les correspondances médicales, réservées au corps … · les métaboliques ou hystériques...

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2 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Automne / n° 8

Les Correspondances Médicales, réservées au corps médical, paraissent deux

fois par an et peuvent être distribuées gratuitement sur abonnement. Il vous

suffit d’adresser votre demande écrite aux :

Editions Médico-Pharmaceutiques Raphaël

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__________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Printemps 1997 / n° 7 - Numéro spécial 3

Sommaire

- La nervosité : "maladie du siècle"

Approche du système nerveux

Charles H. Cohen, Docteur en médecine ....................... page 7

- Les métaux végétabilisés

Joseph Hériard Dubreuil, Docteur en médecine ............. page 25

- Thérapeutique injectable avec des préparations

dynamisées

H. Schramm, Docteur en médecine vétérinaire, et

M. Kropf, Docteur en médecine ...................................... page 49

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E.M.P.R. - Correspondances Médicales Printemps 1997 / n° 7 - Numéro spécial 5

Editorial

Chers lecteurs,

La nervosité : « maladie du siècle » titre le Docteur Charles Cohen dans l’un des articles de ce numéro spécial. Mais est-ce le siècle qui est malade ou l’homme rendu nerveux par les contingences astreignantes du siècle ? Ou les deux ? Face aux sollicitations extérieures, de plus en plus nombreuses, de plus en plus rapides, de plus en plus bousculantes, on assiste à un changement du comportement humain. Or, l’adaptation de l’homme au monde environnant suit une dynamique qui va parfois à l’encontre de sa propre évolution : d’être doué de conscience, il devient être réactionnel. Sa qualité de présence au monde peut alors s’endormir progressivement, et sa participation au monde ne s ’exprime plus alors que par sa capacité de réaction. On peut ainsi observer une manière d’appréhender les événements, d’apprécier les circonstances et les situations qui ne relèvent plus de la compréhension (dans le sens étymologique du terme, c’est-à-dire prendre avec soi), de l’analyse, de l’attitude morale, préalables à une action juste, mais qui s’inscrivent dans la réaction immédiate sans engagement de la conscience ; les réflexes ne sont plus un moyen de survie mais l’expression de la vie même. L’ensemble des données extérieures concourent à exercer de fortes pressions sur l’homme et si la rencontre de ce monde extérieur avec le monde intérieur, avec la sphère intime de l’homme, se vit avec difficultés, comment s’exprime-t-elle en pratique médicale ? L’importance de ce thème, si actuel, si quotidien, nous a fait proposer la série d’articles qui fait suite. La médecine d’aujourd’hui tend elle-même à un comportement réactionnel : la prescription d’antidépresseurs, anxiolytiques, benzodiazépines et autres substances devient une prescription réflexe qui se coupe de tout questionnement fondamental. Si nous souhaitons apporter des éléments de réponse à l’interrogation que pose cette fin de siècle, il nous faut auparavant considérer l’individu en fonction des différents aspects internes qui lui sont propres : organisation constitutionnelle, fonctionnelle, qualité des organes et psychisme, et recenser les moyens disponibles à mettre en oeuvre pour remédier aux déséquilibres décelés. Dans son approche de la nervosité, le Docteur Charles H. Cohen va distinguer deux sortes de « réactivité » inhérentes aux modes d’expression de la tripartition humaine, caractériser différents troubles nerveux selon les « mouvements » de la constitution quadripartite de l’homme et va fournir des clefs de compréhension dans l’examen du lien qui unit la coloration psychique d’un individu et l’état de ses organes. Ce dernier aspect sera particulièrement développé par le Docteur Joseph Hériard Dubreuil en regard de l’utilisation thérapeutique des métaux végétabilisés. Pour clore ce numéro spécial, un troisième article présentera un outil thérapeutique important, la forme galénique ampoule injectable. Ces différents exposés mettent en lumière l’engagement conscient et actif que propose une médecine élargie et approfondie par l’anthroposophie face au phénomène de société qu’est la nervosité.

Violaine Baudot Pharmacien

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La nervosité : "maladie du siècle"Approche du système nerveux

Charles H. Cohen, Docteur en médecine

Le système nerveux est la grande fierté de l'être humain, encore plus marquée à notre siècle, qui se considère ainsi comme la création la plus parfaite devant les autres règnes de la nature. Il devrait s'employer au pluriel car il se compose de plusieurs parties.

L'homme devrait déjà faire preuve d'humilité, lorsqu'on étudie en détails cette merveille que constitue son système nerveux, car s'y trouve une partie primitive, digne du bas de l'échelle de l'animal, le cerveau postérieur ; certes il a également une partie dite très intelligente qui est le cerveau antérieur, mais il en fait encore si mauvais usage qu'il ne devrait pas parader : l'intelligence doit en effet se doubler d'une certaine dose de moralité, si elle ne veut pas utiliser ces capacités innombrables pour des oeuvres funestes comme cela a déjà été si souvent le cas dans l'histoire du Monde...

Comment tenter d'éclairer la compréhension de cette partie la

plus noble de l'homme par les apports de la médecine

anthroposophique ?

La tête (et ce qu'elle contient) va représenter la partie la plus développée chez l'embryon. Elle va voir se développer le système nerveux et les sens, puis tout l'axe du corps va être développé face à une colonne nerveuse, la moelle épinière, qui va s'intégrer à tous les étages du corps.

Autre exemple de l'importance du système nerveux, lorsque l'homme est soumis à une privation de nourriture qui va l'amener

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8 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Printemps 1997 / n° 7 - Numéro spécial

jusqu'à la mort, le cerveau est le dernier organe touché, comme si l'organisme conservait le plus important jusqu'au bout.

Mais il ne faut pas oublier qu'il n'est rien sans tout le reste du corps, le métabolisme qui le nourrit et le système rythmique qui le fait vivre par le sang et la respiration.

Rudolf Steiner nous dit que la nourriture terrestre nourrit essentiellement le cerveau alors que la nutrition cosmique nourrit tout le reste du corps.

Ainsi se met en place une des polarités les plus énigmatiques et les plus riches pour la compréhension de l'homme, autant sur le plan physique que psychique : la polarité-complémentarité sang-nerf.

Et l'on sait bien employer le même mot nerf pour le physique et le psychique...

Il existe donc une approche de compréhension de l'homme qui

inclut le système nerveux et les organes des sens, qui se nomme la

tripartition.

Il comporte :

− la zone céphalique, qui représente majoritairement le système nerveux et les organes des sens, appelé système neuro-

sensoriel. − la zone abdominale représentante du système métabolique,

comportant digestion, reproduction et motricité des membres. − la zone thoracique nommée zone rythmique, qui représente la vie

de l'organisme dans le sens d'une activité liée aux rythmes en l'homme et hors de l'homme (rythme veille-sommeil, systole-diastole, activité-repos, inspir-expir, saisonnier,...).

Lorsqu'on étudie la "nervosité" ou les problèmes psychiques mineurs en médecine classique, on les lie invariablement au système nerveux central ; tout au plus reconnaît-on le "psycho-

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somatique" comme une manifestation dans les organes de quelque chose qui vient de ce système nerveux.

Deux approches du fonctionnement nerveux en médecine

anthroposophique

Dans l'orientation anthroposophique de la médecine, on décrit une première approche psychique selon l'expression de l'un des deux pôles que l'on vient de décrire.

−lorsque le pôle supérieur (ou du froid) est prédominant ou

trop actif se développe la tendance à la fatigue nerveuse, qui va affecter nombre de nos contemporains en Occident, comme si toute la vie était centrée autour de la tête et du cerveau. On voit de nombreux patients malades de trop utiliser leur mental, de ne plus se reposer, même pendant la nuit. On connaît la nécessité de laisser reposer et se détoxiquer le cerveau pour sa survie, ne serait-ce que par un sommeil de bonne qualité.

On nomme cet excès la neurasthénie, avec tous ses cortèges de tensions nerveuses, irritabilité, dépression, et se terminant souvent par une sclérose précoce de l'organisme.

−lorsque le pôle métabolique (ou de la chaleur) est en excès, se développe un terrain dénommé "hystérie" par Rudolf Steiner, c'est-à-dire où le système nerveux central est littéralement envahi par la chaleur du métabolisme ; on en voit l'expression lorsqu'on est victime de fièvre intense, ou d'états inflammatoires de l'abdomen : intestins et leur influence sur le psychisme chez le colitique, période pré-menstruelle ou menstruelle, etc...

Ces deux dénominations vont déjà donner une des tendances d'expression psychique d'un individu.

On classe ainsi les êtres humains en "métaboliques" ou hystériques, en "neuro-sensoriels" ou neurasthéniques, et en

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"équilibrés" lorsqu'il ne ressort pas de prédominance en dehors de toute pathologie.

Les métaboliques ou hystériques seront plutôt des inflammatoires, bons vivants, mangeurs et extériorisés, plutôt optimistes, alors que les neuro-sensoriels ou neurasthéniques seront plutôt dans la sclérose, vite dérangés par le moindre aliment, intériorisés et plutôt pessimistes.

Selon les périodes de la vie, un individu équilibré aura des moments neurasthéniques et d'autres hystériques. Ce mot aura donc une signification tout autant physique que psychique.

Autres impacts sur l'état nerveux et psychique

On décrit également de multiples possibilités de coloration psychique d'un être humain suivant l'état de ses organes. Rudolf Steiner a décrit et développé des pans entiers et variés de compréhension du psychisme que l'on pourrait appeler somato-psychique. Selon l'état de fonctionnement, de vitalité, de rythme d'un organe, on voit apparaître un psychisme correspondant. Voire même, si un organe a une action prédominante, on voit se dessiner un "tempérament" influencé également par d'autres conditions que nous ne développerons pas ici.

On décrit des touches psychiques correspondant aux organes :

− le cœur sera coloré par des aspects autoritaires et déterminés, parfois par des colères.

− le poumon par un excès d'intériorité qui frisera la mélancolie et la répétitivité psychique.

− le rein aura une variabilité d'expressions et de symptômes. En excès, il sera hyperactif, chaud jusqu'aux extrémités, intéressé

par tout, à la limite de l'agitation.

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En carence, il sera frileux, difficile à réveiller le matin, ses extrémités seront froides, et il sera plutôt asthénique avec des difficultés à rentrer dans la vie concrète. Coeur, poumon et rein seront appelés "les trois organes du corps astral", chacun occupant une place à chaque étage du corps.

− Le foie montrera un individu plutôt jovial, lymphatique, ouvert à tout l'entourage, facile à vivre et encaissant les chocs en les amortissant, contrairement aux trois précédents.

En excès, il donnera la teinte "maniaque" d'activité sans relâche dans une confiance et un optimisme qui lui feront réussir tout ce qu'il touche et dépenser plus que ce qu'il gagne.

En défaut, il sera au fond d'une dépression qui lui fera perdre toute confiance dans la vie et le rendra apathique et amorphe.

En alternance d'excès et de carence, il fera le lit des états préparant la maniaco-dépression.

− La rate teintera le psychisme d'une certaine forme de tristesse par une perturbation de tous les rythmes digestifs et de tous leurs équilibres (langue et muqueuses buccales, digestion, rythme intestinal et flore seront perturbés). On l'appelle organe rythmique du tube digestif et on constatera ainsi l'importance de cet appareil pour un équilibre et une clarté psychique et intellectuelle.

− L'intestin a un impact déterminant sur le psychisme et les facultés

intellectuelles : plus il sera perturbé plus les idées seront brouillées. L'anxiété est un point déterminant du colitique qui pourra être en pleine forme quand son intestin fonctionne bien.

Rudolf Steiner a fortement insisté sur la relation entre cerveau et intestin, donc de l'immense place d'une bonne hygiène digestive pour avoir un psychisme et des facultés mentales et intellectuelles claires. Ceci est confirmé par les dernières recherches en immunologie, dénommant l'intestin "le cerveau de l'immunité", place qu'il partage avec le foie.

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Séméiologie de la nervosité à notre époque

Constatant le nécessaire équilibre entre le pôle supérieur et le pôle inférieur par une vie rythmée et équilibrée, une époque intellectualisée ne peut qu'aboutir à un excès du pôle neuro-sensoriel. Nous retrouverons donc une série de troubles si souvent entendus dans nos cabinets :

− fatigue nerveuse et intellectuelle avec irritabilité, peurs, et hyper-réflectivité.

− hypersensibilité à l'entourage : bruits, stress, travail, conjoint, enfants, niveau sonore, humour...

− insomnie avec épuisement dû "à une tête qui continue à travailler lorsqu'elle devrait dormir".

− corollaire : une fatigue au réveil avec difficulté à entrer dans la vie de la journée.

− fatigue physique avec épuisement musculaire au moindre effort. − concentration et efficacité intellectuelles impossibles. − lassitude du quotidien : maison, famille, tâches ménagères,

contraintes, faisant éclater couples et relations parents-enfants.

C'est comme si tout ce qui venait de l'extérieur était une agression, les relations humaines devenant difficiles par intolérance réciproque.

Rudolf Steiner nous explique que lorsque deux individus sont en présence, celui qui s'adresse à l'autre lui déclenche une réaction "d'endormissement", c'est-à-dire que nous devons mettre en "sommeil" notre conscience pour entendre l'autre : c'est une sorte de repos d'écoute.

