gestion des conflit en afrique
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Document sur la gestion des conflits en Afrique de l'ouest par l'ECOMOG.TRANSCRIPT
SSSOOOMMMMMMAAAIIIRRREEE INTRODUCTION ……………………………………….....……………..... 2
PREMIERE PARTIE : DU PNA A L’ECOMOG : UNE VOLONTE
MANIFESTEDE METTRE EN PLACE UN ESPACE DE PAIX ET DE SECURITE ........…...… 6
DEUXIEME PARTIE : DE L’ECOMOG AU MECANISME DE 1999 : VERS
LA MISE EN PLACE DE L’ESPACE DE PAIX ET DE SECURITE OUEST -AFRICAIN 29
CONCLUSION ………………………………………..…………………… 60
ANNEXES ……………………………………………...……….……………. 65
BIBLIOGRAPHIE ……………………………………………...……….... 90
2
INTRODUCTION
3
La CEDEAO regroupe l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest et se compose
d’une population estimée à plus de 200 millions de personnes. Elle est dominée par
les jeunes, dont la plupart manquent d’éducation et de qualifications techniques. Il y
a une disparité large dans la distribution de la richesse et du revenu au sein de la
population et entre les centres urbains et les secteurs ruraux. Les langues officielles
des Etats membres sont : l’anglais, le français, le portugais et l’arabe. L'économie des
Etats membres repose principalement sur l’agriculture. Les principales exportations
sont : le pétrole, l’or, le diamant, la bauxite, le fer, le café, le bois, le coton et
l’arachide. Les principaux investisseurs économiques de la sous-région sont la
France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et les Arabes d'origine libanaise et syrienne.
La sous-région est un germoir de l'agitation politique, économique et sociale qui a eu
comme conséquence la croissance des mouvements insurgés et révolutionnaires
soutenus en grande partie par la jeunesse économiquement marginalisée et les
membres aliénés des élites. Les gouvernements qui ont émergé de cet environnement
tendent vers l'autocratie et la répression, alors que le système politique favorise
l'exclusion de l'opposition et des vues d'opposition. La structure de sécurité des Etats
est consacrée à la conservation du régime et de l’élimination de ceux qui s'opposent à
lui.
Le problème de sécurité est aggravé par la nature multi-ethnique des Etats. Sans
exception, tous les Etats de l’Afrique de l’Ouest sont composés de multitude
d’ethnies dont la plupart sont des ethnies historiquement rivales. A cela s’ajoute la
mainmise de certaines ethnies sur le pouvoir au détriment des autres.
Dans les années 70, les Chefs-d’Etat ouest africains se sont rendus compte qu’il était
urgent et nécessaire d’instaurer un climat de paix et de sécurité dans la sous-région
pour atteindre les objectifs qu’ils s’étaient fixés au sein de la CEDEAO. C’est ainsi
que sera signé un PACTE DE NON-AGRESSION à Lagos, (Nigéria) en 1978. Ce pacte
sera suivi par le PROTOCOLE D’ASSISTANCE MUTUELLE EN MATIERE DE DEFENSE
signé à Freetown (Sierra Leone) en 1981. Mais, la véritable révolution viendra de la
mise en place de l’Ecomog.
4
L’Ecomog est une force ouest africaine de maintien de la paix créée dans les années
90 par des pays membres de la CEDEAO. La force est composée majoritairement de
Nigérians.
En août 1990, sans perspective d’intervention des Nations Unies dans la terrible
guerre qui déchirait le Libéria, une partie des Etats de l’Afrique de l’ouest décidèrent
de déployer l’Ecomog à Monrovia pour séparer les factions en guerre et arrêter le
carnage. Les Etats ouest africains ont justifié leur interposition par le fait que ce
n'était plus un conflit interne puisque des milliers de leurs propres ressortissants ont
été emprisonnés au Libéria et des dizaines de milliers de réfugiés s'étaient sauvées
dans les pays voisins.
Il y a eu beaucoup de spéculation au sujet des motivations réelles des pays qui
composaient la force. Certains ont accusé le Nigéria de soutenir le gouvernement de
SAMUEL DOE ami et allié du Président nigérian BABANGIDA ; d'autres affirment que
le Nigéria voulait s’imposer comme la « superpuissance » de la sous-région. D'autres
croient que les motivations des Etats étaient dues à la crainte de voir une
déstabilisation de la sous-région. Toujours, d'autres affirment que l'interposition était
due au traitement que les hommes de CHARLES TAYLOR réservaient aux
ressortissants des autres pays de l’Afrique de l’Ouest habitant au Libéria.
Nous avons entrepris de faire des recherches sur le cas Ecomog parce que nous
pensons que la création de la force et son intervention au Libéria est une évolution
importante pour les africains dans leur volonté de se prendre en main en matière de
maintien de la paix. Et pour les ouest-africains un début pour instaurer un espace de
paix et de sécurité dans leur région. Plusieurs Etats africains ont rêvé voir naître un
jour un système ou une capacité collective de défense africaine pour répondre aux
conflits internes plutôt que de compter sur des Forces extérieures comme celles de
l'ONU. L’intervention de l’Ecomog au Libéria a marqué un tournant important dans
la pratique du maintien de la paix par des organismes régionaux ou sous-régionaux
africains. Elle a également soulevé une vieille discussion en Afrique au sujet de la
création d'une capacité continentale de réponse aux conflits et à l’instabilité. Le
5
Président KWAME NKRUMAH du Ghana fut l’un des premiers à avoir soulevé l'idée
d'une force africaine de maintien de la paix à la naissance de l’OUA en 1963. Depuis
lors, plusieurs tentatives ont vu le jour dont la plus importante fut celle de l’OUA. En
1981, l’organisation avait émis le souhait de mettre en place une Force
interafricaine pour surveiller la guerre civile au Tchad. Malheureusement, ce projet
échoua. Cet échec était en partie due à une mauvaise planification, à l’absence d’un
mandat précis de la Force, à l’absence d’une structure de commandement fiable, au
manque de volonté politique de certains dirigeants africains, au manque de
ressources financières etc.
En ce qui concerne nos recherches sur le sujet, notre principal intérêt est de savoir si
la création de l’Ecomog a été une bonne expérience pour la CEDEAO dans sa
volonté de mettre en place un espace de paix et de sécurité en Afrique de
l’Ouest ?
Pour répondre à cette question, nous organiserons notre réflexion autour de deux
principaux axes :
dans une première partie, nous verrons ce que la CEDEAO à fait, de sa
création à la naissance de l’Ecomog, pour mettre en place son espace de paix
et de sécurité.
dans une seconde partie, nous verrons ce que l’expérience de l’Ecomog a
apporté à la CEDEAO dans sa volonté de mettre en place un espace de paix et
de sécurité en Afrique de l’ouest.
6
PREMIERE PARTIE :
DU PNA A L’ECOMOG : UNE VOLONTE MANIFESTE DE
METTRE EN PLACE UN ESPACE DE PAIX ET DE
SECURITE
7
CHAPITRE 1 : LA CEDEAO ET SES PROTOCOLES DE DEFENSE
Qu’est ce que la CEDEAO ? Quels sont ses objectifs ? Comment est-elle structurée ?
Telles sont les questions auxquelles nous essayerons de répondre dans ce chapitre
dont le but est de donner une description de cette organisation sous-régionale
africaine.
En outre, nous traiterons dans ce chapitre les deux protocoles de défense signés au
sein de la CEDEAO et qui constituent la pierre angulaire de la volonté des pays de
l’Afrique de l’Ouest de mettre en place un espace de paix et de sécurité pour un
développement économique effectif et viable.
SECTION 1 : PRESENTATION DE LA CEDEAO
PARAGRAPHE 1 : NAISSANCE ET OBJECTIFS DE LA CEDEAO
La CEDEAO est un regroupement régional de quinze pays créé le 28 mai 1975 à
Lagos au Nigeria. Le projet de la création de la CEDEAO remonte en 1967 lors de la
conférence des Etats de l’Afrique de l’Ouest réunie à Accra. L’année suivante, en
1968, sera signé à Monrovia l’accord portant création d’un groupe régional de
l’Afrique occidentale. Mais c’est en 1972, à l’initiative du Nigeria et du Togo que
l’idée sera relancée et mènera à la signature du traité de Lagos1. Les protocoles
établissant la CEDEAO ont été signés à Lomé (Togo) le 5 novembre 1976. Un traité
revu pour accélérer l’intégration économique et pour augmenter la coopération
politique a été signé en juillet 1993. A l’origine, le traité de Lagos est signé par neuf
Etats francophones, cinq anglophones et un lusophone. Un peu plus tard le Cap-Vert
rejoindra ces quinze pays. La Mauritanie, membre fondateur, s'est retirée de
l’organisation en 1999 ce qui fait qu’elle est composée aujourd’hui de 15 pays2.
1BELAOUANE-GHERARI Sylvie et GHERARI Habib, « Les organisations régionales africaines », La Documentation Française, Paris, 1988, p. 150 2 Les 15 pays membres de la CEDEAO sont: Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Côte d'Ivoire, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra-Leone et Togo.
8
La CEDEAO est le plus vaste sous ensemble régional africain. Il renferme un marché
commun de plus de 220 millions d’habitants et une superficie de 6 millions de km2.
Les objectifs qui lui sont assignés par le traité de Lagos consistent à promouvoir la
coopération et le développement dans tous les domaines de l’activité économique
notamment l'industrie, les transports, les télécommunications, l'énergie, l'agriculture,
les ressources naturelles, le commerce, les questions monétaires et financières, les
questions sociales et culturelles ; « d’abolir à cette fin les restrictions quantitatives et
administratives au commerce, supprimer les obstacles à la libre circulation des
personnes, des services et des capitaux et créer un fond de coopération, de
compensation et de développement »3. Elle a également pour objectif de promouvoir
les relations entre les États membres et contribuer au progrès et au développement du
continent africain. Enfin, depuis que les Etats membres ont compris que prospérité
économique durable et sécurité riment ensemble, ils ont fait de la réalisation d’un
authentique et efficace système sous-régional de paix et de sécurité un objectif
majeur de leur organisation.
Le Traité revu de 1993 « identifie comme objectifs économiques l’aboutissement à un
marché commun et à une monnaie unique ; les objectifs politiques étant la mise en
oeuvre d’un parlement de l’Afrique de l’ouest, un conseil économique et social, et
une Cour de Justice CEDEAO pour remplacer le tribunal existant et appliquer les
décisions de la communauté. Ce Traité donne formellement la responsabilité de
prévenir et de régler les conflits régionaux à la Communauté »4.
3 BELAOUANE-GHERARI Sylvie et GHERARI Habib, « Les organisations régionales africaines », op. cit. p. 150 4 Institut d’Etudes de Sécurité (Afrique du Sud) « Profil de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) » (Voir page Internet http://www.iss.co.za/AF/RegOrg/unity_to_union/pdfs/ecowas/2ECOWASProfileFr.pdf
9
PARAGRAPHE 2 : LES STRUCTURES5 DE L’ORGANISATION
La structure de la CEDEAO est la suivante6 :
La Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement (CCEG),
Le Conseil des Ministres,
La Cour de Justice de la Communauté,
Le Parlement de la CEDEAO,
Le Secrétariat Exécutif, et
Les Commissions techniques.
LA CONFERENCE DES CHEFS D’ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT est l’organe suprême
de la Communauté. Elle est composée des Chefs d’État et/ou de Gouvernement des
États membres. Son rôle est de donner les principes directeurs de l’organisation, de
contrôler le bon fonctionnement de la Communauté et de prendre toutes les mesures
adéquates afin de garantir le développement progressif et la réalisation des objectifs.
LE CONSEIL DES MINISTRES est composé du Ministre responsable des Affaires de la
CEDEAO ainsi que d‘un Ministre désigné par chaque État membre. Son rôle consiste
entre autres à approuver les programmes de travail et les budgets de la Communauté
et de ses institutions ; à émettre des directives pour les affaires concernant la
coordination et l’harmonisation des politiques d’intégrations économiques et à
formuler des recommandations à la CCEG sur les questions visant à la réalisation des
objectifs de la Communauté.
LA COUR DE JUSTICE DE LA COMMUNAUTE, qui est une institution permanente, a été
créée en octobre 1999 à Abuja. Elle se compose d’un Président, d’un Greffier en
chef, et de sept juges. Sa mission est de traiter « les plaintes émanant d’États
5 En outre des structures que nous allons traiter, le Conseil Economique et Social, la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO etc. 6 Institut d’Etudes de Sécurité (Afrique du Sud) « Profil de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) » (Voir page Internet : http://www.iss.co.za/AF/RegOrg/unity_to_union/pdfs/ecowas/2ECOWASProfileFr.pdf)
10
membres et des institutions de la CEDEAO, ainsi que des questions se rapportant
aux états qui [ne s’] acquittent pas [de] leurs dettes »7.
LE PARLEMENT DE LA CEDEAO se compose de 115 députés. Tous les Etats
membres ont le droit d’y être représentés. Le Togo, le Liberia, le Cap-Vert, la Guinée
Conakry, la Guinée-Bissau, le Bénin, la Gambie et la Sierra Leone ont chacun droit à
5 députés. Le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Sénégal ont chacun droit à 6
députés. La Côte d’Ivoire a droit à 7 représentants. Le Ghana a droit à 8 députés.
Enfin, le Nigeria a lui droit à 35 députés. Aucun des 115 représentants parlementaires
n’est élu au suffrage universel (au niveau de la Communauté), ce sont tous des
membres des parlements nationaux de leurs pays respectifs. Le Parlement se réunit à
Abuja et fonctionne uniquement à titre consultatif et de conseiller.
LE SECRETAIRE EXECUTIF DE LA CDEAO, qui est élu pour un mandat de quatre ans
par la CCEG, a pour mission de veiller au bon fonctionnement de la Communauté et
de la mise en oeuvre des décisions prises par la CCEG. Son siège se trouve à Abuja
(Nigeria).
LES COMMISSIONS TECHNIQUES SPECIALISEES, que l’on retrouve au sein de la
CEDEAO sont :
Alimentation et agriculture ;
Industrie, science et technologie et énergie ;
Environnement et ressources naturelles ;
Transport, communications et tourisme ;
Commerce, douanes, impositions, statistiques, monnaie et payements ;
Affaires politiques, juridiques et légales, sécurité régionale et immigration ;
Ressources humaines, information, affaires sociales et culturelles;
Commission pour l’administration et les finances.
7 Institut d’Etudes de Sécurité (Afrique du Sud) « Profil de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) » (Voir page Internet : http://www.iss.co.za/AF/RegOrg/unity_to_union/pdfs/ecowas/2ECOWASProfileFr.pdf)
11
Bien qu’étant une organisation économique, la CEDEAO s'est très tôt préoccupée de
la paix et la sécurité régionale, facteur incontournable au développement socio-
économique des Etats membres.
SECTION 2 : LES PROTOCOLES DE DEFENSE CONCLUS AU SEIN DE LA CEDEAO
La CCEG de la CEDEAO a adopté un protocole de non agression en 1978 puis, en
1981, un protocole d'assistance en matière de défense pour instaurer un climat de
stabilité et de sécurité dans la sous région.
PARAGRAPHE 1 : LE PROTOCOLE DE NON AGRESSION (PNA)
Le PNA a été signé, par les États membres de la CEDEAO, le 22 avril 1978 lors
d’une réunion qui s’est tenue à Lagos. L’initiative est venue du Nigéria et du Togo ;
deux pays sous dictature militaire. D’ailleurs ce n’était pas les seuls, à l’époque, dans
la sous région. En effet au moment de la signature du protocole plus de la moitié des
pays étaient dirigés par des militaires. La liste qui va suivre est celle des
personnalités ayant signé le protocole ; elle donne nettement une idée de ce que nous
venons d’affirmer.
Etaient présents lors de la signature du PNA :
Le Colonel Mathieu KEREKOU (Président du Bénin),
Mr. Félix HOUPHQUET BOIGNY (Président de la Côte d’Ivoire),
Mr. Arstides PEREIRA (Président du Cap-Vert),
Dr. William R. TOLBERT, (Président du Libéria),
Alhaji Sir Daouda K. JAWARA,
Mr. Founeke KEITA (Ministre des finances et du commerce de la
République du Mali, et au nom du Président du Comité militaire de la
libération nationale du Mali),
Major Général George Yaw BOAKYE (Pour et au nom du chef d'Etat et du
Président du Conseil militaire suprême de la République du GHANA),
12
Mr. Ismaël TOURE (Ministre de l'économie et des finances pour et au nom
du chef d'Etat et du Commandant-en-Chef des forces armées révolutionnaires
des peuples de la République de GUINÉE : le Président Ahmed Sékou
TOURE),
Mr. Moktar Ould DADDAH (Président de la République islamique de
Mauritanie,
L’Intendant militaire Moussa TONDI (Ministre des finances du Niger pour
et au nom du Conseil militaire suprême de la République du NIGER),
Mr. Luiz CABRAL (Président de la République de Guinée-Bissau),
Lt. Général Olusegun OBASANJO (Chef du gouvernement militaire fédéral,
du Nigéria et Commandant-en-Chef des forces armées de la République du
Nigéria),
Mr. Léopold Sédar SENGHOR (Président de la République du Sénégal),
DR Siaka STEVENS (Président de la République de Sierra Léone),
Général Gnassingbe EYADEMA (Président de la République du Togo)
Général A. Sangoule LAMIZANA (Président de la République de la Haute-
Volta)
Au travers du PNA, chaque Etat membre excluait toute mesure dans ses relations,
avec les autres Etats membres, de recourir à la menace, à l'utilisation de la force, à
l'agression ou tout autre moyen contraire aux chartes des Nations Unies et de
l’Organisation de l'Unité africaine (Union Africaine maintenant) contre l'intégrité
territoriale et l'indépendance politique des autres Etats membres.
Chaque Etat membre s’engageait également à
s'abstenir d’encourager ou de tolérer toute subversion, hostilité ou agression
contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique des autres Etats
membres ;
empêcher des étrangers résidents sur son territoire de commettre de tels actes;
13
empêcher des étrangers non-résidents d'employer son territoire comme base
pour commettre les actes cités ci-dessus contre la souveraineté et l'intégrité
territoriale des autres membres.
L’article 5, qui porte règlement pacifique des différends, dispose :
1. « Les Etats membres ont recours à des moyens pacifiques pour régler les
différends qui pourraient surgir entre eux.
2. Toute dispute qui ne peut être réglée de manière pacifique entre les États
membres sera soumise à un comité de la Communauté. Dans l’éventualité
d’un échec de résolution par le Comité, la dispute sera soumise à l’Autorité
[par exemple Les Chefs d’État].
