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IUFM de l’Académie de BOURGOGNE Centre de Dijon Professeur des écoles EN QUOI L’UTILISATION DU CORPS PEUT-ELLE FAVORISER LES APPRENTISSAGES ? MORCILLO Edith Classe de CM2 A l’école élémentaire CHAMPOLLION (DIJON), Classe de Moyenne Section A l’école maternelle Les Hauts de MONTCHAPET (DIJON), Classe de CE1 A l’école élémentaire Marie MAIGNOT (NUITS ST GEORGES). Directeur : DEMONFAUCON A. Année universitaire 2004/2005 N° de dossier : 04STA00284

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IUFM de l’Académie de BOURGOGNECentre de Dijon

Professeur des écoles

EN QUOI L’UTILISATION DU CORPS PEUT-ELLEFAVORISER LES APPRENTISSAGES ?

MORCILLO Edith

Classe de CM2

A l’école élémentaire CHAMPOLLION (DIJON),

Classe de Moyenne Section

A l’école maternelle Les Hauts de MONTCHAPET (DIJON),

Classe de CE1

A l’école élémentaire Marie MAIGNOT (NUITS ST GEORGES).

Directeur : DEMONFAUCON A.

Année universitaire 2004/2005 N° de dossier : 04STA00284

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Mention et opinions motivées du jury :

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Sommaire

Introduction………………………………………………...………………………………..p04

Partie 1 : Enrichissement des hypothèses, et apports théoriques…………..…p06

A) Qu’est-ce que le “ corps ” ?……………………………………………………………...….p06

B) L’utilisation du corps facilite-t-elle les apprentissages ?…..…………..………………..…..p09

b1) Pourquoi développer l’activité motrice des élèves ?…………...….………..……p10

b2) Comment les élèves apprennent-ils ?…………... ………………….…………….p13

b3) Augmenter la compréhension et la mémorisation……………….………………..p15

Partie 2 : Expérimentation des hypothèses……………………….……………….p17

A) Première expérience…………………………………………………….…………………...p17

B) Deuxième expérience……………………………………………………..………………….p20

C) Troisième expérience…………………………………………..…………………………….p23

1) Séance de lecture à haute voix………………………………………………………p23

2) Séance de mathématiques………………………………………………………...…p26

Conclusion…………………………………………………………..………………………..p30

Bibliographie……………………………………………..………………………………….p32

Remerciements………………………………..…………………………………………….p33

Résumé………………………………………………………………………………………..p34

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Introduction

L'Education Physique et Sportive fait partie des matières devant être enseignées à l'école

primaire, et ce de la petite section de maternelle jusqu'au CM2. Cette discipline n'a pas pour seul

objectif de faire pratiquer une activité physique mais elle vise également à éduquer. A ce propos,

la Commission Européenne a déclaré l'année 2004 comme "année européenne de l'éducation par

le sport" avec justement comme préoccupation première d'inciter le monde de l'enseignement et

les organisations sportives à tirer profit de la valeur éducative du sport.

De plus, dans les nouveaux programmes on peut remarquer qu'il est fait état de ce

qu'apporte l'Éducation Physique et Sportive, à savoir une contribution originale à la

transformation de soi et au devant de la personne telle qu'elle s'exprime dans les activités liées au

corps. L'Education Physique et Sportive contribue également à la formation du citoyen, mais aide

aussi à concrétiser certaines connaissances et notions quelque peu abstraites : elle en facilite la

compréhension et l'acquisition en relation avec les activités scientifiques, les mathématiques,

l'histoire/ géographie...

L'enseignement de l'E.P.S. à l'école permet de prendre conscience du rôle que peuvent

représenter les activités sportives sur la construction du sujet tant sur le plan moteur que sur les

plans cognitif et affectif.

En effet, lors des différents stages qui m’ont été proposés, la question de l’utilisation du

corps dans les apprentissages m’a particulièrement interpellée. Comment imaginer les élèves

assis derrière leur bureau alors que l’enseignant peut librement circuler dans la classe ? Dès les

premières heures passées dans une classe, j’ai ressenti physiquement le besoin de me lever, de

bouger, et de ne plus rester assise sur cette chaise qui devenait inconfortable. Cette position me

devenait inconfortable à moi, en tant qu’adulte… alors, imaginons des enfants dont le besoin de

se dépenser est encore plus grand !

Il n’est pas étonnant d’observer des élèves tenter de se balancer sur leur chaise, faire un

peu de bruit avec la moindre chose, de voir des élèves se déconcentrer et sortir de l’apprentissage

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tant le désir de bouger avec leur propre corps est important. Je me suis alors demandée : pourquoi

ne pas utiliser ce besoin de s’exprimer par le corps en vue d’améliorer les apprentissages, au lieu

de le laisser troubler le bon fonctionnement du temps de travail ?

Une question subsiste encore car les enfants sont la plupart du temps assis sur une chaise

dans les classes de cycle 2 et 3, alors qu'en maternelle ils restent un peu plus libres de leurs

mouvements. En quoi l'utilisation du corps dans les classes maternelles tout comme dans les

classes élémentaires permet la participation de tous les élèves dans les activités ? Pourquoi et

comment tous les élèves peuvent éprouver du plaisir à mener et à participer aux activités

proposées ? En quoi l'utilisation du corps peut-elle devenir un outil d'apprentissage ?

Mes hypothèses sont les suivantes :

- l’utilisation du corps permet de développer le niveau de compréhension des élèves,

- elle permet également d’enrichir les capacités de mémorisation,

- et enfin de maintenir un niveau d’attention, de concentration et d’investissement soutenu de la

part des élèves.

C’est à travers ces trois indicateurs que l’on pourra juger de l’amélioration des

apprentissages.

Dans notre étude, il sera d'abord nécessaire de définir ce qu'on entend par le mot "corps".

De plus, il serait intéressant de voir pourquoi le fait de motiver les élèves et donner du sens aux

différentes activités permettrait une réelle implication des élèves dans le travail demandé. Enfin,

on pourrait voir ce qui se passe du côté des élèves c’est-à-dire comment s’organise un

apprentissage.

Dans une seconde partie, j’essaierai de vérifier mes hypothèses dans les différents cycles

afin de mettre en évidence qu’il n’y a pas d’âge pour utiliser le corps au service des

apprentissages. Aussi, j’ai d’abord tenter de mettre en place dans une classe de CM2 une séance

d’Observation Réfléchie de la Langue nécessitant l’implication du corps par le biais du mime.

Ensuite, j’ai tenté d’améliorer la mémorisation d’un poème en mêlant le geste à la mémoire dans

une classe de moyens en maternelle. Et pour finir, j’ai changé à moments donnés le déroulement

de certaines séances de lecture avec des élèves de CE1 et j’ai mené une séance de mathématiques

atypique portant sur le repérage spatial, à savoir la distinction de la droite et de la gauche ainsi

que la mémorisation de ces localisations.

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Partie 1 : Enrichissement des hypothèses, et apports théoriques.

Dans cette partie, nous tenterons tout d’abord de répondre à la question “ qu’est-ce que le

corps ? ” (A), puis dans un second temps, nous essaierons de mettre en évidence des liens entre

l’utilisation du corps et les apprentissages (B).

A) Qu’est-ce que le “ corps ” ?

