gestion des conflit en afrique

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S S S O O O M M M M M M A A A I I I R R R E E E INTRODUCTION ……………………………………….....……………..... 2 PREMIERE PARTIE : DU PNA A L’ECOMOG : UNE VOLONTE MANIFESTEDE METTRE EN PLACE UN ESPACE DE PAIX ET DE SECURITE ........…...… 6 DEUXIEME PARTIE : DE L’ECOMOG AU MECANISME DE 1999 : VERS LA MISE EN PLACE DE LESPACE DE PAIX ET DE SECURITE OUEST -AFRICAIN 29 CONCLUSION ………………………………………..…………………… 60 ANNEXES ……………………………………………...……….……………. 65 BIBLIOGRAPHIE ……………………………………………...……….... 90

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Document sur la gestion des conflits en Afrique de l'ouest par l'ECOMOG.

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Page 1: Gestion des conflit en Afrique

SSSOOOMMMMMMAAAIIIRRREEE INTRODUCTION ……………………………………….....……………..... 2

PREMIERE PARTIE : DU PNA A L’ECOMOG : UNE VOLONTE

MANIFESTEDE METTRE EN PLACE UN ESPACE DE PAIX ET DE SECURITE ........…...… 6

DEUXIEME PARTIE : DE L’ECOMOG AU MECANISME DE 1999 : VERS

LA MISE EN PLACE DE L’ESPACE DE PAIX ET DE SECURITE OUEST -AFRICAIN 29

CONCLUSION ………………………………………..…………………… 60

ANNEXES ……………………………………………...……….……………. 65

BIBLIOGRAPHIE ……………………………………………...……….... 90

Page 2: Gestion des conflit en Afrique

2

INTRODUCTION

Page 3: Gestion des conflit en Afrique

3

La CEDEAO regroupe l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest et se compose

d’une population estimée à plus de 200 millions de personnes. Elle est dominée par

les jeunes, dont la plupart manquent d’éducation et de qualifications techniques. Il y

a une disparité large dans la distribution de la richesse et du revenu au sein de la

population et entre les centres urbains et les secteurs ruraux. Les langues officielles

des Etats membres sont : l’anglais, le français, le portugais et l’arabe. L'économie des

Etats membres repose principalement sur l’agriculture. Les principales exportations

sont : le pétrole, l’or, le diamant, la bauxite, le fer, le café, le bois, le coton et

l’arachide. Les principaux investisseurs économiques de la sous-région sont la

France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et les Arabes d'origine libanaise et syrienne.

La sous-région est un germoir de l'agitation politique, économique et sociale qui a eu

comme conséquence la croissance des mouvements insurgés et révolutionnaires

soutenus en grande partie par la jeunesse économiquement marginalisée et les

membres aliénés des élites. Les gouvernements qui ont émergé de cet environnement

tendent vers l'autocratie et la répression, alors que le système politique favorise

l'exclusion de l'opposition et des vues d'opposition. La structure de sécurité des Etats

est consacrée à la conservation du régime et de l’élimination de ceux qui s'opposent à

lui.

Le problème de sécurité est aggravé par la nature multi-ethnique des Etats. Sans

exception, tous les Etats de l’Afrique de l’Ouest sont composés de multitude

d’ethnies dont la plupart sont des ethnies historiquement rivales. A cela s’ajoute la

mainmise de certaines ethnies sur le pouvoir au détriment des autres.

Dans les années 70, les Chefs-d’Etat ouest africains se sont rendus compte qu’il était

urgent et nécessaire d’instaurer un climat de paix et de sécurité dans la sous-région

pour atteindre les objectifs qu’ils s’étaient fixés au sein de la CEDEAO. C’est ainsi

que sera signé un PACTE DE NON-AGRESSION à Lagos, (Nigéria) en 1978. Ce pacte

sera suivi par le PROTOCOLE D’ASSISTANCE MUTUELLE EN MATIERE DE DEFENSE

signé à Freetown (Sierra Leone) en 1981. Mais, la véritable révolution viendra de la

mise en place de l’Ecomog.

Page 4: Gestion des conflit en Afrique

4

L’Ecomog est une force ouest africaine de maintien de la paix créée dans les années

90 par des pays membres de la CEDEAO. La force est composée majoritairement de

Nigérians.

En août 1990, sans perspective d’intervention des Nations Unies dans la terrible

guerre qui déchirait le Libéria, une partie des Etats de l’Afrique de l’ouest décidèrent

de déployer l’Ecomog à Monrovia pour séparer les factions en guerre et arrêter le

carnage. Les Etats ouest africains ont justifié leur interposition par le fait que ce

n'était plus un conflit interne puisque des milliers de leurs propres ressortissants ont

été emprisonnés au Libéria et des dizaines de milliers de réfugiés s'étaient sauvées

dans les pays voisins.

Il y a eu beaucoup de spéculation au sujet des motivations réelles des pays qui

composaient la force. Certains ont accusé le Nigéria de soutenir le gouvernement de

SAMUEL DOE ami et allié du Président nigérian BABANGIDA ; d'autres affirment que

le Nigéria voulait s’imposer comme la « superpuissance » de la sous-région. D'autres

croient que les motivations des Etats étaient dues à la crainte de voir une

déstabilisation de la sous-région. Toujours, d'autres affirment que l'interposition était

due au traitement que les hommes de CHARLES TAYLOR réservaient aux

ressortissants des autres pays de l’Afrique de l’Ouest habitant au Libéria.

Nous avons entrepris de faire des recherches sur le cas Ecomog parce que nous

pensons que la création de la force et son intervention au Libéria est une évolution

importante pour les africains dans leur volonté de se prendre en main en matière de

maintien de la paix. Et pour les ouest-africains un début pour instaurer un espace de

paix et de sécurité dans leur région. Plusieurs Etats africains ont rêvé voir naître un

jour un système ou une capacité collective de défense africaine pour répondre aux

conflits internes plutôt que de compter sur des Forces extérieures comme celles de

l'ONU. L’intervention de l’Ecomog au Libéria a marqué un tournant important dans

la pratique du maintien de la paix par des organismes régionaux ou sous-régionaux

africains. Elle a également soulevé une vieille discussion en Afrique au sujet de la

création d'une capacité continentale de réponse aux conflits et à l’instabilité. Le

Page 5: Gestion des conflit en Afrique

5

Président KWAME NKRUMAH du Ghana fut l’un des premiers à avoir soulevé l'idée

d'une force africaine de maintien de la paix à la naissance de l’OUA en 1963. Depuis

lors, plusieurs tentatives ont vu le jour dont la plus importante fut celle de l’OUA. En

1981, l’organisation avait émis le souhait de mettre en place une Force

interafricaine pour surveiller la guerre civile au Tchad. Malheureusement, ce projet

échoua. Cet échec était en partie due à une mauvaise planification, à l’absence d’un

mandat précis de la Force, à l’absence d’une structure de commandement fiable, au

manque de volonté politique de certains dirigeants africains, au manque de

ressources financières etc.

En ce qui concerne nos recherches sur le sujet, notre principal intérêt est de savoir si

la création de l’Ecomog a été une bonne expérience pour la CEDEAO dans sa

volonté de mettre en place un espace de paix et de sécurité en Afrique de

l’Ouest ?

Pour répondre à cette question, nous organiserons notre réflexion autour de deux

principaux axes :

dans une première partie, nous verrons ce que la CEDEAO à fait, de sa

création à la naissance de l’Ecomog, pour mettre en place son espace de paix

et de sécurité.

dans une seconde partie, nous verrons ce que l’expérience de l’Ecomog a

apporté à la CEDEAO dans sa volonté de mettre en place un espace de paix et

de sécurité en Afrique de l’ouest.

Page 6: Gestion des conflit en Afrique

6

PREMIERE PARTIE :

DU PNA A L’ECOMOG : UNE VOLONTE MANIFESTE DE

METTRE EN PLACE UN ESPACE DE PAIX ET DE

SECURITE

Page 7: Gestion des conflit en Afrique

7

CHAPITRE 1 : LA CEDEAO ET SES PROTOCOLES DE DEFENSE

Qu’est ce que la CEDEAO ? Quels sont ses objectifs ? Comment est-elle structurée ?

Telles sont les questions auxquelles nous essayerons de répondre dans ce chapitre

dont le but est de donner une description de cette organisation sous-régionale

africaine.

En outre, nous traiterons dans ce chapitre les deux protocoles de défense signés au

sein de la CEDEAO et qui constituent la pierre angulaire de la volonté des pays de

l’Afrique de l’Ouest de mettre en place un espace de paix et de sécurité pour un

développement économique effectif et viable.

SECTION 1 : PRESENTATION DE LA CEDEAO

PARAGRAPHE 1 : NAISSANCE ET OBJECTIFS DE LA CEDEAO

La CEDEAO est un regroupement régional de quinze pays créé le 28 mai 1975 à

Lagos au Nigeria. Le projet de la création de la CEDEAO remonte en 1967 lors de la

conférence des Etats de l’Afrique de l’Ouest réunie à Accra. L’année suivante, en

1968, sera signé à Monrovia l’accord portant création d’un groupe régional de

l’Afrique occidentale. Mais c’est en 1972, à l’initiative du Nigeria et du Togo que

l’idée sera relancée et mènera à la signature du traité de Lagos1. Les protocoles

établissant la CEDEAO ont été signés à Lomé (Togo) le 5 novembre 1976. Un traité

revu pour accélérer l’intégration économique et pour augmenter la coopération

politique a été signé en juillet 1993. A l’origine, le traité de Lagos est signé par neuf

Etats francophones, cinq anglophones et un lusophone. Un peu plus tard le Cap-Vert

rejoindra ces quinze pays. La Mauritanie, membre fondateur, s'est retirée de

l’organisation en 1999 ce qui fait qu’elle est composée aujourd’hui de 15 pays2.

1BELAOUANE-GHERARI Sylvie et GHERARI Habib, « Les organisations régionales africaines », La Documentation Française, Paris, 1988, p. 150 2 Les 15 pays membres de la CEDEAO sont: Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Côte d'Ivoire, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra-Leone et Togo.

Page 8: Gestion des conflit en Afrique

8

La CEDEAO est le plus vaste sous ensemble régional africain. Il renferme un marché

commun de plus de 220 millions d’habitants et une superficie de 6 millions de km2.

Les objectifs qui lui sont assignés par le traité de Lagos consistent à promouvoir la

coopération et le développement dans tous les domaines de l’activité économique

notamment l'industrie, les transports, les télécommunications, l'énergie, l'agriculture,

les ressources naturelles, le commerce, les questions monétaires et financières, les

questions sociales et culturelles ; « d’abolir à cette fin les restrictions quantitatives et

administratives au commerce, supprimer les obstacles à la libre circulation des

personnes, des services et des capitaux et créer un fond de coopération, de

compensation et de développement »3. Elle a également pour objectif de promouvoir

les relations entre les États membres et contribuer au progrès et au développement du

continent africain. Enfin, depuis que les Etats membres ont compris que prospérité

économique durable et sécurité riment ensemble, ils ont fait de la réalisation d’un

authentique et efficace système sous-régional de paix et de sécurité un objectif

majeur de leur organisation.

Le Traité revu de 1993 « identifie comme objectifs économiques l’aboutissement à un

marché commun et à une monnaie unique ; les objectifs politiques étant la mise en

oeuvre d’un parlement de l’Afrique de l’ouest, un conseil économique et social, et

une Cour de Justice CEDEAO pour remplacer le tribunal existant et appliquer les

décisions de la communauté. Ce Traité donne formellement la responsabilité de

prévenir et de régler les conflits régionaux à la Communauté »4.

3 BELAOUANE-GHERARI Sylvie et GHERARI Habib, « Les organisations régionales africaines », op. cit. p. 150 4 Institut d’Etudes de Sécurité (Afrique du Sud) « Profil de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) » (Voir page Internet http://www.iss.co.za/AF/RegOrg/unity_to_union/pdfs/ecowas/2ECOWASProfileFr.pdf

Page 9: Gestion des conflit en Afrique

9

PARAGRAPHE 2 : LES STRUCTURES5 DE L’ORGANISATION

La structure de la CEDEAO est la suivante6 :

La Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement (CCEG),

Le Conseil des Ministres,

La Cour de Justice de la Communauté,

Le Parlement de la CEDEAO,

Le Secrétariat Exécutif, et

Les Commissions techniques.

LA CONFERENCE DES CHEFS D’ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT est l’organe suprême

de la Communauté. Elle est composée des Chefs d’État et/ou de Gouvernement des

États membres. Son rôle est de donner les principes directeurs de l’organisation, de

contrôler le bon fonctionnement de la Communauté et de prendre toutes les mesures

adéquates afin de garantir le développement progressif et la réalisation des objectifs.

LE CONSEIL DES MINISTRES est composé du Ministre responsable des Affaires de la

CEDEAO ainsi que d‘un Ministre désigné par chaque État membre. Son rôle consiste

entre autres à approuver les programmes de travail et les budgets de la Communauté

et de ses institutions ; à émettre des directives pour les affaires concernant la

coordination et l’harmonisation des politiques d’intégrations économiques et à

formuler des recommandations à la CCEG sur les questions visant à la réalisation des

objectifs de la Communauté.

LA COUR DE JUSTICE DE LA COMMUNAUTE, qui est une institution permanente, a été

créée en octobre 1999 à Abuja. Elle se compose d’un Président, d’un Greffier en

chef, et de sept juges. Sa mission est de traiter « les plaintes émanant d’États

5 En outre des structures que nous allons traiter, le Conseil Economique et Social, la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO etc. 6 Institut d’Etudes de Sécurité (Afrique du Sud) « Profil de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) » (Voir page Internet : http://www.iss.co.za/AF/RegOrg/unity_to_union/pdfs/ecowas/2ECOWASProfileFr.pdf)

Page 10: Gestion des conflit en Afrique

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membres et des institutions de la CEDEAO, ainsi que des questions se rapportant

aux états qui [ne s’] acquittent pas [de] leurs dettes »7.

LE PARLEMENT DE LA CEDEAO se compose de 115 députés. Tous les Etats

membres ont le droit d’y être représentés. Le Togo, le Liberia, le Cap-Vert, la Guinée

Conakry, la Guinée-Bissau, le Bénin, la Gambie et la Sierra Leone ont chacun droit à

5 députés. Le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Sénégal ont chacun droit à 6

députés. La Côte d’Ivoire a droit à 7 représentants. Le Ghana a droit à 8 députés.

Enfin, le Nigeria a lui droit à 35 députés. Aucun des 115 représentants parlementaires

n’est élu au suffrage universel (au niveau de la Communauté), ce sont tous des

membres des parlements nationaux de leurs pays respectifs. Le Parlement se réunit à

Abuja et fonctionne uniquement à titre consultatif et de conseiller.

LE SECRETAIRE EXECUTIF DE LA CDEAO, qui est élu pour un mandat de quatre ans

par la CCEG, a pour mission de veiller au bon fonctionnement de la Communauté et

de la mise en oeuvre des décisions prises par la CCEG. Son siège se trouve à Abuja

(Nigeria).

LES COMMISSIONS TECHNIQUES SPECIALISEES, que l’on retrouve au sein de la

CEDEAO sont :

Alimentation et agriculture ;

Industrie, science et technologie et énergie ;

Environnement et ressources naturelles ;

Transport, communications et tourisme ;

Commerce, douanes, impositions, statistiques, monnaie et payements ;

Affaires politiques, juridiques et légales, sécurité régionale et immigration ;

Ressources humaines, information, affaires sociales et culturelles;

Commission pour l’administration et les finances.

7 Institut d’Etudes de Sécurité (Afrique du Sud) « Profil de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) » (Voir page Internet : http://www.iss.co.za/AF/RegOrg/unity_to_union/pdfs/ecowas/2ECOWASProfileFr.pdf)

Page 11: Gestion des conflit en Afrique

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Bien qu’étant une organisation économique, la CEDEAO s'est très tôt préoccupée de

la paix et la sécurité régionale, facteur incontournable au développement socio-

économique des Etats membres.

SECTION 2 : LES PROTOCOLES DE DEFENSE CONCLUS AU SEIN DE LA CEDEAO

La CCEG de la CEDEAO a adopté un protocole de non agression en 1978 puis, en

1981, un protocole d'assistance en matière de défense pour instaurer un climat de

stabilité et de sécurité dans la sous région.

PARAGRAPHE 1 : LE PROTOCOLE DE NON AGRESSION (PNA)

Le PNA a été signé, par les États membres de la CEDEAO, le 22 avril 1978 lors

d’une réunion qui s’est tenue à Lagos. L’initiative est venue du Nigéria et du Togo ;

deux pays sous dictature militaire. D’ailleurs ce n’était pas les seuls, à l’époque, dans

la sous région. En effet au moment de la signature du protocole plus de la moitié des

pays étaient dirigés par des militaires. La liste qui va suivre est celle des

personnalités ayant signé le protocole ; elle donne nettement une idée de ce que nous

venons d’affirmer.

Etaient présents lors de la signature du PNA :

Le Colonel Mathieu KEREKOU (Président du Bénin),

Mr. Félix HOUPHQUET BOIGNY (Président de la Côte d’Ivoire),

Mr. Arstides PEREIRA (Président du Cap-Vert),

Dr. William R. TOLBERT, (Président du Libéria),

Alhaji Sir Daouda K. JAWARA,

Mr. Founeke KEITA (Ministre des finances et du commerce de la

République du Mali, et au nom du Président du Comité militaire de la

libération nationale du Mali),

Major Général George Yaw BOAKYE (Pour et au nom du chef d'Etat et du

Président du Conseil militaire suprême de la République du GHANA),

Page 12: Gestion des conflit en Afrique

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Mr. Ismaël TOURE (Ministre de l'économie et des finances pour et au nom

du chef d'Etat et du Commandant-en-Chef des forces armées révolutionnaires

des peuples de la République de GUINÉE : le Président Ahmed Sékou

TOURE),

Mr. Moktar Ould DADDAH (Président de la République islamique de

Mauritanie,

L’Intendant militaire Moussa TONDI (Ministre des finances du Niger pour

et au nom du Conseil militaire suprême de la République du NIGER),

Mr. Luiz CABRAL (Président de la République de Guinée-Bissau),

Lt. Général Olusegun OBASANJO (Chef du gouvernement militaire fédéral,

du Nigéria et Commandant-en-Chef des forces armées de la République du

Nigéria),

Mr. Léopold Sédar SENGHOR (Président de la République du Sénégal),

DR Siaka STEVENS (Président de la République de Sierra Léone),

Général Gnassingbe EYADEMA (Président de la République du Togo)

Général A. Sangoule LAMIZANA (Président de la République de la Haute-

Volta)

Au travers du PNA, chaque Etat membre excluait toute mesure dans ses relations,

avec les autres Etats membres, de recourir à la menace, à l'utilisation de la force, à

l'agression ou tout autre moyen contraire aux chartes des Nations Unies et de

l’Organisation de l'Unité africaine (Union Africaine maintenant) contre l'intégrité

territoriale et l'indépendance politique des autres Etats membres.

Chaque Etat membre s’engageait également à

s'abstenir d’encourager ou de tolérer toute subversion, hostilité ou agression

contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique des autres Etats

membres ;

empêcher des étrangers résidents sur son territoire de commettre de tels actes;

Page 13: Gestion des conflit en Afrique

13

empêcher des étrangers non-résidents d'employer son territoire comme base

pour commettre les actes cités ci-dessus contre la souveraineté et l'intégrité

territoriale des autres membres.

L’article 5, qui porte règlement pacifique des différends, dispose :

1. « Les Etats membres ont recours à des moyens pacifiques pour régler les

différends qui pourraient surgir entre eux.

