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PRÉSENTS ET ACTIFS Alors que s'accentuent les tensions entre EÉLV et ses parte- naires au gouvernement, que de façon récurrente dans nos rangs se pose la question de notre participation à ce gouvernement, les résul- tats d'un sondage BVA sur les rapports entre Europe-Écologie Les Verts et le PS (21 septembre 2013) montrent ce qui suit : 7 sympa- thisants de gauche sur 10 estiment que les écologistes peuvent rest- er au gouvernement, et une majorité de Français continue d'affirmer que nous pouvons très bien y demeurer sans être d'accord sur tout. Cette opinion est tout autant partagée par les sympathisants social- istes (77 %) que par les sympathisants Verts (78 %). La loi ALUR, avec le plafonnement des loyers et la garantie universelle des loyers (GUL), la TVA à 5 % pour les rénovations éner- gétiques, la loi sur la transparence bancaire, le maintien de l’interdic- tion des cultures OGM, celle du bisphénol A dans les conditionne- ments à vocation alimentaire, la loi sur les lanceurs d’alerte, la réaf- firmation de l'interdiction de l’exploitation des gaz de schiste, etc. : tout cela, c'est le résultat de l'action des élus et des ministres écologistes. Loin des toutes dernières querelles nationales, les militant(e)s et élu(e)s EÉLV franc-comtois œuvrent aussi, avec humilité, à la con- struction au quotidien d'une société au service de l'humain et de la préservation des ressources naturelles. Sans relâche, nous dénon- cerons les attaques contre les Droits de l'Homme et la dangereuse stigmatisation d'une partie des êtres humains qui peuplent notre pays. L'opposition à la reconduite aux frontières, la dénonciation de l'accueil dans des conditions déplorables des populations en errance, à la recherche d'un toit, d'un simple toit, mobiliseront toujours notre énergie. Nous serons aussi présents le 19 octobre à Saint-Claude pour la 2e édition de la Journée mondiale contre le fracking, auprès des collectifs franc-comtois et Nord-Rhône-Alpes, afin de dire notre op- position à l'exploitation des gaz de schiste. Nous espérons beaucoup de monde à nos congrès (régional et national décentralisé) des 16 et 17 novembre 2013, à Besançon, afin de définir collectivement les orientations de notre parti et élire celles et ceux qui les mettront en œuvre. Brigitte Monnet Cosecrétaire régionale OCTOBRE 2013 / n°189 / 1,70 €

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Page 1: FV octobre.pdf

PRÉSENTS ET ACTIFS

Alors que s'accentuent les tensions entre EÉLV et ses parte-

naires au gouvernement, que de façon récurrente dans nos rangs se

pose la question de notre participation à ce gouvernement, les résul-

tats d'un sondage BVA sur les rapports entre Europe-Écologie Les

Verts et le PS (21 septembre 2013) montrent ce qui suit : 7 sympa-

thisants de gauche sur 10 estiment que les écologistes peuvent rest-

er au gouvernement, et une majorité de Français continue d'affirmer

que nous pouvons très bien y demeurer sans être d'accord sur tout.

Cette opinion est tout autant partagée par les sympathisants social-

istes (77 %) que par les sympathisants Verts (78 %).

La loi ALUR, avec le plafonnement des loyers et la garantie

universelle des loyers (GUL), la TVA à 5 % pour les rénovations éner-

gétiques, la loi sur la transparence bancaire, le maintien de l’interdic-

tion des cultures OGM, celle du bisphénol A dans les conditionne-

ments à vocation alimentaire, la loi sur les lanceurs d’alerte, la réaf-

firmation de l'interdiction de l’exploitation des gaz de schiste, etc. :

tout cela, c'est le résultat de l'action des élus et des ministres

écologistes.

Loin des toutes dernières querelles nationales, les militant(e)s

et élu(e)s EÉLV franc-comtois œuvrent aussi, avec humilité, à la con-

struction au quotidien d'une société au service de l'humain et de la

préservation des ressources naturelles. Sans relâche, nous dénon-

cerons les attaques contre les Droits de l'Homme et la dangereuse

stigmatisation d'une partie des êtres humains qui peuplent notre

pays. L'opposition à la reconduite aux frontières, la dénonciation de

l'accueil dans des conditions déplorables des populations en errance,

à la recherche d'un toit, d'un simple toit, mobiliseront toujours notre

énergie.

Nous serons aussi présents le 19 octobre à Saint-Claude pour

la 2e édition de la Journée mondiale contre le fracking, auprès des

collectifs franc-comtois et Nord-Rhône-Alpes, afin de dire notre op-

position à l'exploitation des gaz de schiste.

Nous espérons beaucoup de monde à nos congrès (régional

et national décentralisé) des 16 et 17 novembre 2013, à Besançon,

afin de définir collectivement les orientations de notre parti et élire

celles et ceux qui les mettront en œuvre.

Brigitte Monnet

Cosecrétaire régionale

OCTOBRE 2013 / n°189 / 1,70 €

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LA FÊTE DU BIO ENDEUILLÉE PAR LA MORT D'ALBERT JACQUARD

Vuillafans

2

Il devait être présent à l'inauguration de la Fête du

Bio, à Vuillafans : Albert Jacquard est mort quelques

jours plus tôt. Très peinés par cette disparition, le maire

de Vuillafans, Célestin Cataneo, et les organisateurs ont

rendu hommage, au moment de l'inauguration, au

grand humaniste.

Une centaine d'exposants

C'est l'association « Terres » qui a organisé la

dixième édition de cette manifestation intitulée «Les

Bio'jours », les 14 et 15 septembre, pour la première

fois dans la vallée de la Loue. La fête du bio se tiendra

désormais alternativement à Lure et dans la « petite cité

comtoise de caractère ».

Au menu du week-end, dans les rues du village, des

fruits et légumes bio, du vin bio, du pain bio… mais aussi

de l'artisanat, des animations, un bal folk le samedi soir

et des conférences. Et une fréquentation quelque peu

perturbée par la pluie, surtout le samedi.

Il est intéressant de rappeler tout l'intérêt de l'agri-

culture biologique, qui produit une nourriture saine,

sans polluer, sans porter atteinte à la biodiversité. Sou-

tenir, encourager cette forme d'agriculture, c'est impor-

tant pour les militants de l'écologie et on a pu voir le

dimanche Éric Alauzet, député EÉLV, s'entretenir avec

les exposants et les visiteurs des difficultés et des succès

du secteur. En matière de développement de l'agricul-

ture biologique, le Grenelle de l'Environnement fixait

des objectifs qui ne sont pas du tout respectés et la ré-

forme de la PAC fait toujours la part belle à l'agriculture

dite « conventionnelle », celle qui utilise massivement

les engrais et les pesticides.

Débat sur les gaz de schiste

Le dimanche après-midi, une quarantaine de per-

sonnes se sont retrouvées dans une salle de l'école commu-

nale pour écouter Eva Lacoste, journaliste à Galias et à la

revue Les Zindignés, parler de ce dossier.

Peut-être est-il nécessaire de rappeler que si, dans

les gisements conventionnels de gaz, , les hydrocarbures

sont concentrés dans des réservoirs, dans les gaz de

schistes ils sont dispersés, à très faible concentration, dans

toute l'épaisseur de la roche-mère. Sans fracturation de

celle-ci, il est donc totalement impossible de les récupérer.

Contrairement à ce que certains laissent entendre, il n'y a

pas d'alternative à la fracturation hydraulique, qui consiste

à provoquer des fissures dans la roche en injectant de l'eau

sous pression, additionnée de sable et de solvants.

Après avoir évoqué les risques de pollution de l'eau

par les produits injectés dans le sous-sol et par les boues de

forage, Eva Lacoste a surtout parlé de la bataille juridique :

- les manœuvres actuelles du lobby pétrolier pour

faire invalider la loi de juillet 2011, qui interdit la fractura-

tion hydraulique ;

- la bataille des associations pour démontrer que la

préservation du secret sur les substances utilisées dans la

fracturation hydraulique est incompatible avec la législation

sur l'environnement ;

- les dangers du traité transatlantique de libre-

échange, qui pourrait permettre aux sociétés pétrolières de

s'affranchir des législations nationales.

À la fin, les militants locaux ont rappelé que la

Franche-Comté était directement concernée par le sujet

avec les demandes de forage de Pontarlier, de

Lons-le-Saunier et des Moussières.

Gérard Mamet

Sommaire

P1 : Edito : Présents et actifs

P2 : Vuillafans : la fête du bio

P3 : Lettre à un ami, Albert Jacquard

P5 : Le Mont d’Or : massacre annoncé

P7: Marie Odile Mainguet, une Verte au CG 39

P8 : Le problème migratoire à Besançon

P9 : Communiqué de presse sur les expulsions

P11 : Les écolos contre le lobby bancaire

P12 : Impuissance et discrédit

P14 : Handicap et sexualité

P16 : Destination Québec

P17 : Votations helvètes

P19 : Sciences et écologie

P21 : Contournement de Lons -le-Saunier

P22 :Quel automne à Sarajevo?

P23 : Téléphonie

P24 : Gaz de schiste: appel à manifester

P25: Echotidiens

Page 3: FV octobre.pdf

3

Lettre à un ami

CHER MONSIEUR JACQUARD

N'étant pas un membre, même

éloigné, de votre famille, j'ai peu de

légitimité pour commenter votre

œuvre, au lendemain de votre décès.

Cependant, pour vous avoir rencontré

quelques fois au cours des dernières

années, je ne doute pas que vous sau-

riez prouver que nous partageons vous

et moi, et avec plus de sept

milliards d'autres humains, la même panoplie de gènes (à

quelques détails près), un destin commun à la surface de

la planète Terre et la volonté d'œuvrer pour le bonheur et

le bien-être de chacun et de tous.

Notre première rencontre remonte à l'été 1993.

Vous aviez alors 67ans et moi 36. Je vous ai découvert

dans une liste de bouquins à lire impérativement à l'entrée

dans une formation d'éducateur à l'environnement. Insti-

tuteur de base et naturaliste de terrain, peu versé dans la

littérature savante, je n'avais alors jamais entendu parler

du scientifique reconnu et de l'homme d'action que vous

étiez déjà. Grâce à mes formateurs, j'ai donc lu, ou plutôt

dévoré, Voici le temps du monde fini. Et, enthousiaste, j'ai

enchaîné avec Cinq milliards d’hommes dans un vaisseau.

J'étais conquis par votre humanisme lumineux, étayé sur

des fondements scientifiques solides.

Notre deuxième rencontre eut lieu quelques

mois plus tard, en janvier 1994. Vous vous êtes soumis à

l'exercice de l'entretien radiophonique, sur France Inter,

avec Sylvain Augier. Convaincu par mes modestes lectures

(votre bibliographie est considérable !), je guettais l'émis-

sion avec impatience, une cassette magnétique vierge

prête à immortaliser vos propos. Lors de cette rencontre

audio, j'ai été séduit par la présence de votre voix, par

l'intelligence et l'énergie qui émanent de votre personne.

Comme vous avez le sens de la formule, il n'est pas difficile

de retrouver de nombreuses citations de vous. Moi, j'ai

retenu ces quelques extraits : « Je suis une merveille, il

faut que chacun le sache ! Et que chacun puisse le dire ! Je

suis une merveille, je ne vais quand même pas passer mon

temps à le démontrer : je le sais ! Je suis une merveille

parce que je suis un homme, j'appartiens à l'espèce hu-

maine !... Vous savez, nous sommes en train de vivre une

humanité grotesque ! » Et encore : « Il se trouve que j'ai

rencontré un certain nombre de gens avec qui j'ai pu tisser

des liens. C'est grâce à ces gens que l'on devient soi-même.

Et, au fond, je ne suis pas "Je", je suis les liens que j'ai avec

eux ! Par conséquent, mon vrai être, il

n'est pas en moi, il est dans les contacts

que j'ai. On existe que par les

échanges ! »

L'enseignant et éducateur de

base que j'étais a également beaucoup

apprécié l'échange suivant.

