les nanoparticules dans l'alimentation une présence cachée

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Les nanoparticules dans l'alimentation Une présence cachée et inquiétante Des risques inutiles Dossier de presse - 19 janvier 2017 Contacts presse Magali Ringoot, coordinatrice des campagnes Tel. 01 40 31 34 48 Stéphen Kerckhove, délégué général Tél. 06 06 88 52 66 Retrouvez tous les documents de la campagne nano d'Agir pour l'environnement sur www.agirpourlenvironnement.org/campagne/stop-aux-nanos Agir pour l'Environnement - 2 rue du Nord - 75018 Paris - Tél. : 01 40 31 02 37 - www.agirpourlenvironnement.org [email protected] - facebook.com/association.agirpourlenvironnement - Twitter : @APEnvironnement

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Page 1: Les nanoparticules dans l'alimentation Une présence cachée

Les nanoparticules dans l'alimentation Une présence cachée et inquiétante

Des risques inutiles

Dossier de presse - 19 janvier 2017

Contacts presse

Magali Ringoot, coordinatrice des campagnes – Tel. 01 40 31 34 48 Stéphen Kerckhove, délégué général – Tél. 06 06 88 52 66 Retrouvez tous les documents de la campagne nano d'Agir pour l'environnement sur www.agirpourlenvironnement.org/campagne/stop-aux-nanos

Agir pour l'Environnement - 2 rue du Nord - 75018 Paris - Tél. : 01 40 31 02 37 - www.agirpourlenvironnement.org – [email protected] - facebook.com/association.agirpourlenvironnement - Twitter : @APEnvironnement

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2 Dossier de presse “Nanos et alimentation”- Agir pour l’environnement – 19/01/2017

QUE S'EST-IL PASSE DEPUIS LES PREMIERES REVELATIONS EN JUIN 2016?

Retour sur 6 mois de la “campagne nano” d'Agir pour l'environnement

15 juin 2016 : pour la première fois en Europe, il est prouvé que des nanoparticules sont présentes dans l'alimentation et ce à l'insu du consommateur et en infraction avec l'obligation européenne d'étiquetage

Agir pour l'environnement publie des analyses inédites en Europe portant sur 4 produits alimentaires choisis au hasard, contenant soit du dioxyde de titane (E171) soit du dioxyde de silice (E551). Ces mesures menées par le Laboratoire National de Métrologie et d'Essais (LNE) sont sans appel : les échantillons des 4 produits contenaient des proportions de nanoparticules dans diverses proportions :

LU “ Napolitain signature chocolat” : 12% des particules de dioxyde de titane ont une taille inférieure à 100 nm (taille moyenne de 148,9 nm)

Malabar : 2,5% des particules de dioxyde de titane ont une taille inférieure à 100 nm (taille moyenne de 183,6 nm)

Mélange d’épices pour guacamole marque Carrefour : 100% des particules de dioxyde de silicium ont une taille inférieure à 100 nm (taille moyenne de 20,0nm)

Blanquette de veau William Saurin : 16% des particules de dioxyde de titane ont une taille inférieure à 100 nm (taille moyenne de 131,6nm)

Ces mesures ont aussi révélé l’ampleur des infractions à la réglementation sur l’étiquetage car aujourd’hui aucun produit alimentaire ne porte la mention [nano] dans la liste des ingrédients, comme l’exige pourtant la réglementation européenne INCO 1169/2011 dès lors qu’une des dimensions d’un matériau produit intentionnellement est de moins de 100nm.

Des analyses similaires faisant état de la présence de nanoparticules avaient également été menées en 2015 en Australie, à la demande des Amis de la Terre

1 http://stop-nano.agirpourlenvironnement.org/

Australie, et réalisées par le laboratoire de l’Université d’Etat d’Arizona aux Etats-Unis sur 14 produits alimentaires, dont certains sont présents sur le marché français :M&M’s, chewing gum Mentos Pure Fresh, bonbons Skittles, les chewing gum à la menthe Eclipse, le Taco Mix Old El Paso, les menthes fraîches d’Allen, la vinaigrette Caesar de Praise, le sel au poulet Nice N’ Tasty, la crème au café et au maté Nestlé, le glaçage Duncan Hines, le Cappuccino Moccona, le jus de viande rôtie Maggi, les Sour straps WoolWorth Homebrand, la sauce blanche WoolWorth Homebrand.

Interpellation des pouvoirs publics

Forte de ces résultats d'analyse, l'association Agir pour l'environnement a interpellé en juin 2016 le gouvernement pour que des mesures immédiates soient prises pour protéger la santé des consommateurs et l'environnement :

Rappel des produits testés

Mise en conformité de l'étiquetage des produits

Moratoire sur les nanoparticules dans l'alimentation en attendant que les nanoparticules fassent l'objet d'évaluations sérieuses et d'un encadrement réglementaire adéquat

Agir pour l’environnement a envoyé quelques jours après la publication des résultats des courriers aux Ministères de l'Environnement (en charge du dossier au sein du gouvernement), de la Santé, au Secrétariat d'Etat à la consommation et à la DGCCRF (répression des fraudes).

En parallèle, l’association a lancé une pétition électronique1 en direction des pouvoirs publics et recueille en quelques jours près de 25 000 signatures.

Enfin, l’association a diffusé une plaquette présentant les enjeux du sujet avec des cartes-pétition à renvoyer aux 3 Ministères (15 000 exemplaires).

La réponse des pouvoirs publics

Agir pour l'environnement a été reçu par le Secrétariat d'Etat à la consommation, par le Ministère de l'Environnement et par le Ministère de la Santé entre juillet 2016 et septembre 2016.