2. Toute dispute qui ne peut être réglée de manière pacifique entre les États

membres sera soumise à un comité de la Communauté. Dans l’éventualité

d’un échec de résolution par le Comité, la dispute sera soumise à l’Autorité

[par exemple Les Chefs d’État].

3. La composition et le mandat du Comité visé au paragraphe précédent seront

déterminés par l’Autorité. »

La signature du PNA fut une très bonne chose mais malheureusement, les dirigeants

de la sous-région, plus soucieux de la survie de leur pouvoir que celle de leurs

peuples, par manque de confiance à leurs voisins, par leur volonté de s’imposer

comme « leader » de la sous-région et par le jeu des puissances de l’époque (Etats-

Unis et URSS), l’ont vite rangé aux oubliettes. En effet, plus que jamais, l’Afrique de

l’ouest fut plongée dans le chaos des guerres civiles, et des coups d’Etats dont la

plupart étaient soutenus et encouragés par des pays signataires du protocole. Ce qui

allait sans nulle doute à l’encontre de l’esprit du PNA.

Au début des années 80, convaincus une fois de plus que la stabilité et la sécurité de

la sous région est un pilier essentiel à l’intégration économique ou soucieux de

préserver leur pouvoir, les Chefs-d’Etat de la CEDEAO adoptèrent un autre

protocole.

Page 14: Gestion des conflit en Afrique

14

PARAGRAPHE 2 : LE PROTOCOLE D’ASSISTANCE MUTUELLE EN MATIERE DE

DEFENSE (PAMD)

Le PAMD a été signé à Freetown, en Sierra Leone, le 29 mai 1981 par treize Etats

membres de la CEDEAO8. Il est entré en vigueur cinq ans plus tard (en 1986). C’est

un traité collectif de défense dans lequel les Etats signataires considèrent que « toute

menace d’agression armée ou toute agression armée dirigée de l’extérieur contre

l’un quelconque des Etats membres constitue une menace ou une agression contre

l’ensemble de la communauté »9 et s’engage à donner une aide et une assistance

mutuelle pour la défense10. Egalement, ils prévoient une réaction collective dans le

cas ou un Etat membre est victime d’un conflit armé intérieur fomenté et soutenu

activement de l’extérieur et qui met en danger la paix et la sécurité d’autres états

membres11. Dans ce cadre sont créées les FORCES ARMEES ALLIEES DE LA

COMMUNAUTE (FAAC).

Le protocole avait mis en place trois institutions devant permettre son application.

Ces institutions sont : l’AUTORITE, le CONSEIL DE DEFENSE et la COMMISSION DE

DEFENSE.

L’AUTORITE doit, à l'occasion de chaque réunion annuelle de la CEDEAO, examiner

les problèmes généraux concernant la paix et la sécurité de la sous-région. C’est à

elle de décider de la convenance d’une action militaire et de confier son exécution au

commandement des FAAC. Selon le protocole, les décisions prises par l'Autorité

sont immédiatement exécutoires.

Le CONSEIL DE DEFENSE se compose des ministres de la défense et des affaires

étrangères des Etats membres. Toutefois, en période de crise, il est présidé par le

Président de l'Autorité et est élargi, selon les circonstances, à n'importe quel autre

ministre des Etats membres. Sa mission consiste à préparer des sessions

8 Seul trois pays, parmi les 16 que compte l’Afrique de l’Ouest, ne l’avaient pas signé à l’époque. Il s’agit du Cap-Vert, de la Guinée Bissau et du Mali. 9 Article 2 du PAMD. 10 Article 3 du PAMD 11 Article 4.b du PAMD

Page 15: Gestion des conflit en Afrique

15

extraordinaires de l’Autorité, étude de la situation, de la stratégie et des moyens à

adopter. Il peut recevoir délégation de décision de l’Autorité si les circonstances

l’exigent une intervention rapide12. Selon l'article 9 du protocole, en cas

d'interposition armée, le Conseil de défense, aidé par la Commission de la défense,

dirigera avec l'autorité de l'Etat ou des Etats concernés, toutes les mesures devant être

prises par le commandement des FAAC et s'assurera que tous les moyens nécessaires

pour l'interposition lui sont rendus disponibles.

La COMMISSION DE DEFENSE se compose des Chefs d’Etat-major des forces armées

de tous les Etats membres. Elle est chargée d’examiner les problèmes techniques de

défense.

Le PAMD, à l’instar du PNA, n’a pas connu de succès. Mais, vers la fin des années

80 début 90, au cours de la terrible guerre civile du Libéria, son évocation a conduit à

la création de L’ECOMOG13.

Toutefois, avant de se pencher sur le cas de l’Ecomog, nous aimerions rappeler qu’en

dehors de ces deux protocoles de défense signés au sein de la CEDEAO dans un

souci de sécuriser l’espace ouest-africain, d’autres accords et moratoires ont été

conclus. Il s’agit en particulier des CONVENTIONS POUR L’ASSISTANCE MUTUELLE

POUR LES AFFAIRES CRIMINELLES ET L’EXTRADITION signées à Dakar le 29 juillet

1992 et à Abuja le 6 août 1994 ; de la DECLARATION SUR LE MORATOIRE SUR

L’IMPORTATION, L’EXPORTATION ET LA FABRICATION D’ARMES LEGERES, adoptée

les 30-31 octobre 1998, et du PROGRAMME POUR LA COORDINATION DE

L’ASSISTANCE POUR LA SECURITE ET LE DEVELOPPEMENT (PCASED), signé à

Bamako le 24 mars 199914. Il faut également y inclure La DECLARATION DES

PRINCIPES POLITIQUES DE LA CEDEAO signée en juillet 1991. Elle « définit

l’engagement des [Etats] membres pour la promotion et la protection des droits de

12 Barry Mamadou Aliou, « La prévention des conflits en Afrique de l’Ouest », Karthala, Paris, 1997, p. 198 13 ECOWAS CEASEFIRE MONITORING GROUP (Groupe de la CEDEAO chargé du contrôle et de la mise en oeuvre du cessez-le-feu) 14 Ce Moratoire a été prolongé de trois ans le 9 juillet 2001 à Abuja

Page 16: Gestion des conflit en Afrique

16

l’Homme, la démocratie, et la séparation constitutionnelle de la justice et du

pouvoir »15.

L’ANAD16 mérite aussi d’être évoqué non seulement du fait de ses similitudes avec

le PNA et le PAMD mais aussi du fait que c’est le premier accord de défense

collective conclu par des Etats de la sous région. L’ANAD, signé le 9 juin 1977 à

Abidjan (Côte d’ivoire), est un accord assez particulier. Sa particularité, par rapport

aux accords de défense de la CEDEAO, réside dans le fait qu’il a été conclu au sein

de la CEAO17 qui est une organisation regroupant uniquement les pays francophones

de la sous-région. A sa signature, sept des neuf pays francophones de l’Afrique de

l’ouest l’ont signé18.

Si l’on n’y regarde de près, nous pouvons dire que l’ANAD a été l’inspirateur du

PNA et du PAMD. Les principes de l’accord se déclinent ainsi19 :

Engagement à ne pas utiliser la force pour régler les différends.

Aide mutuelle contre toute agression extérieure.

15 Institut d’Etudes de Sécurité (Afrique du Sud) « Profil de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) » (Voir page Internet http://www.iss.co.za/AF/RegOrg/unity_to_union/pdfs/ecowas/2ECOWASProfileFr.pdf ) 16 Accord de Non-agression et d’Assistance en matière de Défense. 17 COMMUNAUTE DES ETATS DE L’AFRIQUE DE L’OUEST 18 L’ont signé : le Burkina Faso, la Côte d’ivoire, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Togo. Le Bénin et la Guinée étaient observateurs. 19 BARRY Mamadou Aliou, « La prévention des conflits en Afrique de l’Ouest », op. cit. p. 191-192.

Page 17: Gestion des conflit en Afrique

17

CHAPITRE 2 : LA MISE EN PLACE DE L’ECOMOG

La guerre civile du Libéria est le facteur déclencheur de la mise en place de

l’Ecomog qui est une force d’interposition ou d’observation ouest africaine. Cette

force a vu le jour grâce à la « manipulation » des protocoles de défense de la

CEDEAO par un certain nombre de pays de la sous région.

Pour comprendre l’histoire de l’Ecomog, il est incontournable de revenir à la terrible

guerre civile du Libéria qui a débuté vers la fin des années 80 et qui a vu

l’implication d’un très grand nombre d’acteurs extérieurs en outre de la multitude de

factions rebelles du conflit.

SECTION 1 : LA GUERRE CIVILE DU LIBERIA

Le Libéria a été fondé en 1820 par une société philanthropes américaines qui voulait

donner un territoire aux esclaves affranchis de l’Amérique. Il deviendra en 1847 le

premier Etat indépendant d’Afrique. Comme nous l’avons souligné, ce pays a été

frappé par une guerre civile déclarée pour mettre fin à l’injustice et aux atrocités que

le régime en place faisait subir à la population (notamment à un certain nombre

d’ethnies non associées aux reines du pouvoir). Cette guerre, comme la plupart, s’est

distinguée par son atrocité, sa durée mais aussi par l’implication de beaucoup

d’acteurs externes notamment l’Ecomog.

PARAGRAPHE 1 : LES FACTEURS INTERNES DU CONFLIT

La guerre civile libérienne a commencé la veille de Noël de l’année 1989 quand le

NATIONAL PATRIOTIC FRONT OF LIBERIA (NPFL) a envahi le pays à partir de la

Côte d'Ivoire voisin. L’objectif des rebelles était de mener une action qui

déstabiliserait le régime et, par la suite, leur permettre de renverser le pouvoir en

place grâce à un soutien important de la population. Mais, le but avancé par Charles

TAYLOR, le Chef du NPFL, était tout autre. Selon lui l’objectif était de mettre un

terme au régime brutal du Chef de l’Etat libérien Samuel DOE.

Page 18: Gestion des conflit en Afrique

18

Samuel DOE a pris le pouvoir au Libéria après avoir renversé le président TOLBERT.

Son putsch a eu lieu la nuit du 11 au 12 avril 1980. Dés le départ, le président DOE a

montré par ses actes que son régime est et allait être cruel. En effet comme le

souligne M. ADJOVI « les putschistes dans cette nuit du 11 au 12 assassinent le

président [TOLBERT] et quelques autres personnalités éminentes du gouvernement et

de l'Assemblée. (…) D'autres (…) dignitaires (…), seront arrêtés, jugés

sommairement et exécutés sur la plage en présence d'une foule immense et de la

télévision française, le 22 avril 1980 »20.

A la suite de son coup d’Etat, pour diriger le pays, le Sergent-chef Samuel DOE

s’était entouré des membres de son ethnie les Krahn et des Mandingue (ethnie assez

proche de la sienne). Au Libéria, une grande majorité de la population ne considèrent

pas les Mandingue comme des Libériens de pure souche. Et à leur grand étonnement,

cette ethnie se retrouvait associée à la gestion des affaires de leur pays : chose qui ne

leur plaisait.

Au milieu des années 80, plus précisément en 1985, une tentative de coup d’Etat

menée par un officier originaire de la province de Nimba au nord du Libéria est

suivie d’une répression sanglante contre les membres de son ethnie (les Gio et les

Mano). Cette répression fera entre 400 et 2000 morts.21

En résumé, « l’ethnicisation des cercles politique, économique et militaire au profit

des Krahn et accessoirement des Mandingue, ainsi que la politique de répression à

l’encontre des Gio et des Mano »22, laissaient entendre que le Libéria allait sombrer

dans une instabilité grave. C’est d’ailleurs dans le Nimba, où les Gio et les Mano

étaient martyrisés, que le NPFL de Charles TAYLOR (ancien ministre de Samuel

DOE), lance son offensive dans l’espoir de rallier les populations à sa cause. Objectif

qu’il atteindra sans trop de difficultés.

20 Mémoire sur le Libéria de Roland Jean-Baptiste ADJOVI, Université Paris XIII Villetaneuse (UFR Sciences Juridiques, Politiques et Economiques), pour l’obtention d’une Maîtrise de Droit Public (option International et Communautaire) 21 Source l’article de Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », Relations internationales et stratégiques, n 23, automne 1996, p. 83. 22 ibidem

Page 19: Gestion des conflit en Afrique

19

Au début de l’insurrection, les combats opposaient uniquement le NPFL et les forces

gouvernementales (AFL). Mais au fur et à mesure que les combats perduraient les

acteurs se multipliaient.

PARAGRAPHE 2 : LES ACTEURS DU CONFLIT

Les acteurs du conflit en question ici sont non seulement les factions armées

libériennes mais aussi les Etats qui se sont impliqués directement ou indirectement

dans le conflit.

A. LES ACTEURS INTERNES

Dans cette guerre civile du Libéria, très vite la rébellion s’est démultipliée, on a

d'abord assisté à un fractionnement du NPFL, qui a ouvert les hostilités, et ensuite à

la naissance de nouveaux mouvements. Chacun des mouvements voulait sa part du

gâteau où prétendait défendre les membres de son ethnie contre les autres factions.

Ce qui est sûr c’est que ces factions ont très sérieusement compliqué la résolution du

conflit. Plusieurs accords de paix ont été signés mais à chaque fois violés par une

(des) faction (s).

Parmi les acteurs internes les plus influents du conflit, nous pouvons noter le NPFL

et l’UNITED LIBERATION MOVEMENT FOR DEMOCRACY IN LIBERIA (ULIMO).

Le NPFL, dirigé par Charles Taylor, est majoritairement originaire du Nimba. Quand

le NPFL a envahi le Libéria au mois de décembre 1989, il ne comptait que quelques

centaines de combattants dans ses rangs. Le mouvement s’est étendu lorsqu’il a

commencé à distribuer des armes aux populations Gio et Mano pour se défendre

contre les soldats du gouvernement qui les massacraient. Le mouvement ira jusqu’à

devenir plus important que l’armée gouvernementale. Mais minée par des divisions

internes, « cette assise ethno-géographique qui semble uniforme », va imploser pour

en résulter « un labyrinthe de factions dans lequel on se perd facilement »23.

23 Mémoire sur le Libéria, op. cit. p. 13

Page 20: Gestion des conflit en Afrique

20

Parmi les factions les plus importantes du NPFL, nous pouvons citer l’INDEPENDENT

NATIONAL AND PATRIOTIC FRONT OF LIBERIA (INPFL) de « Prince » JOHNSON.

L’INPFL est née en juillet 1990 à la suite d'une discorde entre C. TAYLOR et Prince

JOHNSON qui était alors chargé de la formation militaire des combattants du NPFL.

C’est cette faction qui avait capturé et torturé à mort le président Samuel DOE tout en

le film. D’ailleurs, à l’époque la cassette était disponible dans la sous-région

moyennant une somme inférieure à 5 000F (CFA) ou l’équivalence de 7,5 euros.

Comme le constate M. ADJOVI « ce mouvement perd de son importance avec l'exil

volontaire de son leader que le Nigéria a accueilli »24.

Le deuxième mouvement, l’ULIMO, a été crée le 21 mai 1991 à Conakry par

d’anciens membres des AFL et du gouvernement de Samuel DOE en exil. Les figures

du mouvement sont : Alhaji KROMAH (Mandingue et leader du Movement for the

REDEMPTION OF LIBERIAN MUSLIMS), le général Albert KARPEH (Krahn, leader du

LIBERIAN UNITED DEFENCE FORCE et ancien ambassadeur en Sierra-Leone) ;

Roosevelt JOHNSON…

Le mouvement recrute essentiellement parmi les Krahn et les Mandingue et

« s’infiltre progressivement à partir de la Sierra Léone et de la Guinée. A l’automne

1992, elle maîtrise une grande partie de l’Ouest du pays ».25 Ce qui lui a permis, au

cours des nombreuses négociations de paix, d’occuper une place d'interlocuteurs

égale à celle du NPFL.

Là aussi, comme au sein du NPFL, les divergences de points de vue et les luttes de

pouvoir conduisirent à l’implosion du mouvement. Les accords de Cotonou26 en

24 Pour information Prince Johnson est mort vers la fin des années 90 à l’étranger dans des circonstances douteuses. 25 Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 83 26 Ceux-ci posent les bases d’un processus de paix classique : cessez le feu, installation de nouvelles autorités de transition, désarmement, démobilisation, rapatriement-réinstallation des personnes réfugiées et déplacées, élection. Egalement paraphés par un représentant de l’ONU et de l’OUA, les accords prévoient en outre la mise en place d’une mission d’observation non armés des Nations-unies (UNOMIL) pour surveiller l’application du processus, ainsi que la création d’une « expanded

Page 21: Gestion des conflit en Afrique

21

juillet 1993 prévoyaient la création d’un gouvernement de transition, LIBERIA

NATIONAL TRANSITIONAL GOVERNMENT (LNTG) et d'un Conseil d'Etat. Selon M.

ADJOVI, c’est au sein de ce Conseil d’Etat qu’est née la dissension. Il raconte que

pendant la réunion du Conseil, le 28 février 1994, pour l'élection du président, l'un

des représentants de l'ULIMO (un Krahn) avait voté contre l'autre représentant (un

Mandingue) qui aspirait à la présidence27. Et c’est à partir de là que les choses se

sont envenimées entre les deux groupes qui composent le mouvement. C’est en mars

1994 que l’ULIMO se divise définitivement entre sa branche Krahn dirigée par

Roosevelt JOHNSON (ULIMO-J) et sa branche Mandingue commandée par Alhaji

KROMAH (ULIMO-K).

En dehors du NPFL, du INPFL, des AFL, de l’ULIMO-J et de l’ULIMO-K, nous

pouvons citer d’autres groupes et pas des moindres. Il s’agit notamment du

LIBERIAN PEACE COUNCIL (LPC) de George BOLEY crée en octobre 1993 et qui

recrute essentiellement parmi un sous-groupe Krahn (les Sarpoh)28 ; de la LOFA

DEFENSE FORCE (LDF) créée en novembre 1993 par François MASSAQUOI et qui est

composées de ressortissants du Lofa…29

Chacun de ces groupes rebelles avait une assise extérieure qui lui permettait non

seulement de survivre dans cette guerre mais aussi de bénéficier du partage du

pouvoir libérien qui se faisait à chacun des multiples accords de paix.

B. LES ACTEURS EXTERNES DU CONFLIT

Les acteurs externes de la guerre civile du Libéria ne sont pas seulement ceux qui

directement ou indirectement soutenaient les factions rebelles. C’est aussi ceux qui

se sont impliqués dans les divers processus de négociation pour que la paix

revienne ; ceux qui par l’humanitaire se sont impliqués etc. Pour ne pas rentrer dans

Ecomog » composée de bataillon extérieurs à la sous-région (Tanzanie, Ouganda) afin de redresser la neutralité des forces d’interposition. Ces derniers ne resteront que quelques mois. 27 Mémoire sur le Libéria, op. cit. (http://roland.adjovi.free.fr/liberia.htm) 28 Il était largement soutenu par les bataillons de l’Ecomog qui semble avoir participé à sa création. 29 Elle jouera à l’origine de force supplétive du NPFL permettant d’ouvrir un second front derrière les lignes de l’ULIMO.

Page 22: Gestion des conflit en Afrique

22

des détailles qui nous égareraient de notre sujet nous ne traiterons que des acteurs

internationaux. Nous entendons par là certaines puissances occidentales (les Etats-

Unis et la France), la Libye et les pays de la sous-région en particulier le Nigéria30.