Sylvain Augier : « Vous remettez en

cause les principes essentiels de l'éducation, du savoir, de

la course à la victoire, puisqu'on cherche à faire des en-

fants de petits gagnants, dans notre fameuse société de

gagnants... »

Vous : « Mais c'est horrible ! Réfléchissez ! Qu'est-ce que

ça veut dire, "être un gagnant ?" Ça veut dire "un futur

perdant" ; ça veut dire "un fabriquant de perdants" dans

l'instantané ! C'est pas sérieux ! Écoutez : moi, je pense que

ma vie est quelque chose de précieux. Eh ! bien, je ne veux

pas la perdre à petit feu en voulant être un gagnant, alors

que j'aurais pu la perdre d'un seul coup dans un acci-

dent ! »

À l'écoute de ces sages réflexions, j'ai fini par me

sentir en lien avec vous. Je suis devenu un compagnon, à

la fois lointain par mon destin individuel si différent du

vôtre, et proche par les convictions et les aspirations. Si

bien que je contribue à partager et à transmettre certaines

de nos valeurs partagées : d'ailleurs, mes enfants ne m'ont

pas rendu vos livres que je leur ai prêtés. Peut-être les ont-

ils proposés, à leur tour, à de bons amis ?

Notre troisième rencontre, ce fut à l'occasion

du baptême du collège de Lure (Haute-Saône), auquel

vous avez prêté votre nom en 2010. J'ai fait partie de la

multitude de personnes qui vous ont accueilli avec sympa-

thie, vous ont serré la main, vous ont tiré le portrait...

Page 4: FV octobre.pdf

Peu importe : le culte de la personnalité n'est pas

votre truc ! Mais ça m'a fait plaisir de croiser Albert

Jacquard en chair et en os. Depuis longtemps, je n'avais

plus besoin d'être convaincu de votre grandeur d'âme et de

la valeur de vos idées. Parmi vos engagements, la plupart

des gens vous connaissaient pour votre militantisme admi-

rable en faveur des plus défavorisés, en association avec

l'abbé Pierre, vos coups de gueule à la télé au titre du DAL

(Droit au logement). Je témoigne que ce jour-là, Albert

Jacquard prêtait son nom à un petit collège de province,

non pour sa gloriole personnelle, mais pour honorer un lieu

où l'on tisse des liens, pour transmettre des connaissances

et permettre aux uns et aux autres de se construire.

Je vous remercie pour tout ce que vous m'avez ap-

porté, Monsieur Jacquard. En grande partie grâce à vous, je

me suis fait une petite idée de la « vie éternelle ». C'est, à

mon avis, pour le moins, la continuité des souvenirs, con-

naissances ou valeurs qu'on a transmis non seulement à ses

proches, mais aussi à tous les autres humains rencontrés au

cours d'une vie, qui garderont le meilleur pour le trans-

mettre à leur tour.

Aussi, je forme le vœu que les expériences et les

valeurs que vous avez enrichies par votre travail et par

votre engagement poursuivent longtemps leur bonhomme

de chemin, au fil des générations actuelles et futures.

Veuillez recevoir, cher professeur, l'expression de

mes salutations amicales et respectueuses .

Jean-Louis Dubois

Dampierre-sur-Linotte,

le 12 septembre 2013

Note : Albert Jacquard (né à Lyon le 23 décembre 1925 et

mort à Paris le 11 septembre 2013) est un chercheur et

essayiste français. Spécialiste de génétique des popula-

tions, il a été directeur de recherches à l'Institut national

d'Études démographiques et membre du Comité consul-

tatif national d'Éthique. Conférencier et auteur de nom-

breux ouvrages de vulgarisation scientifique, il tient un

discours humaniste destiné à favoriser l’évolution de la

conscience collective.

Président d'honneur de l’association Droit au logement

et du Comité radicalement anticorrida, il est aussi

membre du comité de parrainage de la Coordination

française pour la décennie de la culture de paix et de non

-violence. Il anime durant neuf ans, de septembre 2001 à

juillet 2010, une chronique radiophonique quotidienne

sur France Culture.

Il est également connu pour ses engagements citoyens,

parmi lesquels la défense du concept de la décroissance

soutenable, le soutien aux mouvements du logiciel libre,

à la langue internationale espéranto, aux laissés-pour-

compte et à l'environnement.

4

EÉLV salue la mémoire d'Albert Jacquard

Europe Écologie Les Verts a appris avec tristesse

la mort d’Albert Jacquard, grand esprit scientifique et

infatigable militant de la dignité humaine.

Albert Jacquard avait apporté son

soutien à de nombreux combats, notam-

ment aux côtés des sans-papiers et des

mal logés, combats au cours desquels les

militants écologistes avaient pu rencon-

trer la force de ses convictions et de sa

volonté autant que la générosité de son

regard sur le monde. Il avait été, en

1999, candidat aux élections euro-

péennes sur la liste écologiste conduite

par Dany Cohn-Bendit.

Albert Jacquard savait expliquer combien une écono-

mie orientée par la seule recherche du profit à court terme

et de la croissance matérielle comme horizon

ne pouvaient conduire qu’à la violence, la

pauvreté et l’épuisement des ressources. Il

partageait avec les écologistes l’impératif de

prendre soin du monde, d’y défendre pour

tout le monde un droit inaliénable à une vie

bonne.

Europe Écologie Les Verts salue avec

une profonde gratitude la mémoire d’Albert

Jacquard, compagnon de l’entière humanité.

Paris, le 12 septembre 2013.

Page 5: FV octobre.pdf

5

Mont d'Or

CHRONIQUE D'UN MASSACRE ANNONCÉ

Depuis des mois, on voit passer sur la liste

comtoise d'EÉLV ([email protected])

des alertes concernant le sommet du Mont d’Or. Pour

ceux qui ne sont pas abonnés à cette liste ou qui

n’ont pas forcément suivi toute l’affaire, il m’a sem-

blé intéressant de reprendre toutes les données con-

nues.

Situation géographique du Mont d’Or :

Le Mont d'Or est un som-

met du massif du Jura, dans le

département du Doubs, à environ

20 kilomètres au sud de Pontarlier

et proche de la frontière suisse. Il

s'élève 1 463 m d'altitude, ce qui

en fait le point culminant du dé-

partement du Doubs.

Intérêt économique :

Le Mont d'Or est rattaché à la commune de

Métabief, la plus importante station de sports d’hiver

du Haut-Doubs, composée de six villages au pied du

mont, avec un domaine de :

- 40 km de pistes de ski de descente en continu

entre 900 et 1 420 m d'altitude, 2 pistes noires,

11 rouges, 8 bleues et 5 vertes, toutes reliées entre

elles ;

- des pistes de courses de traîneaux à chiens;

- 120 km de pistes de ski de fond sur le pas-

sage de la Grande traversée du Jura (GTJ), un itiné-

raire de ski de fond d'environ 200 km de pistes tra-

cées, balisées, soigneusement entretenues pour sil-

lonner le massif du Jura, du nord au sud ;

- 55 km de pistes balisées pour des randon-

nées pédestres en raquettes à neige.

Mais où est donc le problème ?

Le souci réside dans le déficit d’enneigement

qui se produit de plus en plus fréquemment, proba-

blement lié au dérèglement climatique. La neige n’est

pas toujours au rendez-vous des vacanciers ou des

organisateurs de compétitions, à des dates bien pré-

cises, ce qui fait le désespoir de tous ceux qui en vi-

vent.

LA solution : la neige artificielle !

A partir d’eau sous pression et d’air comprimé,

et par temps froid (température inférieure à 0°C) on

fabrique de la neige, dite « de culture » ou artificielle –

selon la manière dont on voit les choses -, avec des canons

à neige. (Certains voudraient qu’on dise désormais

« enneigeurs ». C’est plus noble. On pense moins à la

guerre ou à l’industrie qui est derrière. Mais l’activité est la

même.).

Les problèmes qui en découlent

La quantité d’eau : Il faut 1 m³ d’eau

pour fabriquer 2 m³ de neige, ce qui,

pour un hectare de neige fabriquée sur

une épaisseur moyenne de 60 cm, néces-

site 4 000 m³ d’eau, soit un peu moins de

deux piscines olympiques à l’hectare ! Et

cette demande augmente avec le

nombre d’installations qui se déploient

et le manteau de neige fabriqué qui lui

aussi s’épaissit.

Pour le Mont d’Or, la seule possibilité d’avoir de

l’eau en quantité passe par la construction d’une retenue

collinaire, c'est-à-dire une sorte de barrage d’altitude.

Autrement dit, un petit lac creusé dans la montagne, tota-

lement étanchéifié par des bâches et destiné à accumuler

de l’eau pendant toute la belle saison pour la restituer de

novembre à la fin de la saison de ski (mars), si besoin.

Ce qui n’empêche pas de la remplir plusieurs fois

en hiver, quand elle est vide. Pour ce faire, les exploitants

doivent respecter des réglementations, et notamment ne

pas pomper dans un torrent en dessous d’un débit (dit

réservé), qui permet à la faune et la flore de subsister.

Mais le contrôle est impossible à mettre en place.

Une retenue de ce type est en grande partie appro-

visionnée par de l’eau potable ou par des torrents d’alti-

tude, captés à cet effet. Pour celle du Mont d’Or, il est pré-

vu de créer une réserve d’eau artificielle de 2,2 hectares,

d’une hauteur de 12 m, faite de 400 mètres de digues,

étanchéifiée par une bâche plastique, au col du Morond.

L’eau sera pompée 550 mètres plus bas, dans un petit

cours d’eau (la Jougnena) sur l’autre versant du Mont d’Or

(coté Piquemiette), à l’aide d’une pompe remontant

180 m3 d’eau par heure. Imaginez toutes les tranchées qui

devront être creusées pour faire passer les conduites !

Trois remplissages pour la saison seront néces-

saires. De plus, la Jougnena connaît des étiages hivernaux

prononcés. S'ajoute à cela que le fait de garder l’eau dans

un réservoir va provoquer une perte par évaporation de

Page 6: FV octobre.pdf

l’eau prélevée pouvant s’élever jusqu’à 30 % - quantité

qui ne rejoindra pas les eaux souterraines.

Cela entraînera une pollution diffuse : la neige

artificielle importe sur les sols de montagnes non seule-

ment une eau de médiocre qualité car stagnante, mais

aussi des adjuvants (ajoutés à l’eau pour favoriser sa

transformation en neige), lesquels sont toxiques !

L’érosion des sols va s’accélérer, liée à la diffé-

rence de densité : alors que la neige naturelle est légère

(entre 50 et 100 kg/m³), la neige de culture est cinq à

dix fois plus dense (400 à 500 kg/m³). Sur le sol, la neige

de culture reste plus longtemps et entraîne plus d’éro-

sion.

On portera atteinte à la faune, à la flore et

au milieu naturel en général. Ces grands travaux

vont donner lieu, notamment, à la réalisation de tran-

chées profondes et d’enfouissement de kilomètres de

canalisations, à des drainages, des décapages de la cou-

verture végétale et des sols, des remblais, des da-

mages… sans compter le passage d’innombrables en-

gins de chantier… Cela va directement détruire une par-

tie de la biodiversité animale et végétale, ainsi que les

habitats de ces espèces – certaines ayant d’ailleurs le

statut d’espèces protégées. La faune sera perturbée par

le bruit et le dérangement. Quant aux espèces dites

communes, à force d'être bousculées, elles vont elles

aussi finir par se raréfier.

Une aberration !

Ce projet est incohérent face au bouleversement

climatique en cours. Le Mont d’Or se situe en moyenne

montagne, c’est-à-dire une zone où, dans un avenir plus

ou moins proche, l'enneigement sera limité. Le réchauf-

fement climatique permettra de moins en moins la pro-

duction de neige artificielle, qui nécessite des tempéra-

tures suffisamment basses pour être fabriquée.

En outre, ce réchauffement s’accompagne d’une

baisse de la ressource aquatique. Mieux vaut donc ré-

server l'eau aux usages essentiels, plutôt que de la con-

sommer par une utilisation qui n'est en aucun cas indis-

pensable. Ajoutons qu’en hiver, période de forte con-

sommation d’énergie, les moyens de production

thermiques fossiles sont fortement sollicités. La produc-

tion de neige artificielle contribue donc inévitablement au

réchauffement climatique, alors qu’elle a pour but d’y

remédier : un réel cercle vicieux.

Le coût

Ce projet est porté par le syndicat mixte du Mont

d’Or, financé en grande partie par les fonds publics (le

Conseil général du Doubs et le Conseil régional). Il est

déjà question de 9 millions d’euros pour la seule réserve

d’eau. Pour le reste, je n’ai pas réussi à obtenir d’autres

informations. Au moment où le lecteur lit ces lignes, il

doit penser que c’est ahurissant de consacrer autant d’ar-

gent à un projet qui n’est pas pérenne dans le temps,

consacré uniquement aux touristes de la neige, pendant

que lui est obligé de se serrer la ceinture pour payer ses

impôts... dont une partie ira dans ce projet insensé !

