flyer de l'exposition "regard collectif" (sept. 2012)

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Page 1: Flyer de l'exposition "Regard collectif" (sept. 2012)
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REGARD COLLECTIF

Retraçant le travail des correspondants photographes du journal l’Humanité, des années 1950 aux années 1990, l’exposition REGARD COLLECTIF propose une sélection de photographies produite par quelques uns des 5000 correspondants qui ont oeuvré pour l’Humanité. Celles-ci peuvent être considérées comme des images collectives à plus d’un titre.

Du point de vue des scènes photographiées, elles rendent compte de la diversité des contextes locaux, en accumulant un matériau iconographique forgé « en situation », résultat d’un rapport de proximité, voire d’intimité avec les objets et les sujets visés. C’est tout ce qui les distingue des photographies d’agence de presse.

Par ailleurs, pour ce qui relève des photographes eux-mêmes, qui demeuraient délibérément anonymes lors de leur éventuelle publication, il n’est sans doute pas excessif de parler d’une auctorialité partagée.

Enfin, le point de vue collectif qui les produit est animé par une culture photographique commune, un regard forgé année

après année dans les écoles de photographies du service des correspondants.

L’œuvre de ces correspondants est donc le signe tangible que, dès les années 1950, une autre forme de journalisme existait en France, préfiguration du journalisme citoyen, de l’alter-journalisme. Rendant compte de la dimension singulière du métier de photo-journaliste pour l’Humanité, ces photographies expriment aussi la dimension populaire et transgénérationnelle du militantisme en Île-de-France au cours de la période. Ces photographies ont en effet été réalisées par des hommes et des femmes pour lesquels la photographie représentait une autre façon de prendre la parole ou de lever le poing.

Enfin, qu’il soit politique, syndical, culturel ou sportif, l’engagement de ces militants révèle les mutations urbaines de la région Île-de-France. Car ces photographies documentent aussi de multiples aspects de l’histoire de la région capitale, notamment celle de territoires largement négligés par la plupart des autres productions photographiques.

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P H O T O G R A P H I E R

C’est au début des années 1950, période de relative démocratisation de la pratique photographique, que les responsables du service des correspondants de l’Humanité, Paulette Jourda et Michel Tartakowsky, décident de créer le groupe des « correspondants-photographes ». C’est également avec l’aide d’un passionné, Raoul Marie, que cette nouvelle ambition collective peut voir le jour.

Dans le bulletin de juillet 1952, les membres du réseau sont ainsi fortement encouragés à se lancer dans la prise de vue : « au cours des vacances, faites de petits reportages sur les gens qui vous entourent ; interviewez et joignez des légendes à vos photos ». De retour dans les villes, on conseillera aux correspondants de photographier « les manifestations, les grèves, les prises de parole, les inscriptions dans les rues », mais aussi les faits divers et tous ces petits riens du quotidien. « Soyez les témoins de

votre temps ! » enjoignait ce même bulletin de liaison le 22 mars 1968.

Si certains correspondants sont déjà des photographes amateurs confirmés, d’autres sont dépourvus de toute culture photographique. Alors, pour parfaire le savoir-faire des uns et développer celui des autres, les correspondants bénéficient de cours du soir également ouverts à des photographes non membres du PCF.

C’est ainsi que des professionels confirmés viennent former, dans les locaux de l’Humanité, les correspondants du journal : Robert Doisneau, Paul Amlassy, Jean-Marie Baufle ou Guy Le Querrec y ont tour à tour professé. Grâce à ces « compagnons de route », plusieurs milliers d’ouvriers ont pu bénéficier d’une éducation populaire à l’image. Pour certains d’entre eux, devenus par la suite des photographes de métier, cet enseignement fut le point de départ d’une nouvelle trajectoire sociale et professionnelle.

