extraits sous les embruns
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Yann Mor
Sous les embrunsPoésie
Poésie
Les textes sont de Yann Mor
et
Les aquarelles d’Alain Cornec
Si tu m’aidais
Combien de temps nous faudra-t-ilPour surmonter nos préventionsToi, qui me trouves puérilEt moi qui crains tes réactions
Je suis, je crois, assez subtilPour admettre un élan pudiqueC’est une alchimie sporadiqueQue rien ne doit mettre en péril
Ceci dit, par moment, vois-tuSi tu me disais comment fairePour prévenir en temps vouluLes mots que je ne sais pas taire
Une allusion à ton savoirOu prenant un air entenduDe critiquer sans le vouloirTon engouement pour l’imprévu
Si tu m’expliquais gentimentComment t’aimer sous le feuillageT’aimer pour toi, t’aimer vraimentT’aimer en oubliant notre âge
Je suis certain qu’en peu de tempsNous parviendrions sans dommageÀ solder nos tiraillementsAvant que n’éclate l’orage
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Ce soir j’ai vu
J’ai vu ce soir un homme étrangeLéger, chenu, les yeux rêveursHumant des bouquets de senteursDont il apprécie le mélange
Je m’abandonnais sagementAu flot puissant des vacanciersQui se répand fébrilementÀ l’ombre de nos marronniers
Lui, observait les gens pressésEt avançait à petits pasObservant de ses yeux bridésCe que les autres ne voient pas
Et par moments d’un geste lasEssuyait sa face ridéeAdmirant à la dérobéeDes gens masquant leur embarras
Accessible à tous les plaisirsSes rides ne le gênent pasCe sont autant de souvenirsGlanés en chemin, pas à pas.
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Il porte en lui la joie de vivreDe ceux qui n’ont pas de problèmeEt vous donne envie de le suivreJusqu’aux confins de la Bohème
Mais ayant lu dans son regardCe qu’il découvrait dans le mienJ’ai laissé là ce vieux renardÀ ses talents d’épicurien
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Sur l’avenue
Son visage était ravissantQuand je l’entrevis dans la rueSe faufilant dans la cohueSous un ciel bas et jaunissant
Jetant un coup d’œil à ma montreJe pressais le pas vivementÉmoustillé subitementPar cette inopinée rencontre
Deux jours plus tard, dans le couloirJe l’ai croisée près du palierEt comme il faisait un peu noirJe lui ai marché sur le pied
Ne sachant vraiment que lui direSinon m’excuser platementVoilà qu’elle se mit à rireMe serra le bras doucement
Avant de filer en riantMe laissant stupide, hésitantSongeur et quel que peu émuPar ce contact inattendu
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Fille aperçue en coup de ventQue je n’ai plus jamais revueBien que je l’ai guettée souventAux quatre coins de l’avenue
Seigneur, qu’est-elle devenueEt que n’ai-je imploré les cieuxEn recherchant mon inconnueDurant cet automne pluvieuxD’un bout à l’autre de ma rue
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Sous les embruns
Bien que j’exècre les avionsQue dirais-tu, si nous partionsEn aller simple, tous les deuxLoin de nos quartiers ennuyeux
Pour fuir un temps tous ces fâcheuxQui s’exhibent le long des côtesEt font griller des entrecôtesEn dégustant d’affreux mousseux
Oublions les bistrots d’AntibesJe te propose pour nous deuxUne croisière en amoureuxEn plein hiver aux Caraïbes
Ah, revoir la mer, y plongerChercher l’ombre des cocotiersPour ensuite nous prélasserSur le roof de puissants voiliers
Où tu laisseras tes cheveuxVoleter, brillants et soyeuxComme le font les CatalanesAu gré des brises océanes
Nous croiserons de nuit, de jourDans cette dentelle antillaiseOù nous reparlerons d’amourMain dans la main, à la française
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Et tu seras ma PompadourCelle que je prends par la taillePour lui tenir un brin de courQuand on la traite de canaille
Si d’aventure les flots bleusSe déchaînent soudainementQue le vent devient belliqueuxEt malmène notre gréement
Nous devrons faire le dos rondTenir le coup sous les embrunsDont nous humerons les parfumsEn allant chercher plus de fond
Si au plus fort de la riséeUne pluie brutale et glacéeVient se jeter dans la voilureEt nous piqueter la figure
Je la remercierai encoreOui, je bénirai cette ondéeDe laver ta peau satinéeDu sel marin qui la dévore
Et puis, juste après la tourmenteLe calme une fois revenuJe caresserai ton corps nuSous une lune opalescente
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Tu fredonneras des mots crusQui te sont encore inconnusMais que j’espère bien entendreCar ils seront à s’y méprendre
Les échos d’instincts les plus fousProfondément ancrés en nousDe plaisirs autrefois décritsDans les allées du paradis
Laissons la bonne à son amant !Partons d’ici à toute allureAllons vivre vers le couchantUne rasade d’aventure
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Les blés mûrs
Le vent souffle dans ce bosquetUn air chargé d’infinitéSous le regard d’un garçonnetQui semble épris de liberté
Les blés se courbent jolimentAnnonçant la fin de l’étéEt la cueillette d’un fromentDont on pressent la qualité
Présumant que sa destinéeSera d’aller mûrir ailleursL’enfant contemple sa valléeDont il dénombre les odeurs
Et prête une oreille avertieAux sons qui convergeant vers luiDes quatre coins de la prairieLe guérissent de son ennui
Voilà qu’il se met à songerAu coucou déjà repartiAu merle siffleur du vergerÀ tout ce qu’il ressent ici !