Souvent utilisé dès la maternelle où les enseignants accumulent les activités qui

nécessitent l’utilisation du corps, ces activités ne sont souvent plus utilisées dès l’entrée de

l’élève à la “ grande école ”. En effet, l’école élémentaire est souvent connue pour être pour le

moins sérieuse puisque c’est à l’entrée de cette école que l’enfant apprend à lire et à écrire. Mais

les élèves sont amenés à changer leurs habitudes et doivent notamment rester assis devant leur

table et écouter le discours de l’enseignant. Or, il faudrait tout d’abord savoir ce que l’on entend

par le mot “ corps ” sachant qu’il existe deux théories qui s’opposent.

D’un côté il existe le point de vue de l’approche occidentale du corps commenté par

Véronique GIRARD et Marie Joseph CHALVIN dans leur ouvrage commun Un corps pour

comprendre et apprendre. Dans cette conception du corps il s’agit d’une vision cartésienne du

corps car elle repose sur tout ce qui peut être ressenti soit par le biais du toucher, ou par la vue, ou

par l’ouie, ou par le goût ou encore par l’odorat. Cette conception repose donc sur les cinq sens et

la façon dont le corps humain peut appréhender les choses à partir de ces derniers. Toutes deux

constatent que cette approche vise à une séparation entre le corps et l’esprit puisque le “ corps est

découpé, éclaté en éléments juxtaposés ” ( Véronique GIRARD et Marie-Joseph CHALVIN

page 6 ).

On peut donc remarquer que l’on sépare allègrement les aptitudes physiques des aptitudes

intellectuelles. Aussi, on peut se demander si cette conception du corps peut vraiment être utilisée

en classe sachant que tous les élèves n’ont pas la même façon d’appréhender et la tâche à

exécuter et les paroles émises par l’enseignant. Or, en classe la notion d’apprentissage est

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primordiale et elle se centre sur l’esprit de l’enfant. On parle même à ce moment là, d’une activité

intellectuelle à proprement parler. Mais dans ce cas on voit mal pourquoi le corps favoriserait les

apprentissages.

Alors, au contraire on pourrait plutôt penser que le corps serait un obstacle à l’acte

d’apprendre. Dans une classe les élèves sont installés sur une chaise et derrière un bureau sans

pouvoir bouger. Ici le corps perd tout son sens en laissant la place à l’activité intellectuelle.

De l’autre côté se trouve l’approche orientale du corps. Elle propose une lecture globale

du corps car il n’est pas seulement un objet physique et observable en soi. “ C’est l’existence de

méridiens (flux énergétiques qui circulent dans tout le corps) qui fait le lien entre les différentes

fonctions du corps : anatomiques, organiques et physiologiques ” disent Véronique GIRARD et

Marie Joseph CHALVIN à la page 5 de leur ouvrage. Dans cette conception on peut voir que le

corps est une unité, c’est un tout contrairement à la première approche.

De plus, elles ajoutent que “ l’occident s’intéresse de plus en plus à l’approche orientale

car elle permet d’analyser l’implication du corps dans les acquisitions mentales et

intellectuelles. ” à la page 6 du même ouvrage. Cette approche prend en compte l’enveloppe

charnelle du corps (les jambes ; les bras ; les yeux, etc.) et y intègre également la relation au

mental. Dans cette optique, le corps et l’esprit de l’individu ne forment plus qu’un. C’est

pourquoi, cette approche permet d’impliquer le corps dans les acquisitions mentales et

intellectuelles. De cette approche on connaît l’impact que provoque l’acuponcture sur le mental ;

certaines personnes y ont recours pour parvenir à arrêter de fumer.

N’oublions pas que selon la pédagogie de Jean PIAGET, le dialogue que l’enfant établit

avec l’espace se joue au niveau sensori-moteur. Le schéma corporel n’est pas inné mais se

construit par l’expérience de la motricité, des sensations extéroceptives (même la douleur). Ainsi

l’enfant peut recueillir par lui-même les excitations du milieu extérieur. Le schéma corporel

résulte de la synthèse des impressions tactiles, kinesthésiques ou encore visuelles. Il résulte

également de la synthèse des expériences. Par contre, il se met en place en plusieurs étapes et

l’enfant procède par imitation puis accommodation et se confronte ainsi à autrui. L’enfant peut

commencer par repérer un mouvement par exemple, il est ensuite capable de se l’approprier afin

de pouvoir le refaire à son tour et voir autour de lui comment il faut agir en tenant compte du

regard d’autrui.

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Donc il est important de veiller à poursuivre en classe ce qui a été intuitivement

commencé par l’enfant au sein de son milieu familial. N’oublions pas que le savoir-faire précède

le savoir-dire, mais c’est souvent oublié au sein de l’école actuelle qui privilégie le langage et

l’expression orale au détriment de travaux pratiques.

A travers le corps il est possible de lire les pensées de chacun puisque la pensée

s’organise en fonction de ce que la personne perçoit à travers son corps. Aussi, lors des

apprentissages la prise en compte du corps sera indispensable.

D’ailleurs, aujourd’hui l’approche occidentale prend de plus en plus d’ampleur pour

amener une prise en compte du corps dans le développement cognitif. Ce propos est soutenu par

Jacques ANDRE (cahier pédagogique n°288 p.8), car il souligne que l’enseignant sent qu’il faut

que le travail passe par le corps tout en faisant appel à des jeux divers, à l’expression dramatique

ou bien encore au mime. D’autre part, redonner sa place au corps dans le cadre des

apprentissages reviendrait à impliquer le sujet dans des expériences affectives de plaisir et ces

attitudes pourraient être réinvesties dans la vie scolaire et sociale notamment pour parvenir à

prendre confiance en soi, ce qui est essentiel pour réussir.

De plus, Véronique GIRARD est citée dans l’ouvrage de Guy DECROIX intitulé Le

corps de l’enfant à l’école, où elle met en avant la tâche difficile et contradictoire que doit

exécuter l’élève. En effet, “ lorsqu’on sait qu’un enfant forge son tonus postural entre 6 et 8 ans,

âge pendant lequel les enfants sont assis à leur table pendant 6 heures cela pose un problème…

On demande à la fois à l’élève d’être réceptif à un enseignement et on le met en état tel qu’il ne

peut pas être totalement réceptif. Aussi, le mouvement apparaît comme une nécessité

physiologique ”. Ce mouvement est donc une nécessité pour les enfants.

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B) L’utilisation du corps facilite-t-elle les apprentissages ?

Depuis leur plus jeune âge les enfants sont attirés par ce qui bouge ou ce qui fait du bruit.

En effet, pourquoi leur présente-t-on des mobiles ou alors des boîtes à musique si ce n’est pour

développer leur sens auditif ou perceptif et viser à éveiller l’enfant. D’autre part, on ne le laisse

pas de côté à l’école puisque l’on s’en sert dans la numération étant donné qu’ils peuvent utiliser

les doigts de la main pour compter mais également pour dessiner et s’exprimer à partir de

différents matériaux, ce qui les amènent également à se repérer dans l’espace.

Tous les pédagogues et tous ceux qui se préoccupent de l’enfant aujourd’hui sont

unanimes pour accorder toute sa place au corps, car la connaissance et la maîtrise de son corps

tout comme les apprentissages sont indissociables. Pour Michel LEDORZE, l’EPS et les

apprentissages intellectuels ne peuvent se passer l’un de l’autre. Il en arrive à une autre

conclusion : “ on est passé de l’idée d’une Education Physique et Sportive visant à la détente à

l’idée d’une Education Physique utile aux apprentissages fondamentaux dans le système scolaire.

On a même tendance à considérer qu’il y a une intelligence motrice et qu’il n’y a pas de

hiérarchie entre le sensori-moteur et le cognitif. Tout cela forme l’unité de la personne qui a

besoin de développer les deux aspects pour s’épanouir totalement ”.