Lorsque la vie psychique est saturée et intellectualisée à outrance, elle est irritable et tout ce qui vient se surajouter est perçu comme une agression. Comme l'individu - à l'image de son insomnie - ne peut se mettre "au repos", il ne peut écouter l'autre.

Les premiers conseils éclairés que devrait donner un thérapeute ont une importance sociale considérable : pour se rééquilibrer

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nerveusement, il faut orienter ses loisirs et son temps vers des activités artistiques et esthétiques, voire même physiques pour "déconnecter" le système neuro-sensoriel de sa surcharge : sinon, la sclérose s'installe, source de peurs et d'anxiété supplémentaire puisque de mort. L'homme perçoit intérieurement la polarité : sclérose-mort, et inflammation-vitalité. Dans le premier cas, la sclérose amène à la mort et au vieillissement précoce et dégradation par production de radicaux libres et de toxines, c'est ce qui fait la pléthore de produits anti-radicaux libres et de vitamines vendus sur le marché ; est-il utile de préciser que ces prescriptions, pour utiles qu'elles soient, ne peuvent être que palliatives, en attendant de modifier sa philosophie de vie concernant la précipitation et le stress. Dans le deuxième cas, chez les individus à tendance hystérique, les inflammations normalement synonymes de vitalité de l'organisme, peuvent devenir dangereuses si elles s'installent trop longuement, c'est ce que l'on observe dans les débuts de maladies sclérosantes (polyarthrites, artériosclérose, arthrose). Poussées à l'extrême, les inflammations amènent à une multiplication cellulaire dont on imagine les effets catastrophiques.

Influence des "mouvements" de la quadripartition sur

différents troubles nerveux

Nous retrouvons dans la médecine d'orientation anthroposophique une autre approche de l'être humain caractérisé par ses quatre corps constituants, souvent décrits par paire de complexes, "supérieur" et "inférieur". Cette étude a pour but de comprendre un des symptômes les plus courants des manifestations de la nervosité : le spasme.

Le spasme

Le complexe supérieur est caractérisé par le lien entre la personnalité - le psychisme - et l'individualité ; il est aussi nommé

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le complexe Corps Astral-Moi. C'est la partie de l'être qui va se détacher du pôle supérieur pendant le sommeil, ce qui explique qu'on le nomme le complexe de la conscience.

Le complexe inférieur est constitué du Corps physique et de la Vitalité, autrement appelé complexe Corps éthérique-Corps

physique. Il va rester lié car il porte la vie même de notre corps.

Le lien entre les deux complexes doit rester souple et adapté aux situations de vie ; il est normal lors du sommeil ou du repos ; lorsqu'il se produit un détachement par épuisement, on peut alors "tomber de sommeil" au sens propre et figuré, ou "tomber" dans un état dépressif. Il peut y avoir relâchement des liens entre le corps astral et le Moi, et deux cas peuvent se produire : soit il y a un "désengagement" de la vie quotidienne et une sorte d'apathie, de désintérêt se met en place, soit l'être se "raccroche" comme il peut, et se manifestent alors des crampes ou des spasmes, comme si le complexe supérieur s'agrippait désespérément au complexe inférieur.

Ce phénomène est source d'angoisses supplémentaires, les spasmophiles se reconnaîtront : si le lien est trop relâché, la peur de la mort et de la maladie par "abandon" du complexe inférieur est vive ; si le complexe supérieur se raccroche par le corps astral au corps physique, l'angoisse est aussi présente par phénomène hypochondriaque ou "plus rien ne va" dans le corps.

L'attitude de ne pas mordre dans la vie et de désengagement pouvant aller jusqu'au désir de mort, correspond à cette tendance à détacher trop facilement le complexe supérieur. Le Fer sidéral (Ferrum sidereum), est alors un remède des plus précieux.

L'insomnie

Presque tous les états insomniaques correspondent à ce phénomène de lien entre ces deux complexes. Le manque de repos

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du cerveau et de l'âme sont un élément aggravant de tous ces états nerveux. Nous aurons une panoplie de remèdes pour rétablir un lien plus correct par l'intermédiaire du Fer, de l'Arsenic, du Soufre et du Phosphore en basse dynamisation pour "incarner" le matin, en plus haute dynamisation pour "désincarner" le soir, afin de permettre cette détente.

La mémoire et le psychisme, la "guirlande" psychique

La mémoire est l'objet de multiples études qui montrent qu'on ne peut l'étudier que sous de multiples aspects. Parmi les dernières recherches, on a décrit un fonctionnement en "réseau" qui fait que chaque événement est mémorisé ; lorsqu'un nouvel événement se produit, il rappelle, consciemment ou non, d'autres événements qui s'en rapprochent, alors se produit une sorte d'éclairage de quelque chose qui ressemblerait à une guirlande électrique dont toutes les lampes s'éclairent dès qu'on ouvre l'interrupteur. Cette explication très matérielle présente quand même un intérêt certain, faisant comprendre pourquoi un choc psychique semblant être de moindre importance pour un patient, prend des proportions inattendues, les différents chocs antérieurs "s'allumant" comme les lampes de la guirlande, et augmentant la portée de l'événement que l'on évoque.

Un deuxième aspect des recherches modernes est encore plus intéressant, il concerne l'endroit supposé de "stockage" de la mémoire. Cet article (Michel de Pracontal, Le Nouvel Observateur, selon des recherches de l'Université de Yale, en 1995) indique que le cerveau ne peut plus être comparé à une sorte de supercalculateur, les quelques mille milliards de neurones logés dans notre boîte crânienne ne pouvant plus se comparer, même de loin, à de vulgaires circuits électroniques transmettant des informations. Faisant par IRM une expérience où l'on demande à un homme et une femme si des mots affichés sur un écran riment ensemble, on s'est rendu compte que les parties activées du cerveau de la femme étaient bilatérales, alors que chez l'homme, c'est le cerveau gauche qui s'active. Il semble que bien d'autres

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choses interviennent dans le fonctionnement cérébral, qui font appel au "caractère" de chacun, la femme étant plus intuitive et l'homme plus intellectuel, le cerveau droit, représentant l'aspect plus artistique, est plus actif chez la femme. On est donc sûr que pour une même activité, le cerveau peut réagir d'au moins deux manières différentes.

"Qu'il s'agissent de la mémoire, du langage, de l'intelligence, il serait trompeur d'imaginer le cerveau comme une sorte de disque dur stockant des informations figées. Les mots, les images, les symboles que nous employons ne sont pas rangés dans un tiroir mais constamment recrées, à la demande, par un dialogue de neurones. Osons une comparaison : l'ordinateur est comme la chaîne hi-fi qui peut rejouer indéfiniment à l'identique la symphonie gravée sur un CD ; le cerveau est un orchestre qui l'interprète à chaque fois en direct. Avec ses variations potentielles. Et toutes les nuances du sentiment humain".

Nous avons incontestablement fait un progrès dans la compréhension vivante d'un organisme humain, et sommes loin de la machine perfectionnée que l'on nous décrivait pendant tout ce vingtième siècle...

De là, nous comprenons que Rudolf Steiner parle du cerveau comme de la matière la plus perfectionnée existant sur cette terre. Il indique par ailleurs que les phénomènes de la mémoire sont portés par un ensemble d'éléments, citons rapidement le "corps" de mémoire qui est notre vitalité, notre corps de croissance et de régénération, ce qu'il nomme le corps éthérique, lié le plus classiquement à la mémoire, citons également le psychisme, qui colore les événements selon sa propre personnalité, le corps astral, et enfin ce qu'il indique comme étant la "force" du souvenir, demandant un effort constant pour "remonter" les événements, propre à l'homme uniquement, et lié au Moi.

Quand la mémoire perd cette vie, et devient répétitive, elle tourne à l'obsession et se condense : c'est une activité sclérosante du

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poumon et du pôle neuro-sensoriel. Quand l'obsession couvre tout le champ du mental, effaçant tout le reste, le psychisme est perturbé, et c'est le rein par l'intermédiaire du corps astral qui est impliqué.

Nous devons voir ici une relation avec l'animal : observons un animal qui cherche sa nourriture, ou à se reproduire à l'époque des amours : l'obsession physiologique, normale chez l'animal, devient chez l'homme une perversion : le corps astral prend le dessus et la fixation sur le problème "je ne trouve pas de travail" (alors même que je ne fais rien pour en chercher) "mon compagnon m'a quitté, et plus rien ne compte dans ma vie" laisse le champ complet au corps astral qui n'est plus maîtrisé. Cette attitude montre que l'état nerveux n'est plus contrôlé par le Moi, et il nécessite, comme chez l'enfant et l'adolescent, la présence du Moi d'un autre humain, confident, thérapeute, éducateur, qui "prête" son Moi. La thérapeutique, comme la pédagogie ne vont avoir pour prétention que "d'aiguillonner" le Moi du patient.

Les traitements

Pour l'équilibre global, les "actions" thérapeutiques sur la zone rythmique sont la première urgence : on peut les appeler hygiène de vie (rythmes, alimentation, équilibres dans les relations, toxiques et poisons...).

La thérapie artistique et la pratique des arts ou d'activités touchant à l'esthétique sont la base d'une action durable dans le temps, de tout traitement qui sera entrepris.

L'étude des tempéraments et de leur "utilisation" selon les moments les plus adaptés de la vie est un autre versant de connaissance-amélioration du patient.

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Les remèdes unitaires

Argentum nitricum

Remède des temps modernes car appelé "remède de la précipitation". Il s'agit d'un anxieux toujours pressé, agité, aimant le sucre et souffrant de l'estomac. Sa composante nitrée l'indique particulièrement comme remède de l'astralité plutôt débordante. Son trac le fait aller à la selle facilement. D10, D15 le plus souvent.

Arnica, radix

Selon les indications de la médecine anthroposophique, c'est le remède clé des chocs nerveux ou d'un choc moral touchant surtout le pôle neuro-sensoriel. On l'utilise également pour les chocs physiques de la zone tête. D10, D15 ou D30.

Bryophyllum

C'est le remède de base de la tendance hystérique. C'est un remède de débordement du métabolisme avec agitation, besoin de bouger, de parler, de s'épandre physiquement et psychiquement sans aucune pudeur. D10, D3 ou 5 %.

Chamomilla, radix

Remède d'agitation classique, avec besoin d'être sans arrêt en mouvement, mais ici, la racine va s'adresser davantage au pôle neuro-sensoriel. Il est donc particulièrement indiqué dans les processus d'agitation du nourrisson qui fait ses dents. Remède d'agitation chez l'adulte et l'enfant, particulièrement lorsque le processus touche la tête (insomnies et agitations dentaires, migraines, etc...). D10 ou D15, parfois D30.

Gelsemium

Remède clé du trac avec tremblements, émission d'urine et émotivité exagérée. D10 ou D15.

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PRUNUS SPINOSA « Lorsqu'on a vu cette image de l'explosion de fleurs blanches sur ce tronc et ces tiges noires sans feuilles au printemps, on peut comprendre pourquoi il redonne tonus et vitalité. »

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Ignatia

Le neuro-végétatif par excellence : gorge et plexus solaire noués, dépression, soupirs fréquents avec irritabilité et faiblesse. D10 ou D15.

Aconitum

Remède d'agitation avec peur de mourir, même en dehors du coup de froid classique. D10, D15 ou D30.

Nux vomica

Remède de l'hépatique gros mangeur, "piquant" des colères sans aucune rancune. Il est alors irritable et hyper-esthésique et une bonne sieste va le remettre en forme pour la journée. Insomnie par excès alimentaire. D10 ou D15.

Prunus spinosa

Un des remèdes typiques du neurasthénique par épuisement. Lorsqu'on a vu cette image de l'explosion de fleurs blanches sur ce tronc et ces tiges noires sans feuilles au printemps, on peut comprendre pourquoi il redonne tonus et vitalité, parfois même de meilleures défenses contre les infections hivernales (plus employé en association avec l'Or natif ; Formule complexe : Or natif D10 /

Prunus spinosa D5 ââ).

Ferrum Sulfuricum Silicicum

Remède type selon R. Steiner : c'est un grand remède de migraines, de désorganisation entre les différents composants de la tripartition et de l'équilibre entre les différents corps constituants. Il redonne du tonus lors d'épuisements nerveux, corrige les hyper-sensibilités des organes des sens, et toutes les asthénies psychiques.

Les remèdes complexes

Apis D4/ Aurum muriaticum natronatum D7/ Avena sativa D3/

Hypericum D3/ Ignatia D5/ Phosphoricum acidum D5 ââ - Dilution

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Donné lors d'agitation avec asthénie psychique, émotivité, nervosité intérieure et extérieure, surmenage intellectuel, c'est un bon complémentaire de Prunus spinosa mais aussi de Bryophyllum : il est donc indiqué dans les cas de neurasthénie et d'hystérie. L'abeille et l'or donnent avec le millepertuis, cette chaleur et cette lumière que l'on a tant étudiée dans les états nerveux et dépressifs. La composante acide de phosphoricum acidum, et le chlorure d'or et de sodium s'orientant vers le corps astral, de même que la dépression d'Ignatia, alors que l'avoine le calme.

