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1 Le financement du système éducatif Une gestion budgétaire axée sur les résultats Maurice - une étude de cas Résumé Au cours de la dernière décennie, les dépenses en éducation ont augmenté dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne (ASS) afin de réaliser les objectifs de l’Éducation pour tous (EPT) et les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Un grand défi à relever est l'amélioration du rendement scolaire tout en optimisant les ressources souvent limitées. Ceci exige que les ressources soient équitablement allouées et utilisées d’une manière judicieuse selon un bon rapport coût-efficacité et une obligation de redevabilité fondée sur les résultats. La dernière décennie a été témoin de nombreux développements en ce qui concerne la réforme des structures et des procédures budgétaires. Une pression grandissante pour un service plus efficace et pour plus de redevabilité a conduit à une évolution de l’approche budgétaire d'une logique de moyens à une logique de résultats. Maurice a été cité comme un des pays de l’ASS, qui a fait des progrès remarquables avec des standards élevés en bonne gouvernance. Le pays s'est engagé dans une vaste réforme plurisectorielle en 2006, dans l’objectif d’améliorer sa compétitivité, face à une nouvelle donne économique de commerce international basé sur le libre- échange et pour réduire la dette publique et le déficit budgétaire. Dans cette perspective deux réformes complémentaires et cohérentes furent introduites, le Budget Programme et le Système de Gestion des Performances pour une gestion efficace et efficiente des ressources fondées sur les résultats. Dans le secteur éducatif, la nouvelle approche budgétaire a apporté une nouvelle configuration organisationnelle qui favorise une approche intégrée de la planification et budgétisation. La mise sur pied d'une direction de Planification et Budget a rendu possible la planification stratégique avec la réalisation d'un plan stratégique à moyen terme, qui énonce les politiques éducatives, définit les objectifs spécifiques pour une durée de trois ans, les activités à entreprendre, une estimation de coûts et les résultats à atteindre. Afin de consolider le lien entre les ressources financières et les résultats à chaque niveau du système éducatif, le budget est décliné en programmes et sous-programmes, chaque programme ayant un objectif mesurable et des résultats ciblés. En définissant ainsi les résultats attendus en termes d'indicateurs de performances mesurables et vérifiables et les valeurs cibles, l'accent est mis sur les résultats qui renforcent la redevabilité dans le processus budgétaire. Le Gouvernement dépend aussi d'un financement externe provenant des partenaires de développement sous forme de soutien budgétaire général. Les fonds d'aide au développement proviennent du budget et il n'est pas permis d'avoir des comptes hors budget sans l'autorisation du Ministère des Finances. Le soutien budgétaire est axé sur les résultats, c’est-à-dire, les outputs et les résultats liés aux stratégies sectorielles. Cette orientation a été réalisée à travers l’utilisation des indicateurs clés de performance qui sont inclus dans le Budget Programme. L'utilisation des indicateurs de performance pour les décaissements a contribué à l’amélioration du système

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Le financement du système éducatif

Une gestion budgétaire axée sur les résultats

Maurice - une étude de cas

Résumé

Au cours de la dernière décennie, les dépenses en éducation ont augmenté dans de

nombreux pays d'Afrique subsaharienne (ASS) afin de réaliser les objectifs de l’Éducation pour tous

(EPT) et les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Un grand défi à relever est

l'amélioration du rendement scolaire tout en optimisant les ressources souvent limitées. Ceci exige

que les ressources soient équitablement allouées et utilisées d’une manière judicieuse selon un bon

rapport coût-efficacité et une obligation de redevabilité fondée sur les résultats.

La dernière décennie a été témoin de nombreux développements en ce qui concerne la

réforme des structures et des procédures budgétaires. Une pression grandissante pour un service

plus efficace et pour plus de redevabilité a conduit à une évolution de l’approche budgétaire d'une

logique de moyens à une logique de résultats. Maurice a été cité comme un des pays de l’ASS, qui a

fait des progrès remarquables avec des standards élevés en bonne gouvernance. Le pays s'est

engagé dans une vaste réforme plurisectorielle en 2006, dans l’objectif d’améliorer sa

compétitivité, face à une nouvelle donne économique de commerce international basé sur le libre-

échange et pour réduire la dette publique et le déficit budgétaire. Dans cette perspective deux

réformes complémentaires et cohérentes furent introduites, le Budget Programme et le Système de

Gestion des Performances pour une gestion efficace et efficiente des ressources fondées sur les

résultats.

Dans le secteur éducatif, la nouvelle approche budgétaire a apporté une nouvelle

configuration organisationnelle qui favorise une approche intégrée de la planification et

budgétisation. La mise sur pied d'une direction de Planification et Budget a rendu possible la

planification stratégique avec la réalisation d'un plan stratégique à moyen terme, qui énonce les

politiques éducatives, définit les objectifs spécifiques pour une durée de trois ans, les activités à

entreprendre, une estimation de coûts et les résultats à atteindre. Afin de consolider le lien entre

les ressources financières et les résultats à chaque niveau du système éducatif, le budget est

décliné en programmes et sous-programmes, chaque programme ayant un objectif mesurable et

des résultats ciblés. En définissant ainsi les résultats attendus en termes d'indicateurs de

performances mesurables et vérifiables et les valeurs cibles, l'accent est mis sur les résultats qui

renforcent la redevabilité dans le processus budgétaire.

Le Gouvernement dépend aussi d'un financement externe provenant des partenaires de

développement sous forme de soutien budgétaire général. Les fonds d'aide au développement

proviennent du budget et il n'est pas permis d'avoir des comptes hors budget sans l'autorisation du

Ministère des Finances. Le soutien budgétaire est axé sur les résultats, c’est-à-dire, les outputs et

les résultats liés aux stratégies sectorielles. Cette orientation a été réalisée à travers l’utilisation

des indicateurs clés de performance qui sont inclus dans le Budget Programme. L'utilisation des

indicateurs de performance pour les décaissements a contribué à l’amélioration du système

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éducatif, car cela a nécessité une plus grande rigueur dans le contrôle des procédés internes et le

suivi.

La redevabilité est aussi une partie intégrante de l'architecture organisationnelle,

notamment les structures utilisées pour répartir les responsabilités et faire obligation de reddition

des comptes dans une chaîne de résultats pour permettre l'opérationnalisation du budget. Afin de

promouvoir la bonne gouvernance et la redevabilité, deux instances, le Comité d’Audit et le

contrôle interne ont été mis sur pied comme entités de surveillance pour le maintien des systèmes

de contrôles. Le cadre institutionnel comprend aussi des comités indépendants pour l’évaluation

des offres et l’attribution des contrats pour l'acquisition des biens et services. Une planification de

projets d'investissement pour une durée d'au moins trois ans sert à garantir que les ressources

financières sont affectées aux projets viables et hautement prioritaires.

Le succès de la mise en œuvre du budget repose essentiellement sur la qualité de gestion.

Partant du principe de l'orientation vers les résultats, un dispositif de suivi assure que la mise en

œuvre des différentes politiques éducatives et les mesures budgétaires soient réalisées dans les

délais fixés.

Dans le but de promouvoir une culture de performance des écoles, le Ministère a introduit

une allocation aux écoles primaires et secondaires privées subventionnées par l’État sur la base de

la performance. Celle-ci comprend une allocation supplémentaire déboursée pour récompenser la

réalisation des cibles de performance.

Une synergie entre le Budget Programme et le Système de Gestion des Performances a

entraîné le remplacement du système d’évaluation basé sur le rapport confidentiel par celui de

l'évaluation basée sur la performance pour tous les fonctionnaires, y compris les enseignants des

écoles publiques. L’accroissement annuel de traitement n'est plus un procédé automatique mais se

mérite sur la base de performance. Cependant on peut constater que le contrat de performance

des enseignants reste limité à leur rôle traditionnel de transmetteur de savoir plutôt qu’à

l'apprentissage et les résultats scolaires – ce qui réduit l’évaluation des enseignants à leur capacité

d'élaborer un plan de travail et aux contrôles qu’il font passer aux élèves, au lieu d'une action axée

sur l'apprentissage. Ceci démontre que la planification de la performance et les plans de travail

individuels ne sont pas encore alignés avec les objectifs de l’école afin d'améliorer la performance.

Un des enjeux du système éducatif est l’amélioration des résultats en optimisant les

ressources, ce qui exige que les ressources soient équitablement allouées et utilisées d’une manière

judicieuse selon un bon rapport coût-efficacité. Maurice se trouve parmi bon nombre de pays de

l'ASS ayant un niveau d’efficience élevé. Cependant une analyse de cohorte démontre que seuls

55% d'une cohorte terminent avec succès 11 années de scolarité. L'inefficience du système éducatif

est due principalement au redoublement.

L'analyse de l'efficacité de l'allocation des ressources dans les établissements scolaires

indique qu'il n'y a pas de relation forte et robuste entre la performance des étudiants et les

dépenses scolaires. Ce qui semble suggérer qu’un déploiement plus rationnel des enseignants

pourrait apporter plus d'efficience dans le système éducatif.

