dossier pédagogique de l'exposition chroniques

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1 DOSSIER PÉDAGOGIQUE CHRONIQUES Cette exposition plonge le spectateur dans différents récits qui mettent en scène des objets ainsi que des personnages fictifs ou réels afin d’évoquer des faits authentiques. actes ou Les œuvres que vous allez découvrir sont autant de chroniques que d’ d’attitudes d’artistes engagés qui, prenant conscience de leur appartenance à la société et au monde de leur temps, renoncent à une position de simple spectateur et mettent leur pensée ou leur art au service d’une cause. Ainsi Sarkis propose une chronique de l’artiste engagé qui résiste dans son présent aux récupérations systématiques de son œuvre par l’état. Tandis qu’Allen Ruppersberg développe celle d’un fait historique marquant du XXème siècle dans La Bataille d’Arnhem (17-26 septembre 1944), Sonsbeek. Œuvre de mémoire qui questionne les processus et les procédés de conservation du passé. Öyvind Fahlström et Robert Adams, quant à eux, manifestent leurs engagements, social et politique pour le premier, écologique pour le second, au travers de chroniques d’actualités. Par la diffusion de leurs œuvres, leur intention commune est de permettre aux spectateurs de prendre conscience des enjeux réels de la société dans laquelle ils vivent. Enfin, Jean-Luc Moulène nous invite à découvrir la chronique d’objets banals dont il renouvelle la représentation photographique en éliminant les codes publicitaires qui leur sont automatiquement attribués dans notre société de consommation. Autant d’histoires qui permettront aux élèves de voir ou de revoir leur propre implication dans l’espace et le temps de notre société. SARKIS, Le forgeron dans le rôle de Kriegsschatz, 1983 CHRONIQUE D’UN ARTISTE ENGAGÉ Cette installation fait partie du cycle des Kriegsschatz ou Trésor de Guerre que Sarkis entame en 1976. Elle est constituée d’une caisse à claire-voie ouverte laissant échapper une lumière rouge intense, celle du mot "Kriegsschatz" écrit en tube de néon, ainsi que des bandes magnétiques imprimées des grands opéras de Wagner, Schoenberg, Berg, disposées pêle-mêle et suggérant la musique même si on ne l’entend pas. Surplombant le brasier une sculpture du XIXe siècle représentant un forgeron semble défier le mot, l’idée même de Kriegsschatz. Son visage est recouvert du portrait en pâte à modeler de l’artiste.

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Page 1: Dossier pédagogique de l'exposition Chroniques

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DOSSIER PÉDAGOGIQUE

CHRONIQUES

Cette exposition plonge le spectateur dans différents récits qui mettent en scène des objets ainsi que des personnages fictifs ou réels afin d’évoquer des faits authentiques.

actes ou Les œuvres que vous allez découvrir sont autant de chroniques que d’d’attitudes d’artistes engagés qui, prenant conscience de leur appartenance à la société et au monde de leur temps, renoncent à une position de simple spectateur et mettent leur pensée ou leur art au service d’une cause. Ainsi Sarkis propose une chronique de l’artiste engagé qui résiste dans son présent aux récupérations systématiques de son œuvre par l’état. Tandis qu’Allen Ruppersberg développe celle d’un fait historique marquant du XXème siècle dans La Bataille d’Arnhem (17-26 septembre 1944), Sonsbeek. Œuvre de mémoire qui questionne les processus et les procédés de conservation du passé. Öyvind Fahlström et Robert Adams, quant à eux, manifestent leurs engagements, social et politique pour le premier, écologique pour le second, au travers de chroniques d’actualités. Par la diffusion de leurs œuvres, leur intention commune est de permettre aux spectateurs de prendre conscience des enjeux réels de la société dans laquelle ils vivent. Enfin, Jean-Luc Moulène nous invite à découvrir la chronique d’objets banals dont il renouvelle la représentation photographique en éliminant les codes publicitaires qui leur sont automatiquement attribués dans notre société de consommation. Autant d’histoires qui permettront aux élèves de voir ou de revoir leur propre

implication dans l’espace et le temps de notre société.

SARKIS, Le forgeron dans le rôle de Kriegsschatz, 1983

CHRONIQUE D’UN ARTISTE ENGAGÉ

Cette installation fait partie du cycle des Kriegsschatz ou Trésor de Guerre que Sarkis entame en 1976. Elle est constituée d’une caisse à claire-voie ouverte laissant échapper une lumière rouge intense, celle du mot "Kriegsschatz" écrit en tube de néon, ainsi que des bandes magnétiques imprimées des grands opéras de Wagner, Schoenberg, Berg, disposées pêle-mêle et suggérant la musique même si on ne l’entend pas. Surplombant le brasier une sculpture du XIXe siècle représentant un forgeron semble défier le mot, l’idée même de Kriegsschatz. Son visage est recouvert du portrait en pâte à modeler de l’artiste.

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L’installation est un mode d’expression artistique apparu vers les années 1960. Elle s’organise en une disposition d’objets, de matériaux et d’éléments indépendants les uns des autres mais constituant un tout dans un espace.

