l’activitÉ agricole et la protection du bois d’Œuvre …

15
76 AKAMBA Bekono JC et al : L’activité agricole et la protection du bois d’œuvre dans la forêt... L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE DANS LA FORÊT COMMUNAUTAIRE D’EFOULAN (SUD-CAMEROUN) AKAMBA Bekono Judith Cynthia: Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines Université de Yaoundé I / [email protected], ABOSSOLO Samuel Aimé: Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines Université de Yaoundé I / [email protected], ATEBA François René: Institut Universitaire Technologique de Mbalmayo Université de Yaoundé I / [email protected], MENGUE Mbom Alex: Ecole Normale Supérieure de Yaoundé Université de Yaoundé I / [email protected], BAMA Mendoua Emmanuel B: Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines Université de Yaoundé I / bamamendouaemmanuel@yahoo. RÉSUMÉ Le besoin de se nourrir dû à une démographie grandissante, entraîne une transformation progressive des espaces naturels, et par conséquent affecte les espaces forestiers protégés. Les pratiques agricoles fragilisent la forêt communautaire d’Efoulan (FCE) à travers la disparition progressive du bois d’œuvre. L’objectif de l’étude est de montrer l’impact de l’usage des techniques agricoles sur la protection du bois d’œuvre dans la FCE. Pour cela, une analyse des différentes techniques agricoles et de leur usage a été faite. Celle-ci est fonction des types d’agriculture, des pratiques culturales et de la taille des parcelles. Les données recueillies sur le terrain et leur traitement à travers le test de Khi carré ont facilité la mise relation des techniques agricoles et la protection du bois d’œuvre dans ladite forêt communautaire. Les résultats obtenus montrent que l’activité agricole via les techniques agricoles a un impact significatif sur la disparition du bois d’œuvre dans notre zone d’étude. Mots-clés: Techniques agricoles, forêt communautaire, protection du bois d’œuvre, Efoulan (Sud-Cameroun) ABSTRACT The need to feed due to a growing population, leads to a gradual transformation of natural areas, and therefore affect the protected forest areas. Agricultural practices are weakening the community forest of Efoulan (FCE) through the gradual disappearance of the timber. The objective of the study is to show the impact of the use of agricultural technics on the protection of the timber in the FCE. To do this, an analysis of the different farming technics and their use was made. It is based on types of agriculture, farming practices and the size of the plots. Data collected on the ground and their treatment through the Chi-square test have facilitated implementation relationship of agricultural technics and the protection of the timber in the said community forest. The results obtained show that agri- cultural activity to agricultural technics has a significant impact on the disappearance of lumber in our study area. Keywords: Agricultural technics, protection of wood making, community forest, Efoulan (South Cameroon).

Upload: others

Post on 21-Jun-2022

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

76 AKAMBA Bekono JC et al : L’activité agricole et la protection du bois d’œuvre dans la forêt...

L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE DANS LA FORÊT COMMUNAUTAIRE D’EFOULAN (SUD-CAMEROUN)

AKAMBA Bekono Judith Cynthia: Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines Université de Yaoundé I / [email protected],

ABOSSOLO Samuel Aimé: Faculté des Arts, Lettres et Sciences HumainesUniversité de Yaoundé I / [email protected],

ATEBA François René: Institut Universitaire Technologique de Mbalmayo Université de Yaoundé I / [email protected],

MENGUE Mbom Alex: Ecole Normale Supérieure de Yaoundé Université de Yaoundé I / [email protected],

BAMA Mendoua Emmanuel B: Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines Université de Yaoundé I / bamamendouaemmanuel@yahoo.

RÉSUMÉLe besoin de se nourrir dû à une démographie grandissante, entraîne une transformation progressive des espaces naturels, et

par conséquent affecte les espaces forestiers protégés. Les pratiques agricoles fragilisent la forêt communautaire d’Efoulan (FCE) à travers la disparition progressive du bois d’œuvre. L’objectif de l’étude est de montrer l’impact de l’usage des techniques agricoles sur la protection du bois d’œuvre dans la FCE. Pour cela, une analyse des différentes techniques agricoles et de leur usage a été faite. Celle-ci est fonction des types d’agriculture, des pratiques culturales et de la taille des parcelles. Les données recueillies sur le terrain et leur traitement à travers le test de Khi carré ont facilité la mise relation des techniques agricoles et la protection du bois d’œuvre dans ladite forêt communautaire. Les résultats obtenus montrent que l’activité agricole via les techniques agricoles a un impact significatif sur la disparition du bois d’œuvre dans notre zone d’étude.