3. La composition et le mandat du Comité visé au paragraphe précédent seront
déterminés par l’Autorité. »
La signature du PNA fut une très bonne chose mais malheureusement, les dirigeants
de la sous-région, plus soucieux de la survie de leur pouvoir que celle de leurs
peuples, par manque de confiance à leurs voisins, par leur volonté de s’imposer
comme « leader » de la sous-région et par le jeu des puissances de l’époque (Etats-
Unis et URSS), l’ont vite rangé aux oubliettes. En effet, plus que jamais, l’Afrique de
l’ouest fut plongée dans le chaos des guerres civiles, et des coups d’Etats dont la
plupart étaient soutenus et encouragés par des pays signataires du protocole. Ce qui
allait sans nulle doute à l’encontre de l’esprit du PNA.
Au début des années 80, convaincus une fois de plus que la stabilité et la sécurité de
la sous région est un pilier essentiel à l’intégration économique ou soucieux de
préserver leur pouvoir, les Chefs-d’Etat de la CEDEAO adoptèrent un autre
protocole.
14
PARAGRAPHE 2 : LE PROTOCOLE D’ASSISTANCE MUTUELLE EN MATIERE DE
DEFENSE (PAMD)
Le PAMD a été signé à Freetown, en Sierra Leone, le 29 mai 1981 par treize Etats
membres de la CEDEAO8. Il est entré en vigueur cinq ans plus tard (en 1986). C’est
un traité collectif de défense dans lequel les Etats signataires considèrent que « toute
menace d’agression armée ou toute agression armée dirigée de l’extérieur contre
l’un quelconque des Etats membres constitue une menace ou une agression contre
l’ensemble de la communauté »9 et s’engage à donner une aide et une assistance
mutuelle pour la défense10. Egalement, ils prévoient une réaction collective dans le
cas ou un Etat membre est victime d’un conflit armé intérieur fomenté et soutenu
activement de l’extérieur et qui met en danger la paix et la sécurité d’autres états
membres11. Dans ce cadre sont créées les FORCES ARMEES ALLIEES DE LA
COMMUNAUTE (FAAC).
Le protocole avait mis en place trois institutions devant permettre son application.
Ces institutions sont : l’AUTORITE, le CONSEIL DE DEFENSE et la COMMISSION DE
DEFENSE.
L’AUTORITE doit, à l'occasion de chaque réunion annuelle de la CEDEAO, examiner
les problèmes généraux concernant la paix et la sécurité de la sous-région. C’est à
elle de décider de la convenance d’une action militaire et de confier son exécution au
commandement des FAAC. Selon le protocole, les décisions prises par l'Autorité
sont immédiatement exécutoires.
Le CONSEIL DE DEFENSE se compose des ministres de la défense et des affaires
étrangères des Etats membres. Toutefois, en période de crise, il est présidé par le
Président de l'Autorité et est élargi, selon les circonstances, à n'importe quel autre
ministre des Etats membres. Sa mission consiste à préparer des sessions
8 Seul trois pays, parmi les 16 que compte l’Afrique de l’Ouest, ne l’avaient pas signé à l’époque. Il s’agit du Cap-Vert, de la Guinée Bissau et du Mali. 9 Article 2 du PAMD. 10 Article 3 du PAMD 11 Article 4.b du PAMD
15
extraordinaires de l’Autorité, étude de la situation, de la stratégie et des moyens à
adopter. Il peut recevoir délégation de décision de l’Autorité si les circonstances
l’exigent une intervention rapide12. Selon l'article 9 du protocole, en cas
d'interposition armée, le Conseil de défense, aidé par la Commission de la défense,
dirigera avec l'autorité de l'Etat ou des Etats concernés, toutes les mesures devant être
prises par le commandement des FAAC et s'assurera que tous les moyens nécessaires
pour l'interposition lui sont rendus disponibles.
La COMMISSION DE DEFENSE se compose des Chefs d’Etat-major des forces armées
de tous les Etats membres. Elle est chargée d’examiner les problèmes techniques de
défense.
Le PAMD, à l’instar du PNA, n’a pas connu de succès. Mais, vers la fin des années
80 début 90, au cours de la terrible guerre civile du Libéria, son évocation a conduit à
la création de L’ECOMOG13.
Toutefois, avant de se pencher sur le cas de l’Ecomog, nous aimerions rappeler qu’en
dehors de ces deux protocoles de défense signés au sein de la CEDEAO dans un
souci de sécuriser l’espace ouest-africain, d’autres accords et moratoires ont été
conclus. Il s’agit en particulier des CONVENTIONS POUR L’ASSISTANCE MUTUELLE
POUR LES AFFAIRES CRIMINELLES ET L’EXTRADITION signées à Dakar le 29 juillet
1992 et à Abuja le 6 août 1994 ; de la DECLARATION SUR LE MORATOIRE SUR
L’IMPORTATION, L’EXPORTATION ET LA FABRICATION D’ARMES LEGERES, adoptée
les 30-31 octobre 1998, et du PROGRAMME POUR LA COORDINATION DE
L’ASSISTANCE POUR LA SECURITE ET LE DEVELOPPEMENT (PCASED), signé à
Bamako le 24 mars 199914. Il faut également y inclure La DECLARATION DES
PRINCIPES POLITIQUES DE LA CEDEAO signée en juillet 1991. Elle « définit
l’engagement des [Etats] membres pour la promotion et la protection des droits de
12 Barry Mamadou Aliou, « La prévention des conflits en Afrique de l’Ouest », Karthala, Paris, 1997, p. 198 13 ECOWAS CEASEFIRE MONITORING GROUP (Groupe de la CEDEAO chargé du contrôle et de la mise en oeuvre du cessez-le-feu) 14 Ce Moratoire a été prolongé de trois ans le 9 juillet 2001 à Abuja
16
l’Homme, la démocratie, et la séparation constitutionnelle de la justice et du
pouvoir »15.
L’ANAD16 mérite aussi d’être évoqué non seulement du fait de ses similitudes avec
le PNA et le PAMD mais aussi du fait que c’est le premier accord de défense
collective conclu par des Etats de la sous région. L’ANAD, signé le 9 juin 1977 à
Abidjan (Côte d’ivoire), est un accord assez particulier. Sa particularité, par rapport
aux accords de défense de la CEDEAO, réside dans le fait qu’il a été conclu au sein
de la CEAO17 qui est une organisation regroupant uniquement les pays francophones
de la sous-région. A sa signature, sept des neuf pays francophones de l’Afrique de
l’ouest l’ont signé18.
Si l’on n’y regarde de près, nous pouvons dire que l’ANAD a été l’inspirateur du
PNA et du PAMD. Les principes de l’accord se déclinent ainsi19 :
Engagement à ne pas utiliser la force pour régler les différends.
Aide mutuelle contre toute agression extérieure.
15 Institut d’Etudes de Sécurité (Afrique du Sud) « Profil de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) » (Voir page Internet http://www.iss.co.za/AF/RegOrg/unity_to_union/pdfs/ecowas/2ECOWASProfileFr.pdf ) 16 Accord de Non-agression et d’Assistance en matière de Défense. 17 COMMUNAUTE DES ETATS DE L’AFRIQUE DE L’OUEST 18 L’ont signé : le Burkina Faso, la Côte d’ivoire, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Togo. Le Bénin et la Guinée étaient observateurs. 19 BARRY Mamadou Aliou, « La prévention des conflits en Afrique de l’Ouest », op. cit. p. 191-192.
17
CHAPITRE 2 : LA MISE EN PLACE DE L’ECOMOG
La guerre civile du Libéria est le facteur déclencheur de la mise en place de
l’Ecomog qui est une force d’interposition ou d’observation ouest africaine. Cette
force a vu le jour grâce à la « manipulation » des protocoles de défense de la
CEDEAO par un certain nombre de pays de la sous région.
Pour comprendre l’histoire de l’Ecomog, il est incontournable de revenir à la terrible
guerre civile du Libéria qui a débuté vers la fin des années 80 et qui a vu
l’implication d’un très grand nombre d’acteurs extérieurs en outre de la multitude de
factions rebelles du conflit.
SECTION 1 : LA GUERRE CIVILE DU LIBERIA
Le Libéria a été fondé en 1820 par une société philanthropes américaines qui voulait
donner un territoire aux esclaves affranchis de l’Amérique. Il deviendra en 1847 le
premier Etat indépendant d’Afrique. Comme nous l’avons souligné, ce pays a été
frappé par une guerre civile déclarée pour mettre fin à l’injustice et aux atrocités que
le régime en place faisait subir à la population (notamment à un certain nombre
d’ethnies non associées aux reines du pouvoir). Cette guerre, comme la plupart, s’est
distinguée par son atrocité, sa durée mais aussi par l’implication de beaucoup
d’acteurs externes notamment l’Ecomog.
PARAGRAPHE 1 : LES FACTEURS INTERNES DU CONFLIT
La guerre civile libérienne a commencé la veille de Noël de l’année 1989 quand le
NATIONAL PATRIOTIC FRONT OF LIBERIA (NPFL) a envahi le pays à partir de la
Côte d'Ivoire voisin. L’objectif des rebelles était de mener une action qui
déstabiliserait le régime et, par la suite, leur permettre de renverser le pouvoir en
place grâce à un soutien important de la population. Mais, le but avancé par Charles
TAYLOR, le Chef du NPFL, était tout autre. Selon lui l’objectif était de mettre un
terme au régime brutal du Chef de l’Etat libérien Samuel DOE.
18
Samuel DOE a pris le pouvoir au Libéria après avoir renversé le président TOLBERT.
Son putsch a eu lieu la nuit du 11 au 12 avril 1980. Dés le départ, le président DOE a
montré par ses actes que son régime est et allait être cruel. En effet comme le
souligne M. ADJOVI « les putschistes dans cette nuit du 11 au 12 assassinent le
président [TOLBERT] et quelques autres personnalités éminentes du gouvernement et
de l'Assemblée. (…) D'autres (…) dignitaires (…), seront arrêtés, jugés
sommairement et exécutés sur la plage en présence d'une foule immense et de la
télévision française, le 22 avril 1980 »20.
A la suite de son coup d’Etat, pour diriger le pays, le Sergent-chef Samuel DOE
s’était entouré des membres de son ethnie les Krahn et des Mandingue (ethnie assez
proche de la sienne). Au Libéria, une grande majorité de la population ne considèrent
pas les Mandingue comme des Libériens de pure souche. Et à leur grand étonnement,
cette ethnie se retrouvait associée à la gestion des affaires de leur pays : chose qui ne
leur plaisait.
Au milieu des années 80, plus précisément en 1985, une tentative de coup d’Etat
menée par un officier originaire de la province de Nimba au nord du Libéria est
suivie d’une répression sanglante contre les membres de son ethnie (les Gio et les
Mano). Cette répression fera entre 400 et 2000 morts.21
En résumé, « l’ethnicisation des cercles politique, économique et militaire au profit
des Krahn et accessoirement des Mandingue, ainsi que la politique de répression à
l’encontre des Gio et des Mano »22, laissaient entendre que le Libéria allait sombrer
dans une instabilité grave. C’est d’ailleurs dans le Nimba, où les Gio et les Mano
étaient martyrisés, que le NPFL de Charles TAYLOR (ancien ministre de Samuel
DOE), lance son offensive dans l’espoir de rallier les populations à sa cause. Objectif
qu’il atteindra sans trop de difficultés.
20 Mémoire sur le Libéria de Roland Jean-Baptiste ADJOVI, Université Paris XIII Villetaneuse (UFR Sciences Juridiques, Politiques et Economiques), pour l’obtention d’une Maîtrise de Droit Public (option International et Communautaire) 21 Source l’article de Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », Relations internationales et stratégiques, n 23, automne 1996, p. 83. 22 ibidem
19
Au début de l’insurrection, les combats opposaient uniquement le NPFL et les forces
gouvernementales (AFL). Mais au fur et à mesure que les combats perduraient les
acteurs se multipliaient.
PARAGRAPHE 2 : LES ACTEURS DU CONFLIT
Les acteurs du conflit en question ici sont non seulement les factions armées
libériennes mais aussi les Etats qui se sont impliqués directement ou indirectement
dans le conflit.
A. LES ACTEURS INTERNES
Dans cette guerre civile du Libéria, très vite la rébellion s’est démultipliée, on a
d'abord assisté à un fractionnement du NPFL, qui a ouvert les hostilités, et ensuite à
la naissance de nouveaux mouvements. Chacun des mouvements voulait sa part du
gâteau où prétendait défendre les membres de son ethnie contre les autres factions.
Ce qui est sûr c’est que ces factions ont très sérieusement compliqué la résolution du
conflit. Plusieurs accords de paix ont été signés mais à chaque fois violés par une
(des) faction (s).
Parmi les acteurs internes les plus influents du conflit, nous pouvons noter le NPFL
et l’UNITED LIBERATION MOVEMENT FOR DEMOCRACY IN LIBERIA (ULIMO).
Le NPFL, dirigé par Charles Taylor, est majoritairement originaire du Nimba. Quand
le NPFL a envahi le Libéria au mois de décembre 1989, il ne comptait que quelques
centaines de combattants dans ses rangs. Le mouvement s’est étendu lorsqu’il a
commencé à distribuer des armes aux populations Gio et Mano pour se défendre
contre les soldats du gouvernement qui les massacraient. Le mouvement ira jusqu’à
devenir plus important que l’armée gouvernementale. Mais minée par des divisions
internes, « cette assise ethno-géographique qui semble uniforme », va imploser pour
en résulter « un labyrinthe de factions dans lequel on se perd facilement »23.
23 Mémoire sur le Libéria, op. cit. p. 13
20
Parmi les factions les plus importantes du NPFL, nous pouvons citer l’INDEPENDENT
NATIONAL AND PATRIOTIC FRONT OF LIBERIA (INPFL) de « Prince » JOHNSON.
L’INPFL est née en juillet 1990 à la suite d'une discorde entre C. TAYLOR et Prince
JOHNSON qui était alors chargé de la formation militaire des combattants du NPFL.
C’est cette faction qui avait capturé et torturé à mort le président Samuel DOE tout en
le film. D’ailleurs, à l’époque la cassette était disponible dans la sous-région
moyennant une somme inférieure à 5 000F (CFA) ou l’équivalence de 7,5 euros.
Comme le constate M. ADJOVI « ce mouvement perd de son importance avec l'exil
volontaire de son leader que le Nigéria a accueilli »24.
Le deuxième mouvement, l’ULIMO, a été crée le 21 mai 1991 à Conakry par
d’anciens membres des AFL et du gouvernement de Samuel DOE en exil. Les figures
du mouvement sont : Alhaji KROMAH (Mandingue et leader du Movement for the
REDEMPTION OF LIBERIAN MUSLIMS), le général Albert KARPEH (Krahn, leader du
LIBERIAN UNITED DEFENCE FORCE et ancien ambassadeur en Sierra-Leone) ;
Roosevelt JOHNSON…
Le mouvement recrute essentiellement parmi les Krahn et les Mandingue et
« s’infiltre progressivement à partir de la Sierra Léone et de la Guinée. A l’automne
1992, elle maîtrise une grande partie de l’Ouest du pays ».25 Ce qui lui a permis, au
cours des nombreuses négociations de paix, d’occuper une place d'interlocuteurs
égale à celle du NPFL.
Là aussi, comme au sein du NPFL, les divergences de points de vue et les luttes de
pouvoir conduisirent à l’implosion du mouvement. Les accords de Cotonou26 en
24 Pour information Prince Johnson est mort vers la fin des années 90 à l’étranger dans des circonstances douteuses. 25 Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 83 26 Ceux-ci posent les bases d’un processus de paix classique : cessez le feu, installation de nouvelles autorités de transition, désarmement, démobilisation, rapatriement-réinstallation des personnes réfugiées et déplacées, élection. Egalement paraphés par un représentant de l’ONU et de l’OUA, les accords prévoient en outre la mise en place d’une mission d’observation non armés des Nations-unies (UNOMIL) pour surveiller l’application du processus, ainsi que la création d’une « expanded
21
juillet 1993 prévoyaient la création d’un gouvernement de transition, LIBERIA
NATIONAL TRANSITIONAL GOVERNMENT (LNTG) et d'un Conseil d'Etat. Selon M.
ADJOVI, c’est au sein de ce Conseil d’Etat qu’est née la dissension. Il raconte que
pendant la réunion du Conseil, le 28 février 1994, pour l'élection du président, l'un
des représentants de l'ULIMO (un Krahn) avait voté contre l'autre représentant (un
Mandingue) qui aspirait à la présidence27. Et c’est à partir de là que les choses se
sont envenimées entre les deux groupes qui composent le mouvement. C’est en mars
1994 que l’ULIMO se divise définitivement entre sa branche Krahn dirigée par
Roosevelt JOHNSON (ULIMO-J) et sa branche Mandingue commandée par Alhaji
KROMAH (ULIMO-K).
En dehors du NPFL, du INPFL, des AFL, de l’ULIMO-J et de l’ULIMO-K, nous
pouvons citer d’autres groupes et pas des moindres. Il s’agit notamment du
LIBERIAN PEACE COUNCIL (LPC) de George BOLEY crée en octobre 1993 et qui
recrute essentiellement parmi un sous-groupe Krahn (les Sarpoh)28 ; de la LOFA
DEFENSE FORCE (LDF) créée en novembre 1993 par François MASSAQUOI et qui est
composées de ressortissants du Lofa…29
Chacun de ces groupes rebelles avait une assise extérieure qui lui permettait non
seulement de survivre dans cette guerre mais aussi de bénéficier du partage du
pouvoir libérien qui se faisait à chacun des multiples accords de paix.
B. LES ACTEURS EXTERNES DU CONFLIT
Les acteurs externes de la guerre civile du Libéria ne sont pas seulement ceux qui
directement ou indirectement soutenaient les factions rebelles. C’est aussi ceux qui
se sont impliqués dans les divers processus de négociation pour que la paix
revienne ; ceux qui par l’humanitaire se sont impliqués etc. Pour ne pas rentrer dans
Ecomog » composée de bataillon extérieurs à la sous-région (Tanzanie, Ouganda) afin de redresser la neutralité des forces d’interposition. Ces derniers ne resteront que quelques mois. 27 Mémoire sur le Libéria, op. cit. (http://roland.adjovi.free.fr/liberia.htm) 28 Il était largement soutenu par les bataillons de l’Ecomog qui semble avoir participé à sa création. 29 Elle jouera à l’origine de force supplétive du NPFL permettant d’ouvrir un second front derrière les lignes de l’ULIMO.
22
des détailles qui nous égareraient de notre sujet nous ne traiterons que des acteurs
internationaux. Nous entendons par là certaines puissances occidentales (les Etats-
Unis et la France), la Libye et les pays de la sous-région en particulier le Nigéria30.
1) LES ETATS-UNIS : POUR SES INTERETS ET LA LIBYE
D’après Fabrice WEISSMAN, les Etats-Unis ne sont pas totalement étrangers à la crise
libérienne. Il affirme qu’« ils ont fermement soutenu Samuel Doe jusqu’en 1985,
malgré la dérive autoritaire de son régime »31. Certains observateurs affirment que
Washington serait même impliqué dans le coup d’Etat de 198032. La raison de ce
soutien serait le rapprochement, quelques temps auparavant, du président TOLBERT
avec l’URSS, le Cuba et la Libye. Il se trouve que cette dernière s’était même
implantée dans le pays au travers de la LIBYA-LIBERIAN BANK, engagée dans la
construction de logements à Monrovia.
