la metafísica de aristóteles en francés libro i

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RETOUR À L’ENTRÉE DU SITE TABLE DES MATIÈRES DE L'OEUVRE D'ARISTOTE TABLE DES MATIÈRES DE LA METAPHYSIQUE D'ATISTOTE ARISTOTE MÉTAPHYSIQUE LIVRE I notes du livre I INTRODUCTION - LIVRE II Traduction : Alexis PIERRON et Charles ZEVORT. Autres traductions : COUSIN, VICTOR livre I (BILINGUE) Barthélemy SAINT-HILAIRE : livre I (bilingue) LA MÉTAPHYSIQUE D’ARISTOTE.

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RETOUR LENTRE DU SITETABLE DES MATIRES DE L'OEUVRE D'ARISTOTETABLE DES MATIRES DE LA METAPHYSIQUE D'ATISTOTE

ARISTOTEMTAPHYSIQUELIVRE Inotes du livre IINTRODUCTION-LIVRE IITraduction : Alexis PIERRON et Charles ZEVORT.Autres traductions : COUSIN, VICTORlivreI (BILINGUE) Barthlemy SAINT-HILAIRE :livre I(bilingue)LA MTAPHYSIQUE DARISTOTE.Livre 1LA MTAPHYSIQUE DARISTOTE.LIVRE PREMIER.( .)SOMMAIRE DU LIVRE PREMIER.I. Nature de la science ; diffrence de la science et de lexprience. II. La philosophie soccupe surtout de la recherche des causes et des principes. III. Doctrines des anciens touchant les causes premires et les principes des choses. Thals, Anaximne, etc. Principe dcouvert par Anaxagore, lIntelligence. IV. De lAmour, principe de Parmnide et dHsiode. De lAmiti et de la Haine dEmpdocle. Empdocle a le premier reconnu quatre lments. De Leucippe et de Dmocrite qui ont donn le plein et le vide comme les causes de ltre et du non-tre. V. Des Pythagoriciens. Doctrine des nombres. Parmnide, Xnophane, Mlissus. VI. Platon. Ce quil a emprunt aux Pythagoriciens ; en quoi son systme diffre du leur. Rcapitulation. VII. Rfutation des opinions des anciens touchant les principes.

1[980a] [21] . ' ' , . [25] . ' .2. , , [980b] ' . [21] ,3 ( , [25] ' .4 , .5 ' .[981a] [1] , ' , , [5] ' .6 . ' , 7[10] ' ' , , , [] , .8 , [15] ( ' ' ,9 ' ' , [20] 10 , ' ' , ' )11' [25] , , ' ' .12 , ' [30] .13 , [981b] [1] ( ', , , 14 [5] ' ), .15 , , .16[10] ' ' ' , , .17 [15] ' ' , [20] .18 , , [25] .19 ' ' , 20, , [30] , , , . [982b] [1] , .Tous les hommes ont naturellement le dsir de savoir. Ce qui le tmoigne, cest le plaisir que nous causent les perceptions de nos sens. Elles nous plaisent par elles-mmes, indpendamment de leur utilit, surtout celles de la vue. En effet, non seulement lorsque nous sommes dans lintention dagir, mais alors mme que nous ne nous proposons aucun but pratique, nous prfrons, pour ainsi dire, la connaissance visible toutes les connaissances que nous donnent les autres sens. Cest quelle nous fait, mieux que toutes les autres, connatre les objets, et nous dcouvre un grand nombre de diffrences [01].Les animaux reoivent de la nature la facult de connatre par les sens. Mais cette connaissance, chez les uns, ne produit pas la mmoire ; elle la produit chez les autres. Aussi, les premiers sont-ils simplement intelligents : quant aux autres, ils sont plus capables dapprendre que ceux qui nont pas la facult de se souvenir. Lintelligence sans la capacit dapprendre, est le partage de ceux qui nont pas la facult dentendre les sons, par exemple labeille [02], et les autres espces danimaux qui peuvent tre dans le mme cas. La capacit dapprendre se trouve dans tous ceux qui runissent la mmoire le sens de loue [03]. Tandis que les autres animaux vivent ainsi rduits ou aux impressions sensibles [04], ou aux souvenirs, et ne slvent qu peine jusqu lexprience, le genre humain a, pour se conduire, lart et le raisonnement.Cest de la mmoire que pour les hommes provient lexprience. En effet, plusieurs souvenirs dune mme chose constituent une exprience. Or, lexprience ressemble presque, en apparence, la science et lart. C'est par lexprience que la science et lart font leurs progrs chez les hommes [05]. Lexprience, dit Polus [06], et avec raison, a cr lart ; linexprience marche laventure. Lart commence, lorsque, dun grand nombre de notions fournies par lexprience, se forme une seule conception gnrale qui sapplique tous les cas semblables. Savoir que tel remde a guri Callias attaqu de telle maladie, quil a produit le mme effet sur Socrate et sur plusieurs autres pris individuellement, cest de lexprience ; mais savoir que tel remde a guri toute la classe des malades atteints de telle maladie, les pituiteux, par exemple, ou les bilieux, ou les fivreux, cest de lart. Pour la pratique, lexprience ne semble pas diffrer de lart, et lon voit mme ceux qui nont que lexprience, atteindre mieux leur but que ceux qui ont la thorie sans lexprience. Cest que lexprience est la connaissance des choses particulires, et lart au contraire celle du gnral [07]. Or, tous les actes, tous les faits sont dans le particulier. Car ce nest pas lhomme que gurit le mdecin, sinon accidentellement, mais Callias ou Socrate, ou quelque autre individu qui se trouve appartenir au genre humain. Si donc quelquun possde la thorie sans lexprience, et que, connaissant le gnral, il ignore le particulier qui y est contenu, celui-l se trompera souvent dans le traitement de la maladie. En effet, ce quil sagit de gurir, cest lindividu. Toutefois, la connaissance et lintelligence, suivant lopinion commune, sont plutt le partage de lart que de lexprience, et les hommes dart passent pour tre plus sages que les hommes dexprience, car la sagesse, chez tous les hommes, est en raison du savoir. Et cest parce que les uns connaissent la cause, et que les autres lignorent. En effet, les hommes dexprience savent bien que telle chose est [08], mais ils ne savent pas pourquoi elle est [09] ; les hommes dart, au contraire connaissent le pourquoi [10], et la cause. Aussi bien pensons-nous que les chefs des ouvriers, de quelque travail quil sagisse, ont plus de droit nos respects que les manuvres ; quils ont plus de connaissances et quils sont plus savants, parce quils savent les causes de ce qui se fait ; tandis que les manuvres ressemblent ces tres inanims qui agissent, mais sans connaissance de leur action, le feu, par exemple, qui brle sans le savoir. Chez les tres anims, c'est une nature particulire qui produit chacune de ces actions ; chez les manuvres, c'est l'habitude. Ce qui donne la supriorit du savoir aux chefs des ouvriers, ce n'est pas leur habilet pratique, c'est qu'ils possdent la thorie et qu'ils connaissent les causes. Ajoutez que le caractre principal de la science, c'est de pouvoir se transmettre par l'enseignement. Aussi, dans l'opinion commune, l'art, plus que l'exprience, est de la science ; car les hommes d'art peuvent enseigner, et les hommes d'exprience ne le peuvent pas. D'ailleurs, aucune des notions sensibles n'est nos yeux le vrai savoir, bien qu'elles soient le fondement de la connaissance des choses particulires. Mais elles ne nous disent le pourquoi de rien : par exemple, elles apprennent que le feu est chaud, mais seulement qu'il est chaud.Ce n'est donc pas sans raison que celui qui le premier inventa un art quelconque au-dessus des vulgaires notions des sens, fut admir par les hommes ; non pas seulement cause de l'utilit de ses dcouvertes, mais cause de sa science, et parce qu'il tait suprieur aux autres. Les arts se multiplirent, les uns s'appliquant aux ncessits, les autres aux agrments de la vie ; mais toujours les inventeurs de ceux-ci furent regards comme suprieurs ceux des autres, parce que leur science n'avait pas l'utilit pour but. Tous les arts dont nous parlons taient invents, quand on dcouvrit ces sciences qui ne s'appliquent ni aux plaisirs, ni aux ncessits de la vie. Ce fut dans les lieux o les hommes pouvaient jouir du repos qu'elles naquirent d'abord. Les mathmatiques furent inventes en gypte, car, dans ce pays, on laissait un grand loisir la caste des prtres.Nous avons tabli dans la Morale [11], quelle diffrence il y a entre l'art, la science et les autres connaissances. Tout ce que nous voulons dire sur ce point maintenant, c'est que la science qu'on nomme Philosophie [12] est, suivant l'ide que l'on s'en forme gnralement, l'tude des premires causes et des principes.Ainsi, comme nous venons de le dire, l'homme d'exprience parait tre plus savant que celui qui n'a que des connaissances sensibles quelles qu'elles soient ; l'homme d'art l'est plus que l'homme d'exprience ; le manuvre le cde au chef des travaux, et la spculation est suprieure la pratique. Et il est bien vident que la Philosophie est une science qui s'occupe de certaines causes et de certains principes.