Mots-clés: Techniques agricoles, forêt communautaire, protection du bois d’œuvre, Efoulan (Sud-Cameroun)

ABSTRACTThe need to feed due to a growing population, leads to a gradual transformation of natural areas, and therefore affect the protected

forest areas. Agricultural practices are weakening the community forest of Efoulan (FCE) through the gradual disappearance of the timber. The objective of the study is to show the impact of the use of agricultural technics on the protection of the timber in the FCE. To do this, an analysis of the different farming technics and their use was made. It is based on types of agriculture, farming practices and the size of the plots. Data collected on the ground and their treatment through the Chi-square test have facilitated implementation relationship of agricultural technics and the protection of the timber in the said community forest. The results obtained show that agri-cultural activity to agricultural technics has a significant impact on the disappearance of lumber in our study area.

Keywords: Agricultural technics, protection of wood making, community forest, Efoulan (South Cameroon).

Page 2: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

© (EDUCI) 2018 Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n°1, 2018 77

INTRODUCTIONLe secteur agricole occupe près de 60% de la population active (Awoumou, 2006, cité par Kwidja R.

2001, p 7). Au Cameroun, l’agriculture connaît un grand essor et contribue à environ 20% du produit intérieur brut (PIB) national (Megevand C. 2013, p 78). Importante source de revenus, cette activité est adoptée par certaines populations urbaines et en majorité par la population rurale présente dans les communes. Ainsi, 95% de nos communes dépendent encore de l’agriculture comme pourvoyeur d’emplois et principale source génératrice de revenu pour leurs citoyens (Kwidja R. 2001, p 7).

L’agriculture est la principale activité dans les villages de la FCE. Dans cette zone, la priorité est réservée à l’agriculture vivrière puisqu’elle concourt à la satisfaction des besoins des populations. Selon Cerruti et al (2010) cité par Readiness Preparation Proposal (2012, p 20), elle occupe près de 80% des ménages. Elle cause de ce fait une diminution progressive des forêts. Ainsi l’échelle camerounaise, la superficie des forêts passe de 22 116,475 ha en 2000, de 21 016,475 ha en 2005 et en 2010, de 19 916,475 ha (FAO, 2014, p 9).

L’activité agricole suppose généralement un impact sur la forêt qu’elle soit protégée ou non. Cet impact n’a de sens que si l’on considère les effets de l’activité agricole sur le bois d’œuvre. Dès lors comment l’activité agricole contribue-t-elle à la disparition du bois d’œuvre ? L’essentiel de notre recherche qui s’arti-culera autour des points suivants : les types d’agriculture, les pratiques culturales, la taille des parcelles et espaces totaux occupés par l’activité agricole et les différentes techniques agricoles ainsi que l’analyse de la densité des essences de bois d’œuvre et par diamètre et l’évolution de l’agriculture dans les différents secteurs de la FCE.

1. PRÉSENTATION DE LA ZONE D’ÉTUDE

La FCE est située à 20 km d’Ebolowa, sur l’axe Ebolowa-Lolodorf, dans le département de la Mvila, arrondissement d’Efoulan et précisément dans les groupements de Mekoto Jaman I et Mekoto Jaman II. Elle est sollicitée par le Groupe d’initiative commune pour le développement intégré de Mekoto Jaman I et Mekoto Jaman II (GIC DIMEJ I et II). Selon son Plan simple de Gestion (PSG), cette forêt communautaire est constituée des terroirs de 5 villages : Mvila Yevol, Mintom, Nko’o Adjap, Aloum Yemveng et Tchangué (figure 1). Ces terroirs représentent 5 secteurs d’exploitation forestière de Mvila Yevol à Tchangué. La FCE s’étend sur 3 500 ha selon l’attestation d’expertise de l’INC (Institut National de la Cartographie). La FCE a été créée le 29 mai 2003 à Nko’o Adjap par le GIC DIMEJ I et II. Celle-ci est régie par la loi numéro 92/006 et son décret d’application numéro 92/455 PM du 23 janvier 1992 (PSG de la FCE ).

Page 3: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

78 AKAMBA Bekono JC et al : L’activité agricole et la protection du bois d’œuvre dans la forêt...

Figure 1: Localisation de la zone d’étude

2. DONNÉES ET MÉTHODOLOGIE

2.1. DONNÉES

Les données utilisées pour ce travail sont qualitatives, quantitatives et cartographiques. Les données qualitatives proviennent des lectures effectuées dans les bibliothèques. Les données quantitatives englobent les données forestières et agricoles collectées lors des enquêtes de terrain. Les données cartographiques proviennent des images Landsat 8. Les cartes réalisées ont pour source la carte du Cameroun au 1/50 000 obtenue à l’INC, le fond de carte de la FCE, les cartes Géotiff de l’INC et les MNT des zones de Kribi et d’Ebolowa.

