en couverture l'optimi r s · 2015. 10. 1. · le prof de maths vous a mis une mauvaise note...

Date : OCT 15

Pays : FrancePériodicité : MensuelOJD : 235541

Page de l'article : p.68,69,70,...,78Journaliste : Christelle Pangrazzi/ Caroline Péneau / FlorianCadu

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OPTIMISME 5042935400505Tous droits réservés à l'éditeur

EN COUVERTURE

Les bienfaits de

l'optimisr^ SANTE Son action sur le corps'TEST Quel optimiste êtes-vous ?

PSYCHO 8 cjefs pour avoir I

ila pêche cet hiver

Dossier : Christelle Panqrazzi et Caroline Péneau, avec Florian Cadu

Chômage, cmc ecologique, guerreen Syrie «A quoi bon resteroptimiste dans un monde qui vamal» se demande-t-on parfois,en préférant éteindre la radio

Resigne « Nous a\ ens peur de l'avenir Lasurconsommation et le manque de tempsnotamment engendrent cette anxiété »,explique en substance Jean Louis ServanSchreiber dans Comment aimer (quandmême) le xxf siecle L'écrivain dresse d'ailleurs un parallèle avec la Renaissance,période dè chaos et d'inquiétudes malvécue par ses contemporains maîs, enréalité, riche de nouvelles libertés et depromesses C'est un siecle et demi apres lafin de cette epoque qu'est ne le mot « opti-misme » employe pour la premiere fois pardes peres jésuiles en 1737 Aujourd'hui, ils'affiche partout Savez-vous, par exemplequ'il existe une ligue des optimistes quiorganise des dîners d'optimistes un peupartout en France ? Et qu'un printemps del'optimisme se déroule en mars avril a

Paris ct Bruxelles0 «C cst face aux diffi-cultés que nous devons mobiliser nosenergies positives»,martelé son fondateur,Thierry Saussez Quant aux rayons des li-brairies ils débordent d'ouvrages sur lesrecettes du bonheur, l'optimisme étant unchemin pour y accéder Trop °« II ne fautpas que cette injonction a l'optimismedevienne asservissante et normative, previent le psychiatre Frederic Fanget C estun peu comme si nous ne nous autonsionsplus a être malheureux Cette forme deperformance peut parfois frôler l'obsessionet culpabiliser ceux qui n y parviennentpas. » En fait, comme vous le lirez dans cedossier, il est tout a fait possible de chaus-ser des lunettes roses pour porter un regardun peu plus confiant sur l'avenir sansqu'elles deviennent des œillères De même,nous pouvons changer notre interprétationdes événements et agir sans basculer dansI optimisme beat En bref, de venir des optiréalistes, c'est-à-dire des optimistes ca-pables d etre aux prises av ec la réalité •

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Paroles de réalistes...Le philosophe Leibniz a été le premier à aborder la notiond'optimisme. Depuis, elle a inspire de nombreux aphorismes.

Le comble de l'optimisme,

c'est de rentrer dans

un grand restaurant et

compter sur la perle

qu'on trouvera dans une

huître pour payer la noteTristan Bernard (1866-1947), écrivain

Elle est en retard...donc c'est qu'elle viendraSacha Guitry (1885-1957), dramaturge

L'optimisme commence par unlarge sourire, et le pessimisme finitpar des lunettes aux verres bleutésOscar Wilde (1854-1900), écrivain, Aphorismes

Les optimistes pensent que nous vivons dansle meilleur des mondes possibles,les pessimistes en sont intimement persuadésJames Brandi Cabell (1879-1958), écrivain américain

Ce qui est important,ce n'est ni d'êtreoptimiste ni d'êtrepessimiste, maisd'être déterminéJean Monneî (1888-1979),un des pères de l'Europe

L'optimisme m'esttoujours apparucomme l'alibi sournoisdes égoïstes, soucieuxde dissimuler leurchronique satisfactiond'eux-mêmes. Ilssont optimistes pourse dispenser d'avoirpitié des hommes,de leur malheur.Georges Bernanos (1888-1948),écrivain, les Grands Cimetièressous la lune

Un pessimiste voit la difficultédans chaque opportunité,un optimiste voit l'opportunitédans chaque difficultéWinston Churchill (1874-1965), Premier ministre britannique

Le pessimisme est d'humeur;l'optimisme est de volontéAlain (1868-1951), philosophe. Propos sur le bonheur

Le pessimiste se condamneà être spectateurGoefhe (1749-1832), écrivain allemand

Le pessimisme etle scepticisme ne sont quedes maladies de l'âme, entreles deux se trouve le réalismeFrancis Parker Yockey (1917-1960),essayiste américain, Imperum

ll n'y a pas d'événements misérables.Il n'y a que des événements misérablement accueillisMaurice Maeterlinck, écrivain belge (1862-1949)

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Calculez votre degré d'optimismeImaginez que vous vous retrouvez danschacune de ces situations. Si les réponsesne s'appliquent pas exactement à vous,choisissez celle qui vous correspond le plus.

Une entreprise pour laquellevous avez déjà travaillé vouspropose un nouveau contrat.

Ils ont besoin de beaucoupde personnel en ce moment.if Je leur avais fait forteimpression.

Vous offrez un cadeau àvotre mère pour son anniver-saire et il ne lui plaît pas.

Je ne suis pas doué(e) pourtrouver les bons cadeaux.

Elle a déjà tout.

Un ami vous dit une parolequi vous blesse.< ll ne prend jamais de gants.• ll était de mauvaise humeur.

Vous racontez une blaguequi fait rire tout le monde.* C'est une très bonne blague.•jr Tout est dans l'art deraconter.

Votre moitié vous quitte.Nous n'avions plus

les mêmes projets de vie.Je suis quelqu'un de

difficile à vivre.

Lors d'un mariage, vous passezune excellente soirée.

Le dîner était succulent.-k J'avais envie de m'amuser.

Un bilan sanguin révèle quevous avez trop de cholestérol.T Je n'ai pas assez veilléà mon alimentation.

J'aide plus en plus deproblèmes de santé.

Vous échouez à l'examendu permis de conduire pourla troisième fois.lr Les précédents candidatsétaient bons, et l'inspecteur nepeut le donner à tout le monde.