Les autres solutions

Puisque le climat se réchauffe, il est évident que l’on

ira moins skier sur le Mont d’Or. D'où la nécessité de dé-

velopper d’autres sports, comme la randonnée, le VTT,

les parcours naturalistes visant à découvrir la faune et la

flore, des parcours « santé », etc. Quoi qu’il en soit, il est

nécessaire de conserver un caractère familial à cet envi-

ronnement fragile qui ne peut que souffrir du tourisme

de masse.

En attendant, les travaux ont débuté. Un collectif

citoyen Mouthe Mont d’Or s’est créé. Mais il peine à se

faire connaître et, pour l’instant, on n’assiste pas à une

mobilisation massive des Franc-Comtois, qui ne sont pas

franchement informés de ce qui se passe. Même chez

nous, les Verts (mis à part nos amis du Haut-Doubs qui

ont publié un communiqué sur le site d’EÉLV-FC et dont je

salue la ténacité), on ne se bouge pas beaucoup, force est

de le constater. Nos élus écologistes au Conseil régional

se sont fermement positionnés contre ce projet, mais ils

n’ont pas été suivis.

Nous sommes allés à La Planche-des-Belles-Filles et à

Notre-Dame-des-Landes. Pourquoi pas au Mont d’Or

cette fois-ci? Peut-on envisager un blocage du projet

grâce à une mobilisation plus importante ? Il nous revient

d’agir, et vite ! (1)

Suzy Antoine

(1) Sources de documentation :

- la CPEPESC, Commission de Protec-

tion des Eaux, du Patrimoine, de l’Envi-

ronnement, du Sous-sol et des Chiroptères ,

- le communiqué des élus Verts du Conseil régional de

Franche-Comté au sujet du Mont d’Or,

- les messages diffusés sur le net.

6

Page 7: FV octobre.pdf

Le décès d’André Lamy, conseiller général PC du

canton de Voiteur, a laissé un grand vide. Profondé-

ment honnête, très impliqué dans la vie locale, il prenait

à cœur son action au sein du Conseil général du Jura. Il

avait choisi de faire alliance avec EELV en choisissant

comme suppléante Marie-Odile Mainguet : très active

pendant la campagne, celle-ci avait largement participé

à son élection. Marie-Odile lui succède donc et devient

ainsi la première et la seule conseillère générale EELV

du Jura. Fortement impliquée localement à Montain, où

elle réside, Marie-Odile est aussi une bénévole active au

sein d'Artisans du Monde et du CPIE de la Bresse du

Jura dont elle est présidente.

De fait, elle appartient à la

majorité actuelle, dont la règle a été

clairement explicitée par Christophe

Perny, président PS du CG 39 : « Vous

succédez à André Lamy, qui était un

membre loyal de la majorité départemen-

tale : je ne doute pas que vous le serez

également. » Cette menace à peine voilée

n'augure pas des lendemains qui chantent.

Christophe Perny – c'est notoire - s'en vantait jusqu'à

présent auprès de qui voulait l'entendre : il était satis-

fait qu'aucun écolo ne fasse partie du CG 39. Le temps

des roses est-il fini pour le président ? Probablement

pas. Mais ce qui est sûr, c'est que pour Marie-Odile, la

tâche sera rude ; nous savons qu'elle tiendra bon la

barre et qu'elle saura affirmer ses différences sur des

sujets épineux, comme l'aéroport de Dole.

Plusieurs amis étaient présents lors de son in-

tronisation le 18 septembre (1), dont les deux sœurs

d’André Lamy, ce que Marie-Odile a beaucoup apprécié.

Tout d’abord, un grand moment d’émotion et de so-

briété: hommage à son prédécesseur. Ensuite, elle s’est

dite étonnée du comportement de certains élus : le ping

-pong verbal quasi permanent entre Jean Burdeyron,

conseiller général UMP de Moirans, et Christophe

Perny ; l'absence de beaucoup d'élus de droite ; un

manque de rigueur impressionnant (les élus vont et

viennent, sortent, reviennent) … La droite, en la per-

sonne de Jean Burdeyron, invite Marie-Odile à travailler

avec elle sur les sujets environnementaux, précisant

qu'il y a des convergences sur un certain nombre de

questions ; Franck David, CG de Rochefort-sur-Nenon,

précise qu'il est content de voir arriver une « verte »,

mais qu'il la souhaite... «vert pastel ». Danielle Brulebois

(première vice-présidente PS) précise qu'elle se réjouit de

voir arriver une femme.

Après cette journée, Marie-Odile compte

beaucoup pour s'en sortir sur le soutien du groupe local

de Lons. Le gros du travail va se faire en commissions.

L'opposition frontale n'est pas dans ses pratiques : sa

posture sera plutôt dans le registre «prudence, candeur

et conviction». Elle a envie d’être constructive, de travail-

ler et d’essayer de faire bouger les lignes. Pas de déclara-

tion intempestive à l’extérieur. Elle s’appuiera notam-

ment sur l'analyse développée par Michel

Rocard et Pierre Larrouturou dans leur livre

La gauche n’a plus droit à l’erreur.

Christophe Perny et la majorité so-

cialiste ont proposé, en remplacement

d’André Lamy à la vice-présidence, Michel

Giniès, CG de Damparis, chargé des trans-

ports... et plus particulièrement de l'aéro-

port de Dole dont il est un des plus ardents

supporters ! Marie-Odile participera aux commissions

Economie et nouvelles technologies, Tourisme, Infras-

tructures routières (à laquelle sont rattachés les déplace-

ments doux).

Nous serons aux cotés de Marie-Odile. Nous la

soutiendrons autant que nous le pourrons, mais finale-

ment, c'est elle qui sera au charbon.

Véronique Guislain

http://www.dailymotion.com/video/x14vv1f_conseil-

general-session-publique-du-18septembre-2013_news,

ou en lien direct sur le site du CG39.

7

Marie-Odile Mainguet

UNE VERTE AU CG 39

Page 8: FV octobre.pdf

Vous aurez sans doute lu dans L'Est républicain en

juillet (Droit d'asile : une association défend une famille

qui ne trouve pas d'hébergement, Les Roms sont discri-

minés) et dans La Presse bisontine de septembre

(L'immigration : quelle réponse face à l'urgence ? suivi

de Un bidonville au centre de Besançon) des propos

rapportés sur le fait migratoire qui le rendent probléma-

tique en flirtant avec la thématique douteuse de l'insé-

curité. Ces articles font des amalgames graves, qui cons-

tituent une réelle désinformation.

En effet, il plane sur ces écrits l'impression d'illé-

galité de la présence des demandeurs d'asile sur le terri-

toire, alors que ces personnes fuient des situations diffi-

ciles et que le droit d'asile est encore un droit en France.

Un certain bon sens voudrait qu'au niveau international,

on travaille à améliorer les situations sur place pour

qu'ils ne fuient plus de chez eux. Mais que fait on ?

Que faut-il préciser pour qu'on s'y re-

trouve dans les faits ?

Contrairement à ce qui est écrit :

1- Les demandeurs d'asile se sont pas en situation

irrégulière en France et ceux qui sont sous les tentes en

contrebas de la Tour Carrée à Besançon (22 tentes au-

jourd'hui, soit environ 50 personnes dont 9 enfants) non

plus. En tant que demandeurs d'asile, ils ont des papiers

durant tout le temps du traitement de leur dossier.

Le problème est celui de l'hébergement, qui de-

vrait être assuré par la Préfecture durant cette procé-

dure assez longue. Force est de constater qu'à Besançon

comme dans d'autres villes de France, comme Clermont-

Ferrand ou Saint-Brieuc, l'État n'assure plus sa tâche,

n'applique plus le droit, et que c'est la solidarité militante

qui prend le relais, face à ce désengagement. (C'est donc

cette solidarité militante, à travers le Collectif « À la

rue ! », qui a procuré des tentes aux « campeurs » de

Besançon.

2- Les Roms, quant à eux, ne sont pas a priori des

demandeurs d'asile, mais en majorité des Bulgares ou

des Roumains, membres de l'Union européenne. Or les

ressortissants de ces deux pays n'ont pas accès au travail

en France à cause de « mesures transitoires » restrictives

qui restent en vigueur jusqu'à la fin de cette année ;

mises en place sous Sarkozy, elles n'ont pas été suppri-

mées par le gouvernement actuel. Alors, Roms ou non,

ils errent ou cherchent du boulot (à travers le statut

d'auto entrepreneur par exemple). Sans travail, ils restent

au maximum 90 jours en France, comme la loi le leur

permet, puis y reviennent.

3- Certains Roms peuvent pourtant venir de pays

qui n'appartiennent pas à l'UE et, dans ce cas, devenir

demandeurs d'asile, comme les ressortissant de Bosnie

ou surtout, à Besançon, du Kosovo. Mais les Kosovars ne

sont pas tous des Roms, car le Kosovo est multiethnique.

Ce n'est donc pas en tant que Roms qu'il doivent être

considérés, mais en tant que ressortissants du Kosovo,

pays au statut indéterminé en marge de l'Europe : c'est le

cas des personnes qui sont sous les tentes.

Parler de Roms à propos de migrants irréguliers ou

de demandeurs d'asile est donc une forme de discrimina-

tion envers une population sur laquelle les idées toutes

faites ont la vie dure. Les propos de Dominique Voynet,

sur France Inter, le 24 septembre, ont été clairs sur ce

sujet face aux discours idéologiques très caricaturaux

d'un Valls ou d'un Lellouche.

À Besançon, quand les Kosovars arrivent, ils

s'adressent à la PADA (Plate-forme d'accueil), rue Gam-

betta, pour déposer leur demande d’asile. Cette plate-

forme, chargée de préparer leur demande et de les ac-

compagner dans leurs démarches à la préfecture,

n’assure pas l’hébergement et les adresse directement au

SAAS (Service d’Accueil et d’Accompagnement Social),

service dépendant du CCAS (Centre Communal d'Action

Sociale), donc de la ville, qui s'empresse de leur signer un

« refus de prise en charge » et de les mettre à la rue.

8

Le « problème » migratoire

DÉSINFORMATION MÉDIATIQUE

À BESANÇON

Dessin pu-

blié avec

l’aimable

autorisation

de Charlie

Hebdo

Page 9: FV octobre.pdf

9

Ainsi, si ces personnes sont laissées en déshé-

rence, elles sont toutefois tout à fait connues des services

de la Ville comme de la Préfecture. Que signifie alors

cette précision de La Presse bisontine annonçant que « les

services sociaux [de la Ville] vont d’ici peu engager un

recensement des Roms », puisque lesdits services les con-

naissent déjà tous ? Ils sont en effet Bulgares ou

Roumains, donc citoyens de l'UE, ou Kosovars, hors de

l'UE, et reçoivent régulièrement du SAAS des « refus de

prise en charge ». Qu’ils soient Roms ou pas n’a aucune

incidence sur leur demande d’asile. Pourquoi recenser les

Roms en tant que tels?

Il y a parmi ces personnes des enfants, des per-

sonnes âgées et des adultes isolés, et l'hiver va arriver. Le

« refus de prise en charge » permet au Collectif « À la

rue !» d'avoir recours au tribunal administratif qui, grâce

à la procédure de « référé liberté », statue sous 48 heures

dès qu'il est saisi et peut enjoindre la Préfecture de loger

les personnes concernées dans les 6 jours qui suivent son

ordonnance, sous peine d'une astreinte de 50 euros par

jour de retard. Le TA ne se prononce en général positi-

vement qu'en faveur des familles ayant de jeunes enfants

et la Préfecture met souvent plusieurs semaines pour

réagir : une famille ayant eu gain de cause au TA le 6 août

a été hébergée le 13 septembre, soit au bout de

5 semaines !...

Au moment où j'écris ces lignes, j'apprends qu'une

famille avec 3 enfants, dont un épileptique, est arrivée au

campement avec un « refus de prise en charge » du SAAS,

et qu'aujourd'hui (24 septembre), les urgences pédia-

triques de l'hôpital ont refusé d'examiner l'enfant ayant

besoin de médicaments. C'est une première scandaleuse,

qui nous oblige à procéder autrement pour obtenir le cer-

tificat médical nécessaire pour préparer le recours au TA

ainsi que les médicaments.