2.2. MÉTHODOLOGIE

Dans le cas de notre étude, nous avons procédé à un échantillonnage en grappes stratifiées. Elle a été menée dans 3 villages (254 ménages) sur les 5 (347 ménages) que compte notre forêt communautaire. L’échantillon enquêté provient du troisième recensement de la population au Cameroun de 2005. Compte tenu de l’effet du plan d’échantillonnage (1,5) et de la marge d’erreur (0, 01), nous avons obtenu un échan-tillon est 150 ménages repartis ainsi qu’il suit : Aloum Yemveng (57), Mvila Yévol (35) et Tchangué (58).

Le traitement des données a été effectué sous l’action combinée des logiciels et opérations. Les données qualitatives ont été traitées par le logiciel Word 2007. Les données quantitatives ont été traitées par le logiciel Excel 2007. Dans Excel, on a fait entrer les données collectées sur le terrain en fonction des échantillons par village, des variables de notre étude et des numéros de questions du questionnaire. Ensuite, nous

Page 4: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

© (EDUCI) 2018 Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n°1, 2018 79

avons codifié chaque question afin de quantifier les données, les traiter et les analyser. Puis à travers le khi carré, nous avons calculé les fréquences et les pourcentages, et estimé la relation entre l’agriculture et la protection du bois d’œuvre.

Le Khi carré ou X² est le test de dépendance qui sert à mesurer la corrélation entre l’usage des techniques agricoles et protection du bois d’œuvre. Sa formule est :

X²=

n = effectif observé dans le cas

ni’= effectif théorique

n = effectif observé dans le cas et ni’= effectif théorique

DDL (degré de liberté) = (L - 1)*(C - 1) avec, L le nombre de modalités de la variable en lignes et C le nombre de modalités de la variable en colonnes. Dans notre étude chaque variable compte deux catégories (bonne / mauvaise et la réponse protection / destruction), d’où DDL = (2-1)*(2-1) = 1 * 1 = 1. Notre degré de liberté est donc 1.

Pour les données forestières, nous avons procédé au comptage des espèces préservées dans les champs de cultures de rente et de cultures vivrières de chaque village étudié. Ces espèces ont été regroupées en classes de diamètre allant de 40 à 80 cm. Le traitement des données issues des relevés botaniques s’est fait par la densité relative d’une espèce et classes par diamètre. Ces indicateurs ont permis de connaître les essences détruites et celles préservées dans un champ.

Les données cartographiques ont été traitées par les logiciels Adobe Illustrator CS6, Arc Gis 10.0, ENVI 4,7. Les données brutes du PSG de la FCE ont été scannées puis exportées dans Adobe Illustrator CS6 pour orthorectification. Celle-ci facilite le géoréférencement de la carte dans Arc Gis 10.0, améliore la visi-bilité et permet une bonne classification de l’occupation de la zone (ENVI 4,7). Laquelle renseignera sur le comportement des techniques agricoles et du bois d’œuvre de 2001 à 2015.

3. RÉSULTATS ET ANALYSE

3.1. TYPES D’AGRICULTURE RENCONTRES DANS LES VILLAGES DE LA FCE

3.1.1. Selon la période

Dans les villages de la FCE, on distingue (02) types d’agricultures : trimestrielle et saisonnière. L’agriculture trimestrielle représente un effectif très faible (01 ménage) à Tchangué et à Aloum Yemveng. Leur présence s’explique par le fait que certains agriculteurs veulent expérimenter certaines cultures pour les consommer trois mois après. Ce type d’agriculture assure la constance dans la production et consommation. Tel est le cas de la patate qui est la principale culture trimestrielle dans cette zone.

Page 5: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

80 AKAMBA Bekono JC et al : L’activité agricole et la protection du bois d’œuvre dans la forêt...

Tableau I : Les périodes de culture par village

Périodes de culture Mvila Yevol Tchangué Aloum Yemveng Total

Trimestrielle 0 1 1 2 0% 2% 2% 1%

Saisonnière 35 57 56 148100% 98% 98% 99%

Total 35 58 57 150100% 100% 100% 100%

Source : enquête de terrain, septembre 2014.

