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Seconde : un roman réaliste du XIX e siècle. Histoire des arts : cahier photos couleurs dans l’édition Bel-Ami, “roman maupassantien” » ; « Le Paris haussmannien des années 1880 » ; « De Georges Duroy à du Roy de Cantel : les différents visages de Bel-Ami » ; « Le XIX e siècle, âge d’or du journalisme ? » ; « Bel-Ami au cinéma »). Proposition de lecture cursive : Nantas, suivi de Madame Neigeon, de Zola (voir p. 164 du présent guide). MAUPASSANT Bel-Ami ISBN : 9782081249981 4 € – 448 p. I. Pourquoi étudier Bel-Ami en classe de Seconde ? Le roman de Maupassant correspond à deux objets d’étude du programme de français de lycée : « Le roman et la nouvelle au XIX e siècle : réalisme et naturalisme » en Seconde, et « Le per- sonnage de roman, du XVII e siècle à nos jours » en Première. D’une part, l’œuvre permet de comprendre les principes et les procédés du réalisme. D’autre part, elle permet d’analyser la notion de personnage, en particulier à partir de la figure éponyme du roman. Bel-Ami ne présente aucune difficulté de compréhension littérale (les notes de notre édition ont pour but de lever les obstacles de natures lexicale et contextuelle). Le style maupassantien – un récit tendu, des personnages et des situations bien campés – est Bel-Ami | 1

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Seconde : un roman réaliste duXIXe siècle.Histoire des arts : cahier photoscouleurs dans l’édition (« Bel-Ami,“roman maupassantien” » ; « Le Parishaussmannien des années 1880 » ; « DeGeorges Duroy à du Roy de Cantel : lesdifférents visages de Bel-Ami » ; « LeXIXe siècle, âge d’or du journalisme ? » ;« Bel-Ami au cinéma »).Proposition de lecture cursive :Nantas, suivi de Madame Neigeon, deZola (voir p. 164 du présent guide).

MAUPASSANTBel-AmiISBN : 9782081249981

4 € – 448 p.

I. Pourquoi étudier Bel-Amien classe de Seconde ?

Le roman de Maupassant correspond à deux objets d’étudedu programme de français de lycée : « Le roman et la nouvelleau XIXe siècle : réalisme et naturalisme » en Seconde, et « Le per-sonnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours » en Première.

D’une part, l’œuvre permet de comprendre les principes et lesprocédés du réalisme.

D’autre part, elle permet d’analyser la notion de personnage,en particulier à partir de la figure éponyme du roman. Bel-Amine présente aucune difficulté de compréhension littérale (lesnotes de notre édition ont pour but de lever les obstacles denatures lexicale et contextuelle). Le style maupassantien – unrécit tendu, des personnages et des situations bien campés – est

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propre à capter l’attention des élèves, malgré l’épaisseur duvolume.

Si elle se déroule dans les années 1880, l’histoire présente deséchos avec notre époque, que les élèves savent entendre. Quece soit sur le plan social (le mélange entre politique, argent etjournalisme) ou moral (la cupidité, l’arrivisme, le sexisme), Bel-Ami n’a rien perdu de son pouvoir d’interpellation depuis saparution.

Maupassant taille une « tranche de vie » à travers laquelle serévèlent certains des ressorts fondamentaux de notre humanité.Son point de vue est celui d’un moraliste, sans doute sévère,peut-être même injuste. Mais en coulant sa pensée dans un récitfictionnel, il propose sa vision du monde sans l’imposer et, parl’interprétation qui s’attache à toute lecture romanesque, invitele lecteur à se forger lui-même sa propre opinion.

Notre séquence est conçue pour les classes de Seconde. Enguise de lecture cursive, destinée à la compléter, on conseilleravivement deux nouvelles de Zola, « Nantas » et « Madame Nei-geon », qui apportent un éclairage supplémentaire à l’œuvre deMaupassant (voir p. 164 du présent guide).

II. Tableau synoptique de la séquenceSéances Supports Objectifs Activités

1 – Dossier, Connaître Questions de lectureIntroduction « Connaissance et contextualiser et recherche

du contexte le roman documentairehistorique duroman », p. 418-419– Dossier,« Connaissance del’œuvre », p. 419-420

2 – Dossier, Contextualiser Analyse deLe réalisme groupement littérairement documents (textes

de textes no 1, l’œuvre sur le réalisme)« Du réalisme enlittérature », p. 424-429

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Séances Supports Objectifs Activités

3 – Partie I, chapitre I, Dégager Lecture analytiqueL’incipit du roman du début à « un les fonctions

désir aussi le de l’incipittravaillait, celuid’une rencontreamoureuse », p. 35-38– Dossier, parcoursde lecture no 1, « Unincipit efficace »,p. 420-421

4 – L’ensemble Comprendre Bilan de lectureLe schéma du roman les ressortsactantiel – Dossier, fondamentaux

groupement de l’actionde textes no 3,« Les représentationsdu fémininet du masculindans l’œuvre deMaupassant »,p. 437-441

5 – Partie I, Analyser la critique Lecture analytiqueLe salon des chapitre VI, de d’un milieu

Walter « Le samedi suivant, bourgeoisil se présenta »à « pour les cartesd’invitation duprochain dîner »,p. 157-160– Dossier, parcoursde lecture no 2, « Lesalon des Walter, lapeinture critique d’unmilieu bourgeois »,p. 421-422

6 – Partie II, chapitre II, Analyser la critique Lecture analytiqueLa campagne de « Alors d’une pratique

d’abattage commença, dans journalistiquele journal,une campagnehabile et violentecontre le ministère »à « Rien n’étaitchangé, en somme »,p. 265-268– Dossier, parcoursde lecture no 3, « Lacollusion entre lapresse, l’argent et lepouvoir politique »,p. 422-423

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Séances Supports Objectifs Activités

7 – L’ensemble Étudier les cibles Bilan de lectureBel-Ami en société du roman de la critique

– Dossier, socialegroupementde textes no 2,« Les représentationsde la presseau XIXe siècle »,p. 429-437

8 – Partie II, Analyser l’excipit Lecture analytiqueL’apothéose de Bel- chapitre X,

Ami de « Lorsque l’officefut terminé »à la fin, p. 414– Dossier, parcoursde lecture no 4,« L’apothéose deBel-Ami », p. 423-424

9 – L’ensemble Rassembler – Analyse comparéeL’écriture du roman quelques éléments (Flaubert/

maupassantienne – Dossier, de poétique Maupassant)« Un exemple – Analyse d’un textede récriture : argumentatifMadame Bovary », (« Le Roman »)p. 442-444– Dossier,groupementde textes no 1,« Du réalismeen littérature »,p. 427-429

10 Dossier, Comprendre Analyse d’un texteSynthèse sur la « La réception les intentions argumentatif

réception du roman », p. 444- de Maupassant (réponse auxdu roman 448 critiques de Bel-Ami)

III. Déroulement de la séquence

Séance no 1 : introduction

Objectif → Connaître et contextualiser le roman.Supports → Dossier, « Connaissance du contexte historique du

roman », p. 418-419.→ Dossier, « Connaissance de l’œuvre », p. 419-420.

