttrembler, même quand ils traitentdes maladies les plus légères.CXXXV.

Médecins. Toujours tropestimés ou trop méprisés. Les

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héritiers s'en accommodent mieuxque des confesseurs. LVII.

Lettre d'un médecin deprovince. CXLIII.

«Il y a dans tous les coins deParis des gens qui ont des remèdesinfaillibles contre toutes lesmaladies imaginables.» LVIII.

Médiocrité (d'esprit). L'homme

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médiocre est en général préféré àl'homme d'esprit. CXLV.

Méditerranée. Décadence deses côtes. CXIII.

Méhémet-Ali, mollak, gardiendes trois tombeaux, à Com,correspondant d'Usbek. XVI, XVII,XVIII, CXXIV.

Mercure (vif-argent), son usage

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continuel et forcé fait périr parmilliers les indigènes del'Amérique espagnole. CXIX.

Messianiques, croyances juives.Point de famille juive qui n'espèreengendrer le messie. CXX.

Mesure des fluides et desliquides, des espritsinterplanétaires. XCVIII.

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Métaphysique. L'infini s'yrencontre partout. CXXXV.

Métempsycose alléguée par unbrachmane contre un mangeur delapin. XLVI.

Meurtre. Les curieux quiregardent les Persane de trop prèssont tués impunément par leseunuques, même dans une rivière ethors du sérail. XLVII.

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Mexique. Orgueil et paresse desconquérants espagnols au Mexique.LXXVIII.

Mines. Sont, en Amérique, letombeau des indigènes et desnègres. CXIX.

Le roi d'Espagne possède desmines d'or. XXIV.

Ministres. Enclins à calomnier

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la nation; toujours plus méchantsque le prince dont ils attisent leshaines. Le premier ministre deCharles XII, condamné à mort.CXXVIII.

Louis XIV a un ministre de dix-huit ans. XXXVII.

Les ministères se succèdentcomme les saisons. CXXXVIII.

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Danger de l'autorité sans bornesdes ministres de Louis XIV. Ibid.

Le mauvais exemple donné parun ministre est un crime. CXLVI.

Minorité. On ne lit plus que desmémoires sur la minorité de LouisXIV. CXII.

Miracle chimique manifestédans une mixture d'infusion Quesnel

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et d'infusion Lallemand. CXLIII.

Miracles. «Pour s'assurer qu'uneffet qui peut être produit par centmille causes naturelles estsurnaturel, il faut avoir examiné siaucune de ces causes n'a agi; ce quiest impossible.» CXLIII.

Mirza, ami et correspondantd'Usbek. XI, XII, XIII, XIV,LXXXVI.

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Mirza (de Mard=mort-alis. =μβροτ-ος, homme) est un titrehonorifique persan que les gens delettres mettent avant leur nom et lesprinces après.

Misère. Chez les peuplesmisérables, l'espèce perd et mêmedégénère. CXXIII.

Le pauvre évitera de faire desenfants plus pauvres que lui. Ibid.

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Mode. Ses caprices étonnantschez les Français. C.

C'est d'après elle qu'ils jugent«tout ce qui se fait chez les autresnations.» CI.

Modestie. Vertu nécessaire autalent. L.

Eloge des hommes modestes.CXLIV.

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Mœurs. Les Français changentde mœurs selon l'âge de leur roi. C.

Mogol. Le grand Mogol se faitpeser tous les ans. XL.

Les Tartares dominent sur lesvastes pays qui forment l'empire duMogol. LXXXII.

Expulsion d'un ambassadeur

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mogol. CXXVII. (Allusion à laconspiration de Cellamare.)

Moines. Voy. Dervis.

Moise n'enseigne pas le dogmede la prescience absolue. LXX.

Molina. Emollient. CXLIII.(Casuiste espagnol, XVIe siècle.)

Mollaks (ou mollahs), prêtres

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musulmans, qui «me désespèrentavec leurs passages de l'alcoran.»Lettre X.

(En Perse, les mollahs sont desprêtres; en Turquie des juges.)

Monachisme, porte partout lamort. CXVIII.

Monarchie. État où la vertu n'estplus qu'obéissance au caprice d'un

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seul. XIV.

Très-inférieure moralement aurégime républicain, elle abaisse leniveau des mœurs en substituant àla loi et à la vertu l'autorité etl'arbitraire. Ibid.

La monarchie pure, état violentqui dégénère toujours endespotisme ou en république. CIII.

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Monde. N'a-t-il que six milleans? Il ne faut pas compter sesannées. CXIV.

Dépopulation croissante dumonde. Ses causes. CXIII etsuivantes.

Monde (nouveau). Découvertesimmenses et dévastatrices desPortugais et des Espagnols.LXXVIII.

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Monde romain, mieux organisépour la propagation de l'espèce queles mondes chrétien et musulman.CXV.

Monnaies. Le décri desmonnaies est un artifice financierproche du faux-monnayage etpratiqué par Louis XIV. XXIV.

Montesquieu paraît se peindredans Usbek. XLVIII, Ibben,LXXVII, Rica, CXXVII.

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Semble annoncer la Décadencedes Romains. CXXXVI.

Morale. Les livres de morale,plus utiles que les ouvrages dedévotion. CXXXIV.

Mortifications. Chrétiens etmusulmans en usent pour fléchir lamiséricorde divine. XXXV, XCIV.

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Moscovie. Les Tartares «ontsoumis la Moscovie.» LXXXII.

Mouches. Leur abus. C.

Moustache, importance de lamoustache en Espagne et enPortugal.

La moustache de Jean deCastro. LXXVIII.

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Mouvement. Ses lois constituentle système du monde. XCVIII.

La nature y est soumise, sansexception, Ibid.

Et la terre n'y peut échapper.CXIV.

Mustapha proclamé, à la placed'Osman, empereur des Turcs.LXXXI.

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Musulman. Sa vie estlaborieuse. La polygamie l'épuise.CXV.

Mystiques, dévots qui ont lecœur tendre. Leurs extases, délirede la dévotion. Leurs livres.CXXXIV.

Mythologiste. Fragment d'unancien mythologiste (portrait

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allégorique de Law). CXLII.

N

Nadir. Eunuque blanc, trouvéseul avec Zachi. XX, XXI.

Naissance. Il y a en Europe dessens qui sont grands par leurnaissance. LXXXIX.

Nargum, ambassadeur Persan à

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Moscou. LI, LXXXII.

Narsit, eunuque peu clairvoyant.CXLIX, CL, CLII.

Nathanael Lévi, médecin juif àLivourne, croit aux talismansCXLIII.

Nations. Leurs rapports, d'oùrésulte la notion du droit public.Deux peuples ne peuvent s'allier

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pour l'oppression d'un troisième.XCVI.

Nature. Elle a perdu safécondité des premiers temps CXIII.

Elle agit avec lenteur etépargne. Si on la surmène, elletombe dans la langueur et perd saforce génératrice. CXV.

Nègres. Leurs dieux sont noirs

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et leur diable blanc. LIX.

Leurs rois les vendent commeesclaves. CXIX.

Et les princes chrétiensautorisent la traite. LXXV.

Les noirs d'Afrique meurent parmilliers dans les minesaméricaines. CXIX, CXXII.

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Nessir, ami et correspondantd'Usbek. VI, XXVII, CLV.

Noailles (N***), ministre hardiqui prit le fer à la main, etc.CXXXVIII.

Connu par son esprit, il honorede ses plaisanteries les traitantslivrés à la chambre de justice.XCIX.

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Noblesse. «En Espagne, c'estsur des chaises que la noblesses'acquiert.» LXXVIII.

Les laquais enrichis voudront sefaire nobles. Espoir d'ungénéalogiste. CXXXII.

Nord. Autrefois pleind'hommes; est fort dégarni. CXXIII.

C'est du Nord qu'une foule de

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nations inconnues fondirent surl'empire romain;

Ces peuples étaient libres, etleurs rois n'étaient que desgénéraux. CXXXI.

Ils n'étaient point barbarespuisqu'ils étaient libres; ils le sontdevenus. CXXXV.

Notre-Dame. Superbe édifice.

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LXI.

Nouvellistes. Inventeurs denouvelles. Leurs ridicules, leursprédictions, leurs paris. Lettresplaisantes de nouvellistes à desparticuliers et à des ministres.Leurs lieux de réunions. Leurprésident, le comte de Lionne.CXXX.

Nouvelliste trembleur. CXXXII.

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O

Obéissance; n'est pas une vertuanglaise. Les Anglais la fondent surla gratitude. CV.

Occultes. Livres de science, oumieux d'ignorance occulte, pluspitoyables qu'exécrables. CXXXV.

Opéra. Lettre de la plusvertueuse actrice de l'Opéra.XXVIII.

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Opéras nouveaux. Vomitif.CXLIII.

Opulence toujours compagne dela liberté des peuples. CXXIII.

Omar, troisième successeur deMahomet, au mépris des droitsd'Ali. Les persans, Chiites, c'est-à-dire sectateurs d'Ali, disentqu'Omar, Apôtre des Sonnites «a

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dévoyé» les enfants du prophète.CXXIV.

Or. Le roi de France n'a pas demines d'or comme le roi d'Espagne.XXIV.

L'or et l'argent, prix de toutesmarchandises, gage de leur valeur.Pernicieux effets de leur diffusion.CVI.

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Nombre innombrable d'hommessacrifiés pour extraire l'or etl'argent du fond de la terre. CXIX.

Oraisons funèbres. Leurfausseté. XI.

Entrent dans le vomitif dudocteur de province, sauf celles deFléchier. CXXXV.

Orateurs. Leur talent de

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persuader indépendamment desraisons. CXXXV.