Michel LEDORZE pense que le corps participe aux apprentissages fondamentaux et qu’il

y a un lien entre les gestes et le mental c’est-à-dire entre les sensations et les savoirs d’un

individu. Il est rejoint dans ce raisonnement par le docteur Guy VERMEIL cité dans les cahiers

pédagogiques.

Pour ce dernier, apprendre à penser ne peut se faire sans exercer ses membres, ses sens,

ses organes qui sont les instruments de l’intelligence et pour tirer tout le parti possible de ces

instruments il faut que le corps qui les fournit soit robuste et sain. De plus, les premières facultés

qui se forment et se perfectionnent en l’individu sont les sens, aussi faudrait-il veiller à les

cultiver. Mais il faudrait se demander si en classe l’enfant a vraiment la possibilité de mobiliser

tous ses sens et surtout si l’enfant est réellement en activité. N’est-ce pas là le plus important,

parvenir à motiver l’élève en donnant du sens aux différentes activités et en permettant à l’élève

de s’exprimer tout en étant en activité ?

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B1) Pourquoi développer l’activité motrice des élèves ?

Conformément aux Instructions Officielles et donc aux Programmes en vigueur depuis

2002, il est nécessaire de placer l’élève au centre du système éducatif. C’est pour cette raison que

les apprentissages doivent être centrés sur l’apprenant et que les activités mises en place soient

favorables à l’association du dire et du faire qui paraissent être primordiales pour faciliter les

apprentissages.

Mais l’implication du corps dans les apprentissages s’inscrit dans des processus

pédagogiques. Tout élève peut répondre à la demande d’une activité en fonction de ce qu’il est,

de ce qu’il ressent à ce moment donné. C’est grâce aux compétences acquises, à ses capacités et à

son état présent qu’il pourra répondre à ce que l’on attend de lui à partir de stratégies personnelles

pour rejoindre les objectifs fixés par le maître. Si l’on se sert du corps dans la résolution d’une

activité, on fait inévitablement référence à l’acte de faire et le corps en agissant permettrait la

compréhension de la tâche, et une réflexion plus efficace. Sur ce point Hélène TROCME-FABRE

précise à la page 146 de l’ouvrage J’apprends, donc je suis : “ Le niveau énergétique de certains

élèves et en particulier ceux en difficulté est tel qu’il leur faut entrer en mouvement pour

déclencher la réflexion ou la communication. ”.

C’est en faisant que l’on apprend le mieux et la pédagogie constructiviste met en avant

que le savoir doit venir de l’élève et non du maître. Le maître propose des situations problèmes à

l’élève qui lui permettent de mettre l’enfant en activité et en fonction de ce que celui-ci va

découvrir il va augmenter ses savoirs. Puisqu’il est en activité et qu’il participe à la création de

son savoir il apprend d’autant plus vite et il retient sûrement mieux.

Mais au sein d’une classe tous les enfants ne perçoivent pas les choses de la même façon

et certains ont besoin de plus de temps que d’autres pour assimiler le contenu d’une leçon. C’est

pour cette raison que les enseignants sont amenés parfois à effectuer une différenciation

pédagogique. Dans ce cas là, l’utilisation du corps au profit des apprentissages permet de venir en

aide aux enfants en difficulté. Dans l’ouvrage Savoir faire, savoir dire, J. BRUNER met en avant

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la différenciation qu’il existe entre les personnes puisqu’il précise que “ certaines personnes ont

tendance à privilégier le toucher comme canal sensoriel pour acquérir des apprentissages ”. ( page

27, J. BRUNER, 1983 ).

De plus, Véronique GIRARD et Marie Joseph CHALVIN détaillent l’étude de la

kinésiologie (terme venant du grec “ kinesis ” et signifiant : étude du mouvement). C’est à la

page 17 que ces dernières définissent ce qu’est la kinésiologie et la présentent comme étant

“ éducative et qui a pour but de permettre aux élèves de sortir tout le potentiel caché qui se trouve

enfermé dans leur corps ”. Or, le contact physique s’avère être nécessaire pour que l’être humain

se développe physiquement mais également mentalement de façon harmonieuse. Mais notre

culture occidentale a glissé vers un mode de communication qui exclut le toucher et qui privilégie

au contraire les sens auditif et visuel. Donc il est important que les élèves puissent avoir recours

dans les classes aux cinq sens afin de permettre à chacun de pouvoir s’exprimer. Le fait d’exclure

tel ou tel sens peut provoquer l’échec de certains élèves qui “ ont privilégié un type de

communication corporelle et sensitive ” ; cela a été constaté par Véronique GIRARD et Marie

Joseph CHALVIN à la page 17 d’Un corps pour comprendre et apprendre.

Il semble apparaître que le corps est capable de pouvoir impliquer tous les élèves dans les

apprentissages. Il faudrait alors veiller à ne pas négliger le rôle détenu par le corps au sein d’une

classe quel que soit le niveau. Les enseignants devraient aborder les différents sens du corps

humain comme autant de supports variant les entrées dans les apprentissages.

A ce sujet Véronique GIRARD et Marie Joseph CHALVIN mentionnent que “ l’activité

intellectuelle est une activité sensori-motrice, il n’y a pas d’activité cérébrale performante sans

soutien du corps, le cerveau ne donne pas son maximum quand il n’est pas stimulé, c’est-à-dire

irrigué correctement ” à la page 164.

Partant de ce principe on peut voir les nouvelles orientations de la pensée occidentale. En

effet, le cheminement de la pensée débute à partir de stimuli provenant de l’extérieur. Grâce à ses

sens, ou à ses déplacements, une personne peut recevoir des informations provenant de

l’environnement. Les informations peuvent prendre différentes formes comme par exemple des

sons, des mouvements, des sensations, des couleurs, des formes, etc. Ces informations perçues

par l’individu vont être envoyées dans le cerveau. Elles y seront décodées grâce aux

interprétations que l’individu fera des informations reçues.

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On est donc amené à faire le lien entre ce qui se produit dans la vie de tous les jours d’une

personne et ce qui se passe en classe lors d’une activité. En effet, l’élève est d’abord amené à être

confronté à une information, qui peut être de deux types à savoir des traces noires sur une feuille

blanche ou encore un son provenant du discours du maître, et à les interpréter ou les décoder par

la suite.

Ce décodage ou cette interprétation des signaux provenant de l’extérieur ne sont possibles

par le corps qu’en passant par le cerveau. Ce dernier est donc chargé de traiter les informations et

d’organiser la pensée. Or, le cerveau est un muscle et comme tout muscle il a besoin d’oxygène et

de repos à certains moments. Mais cet organe appartient au corps et son bon fonctionnement

passe par un bon positionnement du corps et demande également de bien prendre soin de son

corps.

C’est pour cette raison que dans les classes il peut y avoir du matériel ergonomique. Sans

de bonnes positions de travail, il est difficile d’avoir de bonnes capacités d’apprentissage, de

maintenir l’attention des élèves surtout en ce qui concerne la concentration, et d’éviter une

certaine lassitude de la part des élèves.

Pour les enseignants, il est important de tenir compte du corps des élèves mais pas

seulement car ils doivent s’occuper du leur afin qu’ils soient le plus clair possible dans l’émission

de leurs consignes et qu’ils puissent provoquer une disponibilité motrice chez les élèves.

Afin de motiver d’autant plus les élèves dans leurs apprentissages, il convient de passer

par l’expression motrice et verbale dans les apprentissages car cela permettrait de diminuer

l’agitation des élèves et de favoriser l’éveil (augmentation de la concentration et de la motivation)

quand les élèves sont fatigués.

