du recensement militaire au recensement universel: le premier recensement en hongrie (1784-1785)

Du recensement militaire au recensement universel: le premier recensement en Hongrie (1784-1785)Author(s): Robert HorvathSource: Population (French Edition), 46e Année, No. 2 (Mar. - Apr., 1991), pp. 279-298Published by: Institut National d'Études DémographiquesStable URL: http://www.jstor.org/stable/1533237 .

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DU RECENSEMENT MILITAIRE AU RECENSEMENT UNIVERSEL : LE

PREMIER RECENSEMENT EN HONGRIE (1784-1785)*

La seconde moitie du xvine sidcle marque un tournant dicisif dans l'histoire des recensements des pays occidentaux. De la Suede en 1749 d l'Angleterre en 1801, les pays qui organisent soit une premiere recapitulation des etats paroissiaux, soit un premier dinombrement national visant 1' ensemble des individus, couvrent une dtonnante diversiti de regimes politiques, d'organisations administratives voire de traditions scientifiques: despotes dclaires d'Europe centrale et orien- tale, rdvolutionnaires frangais ou rdpublicains amiricains, s'appuyant ici sur le clergd ou MI sur l'administration ddpar- tementale, prolongeant les travaux allemands de statistique descriptive ou confortant le triomphe de l'arithmitique politique anglaise. Une operation commune donc, mais des fina- lites et des modalites parfois tres diffirentes. Robert HORVATH** nous rappelle ici comment en Hongrie, I'autorite des Habsbourg conduisait a un systeme relativement original de denombrement et de mises a' ,our, encore fortement marque par l'oAlectif militaire et le secret des rdsultats, rests de ce fait longtemps oublid et pourtant Ialon essentiel de connaissance pour la population hongroise.

Le premier recensement - digne de ce nom - entrepris par l'empereur Joseph II de Hongrie entre 1784 et 1785 a toujours retenu, depuis, l'at- tention des statisticiens hongrois. Notamment, aux confins du xIxe et du XXe siecles, Karoly Keleti [1] et Joseph K6r6sy, ainsi que, sous leur influence, l'historien Ignac Acsady et le premier sp6cialiste de d6mographie historique avant la lettre, Gusztav Thirring, ont plusieurs fois analys6 ses donn6es et soulign6 son importance.

Bien que la litt6rature publi6e au sujet de ce premier recensement puisse remplir aujourd'hui une bibliothbque sp6cialis6e, ses ant6c6dents et ses interd6pendances, que ce soit au point de vue national ou international,

* Adaptation de Jacqueline Hecht ** Universit6 de Szeged, Hongrie

Population, 1, 1991, 279-298



280 DU RECENSEMENT MILITAIRE AU RECENSEMENT UNIVERSEL

n'ont jamais 6t6 6tudids syst6matiquement. Le bicentenaire du recensement nous en a fourni l'occasion.

Le problkme gin~ral du recensement

La litterature scientifique hongroise, statistique, historique ou d6mographique, a toujours traits le recensement jos6phin comme un ph6-

nomene en soi, uniquement hongrois, et elle n'a jamais soulev6 la question de ses ant6c6dents nationaux, de ses liens avec l'Empire des Habsbourg, et encore moins de ses interd6pendances id6ologiques avec l'administration europ6enne.

Or le recensement jos6phin a 6t6 l'un des premiers entrepris en Eu- rope sur une base de grande envergure, et l'un des plus r6ussis, pr6c6dant ainsi les tentatives de la r6volution frangaise en ce domaine, comme le premier recensement anglais, effectu6 en 1801. Ce recensement a 6t6 as- socid par les sp6cialistes hongrois au despotisme 6clair6 de Joseph II, aux r6formes de l'administration hongroise et plus encore aux pr6paratifs de la guerre contre la Turquie en 1788-1789. Ces sp6cialistes se sont donc concentr6s sur le caractere << militaire>> de ce recensement et sur les pro- blkmes en d6coulant. Ainsi, ses rapports avec les r6centes initiatives du meme style prises en Autriche par Marie-Th6rese, et sous la co-r6gence de Joseph II

' partir de 1765, ont 6t6 rarement mentionn6s et encore moins

analyses.