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1.0 Introduction

Au cours de la dernière décennie, les dépenses en éducation ont augmenté dans de

nombreux pays d'Afrique subsaharienne (ASS) afin de réaliser les objectifs de l’Éducation pour tous

(EPT) et les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En même temps, les paradigmes

en ce qui concerne le développement de l'éducation ont changé — un développement axé sur les

objectifs quantitatifs cédant la place à un développement qui met l’accent davantage sur

l’amélioration de la qualité de l’éducation. La prise en compte des acquisitions scolaires des

apprenants comme critère pour évaluer la performance des systèmes éducatifs a gagné du terrain.

Dans cette perspective de réaliser l’apprentissage pour tous, la qualité des intrants de l'éducation

ne peut être écartée — le plus grand défi de tout système éducatif étant d’améliorer les résultats

en optimisant les ressources souvent limitées, c’est-à-dire, aller beaucoup plus loin avec peu. Ceci

exige que les ressources soient équitablement allouées et utilisées d’une manière judicieuse selon

un bon rapport coût-efficacité et une obligation de redevabilité fondée sur les résultats.

La dernière décennie a été témoin de nombreux développements en ce qui concerne la

réforme des structures et des procédures budgétaires. Une pression grandissante pour un service

plus efficace et pour plus de redevabilité a conduit à une évolution de l’approche budgétaire — le

passage d’un budget traditionnel par poste, vers un budget par programme dans le contexte d’un

Cadre de Dépenses à Moyen Terme (CDMT). Dans ce nouveau mode, les dotations budgétaires sont

acheminées vers les secteurs prioritaires de façon à ce que les ressources allouées soient orientées

vers les résultats.

Les réformes budgétaires n’ont pas toujours eu les résultats escomptés dans les pays de

l'ASS, non seulement à cause des capacités institutionnelles inadéquates, mais aussi en raison des

systèmes financiers publics encore fragiles1. Force est de constater qu'en l'absence de la bonne

gouvernance, une affectation adéquate des ressources publiques aux biens et services ne donne

pas nécessairement les résultats attendus2. Maurice a été cité comme un des pays de l’ASS, qui a

fait des progrès remarquables en ce qui concerne la bonne gouvernance, avec un classement en 1ère

position sur l’indice Mo Ibrahim de la gouvernance africaine et à la 52e place sur l’Indice

international de Perception de la Corruption de Transparency International. Même si des

améliorations s’avèrent nécessaires, il ressort de l'évaluation sur les dépenses publiques et la

responsabilité financière3 que la gestion des finances publiques de Maurice est rigoureuse et

correspond aux normes et aux bonnes pratiques internationales.

Compte tenu de cette expérience, Maurice est donc bien placée pour partager sa riche

expérience sur la problématique du financement durable de l’éducation, pour une plus grande

efficience et un meilleur rapport coût — efficacité, avec l'aspect de la redevabilité qui sous-tend le

processus budgétaire.

1 S. Ramakrishnan (1998): Budgeting and Financial Management in Sub-Saharan Africa: Key Policy and Institutional Issues

2 Le Financement de l'Education en Afrique subSaharienne, UNESCO 2011

3 PEFA Public Financial Management Performance Assessment Report for Mauritius, 2007

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La première partie de ce document décrit le contexte qui a conduit à des réformes

budgétaires dans le pays. La deuxième partie décrit l’expérience du Ministère de l’Éducation dans la

mise en œuvre du budget programme, les difficultés rencontrées, les résultats découlant de cette

gestion basée sur les résultats et la façon dont la redevabilité est ancrée dans le système. La

dernière partie essaie de mettre en évidence l’efficience dans l’allocation des ressources au niveau

des écoles. Pour le besoin de continuité, les différentes parties ont été structurées de façon à

mettre en lumière les actions qui ont été entreprises dans le contexte de la réforme budgétaire, et

à la fin de chaque partie sont présentés les difficultés rencontrées, les résultats obtenus et les

perspectives envisagées.

1.1 Le Contexte

La République de Maurice est un état insulaire situé dans l’océan indien. Elle s’étend sur une

superficie de 2.3 millions de km carrés, avec une population de 1.2 million d’habitants. Maurice a

souvent été cité comme un modèle de réussite pour avoir connu une longue période de croissance

économique soutenue depuis la fin des années 80, menant de par ce fait sa transition à un pays à

revenu intermédiaire de la tranche supérieure, avec un revenu par tête d’habitant d'environ 9,300

USD en 2013. De pair avec sa croissance économique, Maurice a réalisé des progrès significatifs en

ce qui concerne les indicateurs clés de développement humain. Ceci grâce à une politique saine et

rigoureuse et à des dépenses soutenues dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de la

protection sociale. L’indice de développement humain a augmenté de 0.525 en 1980 à 0.732 en

2012, ce qui la classe à la 80e place sur 185 pays.

L’éducation a toujours occupé une place de choix dans la stratégie de développement

national du pays. La politique éducative repose sur les principaux piliers qui sont l'élargissement de

l’accès et de l'équité, l'amélioration de la qualité, la pertinence et l'apprentissage. L’état s’est

engagé à assurer une éducation gratuite au niveau du cycle primaire et secondaire et la gratuité du

transport public aux étudiants. Également l’éducation est obligatoire de 5 ans à 16 ans.

L'enseignement préscolaire et l’enseignement supérieur sont subventionnés par l’état. Les

investissements dans le système éducatif conjugués à une forte demande sociale pour l’éducation

ont eu pour résultats des taux élevés d'alphabétisation et de scolarisation de base. Le taux

d’alphabétisation était de 89% en 2011 alors que les taux bruts de scolarisation sont de 100, 83 et

47 % au niveau du cycle primaire, secondaire et supérieur respectivement avec un indice de parité

de genre de presque 1.0% au niveau primaire et secondaire.

1.1.1 La participation du secteur privé

L’offre éducative a donné lieu à un partenariat public privé très actif comme en témoigne la

part de l'enseignement privé dans la scolarisation des élèves — ce taux se situant à 82 % au niveau

préscolaire, 28 % en primaire et 57 % en enseignement secondaire. La majorité des écoles privées

sont subventionnées par l’État, c’est-à-dire, elles reçoivent un financement pour la solde des

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enseignants et pour subvenir aux besoins du fonctionnement. Il n’y a qu’un faible pourcentage des

écoles primaires et secondaires payantes qui enregistrent 7% et 6% de la population estudiantine

au niveau primaire et secondaire respectivement.

1.1.2 Les dépenses publiques dans le secteur éducatif

Les dépenses publiques de l'éducation par rapport au PIB sont restées plus ou moins

constantes au cours de la dernière décennie, variant de 3.5% à 3.9% avec une moyenne de 3.6%

représentant environ 13% des dépenses publiques totales (Tableau 1). Pendant cette période la

part du budget consacrée à l’enseignement primaire a connu une régression alors que celle de

l’enseignement secondaire a augmenté significativement (Graphique 1). Ceci s’explique par un

accroissement quantitatif aussi bien qu’une amélioration qualitative dans le secteur secondaire,

alors que l’enseignement du primaire fait face à un déclin de la population estudiantine.

Cependant, les ménages sont aussi appelés à contribuer une part importante de leur revenu

à l’éducation et on s’accorde généralement à dire que la majeure partie est consacrée à des cours

particuliers. Les dépenses totales sur l’éducation tournent donc autour de 4.6% du PIB.

Tableau 1 : L’évolution des Indicateurs de financement de l'éducation

2000-

2001

2001-

2002

2002-

2003

2003-

2004

2004-

2005

2005-

2006

2006-

2007

2007-

2008

2008-

2009

2010 2011 2012 2013

% du PIB 3.5 3.5 3.7 3.8 3.8 3.7 3.5 3.3 3.9 3.6 3.4 3.5 3.6

% des

dépenses

de l’État

12.1 13.3 13.3 13.7 14.1 13.6 13.5 13.5 13.9 13.6 12.5 13.5 13.0

Éducation

primaire

(%)

31.5 31.3 31.0 28.3 26.8 27.6 25.1 28.4 25.5 27.0 27.1 26.4 27.2

Éducation

secondaire

(%)

36.7 39.4 40.0 43.2 44.2 43.4 53.6 48.6 47.1 47.1 48.1 47.3 51.3

Graphique 1 : L’évolution des Indicateurs de financement de l’éducation

y = -0,0033x2 + 13,225x - 13260 R² = 0,0904

y = -0,0296x2 + 118,71x - 119124 R² = 0,4961

% Depense

s

Depenses publiques en education

Part du PNB

Part des depenses totales de l'Etat

y = 0,0816x2 - 328,01x + 329579 R² = 0,7742

y = -0,1224x2 + 492,22x - 494905 R² = 0,7582

% Depense

s

Depenses publiques dans l'enseignement primaire et secondaire

Primaire

Secondaire

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1.2 Justification de la réforme budgétaire

La réforme budgétaire à Maurice fait partie d’un vaste plan de réforme macroéconomique.