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B2) Comment les élèves apprennent-ils ?

Le public d’une classe étant hétérogène, il est intéressant de se demander quelles sont les

conditions nécessaires aux apprentissages. En effet, le fait d’apprendre suppose à tous les élèves

d’accéder aux informations. Ce processus est rendu possible grâce à l’utilisation des cinq sens.

Puisque chaque élève est unique il possède sa propre stratégie d’apprentissage. Certains

élèves sont plutôt visuels. Cette perception du message écrit permet à l’élève de se créer une

image mentale de ce qu’il a devant les yeux. En fait, pour l’enfant visuel, voir permet de mieux

comprendre les choses. De plus, le fait de voir les choses diminue l’abstraction et favorise la

mémorisation. En agissant ainsi l’élève améliore sa mémoire visuelle. Dans son ouvrage

J’apprends, donc je suis, Hélène TROCME-FABRE nous apprend que “ le phénomène visuel

s’opère à plusieurs niveaux : au niveau perceptif par la capacité d’interpréter des images, des

formes. A un niveau plus complexe, la vision implique la catégorisation, la mémorisation et

l’attention. ” ( page 52 ) .

L’élève peut également avoir recours à l’imitation. Elle est souvent utilisée par les enfants

car elle est interprétée comme un modèle mais elle favorise par la même occasion la

mémorisation. Cette dernière donne l’opportunité aux élèves de faire ce qu’ils voient. En faisant

les choses l’élève éprouve des sensations kinesthésiques.

Pour Hélène TROCME-FABRE, “ les sens tactiles et kinesthésiques sont deux très

importantes voies d’accès à la mémorisation. Les techniques pédagogiques faisant intervenir la

danse, le mime, les jeux, l’intégration de la gestuelle au langage sont des auxiliaires

pédagogiques puissants. Elles permettent à la motricité de jouer pleinement son rôle et s’appuient

sur la réalité cérébrale. L’immobilité pour certains apprenants gèle littéralement l’activité

mentale. ” (page 146).

Ces sensations kinesthésiques permettent de renseigner le corps sur l’origine des

informations et peuvent à travers ce processus aider à la création d’images mentales.

L’utilisation de sensations kinesthésiques favorisant la création d’images mentales

constitue donc un moyen d’aider l’élève à mieux comprendre une tâche et favorise ainsi les

apprentissages.

14

L’utilisation des gestes dans les apprentissages permet à l’élève de visualiser le travail.

L’élève est guidé par le geste du maître, ce qui facilite les apprentissages de l’élève.

Quand une consigne est seulement énoncée à l’oral elle ne procure pas d’aide à l’élève car

ce dernier peut tout s’imaginer. Mais en utilisant le corps on peut créer un palier vers

l’abstraction. C’est aussi une façon d’aider les élèves à s’exprimer avec un langage différent du

langage oral nécessitant des mots.

Le fait de demander à l’élève de faire la tâche engage l’élève à utiliser le visuel ce qui est

une chose primordiale pour un élève. A partir de l’action de faire l’élève peut se forger une image

mentale mais également éprouver des sensations kinesthésiques : “ Apprentissage, mémoire et

images mentales sont indissociables. ” ( Hélène TROCME-FABRE, page 70 ).

D’autre part faire varier les supports comme la vue, le toucher ou l’ouïe permet de

motiver l’élève tout en éprouvant du plaisir.

Il est fort probable que cet aspect ludique trouvé par l’élève dans un apprentissage aidera

ce dernier à s’investir davantage dans l’activité. Le niveau d’attention et d’investissement sera

ainsi le premier critère qui me permettra d’analyser la réussite des expériences.

J’utiliserai comme deuxième et troisième indicateurs de réussite respectivement le niveau

de compréhension et le niveau de mémorisation atteints par les élèves. Ces deux derniers étant

primordiaux pour qu’un élève puisse progresser dans ses apprentissages.

15

B3) Comment augmenter la compréhension et la mémorisation?

Si on associe les capacités de mémorisation et de compréhension c’est tout simplement

parce que les deux éléments me semblent étroitement liés. En effet, comment envisager de retenir

quelque chose si au préalable on ne l’a pas compris ?

Il s’agit également de montrer en quoi le corps dans l’enseignement et l’apprentissage

favoriserait la compréhension mais aussi la mémorisation?

Pour l’enseignant, la “ gestalt thérapie ” schématise les attitudes, les mouvements

corporels comme un ensemble de codes révélateurs des besoins psychologiques qui s’avèrent être

prédominants chez les humains. Véronique GIRARD et Marie Joseph CHALVIN illustrent cette

pensée dans leur ouvrage à la page 22 en disant “ l’être humain, comme tout animal évolué parle

avec son corps ”.

Il s’agit en fait d’un mode de communication instinctif et qui plus est comme le dit

également Jean PIAGET le stade sensori-moteur précède toujours le langage. Donc, il apparaît

important de ne pas le négliger lorsqu’on est en classe. Pour certains pédagogues tout comme les

kinésiologues, il est utile de substituer le geste à la parole. Mais, on parle et on comprend les

gestes depuis notre naissance. Il en résulte que d’utiliser le corps pour les apprentissages tout

comme dans les enseignements prodigués aux élèves permet de communiquer d’une façon

simple, interprétable par tous, capable de favoriser la compréhension et la mémorisation des

codes. On fait ici référence aux deux hémisphères du cerveau. Les deux hémisphères n’ayant pas

les mêmes fonctions : l’hémisphère gauche s’occupe de la communication verbale alors que

l’hémisphère droit s’occupe de la communication non verbale. Les deux hémisphères analysent et

mémorisent à leur façon. Mais ils restent indissociables puisque c’est d’abord l’hémisphère

gauche qui doit interpréter un signal physique, le coder en mots afin de pouvoir énoncer une

réponse verbale.

Une forme de communication qui nécessite les deux hémisphères est plus riche en codes

et en interprétations. Joindre le corps à l’activité verbale fait référence à toute les structures du

cerveau et rend plus évidente la communication.

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Véronique GIRARD et Marie-Joseph CHALVIN commentent : “ l’expression faciale a un

plus grand impact que la voix ou le contenu du discours pour la bonne compréhension du

message ” à la page 157.

C’est dire le rôle important que joue le corps et l’impression qu’il donne à autrui sans

pour autant avoir à prononcer un mot. Le destinataire arrive donc à comprendre exactement ce

que l’on attend de lui et cela sans donner d’informations orales mais des informations corporelles

facilement déchiffrables pour les personnes d’une même classe par exemple.

En effet, “ une information est d’abord un signal physique: bruit, lumière, geste, couleur,

vibration (…) doté d’une signification pour celui qui la perçoit ”. C’est une définition de

l’interprétation d’un message faite à la page 14 par Véronique GIRARD et Marie-Joseph

CHALVIN. Mais, ces informations peuvent être difficiles à interpréter si le niveau d’éveil est

diminué par une rareté de signaux ainsi que par une situation monotone. Aussi, l’enseignant doit

maintenir l’attention de ses élèves en “ étant un peu théâtral, à organiser des signaux clairs dans

l’espace et à répéter sans craindre la redondance pour aider les élèves à mémoriser, être attentifs

et intégrer rapidement de nouveaux savoirs ” pensent Véronique GIRARD et Marie-Joseph

CHALVIN.

Le corps doit donc être perçu comme un outil pédagogique. Son utilisation doit intervenir

de manière réfléchie, car il peut grandement influencer les élèves dans leurs apprentissages.