L’agriculture saisonnière est la plus en vue avec 99% de ménages. Elle est caractérisée par de vastes parcelles lors de la saison sèche (mars-avril) et de moyennes parcelles pendant la saison de pluies (août-septembre) par conséquent, les débris sont transportés vers les bordures du champ cette période.

3.1.2. Selon le mode

Dans les villages de la FCE, l’activité agricole est dominée par deux types d’agriculture : la polyculture et la monoculture.

La monoculture est généralement pratiquée par les GICs. Mais ici, elle est pratiquée par des élites ou des fonctionnaires. Ceci traduit son faible pourcentage (2%) (Figure 2). Les cultures pratiquées en monoculture sont : du maïs, du manioc et du plantain. Ce type d’agriculture est rentable en quantité et en qualité (photo 1).

Photo 1: Champ de maïs à Tchangué

Source : septembre 2014. Cliché Akamba Bekono.

Page 6: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

© (EDUCI) 2018 Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n°1, 2018 81

Figure 2: Les proportions des types d’agriculture

Source : enquête de terrain, septembre 2014.

La polyculture est un savoir-faire qui se transmet de génération en génération. Ici, c’est le type d’agri-culture par excellence des populations, car elle est pratiquée par 98% des ménages enquêtés (photo 2). Cela dans le but de diversifier la production agricole et la maximiser dans des portions de terre réduites. Elle est caractérisée par une compétitivité des cultures et contribue à une exploitation intensive du sol, un appauvrissement des parcelles, et la diversité dans la production.

Photo 2: Champ de polyculture à Mvila

Source : Akamba Bekono, septembre 2014.

Page 7: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

82 AKAMBA Bekono JC et al : L’activité agricole et la protection du bois d’œuvre dans la forêt...

3.1.2. Selon la culture

La zone d’Efoulan est dominée par les cultures vivrières, les cultures de rente.

Figure 3 : La répartition du type de cultures

Source : enquête de terrain, septembre 2014.

La figure 3 montre que les cultures vivrières sont les importantes. Essentiellement orientées vers la subsistance, elles représentent 71% de la répartition totale des cultures (100%). La forte production de ces denrées alimentaires enregistrée dans les villages enquêtés permet de satisfaire les besoins alimentaires grandissants de la ville d’Ebolowa.

Les cultures de rente sont généralement destinées à la commercialisation. Elles sont plus concentrées dans la cacaoculture, bien que l’on enregistre aussi certaines palmeraies (Tchangué et Mvila Yevol) et des plantations de banane plantain. La cacaoculture est pratiquée sur de vastes surfaces. Toutefois, d’autres cultures peuvent être considérées comme cultures de rente (manioc, maïs, macabo), mais cette dernière catégorie de cultures est un mode de culture réservé à des personnes qui optent soit de les vendre à des sociétés (les Brasseries pour les cultures de maïs) ou à des petits détaillants (revendeuses).

Cependant, l’on constate que malgré les avantages et les difficultés que rencontrent la plupart des agri-culteurs, certains réussissent à faire les deux types. Ils résultent de l’association des anciennes plantations de cacao héritées des parents aux cultures vivrières.

3.2. LA TAILLE DES PARCELLES CULTIVÉES

Elle est un facteur déterminant dans la protection du bois d’œuvre. Le tableau II montre la répartition de taille des parcelles cultivées dans les différents villages de notre zone d’étude.

Page 8: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

© (EDUCI) 2018 Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n°1, 2018 83

Tableau II: Répartition de la taille des parcelles selon les villages

Taille des parcelles cultivées Mvila Yévol Tchangué Aloum Yemveng Total

Grande (1 ha et plus)9 46 2 57

26% 79% 4% 38%

Moyenne (de 0,5 à 1 ha) 26 12 55 9374% 21% 96% 62%

Petite (moins de 0,5 ha) 0 0 0 00% 0% 0% 0%

Source : enquête de terrain, septembre 2014.

La taille de parcelle moyenne est la plus fréquente. En fonction des villages, nous avons les pourcentages suivants : Mvila Yevol 26 ménages (74%), d’Aloum Yemveng 55 ménages (96%) et Tchangué 12 ménages soient 21%. Cela est dû à l’absence de moyens d’où la prédominance de l’agriculture vivrière surtout à Mvila Yevol et à Aloum Yemveng.

Les grandes parcelles sont aussi présentes à Tchangué. Ici, c’est la taille de parcelle prédominante soit 79% (46 ménages). Cette préférence est due aux types d’agricultures et de cultures et aux propriétés du sol. Ce village est le plus développé en agriculture, des techniques utilisées et regroupe une population élevée synonyme de forte main d’œuvre.