Les réponses apportées par le gouvernement n'ont pas été à la mesure de l'urgence et la gravité du sujet mais marquent néanmoins quelques avancées :

– Lancement d'une enquête de la DGCCRF sur l'obligation d'étiquetage des produits alimentaires

Cette enquête aurait démarré en 2016 et devrait s'étoffer en 2017. Elle ne devrait pas se contenter d'aspects documentaires (questionnement des entreprises) mais devrait aussi être assortie de prélèvements, en lien avec le laboratoire UT2A, basé à Pau.

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3 Dossier de presse “Nanos et alimentation”- Agir pour l’environnement – 19/01/2017

Nous attendons avec impatience les premiers résultats et espérons que la DGCCRF communiquera publiquement et régulièrement sur ce travail.

– Saisine de l'ANSES

Annoncée déjà en début d'année 2016, une saisine de l'ANSES est enfin en train de se mettre en place. Un appel à candidatures a été lancé pour la constitution du groupe de travail “nanos et alimentation” pour mars 20172. Si nous ne pouvons que nous réjouir de la décision d'examiner davantage les questions de toxicité sur ce sujet si peu étudié, nous notons également qu'une saisine de l'ANSES ne permet pas une réponse rapide à une question de santé publique sur des biens de consommation déjà diffusés à grande échelle dans la population. Il serait plus logique de d'abord suspendre la commercialisation de ces produits le temps de l'expertise. En effet, l'aboutissement de cette saisine n’est pas prévu avant septembre 2018 ! Cette échéance est bien trop lointaine au vu des enjeux, d'autant plus que les derniers travaux sur le sujet ont en général accusé de forts retards. Enfin, nous nous interrogeons sur les moyens qui seront alloués à ces travaux. Vont-ils avant tout consister en une synthèse de la littérature scientifique existante ou bien vont-ils permettre de nouvelles études pour de vrais progrès dans la connaissance ?

– Poursuite du groupe de travail “étiquetage et restriction des produits contenant des nanos”

Engagement de la conférence environnementale de 2014 (action 67), ce groupe de travail sur “étiquetage et restriction des produits contenant des nanos” a le mérite d'exister et de perdurer. Il s'articule avec le GT4 du Plan National Santé Environnement 3. Mais les réunions passent et peu de décisions sont prises. Le format de ces réunions incluant toutes les parties prenantes ne permet évidemment pas de consensus autour d'actions fortes. Le gouvernement ne peut se contenter d'orchestrer un débat entre les différents acteurs. Il doit désormais prendre ses responsabilités et trancher !

Depuis mars 2016, veille dans les supermarchés et interpellation des fabricants

Face à l’omerta qui règne sur le sujet, Agir pour l’environnement a décidé en mars 2016 de mener un travail de veille dans les grandes enseignes de supermarchés en France pour identifier les produits alimentaires étiquetés [nano] et les produits pouvant en contenir, en priorité ceux qui contiennent des additifs susceptibles d'être présents à l'échelle nanométriques (E171, E551, E172...).

C'est ainsi que l’association a identifié 200 produits pouvant contenir des nanoparticules. Et c'est dans ces 200 produits qu’Agir pour l’environnement a puisé pour

2 https://www.anses.fr/fr/content/l%E2%80%99anses-lance-

un-appel-%C3%A0-candidatures-d%E2%80%99experts-scientifiques-afin-de-proc%C3%A9der-%C3%A0-la-3

choisir au hasard les 6 produits envoyés au laboratoire pour analyse.

Dès qu’un nouveau produit est identifié, l'association envoie au fabricant un courrier avec un questionnaire pour l'alerter et l'interroger sur ses pratiques en termes d’utilisation ou non de nanoparticules.

Malheureusement, très peu d'industriels répondent. Et ceux qui répondent prétendent à des politiques d’entreprise excluant l’utilisation de nanoparticules mais sans pour autant fournir de preuves tangibles de non utilisation d’additifs à l’échelle nanométrique, comme par exemple des résultats d'analyses réalisées par des laboratoires indépendants.

Un site internet, www.infonano.agirpourlenvironnement.org, sera prochainement mis en ligne et répertoriera ces produits tout en permettant aux internautes d'interpeller facilement les fabricants.

27 octobre 2016 : à l'occasion d'Halloween, publication de la liste de 100 produits destinés aux enfants et susceptibles de contenir des nanoparticules

Cette publication a connu un très fort retentissement médiatique (ouverture du JT de France 2 par exemple) et a permis d'alerter sur la question de l'exposition des enfants, consommateurs les plus exposés aux nanoparticules.

19 janvier 2017 : 6 mois après les premières révélations, le gouvernement doit agir !

Depuis la publication des analyses en juin sur 4 produits alimentaires contenant des nanoparticules non étiquetées, les choses n'ont guère évolué du point de vue du consommateur. Mis à part William Saurin qui s'est engagé à cesser d’utiliser du dioxyde de titane dans l'ensemble de ses produits à partir de 2017, les produits analysés sont toujours en vente... sans étiquetage adéquat.

C'est pourquoi Agir pour l'environnement presse le gouvernement de prendre des mesures fortes pour protéger la santé et l'environnement et apporte de nouveaux éléments au débat.

