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CHÂTEAUBRIANT < Si l’écho de leur voix faiblit, nous périrons…> Journal de l’Association Nationale des Familles de Fusillés et Massacrés de la Résistance Française et de leurs Amis 10, rue Leroux, 75116 PARIS — Tél. 01 44 17 38 27 Fondateurs : ETIENNE LEGROS — MATHILDE GABRIEL-PÉRI N° 237 - 2 eme trimestre - 28 juin 2011 Adieu Pierre Pierre Rebière est décédé. La nouvelle est tombée, brutale. Nous savions qu’il luttait avec courage contre la maladie mais nous voulions espérer qu’il soit le plus fort et qu’il reprenne sa place parmi nous. Ses forces l’ont abandonné petit à petit et, le 20 mars, il nous a quittés défi- nitivement. Pierre fut notre président pendant plus de 20 ans. Notre association vit aujourd’hui grâce à sa ténacité. Dans des moments difficiles, il sut avec sa sé- rénité, son humour, son humanisme, souder toute l’équipe autour de lui. Nous avons tous ensemble fait en sorte que vive la flamme que nous por- tons depuis la création de l’Association par Mathilde Gabriel-Péri et Etienne Legros, en décembre 1944. Les Familles de Fusillés et Massacrés ont tenu leur place dans le combat pour la défense des valeurs dont leurs parents étaient porteurs. Avec Pierre, rien d’impossible. Que ce soit au sein de la Commission du Mont-Valérien, au Secrétariat d’Etat aux Anciens Com- battants (quand il existait encore) ou en d’autres lieux, il a toujours su dé- fendre avec efficacité les idéaux pour lesquels nous combattons. Après des études supérieures, il fut successivement professeur d’his- toire puis proviseur. Il rejoignit enfin le rectorat de Paris. Au sein de notre association, ses connaissances historiques permettaient de mettre les évé- nements en perspective. Sa culture, alliée à un sens pédagogique certain, faisait que nous comprenions plus facilement l’enchaînement des faits. Il savait écouter et les décisions n’étaient prises qu’après une large concer- tation. Nous n’étions pas toujours d’accord mais le débat permanent nous conduisait à prendre le bon chemin. Permettez-moi de dire à titre personnel combien je suis touché, car ou- tre le destin commun de nos pères, fusillés tous les deux par les nazis, nous nous étions rencontrés il y a très longtemps. J’avais alors 19 ans (j’en ai 69 maintenant) et notre amitié a perduré durant toutes ces années. J’ai l’honneur et la lourde tâche de lui succéder à la présidence de l’associa- tion. Bien sûr, l’équipe est toujours présente et nous continuerons sur le chemin que Pierre nous a tracé. Il nous faudra apprendre à travailler sans lui. Soyez sûrs que les enseignements qu’il nous laisse nous permettront de poursuivre le travail. Il nous a montré la voie. Nous saurons faire vivre ce qu’il a construit. Georges Duffau-Epstein SOMMAIRE Editorial 1 Adieu Pierre Nos peines 2 Hommage à Pierre Rebière 3 Mme Suzanne Rogalski- Tourette Commémorations 4 Fusillés de La Braconne 5 Hommage à Pierre Sémard Vie de l’association 5 Comité de Souge 6 Georges Durou honoré Amicale Châteaubriant- Voves-Rouillé 7 FNDIRP, assemblée géné- rale de mai Accusé de réception… Histoire 8 Ivry, un cimetière parisien 9 Claude et Simone de Nantes Vie de l’association 10 Satisfaction Histoire 11 Exposition à Rouillé 12 Une célébrité et 4 inconnus ISSN 0995 - 8584 http://www.familles-de-fusilles.com/ 41519_CHATEAUBRIANT_237:Mise en page 1 23/06/11 12:07 Page 1

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CHÂTEAUBRIANT< Si l’écho de leur voix faiblit, nous périrons…>

Journal de l’Association Nationale des Familles de Fusillés et Massacrés de la Résistance Françaiseet de leurs Amis

10, rue Leroux, 75116 PARIS — Tél. 01 44 17 38 27

Fondateurs : ETIENNE LEGROS — MATHILDE GABRIEL-PÉRI

N° 237 - 2eme trimestre - 28 juin 2011

Adieu PierrePierre Rebière est décédé. La nouvelle est

tombée, brutale. Nous savions qu’il luttait aveccourage contre la maladie mais nous voulionsespérer qu’il soit le plus fort et qu’il reprenne saplace parmi nous. Ses forces l’ont abandonnépetit à petit et, le 20 mars, il nous a quittés défi-nitivement. Pierre fut notre président pendantplus de 20 ans. Notre association vit aujourd’huigrâce à sa ténacité.

Dans des moments difficiles, il sut avec sa sé-rénité, son humour, son humanisme, souder toute l’équipe autour de lui.Nous avons tous ensemble fait en sorte que vive la flamme que nous por-tons depuis la création de l’Association par Mathilde Gabriel-Péri et EtienneLegros, en décembre 1944. Les Familles de Fusillés et Massacrés ont tenuleur place dans le combat pour la défense des valeurs dont leurs parentsétaient porteurs. Avec Pierre, rien d’impossible. Que ce soit au sein de laCommission du Mont-Valérien, au Secrétariat d’Etat aux Anciens Com-battants (quand il existait encore) ou en d’autres lieux, il a toujours su dé-fendre avec efficacité les idéaux pour lesquels nous combattons.

Après des études supérieures, il fut successivement professeur d’his-toire puis proviseur. Il rejoignit enfin le rectorat de Paris. Au sein de notreassociation, ses connaissances historiques permettaient de mettre les évé-nements en perspective. Sa culture, alliée à un sens pédagogique certain,faisait que nous comprenions plus facilement l’enchaînement des faits. Ilsavait écouter et les décisions n’étaient prises qu’après une large concer-tation. Nous n’étions pas toujours d’accord mais le débat permanentnous conduisait à prendre le bon chemin.