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Afin de vérifier la lecture du texte par les élèves, on leurdemandera de répondre aux questions réunies dans les sections« Connaissance du contexte historique du roman » et « Connais-sance de l’œuvre » du dossier (p. 418-420). Nous indiquons iciles éléments de correction.

■ Connaissance du contexte historique du roman

Conquête de l’Algérie par la France (maréchal Soult) : 1830-1847. Journées révolutionnaires : du 22 au 26 juin 1848. Louis-Napoléon Bonaparte élu président : décembre 1848. Coupd’État : 2 décembre 1851. Plébiscite du prince président : 20 et21 décembre 1851. Proclamation du Second Empire :2 décembre 1852. Libéralisation du régime napoléonien : 1868.Inauguration du canal de Suez : 17 novembre 1869. Défaite deSedan contre la Prusse, chute de Napoléon III, début de laIIIe République : septembre 1870. La Commune : mars-mai 1871. Lois républicaines sur la liberté de la presse :29 juillet 1881. Succès des républicains aux élections législa-tives ; démission du président conservateur Mac-Mahon, rem-placé par Jules Grévy : 1879. Lois Jules Ferry sur la gratuité del’enseignement primaire : 1881. Protectorat français en Tunisie :1881-1956. Scandales financiers à répétition : fin du siècle.Krach de l’Union générale : 1882. Montée de l’antisémitisme :fin du siècle. Loi autorisant le divorce : loi Naquet du 27 juillet1884.

■ Connaissance de l’œuvre

Contextualisation de phrases tirées du roman

Phrase A. Sur les conseils de Madeleine, Duroy s’est mis entête de plaire à la femme du « patron ». Il lui envoie une bour-riche de poires. En guise de remerciements, il est invité à luirendre visite.

Phrase B. Walter a acheté l’œuvre du grand artiste Marco-witch, représentant Jésus marchant sur les flots. L’exposition dutableau dans son hôtel des Champs-Élysées est signe de sa réus-site sociale.

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Phrase C. Suzanne prononce cette phrase lors de sa fugueavec Bel-Ami.

Phrase D. Georges s’adresse ainsi à Mme Walter lors de leurpremier tête-à-tête, dans l’église de la Trinité.

Phrase E. Après leur mariage, Georges et Madeleine serendent chez les parents de Georges, à Canteleu. Georges a telle-ment changé que sa mère peine à le reconnaître.

Phrase F. Lors de leur première rencontre, M. Walter com-mande à Georges des articles inspirés de son expérience mili-taire. Ce sont les premiers pas de Duroy dans le journalisme.

Questionnaire de lecture

A. Duroy et Forestier sont amis de régiment. Forestier aideDuroy à entrer dans le milieu de la presse.

B. Le journal s’appelle La Vie française. La première chro-nique de Duroy porte sur ses souvenirs de hussard en Algérie.

C. Rachel est une prostituée que Duroy rencontre aux Folies-Bergère. Elle révèle le côté séducteur de Bel-Ami, mais aussi sonaspect fourbe et vénal.

D. Virginie Walter est la mère de Suzanne.E. Bel-Ami est un surnom donné à Duroy par Laurine.F. Georges rompt son premier mariage parce que Madeleine

le trompe. Cependant, on peut noter que cet adultère sert lesprojets de Bel-Ami : le divorce lui permet d’envisager unealliance avec Suzanne Walter, donc de progresser plus avant surl’échelle sociale.

G. Laroche-Mathieu est un homme politique véreux. Il renvoieune mauvaise image du personnel politique de l’époque.

H. Devenu très riche, M. Walter achète un hôtel particulier.Cette acquisition aiguise la jalousie de Duroy et son envie d’êtrelui aussi un homme fortuné.

I. Le second mariage de Duroy se déroule à la Madeleine etsuscite l’affluence des curieux. Le premier mariage n’est pasdécrit.

J. Duroy est un ambitieux sans morale ni talent. Il est prêt àtout pour réussir, mais utilise les dons ou le pouvoir des autrespour y parvenir.

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Séance no 2 : le réalisme

Objectif → Contextualiser littérairement l’œuvre.Support → Dossier, groupement de textes no 1, « Du réalisme

en littérature », p. 424-429.

On s’intéressera au réalisme tout au long de l’analyse del’œuvre. Pour commencer, on posera dans cette séance desjalons d’histoire littéraire. On situera Maupassant par rapportaux courants du XIXe siècle, notamment à l’aide de la présenta-tion de l’édition. On pourra s’appuyer sur les deux exercicesportant sur le mouvement réaliste proposés dans le groupementde textes no 1, « Du réalisme en littérature » (p. 424-429).

■ Définition du réalisme

Les trois termes à trouver sont, dans l’ordre : fiction, réalité,illusion.

■ Étude de textes fondateurs du mouvement

Stendhal, Le Rouge et le Noir (1830)

1. La figure de style définissant le roman réaliste est unemétaphore (comparé : « le roman » ; comparant : « un miroir quise promène le long d’une route »). Elle rend compte du caractèremimétique du roman réaliste (le roman est le reflet du monde),mais aussi du dynamisme de la diégèse : l’histoire se fonde surun enchaînement d’actions dont le déroulement fait penser à laprogression sur une route.

2. Le reproche adressé au roman réaliste est son immoralité(la « fange » métaphorique s’inscrit dans l’isotopie de la« route »). Le romancier est mis sur le banc des accusés, commegrand corrupteur. Ce reproche n’est pas nouveau. Les romansancrés dans la société font l’objet d’une telle accusation depuisle XVIe siècle. Au XIXe siècle, on pense au procès intenté àl’auteur de Madame Bovary en 1856.

3. Le romancier définit son rôle : rendre visible un certainétat du monde. Mais il n’est pas responsable des turpitudes qu’ildécrit. Aussi les contempteurs du roman réaliste ne doivent-ils

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pas se tromper d’ennemi : ce n’est pas le romancier qu’il fautaccuser, mais l’humanité qu’il dépeint, ou peut-être ceux quioccupent un magistère moral ou remplissent une fonction poli-tique. En filant la métaphore, Stendhal rend concrète la réparti-tion des rôles.

Zola, « Gustave Flaubert » (1875)

1. Le roman réaliste donne l’illusion parfaite de la vie. Lelecteur ne doit pas avoir le sentiment que l’histoire est inventée.