Dés 1980, d’après WEISSMAN, le président DOE « avait reçu une aide américaine de
90 millions de dollars, plus que l’ensemble des sommes allouées à Tolbert durant
tout son règne. De 1981 à 1985, Washington versera 400 millions de dollars au
régime de Monrovia – soit un tiers du budget chaque année -, faisant du Libéria le
premier pays bénéficiaire de l’aide américaine par tête d’habitant »33. En outre, « en
1985, la Maison blanche reconnaît la validité de l’élection frauduleuse de Samuel
Doe. Cependant, le Congrès interdit le renouvellement de l’aide à son régime »34. Ce
qui n’empêchera pas Washington de maintenir une assistance alimentaire et la
présence de conseillers militaires, « que l’on retrouvera aux côtés des AFL lors des
premières contre offensives en direction du NPFL »35.
30 L’Ecomog qui fut l’un des principaux acteurs du conflit sera traitée dans la section suivante. Quant à l’ONU, qui également à jouer un rôle important notamment en ce qui concerne le chapeautage des négociations et l’humanitaire, nous ne le traiterons pas. L’objectif de cette sous-partie est de montrer les liens (directes ou indirectes) entre les forces engagées dans le conflit et certains Etats. 31 Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 92. 32 Voir note de bas de page n° 24 de l’article de F. WEISSMAN. 33 Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 92. 34 ibidem 35 ibidem
23
Le soutien américain au régime de Samuel DOE, en outre des motivations
idéologiques36, s’expliquait en partie par la présence de quelques intérêts au Libéria.
D’après M. Weissman, FIRESTONE possédait au Libéria la plus grande plantation
d’hévéas du monde ; le pays abritait une station de navigation « OMEGA » pour les
sous-marins et un réémetteur de VOICE OF AMERICA et enfin la base régionale de la
CIA en Afrique de l’Ouest s’y trouvait.37
La présence de ces intérêts au Libéria justifiait-elle réellement le soutien de
Washington au cruel dictateur Samuel DOE ? Etant donné que la concession d’hévéas
FIRESTONE avait déjà été cédée à la firme japonaise BRIDGESTONE en 1990, la station
« OMEGA » transférée au Mozambique de même que le réémetteur de VOICE OF
AMERICA ; nous pensons que c’est surtout l’implication de la Libye au côté de
TAYLOR qui à pousser les Américains à soutenir DOE.
2) LA LIBYE ET LE NIGERIA : POUR L’HEGEMONIE
L’implication du Nigeria dans le conflit du Libéria a des raisons diverses. Les raisons
les plus apparentes sont les liens qui existaient entre les autorités militaires du pays,
notamment le président BABANGIDA, et le régime de Samuel DOE (le régime militaire
de Lagos était très lié à celui de Samuel DOE) ; le désir du Nigeria d’exercer un rôle
de puissance régionale ; et sa volonté de protéger ses intérêts économiques au
Libéria38. L’implication de la Libye est également avancée comme une raison de
celle du Nigéria. D’aucun pense que Lagos considérait d’un mauvais œil l’accession
à la tête du Libéria d’un mouvement patronné par la Libye. « Le régime de Kadhafi –
auquel le Nigeria s’était notamment heurté au Tchad – était d’autant plus craint que
36 Samuel DOE n’était certes pas un fervent de la démocratie mais il était loin d’être un communiste. 37 Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 92. 38 Pour ce qui est des intérêts économiques, il se trouverait que le président Babanguida avait investi aux côtés de Samuel Doe dans le projet d’exploitation du gisement de fer Mifergui. Une chute éventuelle du président Doe aurait remis cette entreprise en cause, capital pour l’industrie sidérurgique nigériane et pour les intérêts personnels du Chef de l’Etat. Selon Eric Fottorino, dans le Monde du 25 avril 1991, Lagos aurait également cherché à contrôler l’attribution des pavillons de complaisance ainsi que le port France de Monrovia qui lui aurait permis de faciliter les opérations de blanchiment de l’argent de la drogue.
24
celui-ci pouvait menacer l’unité du pays en jouant la carte de la mobilisation
islamique »39.
L’implication de la Libye est liée aux ambitions personnelles du président KADHAFI
qui s’est depuis longtemps voulu le promoteur des révolutions. KADHAFI voulait
également installer des hommes à lui ou des hommes avec lesquelles il entretient de
très bonnes relations pour assoupir ses envies hégémoniques et constituer un
contrepoids à la puissance américaine. Depuis les années 60, la Libye s’est retrouvée
liée à plusieurs des conflits africains. Mais depuis qu’elle s’est constituée comme le
chantre de l’unité africaine, elle se retire petit à petit.
3) LA FRANCE ET LES PAYS FRANCOPHONES DE LA SOUS-REGION :
POUR LES INTERETS, LA FAMILLE ET LA FRANCOPHONIE
La France s’est discrètement impliquée aux côtés de Charles TAYLOR à travers le
Burkina Faso et la Côte d’ivoire. D’ailleurs, se furent pratiquement les seuls pays
francophones de la sous-région à s’impliquer directement (par leur soutien au NPFL)
dans le conflit. Toutefois, la Guinée, qui est un pays francophone, avait soutenu
l’ULIMO notamment sa branche Mandingue.
Selon M. WEISSMAN, en 1991, 68% des grumes sortant clandestinement du
TAYLORLAND étaient expédiés vers la France. Ce qui constituait une rentrée d’argent
assez importante pour le NPFL de TAYLOR. Il avance également que des intérêts
français étaient présent dans l’exploitation du minerais de fer du mont Nimba et que
USINOR, engagé dans le projet Mifergui, a continué à acheter du fer dans le
TAYLORLAND après le déclenchement des hostilités. Toutefois, M. WEISSMAN a tenu à
préciser qu’il est difficile de dire quel est le degré exact d’implications des autorités
gouvernementales françaises et si ces acteurs obéissaient à une logique politique ou
économique40. Ce qui est plus ou moins sûr, c’est que la France a instrumentalisé la
Côte d’ivoire et le Burkina Faso pour soutenir C. TAYLOR. Ces deux pays ont non
39 Voir note de bas de page n° 31 de l’article de F. WEISSMAN. 40 Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 93.
25
seulement interféré dans le conflit libériens pour défendre leurs intérêts quelconques
mais aussi pour régler des problèmes personnels (entre S. Doe et H. Boigny) comme
le souligne M. ADJOVI41.
En effet, selon M. ADJOVI, « le fils du président défunt Tolbert, Adolphus Benedict, a
épousé une parente du président ivoirien qui de plus considère le président libérien
comme un ami personnel. Ainsi, le putsch d’avril 1980 en étant à l’origine de la mort
des Tolbert, touchait directement Houphouët-Boigny pour qui c’était une affaire
personnelle. Le président Blaise Compaoré du Burkina-Faso est aussi gendre de
Houphouët qui aurait usé de l’existence de cette alliance pour convaincre
Compaoré »42. Pour ce qui est du Burkina-Faso, M. ADJOVI précise que COMPAORE
n’avait pas besoin d’un quelconque argument d’HOUPHOUËT pour s’engager puisque
le Burkina et C. TAYLOR étaient unis par l’idée de révolutionnaire.
Au delà des problèmes personnels, ce qui motivait le plus la Côte d’Ivoire était sa
volonté de s’opposer à l’hégémonie des pays anglophones dans la sous région en
particulier le Nigéria. La Côte d’Ivoire était le principal rival du Nigéria dans sa
quête d’hégémonie régionale. Quand le Nigéria s’est impliqué dans le conflit
libérien, le vieux HOUPHOUËT a renforcé son appui à TAYLOR. L’objectif étant
d’anéantir les ambitions hégémoniques du Nigéria.
Comme nous l’avons tantôt souligné, la Côte d’ivoire ne voulait pas une main mise
des pays anglophones sur les affaires de la sous-région, ainsi, elle s’est constituée (et
se considérait comme tel depuis longtemps) comme le porte drapeau des pays
francophones pour faire face au « géant » nigérian. Pour résumer, nous reprendrons
les termes de M. ADJOVI en disant qu’au-delà d’une logique relationnelle, c’est donc
une logique de compétition politique qui pousse HOUPHOUËT à soutenir C. TAYLOR
contre S. DOE.
41 Mémoire sur le Libéria, op. cit. p. 20 42 Ibidem.
26
Pour terminer, nous signalons qu’au delà de ces quelques pays, c’est l’Ecomog, dont
la constitution était liée à ce conflit, qui a joué le plus grand rôle dans l’affaire
libérienne.
SECTION 2 : LA NAISSANCE DE L’ECOMOG
Au plus fort moment de la guerre du Libéria, un certain nombre de chefs d’Etat de la
Communauté de l’Afrique de l’ouest a affirmé son inquiétude face aux ravages et
aux conséquences éventuelles du conflit dans la sous région. Ainsi en réveillant le
PNA, le président nigérian Ibrahima BABANGIDA a réussi à obtenir de la Conférence
des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, la mise en place d’un COMITE
PERMANENT DE MEDIATION (EMSC : ECOWAS MEDIATION STANDING
COMMITTEE) pour trouver une solution finale au conflit libérien.
Ce Comité devait en théorie se composer de cinq membres : l’Etat qui occupe la
présidence de la CEDEAO et quatre autres qui ont un mandat de trois ans. Pour sa
première année d’exercice, les cinq Etats la composant, étaient le Ghana, le Mali, le
Nigéria et le Togo et la Gambie qui assurait la présidence de la CEDEAO. Ce sont
ces pays qui, au cours d’une réunion du Comité, qui s’est tenue du 6 au 7 août 1990 à
Banjul, ont pris l’initiative de créer la force d’interposition Ecomog.
La mission de l’Ecomog consistait à contrôler le respect d’un cessez-le-feu que les
belligérants avaient signé. Mais selon M. ADJOVI, ce cessez-le-feu était imaginaire
car en août 1990, aucun accord du genre n’était intervenu entre les parties. Il affirme
que le mandat serait plutôt une interposition au sens propre du terme : se mettre entre
les belligérants et servir de zone-tampon, ce qui est censé éviter les affrontements43.
L'Ecomog a débarqué à Monrovia le 24 août 1990, huit mois après le déclenchement
de la guerre civile. Elle était composée de troupes du Nigéria, du Ghana, de la
Guinée, de la Sierra Leone et de la Gambie. A l’exception de la Guinée, les quatre
autres pays étaient des pays anglophones. Mais, ultérieurement, le Sénégal, un autre
43 Mémoire sur le Libéria, op. cit. p. 27
27
pays francophone, grâce à la persuasion du Nigéria, enverra ses troupes à Monrovia.
Cependant, à l’approche des élections présidentielles de 1992 au Sénégal, les
autorités sénégalaises retirèrent leurs troupes. Composée à l'origine de quelques
centaines d'hommes, l'Ecomog a compté, au plus fort de sa présence en 1994 au
Liberia, jusqu'à 20.000 soldats et officiers dont la quasi-totalité étaient des Nigérians.
Les raisons avancées pour justifier la mise en place de l’Ecomog sont diverses et on
ne peut pas vraiment les condamner. Cependant, les intensions des autorités
nigérianes qui tenaient tant à la création de celle-ci pouvaient être condamnables.
D’après certains observateurs, l'énorme flux des réfugiés dans les pays voisins, a
contraint les pays de l’Afrique de l’Ouest à agir. Ce flux désorganise quelque peu les
Etats qui les supportent. « Ainsi dans un village guinéen la population passe de 931
habitants à 4383 ! Cette augmentation soudaine change les donnes antérieures, et
c’est un nouvel équilibre socio-économique qui doit être trouvé. Au Ghana, c’est un
phénomène de ghettoïsation que souligne le West Africa et qui pose de sérieux
problèmes de salubrité et de sécurité. Mais, plus graves, sont les conséquences sur le
taux de criminalité qui augmente avec l’afflux de populations démunies et sans
logis… »44.
D'autres affirment que l'interposition était due au traitement que le NPFL réservait
aux ressortissants ouest africains résidant au Libéria : des milliers de Nigérians,
Guinéens et Ghanéens étaient tenus en otage à Monrovia, et des centaines d’entre
eux exécutés.
Une autre théorie avance que le conflit, au vu de ses relents ethniques, pouvait avoir
un effet domino sur les Etats de la sous région.
En dehors de ces menaces politique, sociale et économique, il se trouve que Samuel
DOE, quand il s’est rendu compte qu’il ne pouvait plus assurer la pérennité de son
pouvoir face à la puissance de la rébellion, a fait appel à la Communauté. Les Etats
44 Mémoire sur le Libéria, op. cit. p. 24
28
anglophones, menés par le Nigeria ont accepté de donner leur aide, alors que les
Etats francophones, dont la tête de fil était la Côte d’ivoire de Houphouët BOIGNY,
étaient opposés à une intervention militaire.
Comme nous l’avons montré tout au long de notre développement, la CEDEAO qui
est une organisation sous-régionale économique, c’est très tôt intéressé aux questions
de sécurité. Ce qui l’amènera à mettre en place en 1978 le PNA, en 1981 le PAMD et
enfin l’Ecomog pour trouver une « solution africaine aux conflits africains ». Elle ira
plus loin en mettant en place vers la fin des années 90 un mécanisme de règlement
des conflits. Ce qui nous fait croire qu’elle est entrain de construire progressivement
un espace de paix et de sécurité.
29
DEUXIEME PARTIE :
DE L’ECOMOG AU MECANISME DE 1999 : VERS LA
MISE EN PLACE DE L’ESPACE DE PAIX ET DE
SECURITE OUEST -AFRICAIN
30
CHAPITRE 1 : DES MISSIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ECOMOG
L’Ecomog a été très critiquée en raison de ses agissements au cours de ses
interventions. Ces critiques font penser que la force d’interposition ouest africaine
n’a servi à rien et qu’elle n’avait pas raison d’exister. Quoi qu’il en soit, nous
pensons qu’il y a beaucoup d’enseignements à tirer de l’existence et des activités de
cette force.
SECTION 1 : DES INTERPOSITIONS AUX RESULTATS MITIGES
L’Ecomog qui a moins de 15 ans d’existence, est intervenue dans pas moins de
quatre pays de la sous-région avec des succès mitigés mais qui n’ont pas infléchis la
détermination des pays de la CEDEAO de créer un espace de paix et de sécurité.
Cette force d’interposition est intervenue d’abord au Libéria, ensuite en Sierra Léone
enfin en Guinée Bissau et en Côte d’ivoire.
PARAGRAPHE 1 : LES ERREURS DE L’ECOMOG AU LIBERIA
Dés son déploiement à Monrovia en août 1990, CHARLES TAYLOR a vu en l’Ecomog
un obstacle à son accession au pouvoir. Jusqu’au 14 octobre 1992, la force
d’interposition n’a pas été vraiment mise en difficulté pour remplir sa mission. Mais
à partir du 15, la situation explose. Taylor a lancé une opération (Opération
Octopus) pour déloger l’Ecomog de Monrovia.
Les combats qui se sont déroulés au cour de cette opération vont montrer les limites
de la force d’interposition. En effet, comme le résume si bien M. WEISSMAN45,
« d’une part, l’Ecomog [va] aliment[er] l’économie de guerre des factions,
encourag[er] les pillages et facilit[er] la perpétuation de l’affrontement armé ; de
l’autre, elle [va] parfois entr[er] en conflit avec les mouvements sur des enjeux
commerciaux ».
45 Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 96
31
A. LES LIENS DE L’ECOMOG AVEC CERTAINES FACTIONS REBELLES
Au cours de l’« Opération Octopus », l’Ecomog avait accepté l’aide de certains
mouvements rebelles (ULIMO, AFL, etc.). La force « est également impliquée dans
la création du LPC, [qu’elle a] régulièrement alimenté en armes et en munitions »46.
Les liens entre l’Ecomog et ces groupes semblaient être établi sur l’adage selon
lequel « l'ennemi de mon ennemi est mon ami ».
Il y a eu beaucoup d'allégations selon lesquelles l’Ecomog aurait réellement armé
l’ULIMO et l’AFL. Il est difficile de prouver de telles allégations. Néanmoins des
sources du Département d'Etat américain affirment que l’Ecomog a fourni, ou au
moins, a facilité l’acquisition, d’armes à l’AFL et à l’ULIMO ; des sources du
Pentagone confirment que l'Ecomog a bel et bien fourni quelques armes à l'AFL47.
Quelques observateurs justifient l’alliance entre ces factions rebelles et l’Ecomog par
l’insuffisance de ses troupes. On a aussi avancé l’argument selon lequel l’Ecomog
avait besoin de guide pour mieux couvrir le terrain, identifier et repousser les rebelles
du NPFL.
Ces factions rebelles avaient recours systématiquement au pillage. Certains éléments
de la force d’interposition ont pris une part active aux pillages mis en place par les
factions et ont exploité pour leur propre compte les ressources naturelles du pays48.
Selon des témoins des combats, les résidents de Monrovia ont vu leurs biens
embarqués dans des bateaux par des soldats de l’Ecomog en direction du Nigéria.
Ces factions sont également accusées d’avoir commis des meurtres au sein des
communautés présentes dans le NPFL. Selon le Département d’Etat américain, des
éléments de l'AFL (parfois en coopération avec ULIMO) formaient des « Pelotons de
reconnaissance » qui n’hésitaient pas à exécuter sommairement des membres de la
communauté du Nimba suspectés d’être affiliés au NPFL ou à l’INPFL.
46 ibidem 47 Source rapport de 1993 de HUMAN RIGHTS WATCH sur le Libéria. Ce rapport est accessible à la page Internet : http://www.hrw.org/reports/1993/liberia/ 48Fabrice WEISSMAN, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 96
32
Ajouté à cela, l’Ecomog, à un moment des combats, avait entrepris des opérations
aériennes aveugles et très dommageables pour la population civile.
B. LES OPERATIONS AERIENNES ET LEURS DEGATS
Vers la fin du mois d’Octobre (1992), l’Ecomog a conduit une série de
bombardements et de mitraillages du territoire occupé par le NPFL par des avions
nigérians. Ces actions ont atteint des zones comme le port de Buchanan et des
secteurs autour de Gbarnga, de Kakata, de Harbel et de Greenville. Au cours des
raides aériennes, des entrepôts de nourriture, des convois d’assistance et des hôpitaux
civils (en zone NPFL) ont été bombardés. En outre, selon le NPFL, des centaines de
civils ont été tués et blessés.
Pour se blanchir ou se justifier, l’Ecomog a publié de nombreux rapports et
communiqués. Certains d’entre eux affirmaient que le NPFL utilisait la population
civile ou des établissements civils comme bouclier. Des sources neutres ont elles
aussi avancé la même allégation.