Je n'étais pas à l'aiseau volant.

Vous n'arrivez pas à perdredu poids.X Aucun régime ne fonctionne.• Je mange trop souventà l'extérieur.

Quelqu'un vous draguependant une soirée.• Je lui plais.T J'ai beaucoup de succèsauprès des femmes/hommes.

Vous gagnez une course à pied.Je me sentais invincible

ce jour-là.• Je m'entraîne beaucoupavant chaque épreuve.

Le prof de maths vous a misune mauvaise note à un devoirque vous estimez bon.

Il ne m'aime pas." Les profs notent tous

à la tête de l'élève.

Vous décrochez le job devos rêves.** J'ai très bien réussi

l'entretien d'embauché.Ce job est fait pour moi.

Il a plu pendant vos deuxsemaines de vacances.

J'aurais dû choisir unedestination moins risquée.• J'aurai plus dè chancel'année prochaine.

Pendant votre congé maladie,un collègue a empiété sur votretravail.+ Je lui ai pardonné.

Je suis quelqu'un deconciliant.

Un soir, vous invitez un(e)collègue qui vous plait à allerprendre un verre. Il (elle)décline.

Il (elle) avait d'autresengagements.V Je ne lui plais pas.

Au travail, vous êtes nomméà la tête d'un nouveau projet.î J'ai déjà réussi à menerà bien un projet similaire.• Je suis un bon chef d'équipe.

Vous vous inscrivez àun concours de nouvelleset vous gagnez.

J'ai passé beaucoupde temps dessus.• Je m'investis à fonddans tout ce que je fais.

Vous êtes élu représentantdes parents d'élèves.

Peu de parents se sontportés candidats.ir J'ai su convaincre lesparents de mes qualités pourcette fonction.

Vous faites une offre d'achatsur un appartement mais vousne l'obtenez pas.• Cet appartement n'était pasfait pour moi.K L'offre de biens n'est passuffisante.

Vous réussissez à arrêterde fumer.• J'ai utilisé la bonneméthode.

Je suis quelqu'un de tenace.

Vous attrapez une crèvecarabinée.~k ll y a un mauvais virus quitraîne en ce moment.i* Je ne me suis pas assezcouvert(e) hier soir.

Lors d'un examen, vous tombezsur votre sujet préféré.

C'est mon jour de chance.V J'ai toujours de la chance.

Votre conjoint(e) part une se-maine en vacances sans vous.

Je suis invivable en voyage.if ll (elle) a besoin de passerdu temps avec ses amis.

Votre conjoint(e) vous emmèneen week-end surprise à Séville.

Je l'avais emmené(e) àRome pour son anniversaire.• ll (elle) est attentionné(e).

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Résultats : voyez-vous le verre à moitié vide ou à moitié plein?Comptez les U, les et les obtenus,puis reportez-les dans le tableau suivant.Les , les et les acquis n'apportentaucun point.

Score de stabilité •

Score de globalité

Score d'attribution

Score d'optimismeAdditionnez les trois résultats

Ce test est inspire de plusieurs ques-tionnaires imaginés par des psycho-logues. Il s'intéresse notamment à lafaçon dont nous expliquons les évé-nements, positifs ou négatifs, auxquelsnous sommes confrontés.

Score de stabilitéPlus votre score est élevé (de 10 à 14),plus vous pensez que vos réussites, lessuccès et les événements positifs quivous arrivent se répètent. Concernantles échecs, vous estimez au contraireque les événements pénibles sont tem-

poraires. Si vous obtenez un score deO à 4, vous considérez que les échecs,les coups du sort sont durables et fré-quents. Les événements positifs, eux,sont exceptionnels. Entre 5 et 9, vousoscillez entre les deux tendances.

Score de globalitéPlus votre score est élevé (de 10 à 14),plus vous pensez que vos atouts, vossuccès s'appliquent à tous les domainesde la vie (travail, loisirs, vie privée, etc.).Vous estimez que les difficultés et lesobstacles se restreignent à un seulchamp. Inversement, si vous obtenez unscore faible (O à 4), vous considérez quevos défauts, vos échecs s'appliquent àtous les domaines. Et vous vous estimezbon ou compétent uniquement dans desdisciplines précises. Entre 5 et 9, vousoscillez entre les deux tendances.

Score d'attributionPlus votre score est élevé (de 10 à 14),plus vous vous attribuez les mérites desréussites de votre vie. Et plus vous pen-

sez que les échecs ou les difficultés sontdus à des facteurs extérieurs (malchance,action d'autrui). Avec un score bas (O à4), vous estimez à l'inverse que les évé-nements négatifs relèvent de votre res-ponsabilité. Quant aux faits positifs, vousles octroyez à d'autres personnes, à unbon timing, au hasard, etc. Entre 5 et 9,vous oscillez entre les deux tendances.

Score d'optimismeCe score rassemble les trois facettesprécédemment évoquées.Entre O et 14 : vous avez une prédispo-sition pour le pessimisme. Mais peut-être qu'il s'agit surtout pour vous de réa-lisme et de lucidité.Entre 15 et 28 : parfois optimiste, par-fois pessimiste, vous vous adaptez auxcirconstances. Mais vous gardez tou-jours foi en l'avenir.Entre 29 et 42 : Vous avez une person-nalité globalement optimiste. Vous utili-sez vos atouts dans tous les domainesde la vie, ne ruminez pas trop les échecset savez rebondir pour aller de l'avant.

Vous êtes très fatigué(e)en ce moment.Jt Entre travail et famille,je ne dispose jamais d'unmoment à moi.• J'ai été exceptionnellementoccupé(e) cette semaine.

Votre chef critiquesévèrement le travail quevous venez de rendre.• ll devait avoir des soucispersonnels ce jour-là.X ll se défoule toujourssur ses employés.

Les tomates que vous avezplantées dans votre potagersont en piteux état.i Je n'ai pas la main verte.T Je ne m'en suis pas assezoccupé(e).

Vous avez du monde à dîneret ratez votre plat.+ Je ne suis pas un cordonbleu.T Je n'ai pas bien surveilléla cuisson.