Ainsi naissent les « bidonvilles du centre ville » de

Besançon, par manque de lieu d'hébergement et de vo-

lonté politique envers des demandeurs d'asile, venus

d'un pays, Lle Kosovo, qui ne sera vraiment indépendant

que lorsque sa population dans toute sa diversité pourra y

vivre en paix, ce qui implique le « droit à vivre libre dans

un État de droit », ce qui n'est pas le cas, les pays d'Europe

fermant les yeux sur le fait qu'une élite mafieuse y est

arrivée au pouvoir. Peut-on encore s'étonner de voir ce

pays se vider de sa population ? Ainsi y a-t-il des Kosovars

demandeurs d'asile à Besançon.

Le collectif « À la rue !» de Besançon (1) demande

l'application du droit français, rien que du droit, afin que

les personnes en bénéficiant obtiennent un hébergement

digne et décent où elles pourront vivre, de jour comme de

nuit, et préparer dans les meilleures conditions leur dos-

sier de demande d'asile. En Franche-Comté, de nombreux

collectifs sont confrontés à des situations similaires et à

des cas d'expulsion, et il faudra que l'on puisse développer

une action commune (2).

Thierry Lebeaupin

(1) Ce collectif est géré par

le CDDLE (13 E rue Brûlard, à

Besançon). Nous acceptons les dons

ou le soutien actif de toute bonne

volonté, car nous sommes peu nombreux.

(2) Tout cela me rappelle la chanson de Jacques

Dutronc, Madame l'existence : « Je voudrais m'acheter—

De la liberté—Et puis un peu—De fraternité—On n'a pas

ce genre d'articles—Vous vous trompez de boutique—Ici

c'est pas la République... »

Dessin publié avec l’aimable autorisation de

Laurent Salles

Page 10: FV octobre.pdf

10

Communiqué de presse

EXPULSIONS : ÇA SUFFIT !

Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, déclarait ré-

cemment sur France Inter : « Il faut laisser la philosophie

et les idéologies pour aller à l’efficacité. » Cette invitation

à renoncer à penser, à faire fi de toute référence à des

valeurs, semble particulièrement prise au sérieux en

Franche-Comté. En effet, les expulsions de familles de-

mandeuses d’asile ou en situation irrégulière se multi-

plient dans des conditions que tout républicain ne peut

que réprouver. Deux exemples : la famille Etemovic, à

Belfort, empêchée d’exercer son droit de recours auprès

de la Commission nationale du Droit d’Asile et contrainte

de se cacher, et donc de déscolariser ses enfants ; et la

famille Ramadani, à Montbéliard, à qui un retour au

Kosovo ferait courir un risque de persécution mortel. De

plus, deux des enfants souffrent de pathologies qui ne

pourront être soignées dans leur pays. Plus d’une cen-

taine de familles ont été broyées depuis le début de l’an-

née par la machine d’État, qui semble encore plus « per-

formante » et sans âme que du temps des Besson et

Hortefeux de sinistre mémoire. Nous pensons à tous les

fonctionnaires et travailleurs sociaux en conflit éthique,

tiraillés entre leur sens du service public fondé sur les

valeurs de la République— « Tous les hommes naissent

libres et égaux en dignité et droit. » - le respect de

nos engagements internationaux, l’intérêt supérieur de

l’enfant et les directives de leur hiérarchie. EÉLV soutient

et soutiendra tous ceux et celles qui tenteront d’une ma-

nière ou d’une autre d’être le grain de sable qui grippe la

machine. Nous invitons tous ceux et celles qui partagent

notre indignation à rejoindre les « cercles de silence » et

les mobilisations de RESF (Réseau Éducation sans Fron-

tières), qui se tiennent régulièrement dans les principales

villes deFranche-Comté. La France se grandirait à redeve-

nir le pays des Droits de l’Homme en fondant sa politique

d’immigration sur la justice et la solidarité.

Brigitte Monnet et Bernard Lachambre

Cosecrétaires EÉLV – FC

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EELV-FC — 14, rue de la République — 25000 Besançon

Page 11: FV octobre.pdf

11

« Ou bien nous remettons la finance sous contrôle,

ou la finance asservira définitivement la socié-

té. » (Philippe Lambert, député Vert européen)

La chaîne de télévision Arte se distingue une nou-

velle fois par la qualité de ses émissions. Après le docu-

mentaire sur les paradis fiscaux, elle est revenue le

24 septembre, à 20 h 50, avec Jeux de pouvoirs, sur les

coulisses des débats parlementaires autour de la loi ban-

caire. On y a vu et entendu Éric Alauzet efficace et déter-

miné à lutter contre les paradis fiscaux, mais aussi la dé-

putée PS Karine Berger et le député Vert européen Phi-

lippe Lambert se battre contre la finance. On a pu aussi

se rendre compte du rôle trouble joué par le ministre des

Finances, qui apparaît si « perméable » aux arguments du

lobby bancaire.

Bravo et merci, Éric !

Finalement, ce sont les députés qui ont pris au sé-

rieux la phrase de campagne de François Hollande :

« Mon adversaire, c'est la finance ». Les dessous des dé-

bats sur la loi bancaire mettent en lumière le travail de

deux parlementaires : Karine Berger (PS), qui fait de la

séparation des activités bancaires son cheval de bataille,

et Éric Alauzet (EELV), qui veut arriver à la transparence

bancaire, comme moyen de lutte contre les paradis fis-

caux.

C'est un combat épique, presque cornélien, puis-

qu'ils doivent se battre non seulement contre les intérêts

des banques, qui veulent pouvoir continuer de faire leurs

« petites affaires » comme elles l'entendent, avec le

moins de règles possibles, mais aussi contre le ministre

des Finances, Pierre Moscovici, si facilement convaincu

par les banquiers qu'il faut préserver la confidentialité et

le secret des affaires.

C'est tout de même incroyable qu'il faille se battre

de cette façon pour obtenir des banques qu'elles pu-

blient, pour chacune de leurs filiales, les effectifs de

salariés, le chiffre d'affaires, les bénéfices et les impôts !...

On ne peut que saluer le travail et la ténacité d'Éric dans

cette action pour le « droit de savoir » des citoyens. En

effet, la transparence rendrait beaucoup plus difficile le

recours aux paradis fiscaux pour échapper à l'impôt.

Pourquoi cette frilosité de Moscovici ?

L'émission programmée juste après, Goldman

Sachs, la banque qui dirige le monde, avait quelque chose

d'effrayant. Une banque tentaculaire, à 700 milliards d'eu-

ros d'actifs (deux fois le budget de la France), 30 000 sala-

riés, qui se prend même parfois pour Dieu... et qui met le

monde entier en coupe réglée. Un PDG à 50 millions d'eu-

ros de salaire annuel. Une banque qui « offre » ses ser-

vices à un État comme la Grèce, tout en spéculant pour le

mettre en faillite. Une banque qui a des

« correspondants », que l'on retrouve aussi bien au sein

de l'administration américaine qu'au FMI, comme premier

ministre en Italie (Mario Monti), à la présidence de la

Commission Européenne (Romano Prodi) ou à la direction

de la Banque Centrale Européenne (Mario Draghi). Au

moment de son intronisation, ce dernier a refusé de ré-

pondre à Pascal Canfin, alors député européen EÉLV, sur

ses liaisons dangereuses avec Goldman Sachs.

La stratégie de Goldman Sachs consiste à créer un

formidable réseau d'influence sur les cinq continents.

L'émission d'Arte décrit les allers et retours entre la

banque et les administrations européennes et améri-

caines. Elle montre une armée d'anciens hauts fonction-

naires au service d'une oligarchie, d'une caste, mêlant

financiers, économistes et hommes politiques.

Il est d'autant plus difficile de comprendre pour-

quoi Pierre Moscovici a fait preuve d'une telle frilosité

pour mettre de l'ordre dans cette mafia financière...

Gérard Mamet

Karine, Pascal, Éric et les autres

LES ÉCOLOS CONTRE LE LOBBY BANCAIRE

Ariane Obolensky, Directrice Générale de la Fédéra-

tion bancaire, qui représente le lobby bancaire

Page 12: FV octobre.pdf

12

On vit une époque formidable : un été ensoleillé, un

début d'automne qui lui ressemble, un gouvernement de

gôche volontaire qui nous a concocté une loi de finance

ébouriffante, une promesse d'avenir, un magistral projet

de transition écologique. Cerise sur le gâteau : notre parti

tient une forme olympique à la veille de son Congrès, lors

duquel la richesse et la profusion des idées s'allieront for-

cément à la modestie des ambitions individuelles. Que

demander de plus ? Le nirvana n'est plus très loin pour le

militant « de base ».

Non, je n'ai pas fumé la moquette, ni tout autre pro-

duit dont les vapeurs vous transportent allègrement vers

des mondes fantasques et lointains si proches du paradis

Vert : j'ai juste voulu, un court instant, prendre nos désirs

pour des réalités. Et malheureusement, ce qui m'assaille

aujourd'hui ne relève plus du doute ou de l'impatience,

mais de la désillusion : une confrontation douloureuse à

une forme d'impuissance politique propre à laminer les

fondements mêmes de l'engagement.

Comme tout citoyen, j'ai vu mes impôts aug-

menter cette année. À cette augmentation, il y avait une

raison forte, normale : la refiscalisation des heures supplé-

mentaires. Une autre (le gel du barème) m’apparaît plus

discutable, mais bon...

L'année prochaine, comme d'autres, je vais contri-

buer un peu plus. Et le problème aujourd’hui n'est en au-

cun cas de discuter le fondement même de l'impôt, mais

de savoir pourquoi je le paye, au service de quelle poli-

tique. Or ce budget 2014 tel qu'il a été présenté ce 25 sep-

tembre n'a qu'une seule logique : réduire le déficit. Non

que cet objectif ne doive pas être pris en compte, mais

dégage-t-il à lui seul une vision d'avenir ? Dans ce cadre,

les timides éléments en matière de fiscalité écologique ne

marquent en aucun cas une réorientation de la politique,

un engagement dans la transition, pas plus que les an-

nonces lors de la conférence environnementale.

Alors pourquoi vais-je payer encore plus ? Parce

que la TVA va augmenter pour financer le CICE (Crédit

d'Impôt Compétitivité Emploi), argent redonné aux en-

treprises sans discernement, sans contrepartie, sans

contrôle.

Je vais payer plus parce que tout d'un coup, je

deviens « bénéficiaire » d'une niche fiscale de 183 €

(même pas un demi mois de loyer d'un studio) pour un

fils étudiant ! Et si encore ces 183 € - qui sont effective-

ment injustes pour ceux qui ne peuvent faire des déduc-

tions faute d'être imposables - servaient à alimenter un

fond pour les 19 % d’étudiants qui n'ont pas de complé-

mentaire santé ! Que nenni, le déficit vous dis-je !

Et encore, je devrais me montrer satisfait

d'avoir échappé à une hausse de la CSG au profit d'une

hausse de la cotisation vieillesse (ce n'est pas un impôt

mais une contribution sociale, nuance), qui n'accom-

pagne en aucun cas la refondation nécessaire des ré-

gimes de retraites.

Le gouvernement joue l'embrouille, discute

pause pour masquer la faiblesse de ses ambitions (être

un bon élève européen) et ses renoncements. On le sait

désormais, il n'y aura pas d'ambitieuse réforme de la

fiscalité (impôts, travail, écologie), faute de courage poli-

tique. Et on continuera d'observer, comme le fait

Thomas Piketty (Libération du 24 septembre) que les

rendements du capital sont largement supérieurs à la

croissance, à l'évolution des salaires, et qu'il vaut mieux

être rentier que salarié. Ou, comme le fait l'INSEE, que

les inégalités sociales se creusent. Est-ce pour cela

qu'on a voté ? Est-ce pour cela que nous soutenons ce

gouvernement ?

Et pour couronner le tout, par une subtile distilla-

tion médiatique du président de la République, les éco-

logistes se retrouvent réduits à une caricature, adeptes

de taxes en tout genre, fervents défenseurs de l'écologie

punitive.

Nous voilà ridiculisés, décrédibilisés, réduits à

travers nos aboiements furtifs à la sauvegarde de deux

portefeuilles ; or si on ne peut nier le travail de ceux qui

les occupent, il n'inverse tout de même pas le bilan de

ce gouvernement.

