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N° 164 – juin/août 2014 Plein Ouest 19 Financement : 6 solutions pour doper votre croissance FINANCEMENT DOSSIER Le recours à des outils de financements complémentaires ou alternatifs aux crédits bancaires va s’avérer de plus en plus nécessaire pour soutenir la croissance des entreprises. Le point sur les enjeux inhérents à cette nouvelle donne. Par Nelly Lambert « On assiste à un changement de modèle, une mutation » , constate Gérard Estival, président de Nantes Atlantique Place Financière (NAPF). De fait, le modèle du banquier interlocuteur unique de l’en- treprise pour répondre à ses besoins de financement a vécu. Conséquence directe de la crise financière de 2008, les contraintes réglementaires qui pèsent désormais sur les banques (Bâle III), vont réduire de manière pérenne le volume de crédits accordés aux entreprises. Nicolas Dumont, directeur Entreprises au Crédit Agricole Atlantique Vendée avertit : « nous sommes en train de mettre notre croissance économique dans une bulle : la réglementation conduira à mettre sous pression la croissance et lors de la reprise, les banques ne parviendront plus à accompagner l'ensemble des besoins © Fotolia Suite en page 20

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N° 164 – juin/août 2014 Plein Ouest 1918 Plein Ouest N° 164 – juin/août 2014

Financement : 6 solutions pour doper votre croissance

financement Dossier

Le recours à des outils de financements complémentaires ou alternatifs aux crédits bancaires va s’avérer de plus en plus nécessaire pour soutenir la croissance des entreprises. Le point sur les enjeux inhérents à cette nouvelle donne.

Par Nelly Lambert

« On assiste à un changement de modèle, une mutation », constate

Gérard Estival, président de Nantes Atlantique Place Financière (NAPF). De fait, le modèle du banquier interlocuteur unique de l’en-treprise pour répondre à ses besoins de financement a vécu. Conséquence directe de la crise financière de 2008, les contraintes réglementaires qui pèsent désormais sur les banques (Bâle III), vont réduire de manière pérenne le volume de crédits accordés aux entreprises. Nicolas Dumont, directeur Entreprises au Crédit Agricole Atlantique Vendée avertit : « nous sommes en train de mettre notre croissance économique dans une bulle : la réglementation conduira à mettre sous pression la croissance et lors de la reprise, les banques ne parviendront plus à accompagner l'ensemble des besoins

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de financement ». Dans une économie où près de 80 % du financement des sociétés, voire 90 % pour les PME, est de source bancaire, c’est un véritable bouleversement qui se profile. Pour les entreprises, cette révolu-tion implique de trouver de nouvelles solutions, si ce n’est déjà fait. Le mouvement de désintermédiation est désormais amorcé et, de l’avis de tous, il ne fera pas marche arrière : une part importante des financements obtenus se fera directement sur les marchés financiers, sans passer par un inter-médiaire bancaire.

Vers un financement désintermédiéManque ponctuel de trésorerie ? Volonté de développer un nouveau produit ? Désir de croissance externe ? Selon le besoin de l’entreprise, la réponse ne sera pas la même (voir l’encadré p. 21). Certains acteurs du financement désintermédié existent

depuis des années. C’est le cas des business angels et du capital inves-tissement, par exemple (lire p. 22 et 28). D’autres, en revanche, sont peu connus, comme le financement obliga-taire ou l’introduction en bourse (voir p. 30 et p. 31) qui s’ouvrent désormais aux PME et ETI ou les redécouvrent. Quant au crowdfunding, aujourd’hui très médiatisé mais encore limité (lire p. 26), il devrait, selon les experts, prendre de plus en plus de place dans les années à venir. Les solutions au désengagement des banques ne manquent donc pas. Mais les entreprises y trouveront-elles leur compte ? Pas certain. « Tous ces financements resteront plus chers que le financement bancaire, même avec une hausse du coût du crédit », assure Nicolas Dumont. Un point de vue partagé par Stanislas de Gastines, associé EY (ex-Ernst & Young). Selon lui « plus on est dans le financement du haut de bilan, plus on est proche d’un financement de type actionnarial,

plus le risque est élevé et donc plus les partenaires attendent une rémunéra-tion importante. »

Un manque de lisibilitéFaut-il en conclure que les entreprises vont forcément être les grandes per-dantes de cette nouvelle donne ? Du côté des banques, on reconnaît qu'« il faudra que la rentabilité de leurs pro-jets soit plus élevée pour permettre d’amortir une partie du surcoût de la dette », annonce Nicolas Dumont. Avec, à la clé, le risque d’un accès au crédit raréfié pour les clients avec les-quels les banques ont peu de relations ou qui ne leur apportent pas assez de liquidités.Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’à partir du moment où l’entreprise passe d’un interlocuteur unique – son banquier – à plusieurs, elle va être confrontée à la problématique de la visibilité, mais surtout de la lisibilité, de ces dispositifs, qu’ils soient publics (lire p. 25) ou privés. « On parle souvent à leur sujet d’un maquis », convient Jean-Marc Huilizen, vice-président de la CCI Nantes St-Nazaire en charge de ces questions. D’autant que l’on assiste à la montée en puissance d’une autre tendance : le co-financement. Les business angels travaillent avec les acteurs du capital investissement, les fonds publics avec les banques… c'est dans ce contexte, que les CCI des Pays de la Loire travaillent avec la Région et la place financière sur la publication, à l’automne, d’un por-tail d’information et d’orientation qui concernera l’ensemble des dispositifs régionaux. « Cet outil doit également permettre la mise en relation de l’entre-prise avec les financeurs ou un réseau d’accompagnement ».