Des organisations d’aide humanitaire, qui opéraient sur le territoire de Taylor, ont
affirmé que l’Ecomog conduisait ses attaques aériennes aveuglément. Les
représentants d'une organisation humanitaire ont confirmé que des secteurs non
stratégiques ont été attaqués, citant l'attaque sur Kakata en décembre 1992, quand les
avions de l’Ecomog ont volontairement attaqué la principale rue commerciale en
plein jour49.
D’après des officiers de l’Ecomog, les attaques contre les civils sont involontaires (ce
sont des dommages collatéraux). Elles visaient les caches d’armes du NPFL et ses
combattants. Selon un haut officier nigérian, parfois c’est le NPFL qui mettait des
explosifs dans certains endroits pour discréditer l’Ecomog comme se fut le cas à
l'hôpital de Phebe (10 mars 1993).
49 Source : Rapport sur le Libéria de HUMAN RIGHTS WATCHT, op. cit. (http://www.hrw.org/reports/1993/liberia/)
33
Selon HUMAN RIGHTS WATCH50, des journalistes et des travailleurs humanitaires ont
rapporté que les attaques aériennes ont eu l'effet de tourner les populations civiles
contre l’Ecomog et de renforcer leur soutien au NPFL, plutôt que d’annihiler la
volonté du NPFL de combattre.
Voici quelques attaques aériennes de l’Ecomog qui ont atteint la population civile ou
des établissements civils :
Le mitraillage de l'hôpital de Firestone à Harbel au mois de novembre 1992.
Le 16 novembre 1992, l’Ecomog bombarde l'entrepôt du Catholic Relief
Services (CRS) à Buchanan, détruisant de grandes quantités de nourriture. Il
se trouve que le CRS avait bien spécifié l'entrepôt en ayant clairement peint
son sigle sur le toit.
L’attaque du village de Gbinta en Côte d'Ivoire à la frontière libérienne le 27
février 1993. Selon le gouvernement ivoirien, six personnes ont été blessées
(cinq soldats et un officier douanier).
Le 2 mars 1993, un camion du CRS transportant de la nourriture à la
périphérie de Buchanan a été attaqué. Des rapports indiquent qu'entre 75 et
100 civils, dont la plupart étaient des femmes et des enfants, étaient près du
camion quand il a été attaqué. Le camion était bien identifié « CRS ».
L’attaque du marché à Gbarnga et Kollila en mars 1993. Selon des
travailleurs humanitaires, au moins, quatre personnes ont été tuées et 26
blessées.
L'attaque de l'hôpital de Phebe le 10 mars 1993. Selon un rapport du Dr. W.T.
Gwenigale, directeur médical de l'hôpital, l'attaque s'est produite à environ
50 ibidem
34
10:50 P.M. : deux résidences de personnel et le bâtiment principal de l'hôpital
ont été frappés, de même que le mur sud de l'unité pédiatrique.
Le bombardement de Greenville le 18 mars 1993. Selon l’Independent et le
Washington Post (des journaux américains), l'incursion dans Greenville a
duré 25 minutes et a tué au moins 15 civils.
Le 18 avril 1993, un convoi de MSF transportant des médicaments et des
vaccins a été attaqué vers la frontière avec la Côte d’Ivoire. Pourtant, le
convoi avait été bien identifié par les insignes de l'organisation. Un porte-
parole de MSF a affirmé que l'attaque avait forcé l'organisation à suspendre
ses opérations humanitaires dont les libériens avaient tant besoin.
Il est difficile d'estimer le nombre de personnes tuées pendant les combats. Au début
du mois de novembre 1992, l'ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE (OMS) a
estimé que jusqu'à 3.000 civils et combattants étaient morts entre le 15 et le 28
octobre. Cinq nonnes américaines qui se trouvaient à Gardnersville ont été également
assassinées au cours des combats51. Le NPFL avait été désigné comme l’auteur de
ces assassinats mais il avait nié. Selon le Département d'Etat américain, un certain
nombre de fonctionnaires et employés du gouvernement intérimaire (IGNU) ont été
sommairement exécutés.
Vers la fin des années 90, le conflit du Libéria s’était estompé. Les raisons avancées
pour expliquer cette atténuation sont, notamment, la perte du soutien ivoirien du
NPFL avec la mort du président H. Boigny52, l’épuisement des factions armées et le
rapprochement de Taylor avec le Nigéria53.
51 Les nonnes étaient : Soeur Barbara Ann Muttra, Soeur Joelle Kolmer, Soeur Shirley Kolmer, Soeur Kathleen McGuire, et soeur Agnes Mueller. 52 Le successeur d’Houphouët Boigny, M. Bédié se souciait beaucoup plus de la préservation de son pouvoir que du soutien à Taylor. Du coup le Burkina Faso se retrouvait tout seul dans sa volonté de mener Taylor au pouvoir. Cela va affaiblir son soutien au NPFL au cours des années. 53 D’après M. Weissman, « en juin 1995 Taylor se rend à Abuja pour la première fois depuis le début du conflit et passe, semble-t-il, un accord avec le général Abacha : ce dernier ne ferait plus obstacle à l’accession du NPFL au pouvoir en échange d’avantages économiques sur les ressources du Libéria (op. cit. p. 84)
35
En octobre 1999, quand les choses sont devenues plus calmes, les derniers soldats de
la force ouest-africaine ont quitté le Libéria. Aux mêmes moments, la Sierra Léone
voisine subissait une terrible guerre civile où l’Ecomog allait, une fois de plus,
intervenir.
En 2003, à la suite d’une rébellion du LURD (Mouvement Libérien pour la
Réconciliation et la Démocratie) qui exigeait le départ du président TAYLOR du
pouvoir, la CEDEAO avait mis en place une force de maintien de la paix (ECOMIL)
pour garantir le Traité de paix conclu le 18 août 2003. Les 3 563 troupes, composant
la force, provenaient essentiellement du Nigeria, du Mali et du Sénégal. Le 1er
octobre 2003, le Conseil de Sécurité de l’ONU a approuvé la transformation de
l’ECOMIL en une force internationale de stabilisation de l’ONU (la Mission des
Nations unies au Libéria ou MINUL créée le 19 septembre 2003).
PARAGRAPHE 2 : L’INTERVENTION DE L’ECOMOG EN SIERRA LEONE ET LE
PHENOMENE DES SMP (SOCIETES MILITAIRES PRIVEES)
La Sierra Léone a été meurtrie par une violente et longue guerre civile qui, lors de la
tentative de réinstallation du président Kabbah au pouvoir, s’est distinguée par un
phénomène qui est passé inaperçu pour beaucoup de personnes : l’usage des SMP.
A. LA REINSTALLATION DU PRESIDENT KABBAH AU POUVOIR
La guerre civile sierra léonaise a commencé le 23 mars 1991 quand le principal
groupe rebelle, RUF (Front révolutionnaire uni), assisté d'un certain nombre de
combattants du NPFL, un nombre restreint de mercenaires et des soldats du Burkina
Faso, envahirent l’Est du pays. L’insurrection armée était dirigée par ALFRED FODAY
SANKOH, un ancien caporal de la RSLMF (Republic of Sierra Leone Military Force).
Il avait été emprisonné en 1969 sous le régime de STEVENS SIAKA pour participation
supposée à une tentative de putsch. M. SANKOH et CHARLES TAYLOR sont de bons
amis. Il se trouve que SANKHO a beaucoup aidé TAYLOR dans sa conquête du pouvoir
libérien. Cela explique nettement le soutien de TAYLOR et du Burkina Faso au RUF.
36
En outre, selon M. ADJOVI, le soutien de C. TAYLOr est dû d’une part aux promesses
faites aux Sierra Léonais qui ont participé à sa rébellion et d’autre part à la
participation du pouvoir de JOSEPH MOMOH à la mise en place de la force
d’interposition ouest-africaine qui a contre carré ses projets au Libéria54.
En 1997, suite au coup d’Etat du major KOROMA le 25 mai 1997, les Chefs d’Etats
de la CEDEAO, ont estimé nécessaire et urgent d’envoyer l’Ecomog en Sierra Léone
pour permettre le retour au pouvoir du président AHMED TEEJAN KABBAH,
démocratiquement élu l’année précédente. C’est ainsi que l’Ecomog sera déployée en
Sierra Leone et son quartier général transféré de Monrovia à Freetown en 1998.
En février 1998, l'Ecomog a atteint son objectif qui était de restaurer une légalité
constitutionnelle et de réinstaller au pouvoir le gouvernement du Président
démocratiquement élu M. KABBAH. La junte AFRC/RUF (le Conseil Révolutionnaire
des Forces Armées/le Front Révolutionnaire Uni) a été chassée de la capitale
Freetown. L’Ecomog, par la suite reprendra la plupart des villes qui étaient sous
contrôle de la junte. Cependant, il est resté des poches de résistance jusqu’à la
signature de l’accord de paix et même après.
L’Accord de paix, entre le gouvernement de M. Kabbah, les rebelles du RUF et les
membres de la junte militaire (AFRC) de Sierra Leone, est signé à Lomé le 7 juillet
1999. L’Ecomog qui était chargée de la mise en œuvre des termes de l'accord allait
renforcer ses troupes à prés de 15 000 hommes. La mission de l’Ecomog s'achève en
mai 2000, cédant la place à la MINUSIL (la Mission d’Assistance des Nations Unies
pour la Sierra Leone), à laquelle quelque 3 500 soldats du contingent nigérian seront
intégrés.
Comme l’ont souligné PRKIC FRANÇOIS ET JOANNIDIS MARIE, « le succès de
l’Ecomog [en Sierra Léone] a néanmoins était entaché par le coup élevé en vies
54 Mémoire sur le Libéria, op. cit. p. 23
37
civiles de ses opérations militaires et l’opposition virulente de certains chefs d’Etat,
comme celui du Libéria, à sa stratégie »55.
Le conflit sierra léonais s’est distingué par les mutilations des civils par les rebelles,
le phénomène des enfants soldats, l’implication d’un grand nombre d’acteurs
extérieurs dans le conflit (Grande Bretagne, Burkina Faso, Nigéria, Ecomog, Libéria
etc.), l’utilisation de Sociétés Militaires Privées (SMP), etc. Ce dernier point mérite
d’être traité non pas parce que c’est une nouveauté dans les conflits en Afrique mais
parce que ces sociétés sont de plus en plus présentes dans les opérations de maintien
de la paix. C’est un phénomène très limité mais à l’avenir il pourrait bien s’étendre.
B. LES SMP DANS LE CONFLIT SIERRA LEONAIS
Quand le Président KABBAH a été déposé par les soldats dissidents en mai 1997, il
avait fait appel à SANDLINE INTERNATIONAL56. Il se trouve que cette société a
participé à la réinstallation du Président KABBAH au pouvoir en 1998.
SANDLINE INTERNATIONAL a été employée par la Grande Bretagne en Sierra Léone
pour l’évacuation des ressortissants étrangers ainsi que pour apporter un soutien
logistique aux troupes britanniques sur place. Il se trouve également que cette SMP a
apporté un soutien logistique aux troupes de l’Ecomog notamment en matière de
maintenance du matériel militaire et l’approvisionnement en carburant et autres.
Aux Balkans, également, des SMP ont été utilisées par les Etats-Unis. En guise
d’exemple, une société américaine, du nom de MILITARY PROFESSIONAL
RESOURCES INCORPORATED (MPRI), a été fortement impliquée dans la région,
notamment en Croatie en 1995. Le MPRI avait décroché un contrat du Département
d'Etat pour aider à créer et former une armée en Croatie. Une autre compagnie
américaine, la DYNCORP, a été également invitée par les autorités américaines, en
55 Prkic François et Joannidis Marie, « Gestion régionale des conflits : l’Afrique de l’Ouest montre la voie », Revue Internationale et Stratégique, n°33, Printemps 1999, p. 177 56 Sandline International est une société internationale d’expertise militaire, impliquée dans plusieurs affaires de mercenariat notamment en Afrique. Le 16 avril 2004, Sandline a annoncé la clôture des opérations de la compagnie.
38
1998, à fournir un contingent pour observer le retrait des forces Serbes au Kosovo57.
Contrairement aux Européens, les Américains font souvent recours à des SMP quand
ils interviennent à l’étranger. La guerre en Irak l’a nettement démontré. Certaines
grandes entreprises implantées à l’étranger font souvent recours elles aussi à des
SMP pour évacuer leurs employés et autres des zones des conflits armés. Par
exemple, en Côte d’Ivoire, des entreprises françaises ont fait appel à des SOCIETES
DE SECURITE PRIVEE (SSP)58 pour protéger leurs biens ou pour évacuer leurs
employés.
Comme nous l’avons souligné, l'utilisation des SMP n’est pas spécifique à l’Afrique.
Cependant, leur présence est plus prononcée sur ce continent qu’ailleurs.
Certains observateurs expliquent la présence des SMP en Afrique par l’indisposition
des puissances occidentales à répondre aux conflits qui la déchirent59. Les SMP sont
également sur le continent parce que les chefs d’Etat africains les trouvent attirantes
comme appareillage supplémentaire de sécurité pour les protéger eux et leurs
régimes.
Bref, peut être que demain ces SMP parviendront à combler les lacunes des OMP
(Opérations de Maintien de la Paix) ou constituer une solution de rechange pour les
dirigeants occidentaux très sensibles et vulnérables politiquement à la mort de leurs
soldats dans les opérations d’interposition.
PARAGRAPHE 3 : DES INTERVENTIONS DE L’ECOMOG EN GUINEE BISSAU ET EN
COTE D’IVOIRE
57 Comfort Ero, “ECOMOG: A model for Africa?” Centre for Defence Studies, King's College, London. (Voir l’article à la page : http://www.iss.co.za/Pubs/Monographs/No46/Ecomog.html) 58 C’est pratiquement des SMP. Etant donné que les SMP ne sont pas autorisé dans certains pays notamment en France, on les appelle SSP. 59 Comfort Ero, “ECOMOG: A model for Africa?”, op. cit. (http://www.iss.co.za/Pubs/Monographs/No46/Ecomog.html)
39
En 1999, avant même d’achever sa tâche en Sierra Léone, l’Ecomog est envoyé en
Guinée Bissau en proie à une guerre civile. En 2002, ce sera autour de la Côte
d’Ivoire d’accueillir la force d’interposition.
A. EN GUINEE BISSAU : L’ECOMOG « TEMOIN D’UN PUTSH »
Le conflit de la Guinée-Bissau a éclaté le 7 juin 1998 entre une partie de l'armée et le
gouvernement. Le conflit voit ses origines dans le limogeage, par le Président JOÃO
BERNADO NINO VIERA, du Général de brigade ANSUMANE MANE, chef d’Etat major
de l’armée de terre. Le Président VIERA accusait le Général MANE d’être lié à un
trafic d’armes avec le MFDC (Mouvement des forces démocratiques de la
Casamance), mouvement sécessionniste dans le Sénégal voisin. Mécontent d’être
démis de ses fonctions, MANE prend la tête d’une rébellion qui avait pour objectif
d’éjecter le Président VIERA du fauteuil présidentiel.
Dés le déclenchement des hostilités, le Sénégal et la Guinée (Conakry) envoyèrent
des troupes pour soutenir le Président VIERA. La décision du Sénégal d’envoyer des
troupes en Guinée Bissau était non seulement liée à un accord de défense que les
deux pays avaient conclu mais également, et surtout, l’implication du MFDC aux
côtés de MANE. Le Sénégal voulait empêcher MANE d’arriver au pouvoir. Pour les
autorités sénégalaises, étant donné les liens entre le MFDC et MANE, l’arrivée de ce
dernier au pouvoir constituait une source de déstabilisation pour leur pays.
Comme il est de coutume dans tous les conflits, des médiations ont été mises en
oeuvre pour trouver une issue favorable au conflit. Les premières médiations ont été
principalement menées par le Portugal et les ministres des affaires étrangères de la
COMMUNAUTE DES PAYS DE LANGUE PORTUGAISE (CPLP) (L'Angola, le Brésil, le Cap
Vert, le Mozambique et le Sao Tomé et Principe). Cependant, c’est à la suite d’une
réunion de la CEDEAO, du 1 au 2 novembre 1998 à Abuja, que les belligérants (le
Président Viera et le Général brigadier Mané) acceptèrent de signer un accord de
paix sous les auspices de la CEDEAO.
40
L'accord de paix demandait aux deux parties de déposer les armes, de former
immédiatement un gouvernement d’union nationale, d’organiser des élections au
plus tard au mois de mars 1999. L’accord exigeait également le retrait des troupes
étrangères (sénégalaises et guinéennes) de la Guinée-Bissau et le déploiement de
l’Ecomog à titre de force de maintien de la paix chargée de surveiller l'accord de
paix. C’est dans ce cadre qu’en février 1999, quelque 600 soldats de l'Ecomog seront
déployés en Guinée-Bissau. « La France a apporté le soutien financier et logistique
nécessaire à cette équipe ouest-africaine de maintien de la paix »60.
La force était, majoritairement, composée de pays francophones de la région (Bénin,
Niger, Mali et Togo) et d’un pays anglophone (Gambie). Le Bénin avait fourni prés
de 150 troupes qui avaient été formées dans le cadre du programme de formation
américain de maintien de la paix (l'Initiative africaine de réponse aux crises ou
ACRI), c’était la première fois que ces troupes étaient employées dans une telle
opération. Le Togo aussi avait fourni 150 troupes et le Mali 120.
Malheureusement, la force ouest-africaine, dotée d'armes légères et composée de
petits pays avec des soldats inexpérimentés, n'a fait que constater la destitution du
président JOÃO BERNADO NINO VIERA par la junte militaire, le 7 mai 1999, et ceci
après le retrait des soldats sénégalais et guinéens. Quelques mois plus tard, la force
quittera le pays.
B. L’ECOMOG EN COTE D’IVOIRE : UNE MODESTE PARTICIPATION
La crise actuelle en Côte d’Ivoire s’est déclenchée après le soulèvement militaire du
19 septembre 2002. Cette crise a ravivé les tensions ethniques et religieuses déjà
présentes dans le pays depuis le putsch de décembre 1999, qui avait entraîné la
destitution du président HENRI KONAN BEDIE. A la suite du soulèvement, les chefs
d'Etat de la CEDEAO avaient nettement manifesté leurs craintes de voir la Côte
d’Ivoire s’enliser dans une guerre civile, comme celles qui ont ravagé le Liberia
voisin, la Sierra Leone et la Guinée Bissau. Etant donné le poids de la Côte d’ivoire 60 MARTINS Miguel, “Le conflit en Guinée Bissau : chronologie d’une catastrophe”, AFRIQUE POLITIQUE, 1999, p. 216
41
(économiquement) dans la sous-région, ils (les chefs d’Etat) craignaient également
les conséquences économiques sur leurs économies et l’effet domino que le conflit
pouvait avoir sur leurs territoires. C’est ainsi que réunis en sommet extraordinaire à
Accra (Ghana) le 29 septembre 2002, ils (les chefs d’Etats ouest-africains) décidèrent
d'envoyer une force de paix en Côte d'Ivoire, pour s'interposer entre les troupes
gouvernementales et les militaires rebelles.