Permettez-moi de dire à titre personnel combien je suis touché, car ou-tre le destin commun de nos pères, fusillés tous les deux par les nazis, nousnous étions rencontrés il y a très longtemps. J’avais alors 19 ans (j’en ai69 maintenant) et notre amitié a perduré durant toutes ces années. J’ail’honneur et la lourde tâche de lui succéder à la présidence de l’associa-tion. Bien sûr, l’équipe est toujours présente et nous continuerons sur lechemin que Pierre nous a tracé. Il nous faudra apprendre à travailler sanslui. Soyez sûrs que les enseignements qu’il nous laisse nous permettrontde poursuivre le travail. Il nous a montré la voie. Nous saurons faire vivrece qu’il a construit.

Georges Duffau-Epstein

SOMMAIRE

Editorial1 Adieu PierreNos peines2 Hommage à Pierre Rebière3 Mme Suzanne Rogalski-

Tourette

Commémorations4 Fusillés de La Braconne5 Hommage à Pierre Sémard

Vie de l’association5 Comité de Souge6 Georges Durou honoré

Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé

7 FNDIRP, assemblée géné-rale de maiAccusé de réception…

Histoire8 Ivry, un cimetière parisien9 Claude et Simone de

Nantes

Vie de l’association10 Satisfaction

Histoire11 Exposition à Rouillé12 Une célébrité et 4 inconnus

ISSN 0995 - 8584

http://www.familles-de-fusilles.com/

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Hommage à Pierre RebièreNous étions nombreux, à la Maison des Métallos-CGT, rue Jean-Pierre Timbaud, Paris-XIe, à assister

à l’hommage que notre Association et l’ACER (Amis des Combattants en Espagne Républicaine) ontrendu à Pierre Rebière le 21 mai.

Ses amis avaient tenu à être présents pour lui témoigner leur amitié et pour, dans ces douloureusescirconstances, exprimer leur soutien à sa famille, Arlette son épouse, Jacques son fils et Théo, son pe-tit-fils qui sut nous parler avec amour de ce grand-père exceptionnel.

La rencontre fut à l’image de la personnalité de Pierre : simple, fraternelle…« et surtout pas triste »comme l’avait souhaité d’emblée José Fort, président de l’ACER, qui, avec Georges Duffau-Epstein,retraça son action dans nos associations, déclarant notamment :

« Pierre parlait peu de lui-même, préférant évoquer l’épopée de son père dans les Brigades inter-nationales en Espagne républicaine, puis dans la Résistance en France, son père Pierre Rebière, fu-sillé par les nazis au stand de tir de Balard. »

José Fort poursuit : « Pierre avait passé un temps à L’Avenir Social « Le Nid », avec d’autres enfantsde fusillés, puis de victimes de la répression contre le mouvement ouvrier en France et dans le monde.

Il gardait un souvenir ému de la solidarité organisée par la CGT, ainsi que par de nombreux intel-lectuels et artistes, comme Picasso ou Yves Montand, pour « faire bouillir la marmite » dans cette mai-son de Seine-et-Marne, qu’on appelait aussi La Villette …

Il partageait son temps entre Paris et Vallauris. Il a longtemps gardé la plus grande discrétion surson jardin secret : l’écriture… »

Depuis de longues années, nos lecteurs assidus ont su apprécier les talents de plume de PierreDeux de ses poèmes ont été lus pour clore cet hommage, l’un jouant avec brio sur les mots du temps

qui passe…vite et un autre que voici :

Nos peines

Aux Familles de Fusillés…, nous nous sommes côtoyés de réunions en assemblées et cérémonies.Sa vivacité d’esprit, son érudition et ses multiples compétences en faisaient un solide compagnon decombat. Son goût aigu du calembour et de la dérision facétieuse conférait à sa présence le ton parti-culier d’une personnalité originale et stimulante. Il vivifiait notre attachement aux valeurs républicainessi chèrement défendues, du Moulin de Valmy à la Cité Universitaire de Madrid, de Balard au Mont-Va-lérien, valeurs fondamentales du Programme du Conseil national de la Résistance et qui nourrissentnotre travail de mémoire et notre action.

Pierre était homme de convictions par amour de la vie. GDE - JF - JC.

Nous qui sommes, qui sommes-nous ?Nous sommes le souvenir encore ineffacédes amours de ceux-là que nous appelions père,frère,mère,promise fiancée,Plus âgés aujourd’hui que le furent nos pèresfigés tôt un matin au cœur de leur trente ans,nos filles et nos fils et parfois leurs enfantsfont mine d’ascendants dans un temps à l’envers.Nous sommes la mémoire de cette étrange guerreoù l’ennemi d’en face fut aussi à côté,où ceux qui combattaient n’étaient pas militairesmais irisaient le ciel de Babel-liberté

Pierre Rebière (10 juillet 1996)

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Nos peines

Madame Suzanne Rogalski-Tourette

Nous avons appris, avec quelque retard, le décès survenu le13 janvier dernier de Madame SuzanneRogalski. Elle faisait partie de celles et ceux que nous appelons affectueusement nos adhérents an-ciens. Elle avait rejoint nos rangs en mémoire de son frère, Pierre Tourette, né le 12 janvier 1917 à Paris(IX), exécuté le 17 avril 1942 au Mont-Valérien à la suite du procès à grand spectacle, dit « Procès de laMaison de la Chimie », organisé à Paris par les nazis - pour l’exemple et pour l’effroi : 27 communistesde l’Organisation Spéciale et des Bataillons de la Jeunesse y comparurent, 23 furent condamnés à mort… et passés par les armes, le lendemain du verdict. A sa famille, nous adressons nos respectueusescondoléances. J.C.

