e. lozovan d. cantemir: ,,le panégyrique de pierre le grandrosii pri petre velikom, st....
TRANSCRIPT
E. Lozovan
D. Cantemir:
Nummer 92 December 1981
,,Le Panégyrique de Pierre le Grand"
Romansk Institut K111benhavns Universitet
Njalsgade 78-80 2300 Kbh. S
K0b 0 n!"i .. , .. , ~ i ·. ,;- - ·
R •, :1 .f ~ " ·~·
Gebyr 5 ,OO kr.
REVUE ROMANE ETUDES ROMANES RIOS
Revue Romane Romansk Institut under K!llbenhavns Universitet udgiver foruden RIOS tidsskriftet REVUE ROMANE, der kommer med to numre om Aret. Det stjllttes af Statens humanistiske ForskningsrAd og har siden 1966 vreret Skandinaviens eneste internationale tidsskrift for romanistik med bAde litteratur og sprogvidenskab.
I 1981 blandt andet:
José Ma. Alegre: Las mujeres en el Lazarillo de Tormes. Daniela Quarta: Il teatro prefuturista di Marinetti. Marie-Alice Séférian: Mer, ville, désert, trois espaces
p rivilégiés du Muezzin de Bourboune. Disp:itatsforsvar: Marcel Hénaff, Sade. L'invention du
corps libertin. Indlreg ved Yvon Belaval og Ebbe Spang-Hanssen, svar ved Marcel Hénaff.
Etudes Romanes fremstAr som srernumre af REVUE ROMANE og rummer stjllrre samlede afhandlinger.
Nr. 19 (1979) Arne Schnack: Animaux et paysages dans la description des personnages romanesques (1800-1845)
Nr. 2o (1979) Lene Waage Petersen: Le strutture dell'ironia ne "La Coscienza di Zeno" di Italo Svevo
Nr. 21 (1980) Michael Herslund: Problèmes de syntaxe de l ' anc'ien français. Compléments datifs et g~nitifs
***
Abonnementstegning og yderligere oplysninger fla ved henvendelse til Romansk Institut, Jens Schou, Njalsgade 80, 2300 KtlfbP.nhavn S
Telefon (ol) 54 22 11
3
A v a n t - p r o p o s
Comme la plupart des écrits de D. Cantemir, Le Panégyrique de
Pierre le Grand nous est parvenu en plusieurs versions d éfectueuses.
Jusques il y a peu de temps on n'en connaissait la substance
qu'à travers des résumés et des commentaires s uccincts. En publ
iant pour la première fois la version latine (ci-après L3 ), je me
suis vu obligé d'avoir recours au plus mauvais manuscrit existant.
Reprendre le travail à la base en éditant l'original, con
fronter celui-ci avec les versions successives et, finalement,
placer cet écrit - considéré comme insignifiant - dans la grande
oeuvre de O. Cantemir, tels sont les buts que se propose la pré
sente publication .
4
1. Les manuscrits.
G original grec inédit, conservé à la Bibliothèque de l'Académie
de Léningrad. Cf. T. A. Bykova - M. M. Gurevic, Opisanie izdani.
napecatannyx pri Petre I, Moscou, 1958, p. 348, 358.
L1= version latine, imprimée avec la traduction russe, St. Péters
bourg, 1714, là-dessus: P. Pekarskij, Nauka i literatura v
Rosii pri Petre Velikom, St. Pétersbourg, 1862, vol. 2, p. 320·
322, description bibliographique. Quelques détails chez H.
Weber, Das veranderte Russland, Frankfurt, 1721, vol.l p. 5.
L2= copie latine d'après L1 avec le frontispice russe, lv-8~, XIXe
siècle, ms. no. 44 de l'Académie Roumaine, Bucarest.Cf. Gr. G.
Tocilescu dans "Analele Societ~tii Academice Române. Adm. •i
Desb." t. XI (1868) no. 1, p. 64 et 75. Le texte est plein
d'erreurs de transcription. De toute évidence, le copiste ne
connaissait pas le latin. Il confond les ~ avec les f,bévue
banale chez ceux qui ignorent les caractères typographiques
du XVIIIe siècle. Les corrections et l'identification des ren
vois bibliques sont dues à plusieurs mains.
~3 = édition intégrale: E. Lozovan dans "Buletinul Bibliotecii Ro
mâne", Freiburg i. Br. V (IX) n.s. 1975-1976, p. 479-502, dont
p. 489 ss. fac-similé de L2 • J'ai suivi L2 . Afin de simplifier
l'apparat critique, les fautes de lecture du copiste sont cor
rigées tacitement, de même que les retouches successives ne
sont pas indiquées. Partant de l'hypothèse que L1 avait les
mêmes caractéristiques graphiques (ponctuation, majuscules,
italiques) que R1
, j 'ai s uivi par analogie R2 . Les renvois
bibliques ont été vérifiés d'après Biblia Sacra vulgatae edi
tionis Sixti V Pont. Max. iussu recognita et Cl ementis VIII
auctoritate edita.
1 = fragment final de L1
publié dans le compte rendu du Panégyri
que dans "Acta eruditorum" Leipzig, nov. 1714 p. 536.
Rm= version russe manuscrite, accompagnant G. se trouve ~raisemb
la.blement, à la base de R1 . Que lques leçons divergentes par
rappor t à R2 .
R1 = version russe imprimée en 1714 avec L1 . P. Pekarskij reprodu1•
deux fragments du début et de la fin . $t. Ciobanu traduit en
roumain les citations de P. Pekarskij. Il répète aussi les er
reurs orthographiques: Metamorthoseos pour Metamorph~.
5
Cf. Dimitrie Cantemir in Rusia, dans "A nalele Academiei Române.
Memoriile Sectiunii Literare", s. III, t. II (1925) p. 396 -
397.
R2= deuxième édition russe, reproduisant R1
, publiée par T.S. Bayer,
Istoria zizni i delax knjazja Konstantina Kantemira, Moscou,
1783, p. 323-328 en note.
r 1= fragments roumains traduits par ~t. Ciobanu d'après P. Pekarskij,
cf. supra.
r 2= fragments roumains traduits avec commentaire par P.P. Panai
tescu d'après L2 . Cf. Dimitrie Cantemir. Viata •i opera, Bu
carest, 1958, p. 189-192 .
Le stemma se présenterait de la façon suivante
6
2. Edition et démarche de la recherche.
La présente publication reproduit donc le ms. G1 , accompagné de la
traduction L3 . C'est à une méthode assez inhabituelle que je me
suis vu astreint: établir un texte d'après la copie la plus
récente et la plus fautive, avoir recours à de nombreuses conjectu
res et, seulement à la fin , publier l'original primitif.
Ce n'est pas un mince plaisir que le mien - je l'avoue - de
constater que le jeu des confrontations successives n'a pas été
vain et que mes hypothèses se sont révélées justes. Ainsi, il ne
fait plus de doute aujourd'hui que, pour la version latine, D.
Cantemir s'est servi de la Vulgate et, pour le texte grec, il a
utilisé la Septante. D'emblée, nous entrons, sans le vouloir, dans
le laboratoire secret de l'auteur pour y découvrir sa façon de
travailler. D. Cantemir, qui fabrique son texte à coup de citation.
soudées ensemble avec adresse, dissimule ses sources. En fait, il
n'avoue que l'origine de deux passages: Psaume 20:2 et Isa1e 10:14.
Les autres identifications sont dues aux divers lecteurs du ms . L2.
Je les ai vérifiées dans la Septante 2 , mais j'ai jugé inconvenant
de les reporter sur le texte de l'auteur. L'améliorer ce serait
fausser ses caractéristiques, lesquelles doivent rester inchangées.
Il est presque oiseux d'insister sur le fait que ce n'est pas
~erban, un enfant de 7 ans, qui exprime "ses" vues de haute poli
tique et de haute stratégie, mais son père. D'ailleurs, la graphie
ne trompe pas: c'est la belle écriture envolée de D. Cantemir que
nous connaissons très bien par ailleurs.
Il y a plus. La présentation - grecque par la langue - suit
les règles de la paléographie arabe. L'encadrement du texte et le
final "en pointe de couteau" sont typiques de la Perse au Maroc, d~
puis l'époque ancienne jusqu'à nos jours3
7
Cl) Colophon P- 40
B
Il n'y a pas lieu de s'étonner: le grand orientaliste connaissait
bien les rigles de la diplomatique ottomane et arabe4
. Cet artifiœ
de mise en page a été même emprunté par la typographie occidentale.
A quelle époque et par quelle filiire, je l'ignore. En tout cas,
dans la traduction française d es Satyres d'Antiokh D. Cantemir,
l'Epître Dédicatoire à Elizabeth Impératrice de toutes les Russies5
s'achive par une citation6 de Pline disposée de la même façon.