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Partie 2 : Expérimentation des hypothèses.

Dans cette seconde partie, nous présenterons le travail de terrain, destiné à vérifier la

pertinence de nos hypothèses de départ. Trois expériences ont été menées, sur des terrains

différents, et recouvrant les trois cycles de l’école primaire.

A) Première expérience

Ma première expérience quant à l'intégration du corps dans les apprentissages a été

réalisée à l'école élémentaire CHAMPOLLION avec une classe de CM2. Cette école étant située

dans une Zone d'Éducation Prioritaire, je m'attendais à travailler avec des élèves particulièrement

agités, des élèves qui doivent redoubler d'efforts de concentration et d'attention pour répondre aux

tâches des apprentissages scolaires.

D’après les études sociologiques, la population des écoles classées Z.E.P. se trouve

souvent confrontée à un décalage culturel entre l'environnement scolaire et le milieu familial. Dès

lors, les élèves ont beaucoup de difficultés pour entrer dans les activités, et en décrochent d'autant

plus facilement. La population d'élèves que j'allais rencontrer m'apparaissait donc favorable à

l'expérimentation du lien corps / apprentissages.

Dans cette classe composée de vingt élèves, j'ai réalisé un travail dans le domaine du

Français, et plus spécifiquement sur l'Utilisation du dictionnaire. A partir de cette leçon

d'Observation Réfléchie de la Langue, j'ai décidé tout d'abord de vérifier si les élèves savaient

bien chercher des mots dans un dictionnaire. Les élèves m'ont alors fait comprendre qu'ils étaient

en CM2 et donc que le dictionnaire n'était pas quelque chose de nouveau pour eux. Ils ont donc

réalisé les deux exercices de classement que je leur proposais mais sans grand enthousiasme.

J'ai ensuite divisé la classe en quatre groupes de cinq élèves chacun. Le travail de groupe

permettait de changer la disposition de la classe et en même temps de donner des rôles à chaque

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élève afin que tout un chacun puisse s'investir et prenne du plaisir à mener cette activité. Le fait

d'avoir un rôle permettait également de rendre l'enfant actif et par la même l'incitait à participer.

Mon objectif était d'utiliser le dictionnaire pour chercher le sens de mots pour le moins

inconnus des élèves, d'enrichir également leur vocabulaire, mais aussi de faire quelque chose

d'original. Mais, je voulais que les élèves comprennent ce que le mot signifiait, donc qu'ils

parviennent à se l'approprier et qu'ils le fassent découvrir à l'ensemble de la classe, mais sans

prononcer un seul mot. J'avais bien insisté sur le fait qu'il ne fallait pas lire le mot à haute voix, et

surtout chuchoter au sein de leur groupe. Les élèves n'avaient aucune autre alternative que

d'utiliser leur corps pour s'exprimer. Et c'est à travers ce qu'ils avaient compris qu'ils pouvaient

faire des propositions avec leur corps. Il s'agissait alors pour les élèves de trouver un autre moyen

que cognitif pour faire comprendre ce mot.

De plus, en demandant aux élèves de chercher un mot dans le dictionnaire je voulais qu'ils

puissent formuler au sein de leur propre groupe une définition personnelle de ce mot. Les mots

qui étaient proposés aux élèves étaient tous des verbes et qui plus est des verbes du premier

groupe :

- MALAXER ,

- ESQUIVER ,

- AGONISER ,

- FEUILLETER .

Certes ces verbes peuvent sembler communs, basiques mais ils s'adressaient à des élèves

de Z.E.P. donc réputés pour nécessiter beaucoup plus d'attention et de travail pour compenser

souvent ce qu'ils n'ont pas l'habitude de rencontrer dans leur maison. Il faut toutefois garder en

mémoire que la politique exercée dans les Z.E.P. est une politique de discrimination positive,

autrement dit apporter plus à ceux qui en ont le plus besoin en vue de créer un socle culturel

commun. Les verbes, comme support, me paraissaient plus évident à mimer puisqu'ils supposent

des actions.

Cette séance d'O.R.L., puisqu'elle prenait une toute autre tournure qu'une séance

habituelle, a été interprétée par les élèves comme un jeu. En effet, le côté ludique pouvait sous

entendre qu'il s'agissait bien d'un jeu. Peut-être que les enfants ne s'en rendaient pas compte, mais

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pendant qu'ils s'investissaient dans ce jeu ils monopolisaient des compétences ainsi que des

savoir-faire et savoir-être au sein de leur groupe.

La séance devait durer cinquante minutes. Mais durant ce temps imparti, seul un groupe a

eu le temps de mimer son mot au reste du groupe-classe. Les élèves plus que motivés ont fait de

nombreuses propositions de lettres pour découvrir le mot indiqué par le premier groupe mimant.

Pour faciliter la tâche du reste du groupe-classe, j'avais demandé d'inscrire au tableau la

première et la dernière lettre du mot et de mentionner les autres lettres pour l'instant muettes par

des tirets. Tous les élèves étaient volontaires pour émettre des hypothèses de lettre à découvrir,

mais c'était très difficile à gérer.

D'autre part, j'insistais sur le fait qu'il fallait trouver toutes les lettres du mot pour pouvoir

chercher sa définition dans le dictionnaire et de reformuler son contenu aux membres du groupe

qui mimait pour que ce soit validé.

Cette séance est apparue très courte aux yeux des élèves qui insistaient pour

recommencer. Mais elle a permis de mettre en avant que l'utilisation du corps permettait de

prendre en compte l'ensemble de la classe, mais également que le corps autrefois réservé

seulement à l'Education Physique pouvait être au service d'autres disciplines comme ici en

Français.

On peut également souligner que cette séance entre réellement dans les attentes des

nouveaux programmes, à savoir créer des liens entre l'ensemble des disciplines. De plus, les

élèves prennent du plaisir à travailler même s'ils ne s'en rendent pas vraiment compte.

Il est également apparu que les élèves autorisés à se servir de leur corps ont pris plaisir à

participer à l’activité. Cela s’est noté par l’enthousiasme des élèves pendant l’activité mais

également par le fait qu’ils demandaient à refaire le travail. De plus, le fait de devoir mimer un

verbe amenait les élèves à débattre davantage autour de la définition proposée dans le

dictionnaire et donc à affiner leur compréhension. Ainsi l'utilisation du corps s’est avéré un outil

pédagogique intéressant pour mettre les élèves en situation d’apprentissage.

Un autre critère aurait pu être vérifié si j’avais eu plus de temps à savoir celui de la

mémorisation des verbes. Cela m’aurait permis de voir si les élèves avaient correctement

mémorisé l’orthographe et la signification des mots et s’ils auraient été capables de les réinvestir

à bon escient dans des productions personnelles.

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B) Deuxième expérience

La deuxième expérience s'est déroulée à l'école Les Hauts de MONTCHAPET dans une

classe de maternelle, et plus précisément avec des Moyennes Sections. Cette rencontre a eu lieu

durant le mois de décembre. J'avais donc prévu de travailler sur le thème de Noël. J'ai donc voulu

que les élèves partent de l'école avec une carte qu'ils auraient réalisée eux-mêmes. A cette carte

j'ajoutais un poème intitulé le “ Petit sapin ” :

Le petit sapin

A bien du chagrin

On l’a coupé

On l’a ficelé

Et on l’a jeté

Par terre au marché.

Mais Noël est arrivé

Alors on l’a décoré

De mille étoiles en papier

De mille boules dorées

C’est lui le roi de la fête

Et le voilà consolé.