Un soir, alors qu'une femmedans le bus est importunéepar un passager, vous vousinterposez.•" J'étais au bon endroitau bon moment.

Je sais comment réagirdans ce genre de cas.

Vous obtenez une primeau travail.

J'ai résolu un problèmeimportant.• J'ai été le meilleur employéde l'année.

Lors d'une fête, vousêtes invité(e) à danser à denombreuses reprises.

Il y avait peu de convivesce soir-là.if Je danse bien.

Malgré le peu de tempsaccordé pour boucler un projet,vous le rendez à temps.

Je suis efficace.Puisqu'il le fallait, j'ai mis

le turbo.

Vous perdez un match de tennis.Je n'étais pas en forme

ce jour-là.%• Je ne suis guère sportif(ve).

Vous organisez une fêtechampêtre très réussie.

Il a fait un temps radieux-f- J'avais passé beaucoup detemps à tout organiser.

Joueur occasionnel de piano,vous butez sur un passaged'une sonate.

N'est pas Mozart qui veut.• Je finirai par y parvenir.

Vous sortez de chez le coiffeuret vous n'aimez pas la coupe.• Le coiffeur m'a raté(e).

J'ai du mal à trouver unecoupe qui me va.

Vous n'êtes pas invité(e) à unefête où tous vos amis vont.ir L'hôte a dû oublierde m'inviter.• L'hôte doit m'en vouloirpour quelque chose.

Vous postulez pour un emploimais vous n'êtes finalementpas retenu(e).-,, Un autre candidat a été

meilleur que moi.Je ne suis pas fait(e) pour

ce métier.

Vous oubliez de renvoyerune feuille maladie à temps etvous n'êtes pas remboursé^).• Je suis phobique dela paperasse.T J'ai complètement oubliéde m'en occuper.

Votre conjoint(e) ne vousa pas appelé(e) dè la journée.•fc ll (elle) a été très occupé(e)par son travail.

Il (elle) me néglige ence moment.

Des amis vous organisentun anniversaire surprise.Jt J'en ai déjà organisébeaucoup pour mes proches.• Je suis un(e) très bon(ne)ami(e) pour eux.

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lin trait de caractèrequi permet de rebondirLes optimistes vivent autantd'échecs que les pessimistes.Mais, plus persévérants,ils imaginent des solutions.

V oir le verre à moitié plein ou la vieen rose, prendre la vie du bon côté...Les expressions foisonnent pourdécrire l'optimisme. Si ce dernier

passe pour la vertu du moment, il n'en a pastoujours été ainsi. Dans son Dictionnaire desidées reçues, Flaubert qualifiait les optimistesd'imbéciles et, dans Candide, Voltaire les cari-caturait sous les traits du Dr Pangloss s'cntc-tant à soutenir que «tout est bien quand toutest mal». Aujourd'hui encore, ils sont jugésnaïfs, se voilant la face devant la cnse ou leréchauffement climatique. «Les optimistes nesont pas des Candide », corrige Charles Mar-tin-Krumm, enseignant-cheicheur en psycho-logie positive et auteur de Pour des adosmotivés (éd Odile Jacob). «Il faut arrêterd'associer cette qualité à de la béatitude. Cespersonnalités, très aux prises avec la réalité,affrontent autant d'échecs que les autres maisrebondissent. Il ne s'agit pas pour elles de voirla vie en rose par pure idéologie mais par goûtde trouver des solutions. Et du challenge.»

Etre optimiste, c'est envisager qu'en toutesituation les événements iront dans le bonsens. Rien à voir avec la méthode Coué quis'appuie sur l'autosuggestion. Peu importe letemps, l'énergie dépensée et les obstacles surla route, les optimistes pensent qu'ils peuventtoujours parvenir au but. Pour le chercheur

en neurosciences Martin Seligman, tout re-pose sur le mode d'interprétation des événe-ments. Trois questions permettent de leséclairer. ce qui m'est arrivé est-il de mon faitou dû à des circonstances extérieures ? Cequi m'est arrivé est-il exceptionnel ou appeléà se répéter? Ce qui m'est arrivé est-il valabledans l'ensemble de nia vie ou concerne-t-ilseulement un domaine? «Face à un échec,les optimistes avancent une explication ex-terne, instable et particulière. Ce n'est pas leurfaute,il ne s'agit que d'une difficulté passagèreet tout rentiera dans l'ordre, relate CharlesMartin-Krumm. En revanche, lorsqu'unévénement positif survient, ils s'en attribuentIc mente ct invoquent dcs causes internes,stables et globales.» Bref, ils se sentent res-ponsables de leur bonheur.

La génétique et la biologie jouentà hauteur de 25 à 50%

A l'inverse, les pessimistes lestent passifsface aux situations avec un discours intérieurrésigné : «A quoi bon se battre puisque celaa toujours été ainsi ?» Quand l'optimisteadopte des stratégies de vigilance, passe àl'action, imagine des solutions, le pessimisteopte pour l'évitement. Et connaît ainsi plusd'échecs. En 2012, Charles Martin-Krumm asoumis des athlètes de haut niveau à un exer-cice ardu où ils allaient forcément échouerDans un deuxième temps, il a rendu l'exerciceplus facile, sans prévenir les participantsRésultat, les optimistes réussissaient tandisque les pessimistes continuaient d'échouer.

Certes l'optimisme de chacun dépend desjoies et des épreuves traversées. Mais, selon

INÉBRANLABLES PESSIMISTES

i Schopenhauer a la scoumoune et devient bouddhiste«A ujourd'hui est mauvais et chaque jourAAsera plus mauvais jusqu'à ce que le pirearrive.» Une phrase signée Arthur Scho-penhauer, qui juge gué notre vie «oscille (...)entre la souffrance et l'ennui». Difficile d'ex-pliquer l'origine de cet état d'esprit, mais cephilosophe allemand du xvm" siècle a vécudans un cadre favorisant peu l'épanouisse-

ment. Son père et sa sœur se sont suicidés,deux de ses ondes ont été enfermes enhôpital psychiatrique et sa mère l'a déshé-rité. Influence par le bouddhisme, il penseque seule la limitation des désirs conduitau contentement. «La souffrance est liéeau désir insatisfait, écrit-il. Pour supprimerla souffrance, il faut supprimer le désir.»