Quant à la traduction slave (Rm), je n'en reproduis ici que le
frontispice et la derniire page. J'en remets à plus tar~ la publi
cation, qui doit comporter, au préalable, une collation avec R1 et R
2. Déjà on peut remarquer quelques divergences de taille.
Dans Rm, on a l a leçon Samoder!ec,dans R2 I mperator7
. Rm0
élimine
aussi les citations latines finales, groupées autour du plani
sphire, lesquelles, comme o n le verra, jouent un rôle important
dans la construction de toute une doctrine de philosophie de
l'histoire.
~t 1
'1.:j ., 1.-·1 1
: . ; ·· : \ .. 1 ;·.j r 1 . ... , 1
1 1 1: 1
, 1 .. 1 '. -ii "· 1 .1. •:
l!i ·1 11 ·!
1
Q!fi Voluptatibus dcdi-ti , qt1afi it1 diem viv1111t , vivendi ca11fas q11otidiè fi-
11i1111t ; qui vero pojlc-. ros cogita11t , ~ n11:
moria111 fiti operi-bru exte11d1mt, his 11u/la Mors no1i repent ina ejl, 11t qu.e ftmper inchoa· t~ITIZ a/ifjtlÎd ab
rumpat. PLIN.
L.V. E1•. V.
SATI.
9
10
3. Contenu et but du "Panégyrique".
Même si l'on ne connaissait pas avec précision la date de la pré
sentation du Panégyrique (1714 ) - ce qui, pour l'époque de sa com
position, - nous ramène avec une bonne marge de vraisemblance six
mois en arrière (automne 1713) - on la devinerait aisément grâce
à la technique de rédaction.
Comme c ' est le cas pour les autres oeuvres de jeunesse de D.
Cantemir - Le Divan, par exemple - on se trouve devant une mosaïque
de citations ayant pour but sous-jacent d'illustrer les idées per
sonnelles de l'auteur. Celui-ci s'abrite derrière une formule
illustre - car il ne saurait dire mieux - et, de ce fait, il con
fère plus de poids à son affirmation indirecte. Il y a là un art
subtil de la c itation, qui mériterait un ample examen et qui est,
en tout cas, dans la tradition classique la plus authentique, la
quelle ignorait la notion de "plagiat"! Tel était le public ancien:
il se sentait flatté par une référence discrète, dont on ne dé
voilait pas clairement les "droits d'auteur" (ignorés eux aussi) et
l'on sollicitait sa collaboration à la lecture d'un texte. C'était
par là rendre hommage à son érudition, qu'on ne mettait pas en
doute. A St. Pétersbourg, D. Cantemir se croyait-il dans un cé
nacle littéraire romain de l'époque d'Auguste? Du moins le feint
il et il tâche d'honorer son audience.
Ainsi, lorsque $erban Cantemir s'exclame avec les accents
pathétiques du psalmiste: Vsquequo tandem Domine, irasceris, usque
quo?, on devine dans cet appel l'exaspération de son père . Du coup
il met Pierre le Grand devant les engagements qu'il avait contractée
envers la Moldavie8 par le Traité de 1711. La réponse fait l'effet
d'une mise en accusation, à peine masquée, sous les atours d'une
prophétie: usque ad dies MAGNI PETRI. Si, parallèlement, on lit
les appels adressés par D. Cantemir à Pierre le Grand, appels
restés sans r é ponse puisque le prince a la témérité de les réitérer1
on a l'impression de se trouver en face d'un brouillon du Panégy
rique.
Les phrases: Populum tuum humiliaverunt et haereditatem tuam
male tractarunt. Venerunt gentes in haereditatem tuam, pollu
erunt templum sanctum tuum, posuerunt Ierusalem in pomorum custo
diam [ ... ]représentent quelque chose de plus qu'une citation con
cernant la captivité babylonienne et la destruction du premier
11
temple. Au-del~ du texte apparai t l e drame de la Molda vie envahie
et du grand exode des Roumains en Russie. D'ailleurs, quelques
années plus tard, en 1717, la réalité devait confirmer l'analogie
littéraire. Le monastère de Mira - fondation de la famille Can
temir - sera endommagé et la dépouille du prince Constatin pro
fanée lO.
L'analyse des citations que D. Cantemir emploie apporte la preuve
définitive que le prince possédait en Russie le texte de la Vulgate
romaine et de la Septante alexandrine. Cependant, nous ne pouvons ·
pas préciser quelles éditions il a utilisées. Mais un hapax comme
hegemon!des (LXX 2 Macc 13:24 ) est révélateur. Ainsi hospodarowicz,
terme "latin" à l'orthographe polonaise, est inventé par D. Cante
mir selon le modèle~·; carevic et prouve qu'en 1714 le prince
pensait à $erban comme à un éventuel dauphin. Dans son testament de
1723, il devait changer d'avis en faveur d'Antiokh 11
Il y a lieu de remarquer aussi que D. Cantemir connaissait les
homélies pascales de saint Cyrille d'Alexandrie, proclamé docteur
de l'Eglise universelle par Léon XIII le 28 juillet 1882. Après
la fréquentation de saint Augustin et de Hugues de Saint-Victor,
D. Cantemir montre un nouveau volet de sa vaste culture théologi-12 que
L'encadrement de $erban Cantemir, à l'âge de 7 ans, dans le
régiment Preobrazenskij revêt un aspect tragique. Le chroniqueur
I. Neculce le savait lorsqu'il justifiait son retour en . Moldavie,
au risque de sa vie, par le souci qu'il portait à ses enfants, les
quels, dans l'empire des tzars, n ' auraient eu d'autre avenir que
celui des armes sous la bannière étrangère 13 Tel a été le lot
des descendants de D. Cantemir et des nobles moldaves, emmenés en
Russie manu militari. Pendant deux siècles et demi, transfo rmés en
mercenaires, ils ont servi d'instrument dans l'oppression abominable
de tant de pays, y compris de leur terre natale 14
4. La place du "Panégyrique" dans !'oeuvre de D. Cantemir.
C'est un truisme de vieille date de dire que le temps révise nos
convictions et qu'il suffit d'un seul faisceau de lumière pour que
l'éclairage change le caractère d'un ouvrage qu'on se met tout à
coup à regarder avec des yeux neufs. Ainsi, il y a plus de vingt
12
ans, l'éminent savant P.P. Panaitescu, un des meilleurs connaisseurs
de l'oeuvre de D. Cantemir, considérait que le Panégyrique, la Mo
narchiarum physica examinatio et La lettre sur la conscience faisa1er•
partie des •écrits mineurs•15
. Aujourd'hui, nous voyons nettement que la pensée de D. Cante
mir ne connaît pas de faille, et que chaque texte sorti de sa plume
_ qu'il soit proclamation officielle , traité diplomatique, essai
philosophique, diatribe politique, grand ouvrage historique, simple
lettre privée ou rapport de chancellerie - reflète et r~pète à
satiété une doctrine et des plans stratégiques qui n' ont pas varié
d'un pouce pendant les douze a ns qu'il passa dans l'ombre de Pierre
le Grand. La proclamation de guerre se concrétise dans le "diplôme"
d'alliance (dont o. Can temir avait rédigé le brouillon, que Pierre
accepta sans broncher). Ce papier officiel contien~ à son tour,,
des idées (non exemptes de manipulations de la vérité historique,
telle l'affirmation selon laquelle le trône de la Moldavie "d 'apris
la vieille coutume du pays" aurait été héréditaire et légitime dans
la famille Cantemir!) que consacrera quelques années plus tard la
Descriptio Moldaviae. La concepti on de la succession cyclique des
empires, qui aura pour résultat le triomphe de "l'aigle du Nord"
et la chute de "l'homme malade de l'Europe", est formulée d'abord
par la proposition pythagoricienne: Ab artico Polo omnia fluunt
ad Antarticum (fin du Panégyrique) . Elle apparaîtra déià comme une
réalité prochainement réalisable dans Monarchiarum physica examina
tio: Habemus inquunt in hac Boreali partem Principem sapientis
simum et belicosissimum (: o divina pronoia guis tandem sit ille)
Quem nullus Monarcharum, Humanitate et Pietate excedit, pour finir
avec l a doctrine de I ncre men ta atque decrementa aulae ottomanicae .
La simple adresse d 'une lettre privée de 1711 - Piissime Im
perator - résonne dans la salu tatio impériale de 1721. Le fron
tispice du Panégyrique: Potentissimus, Pius, Victor, Clementissi
mus renvoie sans hésitation à l'intitulatio de J u stinie n: ~. ~- 16 Felix, Inclitus Victor ac Triumphator semper Augustus Là on
devine avec une aisance, qui n'est même pas téméraire, la pensée
subconsciente mais si mal cachée de D. Cantemir. Pour lui, Pierre
le Grand était le nouveau basileus Justinien , maître de Byzance et
conquérant de l'Occident et de l'Aftique ! Le triumphator semper
est même traduit en turc dans le "Manifeste d'Astrakhan•: muiaffer
13
da1~ ma ''touJours victorieux" .