Ordonnance, concernant lesservices des courtisans etl'établissement des impôtsnécessaires aux libéralités desprinces. CXXV.

Orgueil. Orgueil de l'homme,qui veut «être compté dansl'univers.» LXXXVII.

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Orgueil de religion et de racechez les Portugais et les Espagnols.LXXVIII.

Les vieux chrétiens en Espagne;

Les blancs en Amérique. Ibid.

Orientales. moins gaies que lesEuropéennes. XLVIII. (VoirFemmes.)

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Orientaux. Le sérail tue leursdésirs sans éteindre leur jalousie.VI.

Leur gravité, la froideur deleurs relations. XXXIV.

Leurs poésies, leurs romans.CXXXVII.

Le despotisme de leurs princeset la rigueur des châtiments les

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portent à la révolte et aux derniersexcès. LXXXI, CIII.

Osman, sultan déposé par dessuppliants. LXXXI.

Osmanlins. Voir Turcs.

P

Paganisme, favorable à lapropagation de l'espèce humaine.

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CXV.

Supérieur au mahométisme parl'interdiction de la polygamie, auchristianisme par la permission dudivorce. Ibid. et CXVII.

Palais. Lieu où se rend lajustice, ses abords. Aspect lugubredes salles et des magistrats.LXXXVII.

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Palestine. Déserte depuis ladestruction des Juifs par Adrien.CXXII.

Pape. «Magicien» plus fort quele roi, dont il dirige l'esprit, luifaisant croire «que trois ne sontqu'un; que le pain qu'on mange n'estpas du pain, ou que le vin qu'on boitn'est pas du vin.» XXIV.

Chef des chrétiens, «vieilleidole qu'on encense par habitude»;

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il déposait les rois; il se ditsuccesseur d'un des premierschrétiens, qu'on appelle saintPierre; il donne des dispenses.XXIX.

Effet de l'histoire des papes surl'esprit du lecteur. CXXXVI.

Papier d'état. Louis XIV enabuse. XXIV.

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(Décri des monnaies). Ibid.

Paracelse. Purgatif. CXLIII.

Paradis. Lieu de délices pourles chrétiens comme pour lesmusulmans. XXXV.

Les femmes en sont exclues parMahomet. XXIV.

Embarras des religions pour

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donner une idée des plaisirs assurésaux élus: musique, circulationéternelle de par le monde, souvenirdes amours terrestres. Toutesinventions ridicules. CXXVI.

Le paradis des femmes, contepersan. Les plaisirs et lesvengeances de l'immortelle Anaïs.CXLI.

Parfumeuses qui réparent «parla force de leur art toutes les injures

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du temps.» LVIII.

Paris. «Siége de l'empired'Europe.» XXIII.

«Aussi grand qu'Ispahan;»

Ville «bâtie en l'air;»extrêmement peuplée; embarras desrues; XXIV.

Extravagante curiosité des

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Parisiens pour tout ce qui sort del'usage reçu. XXX.

Cherté du vin à Paris. XXXIII.

Usage du café à Paris; les cafés.XXXVI.

Paris, rendez-vous de tous lesexploiteurs: alchimistes, magiciens,devins, entremetteuses, chercheursde bénéfices, maîtres de langues,

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d'arts et de sciences, enseignant «cequ'ils ne savent pas,» médecins,empiriques, marchands etmarchandes accortes, tous ces gens-là cherchent à vivre dans une ville«qui est la mère de l'invention.»L'étranger sort de Paris «plusprécautionné qu'il n'y est entré.»LVIII.

Paris jugé par un Espagnol.LXXVIII.

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A Paris, règnent la liberté etl'égalité. Rien ne sauve un hommede la foule. LXXXIX.

Paris foyer de plaisir, doncd'art, de travail et d'industrie. CVII.

Parlements. Grands corps,affaiblis par les mœurs, abattus parla royauté; ruines qui rappellent untemple vénéré, image de la libertépublique. Ils sont réduits auxfonctions judiciaires, et ne

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retrouvent d'importance politiqueque dans quelques conjoncturesimprévues.

Le régent a recours auparlement. XCIII.

Le parlement de Paris relégué àPontoise, pour s'être opposé auxmesures exigées par Law. CXL.

Ces compagnies facilement

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odieuses aux rois. Ibid.

Parties. Parties de campagne oùl'on veut s'amuser et où l'on bâille.CXI.

Parure. La parure d'une femmeoccupe cinquante artisans. CVII.

Paternité. L'enfant né dans lemariage est censé être au mari.LXXXVII.

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Patrie. «Je voudrais voir lesnoms de ceux qui meurent pour lapatrie écrits dans des registres quifussent comme la source de lagloire et de la noblesse.» LXXXV.

Paysan. Riche ou pauvre, lerustique ou paysan peupleindifféremment. CXIII.

Les impôts pèsent

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principalement sur la nourriture etla famille du paysan. CXXV.

Pécule, propriété, mise de fondset rançon de l'esclave antique.CXVI.

Peines. «Les peines plus oumoins cruelles ne font pas que l'onobéisse plus aux lois.» Témoinl'état moral de l'Asie.

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Ce qui importe, c'est lagradation dans le châtiment.LXXXI.

Pèlerinages de la Mecque. XV.

De saint Jacques en Galice.XXIX.

Perruquiers. Les perruquiersfrançais décident en législateurs surla forme des perruques étrangères.

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CI.

Persans. Les plus tolérants detous les mahométans. XXIX.

Leur haine contre les Turcs. VII.

Intempérance des monarquespersans. XXXIII.

Persanes. (Voir Femmes etSérail.)

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Perse. Les Tartares, «maîtres dela Perse.» LXXXII.

Fort déchue de ce qu'elle étaitdu temps des Xerxès et des Darius.CXIII.

La Perse antique était peupléeparce que les mages enseignaient undogme favorable à la propagation.CXX.

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Peste. Multitude de pestesmentionnées par l'histoire. Une,entre autres, brûla jusqu'à la racinedes plantes. CXIV.

Petits-maitres au spectacle.XXVIII.

Dans les conversations, parlentsans rien dire ou font parler leurtabatière. Goûtés des femmes.

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LXXXIII.

Peuple. L'abolition del'esclavage retirait le bas peuple dela puissance des seigneurs. LXXV.

Caractère et destinée desdifférents peuples. CXXXVI.

La puissance ne peut jamais êtreégalement partagée entre le peupleet le prince.

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Le peuple en Europe et enOrient;

Le peuple anglais devant laroyauté. CIII-CV.

Pharan ne veut pas être faiteunuque. XLI, XLII, XLIII.

Pharmacie nouvelle extraite desouvrages des philosophes, orateurs,

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romanciers, poëtes, théologiens etcasuistes. CXLIII.

Philosophes; «laissés à eux-mêmes, privés des saintesmerveilles, ils suivent dans lesilence les traces de la raisonhumaine.» XCVIII.

Leur supériorité sur les docteursdes religions diverses. Ibid.

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Plaisanteries contre Aristote, etsurtout les scolastiques, dans lalettre du médecin de province.CXLIII.

Les philosophes(métaphysiciens) ont un méprissouverain pour l'homme qui a la têtechargée de faits. CXLV.

Philosophie, ne s'accorde pasavec la théologie. LXVI, CXL.

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Physique, bannit le merveilleuxde l'univers. CXXXV.

Pierre le Grand. Ses réformes,son humeur sévère. LI.

Plaisir. La nature des plaisirsest d'être de courte durée. De làl'embarras des religions et leridicule des plaisirs éternelsqu'elles imaginent pour leursparadis. CXXVI.

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Plotin. Purgatif. CXLIII.

Poëtes. Singulière opinion surles poëtes. XLVIII.

Ils accablent la raison sous lesagréments.

Ils ne sont pas rares chez lesorientaux. CXXXVII.

Bucoliques, plaisent aux gens

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de cour;

Dramatiques, poëtes parexcellence, maîtres des passions;

Epiques, sévèrement jugés; delà la froideur de Voltaire pourMontesquieu.

Lyriques, qui font de leur artune harmonieuse extravagance.CXXXVII.

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Point d'honneur, tient à lapassion de la gloire; caractère dechaque profession; plus marquéchez les gens de guerre, a régléjadis la conduite des Françaissurtout des nobles; n'admet qu'unesolution, le duel. (V. Duel.) XCI.

Politesse. En Espagne «uncapitaine ne bat jamais son soldatsans lui en demander permission, etl'inquisition ne fait jamais brûler un

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juif sans lui faire ses excuses.»LXXVIII.

Politique. En Asie, les règles dela politique sont partout les mêmes.LXXXI.

Pologne. N'a presque plus depeuples. CXIII.

A mal usé de sa liberté et dudroit d'élire ses rois. CXXXVI.

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Polygamie. La polygamietriomphante, livre où il est prouvéque la polygamie est ordonnée auxchrétiens. XXXV.

La polygamie, défendue par lepaganisme romain. CXV.

Elle engendre la langueur deshommes, l'étiolement des enfants,les querelles des femmes

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condamnées à une continenceforcée, la fabrication des eunuques,le célibat des filles esclaves. C'estun agent de dépopulation. Ibid.

Pompes funèbres. Leur inutilité.XL.

Porphyre. Purgatif. CXLIII.

Portes, haussées, baissées ouélargies selon les parures des

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femmes. C.

Portugais. Voyez Espagne.LXXVIII.

Leur douceur relative dans legouvernement de leurs colonies. Ilsfurent bientôt chassés de tous lespays qu'ils avaient découverts.CXXII.

Poudre. Depuis la poudre, plus

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d'asile contre l'injustice et laviolence. CVI.