Deux analyses de bonbons publiées le 19 janvier 2017

Agir pour l'environnement a choisi deux produits au hasard contenant du dioxyde de titane (E171) dans la liste des 200 produits et a demandé à nouveau au Laboratoire National de Métrologie et d'Essais (le LNE) de détecter la présence de nanoparticules. Le rapport conclut ainsi :

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4 Dossier de presse “Nanos et alimentation”- Agir pour l’environnement – 19/01/2017

– les bonbons « Têtes brûlées » star effet rose à lèvres, goût framboise : la taille moyenne des particules est de 28,9 nm et 100% des particules ont une taille inférieure à 100 nm

– les chewing-gums NEW'R (marque distributeur Leclerc) : la taille moyenne des particules est de 160 nm 13% des particules ont une taille inférieure à 100 nm

En somme, chaque fois qu'Agir pour l'environnement fait analyser des produits (6 produits analysés à ce jour), des nanoparticules non étiquetées sont identifiées. Simple hasard ou présence systématique de nanoparticules dans les additifs dioxyde de titane et dioxyde de silicium ?

La méthodologie des analyses

De manière à déterminer la présence de ces particules dans les produits, des tests spécifiques à la nature de chaque produit ont été réalisés, suivant trois méthodes. La nature chimique du matériau a d’abord été identifiée grâce à une analyse élémentaire par EDX (Energy-dispersive X-ray spectrocopy). Des mesures de taille, de distribution en taille et de forme des populations ont ensuite été extraites par SEM (Microscopie électronique à Balayage). Pour finir, le laboratoire a quantifié la teneur en TiO2 dans les produits

alimentaires en utilisant la méthode ICP-OES (Inductively Coupled Optical Emission Spectrometry).

Le rapport est disponible ici : www.agirpourlenvironnement.org/campagne/stop-aux-nanos

OU SE RETROUVENT LES NANOPARTICULES DANS L'ALIMENTATION ?

Pour aller plus loin : dossier réalisé par Veille nanos « quels ingrédients nano dans notre alimentation ? »

En plus de les retrouver dans les emballages alimentaires et dans des pesticides, l’introduction des nanoparticules dans l’alimentation se fait via les additifs des produits alimentaires. Leur intérêt ? Loin d’être essentiel ! ll s’agit essentiellement de rendre plus “attractif” un produit (modifier la couleur, la brillance, le goût, la fluidité, la texture...) ou allonger sa durée de conservation. Les trois additifs les plus courants, susceptibles de contenir des nanoparticules sont repérables sous les dénominations suivantes :

– Le E171 (dioxyde de titane ou TiO2 - colorant) présent dans des bonbons, chewing-gums, sauces, plats cuisinés, biscuits, crèmes glacées, décorations pour pâtisseries... D’après la littérature scientifique, le dioxyde de titane contiendrait aujourd’hui des particules d’un diamètre moyen de 100 à 130 nm, appartenant clairement à l’échelle nanométrique.

– Le E551 (dioxyde de silice ou SiO2 - antiagglomérant) présent dans des produits sous forme de poudre (mélanges d’épices, soupes...).

– Le E172 (l'oxyde de fer - colorant) présent dans des bonbons, crèmes glacées...

Omerta sur les nanos !

Rappelons le peu de transparence qui règne sur ce sujet. Il est difficile d'avoir une idée précise sur la présence des nanoparticules dans l'alimentation. Les entreprises sont très peu bavardes sur le sujet et ne se vantent pas d'utiliser des nanoparticules auprès des consommateurs. Le registre R-nano apporte très peu d'éléments non plus. Et l'obligation d'étiquetage des produits n'est pas mise en œuvre.

Nos enquêtes de terrain menées dans une vingtaine d'enseignes de supermarchés nous ont permis d'identifier plus de 200 produits contenant un ou plusieurs de ces additifs. Une bonne moitié de ces produits, soit une centaine, sont destinés aux enfants : bonbons Têtes brulées, Elodie, Fizzy, chewing-gums Airwaves, Hollywood, Freedent, Malabar, confiseries M&M’s, Skittles, gâteaux LU, chocolats Milka, décorations gâteaux Vahiné

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5 Dossier de presse “Nanos et alimentation”- Agir pour l’environnement – 19/01/2017

La mention [nano] aurait dû figurer sur leurs étiquettes des six produits analysés, conformément au Règlement CE 1169/2011 concernant l'information des consommateurs sur les denrées alimentaires (INCO) qui définit un « nanomatériau manufacturé » de la façon suivante (point t) de l'article 2) : « tout matériau produit intentionnellement présentant une ou plusieurs dimensions de l'ordre de 100 nm ou moins, ou composé de parties fonctionnelles distinctes, soit internes, soit à la surface, dont beaucoup ont une ou plusieurs dimensions de l'ordre de 100 nm ou moins, y compris des structures, des agglomérats ou des agrégats qui peuvent avoir une taille supérieure à 100 nm mais qui conservent des propriétés typiques de la nanoéchelle. Les propriétés typiques de la nanoéchelle comprennent: - les propriétés liées à la grande surface spécifique des matériaux considérés; et/ou - des propriétés physico-chimiques spécifiques qui sont différentes de celles de la forme non nanotechnologique du même matériau. L’article 18, paragraphe 3 du règlement prévoit clairement l’exigence d’étiquetage : « Tous les ingrédients qui se présentent sous forme de nanomatériaux manufacturés sont indiqués clairement dans la liste des ingrédients. Le nom des ingrédients est suivi du mot «nano» entre crochets»

Pourquoi la présence de nanoparticules n'était pas indiquée sur l'étiquette ?