Nous voilà discrédités. Il n'est qu'à lire de se-

maine en semaine un journal comme

Impuissance...

… ET DISCRÉDIT

Dessin publié

avec l’aimable

autorisation de

Laurent Salles

Page 13: FV octobre.pdf

13

Le Canard enchaîné, qu'on ne peut suspecter d'être anti-

écolo, bien au contraire, mais qui ne manque jamais de

brocarder nos petits arrangements, lesquels ont la couleur

et le goût amer de la trahison, trahison d'un idéal, d'une

volonté.

Et comme toujours, nous sommes très forts pour

alimenter cette chronique du discrédit : par des rodomon-

tades sans lendemain ou par des manœuvres d'appareil

qui aboutissent non seulement à écarter un secrétaire

national fragilisé par un ultimatum infantile (retenez-moi

ou je fais un malheur !) et par ses atermoiements quant à

un choix clair entre le secrétariat et les élections euro-

péennes, mais également (c'est le comble !) à nous an-

noncer le nom de sa remplaçante avant même la tenue du

Congrès !

Chapeau bas ! On pensait avoir touché le fond,

mais là, on atteint une capacité peu commune d'autodes-

truction, et sans fracturation hydraulique !

Même si on ne peut être totalement dupe

d'une certaine mise en scène pour une sortie tonitruante,

même si on ne partage pas certaines de ses postures, com-

ment ne pas comprendre le départ de Noël Mamère ?

Comment ne pas y lire le symptôme d'une déliquescence

du mouvement, qui laisse les militants et les élus désap-

pointés, découragés, abattus ?

Nous sommes bel et bien dans une forme d'impuis-

sance politique, tant du fait d'une sorte d'incapacité de l’ap-

pareil du PS à penser différemment, à aller au-delà de

l'adoption d’un vocabulaire vidé de son sens, que de nos

propres errements dramatiques.

À croire que l'écologie politique était finalement

soluble dans la social-démocratie.

En écrivant cela, j'ai bien conscience d'un propos

potentiellement démobilisateur à l'aube de campagnes

difficiles en mars et en mai prochain. J'entends ceux qui ne

veulent pas en rester à ce constat presque défaitiste et qui

demeurent attentifs aux convergences sur le terrain avec

des militants du PS, voire du Front de Gauche. Ils ont proba-

blement raison.

Ce n'est pas incompatible avec une certaine lucidité.

Michel Boutanquoi

Dessinateurs ...

Depuis des années, avec l’autorisation de l’équipe de Charb, La Feuille Verte illustre ses pages de dessins parus

les semaines précédentes dans Charlie Hebdo. A partir de ce numéro, nous vous proposons aussi ceux que nous offre

Laurent Salles, dessinateur à L’Alsace et au Pays de Franche-Comté, que nous remercions très sincèrement.

Page 14: FV octobre.pdf

14

Pas de bras, pas de chocolat ?

HANDICAP ET SEXUALITÉ : ON PEUT ENFIN EN PARLER

Chez Europe Écologie Les

Verts, s’il y a des sujets qui font

consensus - le développement

durable, la lutte contre le nu-

cléaire et les gaz de schiste,

l’agriculture biologique -, il en

est d’autres qui font débat,

comme la sexualité des per-

sonnes handicapées.

En fait, pendant longtemps, ce fut même un non-

sujet. C'est le livre de Marcel Nuss, paru il y a dix ans

(1), qui a mis en lumière cette demande des personnes

handicapées en grande dépendance. Cette question

interpelle aussi les parents, les soignants, les institu-

tions. À partir de ces questionnements, « Femme pour

le dire, Femme pour agir »,(2) une association de

femmes handicapées, citoyennes et engagées dans la

vie publique, a organisé à Paris, le 22 juin 2013, une

journée intitulée « Corps sexué et handicap ». Le débat

s'est poursuivi au cours des Journées d’été d'EÉLV à

Marseille.

Sexualité des handicapés, des spécificités à

respecter

Parler de sexualité des handicapés peut paraître

incongru, voire subversif. En effet, la personne handica-

pée est d’abord vue et renvoyée à son handicap avant

d’être perçue comme une personne. Dans une société

comme la nôtre, très normative, où le « validisme » est

la norme, le handicap est encore caché, mis à l’écart,

exclu de l’espace public. Et lorsqu’on évoque la ques-

tion sexuelle, c’est toujours en négatif : grossesse dan-

gereuse, risque de transmission d'une maladie hérédi-

taire, incapacité supposée à élever un enfant, etc.

Un handicapé n'est pas sensé avoir du désir. On

n'envisage pas la sexualité comme une découverte du

corps, une relation à l’autre, une histoire d’amour. Dans

certaines institutions, contrairement à ce qui se passe

chez les valides, les chambres sont encore interdites

pendant la journée. Même pour un couple de handica-

pés peu autonomes vivant en appartement, ce n'est pas

simple. Les infirmières sont là quotidiennement pour les

soins ; elles leur font prendre leur douche. Dans un té-

moignage, elles disent : « On vous donne cinq minutes,

monsieur et madame. » Et elles cochent la date sur un

calendrier...

Pour une personne en

grande dépendance, le corps

n’est plus un outil en propre. Il

est manipulé, mobilisé, dépla-

cé par des mains étrangères,

qui s’occupent du moi intime.

S’ensuit une sorte de

« décorporation », une image

de soi pertubée. L'apprentissage de l’intime est difficile.

Il faut s’approprier son corps, sa sensualité.

Et comment aimer quand même son corps lors-

que celui-ci n’est pas dans les canons de la beauté ?

Comment passer par-dessus les anomalies d’un corps

singulier ou abîmé, comment être un corps attractif

pour l’autre dans un monde normé et « validiste » ?

Comment être un corps ou l’habiter lorsqu’il a des diffi-

cultés à se mouvoir ?

Malgré les difficultés, une sexualité

joyeuse et inventive

Pourtant les médecins et soignants le consta-

tent : « Les personnes handicapées ont une imagination

débordante pour vivre leur sexualité, qui ferait rêver

bien des valides. » En effet, les personnes handicapées

ont une sexualité qui procède des codes, des vécus de

leur corps et de leur esprit. La langue des signes pour

parler de sexualité, par exemple, utilisée par les per-

sonnes sourdes et malentendantes, est une belle illus-

tration de cette inventivité.

Mais pour sortir le handicap de la misère affec-

tive, il faut inventer d’autres codes, des lieux de ren-

contre, et c’est le sens de la loi de 2005 (loi n° 2005-102

du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des

chances, la participation et la citoyenneté des per-

sonnes handicapées), qui veut ouvrir l’espace public à

tous. Au-delà de la relation sexuelle, il y a déjà demande

de relation. Que ce soit dans les institutions ou dans

l’espace public, il faut pouvoir rencontrer l’autre. On

voit aussi émerger des associations où les soignants

prennent en compte un meilleur rapport au corps par

les massages, les baignades, des actions qui accompa-

gnent la personne dans sa globalité.

Page 15: FV octobre.pdf

15

La délicate question des assistants sexuels

La demande est venue surtout de certains

hommes lourdement handicapés, mais aussi des familles,

des soignants et de certaines associations. Le premier

problème est législatif : en France, une relation sexuelle

contre rémunération est assimilée à de la prostitution. Il

faudrait donc changer la loi. La Suisse autorise les assis-

tants sexuels, mais la loi est très contraignante pour ces

professionnels : les assistants sexuels sont des personnes

en couple, formées. Les relations sont très codifiées : pas

de pénétration, pas de baiser. On peut se demander aussi

si ce n'est pas une sexualité au rabais, sans le plaisir de la

rencontre, sans aventure amoureuse, une simple presta-

tion marchande. En réduisant la problématique de la

sexualité des personnes handicapées aux assistants

sexuels, la société ne se débarrasse-t-elle pas du pro-

blème en donnant une réponse unique à une question

globale et complexe ?

Certaines associations refusent totalement cette

solution. Elles mettent en avant le danger de la marchan-

disation du corps, de sa consommation. Elles expliquent

que ce serait encore une autre forme de ghettoïsation

des personnes handicapées, les laissant chez elles en leur

fournissant un service marchand. La société se dédouane-

rait en oubliant les besoins essentiels de toute personne :

vivre dans une société ouverte à tous et être décideur de

sa propre vie. Le Conseil national d’Éthique a répondu

aussi à la question en disant que la base de la relation

amoureuse ou sexuelle doit être gratuite.

Si la commission Handicap d'EÉLV travaille sur le

sujet, la commission Féminisme est totalement en désac-

cord avec cette proposition. Comme 90 % des demandes

émanent des hommes, ce seraient donc les femmes qui

fourniraient ce service. Et l’on constate dans les pays qui

l’autorisent que c’est rarement une vocation, mais que ce

service est rendu par des personnes en situation finan-

cière difficile. Handicap physique ou mental contre handi-

cap social ?

L’importance du respect de l'intimité

Maudy Piot (3), présidente de l’association « Femme

pour le dire, Femme pour agir » travaille beaucoup sur la

citoyenneté des personnes handicapées. En effet, la plupart

sont capables de réfléchir par elles-mêmes à leurs besoins

et d’apporter des réponses à ces questions. Et la société

aurait donc le devoir de mettre en place les solutions pour

que les personnes handicapées puissent vivre leur vie

sexuelle - comme leur vie tout court - dans de bonnes con-

ditions.

Une des questions importantes est celle du respect de

l'intimité. Sébastien et Sabine, Grenoblois lourdement han-

dicapés, couple de longue date, ont apporté leur témoi-

gnage : les soignants sont souvent trop intrusifs, ils ont

comme un droit d'ingérence dans l'espace intime des han-

dicapés et peuvent ainsi manquer de tact à leur égard.

En France, seul un handicapé sur 8 l’est à la naissance,

les 7 autres sont devenus handicapés au cours de leur vie.

Pourtant, pour les valides, les personnes handicapées, ce

sont toujours les autres. La maladie ou le handicap sont

systématiquement cachés, comme le sont les personnes

malades ou handicapées. Même le Conseil Fédéral d'EÉLV,

ne respecte pas en son sein les 8 % de personnes handica-

pées de la société française. Où sont la représentativité, les

droits à l’action politique de ces citoyens militants ?

Certes, il y a des avancées, la société accepte enfin le

débat et les personnes handicapées veulent jouer un rôle

citoyen actif en agissant sur leur propre vie. En institution

aussi, cette question n’est plus tabou. Pourtant, cela reste

toujours une question qui passe après les autres. Dans les

mentalités aussi, les choses changent. Parler de sexualité

est toujours difficile, de droits et de visibilité des personnes

handicapées, aussi. Alors, lorsque les deux problématiques

se rencontrent, les freins sont multiples. Mais grâce à la

combativité et à la volonté des personnes handicapées de

vouloir peser sur la société, le débat est enfin ouvert.

Marie-Claire Thomas

(1) Je veux faire l'amour - Handicap, sexualité, liberté,

Éd. Autrement, 12,00 €.

(2) www.femmespourledire.asso.fr

(3) Maudy Piot est psychanaliste. Elle a coordonné plu-

sieurs livres, dont Handicap, estime de soi, regard des

autres et Femmes handicapées, citoyennes avant tout.

Page 16: FV octobre.pdf

16

Du 1er septembre au 12 octobre, j'effectue un

stage, dans le cadre du programme du CAP-FQ (voir plus

loin), dont les Jeunes Écologistes sont membres, au sein

du cabinet du ministre de la justice du Québec,

M. Bertrand Saint-Arnaud, ce qui me permet d'observer,

d'analyser et de comprendre les pulsions politiques de la

Belle-Province. Durant un mois et demi, il sera question

de poutine (un plat québécois aussi délicieux que... calo-

rique), de baleines, d'été indien et de caribous, mais sur-

tout de politique. En quelques lignes, je vous propose de

partager de mon humble aventure afin de nous enrichir

collectivement de cette expérience, de provoquer le dé-

bat et d'attirer l'attention de vos esprits curieux.