Mon objectif était donc de les amener à mémoriser ce poème et à vérifier si l’utilisation

du corps permettait de faciliter la mémorisation ainsi que la compréhension du poème et surtout

si cela permettait plus facilement l’implication des élèves dans l’activité.

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J'ai donc récité le poème aux élèves en leur disant que nous allions l'apprendre tous

ensemble. Les élèves installés en U devant moi m'ont regardé avec des yeux écarquillés,

commençant même à s'agiter et à chuchoter avec le voisin.

Voyant que le poème ne les attirait pas, j'ai repris ma récitation en mimant ce que je

disais. Les gestes ont permis d'attirer à nouveau l'attention des élèves, qui de manière quasi

instantanée ont repris ces gestes. Ensuite, j'ai décidé de ne plus parler et c'est eux qui devaient

reproduire les vers du poème. Sans les gestes, ni l'aide du maître c'était impossible. Donc, je

mimais, et eux devenaient ma voix.

A un autre moment de la journée, j'ai moi-même récité le poème pendant un temps de

regroupement. Et à ma stupéfaction, les élèves mimaient les gestes correspondants.

En effet, lorsque je disais le petit sapin on dessinait tous ensemble un grand sapin dans

l’espace à main levée et cela permettait d’imaginer ce sapin. Puis, comme ce sapin avait du

chagrin on faisait semblant de pleurer en se frottant les yeux. Ce sapin a été coupé dans une forêt

donc on imitait le geste des bûcherons. Il a été par la suite ficelé donc on faisait comme si on

enroulait le sapin d’une ficelle imaginaire. Puisque ensuite le sapin a été jeté il fallait que les

élèves imitent un geste qui faisait comprendre aux interlocuteurs ce qui était arrivé au sapin. Le

poème mentionnait par la suite pourquoi on se servait d’un sapin pour Noël. En effet, il était

question de décorer le sapin de Noël. On lui accrochait “ mille étoiles en papier ”. On a alors

dessiné dans l’espace des étoiles. Puis on lui a ajouté “ mille boules dorées ” qu’on a

matérialisées par des ronds à main levée. L’imaginant tout décoré le sapin avait une belle allure et

les enfants pouvaient alors comprendre pourquoi on disait que le sapin était “ le roi de la fête ” et

qu’à présent il était “ consolé ” de ce qui lui était arrivé auparavant.

Le lendemain, j’ai voulu vérifier si les élèves connaissaient toujours le poème... ils étaient

tous volontaires pour s'exposer devant la classe et réciter le poème. J'ai alors décidé que c'était

l'occasion de faire participer ceux que je n'entendais pratiquement jamais et qui pour une fois

voulaient bien participer. Pour cela, j'ai théâtralisé ce moment, en demandant aux élèves de

respecter le silence pendant qu'un camarade récitait le poème. Mais de la même façon, je mettais

cet élève là en avant puisqu'il montait sur une chaise.

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J'ai tout de même remarqué que la mémorisation de ce poème passait essentiellement par

la liaison texte/gestes. En effet, quand un élève se présentait sur la chaise, il faisait les gestes. Et

si la phrase ne venait pas, le fait de voir le geste lui permettait de continuer.

On peut donc mettre en avant que l'utilisation du corps, pour mimer quelque élément que

ce soit, permet d'accéder plus facilement à la mémorisation d'un texte. De plus, faire des gestes

incite l'élève à participer, à reproduire ce qui se passe devant lui.

Partir d’un poème m’aura permis de voir comment les élèves pouvaient l’interpréter

même si au début de la séance les élèves ne semblaient pas très attentifs. L’implication du corps

aura été un bon moyen de re-concentration et d’attention. De plus, le fait qu’ il s’agisse d’élèves

de moyenne section m’a permis de faire des séances de langage et de partir des pré-requis des

élèves. Ainsi il m’a paru indispensable de rendre l’élève acteur de ses apprentissages. Mais,

comme le suggèrent les Instructions Officielles il était possible mais également intéressant de lier

les apprentissages et que l’élève se rende compte que ce qu’il voyait dans un poème à l’oral

pouvait se retrouver par la suite dans une activité d’images séquentielles.

En menant ce projet avec les élèves j’ai essayé de leur montrer que ce qu’on apprenait

pouvait s’appliquer et se vivre dans la vie de tous les jours. Mais, qu’en faisant les choses ils

seraient plus à même de les retenir et donc de s’en resservir par la suite.

Pour cette expérience il est apparu que le fait de produire des gestes permettait aux élèves

de se créer des images mentales et donc d’associer un geste à un mot. De plus, le geste

accompagnait la compréhension du mot donc il permettait à l’élève de comprendre et de retenir le

mot. Enfin, le geste donnait envie aux élèves de réciter le poème donc il entraînait une certaine

motivation, il permettait de recentrer l’attention des élèves quand ceux-ci commençaient à se

disperser.

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C) Troisième expérience

Ma troisième expérience s’est déroulée dans une classe de campagne avec des élèves de

cycle 2 et plus précisément avec des CE1. Cette fois j’ai essayé de montrer l’importance de

l’utilisation du corps dans une séance de lecture et dans une séance de mathématiques. Ainsi le

fait de montrer que le corps peut être utilisé dans différents domaines met en évidence que ce

n’est pas un élément à négliger.

1) Séance de lecture à haute voix.

En ce qui concerne ma séance de lecture je suis partie du constat que pour beaucoup

d’élèves lire était une corvée et qu’ils ne prenaient aucun plaisir à lire. Or l’objectif du maître est

de motiver les élèves et surtout de leur donner envie de faire d’eux même. J’ai donc pensé qu’il

serait intéressant de les impliquer en les faisant lire à haute voix mais également en occupant tout

l’espace de la classe. Pour ce projet, il s’agissait d’associer un repère corporel à des temps forts

de la lecture (l’élève lecteur change de position quand il se passe quelque chose dans la lecture).

Mais ce qui m’importait aussi c’était de leur faire prendre conscience qu’il fallait qu’ils prennent

du plaisir à lire.

Il s’agissait également de mettre en avant le critère de compréhension puisque pour lire on

a besoin de décoder mais aussi de comprendre. Comment faire pour que les autres élèves de la

classe puissent comprendre le contenu de la lecture sans avoir le texte sous les yeux ? Un autre

problème demeurait celui de communiquer les intentions d’un auteur et donc de l’appropriation

du texte par le lecteur.

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Pour ma première séance je leur ai proposé de lire d’abord individuellement et dans leur

tête un court extrait d’un dialogue afin qu’ils se l’approprient et qu’ils repèrent les paroles

prononcées par les différents personnages. Ensuite, je leur ai demandé de se mettre en groupe afin

qu’ils découpent le texte comme ils le souhaitaient. Bien entendu, le découpage du texte en

fonction du point de vue des personnages n’est pas tout de suite apparu. Ils ont d’abord partagé le

texte en phrases où chaque élève à tour de rôle lisait une phrase.

La confrontation avec le reste du groupe classe aura permis de mettre en avant cette faille,

mais également de rendre compte que de mettre le ton lors de la lecture à haute voix était quelque

chose d’important, mais qui plus est permettait aussi de donner du sens à cette lecture.