Le début des années 2000 a été marqué par la fin d’un cycle économique avec la perte des marchés

garantis et des tarifs préférentiels pour les exportations. Maurice, dont le développement a été axé

sur le commerce extérieur, avait bénéficié grandement d’un accès préférentiel, principalement sur

le marché européen, pour l’exportation du sucre et des produits du textile. Alors que sur le plan

international Maurice était confrontée au démantèlement des préférences commerciales, à la

chute du prix du sucre et à l’augmentation du prix du pétrole, sur le plan domestique le pays faisait

face à un déficit budgétaire très élevé et à une augmentation considérable de la dette publique. En

2006 le déficit budgétaire représentait 6% du PIB et la dette publique s’élevait à 70% du PIB.

Un taux de chômage en progression constante et l’inadéquation des compétences aux

besoins du marché étaient de sérieux obstacles au développement des nouveaux secteurs

prometteurs et émergents tels que le secteur de l’informatique et des technologies nouvelles,

l’industrie océanographique, le pôle halieutique, aussi bien que l’émergence d’une économie

fondée sur le savoir. De plus, un manque d’efficience a été observé au niveau des dépenses dans le

secteur public.

En réponse à cette problématique complexe, la politique de réforme a misé sur un

programme visant à faire évoluer le pays d’une économie traditionnellement dépendante des

préférences commerciales vers une économie globalement compétitive et résiliente. Celle-ci

s’articulait autour de quatre piliers, notamment

(i) assainissement budgétaire et amélioration de l’efficacité du secteur public ;

(ii) amélioration de la compétitivité commerciale ;

(iii) amélioration du climat d’investissement ; et

(iv) démocratisation de l’économie à travers la participation, l’inclusion sociale et un

développement soutenu

1.3 La conception du budget programme

Dans le contexte de l'assainissement budgétaire, le Gouvernement a introduit en 2006 deux

réformes complémentaires et cohérentes – le Budget-Programme (BP) ancré dans un Cadre de

Dépenses à Moyen Terme (CDMT)4 et le Système de Gestion des Performances (SGP).

L’objectif du budget programme est d’avoir une approche intégrée permettant de changer

le pivot central du processus budgétaire d’une activité annuelle basée sur les intrants à un exercice

pluriannuel axé sur la performance qui améliore l’efficience et l’efficacité des dépenses et jette les

fondements nécessaires à la modernisation de la gestion des dépenses publiques. Le Budget-

Programme établit clairement le lien entre les dotations budgétaires par l’Assemblée nationale aux

4Un Cadre de Dépenses à Moyen Terme (un horizon de trois années pour le cas de Maurice) est souhaitable car il est rare que les

résultats en matière de développement soient obtenus en une année seulement

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extrants (biens et services produits par l’État) et les résultats (les changements observés dans la vie

des citoyens, au fil du temps, à la suite de l’offre des biens et services)5. Ceci a été bien saisi dans le

discours du budget 2006-2007 :

« We want to shift the debate from how much money each vote should get to how each vote

contributes to development priorities... We must win so as to implant a new culture of efficiency in the public

sector and eliminate wastage. Every rupee of taxpayer money will be spent responsibly and judiciously or it

will not be spent at all. » (pp. 20,22)

Nous voulons faire évoluer le débat de l’affectation des ressources financières afin que chaque vote

contribue aux priorités de développement... Nous devons gagner la bataille de façon à inculquer une

nouvelle culture d’efficience dans le secteur public et éliminer le gaspillage. Chaque roupie du

contribuable sera dépensée d’une façon responsable et judicieuse. Sinon elle ne sera pas dépensée

du tout.

Le Système de Gestion des Performances offre aux pouvoirs publics une stratégie de gestion

destinée à développer une culture de la performance et à renforcer l’obligation de rendre des

comptes. Comme ce système contribue à gérer la performance dans le contexte d’un accord où les

objectifs, les normes et les compétences ont été définis et agréés par les deux parties, il intègre les

principes de bonne gouvernance et crée l'espace nécessaire pour le renforcement des capacités à

tous les niveaux de l’organisation.

Le BP et le SGP sont donc deux cadres complémentaires pour une gestion efficace et

efficiente des ressources afin d'atteindre les objectifs de l’organisation. Alors que le BP vise à

promouvoir la performance d’une organisation, le SGP assure la performance individuelle au sein

de l'organisation afin de réaliser les objectifs de cette organisation.

1.4 L'expérience de la mise en œuvre du budget par programme dans le

secteur éducatif

La mise en œuvre du BP requiert une refonte de la façon dont le budget est préparé. Une

nouvelle approche a été conséquemment entreprise en reliant la planification et la budgétisation.

Cela fut possible vu que bon nombre de conditions préalables étaient déjà mises en places,

notamment l’adhésion stricte aux règles fiscales, le respect du calendrier budgétaire, la

transparence des procédés budgétaires, une correspondance étroite entre les estimations

budgétaires et les dépenses réelles, un système de comptabilité en ligne qui permet l’analyse des

coûts et un compte rendu vers les centres de coûts et un système de gestion d’information pour

appuyer la prise de décision.

5 Programme Based Budget Estimates 2008-2009, Ministry of Finance and Economic Development

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Orientation nouvelle 1

L’élaboration du plan stratégique du Budget Programme

Sous sa forme la plus basique, le budget programme lie les dépenses à la politique de

développement et dans ce sens il est tributaire de la politique gouvernementale. La première

condition préalable à l’introduction du Budget Programme était l’élaboration d’un plan stratégique

pour le secteur de l’éducation. Cela fut accompli avec l’élaboration d’un Plan stratégique de

l’Éducation et de Ressources humaines (PSERH) pour la période 2008-2020. L’encadré 1 ci-dessous

présente les objectifs stratégiques du Plan stratégique.

L’approche intégrée de la planification et de l’exercice budgétaire se définit par la réalisation

d'un plan stratégique à moyen terme, échelonné sur trois ans, à travers une évaluation rigoureuse

des politiques énoncées et une hiérarchisation des priorités. Ce plan consiste à traduire les objectifs

généraux en objectifs spécifiques, les activités à entreprendre sur une durée de trois ans, une

estimation de coûts et les résultats à atteindre. En effet, la nouvelle approche budgétaire définit au

départ les résultats attendus en termes des indicateurs de performances mesurables et vérifiables

tout en établissant les cibles de performance. Ainsi l'accent mis sur les résultats renforce la

redevabilité dans le processus budgétaire.

Encadré 1 : Le Plan stratégique de l’Éducation et des Ressources humaines (PSERH) 2008-2020

Le Plan stratégique de l’Éducation et des Ressources humaines a pour mission d’assurer une éducation de

qualité pour tous et de développer une base de ressources humaines afin de transformer la République de

Maurice en une nation intelligente à l’avant-garde de l’innovation et du progrès global.

Les objectifs du secteur éducatif sont les suivants :

S’assurer que TOUS les enfants âgés de 3 à 5 ans aient l’opportunité de développer leurs compétences

cognitives, socioémotionnelles et psychomotrices aux mieux de leur capacité, de façon à consolider

leur confiance dans l’apprentissage pour qu’ils soient mieux préparés non seulement pour

l'enseignement du primaire, mais, plus important, pour jeter les fondements nécessaires à un

apprentissage qui va les soutenir pendant toute leur vie

Soutenir un accès équitable à une éducation de qualité et s’assurer que tous les apprenants atteignent

des niveaux élevés de performance en lecture, écriture, calcul, l’informatique et les technologies

nouvelles et les compétences de vie courante, telles que les valeurs humaines et un mode de vie sain

pour consolider l'apprentissage tout au long de la vie et le développement d’une citoyenneté

responsable

S’assurer que tous les étudiants aient l’opportunité d'entreprendre et de terminer leurs études

secondaires pour une meilleure employabilité et pour poursuivre l'enseignement supérieur et la

formation avec une maturité requise

Mettre en place un système qui puisse garantir un personnel de qualité pouvant travailler dans un

esprit de collégialité dans un système de gestion et d’assurance qualité solide dans le but de s’assurer

la qualité de l’enseignement et le développement de tous les apprenants

Offrir un système d'enseignement et de formation technique et professionnelle efficient et efficace qui

est tenu en haute estime par le public et qui répond aux besoins présents et futurs d’une main-d’œuvre

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qualifiée et polyvalente

Faire de Maurice une île intelligente et un pôle de connaissances pour servir la Région et un Centre

d’Enseignement supérieur et d’Excellence

Transformer le Ministère en une institution publique efficace, efficiente qui sert d'exemple de bonne

gouvernance et de bonnes pratiques à tous les niveaux de l'organisation.

La Structure des Programmes

Le budget de l’Éducation est articulé autour des programmes et des sous-programmes que

le PSERH 2008-2020 a permis de délimiter. Ces programmes qui représentent les fonctions

principales du Ministère de l’Éducation sont l'éducation préscolaire, l'enseignement primaire,

l'enseignement secondaire, l'enseignement et la formation technique et professionnelle, chaque

programme ayant un objectif mesurable et des résultats ciblés. L’encadré 2 démontre le cas du

programme de l'enseignement primaire à titre d'illustration.