Avant de livrer quelques détails

et mes impressions de mes deux pre-

mières semaines québécoises, il est

nécessaire de présenter en quelques

phrases le CAP-FQ. Dernière ce sigle

mystérieux se cache une association

créée il y a plus de 15 ans et visant à

mettre en relation des jeunes militants

politiques québécois et français afin de

renforcer les liens entre la Nouvelle

France et le vieux continent. Le Comité

d'Action politique France-Québec

envoie chaque année 8 jeunes politiques français outre-

Atlantique, dans le but d'y effectuer une mission d'un

mois et demi au sein de cabinets ou de bureaux poli-

tiques québécois. Pour la première fois, les Jeunes Éco-

logistes participent à l'aventure (on sous-estime tou-

jours les avantages d'avoir un groupe parlementaire à

l'Assemblée nationale !). Cette participation se concré-

tise d'une part en rencontrant les stagiaires québécois

lors de leur passage en France, et d'autre part en en-

voyant des Français au Québec. J'ai le plaisir et l'hon-

neur d'avoir été sélectionné pour le millésime 2013, qui

se compose également de trois MJS, deux Jeunes Popu-

laires et un JRG.

Pluralité et cohabitation

La pluralité d'opinions au sein de la délégation

française est une des raisons d'existence de ce pro-

gramme d'échanges. Le premier enjeu est alors de pou-

voir faire cohabiter pendant ces six semaines des gens

qui, a priori, ne se rejoignent que très peu sur le papier,

mais qui ont comme caractéristiques communes d'être

jeunes et engagés en politique. De nombreuses activités

sont organisées en commun pour nous faire découvrir le

Québec et plus particulièrement ses institutions et son

organisation politique au-delà des clivages partisans

traditionnels. Le but est de nous offrir le panorama le

plus large possible pour voir plus loin, nous ouvrir et

comprendre la vie politique locale sans arrière-pensées

partisanes. Cet exercice se révèle très enrichissant et

nous permet d'avoir de nombreux débats entre nous

dans un climat d'écoute, de respect et sans trop de chi-

canes. À plus d'un titre, la présence des Jeunes Écolo-

gistes au sein de ce collectif s'avère justifiée, permettant

de faire entendre la petite musique écologiste outre-

Atlantique. Alors que 7% du PIB canadien dépendent de

l'exploitation des sables bitumineux,

cette mission représente une belle

opportunité pour découvrir et soute-

nir les forces écologistes en présence

dans le débat politique québécois, à

l'instar du Parti Vert de Québec et de

Québec Solidaire (cela fera l'objet

d'un article spécifique dans la pro-

chaine Feuille Verte).

Une province qui se voit pays !

De Montréal à Québec, en passant par

Lac-Mégantic, Ottawa et Chicoutimi,

je tente d'appréhender les contrastes

de cette Belle Province canadienne, qui se voit pays. Il

est bien là, l'enjeu politique principal et structurant de la

vie politique québécoise. Entre héritage français et us et

coutumes britanniques, sur les bords du Saint-Laurent, il

n'est guère question d'évoquer le clivage droite-gauche

(sauf pour donner quelques repères à des Français un

peu perdus), le curseur de la vie politique étant celui de

la souveraineté.

Tabernacle !

DESTINATION QUÉBEC

Page 17: FV octobre.pdf

17

À plus d'un titre, l'utilisation systématique de

cette notion de souveraineté peut surprendre. Il faut

comprendre que le désir de liberté et d'indépendance a

grandement marqué l'histoire du Québec. Tel un petit

village d'irréductibles qui résiste encore et toujours à

l'envahisseur, une partie de la classe politique québé-

coise souhaite une rupture avec le régime d'Ottawa pour

prendre en main son destin et répondre aux aspirations

des seuls Québécois. L'aspiration à l'indépendance est la

synthèse entre un enracinement historique et la volonté

d'exister en tant qu'État-nation sur le plan international.

Chez ces héritiers de René Lévesque, cette vision est par-

ticulièrement visible actuellement au Québec en raison

de l'arrivée au pouvoir, depuis un an, du Parti Québécois,

qui a fait campagne autour du slogan « La souveraineté

pour tous ! » Le gouvernement minoritaire dirigé par

Pauline Marois place le désir de souveraineté au cœur de

son action.

Comme on dit ici, « à tantôt » pour de nouvelles

aventures sur fond de débat sur la Charte des valeurs

québécoises, de campagne électorale dans les municipa-

lités, de bières et de baleines. En attendant, tâchez

d'écouter la chanson des Cow-Boys fringants, Lettre à

René Levesque, en écho au paragraphe précédent.

Anthony Poulin

Votations helvètes

HISTOIRES D'ARMÉE, DE VOILE ET... DE SAUCISSES

Une fois encore, nos voisins suisses ont eu le loisir,

dimanche 22 septembre, de se prononcer sur la vie de leur

pays à l'occasion de plusieurs « votations », les unes fédé-

rales, les autres cantonales ou locales. La participation a

été de quelque 46 % au niveau fédéral.

Les Suisses ont accepté à 60 % la révision de la

loi sur les épidémies (la quasi-totalité des partis, dont les

Verts, étaient pour), dans laquelle les opposants voient

surtout un pas en direction de la vaccination obligatoire

(1).

À près de 56 %, ils ont voté pour la libéralisation

des heures d'ouverture des « shops » des stations service

(les Verts, le PS et deux partis chrétiens appelaient à voter

contre). Les partisans de cette libéralisation prétendaient

lutter contre une « absurdité bureaucratique » (les rayons

des « shops » ne seront désormais plus bâchés la nuit),

ses adversaires (l'Alliance du dimanche, regroupant essen-

tiellement les syndicats) y voyaient un pas supplémentaire

dans le démantèlement de la loi sur le travail et l'exten-

sion du culte de la consommation. Le quotidien

Le Courrier estime que l'initiative « n'est que le début

d'une longue liste d'attaques contre le droit du travail »,

lesquelles « font passer les envies des consommateurs

avant les droits des travailleurs » (2).

Page 18: FV octobre.pdf

18

À ce sujet, je dois dire que la campagne d'affichage des pro

-libéralisation avait quelque chose d'assez surréaliste pour

le touriste débarquant en Helvétie : « Bratwürste legali-

sieren ! », « Légaliser les saucisses à rôtir ! » (Cf. photos

prises en août du côté de Bienne / Biel) : je dois à la vérité

d'avouer que je n'ai pas compris tout de suite où voulaient

en venir ces « légalisateurs » de saucisses…

Les Suisses ont enfin refusé à plus de 73 %

l'abrogation du service militaire obligatoire proposée par

une « initiative populaire » lancée par le Groupe Suisse

sans Armée (GSsA), qui n'en était pas à sa première tenta-

tive, et soutenue uniquement (pour ce qui est des partis

politiques) par les Verts, le PS et le petit Parti chrétien-

social. L'armée de milice a encore de beaux jours devant

elle, et les Suisses semblent toujours penser que « l'armée

fera de toi un homme, mon fils! »...

À noter que les Verts défendent l'idée d'un service civil

qui ne soit plus, comme aujourd'hui, couplé au service

militaire obligatoire ; ils le veulent ouvert, sur une base

volontaire, aux femmes comme aux hommes, aux étran-

gers comme aux nationaux.

Signalons que, comme par hasard, les « Verts libé-

raux », qui avaient appelé à voter oui à la première de ces

trois votations, ont préconisé, pour les deux autres, des

votes opposés à ceux défendus par les Verts…

En outre, le Tessin (Suisse italophone) a été le pre-

mier canton à se prononcer en votation populaire sur une

interdiction du voile intégral (niqab, burqa...) dans les

lieux publics : les deux tiers des Tessinois ont approuvé

cette interdiction (qui ressemble fort à celle, controver-

sée, adoptée chez nous sous le quinquennat de Sarkozy),

qui pourrait très vite faire école au niveau national.

Comme chez nous, le débat fait rage entre partisans et

adversaires : après la fameuse votation sur l'interdiction

des minarets, ce vote, qui marque un nouveau succès de

l'UDC (extrême droite), fait s'imposer les notions les plus

confuses et les plus fumeuses (islamophobie, etc.). Le

député Vert Ueli Leuenberger parle quant à lui d’une

«campagne idéologique et irrationnelle sur un sujet inexis-

tant».

Terminons sur une note positive : les Zurichois ont

refusé (de justesse, mais refusé quand même) la construc-

tion d'un nouveau stade entièrement consacré au foot...

et tout aussi entièrement financé par les contribuables de

la première ville de Suisse. Vive Zurich, vive les Zurichois !

Gérard Roy

(1) À l'encontre de son parti, notre ami

Pierre Santschi estime que « le bon sens a été battu par les

pharmas et les technocrates ». N'ayant pas suivi l'affaire

d'assez près, je me garderai bien de prendre position...

(2) « Le Suisse préfère sauver sa fringale de saucisses

plutôt que les conditions de travail de sa vendeuse », ré-

sume une « tweeteuse ».

Page 19: FV octobre.pdf

19

Cette rubrique a pour ambition de proposer un

regard critique sur l'actualité scientifique, en montrant

tantôt les dangers, tantôt les espoirs suscités par les re-

cherches et les découvertes. Cette information peut par-

fois inspirer les propositions des écologistes. Les réfé-

rences sont données pour ceux qui voudraient approfon-

dir les questions traitées.

1. Les Antilles malades du chlordécone

Le chlordécone est un pesticide ultra toxique mas-

sivement utilisé dans les bananeraies des Antilles, entre

1981 et 1993, contre un champignon et un insecte. Dès

1975, de graves troubles neurologiques sont constatés

chez les ouvriers qui fabriquent le produit en Virginie.

L'usine ferme et le produit est interdit aux États-Unis.

Pourtant, en 1981, les lobbies agrochimiques et les

« députés-bananes » des Antilles obtiennent une déroga-

tion pour l'utilisation du chlordécone en Guadeloupe et

en Martinique après le passage de deux cyclones qui ont

favorisé les maladies. Il sera utilisé jusqu'en 1993 et les

derniers stocks ne seront saisis qu'en 2002. Aujourd'hui,

un quart de la surface agricole de la Guadeloupe et de la

Martinique est contaminé et une partie du rivage est in-

terdite de pêche, plongeant les communautés rurales du

littoral dans le désarroi. (Alternatives Économiques n° 327,

septembre 2013, pp.38-40)

Commentaire : Cet exemple montre une fois de

plus l'attitude irresponsable de certains milieux écono-

miques et la complaisance de nombreux élus par rapport

à l'utilisation des pesticides. À souligner : le rôle très im-

portant joué par l'avocat Harry Durimel, militant Vert de

longue date, pour dénoncer le scandale du chlordécone.

En 2007, en riposte à son action pour faire reconnaître les

conséquences tragiques du produit, il est convoqué de-

vant un tribunal pour violation du secret de l'instruction.

Harry, tête de liste Europe Écologie en 2009 pour les

DOM-TOM, réalise le score remarquable de 51 % aux

élections européennes en Guadeloupe... sans être élu,

compte tenu du mode de scrutin !

2. Neuvième Concours Génération Dévelop-

pement durable

La revue La Recherche et l'Agence de l'environ-

nement et de la maîtrise de l'énergie ont décerné en

juin les trois prix pour l'année 2013 :

Prix Senior : la Rice Box, une serre destinée au

Cambodge, conçue pour cultiver du riz en dépensant le

moins d'eau et d'énergie possible. Le système récupère

une partie de l'eau infiltrée, fonctionne avec des pan-

neaux solaires et est partagé en 4 compartiments pour

pratiquer la rotation des cultures.

Prix junior : des deux-roues électriques plus

puissants et plus autonomes, des vélos et des tri-

cycles équipés de batteries lithium-polymère rechar-

geables en une heure, qui disposent d'une autonomie

de 180 km. L'engin coûterait un peu plus de 1 000 € et

roulerait 1 000 km pour seulement 1 €.

Prix spécial : des corbeaux écolos. On ap-

prend à des corvidés (corbeaux, pies et corneilles) à

rapporter des déchets abandonnés dans des endroits

difficiles d'accès jusqu'à une machine qui les détecte et

les stocke et qui distribue à l'oiseau de la nourriture en

récompense. Les recherches en éthologie ont montré,

en effet, que les corvidés avaient d'étonnantes capaci-

tés d'apprentissage. (La Recherche n° 479, septembre

2013, pp. 64 à 66)

Science et écologie

CHLORDÉCONE, ART NUCLÉAIRE, CORBEAUX ÉCOLOS ET CHOCOLAT

Page 20: FV octobre.pdf

20

Commentaire : Cette année, 254 étudiants

ont déposé une soixantaine de projets sur le thème

« Quelles solutions pour améliorer notre impact envi-

ronnemental ? » Le plus surprenant est sans doute

l'idée de faire ramasser des déchets par des oiseaux.