Bryophyllum D5/ Calcarea carbonica ostrearum D7 ââ - Dilution ou

injectable

C'est un très bon remède de spasmes de toutes sortes, d'insomnies, de spasmophilie voire même de tétanie dans sa forme injectable. La composante carbonée ajoute au Bryophyllum son action équilibrante sur les crampes et spasmes, ainsi que sur les sensations désagréables de perdre la raison que l'on connaît bien chez les spasmophiles.

Parathyroidinum D4/ Pharmacolithe D7/ Quercus robur D1 ââ -

Dilution

Remède incontournable dans la spasmophilie, souvent associé à Bryophyllum/ Calcarea. La construction de ce remède, dont le calcium est tiré de l'animal, du minéral et du végétal lui donne un champ d'action large et durable.

Dans la tétanie, la forme injectable est plus indiquée : Parathyroidinum D4/ Pharmacolithe D10/ Quercus robur D3 ââ

Aurum D30/ Myrrha D6/ Olibanum D12 ââ - Dilution ou injectable

C'est un de nos plus grands remèdes de dépression sous toutes ses formes. Il est parfois utilisé en injectable. Pour tous les déséquilibres psychiques, ce remède fait merveille, et doit être donné parfois pendant des mois voire des années. Nous n'avons, en plus de 15 années d'utilisation de ce remède, jamais eu cette aggravation avec passage à l'acte cité dans la matière médicale de l'or en haute dynamisation, ce qui contribue à prouver que les préparations

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complexes dont les différents composants sont dynamisés ensemble, et surtout construites selon une certaine image de l'homme ne sont plus des remèdes complexes, mais de nouveaux unitaires. Il peut être accompagné de remèdes symptomatiques, mais doit surtout l'être de remèdes de terrain, ciblant l'organe ou les organes sensibles.

Aurum D10/ Ferrum Sulfuricum Silicicum D3/ Kalium phosphoricum

D6 ââ - Trituration

Grand remède des étudiants : aide pour la mémoire, l'épuisement des études, la concentration intellectuelle, la fatigue nerveuse, la préparation aux examens.

Avena sativa D1/ Coffea Tosta D60/ Humulus lupulus D2/ Passiflora

incarnata D1/ Valeriana D1 ââ - Dilution

Insomnies par épuisement nerveux, terreurs nocturnes chez l'enfant et l'adulte, troubles du sommeil par hyper-idéation. Il peut se prescrire au coucher et/ou en cas de réveil nocturne ; l'expérience montre une grande variabilité dans les doses (de 10 à 100 gouttes).

Les métaux végétabilisés

Chamomilla Cupro Culta

L'élément Cuivre se trouve en parfaite harmonie avec Chamomilla

dans le sens du spasme. C'est un remède d'hyper-rayonnement rénal (Voir plus haut). Il est donné dans les états d'excitations spasmodiques et de fébrilité. (0,1 % ou plus rarement 1 % en gouttes, existe aussi en injectable).

Bryophyllum Argento Cultum

Remède d'hystérie, d'agitation mentale avec excitation. L'anxiété est fréquente, avec nervosité d'excès d'expression psychique : ce sont des personnes s'extériorisant très facilement et racontant leurs symptômes sans retenue. Egalement donné dans certaines insomnies avec états inflammatoires.

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C'est un remède de choc psychique (0,1 % ou plus rarement 1 % en gouttes, existe aussi en injectable).

Argentum D8/ Bryophyllum argento cultum 0,1 % - Dilution

Me semble préférable dans les traitements de suite de choc psychique que Argentum seul, car, nous avons vu que la mémoire siégeait plus particulièrement dans les activités du corps éthérique, et que celui-ci était plus lié au système métabolique ; il semble plus juste d'attirer ce remède vers la zone métabolique en lui adjoignant le Bryophyllum argento cultum.

Tous ces remèdes peuvent être accompagnés d'une tisane sédative.

Nous ne pouvons terminer un article sur la nervosité ou le psychisme en général sans citer deux éléments essentiels dans la construction de l'être humain que sont la pédagogie et l'étude de la biographie.

Nous évoquions précédemment que le thérapeute "prêtait" son Moi au patient, ceci mérite juste de citer ce que Rudolf Steiner appelle la "loi pédagogique" : citons les différents corps constituants :

Moi, corps astral, corps éthérique, corps physique. Cette loi nous enseigne que lorsqu'il s'agit d'une relation pédagogique ou thérapeutique, le "corps" de l'enseignant ou du médecin va avoir une action sur le corps directement inférieur de l'enseigné ; il en va de même pour le médecin et le patient :

MEDECIN PATIENT Moi ----------------- > corps astral corps astral ----------------- > corps éthérique corps éthérique ----------------- > corps physique

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Ceci ne peut être développé ici, mais contient une très grande sagesse, car cela indique les qualités que le pédagogue ou le médecin doit améliorer de lui-même pour exercer son art.

Le travail de maîtrise des instincts et pulsions ne pouvant momentanément être maîtrisé, est relayé par le Moi du thérapeute. Celui-ci doit donc être bien intégré et structuré, toujours dans le respect de la liberté du patient.

Nous pouvons alors comprendre que nous devons faire un nouveau médecin et non une nouvelle médecine, en pensant que tout le travail intérieur du médecin et le respect de ses propres rythmes, va intervenir dans sa relation thérapeutique.

Enfin, l'étude de la biographie humaine demanderait un sujet à part, mais apporte un éclairage puissant et ordonné à des événements de la vie qui intriguent souvent ceux qui les vivent. Cette étude des différentes tranches d'âge avec leurs colorations différentes et leurs phases de maturations progressives, devrait être systématiquement une des cordes à l'arc déjà riche du médecin d'orientation anthroposophique.◆

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Les métaux végétabilisés

Joseph Hériard Dubreuil, Docteur en médecine

Les métaux végétabilisés sont véritablement une spécificité de la médecine anthroposophique. Ils font appel à un mode de préparation original, très particulier, qui associe un métal et un végétal, et qui conduit à un certain nombre de remèdes.

Comme Hahnemann qui a inventé de nouveaux médicaments, Causticum par exemple, souvent d'ailleurs sans que l'on sache ce qui l'avait inspiré, R. Steiner est à l'origine d'un certain nombre de médicaments tout à fait nouveaux, dont il a indiqué le mode de préparation, souvent de manière très précise. Il a également indiqué leurs grandes indications thérapeutiques, mais comme il n'était pas médecin lui-même, il restait aux médecins - c'est ce qu'ils ont fait - à en trouver la posologie et les applications pratiques. Et il y a maintenant une littérature très abondante sur le sujet.

Les métaux végétabilisés font partie des remèdes de choix de la thérapeutique anthroposophique, en particulier dans ce qu'il est convenu d'appeler les maladies psychosomatiques, maladies qui sont à la frontière entre le psychique et l'organique, et que l'on appelle aussi quelquefois maladies fonctionnelles. Entre l'organique et le psychique, la frontière n'est pas précise, et c'est précisément dans ces situations intermédiaires que l'on va utiliser ces médicaments qui sont eux-mêmes des intermédiaires entre le règne végétal et le règne minéral.

Donnons d'abord un exemple de cas clinique pour illustrer d'emblée la façon dont on peut utiliser ces médicaments, et les résultats qu'on peut en attendre, qui sont remarquables.

Il s'agit d'un jeune homme. Lorsque je le vois pour la première fois, il a 19 ans et il va encore au lycée. C'est un garçon extrêmement

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timide ; il fixe le bout de ses chaussures, ou dirige son regard sans arrêt à droite et à gauche, sans pouvoir regarder en face. Il faut un bon quart d'heure d'entretien pour que nous puissions réussir à croiser nos regards. D'emblée il me raconte avec beaucoup d'hésitation : "Eh bien voilà, docteur, je lance des ondes ; je n'arrête pas de lancer des ondes, et je gêne les autres avec toutes ces ondes que je lance." Et pendant les premières consultations, je n'en tirerai absolument pas autre chose.

Pendant de longues minutes d'entretien, il me répétera toujours la même chose, qu'il lance des ondes ; il lance tellement d'ondes qu'il en vient à déserter l'école, car par les ondes qu'il lance, il gêne les professeurs, il gêne ses camarades ; et il risque ainsi de ne pas réussir son année scolaire.

Il faut prendre ce cas évidemment très au sérieux, parce que la première impression que l'on a devant un patient de ce genre, c'est de se dire "pourvu qu'il n'aille pas voir un psychiatre". Car des garçons qui lancent des ondes, le psychiatre, lui, sait ce que c'est, et il aura vite fait de prescrire un traitement. Et nous savons très bien que ce type de traitement peut faire des ravages, surtout que, dans le cas présent, il s'agit d'une personne jeune, et qui plus est - je vais m'en apercevoir au bout de quelques consultations - très sensible. Mis à part le fait qu'il raconte qu'il lance des ondes, ce jeune homme est très sensé ; il a une sensibilité très grande qu'il a beaucoup de peine à exprimer. Et il y a là derrière un malaise, un passé difficile, avec un divorce des parents, un père absent, qu'il voit de temps en temps, et quand il le voit cela ne va pas tellement mieux, une mère qui s'inquiète beaucoup pour ce fils qui n'a plus de père... ; et comme il ne supporte pas de vivre seul, il habite chez sa sœur qui vit avec son petit ami, et tout ceci n'arrange pas la situation. Mais ce jeune homme donne vraiment l'impression que, si l'on peut dire, le fond psychique est sain. On a l'impression très nette qu'on n'a pas affaire à un malade psychiatrique, bien que le langage qu'il tient pourrait le faire croire, mais qu'il s'agit en réalité d'autre chose.

Je suis ce patient depuis 2 ans - il a donc maintenant 21 ans - et il ne parle plus d'ondes. Il a trouvé l'âme sœur, ce qui lui paraissait d'ailleurs tout à fait impossible il y a 2 ans, tellement il était enfermé en lui-même, et ce qui résout donc déjà un certain nombre de problèmes.

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Venons-en à la thérapeutique, celle qui a été appliquée dès le début et qui se poursuit depuis deux ans.

Le traitement est basé sur un traitement de fond, même si les prescriptions varient d'une fois à l'autre dans leur détail. Ce traitement de fond est basé sur la prescription d'injections sous-cutanées quotidiennes. Au début, elles étaient faites tous les deux jours, puis de façon beaucoup plus irrégulière jusqu'au jour où le patient s'est rendu compte lui-même qu'il commençait à aller mieux et que l'amélioration était liée aux injections. Il est alors devenu beaucoup plus attentif à son traitement, et maintenant, après avoir appris à se piquer, il se fait son injection tous les jours, un peu comme un diabétique avec son insuline. Donc, finalement, ce mode d'administration qui paraît difficile est quand même relativement praticable.

Venons-en à la composition de ce remède de fond, prescrit sous forme d'injections quotidiennes. Il s'agit de la formule Chamomilla cupro culta, radix 0,1 % / Rénine D3 ââ.

Dans cette préparation, nous avons Chamomilla cupro culta, qui est un métal végétabilisé. La traduction française voudrait dire : camomille cultivée avec du cuivre. Ce n'est pas l'appellation d'origine donnée par R. Steiner, qui était Cuprum per Chamomillam, appellation encore employée dans certains pays, et qui signifie littéralement : le cuivre par l'intermédiaire de la camomille. C'est la réglementation qui a obligé à modifier l'appellation. L'appellation Chamomilla cupro culta rend en effet davantage compte de la réalité du médicament qui correspond à un Chamomilla un peu particulier, la camomille utilisée provenant d'un procédé de culture particulier, comme décrit plus loin.

Le mode de raisonnement de la médecine anthroposophique est tout à fait spécifique, en particulier dans les cas où c'est le psychisme qui est apparemment en cause, comme dans le cas présenté précédemment. Dans ce cas en effet, le patient n'est pas malade, il n'a aucun antécédent, il est parfaitement sain. Donc c'est bel et bien un problème psychique au départ, ou du moins qui se présente comme tel. Or le mode de raisonnement de la médecine anthroposophique, devant un trouble psychique, consiste à se poser la question : quel est l'organe en cause ? Il s'agit non pas de l'organe physique, sensible, grossièrement matériel, mais de l'organe invisible qui est par derrière l'organe physique. Et dans le

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cas présent, comme on peut le deviner d'après la formule du remède utilisé qui contient Rénine, c'est le rein.

Ainsi donc, avec un peu d'habitude, lorsqu'on a un cas de ce genre, c'est-à-dire un cas qui relève du psychisme, on apprend à faire ce que l'on appelle un "diagnostic d'organe". En effet, contrairement à ce que tout le monde pense aujourd'hui, le psychisme ce n'est pas dans la tête. On entend souvent : "c'est la tête, docteur". Mais non, la plupart du temps ce n'est pas la tête. Ce qui relève des émotions est dans le corps et non pas dans la tête.

Bien entendu, il y a en général un retentissement cérébral des maladies dites psychiques. Et il faut aussi dire que les médicaments courants, pas uniquement les neuroleptiques, mais bien l'ensemble des médicaments psychotropes, sont effectivement des médicaments qui ont une activité au niveau cérébral. Mais cette activité n'agit que sur les manifestations cérébrales secondaires de ce trouble psychique.

Aussi, en pratique, devant un trouble psychique, il faut d'abord chercher quel est l'organe en cause. Et cet organe se situe non pas dans la tête, mais en-dessous de la tête.