En compagnie de Pierre Rebiere

Parcours de la mémoire en 2004

Ivry 2005 Maillé 2007

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Commémorations

Les enfants des Fusillés etMassacrés de la Résistance onttransmis ce que leurs parentsavaient vécu, espéré ou accom-pli. Aujourd’hui, c’est aux petits-enfants qu’il appartient d’expri-mer leur attachement au souvenirde celles et ceux qui, aux heuressombres, choisirent l’honneur etl’avenir de la France.

Deux rassemblements an-nuels saluent les fusillades des 5mai 1943 et 15 janvier 1944 enforêt de La Braconne (nord-estd’Angoulême), rendant hom-mage à tous les Résistants civilsmorts au combat. La cérémoniedu samedi 7 mai 2011 a illustré lepassage de témoin entre géné-rations : deux jeunes femmes di-rent leur reconnaissance, cha-cune à sa manière.

Sophie Zérubia, lauréate en2004 du Concours national de laRésistance et de la Déportationoffrit en partage sa respectueuseadmiration. Catherine Corbiatvint témoigner des douleurséprouvées par sa famille au fil dutemps : elle nous parla de songrand-père, mais pas seule-ment… Ne pouvant reproduireici la totalité de son émouvanteintervention, nous en proposons,avec son accord, le condensésuivant :

Mon grand-père, RaymondCorbiat, benjamin d’une famillede quatre enfants, est né en1907… Pendant son service mi-litaire, il fait la guerre au Maroc ;blessé, il est réformé et pen-sionné. En 1931, il épouse Thé-rèse Bourdy. Il entre la même an-née aux PTT comme monteur delignes. Le couple part vivre à An-goulême. Deux enfants voient lejour : Jean, mon père, en 1932 etRaymonde, en 1938.

Mon grand-père adhère auParti communiste en 1937. Ré-formé, il n’est pas mobilisé en1939 mais il rejoint le réseau FTP

du groupe d’Angoulême-Ruelle.Il héberge de nombreux Résis-tants dont Amédée Berque etDédé-le-Basque. Il participe à demultiples sabotages et attentats(comme le déraillement d’un trainde marchandises entre Vars etSt-Amant-de-Boixe)…

A la suite d’un accrochagesanglant, Berque est arrêté etson réseau dissous. Dans la soi-rée du 1er octobre 1943, Ray-mond Corbiat est appréhendédans le train le ramenant de sontravail. Son domicile est fouillé.La police allemande questionnemes grands-parents sous lesyeux de leur fille de sixans…Mon grand-père est incar-céré à la prison Saint-Roch d’An-goulême ; le lendemain, vient letour de ses camarades des PTT,Pierre Gaborit et Pierre Camus.En quelques jours, 25 membresde réseaux seront capturés…

Tous sont condamnés à mortpour complicité avec « l’ennemi»,mon grand-père ajoutant à cechef d’accusation celui de franc-tireur. Dix seront fusillés, les au-tres, emprisonnés à Fresnes etdéportés : Le Struthof (Alsace),Dachau… Deux seulement re-viendront des Camps.

Au petit matin du 15 janvier1944, mon grand-père écrit à safemme, ses parents et son fils(mon père) : «… Mon cher petitJean. Je pense que tu travaillerasbien et que tu deviendras unhonnête homme. Il faudra aider

ta maman et ta petite sœur etsurtout beaucoup les aimer ainsique tes grands-parents. Em-brasse-les bien pour moi, monpetit Jean. Ton petit papa quivous aime …»

Lettre de la dernière heure quin’exprime pas la peur de mourir,mais simplement l’amour porté àceux qui resteront… Mon père,Jean Corbiat, a poursuivi lesidéaux liés à la Résistance, parloyauté, par hommage et paramour filial. Au long de sa vie,certaines constantes reviennent :la lutte – la démocratie – l’hon-nêteté – la justice… Les engage-ments de mon père (au PCcomme au syndicat des PTT)n’étaient qu’évidence et conti-nuité des valeurs transmises parson père. Autre sentiment : celuid’être Citoyen du monde - pasde racisme chez lui, pas de cultede la nation - respect de la li-berté, du droit de parole, de latolérance et de l’indépendance…Chez mon père, une part de lui-même a toujours porté une souf-france spécifique. Pour lui, pourRaymonde, sa sœur, l’absencea été lourde… « Ce dont on nepeut parler, c’est aussi ce qu’onne peut apaiser » (Bruno Bettel-heim).

L’héroïsme n’est pas seule-ment une série d’actes specta-culaires réalisés par quelquesêtres d’exception, c’est aussi lecombat de gens simples… refu-sant des situations intolérables.

Catherine Corbiat

Fusillés de La Braconne (Charente)

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Commémorations

Comme chaque année, lesmunicipalités de Bonneuil-sur-Marne et Valenton (Val-de-Marne) célébraient la mémoirede Pierre Sémard, secrétaire gé-néral de la fédération CGT descheminots qui fut arrêté en 1939puis fusillé le 7 mars 1942.