II

1 , ' [5] , . , ' .2 , ' [10] 3 , ( , )4 5 [15] , ' , , .6 [20] 7 ( , ,8 [25] ( ),9 ( , )10 ( , [30] ,11 ' ' ( ' , [982b] [1] ' ), ' ( ' ), ,12 [5] , ' , .13 [10] .14 ' , , , [15] , .15 ' ( )16' [20] , . .17 ' [25] , ' , , , .18 [30] , ' , ' ' .19 , [983b] [1] [2] . ' , , .20 [5] ' , , . ' , ' [10] .21 , ' .22 . , , , [ [15] ] ( , [20] .23 , , .Or, puisque cette science est l'objet de nos recherches, nous allons avoir examiner de quelles causes et de quels principes la philosophie est la science ; question qui s'claircira bien mieux si l'on examine les diverses ides que nous nous formons du philosophe. Et d'abord nous concevons le philosophe, surtout comme connaissant l'ensemble des choses, autant que cela est possible, mais sans avoir la science de chaque chose en particulier. Ensuite, celui qui peut arriver la connaissance de choses ardues, et que l'homme ne connat qu'avec de grandes difficults, ne le nommons-nous pas philosophe ? En effet, connatre par les sens est une facult commune tous ; cette connaissance, acquise sans effort, n'a donc rien de philosophique. Enfin, celui qui a les notions les plus rigoureuses des causes, et qui enseigne le mieux ces notions, celui-l est plus philosophe que tous les autres sur toute science. Et, parmi les sciences, celle laquelle on s'applique pour elle-mme, et dans le seul but de savoir, est plus philosophie que celle qu'on tudie cause de ses rsultats ; et celle qui domine les autres est plus philosophie que celle qui est subordonne quelque autre. Il ne faut pas que le philosophe reoive des lois, mais qu'il donne des lois ; il ne faut pas qu'il obisse un autre, c'est celui qui est moins philosophe lui obir.Telles sont en somme nos diverses manires de concevoir la philosophie et les philosophes : or, le philosophe qui possde parfaitement la science du gnral a ncessairement la science de toutes choses, car un tel homme sait en quelque sorte tout ce qui se trouve compris sous le gnral. Mais on peut dire aussi qu'il est trs difficile pour les hommes d'arriver aux connaissances les plus gnrales ; en effet, leurs objets sont bien plus loin de la porte des sens.Entre toutes les sciences, les plus rigoureuses sont celles qui sont le plus sciences de principes ; celles qui roulent sur un petit nombre de principes sont plus rigoureuses que celles dont l'objet est multiple : l'arithmtique, par exemple, l'est plus que la gomtrie. La science qui tudie les causes est celle qui peut le mieux enseigner ; car ceux-l enseignent, qui disent les causes de chaque chose. Enfin, connatre et savoir, dans le but unique de savoir et de connatre, tel est par excellence le caractre de la science de ce qu'il y a de plus scientifique. Celui qui veut tudier une science pour elle-mme, choisira entre toutes celle qui est le plus science ; or, cette science est la science de ce qu'il y a de plus scientifique. Ce qu'il y a de plus scientifique, ce sont les principes et les causes. C'est par leur moyen, c'est par eux que nous connaissons les autres choses, et non point par les autres choses que nous les connaissons. Or, la science souveraine, la science suprieure toute science subordonne, est celle qui connat pourquoi il faut faire chaque chose. Et ce pourquoi, c'est le bien de chaque tre ; pris en gnral, c'est le mieux dans tout l'ensemble des tres [13].De tout ce que nous venons de dire sur la science elle-mme, sort la dfinition cherche de la philosophie. Il faut bien qu'elle soit la science thortique des premiers principes et des premires causes ; car le bien et la raison finale sont une des causes. Et qu'elle n'est point une science pratique, c'est ce que dmontre l'exemple de ceux qui ont philosoph les premiers. Ce qui, dans l'origine, poussa les hommes aux premires recherches philosophiques, c'tait, comme aujourd'hui, l'tonnement [14]. Entre les objets qui les tonnaient, et dont ils ne pouvaient se rendre compte, ils s'appliqurent d'abord ceux qui taient leur porte ; puis, s'avanant ainsi peu peu, ils cherchrent s'expliquer de plus grands phnomnes, par exemple les divers tats de la lune, le cours du soleil et des astres, enfin la formation de l'univers. Chercher une explication et s'tonner, c'est reconnatre qu'on ignore. Aussi peut-on dire, que l'ami de la science l'est en quelque sorte des mythes [15] ; car le sujet des mythes, c'est le merveilleux. Par consquent, si les premiers philosophes philosophrent pour chapper l'ignorance, il est vident qu'ils poursuivaient la science pour savoir, et non en vue de quelque utilit. Le fait lui-mme en est la preuve : presque tous les arts qui regardent les besoins et ceux qui s'appliquent au bien-tre et au plaisir taient connus dj, quand on commena chercher les explications de ce genre. Il est donc vident que nous n'tudions la philosophie pour aucun autre intrt tranger.De mme que nous appelons homme libre celui qui s'appartient et qui n'a pas de matre, de mme aussi cette science, seule entre toutes les sciences, peut porter le nom de libre. Celle-l seule, en effet, ne dpend que d'elle-mme. Aussi pourrait-on juste titre regarder comme plus qu'humaine la possession de cette science. Car la nature de l'homme est esclave par tant de points, que Dieu seul, pour parler comme Simonide, devrait jouir de ce beau privilge [16]. Toutefois il est indigne de l'homme de ne pas chercher la science laquelle il peut atteindre [17]. Si les potes ont raison, si la divinit est capable de jalousie, c'est l'occasion de la philosophie surtout que cette jalousie devrait natre, et tous ceux qui s'lvent par la pense devraient tre malheureux. Mais il n'est pas possible que la divinit soit jalouse, et les potes, comme dit le proverbe, sont souvent menteurs.Enfin, il n'y a pas de science qu'on doive estimer plus qu'une telle science. Car la plus divine est celle qu'on doit priser le plus. Or, celle-ci est seule divine un double titre. En effet, la science qui est surtout le partage de Dieu, et qui traite des choses divines, est divine entre toutes les sciences. Or, la philosophie seule porte ce double caractre. Dieu passe pour la cause et le principe de toutes choses ; et Dieu seul, Dieu surtout du moins, peut possder une telle science. Toutes les autres sciences ont, il est vrai, plus de rapport nos besoins que la philosophie, mais aucune ne l'emporte sur elle.Le but propos notre entreprise, ce doit tre un tonnement contraire, si je puis dire, celui qui provoque les premires recherches de toute science. Toujours en effet les sciences ont, comme nous l'avons remarqu, leur source dans l'tonnement qu'inspire l'tat des choses : ainsi, pour parler des merveilles qui s'offrent nous d'elles-mmes, l'tonnement qu'inspirent, ou les rvolutions du soleil, ou l'incommensurabilit du rapport de la diagonale au ct du carr [18], ceux qui n'ont point encore examin la cause. Il parait tonnant tout le monde qu'une quantit ne puisse tre mesure, mme par une mesure trs petite. Or, ce qu'il nous faut, c'est l'tonnement contraire : Le mieux est la fin, comme dit le proverbe. Ce mieux, dans les objets dont il s'agit, on y arrive par la connaissance ; car rien ne causerait plus d'tonnement un gomtre, que si le rapport de la diagonale au ct du carr devenait commensurable.Nous avons dit quelle est la nature de la science que nous cherchons, et le but de notre tude et de tout ce trait.

III.

1 [25] ( , ),2 ' , ( , ),3 [30] ,4 ,5 , ( ' ),6 , [983b] [1] . [5] .7 8 , [10] , , , ,9 [15] , , 10 .11 [20] ,12 ( ' , ( ' , ' [25] ) -13 , ' .14 [30] , , ' [ ] , .15[984a] [1] [1] , ' , 16( [5] )17 ' ,18 , [19] , ( [10] ' , )20 ' [15] , , ' ' .21 22 ' , [20] , ' , , [25] ' .23 , , . ,24' [30] , , ( ) .25[984b] [1] , 26[5] , , .27 , , [10] ' , , . ' ' ' ' [15] .28 , , ' [18] .29 , ' [20] .30 , .Il est vident qu'il faut acqurir la science des causes premires, puisque nous disons qu'on sait, quand nous pensons qu'on connat la premire cause. Or, on distingue quatre causes. La premire est l'essence, la forme propre de chaque chose [19] ; car ce qui fait qu'une chose est, est tout entier dans la notion de ce qu'elle est : la raison d'tre premire est donc une cause et un principe. La seconde, est la matire, le sujet [20] ; la troisime, le principe du mouvement [21]. La quatrime correspond la prcdente : c'est la cause finale des choses, le bien [22] ; car le bien est le but de toute production.Ces principes ont t suffisamment expliqus dans la Physique [23]. Reprenons toutefois les opinions de ceux qui, avant nous, se sont appliqus l'tude de l'tre, et ont philosoph sur la vrit, et qui, eux aussi, discourent videmment de certains principes et de certaines causes. Cette revue sera un prambule utile la recherche qui nous occupe. En effet, ou bien nous dcouvrirons quelque autre espce de causes, ou bien nous prendrons une plus grande confiance dans les causes que nous venons d'numrer.La plupart de ceux qui philosophrent les premiers ne considrrent les principes de toutes choses que sous le point de vue de la matire. Ce d'o sortent tous les tres, d'o provient tout ce qui se produit, o aboutit toute destruction, la substance persistant la mme sous ses diverses modifications, voil, selon eux, l'lment, voil le principe des tres. Aussi pensent-ils que rien ne nat ni ne prit vritablement, parce que cette nature premire subsiste toujours. De mme que nous ne disons pas que Socrate nat rellement lorsqu'il devient beau ou musicien, ni qu'il prit quand il perd ces manires d'tre, parce que le sujet des modifications, parce que Socrate lui-mme persiste dans son existence ; de mme on ne peut se servir de ces expressions pour aucun des autres tres. Car il faut qu'il y ait une nature premire, soit unique, soit multiple, qui, subsistant toujours, produit toutes les autres choses. Quant au nombre et au caractre propre des lments, ces philosophes ne sont point d'accord.Thals [24], fondateur de cette philosophie, regarde l'eau comme premier principe. C'est pourquoi il va jusqu' prtendre que la terre repose sur l'eau ; amen probablement cette ide, parce qu'il voyait que c'est l'humidit qui nourrit toutes choses, que le chaud lui-mme en vient, et que tout animal vit de l'humidit. Or, ce dont viennent les choses, est le principe de toutes choses. Une autre observation encore l'amena cette opinion. Les semences de toutes choses sont humides de leur nature. Or l'eau est le principe de l'humidit des choses humides.Quelques-uns pensent que les hommes des plus anciens temps, et, avec eux, les premiers Thologiens [25], bien antrieurs notre poque, se figurrent la nature de la mme manire que Thals. Ils ont en effet reprsent, comme les auteurs de l'univers, l'Ocan et Tthys [26] ; et les dieux jurent, selon eux , par l'eau, par cette eau que les potes appellent le Styx. Car ce qu'il y a de plus ancien est aussi ce qu'il y a de plus sacr ; et ce qu'il y a de plus sacr, c'est le serment [27]. Y a-t-il dans cette vieille et antique opinion une explication de la nature ? c'est ce qu'on ne voit pas clairement. Telle fut toutefois, ce qu'on dit, la doctrine de Thals sur la premire cause.On ne peut gure placer Hippon [28] parmi les premiers philosophes, cause du vague de sa pense. Anaximne [29] et Diogne [30] tablissent que l'air est antrieur l'eau, et qu'il est le principe premier des corps simples. Hippase de Mtaponte [31] et Hraclite d'phse [32] admettent que le premier principe est le feu. Empdocle [33] reconnat quatre lments, ayant ajout la terre aux trois que nous avons nomms. Ces lments subsistent toujours et ne deviennent pas : seulement, tantt plus, tantt moins nombreux, ils se mlent et se dmlent, s'agrgent et se sparent.Anaxagore de Clazomne [34,] l'an d'Empdocle, n'tait pas arriv un systme aussi plausible. Il prtend que le nombre des principes est infini. Presque toutes les choses formes de parties semblables, ne sont sujettes, ainsi l'eau , le feu , d'autre production, d'autre destruction que l'agrgation ou la sparation : en d'autres termes, elles ne naissent ni ne prissent, elles subsistent ternellement [35].On voit par ce qui prcde, que tous ces philosophes se sont attachs au point de vue de la matire , qu'ils l'ont considre comme la cause unique.Arrivs ce point, la chose elle-mme les conduisit plus avant, et les obligea de nouvelles recherches. Il est hors de doute que toute destruction, que toute production procde de quelque principe, soit unique, soit multiple. Mais d'o viennent ces effets, et quelle est la cause ? Car ce n'est certainement pas le sujet qui est lui-mme l'auteur de ses propres changements. Ni le bois, ni l'airain, par exemple, ne sont la cause qui les fait changer d'tat l'un et l'autre : ce n'est pas le bois qui fait le lit, ni l'airain la statue. Il y a quelque autre chose qui est cause du changement. Or, chercher ce quelque chose, c'est chercher un autre principe, le principe du mouvement, comme nous l'appelons.Dans l'origine, les philosophes partisans de l'unit de la substance [36], qui touchrent cette question, se mirent peu en peine de la rsoudre. Pourtant, quelques-uns de ceux qui admettaient l'unit, le tentrent ; mais ils succombrent, pour ainsi dire, sous le poids de cette recherche. Ils prtendent que l'unit est immobile, et que non seulement rien ne nat ni ne prit dans toute la nature, (opinion antique, et laquelle tous se sont rangs) mais mme que dans la nature tout autre changement quelconque est impossible. Et ce dernier point est particulier ces philosophes. Nul de ceux qui admettent l'unit du tout n'est donc arriv la conception de la cause dont nous parlons, except peut-tre Parmnide [37], en tant qu'il ne se contente pas de l'unit, mais qu'en dehors d'elle il place en quelque sorte deux causes.Quant ceux qui admettent plusieurs lments, comme le chaud et le froid ou le feu et la terre, ils sont plus mme d'atteindre la cause en question. Car ils attribuent au feu la puissance motrice, et l'eau, la terre et aux autres lments la proprit contraire. Ces principes ne suffisant pas pour produire l'Univers, les successeurs des philosophes qui les avaient adopts, forcs de nouveau, comme nous l'avons dit, par la vrit elle-mme, recoururent au second principe [38]. En effet, que l'ordre et la beaut qui existent dans les choses ou qui s'y produisent, aient pour cause ou la terre, ou quelque autre lment de cette sorte, c'est ce qui n'est gure vraisemblable; et l'on ne peut mme croire que les anciens philosophes aient eu cette opinion. D'ailleurs, rapporter au hasard ou la fortune ces admirables effets, tait trop peu raisonnable. Aussi, quand un homme proclama que, de mme que dans les animaux, il y avait dans la nature une intelligence cause de l'arrangement et de l'ordre universel, cet homme parut seul jouir de sa raison, au prix des divagations de ses devanciers.Nous savons, n'en pas douter, qu'Anaxagore s'appliqua ce point de vue de la science. On peut dire, toutefois, qu'Hermotime de Clazomne [39] l'indiqua le premier. Ces deux philosophes arrivrent donc la conception de l'Intelligence, et tablirent que la cause de l'ordre est en mme temps et le principe des tres, et la cause qui leur imprime le mouvement.