Prés de 1 500 hommes provenant du Ghana, du Togo, du Bénin, du Niger et du
Sénégal, regroupés au sein de la Mission de la CEDEAO en Côte d'Ivoire
(ECOMICI) seront envoyés à partir de janvier 2003 en terre ivoirienne. Ces troupes
interagissaient aux côtés de 4 000 soldats français de l'Opération Licorne. Leur
mission, entre autres, était de surveiller, avec les troupes françaises en place, le
cessez-le-feu conclu à Marcoussis (France) le 24 janvier 2003 entre les forces
loyalistes et la rébellion.
Le 28 février 2004, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a voté une résolution en
faveur de l’intégration des forces de maintien de la paix présentes sur le territoire
ivoirien en une seule force. C’est ainsi que l’ECOMICI et la MINUCI (Mission des
Nations unies en Côte d'Ivoire), présentes dans le pays depuis le 13 mai 2003, seront
regroupées sous l’ONUCI (Opération de l'ONU en Côte d'Ivoire). La mission de
l'ONUCI a débuté officiellement le 4 avril 2004 pour une période initiale de 12 mois.
Pour le moment, les choses se sont plus ou moins calmées en Côte d’Ivoire mais on
ne peut pas vraiment dire que c’est grâce à l’Ecomog. Toutefois, il serait injuste de
dire qu’elle n’y est pour rien, même si ses troupes ont une réputation de « looser ».
SECTION 2: LES ENSEIGNEMENTS DES INTERVENTIONS DE L’ECOMOG
L’Ecomog, comme nous venons de le démontrer, n’a pas connu un grand succès dans
les missions qu’elle a eu à mener. Cependant, il est à noter, aussi peu que cela soit,
qu’elle a pu faire quelque chose de positif. Ses « échecs » résident beaucoup plus
42
dans le manque de moyens et d’expérience qu’à un manque de volonté ou à une
incompétence caractérisée.
PARAGRAPHE 1 : LES SUCCES DE LA FORCE
Au Libéria, « loin de constituer une force d’interposition neutre, l’Ecomog
s’est…avérée partie prenante au conflit, tant au plan politique, qu’économique. [...],
les casques blancs ont clairement failli à leur mission et sont apparus à plusieurs
reprises comme un facteur de déstabilisation supplémentaire »61. Beaucoup de
personnes pensent comme M. WEISSMAN. On accuse l’Ecomog d’avoir été partiale,
de n’avoir pas respecté les droits de l’Homme, d’avoir violé les conventions de la
guerre et d’avoir participé à des trafics illicites. Tout cela n’est certes pas totalement
faux mais comme nous l’avons tantôt souligné, l’Ecomog a réussi à faire quelque
chose de non négligeable au Libéria.
Comme, le soulignent FRANÇOIS PRKIC et MARIE JOANNIDIS, le bilan de l’Ecomog au
Libéria peut être considéré comme globalement positif :
« L’Ecomog a tout d’abord réussi à protéger pendant toute la durée du
conflit la capitale, Monrovia, où s’était réfugiée prés de la moitié de la
population du pays, et la seule offensive de forces rebelles qui soit parvenue
à pénétrer certains faubourgs, en octobre 1992, a été repoussée en quelques
jours »62.
Le semblable d'ordre et de paix que l’Ecomog a fait régner à Monrovia a
permis aux groupes humanitaires internationaux de retourner au Libéria et de
pouvoir venir en aide à la population.
61 Fabrice Weissman, « Libéria : derrière le chaos, crises et interventions internationales », op. cit. p. 96 62 François Prkic et Marie Joannidis, « Gestion régionale des conflits : l’Afrique de l’Ouest montre la voie », op. cit., pp. 176-177.
43
Elle s'est investie dans d'importantes activités humanitaires visant à atténuer
les souffrances des populations.
Elle a permis au GOUVERNEMENT D'INTERIM DE L'UNITE NATIONALE (IGNU),
dirigé par AMOS SAWYER, de s’installer.
Elle a arrêté les meurtres systématiques des Krahn et des Mandingue à
Monrovia.
Elle a largement contribué à l’aboutissement des élections de juillet 1997 qui
ont achevé le conflit libérien et que les observateurs internationaux ont jugés
démocratiques et très satisfaisantes.
En outre, l’Ecomog a bénéficié d’un appui considérable au sein de la population
libérienne, y compris celle du territoire contrôlé par le NPFL. Dans beaucoup de
camps déplacés de personnes, une fois qu’on demandait aux déplacés dans quelles
conditions ils rentreraient chez eux, la grande majorité déclarait qu'elle n’y
retournerait que si l’Ecomog est là bas. Une femme de 33 ans, exprimait son attitude
envers l’ULIMO et l'AFL : « L’Ecomog fait son possible. Je veux aller à la maison
seulement si l’Ecomog est là bas. Je ne me sentirais pas libre pour aller à la maison
si c'est ULIMO qui est là-bas. Nous sommes effrayés en raison de ce qui s'est produit
pendant la guerre […]. L’ECOMOG est ici pour instaurer la paix »63. ARMAH, un
étudiant de Bomi, disait ceci : « Je suis parti en octobre, avant l’arrivée de
l’ULIMO, parce que j'avais peur. Je ne peux pas rentrer alors que l'ULIMO est là-
bas avec ses armes. Une armée est juste une armée. Mais l’Ecomog est une unité de
maintien de la paix, ainsi je retournerais s'ils sont là. L’ULIMO est une faction.
Nous comptons seulement sur ECOMOG. L'AFL, l’ULIMO, le NPFL, ils sont tous du
même côté. Tous les groupes armés ont la même intention - devenir riche en pillant
des propriétés. L’ECOMOG veut libérer les Libériens. S'ils partent, ça sera une
catastrophe. Si l’Ecomog est là, nous pensons qu'ils limiteront les dégâts »64.
63 Source : Rapport sur le Libéria de HUMAN RIGHTS WATCHT, op. cit. (http://www.hrw.org/reports/1993/liberia/) 64 ibidem
44
En Sierra Leone, l’Ecomog a défendu la démocratie en restaurant le régime renversé
par un coup d'État militaire. Même si ses opérations, notamment les bombardements
navals sur les positions de la junte, ont causé beaucoup de dégâts matériels et
considérablement coûté en vies humaines, sa fermeté à l’égard de la junte pour
restaurer les institutions démocratiques de la Sierra Léone a été exemplaire et louable
à notre avis. Aujourd’hui, après l’arrestation de M. SANKOH, un calme relatif règne
dans l’ancienne colonie britannique.
En Guinée Bissau, l’Ecomog n’a rien pu faire pour empêcher la chute du régime du
président Viera. En Côte d’Ivoire, comme nous l’avons souligné précédemment, elle
n’a pas ramené la paix mais, elle y a quand bien même participé.
PARAGRAPHE 2 : LES CAUSES DES « ECHECS » DE LA FORCE
Les « échecs » de l’Ecomog sont attribuables à un certain nombre de facteurs
notamment : la difficulté d’atteindre un minimum de consensus pour déterminer les
missions de la force et la déployer ; l’implication d’entités non-régionales dans la
constitution et le déploiement de la force; la carence en logistique des forces armées
de la sous-région ; la crainte de certains pays d’une hégémonie nigériane dans la
région ; l’opposition francophone anglophone ; et les difficultés liées au
commandement et à l’interopérabilité au sein de la force.
PREMIER FACTEUR. L'efficacité des missions de l’Ecomog dépend en partie du
niveau de consensus politique existant au sein de la communauté. La réalisation de
ce consensus est une grande difficulté à cause de la rivalité et le manque de confiance
entre les dirigeants ouest africains. Au Libéria, il y avait une division apparente entre
les cinq membres du CPM et les onze autres membres de la CEDEAO. En Sierra
Leone aussi, il y avait un profond désaccord entre les membres quant à l’emploi de la
force dans le conflit.
DEUXIEME FACTEUR. L’idéal serait que l’Ecomog puisse être constitué et déployé à
la discrétion unique des Etats membres. Mais cela n'a toujours pas été le cas, en
45
raison de l’énorme influence et des intérêts des investisseurs économiques externes à
la sous-région. En conséquence, toutes les opérations de l’Ecomog sont
considérablement influencées par des intérêts extrarégionaux. Parfois, les conflits
d'intérêt entre les pays en dehors de la sous-région entravent le déploiement, le
renfort et l'appui logistique des troupes de la force. Par exemple en Sierra Leone, en
dépit de l'engagement considérable du Nigéria, l'intérêt limité des Etats-Unis et
l'attitude hésitante de la France ont été les facteurs principaux du ralentissement des
opérations terrestres de la force.
TROISIEME FACTEUR. Les forces armées des Etats membres de la CEDEAO
manquent d’expérience (en matière de maintien de la paix) et de logistique pour
soutenir les opérations militaires de grande envergure. Dans les opérations de
l’Ecomog, la logistique n’est pas fournie par une administration centrale. Chaque
pays fournit à son propre contingent le matériel (de transport, de transmission…), les
armes, les munitions, la nourriture, dont il a besoin au cours de l’opération. Le
Nigéria fournit très souvent à la force l'essence, le pétrole et les lubrifiants. Les Etats-
Unis, par l’intermédiaire d’entreprises privées, ont eu à fournir un soutien logistique
à la force (hélicoptère de transport, équipements de communication, véhicules,
réparations et entretiens généraux) dans certaines opérations.
QUATRIEME FACTEUR. Les plus petits pays de la sous-région voient à travers
l’Ecomog un instrument de puissance employé par le Nigéria pour interférer dans
leurs politiques internes. Bien que l'évidence sur le terrain ait contredit cette crainte,
quelques pays hors de la région l'ont exploitée pour les décourager de participer
activement à la force.
CINQUIEME FACTEUR. Les francophones considèrent la CEDEAO plutôt comme une
entité de coopération économique et commerciale qu’une entité d’intégration
politique. Ils voient l’Ecomog davantage comme une force militaire conçue pour
résoudre les problèmes de sécurité anglophones qu’autre chose. Toutefois, avec
l’intervention de la force en Guinée Bissau et en Côte d’Ivoire, cette position
commence à évoluer. En outre, les francophones (la France également) voient d’un
46
très mauvais œil un leadership anglophone dans la sous région dirigé par le géant
nigérian. En raison de tout cela, les pays francophones de la sous-région se sont au
début montré très prudent vis-à-vis de la force ouest-africaine. Mais au fil du temps,
leur position a évolué. Aujourd’hui, l’Ecomog intervient en Côte d’ivoire, qui fut le
pays francophone le plus opposé à sa création à l’époque.
DERNIER FACTEUR. Comme la plupart des forces multinationales de maintien de la
paix, l’Ecomog a eu des difficultés à mettre en place un commandement unifié. En
raison de la méfiance entre les Etats membres et l'influence des puissances non-
régionales, les contingents de la force arrivent habituellement dans leur secteur de
mission avec des instructions différentes et parfois contradictoires. L’interopérabilité
est quasi inexistante ce qui complique très sérieusement la coordination sur le théâtre
des opérations.
En guise de conclusion, nous dirons que l’Ecomog, malgré ses « échecs » a ouvert la
porte aux Africains pour qu’ils puissent déterminer le futur de leur sécurité. La
CEDEAO l’a bien compris. En effet, vers la fin des années 90, tirant les leçons de
ces « échecs », et en vue de renforcer la paix et la sécurité en Afrique de l'ouest, le
Secrétariat exécutif de la CEDEAO a initié l'établissement d'un mécanisme de
prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la
sécurité dans la sous-région.
47
CHAPITRE 2 : DU MECANISME DE GESTION DES CONFLITS DE LA CEDEAO ET DE
LA NECESSITE DU SOUTIEN INTERNATIONAL POUR LE RENFORCEMENT DES
CAPACITES AFRICAINES DE MAINTIEN DE LA PAIX.
La mise en place du Mécanisme de la CEDEAO est une chose assez ambitieuse qui
montre la voie aux autres organisations sous régionales africaines et même à l’Union
Africaine. Ce Mécanisme s’il est bien respecté par les Etats membres pourrait
aboutir, peut être, à la mise en place effective de l’espace de paix et de sécurité dont
les ouest-africains rêvent. Toutefois, nous pensons que sa réussite dépend beaucoup
de l’appui de la Communauté internationale qui jusque là s’est manifestée par la mise
en place de quelques initiatives pour l’Afrique entière et notamment pour la zone
CEDEAO.
SECTION 1 : PRESENTATION DU MECANISME
Tirant les bonnes aussi bien que les mauvaises leçons de l’expérience de l’Ecomog,
mais aussi soucieux de faire de l’Afrique de l’ouest une zone stable et prospère, les
chefs d’Etat de la CEDEAO se sont réunis à Lomé en décembre 1997 pour
considérer l’éventuelle création d’un Mécanisme permanent pour la gestion des
conflits de la région. En guise de référence, ils avaient demandé aux rédacteurs du
futur Mécanisme de s’inspirer largement de l’expérience Ecomog. Cette initiative
montre nettement la volonté de la CEDEAO de mettre en place un espace de paix et
de sécurité viable.
PARAGRAPHE 1 : SA MISE EN PLACE…
C’est au cours du sommet de la CEDEAO à Abuja le 10 décembre 1999 que les
Chefs d’Etat et de gouvernement ont approuvé le Protocole du Mécanisme de
prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la
sécurité de la CEDEAO. Et comme le disait le président OBASANJO, avant
l’adoption du protocole, le Mécanisme constitue la colonne vertébrale de l’ambition
de sécurité collective de la nouvelle CEDEAO ; une structure permanente propre à
48
garantir une paix et une stabilité durables, conditions sine qua non pour la croissance
et le développement.
Le Mécanisme de la CEDEAO s’occupe de tout ce qui est prévention des conflits,
gestion des conflits, règlement des conflits, maintien de la paix et questions de
sécurité dans la sous région.
En matière de maintien de la paix, le Mécanisme propose que, la CEDEAO ait
recours à des missions d'intervention aussi bien politique que militaire, en cas de
conflit armé. Il est suggéré que l'instrument militaire de la CEDEAO continue de
s'appeler Ecomog. Le Mécanisme fait également référence à la composition de
l'Ecomog, sa structure hiérarchique, les rôles et attributions de son commandement,
et le financement des moyens logistiques et administratifs. Il est suggéré, dans les cas
de conflits entretenus et soutenus de l'intérieur, que la CEDEAO intervienne lorsqu'il
y a :
des risques importants de désastre humanitaire ;
des menaces à la paix et à la sécurité de la sous-région ;
un renversement ou une tentative de renversement d'un régime
démocratiquement élu.
Pour ce qui est des questions relatives à la sécurité, le Mécanisme s’engage à
s’opposer à tout ce qui pourrait menacer la sécurité de la sous région notamment la
circulation illicite des armes légères, et des munitions d'une part, et la recrudescence
de la criminalité transfrontalière d'autre part.
49
PARAGRAPHE 2 : …ET SA STRUCTURE
La structure du Mécanisme est ainsi composé : la Conférence des Chefs d’Etat et
de gouvernement, le Secrétaire Exécutif65 et un Conseil pour la Médiation et la
Sécurité.
La CONFERENCE DES CHEFS D’ETAT ET DE GOUVERNEMENT est l’autorité suprême
du Mécanisme.
Le SECRETAIRE EXECUTIF a le pouvoir de lancer des activités visant à obtenir des
informations ; de faciliter la médiation, les négociations et la réconciliation pour une
prévention et une gestion efficace des conflits. Dans l’Article 30 du Protocole, il est
dit que le Secrétaire Exécutif est responsable de la formation et de la préparation
d’unités en état d’alerte dans des centres régionaux de formation. Le bureau du Vice-
Secrétaire Exécutif pour les Affaires Politiques, la Défense et la Sécurité coiffe le
Département des Affaires Politiques, les Affaires Humanitaires, la Défense et la
Sécurité et la Gestion des Missions et l’unité des Plans66.
Le CONSEIL DE SECURITE ET DE MEDIATION du Mécanisme a été officiellement
lancé en mai 2000 à Monrovia. Il se compose de 10 Etats membres élus. C’est
l’organe équivalent au Conseil de Sécurité des Nations Unies à un niveau sous
régional. Comme le Conseil de sécurité de l’ONU, il est habilité à autoriser toute
forme d’intervention, y compris la décision de déployer des missions politiques et
militaires. Egalement, il informe les Nations unies et l’Union africaine de ses
décisions, fournit et révise les mandats et nomme les commandants des forces. C’est
aussi un organe où des ambassadeurs, des ministres et des chefs d’Etat et de
gouvernement de la sous région se rencontrent pour prendre des décisions ou discuter
des questions de sécurité67 :
65 La Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement et le Secrétaire Exécutif en question sont ceux de la CEDEAO. Ils sont inclus dans la structure du Mécanisme. 66 Institut d’Etudes de Sécurité (Afrique du Sud) « Profil de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) » (Voir page Internet http://www.iss.co.za/AF/RegOrg/unity_to_union/pdfs/ecowas/2ECOWASProfileFr.pdf ) 67 ibidem
50
Le COMITE DES AMBASSADEURS. Il réunit les Ambassadeurs des dix Etats
Membres du Conseil. Ces diplomates se rencontrent chaque mois pour
évoquer les questions de paix et de sécurité dans la sous région.
Le COMITE DES MINISTRES DES AFFAIRES ÉTRANGERES, DE LA DEFENSE,
DES AFFAIRES INTERIEURES ET DE LA SECURITE : les ministres se
rencontrent tous les 3 mois au sein du Comité pour discuter des situations
politiques et sécuritaires de la sous-région.
Les dix CHEFS D’ÉTAT MEMBRES DU CONSEIL DE SECURITE ET DE
MEDIATION se rencontrent au moins deux fois par an. Ils sont habilités à
prendre les décisions finales des mesures politiques et des mandats appropriés
devant être pris en ce qui concerne les situations en considération. Les
décisions sont prises à la majorité des deux tiers des Membres présents du
Conseil.
Le Conseil supervise les activités des organes suivantes : la Commission de la
Défense et de la Sécurité, le Conseil des Sages, le Centre d’observation et de
contrôle d’alerte précoce et l'Ecomog68.
La COMMISSION DE LA DEFENSE ET DE LA SECURITE est composée des Chefs d’État
Major des pays de la CEDEAO. Elle a pour fonction d’examiner toutes les questions
techniques et administratives et d’estimer les besoins logistiques pour les opérations
de maintien de la paix. La Commission donne son soutien au Conseil de Sécurité et
de Médiation dans les domaines suivants :
formuler le mandat des forces pour le maintien de la paix ;
définir les termes de référence pour les forces ;
nommer le Commandant des forces ;
68 ibidem
51
déterminer la composition des contingents.