Un besoin d’accompagnement renforcéCar, le second corolaire de cette nouvelle donne, c’est que, plus que jamais, il appartient aux entreprises de s’approprier les codes nécessaires pour s’adresser à des acteurs mécon-nus. Pour ne pas perdre de temps en démarchage inutile, déjà. Donc en visant directement les bons interlo-cuteurs. Pour Stanislas de Gastines, « il faut se poser deux questions pré-

alables à toute démarche : qu’est-ce que l’on veut financer ? Et à quel moment de la vie de l’entreprise se situe-t-on ? En fonction des réponses, le chef d’entreprise n’aura pas les mêmes partenaires, donc pas à faire face aux mêmes attentes, notamment en termes de rendement ou de délai de mise à disposition des financements. » Autre avantage de cette démarche : identifier les acteurs compétents pour répondre à ses besoins permet aussi de les mettre en concurrence, quand c’est possible.Pour tous ceux qui ne voudront ou ne pourront prendre le temps d’effec-tuer ce laborieux travail préalable, il va devenir impératif de se faire conseiller (lire l’encadré ci-dessous). D’ailleurs, nombre d’acteurs du financement désintermédié ont déjà intégré ce besoin d’accompagnement des entre-prises. Jean-Marc Huilizen constate sur ce volet « une tendance de fond ». Avec, à la clé, un avantage cette fois : « on voit bien que le taux de défaillance est plus faible quand les entreprises sont soutenues.» Un plus qui ne sera pas de trop dans la course au financement…

*pour les entreprises à fort potentiel

Zoom Un nouveau pôle dédié au financement des entreprises

Consciente du besoin des entreprises en matière de financement, et du problème de lisibilité des dispositifs existants, la CCI Nantes St-Nazaire cherche à informer, orienter et à faciliter la mise en relation avec les financeurs publics et privés, via des opérations collectives, du type Start West (évènement annuel destiné à faire se rencontrer porteurs de projets innovants et financeurs), mais aussi individuelles.

Un pôle Financement Entreprises a ainsi été mis en place au printemps dans les locaux nantais de la CCI. Il réunit, sur un même plateau, 4 acteurs régionaux : Nantes atlantique place financière (NAPF), la place de marché Enternext, Atlantique business angels booster (Abab) et la CCI 44.

financement

LES ACtEUrS dU FINANCEmENt déSINtErmédIé EN FoNCtIoN dES bESoINS dE L’ENtrEPrISE EN dévELoPPEmENttyPoLogIE dU bESoIN FINANCIEr

MOMENT DE LA VIE DE L'ENTREPRISE

Entreprise de moins de 3 ans en primo-développement

Jeune entreprise innovante Entreprise mature

besoin en trésorerie

Financements publics (BpiFrance)

Financements publics (BpiFrance)

Financements publics (BpiFrance)

Financement du développement

Business angels Business angelsFinancements publics (aides + BpiFrance)

Financements publics (aides + BpiFrance)

Financements publics (aides + BpiFrance)

Crowdfunding CrowdfundingCapital investissement Capital investissement Capital investissement

Bourse* Bourse*Projet innovant Business angels Business angels Financements publics

(aides + BpiFrance)Financements publics (aides+BpiFrance)

Financements publics (aides+BpiFrance)

Capital investissement

Crowdfunding Crowdfunding Bourse*Capital investissement Capital investissement

Bourse*Croissance externe

Capital investissement Capital investissement Capital investissementBourse* Financement obligataire

Bourse*développement à l'international

Financements publics (aides régionales + BpiFrance + Coface)

Financements publics (aides régionales + BpiFrance + Coface)

Financements publics (aides régionales + BpiFrance + Coface)

Capital investissement Capital investissement Capital investissementFinancement obligataire

transmission de l'entreprise

Capital investissement Capital investissement Capital investissementFinancement obligataire

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chiffre d'affaires, un volant de clientèle, etc. » Car, en dépit de leur nom, les business angels restent des investis-seurs, qui attendent un ROI.Pour les entrepreneurs ayant franchi toutes les étapes, ce type de finan-cement s'accompagne également de quelques contraintes. Outre le partage

I ls connaissent mieux que quiconque les rouages de

l'entrepreneuriat. Eux-mêmes chefs d'entreprise, en activité ou ayant longtemps tenu les rênes d'affaires prospères, les business angels sont bien placés pour aider leurs jeunes homologues sur ce terrain. Et ils ne s'en privent pas. Ils investissent ainsi une part de leurs deniers personnels dans le capital d'entreprises inno-vantes, à fort potentiel de croissance. Avec, en échange, une participation

minoritaire, limitée à 25 % du capital. Pour ces investisseurs, il s’agit d’in-tervenir en phase de « décollage », moment où les jeunes pousses sont le plus vulnérables. « Au stade de l'amor-çage, nous faisons le lien entre la love money, c’est-à-dire les fonds de départ apportés par des proches, amis, etc., et les financements des capital-risqueurs, qui arriveront plus tard, explique Didier Allain-Dupré, président d’Atlantic Business Angels Booster (Abab), réseau associatif régional de 70 membres. Toute la subtilité de notre mission consiste à assurer ce relais financier, tout en accompagnant l’en-trepreneur pour qu’il tienne bon durant cette phase difficile. »

Business Angels : des ailes données à l'innovationEn apportant moyens financiers, mais aussi conseils et réseaux, les business angels permettent aux entreprises innovantes d'enclencher la vitesse supérieure. Lumière sur l'action de ces « anges » de l'économie.Par Magali Le Clanche

Un volet accompagnement auquel tiennent ces investisseurs. « Un busi-ness angel aspire à transmettre son savoir au service de quelqu'un qui va également agir. » Selon le dirigeant d'Abab, la force des business angels réside aussi dans leur capacité à mobiliser les contacts et les aides de toute une communauté d’acteurs économiques.