Présentation d’un cas spécifique : Le Programme de l’Enseignement primaire

La finalité du programme de l’enseignement primaire est qu'« en fin de cycle primaire, tous

les enfants ont une maîtrise des compétences de base en lecture, en calcul et en informatique avec

des expériences d’apprentissage enrichies et sont prêts pour le cycle secondaire ». Ceci est évalué

par un indicateur de résultat sur le taux de transition à l’enseignement secondaire générale.

Le programme de l’enseignement primaire est décliné en 4 sous-programmes :

(i) L’enseignement primaire offert par les écoles publiques reflétant le rendement scolaire

par rapport aux ressources financières allouées

(ii) L’enseignement primaire offert par les écoles privées subventionnées par l’État reflétant

le rendement scolaire par rapport aux ressources financières allouées

(iii) L'enseignement primaire offert dans les écoles de la Zone d’Éducation Prioritaire (ZEP)6

reflétant le rendement par rapport aux mesures prises pour améliorer l’équité

(iv) La gestion de l’enseignement primaire reflétant des coûts ne se rapportant pas

directement à l’enseignement, c’est-à-dire, les coûts de gestion

Au stade initial du budget-programme, le programme de l'enseignement primaire prenait la

forme d'un unique programme englobant les sous-programmes énoncés ci-dessus. Cependant, avec

une compréhension approfondie qui s’est accrue et une capacité d’encadrement qui s’est

construite au fil des années, une amélioration a été apportée pour mieux ventiler le programme. Le

6 Les écoles ZEP sont des écoles ayant historiquement des performances inferieurs à 40% de façon continue sur un certain nombre

d’années et accueillent environ 7% de la population d’élèves primaires.

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budget alloué à l'enseignement primaire étant presque qu'un tiers du budget de l’éducation et

comportant plusieurs activités impliquant divers prestataires, il est de ce fait impérieux de situer les

différents niveaux de redevabilité et simultanément de consolider le lien entre les ressources

financières et les résultats à chaque niveau. Cette déclinaison a donc permis d’évaluer le coût réel

des programmes et des sous-programmes dans la fourniture des services, a entraîné plus de

redevabilité par rapport aux dépenses encourues et a encouragé un suivi sur les progrès accomplis.

Encadré 2 : Programme de l'Enseignement primaire

Sous-Programme 1 : Gestion de l’Enseignement primaire

Objectifs prioritaires : Assurer un accès équitable à une éducation primaire de qualité.

Principaux Services : La supervision de l’enseignement primaire.

Sous-Programme 2 : Écoles Primaires Publiques

Objectifs prioritaires : S'assurer qu'en fin de cycle primaire, tous les enfants ont une maîtrise des

compétences de base en lecture et en calcul et la consolidation du

développement holistique et intégral à travers des activités parascolaires.

Principaux Services : L'offre publique dans l'enseignement primaire.

Sous-Programme 3 : Écoles Privées subventionnées par l’État

Objectifs prioritaires : S'assurer qu'en fin de cycle primaire, tous les enfants ont une maîtrise des

compétences de base en lecture et en calcul et la consolidation du

développement holistique et intégral à travers des activités

Principaux Services : L'offre privée dans l'enseignement primaire

Sous-Programme 4 : Écoles Zone d’Éducation Prioritaire

Objectifs prioritaires : S'assurer qu'en fin de cycle primaire, tous les enfants dans les écoles de la

Zone d'Éducation Prioritaire (ZEP) ont une maîtrise des compétences de

base en lecture et en calcul et la consolidation du développement

holistique et intégral à travers des activités

Principaux Services : L’encadrement aux écoles ZEP pour plus d'équité

Résultat : En fin de cycle primaire, tous les enfants ont une maîtrise des compétences de base en

lecture, en calcul et l’informatique avec des expériences d’apprentissage enrichies et sont prêts pour

le cycle secondaire

Indicateur de Performance 2012

Actuel

2014

Cible

2016

Cible

2023

Cible

Taux de Transition à l’enseignement secondaire générale 73% 75% 77% 82%

UNITÉ DE

PRESTATION

SERVICES

OFFERTS

PERFORMANCE

Indicateur de

Performance

2012

Actuel

2014

Cible

2015

Cible

2016

Cible

Direction de la

Zone

S1 : Supervision

de l’enseignement

primaire.

SS1 : Système de suivi des

inspections des écoles

rendu opérationnel en

2014

- Jan

Page 11: Le financement du système éducatif Une gestion … · 1 Le financement du système éducatif Une gestion budgétaire axée sur les résultats Maurice - une étude de cas Résumé

11

SOUS-PROGRAMME 42302 : Écoles Primaire Publiques

Écoles

Primaires

Publiques

S1 : L'offre de

l'enseignement

primaire.

SS1 : Taux de réussite des

écoles publiques non-ZEP 87.0% 88.0% 89.0%

SOUS-PROGRAMME 42303 : Écoles Privées subventionnées par l’État

Écoles

Primaires

Privées

subventionnées

par l’État

S1 : L'offre de

l'enseignement

primaire.

SS1 : Taux de réussite des

écoles privées

subventionnées 86.0% 87.0% 88.0%

SOUS-PROGRAMME 42304 : Écoles

Zone d'Éducation Prioritaire

Écoles Zone

d'Éducation

Prioritaire

S1 : L'offre de

l'enseignement

primaire et l'appui

aux élèves de la

Zone d'Éducation

Prioritaire (ZEP)

SS1 : Taux de réussite des

écoles ZEP 45.0% 47.0% 49.0%

SS2 : Taux de présence

des élèves dans les écoles

ZEP.

89.4% 90.5% 91.5% 91.5%

Résultats obtenus

(i) Nouvelle structure organisationnelle pour institutionnaliser la planification stratégique

La planification et la budgétisation sont deux processus qui sont étroitement liés et qui se

renforcent mutuellement. Alors que l’exercice budgétaire et la planification étaient

traditionnellement des processus distincts relevant d’administrations différentes aux intérêts

parfois même divergents, la réforme budgétaire a apporté une nouvelle configuration

organisationnelle avec la création d'une nouvelle direction de Planification et Budget, au sein de

laquelle sont rassemblés les cadres techniques et comptables. La planification stratégique est

devenue une réalité avec la préparation des plans stratégiques du Budget Programme échelonnés

sur trois ans, élaborant ainsi les politiques à mettre en place et les services offerts par le Ministère

sur un horizon couvrant la période indiquée.

La planification stratégique a amélioré la qualité du budget de la façon suivante :

Le Plan stratégique alimente le budget

Le Plan est cohérent avec le PSERH 2008-2020 du ministère et avec la politique de

développement à long terme du gouvernement comme énoncé dans le Plan de

Transformation économique et sociale qui s'étale sur une période de 10 ans

Le Plan offre la possibilité d'initier de nouvelles politiques éducatives tout en facilitant

l'estimation des coûts des programmes courants et ceux de nouvelles politiques

Page 12: Le financement du système éducatif Une gestion … · 1 Le financement du système éducatif Une gestion budgétaire axée sur les résultats Maurice - une étude de cas Résumé

12

Le Plan sert de document pour les consultations pré-budgétaires entre le Ministre de

l’Éducation et le Ministre des Finances.

Le Plan facilite l’affectation des ressources budgétaires au cours des auditions budgétaires.

Le Plan sert d'outil de pilotage à une gestion interne

(ii) L’alignement de la structure organisationnelle du Ministère à celle du budget

programme

La structure des programmes, des sous-programmes, la spécification des résultats, les

objectifs prioritaires et les rendements exigent une conception rigoureuse pour cerner les fonctions

fondamentales du Ministère et les services que chaque entité est appelée à offrir.

. Pour réussir la mise en œuvre du Budget Programme, il a été nécessaire d’apporter un

changement dans la structure organisationnelle du Ministère avec une redéfinition du rôle des

directions, où la responsabilité d'un programme spécifique était assignée à un responsable de

programme. Cette restructuration a permis d’établir l’adéquation de la structure du BP pour une

plus grande harmonisation des procédés des travaux, le suivi et la redevabilité.

(iii) Hiérarchisation des objectifs

La hiérarchisation des objectifs est une des caractéristiques principales pour réaliser les

objectifs stratégiques à long terme. Le plafond de dépenses fourni en amont par le Ministère des

Finances a servi de guide dans le processus de la planification stratégique

(iv) Des indicateurs de mesure des résultats

Le budget de l’éducation contient un ensemble d’indicateurs quantitatifs, qualitatifs,

d'efficience et d'impact servant ainsi à mesurer les résultats. La majorité de ces indicateurs sont

orientés vers la performance des étudiants. Ces indicateurs traduisent le souci du Ministère qui

recherche l'amélioration des taux de réussite en 6e, 11e et 13e années d'étude, démontrant ainsi

l’engagement de l’État à faire accroître le taux de réussite. À titre d'exemple les indicateurs sont les

suivants :

Augmenter le taux de réussite en fin de cycle primaire

Augmenter le taux de transition à l’enseignement secondaire générale

Augmenter le taux de réussite en SC

Augmenter le taux de réussite au niveau bac

(v) L’amélioration du système d'information pour la gestion de l'éducation

Le processus du budget de performance repose sur la disponibilité d'un volume

d’information en ce qui concerne la performance, ce qui a nécessité un renforcement du système

Page 13: Le financement du système éducatif Une gestion … · 1 Le financement du système éducatif Une gestion budgétaire axée sur les résultats Maurice - une étude de cas Résumé

13

de gestion de l'information. Ce système est appelé à fournir des informations et à vérifier les

performances atteintes par rapport aux objectifs fixés.