IV

1 ' , [25] , () ', ' . . .' , ,2 [30] ' . , 3 , , [985a] [1] , , .4 [5] , ' , ' , [10] [ ].5 , , 6 , , ' [15] , ' ' .7 , ' [20] , , ,8 , ' , ' . . [25] , , .9 [30] , ' , ( ' , [985b] [1] ' ' , ' )10 , , 11 [5] , , , ( , , [10] .12 , , . , [15] 13 .14 , , [20] .15 , , .On croirait qu'Hsiode entrevit jadis quelque chose d'analogue, et, avec Hsiode, tous ceux qui ont admis dans les tres, l'Amour ou le dsir comme principe, par exemple, Parmnide. Ce dernier dit dans son explication de la formation de l'Univers :Il cra l'Amour le plus ancien de tous les Dieux [40];Hsiode, de son ct, s'exprime ainsi :Longtemps avant toutes choses exista le Chaos ; aprs luiLa terre au large sein...,Et l'Amour, qui est le plus beau de tous les Immortels [41];comme s'ils reconnaissaient qu'il faut qu'il y ait dans les tres une cause capable d'imprimer le mouvement et de donner le lien aux choses. Nous devrions examiner qui appartient la priorit de cette dcouverte ; mais nous demandons qu'il nous soit permis de dcider plus tard cette question [42].Comme on vit qu' ct du bien le contraire du bien se montrait aussi dans la nature ; qu' ct de l'ordre et de la beaut, s'y trouvaient le dsordre et la laideur; que le mal semblait l'emporter sur le bien, et le laid sur le beau, un autre philosophe introduisit l'Amiti et la Discorde [43], causes opposes de ces effets contraires. Car, si l'on pousse leurs consquences les opinions d'Empdocle, et qu'on s'attache au fond de sa pense, et non la manire dont il la bgaie, on verra qu'il fait de l'Amiti le principe du bien et de la Discorde celui du mal. De sorte que si l'on disait qu'Empdocle a proclam, et qu'il a proclam le premier le bien et le mal comme principes, peut-tre ne se tromperait-on pas, puisque dans son systme le bien en soi [44] est la cause de tous les biens, et le mal [45] celle de tous les maux.Jusqu'ici, selon nous, les philosophes ont reconnu deux des causes que nous avons dtermines dans la Physique : la matire, et la cause du mouvement. Ils l'ont fait, il est vrai, d'une faon obscure, indistincte, comme agissent au combat des soldats mal exercs. Ceux-ci s'lancent en avant, et frappent souvent de beaux coups ; mais la science n'est pour rien dans leur conduite. De mme ces philosophes n'ont pas l'air de savoir qu'ils disent ce qu'ils disent en effet. Car on ne les voit jamais, ou peu s'en faut, faire usage des principes. Anaxagore se sert de l'Intelligence comme d'une machine [46], pour la formation du monde ; et, quand il est embarrass d'expliquer pour quelle cause ceci ou cela est ncessaire, alors il produit l'intelligence sur la scne ; mais partout ailleurs c'est toute autre cause plutt qu' l'intelligence qu'il attribue la production des phnomnes [47]. Empdocle se sert des causes plus qu'Anaxagore, il est vrai, mais d'une manire encore insuffisante, et ne sait pas bien, en les employant, s'accorder avec lui-mme. Souvent, chez ce philosophe, c'est l'amiti qui spare, c'est la discorde qui runit. En effet, quand le tout se divise en ses lments par la discorde, alors les particules du feu se runissent en un tout, ainsi que celles de chacun des autres lments. Et quand l'amiti rduit tout l'unit par sa puissance, alors au contraire les particules de chacun des lments sont forces de se sparer. Empdocle, on le voit, se distingua de ses prdcesseurs par la manire dont il se servit de la cause dont nous nous occupons : il fut le premier qui la partagea en deux. Il ne ft pas un principe unique du principe du mouvement, mais deux principes diffrents et opposs l'un l'autre. Et puis, quant au point de vue de la matire, il est le premier qui ait reconnu quatre lments. Toutefois il ne s'en sert pas comme s'ils taient quatre, mais comme s'ils n'taient que deux, le feu d'un ct lui seul, de l'autre, les trois lments opposs, la terre, l'air et l'eau considrs comme une seule nature. C'est l du moins l'ide qu'on peut se former la lecture de son pome [48]. Tels sont les caractres, selon nous, tel est le nombre des principes dont Empdocle a parl.Leucippe [49], et son ami Dmocrite [50] admettent pour lments le plein et le vide, ou, pour parler comme eux, l'tre et le non-tre. Le plein, le solide, c'est l'tre ; le vide, le rare, c'est le non-tre. C'est pourquoi le non-tre, suivant eux, existe tout aussi bien que l'tre. En effet, le vide existe autant que le corps ; or, ce sont l, sous le point de vue de la matire, les causes des tres. Et, de mme que ceux qui admettent l'unit de la substance produisent tout le reste par les modifications de cette substance en donnant le rare et le dense pour principes ces modifications, de mme aussi ces deux philosophes prtendent que les diffrences sont les causes de toutes choses. Ces diffrences sont au nombre de trois, dans leur systme, la forme, l'ordre, la position. Les diffrences de l'tre ne viennent, c'est leur langage, que de la configuration [51], de l'arrangement [52] et de la tournure [53]. Or, la configuration c'est la forme ; l'arrangement, c'est l'ordre ; la tournure, c'est la position. Ainsi A diffre de par la forme ; AN de NA par l'ordre, et de de par la position. Quant au mouvement, d'o et comment existe-t-il chez les tres, ils ont nglig cette question, et l'ont omise comme les autres philosophes.Tel est, selon nous, le point o paraissent s'tre arrtes les recherches de nos devanciers sur les deux causes en question.