2. Zola fustige le « romanesque », c’est-à-dire le produit d’uneinvention débridée trop éloignée de ce qui pourrait se passerdans la réalité. Il se méfie des séductions de l’imaginaire : leréaliste ne vise pas à distraire le lecteur par une histoire hauteen couleur, mais à faire vrai, donc à construire un roman sansromanesque.

3. Zola utilise deux exemples illustratifs : les « enfants » et les« meubles à secret ». Les lieux communs du roman populairesont dénigrés, car ils jouent sur des effets de dramatisation etdes jeux de coïncidence peu vraisemblables.

4. « Intrigue » vient du latin intricare : « compliquer,embrouiller ». L’intrigue est la façon dont le romancier noue lesactions entre elles pour former une histoire cohérente et capti-vante. Zola refuse une telle mise en scène – du moins en théo-rie – car, dans la vie, les faits ne se combinent pas aussispectaculairement.

5. Un « fait divers » est une expression journalistique dési-gnant un événement inclassable dans les rubriques tradition-nelles. Ces événements n’ont pas de lien entre eux, c’estpourquoi on les qualifie de « divers ». Le caractère à la foismodeste et vivant du fait divers rencontre la préoccupation duromancier réaliste, qui est d’exprimer l’existence dans sa diver-sité, mais aussi dans sa vacuité.

6. Le texte se clôt sur une comparaison faisant du romancierun observateur du réel et de la proximité.

Edmond et Jules de Goncourt, préfacede Germinie Lacerteux (1865)

Les Goncourt tiennent des propos voisins de ceux de Stendhalet de Zola. Le roman s’inspire de l’observation d’une réalité

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proche (comme chez Zola, on retrouve l’image de la rue) etexprime la vérité sans fard, ce qui peut choquer le lecteur. Celui-ci est pris à partie, à cause de son goût pour les « romans faux »(le « romanesque » dirait Zola), insipides et invraisemblables.Pour les Goncourt, un roman réussi est un roman subversif quivient bousculer les attentes d’un lectorat conformiste.

Séance no 3 : l’incipit du roman

Objectif → Dégager les fonctions de l’incipit.Supports → Partie I, chapitre I, du début à « un désir aussi le

travaillait, celui d’une rencontre amoureuse »,p. 35-38.

→ Dossier, parcours de lecture no 1, « Un incipitefficace », p. 420-421.

Afin de préparer la séance, on invitera les élèves à répondreaux questions du parcours de lecture no 1 du dossier (« Un inci-pit efficace », p. 420-421). Nous indiquons ici les éléments decorrection. On aura préalablement rappelé aux élèves que l’inci-pit remplit soit un rôle d’amorce (capter l’attention du lecteur),soit un rôle d’exposition (donner les informations nécessaires àla compréhension de l’histoire).

■ L’incipit d’un roman réaliste

A. La focalisation omnisciente place le narrateur en positionde surplomb : l’univers fictionnel est ainsi sous le contrôle duromancier.

B. Les indications spatio-temporelles révèlent l’ancrage réa-liste du roman. La date du 28 juin indique le terminus a quo del’ascension sociale de Duroy.

C. Un début in medias res, qui suppose que le récit com-mence au cœur de l’intrigue, permet à la fois de donner l’illusionréaliste que la diégèse est indépendante de l’énonciation et deplonger directement le lecteur dans le flux narratif.

D. Outre les indications spatio-temporelles, on relève des élé-ments assurant la cohérence interne (logique narrative, logiquepsychologique du personnage) et externe (appartenance sociolo-

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gique des personnages, réalités économiques, tableau réaliste deParis en été) du récit.

■ Les caractéristiques du personnage

A. Le relevé des termes concernant le physique du personnagemontre que Duroy est viril, jeune et séduisant, mais qu’il n’estpas exempt de vulgarité : il correspond au cliché du « mauvaissujet des romans populaires » (p. 37).

B. Dénotations et connotations montrent un personnage nar-cissique, vaniteux, séducteur et avide. Celui-ci soigne son appa-rence, mais ses préoccupations sont matérialistes.

C. Dénotations et connotations indiquent que Duroy est unancien sous-officier désargenté.

■ Le jugement du narrateur

A. Le regard du narrateur est ironique, voire sarcastique.B. La société est représentée par les « dîneurs », qui appar-

tiennent à différentes sphères sociales du peuple parisien. Lesfemmes, y compris celles accompagnées de leur mari, « [lèvent]la tête vers lui » (p. 35). Cela prouve la force de séduction duhéros.

C. Maupassant se moque du fanfaron, mais aussi du peupleparisien. L’odeur d’« égouts » (p. 37) est symbolique de la déca-dence de la société.

D. Ce début est programmatique en ce qu’il présente lesthèmes tressés dans tout le roman : argent, séduction, tentationde l’adultère, ambition, médiocrité humaine, prédominance duprincipe de plaisir, société faisandée, le Paris de la fin duXIXe siècle.

Séance no 4 : le schéma actantiel

Objectif → Comprendre les ressorts fondamentaux de l’action.Support → L’ensemble du roman.

→ Dossier, groupement de textes no 3, « Lesreprésentations du féminin et du masculin dansl’œuvre de Maupassant », p. 437-441.

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■ Le sujet et l’objet

Bel-Ami est le récit d’une quête. Le sujet est le personnageéponyme, Bel-Ami.

L’objet est, avant tout, l’enrichissement : « j’ai voulu venir icipour… pour faire fortune » (p. 42), déclare Duroy. La soifd’argent se confond avec le rêve d’une position sociale élevée.La motivation financière s’explique sans doute par l’originemodeste de Duroy, mais aussi par sa situation au début duroman : l’employé de bureau souffre de la faim. Rémunérée « dixcentimes la ligne, plus […] deux cents francs de fixe » (p. 110),la charge de reporter semble convenir à son aspiration. MaisDuroy se montre insatiable : son train de vie augmente plusrapidement que ses revenus. Il envie ses confrères qui ontconstamment « la poche pleine d’or » (p. 111) et fait tout pourêtre promu : il obtient d’abord le statut de chef des Échos, puiscelui de rédacteur politique et, enfin, celui de rédacteur en chefdu journal. Au faîte de sa carrière journalistique, Duroy songeà la politique, nouvelle terre de conquête.

En outre, le désir d’argent et l’ambition sociale se mêlent audésir de conquêtes féminines : Maupassant rattache ainsi plu-sieurs types de libido à une même pulsion mâle et dominatrice.Mais la passion sexuelle ne prime pas sur les autres. Si Georgesépouse Madeleine, c’est surtout parce qu’elle lui apporte « qua-rante mille francs » (p. 246), ses talents de rédactrice et des infor-mations précieuses sur les milieux politiques qu’elle fréquente.Plus tard, il séduit Mme Walter uniquement par calcul et pardéfi. Le mariage avec Suzanne est rien moins qu’amoureux.Seule Clotilde semble échapper à cette instrumentalisation. Audébut du roman, Duroy « imaginait une aventure d’amourmagnifique qui l’amenait, d’un seul coup, à la réalisation deson espérance. Il épousait la fille d’un banquier ou d’un grandseigneur rencontrée dans la rue et conquise à première vue »(p. 77). À la fin du roman, les attentes du héros sont donc plei-nement réalisées.