les experts, la génétique et la biologie jouentà hauteur de 25 à SO % Ainsi les grands sécré-teurs de dopamine et de sérotonine, deuxneurotransmetteurs corrélés à notre humeur,semblent être plus optimistes que les autres.Les chercheuis ont aussi mis en évidence deszones du cerveau liées à l'optimisme. TaliSharot, professeur en neurosciences et enpsychologie à l'Umversity College de Londres,a demande à cinquante patients placés dansun appareil IRMf d'imaginer de bons elmauvais moments passés et futurs. Résultat :chez les optimistes, le cortex cingulaire rostralantérieur et l'amygdale cérébrale s'activentfollement, alors que chez les pessimistes ilss'animent beaucoup moins. Autre piste : ungène de l'optimisme. Les sujets équipes d'ungène 5HTT long seraient mieux alimentés ensérotonine et plus aptes à affronter les aléas.« En fait, nous pensons que le caractère d'unepersonne tient à plusieurs centaines de gènesqui ont tous un petit effet sur nos processusémotionnels », nuance Michael Plucss, profes-seur associé au département psychologie etbiologie de l'université de Londres.

Dans le cerveau, rien n'est figé : à tout âge,de nouvelles connexions s'établissent enrelation avec les expériences de la vie L'édu-cation joue ainsi un rôle primordial dans ledéveloppement de l'optimisme En 1999,Carver et Scheier. deux chercheurs améri-cains, montrent ainsi que les adultes ayantreçu des propos dépréciatits de leurs parents,notamment de la mèl e, se révèlent peu opti-mistes. Par ailleurs, si les études montrentque les petits garçons sont moins tournés

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"Un optimiste seraconte des histoires"

vers l'avenir pendant l'enfance que les petitesfilles, ils deviennent plus optimistes apres13 ans. «fis gagnent en muscles ct attributsmasculins valorisants tels les poils, la voixgrave alors que les filles s'éloignent dcs ca-nons féminins en vigueur», relève CharlesMartm-Krumm D'autant que, à cause destéréotypes persistants, on explique souventl'échec dcs filles par dcs facteurs internes (lemanque d'aptitudes) contre des facteursinstables (le manque de travail) chez le gar-çon. Puis, à l'âge adulte, femmes et hommesprésentent le même degré d'optimisme.

Un optimisme... excessif,pour 80 % d'entrenous selon Tali Sharot « Quand il s'agit depredire ce qui va nous armer demain ou danscinquante ans, nous surestimons la probabilitédes evénements positils et sous-estimons celledes événements négatif s »,resume-t-elle. Faitesle test Si vous êtes jeune marié, vous n ima-ginez pas que vous pourriez drv creer, avoirun cancer ou un accident de voiture. Or, sta-tistiquement nous ne pouvons pas tous échap-per aux épreuves

Un peu de pessimisme permetde se proteger de la déception

En 2007, Tali Sharot a demande à des volon-taires d'évaluer leur risque de vivre quaranteaccidents de l'existence, de la maladiedalzheimer au cambriolage Puis elle leur arévélé la fréquence réelle de chaque situationet demande dè revenir sur leur estimation Lecerveau rectifie maîs pas entièrement Ainsiune personne évaluant à 10 % son risque decontracter un cancer et qui apprend que la

_de toute situation i

Comme cet homme,qui, suite à un dégâtdes eaux, sort sacanne à pêche, lesoptimistes saventprofiter de tous lesévénements et voirle côté positif. Imagi-nons : (ors d'un bra-quage à la banque,vous êtes légèrementblessé. Vous considé-rez-vous chanceux(vous auriez pu êtreplus touché) ou mal-chanceux (vous seulêtes touché)?

probabilité chez l'homme frôle les 30 %, répondll % quand on la réinterroge... Bref, elle restesourde aux mauvaises nouvelles. Parfois, cetexces d'optimisme peut jouer des tours Parexemple, l'équipe de chercheurs en neurosciencesdu Pr Jean-Claude Dreher, à Lyon, a montré queles joueurs pathologiques, conscients de leurlaible probabilité de gagner (10%), agissentcomme si elle était de 15 ou 20 %. D'autres cher-cheurs nuancent le poids du biais d'optimisme.Selon Barbara Fredrickson, professeur de psy-chologie à l'Université de Caroline du Nord,«nous tenons davantage compte de nos émotionsnégatives que positives C'est aussi un moyen depréserver l'espèce La peur, la colère ou l'angoisseont permis à l'homme de s'éloigner des sourcesdu danger» Le pessimisme a d'ailleurs ses vertus.Qui n'a pas, à la sortie d'un examen, pensé qu'ilavait raté, pour finalement décrocher une bonnenote? Une manière de conjurer le sort et de seprémunir contre la déception «ll faut sortir dela vision manichéenne de l'optimisme forcémentpositif et du pessimisme par nature négatif»,souligne le psychiatre Alain Braconnier Pour laplupart d'entre nous, optimisme et pessimismefluctuent au gré des coups du sort « Cet opti-misme flexible nous permet de nous mettreponctuellement sous tension pessimiste afin denous rendre plus réceptifs aux risques cachés,aux menaces éventuelles et aux solutions alter-natives» explique Philippe Gabilliet, dortem ensciences de gestion « Les vi aïs grands optimistessont sans doute aussi des petits pessimistes quis'ignorent », ajoute le psychiatre Frédéric FangetQuèlques nuages dans le ciel en somme, pouimieux s'apeicevon que le soleil bulle

Frédéric SchillerPhilosophe, auteurdu Charme despenseurs tristes(ed Flammarion)