1) LES ETATS-UNIS : POUR SES INTERETS ET LA LIBYE

D’après Fabrice WEISSMAN, les Etats-Unis ne sont pas totalement étrangers à la crise

libérienne. Il affirme qu’« ils ont fermement soutenu Samuel Doe jusqu’en 1985,

malgré la dérive autoritaire de son régime »31. Certains observateurs affirment que

Washington serait même impliqué dans le coup d’Etat de 198032. La raison de ce

soutien serait le rapprochement, quelques temps auparavant, du président TOLBERT

avec l’URSS, le Cuba et la Libye. Il se trouve que cette dernière s’était même

implantée dans le pays au travers de la LIBYA-LIBERIAN BANK, engagée dans la

construction de logements à Monrovia.

Dés 1980, d’après WEISSMAN, le président DOE « avait reçu une aide américaine de

90 millions de dollars, plus que l’ensemble des sommes allouées à Tolbert durant

tout son règne. De 1981 à 1985, Washington versera 400 millions de dollars au

régime de Monrovia – soit un tiers du budget chaque année -, faisant du Libéria le

premier pays bénéficiaire de l’aide américaine par tête d’habitant »33. En outre, « en

1985, la Maison blanche reconnaît la validité de l’élection frauduleuse de Samuel

Doe. Cependant, le Congrès interdit le renouvellement de l’aide à son régime »34. Ce

qui n’empêchera pas Washington de maintenir une assistance alimentaire et la

présence de conseillers militaires, « que l’on retrouvera aux côtés des AFL lors des

premières contre offensives en direction du NPFL »35.

30 L’Ecomog qui fut l’un des principaux acteurs du conflit sera traitée dans la section suivante. Quant à l’ONU, qui également à jouer un rôle important notamment en ce qui concerne le chapeautage des négociations et l’humanitaire, nous ne le traiterons pas. L’objectif de cette sous-partie est de montrer les liens (directes ou indirectes) entre les forces engagées dans le conflit et certains Etats. 31 Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 92. 32 Voir note de bas de page n° 24 de l’article de F. WEISSMAN. 33 Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 92. 34 ibidem 35 ibidem

Page 23: Gestion des conflit en Afrique

23

Le soutien américain au régime de Samuel DOE, en outre des motivations

idéologiques36, s’expliquait en partie par la présence de quelques intérêts au Libéria.

D’après M. Weissman, FIRESTONE possédait au Libéria la plus grande plantation

d’hévéas du monde ; le pays abritait une station de navigation « OMEGA » pour les

sous-marins et un réémetteur de VOICE OF AMERICA et enfin la base régionale de la

CIA en Afrique de l’Ouest s’y trouvait.37

La présence de ces intérêts au Libéria justifiait-elle réellement le soutien de

Washington au cruel dictateur Samuel DOE ? Etant donné que la concession d’hévéas

FIRESTONE avait déjà été cédée à la firme japonaise BRIDGESTONE en 1990, la station

« OMEGA » transférée au Mozambique de même que le réémetteur de VOICE OF

AMERICA ; nous pensons que c’est surtout l’implication de la Libye au côté de

TAYLOR qui à pousser les Américains à soutenir DOE.

2) LA LIBYE ET LE NIGERIA : POUR L’HEGEMONIE

L’implication du Nigeria dans le conflit du Libéria a des raisons diverses. Les raisons

les plus apparentes sont les liens qui existaient entre les autorités militaires du pays,

notamment le président BABANGIDA, et le régime de Samuel DOE (le régime militaire

de Lagos était très lié à celui de Samuel DOE) ; le désir du Nigeria d’exercer un rôle

de puissance régionale ; et sa volonté de protéger ses intérêts économiques au

Libéria38. L’implication de la Libye est également avancée comme une raison de

celle du Nigéria. D’aucun pense que Lagos considérait d’un mauvais œil l’accession

à la tête du Libéria d’un mouvement patronné par la Libye. « Le régime de Kadhafi –

auquel le Nigeria s’était notamment heurté au Tchad – était d’autant plus craint que

36 Samuel DOE n’était certes pas un fervent de la démocratie mais il était loin d’être un communiste. 37 Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 92. 38 Pour ce qui est des intérêts économiques, il se trouverait que le président Babanguida avait investi aux côtés de Samuel Doe dans le projet d’exploitation du gisement de fer Mifergui. Une chute éventuelle du président Doe aurait remis cette entreprise en cause, capital pour l’industrie sidérurgique nigériane et pour les intérêts personnels du Chef de l’Etat. Selon Eric Fottorino, dans le Monde du 25 avril 1991, Lagos aurait également cherché à contrôler l’attribution des pavillons de complaisance ainsi que le port France de Monrovia qui lui aurait permis de faciliter les opérations de blanchiment de l’argent de la drogue.

Page 24: Gestion des conflit en Afrique

24

celui-ci pouvait menacer l’unité du pays en jouant la carte de la mobilisation

islamique »39.

L’implication de la Libye est liée aux ambitions personnelles du président KADHAFI

qui s’est depuis longtemps voulu le promoteur des révolutions. KADHAFI voulait

également installer des hommes à lui ou des hommes avec lesquelles il entretient de

très bonnes relations pour assoupir ses envies hégémoniques et constituer un

contrepoids à la puissance américaine. Depuis les années 60, la Libye s’est retrouvée

liée à plusieurs des conflits africains. Mais depuis qu’elle s’est constituée comme le

chantre de l’unité africaine, elle se retire petit à petit.

3) LA FRANCE ET LES PAYS FRANCOPHONES DE LA SOUS-REGION :

POUR LES INTERETS, LA FAMILLE ET LA FRANCOPHONIE

La France s’est discrètement impliquée aux côtés de Charles TAYLOR à travers le

Burkina Faso et la Côte d’ivoire. D’ailleurs, se furent pratiquement les seuls pays

francophones de la sous-région à s’impliquer directement (par leur soutien au NPFL)

dans le conflit. Toutefois, la Guinée, qui est un pays francophone, avait soutenu

l’ULIMO notamment sa branche Mandingue.

Selon M. WEISSMAN, en 1991, 68% des grumes sortant clandestinement du

TAYLORLAND étaient expédiés vers la France. Ce qui constituait une rentrée d’argent

assez importante pour le NPFL de TAYLOR. Il avance également que des intérêts

français étaient présent dans l’exploitation du minerais de fer du mont Nimba et que

USINOR, engagé dans le projet Mifergui, a continué à acheter du fer dans le

TAYLORLAND après le déclenchement des hostilités. Toutefois, M. WEISSMAN a tenu à

préciser qu’il est difficile de dire quel est le degré exact d’implications des autorités

gouvernementales françaises et si ces acteurs obéissaient à une logique politique ou

économique40. Ce qui est plus ou moins sûr, c’est que la France a instrumentalisé la

Côte d’ivoire et le Burkina Faso pour soutenir C. TAYLOR. Ces deux pays ont non

39 Voir note de bas de page n° 31 de l’article de F. WEISSMAN. 40 Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 93.

Page 25: Gestion des conflit en Afrique

25

seulement interféré dans le conflit libériens pour défendre leurs intérêts quelconques

mais aussi pour régler des problèmes personnels (entre S. Doe et H. Boigny) comme

le souligne M. ADJOVI41.

En effet, selon M. ADJOVI, « le fils du président défunt Tolbert, Adolphus Benedict, a

épousé une parente du président ivoirien qui de plus considère le président libérien

comme un ami personnel. Ainsi, le putsch d’avril 1980 en étant à l’origine de la mort

des Tolbert, touchait directement Houphouët-Boigny pour qui c’était une affaire

personnelle. Le président Blaise Compaoré du Burkina-Faso est aussi gendre de

Houphouët qui aurait usé de l’existence de cette alliance pour convaincre

Compaoré »42. Pour ce qui est du Burkina-Faso, M. ADJOVI précise que COMPAORE

n’avait pas besoin d’un quelconque argument d’HOUPHOUËT pour s’engager puisque

le Burkina et C. TAYLOR étaient unis par l’idée de révolutionnaire.

Au delà des problèmes personnels, ce qui motivait le plus la Côte d’Ivoire était sa

volonté de s’opposer à l’hégémonie des pays anglophones dans la sous région en

particulier le Nigéria. La Côte d’Ivoire était le principal rival du Nigéria dans sa

quête d’hégémonie régionale. Quand le Nigéria s’est impliqué dans le conflit

libérien, le vieux HOUPHOUËT a renforcé son appui à TAYLOR. L’objectif étant

d’anéantir les ambitions hégémoniques du Nigéria.

Comme nous l’avons tantôt souligné, la Côte d’ivoire ne voulait pas une main mise

des pays anglophones sur les affaires de la sous-région, ainsi, elle s’est constituée (et

se considérait comme tel depuis longtemps) comme le porte drapeau des pays

francophones pour faire face au « géant » nigérian. Pour résumer, nous reprendrons

les termes de M. ADJOVI en disant qu’au-delà d’une logique relationnelle, c’est donc

une logique de compétition politique qui pousse HOUPHOUËT à soutenir C. TAYLOR

contre S. DOE.

41 Mémoire sur le Libéria, op. cit. p. 20 42 Ibidem.

Page 26: Gestion des conflit en Afrique

26

Pour terminer, nous signalons qu’au delà de ces quelques pays, c’est l’Ecomog, dont

la constitution était liée à ce conflit, qui a joué le plus grand rôle dans l’affaire

libérienne.

SECTION 2 : LA NAISSANCE DE L’ECOMOG

Au plus fort moment de la guerre du Libéria, un certain nombre de chefs d’Etat de la

Communauté de l’Afrique de l’ouest a affirmé son inquiétude face aux ravages et

aux conséquences éventuelles du conflit dans la sous région. Ainsi en réveillant le

PNA, le président nigérian Ibrahima BABANGIDA a réussi à obtenir de la Conférence

des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, la mise en place d’un COMITE

PERMANENT DE MEDIATION (EMSC : ECOWAS MEDIATION STANDING

COMMITTEE) pour trouver une solution finale au conflit libérien.

Ce Comité devait en théorie se composer de cinq membres : l’Etat qui occupe la

présidence de la CEDEAO et quatre autres qui ont un mandat de trois ans. Pour sa

première année d’exercice, les cinq Etats la composant, étaient le Ghana, le Mali, le

Nigéria et le Togo et la Gambie qui assurait la présidence de la CEDEAO. Ce sont

ces pays qui, au cours d’une réunion du Comité, qui s’est tenue du 6 au 7 août 1990 à

Banjul, ont pris l’initiative de créer la force d’interposition Ecomog.

La mission de l’Ecomog consistait à contrôler le respect d’un cessez-le-feu que les

belligérants avaient signé. Mais selon M. ADJOVI, ce cessez-le-feu était imaginaire

car en août 1990, aucun accord du genre n’était intervenu entre les parties. Il affirme

que le mandat serait plutôt une interposition au sens propre du terme : se mettre entre

les belligérants et servir de zone-tampon, ce qui est censé éviter les affrontements43.

L'Ecomog a débarqué à Monrovia le 24 août 1990, huit mois après le déclenchement

de la guerre civile. Elle était composée de troupes du Nigéria, du Ghana, de la

Guinée, de la Sierra Leone et de la Gambie. A l’exception de la Guinée, les quatre

autres pays étaient des pays anglophones. Mais, ultérieurement, le Sénégal, un autre

43 Mémoire sur le Libéria, op. cit. p. 27

Page 27: Gestion des conflit en Afrique

27

pays francophone, grâce à la persuasion du Nigéria, enverra ses troupes à Monrovia.

Cependant, à l’approche des élections présidentielles de 1992 au Sénégal, les

autorités sénégalaises retirèrent leurs troupes. Composée à l'origine de quelques

centaines d'hommes, l'Ecomog a compté, au plus fort de sa présence en 1994 au

Liberia, jusqu'à 20.000 soldats et officiers dont la quasi-totalité étaient des Nigérians.

Les raisons avancées pour justifier la mise en place de l’Ecomog sont diverses et on

ne peut pas vraiment les condamner. Cependant, les intensions des autorités

nigérianes qui tenaient tant à la création de celle-ci pouvaient être condamnables.

D’après certains observateurs, l'énorme flux des réfugiés dans les pays voisins, a

contraint les pays de l’Afrique de l’Ouest à agir. Ce flux désorganise quelque peu les

Etats qui les supportent. « Ainsi dans un village guinéen la population passe de 931

habitants à 4383 ! Cette augmentation soudaine change les donnes antérieures, et

c’est un nouvel équilibre socio-économique qui doit être trouvé. Au Ghana, c’est un

phénomène de ghettoïsation que souligne le West Africa et qui pose de sérieux

problèmes de salubrité et de sécurité. Mais, plus graves, sont les conséquences sur le

taux de criminalité qui augmente avec l’afflux de populations démunies et sans

logis… »44.

D'autres affirment que l'interposition était due au traitement que le NPFL réservait

aux ressortissants ouest africains résidant au Libéria : des milliers de Nigérians,

Guinéens et Ghanéens étaient tenus en otage à Monrovia, et des centaines d’entre

eux exécutés.

Une autre théorie avance que le conflit, au vu de ses relents ethniques, pouvait avoir

un effet domino sur les Etats de la sous région.

En dehors de ces menaces politique, sociale et économique, il se trouve que Samuel

DOE, quand il s’est rendu compte qu’il ne pouvait plus assurer la pérennité de son

pouvoir face à la puissance de la rébellion, a fait appel à la Communauté. Les Etats

44 Mémoire sur le Libéria, op. cit. p. 24

Page 28: Gestion des conflit en Afrique

28

anglophones, menés par le Nigeria ont accepté de donner leur aide, alors que les

Etats francophones, dont la tête de fil était la Côte d’ivoire de Houphouët BOIGNY,

étaient opposés à une intervention militaire.

Comme nous l’avons montré tout au long de notre développement, la CEDEAO qui

est une organisation sous-régionale économique, c’est très tôt intéressé aux questions

de sécurité. Ce qui l’amènera à mettre en place en 1978 le PNA, en 1981 le PAMD et

enfin l’Ecomog pour trouver une « solution africaine aux conflits africains ». Elle ira

plus loin en mettant en place vers la fin des années 90 un mécanisme de règlement

des conflits. Ce qui nous fait croire qu’elle est entrain de construire progressivement

un espace de paix et de sécurité.

Page 29: Gestion des conflit en Afrique

29

DEUXIEME PARTIE :

DE L’ECOMOG AU MECANISME DE 1999 : VERS LA

MISE EN PLACE DE L’ESPACE DE PAIX ET DE

SECURITE OUEST -AFRICAIN

Page 30: Gestion des conflit en Afrique

30

CHAPITRE 1 : DES MISSIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ECOMOG

L’Ecomog a été très critiquée en raison de ses agissements au cours de ses

interventions. Ces critiques font penser que la force d’interposition ouest africaine

n’a servi à rien et qu’elle n’avait pas raison d’exister. Quoi qu’il en soit, nous

pensons qu’il y a beaucoup d’enseignements à tirer de l’existence et des activités de

cette force.

SECTION 1 : DES INTERPOSITIONS AUX RESULTATS MITIGES

L’Ecomog qui a moins de 15 ans d’existence, est intervenue dans pas moins de

quatre pays de la sous-région avec des succès mitigés mais qui n’ont pas infléchis la

détermination des pays de la CEDEAO de créer un espace de paix et de sécurité.

Cette force d’interposition est intervenue d’abord au Libéria, ensuite en Sierra Léone

enfin en Guinée Bissau et en Côte d’ivoire.

PARAGRAPHE 1 : LES ERREURS DE L’ECOMOG AU LIBERIA

Dés son déploiement à Monrovia en août 1990, CHARLES TAYLOR a vu en l’Ecomog

un obstacle à son accession au pouvoir. Jusqu’au 14 octobre 1992, la force

d’interposition n’a pas été vraiment mise en difficulté pour remplir sa mission. Mais

à partir du 15, la situation explose. Taylor a lancé une opération (Opération

Octopus) pour déloger l’Ecomog de Monrovia.

Les combats qui se sont déroulés au cour de cette opération vont montrer les limites

de la force d’interposition. En effet, comme le résume si bien M. WEISSMAN45,

« d’une part, l’Ecomog [va] aliment[er] l’économie de guerre des factions,

encourag[er] les pillages et facilit[er] la perpétuation de l’affrontement armé ; de

l’autre, elle [va] parfois entr[er] en conflit avec les mouvements sur des enjeux

commerciaux ».

45 Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 96

Page 31: Gestion des conflit en Afrique

31

A. LES LIENS DE L’ECOMOG AVEC CERTAINES FACTIONS REBELLES

Au cours de l’« Opération Octopus », l’Ecomog avait accepté l’aide de certains

mouvements rebelles (ULIMO, AFL, etc.). La force « est également impliquée dans

la création du LPC, [qu’elle a] régulièrement alimenté en armes et en munitions »46.

Les liens entre l’Ecomog et ces groupes semblaient être établi sur l’adage selon

lequel « l'ennemi de mon ennemi est mon ami ».

Il y a eu beaucoup d'allégations selon lesquelles l’Ecomog aurait réellement armé

l’ULIMO et l’AFL. Il est difficile de prouver de telles allégations. Néanmoins des

sources du Département d'Etat américain affirment que l’Ecomog a fourni, ou au

moins, a facilité l’acquisition, d’armes à l’AFL et à l’ULIMO ; des sources du

Pentagone confirment que l'Ecomog a bel et bien fourni quelques armes à l'AFL47.

Quelques observateurs justifient l’alliance entre ces factions rebelles et l’Ecomog par

l’insuffisance de ses troupes. On a aussi avancé l’argument selon lequel l’Ecomog

avait besoin de guide pour mieux couvrir le terrain, identifier et repousser les rebelles

du NPFL.

Ces factions rebelles avaient recours systématiquement au pillage. Certains éléments

de la force d’interposition ont pris une part active aux pillages mis en place par les

factions et ont exploité pour leur propre compte les ressources naturelles du pays48.

Selon des témoins des combats, les résidents de Monrovia ont vu leurs biens

embarqués dans des bateaux par des soldats de l’Ecomog en direction du Nigéria.

Ces factions sont également accusées d’avoir commis des meurtres au sein des

communautés présentes dans le NPFL. Selon le Département d’Etat américain, des

éléments de l'AFL (parfois en coopération avec ULIMO) formaient des « Pelotons de

reconnaissance » qui n’hésitaient pas à exécuter sommairement des membres de la

communauté du Nimba suspectés d’être affiliés au NPFL ou à l’INPFL.

46 ibidem 47 Source rapport de 1993 de HUMAN RIGHTS WATCH sur le Libéria. Ce rapport est accessible à la page Internet : http://www.hrw.org/reports/1993/liberia/ 48Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 96

Page 32: Gestion des conflit en Afrique

32

Ajouté à cela, l’Ecomog, à un moment des combats, avait entrepris des opérations

aériennes aveugles et très dommageables pour la population civile.

B. LES OPERATIONS AERIENNES ET LEURS DEGATS

Vers la fin du mois d’Octobre (1992), l’Ecomog a conduit une série de

bombardements et de mitraillages du territoire occupé par le NPFL par des avions

nigérians. Ces actions ont atteint des zones comme le port de Buchanan et des

secteurs autour de Gbarnga, de Kakata, de Harbel et de Greenville. Au cours des

raides aériennes, des entrepôts de nourriture, des convois d’assistance et des hôpitaux

civils (en zone NPFL) ont été bombardés. En outre, selon le NPFL, des centaines de

civils ont été tués et blessés.

Pour se blanchir ou se justifier, l’Ecomog a publié de nombreux rapports et

communiqués. Certains d’entre eux affirmaient que le NPFL utilisait la population

civile ou des établissements civils comme bouclier. Des sources neutres ont elles

aussi avancé la même allégation.