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T É M O I G N E R

Alors qu’aujourd’hui la toile permet à chaque internaute de rendre compte, au travers des blogs et des réseaux sociaux, de tous les événements dont il pourrait être témoin, l’expérience des correspondants de l’Humanité peut être considérée comme une préfiguration du journalisme citoyen. Reconsidérée à l’aune de l’expérience des correspondants photographes de l’Humanité, la genèse de « l’alter-journalisme », n’a donc rien d’une génération spontanée.

Car c’est dès les années 1920 que le quotidien communiste fait appel à un réseau de correspondants bénévoles. Créé le 2 octobre 1924, sur le modèle des « rabcors » de la Pravda, le réseau des correspondants ouvriers de l’Humanité avait, dès ses débuts, l’ambition de proposer à ses lecteurs une information produite et transmise depuis le terrain des luttes quotidiennes, à destination de l’ensemble du territoire national.

En s’appuyant sur ce réseau, le projet éditorial de l’Humanité était sans ambiguïté : comme le mentionne le manifeste d’ouverture de la rubrique des correspondants, s’inspirant des écrits de Paul Vaillant-Couturier ou des thèses de Lénine dans (Que faire ? -1902-), il s’agissait de court-circuiter le travail des agences de presse afin de faire « remonter », depuis le terreau des luttes locales vers le journal et vers Paris, des informations inédites, qu’elles soient invisibles ou délibérément négligées par ces agences.

Dès la naissance du service des correspondants, le maillage du réseau est particulièrement dense et fourni en Île-de-France. En 1968, il compte jusqu’à 5 000 correspondants, dont plus de 600 en Seine-Saint-Denis et plus de 400 dans les Hauts-de-Seine.

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M I L I T E R

« (…) Soyez avec vos appareils photographiques partout où s’exprime et combat l’homme de notre temps. C’est ça la photo (…) ». L’adresse finale du bulletin des correspondants photographes d’avril 1974 est des plus claires : il appartient à chaque correspondant d’être au plus près de tous ceux qui s’engagent et militent.

L’engagement des militants revêtait d’abord une dimension quotidienne et transgénérationnelle. Que l’on pense seulement à ce cliché figurant trois vendeurs de l’Humanité Dimanche, probablement un couple de grands-parents accompagné par leur petite-fille. Ces sujets photograhiés incarnent une époque où l’engagement militant fédérait toutes les tranches d’âge dans une région où les classes populaires pesaient de tout leur poids dans la société et la démographie.

Mais la période est également marquée par d’intenses luttes dans le monde ouvrier : qu’il s’agisse des occupations d’usines organisées

pour l’amélioration des conditions de travail ou des grandes grèves contre les premières restructurations industrielles, le regard du correspondant rend compte du dynamisme et du poids du syndicalisme dans l’Île-de-France des Trente glorieuses.

Des combats politiques ont aussi scandé la vie des militants. Les correspondants photographes sont ainsi présents auprès de leurs camarades visés par les attentats de l’OAS. Ils sont là pour soutenir les étudiants des jeunesses communistes manifestant contre la guerre au Vietnam. Ils encouragent encore les quelque 10 000 jeunes réunis à Malakoff (1969) pour plaider la cause du désarmement mondial.

L’engagement des correspondants photographes était un engagement de tous les instants et de toutes les luttes.

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R E G A R D E R [ L A V I L L E ]

Au delà de la temporalité singulière de la grève et de l’action sociale, le regard du correspondant se porte aussi sur les rituels sociaux et les événements locaux ayant pour cadre des espaces en profonde mutation au cours de la période, qu’il s’agisse des quartiers où l’on érige de grands ensembles, ou des nouveaux axes de transport (RER, périphérique intérieur, voies sur berge). Ces nouveaux territoires et axes de communication bouleversent le quotidien des franciliens à la fin des années 1960.