Ça m'intéresse :L'optimisme a-t-ildu sens dans unmonde en crise?Frédéric Schiffter :Optimus signifie « lemeilleur». Crise ounon, les gens avecune vision optimistede la vie se racon-tent des histoires.Vivre n'est pas unprocessus d'amélio-ration maîs de des-truction. A peinesommes-nous nésqu'une tombe nousattend et, avant,nombre d'entravesà notre sérénité.Quand nos besoinssont satisfaits, l'en-nui nous domine;quand nous man-quons de tout, c'estla détresse. Nousespérons trouverdu «mieux «danstelle ou telle iden-tité, l'engagement,la drogue, le com-bat... Nous croyonsnous dépasser ounous endurcir alorsque nous ne faisonsque nous «diver-tir», dirait Pascal.CM : Peut-onêtre joyeuxet pessimiste?F.S. : Pessimus si-gnifie «le pire». Lepessimiste n'est ni

dépressif ni cynique,maîs lucide. Il rap-pelle des vérités : làoù il y a de la vie, il ya de la souffrance;de tous les animaux,l'homme est leplus malade puis-qu'il fait l'expérienceconsciente de ladouleur physique etmentale; nul dieu,nul sauveur, nulsage ne pourrachanger la conditionpathétique et tra-gique des humains.S'en attriste-t-il? Latristesse n'est pasl'humeur du pessi-miste, et la joie n'estpas celle de l'opti-miste. La tristesseet la joie ne se dé-crètent pas. En unejournée, une heure,une minute, l'unepeut chasser l'autre.CM : Quel est le rôledes pessimistesdans l'Histoire?F.S. : Les religions,la Terreur, le bolche-visme, le nazisme,sont des idéologiesoptimistes. Ellesvisaient le meilleurpour l'humanité :le salut, l'hommenouveau, la puretéraciale. Toutesont rempli des char-niers. Le bon sensmontre que si l'onn'a rien à espérerdes pessimistes,on n'a rien à enredouter non plus.Au contraire. Sa-chant que le pireviendra des opti-mistes, ils saurontleur résister et,au besoin, les com-battre avec l'éner-gie du désespoir.

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Une vie plus longueet un moral d'acierPlusieurs études confirmentce que le bon sens suggère :envisager des lendemains quichantent rend plus heureux.

B onheur, persévérance, santé, longé-vité .. La liste des bienfaits de l'opti-misme paraît sans fin. « Certes, dessentiments comme la peur ou la co-

lère permettent dc mettre en place dcs ré-flexes de survie, maîs des pensées positives,elles, peuvent aider les gens à sortit le meil-leur d'eux-mêmes », affirme Martin Seligman.

> LES OPTIMISTES VIVENT PLUSLONGTEMPS

Dans les années 1930, des psychologues del'Université du Kentucky analysent les lettresde demandes d'entrée au couvent de futuresnonnes afin de mesuier leur optimisme.Soixante ans plus tard, leurs successeursconstatent que les plus optimistes ont vécudix ans de plus el sont restées en meilleuresanté. Pléthore d'études ont abouti aux mêmesrésultats • des médecins de la Mayo Clinicdans le Minnesota ont suivi plusieurs cen-taines d'hommes pendant trente ans aprèsles avoir classes sur une échelle d'optimisme.Verdict : ces derniers ont vécu 20 % pluslongtemps que les plus taciturnes Pourquoi ?D'abord grâce à leur hjgiène de vie. Lesoptimistes dépendent moins des substancestoxiques comme le tabac ou l'alcool, ets'adonnent plus souvent à une activité spor-tiv e. Ils mangent mieux. des ti avaux finlandais

ont notamment révélé que 57 % des opti-mistes mangent de la salade plus de ti ois foispar semaine, contre 3 f % des pessimistes ! Enoutre, l'optimisme facilite la vie sociale, facteurde bonne santé. Les optimistes sont moinstouchés pai la plupart des pathologies commeles cancers, les maladies cardio-vasculaires,les AVC Si les maladies surviennent, elless'aggravent moins vite et les patients récu-pèrent plus rapidement après des interven-tions comme des pontages coronariens Eneffet, ils se montrent plus actifs pour combattrela maladie et ont davantage l'impression demaîtriseï leur destin Les patients subissantune opération chirurgicale qui adoptent unestratégie active (participation aux traitements,recherche d'informations sur le déroulementde l'intervention...) connaissent moins decomplications que ceux restant passifs Bé-mol • «Parmi les optimistes, il existe 5 % depersonnalités trop optimistes qui peuventdévelopper des conduites à risques avecl'alcool, le tabac, les drogues, la vitesse.,pensant que rien de grave ne peut leur arri-ver», souligne Charles Martin-Krumm

> ILS SOUFFRENT MOINSDE DÉPRESSION

« Les optimistes, huit fois moins touchéspar la dépression, résistent en outre deux foismieux en cas de coup dur», martèle la cher-cheuse Tah Sharot Les femmes optimistessoufflent aussi moins de dépressions post-partum après un accouchement. « Biologi-quement,nous avons constaté que les grandsoptimistes sécrètent plus d'ocytocme [l'hor-mone de l'attachement et du désir, ndli] que

INÉBRANLABLES PESSIMISTES

i Woody Allen a peur des maladies et filme en sérieti 11 faut être un peu pessimiste. Si vous l'êtes,

vous aurez la plupart du temps raison.Et quand vous avez tort, vous vous dites :"Quelle agréable sensation!"» Woody Allen,79 ans, cinquante films au compteur, ob-sédé par la mort et hypocondriaque, resteun grand cynique. En tout cas en façade.

-, contrairement aux pessimistes, il traite

de ses sujets de prédilection, graveset profonds (la mort, les couples qui sedéchirent, le sexe), avec légèreté etautodérision. Maîs que l'on ne se méprennepas, son pessimisme affiché cache unegrande ténacité. Woody Allen s'est toujoursbattu pour produire et réaliser ses films(un par an!). Un optimiste qui s'iqnore.

les autres, explique-t-elle Cela renforce l'idéeque les personnalités optimistes ont une plusgrande confiance en elles. Un trait de carac-tère qui les pousse à agir plutôt qu'à subir.»