L’installation dans l’art contemporain ou le pouvoir narratif des objets

Dans ses œuvres Sarkis met en scène comme dans un théâtre des matériaux et des objets dégageant des forces à la fois contradictoires et complémentaires, aux implications culturelles et idéologiques diverses qui s’enrichissent par ailleurs les uns les autres de leur histoire. De plus, il les inscrit dans une scénographie de son et lumière. Sarkis invite ainsi le public à se déplacer autour et dans ses installations afin de les percevoir par tous les sens. Cela permet au spectateur d’envisager les interprétations possibles de ses œuvres en établissant des liens narratifs, nés de la rencontre des objets et des matériaux exposés.

Installation Joseph BEUYS, Plight, 1985, Ilya KABAKOV, L’Homme qui s’est envolé dans l’espace depuis son appartement, 1985

Mark DION, Boxes of the Paleontologist, 1993

Le pouvoir narratif des objets Il est beau […] comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ! » Comte de LAUTRÉAMONT, Les Chants de Maldoror, (Chant VI-§1), 1869 MAN RAY, Cadeau, 1921

La figure mythologique du forgeron

Depuis la haute Antiquité, le dieu du feu Héphaïstos ou Vulcain est hautement apprécié en tant qu’ouvrier des immortels. Industrieux, il est leur armurier et leur forgeron. Sa forge était souvent située par les poètes sous tel ou tel volcan et expliquait les éruptions. C’est un dieu affable, amoureux de la paix, populaire tant dans les cieux que sur la terre. Il exerçait une grande influence sur la vie de la cité en patronnant les artisans et ces arts qui constituaient un des supports de la civilisation. Ce forgeron, inventeur de la métallurgie à l’échelle industrielle, représente le créateur. Sarkis s’identifie à cette figure mythologique dans son œuvre, en recouvrant le visage de la sculpture de son portrait en pâte à modeler. L’artiste adopte ainsi une position de résistance face aux récupérations systématiques dont il fait l’objet. Il tient un outil de forge dans sa main droite recouverte de la lettre "K" qui symbolise l’indexation par l’État des productions culturelles.

Vulcain forgeant la foudre de Jupiter, Pierre Paul Rubens, 1636

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« L'engagement politique des écrivains et des artistes pose de difficiles problèmes quant à la liberté de la création. Si un artiste comme Picasso n'a jamais sacrifié sa liberté de créateur à des impératifs formels imposés par le Parti communiste, tel n'a pas été le cas d'autres peintres comme ceux qui se sont illustrés en URSS dans le Réalisme socialiste. A. Breton a bien su voir les difficultés que pose à l'artiste ou à l'écrivain son engagement politique. Dans l'Appel aux artistes révolutionnaires indépendants (1938), il a définitivement proscrit « toute soumission de la pensée et de l'art à des impératifs politiques ». Etienne SOURIAU, Vocabulaire d'esthétique, 2004.

L’engagement artistique et la liberté de création

Dès 1969, Sarkis délaisse la peinture et définit les nouveaux principes de sa démarche artistique : assumant son engagement politique, il ne s’attache plus à la recherche formelle mais privilégie les dimensions idéologiques, politiques et sociales de ses « pièces » (terme qu’il substitue à celui d’œuvres). Le forgeron dans le rôle de Kriegsschatz lui permet de faire sa propre chronique, celle d’un artiste qui a mesuré tous les dangers de son engagement et qui résiste au quotidien contre toute récupération systématique ou indexation de son œuvre par l’État. Sarkis est le forgeron, le créateur qui se bat pour défendre sa liberté et ses productions artistiques qui sont des trésors de guerre.

Engagement de l’artiste et liberté de création Francisco GOYA, Tres de Mayo, 1814 Théodore GÉRICAULT, Le Radeau de la Méduse, 1819 Victor HUGO, Le Dernier jour d’un condamné, 1829, Les Misérables, 1862 Pablo PICASSO, Guernica, 1937 Engagement de l’artiste et soumission Albert SPEER, Zeppelinfeld, 1935 Vera MOUKHINA, L’ouvrier et la Kolkhozienne, détail du Pavillon russe, 1937 Joe ROSENTHAL, Raising the Flag on Iwo Jima, 23 février 1945

Liens avec les programmes

Programmes du CP et CE1

- Compétence 1 : s’exprimer clairement à l’oral en utilisant un vocabulaire approprié.

- Compétence 5 : distinguer certaines grandes catégories de la création artistique.

- Compétence 6 : participer en classe à un échange verbal en respectant les règles de la communication.

- Compétences 7 : échanger, questionner, justifier un point de vue.