Mais depuis la poudre, bataillesmoins sanglantes. CVII.

Pourceau. Pourquoi immonde?XVIII.

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Pouvoir. Il ne peut jamais êtreégalement partagé entre le peuple etle prince.

Le pouvoir des rois d'Europeest très-grand, modéré par leurintérêt. CIII.

Le pouvoir arbitraire, négationde la liberté et de l'égalité, assurantaux princes toutes les richesses,enraye la propagation de l'espèce.CXXIII.

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Prescience divine, ni absolue,ni infinie, sous peine decontradiction et d'injustice.

Si elle est intermittente, ellen'est plus que caprice et fantaisie.

«L'alcoran et le livre des Juifss'élèvent sans cesse contre ledogme de la prescience absolue.»LXIX.

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Voir Dieu, Adam, liberté, âme.

Prestiges qui font gagner desbatailles: le terrain, le nombre, lecourage. CXLIII.

Prêtres. Rôle difficile du prêtredans le monde; sa neutralité forcée.LVI.

«L'envie d'attirer les autres dans

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son opinion est, pour ainsi dire,attachée à sa profession.» Ibid.

Prière. Postures exigées par lesdiverses religions. XLVI.

Prêtres chrétiens et musulmansprient sept fois par jour. XXXV.

Prince. Les querellesparticulières du prince, lemécontentement des ambassadeurs

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du prince, ne peuvent légitimer uneguerre. XCVI.

Il n'est pas de son honneur des'allier avec un tyran. Ibid.

Autorité illimitée des princes enOrient. CIII.

En Europe, peu d'attentatscontre la vie des princes.

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En Orient, sans précautionsinfinies, les princes ne vivraient pasun jour. Ibid.

En se cachant, les princesd'Orient font respecter la royauté etnon le roi. CIV.

C'est un crime de lèse-majesté àun prince de faire la guerre à sessujets. CV.

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Procédure. «Formalités dontl'excès est la honte de la raisonhumaine.» CI.

Propagation. Conditionsfavorables à la propagation del'espèce.

Divorce; suppression du célibatreligieux. CXV, CXVII.

Accord du tempérament et du

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climat. CXXI.

Liberté, égalité des droits et desfortunes.

Gouvernement doux etrépublicain. CXXIII.

Proportion. La proportion entreles fautes et les peines est commel'âme des États; gardée par lesprinces d'Europe, elle est sans

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cesse renversée, à leurs dépens, parles rois d'Orient. CIII.

Propreté. «La propreté, qui estl'image de la netteté de l'âme.» II.

Propriété. L'incertitude de lapropriété des terres ralentit«l'ardeur de les faire valoir.» XX.

Prosélytisme. Transmis desEgyptiens aux Juifs, des Juifs aux

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mahométans et aux chrétiens;maladie épidémique; esprit devertige; éclipse entière de la raisonhumaine. LXXXVI.

Protestantisme. Avantage duprotestantisme sur le catholicisme,suppression du célibat et descouvents. CXVIII.

Protestants. Ils multiplientnécessairement plus que lescatholiques. De là accroissement de

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population, d'impôts, d'activitéagricole, industrielle, de travail etde richesses. CXVIII.

Providence. Ce qui est pour leriche sagesse de la providence estpour le pauvre aveugle fatalité dudestin. XCVIII.

Les musulmans laissent toutfaire à la providence. CXX.

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L'homme ne trouble pas l'ordrede la providence lorsqu'il changeles modifications de la matière.LXXVI.

Puissance paternelle. La plussacrée de toutes les magistratures,fortement établie par le droitromain;

Montesquieu semble blâmer lesFrançais de l'avoir restreinte.LXXIX.

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Puissance royale, ses progrès enFrance. CXXXVI.

Purgatifs. 1º Mélange dephilosophie scolastique;

2º Extraits d'arrêts du Conseil etde Bulles et Constitutions dejésuites. CXLIII.

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Q

Q. Quelques docteurs voulaientqu'on prononçât cette lettre commeun K. (Querelle de Ramus.) CX.

Quiétisme, sorte de mysticismeexalté.

Un quiétiste n'est autre chosequ'un homme fou, dévot et libertin.CXXXIV.

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R

Rat. Pourquoi immonde? XVIII.

Raymond Lulle a cherchévainement le secret de latransmutation des métaux. XLV.

Récompenses. A Rome,Athènes, Lacédémone, l'honneurpayait seul les services les plussignalés. L'auteur d'une belle actiony trouvait sa récompense. XC.

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Régence, ses commencements.Désarroi où la mort de Louis XIVlaisse la France. CXXXVIII.

Régent (le), son habileté. XCIII.

Il fait casser par le Parlement letestament de Louis XIV.

Il relègue le Parlement àPontoise. CXL.

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Régicide. En Orient, le régicidemonte sur le trône sans opposition.Pourquoi? CIV.

Reine. Exemple de tendresseconjugale donné par une reine deSuède. CXXXIX.

Religion. Distinction entre la foiet la vie laïque, fortement établie.X.

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«Je ne leur parle pas (auxMollaks) comme vrai croyant, maiscomme homme, comme citoyen,comme père de famille.»

Chez les chrétiens elle est plusun sujet à disputes qu'un moyen desanctification. LXXV.

La religion gagne les maladespar ses promesses. LXXV.

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Religions. «Les plus prochessont les plus grandes ennemies.»LX.

Avantages de la multiplicité desreligions dans un État;

Les guerres de religionsuscitées par l'esprit d'intolérance.LXXXVI.

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Il n'y a pas de religion qui neprescrive l'obéissance et lasoumission. Ibid.

Leur grand nombre embarrasseceux qui cherchent la vraie. XLVI.

Béatitudes qu'elles promettentaux élus. CXXVI.

Dieu condamne-t-il ceux qui nepratiquent pas celle qu'ils ne

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peuvent connaître? XXXV.

Religions (tolérées). Ceux quivivent dans ces religions, plusutiles que ceux qui suivent lareligion dominante. Eloignés deshonneurs, ils n'en sont que plusportés à s'enrichir par le travail.LXXXVI.

Remèdes composés par unmédecin rempli des mystères de lacabale. CXLIII.

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Remèdes rares, tels que préfacetrop courte, mandement fait par unévêque, etc. Ibid.

Représailles. Leur office dansle droit public international. XCVI.

Représenter, c'est-à-dire «fairesentir à tous les instants lasupériorité qu'on a.» LXXIV.

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République. Conclusion del'histoire des Troglodytes. XIV.

Semble être le sanctuaire del'honneur, de la réputation et de lavertu. X.

La douceur du gouvernementrépublicain, la liberté, l'égalité,source d'opulence, favorisent lapropagation de l'espèce. CXXIII.

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République romaine, sonextension eût été un bonheur pour lemonde, sans le pouvoir abusif desproconsuls et la différence que ledroit de cité maintenait entre lesvainqueurs et les vaincus. CXXXI.

Républiques, contraires augénie oriental.

Leurs origines. Elles sontpostérieures aux monarchies.

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La Grèce, l'Asie-Mineure,Carthage, Rome.

Le Nord et l'Allemagne (on apris pour des rois les chefs desarmées). CXXXI.

Résurrection de la chair.Croyance commune auchristianisme et au mahométisme.XXXV.

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Revenus. A Paris, les revenusdes citoyens «ne consistent qu'enesprit et en industrie; chacun a lasienne qu'il fait valoir de sonmieux.» LVIII.

Revenus fonciers difficiles àpercevoir.

Revenus mobiliers. Embarrasd'un homme à qui son débiteur rendune somme prêtée. CXXXII.

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Révolution. En Orient «lemoindre accident produit unegrande révolution.» LXXXI.

Rhédi neveu d'Ibben. XXV,écrit de Venise à Usbek, XXXI.(Voir la table des Lettres.)

Rica, compagnon de voyaged'Usbek, son caractère enjoué,XXV. (Voir la table des Lettres.)

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Richesse. Si la Providencen'avait accordé les richesses qu'auxgens de bien, on ne les aurait pasassez distinguées de la vertu. XCIX.

Robe. Un des trois états qui seméprisent mutuellement. XLIV.

Rodriguez (le P. Alphonse),jésuite espagnol, né à Valladolid,mort à Séville en 1616, auteur d'unTraité de la perfection chrétienne,traduit par Régnier des Marets. Ses

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œuvres sont rangées parmi lespurgatifs. CXLIII.

Rois. Les rois sont comme lesdieux: pendant qu'ils vivent, on doitles croire immortels. CVIII.

Les rois des tribus germaniquesn'étaient que des chefs ou générauxà pouvoir limité par celui desseigneurs et l'égalité des dépouilles.CXXXI.

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Rois déposés par les Vandaleset les Goths. Ibid.

Roman. Le roman qui sert decanevas aux Lettres persanes esttout entier dans la jalousie d'Usbekabsent et les désordres de sonsérail. Si l'on y joint l'histoired'Aphéridon et d'Astarté et celled'Anaïs (LXVII, CXLI), il remplitenviron soixante lettres, et un peumoins du tiers de l'ouvrage qu'ilvarie, et auquel il est souventrattaché avec un art discret.

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( V o i r Eunuques, Fatmé,Roxane, Zachi, Zélis, Zélide,Zéphis et Sérail, Usbek et Solim,etc.).

Romanciers. Espèces de poëtesqui outrent le langage de l'esprit etdu cœur. CXXXVII.

Romans. Leurs héros sont à côtéde la nature; un seul détruit une

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armée.

Extravagance des romansorientaux. CXXXVII.

Romans, vomitif. CXLIII.