Voilà des perspectives autrement plus enthousias-

mantes pour les jeunes diplômés que d'aller se vendre

aux banques et aux établissements financiers. Oui,

mais pour ça, il n'y a pas d'argent et pas de postes !

3. L'art du nucléaire

Dans un livre sur le point de paraître (1), la so-

ciologue Sezin Topçu retrace et décortique l'histoire de

la France nucléaire. On y retrouve donc le plan Mess-

mer, les manifestations de Creys-Malville, les catas-

trophes de Tchernobyl et Fukushima. La chercheuse

analyse particulièrement le secret, « consubstantiel » à

la chose nucléaire. Elle explique aussi comment une

partie de la critique scientifique et syndicale a été récu-

pérée, non seulement pour un meilleur contrôle du

risque, mais aussi « pour reconstruire de nouvelles légi-

timités pour l'énergie nucléaire ». (La Recherche n° 479,

sept. 2013, pp. 60 à 63)

Commentaire : L'article comprend des extraits

du livre. L'un d'eux parle d'un chercheur,

Patrick Petitjean, que nous avions fait venir à Montbé-

liard en mai 1986, juste après l'accident de Tchernobyl,

et qui nous avait expliqué avoir détecté à Strasbourg,

dès le 29 avril, des doses élevées d'iode 131. Prévenus

par lui, les journaux avait refusé de publier les mesures,

parce que celles-ci n'étaient pas confirmées officielle-

ment. Après le passage du nuage et à cause de ce si-

lence coupable, de grandes quantités de fruits et lé-

gumes contaminés ont été consommées en France,

contrairement à ce qui s'est passé en Allemagne, où les

mêmes produits contaminés ont été interdits.

4. Le chocolat est-il bon pour la santé ?

Depuis longtemps, on avait constaté que des

Indiens Kuna d'Amérique du Sud, qui consomment

5 tasses de chocolat par jour, ne souffrent pas de mala-

dies cardiovasculaires.

Une chercheuse de Cambridge, Adriana

Buitrago-Lopez, a voulu en savoir plus. Sur une popula-

tion de plus de 100 000 personnes, elle a constaté une

baisse significative des maladies coronariennes, du dia-

bète et des AVC chez ceux qui consomment beaucoup

de chocolat. Ces bénéfices seraient dus à la présence de

polyphénols dans les fèves de cacao et, dans une

moindre mesure, d'autres substances comme la caféine,

la théobromine et le magnésium. Attention ! c'est la

poudre de cacao qui est riche en polyphénols. Le choco-

lat noir en contient déjà 2,5 fois moins, le chocolat au

lait et les barres chocolatés respectivement 5 et 10 fois

moins. (Pour la Science n° 431, septembre 2013, p. 18)

Commentaire : Pour une fois que la gourman-

dise serait bénéfique pour la santé … Mais il faut faire

attention de ne pas exagérer : le chocolat est aussi riche

en sucre et en graisses. Une consommation excessive

risque d'abîmer les dents et de provoquer un surpoids.

Gérard Mamet

(1) La France nucléaire (Seuil)

Page 21: FV octobre.pdf

QUELLE ZONE D’ACTIVITÉ ? Le président du Conseil

général du Jura avance sur son

projet de zone d’activité (dite du

Rocher) près du futur contourne-

ment routier de Lons-le-Saunier.

Certains de ses arguments

ne manquent pas d’intérêt :

toute infrastructure routière

attire de l’activité et du déplace-

ment d’activité, 400 emplois

seront créés (mais des nouveaux

ou des reconversions ?), la réalisation sera concentrée

sur une surface limitée, le projet se veut exemplaire en

matière de qualité architecturale, d’intégration urbanis-

tique et de développement durable.

D’autres aspects sont plus critiquables : 25 % des achats

en alimentaire échapperaient au bassin de vie, on

« habille » écologiquement (une toiture végétale) un

projet écologiquement contre nature écologique (une

zone commerciale), on crée un lac artificiel avec tous les

bouleversements environnementaux que cela en-

gendre, on sacrifie des surfaces agricoles dont on a tant

besoin…

On ne peut pas enlever au président du CG ju-

rassien son volontarisme pour accompagner et anticiper

l’ouverture du contournement. Sur un territoire où l’ha-

bitude est de voir des élus atones, c’est plutôt réconfor-

tant !

Mais la nouvelle mouture du projet n’est pour-

tant que l’habillage de l’ancien (présenté au printemps),

un habillage à la sauce écologique. En fait, le projet

reste le même : une grande surface commerciale ac-

compagnée d’une galerie marchande, une zone de loi-

sirs avec une piste de bicross, des équipements sportifs,

une salle de spectacle et un plan d’eau, où les Lédo-

niens pourraient pratiquer des activés nautiques. Ce

projet relève d’une vision passéiste du développement

et l’enrobage écologique n’y fera rien ! Le concept sur le

fond reste le même et me semble bien dépassé à

l’heure où la sobriété énergétique devient un élément

majeur de notre activité humaine.

Sans être un ayatollah de l’écologie, je suis per-

plexe devant cette « nécessité » de continuer à créer de

l’activité aux dépens de celle déjà existante : quel sens

cela a-t-il de créer 400 emplois ici pour les retirer là-

bas ? Si la création d’un nouveau complexe crée indubi-

tablement de l’emploi lors dans sa phase de mise en

œuvre, elle demande aussi des

moyens et de l’énergie que nous

pourrions utiliser dans des causes

plus prioritaires et qui seraient

également génératrices d’em-

plois : la transition énergétique

avec son lot de rénovations de

logements, l’adaptation aux be-

soins réels en matière de mobili-

té, la création d’activités agricoles

pour nourrir la population du bas-

sin lédonien…

Quelle cohérence à créer un centre d’activité à

forte connotation environnementale, mais situé à quelque

6 km du centre ville de Lons-le-Saunier, ce qui obligerait

chaque consommateur à utiliser sa voiture pour rapporter

le contenu de son caddie, grossissant ainsi le flot d’auto-

mobiles qui pervertissent chaque jour les faubourgs de la

ville préfecture ?

Oui, il est indispensable, comme le fait le président

du Conseil général du Jura, d’anticiper et d’organiser l’acti-

vité le long du contournement de Lons-le-Saunier. Mais

pas à n’importe quel prix ! Ce qu'il faut, c'est jouer un coup

d’avance, celui qui nous emmène à 20 ans, celui qui pro-

jette notre environnement dans 20 ans, celui qui est guidé

par nos convictions écologiques et par les nécessités de

notre époque. La sobriété énergétique et financière im-

plique des réalisations indispensables et prioritaires, tour-

nées vers le mieux-être de nos concitoyens : les circuits

courts, les déplacements doux, le rapprochement domicile-

travail.

Le projet actuel n’intègre pas cette vision inno-

vante, d’avenir. Sur l’aire du Rocher, l’attractivité de la voie

rapide est incontournable. Les besoins se feront sentir : un

service hôtelier, des garagistes et des stations d’essence ou

d’électricité, une aire de repos, un point de vente de pro-

duits « made in Jura »… Mais l’activité d’avenir sur notre

bassin, comme ailleurs, celle qui créera les vrais emplois et

gardera les jeunes sur notre territoire, ce n’est pas la

grande distribution, mais les activités liées aux technolo-

gies numériques, à celles nécessaires à la transition éner-

gétique (le transport, le solaire, la biomasse, le vent…),

l’agriculture de proximité (une pépinière d’entreprises

agricoles en lien avec le lycée agricole, par exemple)...

Le débat est ouvert, les écologistes sont prêts à y

participer !

André Barbarin

21

Contournement de Lons-le-Saunier

Page 22: FV octobre.pdf

Il y a trois mois, La Feuille Verte (1) vous entrete-

nait d'un possible « printemps bosnien » (2), qui prenait

alors la forme d'une « bebolucija » (révolution des bébés)

sarajevienne. Où en est la Bosnie-Herzégovine un tri-

mestre plus tard ?

Eh ! bien, pour pas mal de commentateurs locaux

(mais en connaissez-vous, des commentateurs non locaux

de ce qui se passe là-bas ?), elle s'est tout simplement

« fourvoyée ». Ce qui était au départ un mouvement ci-

toyen, que ses participants avaient à cœur de tenir éloi-

gné des logiques politico-ethniques ayant mené le pays à

la catastrophe que l'on sait, s'est peu à peu laissé phago-

cyter par des formations (souvent marginales, mais ac-

tives) aux buts bien éloignés de ceux de la bebolucija. Et il

semble que celle-ci soit maintenant contrôlée, ou en voie

de l'être, par des groupes nationalistes, qui font par

exemple chanter à la foule une version non officielle et

pro-bosniaque de l'hymne national bosnien. Voilà qui ne

peut que réjouir les crapules politicardes de la Republika

Srpska (l'une des deux « entités » de la Bosnie post-

Dayton), que ces dérives nationalistes confortent dans

leur position et dans leur volonté d'aboutir tôt ou tard à

une scission complète du pays.

Explication d'un observateur local : « Toute résis-

tance de masse a besoin d'un objectif politique, mais aussi

de logistique, d'organisation et d'une discipline de fer.

Sinon, elle devient un ensemble confus d'individus. » Et de

conclure : « La révolution a dévoré ses enfants. »

Un espoir : le recensement

Est-ce à dire que la Bosnie – où la crise politique

s'accompagne d'une situation économique désastreuse –

est désespérément vouée à rester sous la coupe de ma-

fias et de lobbys (celui par exemple des vétérans de

guerre) confortablement installés dans la rente de situa-

tion que leur ont offerte en décembre 1995 les accords

de Dayton ? Tâchons quand même de faire preuve d'un

peu d'optimisme : c'est un recensement qui va peut-être

nous remonter le moral.

En effet, le premier recensement organisé en

Bosnie-Herzégovine depuis 1991 (donc avant la guerre

ayant abouti à la dislocation de l'ex-Yougoslavie) et

maintes fois reporté sous les prétextes les plus divers va

enfin se dérouler en ce mois d'octobre. Or, dans ce pays

où l'appartenance ethnico-religieuse, fût-elle totalement

artificielle et fantasmée, est soigneusement entretenue

par ceux qui en tirent profit, la perspective de voir un

grand nombre de citoyens se déclarer non pas

« bosniaques », « croates » ou « serbes », mais

« bosniens » (ou, si l'on préfère, « bosno-

herzégoviniens ») donne des sueurs froides aux nationa-

listes de tout bord. Sans compter que ce recensement

mettrait en évidence, de façon difficilement contestable,

les conséquences du « nettoyage ethnique » de 1992-95.

C'est sans doute de l'humour noir : Milorad Dodik, prési-

dent de la Republika Srpska, fait mine de se réjouir de ce

qu'on connaisse enfin l'ampleur du « génocide »... contre

les Serbes !

Croix et croissant complices

Tout l'été, les Bosniens ont été soumis à une in-

tense propagande les invitant à « bien » répondre aux

questionnaires. Seuls les naïfs s'étonneront d'apprendre

que, côté croate, c'est l'Église catholique qui a mené le

bal, invitant ses ouailles à bien cocher les cases

« croate » et « catholique ». Des documents ont été dis-

tribués dans les boîtes aux lettres de Tuzla... sur lesquels

étaient déjà cochées les « bonnes » cases (« bosniaque »,

« islam », « langue maternelle bosniaque ») ! (3)

22

Après le printemps bosnien...

… QUEL AUTOMNE À SARAJEVO ?

Page 23: FV octobre.pdf

23

Dans ces conditions, il faut espérer qu'une sorte de

sursaut citoyen, comme celui qui a fait se lever au prin-

temps la bébé-révolution, incitera le plus grand nombre

possible de Bosniens à se déclarer « ostali », c'est-à-dire

« autres », c'est-à-dire ne faisant pas partie de (ou ne se

reconnaissant pas dans) l'une des trois communautés

« constitutives » du pays. On peut toujours rêver. Après

tout, pour préparer l'événement au niveau national, des

recensements pilotes se sont déroulés fin 2012 dans cer-

taines parties du pays : plus de 35 % des sondés se sont

déclarés bosno-herzégoviniens ! (4)

Gérard Roy

(1) N° 187, juillet-août 2013, pp. 15-17.

(2) Et non « bosniaque », comme je l'ai bêtement

écrit alors même que j'expliquais en note la différence !