Programmes d’arts plastiques en collège

- 6ème : L’objet et l’œuvre - 5ème : Images, œuvre et fiction

Les images dans la culture artistique - 4ème : Images, œuvre et réalité

Les images et leur relation au réel Les images dans la culture artistique

- 3ème : L’espace, l’œuvre et le spectateur La prise en compte et la compréhension de l’espace de l’œuvre L’espace, l’œuvre et le spectateur dans la culture artistique

Programmes de lettres modernes - 6ème : Textes de l’Antiquité

Programme d’histoire

- 3ème : Propagande et contre-propagande au XXème siècle

Programme d’histoire des arts en collège

- Arts, créations, cultures L’œuvre d’art, la création et les traditions

- Arts, mythes et religions L’œuvre d’art et le mythe

- Arts, États et pouvoir - Arts, ruptures, continuités

L’œuvre d’art et la tradition L’œuvre d’art et sa composition

Programme d’arts plastiques en lycée

- Terminale : La présentation, Dispositifs et stratégie de présentation

L’œuvre, l’espace du sensible

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Allen RUPPERSBERG, La Bataille d’Arnhem (17-26 septembre 1944), Sonsbeek, 1993

La Bataille d’Arnhem (17-26 septembre 1944), Sonsbeek d’Allen Ruppersberg est une installation qui rappelle à notre mémoire les soldats anglais, polonais, hollandais et allemands morts au cours de ce combat pendant la deuxième guerre mondiale. L’œuvre est composée de vingt livres posés sur une étagère en bois fixée au mur. Pour chaque pays, l’artiste a choisi cinq livres de littérature populaire parus entre 1920 et 1944 (cinq best-sellers de l’époque) réédités dans les quatre langues des pays impliqués dans la bataille : Royaume-Uni, Pays-Bas, Pologne et Allemagne. Chaque titre a été reproduit en fac-similé et porte un ex-libris en page de garde où est inscrit le nom d’un soldat mort à Arnhem, nom relevé dans le cimetière militaire et commémoratif de la ville. Partant de l’hypothèse que ces livres ont probablement été lus par la majorité d’entre eux, Ruppersberg rappelle à notre mémoire l’existence de ces hommes tués au combat, en évoquant leur « intériorité ». Faisant partie initialement de l’installation Siste Viator (Stop Traveller), La Bataille d’Arnhem, (17-26 septembre 1944), Sonsbeek s’inscrivait dans une forme de mémorial constituée d’une guérite de sentinelle, à l’intérieur de laquelle étaient disposés différents objets, des piles de livres, une affiche du film Un pont trop loin , des fleurs, des plaques, des bobines d’actualité de l’époque. Autant de moyens différents de représentation de cette bataille sur lesquels Allen Ruppersberg amenait le spectateur à s’interroger.

Les relations entre la mémoire et l’histoire

CHRONIQUE D’UN FAIT HISTORIQUE

Le statut symbolique des objets

Étymologiquement le symbole, du grec sumbolon, est un objet coupé en deux constituant un signe de reconnaissance quand les porteurs pouvaient assembler (sumballein) les deux morceaux. Les vingt livres exposés dans l’œuvre d’Allen Ruppersberg ont un statut symbolique à partir du moment où le spectateur essaye d’établir un lien entre eux et le titre très important de l’œuvre, qui indique le nom, la date et le lieu d’une bataille. Cet artiste a choisi ces objets pour évoquer les lectures de personnes absentes : celles des soldats de différentes nationalités morts au combat à Arnhem, en 1944. Les livres fonctionnent comme de véritables signes de reconnaissance de l’existence de ces hommes. La démarche artistique de Ruppersberg peut être comparée à celle de Christian Boltanski qui symbolise par des boîtes ou des vêtements les victimes de la Shoah. Personnes, Monumenta 2010, Christian Boltanski

Personnes, Monumenta 2010, Christian Boltanski Walker EVANS, Sans Titre (Chausssures), Let Us Now Praise Famous Men, 1936

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L’œuvre entre la mémoire et l’histoire

L’œuvre entre la mémoire et le réel

La démarche artistique conceptuelle d’Allen Ruppersberg se rapproche de la méthode scientifique d’investigation du passé de l’historien. Tout d’abord par le titre de l’œuvre l’artiste définit une classification temporelle et géographique précise du fait historique qu’il remémore : La Bataille d’Arnhem, (17-26 septembre 1944), Sonsbeek. D’autre part, comme l’historien il fait des recherches afin de recenser les livres best-sellers des années 1920 à 1944, en Allemagne, Hollande, Pologne et Royaume-Uni. Enfin, il expose leurs fac-similés dans son installation et nous transmet des connaissances exactes sur le passé de ces soldats morts pendant la Bataille d’Arnhem. De ce point de vue, cette œuvre est historique.