Ses dernières paroles furent :« Je meurs avec la certitude dela libération de la France. Ditesà mes amis les cheminots qu’ilsne fassent rien qui puisse aiderles nazis. Les cheminots mecomprendront, ils m’entendront,ils agiront ! J’en suis convaincu.Adieu chers amis, l’heure demourir est proche. Mais je saisque les nazis qui vont me fusil-ler sont déjà vaincus et que laFrance saura poursuivre le boncombat… »

GG-SG

Hommage à Pierre Sémard

Mme Baud, maire de Valenton ; M. Thiberville, conseiller général ; M. Douet, maire deBonneuil-sur-Marne

La vie de l’association

Comité du Souvenir des Fusillés de SougePendant la guerre 1939 -

1945, de nombreux patriotes,résistants ont été fusillés aucamp militaire de Souge (Gi-ronde). Beaucoup de gensl’ignorent, mais, après le Mont-Valérien, Souge est le deuxièmelieu d’exécutions massives enFrance : 257 fusillés ont étéidentifiés.

En dehors de la cérémonied’octobre, il est possible de s’yrendre. De plus en plus d‘asso-ciations, de professeurs s’inté-ressent à l’histoire des « Fusillésde Souge ». Depuis le début decette année, le comité a reçu :

en février : des collégiens de3ème du CES Capeyron, deMérignac (Gironde)

en mars : des classes de3ème du CES de Biscarrosse(Landes) ; l’ANACR de Tarnos(Landes)

en avril : des lycéens de 1èrede Mont-de-Marsan (Landes) ;

l’ANCAC (Cheminots AnciensCombattants) de Gironde

en mai : l’ANACR de l’Oise,avec des lycéens

en juin : des lycéens de Cha-rente-Maritime.

Georges Durou, président duComité, est toujours présentpour témoigner et répondre auxquestions posées. Ces visitesse déroulent dans le recueille-ment et le respect des lieux.

Depuis 4 ans, un « rallye ci-toyen » est organisé à Souge.12 lycées de la communauté ur-baine de Bordeaux y partici-pent. Une épreuve sur La Mé-moire est proposée au stand del’ONAC où des enfants de Fu-sillés les guident. Les élèvescompulsent des dossiers, par-courent l’exposition, examinentles stèles du mémorial où sontgravés les noms des Fusillés…Ils répondent enfin à un ques-tionnaire, tout cela en 15 mi-

nutes, ce qui est très court. Il yaurait tant de choses à dire et àexpliquer sur cette période !Toutefois, le comité appréciebeaucoup ces rencontres.

Les personnes intéresséespar des visites peuvent s’adres-ser à Jean-René Mellier (tél. 0556 98 65 03) pour tous rensei-gnements.

Michèle Vignacq

AppelNous avons entrepris la

mise à jour de notre fichier in-formatisé. Nos adhérents etnos abonnés disposant d’uneadresse électronique peuvent,s’ils le désirent, nous la com-muniquer à :

[email protected] les en remercions.

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La vie de l’association

À l’initiative de l’associationEnsemble pour la Paix - Co-mité du Mémorial d’Orthez etdu Souvenir des Guerilleros deBuziet, s’est tenue, le 30 avril2011 à la Bourse du Travail deBordeaux, une cérémonie ren-dant hommage à Georges Du-rou, président du Comité duSouvenir des Fusillés deSouge. Jo Durou fut arrêté à 15ans, condamné à un an de dé-tention, interné au camp deMérignac-Pichey - où il vécutleur dernière nuit au côté desotages assassinés à Souge le24 octobre 1941. Il fut déportéà Oranienbourg-Sachsenhau-sen le 24 janvier 1943.

Devant une très nombreuseassistance, André Cuyeu, d’Or-thez (Pyrénées-Atlantiques), luia remis « le bâton de pèlerin dela mémoire » (distinction biendans l’esprit des traditionssymboliques régionales) por-tant gravés son nom, celui deson camp et son matricule. Al’intérieur du bâton, un tubecontient de la terre de Souge et

Georges Durou, militant de la Mémoire

de la terre de Sachsenhausen,lieux évoquant son parcoursde Résistant.

Pleine de gravité, cette cé-rémonie a suscité par ses dis-cours, par ses chants, une trèsvive émotion dans l’assistancequi comptait plus de 200 per-sonnes. Elle fut l’occasion derappeler combien devoir et tra-

vail de mémoire nous imposentde transmettre aux générationsmontantes ce que nos aînésnous ont légué par leurs sacri-fices.

Michèle VignacqJean-René Mellier

Amicale Châteaubriant - Voves - Rouillé, 12 mars 2011

L’année 2011 marque le70ème anniversaire des pre-mières fusillades massives deRésistants et Otages enFrance. Une assemblée extra-ordinaire de l’Amicale de Châ-teaubriant-Voves-Rouillé, te-nue à l’Hôtel de ville de Paris, arappelé ces faits douloureux.

Les débats ont apporté uneréponse à notre souci, nous lesAnciens (enfants de Résistants)de voir se perpétuer le souve-nir et surtout l’exemple quenous ont laissés les Résistants,nos parents, nos amis, qui,pour beaucoup, furent fusillésou déportés.

Les avancées du Front po-

pulaire en 1936 et du Conseilnational de la Résistance ontété évoquées. Les jeunesétaient venus nombreux ; plu-sieurs sont intervenus. Ils nousont rassurés quant à la suitequi sera donnée à nos inquié-tudes (et il y a beaucoup à faireactuellement). La conscienceet la maturité dont témoignentleurs interventions nous ont ré-chauffé le cœur.

L’assemblée s’est prolon-gée dans la salle du Conseilmunicipal, devant la plaquecommémorant les sacrificesdes Résistants parisiens fusil-lés en 1941 et 42, parmi les-quels figuraient des élus muni-

cipaux (comme Jules Auffret,Corentin Cariou (1), Léon Frot,Maurice Gardette, Jean Gran-del, René Le Gall ou RaymondLosserand) mais aussi PierreSémard. Hommage circons-tancié leur fut rendu.

Le 23 octobre prochain, lacérémonie de Châteaubriant,en Loire-Atlantique, aura lieudans la carrière des Fusillés età la Blisière, sur le thème :« Tous les Guy Môquet duMonde».