Nous avons, en simplifiant, quatre organes principaux dans lesquels nous allons rechercher la cause des troubles psychiques : le cœur, le foie, le poumon et le rein. C'est en général peu ou prou l'un de ces quatre organes qui est en cause, quelquefois plusieurs. Mais il ne faut pas simplifier à outrance, et il faut garder à l'esprit qu'il peut y avoir d'autres organes en cause dans des troubles psychiques, et il faut apprendre à les voir. Mais avec cette simplification aux quatre organes principaux, on a déjà une bonne méthode pour débrouiller le terrain et essayer de déterminer, dans un cas psychique, quel est l'organe en cause, cet organe invisible qui se cache derrière l'organe physique. Dans une manifestation qui ne donne aucun symptôme organique, l'exploration des organes ne donnerait rien. Dans le cas présent, la maladie est naturellement beaucoup plus subtile qu'une maladie qui descendrait sur le rein physique. Elle n'atteint pas le rein physique ; elle atteint les enveloppes spirituelles du rein et il faut apprendre à le reconnaître avec un peu de doigté grâce aux symptômes qui se manifestent.

Dans le cas de ce jeune homme, nous avons au fond, pour le résumer d'un mot, un trouble de l'affectivité : une grande timidité, avec une difficulté à entrer en contact avec le monde, une sorte

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d'adolescence qui se prolonge... Les petits problèmes de l'adolescence, tout le monde les connaît, et en général ils ne sont pas très graves. Mais tous les adolescents ne vont pas jusqu'à dire qu'ils émettent des ondes et qu'ainsi ils perturbent leur entourage. Donc, il y a quelque chose ici qui va un peu plus loin et qui fait dire qu'il y a une tendance qui, à l'extrême, peut aller jusqu'à la schizophrénie. Il ne s'agit pas d'une schizophrénie, mais d'une tendance. Et dans ce cas, le diagnostic d'organe conduit au rein. Le rein est en effet l'organe qui est pour ainsi dire le siège de l'affectivité, et en grande partie l'organe qui nous permet de nous ouvrir psychiquement sur le monde extérieur.

Si on fait un rapport entre les planètes et les organes, le rein évoque la planète Vénus, c'est-à-dire l'amour, non pas l'amour physique au sens ordinaire (qui correspondrait plutôt à la sphère de l'argent), mais l'amour au sens sentimental, avec les troubles qui peuvent lui être liés. Certains considèrent que le fait de tomber amoureux est une maladie. On retrouve notamment cette idée dans la littérature, selon laquelle être amoureux est un état en quelque sorte maladif. Et c'est effectivement une maladie du rein, une maladie qui n'est pas bien grave et dont on peut guérir. Il y a donc effectivement quelque chose à voir avec un état d'ordre pathologique. Et on peut effectivement observer parfois dans cette situation des comportements qui tirent vers la jalousie par exemple, ou vers la folie furieuse. Cela montre bien que, derrière ce sentiment qui est pourtant bien aimable au départ, peut se cacher aussi quelque chose qui confine au pathologique. Et l'organe qui est là derrière, c'est le rein.

Avec le remède Chamomilla cupro culta/Rénine, on donne Chamomilla cupro culta, le métal végétabilisé, avec Rénine. Dans ce remède, Rénine a pour but de conduire le médicament Chamomilla cupro culta à l'endroit indiqué, c'est-à-dire vers le rein. Ceci est vrai pour la solution buvable. Pour une injection sous-cutanée, on la fait directement en regard du rein, c'est-à-dire dans les fosses lombaires, donc tout près de l'organe lui-même. Ainsi, on est certain que le médicament est donné et agit à l'endroit voulu. Et ainsi, peu à peu, on guérit ce rein invisible qui n'est pas le rein physique et qui est responsable des troubles. C'est un traitement lent qui doit être prolongé. Dans des cas moins graves - par exemple un cas un peu

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analogue mais où il n'y aurait pas ces manifestations aussi énormes que le fait de dire qu'on envoie des ondes et qui font dire que quelque chose ne tourne pas rond chez ce jeune homme - on peut se contenter de donner le médicament per os. On aura tout de même un très bon résultat, mais il faudra en général le donner pendant une longue période.

Vous voyez que dans ce type de troubles, à caractère psychique, on fait le diagnostic d'organe : on essaie de repérer quel est l'organe qui est atteint, l'organe invisible, et on donne le métal qui correspond à cet organe. L'organe rein est en relation avec Vénus, et Vénus est en relation avec le cuivre. Nous avons donc pour chaque organe une sorte de correspondance triangulaire entre l'organe, la planète et le métal. Ceci nous transporte un peu dans l'espace et nous fait lever les yeux au-dessus de la surface terrestre. Notre organisme n'est pas en effet, quelque chose de purement terre à terre ; il est le siège de forces plus lointaines, planétaires.

L'homme est une sorte de résumé de l'univers. Et l'on peut dire que les mêmes forces qui, dans le cosmos, ont donné naissance à la planète Vénus, ont donné naissance, dans ce microcosme qu'est l'organisme humain, à cette planète qu'est le rein. Nous avons donc un organe auquel correspond une planète. Et si maintenant nous nous tournons vers la nature terrestre qui nous entoure, nous retrouvons ces forces planétaires dans les processus qui ont donné naissance aux différents minerais de cuivre. Nous devons considérer les minerais de cuivre - ils sont très répandus sur la surface de la terre - comme la trace de quelque chose qui s'est passé à certains endroits de notre planète. Le métal cuivre peut ainsi être considéré comme la manifestation de la combinaison des forces terrestres et des forces cosmiques qui, dans le cosmos, ont donné la planète Vénus.

Nous avons ainsi une vue très originale sur les métaux. Les métaux sont donc des manifestations de forces qui ne sont pas terrestres, mais qui sont présentes à la surface terrestre. Ils résultent d'une combinaison entre les forces célestes, très lointaines, qui sont dans les astres, et les conditions terrestres.

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Nous avons donc un système de correspondance entre la planète qui est dans l'espace céleste, l'organe qui est à l'intérieur de l'organisme humain, et le métal présent dans la surface terrestre. Ceci correspond à trois manifestations différentes d'une force unique, et cette force, il faut apprendre à la connaître pour pouvoir l'utiliser. C'est pourquoi, en général, on utilise les remèdes métalliques dans les cas de troubles spécifiquement humains. Lorsque nous considérons l'homme, celui-ci présente un certains nombre de troubles spécifiques, qu'il n'a pas en commun avec les autres espèces animales. Et ces maladies psychiques dont nous parlons sont des maladies spécifiquement humaines ; ce genre de troubles n'existe pas en effet dans les autres règnes de la nature. Il s'agit donc de troubles pour lesquels on ne pourra faire aucune expérimentation sur l'animal, comme on le fait aujourd'hui pour les molécules qu'on teste d'abord sur l'animal avant de les tester sur l'homme. Il n'est pas question de faire cela avec des médicaments à visée psychique, qui s'adressent spécifiquement à l'homme.

Nous avons donc, avec l'homme, un certain nombre de troubles qui lui sont spécifiques, et les troubles psychiques en font partie. Et pour ces maladies bien particulières qui sont des maladies purement humaines, alors le remède de choix n'est pas de nature végétale. Il nous est offert par le règne minéral. Voilà l'un des secrets de la médecine anthroposophique, et c'est pourquoi la médecine anthroposophique utilise de manière tout à fait privilégiée les remèdes d'origine minérale. On utilise les remèdes d'origine minérale aussi en homéopathie, mais peut-être pas d'une manière aussi systématique.

On utilise aussi aujourd'hui beaucoup les oligo-éléments, mais en général, le raisonnement qui sous-tend leur utilisation est un raisonnement un peu simpliste : il y a un manque, une carence, et on va donc donner ce qui manque. Ceci n'est pas une thérapeutique qui relève d'une pensée très profonde. En médecine anthroposophique, il s'agit de tout autre chose. Il s'agit non pas d'un manque, mais de forces qui, en l'homme, s'apparentent à quelque chose qui existe aussi en dehors de l'homme, en particulier dans le monde planétaire, et ce sont ces forces-là qui, parce qu'on les reconnaît déficientes dans tel organe, sont corrigées par l'apport métallique correspondant. Donc, en général, on utilise le métal lorsqu'on veut guérir une maladie qui relève de ce métal.

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Et voilà où et comment interviennent les métaux végétabilisés. C'est qu'il faut un effort beaucoup plus grand pour venir à bout d'un remède métallique que pour surmonter un remède d'origine végétale. Ne parlons pas pour l'instant des remèdes animaux qui sont élaborés pour une utilisation assez restreinte. Donc, en général, nos remèdes sont d'origine végétale ou minérale. Mais lorsque nous utilisons des remèdes d'origine minérale, nous demandons à l'être humain un effort beaucoup plus considérable, parce que nous le faisons se heurter avec des forces beaucoup plus dures que celles du monde végétal. Ceci peut se comprendre très facilement, si l'on fait simplement l'analogie avec la nourriture. Nous nous nourrissons en général de végétal et d'animal mais certainement pas de minéraux. Le seul minéral que nous utilisons c'est le sel, et en général on n'utilise pas de cailloux pour se nourrir. Et même le sel, à peine l'avons-nous mis dans la bouche, qu'il cesse aussitôt d'être minéral et qu'il est réduit à l'état de solution. Le sel introduit dans l'organisme devient liquide dès la cavité buccale ; donc l'organisme n'utilise pas de cette manière-là le minéral.

Lorsqu'on donne des forces minérales à un organisme, on l'oblige aussitôt à faire un effort considérable pour surmonter ce minéral, ce qu'il fait très rapidement dans le cas du sel en le dissolvant, mais ce qu'il fait de manière beaucoup plus difficile lorsqu'on lui donne le minéral sous une forme médicamenteuse. Sous une forme médica-menteuse, bien entendu, on ne donne pas en général le minéral tel quel, on le donne sous une forme dynamisée, une trituration, et en général on va donner au moins une D6, une D8 ou une D10, c'est-à-dire qu'on l'a finement réparti et on a ainsi préparé le travail à l'organisme humain qui est absolument incapable d'assimiler des cailloux. On apporte donc à l'organisme quelque chose qui est déjà préparé, qui est déjà en quelque sorte partiellement humanisé. Mais malgré la dilution et la dynamisation, il reste quand même qu'on donne à l'organisme quelque chose qui lui demande un très grand effort pour en venir à bout. Et la raison de la grande efficacité des remèdes d'origine minérale, c'est qu'en général ils s'adressent à la partie la plus élevée de l'homme, au moi humain, alors que les remèdes végétaux s'adressent à des parties inférieures de l'organisme et agissent d'une manière beaucoup plus facile.

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Avec le minéral, nous touchons les médicaments les plus difficiles que nous ayons à notre disposition, mais aussi, de ce point de vue, dans la mesure où nous avons à faire véritablement à la partie la plus élevée de l'homme, les remèdes les plus efficaces. La difficulté, c'est que ce qui conviendrait le mieux à un malade qui justement a besoin de ce minéral, eh bien, il n'a pas la force d'en tirer profit ; très souvent, nous pensons, en tant que thérapeute : "il faudrait donner à ce patient tel remède minéral", mais nous ne pouvons pas le lui donner car ce remède est trop fort, et il ne va rien en faire.

Revenons sur l'exemple donné avec le cuivre, et prenons un autre exemple que tout le monde connaît, qui est celui du fer, qui est utilisé aussi en allopathie. Tout le monde connaît ce problème de l'anémie des jeunes filles, qui manquent de fer et auxquelles on donne le fer à dose presque pondérale, parce que c'est à dose pondérale qu'il manque. Mais précisément, bien qu'elles en aient besoin, et que ce soit le remède qui leur convienne, elles sont incapables d'en tirer bénéfice, et souvent elles ne parviennent même pas à l'assimiler. Et l'on voit des personnes auxquelles on donne des quantités considérables de fer qui déclenchent des diarrhées parce que ce fer n'est pas assimilé, et pour lesquelles, bien que le fer leur convienne, on n'arrive pas à corriger l'anémie de cette façon. Alors, il faut apprendre à donner le fer d'une manière préparée, par exemple à donner des végétaux riches en fer.

C'est ce qu'on fait dans l'anémie en donnant ce médicament de la médecine anthroposophique qui a pour nom Fragaria 15%/ Mel 1%/ Urtica 30% (appelé dans certains pays Anaemodoron). Grâce à ce remède, on utilise non pas le fer lui-même, mais des végétaux riches en fer, parce que l'organisme affaibli qui a besoin de fer n'a souvent pas la force de recevoir le remède sous forme minérale. Alors on lui donne du fer sous une forme végétale, grâce à des végétaux riches en fer, qui ont capté les forces du fer et qui les ont assimilées.

La nature nous offre avec l'ortie (Urtica), qui se caractérise par sa faculté à pomper le fer dans le sol, un exemple où se manifeste d'elle-même comme une invitation thérapeutique évidente. L'ortie représente une sorte de fer végétal offert par la nature. Et l'idée de R. Steiner prolonge cette leçon de choses que donne la nature : prenons donc ces végétaux qui, de par leur nature propre, ont une

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affinité avec tel ou tel métal, et cultivons-les précisément sur un milieu enrichi par ce métal, de manière à renforcer leur tendance naturelle. Alors nous aurons un végétal qui est gorgé, saturé, du métal correspondant. Et voilà quel est le génie qui a présidé à la fabrication des métaux végétabilisés.