Jochen GERZ, 2146 pierres, Monument contre le Racisme, 1993, Place du Monument Invisible, Saarbrücken

Vaclav BOŜTÍK et Jiři JOHN, Mémorial des juifs de Bohême et de Moravie, 1954-1959, Synagogue Pinkas, Prague

Richard ATTENBOROUGH, Un pont trop loin, 1977

Pierre HUYGUE, The Third Memory *, 1999

Dans l’installation Siste Viator, les livres de La Bataille d’Arnhem (17-26 septembre 1944), Sonsbeek constituent des traces réelles du passé des soldats morts. En revanche, l’affiche du film Un pont trop loin suggère une représentation fictionnelle du fait historique. Allen Ruppersberg la dispose à côté des livres et des bobines d’actualité de l’époque pour confronter les différents types d’écarts entre l’œuvre et son référent réel. Il invite ainsi le spectateur à s’interroger sur l’authenticité historique de ces diverses représentations de la bataille. Comment la mémoire de cette bataille s’est-elle construite ? Peut-elle se développer à partir d’une fiction ? L’artiste répond à ces questions en soulevant le problème du rapport complexe que la mémoire entretient avec le réel : « le souvenir de la guerre et du tournage du film se superposent l’un à l’autre, créant chez les habitants une forme de mémoire collective unique, mixte de faits et de fiction, d’histoire et de culture populaire »

Page 6: Dossier pédagogique de l'exposition Chroniques

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Öyvind FAHLSTRÖM, Column n°1 (Wonder Bread), 1972

Liens avec les programmes

Programmes de CE1, CM1 et CM2 - Compétences 1 : s’exprimer à l’oral comme à l’écrit

dans un vocabulaire approprié et précis. - Compétences 5 : distinguer les grandes catégories

de la création artistique ; reconnaître et décrire des œuvres visuelles préalablement étudiées.

- Compétences 6 : prendre part à un dialogue. - Arts visuels : favoriser l’expression et la création

par la rencontre et l’étude d’œuvres diversifiées relevant de différentes composantes esthétiques, temporelles, géographiques de l’histoire des arts.

Programmes de lettres modernes - 3ème : Pistes pour l’étude lexicale

Temps et souvenir Formes du récit aux XXème et XXIème siècles porteurs d’un regard sur l’histoire et le monde contemporain

Programme d’histoire - 3ème : La seconde guerre mondiale

Programme d’histoire des arts en collège

- Arts, États et pouvoir L’œuvre d’art et la mémoire

- Arts, ruptures, continuités L’œuvre d’art et sa composition L’œuvre d’art et le dialogue des arts

Programmes d’arts plastiques en collège

- 6ème : L’objet et l’œuvre - 5ème : Images, œuvre et fiction - 4ème : Images, œuvre et réalité

Programme d’arts plastiques en lycée

- 1ère : La représentation Procédés, processus et codes de représentation

- Terminale : La présentation Dispositifs et stratégies de présentation

CHRONIQUES D’ACTUALITÉS

Cette œuvre appartient à la Série Column qu’Öyvind Fahlström a commencé en 1972. Son titre signifie Colonne (Pain Miraculeux). Cet artiste développe un langage pictural très personnel qui mêle et détourne à la fois des codes empruntés à la notation géographique (cartographie, tracés de frontières, codes colorés, légendes…) et aux comics (bulles de texte, dessins). Ses images sont très détaillées, foisonnantes d’informations. Il créé son propre code coloré (commun à tous ses travaux graphiques) : le bleu correspond aux Etats-Unis, le violet à l’Europe, le vert et le marron au Tiers-Monde, les tons allant du jaune au rouge représentent les états socialistes. À la manière d’un planisphère ou d’un puzzle, cette œuvre critique un certain état du monde divisé, fragmenté et propose une vision satirique des évènements qui ont fait l’actualité de l’année 1972.

Traitant avec humour des sujets très sérieux et très graves, l’artiste engagé Öyvind Fahlström décrit la domination économique et politique des États-Unis sur le monde, les inégalités dans la répartition des richesses, les dangers du marché de l’armement, les conséquences de la pollution sur l’homme ou encore l’exploitation du tiers monde par les pays riches.

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Robert ADAMS, Our Lives and Our Children (Near the Rocky Flats Nuclear Weapons Plant), 1978-1981

Our Lives and Our Children (Near the Rocky Flats Nuclear Weapons Plant) regroupe un ensemble de photographies en noir et blanc de familles évoluant dans un environnement urbain constitué de parkings, de centres commerciaux ou de parcs publics. Le titre de cette série indique que les photographies ont été prises près de la zone de production d’armes nucléaires à Rocky Flats au Colorado, état où vit Robert Adams entre 1978 et 1981.

L’engagement des artistes dans l’actualité

Les œuvres d’Öyvind Fahlström et de Robert Adams traitent de faits ou de problèmes qui leur étaient contemporains. L’actualité n’est pas abordée par ces artistes accidentellement mais de façon expressément voulue et recherchée. Fahlström est né au Brésil en 1928, a grandi en Suède, pays dont il a la nationalité, puis a vécu en France, en Italie et aux États-Unis. La connaissance concrète qu’il a du monde associée à sa formation de géographe lui ont permis de développer une analyse critique de la société de son époque. Il écrit "L'artiste est comme un agent, comme un espion ou un membre d'une organisation clandestine. [...] et comme un membre de la résistance, on ne peut jamais se détendre, dès lors que l'on sait qu'on pourrait venir frapper à votre porte à tout moment pendant la nuit". Il rapproche son œuvre du domaine du journalisme à la fois dans la forme et le contenu, en reprenant le style du dessin de presse satirique, en empruntant son titre colonne au champ lexical journalistique, en traitant de sujets d’actualité, en communiquant des informations précises et objectives. Quant à Robert Adams, il propose dans son œuvre Our Lives and Our Children (Near the Rocky Flats Nuclear Weapons Plant) une enquête photographique qui témoigne du quotidien banal des populations urbaines près d’une zone à risques nucléaires. L’artiste est directement impliqué par ce lieu car il y habite lui aussi. Il manifeste ainsi ses inquiétudes et son engagement écologique en sensibilisant les spectateurs au problème nucléaire.