D'oii la m6connaissance totale du double caractere de ce recensement, qui ne visait pas seulement i d6nombrer la population r6sidant sur le territoire de Hongrie, mais qui, en meme temps, par le biais de corrections annuelles, dites << revisions >, 6tablies d'apres le mouvement de la population, cherchait ' introduire une sorte de registre de la population avec l'aide du clerg6 et de l'administration locale des d6partements.

Ces < r6visions o ont 6t6 ordonn6es apres le recensement jos6phin pour les ann6es suivantes, mais elles n'ont 6t6 ex6cut6es qu'en 1786 et 1787, et ont 6t6 interrompues ensuite, tres probablement a cause de la guerre contre la Turquie. Elles ont 6t6 definitivement supprimees par Jo- seph II

' la fin de son regne, et jamais reprises par ses successeurs. Ce << double caractere >, du point de vue de la methodologie statistique et de la pratique des d6nombrements, n'a pas 6t6 jusqu'ici suffisamment reconnu. R6cemment encore, plusieurs auteurs consid6raient les deux op6rations dis- tinctes comme un recensement unique, s'6tant d6roul6 de 1784 'B 1787. La statistique officielle hongroise a elle-meme ce61brd le bicentenaire en 1987, choisissant ainsi cette date au lieu de 1985 [2]. Nous nous attacherons donc, pour notre part, a 6lucider cette particularit6 du recensement jos6- phin.



DU RECENSEMENT MILITAIRE AU RECENSEMENT UNIVERSEL 281

I. - Les recensements en Europe et dans les colonies avant Joseph II

L'idie du recensement de la population

en Europe occidentale

A l'aurore des temps modernes, une population nombreuse repr6sentait d6ja en soi un 6norme obstacle pour les ad- ministrateurs de l'Etat, en l'absence

d'une bureaucratie sp6cialis6e comme d'une pratique et d'une m6thodolo- gie approprides. Ainsi, i l'6poque de la Renaissance, sous l'influence des traditions de l'Antiquit6, le souci de la connaissance num6rique des populations est r6apparu avec la formation des grandes villes. Au xve siecle encore, avant la d6couverte du Nouveau Monde, on relkve les premieres descriptions chiffr6es de la population dans les plus grands centres urbains de l'Europe, comme Francfort-sur-le-Main, Nuremberg, Rome 6videmment, et meme Florence [3].

Ces descriptions 6taient dues A des scientifiques isol6s, dont le travail avait 6t6 facilit6 par l'enregistrement religieux du mouvement de la population ordonn6 par le Concile de Trente. Cette innovation avait produit ses premiers fruits dans les villes, o% le clerg6 6tait en g6n6ral plus instruit et le mode de vie plus r6gl6. Avec la g6neralisation de cette pratique, une connaissance nu- merique devint possible, surtout en Europe occidentale, oui les conditions qui permettaient de dresser les pr6tendues << listes de population > existaient pour des territoires plus vastes, des r6gions ou meme un Etat tout entier, grace au rassemblement des r6sultats provinciaux. Cependant I'administration gouver- nementale, surtout apres l'apparition des grands Etats centralis6s, s'est d6ve- loppee beaucoup plus vite que l'administration religieuse, avec ses exigences suppl6mentaires et ses moyens propres.