À Mvila Yevol et à Aloum Yemveng), les grandes parcelles cultivées représentent respectivement 9 ménages (26%) et 2 ménages (4%). À Mvila, cela se justifie par la présence des champs de cultures de rente (palmier à huile et cacao) et par le fait que les populations cultivent dans les espaces dont les pro-priétés du sol sont diminuées suite à l’occupation constante de ces derniers. Alors qu’Aloum Yemveng, le pourcentage est très réduit, car les cultures sont essentiellement vivrières et les plantations de cultures de rente sont anciennes, mal entretenues et envahies peu à peu par les mauvaises herbes.

La taille occupée par les parcelles cultivées est un facteur important pour estimer l’espace total qu’occupe l’activité agricole dans la FCE. En fonction des villages enquêtés, voici les résultats obtenus dans le tableau III.

Tableau III: Espace total occupé par l’activité agricole dans la zone d’étude

Taille des parcelles Nombre de champs

Mvila Yevol

Nombre de champs Tchangué Nombre de

champsAloum Yemveng Total

Grande (1 ha et plus) 9 9 46 46 2 2 57Moyenne (0,5 à 1 ha) 26 13 12 6 55 27,5 46,5Petite (moins de 0,5 ha) 0 0 0 0 0 0 0Total 35 22 58 52 57 29,5 103,5

Source : enquête de terrain, septembre 2014.

D’après ce tableau, la taille totale occupée par l’activité agricole est de 103,5 ha. Ce chiffre se répartit comme suit : 22 hectares à Mvila Yevol, 52 hectares à Tchangué et 29,5 hectares à Aloum Yemveng. Cette répartition présente Tchangué comme le village le plus producteur et destructeur de la localité. Aussi, per-met-elle de déterminer la quantité de surfaces forestières converties en surfaces agricoles en deux ans par conséquent la destruction du bois d’œuvre contenu dans la FCE.

Page 9: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

84 AKAMBA Bekono JC et al : L’activité agricole et la protection du bois d’œuvre dans la forêt...

3.3. LES TECHNIQUES AGRICOLES

Elles sont utilisées par les agriculteurs dans le but de faciliter l’utilisation de la terre. Le choix d’une technique par les agriculteurs est fonction des cultures et des moyens qu’ils disposent. Ici, plusieurs tech-niques agricoles sont pratiquées pour améliorer la rentabilité de la production tels que: le brûlis, la rotation des cultures et la jachère.

Figure 4 : Les types de techniques agricoles Source : enquête de terrain, septembre 2014.

Le brûlis est la technique agricole la plus utilisée dans cette zone, soit 87% des ménages (figure 4). Cela se justifie par la facilité qu’il procure aux agriculteurs; d’où les propos d’une agricultrice de Tchangué:

« le brûlis lorsqu’il est bien fait, limite les efforts lors du nettoyage d’un champ d’arachides ou de manioc, car retarde la poussée des herbes ».

La rotation des cultures permet aux paysans d’intensifier la production. Mais, pour faire suite à la forte population du village Tchangué, la rotation des cultures est très courte et très peu pratiquée (soit 6%), d’où la dégradation massive des sols et de la forêt (bois d’œuvre). Dans ce cas, la durée de la rotation est sou-mise à des contraintes structurelles, économiques, techniques, sociales, etc. Par conséquent, la rotation des terres ne peut être longue à cause de la croissance démographique importante.

La jachère consiste à laisser une surface cultivable au repos pendant une longue période (20 à 30 ans). Cette technique doit tenir compte des contraintes de croissance des peuplements forestiers des différentes strates. À cet effet, il est nécessaire d’attendre plusieurs décennies pour voir se reconstituer les peuplements. Dans notre zone d’étude, la jachère est une technique qui n’est pas beaucoup pratiquée. Elle représente seulement 7% de l’effectif total (tableau IV) ; ceci du fait de la croissance de la population.

Page 10: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

© (EDUCI) 2018 Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n°1, 2018 85

Tableau IV: Les techniques agricoles dans les villages enquêtés

Pratiques culturales Mvila Yévol Tchangué Aloum Yemveng Total

Jachère 2 7 2 116% 12% 4% 7%

Rotation des cultures 1 3 5 93% 5% 9% 6%

Agriculture sur brûlis 32 49 51 13291% 84% 89% 87%

Total 35 58 57 150100% 100% 100% 100%

Source : enquête de terrain, septembre 2014.