Émile ZOLA, J’accuse…!, article publié dans le journal L’Aurore, du 13 janvier 1898 Aimé CÉSAIRE, Discours sur le colonialisme, 1950 Boris VIAN, Le déserteur, 1954, chanson Barbara KRUGER, Sans titre (J’achète donc Je suis), 1987, sérigraphie Krzysztof WODICZKO, Projection : Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, 1988, Washington BANKSY, Bethléem, 2005 Charles LIM, Seastate : Drift (Stay Still Now to Move), 2012

Page 8: Dossier pédagogique de l'exposition Chroniques

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Le statut des images de l’artistique au documentaire

Honoré DAUMIER, M. Chevassut. Dernier actionnaire du Constitutionnel portant ses derniers abonnés à la poste, publié dans le Charivari, le 1er février 1834, gravure sur bois Timothy O’SULLIVAN, A Harvest of Death, guerre de Sécession, juillet 1863 Raymond DEPARDON, Combattant phalangiste chrétien, Beyrouth, Liban, 1978 Judy IRVING, Dark Circle, 1982, documentaire Alighiero E BOETTI, La Mappa del mondo, 1984, broderie Mona HATOUM, Map, 1998, installation Marjane SATRAPI, Persepolis, 2002, bande dessinée KROLL, dessin de presse paru le 22 octobre 2013 dans le Soir

Öyvind Fahlström et Robert Adams exploitent les codes de représentation, respectivement de la bande dessinée et de la photographie, pour créer leurs œuvres. Dans Column n°1 (Wonder Bread), les bulles, le découpage de la surface de l’œuvre et l’usage de dessins caricaturaux sont autant de codes empruntés au domaine de l’art de la bande dessinée qui expriment la vision satirique d’Öyvind Fahlström sur la société contemporaine. De la même manière, les choix de points de vues, de cadrages, qu’effectuent Robert Adams pour chacune de ses photographies relèvent de codes photographiques expressifs et donc artistiques. De plus, le titre de cette série photographique a une fonction narrative qui dirige l’interprétation par le spectateur de cette œuvre autour du thème de la vie de personnes habitant près d’une zone de production d’énergie nucléaire. La petite fille tenant un gobelet est photographiée en plongée ce qui écrase les proportions de son corps et la déforme. L’ombre dans laquelle elle se trouve évoque une présence inconnue au-dessus d’elle. L’ensemble de ces données peuvent suggérer au spectateur les malformations fœtales, conséquences de la pollution nucléaire sur l’homme et aussi l’existence d’une menace invisible symbolisée par l’ombre noire. Autre exemple, la mère qui marche en tenant ses deux filles par la main a le dessus du crâne coupé par le cadrage que Robert Adams a choisi afin de donner une importance accrue au sol. Ce sol intrigue d’autant plus que la mère et une des petites filles le regardent avec insistance. Serait-il contaminé ? Ces images sont donc artistiques car elles correspondent à des représentations subjectives du réel cependant elles relèvent aussi du documentaire par leurs procédés et processus de représentation. Öyvind Fahlström reprend dans son œuvre la tradition cartographique et ses codes de couleurs, auquel il rajoute des diagrammes de productions industrielles, des schémas de flux migratoires et d’investissements chiffrés, qui sont des images scientifiques propres aux domaines de l’économie et de la géopolitique. Robert Adams photographie selon un principe de neutralité ses concitoyens dans la rue, sans les avertir et en cachant son appareil, ce qui lui permet d’éviter toute mise en scène et d’obtenir des images prises sur le vif plus authentiques. Tout concourt à conclure que leurs œuvres témoignent de l’actualité réelle de leur époque et sont documentaires.

Page 9: Dossier pédagogique de l'exposition Chroniques

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Öyvind Fahlström et Robert Adams sont tous deux qualifiés d’artistes visionnaires car ils projettent ou anticipent des situations sociales, économiques, politiques ou écologiques futures. Ils ont une intuition juste de l’avenir.

Artistes visionnaires

Artistes visionnaires

La lithographie d’Öyvind Fahlström et les photographies de Robert Adams sont des œuvres reproductibles, caractéristique importante, car elle leur permet une plus large et plus rapide diffusion dans l’espace et le temps. Ces artistes conçoivent leurs images comme des moyens qui permettent aux spectateurs de prendre conscience des enjeux réels de l’actualité d’autant plus qu’elles ont un statut documentaire qui leur confère authenticité et véracité. Leurs images décryptent le présent afin de nous faire réagir et améliorer notre futur.