Des organisations d’aide humanitaire, qui opéraient sur le territoire de Taylor, ont

affirmé que l’Ecomog conduisait ses attaques aériennes aveuglément. Les

représentants d'une organisation humanitaire ont confirmé que des secteurs non

stratégiques ont été attaqués, citant l'attaque sur Kakata en décembre 1992, quand les

avions de l’Ecomog ont volontairement attaqué la principale rue commerciale en

plein jour49.

D’après des officiers de l’Ecomog, les attaques contre les civils sont involontaires (ce

sont des dommages collatéraux). Elles visaient les caches d’armes du NPFL et ses

combattants. Selon un haut officier nigérian, parfois c’est le NPFL qui mettait des

explosifs dans certains endroits pour discréditer l’Ecomog comme se fut le cas à

l'hôpital de Phebe (10 mars 1993).

49 Source : Rapport sur le Libéria de HUMAN RIGHTS WATCHT, op. cit. (http://www.hrw.org/reports/1993/liberia/)

Page 33: Gestion des conflit en Afrique

33

Selon HUMAN RIGHTS WATCH50, des journalistes et des travailleurs humanitaires ont

rapporté que les attaques aériennes ont eu l'effet de tourner les populations civiles

contre l’Ecomog et de renforcer leur soutien au NPFL, plutôt que d’annihiler la

volonté du NPFL de combattre.

Voici quelques attaques aériennes de l’Ecomog qui ont atteint la population civile ou

des établissements civils :

Le mitraillage de l'hôpital de Firestone à Harbel au mois de novembre 1992.

Le 16 novembre 1992, l’Ecomog bombarde l'entrepôt du Catholic Relief

Services (CRS) à Buchanan, détruisant de grandes quantités de nourriture. Il

se trouve que le CRS avait bien spécifié l'entrepôt en ayant clairement peint

son sigle sur le toit.

L’attaque du village de Gbinta en Côte d'Ivoire à la frontière libérienne le 27

février 1993. Selon le gouvernement ivoirien, six personnes ont été blessées

(cinq soldats et un officier douanier).

Le 2 mars 1993, un camion du CRS transportant de la nourriture à la

périphérie de Buchanan a été attaqué. Des rapports indiquent qu'entre 75 et

100 civils, dont la plupart étaient des femmes et des enfants, étaient près du

camion quand il a été attaqué. Le camion était bien identifié « CRS ».

L’attaque du marché à Gbarnga et Kollila en mars 1993. Selon des

travailleurs humanitaires, au moins, quatre personnes ont été tuées et 26

blessées.

L'attaque de l'hôpital de Phebe le 10 mars 1993. Selon un rapport du Dr. W.T.

Gwenigale, directeur médical de l'hôpital, l'attaque s'est produite à environ

50 ibidem

Page 34: Gestion des conflit en Afrique

34

10:50 P.M. : deux résidences de personnel et le bâtiment principal de l'hôpital

ont été frappés, de même que le mur sud de l'unité pédiatrique.

Le bombardement de Greenville le 18 mars 1993. Selon l’Independent et le

Washington Post (des journaux américains), l'incursion dans Greenville a

duré 25 minutes et a tué au moins 15 civils.

Le 18 avril 1993, un convoi de MSF transportant des médicaments et des

vaccins a été attaqué vers la frontière avec la Côte d’Ivoire. Pourtant, le

convoi avait été bien identifié par les insignes de l'organisation. Un porte-

parole de MSF a affirmé que l'attaque avait forcé l'organisation à suspendre

ses opérations humanitaires dont les libériens avaient tant besoin.

Il est difficile d'estimer le nombre de personnes tuées pendant les combats. Au début

du mois de novembre 1992, l'ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE (OMS) a

estimé que jusqu'à 3.000 civils et combattants étaient morts entre le 15 et le 28

octobre. Cinq nonnes américaines qui se trouvaient à Gardnersville ont été également

assassinées au cours des combats51. Le NPFL avait été désigné comme l’auteur de

ces assassinats mais il avait nié. Selon le Département d'Etat américain, un certain

nombre de fonctionnaires et employés du gouvernement intérimaire (IGNU) ont été

sommairement exécutés.

Vers la fin des années 90, le conflit du Libéria s’était estompé. Les raisons avancées

pour expliquer cette atténuation sont, notamment, la perte du soutien ivoirien du

NPFL avec la mort du président H. Boigny52, l’épuisement des factions armées et le

rapprochement de Taylor avec le Nigéria53.

51 Les nonnes étaient : Soeur Barbara Ann Muttra, Soeur Joelle Kolmer, Soeur Shirley Kolmer, Soeur Kathleen McGuire, et soeur Agnes Mueller. 52 Le successeur d’Houphouët Boigny, M. Bédié se souciait beaucoup plus de la préservation de son pouvoir que du soutien à Taylor. Du coup le Burkina Faso se retrouvait tout seul dans sa volonté de mener Taylor au pouvoir. Cela va affaiblir son soutien au NPFL au cours des années. 53 D’après M. Weissman, « en juin 1995 Taylor se rend à Abuja pour la première fois depuis le début du conflit et passe, semble-t-il, un accord avec le général Abacha : ce dernier ne ferait plus obstacle à l’accession du NPFL au pouvoir en échange d’avantages économiques sur les ressources du Libéria (op. cit. p. 84)

Page 35: Gestion des conflit en Afrique

35

En octobre 1999, quand les choses sont devenues plus calmes, les derniers soldats de

la force ouest-africaine ont quitté le Libéria. Aux mêmes moments, la Sierra Léone

voisine subissait une terrible guerre civile où l’Ecomog allait, une fois de plus,

intervenir.

En 2003, à la suite d’une rébellion du LURD (Mouvement Libérien pour la

Réconciliation et la Démocratie) qui exigeait le départ du président TAYLOR du

pouvoir, la CEDEAO avait mis en place une force de maintien de la paix (ECOMIL)

pour garantir le Traité de paix conclu le 18 août 2003. Les 3 563 troupes, composant

la force, provenaient essentiellement du Nigeria, du Mali et du Sénégal. Le 1er

octobre 2003, le Conseil de Sécurité de l’ONU a approuvé la transformation de

l’ECOMIL en une force internationale de stabilisation de l’ONU (la Mission des

Nations unies au Libéria ou MINUL créée le 19 septembre 2003).

PARAGRAPHE 2 : L’INTERVENTION DE L’ECOMOG EN SIERRA LEONE ET LE

PHENOMENE DES SMP (SOCIETES MILITAIRES PRIVEES)

La Sierra Léone a été meurtrie par une violente et longue guerre civile qui, lors de la

tentative de réinstallation du président Kabbah au pouvoir, s’est distinguée par un

phénomène qui est passé inaperçu pour beaucoup de personnes : l’usage des SMP.

A. LA REINSTALLATION DU PRESIDENT KABBAH AU POUVOIR

La guerre civile sierra léonaise a commencé le 23 mars 1991 quand le principal

groupe rebelle, RUF (Front révolutionnaire uni), assisté d'un certain nombre de

combattants du NPFL, un nombre restreint de mercenaires et des soldats du Burkina

Faso, envahirent l’Est du pays. L’insurrection armée était dirigée par ALFRED FODAY

SANKOH, un ancien caporal de la RSLMF (Republic of Sierra Leone Military Force).

Il avait été emprisonné en 1969 sous le régime de STEVENS SIAKA pour participation

supposée à une tentative de putsch. M. SANKOH et CHARLES TAYLOR sont de bons

amis. Il se trouve que SANKHO a beaucoup aidé TAYLOR dans sa conquête du pouvoir

libérien. Cela explique nettement le soutien de TAYLOR et du Burkina Faso au RUF.

Page 36: Gestion des conflit en Afrique

36

En outre, selon M. ADJOVI, le soutien de C. TAYLOr est dû d’une part aux promesses

faites aux Sierra Léonais qui ont participé à sa rébellion et d’autre part à la

participation du pouvoir de JOSEPH MOMOH à la mise en place de la force

d’interposition ouest-africaine qui a contre carré ses projets au Libéria54.

En 1997, suite au coup d’Etat du major KOROMA le 25 mai 1997, les Chefs d’Etats

de la CEDEAO, ont estimé nécessaire et urgent d’envoyer l’Ecomog en Sierra Léone

pour permettre le retour au pouvoir du président AHMED TEEJAN KABBAH,

démocratiquement élu l’année précédente. C’est ainsi que l’Ecomog sera déployée en

Sierra Leone et son quartier général transféré de Monrovia à Freetown en 1998.

En février 1998, l'Ecomog a atteint son objectif qui était de restaurer une légalité

constitutionnelle et de réinstaller au pouvoir le gouvernement du Président

démocratiquement élu M. KABBAH. La junte AFRC/RUF (le Conseil Révolutionnaire

des Forces Armées/le Front Révolutionnaire Uni) a été chassée de la capitale

Freetown. L’Ecomog, par la suite reprendra la plupart des villes qui étaient sous

contrôle de la junte. Cependant, il est resté des poches de résistance jusqu’à la

signature de l’accord de paix et même après.

L’Accord de paix, entre le gouvernement de M. Kabbah, les rebelles du RUF et les

membres de la junte militaire (AFRC) de Sierra Leone, est signé à Lomé le 7 juillet

1999. L’Ecomog qui était chargée de la mise en œuvre des termes de l'accord allait

renforcer ses troupes à prés de 15 000 hommes. La mission de l’Ecomog s'achève en

mai 2000, cédant la place à la MINUSIL (la Mission d’Assistance des Nations Unies

pour la Sierra Leone), à laquelle quelque 3 500 soldats du contingent nigérian seront

intégrés.

Comme l’ont souligné PRKIC FRANÇOIS ET JOANNIDIS MARIE, « le succès de

l’Ecomog [en Sierra Léone] a néanmoins était entaché par le coup élevé en vies

54 Mémoire sur le Libéria, op. cit. p. 23

Page 37: Gestion des conflit en Afrique

37

civiles de ses opérations militaires et l’opposition virulente de certains chefs d’Etat,

comme celui du Libéria, à sa stratégie »55.

Le conflit sierra léonais s’est distingué par les mutilations des civils par les rebelles,

le phénomène des enfants soldats, l’implication d’un grand nombre d’acteurs

extérieurs dans le conflit (Grande Bretagne, Burkina Faso, Nigéria, Ecomog, Libéria

etc.), l’utilisation de Sociétés Militaires Privées (SMP), etc. Ce dernier point mérite

d’être traité non pas parce que c’est une nouveauté dans les conflits en Afrique mais

parce que ces sociétés sont de plus en plus présentes dans les opérations de maintien

de la paix. C’est un phénomène très limité mais à l’avenir il pourrait bien s’étendre.

B. LES SMP DANS LE CONFLIT SIERRA LEONAIS

Quand le Président KABBAH a été déposé par les soldats dissidents en mai 1997, il

avait fait appel à SANDLINE INTERNATIONAL56. Il se trouve que cette société a

participé à la réinstallation du Président KABBAH au pouvoir en 1998.

SANDLINE INTERNATIONAL a été employée par la Grande Bretagne en Sierra Léone

pour l’évacuation des ressortissants étrangers ainsi que pour apporter un soutien

logistique aux troupes britanniques sur place. Il se trouve également que cette SMP a

apporté un soutien logistique aux troupes de l’Ecomog notamment en matière de

maintenance du matériel militaire et l’approvisionnement en carburant et autres.

Aux Balkans, également, des SMP ont été utilisées par les Etats-Unis. En guise

d’exemple, une société américaine, du nom de MILITARY PROFESSIONAL

RESOURCES INCORPORATED (MPRI), a été fortement impliquée dans la région,

notamment en Croatie en 1995. Le MPRI avait décroché un contrat du Département

d'Etat pour aider à créer et former une armée en Croatie. Une autre compagnie

américaine, la DYNCORP, a été également invitée par les autorités américaines, en

55 Prkic François et Joannidis Marie, « Gestion régionale des conflits : l’Afrique de l’Ouest montre la voie », Revue Internationale et Stratégique, n°33, Printemps 1999, p. 177 56 Sandline International est une société internationale d’expertise militaire, impliquée dans plusieurs affaires de mercenariat notamment en Afrique. Le 16 avril 2004, Sandline a annoncé la clôture des opérations de la compagnie.

Page 38: Gestion des conflit en Afrique

38

1998, à fournir un contingent pour observer le retrait des forces Serbes au Kosovo57.

Contrairement aux Européens, les Américains font souvent recours à des SMP quand

ils interviennent à l’étranger. La guerre en Irak l’a nettement démontré. Certaines

grandes entreprises implantées à l’étranger font souvent recours elles aussi à des

SMP pour évacuer leurs employés et autres des zones des conflits armés. Par

exemple, en Côte d’Ivoire, des entreprises françaises ont fait appel à des SOCIETES

DE SECURITE PRIVEE (SSP)58 pour protéger leurs biens ou pour évacuer leurs

employés.

Comme nous l’avons souligné, l'utilisation des SMP n’est pas spécifique à l’Afrique.

Cependant, leur présence est plus prononcée sur ce continent qu’ailleurs.

Certains observateurs expliquent la présence des SMP en Afrique par l’indisposition

des puissances occidentales à répondre aux conflits qui la déchirent59. Les SMP sont

également sur le continent parce que les chefs d’Etat africains les trouvent attirantes

comme appareillage supplémentaire de sécurité pour les protéger eux et leurs

régimes.

Bref, peut être que demain ces SMP parviendront à combler les lacunes des OMP

(Opérations de Maintien de la Paix) ou constituer une solution de rechange pour les

dirigeants occidentaux très sensibles et vulnérables politiquement à la mort de leurs

soldats dans les opérations d’interposition.

PARAGRAPHE 3 : DES INTERVENTIONS DE L’ECOMOG EN GUINEE BISSAU ET EN

COTE D’IVOIRE

57 Comfort Ero, “ECOMOG: A model for Africa?” Centre for Defence Studies, King's College, London. (Voir l’article à la page : http://www.iss.co.za/Pubs/Monographs/No46/Ecomog.html) 58 C’est pratiquement des SMP. Etant donné que les SMP ne sont pas autorisé dans certains pays notamment en France, on les appelle SSP. 59 Comfort Ero, “ECOMOG: A model for Africa?”, op. cit. (http://www.iss.co.za/Pubs/Monographs/No46/Ecomog.html)

Page 39: Gestion des conflit en Afrique

39

En 1999, avant même d’achever sa tâche en Sierra Léone, l’Ecomog est envoyé en

Guinée Bissau en proie à une guerre civile. En 2002, ce sera autour de la Côte

d’Ivoire d’accueillir la force d’interposition.

A. EN GUINEE BISSAU : L’ECOMOG « TEMOIN D’UN PUTSH »

Le conflit de la Guinée-Bissau a éclaté le 7 juin 1998 entre une partie de l'armée et le

gouvernement. Le conflit voit ses origines dans le limogeage, par le Président JOÃO

BERNADO NINO VIERA, du Général de brigade ANSUMANE MANE, chef d’Etat major

de l’armée de terre. Le Président VIERA accusait le Général MANE d’être lié à un

trafic d’armes avec le MFDC (Mouvement des forces démocratiques de la

Casamance), mouvement sécessionniste dans le Sénégal voisin. Mécontent d’être

démis de ses fonctions, MANE prend la tête d’une rébellion qui avait pour objectif

d’éjecter le Président VIERA du fauteuil présidentiel.

Dés le déclenchement des hostilités, le Sénégal et la Guinée (Conakry) envoyèrent

des troupes pour soutenir le Président VIERA. La décision du Sénégal d’envoyer des

troupes en Guinée Bissau était non seulement liée à un accord de défense que les

deux pays avaient conclu mais également, et surtout, l’implication du MFDC aux

côtés de MANE. Le Sénégal voulait empêcher MANE d’arriver au pouvoir. Pour les

autorités sénégalaises, étant donné les liens entre le MFDC et MANE, l’arrivée de ce

dernier au pouvoir constituait une source de déstabilisation pour leur pays.

Comme il est de coutume dans tous les conflits, des médiations ont été mises en

oeuvre pour trouver une issue favorable au conflit. Les premières médiations ont été

principalement menées par le Portugal et les ministres des affaires étrangères de la

COMMUNAUTE DES PAYS DE LANGUE PORTUGAISE (CPLP) (L'Angola, le Brésil, le Cap

Vert, le Mozambique et le Sao Tomé et Principe). Cependant, c’est à la suite d’une

réunion de la CEDEAO, du 1 au 2 novembre 1998 à Abuja, que les belligérants (le

Président Viera et le Général brigadier Mané) acceptèrent de signer un accord de

paix sous les auspices de la CEDEAO.

Page 40: Gestion des conflit en Afrique

40

L'accord de paix demandait aux deux parties de déposer les armes, de former

immédiatement un gouvernement d’union nationale, d’organiser des élections au

plus tard au mois de mars 1999. L’accord exigeait également le retrait des troupes

étrangères (sénégalaises et guinéennes) de la Guinée-Bissau et le déploiement de

l’Ecomog à titre de force de maintien de la paix chargée de surveiller l'accord de

paix. C’est dans ce cadre qu’en février 1999, quelque 600 soldats de l'Ecomog seront

déployés en Guinée-Bissau. « La France a apporté le soutien financier et logistique

nécessaire à cette équipe ouest-africaine de maintien de la paix »60.

La force était, majoritairement, composée de pays francophones de la région (Bénin,

Niger, Mali et Togo) et d’un pays anglophone (Gambie). Le Bénin avait fourni prés

de 150 troupes qui avaient été formées dans le cadre du programme de formation

américain de maintien de la paix (l'Initiative africaine de réponse aux crises ou

ACRI), c’était la première fois que ces troupes étaient employées dans une telle

opération. Le Togo aussi avait fourni 150 troupes et le Mali 120.

Malheureusement, la force ouest-africaine, dotée d'armes légères et composée de

petits pays avec des soldats inexpérimentés, n'a fait que constater la destitution du

président JOÃO BERNADO NINO VIERA par la junte militaire, le 7 mai 1999, et ceci

après le retrait des soldats sénégalais et guinéens. Quelques mois plus tard, la force

quittera le pays.

B. L’ECOMOG EN COTE D’IVOIRE : UNE MODESTE PARTICIPATION

La crise actuelle en Côte d’Ivoire s’est déclenchée après le soulèvement militaire du

19 septembre 2002. Cette crise a ravivé les tensions ethniques et religieuses déjà

présentes dans le pays depuis le putsch de décembre 1999, qui avait entraîné la

destitution du président HENRI KONAN BEDIE. A la suite du soulèvement, les chefs

d'Etat de la CEDEAO avaient nettement manifesté leurs craintes de voir la Côte

d’Ivoire s’enliser dans une guerre civile, comme celles qui ont ravagé le Liberia

voisin, la Sierra Leone et la Guinée Bissau. Etant donné le poids de la Côte d’ivoire 60 MARTINS Miguel, “Le conflit en Guinée Bissau : chronologie d’une catastrophe”, AFRIQUE POLITIQUE, 1999, p. 216

Page 41: Gestion des conflit en Afrique

41

(économiquement) dans la sous-région, ils (les chefs d’Etat) craignaient également

les conséquences économiques sur leurs économies et l’effet domino que le conflit

pouvait avoir sur leurs territoires. C’est ainsi que réunis en sommet extraordinaire à

Accra (Ghana) le 29 septembre 2002, ils (les chefs d’Etats ouest-africains) décidèrent

d'envoyer une force de paix en Côte d'Ivoire, pour s'interposer entre les troupes

gouvernementales et les militaires rebelles.