> ILS SONT PLUS ALERTESQuel est le dénominateur commun des trois

mots : « marché », « humeur » et « nuit » 9 AliceIsen, ps3'chologue à l'université Cornell auxEtats-Unis, a posé cette question à cent volon-taires apiès a\oir établi leur niveau d'opti-misme \ ta un questionnaire. Ceux qui trou-vaient la bonne réponse (noir) le plusrapidement étaient aussi les plus optimistes.« Lorsque l'on est de bonne humeur etconfiant, on est beaucoup plus ouvert à autruiet à ce qu'il se passe en dehors de soi. relèveCharles Martm-Krumm. Cette capacité d'ou-vertui e nous rend plus vifs, plus alertes » Maîsne sommes-nous pas trop optimistes. . surl'optimisme ? Elizabeth Tenney, psychologueà l'université de Berkeley, en est convaincueEn maîs 2015, elle a demande à des volon-taires de j ouer à « Où est Charlie 9 » (où il fautretrouver Charlie, vêtu d'une marinièreblanche et rouge, au milieu d'une imagebounée de personnages) En paiallèle, ungroupe d'observateurs devait évaluer leschances de réussite de chacun. Plus tenacesdans l'exercice les optimistes ont surpassé lespessimistes. De 33 % comme l'avaient imaginéles observateurs 9 Non. seulement de 5 %, unedifférence peu significative. L'optimisme n'adonc pas toujours l'impact qu'on lui prête.

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Le pessimismeà la française

~^ lune santé au top'De nombreusesétudes confirmentle lien entre opti-misme et longévité.En 1975, desmédecins d'Oxford(Ohio) ont demandeà 660 personnesâgées de plus deSO ans de donnerleur avis surles conséquencesde la vieillesse.Vingt-cinq ans plustard, les plus opti-mistes avaient vécu7,5 ans de plus.

> ILS SONT PLUS ZENPendant six ans, des chercheurs du dépar-

tement de psychologie de l'université deConcordia (Etats-Unis) ont recueilli cinq foispar jour la salive de patients âgés de plus de60 ans. Le but ? Mesurer le niveau de cortisol,hormone sécrétée en cas de stress. Soumis àune situation éprouvante, les personnes pes-simistes produisaient beaucoup de cortisolA Pinveise, les optimistes affichaient un faibletaux toute la journée, excepté en début dematinée. Normal, nous sécrétons aussi ducortisol afin de nous réveiller. D'après JoëlleJobin, doctorantc en psychologie ct coauteurde l'étude, cette faible production tient à lacapacité des optimistes à prendre du reculavec les situations stressantes. «Il y avait chezces patients une forme de morale qui revenaitau : "A quoi bon s'en faire puisqu'à tout pro-blème il y a une solution ?'' », explique-t-elle

> ILS RÉUSSISSENT MIEUX À LÉCOLEEn 2004, Charles Martin-Krumm a évalué,

via un questionnaire, le niveau d'optimismed'élèves de CE2, GMI et CM2 de plusieursécoles A l'issue de l'année scolaue, les élèvesoptimistes affichaient de meilleurs résultatsque les autres pour un niveau similaire audépart. Mieux : face à l'échec, ils rebondis-saient deux fois mieux. « Ils ont confiance enleurs capacités et se battent jusqu'au bout,analyse le chercheur Les optimistes ne lâchentjamais leur objectif et mettent en place toutesles stratégies nécessaires pour l'atteindre.»

> ILS S'EN SORTENT MIEUXDANS LE MONDE DU TRAVAIL

Philippe Gabilliet le lépète à ses élèvesde l'ESCP : «L'optimisme permet de résisterà tous les environnements hostiles.» Selonlui, les DRH qui veulent recruter des leadersprivilégient des profils faisant preuve d'espritd'initiative, de créativité et de goût pourl'esprit d'équipe. Autrement dit, des opti-mistes. «Ils savent mieux que les autiesgérer les frustrations, les vexations mais aussiles échecs liés à ce genre de poste et insufflerla dynamique au groupe pour mieux rebon-dir. » Dans les années 1980, Martin Scligmans'est intéressé aux vendeurs d'une compa-gnie d'assurances soumise à un importanttarn over des salariés. Il a vite constaté queles champions de l'optimisme vendaient88 % de contrats en plus que les moins en-thousiastes. Et il s'est livré à une petite expé-rience. Il a convaincu la compagnie d'embau-cher des vendeurs jugés peu compétents,recalés lors des entretiens d'embauché, maîsdotés d'un tempérament optimiste, doncplutôt persévérants. Résultat, ils ont écoulé27 % de produits en plus que leurs collègues.Un atout qui s'applique même... auxhommes politiques. Martin Seligman a dé-crypté les discours des candidats aux élec-tions présidentielles américaines duxxe siècle, notamment les explications qu'ilsdonnaient aux événements. Conclusion : de1900 à 1984, les Américains ont élu le plusoptimiste à 18 reprises sur 22 élections !

Sondage aprèssondage sur

l'optimisme, lesFrançais pointenten queue du clas-sement. Pour eux,avenir rime souventavec bien pire. Selonune enquête inter-nationale EVA/Gallup de janvierdernier, seuls 17%d'entre eux pen-saient que 2015serait une meilleureannée que 2014, etla France pointaitainsi à la 64e placesur 65. Selon uneautre étude de 2013,47% se disent op-timistes pour leurfutur personnel. Unpessimisme cultu-rel? La sociologueClaudia Senik, pro-fesseur à l'univer-sité Paris-Sorbonneet à l'Ecole d'écono-mie de Paris, assureque oui : il se re-trouve chez les ex-patriés de longuedate. Selon elle,la mélancolie fran-çaise vient enpartie du systèmescolaire. Lécoledevrait valoriser lacréativité, la con-duite de projets, letravail en équipe,mais sélectionnesur le français, lesmaths, l'histoire, etdonne trop d'impor-tance aux notes...«On nous enseigneà avoir l'esprit cri-tique, à remettre encause ce qui existe,estime PhilippeGabilliet. Regardez,nous sommes le seulpays à opter pour ladissertation : thèse,

antithèse, synthèse.Les autres se con-tentent d'aller d'unpoint A à un point B;s'il n'y a pas d'obs-tacle (antithèse),ce n'est pas unsouci. Les Lumièressont passées parlà, il s'agit de toutpasser au crible dela raison. C'est uneforce, bien sûr, maisaussi une posturequi peut nous ame-ner à toujours voirle verre à moitiévide.» Autre expli-cation de ClaudiaSenik : la peur dela mondialisation etde ne pas maîtriserl'avenir. Dans l'espritfrançais, mieux vau-drait dire «tout vamal se passer» pouravoir l'impressiond'avoir prise sur lesévénements. Hélas,cette angoisse en-trave la capacité às'adapter aux chan-gements. «Il y a uneforme de prudenceexagérée que l'onne rencontre pasdans les autrespays, ajoute Phi-lippe Gabilliet AuxEtats-Unis, on es-saye, on tombe, onse relève. On prenddes coups mais onsait qu'ils font par-tie intégrante de laréussite. En France,c'est comme slnous n'avions droitqu'à une chance.Il s'agit de changernotre regard et degagner en bienveil-lance envers nous-même. L'optimismeva de pair avecl'autocompassion.»