(vi) L’appropriation des réformes de l’Éducation

La réussite de toute réforme exige que tous les acteurs de l’éducation en soient partie

prenante. Le succès de la réforme dépendait de l’implication au plus haut niveau pour le soutien

politique et la mobilisation des équipes et tout le personnel, à commencer par le « Chief Executive »

jusqu’aux enseignants dans les écoles.

Le Ministère s’était ainsi engagé dans une stratégie de communication active pour une

meilleure compréhension du nouveau processus budgétaire et de gestion de la performance.

(vi) Le renforcement des capacités de gestion

Autre élément clé de succès d'une telle réforme est la présence d'une masse critique de

personnel qualifié et compétent. La réforme du Budget a été introduite de manière graduelle et

progressive pour permettre suffisamment de temps pour le renforcement des capacités. La

capacité managériale au sein du ministère a été améliorée en utilisant une approche

d'apprentissage par l'expérimentation (learning by doing - approche pragmatique), résultant en des

procédés bien développés de budgétisation, de l’estimation des coûts, les marchés publics, la

comptabilité, le suivi, la reddition des comptes et l’audit interne.

Le Ministère des Finances accordait également un soutien constant et régulier à travers des

guides méthodologiques et un accompagnement permanent avec tous les ministères à travers des

équipes de soutien7.

Le renforcement des capacités pour l’exécution et le suivi du Budget Programme est passé

par une formation indispensable pour tous les agents quelque soit leur niveau, ainsi qu'une

formation de formateurs. Des programmes de formation menant vers des diplômes en gestion des

finances publiques ont aussi été mis en chantier.

Les lacunes au niveau des compétences techniques ont été comblées à travers un processus

de recrutement des experts nationaux et internationaux sous un programme spécial initié par le

Ministère des Finances – le « Capacity Building Program » pour soutenir les réformes et les objectifs

du développement.

Le progrès a été graduel et des améliorations progressives ont été notées au cours des

budgets successifs.

7 Les équipes de soutien aident les ministères de tutelle dans l'elaboration de la politique sectorielle, l'élaboration du budget, le suivi

budgetaire, le contrôle de l'exécution bu budget, et travaillent en étroite collaboration avec le comité de vérification interne pour assurer une action rapide pour eviter tout gaspillage

Page 14: Le financement du système éducatif Une gestion … · 1 Le financement du système éducatif Une gestion budgétaire axée sur les résultats Maurice - une étude de cas Résumé

14

Difficultés de mise en œuvre du programme

La mise en œuvre des réformes du Budget Programme est une tâche complexe qui demande

un changement radical dans la perspective et dans le processus de l’exercice budgétaire. Le succès

de la réforme dépend de quelques critères de réussite tels un changement de mentalité, une

compréhension commune du nouveau concept, la capacité des fonctionnaires impliqués dans la

mise en œuvre à assumer des nouveaux rôles et responsabilités et une charge de travail plus

complexe, favoriser le dialogue et la mobilisation des acteurs locaux pour l'appropriation des

réformes. Plusieurs difficultés ont surgi en cours de route qui ont nécessité des mesures correctives

dans un processus continu d’adaptation. Certains de ces problèmes sont mentionnés ci-dessous :

Résistance de la part des techniciens à assumer de responsabilités additionnelles en raison

du fait que l’exercice du budget a été traditionnellement un exercice de comptabilité et

donc concernant directement les administrateurs.

La confusion liée à une nouvelle terminologie associée au Budget Programme et les

multiples changements du cadre logique définissant les résultats, les outputs, l'impact, les

indicateurs de performance et les objectifs prioritaires.

Réticence à assumer le rôle de gestionnaire de programme - il est souhaitable de désigner

un gestionnaire de programme qui s'engage sur la performance d'un programme désigné

par rapport aux moyens.

Le manque de capacité technique pour une planification rigoureuse et systématique ainsi

que la hiérarchisation des projets.

Le scepticisme sur la capacité du nouveau mode budgétaire d'apporter plus d'efficience et

de redevabilité dans le système éducatif.

Une capacité analytique insuffisante pour entreprendre l'analyse de politiques éducatives

L'élaboration des plans d'établissements scolaires avec les résultats attendus et les

indicateurs de performance visant à contribuer aux objectifs du budget programme

Une dépendance sur d’autres ministères dans la chaîne des résultats, plus précisément en

ce qu'il s'agissait des projets d’infrastructures.

L’incapacité d’atteindre les objectifs fixés étant donnée la longue période de gestation des

mesures éducatives.

Perspectives envisagées

Bien que le Budget Programme soit à un stade initial dans sa mise en œuvre, des avancées

significatives ont été réalisées. Il est évident que le progrès a été graduel et des améliorations ont

été notées au cours des budgets successifs. Néanmoins, Maurice s’est bien positionnée pour

effectuer des changements conséquents de façon à consolider son potentiel pour aller plus loin

dans ces réformes. Pour compléter le processus budgétaire, la prochaine étape est l'élaboration du

rapport annuel de performance. Le rapport annuel sera un autre mécanisme pour plus de

redevabilité, car le Ministère s’est engagé au plus haut niveau, c’est-à-dire, vis-à-vis de l’Assemblée

nationale, à améliorer la performance scolaire.

Page 15: Le financement du système éducatif Une gestion … · 1 Le financement du système éducatif Une gestion budgétaire axée sur les résultats Maurice - une étude de cas Résumé

15

Orientation Nouvelle 2

1.5 Le Soutien Budgétaire

La source de financement public de l’éducation provient principalement des revenus de

l’État. Le Gouvernement cependant dépend aussi d'un financement externe provenant des

partenaires de développement sous forme de soutien budgétaire général et soutien budgétaire

sectoriel pour la mise en œuvre des politiques de développement. Les partenaires de

développement les plus actifs dans le secteur de l’éducation sont l’Union Européenne (UE), la

Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, le PNUD et l’Agence Française de

Développement. L’UE est un partenaire principal de l’État dans l’octroi du soutien budgétaire

général (SBG) sous forme de dons et d'assistance technique. Environ 7% des fonds de l’UE sont

utilisés pour soutenir le budget de l’éducation.

Auparavant, l’aide externe était acheminée vers les secteurs hors du processus budgétaire.

Bien que permettant l'accès à des fonds flexibles hors du contrôle du budget de l’État, cela

comportait cependant quelques risques, notamment une dépendance sur l’aide externe, une

incertitude dans la durabilité de ce financement, un nombre démesuré des partenaires de

développement dans certains secteurs privilégiés au détriment des autres secteurs pourtant tout

aussi méritants.

Dans le cadre du maintien d’une gestion financière saine et respectant les énoncés de la

Déclaration de Paris, tous les financements provenant des Partenaires de Développement sont

maintenant crédités dans le fonds consolidé de revenu et affectés au service public à travers le

budget par l'Assemblée nationale. Par conséquent, l'appui budgétaire est soumis aux mêmes

processus de décision et de contrôle parlementaire que les revenus internes du pays.

Afin de renforcer l'efficacité de l’aide au développement, la coordination des donateurs qui

est organisée sous l'égide du Ministère des Finances à travers un dialogue régulier, a pour but de

s'assurer une cohérence et une complémentarité des interventions. Cet exercice est fondé sur la

Stratégie conjointe de Partenariat-Pays (SPP) et les résultats sont liés au décaissement de fonds

vers le budget. Le suivi des résultats est réalisé sur la base d'une matrice de résultats.

Un business meeting se déroule avant l'exercice budgétaire, avec les bailleurs de fonds et les

ministères/départements pour des engagements de financement des projets prioritaires de

développement et pour décider de la nature de l'assistance technique. Cette réunion est suivie d'un

dialogue bilatéral entre les bailleurs de fonds et les ministères/départements avant l’inclusion des

projets dans le budget.

Résultats obtenus

L'aide au développement a pour objectif de soutenir les efforts du Gouvernement et met

l’accent sur les politiques de développement nationales et les priorités énoncées dans le budget. Le

secteur de l'éducation reste un secteur prioritaire sur l'agenda de l'appui budgétaire général.

Page 16: Le financement du système éducatif Une gestion … · 1 Le financement du système éducatif Une gestion budgétaire axée sur les résultats Maurice - une étude de cas Résumé

16

Les fonds d'aide au développement proviennent du budget et il n'est pas permis d'avoir des

comptes hors budget sans l'autorisation du Ministère des Finances.