Elle se réunit tous les trimestres et en cas de nécessité. Elle examine également les
rapports des Centres d’Observations et de Contrôle et fait des recommandations au
Conseil de Sécurité et de Médiation.
Au mois de juin dernier, « lors d'une réunion de la Commission de la défense et de
la sécurité de la CEDEAO à Abuja, les chefs d'état-major ont approuvé la création
d'une force de 6 500 hommes qui pourra être déployée immédiatement dans la région
en cas de troubles. Cette force doit comprendre un contingent d'intervention rapide
de 1 500 soldats, appelé "corps expéditionnaire de la Communauté des Etats de
l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)", appuyé par un groupe complémentaire de 3 500
soldats. Les 1 500 autres soldats constitueront une force de réserve. La force aura la
capacité d'intervenir en 30 jours, l'intégralité de la force pourra non seulement être
opérationnelle en 90 jours, mais elle pourra également être autonome durant 90
jours »69.
Le CONSEIL DES SAGES est nommé par le Secrétaire Exécutif pour promouvoir une
diplomatie préventive dans la région. Ses membres sont choisis pour leurs
expériences en matière de médiation et de diplomatie. Le premier Conseil des Sages
c’est tenu à Niamey, (Niger) en juillet 2001. Au cours de son existence, le Conseil a
eu à observer les élections en Gambie, en Sierra Leone, au Togo et même au
Zimbabwe.
A l’origine, le Conseil était constitué de 32 membres provenant des dix Etats
membres du Conseil de Sécurité et de Médiation. Lors du Sommet de Dakar en
janvier 2003, il a été transformé en un organisme de 15 membres, constitué par un
délégué provenant de chaque État membre de la CEDEAO. Un nouveau Conseil a
été inauguré à Accra, le 23 avril 2003.
69 La DOCUMENTATION FRANÇAISE, « Des organisations sous-régionales africaines : la CEDEAO, la CDAA (SADC), la CEEAC et la CEMAC ». (Voir la page Internet : http://www.ladocfrancaise.gouv.fr/dossier_international/maintien_paix/acteurs/CEDEAO.shtml#structures)
52
Le CENTRE D’OBSERVATION ET DE CONTROLE D’ALERTE PRECOCE est le cœur du
Mécanisme d’alerte précoce de la CEDEAO avec quatre zones d’observation et de
contrôle dans la sous-région. Ces quatre zones sont : Banjul (Gambie), Monrovia
(Liberia), Ouagadougou (Burkina Faso) et Cotonou (Bénin). Chacune de ces zones
couvre un certain nombre de pays de la sous région et est chargée de recueillir des
informations sur les risques de conflit. Les informations recueillies sont ensuite
transmises à l’Observatoire Central de la CEDEAO à Abuja70.
Les activités de l’ECOMOG, dont nous avons largement parlé, sont désormais
supervisées par le Conseil de Sécurité et de Médiation de la CEDEAO.
La mise en place du Mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des
conflits, de maintien de la paix et de la sécurité de la CEDEAO est une initiative
très ambitieuse. Sa structuration comme nous l’avons vu est bien construite sur le
papier. Pour l’instant, il ne serait pas prudent de faire un bilan pour ce Mécanisme.
Toutefois, nous pouvons affirmer que jusqu’à présent, il ne s’est pas distingué dans
ce qui a été à l’origine de sa création c'est-à-dire la résolution des conflits en Afrique
de l’ouest. La crise ivoirienne aurait pu être un terrain d’expérimentation mais
malheureusement avec les divisions des chefs d’Etat de la CEDEAO sur la question
ivoirienne, cela n’a pas été le cas. Une fois de plus, dans l’affaire ivoirienne, la
solution est venue de l’extérieur avec notamment l’intervention de la France et
l’implication de l’ONU.
Espérons que ce Mécanisme si ambitieux et prometteur ne rencontrera pas les mêmes
problèmes que l’Ecomog notamment la rivalité et le manque de confiance entre les
Etats ouest africains. Espérons également qu’avec le temps, il pourra devenir
opérationnel et ainsi résoudre les conflits de la sous-région. A notre avis, cela ne
serait en partie possible qu’avec une forte implication de la Communauté
internationale (Union africaine, ONU, Union Européenne, Etats-Unis etc.).
70 En guise d’exemple, la zone de Cotonou couvre le Bénin, le Nigéria et le Togo.
53
SECTION 2 : DE LA NECESSITE DU SOUTIEN INTERNATIONAL POUR LE
RENFORCEMENT DES CAPACITES AFRICAINES DE MAINTIEN DE LA PAIX.
L’Afrique de l’ouest, mais aussi le reste du continent africain, a besoin d’un
engagement accru des Nations unies, de l’Europe, des Etats-Unis et de tous les pays
capables de lui fournir du soutien financier et logistique afin de renforcer ses
capacités de maintien de la paix. Des initiatives diverses ont été mises en place par la
Communauté internationale pour encourager le développement de ces capacités de
maintien de la paix. De nombreux pays ont participé ou soutenu activement ces
initiatives. Il s’agit notamment de la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, le
Portugal, l’Italie, les États-Unis, le Japon, les Pays nordiques, le Canada pour ne citer
que ceux là.
L'Afrique est le terrain privilégié des opérations de maintien de la paix des Nations
unies (elles sont aussi très actives dans les diverses initiatives mises en place par les
pays que nous venons de citer). En effet, les deux tiers des interventions de l’ONU se
sont déroulés sur le continent africain. La plupart de ces opérations furent des échecs
pour l’Organisation. Toutefois, il serait bien de préciser que même si l’ONU a
enregistré de nombreux échecs en Afrique (Somalie, Rwanda…), elle y a aussi
enregistré quelques succès tangibles (Namibie, Mozambique, République
centrafricaine).
LISTE DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ONU EN AFRIQUE DEPUIS
199071
PAYS/MISSION DATE RESPONSABILITE
AFRIQUE DU SUD
MONUAS (Mission des Nations unies en Afrique du
Sud) sept. 1992-mai 1994 ONU
ANGOLA
71 Pour l’ensemble des opérations de maintien de la paix menées aussi bien par l’ONU que par les organisations régionales en Afrique voir Annexe…
54
MONUA (Mission des Nations unies en Angola) juillet 1997-août 98 ONU
UNAVEM I (Mission de vérification des Nations unies
en Angola) janv. 1989-juin 1991 ONU
UNAVEM II juin 1991-fév. 1995 ONU
UNAVEM III fév. 1995-juin 1997 ONU
BANDE AOUZOU
GONUBA (Groupe d'observateurs des Nations unies
dans la bande d'Aouzou)
mai 1994-juin 1994 ONU
CONGO (REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU)
MONUC (Mission des Nations unies en République
démocratique du Congo) juillet 1999- en cours ONU
COTE D'IVOIRE
MINUCI (Mission des Nations unies en Côte d'Ivoire)
ONUCI (Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire)
mai 2003-avril 2004
avril 2004-en cours
ONU
ERYTHREE ET ETHIOPIE
MINUEE (Mission des Nations unies en Ethiopie et en
Erythrée) juillet 2000- en cours ONU
LIBERIA
MONUL sept. 1993-sept. 1997 ONU
MINUL (Mission des Nations unies au Liberia) sept. 2003-en cours ONU
MOZAMBIQUE
ONUMOZ (Opération de l'ONU au Mozambique) déc. 1992-déc. 1994 ONU
NAMIBIE
GANUPT (Groupe d'assistance de l'ONU pour la
transition) avril 1989-mars 1990 ONU
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
MINURCA (Mission des Nations unies en République
centrafricaine) avril 1998-en cours ONU
OUGANDA/RWANDA
MONUOR (Mission d'observation de l'ONU an Ouganda
et au Rwanda))
juin 1993-sept. 1994 ONU
RWANDA
MINUAR I et II (Mission des Nations unies pour oct. 1993-mars 1996 ONU
55
l'assistance au Rwanda)
SAHARA OCCIDENTAL
MINURSO (Mission de l'ONU pour l'organisation d'un
référendum au Sahara occidental) sept. 1991-en cours ONU
SOMALIE
ONUSOM I (Opération des Nations unies en Somalie) avril 1992-mars 1993 ONU
ONUSOM II mars 1993-mars 1995 ONU
SIERRA LEONE
UN military liaison and security advisory
personnel mai 1998-juillet 1998 ONU
MONUSIL (Mission d'observation des Nations unies au
Sierra Leone) juillet 1998-oct. 1999 ONU
MINUSIL (Mission des Nations unies en Sierra Leone) oct. 1999-en cours ONU
ZAÏRE
Contingent zaïrois pour la sécurité des camps jan. 1995-déc. 1996 HCR (Haut Commissariat
aux réfugiés)
MNF (Multinational Force) nov. 1996-déc. 1996 ONU
(SOURCE DOCUMENTATION FRANÇAISE)
Parmi les initiatives de soutien à la mise en place des capacités africaines de maintien
de la paix, les plus connues sont le RECAMP et l’ACRI. L’Union européenne (UE)
et le G8 ont également mis en place des initiatives allant dans le même sens.
Le programme RECAMP (RENFORCEMENT DES CAPACITES AFRICAINES DE
MAINTIEN DE LA PAIX) a été conçu et mis en oeuvre par le ministère de la Défense de
la France en 1998. Il vise « à accroître les capacités militaires des pays africains à
conduire, lorsqu’ils le désirent, des actions de maintien de la paix »72. Le
programme comporte trois composantes73 :
72 ONU, « Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix (ReCAMP » (Page http://www.un.int/france/frame_francais/france_et_onu/france_et_maintien_de_la_paix/recamp.htm) 73 ibidem
56
La FORMATION DES MILITAIRES AFRICAINS AU MAINTIEN DE LA PAIX ; il s’agit
de former au maintien de la paix des personnels disposant déjà d’une
formation militaire générale ;
l’ENTRAINEMENT DES UNITES AFRICAINES AU MAINTIEN DE LA PAIX au sein
d’exercices sous-régionaux de grande ampleur, portant sur des actions de
maintien de la paix ;
l’EQUIPEMENT D’UNITES ENGAGEES EN MAINTIEN DE LA PAIX ; des moyens
sont prépositionnés dans trois bases françaises d’Afrique, disponibles pour
équiper, au moment de leur engagement en maintien de la paix, trois
bataillons type ONU et un hôpital de campagne.
En 1998 à Guidimakha, la CEDEAO a été le théâtre de l'initiative RECAMP. Avec le
Cycle IV (2003-2004) du programme, elle a été de nouveau choisie. « Ce cycle avait
pour finalité d'associer étroitement la CEDEAO à l'ensemble du programme et de
contribuer à la formation opérationnelle des niveaux stratégiques, opératifs et
tactiques ». Dans RECAMP IV la France est associée à l'UE et l'ONU (mais aussi
d’autres Etats et des ONG).
L’ACRI (AFRICAN CRISIS RESPONSE INITIATIVE OU INITIATIVE DE REPONSE AUX
CRISES AFRICAINES) est une formation multinationale en matière de maintien de la
paix mise en place par les Etats-Unis en 1996. Elle « vise à la formation de
bataillons rapidement déployables et interopérationnels en mission de paix ou
d'assistance humanitaire »74. En Afrique de l’Ouest, le programme a permis la
formation de bataillons au Bénin, en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Mali, au Sénégal,
etc. D’ailleurs, certains éléments de l’Ecomog déployés en Guinée Bissau en 1999
étaient issus de ces bataillons.
74 M. Marshall McCallie, « L'ACRI : un engagement positif des États-Unis en Afrique », Revue électronique de l'USIA, volume 3, numéro 2, avril 1998. (Voir page Internet : http://usinfo.state.gov/journals/itps/0498/ijpf/fracri.htm)
57
L’ACRI a été remplacée par l'ACOTA (AFRICAN CONTINGENCY OPERATIONS
TRAINING AND ASSISTANCE). L’ancien gouvernement Bush avait également mis en
place une initiative nommée GPOI (GLOBAL PEACEKEEPING OPERATIONS INITIATIVE)
et qui a touché certains pays africains. Elle a pour but de fournir une formation en
matière de maintien de la paix à 75.000 soldats de pays répartis dans le monde entier.
A l’instar de la France et des Etats-Unis, la Grande Bretagne avait elle aussi mis en
place quelques initiatives pour renforcer les capacités africaines de maintien de la
paix. Il s’agit notamment du programme BPST (BRITISH PEACE SUPPORT TEAM, en
Afrique du Sud et au Kenya, orienté vers le maintien de la paix), du programme
BMATT, du programme IMATT et du programme BDAT.
Pour ce qui est de l’UE, le 17 novembre 2003 au cours d’une réunion à Bruxelles, le
CONSEIL DES RELATIONS EXTERIEURES avait décidé de faire financer par le FONDS
EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT une « Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique ».
Cette initiative avait pour buts d’appuyer les opérations de maintien de la paix
menées par les Africains et de doter les institutions africaines d'une capacité à long
terme pour mener de telles opérations. Le budget prévu était de 250 millions d'euros
et devait permettre à l’initiative d'être opérationnelle avant fin 200475.
En ce qui concerne le G8, le 10 juin 2004 à Sea Island (Etats-Unis), les chefs d'État
et de gouvernements ont adopté un plan d’action en matière de maintien de la paix,
notamment en Afrique. Par ce plan, « ils se sont engagés à organiser et à financer la
formation de quelque 75 000 soldats du monde entier d'ici à 2010 et à équiper
certains d'entre eux pour accélérer l'exécution d'opérations de maintien de la paix
dans les pays qui en auront besoin, notamment des opérations effectuées sous la
direction de l'ONU dans des pays d'Afrique subsaharienne. Ce plan s'inscrit dans les
engagements pris aux sommets du G8 de Kananaskis (Canada), les 26 et 27 juin
75 La Documentation Française, « Le maintien de la paix en Afrique » (Voir page Internet http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossier_international/maintien_paix/acteurs/paixafrique.shtml#initnat)
58
2002, et d'Evian en France du 1er au 3 juin 2003, afin d'aider les pays africains à
prévenir les conflits armés et à les régler »76.
Ce genre d’initiatives que nous venons de citer est très répandu et dispersé à travers
l’Afrique. Il arrive même que certains programmes se dédoublent. Il aurait été
souhaitable de les regrouper dans un seul et unique programme sous la direction du
Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU avec un budget bien
conséquent fourni par les Etats initiateurs et l’ONU. En mai 1997 les États-Unis, la
France et la Grande-Bretagne, en vertu de l'«Initiative tripartite» qu’ils avaient signé,
se sont engagés à coordonner leurs programmes nationaux afin d'éviter des
dédoublements ou des programmes à effets contradictoires.
En dehors de la nécessité de mettre en place un programme unique pour rendre ces
diverses initiatives beaucoup plus efficaces, nous pensons également que les
formations doivent s’étendre sur un nombre plus important de soldats au lieu de deux
ou trois bataillons. Il faudrait aussi une plus grande sensibilisation des militaires aux
questions d’éthique. Plusieurs programmes prévoient dans le cadre de la formation
offerte, des cours sur la démocratie et le respect des droits de la personne. Mais, c’est
surtout aux armées africaines d’inculquer à leurs soldats ces valeurs.
Il serait bien aussi que les formations s’étendent sur des durées plus longues au lieu
de trois ou six mois. Les équipements constituent le véritable point de faiblesse de
ces initiatives. Ils coûtent chers, les pays africains ne peuvent pas s’en procurer en
masse et les pays occidentaux et l’ONU ne peuvent non plus leur en procurer en
quantité suffisante pour mener des opérations de maintien de la paix d’envergures.
L’idéal serait que les pays occidentaux créent des dépôts d’équipement en Afrique,
qu’ils géreront eux même, pour qu’on puisse s’en servir en cas de nécessité. Le
troisième composant du programme RECAMP est proche de cette solution (voir
RECAMP ci-dessus). Pour le moment, nous pensons que parmi les programmes en
place, RECAMP et le mieux.
76 ibidem
59
Nous avons tenu à vous exposer brièvement ces initiatives pour vous montrer
combien elles sont précieuses, bien que modestes, pour les Africains dans leur
volonté de se prendre en charge en matière de maintien de la paix.
La CEDEAO a bien besoin de ce soutien de la Communauté internationale pour faire
fonctionner son Mécanisme et ainsi mettre en place son espace de paix et de sécurité
tant rêvé. C’est une bonne chose que les Africains, en particulier les Ouest-africains,
fassent du maintien de la paix et décident d’organiser leur propre sécurité mais il
serait catastrophique de les laisser faire tout seul ; du moins au début.
60
CONCLUSION
61
Au début de notre travail, nous nous sommes posés la question à savoir si la création
de l’Ecomog était une bonne expérience pour la CEDEAO dans sa volonté de mettre
en place un espace de paix et de sécurité sensée apporter une certaine prospérité
économique à la sous région.
Par cette question nous répondrons par l’affirmative. Certes la CEDEAO est
aujourd’hui loin d’avoir son espace de paix et de sécurité tant rêvé, mais il est sûr
que grâce à l’Ecomog les ouest-africains sont passés à un stade supérieur dans leur
désir de pacifier leur région. En effet avec la mise en place du MECANISME DE
GESTION DES CONFLITS de la CEDEAO, reprenant largement celui mis en place par
l’OUA, tous les espoirs sont permis77. Si les ouest-africains parviennent à bien gérer
et respecter ce mécanisme, en dépassant leur égoïsme et leur méfiance à l’égard de
leurs voisins, il est certain qu’ils parviendront à mettre en place un espace de paix et
de sécurité viable. Pourquoi pas aller au-delà en instaurant une Défense Ouest
Africaine Commune? Mais nous sommes loin de là. Pour le moment, l’objectif est de
faire fonctionner le Mécanisme.
L’Ecomog est aujourd’hui intégrée au Mécanisme. Elle a été envoyée en Côte
d’ivoire depuis lors sans pour autant jouer un grand rôle.
Au Libéria la CEDEAO a montré à travers l’Ecomog qu’elle pouvait avec succès,
gérer une situation de conflit et négocier un accord de paix permettant une transition
démocratique vers un régime élu. En Sierra Léone elle a défendu la démocratie en
renversant un régime issu d’un coup d’Etat militaire. En gros, dans toutes ses
missions, les critiques apportées à l'Ecomog portent davantage sur certains
comportements des participants à la mission que sur le bien-fondé des interventions.
Aujourd’hui l’Ecomog ne peut plus se permettre d’avoir le comportement qu’elle a
eu dans le passé car toute erreur qu’elle commettrait, désormais, se répercutera sur le
77 L’OUA s’est dotée en 1993 d’un Mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits afin de remplacer la Commission de médiation, de conciliation et d’arbitrage qui devait s’occuper de la gestion pacifique des conflits. Ce mécanisme a beaucoup servi depuis sa création dans certaines crises comme celles au Burundi, au Liberia, au Cameroun/Nigeria, au Congo, aux Comores et au Zaïre.