Bien plus, le cerveau surchauffé du prince méridional, nourri
dans le sérail où les s uperlatifs ne connaissent pas de limite,
appose sa qriffe, après la prise de Derbend, sur l'inscription de
l'arc triomphal où Pierre est mis au-dessus d'Alexandre le Grand:
STRVXERAT HANC FORTIS, TENET
HANC FORTIOR VRBEM 17
On est en pleine épopée orientale: qui pourrait-on placer plus
haut que Darius, le Roi des Rois?18
Pourtant, il n'est pas seulement question de projets sur le
papier. D. Cantemir n'est aucunement un stratégiste retraité, se
lon la vision du poète Eminescu - qui "dresse des plans ( de guerre)
à l'aide de couteaux et de bocaux•. Il cherche à se concilier
Pierre d'une façon plus étroite et plus subtile. Si mon hypothèse
- selon laquelle "La lettre sur la conscience • constitue un •tes
tament philosophique" lors de l a constitution d e la première loge
maçonnique russe, rassemblant les vieux routiers Golovkin et Tol
stoJ, est juste 19 , tout se tient. Au cours des premières années
de son exil - en dépit des malheurs personnels qui l'avaient
frappé: déracinement, crise morale, décès de sa femme - D. Cante
mir se ressaisit et jette les bases d'une activité politique de
revanche qui ne devait pas connaître de répit jusqu'à son dernier
souffle ..• et même au-delà: son fils Antiokh, le légataire univer
sel de ses biens terrestres et de son héritage spirituel n e s 'ef
força-t-il pas de réaliser ses voeux inaccomplis?
Si Dimitrie a fait du Czar Pierre un Empereur, Antiokh en tant
qu'ambassadeur de Russie auprès des cours de St. James et de Ver
sailles s'employa avec zèle à susciter la reconnaissance officielle
de l'Europe occidentale. Qui plus est, l'épopée La Pétride 20 , la
première en son genre dans l a littérature russe , constitue le pro
longement logique des voeux et des efforts du père. Volta ire ne
se trompait pas lorsqu'il écrivait au si jeune diplomate, h omme de
lettres déjà réputé:
"Je trouve dans !'Histoire ottoman e écrite par le prince Démétrius Cantemir, ce que je vois avec douleur dans toutes les histoires. Elles sont les annales des crimes du genre humain. Je vous avoue surtout que le gouvernement turc me paraît absurde et affreux. Je félicite votre Maison d'avoir quitté ces barbares en faveur de Pierre le Grand qui cherchait au mo ins
14
à extirper la barbarie, et j'espère que ceux de votre sang qui sont en Moscovie, serviront à y faire fleurir les arts qu~ v~tre Maison semble cultiver. Vous n'avez pas peu contribue sans doute à introduire la politesse qui s'établit chez ces peuples, et vous leur avez fait plus de bien que vous n'en avez reçu." 21
Maintenant, le Panégyrique apparait e~· plein jour, non pas comme
une "oeuvre mineure" mais comme une pièce maitresse d'un puzzle
qu'il n'est pas exagéré de considérer comme l'indice à peine ca
mouflé d'une vision politique grandiose s'il en fut. Car couver
avec tenacité pendant douze ans l'expansion de la Russie vers
Byzance et le Caucase, rehausser le prestige de Pierre aux yeux
des peuples chrétiens grecs-orthodoxes, faire de lui, même sans
peur du blasphème, "le nouveau Sauveur", imposer à 1 'Europe l' ima
ge d'un autocrate "progressiste" (le mot n'existait pas!) à la
place du tyran traditionnel, voilà ce que doit la Russie à deux
princes roumains fourvoyés! S'ils ont eu du génie tous les deux,
il est pénible et cruel de constater à froid l'usage qu'ils en
ont fait 22 .
Il n'est pas inutile non plus d'essayer de lire entre les lign~
du Panégyrique, de percer ie sens de certaines phrases presque
"chiffrées", car le cabaliste D. Cantemir était rompu aux sciences
occultes orientales.
C'est d'abord l'épithète du titre qui saute aux yeux: comment
et pourquoi un "Panégyrique" - lequel est par définition éloge et
action de grâce - peut-il être "holocauste", c'est-à-dire •sacri
fice consumé entièrement par l·e feu". C'est ici que nous devons
recourir à la lecture révélatrice d'un •sous-texte":
Jr 33,18
Gn 22,7
Ex 29,25
Lv 1,13
LV 7,8
qui offerat holocaustomata et incendat sacrif icium
ecce inquit ignis et ligna ubi est victima holocausti
et incendes super altare in holocaustum
in holocaustum et odorem suavissimum Domino
sacerdos gui offert holocausti victimam habebit pellem
eius
Autrement dit, Pierre ne se doutait de rien en écoutant par
la bouche de $erban les louanges ronflantes de D. Cantemir, qui en
son âme et conscience lui reprochait d'avoir immolé la ~oldavie
tel un animal sacrificiel de l'Ancien Testament et, en fin .de 23
compte, qu'il a eu sa peau
15
C'est bien tourné, adroitement dissimulé, avec une ambivalence
à peine décelable, Mais si on va plus loin dans cette lecture parallèle "souter
raine" on découvre des choses encore plus significatives. Parmi
les deux références avouées par l'auteur, dans l'original G, figure
Isaïe 10:11, avec une citation innocente ou anodine, à souhait.
Mais que dire du début du chapitre?
vae qui condunt leges iniquas et
scribentes iniustitiam scripserunt
ut opprimerent in iudicio pauperes
et vim f acerent causae humilium populi mei
ut essent viduae praeda eorum et pupilles diriperent
quid facietis in die visitationis et calamitatis
de longe venientis
ad cuius fugietis auxilium et ubi derelinquetis
gloriam vestram
Peut-on i~aginer un réquisitoire plus virulent contre Pierre le
Grand, qui avait manqué à sa parole et foulé aux pieds le Traité
de 1711? On ose à peine affirmer que notre décodage est juste.
Un fait est certain: les mêmes textes sont passés sous les yeux
de D. Cantemir et les nôtres. Oui, il est ambitieux de prétendre
que 267 ans plus tard nous sommes capables de pénétrer au tré
fonds de l'âme du malheureux prince exilé!
D'autant plus que l'interprétation revêt une s ubtile gravité.
Par le biais des paroles d'Isaïe - sous-entendues uniquement pour
les familiers du texte - D. Cantemir accuse carément Pierre le
Grand d'être •un faiseur de lois iniques et de s'être inscrit en
faux". Il n'épargne pas au parjure même les pires expiations de
Dies Irae! Le "Panégyrique" est en passe de devenir une véritable
tabula defixionis et les malédictions sont mises à l'abri inatta
quable de l'enfant qui les prononce ... lactisugis labiis,lequel
comme on le sait de toute éternité - ne peut proclamer que la
vérité d:vine. Tout cela semble un jeu de l'esprit dont l'éclat
impétueux n'est surclassé que par une témérité à peine imaginable:
l'esclave nargue son Seigneur tout puissant. Un autre D. Cante
mir commence à se montrer à nous, tout à fait différent des clichés
qui avaient complètement défiguré sa véritable personnalité.
16
5. Après le "Panégyrique".
Excédé par une longue attente des indemnités , à partir de 1717 o. Cantemir changera de ton et ne mâchera plus ses mots. La lettre
mémorandum de janvier 1718 en est révé latr ice 2 4 :
"Très puissant et très miséricordieux ~eigneur Empereur,
1. Depuis le temps où je me trouvais dans la principauté de
Moldavie, j'ai reçu l'ordre de Votre Majesté Impériale de con
seiller et de convaincre tout le peuple moldave afin qu'il
prétât serment de servir loyalement Votre Majesté impériale,
et je me suis appliqué de toutes mes forces à ce que tout le
monde s'alignât en armes aux côtés de l'armée de Votre Majesté
impériale contre les tyrans turcs, ils étaient attirés non
pas tant par mon appel que par la parole miséricord ieuse de
Votre Majesté impériale, laquelle a disposé que s'ils juraient
fidélité éternelle et que s'ils la respectaient e n tenant
leurs promesses, à Votre Majesté impériale ,elle n'abandonnerait
jamais tout le peuple moldave qui aurait [en vous] un défen
seur dans tous ses malheurs, comme on peut le voir dans les
articles 13 et 17 du diplôme.