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Huit conseils pourvoir la vie en roseLe pessimisme n'est ni un défaut ni unefatalité. La psychologie positive donnedes clefs pour prendre confiance en l'avenir.

"S ois plus optimiste ! ». entend-on sou-vent quand on se plaint. Pas si simple.L'optimisme ne se commande pas.Inutile de se forcer à penser positif

sous la pression d'autrui ou pour se plier àun modèle, cela risque de ne pas fonctionner.Pourtant, regarder les événements sous unautre angle peut s'apprendre en piochantquèlques secrets chez les optimistes.

>• POSEZ-VOUS LES BONNESQUESTIONS

Face à une difficulté, interrogez-vous :« est-ce que dans un an cela aura encore dcl'importance?», «suis-je seul responsablede ce qui m'arrive ? Des éléments extérieursne sont-ils pas aussi en cause» et enfin «cetéchec est-il si important9 Reniet-il en ques-tion qui je suis''» «Répondre honnêtementdevrait vous aider à relativiser », analysePhilippe Gabilliet. Le changement d'intei-prétation des événements permet de cesserde généraliser «II s'agit de passer de "je suisnul en bricolage'" à "je ne sais pas poser del'enduit", relève Alain Braconnier. Plus onest précis, plus on se rend compte que seslacunes peuvent être facilement comblées.»Après s'être posé ces questions, le psycho-logue Martin Seligman conseille de passerà l'étape de la «dynamisation», qui consisteà trouver dcs voies positives. Un echec à unentretien d'embauché sera suivi de décisions

Tenez un cahier ide gratitude

Dressez chaque jourla liste de ce dontvous pouvez voussentir reconnaissant.Selon une étudeaméricaine, menéesur dix semaines,vous serez plus opti-miste, plus heureuxet moins stressé.

comme : «je vais m'inscrire à un stage pourélargir mon réseau, je vais répondre à plusd'annonces », etc

> FIXEZ-VOUS DES OBJECTIFSRAISONNABLES

Dans le film le Masque de 7ono, Don Diegodias Zorro, qui a su détecter le potentiel d'unbrigand, Alejandio, forme son protége aumaniement de l'épée II trace un cercle autourde lui et lui conseille de se restreindre à cepénmèlre pour commencer, puis à aller deplus en plus loin. Sha\vn Achor, professeur depsychologie à Harvard, tire de cette scène unprincipe, «le cercle de Zorro». Le but? Sedonner dans un premier temps dcs objectifsgérables afin de garder le contrôle sur la situa-

INÉBRANLABLES PESSIMISTES —

i Jean Rostand craint la science et fait progresser la transfusionIe me sens très optimiste quant à

l'avenir du pessimisme.» L'historiendes sciences Jean Rostand (1894-1977)s'est battu contre l'arme atomique, l'eugé-nisme... Avec une vision fataliste. Le filsd'Edmond Rostand considérait que «lesenfants qui naîtront dans des millénaires neseront pas plus aptes au progrès que ceux

qui naissent de nos jours». Elu à l'Académiefrançaise en 1959, il regrette la puissancede la science, à l'origine de plusieurs cala-mités. Pourtant, il n'a pas cessé ses recher-ches sur l'hérédité et la reproduction desgrenouilles. Il a même découvert les vertusde la glycérine, dont l'action antigel permetde conserver le sang pour la transfusion.

lion. Pour autant, ne vous limitez pas trop,conseille Charles-Martin Krumm « Les pes-simistes, qui, généi element, manquent deconfiance, ont tendance à se fixer un seulobjectif et surtout un seul moyen d'y arriver,analyse-t-il. Adoptez la démaiche inversemultipliez les objectifs et les chemins pour yparvenir Vous pensiez planter une plate-bande dans votre jardin aujourd'hui, annoncezà votre entourage que vous allez en planterdeux. En formulant vos objectifs, vous avezplus de chance de les remplir. D'abord parfierté Ensuite parce que la parole consolidela prophétie autoréalisatrice. Des chercheursde l'université de Toronto ont annonce à desétudiants qu'ils allaient passer un test sans lesinformer de la thématique. Ils leur ont ensuitedemande de prédire leur note à voix haute73 % dcs participants ont donné une note quiétait à deux points près la note donnée par leprofesseur. Ils ont refait le test en demandantà d'autres participants d'inscrire leur noteprésumée sur un papiei. Là, seuls 54 % desélèves s'approchaient à deux points de la notefinale Le pouvoir de la parole

\ FAITES LA SOMME DE VOS SUCCÈSNotez tous les soirs trois choses positives

accomplies dans la journée. Puis déterminez-en la cause et tirez quèlques généralités survos qualités et vos forces de caractère. «Cetexercice permet à chacun de prendre

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Veillez sur votre enfant interieur ITout comme vous encouragez vosenfants quand ils ont subi un échec,soyez indulgents avec vous-même,et traitez-vous avec bienveillance.

conscience de ce pour quoi il est doué :relations sociales, travail minutieux, organisa-tion, explique Alain Braconnier. Il permet dereprendre confiance dans ses capacités et deréduire l'anxiété, liée au manque d'assurance.Il s'agit ensuite de s'eftorcer d'employer sesqualités au quotidien.» Une étude, réaliséeauprès de 3 DOO élèves de 8 à 20 ans en Penn-sylvanie^ démontré l'efficacité de la méthode.A la clef : plus d'intérêt pour l'école, moinsd'angoisse, des dépressions en forte baisse.Martin Seligman l'a aussi testée auprès depatients dépressifs Vel diot .après quinze jours,92 % d'entre eux se disaient plus heureux.