Michèle Gautier

(1) Corentin Cariou était le père del’ancienne présidente de l’ANFFMR, An-drée Cariou.

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La vie de l’association

Assemblée générale de la FNDIRP, 12-13-14 mai 2011

Cette assemblée, tenue enl’Hôtel de ville de Paris, revêtaitune importance exceptionnelle:le devenir de la Fédération Na-tionale des Déportés et Inter-nés, Résistants et Patriotes étaità l’ordre du jour. Nous y étions.

Très âgée, l’assistance étaitnombreuse et l’on sentait l’ami-tié profonde qui unit les anciensdéportés et les familles. L’am-biance était chaleureuse.

Lors des allocutions pronon-cées à l’ouverture de l’assem-blée, Mme Anne Hidalgo, pre-mière adjointe au maire deParis, a salué les participants etremercié nos amis déportésdont elle a souligné le courage :«Héroïsme dans la guerre et so-lidarité dans la Paix…C’était letemps du courage ou de la lâ-cheté et vous avez choisi lecourage, la vie… C’est ce lienhier, aujourd’hui et demain quicaractérise votre combat, voustransmettez à la jeunesse. Nousdevons rester fidèles à votrecombat».

Robert Créange, secrétairegénéral de la FNDIRP, expose legrave problème que rencontrela Fédération du fait des 65 anspassés depuis le retour des Dé-portés. Beaucoup ont disparu,les amis encore présents – quitémoignent toujours dans lesécoles – sont âgés et souventfatigués. Il faut malheureuse-ment envisager de passer le re-lais. En 1990, la FNDIRP a par-ticipé à la création de laFondation pour la Mémoire dela Déportation qui deviendraitce relais.

Oui, c’est un problèmegrave, les adhérents, anciensdéportés et familles, sont trèsattachés à la FNDIRP, plusieursassociations départementales(ADIRP) sont contre le projet dedissolution. Un vote des délé-gués décide donc des orienta-tions qui devront être ratifiéespar une assemblée générale ex-traordinaire à venir :

1) le 31 décembre 2013, laFNDIRP cessera son activité,

2) Le Patriote Résistant pour-suivra sa parution.

Robert Créange conclut ainsison édito du Patriote Résistantde mai 2011 :

«Mes chers camarades, pourvous, pour moi, la FNDIRP c’estune partie importante de notrevie. La meilleure façon de luiêtre fidèle, de l’être à nos an-ciens, n’est-ce-pas, même sic’est au détriment de notre sen-sibilité, d’essayer d’être lucides,de tout faire pour que l’inévita-ble succession se passe dansles meilleures conditions possi-bles pour que continue à vivrenotre mémoire, non pas unemémoire figée mais une mé-moire vivante?»

Après ces journées émou-vantes, nous nous sommesquittés sur un riche programmede chansons de Jean Ferrat quis’adaptait bien à cette assem-blée, interprété d’une façon trèssensible par Natacha Ezdra.

Michèle Gautier

Accusé de réception - Fin de non-recevoirNotre dernière assemblée générale a adopté, sous forme de motion, une requête que nous avons

adressée au Président de la République, ce qui nous a valu la réponse suivante :Le Chef de Cabinet du Président de la Républiqueà Monsieur Georges Duffau-Epstein, Président de l’ANFFMRF et AParis, le 28 mars 2011Monsieur le Président,Le Président de la République a bien reçu la résolution adoptée par l’assemblée générale de vo-

tre association le 3 février dernier, relative à la nomination d’un secrétaire d’Etat aux anciens com-battants et victimes de guerre.

Sensible au souci d’information qui a guidé votre démarche, le Chef de l’Etat m’a confié le soinde vous en remercier.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments les meilleurs.Guillaume Lambert

Nantes - dernière minuteNous venons d’apprendre que, le 21 octobre prochain à Nantes, de nouvelles plaques nommantplusieurs rues de la ville seront dévoilées, rendant hommage aux victimes du « Procès des 42 »et rappelant le souvenir de : Simone et Claude Millot (évoqués ici p.9), Louise et Louis Paih, Au-guste et Marie Chauvin, Marcel et Marie Michel, les frères Hervé et le républicain espagnol Ol-lero Gomez.

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Histoire

Quand on entre dans le ci-metière parisien d’Ivry, on estfrappé d’être accueilli par unnombre impressionnant de« croix de bois ». Il s’agit detombes militaires. Celles si-tuées à droite de l’entrée ren-dent hommage à ceux qui ontété tués durant la premièreguerre mondiale. A gauche,sont alignées les sépultures de« combattants de l’ombre »morts durant la seconde, en1939-1945. La quasi-totalitédes hommes enterrés ici sonttombés sous les balles nazies,fusillés comme Résistants et/ou Otages. Ils sont 828 à yavoir été amenés par les ca-mions de la Wehrmacht. Sou-vent ensevelis en catimini, leursfamilles n’étaient prévenuesque tardivement. Les fusilleursne voulaient pas que leurs for-faits soient connus, alors lescorps des suppliciés du Mont-Valérien, du stand de tir de Ba-lard ou d’ailleurs, étaient répar-tis dans les cimetières de larégion parisienne. Ivry eutl’honneur d’en recevoir le plusgrand nombre. C’est dans ce