Rome. Combien déchue depuisles temps anciens. CXIII.

Royauté. Progrès de la royautéfrançaise. CXXXVI.

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Roxane, femme préféréed'Usbek, qui vante sa vertu. XX.

Son opiniâtreté à repousser lesassiduités de son mari dans lespremiers mois de son mariage.XXVI.

Sa feinte sagesse trompe leseunuques. CLI;

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Elle s'indigne des châtimentssubis par les autres femmes dusérail. CLVI.

Surprise avec un jeune homme.CLIX.

S'empoisonne: sa lettre. CLXI.

Russe. Lettre d'une jeune mariéerusse qui se plaint de n'être pasbattue par son mari. LI.

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Russie. Le czar, allié naturel dela Perse contre les Turcs.

Réformes de Pierre le Grand.LI.

Rustan, ami et correspondantd'Usbek. V.

(Voir la table des Lettres.)

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S

Saint-Cyran (abbé de), seslettres bonnes contre la gale, lagratelle, etc. CXLIII.

Samos. Roi de Samos sommépar un roi d'Egypte de renoncer à lacruauté et à la tyrannie. XCVI.

Sanchez. Son de matrimonio,fort tonique contre la chlorose.CXLIII.

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Santon, saint musulman. XCIV.

Santons chrétiens (moines de laThébaïde). Ibid.

Sardaigne, terre insalubre,destinée par les Romains auxcriminels et aux Juifs. CXXII.

Sauromates, véritablement dansla servitude du sexe. XXXVIII.

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Sauvages. Leur aversion pour letravail et l'agriculture. Leur vieprécaire; famine. Avortements.Isolement des tribus.

Dépopulation. CXXI.

Savants. Deux savants pleins devanité. CXLIV.

Tribulations d'un savant,

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astronome, physicien et anatomiste.CXLV.

Jadis accusé de magie, le savantaujourd'hui l'est d'irréligion oud'hérésie.

Dédain des savants pour ceuxqui s'occupent d'une autre scienceque la leur. CXLV.

Scapulaire, morceau de drap

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attaché à deux rubans. XXIX.

Sciences. Mauvais usage dessciences. CVI.

Scolastique. Allusion auxdisputes et aux subtilitésscolastiques. XXXVI.

Scot, subtil scolastique;purgatif. CXLIII.

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Secte. Une secte nouvelleintroduite dans un État est le moyenle plus sûr pour corriger les abus del'ancienne. LXXXVI.

Seigneur. Les grands seigneursqui représentent.

Leur morgue. LXXIV.

L'abolition de l'esclavage parles rois abaissait les seigneurs.

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LXXV.

Un grand seigneur est un hommequi voit le roi, parle aux ministres,a des ancêtres, des dettes et despensions. LXXXIX.

Sémiramis, reine et divinité desBabyloniens. XXXVIII.

Sénèque. Dans le malheur, unEuropéen n'a «d'autre ressource que

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la lecture d'un philosophe qu'onappelle Sénèque: mais lesAsiatiques, plus sensés et meilleursphysiciens en cela, prennent desbreuvages capables de rendrel'homme gai, etc.» XXXIII.

Séparation. Une femmeeffrontée expose les outragesqu'elle a faits à son époux commeune raison d'en être séparée.LXXXVII.

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Sérail. Gouverné par leseunuques noirs. II, VII, LXIV, IX.

Gardé par les eunuques blancsqui ne peuvent pénétrer dansl'appartement des femmes. XX,XXI.

Les hommes qui en approchentsont massacrés. LXVII, CLIX.

Condition et malheur des

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femmes qui y sont enfermées. VII,XX, XXI, XXVI, XXVII.

A quel âge elles y entrent. LXII.

On leur fait croire que leurréclusion est une garantie dechasteté, de santé et de beauté. XX,XXXIV, XLVII, LXII, LXIII.

Plus il y a de femmes dans unsérail, moins elles y donnent

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d'embarras. XCVII.

Leurs dissensions, leursréconciliations, leurs voyages oupromenades dans des boîtes. LXIV,III, XLVII.

Leurs privautés avec les fillesesclaves, IV, CXLVII, qui ne semarient presque jamais sinon avecdes eunuques, LXVII, CXV, LIII;leur goût pour les eunuques blancs.XX.

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Le sérail tue l'amour chez lemari sans supprimer la jalousie. VI.

Désordres dans le séraild'Usbek. XX, LXIV, LXV, CXLVII-CLXI.

Châtiments terribles, le fouet, latorture. CLVI-CLVIII.

Servitude. La servitude est dans

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le tempérament asiatique. CXXXI.

Sibérie. Lieu d'exil pour lesseigneurs russes disgraciés. LI.

Sicile. Contenait jadis depuissants royaumes. CXIII.

Sincérité. Celle d'Usbek lui afait des ennemis à la cour de Perse.C'est la cause de son voyage. VIII.

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Singe. Il y a encore des peupleschez lesquels un singe passablementinstruit pourrait vivre avec honneur.CVII.

Smyrne. Seule ville «riche etpuissante» de l'Asie turque: «Cesont les Européens qui la rendenttelle.» XX.

Sociabilité. L'homme, animalsociable; un Français est doncl'homme par excellence. LXXXVIII.

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Société. Elle est fondée sur unavantage mutuel. LXXVI.

Origine des sociétés: «un filsest né auprès de son père et il s'ytient: voilà la société et la cause dela société.» XCV.

Soleil. Les Espagnols disent«que le soleil se lève et se couchedans leur pays.» LXXVIII.

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«Ouvrage et manifestation de ladivinité,» dieu des Guèbres,longtemps «honoré» d'un «cultereligieux mais inférieur... dans laville sainte de Balk.» LXVII.

Solidarité. Sa nécessité sociale,prouvée dans l'épisode desTroglodytes. Lettres XI. XII, XIII.

Solim, eunuque, dénonce les

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désordres du sérail, CLI.

Est chargé des vengeancesd'Usbek. CLIII, CLVI-CLX.

Soliman, affront qu'il reçoit.LXX.

Solliciteuses. Leur agitationperpétuelle; elles ne reculent devantrien pour distribuer les places et leshonneurs. CVIII.

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Somnifères. La Cour sainte duP. Caussin procure un douxsommeil à un malade affligéd'insomnie, et à toute sa famille.CXLIII.

Somptuaires (lois) finementraillées. CXXV.

Son. Combien de lieues il faitdans une heure. XCVIII.

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Sottises. Dire théologiquementforce sottises. CII.

Soumission. Elle se mesure à lagratitude. CV.

Souverains. Doivent chercherdes sujets et non des terres. CVII.

Statues. Il y en a autant dans lesjardins de Louis XIV que de

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citoyens dans une grande ville.XXXVII.

Statuts de villes et deprovinces. Presque toujours rédigéspar écrit sous Louis XIV. CI.

Style figuré. L'auteur lecondamne. XCVIII.

Suède. Mort de Charles XII.CXXVIII.

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Mention de deux reines deSuède. CXXXIX.

Suicide. Injustice des loisportées contre ceux qui se tuent eux-mêmes.

Le suicide ne trouble pas l'ordrede la nature.

Il n'est que l'usage d'un droit; la

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renonciation à un contrat devenuonéreux. LXXVI.

Faibles arguments en faveur dela loi religieuse et de la loi civilecontre le suicide. LXXVII.

Suisse. République. CXXIII.

Elle est l'image de la liberté.CXXXVI.

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Sultans. Ils ont plus de femmesque certains princes italiens ouallemands n'ont de sujets. CIII.

Superfluités. Elles sontsocialement aussi nécessaires queles nécessités de la vie. CVII.

Sûreté. Précautions des princesorientaux pour mettre leur vie ensûreté. CIII.

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Suphis. Jeune étourdi. Letraitement qu'il fait subir à sa jeunefemme. LXX.

Syphilis, son introduction dansl'ancien monde; ses effetsprodigieux; remède puissant qui luiest opposé. CXIV.

Système (de Law). Allusion auxtroubles qu'il apporte dans lesfortunes. CXXXII.

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Ses affirmations ne sont pasplus sûres que les présages del'astrologie judiciaire. CXXXV.

Il pervertit la moralité publique.CXLVI.

Système du monde, expliqué parquelques lois générales découvertespar des philosophes qui n'ont pointété ravis jusqu'au trône lumineux(comme saint Paul), etc. XCVIII.

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T

Talents (petits), tels que: parlerpour ne rien dire, écouter, sourire àpropos, entendre finesse à tout, etc.

«Un homme de bon sens nebrille guère devant eux.» LXXXIII.

Talismans. Effet que peutproduire l'arrangement de certaineslettres. CXLIII.

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Tartares. Leurs conquêtes etleur puissance. Il ne leur a manquéque des historiens. LXXXII.

Pourquoi leurs conquêtesseraient dévastatrices. CXXXI.

Tartarie. «Quand le kan deTartarie a dîné, un héraut crie quetous les princes de la terre peuventaller dîner.» XLIV.

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Tauris. Lettres I, II, III.

Tavernier, célèbre voyageur enPerse. LXXII.

Tempéraments fixés par leclimat, ils souffrent du changementbrusque du pays d'origine. CXXII.

Tentations des santons de laThébaïde. Elles nous suivent jusquedans la vie la plus austère. XCIV.

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Terre. Soumise comme lesautres planètes, aux lois dumouvement; elle souffre au dedansd'elle un combat perpétuel de sesprincipes. CXIV.

Elle se dépeuple et dans dixsiècles ne sera plus qu'un désert.CXIII.

Testament. Le testament de

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Louis XIV cassé par le parlement.XCIII.

Théâtre. Description de la salleet de la scène. XXVIII.