Un filtre très sélectifUne dynamique collective à laquelle l'association Ouest Angels, regroupant 40 adhérents, est tout aussi attachée. Pour Charlotte Levenne, sa coordi-natrice, il est crucial de rassembler le maximum d'expertises. « Avec une cotisation faible et pas d'obligation d'investir, Ouest Angels constitue un réseau ouvert à tous ceux que l'entre-preneuriat intéresse, précise-t-elle. Plus nous sommes nombreux, plus nous pouvons apporter de compé-tences à l'entreprise et trouver des sources de financement parmi notre relationnel. » Une mobilisation forte, qui a sa caisse de résonance au niveau national. France Angels fédère ainsi 86 réseaux de ce type en France soit 4 200 business angels. En 2012, 40 M€ ont été investis dans 352 entreprises.Pour les entrepreneurs, les business angels constituent donc un précieux recours. Mais, pour y accéder, il faut savoir montrer patte blanche. Car le filtre est des plus sélectifs, comme l'atteste la « poignée » de candidats retenus. Chaque année, le réseau Abab soutient 3 à 4 dossiers sur les 70 reçus. En 2013, Ouest Angels n'a, de son côté, financé que 4 des 130 projets déposés. Par deal, chaque business angel investit entre 10 et 20 K€ en moyenne.Les postulants doivent donc identifier au mieux les arguments propres à séduire ces investisseurs potentiels. Le premier tient à la personnalité de

l'entrepreneur. Celui-ci doit convaincre qu'il est l'homme de la situation. Aptitude à manager des collabora-teurs, dynamisme, persévérance, capacité à anticiper... figurent parmi les nombreuses qualités attendues. « Aussi excellent soit-il, un projet mal mené échouera inéluctablement », commente Charlotte Levenne. Avant d'embarquer à bord de l'entre-prise, les investisseurs s'assurent aussi de la qualité de sa feuille de route. Car l'idée seule ne suffit pas. « Nous ne sommes pas des financiers et le regard que nous portons est avant tout celui de chefs d'entreprise, précise le pré-sident d'Abab. Nous examinons avec attention la qualité du business model et ses composantes, même les plus évidentes. Le porteur de projet doit avoir vérifié, par exemple, que son pro-duit ou service répond à des besoins précis sur le marché. » La capacité à porter le projet, en sachant commu-niquer autour, frapper aux bonnes portes, etc., est elle aussi évaluée.

Un coup de pouce pour avancer plus viteLe processus de sélection suit un par-cours très balisé. « Sur les 130 dossiers déposés l'an passé, nous en avions présélectionnés 60 pour une première présentation de 30 minutes devant un comité de sélection. A l'issue de ce comité, 14 entrepreneurs ont pu argu-menter leur projet, cette fois en réunion plénière », décrit Charlotte Levenne. Un « tri » qui est devenu, crise oblige, plus exigeant ces dernières années. « Jusqu'en 2012, 75 % de notre inves-tissement pouvaient être déduits de l'ISF contre 50 % aujourd'hui. Ce qui ne couvre plus le risque pris à l'amorçage, précise la coordinatrice d'Ouest Angels. C'est pourquoi nos choix s'orientent davantage vers des entreprises qui ont déjà un début de

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business angels de Bamboo. « Depuis janvier, j’apprécie le suivi de ces inves-tisseurs régionaux, qui sont un vrai soutien face aux différentes problé-matiques auxquelles sont confrontés les entrepreneurs. »

Zoom Quelques bénéficiaires des business angels dans l’ouest• KelBillet:reventedebilletsdetraind'occasion(OuestAngels)

• Atlanta:thérapieosseuse(OuestAngels)

•Qivivo:éco-innovation(Abab)•BiomedicalTissues:santé(Abab)• SurfactisTechnologies: traitementdessurfacesmétalliquesouminérales viaunemolécule innovante(Abab)

du capital, ils s'engagent à effectuer un reporting rigoureux de leur activité en fournissant aux investisseurs un certain nombre de ratios, chaque mois ou par trimestre, en fonction de l’activité. Mais ce sont d’abord des gains, que les « pépites » recueillent. En bonne position pour aller chercher des fonds - l'entrée dans le capital des très sélec-tifs business angels rassure les autres financeurs -, ces sociétés talentueuses avancent plus vite. C’est le cas de Productys Solutions, à Saint-Nazaire, qui édite des logiciels de gestion des données industrielles et qui a pu étendre son activité grâce à ces coups de pouce. « Afin de coller aux attentes de nos clients en temps de crise, nous souhaitions développer de nouveaux logiciels, ce qui impliquait, bien sûr, un investissement financier, mais aussi des embauches et la création d’une société en Tunisie. D’où l’importance d’accroître nos fonds propres pour pouvoir, notamment, obtenir des finan-cements à l’innovation », explique son dirigeant, Stéphane Crepet. Un vœu entendu avec l’entrée récente au capi-tal, parmi d’autres investisseurs, des

Les business angels apportent aussi leur réseau et leur expérience.

Charlotte Levenne, coordinatrice du réseau Ouest Angels.

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Prêt à taux zéro, avance rem-boursable… En termes de

financement aux entreprises, la boîte à outils des acteurs publics est régulière-ment enrichie de nouveaux dispositifs. Aujourd'hui, la base de données natio-nale recense 1 600 aides publiques aux entreprises, qu'elles soient finan-cières ou techniques ! Alors que les banques octroient prudemment les crédits, l'Etat et les collectivités locales comptent ainsi entretenir les capacités d'innovation et de croissance.Mais ce foisonnement d'aides est parfois pointé du doigt. Outre la crainte de voir les deniers publics soutenir certains dispositifs peu efficaces – les financements publics aux entreprises, en France, représentent 110 Md€ par an –, cette multitude d'outils est sou-vent perçue par le chef d'entreprise comme un épais maquis. D'autant que les intervenants dans ce domaine (collectivités, chambres consulaires, services de l’Etat, etc.) sont, eux aussi, nombreux. Plus d'un dirigeant renonce ainsi à se saisir d'aides, qui lui sont pourtant destinées.