Une première condition pour bénéficier de l’aide externe est l'existence d'un plan

stratégique sectoriel qui a l’imprimatur et l’agrément du Gouvernement. Ceci a effectivement

conduit à l'élaboration du Plan stratégique de l’Éducation 2008-2020 et d’autres plans stratégiques

sous-sectoriels, notamment la Stratégie pour la filière préprofessionnelle et le plan de réforme des

examens en fin de cycle primaire.

Le soutien budgétaire est axé sur les résultats, c’està-dire, les outputs et les résultats liés

aux stratégies sectorielles. Cette orientation a été réalisée à travers l’utilisation des indicateurs clés

de performance qui sont inclus dans le Budget Programme. Par exemple, les indicateurs suivants

ont été retenus pour les différents programmes de soutien budgétaire :

Le taux de réussite en fin du cycle primaire dans les écoles ZEP

Le taux de présence dans les écoles ZEP

Le taux net de scolarisation dans le préscolaire (les enfants âgés de 3-4 ans)

Le taux d'achèvement dans l'enseignement préprofessionnel

Le taux de transition vers l'enseignement secondaire général

L'utilisation des indicateurs de performance pour les décaissements a contribué à

l’amélioration du système éducatif, car cela a nécessité une plus grande rigueur dans le contrôle

des procédés internes et le suivi. La réalisation de l’objectif lié au taux de présence dans les écoles

ZEP a été un véritable défi. Cette expérience est décrite dans l'encadré 3.

Encadré 3 : L’amélioration du taux de présence dans les écoles ZEP

Pour aider à la réforme du secteur éducatif, le programme de soutien budgétaire général a accordé

son attention au taux d’absentéisme des élèves issus des milieux vulnérables. Il y a 30 écoles ZEP à Maurice

où 7% des élèves du primaire sont admis. Le pourcentage de réussite en fin de cycle primaire dans ces écoles

a été constamment inférieur à 40%.

En 2006, le pourcentage d’absentéisme parmi les élèves des écoles ZEP se situait à 15.2%. Il a été

démontré qu'il existe une corrélation entre l'absentéisme des élèves et la réussite scolaire. Le Ministère était

confronté à un véritable défi : lutter contre l'absentéisme pour améliorer la performance académique.

L’objectif fixé dans le Budget Programme était de réduire de 1% le taux d’absentéisme sur une période d’une

année. Cet indicateur de performance a été également retenu par le programme de soutien budgétaire général.

Par conséquent, l'atteinte de ce résultat était liée au décaissement des fonds dans le budget national.

Une année après, l’objectif fixé n’avait pas été atteint. En fait, il s’était détérioré par 0.5%, ce qui a eu pour

conséquence une perte de revenu pour le gouvernement. Cela a conduit à un processus de réflexion et

d’analyse au niveau des décideurs politiques et des ONG concernant les raisons derrière ce fort taux

d’absentéisme dans les écoles ZEP. Le ministère était déterminé à apporter une amélioration dans ce secteur et

le même indicateur a donc été retenu pour le prochain programme SBG

Des mesures incitatives ont été mises en œuvre pour s’attaquer aux raisons profondes de l’absentéisme, avec

un suivi hebdomadaire et un compte rendu régulier au quartier général du Ministère. Le résultat est que la

Page 17: Le financement du système éducatif Une gestion … · 1 Le financement du système éducatif Une gestion budgétaire axée sur les résultats Maurice - une étude de cas Résumé

17

plupart de ces mesures ont été un succès et l’indicateur du taux d’absentéisme a montré une chute de 2.8%

après une année, c’est-à-dire, il est passé de 15.7% en 2007 à 12.9% en 2008. Ce suivi régulier a été soutenu

et, en 2013, le taux d’absentéisme a chuté davantage à 10 % et, pour la première fois, le taux de réussite est

passé à 46%

Mesures pour réduire l’absentéisme et améliorer la performance

Une campagne de mobilisation et de plaidoyer auprès de la communauté sur la responsabilité

parentale et pour valoriser leur implication dans la vie scolaire de leurs enfants

Mise sur pied des équipes « Parents Médiateurs » et « Parents Flambeaux » pour établir un profil de

chaque élève pour un suivi ciblé avec la famille

Mise sur pied d'un dispositif d'accompagnement scolaire pour les parents - le « Club des Parents »

pour bénéficier dune aide éducative et soutenir l'apprentissage de leurs enfants.

Partenariat avec le secteur privé pour récompenser les élèves avec le meilleur taux de présence.

Mise en place de plusieurs instances dans chaque école telle, le conseil pédagogique, le conseil pour le

rehaussement de l’environnement scolaire et la gestion des ressources humaines

Rattachement à chaque école d'une équipe d’inspecteurs et d’auxiliaires aux enseignants pour le suivi

du programme de soutien pour l'accompagnement des élèves

Formation des enseignants pour favoriser des approches pédagogiques innovantes ainsi que

l'utilisation des moyens numériques. Dans cette perspective, chaque école ZEP fut dotée d'un

ordinateur portable et un projecteur.

2.0 La Redevabilité

Page 18: Le financement du système éducatif Une gestion … · 1 Le financement du système éducatif Une gestion budgétaire axée sur les résultats Maurice - une étude de cas Résumé

18

Le flux de financements de l’État vers les différents services publics exige un cadre

institutionnel approprié avec des mécanismes de redevabilité solides, efficaces et transparents. La

redevabilité dans le système de l’éducation est centrée autour de quatre principaux acteurs :

- les clients - c’est-à-dire, les étudiants qui sont les bénéficiaires du système de l’éducation et

leurs parents qui agissent comme leurs porte-paroles ;

- les décideurs politiques qui ont l’autorité politique pour acheminer les financements vers le

système de l’éducation publique ;

- Les prestataires de service qui font partie de la hiérarchie des administrateurs, des inspecteurs

et des directeurs d’école ; et

- Les enseignants qui assurent la fonction centrale du système éducatif.

La redevabilité dans le processus budgétaire a trait à l’affectation des ressources, l’efficience

avec laquelle elles sont traduites en résultats et l'efficacité de ces résultats. La redevabilité est une

partie intégrante de l'architecture organisationnelle, notamment les structures utilisées pour

répartir les responsabilités et faire obligation de reddition des comptes, c’est-à-dire, une définition

de « qui fait quoi et qui est redevable envers qui ».

Le secteur de l'éducation est un sous-système qui s'inscrit dans un système plus élargi des

finances publiques et au cœur de celui-ci se situe le système budgétaire qui définit les étapes de

formulation budgétaire, exécution, suivi et évaluation. Ces cadres institutionnels ainsi que le

système de paiement, l’acquisition par le marché public et les nombreux règlements font partie de

la structure de redevabilité.

2.1 Le cadre de redevabilité

(a) Le système de gestion des finances publiques

Maurice dispose d'un système rigoureux de gestion de finances publiques qui est

transparent et fondé sur la redevabilité, comme en témoigne l’évaluation de PEFA qui utilise six critères

d'évaluation, notamment : (i) la crédibilité du budget (ii) l’exhaustivité et la transparence du budget

(iii) la budgétisation basée sur les politiques publiques (iv) la prévisibilité et le contrôle de

l'exécution du budget (v) la comptabilité, l’enregistrement des informations et les rapports

financiers (vi) le suivi et les vérifications externes.

La structure de la redevabilité est illustrée dans le graphique 2. Au plus haut niveau,

l’autorité pour les dépenses des fonds publics est fournie par l’Assemblée nationale à travers la

législation. Le contrôle des fonds alloués découle aussi de l’autorité de l’Assemblée nationale à

travers le Bureau national de l’Audit. Le Comité permanent des Comptes publics mis en place par

l’Assemblée nationale et présidé par un membre de l'opposition, examine les comptes audités et

soumet ses rapports à l'Assemblée nationale. Chaque ministère désigne un responsable qui

comparaît à des audiences et répond au Comite Permanent des Comptes publics. Ce Comité doit

être satisfait à partir des comptes publics que toutes les dépenses effectuées proviennent des

Page 19: Le financement du système éducatif Une gestion … · 1 Le financement du système éducatif Une gestion budgétaire axée sur les résultats Maurice - une étude de cas Résumé

19

crédits budgétaires et sont destinés aux dépenses imputées, sauf les exceptions établies par la loi,

que les dépenses sont conformes aux exigences de l’autorité qui les gouverne, que tout virement

de crédits est conforme aux règlements et donc justifié. Ainsi, l'obligation de rendre compte est

instituée dans chaque maillon de la chaîne des résultats.

Résultats obtenus

Deux mécanismes - Le Comité d’Audit et le contrôle interne ont été mis sur pied au

sein du ministère comme instances de surveillance dans la logique de la redevabilité et

la bonne gouvernance. Ces unités soutiennent l'ordonnateur dans le maintien des

systèmes de contrôle et à promouvoir la bonne gouvernance.