Francisco GOYA, Non plus, série Désastre de la guerre, vers 1812-1815, gravure « Utilise la photo comme une arme ! » injonction de John HEARTFIELD (1891-1968) John HEARTFILED, Come and See Germany ! 1936, photomontage paru dans le journal AIZ, n°27 « Non, la peinture n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre offensive et défensive contre l’ennemi. » Pablo PICASSO YES MEN, Score a Hit for Bhopal, 2002 émission televise Walter BENJAMIN, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, 1955

Le pouvoir des images

Artistes visionnaires

Liens avec les programmes

Programmes de CE1, CM1 et CM2

- Compétences 1 : s’exprimer à l’oral comme à l’écrit dans un vocabulaire approprié et précis.

- Compétences 5 : distinguer les grandes catégories de la création artistique ; reconnaître et décrire des œuvres visuelles préalablement étudiées.

- Compétences 6 : prendre part à un dialogue. - Arts visuels : favoriser l’expression et la

création par la rencontre et l’étude d’œuvres diversifiées relevant de différentes composantes esthétiques, temporelles, géographiques de l’histoire des arts.

Programme d’histoire

- 3ème : Les grandes innovations scientifiques et technologiques La guerre froide

Programmes de lettres modernes

- 3ème : Formes du récit aux XXème et XXIème siècles porteurs d’un regard sur l’histoire et le monde contemporain

Programmes d’arts plastiques en collège - 4ème : Images, œuvre et réalité - 3ème : L’espace, l’œuvre et le spectateur

La prise en compte et la compréhension de l’espace de l’œuvre L’espace, l’œuvre et le spectateur dans la culture artistique

Programme d’histoire des arts en collège

- Arts, espace, temps L’œuvre d’art et l’évocation du temps et de l’espace

- Arts, États et pouvoir - Arts, ruptures, continuités

L’œuvre d’art et sa composition

Programme d’arts plastiques en lycée - Seconde : La forme et l’idée, le dessin - 1ère : La figuration et la relation au

référent, figuration et construction, figuration et temps conjugués ; La représentation, procédés, processus, codes

Page 10: Dossier pédagogique de l'exposition Chroniques

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Jean-Luc MOULÈNE, Noyau dur : boîtes, 18 février 1991, 1995

Du rapport entre l’image et son titre

CHRONIQUE D’UN OBJET

L’objet dans la tradition de la nature morte

La nature morte désigne la représentation d’objets, de fleurs, de fruits, de légumes, de gibiers et de poissons. L’œuvre de Jean-Luc Moulène relève de ce genre artistique.

Giorgio MORANDI, Nature morte aux bouteilles, 1957

La matérialité des objets

Les boîtes de conserve sont placées dans l’ombre pourtant leur matière métallique permet d’accrocher sur leurs arrêtes des fines lignes de lumière et de diffuser à leur base un reflet comme si elles dégageaient elles-mêmes un rayonnement lumineux. Ce n’est plus l’attraction séductrice des emballages qui est ici en jeu mais la matière de ces objets qui permet à l’artiste d’obtenir un effet de clair-obscur. Cette vision entraîne alors de fait l’imagination non vers la suggestion d’une consommation éventuelle mais vers l’histoire de ces objets, c’est-à-dire leur fabrication et le processus de production industrielle dont ils sont issus. On n’est plus alors face à une composition photographique publicitaire, mais devant de simples objets, considérés pour eux-mêmes, délestés de tout effet ou message subliminal qui viseraient à dépasser leur irréductible matérialité. La démarche artistique de Jean-Luc Moulène étant de libérer la représentation des objets de tous codes publicitaires.

André KERTÉSZ, La fourchette, 1928 Patrick TOSANI, Série cuillères, 1988 Lucie CHAUMONT, Vitrine « La vie chère », 2005-2012

Du rapport entre l’image et son titre

L’artiste fait parler l’objet par son titre Noyau dur : boîtes qui est accompagné d’une date 18 février 1991, ne correspondant pas à celle de la création de l’œuvre en 1995. Jean-Luc Moulène laisse le spectateur développer librement ses interprétations de l’œuvre en confrontant les données du titre à celles de l’image.

On KAWARA, 10 mai 2000, de la série Today, 2000 MAN RAY, La femme, 1920 Lucie CHAUMONT, Empreinte écologique, 2006-2012

Deux boîtes de conserve posées l’une à côté de l’autre sont

photographiées en gros plan. Au-dessus d’elles, horizontalement, on

aperçoit le détail d’un emballage blanc sur lequel est écrit

« …bière ». L’ensemble est plongé dans un clair-obscur. Aucun

emballage ne recouvre les boîtes de conserve, on ne distingue que

leur matière métallique. Jean-Luc Moulène ajoute à cette œuvre de

1995 le titre Noyau dur : Boîtes, 18 février 1991.