V

1 , [25] . , , ,2 [30] ,3 ,4 , ' , [986a] [1] , [5] , .5 , ' , , [10] , .6 . ' , [15] .7 , , , ' [20] ( ), ' , , , .8 , [] , [] , [] , [] , [25] [] , [] , [] , [] , [] , [] 9 , ' [ ] [30] [ ,] [] , , , , , . , [986c] [1] [2] .10 , ' , .11 [5] , ' , ' .11 [10] , .13 ( [15] , ' , , )15 . , [20] ( ' ) ( ) , , ' [25] .16 , , , , 17 , , , [30] ( ), ' , , , , [987a] [1] .18 , ( [5] ), , ,19 , .20 [10] , , , 21 , [15] , [ ] , , ' , .22 [20] , , ' . , , ' , [25] .' , , .23 .Du temps de ces philosophes, et avant eux [54], ceux qu'on nomme Pythagoriciens s'appliqurent d'abord aux mathmatiques, et firent avancer cette science. Nourris dans cette tude, ils pensrent que les principes des mathmatiques taient les principes de tous les tres. Les nombres sont de leur nature antrieurs aux choses [55] ; et les Pythagoriciens croyaient apercevoir dans les nombres plutt que dans le feu, la terre et l'eau, une foule d'analogies avec ce qui est et ce qui se produit. Telle combinaison de nombres, par exemple, leur semblait tre la justice, telle autre l'me et l'intelligence, telle autre l'-propos [56] ; et ainsi peu prs de tout le reste. Enfin ils voyaient dans les nombres, les combinaisons de la musique et ses accords. Toutes les choses leur ayant donc paru formes la ressemblance des nombres, et les nombres tant d'ailleurs antrieurs toutes choses, ils pensrent que les lments des nombres sont les lments de tous les tres, et que le ciel dans son ensemble est une harmonie et un nombre. Toutes les concordances qu'ils pouvaient dcouvrir dans les nombres et dans la musique, avec les phnomnes du ciel et ses parties, et avec l'ordonnance de l'univers, ils les runissaient, ils en composaient un systme. Et si quelque chose manquait, ils employaient tous les moyens pour que le systme prsentt un ensemble complet. Par exemple, comme la dcade semble tre un nombre parfait, et qu'elle embrasse tous les nombres, ils prtendent que les corps en mouvement, dans le ciel sont au nombre de dix. Or, n'y en ayant que neuf de visibles, ils en imaginent un dixime, l'Antichthone [57], Nous avons expliqu tout cela avec plus de dtail dans un autre ouvrage [58]. Si nous y revenons, c'est pour constater leur gard, comme pour les autres, quels sont les principes dont ils tablissent dj l'existence, et comment ces principes rentrent dans les causes que nous avons numres. Or, voici quelle parat tre leur doctrine : Le nombre est le principe des tres sous le point de vue de la matire, et aussi la cause de leurs modifications et de leurs tats divers ; les lments du nombre sont le pair et impair ; l'impair est fini, le pair infini; l'unit tient la fois de ces deux lments, car elle est la fois pair et impair ; le nombre vient de l'unit ; enfin le ciel dans son ensemble se compose, comme dj nous l'avons dit, de nombres. D'autres Pythagoriciens admettent dix principes, qu'ils rangent deux deux dans l'ordre suivant :Fini et infini,Impair et pair,Unit et pluralit,Droit et gauche,Mle et femelle,Repos et mouvement,Rectiligne et courbe,Lumire et tnbres,Bien et mal,Carr et quadrilatre irrgulier [59].La doctrine d'Alcmon de Crotone [60] parat se rapprocher beaucoup de ces ides, soit qu'il les ait empruntes aux Pythagoriciens, soit que ceux-ci les aient reues d'Alcmon ; car il florissait dans le temps de la vieillesse de Pythagore, et sa doctrine ressemble celle dont nous venons de parler. Il dit en effet que la plupart des choses de ce monde sont doubles, dsignant par l les oppositions des choses. Mais il ne dtermine pas, comme les Pythagoriciens, ces diverses oppositions ; il prend les premires qui se prsentent, par exemple, le blanc et le noir, le doux et l'amer, le bien et le mal, le grand et le petit ; et sur le reste il s'est exprim d'une manire tout aussi indtermine, tandis que les Pythagoriciens ont dfini le nombre et la nature des oppositions.On peut donc tirer de ces deux systmes que les contraires sont les principes des choses ; et l'un d'eux nous apprend de plus le nombre de ces principes et leur nature. Mais comment ces principes se peuvent ramener aux causes premires, c'est ce que n'ont pas clairement articul ces philosophes. Ils semblent, toutefois, considrer les lments sous le point de vue de la matire ; car ces lments, suivant eux, se trouvent dans toutes choses, constituent et composent tout l'univers.Ce qui prcde suffit pour donner une ide des opinions de ceux d'entre les anciens qui ont admis la pluralit dans les lments de la nature. Il en est d'autres qui ont considr le tout comme un tre unique ; mais ils diffrent entre eux et par le mrite de l'exposition, et par la manire dont ils ont conu la ralit. Pour ce qui concerne la revue que nous faisons des causes, nous n'avons pas nous occuper d'eux. En effet, ils ne font pas comme quelques-uns des Physiciens [61], qui, tablissant l'existence d'une substance unique, tirent cependant toutes les choses du sein de l'unit considre comme matire : leur doctrine est d'une autre sorte. Ces Physiciens [62] ajoutent le mouvement pour produire l'univers; eux, ils prtendent que l'univers est immobile. Voici tout ce qui, chez ces philosophes, se rapporte l'objet de notre recherche.L'unit de Parmnide semble tre l'unit rationnelle, celle de Mlissus [63], au contraire, l'unit matrielle ; c'est pourquoi le premier reprsente l'unit comme finie, l'autre comme infinie. Xnophane [64], le fondateur de ces doctrines (car on dit que Parmnide fut son disciple), n'a rien clairci, et ne parat s'tre expliqu sur la nature ni de l'une ni de l'autre de ces deux units ; seulement, jetant les yeux sur l'ensemble du ciel, il dit que l'unit est Dieu. Encore une fois, dans l'examen qui nous occupe, nous devons, comme nous l'avons dit, ngliger ces philosophes, au moins les deux derniers, Xnophane et Mlissus, dont les conceptions sont vritablement un peu trop grossires. Pour Parmnide, il semble parler d'aprs une vue plus approfondie des choses. Persuad que, hors de l'tre, le non-tre n'est rien, il admet que l'tre est ncessairement un, et qu'il n'y a rien autre chose que l'tre, question sur laquelle nous nous sommes tendus avec dtail dans la Physique [65]. Mais , forc d'expliquer les apparences, d'admettre la pluralit donne par les sens en mme temps que l'unit conue par la raison, il pose, outre le principe de l'unit, deux autres causes, deux autres principes, le chaud et le froid, ce sont le feu et la terre. De ces deux principes, il rapporte l'un, le chaud, l'tre, et l'autre au non-tre.Voici les rsultats de ce que nous avons dit, et ce qu'on peut infrer des systmes des premiers philosophes relativement aux principes. Les plus anciens admettent un principe corporel, car l'eau et le feu et les choses analogues sont des corps ; chez les uns ce principe corporel est unique ; il est multiple chez les autres ; mais les uns et les autres l'envisagent au point de vue de la matire. Quelques-uns, outre cette cause, admettent encore celle qui produit le mouvement, cause unique chez les uns, double chez les autres. Toutefois, jusqu' l'cole Italique exclusivement, les philosophes se sont peu expliqus sur ces principes. Tout ce qu'on peut dire d'eux, c'est, comme nous l'avons fait, qu'ils se servent de deux causes, et que l'une de ces deux causes, celle du mouvement, est considre par une comme unique, comme double par les autres.Les Pythagoriciens, il est vrai, n'ont parl, eux non plus, que de deux principes. Mais ils ont ajout ceci, qui leur est propre. Le fini, l'infini et l'unit ne sont pas, suivant eux, des natures part, comme le sont le feu ou la terre, ou tout lment analogue; mais l'infini en soi [66] et l'unit en soi [67] sont la substance mme des choses auxquelles on attribue l'unit et l'infinit ; et, par consquent, le nombre est la substance de toutes choses [68]. Telle est la manire dont ils se sont expliqus sur les causes en question. Ils ont ainsi commenc s'occuper de la forme propre des choses, et dfinir ; mais sur ce point leur doctrine est trop imparfaite. Ils dfinissaient superficiellement ; et le premier objet auquel convenait la dfinition donne, ils le regardaient comme l'essence de la chose dfinie : comme si l'on pensait, par exemple, que le double et le nombre deux sont la mme chose, parce que le double se trouve d'abord dans le nombre deux.Mais certes deux et double ne sont pas la mme chose dans leur essence ; sinon, un tre unique serait plusieurs tres, et c'est l la consquence du systme pythagoricien.Telles sont les ides qu'on peut se former des doctrines des plus anciens philosophes et de leurs successeurs.