Thébaïde. Saints ou santonschrétiens de la Thébaïde. Leur vie,leurs tentations.

Les chrétiens sensés regardentleur histoire comme une allégorie

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bien naturelle des passions qui noussuivent jusque dans le désert.XCIV.

Théologie. Les livres dethéologie, doublementinintelligibles par la matière et lamanière. CXXXIV.

Tisane purgative et autres,d'après la nouvelle pharmaciespirituelle. CXLIII.

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Titres. La vente des titresd'honneur est une des principalesressources de Louis XIV. XXIV.

Tolérance. Elle commence às'établir en France; mais non enAsie. LX. (Voir Intolérance.)

Traducteurs. Dialogue d'untraducteur d'Horace et d'ungéomètre.

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Services que rendent lestraducteurs et danger de leur métier.CXXIX.

Traductions; rendent le corps,mais non la vie. Ibid.

Traitants. Chambre, qu'onappelle de justice, parce qu'elle valeur ravir tout leur bien. XCIX.

Traite autorisée par les rois

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chrétiens. LXXV.

Traités de paix, légitimeslorsque les conditions en sont tellesque les deux peuples peuvent seconserver. XCVI.

Travail. Les Espagnols«invincibles ennemis du travail.»LXXVIII.

Le travail et l'industrie à Paris:

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sans eux, plus de revenus, plus decirculation des richesses. Chacun,retiré dans sa terre, ne travailleraitqu'à sa faim. Dépopulation. CVII.

Tribunal où l'on prend les voixà la majeure; on a reconnu qu'ilvaudrait mieux les recueillir à lamineure. LXXXVII.

Troglodytes, perdus parl'égoïsme et l'anarchie, relevés parla solidarité des droits et des

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devoirs, par la pratique de la vertuet de la liberté civile. Vont denouveau périr par la monarchie etl'égalité dans la servitude. XI-XIV.

Turcs. Sous le nom de Turcs,les Tartares ont fait des conquêtesimmenses dans l'Europe, l'Asie etl'Afrique; et ils dominent sur troisparties de l'univers. LXXXII.

Les Turcs défaits par lesImpériaux. CXXIV.

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Caractère de leurs conquêtes.CXXXI.

Turquie. Faiblesse de l'empiredes Osmanlis: «Ce corps malade nese soutient pas par un régime douxet tempéré, mais par des remèdesviolents qui l'épuisent et le minentsans cesse.»

Ni commerce, ni art, ni

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«expérience sur la mer,» villesdésertes, campagnes désolées;

«Juste idée de cet empire qui,avant deux siècles, sera le théâtredes triomphes de quelqueconquérant.» XX.

La Turquie est égalementdépeuplée en Europe et en Asie.CXIII.

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Tyen. Ciel des chinois. Lesâmes des ancêtres y sont anéanties,mais revivent sur terre dans lesenfants. CXX.

U

Ubiquité. Question pour lesphilosophes, réalité pour lesFrançais. LXXXVIII.

Ulrique-Eléonore, reine deSuède. Sa tendresse conjugale.

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CXXXIX.

Université (de Paris), fille très-aînée des rois de France. Elle rêvequelquefois. CX.

Usbek. (Ouzbeyg, nom d'unedes principales tribus tartares outurcomanes qui ont envahi l'AsieMineure vers le temps descroisades.) Seigneur persandisgracié. VIII.

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Vient en Europe seperfectionner dans les sciences,qu'il a toujours aimées.

Il passe par Com, Tauris,Erzeron, Tocat, Smyrne, Livourne ets'arrête à Paris «siége de l'empired'Europe.»

C'est là qu'il étudie les mœursdes Français, qu'il ne cesse desonder les matières religieuses,philosophiques, politiques, qu'il

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acquiert des notions de droit publicet d'histoire générale, plus tarddéveloppées dans l'Esprit des lois.

Le regret de son sérail, lajalousie, troublent seules la sérénitéde son esprit. Il renvoie à Ispahanles eunuques qu'il avait emmenés,ne cesse d'écrire à Zachi, Zélis,Zéphis, Fatmé, et surtout à Roxane,sa favorite, qui le trompe avectoutes les apparences de la vertu.Son désespoir, les ordres cruelsqu'il donne contre les infidèles

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remplissent la fin des Lettrespersanes.

Voir à la table les numéros deslettres nombreuses qu'il envoie etqu'il reçoit.

Usurpateur. Un usurpateurdéclare rebelles tous ceux qui n'ontpoint opprimé la patrie comme lui.CV.

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V

Vanité de deux savants quiveulent être admirés à force dedéplaire. CXLIV.

Portrait du vaniteux. L.

Vandales, déposaient volontiersleurs rois. CXXXI.

Venise. Epargnée par les

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mahométans parce que l'eau ymanque pour les purifications.XXXI.

République qui n'a deressources qu'en son économie.CXXXVI.

Vérité. «Vérité dans un temps,erreur dans un autre.» LXXV.

Vérités. La connaissance de

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cinq ou six vérités a rendu laphilosophie pleine de miracles.XCVIII.

Vertu. C'est la pratique de lajustice, de la réciprocité sociale.XII, XIII, passim.

Quand elle est naturelle, lavertu est modeste et ne se fait passentir. L.

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Veuve indienne. Pourquoi elleveut se brûler et pourquoi elle yrenonce. CXXVI.

Viandes. Le Turc ne veut pointqu'elles soient étouffées. XLVI.

Vieillesse. Elle juge toutd'après le souvenir et le regret de lajeunesse perdue. LIX.

Vierge qui a mis au monde

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douze prophètes. Son tombeau est àCom. I.

Villes d'Italie, désertes etdépeuplées. CXIII.

Les voyageurs recherchent lesgrandes villes, espèce de patriecommune à tous les étrangers.XXIII.

Depuis quand les bourgeois ont

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perdu la garde de leurs villes. CVI.

Vin, causes de sa cherté à Paris.Ses funestes effets chez lesmusulmans, malgré les prohibitionsdu Coran. XXIII, LVI.

Virginité. Des femmes adroitesfont de la virginité une fleur quipérit et renaît tous les jours, «et secueille la centième fois plusdouloureusement que la première.»LVIII.

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Incertitude des preuves de lavirginité. LXXI.

Visapour. Les femmes jaunes dece pays peuplent les sérails dePerse. XCVII.

Visites. Pour nombre deFrançais, il est de la bienséance devisiter chaque jour le public en groset en détail. LXXXVIII.

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Vizir. Le grand vizird'Allemagne est le fléau de Dieu,envoyé pour châtier les sectateursd'Omar. CXXIV.

Vœux. «Les dervis font troisvœux, d'obéissance, de pauvreté etde chasteté. On dit que le premierest le mieux observé de tous; quantau second, je te réponds qu'il nel'est point: je te laisse à juger dutroisième.» LVII.

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Volonté. «Dieu ne peut lire dansune volonté qui n'est point encore.»LXIX.

Vomitifs. 1º Harangues,oraisons funèbres, opéras nouveaux,romans, mémoires, le tout distillé;

2º Infusion de papier ayantcouvert un recueil des pièces desJésuites français» (J. F.); ou mieux,

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selon Barbier, des jeux floraux.CXLIII.

Voyages. Combien plusembarrassants pour les femmes quepour les hommes. XLIII.

Z

Zachi rappelle à Usbek qu'il l'apréférée à ses autres femmes. III.

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Trouvée seule avec Nadir,eunuque blanc. XX.

Ses privautés avec la jeuneZélide. Ibid.

Sa réconciliation avec Zéphis.XLVII.

Couchée avec une de sesesclaves. CXLVII.

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Elle reçoit le fouet et se plaintpassionnément à Usbek. CLVII.

Zélide, esclave de Zéphis, deZachi et de Zélis, soupçonnée decertaines complaisances intimespour ses maîtresses. IV, XX,CXLVII.

Elle consent à épouser Cosrou,eunuque blanc. (V. ce mot.) XLVII.

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Zélis marie son esclave Zélideà Cosrou, eunuque blanc. Ses idéessur les plaisirs conjugaux deshommes de cette espèce. LIII.

Confie sa fille, âgée de sept ans,aux soins des eunuques noirs. LXII.

A laissé tomber son voile enallant à la mosquée. CXLVII.

Soupçonnée d'avoir reçu une

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lettre. CXLVIII.

Reçoit le fouet et se plaintvertement au «tyran» Usbek.CLVIII.

Zéphis. Accusée de certainesrelations illicites avec son esclaveZélide, IV, se plaint du grandeunuque noir.

Sa réconciliation avec Zachi.

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XLVII.

Zend, ancien bactrien, languesacrée des Guèbres. LXVII.

Zeuxis assemble les plus beauxmodèles pour figurer la déesse dela beauté.

Ainsi les métaphysiciensconstruisent l'idée de Dieu avec lesperfections imaginées par les

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hommes. LXIX.

Zoroastre. Législateur desGuèbres et auteur de leurs livressacrés. LXVII.

Zufagar, nom de l'épée d'Ali,«qui avoit deux pointes.» XVI.

(Zoulfékar, sabre à deux lamesdonné par Mahomet, conservé dansla maison des Kalifes, brisé à la

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chasse par un descendantd'Abdoullah IV, il figure sur lespavillons ottomans.)

Zuléma raconte à sescompagnes du sérail l'histoire dufarouche Ibrahim et de l'immortelleAnaïs. CXLI.

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BIBLIOGRAPHIE.

I.—ÉDITIONS PUBLIÉESDU VIVANT DE

L'AUTEUR.