Page 11: Dossier pédagogique de l'exposition Chroniques

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À partir de l’exposition Chroniques, l’équipe pédagogique du collège peut définir un sujet d’étude interdisciplinaire comme L’art engagé du XXème siècle à nos jours, qui s’inscrit parfaitement dans la thématique « Arts, États et pouvoir » au programme de cette discipline. Le professeur d’histoire-géographie aborde dans le programme de 3ème les thèmes de la seconde guerre mondiale, de la propagande et de la contre-propagande, de la guerre froide et des grandes innovations scientifiques et technologiques du XXème jusqu’au XXIème siècle. Autant de sujets étudiés en cours par les élèves qui leur permettront de contextualiser dans le temps et l’espace les œuvres des artistes de l’exposition Chroniques, tout en évaluant les enjeux de leurs engagements respectifs dans les domaines sociaux, politiques ou écologiques. À l’inverse, cette exposition est conçue pour les professeurs d’histoire-géographie comme un temps de rencontre avec les œuvres d’art et le point d’amorce des études thématiques précédemment citées.

Les rapports entre les images et les mots : Les titres des œuvres de cette exposition jouent un rôle très important. Ils dirigent la perception et l’interprétation que le spectateur fait de ces productions artistiques. Sans eux, elles seraient perçues et interprétées tout autrement. Les artistes manifestent ainsi la volonté de conduire le public à une certaine compréhension de leurs œuvres. Le professeur de lettres modernes pourra faire l’étude avec ses élèves des fonctions de ces titres qui peuvent être narratifs, informatifs, symboliques, métaphoriques ou poétiques. D’autre part, les textes employés dans Column n°1 (Wonder Bread) pourront être analysés pour leur valeur argumentative.

Liens avec les programmes

Programmes du CP et CE1

- Compétence 1 : s’exprimer clairement à l’oral en utilisant un vocabulaire approprié.

- Compétence 5 : distinguer certaines grandes catégories de la création artistique.

- Compétence 6 : participer en classe à un échange verbal en respectant les règles de la communication.

- Compétences 7 : échanger, questionner, justifier un point de vue.

Programmes d’arts plastiques en collège

- 6ème : L’objet et l’œuvre - 5ème : Images, œuvre et fiction - 4ème : Images, œuvre et réalité

Programme d’histoire des arts en collège

- Arts, ruptures, continuités L’œuvre d’art et la tradition L’œuvre d’art et sa composition

Programme d’arts plastiques en lycée

- Seconde : La forme et l’idée, la matérialité

- 1ère : La représentation, Processus, procédés, codes de représentation

PISTES PÉDAGOGIQUES

Pistes pédagogiques en lettres modernes

Pistes pédagogiques en histoire-géographie

Pistes pédagogiques en histoire des arts

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Niveau 6ème

et CE2, CM1, CM2

Problématique : Comment construire une narration à partir d’objets sans utiliser de mots ? Séquence 1 : La boîte aux souvenirs

Préparation : le professeur demandera aux élèves d’apporter une boîte de taille moyenne pour la prochaine séance.

Demande : créez une boîte aux souvenirs qui racontera un moment marquant de votre enfance. Contrainte : il est interdit d’utiliser des mots pour représenter ce souvenir. Références :

- Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, Jean-Pierre Jeunet, 2001, séquence de la boîte aux souvenirs, 13’28’’ à 14’47’’, long métrage

- La boîte-en-valise, Marcel Duchamp, 1936/1968, Boîte en carton recouverte de cuir rouge contenant des répliques miniatures d'œuvres, 69 photos, fac-similés ou reproductions de tableaux, collées sur chemise noire, 40,7 x 38,1 x 10,2 cm

- Série Aujourd’hui 1966… 14 août 1975/15 août 1975/16 août 1975 (Date painting n°62/63/64, New York), On Kawara, liquitex sur toile : 25,8 x 33,3 cm. Trois tableaux et trois boîtes en bois ouvertes, contenant des coupures du New York Times

- Essai de reconstitution (Trois tiroirs), Christian Boltanski, 1970-1971 Boîte en fer blanc contenant 3 tiroirs fermés par un grillage, portant chacun une étiquette et contenant des objets, 44 x 60,5 x 40,5 cm. Chaque tiroir : 12 x 60 x 40 cm

- Boxes of the Paleontologist, Mark Dion, 1993, installation - Le forgeron dans le rôle de Kriegsschatz, Sarkis, 1983 - La Bataille d’Arnhem (17-26 septembre 1944), Sonsbeek, Allen Ruppersberg,

1993 - Noyau dur : Boîtes, 18 février 1991, Jean-Luc Moulène, 1995

Photogramme Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, Jean-Pierre Jeunet, 2001, séquence de la boîte aux souvenirs

Pistes pédagogiques en arts plastiques ou arts visuels

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Séquence 2 : Retour dans le passé

Demande : créez une image photographique qui nous racontera un souvenir précis de votre enfance à l’aide d’objets uniquement. Contrainte : ces objets seront organisés sur un fond uni coloré.

Cette séquence pourra être proposée au cours du premier trimestre de l’année

de 6ème comme introduction à la maîtrise du médium photographique. La

contrainte de l’utilisation d’un fond coloré, imposera aux élèves de concentrer

leur attention et leur intention, sur les choix des objets, du cadrage, du point

de vue, de l’organisation et de la mise en scène des éléments dans le champ de

l’image photographique.