En véritable juriste, D. Cantemir s'enhardit à fonder ses plaintes
sur les textes transgressés:
XIIIum: Siquando inter Csaream Nostram Majestatem et Turcarum Sultanum pax componi potuerit; Principatus Moldaviae patrocinio ac protectione Nostrae Csareae Majes~atis numquam destituetur; immà, potius inter principalia Moldavica pacta expetendum ut Moldaviae Principatus ad Nostram Csaream Majestatem adhaerere debeat [ ... ]
um XVIII : Praesens Dyploma et puncta energiam et vigo-:em . suum tu~c ~abitura sint cum iuxta expressione in illis Serenissimus Princeps Demetrius Cantimir Nobis uti praememoratum est, coram Sanctissima Trinitate ius iurandum ratione fidelitatis et quod mandatis Nostris perpetuà obediturus, fidelia atque sincera servitia exhibiturus; praestiterit. Idemque ius iurandum et puncta manu propria subscripta ad. Nostram Csaream Majestatem transmiserit iuxtaque illa immutabiliter adimplere[ ... ] ·
2. Avec moi, ton esclave, tout le peuple moldave avons embrassé
la sainte croix au milieu de l'église devant Dieu et Votre
Majesté impériale aux fins de garder la fidélité; et nous avons
respecté la loyauté pendant la guerre et, selon nos forces,
nous [vous] avons aidée non seulement avant l'arrivée de Votre
MaJesté impériale mais aussi après, car nous avons battu beau
coup de Turcs et nous avons fait des prisonniers parmi eux.
3. Lorsque, par la volonté de Dieu, on a conclu la paix avec
les Turcs sur le Prut, les pauvres Moldaves se sont éparpillés
dans toutes les directions; quant à ceux qui sont restés en
Moldavie, ils ont subi une tyrannie sans limites et ils con
tinuent à en souffrir chaque jour jusqu'à maintenant. Beau
coup d'entre eux ont été tués à ce moment-là, l'année passée
80.000 âmes ont été emmenées en captivité, l'on a a bîmé les
saintes églises, les monastères ont été incendiés et réduits
en cendres; en particulier, notre propre monastère a été miné,
détruit, et la dépouille de notre père exhumée et profanée.
17
4. Depuis que la guerre a éclaté entre les Césariens [= Autri
chiens] et le Sultan, un grand nombre de nos p.;iuvres Molda
ves sont tués et ruinés chaque jour autant pas les Césariens
que par les Turcs et les Tartares , en sorte que tous sont
arrivés à un désastre insupportable. Le peuple moldave étant
tombé dans un tel malheur, il y a quelques mois le métropolite
a envoyé un archimandrite pour solliciter du secours, et, ces
Jours-ci est arrivé à Kiev l'évêque de Roman, comme il me l'a
fait savoir par une lettre. Le noble de premier rang Sturza
a mandé ici ses deux fils, et les autres nobles, refugiés
les uns en Transylvanie, les autres en Pologne et en d'autres
pays, m'écrivent et ils implorent la miséricorde de Votre
MaJesté impériale de ne pas laisser anéantir le peuple moldave(qui
a juré fidélité à Votre Majesté impériale,l aquelle il respecte
JUsqu•à ce jour) par les Turcs, les Tartares et les Césariens,
mais que vous l'aidiez d'une façon ou d'une autre; car, en fin
de compte, Dieu dirigera le coeur et l'esprit de Votre Majesté
conformément à Sa promesse de ne pas laisser ce peuple chrétien
et la principauté disparaître sans trace.
Si votre Majesté impériale veut bien poser des questions
sur la situation de là-bas, moi qui connais les problèmes de
ce pays, Je communiquerai à Votre Majesté [mes] opinions quant
à la façon de procéder pour le mieux et avec le maximum de
sûreté. [Je demeur e] l'esc l ave très soumis de
Votre Majesté impériale
D. Cantemir «
18
Mais bientôt la coupe étant pleine et le sablier s'étant écoulé
presque entièrement dans le globe inférieur, D. Cantemir, litté
ralement exaspéré, envoie en février 1721 un nouveau mémorandum.
C'est le plus dramatique qu'on connaisse25
. Maintenant le prince
recourt, sans ménagements, au langag~. sec, des chiffres:
"Au temps de la campagne de Votre Majesté en Moldavie, j'ai
donné aux commissaires (à l'exclusion de ceux qui ont été
payés avec de l'argent de Votre trésorerie) plus de 10.000
boeufs et 15.000 brebis et 10.000 thalers avec quoi j'ai
acheté du froment en Bougeac [: Moldavie méridionale] selon
l'ordre de Votre Majesté, mais qui a été pris par les Turcs;
pour cela je ne demande rien (quoique dans les articles con
cernant les dédommagements, Votre Majesté s'engage avec les
mots suivants: pour les pertes causées par cette campagne, les
dédommagements seront payés ultérieurement.
Le renvoi regarde les points II, XIV, et XV du traité:
IIum: Pro quâ ipsius Militia tune ex Thesauro nostro pecuniarum su9sidium praestare pollicemur;
XIVum: Si hostis [quod omnipotens DEVS avertat] convaluerit, et Moldaviae Principatus paganae subiectioni remanserit. Tune Serenissimus Princeps in tali oc-casione habet consensum Nostrum respectu refugij in Nostrum Imperium; tum vero ex Nostro Csareae Majestatis Thesauro singulis annis tot expensarum habebit, quantum Principi sufficere poterit. Similiter et successores eius Nostrae Csareae Majestatis largitione in aeterno minimè p~ivabuntur.
XVum: Possessionibus et palatijs quos Constantinopoli habet Princeps; Nostrae Csareae Majestatis gratiâ ubi derelinquit, ijsdem aequales et correspondentes â Nostra Csarea Majestate Moscoviae donabuntur .
+
Tel est le poin t final du traité de Lutzk . Dix ans plus tard
(1711-1721), la Russie était toujours débitrice de la Moldavie .
D. Cantemir avait dépassé le stade des appels littéraires sous
entendus, habillés de citations patristiques . La minute de yérité
avai t son né . Elle est dite sans ambages sur un ton ferme qui fait
presque fi de l'allégeance et, par endroits , même d e la simple
cour t oisie.
19
NOTES
1) J ' e n dois la transcription à l'obligeance de mon collègue
Stamatis Giannoulos, assistant aux universités de Copenhague et
de Lund. Qu'il veuille trouver ici l'expression de mes sentiments
cordiaux de gratitude.
2) Septuagint a , id est Vetus Testamentum graece iuxta LXX inter
pretes, edidit Alfred Rohlfs, Stuttgart, 1935.
3) Voir la planche ci-jointe. J'emprunte les exemples dans:
Arabie Manuscripts, compiled by Dr. P.S. van Koningsveld, Leiden,
1978, E.J. Bril l , Catalogue n° 500, p . 1 32; Islamic Collections ,
Leiden, 1979, ibid. Cata l ogue n° 510 , p . 14. On trouvera de nom
breux autres exemples dans le tout dernier catal ogue n° 514:
Oriental Manuscripts, Leiden, 1981, p. 4, 5, 9, 19 , 26, 28, 33, 36,
37, etc .
4) cf. M. Guboglu, Dimitrie Cantemir - orientaliste , "Studia et
acta orientalista"3 (1961-1962) p. 129-160, surtout p. 141-142.
Voir aussi "le manifeste d'Astrakhan" dont j'ai fait publier la
traduction allemande, en attendant l'édition de l'original turco
persan (en ma possession).
C'est une véritable ~ahname "lettre impériale" qui suit les
règles classiques de la diplomatique turque: E. Lozovan,
ternir et l'expansion russe au Caucase (1722-1724),"Revue
études roumaines", Paris, 13-14 (1974) p. 91-105.
D. Can-
des
Dans l'album de M. Guboglu, Paleografia $i diplomatica turco
osman~. Bucarest, 1958, je ne trouve que deux documents (p. 167,
fac. 7; p. 197, fac. 46) qui finissent "en pointe de couteau". Le
dernier constitue une copie faite par le derviche Ibrahim de Tas
kent; on a donc affaire à une source arabo-persane. Par contre,
les chartes ottomanes finissent à la ligne et débutent en "poire
pointue" au contour fleuri, avec la tugra "chiffre" du sultan
régnant (ibid. p. 175, 256, 277, 278-;-286', 308 ms . 175, 320 ms
192).
5) Satyres de Monsieur le Prince Cantemir. Avec l'histoire de sa
~· à Londres, chez Jean Nourse, 1749, p. 148-151. Il s'agit
plutôt d'une adaptation vague et condensée que d'une version
fidèle et correcte.
20
6) cf. l'édition r usse: Soéinen ija Kan temira, izdanie Al eksandra
Smirdi na, St. Pétersbourg , 1849, p . XIII - XV: Elisavet ê Pervoj
Avgustêj§ej Imperatricê i Samoder~icê Vserossijskoj , Gosudarynê
Vsemilostivêjsej. La citation finale de Pline ainsi q ue le triangle
graphique manquent dans l'original. Pet ite énigme: l'additiGn est
elle imputable à l ' auteur ou bien au traducteur, l ' abbé.Guasco?
7) Là- dessus voir: E. Lozovan, L'acclamation impériale de Pierre le
Grand, "Romanica" La Plata, 5 (1972/74) p. 201-210.
8) cf. E. Lozovan, Une faillite diplomatique : l'alliance de D.
Cantemir avec Pierre l e Grand (1711) , "Bu letinul Bibliotecii Ro
mine" Fre i burg i. Br . 7 (11) n.s. 1979, p. 1-36.