Les marques ignorent-elles la présence de nanoparticules dans les ingrédients qu'elles font entrer dans la composition de leurs produits ? Ce n'est pas impossible, vu l'opacité des fabricants de dioxyde de titane et de silice mise en lumière par Avicenn qui a pointé leur refus de fournir à l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) des informations sur les nanomatériaux qu'elles fabriquent3. Les fabricants surfent sur la définition très floue, restrictive et alambiquée des nanos retenue par les instances européennes, pour se soustraire à l'obligation d'étiquetage. Pourquoi avoir retenu ce chiffre très restrictif de 100 nm alors que de nombreuses voix scientifiques plaident pour un seuil bien plus élevé ? Pourquoi parler d'intentionnalité ? Leur suffirait-il d'arguer que la présence des nanos pourrait être « accidentelle » pour se dédouaner de tout étiquetage ? Quoi de mieux pour permettre aux industriels de justifier l'opacité et, dès le départ, d'internaliser la

3http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=NanoReach#AppealECHA 4Registre R-Nano https://www.r-nano.fr/?locale=fr ou en lien

direct : http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_public_R-nano_2015.pdf

contamination potentielle des nanos et de la légaliser. On devine ainsi la ligne de communication des industriels qui reconnaissent de plus en plus la présence des nanos dans les assiettes mais en la minimisant car elle serait “accidentelle”. Ils font croire ainsi qu’ils ne sont pas capables de contrôler cette technologie invasive ! L’absence d’étiquetage n’affecte pas seulement les consommateurs : nombre d’entreprises incorporent des nanos dans leur production sans même le savoir avec des répercussions possibles sur leurs clients mais aussi sur leurs propres travailleurs !

Dans ces conditions, comment assurer la traçabilité des nanoparticules déjà présentes dans notre quotidien ? Même les pouvoirs publics ne savent pas où sont les nanos ! Comment retirer un produit du marché si on ne sait pas où il se

trouve ? Comment étudier d’éventuelles corrélations entre exposition aux nanos et apparition de pathologies ? Les chercheurs indépendants qui pourraient être tentés d’étudier la toxicité des nanos ont aussi bien du mal à accéder aux données. En somme, avec les nanos, nous sommes face à une technologie qui est déjà partout… et nulle part !

Le registre R-Nano ne lève pas l'omerta

La France a mis en place le registre R-Nano4 en 2013. Mais ce registre est loin de permettre la transparence. Il est basé sur la déclaration des entreprises et ne vise qu’à quantifier les substances nanos produites ou importées en France. Ne s’intéressant qu’aux substances et non aux articles finis, il ne permet aucune traçabilité des produits. Il exclut l’essentiel de nos biens de consommation, majoritairement produits à l’étranger. Il exclut également les nanoparticules liées à un support ou non destinées à être rejetées dans l'environnement… Et ce registre n’est de plus pas accessible au grand public. De nombreuses voix s’élèvent pour la création d’un registre européen des nanos, mais la Commission européenne refuse toujours de le mettre en place.5 NANOS ? Apparues pour la première fois dans le vocabulaire en 1974, les nanotechnologies sont des techniques permettant de manipuler la matière à l’échelle

5 Pour en savoir plus : http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=DeclarationObligatoireNanoFrance et http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=RegistreNanoproduitsEurope

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nanométrique, l’échelle des atomes et de l’ADN, soit au milliardième de mètre. Pour saisir cet infiniment petit, il suffit d’imaginer qu’une différence du même ordre existe entre la taille d’une orange et une nanoparticule et celle d’une orange et de… la Terre ! La taille des nanoparticules leur confère des propriétés nouvelles ou amplifie les propriétés existantes : résistance aux bactéries, transparence, fluidité, coloration, résistance mécanique… Le principe est simple : plus une particule est petite, plus elle est réactive. Avec un rapport surface/volume plus important, leur capacité d’interaction avec d’autres supports est plus grande. A titre d’exemple, un gramme de dioxyde de titane à l’état nano offre une surface d’interaction de 60 m² contre quelques cm² quand il est à l’état micro.

Quelle exposition aux nanos ? L’exposition alimentaire du dioxyde de titane chez l’homme est importante : elle serait évaluée en milligrammes par jour. Nous en consommons de 0,2 à 1 mg/kg poids corporel/jour pour l'adulte, et chez l’enfant / adolescent aux Etats-Unis de 1 à 3 mg/kg/jour (jusqu'à un maximum estimé à 6 mg au Royaume-Uni

pour les plus exposés)6 7. A titre de comparaison, les

doses vont de 0,5 à 1 microgramme par kg et par jour pour les perturbateurs endocriniens tels que le bisphénol A. Pour le dioxyde de titane, il faut donc multiplier cette dose par 1 000 ! Sans compter les expositions non alimentaires (dentifrices, cosmétiques…). Le nanomatériau peut être absorbé par voie digestive, cutanée ou respiratoire. Il est surtout question ici de la voie digestive pour le consommateur. La voie respiratoire, concernant les travailleurs (de l’ouvrier d’une industrie de nanotechnologies au pâtissier), est plus étudiée et les risques mieux cernés. Le dioxyde de titane a été classé cancérigène probable si inhalé par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) et commence à faire l’objet de mesures de suivi épidémiologique en France. Mais il est rare que les travailleurs soient informés des risques du dioxyde de titane et a fortiori quand il s’agit de nanoparticules. Combien de pâtissiers utilisant du colorant E171 auraient l’idée de porter des équipements de protection ? Les enfants, premiers exposés

L’exposition des enfants est particulièrement préoccupante car nous savons maintenant que la période d’exposition est capitale pour évaluer la toxicité d’une substance. Selon une étude récente, les enfants

6A. Weir et al., Titanium dioxide nanoparticles in food and personal care products. Environ Sci Technol. 2012 Feb 21;46(4):2242-50. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3288463/ 7M.C. Lomer et al., Dietary sources of inorganic microparticles and their intake in healthy subjects and patients with Crohn's

consommeraient deux à quatre fois plus de titane que les adultes du fait de l'ingestion de sucreries ayant des niveaux élevés de nanoparticules de dioxyde de titane. Or, la période d’exposition est capitale pour évaluer les risques et les enfants sont plus fragiles du fait d’un organisme en plein développement.