Prés de 1 500 hommes provenant du Ghana, du Togo, du Bénin, du Niger et du

Sénégal, regroupés au sein de la Mission de la CEDEAO en Côte d'Ivoire

(ECOMICI) seront envoyés à partir de janvier 2003 en terre ivoirienne. Ces troupes

interagissaient aux côtés de 4 000 soldats français de l'Opération Licorne. Leur

mission, entre autres, était de surveiller, avec les troupes françaises en place, le

cessez-le-feu conclu à Marcoussis (France) le 24 janvier 2003 entre les forces

loyalistes et la rébellion.

Le 28 février 2004, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a voté une résolution en

faveur de l’intégration des forces de maintien de la paix présentes sur le territoire

ivoirien en une seule force. C’est ainsi que l’ECOMICI et la MINUCI (Mission des

Nations unies en Côte d'Ivoire), présentes dans le pays depuis le 13 mai 2003, seront

regroupées sous l’ONUCI (Opération de l'ONU en Côte d'Ivoire). La mission de

l'ONUCI a débuté officiellement le 4 avril 2004 pour une période initiale de 12 mois.

Pour le moment, les choses se sont plus ou moins calmées en Côte d’Ivoire mais on

ne peut pas vraiment dire que c’est grâce à l’Ecomog. Toutefois, il serait injuste de

dire qu’elle n’y est pour rien, même si ses troupes ont une réputation de « looser ».

SECTION 2: LES ENSEIGNEMENTS DES INTERVENTIONS DE L’ECOMOG

L’Ecomog, comme nous venons de le démontrer, n’a pas connu un grand succès dans

les missions qu’elle a eu à mener. Cependant, il est à noter, aussi peu que cela soit,

qu’elle a pu faire quelque chose de positif. Ses « échecs » résident beaucoup plus

Page 42: Gestion des conflit en Afrique

42

dans le manque de moyens et d’expérience qu’à un manque de volonté ou à une

incompétence caractérisée.

PARAGRAPHE 1 : LES SUCCES DE LA FORCE

Au Libéria, « loin de constituer une force d’interposition neutre, l’Ecomog

s’est…avérée partie prenante au conflit, tant au plan politique, qu’économique. [...],

les casques blancs ont clairement failli à leur mission et sont apparus à plusieurs

reprises comme un facteur de déstabilisation supplémentaire »61. Beaucoup de

personnes pensent comme M. WEISSMAN. On accuse l’Ecomog d’avoir été partiale,

de n’avoir pas respecté les droits de l’Homme, d’avoir violé les conventions de la

guerre et d’avoir participé à des trafics illicites. Tout cela n’est certes pas totalement

faux mais comme nous l’avons tantôt souligné, l’Ecomog a réussi à faire quelque

chose de non négligeable au Libéria.

Comme, le soulignent FRANÇOIS PRKIC et MARIE JOANNIDIS, le bilan de l’Ecomog au

Libéria peut être considéré comme globalement positif :

« L’Ecomog a tout d’abord réussi à protéger pendant toute la durée du

conflit la capitale, Monrovia, où s’était réfugiée prés de la moitié de la

population du pays, et la seule offensive de forces rebelles qui soit parvenue

à pénétrer certains faubourgs, en octobre 1992, a été repoussée en quelques

jours »62.

Le semblable d'ordre et de paix que l’Ecomog a fait régner à Monrovia a

permis aux groupes humanitaires internationaux de retourner au Libéria et de

pouvoir venir en aide à la population.

61 Fabrice Weissman, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 96 62 François Prkic et Marie Joannidis, « Gestion régionale des conflits : l’Afrique de l’Ouest montre la voie », op. cit., pp. 176-177.

Page 43: Gestion des conflit en Afrique

43

Elle s'est investie dans d'importantes activités humanitaires visant à atténuer

les souffrances des populations.

Elle a permis au GOUVERNEMENT D'INTERIM DE L'UNITE NATIONALE (IGNU),

dirigé par AMOS SAWYER, de s’installer.

Elle a arrêté les meurtres systématiques des Krahn et des Mandingue à

Monrovia.

Elle a largement contribué à l’aboutissement des élections de juillet 1997 qui

ont achevé le conflit libérien et que les observateurs internationaux ont jugés

démocratiques et très satisfaisantes.

En outre, l’Ecomog a bénéficié d’un appui considérable au sein de la population

libérienne, y compris celle du territoire contrôlé par le NPFL. Dans beaucoup de

camps déplacés de personnes, une fois qu’on demandait aux déplacés dans quelles

conditions ils rentreraient chez eux, la grande majorité déclarait qu'elle n’y

retournerait que si l’Ecomog est là bas. Une femme de 33 ans, exprimait son attitude

envers l’ULIMO et l'AFL : « L’Ecomog fait son possible. Je veux aller à la maison

seulement si l’Ecomog est là bas. Je ne me sentirais pas libre pour aller à la maison

si c'est ULIMO qui est là-bas. Nous sommes effrayés en raison de ce qui s'est produit

pendant la guerre […]. L’ECOMOG est ici pour instaurer la paix »63. ARMAH, un

étudiant de Bomi, disait ceci : « Je suis parti en octobre, avant l’arrivée de

l’ULIMO, parce que j'avais peur. Je ne peux pas rentrer alors que l'ULIMO est là-

bas avec ses armes. Une armée est juste une armée. Mais l’Ecomog est une unité de

maintien de la paix, ainsi je retournerais s'ils sont là. L’ULIMO est une faction.

Nous comptons seulement sur ECOMOG. L'AFL, l’ULIMO, le NPFL, ils sont tous du

même côté. Tous les groupes armés ont la même intention - devenir riche en pillant

des propriétés. L’ECOMOG veut libérer les Libériens. S'ils partent, ça sera une

catastrophe. Si l’Ecomog est là, nous pensons qu'ils limiteront les dégâts »64.

63 Source : Rapport sur le Libéria de HUMAN RIGHTS WATCHT, op. cit. (http://www.hrw.org/reports/1993/liberia/) 64 ibidem

Page 44: Gestion des conflit en Afrique

44

En Sierra Leone, l’Ecomog a défendu la démocratie en restaurant le régime renversé

par un coup d'État militaire. Même si ses opérations, notamment les bombardements

navals sur les positions de la junte, ont causé beaucoup de dégâts matériels et

considérablement coûté en vies humaines, sa fermeté à l’égard de la junte pour

restaurer les institutions démocratiques de la Sierra Léone a été exemplaire et louable

à notre avis. Aujourd’hui, après l’arrestation de M. SANKOH, un calme relatif règne

dans l’ancienne colonie britannique.

En Guinée Bissau, l’Ecomog n’a rien pu faire pour empêcher la chute du régime du

président Viera. En Côte d’Ivoire, comme nous l’avons souligné précédemment, elle

n’a pas ramené la paix mais, elle y a quand bien même participé.

PARAGRAPHE 2 : LES CAUSES DES « ECHECS » DE LA FORCE

Les « échecs » de l’Ecomog sont attribuables à un certain nombre de facteurs

notamment : la difficulté d’atteindre un minimum de consensus pour déterminer les

missions de la force et la déployer ; l’implication d’entités non-régionales dans la

constitution et le déploiement de la force; la carence en logistique des forces armées

de la sous-région ; la crainte de certains pays d’une hégémonie nigériane dans la

région ; l’opposition francophone anglophone ; et les difficultés liées au

commandement et à l’interopérabilité au sein de la force.

PREMIER FACTEUR. L'efficacité des missions de l’Ecomog dépend en partie du

niveau de consensus politique existant au sein de la communauté. La réalisation de

ce consensus est une grande difficulté à cause de la rivalité et le manque de confiance

entre les dirigeants ouest africains. Au Libéria, il y avait une division apparente entre

les cinq membres du CPM et les onze autres membres de la CEDEAO. En Sierra

Leone aussi, il y avait un profond désaccord entre les membres quant à l’emploi de la

force dans le conflit.

DEUXIEME FACTEUR. L’idéal serait que l’Ecomog puisse être constitué et déployé à

la discrétion unique des Etats membres. Mais cela n'a toujours pas été le cas, en

Page 45: Gestion des conflit en Afrique

45

raison de l’énorme influence et des intérêts des investisseurs économiques externes à

la sous-région. En conséquence, toutes les opérations de l’Ecomog sont

considérablement influencées par des intérêts extrarégionaux. Parfois, les conflits

d'intérêt entre les pays en dehors de la sous-région entravent le déploiement, le

renfort et l'appui logistique des troupes de la force. Par exemple en Sierra Leone, en

dépit de l'engagement considérable du Nigéria, l'intérêt limité des Etats-Unis et

l'attitude hésitante de la France ont été les facteurs principaux du ralentissement des

opérations terrestres de la force.

TROISIEME FACTEUR. Les forces armées des Etats membres de la CEDEAO

manquent d’expérience (en matière de maintien de la paix) et de logistique pour

soutenir les opérations militaires de grande envergure. Dans les opérations de

l’Ecomog, la logistique n’est pas fournie par une administration centrale. Chaque

pays fournit à son propre contingent le matériel (de transport, de transmission…), les

armes, les munitions, la nourriture, dont il a besoin au cours de l’opération. Le

Nigéria fournit très souvent à la force l'essence, le pétrole et les lubrifiants. Les Etats-

Unis, par l’intermédiaire d’entreprises privées, ont eu à fournir un soutien logistique

à la force (hélicoptère de transport, équipements de communication, véhicules,

réparations et entretiens généraux) dans certaines opérations.

QUATRIEME FACTEUR. Les plus petits pays de la sous-région voient à travers

l’Ecomog un instrument de puissance employé par le Nigéria pour interférer dans

leurs politiques internes. Bien que l'évidence sur le terrain ait contredit cette crainte,

quelques pays hors de la région l'ont exploitée pour les décourager de participer

activement à la force.

CINQUIEME FACTEUR. Les francophones considèrent la CEDEAO plutôt comme une

entité de coopération économique et commerciale qu’une entité d’intégration

politique. Ils voient l’Ecomog davantage comme une force militaire conçue pour

résoudre les problèmes de sécurité anglophones qu’autre chose. Toutefois, avec

l’intervention de la force en Guinée Bissau et en Côte d’Ivoire, cette position

commence à évoluer. En outre, les francophones (la France également) voient d’un

Page 46: Gestion des conflit en Afrique

46

très mauvais œil un leadership anglophone dans la sous région dirigé par le géant

nigérian. En raison de tout cela, les pays francophones de la sous-région se sont au

début montré très prudent vis-à-vis de la force ouest-africaine. Mais au fil du temps,

leur position a évolué. Aujourd’hui, l’Ecomog intervient en Côte d’ivoire, qui fut le

pays francophone le plus opposé à sa création à l’époque.

DERNIER FACTEUR. Comme la plupart des forces multinationales de maintien de la

paix, l’Ecomog a eu des difficultés à mettre en place un commandement unifié. En

raison de la méfiance entre les Etats membres et l'influence des puissances non-

régionales, les contingents de la force arrivent habituellement dans leur secteur de

mission avec des instructions différentes et parfois contradictoires. L’interopérabilité

est quasi inexistante ce qui complique très sérieusement la coordination sur le théâtre

des opérations.

En guise de conclusion, nous dirons que l’Ecomog, malgré ses « échecs » a ouvert la

porte aux Africains pour qu’ils puissent déterminer le futur de leur sécurité. La

CEDEAO l’a bien compris. En effet, vers la fin des années 90, tirant les leçons de

ces « échecs », et en vue de renforcer la paix et la sécurité en Afrique de l'ouest, le

Secrétariat exécutif de la CEDEAO a initié l'établissement d'un mécanisme de

prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la

sécurité dans la sous-région.

Page 47: Gestion des conflit en Afrique

47

CHAPITRE 2 : DU MECANISME DE GESTION DES CONFLITS DE LA CEDEAO ET DE

LA NECESSITE DU SOUTIEN INTERNATIONAL POUR LE RENFORCEMENT DES

CAPACITES AFRICAINES DE MAINTIEN DE LA PAIX.

La mise en place du Mécanisme de la CEDEAO est une chose assez ambitieuse qui

montre la voie aux autres organisations sous régionales africaines et même à l’Union

Africaine. Ce Mécanisme s’il est bien respecté par les Etats membres pourrait

aboutir, peut être, à la mise en place effective de l’espace de paix et de sécurité dont

les ouest-africains rêvent. Toutefois, nous pensons que sa réussite dépend beaucoup

de l’appui de la Communauté internationale qui jusque là s’est manifestée par la mise

en place de quelques initiatives pour l’Afrique entière et notamment pour la zone

CEDEAO.

SECTION 1 : PRESENTATION DU MECANISME

Tirant les bonnes aussi bien que les mauvaises leçons de l’expérience de l’Ecomog,

mais aussi soucieux de faire de l’Afrique de l’ouest une zone stable et prospère, les

chefs d’Etat de la CEDEAO se sont réunis à Lomé en décembre 1997 pour

considérer l’éventuelle création d’un Mécanisme permanent pour la gestion des

conflits de la région. En guise de référence, ils avaient demandé aux rédacteurs du

futur Mécanisme de s’inspirer largement de l’expérience Ecomog. Cette initiative

montre nettement la volonté de la CEDEAO de mettre en place un espace de paix et

de sécurité viable.

PARAGRAPHE 1 : SA MISE EN PLACE…

C’est au cours du sommet de la CEDEAO à Abuja le 10 décembre 1999 que les

Chefs d’Etat et de gouvernement ont approuvé le Protocole du Mécanisme de

prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la

sécurité de la CEDEAO. Et comme le disait le président OBASANJO, avant

l’adoption du protocole, le Mécanisme constitue la colonne vertébrale de l’ambition

de sécurité collective de la nouvelle CEDEAO ; une structure permanente propre à

Page 48: Gestion des conflit en Afrique

48

garantir une paix et une stabilité durables, conditions sine qua non pour la croissance

et le développement.

Le Mécanisme de la CEDEAO s’occupe de tout ce qui est prévention des conflits,

gestion des conflits, règlement des conflits, maintien de la paix et questions de

sécurité dans la sous région.

En matière de maintien de la paix, le Mécanisme propose que, la CEDEAO ait

recours à des missions d'intervention aussi bien politique que militaire, en cas de

conflit armé. Il est suggéré que l'instrument militaire de la CEDEAO continue de

s'appeler Ecomog. Le Mécanisme fait également référence à la composition de

l'Ecomog, sa structure hiérarchique, les rôles et attributions de son commandement,

et le financement des moyens logistiques et administratifs. Il est suggéré, dans les cas

de conflits entretenus et soutenus de l'intérieur, que la CEDEAO intervienne lorsqu'il

y a :

des risques importants de désastre humanitaire ;

des menaces à la paix et à la sécurité de la sous-région ;

un renversement ou une tentative de renversement d'un régime

démocratiquement élu.

Pour ce qui est des questions relatives à la sécurité, le Mécanisme s’engage à

s’opposer à tout ce qui pourrait menacer la sécurité de la sous région notamment la

circulation illicite des armes légères, et des munitions d'une part, et la recrudescence

de la criminalité transfrontalière d'autre part.

Page 49: Gestion des conflit en Afrique

49

PARAGRAPHE 2 : …ET SA STRUCTURE

La structure du Mécanisme est ainsi composé : la Conférence des Chefs d’Etat et

de gouvernement, le Secrétaire Exécutif65 et un Conseil pour la Médiation et la

Sécurité.

La CONFERENCE DES CHEFS D’ETAT ET DE GOUVERNEMENT est l’autorité suprême

du Mécanisme.

Le SECRETAIRE EXECUTIF a le pouvoir de lancer des activités visant à obtenir des

informations ; de faciliter la médiation, les négociations et la réconciliation pour une

prévention et une gestion efficace des conflits. Dans l’Article 30 du Protocole, il est

dit que le Secrétaire Exécutif est responsable de la formation et de la préparation

d’unités en état d’alerte dans des centres régionaux de formation. Le bureau du Vice-

Secrétaire Exécutif pour les Affaires Politiques, la Défense et la Sécurité coiffe le

Département des Affaires Politiques, les Affaires Humanitaires, la Défense et la

Sécurité et la Gestion des Missions et l’unité des Plans66.

Le CONSEIL DE SECURITE ET DE MEDIATION du Mécanisme a été officiellement

lancé en mai 2000 à Monrovia. Il se compose de 10 Etats membres élus. C’est

l’organe équivalent au Conseil de Sécurité des Nations Unies à un niveau sous

régional. Comme le Conseil de sécurité de l’ONU, il est habilité à autoriser toute

forme d’intervention, y compris la décision de déployer des missions politiques et

militaires. Egalement, il informe les Nations unies et l’Union africaine de ses

décisions, fournit et révise les mandats et nomme les commandants des forces. C’est

aussi un organe où des ambassadeurs, des ministres et des chefs d’Etat et de

gouvernement de la sous région se rencontrent pour prendre des décisions ou discuter

des questions de sécurité67 :

65 La Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement et le Secrétaire Exécutif en question sont ceux de la CEDEAO. Ils sont inclus dans la structure du Mécanisme. 66 Institut d’Etudes de Sécurité (Afrique du Sud) « Profil de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) » (Voir page Internet http://www.iss.co.za/AF/RegOrg/unity_to_union/pdfs/ecowas/2ECOWASProfileFr.pdf ) 67 ibidem

Page 50: Gestion des conflit en Afrique

50

Le COMITE DES AMBASSADEURS. Il réunit les Ambassadeurs des dix Etats

Membres du Conseil. Ces diplomates se rencontrent chaque mois pour

évoquer les questions de paix et de sécurité dans la sous région.

Le COMITE DES MINISTRES DES AFFAIRES ÉTRANGERES, DE LA DEFENSE,

DES AFFAIRES INTERIEURES ET DE LA SECURITE : les ministres se

rencontrent tous les 3 mois au sein du Comité pour discuter des situations

politiques et sécuritaires de la sous-région.

Les dix CHEFS D’ÉTAT MEMBRES DU CONSEIL DE SECURITE ET DE

MEDIATION se rencontrent au moins deux fois par an. Ils sont habilités à

prendre les décisions finales des mesures politiques et des mandats appropriés

devant être pris en ce qui concerne les situations en considération. Les

décisions sont prises à la majorité des deux tiers des Membres présents du

Conseil.

Le Conseil supervise les activités des organes suivantes : la Commission de la

Défense et de la Sécurité, le Conseil des Sages, le Centre d’observation et de

contrôle d’alerte précoce et l'Ecomog68.

La COMMISSION DE LA DEFENSE ET DE LA SECURITE est composée des Chefs d’État

Major des pays de la CEDEAO. Elle a pour fonction d’examiner toutes les questions

techniques et administratives et d’estimer les besoins logistiques pour les opérations

de maintien de la paix. La Commission donne son soutien au Conseil de Sécurité et

de Médiation dans les domaines suivants :

formuler le mandat des forces pour le maintien de la paix ;

définir les termes de référence pour les forces ;

nommer le Commandant des forces ;

68 ibidem

Page 51: Gestion des conflit en Afrique

51

déterminer la composition des contingents.

Elle se réunit tous les trimestres et en cas de nécessité. Elle examine également les

rapports des Centres d’Observations et de Contrôle et fait des recommandations au

Conseil de Sécurité et de Médiation.