En pratique, le procédé de préparation s'étale sur plusieurs années. On prend le métal dont on veut faire un remède, et on va faire en sorte de le faire passer par trois générations successives d'une plante qui manifeste une très grande affinité pour ce métal. On dit parfois que l'on fait pousser la plante sur le métal.

On fait de ce métal une solution selon un procédé particulier, et on va disperser cette solution dans un terreau dans lequel on va faire pousser l'une des plantes qui manifeste une affinité très grande pour ce métal. Ainsi, la plante se développe et absorbe toute cette solution métallique sur laquelle on la fait pousser. Cette plante (première génération) est récoltée, hachée, et mise à composter. Le terreau ainsi obtenu servira à la culture d'une seconde génération de la plante. Cette plante est récoltée pour être également compostée, et le terreau obtenu sert à la culture de la troisième génération. On obtient ainsi une plante totalement imprégnée de forces métalliques, transmises par deux générations de plantes. Cette plante va servir à fabriquer une teinture mère, à la base de la préparation du remède "métal végétabilisé" que l'on préparera soit en dilution, soit en soluté injectable. Dans un tel remède, on ne fait pas de dynamisation, on dilue seulement un peu, sans succussion, en restant dans les doses pondérales.

On n'a pas besoin en effet, d'introduire de phénomène de dynamisation qui, au fond, ferait perdre une partie des forces qui ont été ainsi accumulées dans le végétal. En effet, on est là en présence d'un autre processus, un processus auquel la nature elle-même a été conviée à se livrer : on a ainsi apporté des forces minérales, des forces métalliques, et on les a fait absorber par le végétal lui-même. On a ainsi quelque chose qui ne relève pas de l'homéopathie classique.

Ces remèdes sont dilués soit à 1 %, soit à 0,1 %. Ils contiennent les forces telles qu'elles ont été transformées par la nature végétale elle-même. On a donc un métal végétabilisé, obtenu par un procédé au travers duquel on a demandé à la nature végétale de faire en

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quelque sorte la première partie du travail, celle que l'organisme malade n'a pas encore la force de faire.

On utilise les métaux végétabilisés comme une première étape vers la guérison, et cette première étape, vous l'avez vu dans l'exemple cité, peut être très longue. On donne un médicament végétal, parce que l'organisme a beaucoup plus de facilité à utiliser un médicament végétal ; mais ce médicament végétal dont l'origine est si particulière contient lui-même ces forces minérales que l'on veut donner. Et lorsqu'on a donné suffisamment longtemps ce traitement, alors vient le moment où l'on estime que l'on peut passer cette fois au médicament minéral lui-même. Et quelquefois on a alors la surprise de voir qu'on l'a donné trop tôt et que cela ne marche pas. Après avoir remplacé le métal végétabilisé par le métal, le malade revient vous voir en disant : "cela ne va plus du tout ; cela allait si bien avec le traitement d'avant mais là, cela ne marche plus." Cela veut dire qu'on est allé trop vite et qu'il faut continuer à donner, pendant tout le temps qu'il faut, le métal végétabilisé.

Avec les métaux végétabilisés, on dispose d'une thérapeutique d'une très grande efficacité, en particulier pour ces maladies spécifiquement humaines, à la frontière entre les maladies organiques et les maladies psychiques. Mais ne croyez pas que ce soit la seule utilisation des métaux végétabilisés ; ce serait une idée absolument fausse que de croire que les métaux végétabilisés servent uniquement dans le cas des maladies psychiques ou psychosomatiques. Ils ont aussi d'autres indications ; ils peuvent s'avérer très utiles dans des circonstances extrêmement variées, et aussi dans des maladies purement organiques. Mais toujours selon le même raisonnement : on sait qu'on doit donner le métal, que l'on perçoit comme étant le remède qui convient, mais ce remède est trop fort pour être prescrit au malade qui ne le supporterait pas ; on donne alors le métal végétabilisé, avant de passer par la suite au métal lui-même, lorsque l'état du malade le permet.

Cette idée de médicament qui convient et qu'on ne peut pas donner tout de suite a une sorte de prolongement. Nous avons parlé du fer et des jeunes filles qui ont besoin du fer. Eh bien il arrive que même le fer sous forme de métal végétabilisé, en général associé à l'ortie

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(Urtica), Urtica ferro culta, ne convienne pas, vu l'état de faiblesse du moi où se trouve la patiente. Elle a besoin de fer, et même le fer sous forme végétabilisé est trop fort ; elle ne peut pas le supporter, il ne lui convient pas. Et au lieu d'avoir le résultat qu'on en attend, on a d'autres symptômes comme par exemple des vertiges ou d'autres signes de ce genre. Alors, dans ce cas-là, il faut avoir recours à autre chose, et il faut savoir que dans ce cas précis, lorsque le fer qui est le métal qui convient ne peut pas être donné lui-même, alors on commence par donner le cuivre (Cuprum). On donne le cuivre pour pouvoir ensuite donner le fer. On commence par réchauffer ainsi avec le cuivre cet organisme qui a pourtant besoin de fer. Et on a ainsi des thérapeutiques successives parce qu'on ne peut pas d'emblée donner ce qui pourtant serait le médicament qui doit être donné.

Voici encore un autre cas qui montre la complexité des cas que l'on peut rencontrer. Un patient a besoin de fer, mais l'examen montre qu'il ne sert à rien de le donner tout de suite. Même le métal végétabilisé est prématuré, et même le cuivre n'est pas adapté, à cause d'une énorme faiblesse, par exemple à la suite d'une maladie antérieure. Il faut d'abord rétablir les forces de cet organisme pour pouvoir lui donner ensuite la thérapeutique qui lui est nécessaire. Alors on va commencer par donner de l'argent (Argentum), par exemple pendant un mois, qui va très rapidement apporter un effet bénéfique. Ce traitement préliminaire permettra ensuite de donner du cuivre (Cuprum), et l'on pourra enfin donner le fer (Ferrum). Mais il ne faut pas être pressé, et quelquefois il faut savoir attendre le moment opportun pour donner le médicament qui convient.

Revenons aux métaux végétabilisés. Nous avons cité Chamomilla cupro culta. On peut donc cultiver la camomille sur du cuivre. Mais il se trouve un autre végétal que l'on peut cultiver sur du cuivre pour, dans d'autres cas, offrir à l'organisme le remède qui lui convient : c'est la mélisse (Melissa). Donc, dans certains cas, on utilisera Chamomilla cupro culta, et dans d'autres Melissa cupro culta. Nous avons cité précédemment un exemple typiquement psychique d'utilisation de Chamomilla cupro culta. Voici maintenant un autre exemple de l'utilisation des métaux végétabilisés à base de cuivre, dans un domaine beaucoup moins psychique, plus organique. Il s'agit du domaine des crampes. Chamomilla et Cuprum sont classiquement reconnus comme des remèdes indiqués pour les

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crampes. Donc, on voit déjà clairement qu'il existe une parenté entre Chamomilla et Cuprum, dans la mesure où les deux remèdes ont cette indication en commun. Alors tout naturellement, on pourra donner effectivement Chamomilla cupro culta pour les crampes.

Chamomilla cupro culta pourra également être prescrit avec un certain succès, en particulier en injections sous-cutanées, dans les coliques néphrétiques, qui sont d'une certaine façon des sortes de crampes au niveau du rein et de l'arbre urinaire, mais il existe d'autres médicaments possibles, qui peuvent être tout aussi adaptés.

Prenons maintenant l'exemple de Melissa cupro culta. On proposera Melissa cupro culta lorsqu'il n'y a pas du tout ce phénomène de crampe ou de spasme, mais qu'il y a plutôt un tempérament frigorifié qui a besoin de chaleur, qui a besoin du cuivre comme un réchauffeur.

Avec Melissa cupro culta, on dispose d'un médicament qui, à la fois, apporte cette chaleur par le cuivre sur lequel la plante a été cultivée, et apporte aussi les propriétés de la mélisse, un médicament typiquement féminin, très utilisé notamment pour son action bénéfique sur les vertiges, les syncopes, ou les tendances aux vertiges et aux syncopes.

On a donc une certaine polarité entre Melissa cupro culta et Chamomilla cupro culta.

On utilise aussi Melissa cupro culta, avec beaucoup d'efficacité, dans d'autres situations pathologiques, en cas de pyélonéphrite par exemple. J'ai guéri plusieurs cas de pyélonéphrite aiguë, avec une fièvre à 40° pouvant durer 4 ou 5 jours, grâce à un traitement à base de Melissa cupro culta. Mais dans ce cas, le remède Melissa cupro culta n'était pas donné en injection, les injections étant réservées à d'autres médicaments, destinés à combattre cette grosse fièvre. Melissa cupro culta était le traitement de base d'un rein inflammatoire. On observe un résultat en quelques jours. Et à l'issue de la maladie, on s'aperçoit en général que le patient est complètement transformé d'avoir ainsi pu surmonter, sans l'aide d'antibiotiques, une maladie aussi importante.

Revenons au fer. De même qu'il existe une polarité pour le cuivre, avec Chamomilla cupro culta et Melissa cupro culta, il y a une

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deuxième polarité pour le fer, entre Urtica et Chelidonium(chélidoine). Le médicament s'appelle cette fois Chelidonium ferro cultum, ou autrement dit le fer par la chélidoine.

On proposera plus particulièrement ce remède dans les affections en rapport avec la vésicule biliaire, ce qui n'a rien de surprenant quand on connaît les correspondances entre les organes, les métaux et les planètes. De la même façon que le rein est en rapport avec la planète Vénus, la vésicule biliaire est en rapport avec la planète Mars. Et le métal qui correspond à Mars, c'est le fer.

On observera d'excellents résultats avec Chelidonium ferro cultumdans des cas où, précisément, c'est la vésicule biliaire qui est en cause. Nous disposons avec ce remède d'une thérapeutique spécifique du fer, d'un aspect particulier du fer, et non pas cette thérapeutique martiale, qui est en fait souvent une thérapeutique de carence, et qui relève d'Urtica.

Abordons maintenant un autre chapitre de ces métaux végétabilisés, à savoir l'étain (Stannum). L'organe qui lui correspond est un organe tout proche de la vésicule biliaire ; c'est le foie. Le foie est l'un des organes les plus souvent en cause, parce qu'énormément d'affections relèvent entre autres choses du foie. Comme pour le cuivre ou le fer, à l'étain correspondent deux plantes qui sont utilisées pour le processus de végétabilisation : Taraxacum(pissenlit) et Cichorium (chicorée). Les métaux végétabilisés correspondants s'appellent donc Taraxacum stanno cultum et Cichorium stanno cultum. Là encore nous trouvons donc une polarité qui correspond à deux façons d'utiliser ce métal. En rapport avec l'étain, nous avons un exemple très intéressant de troubles psychiques. C'est la psychose maniaco-dépressive. Bien entendu, la psychose maniaco-dépressive est une maladie en général assez grave, qui ne relève pas forcément de la médecine de cabinet. Mais supposons que nous ayons affaire, non à la psychose maniaco-dépressive telle que la décrivent les psychiatres, mais à un état qui en est proche et qui permet à la personne de vaquer à ses occupations et de vivre tant bien que mal. Ce qui est intéressant, c'est que dans cette maladie, telle qu'elle est décrite par les psychiatres, il y a deux états très tranchés : la phase maniaque et la phase dépressive, et l'état du patient oscille comme un pendule entre ces deux phases, avec l'impossibilité de rester dans la position médiane d'équilibre. Les malades souffrent de ne pas pouvoir

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équilibrer ces deux tendances ; c'est toujours ou l'une ou l'autre qui l'emporte. Cette pathologie présente donc deux phases très différentes, mais c'est la même maladie. En médecine anthroposophique, nous cherchons à faire le diagnostic d'organe. Et dans le cas présent, l'organe en cause, c'est le foie. Et avec ces deux métaux végétabilisés précédemment mentionnés, Taraxacum stanno cultum et Cichorium stanno cultum, nous avons quelque chose qui correspond précisément à ces deux états, l'état maniaque et l'état dépressif. Ainsi, si nous avons un patient qui est plutôt dans le pôle dépressif, nous prescrirons Taraxacum stanno cultum. Au contraire, si ce patient se trouve dans la phase maniaque, nous proposerons Cichorium stanno cultum. Ceci est une illustration de l'utilisation à visée psychique des métaux végétabilisés.