(3) Rappelons qu'il n'existe pas plus de langue bos-

niaque que de langue serbe ou croate ; à l'époque yougo-

slave, on parlait le « serbo-croate », et les gens ne se sont

pas mis tout d'un coup à s'exprimer différemment selon

le côté des frontières où ils se trouvent. Mais tout est fait

aujourd'hui pour exacerber les différences réelles, mais

minimes, existant entre les parlers régionaux.

(4) Encore un exemple récent des incroyables diffi-

cultés inhérentes à la situation de quasi-apartheid créée

par Dayton : les enfants d'une centaine de familles de

Konjevic Polje, près de Srebrenica, boycottent l'école pour

obtenir des autorités de la Republika Srpska le respect de

l’accord signé en 2002 entre les ministères de l’Éducation

de la Fédération et de la RS. Cet accord stipulait que les

élèves des minorités réciproques (Bosniaques en RS et

Bosno-serbes en Fédération) ont le droit d’avoir des cours

dans leur propre version (latin ou cyrillique) et des cours

d’histoire différents de ceux de la majorité

Téléphonie mobile

UN RAPPORT DE PLUS...

Après les cinq journées d’échange autour de la

table du Grenelle des ondes en 2009, il avait été décidé

d'expérimenter l’abaissement des niveaux d’exposition

aux rayonnements des antennes relais. Le rapport de

synthèse de ce travail vient d’être publié; parmi ses con-

clusions figurent les points suivants.

Il est tout à fait possible de diminuer

les seuils d'exposition sur les zones les plus

exposées sans diminuer la couverture, tout

en étant vigilant à ne pas exposer fortement

de nouveaux lieux riverains.

Il est possible de limiter les niveaux de

seuil à 0,6 V/m (recommandation scienti-

fique internationale, alors qu'actuellement

le niveau appliqué en France varie de 28 à 61

V/m !), mais cela implique de multiplier par

3 le nombre d'antennes moins puissantes.

L'installation de la 4G (4e génération de téléphonie

mobile, offrant le haut débit sur smartphones et ta-

blettes) augmente le niveau d'exposition de la popula-

tion. Les opérateurs ont longtemps nié cette réalité de la

physique ; pourtant, en ajoutant une nouvelle bande de

fréquences dans l'environnement, le niveau global d'ex-

position ne peut qu'augmenter, même si les champs ne

s'additionnent pas. Fallait-il autant de temps et d'argent

pour reconnaître ce principe physique évident ? Et main-

tenant qu'on a montré que la Terre est ronde, on

fait quoi ? (1)

Catherine Gouhier

Secrétaire Générale du CRIIREM (Centre de

Recherche et d’Information Indépendant sur

les Rayonnements Electromagnétiques - 19-

21, rue Thales de Milet - 72000 Le Mans -

[email protected] – tél : 02 43 21 18 69 –

www.criirem.org)

(1) Note de François Vetter : Il appartient

aux politiques de prendre leurs responsabili-

tés face à cette bombe à retardement sanitaire. Si EÉLV

ne s'empare pas de ce problème, qui le fera ? Nous pou-

vons agir nationalement, mais aussi localement, en fai-

sant pression pour que la puissance des antennes soit

progressivement ramenée aux 0,6 V/m préconisés. Pour

de plus amples informations, contacter le CRIIREM.

Page 24: FV octobre.pdf

Le programme :

En matinée : stands d'information sur la place du

9 Avril 1944

10h : conférence de Thomas Porcher, docteur en

économie à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne, spé-

cialiste du pétrole et auteur du livre "Le mirage du Gaz

de schiste".

14h30 (et des brouettes) : départ de la manifes-

tation

17h-17h30 : fin de la manifestation

Soirée conviviale : musique, soupe citoyenne,

soirée slam..

Comment nous aider dans la réussite de cet

événement?

- faites tourner cette invitation

- venez en famille

- préparez des drapeaux, des panneaux.

Venez acheter les drapeaux, les badges, les auto-

collants du collectif.

Ils sont disponibles :

- chez Zadig à St Claude (03 84 45 15 01)

- chez Pascale B.Laperrière à Laisia aux Molunes

(03 84 41 61 42)

- aux Trésors de Pan à St Lupicin (06 16 44 46 55)

- chez Lauriane Schoff à Prénovel de Bise

(06 87 27 86 42)

-chez Florence Gentner à Désertin

(03 84 42 41 81)

Covoiturage

Vous pouvez laisser vos offres de trajet

sur: http://agenda.covoiturage.fr//autre/13906-global-

fracking-2-manifestation-a-saint-claude

Hébergement militant

Ceux qui ont des lits de disponibles pour accueillir ven-

dredi 18 et/ou samedi 19 des manifestants venant de

loin peuvent le faire savoir à Sylvie et Michel:

[email protected] ou 06 47 51 30 71 ).

Appel aux bénévoles

On aura besoin de monde :

- pour coller les affiches

- monter les chapiteaux le samedi matin, les démonter

en soirée

- éplucher les légumes de la soupe vendredi soir, la servir

après la manifestation

- assurer la sécurité du cortège

24

APPEL À MANIFESTER

Gaz de schiste

à tous les contacts du Collectif « Non aux forages d'hydrocarbures Haut-Jura »

Bonjour,

Les collectifs francs-comtois et rhône-alpins organisent une manifestation suprarégionale, samedi 19 octobre, à

Saint-Claude, à l'occasion de la 2e journée internationale contre la fracturation hydraulique.

Ce jour-là, des citoyens du Jura, du Doubs, de l'Ain, du Rhône, des Savoie, d'Isère, de Suisse convergeront vers le Haut-Jura

pour afficher leur opposition aux forages pétroliers et au gaz de schiste : ce sera l'un des seuls rendez-vous en France.

Page 25: FV octobre.pdf

25

23.08. - Poutine interdit toute manifestation du-

rant les JO de Sotchi. Ça risque pas de démotiver les spor-

tifs ?

24.08. - 8 militants anti-corrida blessés à Rion-des-

Landes. Encore un bled de ploucs à éviter pour les va-

cances.

25.08. - Pas dégueu, ce chanturgue rapporté d'Au-

vergne. Faudra que je l'essaie avec un coq au vin.

26.08. - La fille du sanguinaire caïd sicilien

Toto Riina se dit fière d'un père qui lui faisait faire sa

prière « pour remercier Jésus ». Il avait quand même des

bons côtés, Toto.

27.08. - Le patron d'un restaurant tué par balles. À

Marseille ? Non, au Cannet : perdu !

28.08. - Le tueur de Fort Hood (13 soldats assassi-

nés en novembre 2009), ex-psychiatre de l'armée améri-

caine, condamné à mort. Déjà, les psychiatres, je m'en

méfie ; mais alors, dans l'armée, et américaine en plus !...

29.08. - Lapsus du candidat SPD aux élections alle-

mandes, qui parle des Verts, au lieu de Die Linke, comme

d'alliés sur lesquels on ne peut pas compter. Y a des lap-

sus révélateurs.

30.08. - Mort du poète irlandais Seamus

Heaney, Prix Nobel de littérature en 1995. Déjà, les

poètes, on s'en fout, alors irlandais, tu parles !

31.08. - Le Sarkoboy Boris Boillon, ex-

ambassadeur de la Sarkozie en Tunisie, épinglé en par-

tance pour Bruxelles avec une valise bourrée de billets.

Il allait acheter les bijoux de la Castafiore.

01.09. - Morano dénonce les attaques « ad ho-

minem » d'Harlem Désir, qui s'en est pris à « l'esprit

munichois » de la droite. Ad hominem, elle sait pas ce

que ça veut dire, mais elle trouve ça joli dans une

phrase.

02.09. - Record historique au mercato d'été :

des transferts de footeux pour 764 millions d'euros. Ils

en pensent quoi, ces niaiseux de supporters ?

03.09. - Fidel Castro s'est pendu.(*)

04.09. - L'écrivaine indienne Sushmita Banerjee

assassinée par des talibans en Afghanistan. Elle les avait

peut-être un peu agacés, non ?

05.09. - Le footeux Ribery « espère que la rou-

tourne va vite tourner ». Je rêve d'un couple Morano-

Ribéry.

06.09. - Une entreprise chinoise achète l'améri-

cain Smithfield, détenteur de Cochonou et Justin Bridou.

On pourra désormais acheter du Médorou et du Justin

Bridé.

07.09. - Tokyo préférée à Madrid et Istanbul

pour les JO de 2020. Heureux Espagnols ! Veinards de

Turcs !

Éphéméride

ÉCHOTIDIENS

Novembre 1995 - octobre 2013 : presque 18 ans de Feuille Verte, 190 numéros (eh ! oui, ce n°189 devrait s'appeler

190... si l'on n'avait pas omis d'appeler 1er le... premier !) et presque autant de mensuels Émois. Presque autant car, comme

vous l'avez peut-être noté, il leur est arrivé de se défiler quelques fois ces derniers temps. Manque d'inspiration ? Flemme ag-

gravée ? Retard à l'allumage ? Un peu de tout ça, mais aussi - depuis le temps - une certaine lassitude et la très nette sensa-

tion de me répéter...

Plutôt qu'envoyer balader brutalement lesdits Émois, j'aimerais essayer (je dis bien « essayer ») - au moins provisoire-

ment - de les remplacer par une sorte d'éphéméride, m'imposant de repérer quotidiennement au moins une information, sé-

rieuse ou légère, et d'y mettre un (si possible très court) grain de sel.

Naturellement, cela me ferait plaisir d'avoir quelques « retours » - fussent-ils impitoyables...

Dessin publié avec l’ai-

mable autorisation de

Charlie Hebdo

Page 26: FV octobre.pdf

08.09. - Copé : « Cette fois, c'est fait ! » 11 millions

d'euros récoltés par le Sarkothon : je me doutais bien

qu'il fallait être con pour être à l'UMP, mais à ce point...!

09.09. - Peillon présente sa Charte de la laïcité.

C'est peut-être tout ce qui surnagera dans l'océan de

nullité où patauge le PS.

10.09. - 155 000 ? 370 000 ? Peu de monde en

tout cas dans la rue pour défiler contre le projet de ré-

forme des retraites (1 à 3 millions en 2010). C'est plus

facile de gueuler chacun dans son coin.

11.09. - Le pape écrit aux « non-croyants » pour

leur proposer de « faire un bout de chemin ensemble ».

Euh ! Non, merci, François, t'es gentil, mais sans moi...

12.09. - Mort du généticien Albert Jacquard.

Comme disait Coluche, pourquoi c'est toujours des gens

qu'on connaît qui meurent ?

13.09. - Carnet blanc : naissance d'un petit

Gustave. Vous vous en fichez ? Moi aussi, mais j'ai rien

trouvé d'autre.

14.09. - À la fin de la Techno Parade, on chante

La Marseillaise. Jeunes cons !

15.09. - Le socialiste Edi Rama, artiste peintre et

ancien maire de Tirana, investi chef du gouvernement

albanais. Quoi ? Artiste ET socialiste ?!

16.09. - Première de Jusqu'ici tout va bien sur F2.

Pauvre Sophia Aram, c'est pas dans une galère qu'elle est

allée se fourrer, c'est dans le Costa Concordia ou un sous-

marin russe !

17.09. - Début à Lille de l'université d'été

« Alzheimer, éthique et société ». J'y serais bien allé, mais

je ne me rappelle plus où est Lille.

18.09. - Un promoteur immobilier tué par balles. À

Marseille ? Non, à Ajaccio : encore perdu !

19.09. - François Fillon donne du « Cher Vladimir »

à Poutine. Droite pourrie, c'est un pléonasme, non ?

20.09. - Dans le Tessin, un chasseur se tue avec

son fusil. Y a des maladroits en Suisse aussi.

21.09. Rassemblement anti-chasse à Paris : 300 ?

400 ? 500 manifestants ? En tout cas, pas beaucoup. Et

pas un lapin parmi eux !

22.09. - Pascal Durand « ne sollicitera pas le renou-

vellement de son mandat » à la tête d'EÉLV. C'est comme

ça qu'on dit « est viré » en novlangue.

Gérard Roy

(*) Ah ! on me signale à l'instant qu'il s'agit d'Ariel

Castro, le « tortionnaire de Cleveland », condamné il y a

deux jours à la prison à vie.

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Dessin publié

avec l’aimable

autorisation de

Charlie Hebdo

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