1 7 2 1 . Lettres persanes, àAmsterdam, chez Pierre Brunel, surle Dam. 2 vol. grand in-12 (150lettres).

— Lettres persanes, Cologne,Pierre Marteau. 2 vol. in-12.

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(Édition semblable à laprécédente.)

— Lettres persanes. Secondeédition, revuë, corrigée, diminuéeet augmentée par l'auteur. 2 vol.pet. in-12, (140 lettres).Bibliothèque de l'Arsenal, 19030 B.

Manquent les lettres I, V, XV(XVI de notre édition), XXIII(XXV), XXX (XXXII), XXXIX(XLI), XL (XLII), XLI (XLIII),

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XLV (XLVII), LXIII (LXV), LXVIII(LXX), LXIX (LXXI); les lettres Xet XI sont fondues en une seule.

Sont ajoutées: CXI, CXXIV,CXLV, qui portent dans cette 2e

Marteau les nos LVIII, LIX, LX.Reproduites avec quelquesvariantes dans le Supplément de1754.

Sont modifiées: VII, IX, X etXI, XVIII, XXIV, XXXIX.

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La lettre LXXIII (surl'Académie française); qui figure entête du tome second de la premièreédition, termine le tome premier dela seconde, avec le nº LXI.

Les suppressions etchangements ne portent que sur letome Ier.

(Pour la nature des

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suppressions, voir la préface denotre édition. Pour les variantes etla collation des nos, voir nos noteset variantes, tomes I et II.)

N. B. Quérard compte quatreéditions de 1721; et il semble bienqu'il en ait paru deux à Amsterdam,chez Pierre Brunel, sur le Dam.L'une porte sous le titre une sphèrearmillaire, l'autre un polygonerégulier à neuf pans, dans lequelsont inscrits trois triangleséquilatéraux.

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Les deux tomes (1721 Brunel)de la Bibliothèque nationaleappartiennent à deux éditionsdifférentes: le tome I a la sphère, letome II a le polygone; or nous avonssous les yeux:

Un tome II (1721 Brunel) avecla sphère en vignette. Sur le tome Ide la Bibliothèque nationale, enregard du feuillet de garde, setrouve la note manuscrite suivante:

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édition différente. Au reste, lesdeux éditions Brunel et l'une deséditions Marteau sont desréimpressions d'un même texte.

1 7 3 0 . Lettres persanes,troisième édition à Amsterdam,chez Jacques Desbordes. 2 vol. in-18 (140 lettres) Arsenal, 19030 bisB.

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Cette édition, que nous n'avionspas eu occasion de compulser aumoment où fut rédigée notrepréface, est une réimpression de la2e Marteau. Elle commenceégalement par la lettre d'Usbek àson ami Nessir, la Ve du textecomplet. Le premier tome finit parla lettre sur l'Académie.

— Autre édition, mais conformeà la 1re: à Cologne, chez PierreMarteau. 2 vol. in-12.

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1 7 3 1 . Lettres persanes: àAmsterdam, chez P. Mortier, 2 volin-12 (150 lettres). Quérard dit:Amsterdam (Paris).

1737, 1739. Deux éditions, in-18 et in-12, 2 tomes. Cologne,

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Pierre Marteau.

1740 Amsterdam, JacquesDesbordes. 2 vol. in-18.

1744. A Cologne, chez PierreMarteau, imprimeur-libraire, prèsle collége des Jésuites. In-8o, 2

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tomes en un volume, 150 lettres.(Arsenal, 19031 B.)

— La même édition, augmentéed e s Lettres turques (par Saint-Foix), 2 tomes en un volume.

Réimpression de la 1re 1721,avec quelques variantesinsignifiantes.

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1751. Ici se place la curieusebrochure de l'abbé Gauthier (voir lapréface) les Lettres persannesconvaincues d'impiété, qui vise la1re Marteau 1721, et la 2e

Desbordes 1730.

1753. Réimpression du texteprimitif. Cologne, Pierre Marteau.

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1754. Dernière édition publiéedu vivant et sous les yeux deMontesquieu. C'est celle dont nousreproduisons le texte.

Lettres persanes, à Cologne,chez Pierre Marteau (2 tomes in-12,150 lettres, avec un Supplément).

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Bibliothèque de l'Arsenal19031 bis B. A la fin du premiervolume sont intercalées les Lettresturques.

L e Supplément, à la fin dusecond volume, contient quelquesréflexions sur les Lettres persanes,onze lettres, dont trois empruntées,avec variantes, à la 2e Marteau, 3e

Desbordes, et un certain nombre depassages nouveaux à ajouter ou àsubstituer dans le texte. La plupartdes éditions postérieures ont

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scrupuleusement observé lesindications du Supplément pour leplacement des lettres et passagesnouveaux.

Nous avons sous les yeux unexemplaire de cette édition reliéeen un volume; les Lettres turques ysont insérées après le Supplément.

II.—ÉDITIONS PUBLIÉESAPRÈS LA MORT DE

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L'AUTEUR.

(Nous ne voulions indiquer icique les éditions séparées desLettres persanes: mais diversesconsidérations nous ont amené àsignaler plusieurs éditions desŒuvres complètes, en n'y tenantcompte que de ce qui concerne lesLettres.)

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1755. Réimpression pure etsimple, sans Supplément, du textede 1721. A Cologne, chez PierreMarteau (2 vol. grand in-12).L'exemplaire de la bibliothèquenationale est relié en un volume.

1 7 5 7 . Œuvres de M. deMontesquieu, Londres (4 vol. in-12). La première édition desœuvres complètes, publiée par

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Richer sous les yeux de M. deSecondat, fils de Montesquieu, avecle concours de Moreau, anciensecrétaire de l'auteur, et imprimeurcélèbre qui, suivant Quérard etBrunet, la rendit le modèle deséditions suivantes.

1758. Œuvres complètes de M.de Montesquieu, nouvelle édition,revue, corrigée et considérablement

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augmentée par l'auteur, Amsterdamet Leipsick, Arkstée et Merkus (3vol. in-4o). Toutes les additions duSupplément sont intercalées à leurplace.

Au verso du feuillet de garde(exemplaire de l'Arsenal), notemanuscrite indiquant deuxcollaborateurs pour les Lettres. LesLettres sont au tome III. Dansl'avertissement, Richer réfute lesremarques d'un anonyme (ÉliasLuzac). Selon Brunet, cette édition,

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très-belle en effet, est plus correcteet moins chère que la précédente.Toutes deux sont d'ailleurs l'œuvrede Richer et de Moreau. Ellesrenferment un assez grand nombred e corrections d'après leschangements trouvés dans lespapiers de l'auteur, et que beaucoupd'éditions subséquentes ontadmises. Nous les signalons dansnos Notes, sans les accepter; M. deSecondat a seul été à même de lesvoir et de les certifier, et nous nousdéfions fort de cette manie

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d'arrangement et d'atténuations, àlaquelle se laissaient allervolontiers les éditeurs des dernierssiècles. Au reste, ces variantes sontvéritablement insignifiantes.

Réimprimée plusieurs fois àLondres (Paris) et Amsterdam.

1759, 1762. Œuvres. Nouvelle

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édition, très-augmentée, avec desremarques philosophiques etpolitiques d'un anonyme (ÉliasLuzac), Amsterdam et Lausanne,Grasset. (Réimprimées en 1761, 62,64, 73.) (6 volumes in-12.

Elle était sans doute commencéeantérieurement, puisque Richerréfute en 1758 les Remarquesd'Élias Luzac.

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1760. Traduction anglaise de laprécédente, signalée dans la notemanuscrite mentionnée à l'article1758.

1 7 6 1 . Lettres persanes,Amsterdam et Paris, Belin.Nouvelle édition, augmentée dedouze lettres qui ne se trouvent pas

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dans les précédentes, et d'une tableanalytique des sujets traités; un vol.in-8o de 527 pages. Réimprimée en1786.

Le chiffre de douze lettrescontient sans doute QuelquesRéflexions sur les Lettrespersanes. En fait, le Supplément de1754 n'ajoute que onze lettres.

Cette édition est la premièrecomplète des Lettres persanes.

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1 7 6 7 . Lettres persanes,Cologne, Marteau. 2 vol. in-12.

1 7 7 2 . Œuvres. Londres,Nourse, 3 vol. in-8o, l'une des plusmauvaises.

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1 7 7 6 . Lettres persanes,Amsterdam, Arkstée et Merkus, 1vol. in-12, 161 lettres, table de 30pages. (Bibl. de Provins.)

1784. Autre (Bibliothèquenationale). 2 Vol. in-18.

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1786. Autre, Amsterdam, 2tomes en 1 volume, in-12.

1788. Œuvres. Paris, Bastien, 5vol in-8o. D'après Quérard,médiocre et chère.

Œuvres, édition revue, corrigée

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et augmentée de plusieurs piècesqui n'avaient pas paru jusque-là,Amsterdam (sans nom d'éditeur nid'imprimeur). Généralementconforme à l'in-4o de 1758. 6 vol.in-8o.

1790. Œuvres, Bâle 8 vol. in-8o

(réimprimées en 1799), avec desnotes d'Helvétius, longtemps la pluscomplète, mais entièrement effacée

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par celle d'Auger 1816.

1795. Les mêmes, Paris, Didotl'aîné, 12 vol. in-8o; avec notesd'Helvétius, etc. Jolie éditionstéréotype, mais texte médiocre.(Publiée par de Laroche.)

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1796. Les mêmes, Paris,Langlois, an IV.

Les mêmes, avec des piècesinédites publiées d'après lesmanuscrits (?), par Bernard,libraire à Paris. ImprimeriePlassan. 5 vol. grand in-4o.