En général, on rencontre peu de psychoses maniaco-dépressives au sens aussi net que le décrivent les psychiatres, mais ce que l'on rencontre très couramment, c'est la dépression. Ce terme est en général très vague, et peut désigner des états très différents. Toutes les dépressions ne sont pas les mêmes, et aujourd'hui on appelle dépression tout et rien. Même dans des maladies extrêmement graves avec des bouffées délirantes, il y a une espèce de nom de code qui fait dire à la famille : il a fait une dépression. En réalité, on a hospitalisé le malade en psychiatrie pendant au moins un mois, mais on appelle cela poliment une dépression. Et puis, à l'opposé, vous avez une personne qui a un simple chagrin amoureux, qui vient vous voir en disant : je fais une dépression. Et entre les deux, on a toutes les variantes possibles. Donc, en général, nous rencontrons beaucoup plus la phase dépressive que la phase maniaque, quoi qu'il faille savoir la détecter, même sous des formes atténuées. Dans ces formes dépressives si nombreuses, si nous avons fait d'abord auparavant le diagnostic d'organe, c'est-à-dire si nous avons réfléchi et que nous pensons qu'effectivement nous avons affaire au foie, ce qui n'est pas toujours le cas, alors nous allons donner Taraxacum stanno cultum. Et dans ce cas précis, en présence de troubles psychiques, la démarche sera analogue à celle qui avait conduit dans le premier exemple à la prescription de Chamomilla cupro culta/Rénine : nous donnerons Taraxacum stanno cultum en association avec Hépatine. Le remède est prescrit sous forme de complexe associant les deux préparations, soit sous forme de gouttes buvables (dilution), soit sous forme de solution injectable,

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avec la formule suivante : Taraxacum stanno cultum 0,1%/Hépatine D4, ââ (ou Taraxacum stanno cultum 1%/Hépatine D4, ââ).

Ainsi, Hépatine va guider le remède vers le lieu où il doit agir, c'est-à-dire vers le foie. On a avec ce remède un moyen puissant de résoudre un certain nombre de dépressions, pas toutes bien entendu. Et il faut être certain de son diagnostic d'organe. Si l'on ne s'est pas trompé, on a là un moyen extrêmement puissant et curieusement très rapide. Avec ce médicament, on peut guérir véritablement une dépression en un mois, mais en général il faudra le donner sur une période beaucoup plus longue pour qu'il n'y ait pas de rechute trop rapide. Et puis, si on le juge nécessaire, alors on confirme le moment venu cette première médication préparatoire par un véritable traitement à l'étain, et cette fois on donnera le métal lui-même en basse dilution, et on aura ainsi un traitement efficace modifiant en profondeur le comportement de la personne et permettant véritablement une guérison de la dépression.

Il est essentiel, devant une maladie psychique, de faire le diagnostic d'organe. Cette remarque, quand on l'entend pour la première fois, est un peu difficile à comprendre. Que vient faire l'organe, quand les troubles sont purement psychiques ? C'est là l'un des secrets de la médecine anthroposophique que de dévoiler que, derrière des troubles psychiques, se cachent en réalité des troubles non pas organiques vrais, mais des troubles qui sont localisés à tel endroit du corps ou dans tel organe, d'une façon qui n'est pas encore visible. Et pour illustrer ce propos, on peut réfléchir à la parenté qui existe entre l'état psychique qui résulte d'une affection grave du foie, une hépatite, et le tableau psychique qui accompagne la dépression. Et si l'on réfléchit un peu intensivement sur ce problème, on voit en effet que l'hépatite a son versant psychique qui rappelle la dépression. Et tout naturellement, on est amené à dire : la dépression vraie, c'est au fond quelque chose comme une hépatite mais sans hépatite. C'est la partie psychique qui accompagne la maladie de l'hépatite, mais le foie lui-même est physiquement intact. Et on comprend très facilement comment on peut passer de l'un à l'autre. C'est peut-être l'un des exemples qui est le plus facile à comprendre car dans l'exemple cité au début sur le rein, c'était peut-être moins facile à voir. Mais avec le foie et la dépression, on peut comprendre très facilement.

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On reçoit souvent en consultation des patients qui vous disent "je n'ai goût à rien". Il s'agit d'une phrase qui signe en quelque sorte une maladie du foie, non pas du foie organique qui est intact - si on contrôle les transaminases, elles sont normales - mais de ce foie invisible dont l'autre n'est que la manifestation extérieure. Avec cet état de dépression quasi généralisé, nous avons la maladie psychique la plus courante de la civilisation d'aujourd'hui, avec une incapacité à travailler, des gens qui se sentent fatigués dès le matin, alors qu'on devrait, le matin lorsqu'on se lève, être plein de forces. On retrouve effectivement chez l'hépatique, dont le foie physique est en cause, la fatigue matinale et le manque de forces pour agir.

Lorsqu'on traite les états dépressifs avec, dans un premier temps le métal végétabilisé, c'est-à-dire Taraxacum stanno cultum, et puis ensuite l'étain (Stannum), on a des résultats durables et profonds.

Il faut maintenant faire une remarque pour compliquer un peu la chose. Il y a des végétaux qui ont une affinité pour un métal, et ils ont été choisis pour faire précisément ce métal végétabilisé. Mais la nature nous présente un certain nombre d'exemples de végétaux qui ont des propriétés absolument remarquables, puisqu'ils sont capables d'assimiler des forces métalliques différentes. Ainsi, la même plante peut être utilisée pour faire deux métaux végétabilisés différents.

C'est le cas de Cichorium (la chicorée), un de ces trésors de la nature, qui a une affinité à la fois pour le plomb et l'étain. Ainsi, à côté de Cichorium stanno cultum déjà cité, il existe le remède Cichorium plumbo cultum, qui sera utilisé dans le cadre d'un traitement préparatoire à une thérapeutique par le plomb.

Parmi les végétaux qui peuvent métaboliser, si l'on peut dire, différents métaux, il y a aussi cette plante remarquable qu'est Bryophyllum (Kalanchoe pinnata (Lam.) Pers.), que l'on cultive avec du mercure ou avec de l'argent pour donner les métaux végétabilisés Bryophyllum mercurio cultum et Bryophyllum argento cultum.

Bryophyllum est une plante grasse originaire de Madagascar, répandue dans tous les pays tropicaux, qui peut être cultivée sous abri dans nos régions. Lorsqu'on a le bonheur de pouvoir l'observer pousser, alors on s'aperçoit effectivement qu'on a affaire à une plante tout à fait extraordinaire. Bryophyllum est une plante qui a une telle vitalité que sur le bord de ses feuilles prennent naissance de

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petites plantules, qu'on peut enlever et replanter à côté. Ainsi, on a une plante qui se reproduit directement par son appareil végétatif. On retrouve ce phénomène chez d'autres espèces, mais jamais de façon aussi spectaculaire. C'est l'une des plantes qui manifeste le plus clairement la vitalité exubérante de sa nature. Tout naturellement, ceci va être mis à profit dans un certain nombre de maladies où c'est justement la vitalité qui est en cause. C'est notamment le cas dans certains troubles psychiques, lorsque nous avons affaire à des personnes extrêmement exubérantes, avec un bavardage tel qu'on ne peut pas placer un mot, et que si on les laisse faire, au bout d'une heure de consultation, elles sont toujours là à parler. Lorsqu'on a affaire a de telle patientes - ce sont en général des femmes - on utilise Bryophyllum mercurio cultum. On donne ainsi le mercure par l'intermédiaire de Bryophyllum et on obtient ainsi d'excellents résultats.

On peut aussi utiliser Bryophyllum mercurio cultum dans des cas plus généraux qui ressemblent un peu à celui-là, et qui sont les cas d'hystérie. On se trouve alors en présence d'une exagération manifeste d'un certain nombre de forces métaboliques qui devraient rester dans le métabolisme, mais qui s'expriment dans la parole et dans des manifestations où elles n'ont pas leur place. On corrige cette tendance exubérante qui n'est pas à sa place en s'aidant de Bryophyllum, en demandant à l'organisme de surmonter cette plante qui est elle-même exubérante. On peut donner selon les cas Bryophyllum mercurio cultum ou Bryophyllum argento cultum, et on traite ainsi différents cas d'hystérie.

Après avoir énuméré un certain nombre de métaux végétabilisés en essayant de montrer leur génie et de présenter la façon dont il faut les utiliser, développons quelque peu la notion même de métal en médecine anthroposophique.

Les métaux végétabilisés doivent être considérés comme des remèdes préparatoires, et, si le traitement est bien conduit, à ces remèdes préparatoires doit faire suite le véritable remède de fond, le remède métallique qui sera prescrit lorsque le patient sera parvenu au point où il pourra en bénéficier.

L'utilisation des métaux est l'une des caractéristiques de la médecine anthroposophique, même si un certain nombre de thérapeutes n'aiment pas l'entendre dire, parce qu'ils ont une

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préférence pour les remèdes végétaux qui sont bien commodes et qui ont un intérêt thérapeutique certain.

Mais il faut savoir faire appel à des forces plus puissantes que les forces présentes dans le règne végétal qui nous entoure. L'anthroposophie exprime cette idée d'une manière quelque peu paradoxale et difficile à comprendre en disant ceci : l'homme a rejeté les autres règnes de la nature. Autrement dit, l'homme, au cours de sa longue évolution terrestre, a rejeté hors de lui les forces que l'on trouve aujourd'hui autour de nous dans le règne animal, dans le règne végétal et dans le règne minéral. C'est pourquoi on peut faire appel à ces forces qui se trouvent dans les règnes qui nous entourent lorsque se manifeste une tendance pathologique qui montre que l'homme ne maîtrise plus ces forces qui ont été rejetées au cours de l'évolution humaine. Alors, on va chercher ces forces là où elles sont et on les donne, sous forme d'une préparation adaptée, pour rappeler à l'homme sa mission humaine qui est de surmonter la nature animale, végétale et minérale qui l'entoure. Cette façon de considérer les choses relève d'une vision très profonde. En effet, dire que l'homme a rejeté les autres règnes de la nature, cela suppose que l'on considère que, dans l'histoire de la Terre, l'homme précède les autres règnes. C'est donc tout le contraire de ce qu'on raconte aujourd'hui lorsqu'on dit qu'il y a eu d'abord une explosion originelle, suivie d'une évolution de plusieurs millions d'années qui a conduit tout récemment à l'apparition de l'homme. L'anthroposophie décrit les choses d'une manière complètement inverse, en disant ceci : au début de la création était l'homme, non pas l'homme tel que nous le connaissons aujourd'hui, mais l'homme était là d'abord et il existait, si l'on peut dire, avant la Terre. Et puis la Terre s'est constituée avec l'homme comme le dessein futur que devait prendre son évolution. Et si l'homme n'est apparu historiquement que tardivement, le dernier après les trois autres règnes, c'est parce que les conditions n'étaient pas encore prêtes pour qu'il descende sur Terre. Historiquement, le règne animal est arrivé avant l'homme. Mais l'intention, l'idée de l'homme était présente avant. Et ainsi sont apparues des espèces animales qui correspondaient à des essais ratés, si l'on peut dire, de ce que devait être un jour l'homme. C'est ainsi que l'on peut comprendre la phrase l'homme a rejeté les autres règnes.

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Et de même qu'il a rejeté l'animalité, qui est cependant encore présente quelque part dans sa nature - et lorsqu'elle est trop présente, il faut effectivement donner des remèdes animaux pour la contrer - de même l'homme a rejeté hors de lui l'ensemble du monde végétal, tout en conservant en lui une sorte de vie végétale, mais complètement transformée par rapport à la vie végétale extérieure à lui et que l'on peut observer à la surface de la terre.

Et puis, en dernier, l'homme a rejeté le monde minéral, alors que la Terre se durcissait. En effet, lors des étapes précédentes, la terre n'avait pas encore sa consistance dure, elle était encore molle. La dernière étape, c'est donc le rejet du règne minéral qui ainsi se durcit à l'extérieur, et ne se durcit à l'intérieur de l'homme que d'une manière métamorphosée et tout à fait humaine, avec la formation des os. Ainsi, le règne minéral, nous l'avons aussi en nous, mais il est complètement transformé. Il est présent uniquement dans le métabolisme du carbonate de calcium et du phosphate de calcium du système osseux. Et il suffit de voir ce qu'est un os humain pour comprendre que ce minéral-là, tel que nous l'avons façonné à l'intérieur de nous, n'a rien à voir, malgré l'apparence, avec le minéral que l'on peut trouver à la surface de la terre. Il n'a rien à voir avec la pierre, ni avec l'arbre, ni même avec les os des squelettes animaux ; il y a une spécificité de l'homme. Ainsi, l'homme a rejeté les autres règnes, et en particulier le règne minéral. Et le règne minéral ayant été rejeté le dernier, c'est celui qui peut servir en premier pour transformer la nature de l'homme. C'est pourquoi, parmi les remèdes que la nature met à notre disposition, ce sont les remèdes d'origine minérale qui sont les plus forts, les plus importants, les remèdes véritablement adaptés à l'homme. Et il est probable que c'est dans cette direction, du côté des remèdes minéraux, qu'il faut chercher pour guérir ces maladies récentes qui sont des maladies du moi. Ce sont notamment toutes ces maladies d'apparition récente qui n'existaient pas ou peu il y a une trentaine d'années, liées à des troubles du système immunitaire, avec par exemple le SIDA, les différentes formes d'allergie, et également le cancer qui est essentiellement une maladie du moi. Toutes ces maladies si importantes qui sont des maladies spécifiquement humaines, si nous ne parvenons pas à les guérir, c'est parce que nous n'avons pas encore trouvé les forces avec lesquelles nous pouvons préparer des remèdes tels qu'ils puissent permettre à

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l'homme de surmonter ces forces pour retrouver véritablement sa nature humaine. C'est donc probablement dans cette direction qu'il faut chercher mais ceci est encore à faire.◆

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Pour en savoir plus (N.D.L.R.)