VI

1 [30] , , . , ,2 [987b] [1]3 , ,4 [5] , . ,5 ' [10] .6 , , .7 .8 [15] , , ' ' .9 ' , [20] . , ' [ ] .10 , , , [25] 11 , ' , ' , ' , .12 [30] , , ( ), . [988a] [1]13 ' . , ' , ' , . [5]14 ' , ' .15 ' , [10] ( , ' ), ' ' , , ,16 [15] , , .17 [20] ' , , .18 , [25] , ( , ' , , 19 , [30] ) , ( )20 [35] , [988c] [1] ' ( ' - - [5] , ' )21 ' , ' .22 , [10] ' 23 ' , , [15] .24 , , , , [20] , . ces diverses philosophies succda celle de Platon [69] d'accord le plus souvent avec les doctrines pythagoriciennes, mais qui, quelquefois aussi, a ses vues particulires, et s'carte de l'cole Italique. Platon, ds sa jeunesse, s'tait familiaris dans le commerce de Cratyle [70], son premier matre, avec cette opinion d'Hraclite que tous les objets sensibles sont dans un coulement perptuel, et qu'il n'y a pas de science possible de ces objets. Plus tard il conserva cette mme opinion. D'un autre ct, disciple de Socrate [71], dont les travaux, il est vrai, n'embrassrent que la morale, et nullement l'ensemble de la nature, mais qui toutefois s'tait propos dans la morale le gnral comme but de ses recherches, et le premier avait eu la pense de donner des dfinitions, Platon, hritier de sa doctrine, habitu la recherche du gnral, pensa que ses dfinitions devaient porter sur des tres autres que les tres sensibles ; car, comment donner une dfinition commune des objets sensibles, qui changent continuellement ? Ces tres , il les appela Ides [72], ajoutant que les objets sensibles sont placs en dehors des ides, et reoivent d'elles leur nom ; car c'est en vertu de leur participation [73] avec les ides, que tous les objets d'un mme genre reoivent le mme nom que les ides. Le seul changement qu'il ait introduit dans la science, c'est ce mot de participation. Les Pythagoriciens en effet disent que les tres sont l'imitation des nombres; Platon, qu'ils sont par leur participation avec eux [74] : le nom seul est chang. Quant rechercher en quoi consiste cette participation ou cette imitation des ides, c'est ce dont ni lui, ni eux ne se sont occups. De plus, outre les objets sensibles et les ides, Platon admet des tres intermdiaires, les tres mathmatiques, distincts des objets sensibles, en ce qu'ils sont ternels et immobiles, et des ides, en ce qu'ils sont plusieurs semblables, tandis que chaque ide est seule de son espce.Les ides tant les causes des autres tres, il regarda leurs lments comme les lments de tous les tres : sous le point de vue de la matire, les principes sont le grand et le petit ; sous le point de vue de l'essence, c'est l'unit. Car, c'est en tant qu'elles ont le grand et le petit pour substance, et que d'un autre ct elles participent de l'unit, que les ides sont les nombres. Sur ce point que l'unit est l'essence par excellence, et que rien autre chose ne peut prtendre ce titre, Platon est d'accord avec les Pythagoriciens ; que les nombres soient les causes de l'essence des autres tres, c'est ce qu'il reconnat encore avec eux. Mais remplacer par une dyade [75] l'infini considr comme un, constituer l'infini de grand et de petit, voil ce qui lui est particulier. De plus, il place les nombres en dehors des objets sensibles, tandis que ceux-ci prtendent que les nombres sont les objets eux-mmes, et n'admettent point les tres mathmatiques comme intermdiaires. Si, contrairement aux Pythagoriciens, il plaa ainsi l'unit et les nombres en dehors des choses, et fit intervenir les ides, cela tenait ses tudes sur le caractres distinctifs des tres : ses prdcesseurs ne connaissaient point la Dialectique. Quant cette opinion que l'autre principe des choses, c'est une dyade, elle vient de ce que tous les nombres, l'exception des nombres impairs, sortent facilement de la dyade comme d'une matire commune. Toutefois, il en est autrement que ne dit Platon ; cette opinion n'est pas raisonnable. Car, voici qu'on fait une multitude de choses avec cette dyade considre comme matire, tandis qu'une seule production est due l'ide. Mais en ralit on ne tire qu'une seule table d'une matire unique tandis que celui qui apporte l'ide, l'ide unique, produit plusieurs tables. Il en est de mme du mle par rapport la femelle : celle-ci est fconde par un seul accouplement ; le mle au contraire fconde plusieurs femelles. Or, c'est l une image du rle que jouent les principes dont il s'agit.Telle est la solution donne par Platon la question qui nous occupe ; et il rsulte videmment de ce qui prcde, qu'il ne s'est servi que de deux causes, l'essence et la matire. En effet, il admet d'un ct les ides causes de l'essence des autres objets, et l'unit cause des ides ; de l'autre , une matire, une substance, laquelle s'appliquent les ides, pour constituer les tres sensibles, l'unit, pour constituer les ides. Cette substance, quelle est-elle? C'est la dyade, le grand et le petit. Il plaa encore dans l'un de ces deux lments la cause du bien, dans l'autre celle du mal : point de vue qui a t plus particulirement l'objet des recherches de quelques philosophes antrieurs, tels qu'Empdocle et Anaxagore.Nous venons de voir brivement et sommairement quels philosophes ont parl des principes et de la vrit, et quels ont t leurs systmes. Cet examen rapide nous suffit nanmoins pour constater que, de tous ceux qui ont parl des principes et des causes, nul ne nous a rien montr qui ne puisse se ramener aux causes que nous avons dtermines dans la Physique ; mais que tous, obscurment il est vrai, chacun pourtant de son ct, paraissent avoir effleur quelqu'une d'entre elles.En effet, les uns parlent du principe matriel, qu'ils le supposent un ou multiple, corporel ou incorporel. Tels, sont, par exemple, le grand et le petit de Platon, l'infini de l'cole Italique, le feu, la terre, l'eau et l'air d'Empdocle, l'infinit des homomries d'Anaxagore. Tous ces philosophes ont videmment touch ce principe, et, avec eux, tous ceux qui admettent comme principe ou l'air, ou le feu, ou l'eau, ou quelque chose de plus dense que le feu, mais plus subtil que l'air ; car tel est, selon quelques-uns, la nature de l'lment premier [76]. Ces philosophes ne se sont donc attachs qu' la cause matrielle. D'autres ont recherch la cause du mouvement, tous ceux, par exemple, qui donnent comme principes l'Amiti et la Discorde, ou l'Intelligence, ou l'Amour. Quant la forme, l'essence, aucun d'eux n'en a trait d'une manire nette et prcise. Ceux cependant qui l'ont fait le mieux sont ceux qui ont parl des ides et des lments des ides. Car ils ne regardent les ides et leurs lments ni comme la matire des objets sensibles, ni comme les principes du mouvement. Elles sont, suivant eux, plutt des causes d'immobilit et d'inertie. Mais les ides fournissent chacune des autres choses son essence. Elles tiennent elles-mmes la leur de l'unit. Quant la cause finale des actes, des changements, des mouvements, ils parlent bien de quelque cause de ce genre, mais ils ne lui donnent pas le mme nom que nous, et ne disent pas en quoi elle consiste [77]. Ceux qui admettent comme principes l'intelligence ou l'amiti, donnent la vrit ces principes comme quelque chose qui est bon ; mais ils ne prtendent pas qu'ils soient la cause finale de l'existence ou de la production d'aucun tre : ils disent, au contraire, qu'ils sont les causes de leurs mouvements. De la mme manire, ceux qui donnent ce mme titre de principes l'unit, l'tre, les regardent comme causes de la substance des tres, et nullement comme ce en vue de quoi existent et se produisent les choses. Ainsi donc ils disent et ne disent pas , si je puis m'exprimer de la sorte, que le bien est une cause : le bien dont ils s'occupent, n'est pas le bien absolument parlant, mais accidentellement.L'exactitude de ce que nous avons dit sur les causes, leur nombre, leur nature, est donc confirme, ce semble, par le tmoignage de tous ces philosophes, par leur impuissance mme d'atteindre quelqu'autre principe. Il est vident, en outre, que dans la recherche qui va nous occuper, nous devons considrer les principes ou bien sous tous ces points de vue, ou bien sous quelqu'un d'entre eux. Mais quel a t le langage de chacun de ces philosophes ; comment se sont-ils tirs des difficults qui se rattachent aux principes ? c'est ce que nous allons examiner.