lieu chargé de mémoire que fu-rent enterrés les combattantsdits du groupe Manouchian.C’est ici aussi que l’on trouveles tombes de Pierre Rebière,Joseph Epstein, Louis Wallé etbien d’autres qu’il est impossi-ble de citer car la liste est troplongue. Ce lieu devint emblé-matique des exécutions de larégion parisienne. C’est pourcette raison que notre associa-tion décida d’organiser ici,chaque année, une cérémonierendant hommage à tous ceshéros qui ont donné leur viepour notre liberté. Depuismaintenant plus de 30 ans,nous nous retrouvons devantla dalle du souvenir, chaquepremier samedi d’octobre. Il nes’agit pas seulement de se re-mémorer le passé, mais d’êtretourné vers l’avenir et de faireen sorte que ces atrocités nese reproduisent plus. Nous nevoulons pas oublier que tousces combattants n’avaientqu’un seul idéal : la liberté. Ilsétaient issus de tous les cou-rants de pensée de la sociétéfrançaise : gaullistes, socia-

listes, communistes, sans en-gagement politique, syndica-listes, certains croyaient en undieu et d’autres pas. Ils étaientfrançais ou étrangers. Ces dif-férences avaient peu d’impor-tance, ils menaient le mêmecombat pour promouvoir desvaleurs universelles foulées auxpieds par les nazis et leurs al-liés collaborateurs du régimede Vichy.

Aujourd’hui, le carré militairede la seconde guerre mondialeest de taille moins importante,car au fil des ans des famillesont fait porter leurs morts dansles caveaux familiaux. Même sile nombre d’ensevelis est plusrestreint, le symbole du cime-tière parisien d’Ivry demeure. Ily a quelques années, la Villede Paris a inauguré une stèle àla mémoire des 828 Fusillés, àl’emplacement où ils étaienttous enterrés à l’origine.

Le symbole que représen-tent ces martyrs reste vivant,c’est pourquoi notre associa-tion continuera à les honorer.

Georges Duffau-Epstein

Ivry, un cimetière parisien

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Histoire

En mars dernier, dans le ca-dre du Concours national de laRésistance, deux classes deSeconde du Lycée Militaired’Aix-en-Provence et leur pro-fesseur d’Histoire ont reçuClaudine Coiffard-Millot afind’évoquer le « Procès des 42 »de Nantes. Après avoir rappelébrièvement le contexte histo-rique, notre amie a retracé leparcours de ses parents, Si-mone et Claude avant de don-ner lecture d’une lettre.

Mes parents sont entrés enRésistance en juin 1940. Mamère, Simone Millot était insti-tutrice. Elle devint agent de liai-son des Francs-Tireurs et Par-tisans, elle était en relationavec Marcel Paul (ce qui lui va-lut d’être décorée de la Légiond’Honneur, en 1980). Monpère, Claude Millot, contrôleurprincipal des contributions in-directes, « faisait du rensei-gnement » au sujet des dépôtsd’explosifs de sa région et pro-curait de faux papiers… Il étaitmembre de l’OS ( l’Organisa-tion spéciale – structure decombat du Parti communiste ).Le PC était interdit depuis le26 septembre 1939. ClaudeMillot fut arrêté par la policefrançaise le 31 août 1942, in-terrogé et torturé par desmembres du SPAC (Service depolice anti-communiste - crééen octobre 1941 ). Il comparutau cours du « Procès des 42 »qui s’ouvrit à Nantes, le 15 jan-vier 1943, devant une juridic-tion nazie : 37 condamnationsà mort (parmi lesquelles 5 Ré-publicains Espagnols), 3 ac-quittements (dont 2 déporta-tions) !

Les exécutions eurent lieu àNantes, au camp militaire duBêle, le 29 janvier 1943 (9 Fu-sillés), le 13 février (25 Fusil-lés), le 7 mai (3 Fusillés). Ceuxde janvier avaient pu écrire une

Claude et Simone de Nantes

dernière lettre, pas ceux de fé-vrier… Les corps furent inhu-més en secret à La Chapelle-Basse-Mer et au Loroux-Bot-tereau.

Mes trois sœurs et moiavions entre 9 ans et 9 mois.Nous ne voyions plus notrepère depuis l’été 41 ; il passadans la clandestinité en mai1942…

Claudine Coiffard-Millot

Cachées dans un ourlet depardessus, deux lettres deClaude Millot ont été remises àson épouse par l’avocate nan-taise, Maître Divinnach. Nous re-produisons ci-dessous celle du12 février, la dernière qu’il écrività la Maison d’arrêt de Nantes.

Simone, ma chérie,Je viens m’entretenir un peu

avec toi. Que de choses nousaurions à nous dire si cette bar-rière quasi infranchissable du« secret » n’avait séparé nosexistences.

Au début, nous avons eu àendurer les coups, la torture.Ce fut odieux. Pour moi unmois de cette existence, me-nottes aux mains. Je n’avaisque ton fugitif et radieux pas-sage au commissariat. Com-bien j’ai senti alors que je t’ai-

mais. Puis ce fut l’incarcéra-tion. Soulagement, plus decoups, mais encore les dou-leurs dans notre pauvre corpsblessé, mais torture nouvelle :la faim. Le secret : pas de nou-velles, pas de colis, pas dejournaux, pas de lecture, nepas pouvoir écrire, ne jamaissortir de la cellule, pas de lit(interdit pour nous) on ne vou-lait même pas nous donner depaillasses, pas le droit de fu-mer. Rien que le colis de linge.Mais nous avons tenu car notremoral était élevé et nous étionsde bons camarades. Au boutd’un moment il n’y eut mêmeplus de visites d’avocat.Puisnous fûmes livrés au quartierallemand et là le secret est en-core plus rigoureux, si possi-ble. Enfin le jugement ! qui nefut pas une surprise pour noustous. Il faudra plus tard qu’onsache que nous avons souf-fert, mais que crânement noustenions tête. Les allemands fu-rent corrects mais au quartierallemand ce furent les serveursfrançais (condamnés de droitcommun) qui furent nos tor-tionnaires, ces ignobles trafi-quants de soupe. Toutes les« combines » pour eux sontbonnes pour de l’argent. Il fau-