La fourniture des biens et services à travers les marchés publics constitue un poste

principal de dépenses de l’État et a été sujet de réforme pour rendre le système

d’approvisionnement plus transparent, efficient et redevable envers le public. Une

nouvelle législation 8 conforme aux bonnes pratiques internationales

d’approvisionnement fut proclamée en 2008. Avec les nouveaux amendements

législatifs, tout approvisionnement au-dessus d’un certain seuil doit suivre un

processus d'appel d'offres ouvert et concurrentiel. Le cadre institutionnel comprend

aussi un Comité d'Examen indépendant pour résoudre les différends des

soumissionnaires mécontents. Deux autres comités indépendants opèrent au niveau

du Ministère, notamment le Comité d’Évaluation des Appels d’Offres et le Comité

départemental d’Appel d’Offres pour l’évaluation des offres et l’attribution des

contrats.

La politique de planification des investissements s'applique à tous les Ministères, d'où

un plan d’investissement quinquennal, le « Programme d’Investissement du Secteur

public (PISP) » est élaboré pour satisfaire les besoins infrastructures qui répondent aux

objectifs du gouvernement. Les ressources nécessaires sont allouées sur

recommandations des études de faisabilité.

Les nouvelles propositions de projet d'investissement, dont l'estimation de coût est

au-dessus d’un certain seuil, sont examinées et évaluées par un Comite de

Planification des Investissements pour s’assurer de leur viabilité technique et

financière. Pour des coûts inférieurs à ce seuil, les propositions sont approuvées par le

Ministère des Finances. Après la priorisation, les fonds sont affectés à chaque projet

auquel est attribué un code PISP et la liste de projets figure dans le document du

budget programme. Chaque ministère est appelé à établir une planification de projets

d'investissement pour une durée d'au moins trois ans. La construction de nouvelles

écoles et des centres de formation suivent la même procédure. La structure de

gouvernance du processus de planification sert à garantir que les ressources

financières sont affectées aux projets viables et hautement prioritaires.

8 Public Procurement Act, 2008

Page 20: Le financement du système éducatif Une gestion … · 1 Le financement du système éducatif Une gestion budgétaire axée sur les résultats Maurice - une étude de cas Résumé

20

Difficultés de la mise en œuvre

Un des enjeux pour le ministère de l’Éducation est une mise en œuvre prompte et

efficace des projets. Le rapport de l’Audit externe fait état des cas de sous-utilisassions des

fonds du budget d’investissement et du retard dans la réalisation des projets. De tels retards

sont souvent au-delà du contrôle du ministère et relèvent des problèmes entre le

contacteur et le consultant qui tombent sous la responsabilité du ministère des

Infrastructures publiques. Les retards sont dus également aux appels devant le Comité

d'Examen indépendant ou la Commission des Offres publiques d'Acquisition, qui retardent

les procédures d'allocation de contrats.

(b) Le suivi budgétaire

Faisant partie de la gestion des dépenses publiques, le suivi budgétaire est un

élément clé dans la réalisation des résultats. Le succès de la mise en œuvre du budget repose

essentiellement sur la qualité de gestion. Un suivi efficace sur les progrès accomplis par rapport aux

indicateurs de performance permet de prendre des mesures correctives qui s'imposent. Des

mécanismes appropriés de suivi et l’élaboration des comptes rendus ont été établis à différents

niveaux.

Partant du principe de l'orientation vers les résultats, un dispositif de suivi assure que la

mise en œuvre des différentes politiques éducatives et les mesures budgétaires soient réalisées

dans les délais fixés. Des rapports financiers intérimaires d’avancement des performances sont

soumis sur une base trimestrielle à un comité de suivi de haut niveau au Ministère des Finances.

La Loi de Finances rend obligatoire le dépôt à l’Assemblée nationale d'un rapport annuel de

la Trésorerie de l'État, qui est un document d’avancement sur le déboursement des fonds par

rapport au montant des crédits ouverts par l’Assemblée nationale aussi bien que les résultats

atteints sous les divers programmes et sous-programmes.

Graphique 2 : Le cadre de redevabilité

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Page 21: Le financement du système éducatif Une gestion … · 1 Le financement du système éducatif Une gestion budgétaire axée sur les résultats Maurice - une étude de cas Résumé

21

Source : Financial Management Kit, Ministry of Finance and Economic Development

(c) Système de gestion des performances

L’objectif ultime du processus budgétaire de l'éducation est de s’assurer que les

intrants soient utilisés efficacement par les écoles pour donner les résultats escomptés.

L’Éducation est une activité complexe surtout que les écoles financées des fonds publics ne

sont directement pas redevables à leurs clients c’est-à-dire, les étudiants et leurs parents.

Les enseignants sont redevables aux directeurs d’écoles, ces derniers aux inspecteurs, ceux-

ci redevables au ministère de l’Éducation, le ministère, quant à lui étant redevable aux

politiciens et les politiciens à leurs clients à travers l’Assemblée nationale. Ainsi, de façon

indirecte, les écoles sont redevables aux parents qui sont concernés par l’éducation de leurs

enfants à travers cette hiérarchie.

Le Budget Programme établit des cibles globales de performance d'une organisation et seul

le directeur du Cabinet se doit de rendre des comptes les concernant. Le rapport annuel de la

Trésorerie soumis au Comité permanent des Comptes Publics à travers le Ministre des

L'Assemblee Nationale

Comite de Dotations

Budgetaires

Ordonnateur

Direction Finances et

Marches Publics

Controle Interne

Tresorerie de l'Etat

Bureau de l'Audit

Comite Permanent

des Comptes Publiques

Comité

d'Audit

EXÉC

UTIF

LÉGISLA

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Page 22: Le financement du système éducatif Une gestion … · 1 Le financement du système éducatif Une gestion budgétaire axée sur les résultats Maurice - une étude de cas Résumé

22

Finances, contient des informations de performance sur les cibles fixées et les performances

réalisées. La redevabilité est répercutée « en cascade » tout au long du processus par le SGP

jusqu’aux unités départementales et les individus à travers un cadre d’objectifs et les niveaux

de performance à atteindre communément agréés.

Une synergie entre le BP et le SGP est cruciale afin d’engager tout le personnel d'une

organisation dans un processus continu pour l'amélioration de la performance à tous les niveaux. La

synchronisation du BP et le SGP est démontrée dans le graphique 3 ci-dessous.

Résultats obtenus

Formule d'allocation basée sur la performance

Dans le but de promouvoir une culture de performance des écoles, le Ministère a

récemment introduit une allocation aux écoles primaires et secondaires privées subventionnées par

l’État sur la base de la performance. Celle-ci comprend une allocation supplémentaire déboursée

pour récompenser la réalisation des cibles de performance.

Ainsi, pour l’enseignement primaire, le Bureau d’Éducation catholique qui gère la majorité

des écoles primaires privées subventionnées obtient une prime de performance comme

récompense pour l'atteinte d'un certain nombre agréé d’indicateurs de performances. Ceux-ci ont

trait, parmi d’autres, au taux de réussite des élèves en fin du cycle primaire et le taux de présence

des élèves. Il est à noter que ces indicateurs apparaissent dans le sous-programme du budget pour

l’éducation primaire (voir encadré 2). En ce concerne les écoles du cycle secondaire, le

déboursement de l'allocation liée à la performance est effectué directement et individuellement

aux écoles, ceci en accord avec une formule de subvention pour ce sous-secteur.

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23

Source : Pay Research Bureau report 2008

Évaluation de la Performance

La mise en œuvre du Système de Gestion de Performances est à son stade initial à Maurice.

Que le parcours sera long ne fait aucun doute, comme il n'est point à douter que ce même parcours

devra être effectué sans relâche et se fondera sur les progrès cumulatifs année après année. À ce

jour, le système d’évaluation basé sur le rapport confidentiel a été remplacé par un système

d’évaluation de la performance pour tous les fonctionnaires, y compris les enseignants des écoles

publiques. L’accroissement annuel de traitement cesse d'être un procédé automatique, mais se

mérite sur la base de performance.

Difficultés de la mise en œuvre

Page 24: Le financement du système éducatif Une gestion … · 1 Le financement du système éducatif Une gestion budgétaire axée sur les résultats Maurice - une étude de cas Résumé

24

Il y a plusieurs défis majeurs à relever dans la mise en œuvre du système de gestion des

performances. Une étude sur l’efficacité de la mise en pratique du SGP à travers tous les

organismes du secteur public a révélé un élément dubitatif parmi le personnel sur les mérites

du SGP à promouvoir les objectifs organisationnels. De plus, le personnel n’était pas

convaincu de l'efficacité du SGP à faire le lien entre la performance individuelle et les

possibilités de promotion9.

La redevabilité des enseignants fait partie du débat sur le professionnalisme des enseignants.

À Maurice, les enseignants des écoles financées des fonds publics ne sont pas directement

redevables pour la performance de leurs étudiants, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas tenus

responsables de l’échec de leurs étudiants. Les enseignants sont redevables à leurs supérieurs

immédiats dans la bureaucratie, les directeurs des écoles, pour la réalisation du programme

scolaire. Or, on peut constater que le contrat de performance des enseignants est limité à

leur rôle traditionnel de transmetteur de savoir plutôt qu’à l'apprentissage et les résultats

scolaires – ce qui réduit l’évaluation des enseignants à leur capacité d'élaborer un plan de

travail et aux contrôles qu’ils font passer aux élèves, au lieu d'une action axée sur

l'apprentissage. Ceci démontre que la planification de la performance et les plans de travail

individuels ne sont pas alignés avec les objectifs de l’école afin d'améliorer la performance.