3.4. L’IMPACT DE L’USAGE DES TECHNIQUES AGRICOLES

Il s’agit d’exposer les résultats obtenus de l’usage des techniques agricoles sur la protection du bois d’œuvre dans la FCE.

Tableau V: Appréciation de la protection du bois d’œuvre en fonction de l’usage des techniques agricoles

Appréciations des techniques agricoles protection du bois d’œuvre TotalProtection DestructionBonne 2 13 15

1, 33% 8,66% 10%Mauvaise 0 135 145

0% 90% 90%Total 2 148 150

1,33% 98,66% 100%X² = 9,15 DDL 5%

Source : enquête sur le terrain, mars 2015.

D’après le tableau V, l’usage des techniques agricoles entraîne la destruction du bois d’œuvre. Le test de Khi - carré est de 9, 15 et le degré de liberté à 5% de signifiance c’est-à-dire qu’il y’a un rapport entre l’usage des techniques agricoles et la protection du bois d’œuvre. Cette destruction est visible via la densité par type et du diamètre des essences exploitées ainsi que la dynamique agricole.

3.4.1. La densité par type d’essence de bois d’œuvre

La densité relative permet d’estimer le nombre d’espèces recensées dans un champ. Elle est fonction des effectifs de chaque essence et concerne à la fois les champs de cultures vivrières et de cultures de rente.

Densité des essences dans les champs de cultures vivrières

Tableau VI : Densité dans les champs de cultures vivrières

Densité des essences dans les champs de cultures vivrièresNom local de l’essence Nom commercial de l’essence Mvila Yévol Aloum Yemveng TchanguéAbang Iroko 12,50 10 11, 11Abing Essia 12,50 - -Adjap Moabi 12,50 20 11, 11Akom Fraké - - 11, 11

Page 11: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

86 AKAMBA Bekono JC et al : L’activité agricole et la protection du bois d’œuvre dans la forêt...

Assié Sapeli - 20 22, 22Atui Dabéma 12,50 - -Ayous Ayous 25 20 11, 11Doum Fromager 37,50 20 33,33Ekouk Emien - 10 -

La densité des essences de bois d’œuvre rencontrées dans les champs vivriers dans les villages de la FCE permet de constater que dans les 03 champs vivriers, les essences de bois d’œuvre varient d’une parcelle à une autre. Ainsi, l’essence la plus protégée est le doum (Ceiba Micranthan) avec une densité importante dans toutes les 3 parcelles ; car sa présence dans un champ rassure de sa fertilité. Il est suivi de l’Ayous (Triplochiton Scleroxylon), car, grossit rapidement et sert de refuge aux chenilles.

Densité des essences dans les champs de culture de rente

Tableau VII : Densité des essences dans les champs de culture de rente

Densité des essences dans les champs de cultures de rente

Nom local de l’essence Nom commercial de l’essence Mvila Yévol Aloum Yemveng Tchangué

Abang Iroko - 9,09 6,25Abing Essia 5,88 9,09 -Adjap Moabi 5,88 - 6,25Elon Tali 5,88 9,09 6,25Akom Fraké 17,64 - 12,5Ando’o Manguier sauvage - - 12,5Assam Rikio 11,76 9,09 -Eyen Movingui 5,88 - -Ebebeng Ebebeng 11,76 13,63Ekom - - - 18,75Assié Sapeli - 9,09 6,25Atui Dabéma 11,76 - -Ayous Ayous 11,76 13,63 6,25Doum Fromager 11,76 13,63 18,75Ekouk Emien - 4,54 -

Source : enquête de terrain, mars 2015.

D’après le tableau VII, le doum est l’essence la plus rencontrée et la plus protégée avec des densités élevées dans toutes les trois parcelles. Puis l’ayous pour sa qualité de bois. Les plus vulnérables sont celles ayant des densités très faibles comme l’assié, l’eyen, l’elon et l’abin car elles sont fortement exploitées dans les trois villages.

3.4.2. La densité par diamètre d’essence

Elle concerne l’évaluation de la diminution de certaines d’espèces en fonction de leur diamètre dans les champs de cultures de rente et dans les champs vivriers.

Densité des diamètres des essences dans les champs de cultures rente

Dans les champs de cultures rente, la densité des essences de bois d’œuvre est plus grande comparée aux champs de cultures vivrières. Ici, les essences de bois préservés ont un diamètre qui varie de 40 à 80 cm.

Page 12: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

© (EDUCI) 2018 Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n°1, 2018 87

Figure 5 : La densité relative des diamètres des essences dans les champs de cultures rente

Source : enquête de terrain, mars 2015.