Vers plus de clartéUne difficulté, dont les pouvoirs publics et leurs partenaires ont pris la mesure. S’appuyant sur une dynamique natio-nale, les CCI des Pays de la Loire, qui accompagnent et orientent déjà les entreprises via leurs conseillers, ren-forcent leur implication pour améliorer la visibilité et la lisibilité de ces aides à travers un portail d'information sur les financements publics et privés annoncé pour l'automne. Porté par divers acteurs tels que le Conseil régio-nal, la Fédération française bancaire, la place financière régionale et avec le soutien de fonds européens, cette

Le soutien des acteurs publics au développement des entreprises Les outils publics foisonnent, surtout ceux destinés à soutenir l’innovation. Mais ils manquent souvent de visibilité, voire de lisibilité. Une problématique dont les acteurs commencent heureusement à se saisir. Par Magali Le Clanche

plateforme web permettra notam-ment au chef d'entreprise, selon sa problématique (développer un pro-duit ou service innovant, trouver des marchés à l'international, renforcer sa trésorerie...), d'obtenir les premières informations sur les financements pos-sibles et surtout d'être orienté vers l'interlocuteur pertinent. Un outil utile aux TPE et PME réalisant un CA infé-rieur à 50 M€. Car nombre d'aides publiques les concernent, notamment si elles cherchent à se développer via un projet créateur d'emplois, une idée innovante, ou l’export.

2012, Bpifrance et le Conseil régional soutiennent les porteurs de projet via un dispositif unique : le Fonds Pays de la Loire Territoires d'Innovation. Outre des aides au lancement, une entreprise de moins de 2 000 personnes peut bénéficier d'une subvention (30 000 € en moyenne), lors de l’étude de fai-sabilité de son projet. Au stade du développement de l’innovation, cet accompagnement prend la forme d’une avance à taux zéro d’environ 200 000 €, remboursable en cas de succès ou de prêt à taux zéro pour l’innovation. « Chaque année, 300 entreprises de la région bénéficient de ces dispositifs », précise Patrick Baudry.

Recruter, une condition…A ces outils s’en ajoute un autre, tout nouveau : le prêt CCI Innovation. Porté par la CCI Pays de la Loire, en par-tenariat avec Bpifrance, ce fonds de 2,5 M€ permet d’accorder des prêts participatifs de 70 000 à 150 000 € aux PME régionales de plus de trois ans.

Pour Patrick Baudry, cette quête de clarté est une marque de fabrique locale. « Notre région dispose d’un bon maillage, souligne le délégué Innovation de Bpifrance Pays de la Loire. Dès qu'une entreprise entre en contact avec une structure membre du Réseau de développement de l'inno-vation, qu'il s'agisse de la Chambre de métiers, de la CCI, de Bpifrance, etc., elle est guidée vers ce qui est le plus profitable pour elle en termes de conseils et de financements. » Sur ce volet innovation, le choix a en effet été fait d'unir les forces. Depuis

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Grégory FlipoGérant de l’entreprise TMC Innovation et président du Réseau de Développement de l'Innovation (RDI), il a bénéficié de diverses aides publiques.

« Accepter de perdre un peu de temps »« En 2006, après avoir créé mon entreprise, je souhaitais recruter un jeune ingénieur qualité. Avec le Fonds régional pour l’innovation, qui prenait en charge 50 % de son salaire pendant un an, nous avons pu l’embaucher et mieux structurer nos démarches. Parmi d’autres soutiens, après une démarche Déclic, nous avons obtenu d’Oseo (devenu bpifrance, NdLr), en 2008, une avance de 60 000 € afin de développer un mât autonome solaire à led pour l’éclairage public. Techniquement abouti, ce produit a pourtant subi un échec commercial. Grâce à cette aide, remboursable uniquement en cas de succès, j’ai pu prendre des risques. Quand on met le doigt dans le réseau RDI, on se rend compte qu’il existe un réel accompagnement technique et financier à l'innovation. Il faut accepter de faire du tri entre les dispositifs, de perdre un peu de temps... Mais, à l’échelle d’une petite boîte, ces aides et conseils sont très intéressants. »

Son objectif ? Aider à mettre sur le marché un produit ou service innovant. Plus largement, les acteurs publics mettent volontiers la main à la poche, avec d’autres, quand l’entrepreneur fait rimer développement de l’entre-prise avec emploi. En témoigne, le dispositif AID (Atlantique initiative développement). Abondé par des financeurs publics et privés (CDC, Carene, EADS, STX, CIC, etc.), il aide les PMI locales de plus de deux ans à franchir un cap de croissance via un saut technologique, une innovation ou un développement à l’international, grâce à une avance remboursable sur deux à quatre ans (15 000 à 40 000€ à taux zéro) et la mise à disposition de compétences d’experts. Et ce, à condition d’effec-tuer au moins un recrutement. En 2013, une trentaine d’entreprises (Delta Meca, Coliwest, CEMI…) ont bénéficié d’AID. Une avance inté-ressante qui déclenche un effet de levier pour obtenir des financements bancaires. Parmi les dispositifs existants, enfin, on peut citer le prêt d’honneur croissance. Porté depuis 2012 par les plateformes

d’initiatives locales, ce fonds à 90 % public soutient les projets de déve-loppement des entreprises de plus de deux ans. Avec, là encore, l’obligation de recruter. L’ouverture d’un second établissement pour un restaurant, l’embauche de forces commerciales par une agence de communication et le recrutement de magasiniers par un vendeur de lunettes en ligne font partie des 11 projets aidés en 2013. « Nous ne finançons que les entre-prises en réelle croissance. Car plus les emprunteurs remboursent, plus nous sommes en capacité de prêter à d'autres, précise Pascal Jolly, directeur d'Initiative Nantes. Nous tenons aussi à ce que le porteur de projet béné-ficie d’un accompagnement par un parrain. » En 2014, la plateforme vise 25 projets financés.Plus qu’une tendance, cette inter-vention publique accrue auprès des entreprises, et aux côtés des banques, devrait s’inscrire dans le temps. Avec cette volonté des acteurs publics et privés de continuer à financer les projets de développement, tout en mutualisant les risques.

