le journal (9)

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developavantime.blogspot.com Un scanner ultrarapide pour explorer le cœur Jean-Michel Bader, envoyé spécial à Monaco 16/10/2009 | Mise à jour : 21:50 | Il permet d'explorer avec une grande précision les valves et les artères en irradiant moins le malade. Depuis cinq ans, des scanners cardiaques dits « vitesse de la lumière » ont fait irruption dans les services de cardiologie ou de radiologie. Ces nouveaux outils spécialisés sont des tomographes si rapides et d'une vitesse d'acquisition des tranches de cœur si grandes qu'ils dépassent en performances et en précision tout ce qui était connu par le milieu radiologique. General Electric Medical Systems, Philips, Toshiba et Siemens ont des machines de ce type en développement industriel. Ainsi, le nouvel appareil Siemens du centre cardio-thoracique de Monaco, présenté l'an dernier au congrès de la Radiological Society of North America (RSNA), est capable de faire un diagnostic cardiaque en 250 millisecondes, pour une exposition inférieure à l'irradiation annuelle reçue du soleil par tout être humain. Munich, Rotterdam, Zurich, Erlangen et Monaco, ainsi que la Mayo Clinic (Cleveland) et la Johns Hopkins Medical School (Baltimore, Maryland), ont depuis quelques mois les premiers appareils de cette nouvelle génération (Somatom Definition Flash) fournis par cette firme. Jusqu'à présent, au moindre doute sur un syndrome douloureux thoracique, les médecins n'avaient pas d'autre choix, pour explorer les artères coronaires qui irriguent le cœur, que de proposer au patient une coronarographie. Cet examen long, risqué, douloureux et angoissant (une radio après injection de produit de contraste dans les artères du cœur) était, jusqu'à il y a quelques années, le seul qui permettait de voir en temps réel la contraction du cœur, la perméa bilité des artères coronaires et l'ouverture ou la fermeture des valves cardiaques. Des images en trois dimensions Le diagnostic des infarctus du myocarde ou des maladies coronaires ne pouvait donc être porté avec certitude qu'avec la coronarographie. Le scanner cardiaque, lui, par la vitesse d'acquisition des images qu'il permet, «fige» les composants du cœur battant en mouvement. La re construction à partir des données obtenues par ces nou veaux scanners permet la mise à disposition des mé decins des images du cœur en trois di mensions lors d'un scanner pulmonaire standard. Autre avantage de ce scanner : il permet de diminuer de façon considérable l'irradiation du patient. Sur les 27 premières personnes ayant passé un coroscanner sur le Somatom Definition Flash du Centre cardio- thoracique de Monaco, la dose moyenne efficace reçue a été de seulement 1,2 millisivert (mSV), soit 10 fois moins que l'irradiation moyenne reçue sur les scanners de la génération précédente. À titre de comparaison, une simple radio de thorax délivre de 0,1 à 0,3 mSV, un trajet Paris-New York en supersonique, 0,05 mSV, et quinze jours en orbite autour de la Terre, près de 15 mSV.

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Page 1: Le Journal (9)

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Un scanner ultrarapide pour explorer le cœur Jean-Michel Bader, envoyé spécial à Monaco 16/10/2009 | Mise à jour : 21:50 |

Il permet d'explorer avec une grande précision les valves et les artères en irradiant moins le

malade.

Depuis cinq ans, des scanners cardiaques dits « vitesse de la lumière » ont fait irruption dans les services de

cardiologie ou de radiologie. Ces nouveaux outils spécialisés sont des tomographes si rapides et d'une vitesse

d'acquisition des tranches de cœur si grandes qu'ils dépassent en performances et en précision tout ce qui était

connu par le milieu radiologique. General Electric Medical Systems, Philips, Toshiba et Siemens ont des

machines de ce type en développement industriel.

Ainsi, le nouvel appareil Siemens du centre cardio-thoracique de Monaco, présenté l'an dernier au congrès de

la Radiological Society of North America (RSNA), est capable de faire un diagnostic cardiaque en

250 millisecondes, pour une exposition inférieure à l'irradiation annuelle reçue du soleil par tout être humain.

Munich, Rotterdam, Zurich, Erlangen et Monaco, ainsi que la Mayo Clinic (Cleveland) et la Johns Hopkins

Medical School (Baltimore, Maryland), ont depuis quelques mois les premiers appareils de cette nouvelle

génération (Somatom Definition Flash) fournis par cette firme.

Jusqu'à présent, au moindre doute sur un syndrome douloureux thoracique, les médecins n'avaient pas d'autre

choix, pour explorer les artères coronaires qui irriguent le cœur, que de proposer au patient une

coronarographie. Cet examen long, risqué, douloureux et angoissant (une radio après injection de produit de

contraste dans les artères du cœur) était, jusqu'à il y a quelques années, le seul qui permettait de voir en

temps réel la contraction du cœur, la perméa bilité des artères coronaires et l'ouverture ou la fermeture des

valves cardiaques.

Des images en trois dimensions

Le diagnostic des infarctus du myocarde ou des maladies coronaires ne pouvait donc être porté avec certitude

qu'avec la coronarographie. Le scanner cardiaque, lui, par la vitesse d'acquisition des images qu'il permet,

«fige» les composants du cœur battant en mouvement. La re construction à partir des données obtenues par

ces nou veaux scanners permet la mise à disposition des mé decins des images du cœur en trois di mensions

lors d'un scanner pulmonaire standard.

Autre avantage de ce scanner : il permet de diminuer de façon considérable l'irradiation du patient. Sur les

27 premières personnes ayant passé un coroscanner sur le Somatom Definition Flash du Centre cardio-

thoracique de Monaco, la dose moyenne efficace reçue a été de seulement 1,2 millisivert (mSV), soit 10 fois

moins que l'irradiation moyenne reçue sur les scanners de la génération précédente. À titre de comparaison,

une simple radio de thorax délivre de 0,1 à 0,3 mSV, un trajet Paris-New York en supersonique, 0,05 mSV, et

quinze jours en orbite autour de la Terre, près de 15 mSV.

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Une irradiation sélective

L'appareil dispose en effet d'un mode d'acquisition révolutionnaire, appelé X-Care, et qui permet pour la

première fois de réduire l'irradiation de façon sélective selon la zone anatomique explorée. Pour protéger les

organes sensibles, comme les seins, la thyroïde ou les cristallins, des protocoles d'acquisition permettent de

couper les rayons X lorsque le tube passe au-dessus des zones sensibles, et par conséquent de réduire leur

exposition de près de 40 %.

C'est d'autant plus important que les scanners représentent globalement seulement 5 % des examens

radiologiques, mais près de 34 % de la dose collective liée à la radiologie.

La très grande vitesse d'acquisition de ce nouvel appareil est en grande partie due à sa conception : au lieu

d'un seul, ce sont deux tubes à rayons X qui tournent simultanément sur un axe vertical au tour du malade :

un tour en 0,28 seconde, ce qui permet de déplacer la table d'examen à la vitesse de 43 cm/s, soit deux fois

plus vite que les plus performants des scanners actuels.

Non seulement cette grande vitesse est très utile pour l'exploration cardiaque, mais aussi pour les nouveaux

protocoles de prise en charge de la douleur thoracique en urgence. En moins d'une seconde on peut réaliser

cet examen sur toute la hauteur du thorax et diagnostiquer un accident coronaire, la dissection de l'aorte ou

l'embolie pulmonaire, trois urgences vitales. JMB

La dose reçue par les 27 premières personnesayant passé un coroscanner à Monaco a été 10 fois

moins importante que celle délivrée par les scanners les plus courants.