De plus, je demandais aux élèves qui ne lisaient pas à haute voix de fermer le livre pour

qu’ils puissent mieux entrer dans le texte. Ce procédé demandait de l’attention de la part des

auditeurs mais il demandait aussi de la précision pour les élèves acteurs. Ce procédé permettait de

voir si les enfants comprenaient ce qu’ils lisaient et s’ils respectaient bien la pensée de l’auteur en

mettant l’intonation, en marquant des pauses différentes aux virgules et aux points, en changeant

de ton pour les questions…

Cette expérience me permettait aussi de leur montrer qu’en classe on pouvait tout aussi

bien travailler en prenant du plaisir et en abandonnant pendant un petit moment sa chaise et son

bureau. J’ai pu également constater que les enfants qui ne voulaient pas lire au départ étaient

systématiquement volontaires pour lire devant la classe alors que ça demande une prise de risque

plus importante.

Ce qui me semblait important de montrer au travers de la lecture à haute voix c’était

d’apprendre à s’écouter car en classe il y a des élèves et non plus des enfants et leur faire prendre

conscience qu’en classe il y a des règles et qu’il faut écouter pour ne pas répéter les mêmes

choses. De plus lire à voix haute pouvait leur faire prendre de l’assurance.

Ensuite, au fur et à mesure des séances il était capital que les enfants soient capables de

s’auto-évaluer ce qui supposait qu’ils aient bien compris ce qu’on leur demandait de faire. Aussi,

j’ai fait construire avec l’aide des élèves une grille de critères visant à améliorer :

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− l’articulation du lecteur

− le respect de la ponctuation

− le ton du lecteur (la tristesse, la colère, la joie…)

− l’intensité de la voix (crier, chuchoter…)

− le rythme (accélérer, ralentir, marquer des pauses…)

Ainsi j’ai impliqué les élèves dans l’activité de lecture et cette activité était certainement

bénéfique puisque les élèves savaient ce que j’attendais d’eux et cette activité prenait donc tout

son sens.

Le fait de permettre aux élèves de se déplacer dans la salle rendait la lecture moins

monotone. En la rendant moins monotone on pouvait plus facilement maintenir l’attention des

élèves. Bien entendu, je n’ai pas essayé de faire de la théâtralisation puisque mon objectif n’était

pas d’apprendre un texte par cœur et venir le réciter devant le reste de la classe en bougeant, en

faisant des gestes…. Mais c’était bel et bien une séance de lecture puisque les élèves possédaient

leur texte sous les yeux et avaient la possibilité de se déplacer dans les rangées de la classe ou sur

l’estrade devant le tableau ou bien encore relever la tête à certains moments pour jouer avec leurs

camarades qui les regardaient de leur bureau.

Autant les deux premières séances ont été difficiles à mener puisque les élèves n’étaient

pas habitués à fonctionner ainsi mais par la suite il était intéressant de voir comment les enfants

ont pris du plaisir à participer et à s’impliquer dans ce projet. En effet à chaque fois que je leur

proposais une nouvelle lecture j’avais toujours une question qui revenait : “ maîtresse est-ce

qu’on pourra lire debout ? ”. Le fait que les élèves posent cette question montre qu’ils prenaient

effectivement du plaisir à lire à haute voix et devant le reste de la classe. De plus en leur

permettant de bouger ils avaient sûrement l’impression d’être actifs et cela leur permettait

également de s’exprimer au travers de toutes les composantes du corps. Juste en utilisant le corps

et en donnant la possibilité aux élèves de se mouvoir dans tout l’espace de la classe, la séance de

lecture habituelle s’est convertie en séance porteuse de plaisir et même de motivation pour les

élèves puisque la séance passait beaucoup plus rapidement aux yeux des élèves et qu’ils se

pressaient tous pour pouvoir lire.

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Le fait de mettre en scène le texte en y associant des positions corporelles à des moments

jugés clés par l’élève obligeait ce dernier à fournir un effort supplémentaire dans la préparation

de la lecture. En effet chaque lecteur, pour trouver les moments forts du texte, pour faire passer

les différentes émotions et intentions du texte, devait avoir compris et analysé ce dont il était

question dans le texte. Ainsi cela permettait d’améliorer la compréhension des lectures.

2) Séance de mathématiques.

Lors de ce même stage avec les CE1, lorsque j’ai distribué des feuilles perforées pour une

séance de sciences je me suis aperçue qu’ils ne connaissaient pas la droite ou la gauche. En effet

ils m’ont demandé comment positionner la feuille, les trous du côté de la fenêtre ou plutôt de

l’autre côté? Voyant qu’ils ne mentionnaient pas explicitement droite ou gauche j’ai pensé faire

deux séances sur ce thème.

Mon objectif était de leur permettre de distinguer la droite de la gauche. Pour cela il fallait

travailler sur le plan de la mémorisation à court terme et à long terme. J’utilisais comme

paramètre les repères spatiaux dans un jeu collectif.

Ma première séance s’est déroulée en deux temps. Dans un premier temps on est resté

dans la classe afin de faire verbaliser les enfants sur leurs représentations de la droite et de la

gauche. Je leur ai posé la question suivante : qui peut me dire où est la droite et où est la gauche?

J’ai également précisé que je voulais qu’on justifie pourquoi la droite est de tel côté et comment il

fait pour le savoir. Les élèves ont tous été en mesure de justifier où se situaient la droite ou la

gauche en fonction de leur corps et plus exactement de leur main qui leur sert à écrire. Alors j’ai

demandé aux élèves de lever leur main droite et tous ont été en mesure de le faire, puis la main

gauche qui n’a pas posé de problème non plus.

Dans un deuxième temps j’ai emmené les élèves dans la cour afin de mettre les élèves en

situations, en matérialisant la distinction droite/gauche en y mêlant le corps dans des jeux.

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La première situation ludique mise en place a été le jeu “ Jacques a dit ”. Les enfants

devaient répondre à une consigne orale. En faisant varier les consignes comme lever la main

droite ou la main gauche on s’aperçoit que les enfants réagissent très vite puisque c’est leur

élément référent. Mais, lorsque je leur ai demandé de lever la jambe droite ou gauche je me suis

aperçue que c’était moins naturel et surtout qu’il pouvait y avoir quelques petites erreurs mais

peu fréquentes. De plus, je leur ai demandé de sauter à cloche pied sur le pied gauche puis sur le

pied droit et cela ne semblait pas trop les gêner peut être que le fait de leur dire droite ou gauche

les aidait déjà à se repérer.

Donc, j’ai ensuite mis en place un autre jeu. Dans ce jeu là j’ai eu besoin d’une corde qui

servait de point de repère. Les élèves devaient avoir les deux pieds sur cette corde et au signal du

maître les élèves devaient sauter à droite ou à gauche de la corde. Au début, j’ai donné les

informations à l’oral en disant simplement droite, gauche. Puis voyant que c’était bien acquis j’ai

complexifié en levant mon bras. Cela demandait aux élèves une plus grande attention et une

décentration car ils devaient prendre en compte que je levais ma main droite qu’ils voyaient que

pour eux j’indiquait le côté gauche. Il fallait qu’ils s’aperçoivent que cela fonctionnait comme

pour un miroir.

Le fait que les élèves soient en file indienne me permettait d’avoir tous les élèves devant

moi mais cela permettait également aux élèves de s’aider même si pour certains l’exercice était

difficile et qu’ils se trompaient souvent. Pour maintenir l’attention des élèves il était bon de faire

répéter deux fois le même saut car ils avaient tendance à penser que c’était une fois d’un côté et

une fois de l’autre. De plus si j’avais eu plus de temps j’aurais pu ajouter une autre variable

comme par exemple je dis droite en levant le bras correspondant. On peut également ne pas

toujours lever le même bras que le côté énoncé.

Ensuite, dans un troisième jeu, je leur ai proposé de faire une ronde et au moment où je

dis droite par exemple, par groupe de deux ils devaient se serrer la main droite et inversement.