Au mois de juin dernier, « lors d'une réunion de la Commission de la défense et de

la sécurité de la CEDEAO à Abuja, les chefs d'état-major ont approuvé la création

d'une force de 6 500 hommes qui pourra être déployée immédiatement dans la région

en cas de troubles. Cette force doit comprendre un contingent d'intervention rapide

de 1 500 soldats, appelé "corps expéditionnaire de la Communauté des Etats de

l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)", appuyé par un groupe complémentaire de 3 500

soldats. Les 1 500 autres soldats constitueront une force de réserve. La force aura la

capacité d'intervenir en 30 jours, l'intégralité de la force pourra non seulement être

opérationnelle en 90 jours, mais elle pourra également être autonome durant 90

jours »69.

Le CONSEIL DES SAGES est nommé par le Secrétaire Exécutif pour promouvoir une

diplomatie préventive dans la région. Ses membres sont choisis pour leurs

expériences en matière de médiation et de diplomatie. Le premier Conseil des Sages

c’est tenu à Niamey, (Niger) en juillet 2001. Au cours de son existence, le Conseil a

eu à observer les élections en Gambie, en Sierra Leone, au Togo et même au

Zimbabwe.

A l’origine, le Conseil était constitué de 32 membres provenant des dix Etats

membres du Conseil de Sécurité et de Médiation. Lors du Sommet de Dakar en

janvier 2003, il a été transformé en un organisme de 15 membres, constitué par un

délégué provenant de chaque État membre de la CEDEAO. Un nouveau Conseil a

été inauguré à Accra, le 23 avril 2003.

69 La DOCUMENTATION FRANÇAISE, « Des organisations sous-régionales africaines : la CEDEAO, la CDAA (SADC), la CEEAC et la CEMAC ». (Voir la page Internet : http://www.ladocfrancaise.gouv.fr/dossier_international/maintien_paix/acteurs/CEDEAO.shtml#structures)

Page 52: Gestion des conflit en Afrique

52

Le CENTRE D’OBSERVATION ET DE CONTROLE D’ALERTE PRECOCE est le cœur du

Mécanisme d’alerte précoce de la CEDEAO avec quatre zones d’observation et de

contrôle dans la sous-région. Ces quatre zones sont : Banjul (Gambie), Monrovia

(Liberia), Ouagadougou (Burkina Faso) et Cotonou (Bénin). Chacune de ces zones

couvre un certain nombre de pays de la sous région et est chargée de recueillir des

informations sur les risques de conflit. Les informations recueillies sont ensuite

transmises à l’Observatoire Central de la CEDEAO à Abuja70.

Les activités de l’ECOMOG, dont nous avons largement parlé, sont désormais

supervisées par le Conseil de Sécurité et de Médiation de la CEDEAO.

La mise en place du Mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des

conflits, de maintien de la paix et de la sécurité de la CEDEAO est une initiative

très ambitieuse. Sa structuration comme nous l’avons vu est bien construite sur le

papier. Pour l’instant, il ne serait pas prudent de faire un bilan pour ce Mécanisme.

Toutefois, nous pouvons affirmer que jusqu’à présent, il ne s’est pas distingué dans

ce qui a été à l’origine de sa création c'est-à-dire la résolution des conflits en Afrique

de l’ouest. La crise ivoirienne aurait pu être un terrain d’expérimentation mais

malheureusement avec les divisions des chefs d’Etat de la CEDEAO sur la question

ivoirienne, cela n’a pas été le cas. Une fois de plus, dans l’affaire ivoirienne, la

solution est venue de l’extérieur avec notamment l’intervention de la France et

l’implication de l’ONU.

Espérons que ce Mécanisme si ambitieux et prometteur ne rencontrera pas les mêmes

problèmes que l’Ecomog notamment la rivalité et le manque de confiance entre les

Etats ouest africains. Espérons également qu’avec le temps, il pourra devenir

opérationnel et ainsi résoudre les conflits de la sous-région. A notre avis, cela ne

serait en partie possible qu’avec une forte implication de la Communauté

internationale (Union africaine, ONU, Union Européenne, Etats-Unis etc.).

70 En guise d’exemple, la zone de Cotonou couvre le Bénin, le Nigéria et le Togo.

Page 53: Gestion des conflit en Afrique

53

SECTION 2 : DE LA NECESSITE DU SOUTIEN INTERNATIONAL POUR LE

RENFORCEMENT DES CAPACITES AFRICAINES DE MAINTIEN DE LA PAIX.

L’Afrique de l’ouest, mais aussi le reste du continent africain, a besoin d’un

engagement accru des Nations unies, de l’Europe, des Etats-Unis et de tous les pays

capables de lui fournir du soutien financier et logistique afin de renforcer ses

capacités de maintien de la paix. Des initiatives diverses ont été mises en place par la

Communauté internationale pour encourager le développement de ces capacités de

maintien de la paix. De nombreux pays ont participé ou soutenu activement ces

initiatives. Il s’agit notamment de la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, le

Portugal, l’Italie, les États-Unis, le Japon, les Pays nordiques, le Canada pour ne citer

que ceux là.

L'Afrique est le terrain privilégié des opérations de maintien de la paix des Nations

unies (elles sont aussi très actives dans les diverses initiatives mises en place par les

pays que nous venons de citer). En effet, les deux tiers des interventions de l’ONU se

sont déroulés sur le continent africain. La plupart de ces opérations furent des échecs

pour l’Organisation. Toutefois, il serait bien de préciser que même si l’ONU a

enregistré de nombreux échecs en Afrique (Somalie, Rwanda…), elle y a aussi

enregistré quelques succès tangibles (Namibie, Mozambique, République

centrafricaine).

LISTE DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ONU EN AFRIQUE DEPUIS

199071

PAYS/MISSION DATE RESPONSABILITE

AFRIQUE DU SUD

MONUAS (Mission des Nations unies en Afrique du

Sud) sept. 1992-mai 1994 ONU

ANGOLA

71 Pour l’ensemble des opérations de maintien de la paix menées aussi bien par l’ONU que par les organisations régionales en Afrique voir Annexe…

Page 54: Gestion des conflit en Afrique

54

MONUA (Mission des Nations unies en Angola) juillet 1997-août 98 ONU

UNAVEM I (Mission de vérification des Nations unies

en Angola) janv. 1989-juin 1991 ONU

UNAVEM II juin 1991-fév. 1995 ONU

UNAVEM III fév. 1995-juin 1997 ONU

BANDE AOUZOU

GONUBA (Groupe d'observateurs des Nations unies

dans la bande d'Aouzou)

mai 1994-juin 1994 ONU

CONGO (REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU)

MONUC (Mission des Nations unies en République

démocratique du Congo) juillet 1999- en cours ONU

COTE D'IVOIRE

MINUCI (Mission des Nations unies en Côte d'Ivoire)

ONUCI (Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire)

mai 2003-avril 2004

avril 2004-en cours

ONU

ERYTHREE ET ETHIOPIE

MINUEE (Mission des Nations unies en Ethiopie et en

Erythrée) juillet 2000- en cours ONU

LIBERIA

MONUL sept. 1993-sept. 1997 ONU

MINUL (Mission des Nations unies au Liberia) sept. 2003-en cours ONU

MOZAMBIQUE

ONUMOZ (Opération de l'ONU au Mozambique) déc. 1992-déc. 1994 ONU

NAMIBIE

GANUPT (Groupe d'assistance de l'ONU pour la

transition) avril 1989-mars 1990 ONU

REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

MINURCA (Mission des Nations unies en République

centrafricaine) avril 1998-en cours ONU

OUGANDA/RWANDA

MONUOR (Mission d'observation de l'ONU an Ouganda

et au Rwanda))

juin 1993-sept. 1994 ONU

RWANDA

MINUAR I et II (Mission des Nations unies pour oct. 1993-mars 1996 ONU

Page 55: Gestion des conflit en Afrique

55

l'assistance au Rwanda)

SAHARA OCCIDENTAL

MINURSO (Mission de l'ONU pour l'organisation d'un

référendum au Sahara occidental) sept. 1991-en cours ONU

SOMALIE

ONUSOM I (Opération des Nations unies en Somalie) avril 1992-mars 1993 ONU

ONUSOM II mars 1993-mars 1995 ONU

SIERRA LEONE

UN military liaison and security advisory

personnel mai 1998-juillet 1998 ONU

MONUSIL (Mission d'observation des Nations unies au

Sierra Leone) juillet 1998-oct. 1999 ONU

MINUSIL (Mission des Nations unies en Sierra Leone) oct. 1999-en cours ONU

ZAÏRE

Contingent zaïrois pour la sécurité des camps jan. 1995-déc. 1996 HCR (Haut Commissariat

aux réfugiés)

MNF (Multinational Force) nov. 1996-déc. 1996 ONU

(SOURCE DOCUMENTATION FRANÇAISE)

Parmi les initiatives de soutien à la mise en place des capacités africaines de maintien

de la paix, les plus connues sont le RECAMP et l’ACRI. L’Union européenne (UE)

et le G8 ont également mis en place des initiatives allant dans le même sens.

Le programme RECAMP (RENFORCEMENT DES CAPACITES AFRICAINES DE

MAINTIEN DE LA PAIX) a été conçu et mis en oeuvre par le ministère de la Défense de

la France en 1998. Il vise « à accroître les capacités militaires des pays africains à

conduire, lorsqu’ils le désirent, des actions de maintien de la paix »72. Le

programme comporte trois composantes73 :

72 ONU, « Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix (ReCAMP » (Page http://www.un.int/france/frame_francais/france_et_onu/france_et_maintien_de_la_paix/recamp.htm) 73 ibidem

Page 56: Gestion des conflit en Afrique

56

La FORMATION DES MILITAIRES AFRICAINS AU MAINTIEN DE LA PAIX ; il s’agit

de former au maintien de la paix des personnels disposant déjà d’une

formation militaire générale ;

l’ENTRAINEMENT DES UNITES AFRICAINES AU MAINTIEN DE LA PAIX au sein

d’exercices sous-régionaux de grande ampleur, portant sur des actions de

maintien de la paix ;

l’EQUIPEMENT D’UNITES ENGAGEES EN MAINTIEN DE LA PAIX ; des moyens

sont prépositionnés dans trois bases françaises d’Afrique, disponibles pour

équiper, au moment de leur engagement en maintien de la paix, trois

bataillons type ONU et un hôpital de campagne.

En 1998 à Guidimakha, la CEDEAO a été le théâtre de l'initiative RECAMP. Avec le

Cycle IV (2003-2004) du programme, elle a été de nouveau choisie. « Ce cycle avait

pour finalité d'associer étroitement la CEDEAO à l'ensemble du programme et de

contribuer à la formation opérationnelle des niveaux stratégiques, opératifs et

tactiques ». Dans RECAMP IV la France est associée à l'UE et l'ONU (mais aussi

d’autres Etats et des ONG).

L’ACRI (AFRICAN CRISIS RESPONSE INITIATIVE OU INITIATIVE DE REPONSE AUX

CRISES AFRICAINES) est une formation multinationale en matière de maintien de la

paix mise en place par les Etats-Unis en 1996. Elle « vise à la formation de

bataillons rapidement déployables et interopérationnels en mission de paix ou

d'assistance humanitaire »74. En Afrique de l’Ouest, le programme a permis la

formation de bataillons au Bénin, en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Mali, au Sénégal,

etc. D’ailleurs, certains éléments de l’Ecomog déployés en Guinée Bissau en 1999

étaient issus de ces bataillons.

74 M. Marshall McCallie, « L'ACRI : un engagement positif des États-Unis en Afrique », Revue électronique de l'USIA, volume 3, numéro 2, avril 1998. (Voir page Internet : http://usinfo.state.gov/journals/itps/0498/ijpf/fracri.htm)

Page 57: Gestion des conflit en Afrique

57

L’ACRI a été remplacée par l'ACOTA (AFRICAN CONTINGENCY OPERATIONS

TRAINING AND ASSISTANCE). L’ancien gouvernement Bush avait également mis en

place une initiative nommée GPOI (GLOBAL PEACEKEEPING OPERATIONS INITIATIVE)

et qui a touché certains pays africains. Elle a pour but de fournir une formation en

matière de maintien de la paix à 75.000 soldats de pays répartis dans le monde entier.

A l’instar de la France et des Etats-Unis, la Grande Bretagne avait elle aussi mis en

place quelques initiatives pour renforcer les capacités africaines de maintien de la

paix. Il s’agit notamment du programme BPST (BRITISH PEACE SUPPORT TEAM, en

Afrique du Sud et au Kenya, orienté vers le maintien de la paix), du programme

BMATT, du programme IMATT et du programme BDAT.

Pour ce qui est de l’UE, le 17 novembre 2003 au cours d’une réunion à Bruxelles, le

CONSEIL DES RELATIONS EXTERIEURES avait décidé de faire financer par le FONDS

EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT une « Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique ».

Cette initiative avait pour buts d’appuyer les opérations de maintien de la paix

menées par les Africains et de doter les institutions africaines d'une capacité à long

terme pour mener de telles opérations. Le budget prévu était de 250 millions d'euros

et devait permettre à l’initiative d'être opérationnelle avant fin 200475.

En ce qui concerne le G8, le 10 juin 2004 à Sea Island (Etats-Unis), les chefs d'État

et de gouvernements ont adopté un plan d’action en matière de maintien de la paix,

notamment en Afrique. Par ce plan, « ils se sont engagés à organiser et à financer la

formation de quelque 75 000 soldats du monde entier d'ici à 2010 et à équiper

certains d'entre eux pour accélérer l'exécution d'opérations de maintien de la paix

dans les pays qui en auront besoin, notamment des opérations effectuées sous la

direction de l'ONU dans des pays d'Afrique subsaharienne. Ce plan s'inscrit dans les

engagements pris aux sommets du G8 de Kananaskis (Canada), les 26 et 27 juin

75 La Documentation Française, « Le maintien de la paix en Afrique » (Voir page Internet http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossier_international/maintien_paix/acteurs/paixafrique.shtml#initnat)

Page 58: Gestion des conflit en Afrique

58

2002, et d'Evian en France du 1er au 3 juin 2003, afin d'aider les pays africains à

prévenir les conflits armés et à les régler »76.

Ce genre d’initiatives que nous venons de citer est très répandu et dispersé à travers

l’Afrique. Il arrive même que certains programmes se dédoublent. Il aurait été

souhaitable de les regrouper dans un seul et unique programme sous la direction du

Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU avec un budget bien

conséquent fourni par les Etats initiateurs et l’ONU. En mai 1997 les États-Unis, la

France et la Grande-Bretagne, en vertu de l'«Initiative tripartite» qu’ils avaient signé,

se sont engagés à coordonner leurs programmes nationaux afin d'éviter des

dédoublements ou des programmes à effets contradictoires.

En dehors de la nécessité de mettre en place un programme unique pour rendre ces

diverses initiatives beaucoup plus efficaces, nous pensons également que les

formations doivent s’étendre sur un nombre plus important de soldats au lieu de deux

ou trois bataillons. Il faudrait aussi une plus grande sensibilisation des militaires aux

questions d’éthique. Plusieurs programmes prévoient dans le cadre de la formation

offerte, des cours sur la démocratie et le respect des droits de la personne. Mais, c’est

surtout aux armées africaines d’inculquer à leurs soldats ces valeurs.

Il serait bien aussi que les formations s’étendent sur des durées plus longues au lieu

de trois ou six mois. Les équipements constituent le véritable point de faiblesse de

ces initiatives. Ils coûtent chers, les pays africains ne peuvent pas s’en procurer en

masse et les pays occidentaux et l’ONU ne peuvent non plus leur en procurer en

quantité suffisante pour mener des opérations de maintien de la paix d’envergures.

L’idéal serait que les pays occidentaux créent des dépôts d’équipement en Afrique,

qu’ils géreront eux même, pour qu’on puisse s’en servir en cas de nécessité. Le

troisième composant du programme RECAMP est proche de cette solution (voir

RECAMP ci-dessus). Pour le moment, nous pensons que parmi les programmes en

place, RECAMP et le mieux.

76 ibidem

Page 59: Gestion des conflit en Afrique

59

Nous avons tenu à vous exposer brièvement ces initiatives pour vous montrer

combien elles sont précieuses, bien que modestes, pour les Africains dans leur

volonté de se prendre en charge en matière de maintien de la paix.

La CEDEAO a bien besoin de ce soutien de la Communauté internationale pour faire

fonctionner son Mécanisme et ainsi mettre en place son espace de paix et de sécurité

tant rêvé. C’est une bonne chose que les Africains, en particulier les Ouest-africains,

fassent du maintien de la paix et décident d’organiser leur propre sécurité mais il

serait catastrophique de les laisser faire tout seul ; du moins au début.

Page 60: Gestion des conflit en Afrique

60

CONCLUSION

Page 61: Gestion des conflit en Afrique

61

Au début de notre travail, nous nous sommes posés la question à savoir si la création

de l’Ecomog était une bonne expérience pour la CEDEAO dans sa volonté de mettre

en place un espace de paix et de sécurité sensée apporter une certaine prospérité

économique à la sous région.

Par cette question nous répondrons par l’affirmative. Certes la CEDEAO est

aujourd’hui loin d’avoir son espace de paix et de sécurité tant rêvé, mais il est sûr

que grâce à l’Ecomog les ouest-africains sont passés à un stade supérieur dans leur

désir de pacifier leur région. En effet avec la mise en place du MECANISME DE

GESTION DES CONFLITS de la CEDEAO, reprenant largement celui mis en place par

l’OUA, tous les espoirs sont permis77. Si les ouest-africains parviennent à bien gérer

et respecter ce mécanisme, en dépassant leur égoïsme et leur méfiance à l’égard de

leurs voisins, il est certain qu’ils parviendront à mettre en place un espace de paix et

de sécurité viable. Pourquoi pas aller au-delà en instaurant une Défense Ouest

Africaine Commune? Mais nous sommes loin de là. Pour le moment, l’objectif est de

faire fonctionner le Mécanisme.

L’Ecomog est aujourd’hui intégrée au Mécanisme. Elle a été envoyée en Côte

d’ivoire depuis lors sans pour autant jouer un grand rôle.

Au Libéria la CEDEAO a montré à travers l’Ecomog qu’elle pouvait avec succès,

gérer une situation de conflit et négocier un accord de paix permettant une transition

démocratique vers un régime élu. En Sierra Léone elle a défendu la démocratie en

renversant un régime issu d’un coup d’Etat militaire. En gros, dans toutes ses

missions, les critiques apportées à l'Ecomog portent davantage sur certains

comportements des participants à la mission que sur le bien-fondé des interventions.

Aujourd’hui l’Ecomog ne peut plus se permettre d’avoir le comportement qu’elle a

eu dans le passé car toute erreur qu’elle commettrait, désormais, se répercutera sur le

77 L’OUA s’est dotée en 1993 d’un Mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits afin de remplacer la Commission de médiation, de conciliation et d’arbitrage qui devait s’occuper de la gestion pacifique des conflits. Ce mécanisme a beaucoup servi depuis sa création dans certaines crises comme celles au Burundi, au Liberia, au Cameroun/Nigeria, au Congo, aux Comores et au Zaïre.

Page 62: Gestion des conflit en Afrique

62

Mécanisme et le décrédibiliserait. Cette force qui a acquit maintenant une certaine

expérience dans le maintien de la paix, doit être mieux équipée et entraînée pour

intervenir efficacement dans la sous région. Pour cela, les Nations Unis et les

puissances occidentaux ont un grand rôle à jouer.

On ne peut espérer connaître du succès dans des opérations de paix avec des sous-

officiers et des soldats qui sont parfois si mal payés ou ravitaillés qu'ils doivent se

livrer au marché noir ou au pillage pour survivre en mission. L’Ecomog a péché par

manque de matériel, de finances, d’expérience et par la rivalité des puissances de la

sous-région et celles se trouvant à l’extérieur. Malgré ses échecs et les critiques

qu’on en a fait, elle a montré aux africains qu’ils pouvaient se prendre en main en

matière de maintien de la paix même si le prix à payer pouvait être lourd. Elle a

montré également aux puissances occidentales que les forces de maintien de la paix

sous-régionales pouvaient constituer une solution pour leur éviter à intervenir

directement dans les conflits africains.