Voir surtout le point XVI: Nos et Nostrae Csareae Majestatis
haeredes successores,haec pacta sanctè conservaturos et inviolabil1-
terque comprobaturos, et in aeviternum deberi obligamus.
9) cf. $tefan Ciobanu, Dimi t rie Cantemir în Rusia, " Academia Ro
mânlL Memoriile Sect:iunii Literare" s. III, t. II , Bucarest, 1925,
surtout p. 461-469, les lettres II et VI. Voir ci-après chapitre 5.
10)$t . Ciobanu, op . cit. p. 483, 512. s . Iosipescu, Manastirea
Mira - zbuciumatul destin al unei ctitorii cantemire9ti, "Magaz i n
istoric" VII n° 10 (oct. 1973) p. 18-20.
11) $t. Ciobanu , op. cit. p . 519 .
12) Pour ne plus parler de la grande d i spute Loca obscura i n
Catechisi, qui traite avec une érudition éblouissan te des questions
fondamentales de la foi grecque-orthodoxe . Le prince se meut
avec aisance parmi les décisions des conciles oecuméniques , cf.
Pr. Prof. T. Bodogae, Dimitrie Cantemir: "Loca obscura". Traducere
9i comen tariu, "Biserica Ortodox~ Român a" XCI , n° 9-10 (sept . qct.
1973) p. 1063-1111.
13) I~n Neculce, Letopisetul T~rii Moldovei, éd. Iorgu Iordan,
Bucarest, 1968, Editura 9tiintific~. p . 119: "Pour ce qui est de
ma p r opre vie je m' en souci ais peu ou p r ou, mais c 'est mes e nfants
que j'avais à coeur, car pourquoi y resteraient-ils [en Russie] ,
pour être des soldats , car à de hautes dignités ne peuvent par ve
n ir les fils de gens comme nous".
21
14) cf. T.S. Bayer, op . cit. p . 363-400. $t. Ciobanu, op . cit.
p . 431- 455 . St . S; Gorovei , Tovarll~;i de pribegie,"Magazin is t o r ic"
VI II, no. l ( 1 973 ) p . 16 - 17 .
15) op. cit. p . 189-195, 209- 211.
16) Frontispice de CORPVS IVRIS CIVILIS.
1 7 ) Dans [Nestesuranoj ] , Mémoires du règne de Pierre le Grand , La
Ha ye , 1725-26 , vol. 4 , p. 6 70 .
18) Pour l'expr ession Rex Regum cf. T.S. Bayer , Historia Regni
Graecorum Bactrianae, Petropoli, 1738, p. 102-103.
1 9) E. Lozovan, D. Cantemi r avant les Lumières, RIDS,Cop enhague,
n° 77, oct. 1980. De plus : J.N . Manescu, Contributions héraldiques
à l'histoire des Sociétés Secrètes, 26 pages dactylographiées +
11 fig. inédites . L'auteur confirme mon hypothèse et apporte un
s urplus d'arguments héraldiques.
20) Antiox Kan temir, Sobranie Stixotvorenij, Léningrad, 1956 , p.
241-247: PETRIDA, ili opisanie stixotvornoe smerti Petra Velikogo,
Imperatora Vserossijskogo.
21) voltaire, Correspondance (janvier 1739 - décembre 1748), éd.
Th . Besterman , Paris, Gallimard NRF, vol. 2, p. 144.
22) Aux deux Cantemir il faudrait ajouter un autre Roumain (mol
dave): Nicolas Spathar Milescu , percepteur du Jeune carevi~ Pierre
Aleksejevic, ambassadeur de Russie en Chine. cf. P.P. Panaitescu ,
Nicolas Spathar Milescu (1636-1708), "Mélanges de l'Ecole Rouma i ne
en France", Paris, 1925, Ire partie, p. 33-180.
23) cf. G.W.H . Lampe, A Patristic Greek Lexicon,Oxford, 1961,
p. 949, s . v . holokiiutoma "offer as a whole burnt - sacrifice".
24) apud $t . Ciobanu, op. cit. p . 482-483, ma traduction.
25) ibid. p . 487-489.
22
5
11 p w 't (jJ
'Yne:pyaÀnvo'ta't4l xat 'rcrxupw'ta't(jl
Eucre:Be:t NLXn't~ xqL
EuanÀaxvLxw'ta't(jl
A Û 't o X p a 't O p L
6e:crn6't~ xa\ 'Av'tLÀnn'tOPL au'toü
11 a V n y u p L X 6 V
ÔÀoxau'twµa, auLxponpe:ne:a'tÉpwç
xaÀÀLE:pe:t xa\ npO'tElVEL
10 ô "tnç ne:pL~on'tou xal ~e:o~poupn"tou OcÜl.ayyoç
"tnç '.Ie:paç Ne:'taµopqiwcre:wç a'tpa'tLw'tnç,
oûuîiv iY.nà xa l 't~ç 'Ie:pw'ta'tnç pouaaLxnç AÛ'toxpa'topCaç 'Hye:µ~v xa\
Mo À ô a~ C a ç 'Hye:µovCô nç,
15 ôoÜÀoç civmte: Cue:voç Ee:p~Q.voç Kane:µupnç
'Ev 11e:'tpw:n6ÀEL
Ë'te:L 'tnç 'Evaaoxou OtxovouCaç ~a~Lô' ~~Cvov'toç µap'tCou
dcre:pxoµÉvou
'tdv Ë~ôoµov 'tnç aÛ'toÜ nÀtxCaç xp6vou.
23
t , t - 1 T H cnaxoucrov nuwv e:v ~ av
liµÉpav
ÊntxaÀe:awµe:~a cre:.
24
KuplE, Év -~ ôuvaµEl crou EU~pav~ncrE•rtl 0 ea-
25 crl>..Euç Ka\ Ént •Q crw•~PC~ oou àya>..>..lnOE•~l cr~éôpa. Ya>... K
1
, cr•C· a '.
n p o o µ l 0 V
6Èv EiuaL ~owç xa•nyop(aç (voxoç, âvCcrwç
xrc\. µÈ érna(ÔEU•OV y>..wocrav, K('(L µÈ xd>..n crxo-
30 un y4>..a pÉov•a, •o>..µw vct ÉnalVÉOW •OV nvacr•nv•rt Brccrl>..Éa •i'\Ç ôé~nç" ÉnElÔn xa\ au•OÇ Éx cr•6ua•OÇ vn
n(wv Ka\ ~n>..rcÇ6v•wv ôÈv Écrux~&n •Ov (nalvov.
Twv âv&pwnwv .~v âv6o~wcrlv xa\ •~v •wv ôalu6vwv
xa•nn•wcrlv •nç Çwi'\ç •o N&nva•ov Ka\ •ov ~~va•ou
35 •ov aava•ov· Tou KOOµOU •nv >..u•pWOlV KaL•OÜ KOOµoKpa
•opoç -~V a>..WOlV Ôla>..aµeavEl 0 OKOITOÇ •i'\Ç LEpnç •au
•nÇ navôalcrCaç KaL •i'\ç >..aµnpo~6pou crnµEplvi'\ç navn
yupEwç. 6LKa(wç ÀOlTIOV Ka~E XPLO•wvuµoç nµ-
nopEÏ: •ÎlV onµEpOV v"t1. µqa>..aux1\ Kal và xaCpEUl
40 e>..Énov•rtÇ •oü tcrou yÉvouç •nv ànapx~v Év oupavotç
~aoL>..Euoucrav· au~ É~alPÉ•wç o ~lhOXPLO•oç AÛ•o-
KP~•wp, onoü xa~·o ~vn•bÇ ËylVE
tcrxupw•EPOÇ xa\ xaa'o Bacrl>..EÙÇ
•Epoç xa\ ÛnÉp•a•oç.