Cette quête structure l’histoire et s’effectue par degrés (commele rappelle la symbolique des escaliers de l’immeuble des Fores-tier). La mise au jour du plan du récit permet de comprendreque c’est l’insatiabilité du personnage qui relance la dynamique

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narrative : à chaque nouvelle conquête, Duroy se fixe unnouvel objectif.

■ Les adjuvants

Duroy bénéficie d’aides nombreuses. Forestier lui offre la pos-sibilité d’entrer à La Vie française. Le reporter Saint-Potin luiapprend les « ficelles » du métier. M. Walter, le directeur du jour-nal, perçoit rapidement son potentiel et lui donne toutes seschances. Mais ce sont surtout les femmes qui participent à saréussite. L’atout majeur de Duroy tient à sa « force de séduction[…], force vague et irrésistible que subiss[ent] toutes lesfemmes » (p. 233)… mais aussi les hommes (M. Walter,M. de Marelle, Vaudrec). Il est donc le Bel-Ami. Rachel consentà coucher avec lui à prix réduit, puis gratuitement, même si ellesubodore qu’il ment sur l’état de ses finances. Clotilde lui loueun appartement et lui prête de l’argent quand il n’est que simplereporter. Mme Forestier rédige ses articles et, une fois mariéeavec lui, dirige ses démarches auprès des milieux politiques (ilest « [s]on petit élève », p. 248). C’est aussi elle qui lui soufflede rendre visite à Mme Walter. De fait, secrètement séduite, lamère de famille intercède en sa faveur auprès de son mari pourlui faire obtenir le poste de chef des Échos. Enfin, grâce à safortune, Suzanne pourra l’aider à financer une campagne électo-rale. Le parcours de Duroy illustre donc la fameuse sentence deForestier sur les femmes : « C’est encore par elles qu’on arrive leplus vite » (p. 54).

Ce point pourra être complété par l’étude du groupement detextes no 3, « Les représentations du féminin et du masculin dansl’œuvre de Maupassant » (voir dossier, p. 437-441).

■ Les opposants

Rien ou presque ne s’oppose au désir de conquête du person-nage. L’ascension de Duroy est fulgurante puisqu’elle dure àpeine plus de trois ans (du 28 juin 1880 au 20 octobre 1883).Chef des Échos, il doit pourtant subir les attaques d’un « petitjournal frondeur » (p. 187). Mais il efface bien vite cette seule« tache dans tout son horizon » (p. 187), en se battant en duel

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contre le rédacteur ennemi. Tel un héros d’épopée, il sort mêmerenforcé de cette épreuve : « Il lui semblait maintenant qu’il seserait battu contre l’univers entier » (p. 204).

Quant aux autres opposants, remarquons qu’ils occupent, audébut, le rôle d’adjuvants de la quête. Trop protecteur ou inté-ressé, leur soutien finit pourtant par entraver la marche duhéros. Ainsi Charles, qui met le pied de son ami à l’étrier dujournalisme, tend-il, malgré lui, à barrer le chemin de Duroy quiconvoite à la fois son poste de rédacteur politique et son épouseMadeleine. À la mort de Forestier, Duroy éprouve un « senti-ment de délivrance » (p. 209).

De même l’aide des femmes peut-elle parfois brider ses désirs.Rachel provoque ainsi sa première rupture avec Clotilde. Àcause des cheveux retrouvés sur les boutons de son gilet,Mme Walter est à l’origine de la troisième. Quant à l’allianceconclue avec Madeleine, elle revient, dans un premier temps,à une instrumentalisation du journaliste au profit de sa propreambition (la femme a besoin d’un homme pour parvenir à sesfins dans une société sexiste). Elle dépossède un temps Duroyde son rôle de sujet actif de la quête et le ravale au rang desimple adjuvant : il lui permet de continuer le travail qu’elle aentrepris avec Charles. À la rédaction, les railleries dont il estl’objet font prendre conscience à Duroy que son épouse fait obs-tacle à son ascension. Dès lors, elle devient un « boulet à sonpied » (p. 363) dont il doit se débarrasser pour retrouver sapleine autonomie. Les chapitres III à VII de la deuxième partieretracent l’émancipation de Duroy par rapport à son épouse.Après le flagrant délit d’adultère, Georges s’écrie : « Je suismaître de la situation. […] Me voici libre… […] Elle m’avait priscomme un niais, elle m’avait enjôlé et capturé. […] J’ai les mainsdéliées. Maintenant, j’irai loin » (p. 387-388).

■ Le destinataire

Duroy n’a d’autre destinataire que lui-même. À la fin du récit,cet égocentrisme se trouve pleinement récompensé lorsque, surle perron de la Madeleine, Georges est entouré par cette « foulenoire, bruissante, venue là pour lui, pour lui Georges Du Roy.

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Le peuple de Paris le contemplait et l’enviait » (p. 415 ; noussoulignons).

Tel un enfant gâté, il ne peut tolérer qu’un autre l’éclipse oune prête pas attention à lui. Il supporte ainsi difficilement queVaudrec n’ait pas songé à le coucher sur son testament.

En poussant l’analyse, on peut cependant remarquer quel’ambition de Duroy relaie celle de ses parents. Les petits cabare-tiers « avaient voulu faire de leur fils un monsieur » (p. 76).Quand son salaire devient important, Georges pense tout desuite à la fierté qu’en tirera son père. Ses parents sont les seulespersonnes pour lesquelles il fasse preuve de sincère affection.D’ailleurs, il les fait profiter d’une partie de l’argent acquis.

■ Le destinateur

« [Dans la conscience de Bel-Ami,] le désir d’arriver [règne]en maître » (p. 77). Mais que cache cette ambition dévorante ?D’abord, un tempérament envieux. Duroy est jaloux (de Fores-tier, de Laroche-Mathieu, de Walter, du prétendant de Suzanne).Ce que les autres gagnent ou possèdent entraîne chez lui unefrustration personnelle qu’il lui faut impérativement compenser.

Ensuite, son narcissisme. Cette tendance est clairement recon-naissable dans sa complaisance à s’admirer dans les miroirs.Elle explique en grande partie son désir de séduction, surtout àl’endroit des femmes apparemment les plus inaccessibles, telleMme Walter. L’ambition de Duroy est doublée d’un fort désirde revanche sociale : « Il devenait un des maîtres de la terre, lui,lui, le fils des deux pauvres paysans de Canteleu » (p. 413). Ilsouhaite donc ardemment échapper à la misère de son enfance(voir l’opposition entre l’obscurité symbolique du logis parentalet « l’éclatant soleil » illuminant le perron de la Madeleine,p. 416).