C'est ainsi le cas de la France qui, de par sa diversit6 g6ographique, b6ndficiait d'une administration r6gionale tres diff6renci6e a la fin du XVIIl siecle, alors que, sous Louis XIv, la centralisation de la monarchie 6tait d6j* fort avanc6e. Les messagers de cette centralisation dans les provinces furent les << intendants >, d616gu6s de l'administration centrale. Mais c'est chez un soldat que l'id6e d'un recensement a pris corps: le Mar6chal de Vauban ne se contentait pas de son activit6 d'ing6nieur militaire, il s'6tait aussi int6ress6 au d6nombrement de l'6lection de Vdzelay. Plusieurs hauts fonctionnaires r6gionaux ne tarderent pas A l'imiter. L'id6e de totaliser ces donn6es fut lanc6e des 1697-1700, afin d'offrir une vue d'ensemble du royaume i l'heritier du tr6ne [4]. Mais Vauban, dans la premiere d6cennie du xvIIIe siecle, alla encore plus loin dans la voie d'un recensement moderne, entrepris uniquement par l'administration de l'Etat, avec des pro- c6des uniformes, et se ddroulant A une date d6terminde en l'espace de deux jours, d61ai d6fini comme << critique? [5].



282 DU RECENSEMENT MILITAIRE AU RECENSEMENT UNWERSEL

Apres Vauban, la meme idWe devait hanter A. de Moivre vers 1738 en Angleterre [6]. A la fin du xvIIle siecle, la population de la ville de Londres, qui 6tait alors la plus grande ville d'Europe, avait 6t6 6valu6e par un laic, John Graunt, sur le module des << listes de population > eccl6- siastiques. En relevant les donn6es sur la mortalit6 et, plus tard, sur la natalit6 et sur la nuptialite, et en tentant d'6valuer les migrations, I'ari- thmetique politique anglaise devait ainsi poser les pr6mices de la science statistique et d6mographique.

Pour calculer la population de la ville, et plus tard celle de r6gions plus vastes et meme du pays entier, les arithm6ticiens anglais ont eu recours a la technique des << multiplicateurs>> fond6s sur la moyenne des taux de mortalit6 et de natalit6. Ce sont justement les d6fauts de cette m6thode qui ont incit6 A. de Moivre a% proposer un recensement au sens de Vauban. En 1753, un projet de loi A cet effet fut present6 au Parlement anglais. Mais comme ce projet envisageait de renouveler le recensement chaque annee, en confondant le relev6 de l'dtat de la population avec celui de son mouvement, il fut rejet6 [7]. La n6cessit6 d'un recensement fut une fois 6voqu~e en Angleterre par Young en 1771, mais il fallut attendre jusqu'a% 1801 pour en voir la r6alisation [8].

Les progres de l'enregistrement de la population dans les pays protestants dot6s d'une Eglise d'Etat, notamment en Prusse et en Suede, 6taient dus en partie A l'existence de << listes de population >> mi-religieuse, mi- administrative, mais on d6couvrit rapidement qu'en l'absence d'un relev6 de l'6tat de la population, ces listes ne permettaient pas d'9valuer l'effectif reel de l'ensemble de la population. ia% et al, des recensements, parfois partiels, comme A Berlin en 1747 [9], parfois g6neraux, comme en Finlande en 1749, en Suede en 1750, au Danemark et en Norvyge en 1769, furent donc entrepris. L'id"e de renouveler ces recensements tous les cinq ans fut lanc6e en Suede en 1773, et la meme tache fut en principe confide dans les royaumes unis de Danemark et de Norvyge, A partir de 1787, a un Office de Tabulation d'Etat (<< Tabell-Kontor >) [10], qui ne fonctionna qu'une dizaine d'annees environ.

Notons encore que la situation 6tait entierement diff6rente dans les territoires coloniaux. A l'origine, les listes eccl6siastiques n'existaient pas outre-mer, mais la population 6tant peu nombreuse, l'Etat colonisateur pouvait ais6ment la recenser. Du point de vue formel, ces tentatives annoncent les recensements modernes universels et totalisateurs, quoique le faible nombre d'informations demand6es et le caractere rudimentaire des tech- niques employ6es aient masqu6 leur importance h cet 6gard. A. Sauvy cite ainsi un recensement de ce genre au Canada frangais en 1666 [11], et les recensements, 6voqu6s par H. Westergaard, effectuds en Islande en 1701 par l'I)tat danois-norv6gien [12] et, en 1756, dans le Connecticut et le Massachusetts par l'Angleterre, se situent certainement dans la ligne de cette tradition. C'est dans le m~me esprit qu'au sein de la Confed6ration am6ricaine, en 1776, fut lanc~e la proposition d'un recensement officiel




general, et qu'en 1790 la Constitution des Etats-Unis institutionnalisa, sous le nom latin de census, la pratique d'un recensement d'Etat d6cennal d6nu6 de toute r6f6rence religieuse [13].