crnµEpOV •OÜ ~ava•OU
•ov xocruoxpa•opoç âvw-
45 6Èv aKOUEl nÀÉOV b Bao~>..EÙÇ, xa~'o av~pwnoç, yi'\ T'°' :ic:' # ,,, 'T, 1' El KaL ElÇ y,,v anE>..Eu<11J, a>..À El xaL yi'\ El, ElÇ oupavouç
25
allEhEV<T(l• otç yàp 0 napaÔElOOÇ anEKhElO~n •OV•OlÇ 0 OU
paVOÇ avE~X~n. uAç ~pov~ tcr6~Ea ELÇ •o È~1\ç, ÔlO•l ELÇ
•o È~~ç nµnopEÏ: vrt EIVrtl K>..npov6uoÇ 0EOÜ, cruyx>..npov6uoÇ ôÈ
50 XplO•OÜ, xal av xa>..~ n ôuvnµlÇ •OÜ ~ava•ou •ov Ka•ŒY~ ELÇ .è npw•ov ouôÉv, n xaplÇ •i'\Ç &vacr•nOEWÇ .èv âvayEl
na>..lV ELÇ •O àpxatov à~Cwµa, Év •Q Xplcr•Q nav•EÇ Çw
onoln~~crov•aL, ËKao•oç Év •Q tôC~ •ayµa•l· vYnvoç µa>..Lcr•a, OXl ~ava•OÇ >..ÉyE•al ÉKEÎVOÇ, onov µE•a•pÉnE•al
55 ELÇ à&avao(av, Ka~ µE•aeacrLç Éx •ov &ava•ou ELÇ .~v Çw~v n •i'\ç npooxa(pou Çwi'\ç cr>..ÀOLWOlÇ. (ôEÏ: yàp •o ~~ap•èv •ov•o Évôvcracr&al â~&apcr(av, xa\ •o &vn•ov •ov•o Évôvoacr&al
26
a&avao(av), xa~ Ôlà và Ernw -~V OV•WÇ aÀn&ELnV, oÜ•E
60 •ov &av&•ou ôèv ELva.L n\Éov ùnoxE(µEvoç Ô XPLO•Lnvô~ •OÜ ôno(ou -~V Éx\oynv ùn6xEL•al n â&ava•oÇ Çw~. Ovx
Êv -~ •OÜ &ava•OU xa•aÔ(K~ n cpUOLÇ Ùn6XEL•al, OVX Ë•L
•wv av&pwnCvwv wôCvwv ô •acpoç ÔLnôoxoç, OVK ë.L
. ELÇ
IlÀOÜ•OÇ •OÜ aôou •wv av&pwnwv n &npa. 'EÀn~ç a-65 &avaoCaç -~ yÉVEl •WV av&pwnwv avÉ•ELÀE . Tov &ava•OV
•WV nv&pwnwv n••wµEVOV ËÔEL~E, Kal •nv &vn•~V cpVOLV OilW~ a&avao(aç ÊXÔÉXEO&al o~µEpOv Êô(ôa4EV. 'Q •acpOÇ
ÀOLilbV ElvaL •b •ÉÀOÇ •au•nç •nÇ ~EVL•E(aÇ xat n apxn •nÇ
ÔÔOLilOp(aç npoç -~V xa&OÀLXnV na•p(ôa. 'ExEL aÀÀaÇEl
'70 •OV ax\npov v6µov -~ç ~UOEWÇ n Œ4Ca •nÇ avao•aOEWÇ, xa\ •Ov ovpavov aa•ov· •otç av&pwilOLÇ ÉpyaÇE•al· Êav µ~ ano&av~ ou ÇwonoLEt•«L ô x6xxoç, ôLa •oü•o µnÀLO•a n\E(ova
xapn~v ~ÉpEL, o•L npo•EPOV cp&E(pE•aL' oÜ•w xat ô XPLO•W
vuµoç onELpE•al Êv cp&op~ aÀ\'ÉyELPE•aL Êv a~apo(~, onE(-
75 pE•nL Êv a•Lµ(~, a\\'ÊyE(pE•~l Év ô6~~. onELPE•~l Év aa&E
VEl~, a\\'ÉyE(pE•Œl Êv ôuvaµEl, OnE(pE•Œl owµa ~UXLKOV, f.tÀÀ 0 ÊyELpE•al crwµa nvEuµa•LXOV. "E•Cn µE•CXÀÀch•El 01'\µE
pov Etç Evôo4Cav •oü yÉvouç •nv atoxvvnv, ELÇ EÙ\oy(aç
xapLv •nç xa•crpaç •nv axµ~v xat •o &av~•(jl ano&a-80 VELO~E. ELÇ .è ËoEcr&E WÇ &Eo(: xa~ •ou•n Elval n a~&va•OÇ ÉXEL-
vn vCxn. ônoü Àaµ~ttVEl ô BacrLÀE~Ç anµEpOV xa&'o
" \ . vvn•oç EVaV1LOV •oÜ &avn•ou, oupvov•aç •OV ELÇ ~p(aµ~ov µè ÉnLypa~nv: nov OOU, &ava1E, 1à xÉv1pov; noÜ OOU, aôn,
•o vtxoç; 85 •Qµwç, Ôl~ và ÔO~acr&~ XCI•~ ÔlilÀOÜV ÀOYOV, nyOUV xaL WO~V
Ba '"' " .... 6 •• ' \ crL~~uç, EYLVE uno v µov o unEp 1ov v6µov utoç •oü
0EOÜ, anÉÔWXE -~ •oÜ Ka(oapoç, Ôl~ và µnv Ùno•nx&~ ELÇ
ÔLxnCwµa Ka(aapoç n •oü nµE•Épou Ka(oapoç av1oxpa10-
p(a. 'ExpC&n ôLà và 1èv Év&povLaoi;i xpL•nv. 'EvEnaC-
9o x&n, Ôlà và •Ov xa•aa•na~ ônµLOV. 'Axav&LVOV Ùno-
L 1
cpEpE 01Écpavov, ô Là và •ov 01Ecpavwoi;i µovoxpchopa. "E\a-
aEv Én\ XEtpaç xn\nµov, Ôl~ và •OÜ o•EPEWO~ ELÇ •nv ÔE~Làv •~ç µovoxp~•op(aç •o oxnn•pov. 'Evôu&n ~Euôn nop~upn, 6 à \ - . 6 , ' ,, ' L va •ou apµ oi;i ELÇ •ouç wµouç oEµvonpEnn •nv x\aµuôa.
LaµELPŒOE •a LÔla Lµcr•La, ÔlCx và µnv OXUÀEu&~ .à 95 • Bô , ' " •
É~ECvoO Kp~•oç. 'E&uoLao&n xa&'o µovoyEvnç utoç 1oü na
•poç, Ôlà và µnv Cn•n&~ nÀÉOv nnè •nv BctOLÀELŒV •OU nav
npw161oxov ôLavotyov µn•pav. Atxµa\w1ov .~v ÉCayopa
oi:v, 0{))1,. f:.v cp&ap1otç xpuoCou Ti ~pyup(ou. aÀÀCx HUl(jl 1 OO ., , , _ , , , , , , ._
aLµŒ•l WÇ Cll!VOU aµwµou KŒl acrnLÀOU Xpl010Ü XŒl ÔlCI ·~ç aù-
•oÜ 1PLnµÉpou avao1aOEWÇ ÉvÉllŒL~t 10Ü 'Aµa\(x 1upav-
VOU -~ µnxavnµa•a, a~aVLOE 10Ü llOÀEµ(ou 10 xpa-
•OÇ, o\nv µttÀL01Cl •TIV ôuvaµLv 10Ü oa1ava ao-\ ' , , . ' . , n~ov •nv E~WplOE ELÇ •O E~W•EPOV nüp •nÇ xoÀaOEWÇ.
28
105 (VVV 0 apxwv •OÜ XOOµOU •Ou•OU Éx~Àn~not•aL Ë~W, n và tLnw xaÀÀn•cpa µÈ •bv KupLÀÀov 'AÀc~avôpc(aç 'oµoÀoy~av.
Tbv ÙnÉ•a~cv ctç .~v É~ouaCav xal ôuvaµLv, •ov Éxa•ao•nocv
Ùnon6ôLOV •wv noôwv •OÜ ~LÀoxpCo•ou nµwv BaoLÀÉWÇ •ov. µLaL~6vov Éxctvov xa•cxc Lpoü•o •upavvov xa\ •oîç •wv ncnLo<ru-
110 x6•wv ùnoo•opÉoaç nooC, ôLappnônv Ë~aoxcv, tooü ôÉ
ôwxa Ùµtv •nv É(ouaCav •oü na•cîv Ént naaav •nv ôu
vaµL v •oü Éx~poü oùô~v Ùµaç oùµ~ ÉôLxnat;l). EÙ~pav~nac•al ÀoLn6v, KupLc, Év •ü ôuvaµcL aou ô Baa LÀcuç,
115
xa1 ÉnL •Q ow•npC~ oou ayaÀÀLaoc•aL o~6ôpa, Éntl
ôn xa1 onµcpov ÉÀtu~cpwµÉvoç ~µnopct xwptç œ6-~ov và ÉvcnaC~1;1 •ov xooµoxpa•opa •upavvov. Iloù
OOL, ÔLa~OÀC, •nç naÀaLaÇ ana•nç ,(i µnxavnµa-
•a; Iloü OOl n Ôyxwônç ÉxcCv µcyaÀauxCa;
+ / Tnv otxouµÉvnv êfnaoav xa•aÀn<\loµaL •f.l xcLpl. wç , ' ' ,L t \. , .... ' , ,, " ô 120 voooLav xal wç xa•aÀcÀCLµµ~va wa apw xaL oux co•LV oç La-
~cu~c•aC µc n àv•cCn1;1 µol. 'Hµnopctç nÀÉOV V~ Eln~ç, i;aüi;a n&vi;cr aoC OWow Êàv ncaWv npocrxv
vn~ç µoL; OXl, OXl · OùaC, OUŒL ÀOlilOV, ô llÀ~~u-" ...