D’autres personnages lui servent de modèles : Forestier qui, àl’armée, cinq ans avant leurs retrouvailles, en était au mêmepoint que lui et qui a réussi à devenir « quelqu’un de tout autre »(p. 42) ; ce « médiocre parvenu » (p. 319) de Laroche-Mathieu ;et surtout Walter, figure du réprouvé du fait de ses origines : « Iln’était plus le juif Walter […]. Il était Monsieur Walter, le richeisraélite » (p. 353). « Fais-en autant », suggère Madeleine à son

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mari, quand ils se rendent à l’exposition de tableaux, symboledu triomphe de Walter (p. 357).

Le destin de Bel-Ami répond donc à un topos naturaliste, puis-qu’il est en grande partie conditionné par le tempérament et lesorigines sociales du personnage. Mais la conjonction de cesdeux faits n’explique pas tout. Le personnage transcende les cir-constances pour atteindre à l’universel. En effet, l’ambition deDuroy semble marquée par la démesure (hybris) des héros tra-giques, cette « insouciance naturelle qui lui faisait négliger leschoses désagréables de la vie » (p. 238). Duroy veut constam-ment repousser les limites (toujours plus d’argent, de reconnais-sance, de pouvoir), devenir « un des maîtres de la terre »(p. 413).

Mais cette volonté de puissance se heurte à la mort, queDuroy croise souvent sur sa route : mort de Forestier, mort deVaudrec, méditation sur la mort par Norbert de Varenne, duelavec Langremont. Chaque fois, après avoir pris peur, Duroy pra-tique le déni. Ainsi, un simple parfum de femme rallume sesespoirs et annule d’un coup, dans son esprit, les paroles deVarenne : le poète juge vains « l’amour », « l’argent », « la gloire »et proclame que « la mort seule est certaine » (p. 179). De même,l’impatience du héros est sans doute liée à l’angoisse de la fuitedu temps : pour Duroy, tout temps mort est un temps de la mortqui le renvoie peu ou prou à sa propre impuissance. D’où cehéros qui jamais ne tient en place (le plus souvent, il est décriten train de marcher – de marcher vite, comme le remarque M. deMarelle), et son ascension rapide. Le refus de la mort transparaîtsurtout dans l’épisode de la disparition de Forestier. La veilléedu cadavre, dont la narration revêt des aspects fantastiques (labarbe de Charles continue de pousser), effraie considérablementDuroy. Cependant, lorsque, avec Madeleine, ils « [mettent] Char-les au cercueil, […] ils se sen[tent] aussitôt allégés, rassérénés »(p. 230). Et Maupassant de conclure l’épisode par une formuleétonnante : « Ils en avaient fini avec la mort » (p. 230). La mortet non le mort. Comme si les deux personnages se persuadaientque seul Charles pouvait mourir mais qu’eux-mêmes ne dispa-raîtraient jamais.

Remarquons que cette prétention de Duroy à nier la finituden’est sanctionnée par aucun retour à l’ordre. La catastrophe, ce

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moment de la tragédie où le héros est puni de son écart deconduite, n’a pas lieu. Le récit s’achève sur le triomphe du baronDu Roy de Cantel, en grandes pompes et avec bénédiction del’Église… Cette fin cynique pousse à s’interroger sur la visionpessimiste que Maupassant porte sur la société.

Séance no 5 : le salon des Walter

Objectif → Analyser la critique d’un milieu bourgeois.Supports → Partie I, chapitre VI, de « Le samedi suivant, il se

présenta » à « pour les cartes d’invitation duprochain dîner », p. 157-160.

→ Dossier, parcours de lecture no 2, « Le salon desWalter, la peinture critique d’un milieu bourgeois »,p. 421-422.

Afin de préparer la séance, on invitera les élèves à répondreaux questions du parcours de lecture no 2 du dossier (« Le salondes Walter, la peinture critique d’un milieu bourgeois », p. 421-422). Nous indiquons ici les éléments de correction.

■ Le monde des apparences

A. Les termes qui connotent ou dénotent le luxe se trouventdans les trois premiers paragraphes. La richesse est ostentatoire,mais l’expression « procédé économique des gens pratiques »(p. 157) indique que ces riches-là ne dépensent pas sanscompter.

B. C’est le monde des fausses apparences. Les miroirs symbo-lisent la superficialité trompeuse de la société des riches. Lesglaces de l’escalier des Forestier renvoient également une imagefallacieuse. Dans les deux cas, l’épreuve du miroir correspond àune étape initiatique dans l’ascension sociale de Duroy : plus ilse perd dans cet univers illusoire, plus il s’y intègre.

C. Que ce soit l’accoutrement du concierge (« vêtement dereprésentation », p. 157), la disposition des lieux faite pourimpressionner, la facticité du décor, le rôle des domestiques, leballet des entrées et des sorties des visiteurs, ou la distributionde la parole, tout semble dénoncer la mise en scène sociale.

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On est bien au cœur d’une « comédie mondaine et convenable,répétée bien souvent » (p. 159).

■ Derrière les apparences : le vide

A. La conversation est menée à bâtons rompus (« sans transi-tion », p. 159) et porte successivement sur la froideur de l’hiver,les questions d’actualité (la politique coloniale), la prochaineélection à l’Académie française et la saison théâtrale. Tenus avecindifférence, ces propos d’une grande banalité ne valent rien eneux-mêmes, mais répondent à des impératifs mondains.

B. Les visiteurs tiennent un rôle : « Ces dames discutaient ceschoses de mémoire, comme si elles eussent récité » (p. 159),« son opinion étant toujours prête d’avance » (p. 160). Cesgrands bourgeois s’identifient à l’image mondaine qu’ils aime-raient renvoyer. L’inauthenticité du discours est signe d’une dilu-tion du moi dans le conformisme.

C. La scène stigmatise les caractéristiques de la bourgeoisied’affaires qui émerge au XIXe siècle : luxe ostentatoire, imitationburlesque des mœurs de l’aristocratie d’Ancien Régime, art dela conversation qui se fourvoie dans le bavardage.

■ Une satire

A. Maupassant dresse la silhouette de ses personnages, neretenant que les traits saillants et grotesques (« une grossedame », p. 173, « une petite blonde frisée », p. 159, « une grandepersonne sèche entre deux âges », p. 159, etc.). Ce sont des pro-cédés de caricaturiste.

B. Le burlesque est un procédé comique qui joue sur les déca-lages, l’inadéquation du personnage avec le rôle qui lui estdévolu. Le concierge et les valets sont burlesques. À cause deson manque d’assurance, Duroy lui-même est risible. Enfin, enmettant sur le même plan de la conversation des sujets d’impor-tance très inégale, les « dames » (p. 158) paraissent elles-mêmesridicules.