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pas de profil particulier d’entrepreneur, si ce n’est des personnes « capables de fédérer une communauté pour trouver leur financement ». Car tous les projets validés par la plateforme ont d’abord fait l’objet d’un vote du

Que dit la loi ?

depuis le 14 février, le crowdfunding bénéficie d’un nouveau cadre juridique. Il concerne les trois formes de financement participatif : le don (ou achat par anticipation), le prêt et la participation. Pour le don, le gouvernement n’a pas fixé de limite pour les montants de collecte et le nombre de donateurs reste également illimité. En revanche, le plafond des prêts rémunérés a été relevé à 1m€ pour un maximum de 1000 prêteurs, et surtout, ceux-ci sont désormais ouverts aux particuliers pour investir dans un projet d’entreprise ou d’autres particuliers.

Enfin, pour la participation (entrée au capital), il n’y a pas de formalité particulière jusqu’à 1m€. Au-delà, il faut remplir un document simplifié destiné à l’Autorité des marchés financiers (AmF). Par ailleurs, les SAS peuvent désormais présenter un projet d’investissement dans leur capital comme les SA. Le message gouvernemental est clair : que la France devienne un leader en matière de crowdfunding.

Prêter, est-ce risqué ?

Avec la nouvelle réglementation, les prêteurs sont dans un cadre plus sécurisé avec une limite à 1000 € par projet. La loi prévoit que les plateformes de crowdfunding jouent la transparence sur les frais, les projets n’aboutissant pas et qu’elles proposent un outil pour aider le prêteur à faire son choix, selon ses moyens. Les plateformes seront à terme labellisées par l'AmF et l’Autorité de contrôle prudentiel sur le respect de la réglementation.

Quelles limites ?

Il ne faut pas compter financer un projet dans sa totalité via le crowdfunding, c’est surtout un pied à l’étrier.

Crowdfunding : des gouttes d’eau qui font de grandes rivièresDe plus en plus d’entrepreneurs font appel au financement participatif pour se lancer ou développer leur activité. Zoom sur un phénomène qui prend de l’ampleur et qui est aujourd’hui clairement encouragé par l’État.Par Véronique Couzinou

« Le crowdfunding ? Je le conseille à tous les porteurs de projets »,

lance Dominic Quirke, qui a ouvert son restaurant à Nantes, Pickles, début 2014. « J’ai cru que ce serait une perte de temps, mais ça m’a permis d’affiner mon projet pour le présenter ensuite aux banques. Ça collait aussi avec ma vision : je voulais travailler avec des éleveurs et producteurs locaux, j’avais besoin d’eux pour me lancer, et recevoir 6 500 € de 65 donateurs via la plate-forme KissKiss BankBank a été un énorme encouragement ». Dominic a même dépassé son objectif de 5 000 €. Même bonne surprise pour la librairie L’Embarcadère, à Saint-Nazaire, qui a pu commencer à acheter son stock grâce aux 5 000 € collectés sur Ulule alors qu’elle n’espérait que 3 000 €. Des projets comme ceux-là, il en existe des dizaines en Loire-Atlantique, visibles sur des plateformes généra-listes ou spécialistes comme My Major Company, pionnier en la matière, qui a aussi lancé avec le réseau d’appui aux entrepreneurs BGE une plateforme spécialement dédiée aux entrepre-neurs : Notrepetiteentreprise.com. Le don est sans doute la forme la plus connue du financement participatif, parmi les trois existantes (lire l’enca-dré). Les levées vont de quelques milliers à quelques centaines de milliers d’euros. Avec un principe simple : le porteur de projet détermine la somme dont il a besoin et doit récolter les contributions dans un temps déter-miné. Si l’objectif n’est pas atteint, les contributeurs sont remboursés. Sinon, le projet est lancé. À son abou-tissement, chaque donateur reçoit une contrepartie en rapport avec le projet, un produit ou une invitation, par exemple. La plateforme prélève quant à elle entre 4 % et 10 % de frais

en moyenne. La commission peut aussi varier en fonction de la somme collectée.

Passer par-dessus la criseLorsqu’il évoque le crowdfunding, Thomas Derosne, créateur de la pla-teforme My New Startup à Nantes, fait d’emblée parler les chiffres : « En France, jusqu’en 2011, cela repré-sentait environ 7 M€ levés. En 2013, on était à près de 80 M€ et le secteur table pour 2014 entre 150 et 200 M€ levés, assure-t-il. C’est une vraie mou-vance, pas une mode ». En 2013, selon le Baromètre du crowdfunding en France*, 44 % des fonds levés ont servi au financement d’entreprises, et 21 % à des projets associatifs.Il faut dire que le financement partici-patif séduit par la diversité des projets et sa « philosophie » qui va au-delà du pur aspect comptable et économique. « Dans le contexte actuel, on a envie que notre argent soit utile et participer au financement d’un projet que l’on a choisi de défendre, cela donne du sens à l’épargne », poursuit Thomas Derosne.My New Startup est un bon exemple de financement participatif dédié à l’entrepreneuriat, avec une spécificité supplémentaire : la plateforme propose aussi bien des projets en don contre récompense (ou achat par anticipation) qu’une entrée au capital de sociétés non cotées. Dans le premier cas, on peut don-ner de 1 à 1 000 €, dans le second, c’est 1 000 € minimum, avec un tic-ket moyen à 10 000 €. Qui sont les financeurs? « Des particuliers ou des investisseurs, business angels, fonds régionaux ou nationaux », explique Thomas Derosne, qui ne sélectionne