Cette édition, qui s'écartequelquefois du texte de 1758, laisseà désirer comme livre de luxe.

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1 8 0 3 . Lettres. StéréotypieDidot. Paris, Didot aîné, 2 vol. in-18. Avec les clichés de cetteédition peu correcte a été faite cellede Lecointe, Paris, 1809 (NouvelleCollection des classiques français).Autre tirage, 1811.

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1814 et 1820. Œuvres, Paris,Didot aîné, 8 vol. in-8o.

1815. Lettres, Avignon, Joly, 2vol. in-24 (seule de ce format).

1816, 1818, 1820. Œuvres,précédées de la vie de l'auteur par

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Auger, Paris, Lefèvre, 6 volumesin-8o, imprimerie Crapelet. (Tableanalytique bien faite.)

La seconde est plus complète.

Toutes deux sont fort estimées.Nous avons noté dans le texte deslettres, des variantes de 1758, quisont contestables.

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1 8 1 7 . Œuvres, Paris, Belin,avec notice par Depping, 2 volumesin-8o.

1818. Lettres, Nîmes, in-8o (id.1820), traduction espagnole deMarchena.

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1819. Œuvres. Nouvelle éditioncontenant les Éloges deMontesquieu par d'Alembert et parM. Villemain (très-remarquable),les notes d'Helvétius, de Condorcet,et le commentaire de Voltaire surl'Esprit des lois. Paris, del'imprimerie de Pierre Didot aîné.Lequien 1819. Portrait. (Bonneréimpression d'une édition de1798.) En tête du premier volume,15 éditions sont passées en revue.

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Estimée.

1 8 2 0 . Lettres, suivies desœuvres diverses, Paris, Didot aîné,3 vol. in-8o, formant les volumes52-54 de la Collection desmeilleurs ouvrages français.

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1820. Lettres. Paris, Ménard etDesenne, 2 vol. in-18, faisant partiede la Bibliothèque française.

1821. Lettres. Paris, L. Debure,2 vol. in-32, portrait. (Collectiondes Classiques français.)

Lettres (traduction espagnole),Toulouse, Bellegarrigue, in-12.

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Lettres, Paris, Touquet, in-12.

1822. Œuvres, Paris. Dalibon,imprimerie Collot. 8 vol. in-8o.Portrait. Avec les Éloges pard'Alembert et Villemain, suivie duCommentaire sur l'Esprit des loispar Destutt de Tracy. Édition faitesur 1819-Lequien. Estimée.

Page 1121: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

1823. Lettres. Nouvelle éditionaccompagnée de notes et d'une tablealphabétique. Paris, Dondey-Dupré,in-18.

Remarques historiques deCollin de Plancy. Notes sur lesnoms orientaux par Isidore Gautier.Réimprimée par les frères Garnier.

Page 1122: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Lettres, Dauthereau, imprimeriede Firmin Didot, 3 vol. in-32.

Il y a peu à dire sur les éditions,tant des Œuvres que des Lettres,parues en 1825, 26, 27, 28, 29,1830, 31, 32, 34, et de nos jours.Ce sont des réimpressions tantôt de1754, tantôt de 1758.

Page 1123: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu
Page 1124: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

TABLE DESMATIÈRES DU

TOME SECOND.

LETTRE LXXXIX. Usbek àRhédi.

Notes sur Paris ou règnent la libertéet l'égalité; portrait du grandseigneur en France; la faveur,grande divinité des Français.

LETTRE XC. Usbek à Ibben.

Page 1125: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Le désir de la gloire assimilé àl'instinct de la conservation. Amourdes Français pour la gloire. Élogedu régime républicain.LETTRE XCI. Usbek au même.

Tyrannie du point d'honneur; manieillusoire du duel, plus forte que laraison et que la loi.

LETTRE XCII. Usbek à Rustan.

Équipée d'un faux ambassadeur de

Page 1126: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Perse.

LETTRE XCIII. Usbek à Rhédi.

Mort de Louis XIV. Son testamentcassé par le parlement. Rôle desparlements. Habileté du régent.

LETTRE XCIV. Usbek à son frèresanton au monastère de Casbin.

A l'adresse des santons, dervis,moines et solitaires. Tentations desascètes de la Thébaïde.

Page 1127: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

LETTRE XCV Usbek à Rhédi.

Le droit public altéré par lesprinces et les puissants. Le droitpublic ramené aux principes dejustice qui régissent le droit privé.

LETTRE XCVI. Usbek au même.

Développements à l'appui de lathèse ci-dessus. Sanctions du droitpublic. De la guerre et du prétendudroit de conquête qui «n'est pas un

Page 1128: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

droit.» (Voir les Notes etvariantes.)

LETTRE XCVII. Le premiereunuque à Usbek. (Roman.)

Achat d'une femme jaune deVisapour. Agréments de lapolygamie. Nécessite de laprésence du maître dans le sérail.

LETTRE XCVIII. Usbek à Hassein,dervis de la montagne de Jaron.

Page 1129: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Supériorité des lois physiquesdécouvertes par les philosophes surles élucubrations mystiques deslivres saints et des prophéties.

LETTRE XCIX. Usbek à Ibben.

Inconstance des fortunes et désordredes finances en France. Chambreardente contre les traitants. Étrangedistribution des richesses. Élogedes laquais.

LETTRE C. Rica à Rhédi.

Page 1130: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Les caprices et l'empire de la modeen France.

LETTRE CI. Rica au même.

Frivolité du caractère français.Incohérence de leur législationempruntée au droit romain et auxconstitutions des Papes.

LETTRE CII. Usbek à ***.

Sur un évêque qui vantait son

Page 1131: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

mandement.

LETTRE CIII. Usbek à Ibben.

Considérations sur le gouvernementmonarchique en Europe et sur ledespotisme oriental.

LETTRE CIV. Usbek au même.

Pourquoi les princes d'Orient ont sisouvent leurs assassins poursuccesseurs.

Page 1132: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

LETTRE CV. Usbek au même.

Limitation de l'autorité royale parles Anglais.

LETTRE CVI. Rhédi à Usbek.

Paradoxe contre les progrès del'industrie et des arts,incompatibles avec la solidité desmonarchies.

LETTRE CVII. Usbek à Rhédi.

Page 1133: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Réfutation aisée de la thèseprécédente. Tableau de l'activité etde l'industrie parisiennes. Éloge duluxe.

LETTRE CVIII. Rica à Ibben.

Influence de la maîtresse et duconfesseur sur le caractère des rois.Louis XIV entièrement gouverné parles femmes.

LETTRE CIX. Usbek à ***.

Page 1134: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Les journaux et la critique aucommencement du XVIIIe siècle.

LETTRE CX. Rica à ***.

Querelles scolastiques sur la lettreQ.

LETTRE CXI. Rica à ***.

Rôle et occupation d'une joliefemme.

LETTRE CXII. Usbek à ***.

Page 1135: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Discours d'un général de la Fronde.

LETTRE CXIII. Rhédi à Usbek.

Dépopulation croissante de la terre.

LETTRE CXIV. Usbek à Rhédi.

Causes de dépopulation. Fréquencedes catastrophes générales. Lemonde terrestre a bien plus de sixmille ans.

Page 1136: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

LETTRE CXV. Usbek au même.

Causes de dépopulation: lapolygamie, la castration.

LETTRE CXVI. Usbek au même.

Rôle des esclaves et des affranchisdans le monde romain.

LETTRE CXVII. Usbek au même.

Causes de la dépopulation:l'interdiction du divorce. (Vues

Page 1137: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

incohérentes de l'Église sur lemariage.)

LETTRE CXVIII. Usbek au même.

Causes de la dépopulation: lecélibat des prêtres et lemonachisme. Supériorité des paysprotestants sur les pays catholiques.

LETTRE CXIX. Usbek au même.

Causes de la dépopulation enAfrique, en Amérique: la traite et le

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travail esclave.

LETTRE CXX. Usbek au même.

Causes de la dépopulation: lemépris de la terre et de la vie,prêché par le christianisme et lemahométisme, «l'injuste droitd'aînesse». Causes de la féconditéde la Perse ancienne et des racesjuive et chinoise.

LETTRE CXXI. Usbek au même.

Page 1139: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Causes de la dépopulation chez lessauvages: leur ignorance del'agriculture; la pratique del'avortement.

LETTRE CXXII. Usbek au même.

Causes de la dépopulation descolonies: les influencesclimatériques, les cruautés desconquérants.

LETTRE CXXIII. Usbek au même.

Page 1140: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Causes de dépopulation: ledespotisme et le pouvoir arbitraire,l'inégalité des citoyens, lesmariages précoces.

LETTRE CXXIV. Usbek au mollakMéhémet Ali, gardien des troistombeaux.

En dépit des jeûnes et des cilicesdes mollaks, la victoire abandonneles Osmanlis.

LETTRE CXXV. Usbek à Rhédi.

Page 1141: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Qui paye les libéralités des princesenvers leurs courtisans?

LETTRE CXXVI. Rica à ***.

Difficulté de concevoir desrécompenses éternelles. Les paradissont rendus inhabitables par leursinventeurs. Plaisante histoire d'uneveuve indienne.

LETTRE CXXVII. Rica à Usbek.

Page 1142: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Allusion à la conspiration deCellamare.

LETTRE CXXVIII. Rica à Ibben.

A propos de la mort de Charles XII.Grave responsabilité des ministres.

LETTRE CXXIX. Rica à Usbek.

Entretien d'un géomètre et d'untraducteur d'Horace.

LETTRE CXXX. Rica à ***.

Page 1143: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Bavardage et suffisance desnouvellistes. Trois lettres d'unnouvelliste.