C. Maupassant dénonce le vide de ces êtres qui ne viventqu’en suivant les convenances.

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Séance no 6 : la campagne d’abattageObjectif → Analyser la critique d’une pratique journalistique.Supports → Partie II, chapitre II, de « Alors commença, dans le

journal, une campagne habile et violente contre leministère » à « Rien n’était changé, en somme »,p. 265-268.

→ Dossier, parcours de lecture no 3, « La collusionentre la presse, l’argent et le pouvoir politique »,p. 422-423.

Afin de préparer la séance, on invitera les élèves à répondreaux questions du parcours de lecture no 3 du dossier (« La collu-sion entre la presse, l’argent et le pouvoir politique », p. 422-423). Nous indiquons ici les éléments de correction.

■ L’influence de la presse sur les milieux politiquesA. Le champ lexical utilisé pour évoquer le traitement des

affaires politiques par La Vie française est celui de la guerre.Pour Walter et ses associés, le journal n’est pas un organed’information, mais une arme de combat.

B. Des expressions comme « pression des poignées demains », « allure des coups de chapeau », « à tout moment, iltrouvait dans son salon », « le député […] qui dînait rue Fontainetous les mardis », « avec une familiarité sérieuse », « serrait vigou-reusement les mains » (p. 266-267) expriment la connivenceentre presse et politique.

C. Madeleine établit des connexions entre différents hommesinfluents et collecte des « scoops » pour le journal : elle sembleexperte en matière de coups politiques et journalistiques.

■ Le portrait de Laroche-MathieuA. Le portrait de Laroche-Mathieu révèle non pas un être nul,

mais médiocre, comme en témoigne, par exemple, la répétitionde l’adverbe « assez » (p. 267).

B. Laroche-Mathieu est un pur opportuniste.C. La proposition « et il pensait aussi plus fermement que tous

les autres que Laroche serait ministre » (p. 268) est hautementironique puisque le personnage est ambitieux et vaniteux.

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D. Laroche et Duroy ont le même profil intellectuel et moral.Tous les deux sont roués, séducteurs et mus par un insatiableappétit de pouvoir.

■ L’antirépublicanisme

A. La complète liberté d’expression dont jouit la pressepermet aux journaux d’orchestrer des attaques violentes contrele gouvernement. C’est un facteur d’instabilité politique.

B. Maupassant fait de Laroche-Mathieu une figure embléma-tique de l’homme politique populiste et ambitieux « comme ilen pousse par centaines sur le fumier populaire du suffrage uni-versel » (p. 267).

C. Maupassant n’est pas démocrate, car, pour lui, la démocra-tie semble ouvrir la voie à la démagogie. Ce sont les plus malinset les moins scrupuleux qui risquent d’emporter les suffrages.

D. Le passage est à la fois sarcastique et polémique.

Séance no 7 : Bel-Ami en société

Objectif → Étudier les cibles de la critique sociale.Supports → L’ensemble du roman.

→ Dossier, groupement de textes no 2, « Lesreprésentations de la presse au XIXe siècle »,p. 429-437.

Si Duroy réussit si bien dans la société de son temps, c’estqu’il sait parfaitement s’adapter aux eaux troubles du mondeparisien. On dirait même que c’est son milieu naturel. Il en est,en tout cas, l’un des plus dignes représentants.

■ Bel-Ami et la comédie sociale

« Comme il portait beau, par nature et par pose d’ancien sous-officier, il cambra sa taille, frisa sa moustache d’un geste mili-taire et familier » (p. 35) : Duroy surgit dans le récit comme ilentrerait en scène et, durant tout son parcours, démontre qu’ilest bon comédien. Un simple habit noir le transforme au pointque lui-même ne se reconnaît pas dans l’image renvoyée par laglace. Il accroche les regards des femmes et des hommes, sait

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parfaitement mentir (auprès des dames, dans ses articles), etpossède donc toutes les qualités pour réussir dans un monde oùseules comptent les apparences. En effet, selon la sentence deForestier, « à Paris, […] il vaudrait mieux n’avoir pas de lit quepas d’habit » (p. 47).

Ce dernier fait d’ailleurs découvrir à Duroy le peuple de Parisen un lieu symbolique : le théâtre des Folies-Bergère. Dans cemonde, l’excellence ne revient pas à celui qui est honnête, ver-tueux ou compétent (Duroy reste jusqu’au bout un piètre rédac-teur), mais à celui qui a l’art de le faire accroire. Tout n’estqu’une question de paraître : il faut se montrer en voiture aubois de Boulogne, dans les salons huppés, aux événements mon-dains comme la fête organisée par Rival. Un des passages lesplus révélateurs de cette théâtralité se trouve au chapitre III de lapremière partie, quand Duroy arrive pour la première fois dansles locaux de La Vie française. L’escalier monumental, la salled’attente, l’air sérieux des garçons de bureau composent une« mise en scène […] parfaite pour en imposer aux visiteurs »(p. 88). Passant dans la salle de rédaction, Duroy découvrel’envers du décor : les journalistes jouent au bilboquet, la confé-rence de rédaction consiste en « une partie d’écarté » (p. 90).Fausses interviews, échos tronqués, informations erronées… peuimporte la vérité, pourvu que tout soit vraisemblable. Le dangervient de celui qui révélera la duperie : « Pas plus que la femmede César, un journaliste ne doit être soupçonné » (p. 189). Refletde la société (comme le souligne le titre métonymique La Viefrançaise), le journal fonctionne donc comme la société elle-même : il s’y joue, littéralement, une « comédie humaine ». SelonDuroy, le monde n’est qu’un « tas d’hypocrites » (p. 182). Orl’immoral Duroy devient le premier d’entre eux, comme entémoigne par exemple le choix de sa « spécialité » au journal :« Il prit la spécialité des déclamations sur la décadence desmœurs, sur l’abaissement des caractères, l’affaissement du patrio-tisme et l’anémie de l’honneur français » (p. 207).

■ Bel-Ami et « l’infamie de l’homme »Que se cache-t-il derrière les masques de la respectabilité

sociale ? « Sous les sévères apparences, l’éternelle et profondeinfamie de l’homme » (p. 182).

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L’« infamie », c’est avant tout le goût du lucre. L’argentdomine les relations humaines et organise toute la hiérarchiesociale. On peut prendre pour exemple la description des pro-meneurs de l’avenue du bois de Boulogne : les hommes et lesfemmes sont tous caractérisés par leur degré de fortune et leurrapport malsain à l’argent : un « tas de crapules, tas d’escarpes »,d’après Duroy, qui, cependant, sent « que son succès aurait desprocédés audacieux du même ordre » (p. 183). Le roman faitpart de l’enrichissement fabuleux des milieux financiers grâce àdes spéculations douteuses.