En deçà et au delà du sensationnel et de l’extra-ordinaire, le regard du correspondant photographe a su explorer ces espaces de prime abord peu photogéniques. C’est ainsi que l’objectif photographique des correspondants de l’Humanité accroche les images d’une quotidienneté qui échappe d’ordinaire au regard du journaliste professionnel : accidents de la circulation, événements

météorologiques mais aussi scènes de détente, événements associatifs, manifestations sportives communales, commémorations locales. Ces événements retiennent également toute l’attention des opérateurs. Ils fixent les contours incertains de « l’infra-ordinaire » pour reprendre l’expression de Georges Perec.

Alors que la région capitale s’apprête à connaître de profondes mutations avec la mise en œuvre du « Grand Paris », REGARD COLLECTIF permet de garder et transmettre la mémoire d’une identité sociale et régionale en constante mutation.

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RE

RE

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P L A N D E L ’ E X P O S I T I O N

P R O L O N G E R L ’ E X P É R I E N C E

Les clichés présentés dans cette exposition ne consti-tuent qu’un échantillon parmi plusieurs milliers de pho-tographies prises par les correspondants photogra-graphes de l’Humanité des années 1950 aux années 1990.

Pour découvrir de nouveaux clichés, nous aider à documenter ces archives photographiques, nous faire part de vos commen-taires, nous adresser des clichés, retrouver les itinéraires franciliens des photographes, en savoir plus sur le métier de correspondant-photographe ou exploiter en cours ce patrimoine iconographique, n’hésitez à vous connecter sur le site de REGARD COLLECTIF :

http://acp-regardcollectif.univ-mlv.fr

Années 1960

Ann

ées

1950

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Années 1980 et 1990

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REGARD COLLECTIF

C O N TA C T S

PA

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EN

AIR

ES

En partenariat avec les étudiants de l’IMAC, les étudiants du master CMW ont conçu l’ergonomie et les contenus édito-riaux du site acp-regardcollectif.univ-mlv.fr

Les étudiants de l’IMAC (Ingénieur Images Multimédia, Audiovisuel et Communication) ont plus particulière-ment pris en charge le développement technique du site web de REGARD COLLECTIF.

Free Lens est une association reconnue d’utilité publique où enseignants, cher-cheurs, passionnés et professionnels de l’image peuvent échanger et débattre autour de la photographie.

Le quotidien militant soutient activement le projet REGARD COLLECTIF. Il a notamment permis l’organisation de cette exposition de photographies dans le cadre de la Fête de l’Humanité.

Les Archives départementales de Seine-Saint-Denis sont les dépositaires des archivesphotographiques des correspondants de l’Humanité. Elles procèdent régulièrement à la numérisation des milliers de clichés conservés dans leurs fonds.

r e g a r d c o l l e c t i f @ g m a i l . c o m01 60 95 70 40

Conception scientifique : Thierry Bonzon, Maud Chirio, Angelos Dalachanis et Vincent Lemire

Expertise photographique : Wilfrid Estève

Traitement des photographies : Souâd Mechta

Conception graphique et éditoriale : Jean-François Hamet

Tirages : Négatif +

Impression : Ateliers Demaille

L’association Mémoires d’Humanité a pour vocation de valoriser les fonds de la photothèque du journal l’Humanité.

Mémoires d’Humanité

Pilote du dispositif PICRI (Partenariat Institutions Citoyens pour la Recherche et l’Innovation), la Région Île-de-France a soutenu financièrement le projet « L’espace francilien dans le re-gard des photographes de l’Humanité » - dont est issue l’exposition REGARD COLLECTIF - depuis son lancement en 2010.

Les enseignants-chercheurs et les étudiants de l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée mènent depuis plusieurs années des travaux de recherche sur les archives des correspondants photographes de l’Humanité et contribuent à leur valorisation.

Le laboratoire ACP (Analyse Com-parée des Pouvoirs) de l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée est la structure d’accueil des enseignants - chercheurs impliqués dans le projet « L’espace francilien dans le regard des photographes de l’Humanité » dont est issue l’expo-sition REGARD COLLECTIF.