> PENSEZ POSITIF MAIS N'EXCLUEZPAS LES ÉMOTIONS NÉGATIVES

«Mon chef n'est pas sympa», «les enfantscnent trop », «la machine à café est encore enpanne »... « En ressassant sans arrêt ce qui neva pas, nous créons dcs chemins ncuronauxqui nous amènent à nous focaliser sur lesmauvais côtés, explique Barbara Fredrickson.En rayant pendant un mois la complainte devotre vocabulaire et en cultivant l'émerveil-lement, nous instaurons d'autres circuits, opti-mistes et positifs.» « Le vocabulaire a aussi unimpact sur le subconscient et conditionne nosactions », ajoute Philippe Gabilhet. Ne dites-plus : «jc vais essayer» mais «jc Ic fais»; «jcne sais pas si je vais y arriver» mais «je vaism'en sortir». Et ne vous rabaissez pas : «jen'arrive pas à joindre les deux bouts », «je n'ai

pas de chance», «je me trompe toujours»...Autant dc phrases toxiques qui alimententdes pensées négatives. Pas question pourtantde les exclure complètement. Gabnele Oet-tingen, psychologue à l'université de NewYork, a montré que se projeter dans un évé-nement (peidie du poids, taue une rencontreamoureuse...) de façon trop positive, bref lefantasmer, est contreproductif Elle a demandeà ses étudiants d'imaginer leur futur emploi.Deux ans plus tard, les trop optimistes avaientenvoyé moins de lettres de candidature,reçumoins de propositions d'embauché et ga-gnaient moins que leurs camarades. La mé-thode qu'elle propose, le contraste mental,consiste à se fixer un objectif et à imagineravec force détails qu'on l'a déjà atteint. En-suite, il faut envisager les deux obstacles quipourraient contrecarrer ce rêve. Le but : anti-ciper sa réaction s'ils surviennent afin de lescontourner et rester optimiste face aux échecs.

> ACCEPTEZ DE NE PAS AVOIRLE CONTRÔLE SUR TOUT

En 1999, Lisa Aspinwall, piofesseur depsychologie à l'Université de l'Utah, a faitpasser un test d'intelligence à des étudiants.Certains problèmes pouvaient être résolus,d'autres non. Or les étudiants plutôt opti-mistes — ils étaient évalués par un question-naire au préalable — identifiaient les pro-blèmes insolubles, les laissaient de côté el seconcentraient sur les autres. A l'inverse, lespessimistes, en s'attaquant au plus dui, com-promettaient leurs chances d'en démêler unepartie Une attitude appelée la persistancenon productive, observée notamment en casde deuil. « Si une situation est incontrôlablerestreindre les efforts que l'on pourrait fairect accepter la réalité dc la situation peut limi-ter les résultats négatifs et l'énergie dépenséeinutilement», commente Alain Braconnier.

> ENTOUREZ-VOUS D'OPTIMISTES«Veillez à vous entomer de gens qui voient

la vie du bon côté, conseille Philippe Gabilliet.C'est un mal sympathiquement contagieux »Selon une enquête du Social Issues ResearchCenter britannique, 60 % des personnes inter-rogées estiment que les optimistes gravitantautour d'elles les rendent plus optimistes. Dcstravaux récents le démontrent. Ainsi, deschercheurs qui se sont penchés sur les témoi-gnages de plusieurs milliers de personnesdepuis 1948, à Framingham (Etats-Unis), ontcalculé que, lorsqu'une personne devientheureuse, un de ses amis vivant à moins deI km a 25 % de chance de le devenir à son tour :un de ses frères ou sœurs, 14 % ; et le voisin depalier 34 % ! «A la longue, on peut aussi s'en-tourer de quèlques pessimistes, s'amuse Phi-lippe Gabilhet, histoire de voir si on parvien-dra, nous aussi, à les faire évoluer. » •

"Parents et profs ontaussi un rôle à jouer"

Alain BraconnierPsychologue psy-chiatre et auteur de/'Enfant optimiste(ed Odile Jacob)

Ça m'intéresse :Vous affirmez quel'optimisme estla première marchede l'éducation.Alain Braconnier :Un enfant optimistea confiance en lui,donc il est heureux.Les enfants opti-mistes ont les res-sources pour affron-ter les épreuves.CM : Commentpeut-on enseignerl'optimisme?A.B. : Les parentsdoivent se montrergais, joyeux et con-fiants dans l'avenir.Il s'agit ensuite d'ai-der les enfants àporter leur regardsur le bon côté desévénements: «Tut'es fâché avec tonami? Je comprendsque tu sois triste,mais il y a peu dechance que cela soitdéfinitif, tu as l'oc-casion de nouer desliens avec d'au-tres.» Il faut aussileur donner le goûtde la combativité.

Un enfant qui réus-sit trop facilementpeut perdre l'appé-tence pour l'effortetsajoiedevivre.ilfaut le stimuler avecdes sports ou desépreuves le mettanten compétition. Etil faut encouragerles enfants en diffi-culté dans ce qu'ilsentreprennent, leurmontrer que leserreurs peuvent de-venir des opportu-nités. Nous devonsles inciter à s'ouvrirau monde et à nepas craindre ce queles autres pensent.Et apprenons-leura dédramatiser avecl'humour!CM : L'école a aussiun rôle à jouer...A.B. : Nos enfantsy passent la moitiéde leur tempséveillé. Evitons lesphrases fatalistes:«moi aussi, j'étaisnul en dessin» ou«on n'a pas la bossedes maths dans lafamille». C'est aussiaux enseignants dene pas les étiqueter(faible, moyen, fort).J'ai rencontre unprof qui proposaità ses élèves n'ayantpas eu la moyennede refaire le devoir.Ils acceptaientou non, mais celaleur permettaitde progresser. C'estencourageant!

POUR ALLER PLUS LOIN

12] Livres• « Eloge de l'opti-misme», P. Cabinet,éd. Saint Simon.

• «Optimiste», A. Bra-connier, éd. Odile Jacob.

• « La Force de l'opti-misme», M. Seligman,éd. Pocket.

en couverture l'optimi r s · 2015. 10. 1. · le prof de maths vous a mis une mauvaise note...

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