vwv Èau•Q .à oùx ov•a aÙ•oÜ, Ëwç .cvoç;
125 cn1µcpov .
cwç •nv
Tc xuplt •wv ôuv&µcwv, v& n&cÀCV &va•cCÀn cn1-µcpov àn~ 'toÙç x6~nouç -roü 'ta~ou aou ~oLaV"tn x&pLç
xal ôuvaµLç, •oLau•n cùanÀaxvCa xal ô6~a ôLà •o Ë~voç oou •o êfyLOV, Olà •ov vÉov 'IopanÀ •OV ÉXÀC-
l30 <OV oov , ÔL~ V~ nµrropÉowµcv và ctnoüµcv xa
vÉva XaLp~V à~O~WÇ npoç •OV a&cov •upaVVOV
•nç xpLa•LavLxnç noÀL•cCaç, oùaC, oùat ô nÀn~uvwv Êav•Q ,à oùx ~v•a aÙ•oü, Ëwç •Cvoç; Ëwç •nç nµÉ
paç •oÜ Il É • p o u. "Ewç n6•c àµap•w-
l35 ÀOL, Kuplt, Ëwç no•c àµap•WÀO~ xauxnoov•aLj tooü
oL Éx~poC aov, KUpLE, ~x~oav xa\ ot µLooüv"tEç
xcœaÀ1)v. ETnav, ôcü•c xa\ É~oÀo&pcuowµcv a\rroÙç Ê~ ë~vouç xa'L o\,µn µvT)o&ij -roü .. 'I opa-
nÀ. TÔv À~ov oov, KupLç, É•anc(vwoav xa\ •~v
140 xÀnpovoµCav oou Éxaxwoav· nÀ~ooav Ë~vn
ctç .~V XÀ~povoµCav oou, ɵ(avav •ov va6v oou •OV ayL-
6v oou. "E~cv•o •nv 'IcpouoaÀn11 d ç bnwpo<:>vÀaxL-
ov. 'Eycvvn&n11cv d.ç OVCLÔOÇ •OÎÇ yc(•OOlV nµwv . ".Euiç n6-
<C oµwç, Kuplc, Ëwç n6•c ÔpyL0&1)01;1; "Ewç d.ç •atç
145 nµÉpcuç •OÜ Ilhpou. "Exxe:c ÀOLnov <~v opynv
(10V En~ Ë-&vn -rà µ~ yLvWmtovi;cl cre: >< O'.~ Ên\ ~Œ01..Àc(aç, ŒL .è ovoua oou oùx ÉncxaÀÉoav•o. Taxù
npoxa•aÀaBÉ<WO~V nµâç ot otx•Lpµo( oou, Kuplc,
~o~~noov nutv ô 0c6ç, nµctç yàp Àaoç oou
l50 xa~ npéBa•a voµnç oou. 'PüoaL nµaç µ1)no•c tLilWOl
29
30
,1 Ë&vn, noü Êo•L V à &Eoç aÙ•wv. OÜ•w; TILO•EVOµEv oÜ•wç &appoüµEv oÜ•wç Ê\nCCo
µEv V~ nno\auowµEV ÔLà •TIÇ onç an••n•OV
ôE(Laç, EÙoE6Éo•n•E Ka~ Kpa•aLo•a•E
155 nµÉ•EPE AÙ•oKpa•op, µÈ .~v Ë\EvoCv oov ELÇ •OV KOOµOV n\&E Ka~ -~ n\npwµa •OÜ xp6vov,
ônoü µÉ\\EL và Ê(anoo•E(\~ à 0Eoç •~v µEya\o
ouvnv •OÜ ~paXLOVOÇ •OV ÔLà và TIEPLTIOL-ncro ~µfiç •oÙç vtoùç •wv •E~ava•wµÉvwv. Ka~ KŒ-
l60 ~ç Ên\ K\avôCou Ka(oaooç Êow&n n OLKOU
µÉvn •OÜ 'Inooü yEvvn~Év•oç, Ë•CL Ê\n(ÇoµEv
Ên\ n É • p 0 V •OÜ A ù • 0 K p a •O p OÇ •nv
\v•owoLv .~v uEy~\nv •ov XpLo•oü âvao•av•oç
•nç 'EKKÀnoCaç. Ka\ Ka&wç ot ËKyovoL •ov
l65 na\aLOÜ 'Aôaµ, av Ka\à Ka~ no\\oÙç XPOVOVÇ
atxµa\w•LOµÉVOL, no•È •nÇ Ê\EV&Ep(aç Ô~V anE\n(o&nKav, no\Ù o\LYW•EPOV nµEÎÇ Ol •OÜ
vÉOV 'AôൠanoyovOL, nvKa\~ Ka\ Ô\LYW•EPOUÇ
xp6vovç OK\a6oµÉVOL oÙK anE\n(ÇoµaL. Taü•a
170 \Éywv Êy~ ô •nç aÙ•nç EÙoE6Eo•a•nç BaoL
\ECaç ôoü\oç Ê\axLo•oç Ka~ •wv o•pa•Lw•wv •nç
b µLKpW•Epoç Ka\ Ùo•Epvw•EPOÇ, ô ôÈ •nç OlKOvµévnç
noLn•nç, •wv yEvEpa\Éwv yEvEpa\(ooLµoç Ka\
175
31
+
> ~
E ~ u
~
~
~
~
~
k ~
m n 0
~ ~ <
~ 0 ~
~ 0 m
0 ~ ~
g ~ ~
~ ~
~ ~
+ Pythagor eana haec est sententia 1 contraria sit opinionis. • icet Arist(otelem)
exper en ia qua ex situ locali Ipsa tame(n) errante i t sumitur probar. .
32
PETRO PRIMO
Hyper-serenissimo et Potentissimo, Pic,
Victori et Clementissimo
IMPERATORI
Domino et Protectori Suc
PANEGYRICVM
holocaustum
humillimè litat et offert, Inclytae et Theophruritae Phalangis
Sanctae Metamorphoseos miles necnon sacri Ross(iaci) Imperii
Princeps et Moldav ( i) ae Hospodarowicz, servus dedi tus, Ser·banus
cantemyr, in Burge S. Petri anno à Partu Virg(inis) 1714 Mart(ii)
in eunte septimo aetatis suae anno hellenica dialecte peroratum.
Domine in virtute tua laetabitur Rex, et super salutare tuum
exultabit vehementer. Ps 20:2.
Quamvis balbutiente adhuc linguâ, necnon lactisugis adhuc labiis
ad panegyricas resurgentis Regis gloriae laudes praedicandas,
plusquam audaci, minus quàm mature, ferar anime, non tamen forsitan,
sinistrae obnoxius ero sententiae, siquidem,ipsum ex infantum ore,
vagientiumque voculis, emanantem haud contempsisse hymnum, incon-
fesso est. Cum autem hodiernae solennitatis, Autocrator piissime, plus-
quam iucundissima sacra, (dico holocaustomata] hominum restaura
tionem, daemonum stragem, vitae immortalitatem, mortisque inter
ritum, orbis universi redemptionem, et mundi Principis captivita
tem evidentissimè declarent; iure et quidem optimo unicuique mag
nificè sese effere licet Christonymo, cum suae scilicet, gentis,
Principem absolutè regnantem videat, praesertim verà eius ad
exemplar Te ut Philochristum Autocratorem, ipsis archivis iam
naturalibus, corruptioni quidem ex parte obnoxium, ipsa autem
corruptione, et morte longe superiorem, et ut Regem, ipso mundi
Principe, longe valentiorem atquè potentiorem admiretur. Pro
fectà enim in posterum Regis ad aures, quà mortalis, nunquam ti
niet illud terra es, et in terram converteris; verum hoc etiamsi
terra sis, altissimo tamen coeli ascendes polos, quibusdam enim
paradisum est interclusus, quibusdam autem coelum apertum. His
33
igitur ultrà 1 . . • aequa ia quisque sentiat De qui'a de· o,
inceps potest esse Dei quidem h aeres, cohaeres
autem Christi at licet mortis potestas quemquè ad
primum sui reducat nihilum: gratia tamen Ressurrec
digni ta tis extollit tionis eum rursus ad pr. t. is inum
l Cor 15:22 fastigium· *In Ch . . . , risto enim, omnes vivificabuntur
unusquisque autem in suc ordine S . •
ibid 53
Io 12:24
· opor potius quam
mors nominanda est ill . ' . . a corruptio, quae mortalitatem
mutat in immortal't t l. a em, et temporaneae huius vitae
ad aeternam vit am praeparabat regressum. *Oportet
enim corruptibile h oc induere incorruptibilitatem
[:et] mortale hoc · d in uere immortalitatem. Et ut id
quod tata com[p]lectitur, veritate di'cam. Christia-
num amplius morti subiectum minimè . . . esse. Siquidem
eius ex arbitrio d . • pen et vitae aeternae electio:
non amplius mor~· ~is condemnationi humana prostrat natura N . ur . on amplius humanorum cruciatuum l receptacu-
um est sepulchrum, non amplius deniquè orci opu-
lentae mortalium est d . . prae a. Quia spes immortali-
tatis universo humano effulgendo
hominibus debellatam monstravit
ram immortalitatis terminos
Igitur sepulchrum est huius
generi, mortem ab
et mortalem natu
capere hodiè edocuit.