LETTRE CXXXI. Rhédi à Rica.

Origines des républiques. Éloge dugouvernement républicain. Laliberté faite pour le génie despeuples de l'Europe; la servitudepour celui des orientaux.

LETTRE CXXXII. Rica à ***.

Page 1144: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Un café à la mode à l'époque deLaw.

LETTRE CXXXIII. Rica à ***.

Visite à une grande bibliothèquedans un couvent de dervis.

LETTRE CXXXIV. Rica au même.

Seconde visite à la bibliothèque.Appréciation satirique de diversgenres littéraires. La théologie,

Page 1145: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

l'ascétisme, la casuistique.

LETTRE CXXXV. Rica au même.

Troisième visite: les grammairiens,glossateurs et commentateurs; lesorateurs; les métaphysiciens, lesmédecins, anatomistes, chimistes,adeptes des sciences occultes.

LETTRE CXXXVI. Rica au même.

Vues historiques sur l'église, ladécadence romaine, les barbares,

Page 1146: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

l'Allemagne, la France, l'Espagne,l'Angleterre, la Hollande, l'Italie, laPologne, et les républiques deSuisse, de Venise et de Gênes.

LETTRE CXXXVII. Rica au même.

Les poëtes épiques, dramatiques,lyriques, bucoliques,épigrammatiques; les romanciers.

LETTRE CXXXVIII. Rica à Ibben.

Désastreuses conséquences du

Page 1147: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

système de Law.

LETTRE CXXXIX. Rica au même.

Abdication de deux reines deSuède, Ulrique-Éléonore etChristine.

LETTRE CXL. Rica à Usbek.

Le Parlement de Paris relégué àPontoise. Graves et difficilesattributions politiques desparlements.

Page 1148: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

LETTRE CXLI. Rica au même.

Traduction supposée d'un contepersan. Aventures de l'immortelleAnaïs dans le paradis des femmes.Vengeance qu'elle tire de son mari.

LETTRE CXLII. Rica à Usbek.

«Lettre d'un archéologue» et«Fragment d'un ancienmythologiste.» (Portrait allégoriquede Law, fils d'Éole).

Page 1149: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

LETTRE CXLIII. Rica à NathanaëlLévi, médecin juif.

Sur les amulettes, talismans etprestiges.

Lettre d'un médecin de province àun médecin de Paris.

Vertu dormitive de la Cour saintedu père Caussin. Pharmacienouvelle extraite des œuvres desphilosophes et des théologiens.

Page 1150: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

LETTRE CXLIV. Usbek à Rica.

Le savant opiniâtre et le savantoutrecuidant. Éloge de la modestie.

LETTRE CXLV. Usbek à ***.

Tribulations des gens d'esprit et dessavants. Lettre d'un anatomiste.

LETTRE CXLVI. Usbek à Rhédi.

Perversion des mœurs publiques

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sous l'influence de Law. Odieuxrésultats de l'agiotage érigé eninstitution publique.

LETTRE CXLVII. Le grandeunuque à Usbek. (Roman.)

Désordres dans le sérail d'Usbek.

LETTRE CXLVIII. Usbek au grandeunuque. (Roman.)

Ordres de répression.

Page 1152: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

LETTRE CXLIX. Narsit à Usbek.(Roman.)

Mort du grand eunuque.

LETTRE CL. Usbek à Narsit.(Roman.)

Ordres réitérés de répression.

LETTRE CLI. Solim à Usbek.(Roman.)

Dénonciations contre les femmes

Page 1153: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

d'Usbek.

LETTRE CLII. Narsit à Usbek.(Roman.)

Inexécution des ordres d'Usbek,dont la lettre s'estégarée.

LETTRE CLIII. Usbek à Solim.(Roman.)

Fureurs de l'époux outragé.

Page 1154: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

LETTRE CLIV. Usbek à sesfemmes. (Roman.)

Reproches et menaces.

LETTRE CLV. Usbek à Nessir.(Roman.)

Douloureuses confidences.

LETTRE CLVI. Roxane à Usbek.(Roman.)

Protestation contre les violences de

Page 1155: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Solim.

LETTRE CLVII. Zachi à Usbek.(Roman.)

Zachi s'indigne d'avoir été fouettée.

LETTRE CLVIII. Zélis à Usbek.(Roman.)

Même châtiment, même colère.

LETTRE CLIX. Solim à Usbek.(Roman.)

Page 1156: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

Trahison imprévue de Roxane,meurtre de son amant.

LETTRE CLX. Solim à Usbek.(Roman.)

Solim va punir.

LETTRE CLXI. Roxane à Usbek.(Roman.)

Roxane s'empoisonne et brave enmourant l'homme qui l'a épousée

Page 1157: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

malgré elle.

NOTES ET VARIANTES.

INDEX PHILOSOPHIQUE,HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE.

BIBLIOGRAPHIE.

Page 1158: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

FIN DE LA TABLEDU TOME SECOND

ET DERNIER.

Page 1159: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

OUVRAGES DE M.ANDRÉ LEFÈVRE.

Les Finances de Champagne auxXIIIe et XIVe siècles.

La Flute de Pan, 2e édition. Hetzel.

La Lyre intime. Ibid.

Virgile et Kalidasa. Ibid.

L'Épopée terrestre. Marpon.

Page 1160: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

La Vallée du Nil (avec M. H.Cammas). Hachette.

Les Merveilles de l'Architecture, 3e

édit. Ibid.

Les Parcs et les Jardins, 2e édition.Ibid.

La Pensée nouvelle, encollaboration avec MM. LouisAsseline, A. Coudereau, Ch.Letourneau, P. Lacombe,

Page 1161: Lettres Persanes, Tome II - Baron de Montesquieu

etc. 2 vol. gr. in-8o.

Napoléon Ier (in-32). Bureaux del'Éclipse.

Les Finances particulières deNapoléon III. J. Rouquette.

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Section 2. Information about theMission of Project Gutenberg-tm

Project Gutenberg-tm issynonymous with the freedistribution ofelectronic works in formatsreadable by the widest variety of

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computersincluding obsolete, old, middle-aged and new computers. It existsbecause of the efforts of hundreds ofvolunteers and donations frompeople in all walks of life.

Volunteers and financial support toprovide volunteers with theassistance they need, are critical toreaching Project Gutenberg-tm'sgoals and ensuring that the ProjectGutenberg-tm collection willremain freely available for

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generations to come. In 2001, theProjectGutenberg Literary ArchiveFoundation was created to providea secureand permanent future for ProjectGutenberg-tm and futuregenerations.To learn more about the ProjectGutenberg Literary ArchiveFoundationand how your efforts and donationscan help, see Sections 3 and 4and the Foundation web page at

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http://www.pglaf.org.

Section 3. Information about theProject Gutenberg Literary ArchiveFoundation

The Project Gutenberg LiteraryArchive Foundation is a non profit501(c)(3) educational corporationorganized under the laws of thestate of Mississippi and granted taxexempt status by the InternalRevenue Service. The Foundation's

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EIN or federal tax identificationnumber is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted athttp://pglaf.org/fundraising.Contributions to the ProjectGutenbergLiterary Archive Foundation are taxdeductible to the full extentpermitted by U.S. federal laws andyour state's laws.

The Foundation's principal office islocated at 4557 Melan Dr. S.Fairbanks, AK, 99712., but its

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volunteers and employees arescatteredthroughout numerous locations. Itsbusiness office is located at809 North 1500 West, Salt LakeCity, UT 84116, (801) 596-1887,[email protected]. Email contactlinks and up to date contactinformation can be found at theFoundation's web site and officialpage at http://pglaf.org

For additional contact information:

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Dr. Gregory B. NewbyChief Executive and [email protected]

Section 4. Information aboutDonations to the Project GutenbergLiterary Archive Foundation

Project Gutenberg-tm depends uponand cannot survive without widespread public support and donationsto carry out its mission ofincreasing the number of public

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domain and licensed works that canbefreely distributed in machinereadable form accessible by thewidestarray of equipment includingoutdated equipment. Many smalldonations($1 to $5,000) are particularlyimportant to maintaining tax exemptstatus with the IRS.

The Foundation is committed tocomplying with the laws regulating

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charities and charitable donations inall 50 states of the UnitedStates. Compliance requirementsare not uniform and it takes aconsiderable effort, muchpaperwork and many fees to meetand keep upwith these requirements. We do notsolicit donations in locationswhere we have not received writtenconfirmation of compliance. ToSEND DONATIONS or determinethe status of compliance for anyparticular state visit http://pglaf.org

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While we cannot and do not solicitcontributions from states where wehave not met the solicitationrequirements, we know of noprohibitionagainst accepting unsoliciteddonations from donors in such stateswhoapproach us with offers to donate.

International donations aregratefully accepted, but we cannotmake

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any statements concerning taxtreatment of donations receivedfromoutside the United States. U.S. lawsalone swamp our small staff.

Please check the Project GutenbergWeb pages for current donationmethods and addresses. Donationsare accepted in a number of otherways including checks, onlinepayments and credit card donations.To donate, please visit:http://pglaf.org/donate

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Section 5. General InformationAbout Project Gutenberg-tmelectronicworks.

Professor Michael S. Hart is theoriginator of the Project Gutenberg-tmconcept of a library of electronicworks that could be freely sharedwith anyone. For thirty years, heproduced and distributed Project

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Gutenberg-tm eBooks with only aloose network of volunteer support.

Project Gutenberg-tm eBooks areoften created from several printededitions, all of which are confirmedas Public Domain in the U.S.unless a copyright notice isincluded. Thus, we do notnecessarilykeep eBooks in compliance withany particular paper edition.

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