VII

1 , , . [25] , ' , .2 , , .3 ,4 [30] , , . ,5 . [35] , [989a][1]6 ( , 7 [5] , , , ' ' ' 8 ' , [10] , ) ' , ' [15] , 9 ' , , , .10 , ' 11 ' [20] , . ' . ( ), [25] , , ' .12 . , [30] , .13 ' , ' , , ' . , [989b] [1] ,14 ' ( ),15 [5] , . , , ' , ' [10] , .16 , , ' [15] , .17 ( ) , ,18 ' , [20] .19 ( )20 [25] , ' ' , [27] , .21 [30] ( ' ), 22 , [990a] [1] , , ' [5] .23 ' , , , .24 , [10] , .25 , [15] , ' , .26 [20] , ' , , [25] , ,27 , , , [30] , .28 ( ) [990b] [1]29 , , ( - [5] - ' 30' , , )31 ' , ' [10] , . , , [15] .32 , ' , .33 [ ] [20] , ' , ' .34 ' ( [25] , , 35 , , . [30] ' ( ' , , , 36 , ' [991a] [1] , , ( , , [5] , ' ) , , , .37 [10] 38 . ( ), , [15] , ' , ' ( )39 ' [20] ' . . [25] , ' .40 , , , .41 [30] , , .42 [991b] [1] , [5] ,43 , , .44 , [10] , , .45 ' , , . [15] , , . ' , , , ' , [20] , ' .46 , ' , , , , , [25] .47 ' , , [30] ' 48 . [992a] [1] 49 , , [5] , , , ' , , .50 ' , , , , [10] .51 , , , ' .52 [15] ' , , ' . .53 [20] , ' - - . ' , .54 [25] , ( ), ' ,55 ' , , , .56 [30] , ' , , , ,57 , . [992b] [1] , , , [5] , .58 , , , 59 . [10] , , ' , , ' .60 ' , [15] ( ) ( , .61 , , , [20] . , , ' , .62 ' [25] . , , ,63' , , [30] . , ' ' ( ' .64 , [993a] [1] .65 , ' [5] , .66 , , , [10] .67 , , ' , [15] .68 , ' [ ], , ' . [20] , , , . , .69 [25] , [26] .Tous ceux qui supposent que le tout est un, qui n'admettent qu'un seul principe, la matire, qui font de ce principe une nature corporelle et tendue, tombent videmment dans une foule d'erreurs, car ils ne donnent que les lments des corps, non ceux des tres incorporels ; et cependant il y a des tres incorporels. Et puis, quoiqu'ils veuillent expliquer les causes de la production et de la destruction, et construire un systme embrassant toute la nature, ils suppriment la cause du mouvement. Une autre faute, c'est de ne donner pour cause dans aucun cas, ni l'essence, ni la forme ; c'est encore d'accepter, sans examen suffisant, comme principe des tres, un corps simple quelconque, la terre excepte toutefois ; c'est de ne point rflchir sur cette production ou ce changement dont les lments sont les causes ; c'est de ne point dterminer comment s'opre l production mutuelle des lments. Je prends pour exemple le feu, l'eau, la terre, l'air. Ces lments proviennent les uns des autres, ceux-l par voie de runion, ceux-ci par voie de sparation [78]. Cette distinction importe beaucoup pour la question de l'antriorit et de la postriorit des lments. Sous le point de vue de la runion, l'lment fondamental de toutes choses parat tre celui duquel, considr comme principe, la terre se forme par voie d'agrgation ; et cet lment devra tre le plus tnu, le plus subtil des corps. Ceux qui admettent le feu comme principe, se conforment, eux surtout, cette pense. Tous les autres philosophes reconnaissent de mme que tel doit tre l'lment des corps : aussi, aucun des philosophes postrieurs qui admirent un lment unique, ne regarda la terre comme principe, videmment cause de la grandeur de ses parties ; tandis que chacun des autres lments a t adopt comme principe par quelqu'un d'entre eux : les uns disent que c'est le feu, les autres l'eau, les autres l'air, qui est le principe des choses. Mais pourquoi donc n'admettent-ils pas aussi, comme la plupart des hommes, que c'est la terre ? car on dit gnralement que la terre est tout. Hsiode lui-mme dit que la terre est le plus ancien de tous les corps [79] ; tant est vieille et populaire cette opinion !Sous ce point de vue, ni ceux qui admettent un principe autre que le feu, ni ceux qui font l'lment premier plus dense que l'air et plus subtil que l'eau, ne sauraient donc tre dans le vrai. Mais si ce qui est postrieur sous le rapport de la naissance est antrieur par sa nature (et tout compos, tout mlange est postrieur par la naissance), ce sera tout le contraire: l'eau sera antrieure l'air, la terre l'eau.Bornons-nous ces remarques au sujet des philosophes qui n'ont admis qu'un seul principe matriel. Mmes observations relativement ceux qui posent un plus grand nombre de principes, Empdocle, par exemple, qui reconnat quatre corps lmentaires ; tout ce que nous venons de dire s'applique ces systmes. Voici qui est particulier Empdocle.Il nous montre les lments naissant les uns des autres ; de telle sorte que le feu et la terre ne restent pas toujours le mme corps. Ce point a t trait par nous dans la Physique [80], ainsi que la question de savoir s'il faut admettre une, ou deux causes du mouvement [81]; et notre avis est que l'opinion d'Empdocle n'est ni tout fait juste, ni tout fait draisonnable. Toutefois, ceux qui adoptent ses doctrines, doivent ncessairement rejeter tout passage d'un tat un autre ; car l'humide ne viendrait pas du chaud , ni le chaud de l'humide : quel serait en effet le sujet qui subirait ces modifications contraires ; quelle serait la nature unique qui deviendrait eau et feu ? c'est ce qu'Empdocle ne dit pas.On peut penser qu'Anaxagore admet deux lments ; et cela, d'aprs des raisons qu'il n'a pas lui-mme articules, il est vrai, mais auxquelles il se ft rendu si on les lui et prsentes. Car, bien qu'en somme il soit absurde de dire qu'au commencement tout tait ml, parce qu'il faut qu'avant le mlange il y ait eu d'abord sparation ; parce qu'il n'est point naturel qu'un lment quelconque se mle un lment quelconque ; enfin parce que, dans la supposition mme du mlange primitif, les modifications, les accidents se spareraient des substances, les mmes choses tant galement sujettes et mlange et sparation ; cependant, si l'on va aux consquences, si l'on articule ce qu'il veut dire, on trouvera, je n'en doute pas, que sa pense ne manque ni de sens, ni d'originalit. En effet, lorsque rien n'tait spar, il est vident qu'on ne pouvait rien affirmer de vrai de la substance primitive. J'entends par l qu'elle n'tait ni blanche, ni noire, ni grise, ni d'aucune autre couleur : elle tait ncessairement incolore ; sinon, elle aurait eu quelqu'une de ces couleurs. Elle n'avait point non plus de saveur, par la mme raison, ni aucune autre proprit de ce genre. Elle ne pouvait avoir ni qualit, ni quantit ; elle n'avait rien de dtermin, sans quoi il y et eu en elle quelqu'une des formes particulires de l'tre : chose impossible lorsque tout est mlang, et qui suppose dj une sparation. Or, tout est mlang, suivant Anaxagore, except l'intelligence ; l'intelligence seule est pure et sans mlange. Il rsulte de l qu'il admet pour principes, d'abord l'unit, car c'est l ce qui est pur et sans mlange ; puis un autre lment, l'indtermin, avant toute dtermination quelconque , avant qu'il ait reu quelque forme.Ce systme manque, il est vrai, de clart et de prcision ; cependant il y a au fond de la pense d'Anaxagore quelque chose qui se rapproche des doctrines postrieures, et surtout de celles des philosophes de nos jours.Les seules spculations familires aux philosophes dont nous avons parl, portent sur la production, la destruction et le mouvement ; car les principes et les causes objets de leurs recherches sont peu prs uniquement ceux de la substance sensible. Mais ceux qui tendent leurs spculations tous les tres, qui admettent d'un ct des tres sensibles, de l'autre des tres non-sensibles tudient videmment ces deux espces d'tres. Il sera donc convenable de s'arrter plus longtemps sur leurs doctrines, et d'examiner ce qu'ils disent de bon ou mauvais, qui se rapporte notre sujet.Ceux qu'on appelle Pythagoriciens emploient les principes et les lments d'une manire plus trange encore que les Physiciens ; et cela vient de ce qu'ils prennent les principes en dehors des tres sensibles : les tres mathmatiques sont privs de mouvement, l'exception de ceux dont traite l'Astronomie. Or, toutes leurs recherches, tous leurs systmes portent sur les tres physiques. Ils expliquent la production du ciel, et ils observent ce qui se passe dans ses diverses parties, ses rvolutions, ses mouvements ; c'est cela qu'ils dpensent leurs principes et leurs causes, comme s'ils accordaient avec les Physiciens reconnatre que l'tre se rduit ce qui est sensible, ce qu'embrasse notre ciel. Mais leurs causes et leurs principes suffisent, selon nous, pour s'lever la conception d'tres hors de la porte des sens ; elles s'y appliqueraient beaucoup mieux qu'aux considrations physiques.Ensuite, comment aura lieu le mouvement, s'il n'y a pas d'autres substances que le fini et l'infini, le pair et l'impair ? Ils n'en disent rien ; ils n'expliquent pas non plus comment peuvent s'oprer, sans mouvement et sans changement, la production et la destruction, ou les rvolutions des corps clestes. Supposons d'ailleurs qu'on leur accorde, ou qu'il soit dmontr que l'tendue se tire de leurs principes, restera encore expliquer pourquoi certains corps sont lgers, pourquoi d'autres sont pesants ; car, ils le dclarent eux- mmes, et c'est-l leur prtention, tout ce qu'ils disent des corps mathmatiques, ils le disent des corps sensibles : aussi n'ont-ils jamais parl du feu, de la terre, des autres corps analogues, comme n'ayant rien de particulier dire des tres sensibles.De plus, comment concevoir que les modifications du nombre et le nombre soient causes de ce qui est, de ce qui se produit dans le ciel de tout temps et aujourd'hui, et qu'il n'y ait nanmoins aucun autre nombre en dehors de ce nombre qui constitue le monde ? En effet, lorsqu'ils ont plac dans telle partie de l'univers, l'Opinion et l'-propos, et un peu plus haut ou plus bas l'Injustice, la Sparation ou le Mlange, disant, pour prouver qu'il en est ainsi ; que chacune de ces choses est un nombre [82]; et que dj se trouvent dans cette mme partie de l'univers une multitude de grandeurs, puisque chaque point particulier de l'espace est occup par quelque grandeur ; le nombre qui constitue le ciel est-il alors le mme que chacun de ces nombres ; ou bien faut-il un autre nombre en dehors de celui-l[83]? Platon dit qu'il en faut un autre. Il admet bien que tous ces tres, ainsi que leurs causes, sont galement des nombres ; mais les causes sont des nombres intelligibles, les autres tres, des nombres sensibles [84].Laissons maintenant les Pythagoriciens. Nous pouvons nous en tenir sur leur compte, ce qui prcde. Venons ceux qui reconnaissent les ides comme causes [85]. Remarquons d'abord qu'en cherchant saisir les causes des tres qui tombent sous nos sens, ils ont introduit d'autres tres en nombre gal ; comme quelqu'un qui, voulant compter, et n'ayant qu'un petit nombre d'objets, croirait l'opration impossible, et en augmenterait le nombre pour pouvoir compter. Car le nombre des ides est presque aussi grand, ou peu s'en faut, que celui des tres dont ils cherchaient les causes, et dont ils sont partis pour arriver aux ides. Chaque chose a son homonyme, non seulement les essences, mais aussi tout ce qui est un dans la multiplicit des tres, soit parmi les choses sensibles, soit parmi les choses ternelles.Ensuite, de tous les arguments par lesquels on dmontre l'existence des ides, aucun n'tablit cette existence. La conclusion de quelques-uns n'est pas ncessaire ; d'aprs les autres il y aurait des ides de choses mme pour lesquelles on n'admet pas qu'il y en ait. En effet, d'aprs les considrations tires de la science, il y aura des ides de tous les objets dont il y a science; d'aprs l'argument de l'unit dans la multiplicit, il y en aura mme des ngations ; et, en tant qu'on pense ce qui a pri, il y aura des ides des objets qui ont pri, car nous pouvons nous en faire une image. D'ailleurs, les raisonnements les plus rigoureux conduisent soit admettre des ides de ce qui est relatif : or, on n'admet pas mme que le relatif soit un genre en soi ; ou bien hypothse du troisime homme [86] . Enfin, la dmonstration de l'existence des ides, dtruit ce que les partisans des ides ont plus cur d'tablir que l'existence mme des ides. Car il en rsulte que ce n'est plus la dyade qui est premire, mais le nombre ; que le relatif est antrieur l'tre en soi ; et toutes les contradictions avec leurs propres principes dans lesquelles sont tombs les partisans de la doctrine des ides.De plus, d'aprs l'hypothse de l'existence des ides, il y aura des ides non seulement des essences, mais de beaucoup d'autres choses : car il y a unit de pense non seulement par rapport l'essence, mais encore par rapport toute espce d'tre; les sciences ne portent pas uniquement sur l'essence, elles portent aussi sur d'autres choses; et mille autres consquences de ce genre. Mais, d'un autre ct, il est ncessaire, et cela rsulte mme des opinions reues sur les ides, il est ncessaire, s'il y a participation des tres avec les ides , qu'il y ait des ides seulement des essences; car ce n'est point par l'accident qu'il a participation avec elles : il ne doit y avoir participation d'un tre avec les ides, qu'en tant que cet tre n'est pas l'attribut d'un sujet. Ainsi, si une chose participait du double en soi, elle participerait en mme temps de l'ternit, mais ce ne serait que par accident, car c'est accidentellement que le double est ternel. Donc il n'y a d'ides que de l'essence. Ide signifie donc essence, et dans ce monde, et dans le monde des ides ; autrement, que