Références :

- L’Ours Jaune, de la série Les Compositions photographiques, Christian Boltanski, 1977, tirage couleur monté sur aggloméré, 100 x 100 cm

- L’École, de la série Les Compositions photographiques, Christian Boltanski, 1977, tirage couleur monté sur aggloméré, 100 x 100 cm

- Chez Madame Lucienne, concierge, rue de Ménilmontant, Paris 20 , Robert Doisneau, 1953, photographie

- More Love Hours Than Can Ever Be Repaid and The Wages of Sin, Mike Kelley, 1987, installation

- Histoire des robes, Annette Messager, 1990, deux robes, un pastel, photos noir et blanc, ficelles et épingles à nourrice sous vitrine, 148 x 139 x 7 cm

- Le forgeron dans le rôle de Kriegsschatz, Sarkis, 1983 - La Bataille d’Arnhem (17-26 septembre 1944), Sonsbeek, Allen Ruppersberg - Noyau dur : Boîtes, 18 février 1991, Jean-Luc Moulène, 1995

Niveau 5ème Et CM2 Problématique : Est-ce-que le choix du cadrage participe à la narration des images dans une bande dessinée ? Séquence : Chronique Martienne Préparation : Au cours d’une séance préparatoire, à partir de vignettes de bandes dessinées, les élèves apprennent à reconnaître différents cadrages en gros plan, insert, plan américain, plan moyen, plan général. Ils analysent les fonctions de chacun de ces plans.

Demande : Réalisez une bande dessinée qui présentera à la fois physiquement et intellectuellement un martien sur une planche de format A4. Contrainte : Vous exploiterez trois plans différents en les adaptant à chaque fois à ce que vous voulez exprimer.

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Niveau 4ème et CM2 Problématique 1 : Comment créer en images une narration dans le temps et l’espace ? Séquence : Chronique d’un adolescent ardéchois au mois de décembre 2013

Demande : réalisez une chronique autobiographique qui fera le récit de faits authentiques que vous aurez vécus au cours du mois de décembre 2013. Contraintes : votre production artistique permettra de situer votre chronique dans le temps et l’espace, précisément en Ardèche, au mois de décembre 2013. Références : - La Tapisserie de Bayeux, anonyme, XIème siècle, broderie - Réveils, Pierrick Sorin, 1988, court métrage - Journal intime, Nanni Moretti, 1993 - Persépolis, Marjane Satrapi, 2002, bande dessinée - Our Lives and Our Children (Near the Rocky Flats Nuclear Weapons Plant) - Column n° 1 (Wonder Bread), Öyvind Fahlström, 1972

Problématique 2 : Peut-on créer une fiction à partir d’une image photographique

documentaire qui est l’enregistrement du réel ?

Séquence : Documenteur

Demande : en exploitant une ou des image(s) photographique(s) journalistiques illustrant une information réelle, créez un article de journal relatant une fiction qui sera pourtant vraisemblable. Conditions matérielles et temporelles de la séquence : production numérique, en salle informatique disposant d’un scanner et d’appareils photographiques numériques, en 2 séances. Références : - Sans titre, Walker Evans, 1936, photographie - Mort d’un milicien, Cerro Muriano, 5 septembre 1936, Robert Capa, 1936, photographie argentique - Série Fauna, Joan Fontcuberta, 1985-1989, photographies, textes, cartographies, schémas, vitrines et vidéos - Opération Lune, Dark side of the Moon, William Karel, 2002, film de 52 minutes - La Trahison des images (Ceci n’est pas une pipe), René Magritte, 1928, huile sur toile - Promenade irrationnelle, Philippe Ramette, 2003, photographie couleur, 150 x 120 cm - Our Lives and Our Children (Near the Rocky Flats Nuclear Weapons Plant) - Column n° 1 (Wonder Bread), Öyvind Fahlström, 1972

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Niveau 3ème

Problématique : Comment une œuvre peut transmettre les pensées, les émotions invisibles suscitées par l’actualité ?

Séquence : Engagez-vous !

Préparation : Dès le début de l’année, le professeur présente ce sujet et demande aux élèves de constituer un dossier de documents d’actualités (coupures de journaux, de magazines, photographies, extraits de vidéos) qui sera noté deux fois pour en suivre l’évolution. Au 3ème trimestre, les élèves réaliseront leurs productions artistiques à partir d’un fait d’actualité de leurs dossiers. Demande : Ne restez plus spectateurs du monde ! Réagissez, agissez dans une production artistique engagée à exprimer vos pensées, vos émotions sur un fait d’actualité.

Références :

- The Homeless projection (Projection les sans-abri), Krzystof Wodiczko, 1986-1987, projection photographique sur le Mémorial aux soldats et aux marins de la Guerre civile à Boston, États-Unis - Parade #4, Wang Du, exposition du 17.09.2004 au 2.01.2005 au Palais de Tokyo

- Our Lives and Our Children (Near the Rocky Flats Nuclear Weapons Plant) - Column n° 1 (Wonder Bread), Öyvind Fahlström, 1972