- Bruno Busse, La culture des métaux végétabilisés,

Correspondances Médicales n°1 (novembre 1993)

- Rudolf Treichler, L'être et l'action des métaux végétabilisés, Correspondances Médicales n°1 (novembre 1993)

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MELISSA OFFICINALIS L. La mélisse officinale est une plante de la famille des Lamiacées, caractérisée par son odeur de citron. Elle entre dans la composi-tion des métaux végé-

tabilisés tel que Melissa cupro culta.

CUIVRE NATIF Métal pur révèle une belle colora-tion brun-rouge brillante ; il peut parfois se présenter sous une forme délicate rappelant les fou-gères. La plus grande partie du cuivre est cependant présente sous forme de minerais tels que chalcopyrite, malachite, olivenite.

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CHAMOMILLA RECUTITA (L.) RAUSCHERT. Cette plante de la famille des Asteracées se rencontre commu-nément dans les champs cultivés, jar-dins, remblais, talus. Sa racine est utilisée dans la fabrication du

remède Chamomilla cupro culta.

Chamomille en fleurs cultivées selon la méthode biodynamique dans les jardins du Laboratoire Weleda.

Les métaux végétabilisés et les correspondances métal/planète/organe

METAL PLANETE ORGANE METAL VEGETABILISE VEGETAL PARTIE UTILISEE

Argentum (Argent) Lune Organes génitaux

Bryophyllum argento cultum Bryophyllum (= Kalanchoe pinnata) (Bryophylle)

feuille

Thuya argento culta Thuya (Thuya) rameau feuillé

Aurum (Or) Soleil Coeur Hypericum auro cultum Hypericum (Millepertuis) partie aérienne fleurie

Primula auro culta Primula (Primevère) fleur

Cuprum (Cuivre) Vénus Rein Chamomilla cupro culta, radix* Chamomilla (Matricaire camomille)

partie souterraine

Melissa cupro culta Melissa (Mélisse) partie aérienne fleurie

Ferrum (Fer) Mars Vésicule biliaire

Chelidonium ferro cultum, radix* Chelidonium (Chélidoine) partie souterraine

Urtica dioica ferro culta

urtica dioica ferro culta, radix*

Urtica dioica (Grande Ortie) partie aérienne fleurie

partie souterraine

Mercurius (Mercure)

Mercure Poumon Bryophyllum mercurio cultum Bryophyllum (= Kalanchoe pinnata) (Bryophylle)

feuille

Nasturtium mercurio cultum Nasturtium (Cresson) partie aérienne

Plumbum (Plomb) Saturne Rate Aconitum plumbo cultum Aconitum (Aconit) plante entière

Cichorium plumbo cultum Cichorium (Chicorée) plante entière

Stannum (Etain) Jupiter Foie Cichorium stanno cultum

Cichorium stanno cultum, radix*

Cichorium (Chicorée) plante entière

partie souterraine

Taraxacum stanno cultum Taraxacum (Pissenlit) plante entière

Silicea (Silice) / / Equisetum arvense silicea cultum Equisetum arvense (Prêle) partie aérienne

* la partie de plante est précisée dans l'appellation quand il ne s'agit pas de la partie classiquement utilisée.

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Thérapeutique injectable avec des préparations

dynamisées

H. Schramm, Docteur en médecine vétérinaire M. Kropf, Docteur en médecine

De l'histoire de la thérapeutique injectable, et en particulier avec des médicaments dynamisés

Les conditions essentielles pour une utilisation généralisée de la thérapeutique injectable ont été créées seulement il y a un siècle environ, c'est-à-dire bien après la découverte fondamentale et le développement des médicaments dynamisés (Buess, 1946 ; Daems, 1961). Bien que la première publication sur l'administration intraveineuse de médicaments ait paru dès 1667, le travail de Mayor, médecin et professeur de médecine à Kiel, elle demeura sans conséquences pratiques pendant près de 200 ans. C'est seulement après que Semmelweis, Pasteur, Lister et d'autres eurent apporté leurs contributions révolutionnaires à l'hygiène, qu'un travail avec des méthodes de stérilisation devint possible. De même, il n'y eut des solutions isotoniques pour les injections qu'après que des physiologistes hollandais eurent établi, en 1886, qu'une solution de sel de cuisine à 0,9 % a le même degré de congélation que le sérum sanguin. La première ampoule pour la conservation stérile du liquide à injecter fut fabriquée en 1887. Ainsi, c'est vers la fin du XIXe siècle que se trouvèrent créées les conditions pour une utilisation générale et sans complications de la thérapeutique injectable.

L'homéopathie, et donc ses remèdes, les médicaments dynamisés, furent introduits dans la pratique médicale dès 1800 par Hahnemann. Bien qu'elle fut fondée avant tout en tant que science empirique et clinique, ses présupposés méthodologiques, lesquels reposent sur le principe de similitude, permettaient d'envisager comme seule justifiée la forme d'administration par voie orale.

C'est pour cela que la thérapeutique injectable ne fut pas reprise d'emblée par l'homéopathie lorsqu'elle devint réalisable dans la

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pratique. La seule exception était l'application parentérale de venins animaux dynamisés, ainsi par l'exemple l'acide formique, le venin d'abeille ou le venin de serpent, du fait que dans les situations naturelles d'empoisonnement ou de maladie c'est d'ordinaire par la voie parentérale que la substance arrive dans l'organisme, et donc, selon le principe de similitude, c'est aussi par cette voie que devait être appliqué le médicament dynamisé.

En 1912, Reuter réalisa les premières expérimentations importantes avec des injections sous-cutanées d'acide formique en dilution dynamisée, et il en publia les résultats en 1925 (Reuter, 1925). Il observa que lors d'une administration parentérale de Formica dynamisé, la substance ainsi administrée montrait une efficacité particulièrement élevée dans différentes affections telles que la tuberculose, la goutte et le rhumatisme. Il put faire aussi cette observation lorsqu'il injecta Formica en haute dynamisation (D30). D'autres médecins confirmèrent par la suite ces expériences, et aussi pour d'autres poisons animaux (Kass, 1978 ; Schoeler, 1980).

Le système explicatif de l'homéopathie classique ne permettait pas toutefois de généraliser ces expériences à partir de critères précis et donc de les transposer à d'autres médicaments dynamisés. De ce fait, longtemps, la thérapeutique injectable avec des médi-caments dynamisés ne fut pratiquée que par quelques rares médecins homéopathes, et cela continue d'être le cas dans des pays ou aujourd'hui encore c'est seulement l'homéopathie classique qui est pratiquée.

Une réelle explication rationnelle de la spécificité de la thérapeutique injectable avec des préparations dynamisées n'a pu être élaborée qu'à partir des bases constituées par l'image élargie de l'homme, présentée par Rudolf Steiner, tout particulièrement dans ses conférences des années 1920 aux médecins. Des critères purent ainsi être établis en ce qui concerne les indications de la thérapeutique injectable, et des expériences furent dès lors rassemblées. C'est pourquoi la thérapeutique injectable joua dès le début un rôle important dans la médecine anthroposophique, et c'est par elle que l'injection de médicaments dynamisés fut finalement introduite dans la pratique. Les bonnes expériences faites par des médecins anthroposophiques avec la thérapeutique injectable

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incitèrent les médecins homéopathes à travailler à leur tour avec elle.

C'est surtout au cours des vingt dernières années que le mode d'administration injectable a trouvé un large accès dans la pratique médicale (Rafael, 1983 ; Lernout, 1976 ; Julian, 1982). Depuis, on trouve dans la littérature médicale spécialisée un nombre incalculable d'indications et d'expériences concernant les préparations injectables dynamisées (par exemple Husemann, 1942 ; Simon, 1987 et 1990 ; Bavastro et Sauer, 1990). On trouve là des études contrôlées apportant une preuve de l'efficacité, non seulement pour des préparations injectables en basses dynamisations comme Carbo Betulae D6 (Kienle, 1973), mais aussi pour des hautes dynamisations comme Caulophyllum D30 (Wolter, 1980). Signalons de façon particulière ici la thérapeutique de la douleur au moyen de médicaments dynamisés, qui peut être considérée comme une "pierre de touche" pour évaluer l'efficacité de ces préparations - et aussi, justement avec les médicaments dynamisés, comme pierre de touche pour l'art du médecin. A ce sujet, il existe une vaste étude de Simon à laquelle nous nous référerons brièvement plus loin.

Au total, ces expériences établissent l'utilité, et en partie aussi le caractère incontournable, de ce mode d'application.

Quand les préparations dynamisées injectables sont-elles indiquées ?

Lorsque, au cours de la thérapeutique, une substance active n'est pas suffisamment résorbée par voie orale, ou dégradée dans les intestins, et lorsque cependant est souhaité un effet sur l'ensemble de l'organisme, l'administration par voie parentérale s'avère nécessaire. Et cela est valable aussi pour les médicaments dynamisés dans la mesure où ici aussi l'efficacité est liée, en partie ou complètement, à des substances actives.

Dans les médicaments dynamisés, des quantités pondérales de la substance active de départ peuvent être détectées par les méthodes analytiques ordinaires pour les basses dynamisations, de D1 jusqu'à D10 environ. Pour des substances marquées de façon radioactive,

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la substance active de départ a même pu être détectée jusqu'à C15 (ce qui correspond au niveau de dynamisation d'une D30) (Lefèbvre, 1976). Ainsi, donc, au moins pour les basses dynamisations, une partie de l'efficacité de la préparation peut être ramenée de façon directe et exclusive à la substance active, et se pose donc ici, pour ces préparations, la question de la possibilité de résorption, comme pour les allopathiques.

En outre, certaines affections aiguës, comme par exemple l'angine de poitrine, les crises d'asthme, les coliques hépatiques ou néphrétiques, exigent aussi une administration par voie parentérale lors d'un traitement avec des préparations homéopathiques, pour obtenir une intervention directe de l'effet sur les organes concernés.

De même, il est fréquent que certaines affections articulaires avec de fortes douleurs localisées ne réagissent qu'à une action localement ciblée des médicaments dynamisés. Et cette action ne peut être obtenue que par une injection correspondante, comme par exemple l'injection périarticulaire.

Dans les états comateux ou pré-comateux, de même que dans les évanouissements, l'administration orale de médicaments n'est tout simplement pas possible et la prise parentérale est seule réalisable, pour les préparations dynamisées aussi le cas échéant.

Dans le paragraphe suivant un autre point de vue important sera exposé, à partir de la médecine anthroposophique, et qui permettra d'établir le mode d'action spécifique des préparations injectables par rapport à celles administrées par voie orale ou appliquées en usage externe.

Pour comprendre l'efficacité des préparations dynamisées injectables

Pour avoir une réelle compréhension de la spécificité, et par là de la justification, de l'administration de médicaments dynamisés par voie parentérale (en basses comme en hautes dynamisations), un autre point de vue est nécessaire, que nous présentons ici. De même que l'efficacité des substances dynamisées ne peut pas être comprise en se basant uniquement sur les critères scientifiques classiques,

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de même les indications spécifiques de la thérapeutique injectable avec des préparations dynamisées remettent en partie en question le cadre posé par la science classique. Pour aborder cet aspect des choses, il nous faut présenter brièvement quelques éléments fondamentaux de connaissance propres à la médecine anthropo-sophique et à sa méthodologie.

La méthodologie scientifique habituelle présente un procédé inductif et expérimental au moyen duquel on peut obtenir des aperçus quantitatifs. De cette manière est possible un contrôle permanent des résultats obtenus, et par là l'exactitude dans le déroulement du procédé. Mais sur cette voie, seule une partie de la réalité peut être saisie. Cela devient tout à fait évident lorsque c'est l'être humain qui se trouve au point focal de l'investigation et du processus de connaissance, et c'est le cas en médecine. Déjà dans le domaine sensible certains aspects ne se laissent pas saisir au moyen de la méthodologie scientifique classique, - il s'agit des aspects concernant la forme. Bien que l'être humain montre dans la dynamique de sa forme une régularité indiquant des lois - car de façon générale tous les processus vivants se déroulent selon différents aspects de la forme - la science classique ne fait pas de recherche sur la forme. Elle ne connaît que la morphologie descriptive qui se limite à l'état tel que du moment, mais qui ne prend pas en compte la dynamique de la forme dans le temps, dans le devenir. C'est seulement dans l'histologie pathologique des tumeurs cancéreuses que l'on trouve certains points de départ pour cela, mais ils sont apparus de façon purement empirique.

La forme humaine - de même qu'en général les aspects concernant la forme - ne peut être saisie par les voies scientifiques classiques, c'est-à-dire de manière inductive ; elle ne peut être appréhendée que de façon "contemplative", par quelque chose qui est une vision supérieure. A partir de cela, il devient évident que les lois de la dynamique des formes elles aussi ne peuvent être étudiées qu'à un niveau se situant au-dessus du domaine appréhendé par la science habituelle.

Les différents aspects de la forme sont toujours l'expression d'une idée qui peut être saisie de façon concrète, et ils peuvent être caractérisés à partir du domaine fonctionnel. Lorsque les fonctions de l'organisme humain sont étudiées à ce niveau de manière

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précise selon leur nature propre, on arrive à reconnaître au sein de l'organisme dans son ensemble une tripartition fonctionnelle (Vogel, 1979).