signifierait cette proposition : L'unit dans la pluralit [87] est quelque chose en dehors des objets sensibles [88] ? Et si les ides sont du mme genre que les choses qui en participent, il y aura entre les ides et ces choses quelque rapport commun. Car, pourquoi y aurait-il entre les dyades prissables et les dyades qui sont plusieurs aussi, mais ternelles [89], plutt qu'en la dyade idale et la dyade particulire, unit et identit du caractre constitutif de la dyade [90] ? S'il n'y a pas communaut de genre, il n'y aura de commun que le nom ; ce sera comme si l'on donnait le nom d'homme Callias et un morceau de bois, sans avoir remarqu aucun rapport entre eux.Une des plus grandes difficults rsoudre, ce serait de montrer quoi servent les ides aux tre sensibles ternels, ou ceux qui naissent et prissent. Car elles ne sont point pour eux causes de mouvement ni d'aucun changement. Elles ne sont d'aucun secours pour la connaissance des autres tres ; car elles n'en sont point l'essence, sinon elles seraient en eux. Elles ne sont point non plus leur cause d'existence, puisqu'elles ne se trouvent pas dans les objets qui participent des ides. Peut-tre dira-t-on qu'elles sont causes, de la mme manire que la blancheur est cause de l'objet blanc auquel elle se mle. Cette opinion, qui a sa source dans les doctrines d'Anaxagore, et qui a t adopte par Eudoxe [91] et par quelques autres, est vraiment trop mal fonde ; il serait ais d'entasser contre elle une multitude de difficults insolubles. D'ailleurs, les autres objets ne peuvent provenir des ides, dans aucun des sens o l'on entend ordinairement cette expression [92]. Dire que les ides sont des exemplaires, et que les autres choses en participent, c'est se payer de mots vides de sens et faire des mtaphores potiques [93]. Celui qui travaille son uvre a-t-il besoin pour cela d'avoir les yeux sur les ides ? Il se peut, ou qu'il existe, ou qu'il se produise un tre semblable un autre , sans avoir t model sur cet autre : ainsi, que Socrate existe ou non, il pourrait natre un homme tel que Socrate. Cela n'est pas moins vident quand mme on admettrait un Socrate ternel. Il y aurait d'ailleurs plusieurs modles du mme tre, et, par suite plusieurs ides : pour l'homme, par exemple, il y aurait tout la fois l'animal, le bipde, et l'homme en soi.De plus, les ides ne seront point seulement les modles des tres sensibles ; elles seront encore les modles d'elles-mmes : tel sera le genre, en tant que genre d'ides ; de sorte que la mme chose sera la fois modle et copie [94]. Et puis il est impossible, ce semble, que l'essence soit spare de ce dont elle est l'essence : comment dans ce cas les ides qui sont l'essence des choses pourraient-elles en tre spares ? 0n nous dit dans le Phdon , que les ides sont les causes de l'tre et du devenir [95] ; et, cependant, mme en admettant les ides, les tres qui en participent ne se produisent pas, s'il n'y a pas de moteur. Nous voyons au contraire se produire beaucoup d'objets, dont on ne dit pas qu'il y ait des ides, une maison, un anneau : il est vident alors que les autres choses peuvent tre ou devenir par des causes analogues celles des objets en question.Ensuite, si les ides sont des nombres, comment ces nombres seront-ils causes ? Est-ce parce que les tres sont d'autres nombres, par exemple, tel nombre l'homme, tel autre Socrate, tel autre Callias ? Pourquoi donc les uns sont-ils causes des autres ? car, que les uns soient ternels, les autres non, cela n'avancera en rien. Si l'on dit que les objets sensibles ne sont que des rapports de nombres, comme est, par exemple, une harmonie, il est clair qu'il y aura quelque chose dont ils seront le rapport. Or, ce quelque chose, c'est la matire. Il rsulte videmment de l que les nombres eux-mmes ne seront plus que des rapports d'objets entre eux. Par exemple, supposons que Callias soit un rapport en nombres de feu, d'eau, de terre et d'air ; alors, l'homme en soi se composera, outre le nombre, de certaines substances ; alors, l'ide nombre, l'homme idal, que ce soit ou non un nombre dtermin, sera un rapport numrique de certains objets, et non un pur nombre ; et, par consquent, ce n'est pas le nombre qui constituera l'tre particulier.Ensuite, de la runion de plusieurs nombres rsulte bien un nombre ; mais comment plusieurs ides peuvent-elles former une seule ide ? Si ce ne sont pas les ides elles-mmes, si ce sont les units numriques comprises sous les ides qui constituent la somme, et que cette somme soit un nombre dans le genre de la myriade, quel rle jouent alors les units ? Si elles sont semblables, il en rsulte un grand nombre d'absurdits ; si elles ne sont point semblables, elles ne seront ni toutes les mmes, ni toutes diffrentes entre elles. Car en quoi diffreraient-elles, n'ayant aucun mode particulier ? Ces suppositions ne sont ni raisonnables, ni d'accord avec la conception mme de l'unit.Ensuite, il faudra ncessairement introduire une autre espce de nombre, objet de l'arithmtique, et tous ces intermdiaires dont parient quelques philosophes. En quoi consistent ces intermdiaires, de quels principes drivent-ils ? Pourquoi enfin des intermdiaires entre les tres sensibles et les ides ? De plus, les units qui entrent dans chaque dyade, viendront d'une dyade antrieure ; or, cela est impossible. Ensuite, pourquoi le nombre compos est-il un? Ce n'est pas tout : si les units sont diffrentes, il fallait s'expliquer comme ceux qui admettent deux ou quatre lments : tous ils donnent pour lment, non pas ce qu'il y a de commun tous les tres, le corps par exemple, mais le feu ou la terre, que le corps soit on non quelque chose de commun entre les tres. Ici, au contraire, on fait de l'unit un tre compos de parties homognes comme l'eau ou le feu. S'il en est ainsi, les nombres ne seront pas des essences. Du reste, il est vident que s'il y a une unit en soi, et si cette unit est principe, l'unit doit se prendre sous plusieurs acceptions : autrement il y aurait l une impossibilit.Dans le but de ramener tous les tres ces principes, on compose les longueurs de long et de court, d'une sorte de petit et de grand ; la surface de large et d'troit ; le corps, de profond et de non-profond [96]. Mais alors, comment le plan contiendra-t-il la ligne, ou le solide la ligne et le plan ? Car le large et l'troit diffrent, quant au genre, du profond et de son contraire. De mme donc que le nombre ne se trouve pas dans ces choses, parce que le plus et le moins diffrent des principes que nous venons de nommer, il est vident aussi que, de ces diverses espces, celles qui sont antrieures ne se trouveront point dans celles qui sont postrieures [97]. Et il ne faut pas dire que le profond est une espce du large, car alors le corps serait une sorte de plan. D'ailleurs les points, d'o viendront-ils ? Platon combattait l'existence du point, comme n'tant qu'une conception gomtrique [98] : il lui donnait le nom de principe de la ligne ; les points sont aussi ces lignes indivisibles dont il parlait souvent. Cependant il faut que la ligne ait des limites ; et les mmes raisons qui tablissent l'existence de la ligne, tablissent aussi celle du point.En un mot, quand le propre de la philosophie est de rechercher les causes de phnomnes, c'est cela mme qu'on nglige. Car on ne dit rien de la cause qui est le principe du changement ; et, pour expliquer l'essence des tres sensibles, on pose d'autres essences : mais comment les unes sont-elles les essences des autres ? on ne dit l-dessus que de vains mots. Car, participer, comme nous l'avons dit plus haut, ne signifie rien. Quant cette cause qui est, selon nous, le principe de toutes les sciences, ce en vue de quoi agit toute intelligence, toute nature, cette cause que nous rangeons parmi les premiers principes, les ides ne l'atteignent nullement. Mais les mathmatiques sont devenues toute la philosophie d'aujourd'hui, bien qu'on dise qu'il ne faut s'en occuper qu'en vue des autres choses [99]. Ensuite, ce que les mathmaticiens admettent comme la substance des tres, on pourrait le regarder comme une substance purement mathmatique, comme un attribut, une diffrence de la substance ou de la matire, plutt que comme la matire elle-mme. Voil ce qu'est le grand et le petit. C'est cela que revient aussi cette opinion des Physiciens que le rare et le dense sont les premires diffrences du sujet. Ce n'est l, en effet, que du plus et du moins [100]. Et pour parler du mouvement, si c'est le plus et le moins qui le constituent, il est clair que les ides seront en mouvement : sinon, d'o est venu le mouvement ? Supposer l'immobilit des ides, c'est supprimer toute tude de la nature [101].Une chose qui semble plus facile dmontrer, c'est que tout est un; et cependant cette doctrine n'y parvient pas. Car il rsulte de l'explication , non pas que tout est un, mais que l'unit en soi est tout, si l'on accorde toutefois qu'elle est tout : or, cela mme, on rie le peut, moins qu'on ne reconnaisse l'existence du genre universel [102], ce qui est impossible pour certaines choses.Ensuite, dans ce systme on ne peut expliquer ce qui vient aprs le nombre [103], comme les longueurs, les plans, les solides ; on ne dit point comment ces choses sont et deviennent, ni quelles sont leurs proprits. Car ce ne peuvent tre des ides : ce ne sont pas des nombres ; ni des tres intermdiaires : ce titre appartient aux tres mathmatiques. Ce ne sont pas non plus des objets prissables. Il faut donc admettre que c'est une quatrime espce d'tres.Enfin, rechercher en masse les lments des tres, et sans tablir de distinctions, quand le mot lment se prend sous tant d'acceptions diverses [104], c'est se mettre dans l'impossibilit de les trouver, surtout si l'on se pose ainsi la question : Quels sont les lments constitutifs ? Car on ne peut assurment trouver ainsi les principes de l'action, de la passion, de la direction rectiligne ; si l'on peut trouver les principes, on ne le peut que pour les essences. De sorte que chercher les lments de tous les tres, ou s'imaginer qu'on les a trouvs, c'est pure folie. Et puis, comment apprendra-t-on les lments de toutes choses ? videmment, pour cela il faudrait ne possder aucune connaissance antrieure. Celui qui apprend la gomtrie a ncessairement des connaissances pralables, mais il ne sait rien d'avance des objets de la gomtrie, et de ce qu'il s'agit d'apprendre. Les autres sciences sont dans le mme cas. Si donc il y a, comme on le prtend, une science de toutes choses, on abordera cette science sans possder aucune connaissance pralable. Or, toute science s'acquiert l'aide de connaissances pralables [105], ou totales, ou partielles, soit qu'elle procde par voie de dmonstration [106] ou par des dfinitions [107]; car il faut connatre par avance et bien connatre les lments de la dfinition. De mme pour la science inductive [108]. Si, d'un, autre ct, la science dont nous parlons tait inne en nous, il serait tonnant que l'homme, son insu, possdt la plus excellente des sciences.Ensuite, comment connatre quels sont les lments de toutes les choses, et arriver sur ce point la certitude ? car c'est l encore une difficult. On discutera sur les vritables lments, comme on discute au sujet de certaines syllabes. Ainsi, les uns disent que la syllabe xa est compose de c, de s et de a ; les autres prtendent qu'il y entre un autre son, distinct de tous ceux qu'on reconnat comme lments [109]. Enfin, les choses qui sont perues par les sens, comment celui qui est dpourvu de la facult de sentir pourra- t-il les percevoir? Il le devrait cependant, si les ides sont les lments constitutifs de toutes choses, de la mme manire que les sons simples sont les lments des sons composs.Il rsulte videmment de ce qui prcde que les recherches de tous les philosophes portent sur les principes que nous avons numrs dans la Physique, et qu'il n'y a pas d'autres principes en dehors de ceux-l. Mais ces principes ont t indiqus d'une manire obscure, et nous pouvons dire, dans un sens, qu'on a parl avant nous de tous ces principes, et dans un autre sens, qu'on n'a parl d'aucun. Car, la philosophie des premiers temps, jeune encore, et son dbut, semble bgayer sur toutes choses. Empdocle, par exemple, dit que ce qui constitue l'os, c'est la proportion [110]. Or, c'est l un de nos principes, la forme propre, l'essence de chaque objet. Mais il faut que la proportion soit galement le principe essentiel de la chair et de tout le reste [111]; ou bien elle n'est principe de rien [112]. C'est donc la proportion qui constitue la chair, l'os, et chacun des autres objets ; ce ne sera pas la matire, ce ne seront pas ces lments d'Empdocle, le feu, la terre, l'eau et l'air. Empdocle se ft ncessairement rendu ces raisons, si on les lui avait proposes ; mais il n'a pas mis lui-mme sa pense dans tout son jour.Nous nous sommes prcdemment expliqus sur cette insuffisance de l'emploi des principes par nos devanciers. Revenons maintenant aux difficults qu'on peut soulever relativement aux principes eux-mmes: ce sera un moyen de faciliter la solution de celles qui pourront se prsenter plus tard.FIN DU LIVRE PREMIER.