SANTE EN DANGER ! Dommages à l’ADN, retards de croissance, réactions d'hypersensibilité et d'allergie, inflammations chroniques, affaiblissement du système immunitaire, stress oxydatif, effets génotoxiques et cancérogènes, dérèglement du système immunitaire et du fonctionnement intestinal… Les effets potentiellement toxiques des nanoparticules sont de mieux en mieux documentés scientifiquement. Ces substances lilliputiennes plus réactives et plus mobiles posent de nouvelles questions. Elles peuvent plus facilement s’immiscer dans l’organisme humain (organes, sang, cellules...). Elles peuvent pénétrer dans le corps par les voies respiratoires, digestives, cutanées.

Même les agences d’évaluation, rarement alarmistes, lancent l'alerte :

– En mai 2014, l’Agence française de sécurité

sanitaire (ANSES) a préconisé un classement des nanoparticules de dioxyde de titane (et autres) comme substances dangereuses afin que soient mises en place des mesures de restriction d’usage voire d’interdiction de l'utilisation de certaines applications grand public. Cette préconisation a été reprise dans l’action n°72 du 3ème plan national Santé Environnement (PNSE 3) (2015-2019) fin 2014 et dans l’action 1.13 du Plan Santé au travail (PST 3) (2016-2019). Quelles suites seront données ?

– L’Organisation Mondiale de la Santé

recommande, dans un rapport de 20138, l’application du principe de précaution et attire l’attention sur la vulnérabilité des enfants.

disease. Br J Nutr. 2004 Dec;92(6):947-55. http://dx.doi.org/10.1079/BJN20041276 8Rapport OMS, Décembre 2012, Nanotechnology and human

health : scientific evidence and risk governance (en anglais) : http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0018/233154/e96927.pdf?ua=1

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Signes inquiétants de toxicité Sur les deux nanoparticules les plus présentes dans l’alimentation, voici les risques déjà mis en avant : 1/ Le nano-dioxyde de silicium (E551) : des études réalisées sur des animaux suggèrent qu’il peut être absorbé à partir du tractus gastro-intestinal, qu’il devient disponible de façon systémique et qu’il s’accumule dans les tissus. Certaines études montrent qu’il peut également traverser la barrière hémato-encéphalique et éventuellement la barrière placentaire.

Les nanoparticules de silice s’agglomèrent dans l’eau ou dans les milieux acides (comme l’estomac) mais se réindividualisent dans l’intestin où le pH est neutre ; elles peuvent alors traverser la barrière intestinale, avec des effets potentiellement néfastes sur la santé, notamment des dysfonctionnements de la division cellulaire et des perturbations du trafic cellulaire, ainsi que des effets indésirables sur le foie; inquiétant si l'on considère que nous absorbons en moyenne environ 124 mg de nano-silice (E551) par jour . En outre certaines nanosilices sont plus génotoxiques à faibles doses qu'à fortes doses. Pour en savoir plus : 2/ le nano-dioxyde de titane (E171) : classé “cancérogène possible si inhalé” 9par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC),

l'ANSES a proposé à l'agence européenne des produits

chimiques (ECHA) de renforcer ce classement en mai 2016 en le classant comme cancérogène 1B par inhalation. Il a été prouvé qu’il provoquait du stress oxydatif, des réactions inflammatoires, qu'il pouvait endommager l’ADN et causer la mort des cellules. Tout récemment, l'Institut sanitaire des Pays-Bas (RIVM)10 vient d’alerter sur les risques du dioxyde de titane pour le foie, les ovaires et les testicules.

9Carcinogenic Hazards from Inhaled Carbon Black, Titanium

Dioxide, and Talc not Containing Asbestos or Asbestiform Fibers: Recent Evaluations by an IARC Monographs Working Group, Baan RA, Inhalation Toxicology, 2007, Vol. 19, No. s1 , Pages 213-228

10 Risk assessment of titanium dioxide nanoparticles via oral exposure, including toxicokinetic considerations, Heringa MB et al., Nanotoxicology, octobre 2016 11http://www.particleandfibretoxicology.com/content/11/1/13

Franchissement des barrières physiologiques La littérature scientifique montre que le dioxyde de titane peut traverser différentes barrières physiologiques, pénétrant ainsi dans le corps. Il a été en effet détecté dans le sang, le foie, la rate, les reins, les poumons, le cœur et le cerveau d’animaux. Une étude utilisant des souris en gestation a montré le transfert des nanoparticules de la mère à la progéniture avec les conséquences suivantes : dommages au cerveau, au système nerveux et une réduction de la production de sperme au sein de la progéniture mâle.