Dans cette tripartition de l'organisme humain on peut décrire trois domaines fonctionnels. Ce sont : d'une part les processus caractérisés par l'activité sensorielle et nerveuse (système neuro-sensoriel), et d'autre part les fonctions qui impriment au système du métabolisme et des membres son activité spécifique. Et entre les deux, en tant que troisième domaine fonctionnel, on trouve le système rythmique avec sa fonction d'équilibration. Ces trois domaines vivent à travers l'ensemble de l'organisme ; toutefois, du point de vue de ce qui est comme un centre de gravité de chaque système, le système neuro-sensoriel est plutôt localisé dans la tête, le système rythmique dans la région de la poitrine, et le système du métabolisme et des membres dans le ventre et dans les membres. Il n'est pas possible de s'engager plus ici dans le sujet de la tripartition et l'on peut seulement renvoyer aux exposés détaillés de la littérature sur la question.

La tripartition s'avère très féconde pour comprendre de nombreuses maladies (la migraine par exemple) et elle constitue le pont vers des applications thérapeutiques concrètes (Wolff, 1973). Et c'est aussi sur la base de cette tripartition que peuvent s'éclairer les raisons profondes de l'application par voie parentérale des médicaments dynamisés.

Lorsqu'un médicament est administré par voie orale, il aboutit directement dans le domaine du métabolisme proprement dit, et il s'adresse en première ligne à celui-ci. Par contre, avec l'injection, le domaine du métabolisme est contourné, étant donné que de cette manière la substance est directement introduite dans la circulation. Cela signifie que le médicament, avec sa qualité d'étranger vis-à-vis de l'organisme de l'individu, arrive de façon directe dans le système circulatoire et qu'il peut alors agir à partir de là. Ce qui est significatif ici, c'est que le système circulatoire représente - avec la respiration - le système rythmique, et ainsi, par une introduction directe du médicament dans ce système, la substance agit avant tout sur les fonctions rythmiques au sein de l'organisme (Kaufmann, 1961).

Ici, il est tout à fait sans importance de savoir si l'effet sur le système rythmique repose directement sur la matérialité de départ en tant

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que telle de la substance active ou bien sur le médicament pris comme une unité englobant le médium et la substance dynamisée. Les deux aspects ont leur importance, et cela en fonction à la fois de la dynamisation et de la substance.

La thérapeutique injectable avec des préparations dynamisées a pris aujourd'hui, après environ 70 ans d'utilisation, une place solide dans la pratique des médecins d'orientation anthroposophique et des médecins homéopathes. En fonction de la préparation et de l'indication, la thérapeutique injectable montre toujours une efficacité spécifique par rapport à une application par voie orale.

L’efficacité de la thérapeutique injectable avec des médicaments dynamisés, mise en évidence sur l’exemple du traitement de la douleur

Avant de donner des indications pratiques pour l’emploi des préparations dynamisées injectables, nous résumerons quelques expériences qui ont été faites dans le domaine de la thérapeutique de la douleur. Pour cela, nous nous référerons surtout au travail de L. Simon. D’après son expérience, ce qui est déterminant pour l’efficacité, ce n’est pas seulement le choix de la préparation juste, qui aura un effet optimal, mais c’est tout autant la détermination de son degré de dynamisation, de son dosage, et de l’endroit de l’injection.

En ce qui concerne le choix de la préparation, il y a différents critères à prendre en compte, lesquels ne se limitent pas uniquement à des diagnostics posés de façon juste. Pour les douleurs par exemple, il faut faire une différenciation précise des diverses formes de douleur : lancinante, “battante”, avec tiraillement, spastique, cuisante, etc. De plus, sont à prendre en compte la localisation, l’évolution dans le temps, les modalités de la douleur, et aussi les particularités psychologiques et spirituelles du patient. Lorsque le bon médicament est trouvé de cette manière, alors non seulement les douleurs peuvent être atténuées ou supprimées, mais le processus de guérison lui-même sera influencé favorablement, par exemple sous la forme de stimulation de la guérison d’une blessure ou de facilitation de l’irrigation d’un organe dans le cas de douleurs d’origine ischémique.

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Par comparaison avec les niveaux de dynamisation à recommander pour une application per os, il faut choisir pour l’injection sous-cutanée des dynamisations plus élevées pour obtenir une efficacité comparable. Certaines expériences cliniques indiquent même que, pour une administration par voie intraveineuse, les hautes dynamisations, à savoir D20 ou D30, peuvent être les meilleures. D’après Simon, cela serait à tester de façon plus précise. En outre, un médicament (ampoule de 1 ml) pourra agir plus rapidement et plus fortement que par l’injection sous-cutanée s’il est réparti en 6 à 10 endroits d’injection intradermique (lorsque ces endroits se situent sur la région de la peau sensibilisée où se projette par exemple la douleur).

La pleine intervention de l’effet après l’injection sous-cutanée peut en règle générale être attendue après 30 minutes. D’après Simon, sont très importantes les premières réactions ressenties subjectivement, surtout après l’administration de la première dose de la préparation choisie. Dans la plupart des cas les réactions apparaissent quelques minutes (jusqu'à une demi-heure) après l’injection.

Sur la base de son évaluation de 155 cas de traitement dans les services de chirurgie et de médecine d’un grand hôpital (Gemeinschaftskrankenhaus Filderklinik in Filderstadt bei Stuttgart), Simon arrive à la conclusion que les médicaments dynamisés sont, “lors d’une utilisation compétente, et en ce qui concerne la puissance d’action, l’intervention de l’effet et sa durée, exactement comparables aux dérivés opiacés, mais en plus sans effets secondaires” et que, “dans des cas particuliers, il n’est pas rare qu’ils soient supérieurs aux opiacés”.

Les expériences de Simon rendent toutefois évident le fait que l’emploi des médicaments dynamisés suppose une connaissance précise des critères de jugement pour chaque cas, connaissance qui va bien au-delà du diagnostic courant.

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La thérapeutique injectable avec des préparations dynamisées

Le mode d’injection

Le mode d’administration le plus fréquent est nettement l’injection sous-cutanée (Steiner, 1924 ; Suchantke, 1955).

Pour une meilleure compréhension de la technique de l’injection sous-cutanée, présentons brièvement la fonction de la peau selon des points de vue anthroposophiques : de même que l’organisme dans son ensemble, la peau possède une organisation triple, tant dans la structure que dans la fonction. On distingue l’épiderme, le derme et l’hypoderme ; épiderme et derme forment ensemble la peau proprement dite (cutis). Dans le sens de la tripartition fonctionnelle, l’hypoderme (subcutis) correspond au système métabolisme-membres, le derme se présente comme le système rythmique de l’organisme-peau, et l’épiderme avec ses nombreux nerfs sensibles interépithéliaux révèle ses relations avec le système neurosensoriel.

L’hypoderme renferme des glandes cutanées et des tissus adipeux, il est bien irrigué et riche en vaisseaux lymphatiques. Le derme est en particulier le tissu de la formation de la chaleur et du dégagement de la chaleur. C’est cette région qui est appelée de longue date en médecine “le cœur périphérique”. C’est là que se concentrent le système sanguin et le système lymphatique ; les réseaux veineux prédominent nettement sur la part des vaisseaux artériels. C’est dans l’épiderme que sont localisées les fonctions sensorielles de la peau (le sens du toucher par exemple). L’injection sous-cutanée se fait dans le domaine de l’hypoderme.

La technique d’injection

Pour l’injection sous-cutanée on emploie la plupart du temps une seringue de 2 ml ou de 5 ml et une aiguille de 18 ou 20. L’injection sous-cutanée se fait au mieux avec un angle oblique de 45° en formant un pli cutané peu profond. Plus l’injection est faite superficiellement, plus facilement peuvent apparaître des réactions inflammatoires locales, qui seront marquées au maximum lors d’injections strictement intradermiques.

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Le choix de l’endroit de l’injection

L’injection sous-cutanée se fait fréquemment dans la nuque, dans la partie supérieure du bras ou dans la cuisse. En fonction du tableau clinique et de la préparation, on pourra choisir pour l’injection des localisations précises sur la peau, et là divers éléments peuvent jouer un rôle :

− L’endroit de l’injection se décide d’après le stade du processus pathologique. Ainsi par exemple dans le cas d’une lymphangite partant de la région de la main mais s’y limitant encore, une injection dans la partie supérieure du bras sur le même hémicorps pourra être indiquée. Mais si les ganglions sont déjà touchés dans la région cubitale, ou même axillaire, l’injection se fera dans la partie supérieure du bras de l’hémicorps non touché (Meyer, 1956).

− Ensuite, surtout pour les douleurs, on peut établir la zone-réflexogène de peau sensible concernée et la choisir comme endroit de l’injection.

− Un autre point de vue général consiste à savoir si l’on doit agir dans la direction des processus d’édification ou au contraire dans celle des processus de déconstruction. Les premiers agissent de façon centrifuge sur le système métabolisme-membres et se trouvent plutôt en relation avec l’organisme-peau de la moitié inférieure du corps, tandis que les derniers agissent par contre de façon centripète sur le système neuro-sensoriel et sont en communication avec l’organisme-peau de la moitié supérieure du corps. Si, dans cette perspective, ce sont les processus d’édification qui doivent être évoqués, on injectera dans la cuisse, ou bien aussi dans la région du mollet (donc dans la région de la peau qui est en liaison plus étroite avec le système métabolisme-membres). Lorsqu’on recherche une action sur les processus de déconstruction, on injecte dans la région de la partie supérieure du bras ou dans la nuque, par exemple entre les omoplates.

− Dans de nombreux cas l’injection sous-cutanée fait aussi ses preuves sur certains points des méridiens connus en acupuncture (Geyer, sans date). Ainsi par exemple, des injections dans la partie externe du mollet agissent sur le méridien du rein et influent ainsi fortement sur le corps astral.

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− De quelle manière différenciée et ciblée on peut choisir l’endroit de l’injection, de cela nous trouvons un témoignage dans les observations de malades qui nous sont parvenues, où Rudolf Steiner a recommandé certaines localisations pour l’injection sous-cutanée en fonction de chaque cas. Les endroits d’injection indiqués par lui correspondent dans de nombreux cas aux points des méridiens de l’acupuncture. Dans l’ensemble, les données transmises sur ce sujet sont toutefois trop imprécises pour mettre en évidence de façon complète ces correspondances et pour pouvoir les évaluer du point de vue thérapeutique.

C’est l’expérience qui permettra au médecin de déterminer la préparation ainsi que l’endroit de l’injection de façon aussi ciblée que possible.

Le choix de la dynamisation

Une clef pour la compréhension du choix de la dynamisation nous est livrée par la tripartition - système neuro-sensoriel, système rythmique et système métabolisme-membres - de l’organisme humain. Selon que le médicament doit agir sur telle ou telle partie de l’organisme, il y a lieu de recourir à des degrés de dynamisation différenciés. Et divers aspects sont à considérer, à savoir la préparation, le genre de maladie et la réaction du patient à la thérapie. C’est ainsi que par exemple, la relation de la substance médicinale à la tripartition a déjà en soi des conséquences sur le choix de la dynamisation. Le quartz par exemple, en raison de son étroit rapport avec le système neuro-sensoriel, est souvent utilisé à un haut degré de dynamisation, tandis que les combinaisons calcaires ayant également d’étroites relations avec le système métabolique sont de leur côté envisagées à de basses dynamisations, lorsque l’action doit être exercée dans ce dernier domaine.

On peut retenir comme règle générale le fait que les basses dynamisations (environ jusqu'à D8) agissent directement sur le système métabolique, tandis que les dynamisations plus élevées (allant d’environ D20 à D30) agissent sur le système neuro-sensoriel. Les dynamisations moyennes enfin (de D10 à D18 environ) ont un rapport étroit avec le système rythmique, c’est-à-dire qu’elles agissent par exemple sur les fonctions cardio-vasculaires.

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Un autre critère pour le choix du degré de dynamisation consiste à déterminer dans quelle phase, aiguë ou chronique, se situe la maladie. Les basses dynamisations agissent plutôt sur des troubles aigus, tandis que les maladies chroniques ne réagissent souvent qu’à de hautes dynamisations. Si par contre, dans la phase aiguë, on veut d’abord exercer une influence sur l’agitation et les douleurs, on aura alors de nouveau recours à de hautes dynamisations. A l’expérience, celles-ci (D20 à D30) accusent fréquemment une efficacité meilleure et plus rapide (Simon, 1987).

Il existe encore d’autres critères pour le choix de dynamisation, tels que la localisation de l’affection, le tempérament du patient (sur lesquels nous ne nous étendrons toutefois pas) et finalement, comme critère décisif la réaction du patient à la dynamisation appliquée jusqu’ici. Si la réaction survient dans la mesure attendue, on en restera au degré de dynamisation choisi, sans réaction par contre, ou avec aggravation de l’état du patient, il y aura lieu de réexaminer le choix de la préparation et le degré de dynamisation.

Sur la base de ces divers facteurs, qui jouent un rôle dans le choix de la dynamisation, il n’est souvent pas aisé de se prononcer. Il faudra donc s’en remettre à la pratique et voir quels degrés de dynamisation se sont avérés les meilleurs dans ces cas particuliers.

Les quantités à injecter

On injecte en général 1 ml par dose.◆

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