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Claude et Simone de Nantes (suite)

SatisfactionDaté du 28 avril 2011, le courrier suivant donne satisfaction à la motion « Orphelins » de notre der-

nière assemblée générale :

Ministère de la Défense et des Anciens CombattantsLe Ministreà Monsieur le Président de l’ANFFMR et AVous avez appelé l’attention de mon prédécesseur sur la question des orphelins de guerre et pu-

pilles de la Nation.A la suite du rapport de la commission nationale de concertation chargée d’étudier le dossier des

orphelins de guerre, mise en place par le Premier ministre, le Gouvernement examine les améliorationsqu’il serait possible d’apporter à ce dispositif. Son élargissement aux orphelins de tous les conflits nesaurait être envisagé tant pour des raisons de coût que de principe. En effet, une telle généralisationromprait totalement avec la justification fondamentale du dispositif qui est le caractère spécifique dela reconnaissance des conditions d’extrême barbarie ayant caractérisé certaines disparitions pendantla Seconde Guerre mondiale.

Conformément à l’engagement du Président de la République, le Gouvernement s’attache à défi-nir la solution qui tienne le plus grand compte de l’équité et corrige les principales inégalités consta-tées, dans l’application de la notion de victimes d’actes de barbarie pendant la Seconde Guerre mon-diale.

C’est ainsi qu’un projet de décret unique a été préparé à la demande du Premier ministre. Il se trouveactuellement en phase d’approbation.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’expression de mes sentiments les meilleurs.Bien à vousGérard Longuet

Nous apprécions la réponse de Monsieur le Ministre, elle montre que notre demande a été prise encompte. Il est indispensable que le processus d’approbation engagé aille rapidement à son terme. Ainsi,tous les orphelins «victimes d’actes de barbarie pendant la Seconde Guerre mondiale » seront enfin in-demnisés.

Georges Duffau-Epstein

La vie de l’association

dra se souvenir de ces « fran-çais » qui ont contribué à ag-graver le sort d’autres français,honnêtes gens ceux-là. Maisc’est assez raconté sur nosmalheurs pour aujourd’hui.Nous avons aussi les bons mo-ments, les heures d’espoir lesinstants de bonne camarade-rie, de fraternité : ce sont lescolis. Ils nous montrent votretendresse à notre égard. Nousles partageons également en-tre tous. Nous pensons aux sa-crifices que vous faites en cestemps de restrictions pournous envoyer ces douceurs.Nous dévorons malheureuse-ment ces colis comme desloups, nous avons été telle-ment tenaillés par la faim.

Aujourd’hui il y a quinze

jours, neuf ou dix (on ne saitpas exactement) de nos cama-rades étaient fusillés. Parmieux un dans notre cellule (oùnous étions 4). Depuis cetemps-là j’ai changé de cellule.Avant nous étions 10, puis 4,puis 6. De vrais et bons cama-rades. Depuis le jugement, jouret nuit, nous sommes me-nottes aux mains. Une souf-france à ajouter à tant d’au-tres. Mais qu’importe. Noussavons que très bientôt le soleilbrillera pour tout le monde.Tant pis si nous ne sommesplus là. Nous aurons été lesdernières victimes.

Jusqu’à aujourd’hui doncrien de nouveau depuis l’exé-cution de nos 9 ou 10 cama-rades. Déjà 15 jours de pas-

sés. Mais dehors les évène-ments vont vite et notre vic-toire, nous le savons avance àpas de géant.

Ma chérie, ma Simone ai-mée, je te quitte pour ce soir.J’espère venir te causer à nou-veau demain. Au revoir mon Ai-mée, ton Claude qui pense àtoi avec toute sa tendresse.

Mes pensées vont aussivers ceux qui m’aiment et sontloin d’ici Papa, Colette et maGrand’mère. Toi ma chérie, tuleur diras toute l’affection quej’ai pour eux.

Chérie, j’ai aussi des mo-ments de douceur, ceux où jecontemple ton cher et beau vi-sage. Comme je t’aime.

Claude

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Histoire

Exposition à Rouillé (Vienne)

A l’occasion de commémora-tions annuelles, Rouillé, bourg de2300 habitants du départementde la Vienne, est régulièrementcité dans nos colonnes : un cen-tre de séjour surveillé, très vitedevenu camp d’internement depatriotes opposés au régime deVichy et à l’occupation alle-mande, y fut construit et ouverten 1941. De 150 personnes, enseptembre, le nombre des inter-nés passa à près de 640 un anplus tard ! Le camp fut libéré parles FTP, dans la nuit du 11 au 12juin 1944.

En octobre 2010, plusieurssemaines durant, sous le titre«Objets d’évasion», une très in-téressante exposition publique,

conçue et organisée par l’Asso-ciation pour le développementlocal, a présenté, dans les lo-caux de la bibliothèque munici-pale, une soixantaine «d’objetsimaginés et façonnés par les in-ternés du camp de Rouillé, de1941 à 1944».

En 1942, un atelier de menui-serie pouvant accueillir une ving-taine de personnes avait été misen place par l’administration vi-chyste du centre d’internement.Montrée dans l’exposition, unelettre adressée le 13 novembre1942, «par le commandant ducamp… au Ministre Secrétaired’Etat à l’Intérieur (Direction gé-nérale de la Police nationale àParis)», évoque le don, par la

Croix Rouge, d’une «petitecaisse d’outillage»… hélas insuf-fisante «pour occuper environ 25ouvriers» ! Le même courrier si-gnale ensuite que «déjà un pre-mier envoi d’objets dont le mon-tant s’élève à 5 350 F a étéadressé à Paris, il s’agissait dejouets fabriqués par les internés(avions, coffrets, maquettes debateaux et cannes)». On occu-pait les détenus… et le pétainisteSecours national pouvait en tirerprofit.