Même si l’Ecomog a besoin de bien s’équiper et d’être financée pour mieux

intervenir, il ne faut pas perdre de vu que l’objectif n’est pas d’intervenir pour

résoudre des conflits. L’objectif est plutôt de prévenir les conflits pour que la Force

n’est pas à intervenir. Nous pensons que les Chefs-d’Etat de la sous-région l’ont bien

compris en mettant en place le Mécanisme. Nous pensons très sincèrement qu’avant

tout, ils doivent s’attaquer aux racines des conflits en Afrique de l’ouest à savoir : la

pauvreté de masse, l’analphabétisme, le déséquilibre entre les communautés,

l’inégalité du développement, l’absence de pratiques démocratiques, l’injustice et

l’incapacité des gouvernants à garantir la sécurité des personnes etc. C’est en réglant

ces problèmes et en appliquant parfaitement le Mécanisme que la CEDEAO pourra

bien un jour rendre réel son rêve d’une sous région pacifiée, stable et prospère.

Après avoir affirmé que l’Ecomog fut une bonne expérience pour la CEDEAO, et

ceci malgré les erreurs dans ses missions et les critiques qu’on en a fait, nous

pouvons nous poser une autre question. Les agissements de la CEDEAO en

matière de prévention, de gestion et de maintien de la paix sont t’ils un exemple

Page 63: Gestion des conflit en Afrique

63

pour les autres organisations sous-régionales africaines ? A l’heure actuelle, il

serait audacieux d’y répondre affirmativement. Toutefois, nous avons constaté, au

cours de nos recherches, que certaines d’entre elles commencent à assumer de plus

en plus un rôle important dans le domaine du maintien de la paix.

En Afrique australe, la SADC78 (COMMUNAUTE DE DEVELOPPEMENT DE

L’AFRIQUE AUSTRALE) a mis en place un ORGANE SUR LA POLITIQUE, LA DEFENSE ET

LA SECURITE qui ambitionne de développer une capacité régionale de maintien de la

paix. La SADC a joué un rôle non négligeable de médiateur dans les crises aux

Comores et en RDC. Elle a eu également à envoyer un contingent au Lesotho

(Opération Boleas), sur demande du gouvernement du Lesotho, le 22 septembre 1998

pour rétablir l'ordre après la crise qui a suivi les élections du 21 mai 1998.

En Afrique centrale, la CEEAC79 (COMMUNAUTE ECONOMIQUE DES ÉTATS

D’AFRIQUE CENTRALE) a mis en place, en juin 2002, un CONSEIL DE PAIX ET DE

SECURITE DE L’AFRIQUE CENTRALE (COPAX), chargé de la promotion, de la

maintenance et de la consolidation de la paix et de la sécurité en Afrique centrale. Ce

conseil se compose d’organes techniques que sont : un SYSTEME D’ALERTE AVANCEE

POUR L’AFRIQUE CENTRALE (MARAC), une COMMISSION POUR LA DEFENSE ET LA

SECURITE (CDS) et une FORCE MULTINATIONALE DE L’AFRIQUE CENTRALE (FOMAC)

La CEMAC80 (COMMUNAUTE ECONOMIQUE ET MONETAIRE D'AFRIQUE

CENTRALE) a déployé le 4 décembre 2002 en Centrafrique la FOMUC (FORCE

MULTINATIONALE EN CENTRAFRIQUE) dans le cadre des accords de Libreville, signés

le 2 octobre 2002. La force se compose 374 soldats gabonais, congolais et tchadiens.

Le 28 janvier 2004 à Brazzaville, les membres de l’organisation ont signé un PACTE

DE NON AGRESSION, DE SOLIDARITE ET D'ASSISTANCE MUTUELLE.

78 La SADC est composée de 14 pays : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Lesotho, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, République démocratique du Congo, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe. 79 La CEEAC à été créée le 18 octobre 1983 par les membres de l'UDEAC et les membres de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) (Burundi, Ruanda et le Zaïre - ainsi nommé à l'époque), ainsi que Sao Tomé et Principe. 80 La CEMAC a été créée le 16 mars 1994 à Ndjamena au Tchad. Elle regroupe 6 pays : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, Tchad.

Page 64: Gestion des conflit en Afrique

64

En Afrique orientale, l’IGAD (AUTORITE INTERGOUVERNEMENTALE POUR LE

DEVELOPPEMENT) reste timide en matière de prévention des crises et de maintien de

la paix. Toutefois, avec les crises au Soudan, en Somalie et entre l’Éthiopie et

l’Érythrée, elle avait proposé des solutions pour régler pacifiquement les conflits.

Nous souhaitons très sincèrement une grande réussite à toutes ces initiatives en

espérant que leur aboutissement permettra à l’Afrique de dépasser un pallier qui est

celui de la guerre, de la famine et des maladies pour en franchir un autre qui sera

celui de la paix, de la sécurité et de la prospérité. Une fois encore, nous répétons que

l’aboutissement de ces initiatives, dépend en partie du soutien des Nations Unis et

des occidentaux.

Page 65: Gestion des conflit en Afrique

65

ANNEXES

Page 66: Gestion des conflit en Afrique

66

ANNEXE 1 : CARTE ET FICHES D’IDENTITE DES PAYS DE LA CEDEAO

BENIN

Population (2004) 7 250 033 habitants

Superficie 112 622 km2

Densité 64.37 h/km2

PIB par habitant (PPA - 2001) 980 $us

Espérance de vie (2003) 50.81 ans

Taux de natalité (2003) 42.57 pour 1000

Taux de mortalité (2003) 13.69 pour 1000

Taux de mortalité infantile (2003) 85.88 pour 1000

Taux d'alphabétisation (2003) 40.15 %

Langue officielle Français

Page 67: Gestion des conflit en Afrique

67

Monnaie Franc CFA

Indice de développement humain (IDH) 0.411/1.0

Taux d'urbanisation 43.00 %

Villes principales : Cotonou carte, Porto Novo (capitale),

Parakou, Djougou, Bohicon, Kandi,

Abomey Natitingou Lokossa

BURKINA FASO

Population (2003) 13 228 460 habitants

Superficie 274 200 km2

Densité 48,24 h/km2

PIB par habitant (PPA - 2002) 1 120 $us

Espérance de vie (1996) 53,8 ans

Taux de natalité (2002) 44,78 pour 1000

Taux de mortalité (2002) 18,76 pour 1000

Taux de mortalité infantile (2002) 99,78 pour 1000

Taux d'alphabétisation (1996) 25,85 %

Langue officielle Français

Monnaie Franc CFA

Indice de développement humain (IDH) 0.330/1.0

Villes principales : Ouagadougou (capitale), Bobo

Dioulasso

Page 68: Gestion des conflit en Afrique

68

CAP VERT

Population (2004) 455 294 habitants

Taux de croissance annuel 0.734 %

Superficie 4 033 km2

Densité 112.89 h/km2

PIB par habitant (PPA - 2001) 5 570 $us

Espérance de vie (2003) 70.14 ans

Taux de natalité (2003) 26.13 ‰

Indice de fécondité (2003) 3.30 enfants/femme

Taux de mortalité (2003) 6.72 ‰

Taux de mortalité infantile (2003) 49.14 ‰

Taux d'alphabétisation 76.80 %

Langues officielles Portugais, créole cap-verdien

Monnaie Escudo cap-verdien

Indice de développement humain (IDH) 0.727/1.0

Nature de l'état et du régime République unitaire,

parlementaire

Taux d'urbanisation 63.50 %

Villes principales : Praia (capitale), Mindelo

COTE D'IVOIRE

Population (2004) 16 944 598 habitants

Superficie 322 461 km2

Densité 52,11 h/km2

PIB par habitant (2001) 700 $us

Page 69: Gestion des conflit en Afrique

69

Espérance de vie (2002) 44,72 ans

Taux de natalité (2002) 39,99 pour 1000

Taux de mortalité (2002) 16,74 pour 1000

Taux de mortalité infantile (2002) 92,23 pour 1000

Taux d'alphabétisation (1990) 53,80 %

Langue officielle Français

Monnaie Franc CFA

Villes principales : Abidjan carte, Bouaké,

Yamoussoukro (capitale), Daloa,

Korhogo, Man, Gagnoa

GAMBIE

Population (2004) 1 546 848 habitants

Taux de croissance annuel 2.980 %

Superficie 11 295 km2

Densité 136.95 h/km2

PIB par habitant (PPA - 2001) 2 050 $us

Espérance de vie (2003) 54.79 ans

Taux de natalité (2003) 40.30 pour 1000

Indice de fécondité (2003) 4.70 %

Taux de mortalité (2003) 12.08 pour 1000

Taux de mortalité infantile (2003) 73.48 pour 1000

Taux d'alphabétisation 39.05 %

Langue officielle Anglais

Monnaie Dalasi

Indice de développement humain (IDH) 0.463/1.0

Nature de l'état République unitaire

Page 70: Gestion des conflit en Afrique

70

Taux d'urbanisation 53.60 %

Villes principales : Banjul (capitale)

GHANA

Population (2003) 20 467 747 habitants

Superficie 238 538 km2

Densité 85,80 h/km2

PIB par habitant (2001) 290 $us

Espérance de vie (2003) 56,53 ans

Taux de natalité (2003) 25,84 pour 1000

Taux de mortalité (2003) 10,53 pour 1000

Taux de mortalité infantile (2003) 53,02 pour 1000

Taux d'alphabétisation (1990) 60,30 %

Langue officielle Anglais

Monnaie Cedi

Indice de développement humain (IDH) 0,548/1,0

Villes principales : Accra (capitale), Kumasi

GUINEE

Population (2004) 9 246 462 habitants

Superficie 245 857 km2

Densité 37.61 h/km2

PIB par habitant (PPA - 2001) 1 960 $us

Espérance de vie (2003) 49.70 ans

Page 71: Gestion des conflit en Afrique

71

Taux de natalité (2003) 42.26 pour 1000

Taux de mortalité (2003) 15.53 pour 1000

Taux de mortalité infantile (2003) 91.82 pour 1000

Taux d'alphabétisation (2003) 41.05 %

Langue officielle Français

Monnaie Franc guinéen

Indice de développement humain (IDH) 0.425/1.0

Taux d'urbanisation 27.90 %

Villes principales : Conakry (capitale), Nzérékoré, Kankan,

Kindia

GUINEE BISSAU

Population (2004) 1 388 363 habitants

Taux de croissance annuel 1.989 %

Superficie 36 125 km2

Densité 38.43 h/km2

PIB par habitant (PPA - 2001) 970 $us

Espérance de vie (2003) 46.98 ans

Taux de natalité (2003) 38.03 pour 1000

Indice de fécondité (2003) 7.10 %

Taux de mortalité (2003) 16.57 pour 1000

Taux de mortalité infantile (2003) 108.72 pour 1000

Taux d'alphabétisation 41.45 %

Langue officielle Portugais

Monnaie Franc CFA

Indice de développement humain (IDH) 0.373/1.0

Page 72: Gestion des conflit en Afrique

72

Nature de l'état République unitaire

Taux d'urbanisation 32.30 %

Villes principales : Bissau (capitale)

LIBERIA

Population (2003) 3 317 176 habitants

Superficie 111 370 km2

Densité 29,79 h/km2

PIB par habitant (1999) 260 $us

Espérance de vie (2002) 48,15 ans

Taux de natalité (2002) 45,28 pour 1000

Taux de mortalité (2002) 17,84 pour 1000

Taux de mortalité infantile (2002) 132,18 pour 1000

Taux d'alphabétisation (1990) 39,50 %

Langue officielle Anglais

Monnaie Dollars libérien

Indice de développement humain (IDH) 0.325/1.0

Villes principales : Monrovia (capitale)

MALI

Population (2004) 11 956 788 habitants

Taux de croissance annuel 2.783 %

Superficie 1 240 198 km2

Densité 9.64 h/km2

PNB (2003) 2 880 millions $US

Page 73: Gestion des conflit en Afrique

73

PNB par habitant (PPA-2003) 860 $US

Croissance du PIB (2003) 5.30 %

Espérance de vie (2003) 45.28 ans

Taux de natalité (2003) 47.29 ‰

Indice de fécondité (2003) 7.00 enfants/femme

Taux de mortalité (2003) 19.12 ‰

Taux de mortalité infantile (2003) 117.99 ‰

Taux d'alphabétisation (2003) 44.95 %

Langue officielle Français

Monnaie Franc CFA

Indice de développement humain (IDH) 0.337/1.0

Nature de l'état République parlementaire, régime présidentiel

Taux d'urbanisation 31.54 %

Villes principales : Bamako (capitale)

NIGER

Population (2004) 11 360 538 habitants

Superficie 1 186 408 km2

Densité 9.58 h/km2

PIB par habitant (PPA - 2001) 890 $us

Espérance de vie (2003) 42.18 ans

Taux de natalité (2003) 48.91 pour 1000

Taux de mortalité (2003) 21.51 pour 1000

Taux de mortalité infantile (2003) 122.66 pour 1000

Taux d'alphabétisation (2003) 17.20 %

Langue officielle Français

Page 74: Gestion des conflit en Afrique

74

Monnaie Franc CFA

Indice de développement humain (IDH) 0.292/1.0

Taux d'urbanisation 21.10 %

Villes principales : Niamey (capitale), Zinder, Maradi, Agadez,

Tahoua

NIGERIA

Population (2005) 128 771 988 habitants

Superficie 923 768 km2

Densité 139.40 h/km2

PIB par habitant (2002) 360 $us

Espérance de vie (2002) 51,01 ans

Taux de natalité (2002) 38,75 pour 1000

Taux de mortalité (2002) 13,76 pour 1000

Taux de mortalité infantile (2002) 71,35 pour 1000

Taux d'alphabétisation (1990) 50,70 %

Langue officielle Anglais (Français en projet)

Monnaie Naira

Villes principales : Lagos, Ibadan, Kano, Kaduna, Oshogbo, Port

Harcourt, Benin, Onitsha, Ogbomosho ...

SENEGAL

Population (2003) 10 580 307 habitants

Superficie 196 722 km2

Densité 53,78 h/km2

Page 75: Gestion des conflit en Afrique

75

PIB par habitant (2001) 480 $us

Espérance de vie (2002) 56,37 ans

Taux de natalité (2002) 36,23 pour 1000

Taux de mortalité (2002) 10,88 pour 1000

Taux de mortalité infantile (2002) 57,57 pour 1000

Taux d'alphabétisation (1990) 38,30 %

Langue officielle Français

Monnaie Franc CFA

Indice de développement humain (IDH) 0.423/1.0

Villes principales : Dakar (capitale), Thiès, Kaolack, Ziguinchor, Rufisque,

Saint-Louis, Mbour, Diourbel

SIERRA LEONE

Population (2004) 5 883 889 habitants

Superficie 71 740 km2

Densité 82.02 h/km2

PIB par habitant (PPA - 2001) 470 $us

Espérance de vie (2003) 42.69 ans

Taux de natalité (2003) 43.34 pour 1000

Taux de mortalité (2003) 20.62 pour 1000

Taux de mortalité infantile (2003) 145.24 pour 1000

Taux d'alphabétisation (2003) 36.65 %

Langue officielle Anglais

Monnaie Leone

Indice de développement humain (IDH) 0.275/1.0

Page 76: Gestion des conflit en Afrique

76

Taux d'urbanisation 37.30 %

Villes principales : Freetown (capitale), Koidu,

Makeni

TOGO

Population (2005) 5 681 519 habitants

Superficie 56 785 km2

Densité 100.05 h/km2

PIB par habitant (1999) 270 $us

Espérance de vie (2002) 53,43 ans

Taux de natalité (2002) 35,23 pour 1000

Taux de mortalité (2002) 11,51 pour 1000

Taux de mortalité infantile (2002) 68,73 pour 1000

Taux d'alphabétisation (1990) 43,30 % Langue officielle

Français

Monnaie Franc CFA

Indice de développement humain (IDH) 0.489/1.0

Villes principales : Lomé (capitale), Kpalimé,

Sokodé

Source : www.populationdata.net/

Page 77: Gestion des conflit en Afrique

77

ANNEXE 2 : FICHE D'IDENTITE DE LA CEDEAO

.

Communauté Économique des États de

l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)

ECOWAS EXECUTIVE SECRETARIAT

60, Yakubu Gowon Crescent, Asokoro District Abuja, Nigeria

Tel: (234)-09-2347647

Tel/Fax : (234)-09-2343005, 2347644

Site Internet: http://www.ecowas.int/

Fonds de la CEDEAO: BP 2704 Lomé – Togo

Tél : (228) 21 68 64 Fax : (228) 21 86 84

CREATION :

La CEDEAO a été créée à Lagos (Nigeria) le 28 mai 1975 par un traité signé par 15

pays rejoints par le Cap vert en 1977.

OBJECTIFS ET MISSIONS DE LA CEDEAO:

Regroupant tous les pays de l'Afrique de l'Ouest (les 8 pays ouest-africains de la

Zone franc CFA + Cap Vert, Gambie, Ghana, Guinée, Libéria, Nigeria, Sierra

Leone), la CEDEAO (ECOWAS en anglais) a pour missions de promouvoir la

coopération et le développement dans tous les domaines de l'activité économique,

d'abolir, à cette fin, les restrictions au commerce, supprimer les obstacles à la libre

circulation des personnes, des services et des biens, l'harmonisation des politiques

sectorielles régionales.

Page 78: Gestion des conflit en Afrique

78

L'objectif majeur reste la constitution d'un vaste marché commun ouest-africain et la

création d'une union monétaire pour l'an 2004.

L'adoption d'une monnaie commune de la CEDEAO en 2004 ne pourra se réaliser

qu'après l'adoption d'une monnaie commune (l'Eco) aux pays de la ZMAO (Guinée,

Gambie, Ghana, Nigeria et Sierra Léone) en 2003 et la fusion de l'Eco avec le Franc

CFA.

Force est de constater que les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur des

ambitions, pour de nombreuses et complexes raisons. Les pays ouest-africains de la

Zone Franc sont membres de la CEDEAO mais leur action d'intégration se déroule

au sein de l'UEMOA.

La CEDEAO dispose d'un Fonds de Coopération et de Développement (Ecowas

Fund) destiné au financement de projets dans les pays membres les plus démunis. Ce

Fonds de coopération, de compensation et de développement de la CEDEAO"

deviendra, avant le 30 juin 2002, la "Banque d'investissement et de développement

de la CEDEAO" (BIDC), holding dotée de deux filiales:

1. la Banque régionale d'investissement (BRIC) et

2. le Fonds régional de développement (FRDC).

A ces objectifs économiques et commerciaux, la CEDEAO s'est adjoint une

dimension politique et militaire en se dotant d'une force militaire d'interposition,

l'ECOMOG créé en avril 1990 pour mettre fin au conflit du Liberia.

ORGANISATION :

Les institutions de la CEDEAO sont les suivantes:

- la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement

- le Conseil des Ministres

- le Secrétariat Exécutif dirigé par un Secrétaire exécutif (M. Mohamed Ibn Chambas

depuis Décembre 2001)

Page 79: Gestion des conflit en Afrique

79

- le Tribunal de la Communauté

- les Commissions techniques et spécialisées (douanes, industrie, transports, affaires

sociales, ...)