Cela a été très difficile pour les élèves qui avaient du mal à se serrer la bonne main car les mains

doivent se croiser comme dans une poignée de main et il faut penser que pour la personne qu’on

a en face c’est l’inverse de ce qu’on pense.

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Enfin, dans un dernier jeu j’ai demandé aux enfants de partir à un signal et les enfants

partaient parfois accroupis parfois assis vers le côté droit puis vers le côté gauche de la cour. Ce

jeu qui met en activité tout le corps a permis aux enfants de répondre à plusieurs critères, d’abord

de se relever puis d’aller dans la bonne direction.

Ainsi au travers de ces différentes activités, l’élève aura pu mettre en relation la

différenciation droite/ gauche avec son corps et ses différents sens. Pendant toutes les activités

l’élève a été actif et il semblerait qu’il ait pris conscience de cette différenciation grâce à sa

participation active. En effet il ne faut pas oublier que c’est faisant que l’on apprend.

Cette séance s’est ensuite poursuivie en classe de manière beaucoup plus abstraite puisque

je suis revenue sur ce qu’ils avaient retenu du travail réalisé trois jours auparavant dans la cours.

Aussi je leur ai demandé de prendre leur ardoise et se positionner dans la classe puisqu’ils

devaient y inscrire le prénom de la personne qui se situait à leur droite. Cette phase de

réinvestissement n’a pas posé de problème puisque chacun a bien repéré sa droite.

Si des élèves avaient encore rencontré des difficultés on aurait pu leur mettre un bracelet

au poignet de la main avec laquelle ils écrivent. Je leur ai ensuite proposé de prendre leur fichier

afin de faire par écrit trois exercices. Le premier exercice demandait aux élèves de tracer deux

bandes rouges sur l’aile gauche d’un avion dans différentes positions. La difficulté de l’exercice

résidait dans l’orientation de l’avion. Il était parfois la tête en bas, parfois la tête en haut ou

encore orienté sur la droite. Cela nécessitait un repositionnement de la part des élèves afin de

pouvoir y ajouter les deux bandes rouges.

Dans le deuxième exercice il s’agissait d’entourer les couverts qui étaient bien placés

c’est-à-dire le couteau à droite et la fourchette à gauche de l’assiette. Cet exercice est peut être

porteur de sens si les élèves sont habitués à mettre la table chez eux.

Enfin, le troisième exercice représentait un bonhomme qui a une raquette et une balle

dans chaque main et il s’agit de les distinguer. La difficulté se note dans la position du

bonhomme qui est parfois face à nous, parfois de dos. Cet exercice me paraît assez complexe car

il demande à l’élève d’inverser ce qu’il voit puisque c’est comme si on voyait le bonhomme dans

un miroir. De plus le fait que le bonhomme représenté soit un petit garçon permet facilement aux

élèves de s’identifier à ce personnage et donc à visualiser beaucoup plus rapidement dans quelle

main se trouvent la balle et la raquette.

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Il me semble également que le fait d’avoir permis aux élèves de vivre des situations

mêlant la distinction droite et gauche a aidé les élèves a bien réussir les exercices en classe. En

effet, il ne faut pas oublier comme le soulignait J.BRUNER que c’est en faisant que l’enfant

apprend le mieux.

Le fait de vivre des situations concrètes et ludiques a bel et bien favorisé la mémorisation

de repères spatiaux et de leur distinction.

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Conclusion

Pour conclure ce mémoire, nous avons vu l’intérêt que pouvait revêtir l’utilisation du

corps dans les apprentissages.

Le maître peut utiliser le corps pour théâtraliser la situation d’apprentissage ce qui permet

de donner envie aux élèves de participer, mais il permet également aux élèves d’utiliser leur

corps au service des apprentissages. Il est également apparu que la mise en activité du corps des

élèves était très importante et utile pour servir les apprentissages. Il faudra retenir que cette

utilisation du corps s’inscrit dans une perspective pédagogique cohérente et à ne pas négliger

dans le système scolaire.

A partir des constats observés dans les classes il aura été intéressant de vérifier et de

mettre en place des situations pédagogiques mêlant l’utilisation du corps et les différents champs

disciplinaires. Il semblerait également que certaines expérimentations auraient mérité d’y

consacrer plus de temps et de les pratiquer notamment avec un niveau d’âge différent ; je pense

notamment à l’expérience portant sur la mémorisation réalisée avec des moyennes sections qui

aurait pu s’appliquer à des plus grands et avec un texte plus long.

Le corps est un élément pédagogique à utiliser dans toutes les disciplines et dans tous les

cycles. Il permet de maintenir l’attention des élèves, de les faire entrer plus facilement dans

l’activité. L’utilisation du corps est donc un moyen de communication plus ludique et concret qui

permet de rassembler tous les élèves, mais également de mieux les faire entrer dans les activités

et donc de participer davantage.

De plus, le corps permet de plus facilement comprendre une tâche et la retenir pour la

réinvestir ultérieurement dans sa vie sociale. Il permet également de mieux retenir les éléments

mis en jeu parce que l’enfant est actif et qu’il est donc en mesure d’apprécier les effets de

l’activité. Puisque le corps prend en compte tous les élèves il s’avèrera très utile pour venir en

aide aux élèves en difficulté.

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La plus grande difficulté dans le maniement d’un tel outil ne serait-elle pas de trouver la

bonne utilisation du corps pour venir en aide à tous les types d’élèves ? Il s’agit sûrement d’un

projet ambitieux compte tenu de l’hétérogénéité des classes.

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Bibliographie

_BRUNER J., Savoir faire, savoir dire, PUF, Paris, 1983.

_Cahiers pédagogiques n°288, Apprendre par corps, Novembre 1990.

_EPS 1 n°103, La place du corps dans les apprentissages, Juin, Juillet, Août 2001.

_GIRARD Véronique, CHALVIN Marie-Joseph, Un corps pour comprendre et apprendre,

éditions Nathan pédagogie, 1997.

_Le nouvel éducateur n°76, Apprendre son corps, apprendre par son corps, Février 1996.

_TROCME-FABRE Hélène, J’apprends, donc je suis, Les Editions d’Organisation, 1992.

33

REMERCIEMENTS:

Je tenais à remercier l’IUFM de DIJON qui nous a permis de faire 3 stages dans l’année.

Ces stages nous ont donné la possibilité de mettre à profit la théorie enseignée dans les

différentes matières à l’IUFM. Ces stages ont également été l’occasion de rencontrer un public

complètement différent à chaque fois mais également de pouvoir étayer nos hypothèses de départ.

Sans ces stages il n’aurait pas été possible d’expérimenter des éléments de réflexion, de

voir de plus près le métier auquel nous nous destinons et d’apprécier les effets des situations

professionnelles.

Enfin je voudrais remercier l’équipe de suivi qui était là pour nous aider si nous avions

des questions et nous conseiller lors des stages. Grâce à leur intervention nous avons pu mettre en

avant les éléments positifs et les points à améliorer.

Je remercie également le directeur de mémoire pour ses conseils et son travail dans la

réalisation de ce mémoire.

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RESUME

Devant l’hétérogénéité des classes, ce mémoire traite de l’usage du corps comme un outil

pédagogique considérable pour améliorer les apprentissages. En effet, le fait de se servir de son

corps aide certains élèves à développer leurs capacités de mémorisation, de compréhension, et

favorise leur investissement dans les activités.

MOTS CLES

Le corps, la mémorisation, la compréhension, la participation, et le plaisir.