Outre le lucre règne la luxure. Si Duroy aime les plaisirs sen-suels, tous ses contemporains sont portés à la débauche. Lesthéâtres sont peuplés de prostituées et les beaux quartiers de« parvenue[s] de l’amour » (p. 183). D’ailleurs, toutes lesfemmes du roman font preuve de concupiscence. Même la prudeet dévote Mme Walter devient folle de Bel-Ami. Les Parisienspèchent également par gourmandise. D’emblée, ils apparaissentattablés aux gargotes, buvant et mangeant. Et lorsqu’un bal estimprovisé chez Rival, les invités « saccag[ent], ravag[ent],netto[ient] tout » (p. 294) le buffet.

■ Bel-Ami et l’autorité

Dans ce monde où les appétits s’aiguisent, aucun organe decensure et de contrôle ne vient réguler les excès. Ainsi le poli-tique est-il vidé de toute autorité. Le pouvoir réel est aux mainsdes financiers qui corrompent députés et ministres. Possédantles capitaux des journaux, ce sont eux qui font et défont lesgouvernements. « Associé en beaucoup d’affaires de finances »(p. 268) avec Walter, Laroche-Mathieu représente cette collusionentre différents groupes d’intérêts. Mais la politique n’est pas leseul pouvoir à être dévalué.

Le pouvoir judiciaire est lui aussi incapable de sanctionnerefficacement. Les malversations auxquelles s’adonnent Walter etses amis ne sont jamais punies. Quant au flagrant délit d’adul-tère, il débouche sur une parodie de justice : le mari outragén’est-il pas coupable des mêmes fautes que sa femme ?

Enfin, plus aucune loi morale n’a d’influence sur les esprits.Aucun personnage, hormis Mme Walter, n’éprouve la moindre

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mauvaise conscience ni le moindre repentir. D’ailleurs, leséglises sont désertées. La Trinité est dépeinte comme un havrede fraîcheur pour badauds incommodés par le soleil. Pire, ellesert de lieu de rendez-vous amoureux à Mme Walter et Bel-Ami.Quant au sermon du curé de la Madeleine sur la fidélité conju-gale, il est de bien peu d’effet sur un Duroy qui, au mêmemoment, songe à reprendre son ancienne maîtresse.

Tout frein institutionnel, tout garde-fou moral semblent doncavoir sauté. Seul compte le droit du plus fort, comme l’affirmeDuroy : « Le monde est aux forts. Il faut être fort. Il faut être au-dessus de tout », « Chacun pour soi. La victoire est aux auda-cieux. Tout n’est qu’égoïsme » (p. 276). Profitant de cetteanomie, chacun pense avant tout à lui-même et, partant, à écra-ser les autres. Dans la lutte, Walter paraît le plus fort : « députémuet » (p. 319), manipulateur de l’ombre, il n’en est pas moinsun « conquérant » comparé à Bonaparte : « Il était devenu, enquelques jours, un des maîtres du monde, un de ces financiersomnipotents, plus forts que des rois, qui font courber les têtes,balbutier les bouches et sortir tout ce qu’il y a de bassesse, delâcheté et d’envie au fond du cœur humain » (p. 353). Enfin, siWalter ne rechigne pas trop à accorder la main de Suzanne àDuroy, c’est qu’il a reconnu en lui un prédateur de son espèce :« Il est fort tout de même. […] C’est un homme d’avenir. Il seradéputé et ministre » (p. 399).

■ Duroy, ou l’homme nouveau

Duroy se métamorphose peu à peu au contact de la sociétéparisienne. Il acquiert une identité nouvelle, qui se lit notam-ment dans ses changements patronymiques. Il concentre à luiseul tous les vices de la jeune République. D’où son triompheet sa reconnaissance unanime. Chacun le voit comme l’incarna-tion de l’homme nouveau. Maupassant va jusqu’à rapprochersarcastiquement Duroy et Jésus-Christ. En effet, la figure duJésus marchant sur les flots de Marcowitch présente un air defamille avec Bel-Ami. De même, dans les prières de Mme Walter,le nom de Georges se substitue à celui de Jésus. Dans la scènefinale, à la Madeleine, Georges finit par se prendre pour unesorte de messie royal, acclamé par tous. Duroy symbolise donc

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une nouvelle ère, nauséabonde aux yeux d’un Maupassant réac-tionnaire, celle de la IIIe République.

Ce point pourra être complété par un travail sur la vision dela presse au XIXe siècle, à partir du groupement de textes no 2,« Les représentations de la presse au XIXe siècle » (voir dossier,p. 429-437).

Séance no 8 : l’apothéose de Bel-Ami

Objectif → Analyser l’excipit.Supports → Partie II, chapitre X, de « Lorsque l’office fut

terminé » à la fin, p. 414.→ Dossier, parcours de lecture no 4, « L’apothéose de

Bel-Ami », p. 423-424.

Afin de préparer la séance, on invitera les élèves à répondreaux questions du parcours de lecture no 4 du dossier (« L’apo-théose de Bel-Ami », p. 423-424). Nous indiquons ici les élé-ments de correction.

■ Duroy, être de désir, être désiré

A. Le schéma narratif est classique : situation initiale (premierparagraphe), élément perturbateur (« soudain il aperçutMme de Marelle », p. 414), péripéties (réactivation mutuelled’un amour passé, approche de Clotilde, appel discret de sesdoigts), élément de résolution (promesse d’un prochain rendez-vous), situation finale (« Et elle s’éloigna », p. 415). Le topos duregard est présent (« Leurs yeux se rencontrèrent », p. 415), ainsique le vocabulaire érotique d’usage. Cependant, il ne s’agit pasd’une première rencontre, mais bien d’un effet de réitérationamoureuse, plus réaliste que romantique. L’amour est le fruitd’une habitude. Le paradoxe tient au lieu et au moment : lemariage de Du Roy à la Madeleine.

B. Le relevé des termes qui connotent et dénotent le désirrenvoie au corps aussi bien qu’à la psyché. L’amour apparaîtcomme la résultante mécanique d’une représentation mentale(« le souvenir de toutes leurs caresses », p 414) et d’une pulsion

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charnelle (« lui fit passer dans le sang le désir brusque de lareprendre », p. 414-145).

C. Deux rencontres ont lieu (avec Clotilde et avec la foule), etdans les deux cas s’instaure une fascination amoureuse. Leleader subjugue la foule, comme le séducteur la femme. AvantFreud, Maupassant comprend la part libidinale du rapport entrela masse et un individu charismatique. On relèvera le vocabu-laire érotique utilisé pour évoquer l’échange entre Du Roy etla foule.

■ L’ambition démesurée de DuroyA. Le succès monte à la tête du personnage. Du Roy devient

imbu de lui-même, comme en témoignent les formules « Il nepensait qu’à lui », « une foule […] venue là pour lui, pour luiGeorges Du Roy » (p. 415), « Georges, affolé de joie, se croyaitun roi qu’un peuple venait acclamer » (p. 414).