.

Perspectives envisagées

(i) L’évaluation du budget

L’évaluation du budget, la dernière étape dans le cycle budgétaire qui consiste à

vérifier si les ressources publiques ont été utilisées de façon efficiente et efficace, est un

domaine qui a retenu très peu d’attention. Cet exercice qui est conduit a posteriori d’une

manière indépendante requiert des compétences analytiques qui sont souvent absentes au

Ministère.

La Banque Mondiale accorde actuellement une assistance technique pour une revue

des dépenses publiques dans le secteur de l’éducation ainsi que dans celui de la santé dans le

but de renforcer les capacités pour l’évaluation budgétaire.

(ii) Le plan d'établissement scolaire

La mise sur pied d'un département d'Assurance Qualité au sein du Ministère incitera les

écoles à élaborer un plan d'établissement scolaire axé sur les résultats pour l'amélioration des

acquis scolaires et une plus grande efficacité.

Il est souhaitable qu'à l'avenir une mesure de redevabilité de l'école soit établie qui

porterait sur la valeur ajoutée de chaque école à partir du niveau d’entrée des élèves.

9 PRB Report 2012, Mauritius

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25

Encadré 4 : Un exemple de bonne gouvernance dans un modèle de partenariat public - privé -

société civile : La responsabilité sociale des entreprises -

La Responsabilité sociale des Entreprises (RSE) offre une plateforme qui permet au secteur public,

au secteur privé et à la société civile de mettre en commun leurs ressources financières, humaines et

techniques pour aider au développement social et environnemental du pays de manière soutenue.

La Responsabilité sociale des Entreprises (RSE) est un concept permettant les sociétés privées

d’intégrer les préoccupations sociales et environnementales dans leurs activités d'entreprises courantes pour

un développement durable. Depuis 2009, il est obligatoire par la loi, pour toutes sociétés enregistrées, d’avoir

un fond de RSE. Ces sociétés ont l’obligation légale de contribuer un pourcentage de leurs profits annuels de

2% dans des activités de RSE.

Un programme RSE peut être mis en œuvre par la société elle-même ou par une ONG agréée lorsque

la société ne possède pas l’expertise requise pour réaliser des projets spécifiques.

Dans le cadre de la bonne gouvernance, des structures sont mises en place pour éviter l’abus des

fonds RSE. Un comité national est responsable pour l’approbation et le suivi des activités RSE. Ce comité

établit la liste des programmes agréés et susceptibles d'être financés à travers le RSE aussi bien que

définissant les activités non éligibles aux financements par le fond RSE. Les programmes agréés se portent

sur les domaines d’intervention suivants : le développement socioéconomique, la santé, le loisir et les sports,

l'environnement, l'éducation et la formation et les catastrophes.

De surcroît, toutes les sociétés devraient, à partir de 2012, utiliser 50% de leur fond RSE dans quatre

domaines prioritaires comprenant : le logement social ; la pauvreté absolue et la responsabilisation des

communautés ; le bien-être des enfants issus des groupes vulnérables et la prévention des maladies non-

transmissibles.

Dans le secteur éducatif, les activités du RSE ont ciblé pour la plupart les enfants venants des

familles défavorisées. Des activités ont été mises en œuvre par des ONG pour fournir un soutien éducatif

sous forme des matériels scolaires et supports pédagogiques. Ceci afin de créer l’intérêt parental dans

l’éducation de leurs enfants, un phénomène qui ne prévaut souvent pas parmi les ménages les plus pauvres.

3.0 L’efficience dans l’affectation des ressources

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Un des enjeux du système éducatif est l’amélioration des résultats en optimisant les

ressources, ce qui exige que les ressources soient équitablement allouées et utilisées d’une manière

judicieuse selon un bon rapport coût-efficacité.

Rapport Extrant/intrant

L’efficience est la relation entre les intrants et les extrants. Dans le domaine de l’éducation,

les intrants comprennent, parmi d’autres, les services offerts par les enseignants et les

administrateurs, les manuels scolaires et les matériels pédagogiques et l’environnement physique

qui sert de support à l’apprentissage. D’autre part, les extrants sont le produit de la fonction de

l’éducation, soit, le niveau de scolarité des enfants. L’indicateur d’efficience serait le rapport de

l’espérance de vie scolaire10 qui sert à mesurer le niveau de scolarité et la part des dépenses

publiques en éducation qui est un intrant du système éducatif. Maurice se trouve parmi bon

nombre de pays de l'ASS ayant un niveau d’efficience élevé (graphique 4).

Source : Rapport mondial de l'Éducation 2012

L'efficience interne

Une deuxième mesure de l’efficience a trait à l’efficience interne qui est axée sur la

progression des apprenants dans le système éducatif. Un système avec un niveau élevé d’efficience

interne est celui dans lequel tous les enfants qui sont admis complètent avec succès chaque cycle

sans redoublement ou abandon scolaire. La pyramide éducative (Graphique 5) illustre l'état de la

scolarisation dans chaque cycle et ainsi l’efficience interne du système éducatif mauricien. L'analyse

de cohorte démontre que 98% des enfants admis en première année du primaire parviennent

jusqu'en dernière année du même cycle, 72% progressent à l’enseignement secondaire et 55%

terminent avec succès 11 années de scolarité. L'inefficience du système éducatif est due

principalement au redoublement.

10

L’espérance de vie scolaire est le nombre d’années de scolarité qu’un enfant d’un certain âge peut s’attendre recevoir

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17 Forme VI2

16 Forme VI1

15 Forme V

14

13

12

11 Forme I

10 Std VI

9

8

7

6

5 Std I

4

3Pre

sco

lair

e 98%

Se

con

dai

re

66%

71%

72%

P

rim

aire

98%

100%

Graphique 5: Pyramide Educative - 2012Age

theorique

Seco

nd

aire

sup

eri

eu

r

31%

36%

55%

Etu

de

s

Sup

eri

eu

res

Une mesure de coût-efficacité

Il devient impératif également d’examiner à quel point les intrants sont alloués de façon

efficace pour produire des résultats. Les salaires des enseignants, poste budgétivore, consomment

environ 80% du budget courant de l’éducation.

Le déploiement des enseignants mesuré par le rapport élèves-enseignant sert de mesure

non monétaire des ressources éducatives (intrants) et les taux de réussite représentent les résultats

au niveau des chaque école.

En 2012, le ratio étudiants-enseignant (REE) pour les écoles publiques secondaires était de

15 avec une différence non significative entre les écoles publiques et privées (REE étant 14 pour les

écoles publiques et de 16 pour ceux du privé). Cependant, il y a une grande variance dans la

répartition des enseignants à travers les écoles secondaires, avec le ratio étudiants-enseignant qui

varie de 25 à 7 (graphique 6). On s’attend à ce que les écoles offrant les mêmes programmes

scolaires et ayant le même effectif d'élèves aient presque le même nombre d’enseignants. Or, on

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peut constater que pour une taille d'école d’environ 730 (qui est la taille moyenne des écoles), le

nombre d’enseignants variait de 40 à 70.

Lorsqu'on compare les résultats des étudiants avec le ratio étudiants-enseignant, l'analyse

indique qu'il n'y a pas de relation forte et robuste entre la performance des étudiants et les

dépenses scolaires en termes d'enseignants, cela même après avoir pris en considération le niveau

d'entrée11 des étudiants. Ce qui semble suggérer qu’un déploiement plus rationnel des enseignants

pourrait apporter plus d'efficience dans le système éducatif (graphique 7).

11

Les apprenants sont admis aux écoles secondaires sur la base de leur performance aux examens du fin de cycle primaire, ce qui a

entrainé un haut niveau de regroupement de écoles, c.à.d. des apprenants avec des capacités équivalentes sont regroupés au sein des mêmes écoles secondaires.

REE

Ecole

Graphique 6: Ratio Etudiants Enseignants

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Les perspectives envisagées

Dans un contexte de redevabilité fondée sur les résultats, les écoles financées des fonds

publics doivent être redevables aux étudiants, à leurs parents et au public en général pour la

performance de leurs étudiants. Cependant, on doit se défaire de la notion simpliste de classement

des écoles basé uniquement sur leurs résultats, car les écoles diffèrent des unes des autres puisque

leurs publics d'élèves ont des potentiels différents et sont issus des milieux familiaux différents. Il

est beaucoup plus légitime d'adopter le modèle de la valeur ajoutée en ce qui concerne l’efficacité

des écoles, un modèle qui a le potentiel d’améliorer la performance.

Aussi il convient de trouver un équilibre juste entre la redevabilité axée sur la réussite de

l'école et une plus grande autonomie de l’école basée sur l'octroi de plus de liberté et de

responsabilité aux chefs d'établissement.