Des particules qui s’accumulent dans le corps Plusieurs publications11 ont démontré que l’organisme ne parvient pas à se débarrasser de l’ensemble du nanodioxyde de titane et qu’une partie s’accumule dans le corps. Certaines publications évoquent le chiffre de 5% à 10% de nano-dioxyde de titane qui ne serait pas éliminé dans les selles. Cela peut paraître dérisoire mais quand il s’agit d’une exposition chronique à des substances très réactives, avec de possibles effets cocktails et surtout avec un risque d’accumulation dans le corps dans le temps, on ne peut exclure des effets graves à long terme. Effets qui sont malheureusement peu étudiés aujourd’hui. Difficile de citer toutes les publications scientifiques montrant des effets préoccupants de l'ingestion de nanoparticules de dioxyde de titane. En voici quelques-unes, issues notamment de travaux français compilés par Avicenn12

- à l 'INRA de Toulouse avec les travaux d'Eric Houdeau et Muriel Mercier-Bonin notamment : Mucus and microbiota as emerging players in gut nanotoxicology : The example of dietary silver and titanium dioxide nanoparticles, Mercier-Bonin M et al., Critical Reviews in Food Science and Nutrition, octobre 2016

- au CEA de Grenoble, les travaux Marie Dorier (thèse encadrée par Marie Carrière) montrent l'altération de la barrière intestinale :

- Dorier M, Impact du colorant alimentaire E171 et de nanoparticules de dioxyde de titane sur des modèles cellulaires, in vitro, d’épithélium intestinal (2013-2016) - Dorier M et al., Impact of E171 food additive (tio2) on human

R. Tassinari et al., Oral, short-term exposure to titanium dioxide nanoparticles in prague-Dawley rat: focus on reproductive and endocrine systems and spleen. Nanotoxicology. 2014 Sep;8(6):654-62. 12 http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=NanoAlimentationRisques

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8 Dossier de presse “Nanos et alimentation”- Agir pour l’environnement – 19/01/2017

intestinal cells: from toxicity to impairment of intestinal barrier function (p.150), Nanosafe 2016, novembre 2016 : "TiO2-NPs and E171 food additive may modify the intestinal barrier function. They may thus be involved in the development and/or aggravation of inflammatory pathologies like inflammatory bowel diseases"

- des réponses toxiques (dommages à l’ADN) observés in vitro sur des lignées cellulaires épithéliales de l'intestin chez l'homme : Gerloff et al. 2011, 2012, - des oedèmes du foie, des lésions du coeur et des mastocytes dans les tissus de l'estomac chez de jeunes rats : cf. Susceptibility of Young and Adult Rats to the Oral Toxicity of Titanium Dioxide Nanoparticles, Small, 9(9/10), 2013 - leur passage à travers l'épithélium intestinal ex vivo, in vivo and in vitro et leur maintien dans les cellules de l'intestin ont également été observés, avec également des lésions chroniques : Titanium dioxide nanoparticle impact and translocation through ex vivo, in vivo and in vitro gut epithelia, Brun E. et al., Particle and Fibre Toxicology, 11:13, 2014 - des perturbations au niveau immunitaire : Distribution dans l’intestin et impacts sur le système immunitaire de nanoparticules de dioxyde de titane (TiO2) après exposition orale chez le rat, Bettini S et al., Nutrition Clinique et Métabolisme, décembre 2014 - voir également Nanoparticles in Food - with a focus on the toxicity of titanium dioxide, C. Rydström Lundin, Uppsala University and the Swedish National Food Agency, 2012

Tout le monde déplore le manque d’études sur la toxicité des nanoparticules de dioxyde de titane et en particulier sur les effets cancérigènes de son ingestion. On ne dispose pas de données d’exposition par la seule alimentation ni d’études épidémiologiques. Les incertitudes sont nombreuses du fait de questions méthodologiques. En effet, très peu de données chez l’homme sont disponibles car les études ont été réalisées uniquement in vitro ou sur des animaux. Il est en outre difficile de travailler sur la toxicité car les nanoparticules changent de comportement selon le milieu.

13 Entretien pour Swiss Info http://www.swissinfo.ch/directdemocracy/health-concerns-raised-over-nanoparticles/29293290 & C. Dostert, V. Pétrilli, R. van Bruggen, C. Steele, B. T. Mossman,

and J. Tschopp, "Innate immune activation through Nalp3

Les rares études existantes sont suffisamment inquiétantes pour prendre des mesures urgentes de protection. Pour plus d’informations : le dossier d'information de Veillenanos sur les risques des nanoparticules dans l'alimentation : « Avec le dioxyde de titane, on se retrouve dans la même situation qu’avec l’amiante il y a 40 ans »13, affirme le professeur Jürg Tschopp, prix Louis-Jeantet de médecine 2008, qui a piloté une étude montrant une activité pro-inflammatoire sur les poumons et le péritoine avec des effets possibles cancérigènes (tests in vivo et in vitro sur des souris et in vitro sur des cellules humaines).

L’additif E171 a été autorisé en 1969, à une époque où les nanotechnologies n’avaient pas encore vu le jour. A l’époque, il a été décidé de ne pas fixer de valeur toxique de référence (VTR) du type « dose journalière admissible ». Inorganiques, les particules de dioxyde de titane sont exogènes à l’organisme et donc non métabolisables : le risque doit être sérieusement évalué.