CONTACTS :

Secrétaire exécutif de la CEDEAO : Mohamed Ibn Chambas

Directeur du Fonds de la CEDEAO : Samuel Kye APEA

Secrétaire général du Fonds de la CEDEAO : Antonio Pedro M. LIMA

Par l’Auteur

Page 80: Gestion des conflit en Afrique

80

ANNEXE 3 : CARTE DU LIBERIA

Source : www.populationdata.net/

Page 81: Gestion des conflit en Afrique

81

ANNEXE 4 : CHRONOLOGIE DE LA GUERRE DU LIBERIA

7 mai 1990 Samuel K. Doe se rend en visite officielle de crise à Lagos au Nigéria.

30 mai 1990 (…) se tient à Banjul en Gambie, le sommet des Chefs d’Etat et de

Gouvernement de la CEDEAO qui met en place un Comité permanent de médiation.

4 juin 1990 des navires américains sont arrivés au large des côtes libériennes; il s’y

trouverait environ 2000 marines. Une cinquantaine de marines sont déployés à

Monrovia.

5 juillet 1990 le gouvernement et le NPFL négocient un cessez-le-feu que C. Taylor

rejette définitivement une semaine plus tard. La CEDEAO entame alors une nouvelle

médiation qui va échouer devant la volonté de C. Taylor de gagner la guerre pour ne

pas avoir à partager le pouvoir.

5 août 1990 des marines (225) sont déployés dans Monrovia pour l’évacuation des

Occidentaux. Dans le même temps, les rebelles de Prince Johnson du INPFL,

prennent en otages, certains étrangers pour faire pression sur les puissances

étrangères afin qu’une force internationale soit envoyée.

7 août 1990 le nouveau Comité permanent de médiation tient sa première réunion à

Banjul en Gambie : il est décidé l’envoi d’une force d’interposition dénommée

ECOMOG (ECOWAS Monitoring Group)

9 août 1990 l’ambassade nigériane à Monrovia est attaquée par les rebelles.

24 août 1990 les troupes de l’ECOMOG débarquent dans la capitale libérienne,

Monrovia. Aussitôt elles subissent des attaques des freedom fighters du NPFL.

Page 82: Gestion des conflit en Afrique

82

27 août 1990 sous l’égide de la CEDEAO, se tient une conférence de tous les

Libériens, à Banjul. Il est créé un gouvernement intérimaire à la tête duquel le

professeur Amos Sawyer est élu. Mais C. Taylor ne reconnaît pas ce gouvernement.

9 septembre 1990 Samuel Kanyon Doe est pris dans une embuscade alors qu’il se

rendait au quartier général de l’ECOMOG pour des négociations. Arrêté par les

troupes de Prince Johnson, il est conduit devant celui-ci, torturé puis tué de façon

atroce.

20 septembre 1990 un Général nigérian prend en main le commandement de

l’ECOMOG.

10 octobre 1990 l’ECOMOG lance une vaste offensive qui lui permet d’avoir

l’entier contrôle sur Monrovia.

7 novembre 1990 le petit port de Monrovia est rouvert. Dans la zone sous contrôle

de l’ECOMOG, tout semble revenir à la normale : toute la population afflue alors

vers Monrovia.

27 novembre 1990 lors des négociations de Bamako, C. Taylor signe enfin par lui-

même, un accord de cessez-le-feu avec les autres parties. L’ECOMOG devra

s’occuper du processus de désarmement.

20 décembre 1990 Sommet de Banjul : un accord intervient entre les factions sur

l’organisation d’une conférence nationale libérienne dans un délai de soixante jours.

10 janvier 1991 l’évacuation des Occidentaux prend fin après sept mois de

fonctionnement du dispositif américain de rapatriement.

13 février 1991 Accords de Lomé : ils prévoient un cessez-le-feu, le désarmement

étant reporté. La tenue d’une nouvelle conférence nationale sur le Libéria est prévue,

qui aura pour mission de mettre en place un nouveau gouvernement intérimaire.

Page 83: Gestion des conflit en Afrique

83

16 mars 1991 cette nouvelle conférence nationale sur le Libéria a lieu à Monrovia.

Mais elle s’empêtre dans des questions de procédure avant de finir par réélire Amos

Sawyer pour former un nouveau gouvernement.

30 juin 1991 un sommet restreint à certains Etats de la CEDEAO, se tient à

Yamoussoukro à l’initiative de Houphouët-Boigny qui dans la déclaration finale,

annonce une réconciliation entre Amos Sawyer et Charles Taylor.

6 août 1991 Prince Johnson qui est membre du gouvernement intérimaire, procède à

l’exécution de certains des membres de son mouvement, accusés d’espionnage en

faveur du NPFL. Il annonce son retrait du gouvernement intérimaire auquel il

reproche une mauvaise gestion économique.

20 août 1991 C. Taylor refuse que ses troupes rendent les armes alors la Côte

d’Ivoire propose que l’ECOMOG soit remplacé par une force internationale sous

couvert des Nations Unies.

16 septembre 1991 Yamoussoukro III où un accord entre les parties prévoit le

cantonnement et le désarmement des factions de même qu’un élargissement de

l’ECOMOG.

29 octobre 1991 Yamoussoukro IV : est réaffirmé un principe double de

cantonnement et de désarmement avec un délai de soixante jours à compter du 15

novembre. Le NPFL accepte de rouvrir ses routes, les autres factions en font de

même : l’ECOMOG devra assurer le contrôle sur ces infrastructures.

6 avril 1992 Conférence de Genève qui réaffirme les accords de Yamoussoukro IV.

Mais l’ULIMO rejette ces accords.

9 mai 1992 l’ECOMOG commence à se déployer sur les terres intérieures.

Page 84: Gestion des conflit en Afrique

84

28 mai 1992 des casques blancs sénégalais sont tués à Vahun par des hommes du

NPFL.

15 octobre 1992 déclenchement de la vaste offensive contre l’ECOMOG à

Monrovia : c’est l’opération Octopus du NPFL.

7 novembre 1992 Sommet de la CEDEAO à Abuja : les Chefs d’Etat et de

Gouvernement adoptent une ligne dure contre la rébellion NPFL. Désormais ils

veulent donner à l’ECOMOG, les moyens de se défendre adéquatement.

19 décembre 1992 un représentant spécial des Nations Unies est nommé.

26 mars 1993 la résolution 813 fait appel au respect de l’embargo sur les armes à

destination du Libéria.

17 juillet 1993 un accord de paix est conclu à Genève, qui prévoit un cessez-le-feu

pour le 31 prochain.

25 juillet 1993 l’accord de Genève est signé à Cotonou : les cinq membres du

Conseil d’Etat, organe exécutif de transition, ont été désignés.

22 septembre 1993 le Conseil de Sécurité des Nations Unies crée la Mission

d’Observation des Nations Unies au Libéria (MONUL). La résolution 866 adoptée à

l’unanimité lui fixe un rôle d’assistance et de contrôle de l’ECOMOG, pendant une

durée de sept mois.

6 novembre 1993 les négociations sur la composition du gouvernement de transition

échouent.

4 juillet 1994 des observateurs des Nations Unies sont pris en otages.

Page 85: Gestion des conflit en Afrique

85

7 septembre 1994 un nouveau sommet devrait être organisé par le président en

exercice de la CEDEAO, Jerry Rawlings, sur le lac Volta au nord d’Accra au Ghana :

il est retardé de vingt-quatre heures alors que les élections prévues par les accords de

Cotonou sont reportées sine die.

8 septembre 1994 de nouveau des observateurs des Nations Unies sont pris en otage

par les troupes du NPFL. Parmi les otages il y a aussi des membres d’organisations

humanitaires.

17 septembre 1994 des officiers dissidents de l’AFL organisent un putsch qui

échoue : les casques blancs rétablissent très rapidement l’ordre et arrêtent les

putschistes.

21 décembre 1994 les accords d’Akossombo sont signés et prévoient un nouveau

Conseil d’Etat de sept membres.

15 août 1995 à Abuja au Nigéria, se réunit le sommet de la CEDEAO pour le Libéria

: à côté des chefs d’Etat se trouvaient des représentants des factions. Mais ils n’ont

adopté que des recommandations ; de plus les chefs d’Etat du Togo, de la Côte

d’Ivoire, du Mali et de la Sierra-Leone sont partis avant la fin des négociations. Un

cessez-le-feu est adopté et de nouvelles institutions transitoires prévues.

2 septembre 1995 la présidence collégiale qui comprend les principaux chefs de

faction, s’installe à Monrovia. Trois jours après, un nouveau gouvernement de

transition est formé.

14 décembre 1995 l’ECOMOG commence à se déployer à l’intérieur des terres

autrefois sous le contrôle de différentes factions.

PAR L’AUTEUR

Page 86: Gestion des conflit en Afrique

86

ANNEXE 5 : LISTE DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX EN AFRIQUE DEPUIS

1990

PAYS/MISSION DATE RESPONSABILITE

AFRIQUE DU SUD

MONUAS (Mission des Nations

unies en Afrique du Sud)

sept. 1992-mai

1994 ONU

COMSA (Commonwealth Observer

mission in South Africa)

oct. 1992-mai

1993 Commonwealth

COGSA (Commonwealth Obsever

Group in South Africa)

avril 1994-mai

1994 Commonwealth

ECOMSA (European Community

Observer Mission in South Africa)

oct. 1992-mai

1994 CEE

EUNELSA (European Union

Election Unit in South Africa)

mars 1994-mai

1994 Union européenne

Observer Mission in South Africa nov. 1992-mai

1994

OUA (Organisation de

l'unité africaine)

ANGOLA

MONUA (Mission des Nations

unies en Angola)

juillet 1997-août

98 ONU

UNAVEM I (Mission de

vérification des Nations unies en

Angola)

janv. 1989-juin

1991 ONU

UNAVEM II juin 1991-fév.

1995 ONU

UNAVEM III fév. 1995-juin

1997 ONU

BANDE AOUZOU GONUBA mai 1994-juin ONU

Page 87: Gestion des conflit en Afrique

87

(Groupe d'observateurs des Nations

unies dans la bande d'Aouzou)

1994

BURUNDI

MIOB (Mission d'observation au

Burundi) nov. 93-juil. 96 OUA

COMORES

OMIC (Mission d'observation aux

Comores)

août 1997-nov.

1997 OUA

CONGO (REPUBLIQUE

DEMOCRATIQUE DU)

MONUC (Mission des Nations

unies en République démocratique

du Congo)

juillet 1999- en

cours ONU

COTE D'IVOIRE

MINUCI (Mission des Nations

unies en Côte d'Ivoire)

ONUCI (Opération des Nations

unies en Côte d'Ivoire)

mai 2003-avril

2004

avril 2004-en

cours

ONU

ERYTHREE ET ETHIOPIE

MINUEE (Mission des Nations

unies en Ethiopie et en Erythrée)

juillet 2000- en

cours ONU

GUINEE-BISSAU

ECOMOG (1998-1999) Groupe de

surveillance du cessez-le-feu déc. 1998-1999 ECOWAS (CEDEAO)

LESOTHO

Operation Boleas 1998-1999

SADC (Communauté de

développement d'Afrique

australe)

Page 88: Gestion des conflit en Afrique

88

LIBERIA

ECOMOG I août 1990-août

1997 ECOWAS

ECOMOG II août 1997- ECOWAS

MONUL sept. 1993-sept.

1997 ONU

Joint Ceasefire Monitoring

Committee août 93-oct. 93 OUA

MINUL (Mission des Nations unies

au Liberia)

sept. 2003-en

cours ONU

MOZAMBIQUE

ONUMOZ (Opération de l'ONU au

Mozambique)

déc. 1992-déc.

1994 ONU

NAMIBIE

GANUPT (Groupe d'assistance de

l'ONU pour la transition)

avril 1989-mars

1990 ONU

REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

MISAB (Mission inter-africaine de

surveillance des Accords de Bangui)

fév. 1997-avril

1998 Accords de Bangui

MINURCA (Mission des Nations

unies en République centrafricaine)

avril 1998-en

cours ONU

OUGANDA/RWANDA MONUOR

(Mission d'observation de l'ONU an

Ouganda et au Rwanda))

juin 1993-sept.

1994 ONU

RWANDA

GOMN (Groupe d'observation

militaire neutre)

août 1993-oct.

1993 OUA

MINUAR I et II (Mission des oct. 1993-mars ONU

Page 89: Gestion des conflit en Afrique

89

Nations unies pour l'assistance au

Rwanda)

1996

SAHARA OCCIDENTAL

MINURSO (Mission de l'ONU pour

l'organisation d'un référendum au

Sahara occidental)

sept. 1991-en

cours ONU

SOMALIE

ONUSOM I (Opération des Nations

unies en Somalie)

avril 1992-mars

1993 ONU

ONUSOM II mars 1993-mars

1995 ONU

SIERRA LEONE

ECOMOG I ECOWAS

ECOMOG II juin 1997- ECOWAS

UN military liaison and security

advisory personnel

mai 1998-juillet

1998 ONU

MONUSIL (Mission d'observation

des Nations unies au Sierra Leone)

juillet 1998-oct.

1999 ONU

MINUSIL (Mission des Nations

unies en Sierra Leone) oct. 1999-en cours ONU

ZAÏRE

Contingent zaïrois pour la sécurité

des camps

jan. 1995-déc.

1996

HCR (Haut Commissariat

aux réfugiés)

MNF (Multinational Force) nov. 1996-déc.

1996 ONU

SOURCE : LA DOCUMENTATION FRANÇAISE

Page 90: Gestion des conflit en Afrique

90

BIBLIOGRAPHIE

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(http://www.iss.co.za/Pubs/Monographs/No46/Ecomog.html

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Monde diplomatique)

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http://www.africa-union.org/ (site de l’Union Africaine)

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International ou (RIDI)

www.populationdata.net/ (site d’information cartes et statistiques sur

les populations et les pays du monde)

Page 98: Gestion des conflit en Afrique

98

TABLE DES MATIERES

Page 99: Gestion des conflit en Afrique

99

INTRODUCTION ………………………………..……………...……………..... 2

PREMIERE PARTIE : DU PNA A L’ECOMOG : UNE VOLONTE

MANIFESTE DE METTRE EN PLACE UN ESPACE

DE PAIX ET DE SECURITE …….…………….………… 6

CHAPITRE 1 : LA CEDEAO ET SES PROTOCOLES

DE DEFENSE …………………………………………..……. 7

SECTION 1 : PRESENTATION DE LA CEDEAO ……..……...…..…….. 7

PARAGRAPHE 1 : NAISSANCE ET OBJECTIFS DE LA CEDEAO ... 7

PARAGRAPHE 2 : LES STRUCTURES DE L’ORGANISATION ……... 9

SECTION 2 : LES PROTOCOLES DE DEFENSE CONCLUS AU SEIN

DE LA CEDEAO …………..………………………..… 11

PARAGRAPHE 1 : LE PROTOCOLE DE NON AGRESSION (PNA) . 11

PARAGRAPHE 2 : LE PROTOCOLE D’ASSISTANCE MUTUELLE

EN MATIERE DE DEFENSE (PAMD) …………………….....… 14

CHAPITRE 2 : LA MISE EN PLACE DE L’ECOMOG …………………….....… 17

SECTION 1 : LA GUERRE CIVILE DU LIBERIA ……………………..… 17

PARAGRAPHE 1 : LES FACTEURS INTERNES DU CONFLIT ….…. 17

PARAGRAPHE 2 : LES ACTEURS DU CONFLIT …….……..……. 19

A. LES ACTEURS INTERNES ……..………..…..……… 19

Page 100: Gestion des conflit en Afrique

100

B. LES ACTEURS EXTERNES DU CONFLIT …...……….. 21

1) LES ETATS-UNIS : POUR SES INTERETS

ET LA LIBYE ………………….…..………. 22

2) LIBYE ET NIGERIA : POUR L’HEGEMONIE …. 23

3) LA FRANCE ET LES PAYS FRANCOPHONES

DE LA SOUS-REGION : POUR LES INTERETS,

LA FAMILLE ET LA FRANCOPHONIE …....... 24

SECTION 2 : LA NAISSANCE DE L’ECOMOG ………….…………….. 26

DEUXIEME PARTIE : DE L’ECOMOG AU MECANISME DE

1999 : VERS LA MISE EN PLACE DE L’ESPACE DE

PAIX ET DE SECURITE OUEST -AFRICAIN …...........… 29

CHAPITRE 1 : DES MISSIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ECOMOG ....… 30

SECTION 1 : DES INTERPOSITIONS AUX RESULTATS MITIGES ………. 30

PARAGRAPHE 1 : LES ERREURS DE L’ECOMOG AU LIBERIA …. 30

A. LES LIENS DE L’ECOMOG AVEC CERTAINES

FACTIONS REBELLES ………………………..……. 31

B. LES OPERATIONS AERIENNES ET LEURS DEGATS … 32

PARAGRAPHE 2 : L’INTERVENTION DE L’ECOMOG EN

SIERRA LEONE ET LE PHENOMENE DES SMP

(SOCIETES MILITAIRES PRIVEES)…………. 35

A. LA REINSTALLATION DU PRESIDENT KABBAH

AU POUVOIR ………………………….…...…….. 35

B. LES SMP DANS LE CONFLIT SIERRA LEONAIS ….…. 37

PARAGRAPHE 3 : DES INTERVENTIONS DE L’ECOMOG EN

GUINEE BISSAU ET EN COTE D’IVOIRE .....… 38

A. EN GUINEE BISSAU : L’ECOMOG « TEMOIN

D’UN PUTSCH » ……………...………………...…. 39

Page 101: Gestion des conflit en Afrique

101

B. L’ECOMOG EN COTE D’IVOIRE : UNE MODESTE

PARTICIPATION …………...……………………….… 40

SECTION 2: LES ENSEIGNEMENTS DES INTERVENTIONS

DE L’ECOMOG ……………………………………...….. 41

PARAGRAPHE 1. LES SUCCES DE LA FORCE ……………..…… 42

PARAGRAPHE 2. LES CAUSES DES « ECHECS » DE LA FORCE .... 44

CHAPITRE 2 : DU MECANISME DE GESTION DES CONFLITS DE LA CEDEAO

ET DE LA NECESSITE DU SOUTIEN INTERNATIONAL POUR LE RENFORCEMENT DES

CAPACITES AFRICAINES DE MAINTIEN DE LA PAIX .………………..…..…….. 47

SECTION 1 : PRESENTATION DU MECANISME ………..…………..… 47

PARAGRAPHE 1. SA MISE EN PLACE… …………………….… 47

PARAGRAPHE 2. …ET SA STRUCTURE ………….……………. 49

SECTION 2 : DE LA NECESSITE DU SOUTIEN INTERNATIONAL

POUR LE RENFORCEMENT DES CAPACITES AFRICAINES

DE MAINTIEN DE LA PAIX …………………………..…. 53

CONCLUSION ………………………………………..…………………...…… 60

ANNEXES ……………….……………………………………..….……………. 65

ANNEXE 1 : CARTE ET FICHES D’IDENTITE DES PAYS DE LA CEDEAO ………...… 66

ANNEXE 2 : FICHE D'IDENTITE DE LA CEDEAO …………………………….……. 77

ANNEXE 3 : CARTE DU LIBERIA ………………………………………………….. 80

Page 102: Gestion des conflit en Afrique

102

ANNEXE 4 : CHRONOLOGIE DE LA GUERRE DU LIBERIA ………….………………. 81

ANNEXE 5 : LISTE DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX EN

AFRIQUE DEPUIS 1990 ….……………………………………...……. 86

BIBLIOGRAPHIE ………………………………..…………………….…….... 90