Passant du champ dans une alléeSachant bien qu’il devra partirIl se prépare à cette idéeEn étouffant un gros soupir
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Tu es si jolie
Les gradins sont emplis depuis un bout de tempsD’amateurs impatients d’ouïr la tragédieDe voir se déchirer les tragédiens démentsQui font à tour de rôle assaut de perfidie
Un vent de tradition souffle dans la travéeDe ce théâtre antique où je t’ai rencontréeTu es indifférente à la rumeur publiqueAlors qu’en contre bas retentit la musique
Un vent de rébellion souffle sur tes cheveuxÀ l’instant fatidique où le héros s’effondreEt j’ai beau t’appeler, jouer les amoureuxTu t’apitoies sur lui au lieu de me répondre
Une brise légère enflamme mes ardeursTandis que s’éternise en bas la tragédieC’est toi que je contemple et non pas les acteursJe sais, c’est malvenu, mais… tu es si jolie !
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Seul au monde
Tu prétends que les gens heureuxSe protègent des mauvais joursQue dire alors des amoureuxSinon, qu’ils sont aveugles et sourds
Qu’ils sont de merveilleux complicesÉgarés dans un paradisDont ils explorent les délicesTant qu’ils ne changent pas de lits
Ma vie est un vagabondageDepuis que nous nous connaissonsCar je vais de rêve en mirageDans l’éclat de tes yeux marron
Je ne dors plus depuis le jourOù j’ai franchi ta balustradeEt bu un peu de citronnadeAvant de te parler d’amour
Je suis amoureux, mais pourquoiTout s’organise de traversPourquoi ces ennuis, ces reversDès que tu t’éloignes de moi
Je suis bien seul et ne fais rienN’ayant personne en cette placePour m’assurer que tout va bienEt que notre amour est vivace…..
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J’ai oublié
J’ai satisfait ce très vieux rêveQui est d’oublier tout le resteQuand tu t’allonges sur la grèveÀ mes côtés, pour une sieste
Quand tu t’allonges sur ma vesteEt qu’étendue, sans plus attendreTu me contemples d’un air tendreJuste avant d’esquisser un geste
Un geste qui… Non, c’est trop beauN’en parlons plus, je t’en supplieAfin que demain, ma chérieIl nous surprenne de nouveau.
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Sous les embruns page
Instantané 11Ne plus aimer 12Dans la cohue 14Il était dit 16Présence 17Micronésie 19Les bannis de l’été 20Cela fait si longtemps 22Elle, ma mère 25Revers de fortune 28À découvert 31Embarquement pour Cythère 33Le long des rues 34Il est trop tard 36Cet été là 41Si tu m’aidais 43Les vieux amants 44Dis-moi 47Ce soir j’ai vu 48Ce vieux quatrain 51Elle est entrée dans ma vie 53Ce qu’elle était pour moi 56Comme avant 58Si tu ne m’aimes pas 61Quand je vous parle de Margot 65Angoulême 68Je n’en sais rien 70Sur l’avenue 74Tu peux 76Sous les embruns 79Le petit livre 82
Sous les embruns page
Pourquoi ne vois-tu pas ? 84Car elle est 86Les blés mûrs 88Sous les tropiques 89Canicule 91Je t’aimais tant 92Avant d’entreprendre mes guerres 94Mon Irlandaise 98Le grand festin 101Tu es si jolie 103Mes habitudes 104J’en ai assez 106Seul au monde 108Sous conditions 109J’ai oublié 111Ce lien subtil 112Il a compris ce qui l’attend 114Ce matin-là 117Combien ? 119Je m’y suis tenu 120Des heures difficiles 123Des Pyrénées aux monts d’Arrée 125Reprochez-moi 127Kaléidoscope 130C’est impossible 132Tu es triste 134Qui n’a pas rêvé 136Que dirais-tu ? 139J’eus aimé 140Entre deux portes 142Amours estivales 144Impasse 145
Achevé d’imprimer en décembre 2012Par SoBook
Dépôt Légal : Décembre 2012