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BANQUE POPULAIRE LANCE INNOV&PLUS : UN NOUVEAU CRÉDIT À L’INNOVATIONParce que nous sommes convaincus que l’innovation des entreprises est un levier majeur pour assurer le dynamisme de nos régions et favoriser la reprise économique, la Banque Populaire s’engage une nouvelle fois auprès des entrepreneurs. Après avoir mis à disposition des entreprises 7 milliards d’euros en 2013 pour financer 100 000 nouveaux projets, la Banque Populaire lance Innov&Plus pour permettre à nos entreprises de gagner toujours plus en compétitivité et de se développer.

www.innovetplus.banquepopulaire.fr

* Le présent financement bénéficie du soutien de l’Union européenne par le biais de l’Instrument de partage des risques (RSI) pour les PME et Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) orientées vers la recherche et l’innovation – compartiment dédié du mécanisme de financement avec partage des risques (RSFF).

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public (200 voix minimum) pour renforcer leurs chances de voir les souscriptions aboutir.

La qualité plutôt que la quantitéLes dossiers sont reçus en direct, via des incubateurs ou encore des cabinets d’avocats. Ils sont épluchés pour « s’as-surer que les personnes ont les compétences liées à leur activité et ne cherchent pas juste un carnet de chèques. On croit beaucoup au réseau et au lien créé entre porteurs de projets et investisseurs, d’où la notion de communauté que nous défendons », martèle le patron de la plateforme créée en 2013.

Une fois approuvé, le projet a trois mois pour atteindre son objectif de levée de fonds. La plateforme s’occupe de la communication et, dans le cas d’une entrée au capital, les projets sont suivis

par un collège d’investisseurs. « On a fait le choix de la qualité plutôt que la quantité de dossiers. L’intérêt est de voir les entreprises grandir et devenir pérennes ».Parmi les projets importants, il y a En Direct des Éleveurs, lancé par trois Gaec laitiers de Montbert qui veulent créer un circuit de vente court en rup-ture avec les modèles actuels. Leur ambition ? Que les consommateurs puissent acheter un lait local très qualitatif et pas plus cher, avec une traçabilité sans faille, mais aussi que les producteurs puissent gagner au moins 40 cts/l et que le packaging soit écologique : le lait sera proposé en poche, avec un système d’ouverture et fermeture et une poignée rigide. Les éleveurs ont besoin de lever entre 500 000 et 1M€ sur un projet global de 8M€. Une entrée au capital, des lots de lait en précommande ou des visites de la ferme à venir, ça vous dit ?

* Réalisé par Compinnov auprès de 36 plateformes, en avec l’association Financement Participatif France.

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locale et d’accompagner le déve-loppement des PME », assure Henri Guillermit. « Permettre, par exemple, à des entreprises de se transmettre au management en soutenant financière-ment les cadres, contribue à conserver les centres de décision en région », ajoute Jean-Philippe Dupont, membre du directoire de Sodero Gestion. « Nous investissons sur des hommes », confirme Laurent Benveniste, fondateur du réseau Fair qui a créé deux fonds dans l’Ouest : Fair Pays de la Loire (8 participations, 800 000 euros levés) et Fair West (6 participations, 1 M€). S’adosser à un capital investisseur peut en outre servir d’effet de levier, et ce, à plusieurs titres. « C’est une formule gagnant-gagnant, résume Alexandre Tremblin, directeur mid market de Siparex, à Nantes. D’un côté, nos objectifs de performance impliquent une forte sélectivité. De l’autre, les fonds apportés permettent aux entreprises d’exprimer leur poten-tiel de développement et de création de valeur ». Les prises de participa-tion de Siparex peuvent atteindre de

Le capital investissement : une option gagnant-gagnantFaire appel à des partenaires extérieurs pour financer un projet d’envergure peut présenter de multiples intérêts. Les entrepreneurs de Loire-Atlantique ont, de plus, la chance d’avoir l’embarras du choix en matière d’investisseurs. Par Fabienne Proux

En matière de capital investisse-ment, l’Ouest est plutôt bien doté.

Aux principaux acteurs du secteur, pour la plupart filiales de grandes banques (lire l’encadré p. 29), s’ajoutent des initiatives privées telles que Bamboo et Fair, mais aussi publiques, à l’instar du fonds régional de co-investissement Idee (19 entreprises soutenues pour 3,3 millions d’euros investis).Ce contexte concurrentiel, survenant alors que la demande reste atone, est à l’avantage des chefs d’entreprise : ils peuvent négocier les conditions financières (concernant la valorisa-tion de l'entreprise surtout) et choisir les partenaires avec lesquels s’asso-cier, ce qui est loin d’être anodin. De fait, « trouver un financement est une chose, accepter d’ouvrir son capital en est une autre, prévient Henri Guillermit, président de Ouest Croissance qui s’adresse aux PME-PMI en dévelop-pement. C’est une démarche qui ne coule pas de source ». Le suivi du dirigeant le temps de la durée de leur présence au capital (6 à 7 ans en moyenne) est notamment à prendre en compte. « Il faut accep-ter l’accompagnement personnel de l’un des associés de notre structure », prévient Alain Mustière, président de Bamboo. Chaque mois, le dirigeant communique les résultats de son entreprise à son « tuteur » et fait l’objet d’un suivi régulier lors des comités mensuels du fond (15 participations de 50 000 à 200 000 euros dans des entreprises locales en dix ans). Si les investisseurs cherchent bien entendu à faire une plus-value à la sortie et, dans certains cas, à béné-ficier de dispositifs de défiscalisation, il ne s’agit pas non plus seulement d’un deal financier. « Le fondement de notre métier est de soutenir l’économie