62
Mécanisme et le décrédibiliserait. Cette force qui a acquit maintenant une certaine
expérience dans le maintien de la paix, doit être mieux équipée et entraînée pour
intervenir efficacement dans la sous région. Pour cela, les Nations Unis et les
puissances occidentaux ont un grand rôle à jouer.
On ne peut espérer connaître du succès dans des opérations de paix avec des sous-
officiers et des soldats qui sont parfois si mal payés ou ravitaillés qu'ils doivent se
livrer au marché noir ou au pillage pour survivre en mission. L’Ecomog a péché par
manque de matériel, de finances, d’expérience et par la rivalité des puissances de la
sous-région et celles se trouvant à l’extérieur. Malgré ses échecs et les critiques
qu’on en a fait, elle a montré aux africains qu’ils pouvaient se prendre en main en
matière de maintien de la paix même si le prix à payer pouvait être lourd. Elle a
montré également aux puissances occidentales que les forces de maintien de la paix
sous-régionales pouvaient constituer une solution pour leur éviter à intervenir
directement dans les conflits africains.
Même si l’Ecomog a besoin de bien s’équiper et d’être financée pour mieux
intervenir, il ne faut pas perdre de vu que l’objectif n’est pas d’intervenir pour
résoudre des conflits. L’objectif est plutôt de prévenir les conflits pour que la Force
n’est pas à intervenir. Nous pensons que les Chefs-d’Etat de la sous-région l’ont bien
compris en mettant en place le Mécanisme. Nous pensons très sincèrement qu’avant
tout, ils doivent s’attaquer aux racines des conflits en Afrique de l’ouest à savoir : la
pauvreté de masse, l’analphabétisme, le déséquilibre entre les communautés,
l’inégalité du développement, l’absence de pratiques démocratiques, l’injustice et
l’incapacité des gouvernants à garantir la sécurité des personnes etc. C’est en réglant
ces problèmes et en appliquant parfaitement le Mécanisme que la CEDEAO pourra
bien un jour rendre réel son rêve d’une sous région pacifiée, stable et prospère.
Après avoir affirmé que l’Ecomog fut une bonne expérience pour la CEDEAO, et
ceci malgré les erreurs dans ses missions et les critiques qu’on en a fait, nous
pouvons nous poser une autre question. Les agissements de la CEDEAO en
matière de prévention, de gestion et de maintien de la paix sont t’ils un exemple
63
pour les autres organisations sous-régionales africaines ? A l’heure actuelle, il
serait audacieux d’y répondre affirmativement. Toutefois, nous avons constaté, au
cours de nos recherches, que certaines d’entre elles commencent à assumer de plus
en plus un rôle important dans le domaine du maintien de la paix.
En Afrique australe, la SADC78 (COMMUNAUTE DE DEVELOPPEMENT DE
L’AFRIQUE AUSTRALE) a mis en place un ORGANE SUR LA POLITIQUE, LA DEFENSE ET
LA SECURITE qui ambitionne de développer une capacité régionale de maintien de la
paix. La SADC a joué un rôle non négligeable de médiateur dans les crises aux
Comores et en RDC. Elle a eu également à envoyer un contingent au Lesotho
(Opération Boleas), sur demande du gouvernement du Lesotho, le 22 septembre 1998
pour rétablir l'ordre après la crise qui a suivi les élections du 21 mai 1998.
En Afrique centrale, la CEEAC79 (COMMUNAUTE ECONOMIQUE DES ÉTATS
D’AFRIQUE CENTRALE) a mis en place, en juin 2002, un CONSEIL DE PAIX ET DE
SECURITE DE L’AFRIQUE CENTRALE (COPAX), chargé de la promotion, de la
maintenance et de la consolidation de la paix et de la sécurité en Afrique centrale. Ce
conseil se compose d’organes techniques que sont : un SYSTEME D’ALERTE AVANCEE
POUR L’AFRIQUE CENTRALE (MARAC), une COMMISSION POUR LA DEFENSE ET LA
SECURITE (CDS) et une FORCE MULTINATIONALE DE L’AFRIQUE CENTRALE (FOMAC)
La CEMAC80 (COMMUNAUTE ECONOMIQUE ET MONETAIRE D'AFRIQUE
CENTRALE) a déployé le 4 décembre 2002 en Centrafrique la FOMUC (FORCE
MULTINATIONALE EN CENTRAFRIQUE) dans le cadre des accords de Libreville, signés
le 2 octobre 2002. La force se compose 374 soldats gabonais, congolais et tchadiens.
Le 28 janvier 2004 à Brazzaville, les membres de l’organisation ont signé un PACTE
DE NON AGRESSION, DE SOLIDARITE ET D'ASSISTANCE MUTUELLE.
78 La SADC est composée de 14 pays : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Lesotho, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, République démocratique du Congo, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe. 79 La CEEAC à été créée le 18 octobre 1983 par les membres de l'UDEAC et les membres de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) (Burundi, Ruanda et le Zaïre - ainsi nommé à l'époque), ainsi que Sao Tomé et Principe. 80 La CEMAC a été créée le 16 mars 1994 à Ndjamena au Tchad. Elle regroupe 6 pays : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, Tchad.
64
En Afrique orientale, l’IGAD (AUTORITE INTERGOUVERNEMENTALE POUR LE
DEVELOPPEMENT) reste timide en matière de prévention des crises et de maintien de
la paix. Toutefois, avec les crises au Soudan, en Somalie et entre l’Éthiopie et
l’Érythrée, elle avait proposé des solutions pour régler pacifiquement les conflits.
Nous souhaitons très sincèrement une grande réussite à toutes ces initiatives en
espérant que leur aboutissement permettra à l’Afrique de dépasser un pallier qui est
celui de la guerre, de la famine et des maladies pour en franchir un autre qui sera
celui de la paix, de la sécurité et de la prospérité. Une fois encore, nous répétons que
l’aboutissement de ces initiatives, dépend en partie du soutien des Nations Unis et
des occidentaux.
65
ANNEXES
66
ANNEXE 1 : CARTE ET FICHES D’IDENTITE DES PAYS DE LA CEDEAO
BENIN
Population (2004) 7 250 033 habitants
Superficie 112 622 km2
Densité 64.37 h/km2
PIB par habitant (PPA - 2001) 980 $us
Espérance de vie (2003) 50.81 ans
Taux de natalité (2003) 42.57 pour 1000
Taux de mortalité (2003) 13.69 pour 1000
Taux de mortalité infantile (2003) 85.88 pour 1000
Taux d'alphabétisation (2003) 40.15 %
Langue officielle Français
67
Monnaie Franc CFA
Indice de développement humain (IDH) 0.411/1.0
Taux d'urbanisation 43.00 %
Villes principales : Cotonou carte, Porto Novo (capitale),
Parakou, Djougou, Bohicon, Kandi,
Abomey Natitingou Lokossa
BURKINA FASO
Population (2003) 13 228 460 habitants
Superficie 274 200 km2
Densité 48,24 h/km2
PIB par habitant (PPA - 2002) 1 120 $us
Espérance de vie (1996) 53,8 ans
Taux de natalité (2002) 44,78 pour 1000
Taux de mortalité (2002) 18,76 pour 1000
Taux de mortalité infantile (2002) 99,78 pour 1000
Taux d'alphabétisation (1996) 25,85 %
Langue officielle Français
Monnaie Franc CFA
Indice de développement humain (IDH) 0.330/1.0
Villes principales : Ouagadougou (capitale), Bobo
Dioulasso
68
CAP VERT
Population (2004) 455 294 habitants
Taux de croissance annuel 0.734 %
Superficie 4 033 km2
Densité 112.89 h/km2
PIB par habitant (PPA - 2001) 5 570 $us
Espérance de vie (2003) 70.14 ans
Taux de natalité (2003) 26.13 ‰
Indice de fécondité (2003) 3.30 enfants/femme
Taux de mortalité (2003) 6.72 ‰
Taux de mortalité infantile (2003) 49.14 ‰
Taux d'alphabétisation 76.80 %
Langues officielles Portugais, créole cap-verdien
Monnaie Escudo cap-verdien
Indice de développement humain (IDH) 0.727/1.0
Nature de l'état et du régime République unitaire,
parlementaire
Taux d'urbanisation 63.50 %
Villes principales : Praia (capitale), Mindelo
COTE D'IVOIRE
Population (2004) 16 944 598 habitants
Superficie 322 461 km2
Densité 52,11 h/km2
PIB par habitant (2001) 700 $us
69
Espérance de vie (2002) 44,72 ans
Taux de natalité (2002) 39,99 pour 1000
Taux de mortalité (2002) 16,74 pour 1000
Taux de mortalité infantile (2002) 92,23 pour 1000
Taux d'alphabétisation (1990) 53,80 %
Langue officielle Français
Monnaie Franc CFA
Villes principales : Abidjan carte, Bouaké,
Yamoussoukro (capitale), Daloa,
Korhogo, Man, Gagnoa
GAMBIE
Population (2004) 1 546 848 habitants
Taux de croissance annuel 2.980 %
Superficie 11 295 km2
Densité 136.95 h/km2
PIB par habitant (PPA - 2001) 2 050 $us
Espérance de vie (2003) 54.79 ans
Taux de natalité (2003) 40.30 pour 1000
Indice de fécondité (2003) 4.70 %
Taux de mortalité (2003) 12.08 pour 1000
Taux de mortalité infantile (2003) 73.48 pour 1000
Taux d'alphabétisation 39.05 %
Langue officielle Anglais
Monnaie Dalasi
Indice de développement humain (IDH) 0.463/1.0
Nature de l'état République unitaire
70
Taux d'urbanisation 53.60 %
Villes principales : Banjul (capitale)
GHANA
Population (2003) 20 467 747 habitants
Superficie 238 538 km2
Densité 85,80 h/km2
PIB par habitant (2001) 290 $us
Espérance de vie (2003) 56,53 ans
Taux de natalité (2003) 25,84 pour 1000
Taux de mortalité (2003) 10,53 pour 1000
Taux de mortalité infantile (2003) 53,02 pour 1000
Taux d'alphabétisation (1990) 60,30 %
Langue officielle Anglais
Monnaie Cedi
Indice de développement humain (IDH) 0,548/1,0
Villes principales : Accra (capitale), Kumasi
GUINEE
Population (2004) 9 246 462 habitants
Superficie 245 857 km2
Densité 37.61 h/km2
PIB par habitant (PPA - 2001) 1 960 $us
Espérance de vie (2003) 49.70 ans
71
Taux de natalité (2003) 42.26 pour 1000
Taux de mortalité (2003) 15.53 pour 1000
Taux de mortalité infantile (2003) 91.82 pour 1000
Taux d'alphabétisation (2003) 41.05 %
Langue officielle Français
Monnaie Franc guinéen
Indice de développement humain (IDH) 0.425/1.0
Taux d'urbanisation 27.90 %
Villes principales : Conakry (capitale), Nzérékoré, Kankan,
Kindia
GUINEE BISSAU
Population (2004) 1 388 363 habitants
Taux de croissance annuel 1.989 %
Superficie 36 125 km2
Densité 38.43 h/km2
PIB par habitant (PPA - 2001) 970 $us
Espérance de vie (2003) 46.98 ans
Taux de natalité (2003) 38.03 pour 1000
Indice de fécondité (2003) 7.10 %
Taux de mortalité (2003) 16.57 pour 1000
Taux de mortalité infantile (2003) 108.72 pour 1000
Taux d'alphabétisation 41.45 %
Langue officielle Portugais
Monnaie Franc CFA
Indice de développement humain (IDH) 0.373/1.0
72
Nature de l'état République unitaire
Taux d'urbanisation 32.30 %
Villes principales : Bissau (capitale)
LIBERIA
Population (2003) 3 317 176 habitants
Superficie 111 370 km2
Densité 29,79 h/km2
PIB par habitant (1999) 260 $us
Espérance de vie (2002) 48,15 ans
Taux de natalité (2002) 45,28 pour 1000
Taux de mortalité (2002) 17,84 pour 1000
Taux de mortalité infantile (2002) 132,18 pour 1000
Taux d'alphabétisation (1990) 39,50 %
Langue officielle Anglais
Monnaie Dollars libérien
Indice de développement humain (IDH) 0.325/1.0
Villes principales : Monrovia (capitale)
MALI
Population (2004) 11 956 788 habitants
Taux de croissance annuel 2.783 %
Superficie 1 240 198 km2
Densité 9.64 h/km2
PNB (2003) 2 880 millions $US
73
PNB par habitant (PPA-2003) 860 $US
Croissance du PIB (2003) 5.30 %
Espérance de vie (2003) 45.28 ans
Taux de natalité (2003) 47.29 ‰
Indice de fécondité (2003) 7.00 enfants/femme
Taux de mortalité (2003) 19.12 ‰
Taux de mortalité infantile (2003) 117.99 ‰
Taux d'alphabétisation (2003) 44.95 %
Langue officielle Français
Monnaie Franc CFA
Indice de développement humain (IDH) 0.337/1.0
Nature de l'état République parlementaire, régime présidentiel
Taux d'urbanisation 31.54 %
Villes principales : Bamako (capitale)
NIGER
Population (2004) 11 360 538 habitants
Superficie 1 186 408 km2
Densité 9.58 h/km2
PIB par habitant (PPA - 2001) 890 $us
Espérance de vie (2003) 42.18 ans
Taux de natalité (2003) 48.91 pour 1000
Taux de mortalité (2003) 21.51 pour 1000
Taux de mortalité infantile (2003) 122.66 pour 1000
Taux d'alphabétisation (2003) 17.20 %
Langue officielle Français
74
Monnaie Franc CFA
Indice de développement humain (IDH) 0.292/1.0
Taux d'urbanisation 21.10 %
Villes principales : Niamey (capitale), Zinder, Maradi, Agadez,
Tahoua
NIGERIA
Population (2005) 128 771 988 habitants
Superficie 923 768 km2
Densité 139.40 h/km2
PIB par habitant (2002) 360 $us
Espérance de vie (2002) 51,01 ans
Taux de natalité (2002) 38,75 pour 1000
Taux de mortalité (2002) 13,76 pour 1000
Taux de mortalité infantile (2002) 71,35 pour 1000
Taux d'alphabétisation (1990) 50,70 %
Langue officielle Anglais (Français en projet)
Monnaie Naira
Villes principales : Lagos, Ibadan, Kano, Kaduna, Oshogbo, Port
Harcourt, Benin, Onitsha, Ogbomosho ...
SENEGAL
Population (2003) 10 580 307 habitants
Superficie 196 722 km2
Densité 53,78 h/km2
75
PIB par habitant (2001) 480 $us
Espérance de vie (2002) 56,37 ans
Taux de natalité (2002) 36,23 pour 1000
Taux de mortalité (2002) 10,88 pour 1000
Taux de mortalité infantile (2002) 57,57 pour 1000
Taux d'alphabétisation (1990) 38,30 %
Langue officielle Français
Monnaie Franc CFA
Indice de développement humain (IDH) 0.423/1.0
Villes principales : Dakar (capitale), Thiès, Kaolack, Ziguinchor, Rufisque,
Saint-Louis, Mbour, Diourbel
SIERRA LEONE
Population (2004) 5 883 889 habitants
Superficie 71 740 km2
Densité 82.02 h/km2
PIB par habitant (PPA - 2001) 470 $us
Espérance de vie (2003) 42.69 ans
Taux de natalité (2003) 43.34 pour 1000
Taux de mortalité (2003) 20.62 pour 1000
Taux de mortalité infantile (2003) 145.24 pour 1000
Taux d'alphabétisation (2003) 36.65 %
Langue officielle Anglais
Monnaie Leone
Indice de développement humain (IDH) 0.275/1.0
76
Taux d'urbanisation 37.30 %
Villes principales : Freetown (capitale), Koidu,
Makeni
TOGO
Population (2005) 5 681 519 habitants
Superficie 56 785 km2
Densité 100.05 h/km2
PIB par habitant (1999) 270 $us
Espérance de vie (2002) 53,43 ans
Taux de natalité (2002) 35,23 pour 1000
Taux de mortalité (2002) 11,51 pour 1000
Taux de mortalité infantile (2002) 68,73 pour 1000
Taux d'alphabétisation (1990) 43,30 % Langue officielle
Français
Monnaie Franc CFA
Indice de développement humain (IDH) 0.489/1.0
Villes principales : Lomé (capitale), Kpalimé,
Sokodé
Source : www.populationdata.net/
77
ANNEXE 2 : FICHE D'IDENTITE DE LA CEDEAO
.
Communauté Économique des États de
l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)
ECOWAS EXECUTIVE SECRETARIAT
60, Yakubu Gowon Crescent, Asokoro District Abuja, Nigeria
Tel: (234)-09-2347647
Tel/Fax : (234)-09-2343005, 2347644
Site Internet: http://www.ecowas.int/
Fonds de la CEDEAO: BP 2704 Lomé – Togo
Tél : (228) 21 68 64 Fax : (228) 21 86 84
CREATION :
La CEDEAO a été créée à Lagos (Nigeria) le 28 mai 1975 par un traité signé par 15
pays rejoints par le Cap vert en 1977.
OBJECTIFS ET MISSIONS DE LA CEDEAO:
Regroupant tous les pays de l'Afrique de l'Ouest (les 8 pays ouest-africains de la
Zone franc CFA + Cap Vert, Gambie, Ghana, Guinée, Libéria, Nigeria, Sierra
Leone), la CEDEAO (ECOWAS en anglais) a pour missions de promouvoir la
coopération et le développement dans tous les domaines de l'activité économique,
d'abolir, à cette fin, les restrictions au commerce, supprimer les obstacles à la libre
circulation des personnes, des services et des biens, l'harmonisation des politiques
sectorielles régionales.
78
L'objectif majeur reste la constitution d'un vaste marché commun ouest-africain et la
création d'une union monétaire pour l'an 2004.
L'adoption d'une monnaie commune de la CEDEAO en 2004 ne pourra se réaliser
qu'après l'adoption d'une monnaie commune (l'Eco) aux pays de la ZMAO (Guinée,
Gambie, Ghana, Nigeria et Sierra Léone) en 2003 et la fusion de l'Eco avec le Franc
CFA.
Force est de constater que les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur des
ambitions, pour de nombreuses et complexes raisons. Les pays ouest-africains de la
Zone Franc sont membres de la CEDEAO mais leur action d'intégration se déroule
au sein de l'UEMOA.
La CEDEAO dispose d'un Fonds de Coopération et de Développement (Ecowas
Fund) destiné au financement de projets dans les pays membres les plus démunis. Ce
Fonds de coopération, de compensation et de développement de la CEDEAO"
deviendra, avant le 30 juin 2002, la "Banque d'investissement et de développement
de la CEDEAO" (BIDC), holding dotée de deux filiales:
1. la Banque régionale d'investissement (BRIC) et
2. le Fonds régional de développement (FRDC).