01. La vue nous rvle un grand nombre de diffrences de toute espce, parce que tous les corps ont une couleur. Aristote, De sensu et sensili, cap. 1, dit. de Bekker, p. 437.02. On ignore si les abeilles ont ou non le sens de loue. Aristote, Histor. anim. l. IX, 40, Bekk., p. 627.03. Le chien, le perroquet, le cheval, lne, etc. Asclpius ap. Brandis, Scholia in Aristot., p. 552.04. Il y a des animaux qui vivent rduits aux seules impressions des sens. Arist., De anima, l. II, 3, Bekk., p. 414.05. La science dans son ensemble est le rsultat de lexprience de chacun en particulier. Physic. auscult., l. VII, 3. Bekker, p. 247.06. Cest lexprience qui donne lart pour rgle notre vie ; linexprience nous fait marcher au hasard. Polus, ap. Plat., in Gorg., c. II, d. de H. Estienne, p. 448. Polus, dAgrigente, disciple et ami de Gorgias. Voyez le Gorgias de Platon.07. Cest par la connaissance du gnral que nous avons lintelligence du particulier. Il ny a pas de mode de connaissance propre au particulier. Analyl. prior. l. II, 21. Bekk., p. 67. Voyez aussi Analyt. poster., l. I, 1. Bekk., p. 71.08. .09. 10. .11. Ethic.Nicom. l. VI, 5. Beek.,p. 1179.12. . C'est le mme mot que nous avons traduit prcdemment par sagesse. M. Cousin fait observer qu'Aristote passe successivement du sens populaire de son sens lev qui est la sagesse par excellence, la philosophie. Nous avons tch de mnager la transition, par l'emploi des expressions intermdiaires que nous fournissait la langue franaise.13. Voyez, liv. XII, 10, le dveloppement de cette grande conception du rle de la cause finale dans l'univers.14. Platon, dans le Thtte, d. de H. Est. p. 155 : Cet tat, l'tonnement, est particulirement celui du philosophe, car c'est-l le principe de la philosophie. 15. . Pour l'appprciation de la valeur philosophique des mythes, voyez le cours de M. Cousin, 1828, premire leon, p. 22, et cinquime leon, p. 19, ainsi que quelques arguments de la traduction de Platon.16. Voyez dans le Protagoras, c. XXX, p. 344, le passage de Simonide auquel Aristote fait allusion. Voyez aussi Gaisford, Pt grci minores, t. I, p. 597. Plusieurs critiques ont essay de restituer les vers de Simonide pars dans le texte de Platon.17. Ethic. Nicom., X, 7, 8. Bekk., p. 1177, sq. Nous avons surtout remarqu le passage suivant : Nous ne devons pas, bien que nous ne soyons que des hommes, nous borner, comme quelques-uns le veulent, aux connaissances, aux sentiments purement humains ; nous rduire, tout mortels que nous sommes, une condition mortelle : il faut nous affranchir au contraire, autant qu'il est en notre pouvoir, des liens de la condition mortelle, et tout faire pour vivre conformment ce qu'il y a de meilleur en nous. 18. . Il nous a t impossible de ne pas paraphraser cette formule mathmatique, ainsi que celle qui vient plus loin : . En gnral, la langue gomtrique des Grecs est peu explicite ; il n'en est pas de mme chez nous : nos formules sont des propositions compltes.19. Cette dernire expression, grammaticalement inexplicable, est de l'invention d'Aristote. On la trouve assez frquemment employe dans la Mtaphysique. Elle dsigne le caractre distinctif de l'tre, ce qui entre dans la dfinition, la forme sous laquelle on conoit ncessairement chaque objet. Aristote, outre le mot substitue sans cesse cette formule les mots : , , , , , , , , . C'est ce que les scolastiques appelaient quidditas, causa formalis, forma substantialis.20. . Causa materialis.21. . C'est le principe qui fait passer le sujet, la matire, du possible, qui est sa nature, la ralit, la dtermine, la marque d'un caractre distinctif, en un mot lui donne une forme. Aristote le nomme encore . Causa efficiens.22. . Le motif, le but de l'action, de tout ce qui est et se fait, la raison finale des choses, Causa finalis. La locution , dsignant la cause finale, se rencontre plusieurs fois dans Platon, notamment dans le Gorgias. Mais c'est Aristote qui, le premier, lui a donn cette forme substantive : .23. Voyez Physic. auscult., II, 3. Bekk., p. 194. Ibid., 7. Bekk., p. 198.24. De Milet, 600 ans avant J.-C.25. Orphe, Muse, Eumolpe et les anciens potes.26. Homre, Hsiode, passim.27. Le raisonnement est facile complter. Donc le serment est ce qu'il y a de plus ancien. Or, le serment se jure par le Styx, par l'eau ; donc l'eau est ce qu'il y a de plus ancien.28. De Rhgium, VIe sicle avant J.-C. Tennemann, Manuel, t..1, p.99, le rattache l' cole de Pythagore.29. De Milet, vers 557.30. D'ApolIonie, contemporain d'Anaximne, ou postrieur de quelques annes ce philosophe, si l'on en juge par les dveloppements qu'il donna au principe qui leur est commun.31. VIe sicle. Tennemann le rattache comme Hippon l'cole de Pythagore.32. Vers 500, pre d'une cole de sceptiques clbre dans l'antiquit. Aristote rfutera par la suite plusieurs de ses opinions.33. D'Agrigente, vers 460 ou 444. Aristote le citera frquemment dans Ia Mtaphysique34. N vers 500 ; ami et, selon quelques-uns, matre de Pricls. Aristote cite souvent la proposition fameuse, dbut du livre d*Anaxagore : .35. , , , telles sont les dnominations sous lesquelles les anciens ont dsign ce principe d'Anaxagore. Ici, Aristote donne .36. Les lates.37. D'le ; vers 460, il fit un voyage Athnes ; il avait alors un peu plus de 60 ans. Voyez le Parmnide de Platon, sub init. p. 127.38. Le principe moteur.39. Anaxagore tait son compatriote et son contemporain; il fut probablement son disciple.40. Simon Karsten, Parmenid. Eleat. reliqui, p. 42.41. Hsiode, Theogon., v. 116.42. Aristote n'a pas tenu cette promesse. Nulle part dans la Mtaphysique la question n'est discute. Elle ne l'est mme dans aucun des ouvrages d'Aristote qui nous sont rests.43. .44. L'Amiti.45. La Discorde.46. Allusion au , Deus ex machina. Voyez Alexandre d'Aphr. Brand. Schol., p. 537; Sepulv., p. 13.47. Platon fait dire Socrate dans le Phdon, c. XLVII, p. 98 : Je vois un homme qui n'emploie l' Intelligence aucun usage, et qui donne pour causes l'arrangement de l'univers, non pas des causes vritables, mais des airs, des thers, des eaux, et toutes sortes de choses aussi tranges. Voyez toute cette peinture si vive du dsappointement de Socrate la lecture des livres d'Anaxagore.48. Ce pome tait intitul . Il en reste un assez grand nombre de fragments.49. Vers 500. Sa patrie est inconnue. On croit qu'il fut disciple de Parmnide.50. D'Abdre. N vers 494 ou 490 ; selon d'autres, 470 ou 460. Il adopta et dveloppa le systme de son matre Leucippe. Il crivit en vers comme Empdocle, comme Parmnide, comme presque tous les anciens philosophes.51. '.52. .53. .54. Pythagore tait n Samos vers 584.55. Si l'on considre les nombres, non comme de pures abstractions, mais comme des tres proprement dits.56. , opportunum tempus, ce qui fait qu'une chose vient son temps, l-propos.57. , opposita terra, le corps qui, dans l'ensemble du monde, est oppos la terre. Les vrais Pythagoriciens, suivant Asclpius et Philopon, appelaient Antichthone, la sphre de la lune, parce que c'est la lune qui fait les clipses de soleil pour la terre, et la terre nos clipses de lune, qui sont les clipses de soleil pour la lune. Brandis, Schol. p. 541. Philop. fol. 5, a. Mais Aristote n'indique-t-il pas ici un corps purement imaginaire ? C'est ce que donne penser le choix mme des expressions : , , etc.58. Alexandre cite le De Clo et le Trait sur les Pythagoriciens. Ce dernier livre, dont parle aussi Diogne de Larce, ne nous est point parvenu.59. oppos , tout quadrilatre dont l'un des cts quelconque est plus grand que le ct correspondant ; dont les cts ne sont pas parallles ; le quadrilatre irrgulier. St. Thomas, dans son commentaire sur la Mt., d. d'Anvers, t. IV, fol. 10, a, pense qu'il s'agit ici du rectangle, ou carr long ; mais le rectangle n'est pas le contraire du carr : tous deux ont galement leurs angles droits et leurs cts parallles ; ils ont trop de caractres communs.60. Alcmon est clbre surtout comme naturaliste et comme mdecin.61. C'est sous ce nom qu'Aristote dsigne ordinairement les philosophes de l'cole d'Ionie.62. Thals, Anaximne etc.63. De Samos, vers 444. Mlissus est connu dans l'histoire comme homme d'tat et comme gnral.64. De Colophon, contemporain de Pythagore. Il vint en 536 s'tablir en Italie, Vlia ou le, ville qui a donn son nom l'cole dont Xnophane est le fondateur. Voyez la dissertation d M. Cousin sur Xnophane, Fragm. hist., p. 9 sq.65. Voyez notamment Physic. auscult., 1. T. c. 2, 3. Bekk., p. 186-187.66. .67. .68. Selon les Pythagoriciens, le fini, l'infini et I'unit n'ont pas une existence diffrente des sujets o ils se trouvent, tandis que les Ioniens, lors mme qu'ils admettent que la terre et le feu sont infinis, distinguent le sujet mme, le principe matriel, feu, air ou terre, et la qualit qu'ils y admettent, savoir : l'infinit ou l'immensit. Dans le systme des Pythagoriciens, il n'y a pas deux choses : le sujet et son attribut ; pour eux l'attribut des Ioniens est le sujet lui-mme : , ; ailleurs, liv. XII, Aristote emploie au lieu de , d. Brandis, p. 279. Ainsi, les choses ont fait place aux conceptions mathmatiques, et les termes s'vanouissent dans leurs rapports. Note de M. Cousin.69. N Athnes, l'an 430 ou 429 avant J.-C.j mort en 348.70. Disciple d'Hraclite, Cratyle exagra encore ses doctrines, comme on le verra plus tard, liv. IV, chap. 5 ; il alla jusqu' condamner les hommes au silence absolu, cause de l'absolue incertitude de toutes choses.71. N Athnes en 470 ou 469, mort en 403.72. , et trois lignes plus loin . Les mots et semblent, pour Aristote, compltement synonymes. Platon distingue ordinairement ces deux termes l'un de l'autre. Voyez M. Cousin, De la langue des ides, dans les Fragm. histor.,- p. 160, et les notes de la traduction franaise de Platon. Mais quelquefois aussi Platon emploie pour , et rciproquement.73. .74. , 75. , et ailleurs . Cette expression n'est probablement pas de Platon, mais des philosophes platoniciens. Voyez Trendelenburg Plat, de ideis, etc., p. 47 sq. Elle dsigne le principe matriel, ce qu'Aristote appelle , ; c'est cette nature potentielle, cet tre indtermin qui est la fois les contraires, et qui, en se ralisant, peut galement devenir l'un ou l'autre. Les Pythagoriciens adoptrent aussi cette expression. Mais, pour eux, la dyade n'est pas la matire en tant que dyade, elle l'est comme premier terme multiple76. Anaximandre, si l'on en croit Alexandre d'Aphrodise, Schol, p. 553; Sepulveda, p. 22. D'autres pensent qu'Anaximandre avait pris pour principe l'infini, , Diog., II, 1 ; opinion qui peut, du reste, se concilier avec la remarque d'Alexandre d'Apbrodise ; le dsignerait l'attribut par excellence, le mode essentiel de l'lment premier.77. Alexandre d'Aphrodise, Schol., p. 553 ; Sepulv., p. 22 : On demandera comment il se fait, puisque Platon a parl de la cause efficiente, puisqu'il a dit : Nous devons trouver, dmontrer quel est le formateur et le pre de l'univers; puisqu'il a indiqu la cause finale et le but des choses : Tout, dit-il, est au pouvoir du roi de l'univers, et tout existe en vue de lui ; on se demandera, dis-je, pourquoi Aristote ne trouve pas les deux causes en question dans le systme platonicien. Serait-ce parce que Platon ne les numre pas parmi les causes ? remarque que fait Aristote dans le livre Sur le bien. Est-ce parce que Platon ne les donne pas comme les principes de la production et de la destruction, et parce qu'il n'a pas clairci suffisamment la notion de ces causes? Quel que soit le motif qui a dtermin Aristote, on sent qu'il manque ici quelque chose : Aristote ne nous montre pas Platon tout entier. Qu'on songe au Time, au Xe liv. des Lois.78. , .79. Voyez plus haut.80. Physic. auscult., passim, et particulirement dans les pr