La récente ré-autorisation du E171 par l'EFSA ne lève pas les doutes sur sa toxicité L’EFSA a ré-autorisé l’additif E171 en septembre 201614. Cette évaluation considère que les données disponibles sur le E171 dans les aliments ne mettent pas en évidence de problèmes de santé pour les consommateurs mais recommande de nouvelles études sur les effets possibles sur le système reproducteur. Etrangement, l'EFSA ne reconnaît pas réellement que le dioxyde de titane se présente, au moins dans des proportions non négligeables, à l'échelle nanométrique. En effet, l'EFSA affirme que le dioxyde de titane ne serait composé que de 3,2% de nanoparticules en masse au maximum. Comment peut-on arriver à ce chiffre alors que la littérature scientifique s'accorde sur la présence générale de nanoparticules de moins de 100 nm dans des proportions de 10 à 40% ? Voici quelques éléments de réponse : 1/ L'EFSA utilise la définition la plus restrictive de ce qu'est un nanomatériau (la proposition de la définition de la Commission européenne de 2011) : un matériau est considéré comme nanomatériau si au moins 50% des particules ont un diamètre de plus de 100 nm. Or, cette définition est davantage une définition politique qu'une définition scientifique ou sanitaire. Elle n'indique en rien un seuil de toxicité. Mais elle a le

inflammasome sensing of asbestos and silica," Science, vol. 320, no. 5876, pp. 674–677, 2008.

14 Food colours: titanium dioxide marks re-evaluation milestone, EFSA, 14 septembre 2016 (communiqué de presse) et Re-evaluation of titanium dioxide (E 171) as a food additive , EFSA Panel on Food Additives and Nutrient Sources added to Food (ANS), EFSA Journal, 14 septembre 2016 ("scientific opinion")

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mérite de minimiser la présence de nanoparticules... Par exemple, parmi les 5 produits contenant du dioxyde de titane qu'Agir pour l'environnement a analysés, seuls 4 sur les 5 seraient ainsi considérés comme nanos, alors que la taille moyenne des particules de ces 5 produits est toujours en dessous de 200 nm... Or, une substance de 200 nm appartient bel et bien à l'échelle nanométrique... 2/ Pour quantifier la présence de nanoparticules, l'EFSA utilise le pourcentage en masse et non en nombre. Choix très étonnant et bien original quand on sait que justement l'intérêt des nanos tient précisément à son faible volume ramené à sa réactivité !

3/ Il est également étonnant que l'EFSA estime qu'il n'est pas nécessaire d'adapter les méthodes d'analyse et d'évaluation à la spécificité de l'échelle nanométrique, alors que la littérature scientifique indique bel et bien des risques et des comportements nouveaux des substances à cette échelle. 4/ L'avis de l'EFSA ne se base que sur les données issues de l'industrie pour connaître la teneur du dioxyde de titane en nanoparticules. Comment faire confiance aux industriels quand on sait par exemple qu'ils refusent actuellement de communiquer leurs données à l'ECHA (l'agence européenne des produits chimiques) ? En septembre 2014, la "Chambre des recours" de l'agence européenne des produits chimiques (ECHA) s'est vue en effet notifier un recours par neuf fabricants de dioxyde de titane (Tioxide Europe : Cinkarna, Cristal Pigment, Du Pont, Evonik, Kronos, Precheza, Sachtleben Chemie GmbH et Tronox Pigments) qui refusent de fournir les données demandées par l'ECHA dans le cadre de Reach. L'instruction est toujours en cours. Evaluer sérieusement la toxicité des nanoparticules n'est donc pas facilitée par les industriels, peu enclins à fournir aux agences sanitaires des données.

ENVIRONNEMENT CONTAMINE L’environnement est également contaminé par ces particules instables et non-traçables. La production, l'utilisation, la mise au rebut ou l'incinération de nombreux produits contenant des nanoparticules (comme les pneus, emballages divers et variés ou raquettes de tennis...) sont autant d’occasions d’épandre des nanomatériaux dans l’environnement. Les stations d'épuration ne sont pas conçues pour filtrer les nanoparticules qui pourraient détruire les bactéries utiles pour dégrader les matières organiques. En 2015, un rapport de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE)15 attire

15Nanomaterials in Waste streams, OCDE 2016

http://www.keepeek.com/Digital-Asset-Management/oecd/environment/nanomaterials-in-waste-streams_9789264249752-en#page1

16Pour en savoir plus : http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=NanomateriauxEnvironnement#risques

l'attention sur la contamination des boues issues des stations d'épuration utilisées pour fertiliser les cultures agricoles. Encore une fois, peu d’études sont réalisées sur la question. Mais les faits sont là : on retrouve déjà des nanos dans les rivières et les océans. Les textiles contenant des nanoparticules d’argent pour leurs propriétés antibactériennes relarguent ces particules dans l’eau de lavage, disséminant ainsi des substances potentiellement nocives. On retrouve aussi des nanoparticules de dioxyde de titane issues des crèmes solaires dans la Méditerranée, où elles entraînent des effets préjudiciables sur le phytoplancton qui constitue la nourriture de base des animaux marins, avec des conséquences néfastes sur l’ensemble de l’écosystème16. UNE TECHNOLOGIE RECENTE INSUFFISAMMENT EVALUEE ET ENCADREE

Les nanoparticules ne sont pas sérieusement évaluées avant d’être mises sur le marché. Les industriels ont réussi à contourner la réglementation européenne sur les substances chimiques (REACH17) qui les oblige, en théorie, à déclarer toute substance chimique mise sur le marché européen (selon le principe “pas de données, pas d’accès au marché”). Comment ont-ils réussi ce tour de passe-passe ? En jouant sur tous les tableaux : - Les promoteurs des nanos ont réussi à imposer l’idée d’une équivalence entre nanos et macroparticules d’une même matière, leur permettant ainsi d’échapper à une évaluation spécifique. Bien que la substance ait une taille, une structure ou des propriétés différentes de la substance “classique”, REACH ne la considère pas comme une substance nouvelle à évaluer et à surveiller.