Les objets exposés, faits mainou menuisés, utilisaient toutessortes de matériaux : bois, ba-kélite, corne, os, ficelle, plume,tissus, perles, noyaux de fruits,pièces de monnaie d’aluminiummartelées… Ces productions,frustes ou soignées, vont de lamaquette militaire au presse-li-vres, du coffret marqueté oupeint au meuble miniature pourmaison de poupée, du jouet arti-culé sur roulettes au modèle ré-duit de manège, de la canne audistributeur de cigarettes, de lachevalière à la broche… Les plusémouvantes de ces réalisationssont celles qui furent offertesclandestinement, en signe de re-connaissance à des Rullicois pardes détenus ou des membres deleurs familles venus en visite.

Au fil des jours, plus de 1200visiteurs sont venus à la décou-verte de ces traces d’uneépoque de répression, de résis-tance…et de solidarité.

Jacques Carcedo

InvitationL’Association nationale des Familles de Fusillés et Massacrés de la Résistance française et de leursAmis serait honorée de votre présence à la Cérémonie d’Hommage aux Résistants fusillés dansla Région parisienne et inhumés au Carré militaire du Cimetière parisien d’ Ivry (avenue de Verdun– Nationale 305) – samedi 29 octobre 2011, à 15 h.Rassemblement à 14h. 45, devant l’entrée du cimetière.

Derrière les reflets de la vitrine, d’émouvantes miniatures

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Histoire

CPPAP : 0709 A 07017 - Directrice de la publication Jacqueline Ollivier-Timbaud - Imprimerie LNI 92635 GENNEVILLIERS CEDEX

Pascal Convert, plasticienconcepteur du monument à lamémoire des Fusillés du Mont-Valérien, a consacré son derniertéléfilm à la vie de Raymond Au-brac. C’est un documentaire, in-titulé «Raymond Aubrac, les an-nées de guerre», dans lequel ilrevient sur le parcours de cethomme exceptionnel. RaymondAubrac fut un des principaux di-rigeants de la Résistance dansla zone dite non-occupée. De-vant les caméras il nous livreson parcours avec une grandehumanité. Son regard malicieuxnous emmène à travers tous lesépisodes de cette vie bien rem-plie. Nous suivons son chemi-nement, de la drôle de guerre àla libération du territoire national,où il devint Commissaire de laRépublique à Marseille. Il fut l’undes créateurs du mouvement Li-bération Sud et fut arrêté avecJean Moulin lors du tristementcélèbre rendez-vous de Caluire.Libéré par la Résistance grâce àune opération organisée par Lu-cie, son épouse, il continue le

combat auprès du général deGaulle, à Londres. Nous suivonsavec passion son itinéraire et at-tendons maintenant avec impa-tience la seconde partie de cedocumentaire. Pour ceux qui nepeuvent attendre et veulent dé-couvrir la période qui va de laguerre d’Indochine à nos jours,nous ne pouvons que recom-mander la lecture du livre dePascal Convert, paru aux édi-tions du Seuil : «Raymond Au-brac - Résister, reconstruire,transmettre».

Au Kremlin-Bicêtre, com-mune proche de Paris, peu depersonnes connaissent l’histoiredes 4 fusillés au Mont-Valérien.Le film dont nous allons parlerest né d’un hasard. Allant jeterdes objets devenus inutiles suiteà un déménagement, celle quideviendra la conceptrice du film,Caroline Bray, trouve dans unemalle ouverte, des documentsconcernant l’exécution de qua-tre jeunes Résistants résidant auKremlin –Bicêtre. Elle décide,

alors, de partir à la recherche deleur histoire. C’est ainsi qu’ellemène une véritable enquêtepour savoir qui ils étaient réelle-ment … et pourquoi ils ont étéfusillés. Grâce à la caméra duréalisateur David Unger, nous lasuivons tout au long de ce pas-sionnant parcours et voyons pe-tit à petit, renaître le destin tra-gique de ces jeunes FTP quimenaient la lutte contre l’occu-pant nazi.

Avec ces deux documen-taires, la télévision publique joueson rôle et nous ne pouvonsqu’approuver leur programma-tion. Il est souhaitable que leschaînes de télévision poursui-vent dans cette voie, afin que leplus grand nombre de téléspec-tateurs découvre les aspects va-riés qu’a pris la Résistance, etque l’on rende ainsi hommage àtous ses acteurs, les plus célè-bres comme les moins connus.

Georges Duffau-Epstein

Une célébrité et 4 inconnus

Rien ne prédisposait à une rencontre entre Raymond Aubrac et les 4 Fusillés du Kremlin-Bicêtre. Pour-tant, le hasard de la diffusion des émissions de télévision a fait que des films, qui leurs sont consacrés,ont été projetés sur les chaînes publiques de télévision presque en même temps.

Circuit de mémoireDans le cadre du 70ème anniversaire des premières exécutions massives en France, notre as-

sociation organise, vendredi 28 octobre 2011, un circuit de mémoire permettant de visiterquelques hauts lieux de la Résistance et de la Déportation en Ile-de-France.

La journée pourrait s’organiser comme suit :9h / départ en autocar de la Place de la République (Paris - XI) – 10h / le Mont-Valérien – 12h

30 / repas – 14h 30 / le fort de Romainville – 16h 30 / le site de l’ancien camp de Drancy – vers18h 15 / retour Place de la République.

Participation aux frais : 25 ! par personne.Adhérents et amis intéressés, inscrivez-vous auprès de notre secrétariat. (Informations com-

plémentaires et définitives dans le prochain n° de ce bulletin).

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