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Chaque mois, les associés de Bamboo se réunissent pour suivre le développement des entreprises dans lesquelles ils ont investi.

témoIgNAgE

Jean-Pascal Phélippeau Président du groupe Phélippeau

« Un partenaire financier était indispensable » Pourquoiavez-vousfaitappelà uncapitalinvestisseurpourréaliservotreprojetdethalassoduChâteau desTourellesàPornichet?Ce projet étant extrêmement capitalistique, nous avions besoin de partenaires pour le réaliser. Les investissements (27 millions

d’euros) concernaient tant la partie immobilière que mobilière, ainsi que toutes les phases de lancement. L’augmentation de capital a été de 5,5 M€.

Quelleestlapartdecapitaldétenu parOuestCroissanceetpourquoi avoirchoisicetinvestisseur?Ouest Croissance détient 24 % du capital. Nous le connaissions depuis sa participation lors d’un premier investissement réalisé à Bénodet en 1998. Finalement, le choix d’un capital investisseur est surtout une question de personne.

Quellessont,selonvous,lesavantagesetlesinconvénientsdecettesolution definancement?En intervenant au niveau du capital, le capital investisseur allège la dette de l’entreprise, renforce la partie fonds propres, ce qui donne plus de crédibilité pour lever de la dette auprès des banques classiques. Cela exige plus de rigueur dans l’information financière. Enfin, le capital investisseur permet d’avoir un regard extérieur et peut aider le dirigeant dans ses décisions stratégiques. L’inconvénient principal porte sur la dilution du capital. Au début, on le vit comme une contrainte, mais, au final, cela devient un avantage.

500 K€ à 15 M€ par opération, seul ou avec d’autres acteurs. La démarche est aussi un moyen de se différencier de ses concurrents. Pour Henri Guillermit, « l’intervention d’un investisseur tiers au capital conforte la crédibilité de l’entreprise et de son projet, ce qui renforce ses capacités de négociation avec ses fournisseurs et ses banques ». Enfin, l’accompagnement des sociétés de capital investissement a aussi des effets bénéfiques en termes de conseil et de réseau. Les dirigeants accom-pagnés par Siparex, par exemple, bénéficient de structures interrégio-nales tels que le club Siparex qui offre des opportunités d’affaires et le réseau Erail qui suit le développement des entreprises à l’étranger. Le capital investissement ne s’adresse-t-il qu’aux riches ? « Non, tient à rassurer Anne Jacquinet-Sulger, DG de Ouest Croissance. Il suffit d’avoir un vrai pro-jet de développement, quel que soit le secteur d’activité, et nous séduire ». Bamboo, qui n’a accepté que 3 dos-siers sur les 25 examinés en 2013,

Zoom Les principaux acteurs locaux • SoderoGestion(Caissed’ÉpargneBretagnePaysdelaLoire)

• OuestCroissance(BanquesPopulairesduGrandOuest)

• SynergieFinance (CréditmutuelArkea)

• CM-CICcapitalfinance(CIC)• Fondsprivés:BambooetFair• Fondspublic:Idee

indique « privilégier la diversité des interventions et le type d’entreprises pour répartir les risques ». Fair West, de son côté, cible des jeunes entreprises innovantes de moins de 5 ans ayant déjà réussi un premier tour de table. « Un bon dossier (avec un potentiel de rendement intéressant, NDLR) trou-vera toujours un financement », conclut Jean-Philippe Dupont.

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Le financement obligataire, une nouvelle voie ?L’émission d’obligations pour les PME-ETI cotées ou non cotées est récente, mais devrait se développer pour offrir aux entreprises une source de financement alternative. Témoignage du groupe immobilier Réalités, aujourd’hui précurseur.Par Véronique Couzinou

Entreprises à forte croissance : l’option boursePour les PME-ETI en forte croissance qui acceptent de jouer le jeu de la transparence, l’introduction en bourse constitue une alternative intéressante au capital investissement. Éclairage.Par Nelly Lambert

le dirigeant de Réalités. En deux ans, on a fait 87 % de croissance solide, et derrière les chiffres, ce sont des postes créés et des emplois pérennisés. »

Quels conseils ?« Oser !, encourage Yoann Joubert, et assumer, car il faut montrer que ça marche si l'on veut que ce type de financement ouvre la voie à un

Quel est l’intérêt ? « L’obligation est un produit financier non dilutif, sans ouverture de capi-tal pour l’entreprise, souligne Gérard Estival, président de Nantes Atlantique Place Financière pour le Grand Ouest. Sa maturité est beaucoup plus longue qu’un crédit bancaire classique qui est remboursable dès la première année. »

Quels avantages ?« L’obligation est une dette mais elle permet de voir venir quand les banques ne prêtent pas, ou pas assez, explique Yoann Joubert, dirigeant du groupe de promotion immobilière Réalités. Le groupe nantais est la première PME non cotée à avoir bouclé un emprunt obligataire IBO (offre au public) sur Alternext, plateforme de transactions du marché NYSE Euronext dédié aux PME. Pendant six ans, on ne rem-bourse que les intérêts et avec cet emprunt, on peut financer le besoin en fonds de roulement et investir, faire croître l’entreprise et accumuler des fonds propres pour rembourser serei-nement la dette. »