peregrinationis quidem
limes et terminus, itineris autem ad Commun tr · em Pa-iam caput et principium. Ibi saevam naturae legem,
Resurrectionis transmutat praecellentia et caeles
te~ semitas mortalibus conculcandas facilitat. *Nisi
enim emoriatur haud · · l Cor 15:42 . reviviscet granum imo ideo ube-riores fert fruct . . . us, quia prius corrumpitur. *Sic
Gn 2:17
Gn 3:5
et Christonymus seritur in corruptione , resuscita-
tur in incorruptionem. . Seritur in infamia, sed re-
suscitatur in gloriam. Seritur in imbecilitate sed
[re]suscitatur in fortitudin S . • em. eritur tandem corpus
animale, sed resuscitatur corpus . spirituale. Hune
itaquè in modum hod' • ie, nostri generis · infamia in
honorem convertitur l d' . . . . . • ma e ictionis propagatio in be-
nedictionis efficaciam et illud
in *eritis sicut
*morte moriemini,
Dii. Haec est illa immortalis vic
toria, quam Rex, qua mortalis, de morte reportavit,
34
ecquidem hàc triumphali inscriptione promulgata:
1 cor 15:55 •Vbi tua ô mors victoria ! Vbi tuus ô Orce Aculçus !
Mt 22:21
Mc 15:17
Io 19:2
Mt 27:29
Mt 27:28
Mt 27:35
Ex 13:2
Quoniam autem duplici debebat glorificari ratione,
quà Rex scilicet, factus est sub lege, qui leqis
lator est Filius Dei; *ideoquè quae Caesaris erant,
eidem reddidit , ne quandoquè Caesari tributaria
fieret, nostri Caesaris Autocratoria iudicarus fuit;
ut eum universi iudicem inthronizaret ut eum publicè
adorabilem constituat, *spineam coronam, ~t caput
eius regali condecoretur diademate; •manu calamum
gessit, ut eius dexterà imperiale stabiliatur scep
trum, •falsa circundatus est purpurà , ut quam ille
semper•humeris gestat chlamydem, cunctis ve nerandam
indigitaret. sua aliis •distribuit vestimenta, ne
quandoquè depopulabundis in suam ditionem irrup-
titionibus patesceret via. Quà autem unigenitus Pa
tris filius sacrificium est oblatus, ne imposte-
rum, ab eius imperio exigeretur, •omne primogeni-
l Petr 1:18 tum aperiens vulvam. Captivatum *redemit, non quidem
corruptibilibus , auro et argento, sed pretioso san-
Io 12:32
Hom 13
Le 10:19
Ps 20 : 2
. · t. t immaculati Christi. guine, utpote agni innocen is e
Tandem triduà sua Resurrectione, Amalec tyranni ne
farios delusit conatus. Communisquè hostis enervavit
robur, hoc est diabolicam potestatem armis spoliatam,
exinanitatem , prostratamquè, infernalibus, aeternis
subegit suppliciis. *Nunc Princeps [huius] ~ eiicietur foras. Et ut S(ancti) Cyrilli verbis u t ar
•subegitin potestatem et supposuit eum scabellum pe
dum philochristi Imperatoris nostri. Sanguisugum
inquam illum tyrannum edomitum et credentium pedibus
substratum, universali tubà Victoriae edidit signum.
•Ecce ego dedi vobis potestatem calcandi super omnem
virtutem inimici, et nihil vobis nocebit.*Laetabitur
ergo Domine virtute tua Rex, et super salutare tuum
exultabit vehementer. Quandoquidem hodie absolutae
libertatis factus, huius saeculi principem intrepidè
subsanare et redarguere potest. Vbi sunt tibi nunc,ô
Diabole, in malitia inveteratae fraudes et subdolorae
machinationes? Vbi tibi nunc effrenata illa et fas-
Is 10:14
Mt 4:9
Hab 2:6
Ps 93:2
Ps 82:4- 5
Ps 93:5
Ps 78:1
ibid 4
ibid 5
ibid 6
35
tuosa iactantia, quà ineptè effutiebas haec? *Totum
orbem terrarum manu capiam tanquam nidum et quasi
derelicta ova tollam, et no~ est qui effugiat me aut
resistat mih i ; potesne amplius . talia blaterare, *haec
o mnia tibi dabo, si cadens adoraveris me,non iam, non .
vae, igitur, vae, multiplicanti sibi non sua. Vsque
quo? usquequo ad hodiernam lucem.
Heus virtutum Domine, utinam haec hodierna fulgi
da dies, ex gremio s(ancti) sepul chri tui tantam gra
tiam et virtutem, tantam misericordiam et gloriam,
populo tuo sancto, novo huic Is~ae.li delecto efful
geret tuo, ut Atheo illi et totius Christianae Rei
pub(licae) coniurato tyranno, constante strenuequè
exprobare possit: *Vae, tibi, vae! qui multiplicasti
non tua. Vsquequo? usque ad dies MAGNI PETRI. *Vsque
quo peccatores gloriabuntur, Domine, usquequo pecca
tores? *Ecce inimici tui sonuerunt, et qui oderunt te
extollerunt caput. Dixerunt veniamus et disperdamus
eos de gente , ut non memoretur nomen Israel ultra .
*Populum tuum Domine humiliaverunt et haereditatem
tuam malè tractarunt. *Venerunt gentes in haeredita
tem tuam, polluerunt templum sanctum tuum, posuerunt
Ierusalem in pomorum [custodiam]. *Facti sumus op
probrium vicinis nostris, subsannatio et illusio his
qui in circuitu sunt nostro. *Vsquequà tandem Domine,
irasceris, usquequo? usquè ad tempora PETRI. *Effunde
igitur iram tuam in gentes quae non noverunt te, et
in Regna quae non invocaverunt nomen tuum. *Cito anti-
ibid 9,10,13 cipent nos misericordiae tuae. *Adiuva nos Domine
nos enim populus tuus et oves pascuae tuae . Libera
nos , ne fortè dicant gentes, ubi est Deus eorum?
Sic credimus, sic confidimus, et sic speramus cum
tuo nempe in mundum adventu simul advenisse et tem
poris plenitudinem, et Deum per invictam dexteram
tuam, IMPERATORVM piissime , fortitudinem brachii sui
revelaturum et ad recuperandos possidendosquè nos
filios mortificatorum demissurum. Quemadmodum enim
sub Claudio Caesare orbis terrarum ab originali
peccato salvatus est, Iesu nascente; ita sub Te PETRO
36
Ps 19:10
imperatore, magnam Dei ecclesiam, pristinam suam li
bertatem nacturam inhaesitanter speramus, eodem Iesu
resurgente; et quemadmodum antiqui Adami successores,
licet multorum saeculorum diram tolerantes captivi
tatem, numquam tamen de sua libertate desperavêre:
ita nos novi Adami filii, licet pauciorum annorum
captivi, almae tamen libertatis praedefinitum ad
venisse terminum confidentissimè ominamur. Huiusce
modi vota offerens, sum ego, huius Piissimi Imperii
servus humillimus, ac militum sacrae Tuae Maiestatis
minimus et postremus. Vniversitatis autem Creator,
Generalium generalissimus, et Regnantium R~x. omnia
in decente praxi collocet, et ad optimum finem diri
gat. *Igitur Domine salvum fac Regem et exaudi nos
quacumquè diè invocaverimus te.
37
Fac-similé grec complet.
38
r-····-----------, 1
• .. _, • J
f.'!ra.'X/Yrtir- 111'""~ '-'t' ~ ' . . "J'Y''"~ . f11i"A\f6Vpf~~l't,
39
47 4 6
+
+ r, . ~. ' ' I J • , 7"''#"'tA ltl/I' ~JI ., (nl-<1"1 , · ' ' 4 , , . . .. . ""'' .. .- , .• ,., ..... ,,, .,,,,, ... ,i 7 · .6 ,._, ,. .,.,. .. A,, ...., .... . . ,,,."' I 1 r , ..... ,,, .,,.. ," ./, , ,.,., , , ~ ,.,, • • r.
nJ _.· CJt
50 51
SOMMAIRE
Avant-propos p. 3
1. Les manuscrits p. 4
2. Editions et démarche de la recherche p. 6
Colophons arabes p. 7
Fac-similé d'A. D. Cantemir p. 9
3. Contenu et but du "Panégyrique" p. 10
4 . La place du "Panégyrique" dans l'oeuvre de o. Cantemir p. 11
5. Après le "Panégyrique" p. 16
Notes p. 19
Texte grec p. 22
Texte latin p. 32
Fac-similé grec complet p. 37
Fac-similé slave, début et fin p. 48