17Règlement (CE) n°1907/2006 : http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2006:396:0001:0849:FR:PDF

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- Ironiquement, les promoteurs des nanos reconnaissent pourtant leur spécificité en vantant leurs bénéfices « révolutionnaires » et en mettant en avant la difficulté à détecter et à évaluer les nanos car il s’agit de substances instables, complexes et ultra mobiles. D’un côté, l’industrie cherche et trouve, avec les nanotechnologies des propriétés particulières éventuellement différentes de celles des mêmes matériaux de tailles supérieures ; de l’autre, elle nie tout effet sanitaire induit par cette miniaturisation.

Jamais une technologie ne s’est développée à une telle vitesse, avec des applications commerciales dans des domaines aussi nombreux (habillement, cosmétiques, alimentation...), sans prendre le temps de l’évaluation. En 2006, sur l’ensemble des publications

scientifiques mondiales sur le sujet, seules 7 % sont consacrées à la toxicologie. Le programme européen de recherche et d’innovation « Horizon 2020 » portant sur les nanotechnologies ne consacrerait que 3 à 5% des fonds aux études d’impact ! Il est indispensable de mener plus d’études d’impact sur les nanos. Mais dès maintenant le principe de précaution doit s’imposer : un nombre bien suffisant d’études indiquent des risques sérieux, imprévisibles et irréversibles.

QUELLE UTILITE ? QUELLES ALTERNATIVES ? La question du rapport bénéfices/risques est à se poser sérieusement. Sommes-nous prêts à faire courir de tels risques, surtout à nos enfants, pour des additifs alimentaires qui ont uniquement une visée esthétique ? Le marketing doit-il primer sur le principe de précaution ? Il est tout fait possible de se passer de dioxyde de titane : soit il est substitué par un autre additif colorant soit il est tout simplement supprimé. De nombreuses confiseries sont produites sans dioxyde de titane. Et rappelons que le cahier des charges de l’agriculture biologique interdit l’utilisation de dioxyde de titane dans l’alimentaire.

Après Dunkin’ Donuts, Starbucks et Krispy Creme aux Etats-Unis, William Saurin, Lutti, Motta et les enseignes Super U se sont engagées en France, à retirer le dioxyde de titane de leur production. Les autres industriels doivent suivre !

AGIR POUR L'ENVIRONNEMENT Agir pour l'environnement est une association nationale de protection de l'environnement œuvrant pour une planète plus vivable. Soutenue par 8 000 adhérents et

500 000 sympathisants, l'association mène des campagnes de mobilisation citoyenne pour faire pression sur les décideurs politiques et économiques. L'association est agréée au titre de l'article L141-1 et 141-3 du code de l'environnement.

Pour plus d'information : www.agirpourlenvironnement.org Le constat

Absence d’évaluation indépendante et transparente des nanos avant leur commercialisation et absence de surveillance des nanoparticules une fois mises sur le marché.

De plus en plus d’études scientifiques faisant état de la présence des nanoparticules dans le corps humain et l’environnement ainsi que d’effets toxiques préoccupants.

Des nanoparticules de plus en plus présentes dans les biens de consommation jusque dans l'alimentation à l'insu des consommateurs.

Une réglementation européenne défaillante, permettant notamment aux fabricants de contourner facilement les règles sur l'étiquetage.

Nos demandes :

Moratoire sur la commercialisation de produits de consommation contenant des nanoparticules de synthèse. La charge de la preuve doit être inversée : c’est aux promoteurs des nanos de prouver l'innocuité des nanos avant leur commercialisation.

Retrait immédiat des biens de consommation contenant des nanos, en priorité les produits destinés aux publics vulnérables (nourrissons, enfants, femmes enceintes ou en âge de procréer…)

Plus spécifiquement, Concernant l'information du consommateur et du citoyen

Respect du peu de réglementation en la matière, à savoir la réglementation européenne en termes d’étiquetage avec des contrôles réguliers

Création d’un étiquetage français palliant les insuffisances de la réglementation européenne, avec mention explicite de la présence de nanoparticules et des risques pour la santé et l’environnement

Véritable information et consultation de la population

Concernant l’évaluation des nanoparticules :

Les nanoparticules doivent être évaluées de manière indépendante et transparente avant d’être commercialisées. La charge de la preuve doit être inversée : c’est aux industriels de prouver au préalable leur innocuité.

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Il convient d’augmenter significativement les moyens alloués aux études sur la toxicité des nanoparticules

Concernant la réglementation, il est urgent de réviser les dispositifs réglementaires existants pour prendre en compte la spécificité des nanoparticules, en mettant notamment en place des dispositifs européens transversaux permettant de pallier les défaillances des législations existantes (notamment REACH)

Agir pour l'environnement soutient les propositions formulées par l'association Avicenn (Veille nanos) dans le cadre du groupe de travail “étiquetage et restriction des produits contenant des nanos”, disponibles ici : http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=GtEtiqRestricNano/download&file=20161121-Avicenn-Propositions-Etiq-Restric-Nano-projet.pdf

POUR ALLER PLUS LOIN

Veille nanos : le site d'information de référence sur la question, animé par l’association AVICENN (Association de Veille et d'Information Civique sur les Enjeux des Nanosciences et des Nanotechnologies).

Et en particulier : le dossier de veille nanos sur les nanos et alimentation

Nanomatériaux et risques pour la santé et l’environnement, par Avicenn, Ed. Yves Michel, 2016

Faut-il avoir peur des nanos ? de Francelyne Marano, Ed. Buchet Chastel, 2016

Nanotoxiques, une enquête, de Roger Lenglet, Ed. Actes Sud, 2014