La figure 5 présente la répartition en diamètre des essences de bois d’œuvre dans les champs de cultures vivrières en fonction du bois d’œuvre utilisé. La classe de diamètre 40-50 cm dans les différents villages est importante. Elle est représentée avec un effectif de 5 pieds dans les villages de Mvila Yévol et de Tchangué et de 6 pieds à Aloum Yemveng. Cette classe est importante car se sont des essences héritées des parents.

Dans les classes de diamètre 50-60 cm et 60-70 cm, le village Tchangué a le plus petit effectif (4). Ceci parce que les agriculteurs privilégient le bois d’œuvre de diamètre 60-70 cm, puisqu’ il est plus cher. Par contre à Mvila Yévol et Aloum Yemveng, le bois d’œuvre de diamètre 50-60 cm a un effectif de 5, car le bois d’œuvre de diamètre 60-70 cm se raréfie. À Mvila Yévol, les essences de bois d’œuvre de diamètre 60-70 cm ont un effectif de 3 suite à la forte destruction enregistrée à cause de la vente et de 4 Aloum Yemveng à cause de l’utilisation de ces essences pour la construction.

Densité des diamètres des essences dans les champs de cultures vivrières

Dans les champs vivriers, les diamètres sont grands puisque les arbres sont laissés en bordure de champs, pour faciliter l’orientation de l’arbre lors du sciage futur. Ces essences servent parfois de limite. Les essences d’arbres réduits sont abattues pour le bois de chauffe.

À Mvila Yévol, les essences de diamètre compris entre 60 et 70 cm sont les plus conservés parce qu’ils servent de reposoir aux agriculteurs. Ici, les diamètres de 50 à 60 cm ont un effectif de 2 et représentent les essences de bois laissées à l’intérieur des champs et les essences de diamètre de 70 à 80 cm sont celles que l’on retrouve en bordure de champs d’où leurs faibles effectifs.

À Aloum Yemveng, les essences de diamètres compris entre 50 à 60 cm sont les plus conservées (4). Les essences de diamètre 60 à 70 cm et celles de 70 à 80 cm ont chacune un effectif de 3. L’on remarque une fréquence dans la protection des essences de bois d’œuvre ayant une valeur commerciale importante.

À Tchangué, les essences de diamètre 50 et 60 cm et celles de 60 à 70 cm ont chacune un effectif de 3. Les essences de diamètre de 70 à 80 cm ont un effectif de 2, à cause de la difficulté de conserver ces

Page 13: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

88 AKAMBA Bekono JC et al : L’activité agricole et la protection du bois d’œuvre dans la forêt...

essences. Elles sont les moins protégées, car, malgré le fait qu’elles peuvent avoir une valeur élevée pour la vente, les essences de bois de ce diamètre possèdent parfois un creux qui limite le nombre de lattes ou de planches, par conséquent diminue la valeur commerciale de ces dernières.

Figure 6 : La densité relative des diamètres des essences les champs vivriers Source : enquête de terrain, mars 2015.

3.4.3. La dynamique agricole

La comparaison des images Landsat de 2001 et de 2015 permet d’apprécier l’évolution agricole dans les secteurs de la FCE. L’analyse poussée de ces dernières présente une grande augmentation des superficies agricoles au détriment des forêts. Ainsi, du point de vue de chaque secteur, la menace agricole vis-à-vis des forêts et du bois d’œuvre pendant cette période est observée.

Figure 7: Occupation du sol de la FCE par secteur en 2001 Source : Traitement des Images Landsat 2001.

Page 14: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

© (EDUCI) 2018 Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n°1, 2018 89

Figure 8 : Occupation du sol de la FCE par secteur en 2015 Source : Traitement des Images Landsat 2015, et enquête de terrain, mars 2015.

D’après les figures 7 et 8, entre 2001 et 2015, on observe des modifications de l’occupation du sol par secteur en 2001 et 2015, les proportions des classes des cultures, de jachère et des jeunes forêts ont nettement évolué. Les forêts adultes par contre ont diminué dans tous les secteurs. L’augmentation des superficies agricoles à travers la classe culture apparaît comme la principale conséquence des techniques agricoles sur la protection du bois d’œuvre. Les effets de la polyculture, de l’agriculture saisonnière et de l’agriculture sur brûlis sont tant de moteurs d’accélération de la réduction de la forêt et par conséquent du bois d’œuvre.