A ces objectifs économiques et commerciaux, la CEDEAO s'est adjoint une
dimension politique et militaire en se dotant d'une force militaire d'interposition,
l'ECOMOG créé en avril 1990 pour mettre fin au conflit du Liberia.
ORGANISATION :
Les institutions de la CEDEAO sont les suivantes:
- la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement
- le Conseil des Ministres
- le Secrétariat Exécutif dirigé par un Secrétaire exécutif (M. Mohamed Ibn Chambas
depuis Décembre 2001)
79
- le Tribunal de la Communauté
- les Commissions techniques et spécialisées (douanes, industrie, transports, affaires
sociales, ...)
CONTACTS :
Secrétaire exécutif de la CEDEAO : Mohamed Ibn Chambas
Directeur du Fonds de la CEDEAO : Samuel Kye APEA
Secrétaire général du Fonds de la CEDEAO : Antonio Pedro M. LIMA
Par l’Auteur
80
ANNEXE 3 : CARTE DU LIBERIA
Source : www.populationdata.net/
81
ANNEXE 4 : CHRONOLOGIE DE LA GUERRE DU LIBERIA
7 mai 1990 Samuel K. Doe se rend en visite officielle de crise à Lagos au Nigéria.
30 mai 1990 (…) se tient à Banjul en Gambie, le sommet des Chefs d’Etat et de
Gouvernement de la CEDEAO qui met en place un Comité permanent de médiation.
4 juin 1990 des navires américains sont arrivés au large des côtes libériennes; il s’y
trouverait environ 2000 marines. Une cinquantaine de marines sont déployés à
Monrovia.
5 juillet 1990 le gouvernement et le NPFL négocient un cessez-le-feu que C. Taylor
rejette définitivement une semaine plus tard. La CEDEAO entame alors une nouvelle
médiation qui va échouer devant la volonté de C. Taylor de gagner la guerre pour ne
pas avoir à partager le pouvoir.
5 août 1990 des marines (225) sont déployés dans Monrovia pour l’évacuation des
Occidentaux. Dans le même temps, les rebelles de Prince Johnson du INPFL,
prennent en otages, certains étrangers pour faire pression sur les puissances
étrangères afin qu’une force internationale soit envoyée.
7 août 1990 le nouveau Comité permanent de médiation tient sa première réunion à
Banjul en Gambie : il est décidé l’envoi d’une force d’interposition dénommée
ECOMOG (ECOWAS Monitoring Group)
9 août 1990 l’ambassade nigériane à Monrovia est attaquée par les rebelles.
24 août 1990 les troupes de l’ECOMOG débarquent dans la capitale libérienne,
Monrovia. Aussitôt elles subissent des attaques des freedom fighters du NPFL.
82
27 août 1990 sous l’égide de la CEDEAO, se tient une conférence de tous les
Libériens, à Banjul. Il est créé un gouvernement intérimaire à la tête duquel le
professeur Amos Sawyer est élu. Mais C. Taylor ne reconnaît pas ce gouvernement.
9 septembre 1990 Samuel Kanyon Doe est pris dans une embuscade alors qu’il se
rendait au quartier général de l’ECOMOG pour des négociations. Arrêté par les
troupes de Prince Johnson, il est conduit devant celui-ci, torturé puis tué de façon
atroce.
20 septembre 1990 un Général nigérian prend en main le commandement de
l’ECOMOG.
10 octobre 1990 l’ECOMOG lance une vaste offensive qui lui permet d’avoir
l’entier contrôle sur Monrovia.
7 novembre 1990 le petit port de Monrovia est rouvert. Dans la zone sous contrôle
de l’ECOMOG, tout semble revenir à la normale : toute la population afflue alors
vers Monrovia.
27 novembre 1990 lors des négociations de Bamako, C. Taylor signe enfin par lui-
même, un accord de cessez-le-feu avec les autres parties. L’ECOMOG devra
s’occuper du processus de désarmement.
20 décembre 1990 Sommet de Banjul : un accord intervient entre les factions sur
l’organisation d’une conférence nationale libérienne dans un délai de soixante jours.
10 janvier 1991 l’évacuation des Occidentaux prend fin après sept mois de
fonctionnement du dispositif américain de rapatriement.
13 février 1991 Accords de Lomé : ils prévoient un cessez-le-feu, le désarmement
étant reporté. La tenue d’une nouvelle conférence nationale sur le Libéria est prévue,
qui aura pour mission de mettre en place un nouveau gouvernement intérimaire.
83
16 mars 1991 cette nouvelle conférence nationale sur le Libéria a lieu à Monrovia.
Mais elle s’empêtre dans des questions de procédure avant de finir par réélire Amos
Sawyer pour former un nouveau gouvernement.
30 juin 1991 un sommet restreint à certains Etats de la CEDEAO, se tient à
Yamoussoukro à l’initiative de Houphouët-Boigny qui dans la déclaration finale,
annonce une réconciliation entre Amos Sawyer et Charles Taylor.
6 août 1991 Prince Johnson qui est membre du gouvernement intérimaire, procède à
l’exécution de certains des membres de son mouvement, accusés d’espionnage en
faveur du NPFL. Il annonce son retrait du gouvernement intérimaire auquel il
reproche une mauvaise gestion économique.
20 août 1991 C. Taylor refuse que ses troupes rendent les armes alors la Côte
d’Ivoire propose que l’ECOMOG soit remplacé par une force internationale sous
couvert des Nations Unies.
16 septembre 1991 Yamoussoukro III où un accord entre les parties prévoit le
cantonnement et le désarmement des factions de même qu’un élargissement de
l’ECOMOG.
29 octobre 1991 Yamoussoukro IV : est réaffirmé un principe double de
cantonnement et de désarmement avec un délai de soixante jours à compter du 15
novembre. Le NPFL accepte de rouvrir ses routes, les autres factions en font de
même : l’ECOMOG devra assurer le contrôle sur ces infrastructures.
6 avril 1992 Conférence de Genève qui réaffirme les accords de Yamoussoukro IV.
Mais l’ULIMO rejette ces accords.
9 mai 1992 l’ECOMOG commence à se déployer sur les terres intérieures.
84
28 mai 1992 des casques blancs sénégalais sont tués à Vahun par des hommes du
NPFL.
15 octobre 1992 déclenchement de la vaste offensive contre l’ECOMOG à
Monrovia : c’est l’opération Octopus du NPFL.
7 novembre 1992 Sommet de la CEDEAO à Abuja : les Chefs d’Etat et de
Gouvernement adoptent une ligne dure contre la rébellion NPFL. Désormais ils
veulent donner à l’ECOMOG, les moyens de se défendre adéquatement.
19 décembre 1992 un représentant spécial des Nations Unies est nommé.
26 mars 1993 la résolution 813 fait appel au respect de l’embargo sur les armes à
destination du Libéria.
17 juillet 1993 un accord de paix est conclu à Genève, qui prévoit un cessez-le-feu
pour le 31 prochain.
25 juillet 1993 l’accord de Genève est signé à Cotonou : les cinq membres du
Conseil d’Etat, organe exécutif de transition, ont été désignés.
22 septembre 1993 le Conseil de Sécurité des Nations Unies crée la Mission
d’Observation des Nations Unies au Libéria (MONUL). La résolution 866 adoptée à
l’unanimité lui fixe un rôle d’assistance et de contrôle de l’ECOMOG, pendant une
durée de sept mois.
6 novembre 1993 les négociations sur la composition du gouvernement de transition
échouent.
4 juillet 1994 des observateurs des Nations Unies sont pris en otages.
85
7 septembre 1994 un nouveau sommet devrait être organisé par le président en
exercice de la CEDEAO, Jerry Rawlings, sur le lac Volta au nord d’Accra au Ghana :
il est retardé de vingt-quatre heures alors que les élections prévues par les accords de
Cotonou sont reportées sine die.
8 septembre 1994 de nouveau des observateurs des Nations Unies sont pris en otage
par les troupes du NPFL. Parmi les otages il y a aussi des membres d’organisations
humanitaires.
17 septembre 1994 des officiers dissidents de l’AFL organisent un putsch qui
échoue : les casques blancs rétablissent très rapidement l’ordre et arrêtent les
putschistes.
21 décembre 1994 les accords d’Akossombo sont signés et prévoient un nouveau
Conseil d’Etat de sept membres.
15 août 1995 à Abuja au Nigéria, se réunit le sommet de la CEDEAO pour le Libéria
: à côté des chefs d’Etat se trouvaient des représentants des factions. Mais ils n’ont
adopté que des recommandations ; de plus les chefs d’Etat du Togo, de la Côte
d’Ivoire, du Mali et de la Sierra-Leone sont partis avant la fin des négociations. Un
cessez-le-feu est adopté et de nouvelles institutions transitoires prévues.
2 septembre 1995 la présidence collégiale qui comprend les principaux chefs de
faction, s’installe à Monrovia. Trois jours après, un nouveau gouvernement de
transition est formé.
14 décembre 1995 l’ECOMOG commence à se déployer à l’intérieur des terres
autrefois sous le contrôle de différentes factions.
PAR L’AUTEUR
86
ANNEXE 5 : LISTE DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX EN AFRIQUE DEPUIS
1990
PAYS/MISSION DATE RESPONSABILITE
AFRIQUE DU SUD
MONUAS (Mission des Nations
unies en Afrique du Sud)
sept. 1992-mai
1994 ONU
COMSA (Commonwealth Observer
mission in South Africa)
oct. 1992-mai
1993 Commonwealth
COGSA (Commonwealth Obsever
Group in South Africa)
avril 1994-mai
1994 Commonwealth
ECOMSA (European Community
Observer Mission in South Africa)
oct. 1992-mai
1994 CEE
EUNELSA (European Union
Election Unit in South Africa)
mars 1994-mai
1994 Union européenne
Observer Mission in South Africa nov. 1992-mai
1994
OUA (Organisation de
l'unité africaine)
ANGOLA
MONUA (Mission des Nations
unies en Angola)
juillet 1997-août
98 ONU
UNAVEM I (Mission de
vérification des Nations unies en
Angola)
janv. 1989-juin
1991 ONU
UNAVEM II juin 1991-fév.
1995 ONU
UNAVEM III fév. 1995-juin
1997 ONU
BANDE AOUZOU GONUBA mai 1994-juin ONU
87
(Groupe d'observateurs des Nations
unies dans la bande d'Aouzou)
1994
BURUNDI
MIOB (Mission d'observation au
Burundi) nov. 93-juil. 96 OUA
COMORES
OMIC (Mission d'observation aux
Comores)
août 1997-nov.
1997 OUA
CONGO (REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU)
MONUC (Mission des Nations
unies en République démocratique
du Congo)
juillet 1999- en
cours ONU
COTE D'IVOIRE
MINUCI (Mission des Nations
unies en Côte d'Ivoire)
ONUCI (Opération des Nations
unies en Côte d'Ivoire)
mai 2003-avril
2004
avril 2004-en
cours
ONU
ERYTHREE ET ETHIOPIE
MINUEE (Mission des Nations
unies en Ethiopie et en Erythrée)
juillet 2000- en
cours ONU
GUINEE-BISSAU
ECOMOG (1998-1999) Groupe de
surveillance du cessez-le-feu déc. 1998-1999 ECOWAS (CEDEAO)
LESOTHO
Operation Boleas 1998-1999
SADC (Communauté de
développement d'Afrique
australe)
88
LIBERIA
ECOMOG I août 1990-août
1997 ECOWAS
ECOMOG II août 1997- ECOWAS
MONUL sept. 1993-sept.
1997 ONU
Joint Ceasefire Monitoring
Committee août 93-oct. 93 OUA
MINUL (Mission des Nations unies
au Liberia)
sept. 2003-en
cours ONU
MOZAMBIQUE
ONUMOZ (Opération de l'ONU au
Mozambique)
déc. 1992-déc.
1994 ONU
NAMIBIE
GANUPT (Groupe d'assistance de
l'ONU pour la transition)
avril 1989-mars
1990 ONU
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
MISAB (Mission inter-africaine de
surveillance des Accords de Bangui)
fév. 1997-avril
1998 Accords de Bangui
MINURCA (Mission des Nations
unies en République centrafricaine)
avril 1998-en
cours ONU
OUGANDA/RWANDA MONUOR
(Mission d'observation de l'ONU an
Ouganda et au Rwanda))
juin 1993-sept.
1994 ONU
RWANDA
GOMN (Groupe d'observation
militaire neutre)
août 1993-oct.
1993 OUA
MINUAR I et II (Mission des oct. 1993-mars ONU
89
Nations unies pour l'assistance au
Rwanda)
1996
SAHARA OCCIDENTAL
MINURSO (Mission de l'ONU pour
l'organisation d'un référendum au
Sahara occidental)
sept. 1991-en
cours ONU
SOMALIE
ONUSOM I (Opération des Nations
unies en Somalie)
avril 1992-mars
1993 ONU
ONUSOM II mars 1993-mars
1995 ONU
SIERRA LEONE
ECOMOG I ECOWAS
ECOMOG II juin 1997- ECOWAS
UN military liaison and security
advisory personnel
mai 1998-juillet
1998 ONU
MONUSIL (Mission d'observation
des Nations unies au Sierra Leone)
juillet 1998-oct.
1999 ONU
MINUSIL (Mission des Nations
unies en Sierra Leone) oct. 1999-en cours ONU
ZAÏRE
Contingent zaïrois pour la sécurité
des camps
jan. 1995-déc.
1996
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les populations et les pays du monde)
98
TABLE DES MATIERES
99
INTRODUCTION ………………………………..……………...……………..... 2
PREMIERE PARTIE : DU PNA A L’ECOMOG : UNE VOLONTE
MANIFESTE DE METTRE EN PLACE UN ESPACE
DE PAIX ET DE SECURITE …….…………….………… 6
CHAPITRE 1 : LA CEDEAO ET SES PROTOCOLES
DE DEFENSE …………………………………………..……. 7
SECTION 1 : PRESENTATION DE LA CEDEAO ……..……...…..…….. 7
PARAGRAPHE 1 : NAISSANCE ET OBJECTIFS DE LA CEDEAO ... 7
PARAGRAPHE 2 : LES STRUCTURES DE L’ORGANISATION ……... 9
SECTION 2 : LES PROTOCOLES DE DEFENSE CONCLUS AU SEIN
DE LA CEDEAO …………..………………………..… 11
PARAGRAPHE 1 : LE PROTOCOLE DE NON AGRESSION (PNA) . 11
PARAGRAPHE 2 : LE PROTOCOLE D’ASSISTANCE MUTUELLE
EN MATIERE DE DEFENSE (PAMD) …………………….....… 14
CHAPITRE 2 : LA MISE EN PLACE DE L’ECOMOG …………………….....… 17
SECTION 1 : LA GUERRE CIVILE DU LIBERIA ……………………..… 17
PARAGRAPHE 1 : LES FACTEURS INTERNES DU CONFLIT ….…. 17
PARAGRAPHE 2 : LES ACTEURS DU CONFLIT …….……..……. 19
A. LES ACTEURS INTERNES ……..………..…..……… 19
100
B. LES ACTEURS EXTERNES DU CONFLIT …...……….. 21
1) LES ETATS-UNIS : POUR SES INTERETS
ET LA LIBYE ………………….…..………. 22
2) LIBYE ET NIGERIA : POUR L’HEGEMONIE …. 23
3) LA FRANCE ET LES PAYS FRANCOPHONES
DE LA SOUS-REGION : POUR LES INTERETS,
LA FAMILLE ET LA FRANCOPHONIE …....... 24
SECTION 2 : LA NAISSANCE DE L’ECOMOG ………….…………….. 26
DEUXIEME PARTIE : DE L’ECOMOG AU MECANISME DE
1999 : VERS LA MISE EN PLACE DE L’ESPACE DE
PAIX ET DE SECURITE OUEST -AFRICAIN …...........… 29
CHAPITRE 1 : DES MISSIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ECOMOG ....… 30
SECTION 1 : DES INTERPOSITIONS AUX RESULTATS MITIGES ………. 30
PARAGRAPHE 1 : LES ERREURS DE L’ECOMOG AU LIBERIA …. 30
A. LES LIENS DE L’ECOMOG AVEC CERTAINES
FACTIONS REBELLES ………………………..……. 31
B. LES OPERATIONS AERIENNES ET LEURS DEGATS … 32
PARAGRAPHE 2 : L’INTERVENTION DE L’ECOMOG EN
SIERRA LEONE ET LE PHENOMENE DES SMP
(SOCIETES MILITAIRES PRIVEES)…………. 35
A. LA REINSTALLATION DU PRESIDENT KABBAH
AU POUVOIR ………………………….…...…….. 35
B. LES SMP DANS LE CONFLIT SIERRA LEONAIS ….…. 37
PARAGRAPHE 3 : DES INTERVENTIONS DE L’ECOMOG EN
GUINEE BISSAU ET EN COTE D’IVOIRE .....… 38
A. EN GUINEE BISSAU : L’ECOMOG « TEMOIN
D’UN PUTSCH » ……………...………………...…. 39
101
B. L’ECOMOG EN COTE D’IVOIRE : UNE MODESTE
PARTICIPATION …………...……………………….… 40
SECTION 2: LES ENSEIGNEMENTS DES INTERVENTIONS
DE L’ECOMOG ……………………………………...….. 41
PARAGRAPHE 1. LES SUCCES DE LA FORCE ……………..…… 42
PARAGRAPHE 2. LES CAUSES DES « ECHECS » DE LA FORCE .... 44
CHAPITRE 2 : DU MECANISME DE GESTION DES CONFLITS DE LA CEDEAO
ET DE LA NECESSITE DU SOUTIEN INTERNATIONAL POUR LE RENFORCEMENT DES
CAPACITES AFRICAINES DE MAINTIEN DE LA PAIX .………………..…..…….. 47
SECTION 1 : PRESENTATION DU MECANISME ………..…………..… 47
PARAGRAPHE 1. SA MISE EN PLACE… …………………….… 47
PARAGRAPHE 2. …ET SA STRUCTURE ………….……………. 49
SECTION 2 : DE LA NECESSITE DU SOUTIEN INTERNATIONAL
POUR LE RENFORCEMENT DES CAPACITES AFRICAINES
DE MAINTIEN DE LA PAIX …………………………..…. 53
CONCLUSION ………………………………………..…………………...…… 60
ANNEXES ……………….……………………………………..….……………. 65
ANNEXE 1 : CARTE ET FICHES D’IDENTITE DES PAYS DE LA CEDEAO ………...… 66
ANNEXE 2 : FICHE D'IDENTITE DE LA CEDEAO …………………………….……. 77
ANNEXE 3 : CARTE DU LIBERIA ………………………………………………….. 80
102
ANNEXE 4 : CHRONOLOGIE DE LA GUERRE DU LIBERIA ………….………………. 81
ANNEXE 5 : LISTE DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX EN
AFRIQUE DEPUIS 1990 ….……………………………………...……. 86
BIBLIOGRAPHIE ………………………………..…………………….…….... 90