B. Du Roy vit une « apothéose » dans tous les sens du terme :au sens ancien de « déification » (Du Roy devient un dieu vivantdans ce temple néogrec de la Madeleine), d’« honneurs extra-ordinaires rendus à un homme placé au-dessus des autres parl’enthousiasme public », mais aussi au sens plus commun de« couronnement d’une destinée », de « fin glorieuse ».

C. Désormais, Du Roy fera de la politique, ambition déjàévoquée lorsqu’il était question du député Laroche-Mathieu (enqui Georges voyait un modèle à suivre). Pour comprendrel’image du bond de la Madeleine au Palais-Bourbon, il faut saisirla disposition des lieux : les deux bâtiments présentent unesymétrie architecturale et se font face à quelques centaines demètres de distance. La topographie permet donc d’illustrer lamégalomanie du héros.

■ Une fin heureuse ?A. L’« immense bonheur » de Du Roy se communique à la

foule, comme si celle-ci vivait par procuration l’exaltation dumarié.

B. La foule est perçue comme une masse indistincte, com-pacte, unifiée. On peut alors se demander quelle est la véritableautonomie de chacun de ses membres.

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C. Le texte est ironique, ne serait-ce que par son caractèrehyperbolique. Même le soleil est de la partie. Le saut queDu Roy s’imagine faire paraît grotesque. Mais le sarcasme prendsource dans le pessimisme de Maupassant. Le lecteur aurait pus’attendre à ce que le héros soit sanctionné à la fin du roman,car son parcours n’a rien de reluisant. Le triomphe de Du Royest donc celui de la décadence.

D. On retrouve les mêmes thématiques que dans l’incipit duroman. Le récit forme une boucle : un « Bel-Ami 2 » pourraitêtre écrit. Ce serait la même histoire, mais transposée dans lemilieu politique.

Séance no 9 : l’écriture maupassantienne

Objectif → Rassembler quelques éléments de poétique.Supports → L’ensemble du roman.

→ Dossier, « Un exemple de récriture : MadameBovary », p. 442-444.

→ Dossier, groupement de textes no 1, « Du réalismeen littérature », p. 427-429.

Afin de préparer la séance, on invitera les élèves à lire la partiedu dossier intitulée « Un exemple de récriture : MadameBovary » (p. 442-444) et à répondre aux questions qui s’y rap-portent. Nous indiquons ici les éléments de correction.

■ L’héritage de Flaubert

1. Dans les deux romans, la description est motivée par laposition des personnages : ils arrivent en calèche par une routeà flanc de colline offrant aux voyageurs le spectacle panora-mique de la vallée. Dans les deux cas, il y a surabondanced’expressions indiquant l’élévation du regard par rapport à sonobjet, notamment dans les notations qui concernent le ciel, lescheminées et les toits, mais aussi sa capacité à embrasser un trèsvaste espace.

2. On pourra formuler la réponse sous forme de tableau(notations de formes, de couleurs, de lumière) et montrer laproximité des descriptions. Les courbes et l’impression de verti-

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calité dominent. Le tableau maupassantien est cependant pluslumineux et plus coloré que celui de Flaubert.

3. Le texte de Flaubert, qui mentionne les sentiments deMme Bovary, est moins impersonnel que celui de Maupassant(lequel emploie le pronom indéfini « on »).

4. La récriture tient de l’évidence. Les deux écrivains veulentdonner une impression de grandiose avec des moyens similaires.Rouen devient ainsi une ville mythique.

■ Réalité, vérité, vraisemblance

À partir de l’extrait de Maupassant, « Le Roman » (voir dos-sier, groupement de textes no 1, « Du réalisme en littérature »,p. 427-429), on précisera les notions de réalité, de vérité et devraisemblance dans l’esthétique réaliste.

1. La thèse de Maupassant se trouve exprimée dans le pre-mier paragraphe : le romancier n’est pas fidèle à la réalité tellequ’elle se présente à tout un chacun. Ce qui l’intéresse, c’est derendre compte du sens de la vie, de saisir la réalité non dansson apparence mais dans sa vérité.

2. La photographie – tout au moins l’auteur le présuppose-t-il – ne capte que les apparences. Or, le romancier ne veut pasen rester à la surface, mais comprendre le monde dans sa pro-fondeur essentielle. Cela suppose que la représentation roma-nesque ne dépende pas uniquement de ce qui est vu, maisexprime ce qui est su par l’écrivain.

3. On observe trois arguments majeurs : le « choix » de cer-tains événements plutôt que d’autres, car l’espace romanesquene peut être exhaustif (2e paragraphe) ; la nécessité de faireémerger des schèmes logiques, là même où la réalité paraîtembrouillée (3e et 4e paragraphes) ; la nécessité de composerune histoire, d’agencer des actions dans le but de faire émergerun sens, sans respect de l’ordre confus de la réalité(7e paragraphe).

4. L’exemple illustre le deuxième argument.5. Un illusionniste est un magicien. Son tour est truqué, mais

le public ignore l’astuce. Le réaliste ressemble à un illusionniste :le monde qu’il dépeint est faux mais plus vraisemblable que laréalité même.

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6. Dans cet exercice préparatoire à la dissertation, on pourraprocéder thématiquement pour montrer que la narration n’estpas fidèlement mimétique. On peut se pencher sur la tempora-lité du récit (ellipses, rapidité de l’ascension de Duroy), le choixdes personnages (chaque personnage est emblématique), la sym-bolique des lieux (le bois de Boulogne, la Madeleine, le Parle-ment, etc.), les effets de dramatisation (le duel, le flagrant délitd’adultère, l’enlèvement), ou encore l’omniscience du narrateur.

Séance no 10 : synthèse sur la réceptiondu roman

Objectif → Comprendre les intentions de Maupassant.Support → Dossier, « La réception du roman », p. 444-448.

Afin de préparer la séance, on invitera les élèves à lire la partiedu dossier intitulée « La réception du roman » (p. 444-448) et àrépondre aux questions qui s’y rapportent. Nous indiquons iciles éléments de correction.

1. Il s’agit d’une réponse à un acte d’accusation. Maupassantuse d’une rhétorique judiciaire des plus traditionnelles pour fairetaire les critiques.

2. Trois reproches dominent : Maupassant aurait dénigré laprofession de journaliste, se serait attaqué à la presse en généralet aurait composé un roman trop noir. L’écrivain dit s’enprendre non aux journalistes, mais aux crapules (le journalismen’est qu’un tremplin pour Duroy, et non une fin en soi). Commeterrain romanesque, il choisit non pas les grands journaux maisles « feuilles interlopes », où l’immoralisme domine. Maupassantne pouvait donc représenter La Vie française sous un jourpositif.

Stéphane GOUGELMANN,agrégé de lettres modernes.

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