4. DISCUSSION

4.1. RÉSULTATS

La diminution de la durée de la jachère dans notre étude est une réalité. La durée de la jachère dans les villages de la FCE est de 3 ans maximum du fait de l’augmentation des effectifs des ménages et du manque d’espaces à cultiver. La durée de la jachère est vue comme un élément clé dans la protection de la forêt. C’est pourquoi elle est considérée comme une caractéristique de la déforestation par l’état des forêts d’Afrique centrale (FAO, 2007, p 84). Elle est donc un facteur important permettant de montrer la pression de la population sur les espaces forestiers.

L’utilisation des techniques agricoles est une entrave à la protection du bois d’œuvre. Dans notre zone d’étude, le brûlis est la technique agricole la plus utilisée. Étant donné que Collins P- Y, Jappiot M. et Mariel A (2001 p. 6) analysent la destruction des forêts méditerranéennes par l’incendie comme le besoin de convertir les forêts en terres agricoles, en vue de l’augmentation des surfaces à cultiver, il en ressort que le brûlis participe la destruction du bois d’œuvre. De plus, Dounias E. (2001, p.68) présente cette agriculture comme le mode d’exploitation des terres le plus répandu de la zone intertropicale soit 2. 500 millions d’hectares. Les villages de la FCE sont en majeure partie agricoles et la plupart des agriculteurs pour s’autoalimenter se consacrent à l’agriculture vivrière. Ce point de vue est partagé par le FIDA (2001, p.7) qui considère l’agriculture vivrière comme la principale activité des populations rurales vivant en zone forestière.

Page 15: L’ACTIVITÉ AGRICOLE ET LA PROTECTION DU BOIS D’ŒUVRE …

90 AKAMBA Bekono JC et al : L’activité agricole et la protection du bois d’œuvre dans la forêt...

4.2. MÉTHODOLOGIE

La méthodologie utilisée dans ce travail a eu des limites nous avons : l’échantillonnage, le dépouillement des données et l’application du test de Khi carré.

L’échantillon pour ce travail ne peut servir à faire des extensions, car nous n’avons pas procédé à un échantillonnage représentatif en fonction de la population des zones forestières du Cameroun. De plus, l’échantillonnage en grappes stratifiées utilisé n’a pas pris en compte tous les villages (05) de la FCE.

Les données de terrain n’ont pas été quantifiées. Ceci a compliqué le dépouillement puisque pour les quantifiées, il a fallu les attribuer des codes. Ceux-ci peuvent amplifier ou réduire l’impact des techniques agricoles sur la protection du bois d’œuvre dans la FCE.

La méthode de Khi-carré pour ce travail permet de montrer la relation entre les variables de notre sujet (techniques agricoles et protection du bois d’œuvre), mais ne permet pas de connaître le degré de relation qui existe entre elles, c’est-à-dire le niveau d’influence des conséquences des techniques agricoles sur la protection du bois d’œuvre.

CONCLUSION

En examinant les différents facteurs de l’activité agricole à savoir : les types d’agriculture, les pratiques culturales et les types de cultures, il est constaté que l’usage des techniques agricoles affecte la protection du bois d’œuvre. La taille des parcelles cultivées a suscité le besoin d’estimer l’espace total consacré à l’activité agricole dans une période de deux ans. Celle-ci est un facteur non négligeable dans la destruc-tion du bois d’œuvre de la FCE. Les caractéristiques de l’activité agricole que l’on rencontre dans notre zone d’étude permettent de mieux apprécier la destruction du bois caractérisée par la dynamique agricole observée dans la FCE.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUESCollins Pierre- Yves, Jappiot Marielle, Mariel Anne (coords.). (2001). « Protection des forêts contre l’incendie ». Cahier

nº 36, FAO, pp. 33-41. Dounias E., 2001. « La diversité des agricultures itinérantes sur brûlis » In Bahuchet Serge (coord.) ed. Les peuples

des forêts tropicales aujourd’hui, Bruxelles, APFT-ULB, 106p.FAO, 2014. Évaluation des ressources forestières mondiales 2015 - rapport national Cameroun, Rome, FAO, 104p.FAO, 2007. Situation des forêts du monde, Rome, FAO, 66p.FIDA, 2001. La gestion de l’environnement et des ressources naturelles - Une préoccupation croissante du FIDA,

FIDA, 24p.Kwidja Roger, 2001. Étude diagnostique du secteur de l’agriculture (communes de Bangangté, Mbouda et Nkongsamba

1er). PGL/OL. 70 pMegevand C., 2013. Dynamiques de déforestation dans le bassin du Congo, Banque Mondiale, 201p. Readiness Preparation Proposal- Cameroon, 2012, FCPF, ONU-REDD,144 p.