Quels inconvénients ?« Mieux vaut avoir une certaine culture financière – mais ça s’apprend – et être bien entouré car il faut consacrer du temps à préparer son dossier, pré-vient Yoann Joubert. Les contraintes sont surtout organisationnelles et comptables parce qu’il faut une trans-parence absolue. Les coûts de gestion et les intérêts sont plus élevés que pour un prêt bancaire, mais ça ne me choque pas de payer 8 ou 9 % d’inté-rêts, c’est le prix du risque. »

Quel bilan ?« Contracter un emprunt obligataire a été un accélérateur de consolidation et de savoir-faire de l’entreprise, analyse

ZoomLes différentes formules du financement obligataire

• L’IBO (Initial bond offer) est une émission obligataire par offre au public permettant à une entreprise de solliciter investisseurs institutionnels comme particuliers. Elle a été introduite en 2012 par NySE Euronext.

• L’émissionparplacementprivé, elle, ne s’adresse qu’aux investisseurs institutionnels et qualifiés et existe depuis plus longtemps. Son cadre juridique est plus souple et les taux d’intérêts moins élevés ; elle s’adresse plutôt aux entreprises qui souhaitent lever un capital plus conséquent (90 m€ en moyenne).

• Lesfondscommunsdeplacement,comme micado, lancé par la société d’investissement nantaise Portzamparc gestion, pour les PmE-EtI cotées de taille moyenne. 14 entreprises (manitou, vm matériaux, Lafuma SA.…) ont pu en bénéficier et lever entre 3 et 7 m€ entre juillet 2012 et janvier 2013.

• NantesAtlantiquePlaceFinancière,avec la région Pays de la Loire, travaille à mettre en place un nouveau fonds privé inter-régions destinés aux EtI non cotées.

vrai modèle de financement alternatif. L’intérêt, c’est que l’on peut s’adresser aussi bien à des fonds institutionnels, de type banques ou assurances, qu’à des investisseurs particuliers avertis ou des entreprises qui ont de la trésorerie et peuvent ainsi contribuer à financer la croissance d’autres entreprises. On n’est pas dans la finance abstraite mais bien dans l’économie réelle ! »

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Yoann Joubert, dirigeant du groupe Réalités, première PME non cotée à bénéficier d’un financement obligataire IBO sur Alternext.

« Toute entreprise n’a pas voca-tion à être cotée », prévient

d’emblée Eric Forest, PDG d’Enter-next, filiale du groupe Euronext dédiée à la promotion et au développement des marchés boursiers propres aux PME-ETI. « Une entreprise très rentable mais qui connaît une faible croissance ne sera pas très attrayante, précise Damien Rahier, DG de la société de bourse nantaise Portzamparc. Le mar-ché n’exige pas forcément un gros chiffre d’affaires, mais plus on est petit, plus on doit prouver qu’on peut le doubler rapidement. » Sur ce créneau, les entreprises technologiques ont un avantage certain, à condition de ne pas être trop précurseurs. Solution alternative au capital inves-tissement pour renforcer ses fonds propres, retrouver un levier sur sa dette et financer sa croissance, l’introduction en bourse a d’autres attraits : « Pour une entreprise familiale qui travaille sur sa transmission, elle permet de gérer une problématique de liquidités, sur la base d’une valorisation incontestable », ajoute Stéphane Laskart, responsable du développement commercial PME-ETI chez Enternext.

Quel que soit leur secteur d’activité, les sociétés qui se lancent ont au moins quatre à cinq ans au compteur et sont souvent passées par plusieurs tours de table : business angels, fonds d’investissement, Bpifrance. Dans tous les cas, « il faut avoir une histoire à raconter aux investisseurs, s’inscrire dans une dynamique de croissance », précise Eric Forest.

Dépasser certains freinsEt, généralement, avoir dépassé cer-tains freins, réels ou non : « Certains dirigeants craignent la pression sur le résultat à court terme. Ce qui est sans doute vrai pour les grands groupes l’est beaucoup moins pour des PME-ETI : l’actionnariat reste en général majoritairement familial », souligne Damien Rahier.Les experts sont en tout cas unanimes sur les retombées en termes de noto-riété et de crédibilité, vis-à-vis de ses clients, de ses fournisseurs, de ses (futurs) salariés, mais également de ses banques. « Une telle démarche oblige aussi à se structurer : souvent, c’est l’étape où l’on recrute un directeur

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Dans l’Ouest, les entreprises sont peu nombreuses à se lancer dans l’aventure boursière. Exception récente : le promoteur nantais Réalités sur Alternext Paris.

financier, observe Damien Rahier. La bourse implique des contraintes, mais pour le pilotage de l’entreprise, c’est un avantage ».La dimension financière est en effet une donnée non négligeable, l’opéra-tion exigeant une transparence totale qui peut, à juste titre, faire peur. « Le processus n’est pas neutre sur la vie de l’entreprise et demande un renfor-cement assez lourd de l’organisation interne sur le plan financier et juri-dique », résume Stanislas de Gastines, associé du cabinet EY (ex- Ernst & Young). Avec, à la clé, un coût : « entre 5 et 8 % des fonds levés, en fonction du montant. Il dépend aussi de la communication financière (bandeaux publicitaires, spots radio…) », détaille Damien Rahier. Autre donnée à considérer : le coût homme. Dans les six mois qui pré-cèdent l’obtention du visa de l’AMF, le directeur financier est certes en pre-mière ligne, mais le chef d’entreprise se voit lui aussi mobilisé : « Le dernier mois, il va y consacrer 80 % de son temps, prévient le DG de Portzamparc. On ne prévoit donc pas une introduc-tion à n’importe quel moment ! »

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