L'dvolution en Europe centrale Nous avons d6ja rappel6 qu'en Prusse et dans les Etats d'Europe du

Nord, la connaissance num6rique de la population fond6e sur les registres paroissiaux avait 6t6 maintenue par l'Etat malgr6 la R6forme. Il faut cependant rappeler les origines d'un concept purement 6tatique, 6galement en vigueur alors, n6 des d6sastres de la Guerre de Trente ans, qui aboutit a la constitution, en Allemagne, d'environ 300 Etats, pour la plupart limi- t6s, mais souverains, et qui ne faisaient que nominalement partie de l'empire romain-germanique [14]. Les souverains de ces Etats furent contraints de mettre sur pied une administration et un systeme de finances, et surtout de former des cadres de fonctionnaires prets a soutenir leur regime de despotisme 6clair6.

Les vecteurs de cette science d'Etat << moderne ? furent les universit6s allemandes qui se sont d6velopp6es avec une rapidit6 in6dite dans l'histoire et qui ont introduit tour a tour 1'enseignement du droit administratif et financier, de l'6conomie camerale, et de la statistique allemande, dite < descriptive >. Dans sa forme primitive, cette derniere 6tait d6ji apparue a l'6poque de Graunt sous le nom de notitia rerum publicarum ou Staaten- kunde, c'est-h-dire comme une ars, et pas encore comme une scientia 6troi- tement li6e a la science politique de tradition aristot61icienne [15]. Mais, ia partir de la deuxieme moiti6 du xvIIIe siecle, cette discipline est devenue autonome sous le nom de << statistique >. C'est surtout a partir de cette 6poque qu'elle a sciemment 6vit6 d'incorporer les donn6es historiques et geographiques, et qu'elle a cherch6 ' donner une vue d'ensemble chiffr6e sur << l'6tat pr6sent? de l'organisation juridique, de la population et de l'6conomie des Etats les plus importants, ces derniers pouvant servir de modble aux Etats les plus petits [16].

C'est essentiellement la connaissance de la situation et de la structure actuelles de la population que pouvait apporter le recensement, davantage encore si l'Etat en question 6tait de dimension restreinte. C'est pourquoi Seckendorff, des 1655, avait 6labor6 dans tous ses details un modble pour un petit Etat allemand imaginaire, incluant des tableaux statistiques

" double entree [17]. Cette id6e r6volutionnaire fut alors a peine comprise, mais les r6centes recherches de Bulst et de Hoock d6montrent que de 1750 A 1850 environ, onze petits Etats allemands, et de 1850 " 1900, 14 petits Etats allemands ont eu recours aux recensements universels [18]. Ces derniers ont 6t6 6galement pratiqu6s par les Habsbourg entre autres en Hon- grie, surtout apr s qu'elle se ffit lib6r6e de la partielle domination turque, en 1687. C'est par ce biais que nous parvenons i l'6tude du recensement jos6phin en ce pays.




Le cas de la Hongrie au sein de l'Empire des Habsbourg

L'id6e que la connaissance du pays est absolument essentielle pour 1'E- tat a toujours 6t6 pr6sente, a partir

de la Renaissance, dans la pens6e politique hongroise, ainsi qu'en t6moigne la premiere description - non encore chiffr6e -, de l'archeveque Olah datant de 1536 et sa premiere publication par B61 en 1735 [19]. Une autre description plut6t historique du pays et 6galement non chiffr6e, r6dig6e par Sch6del, fut publi6e en 1629 comme these de doctorat a l'Universit6 de Strasbourg; elle fut mise A jour et republi6e par le professeur autrichien Behaimb Ai Vienne et compl6t6e avec des chiffres A l'aube de la liberation nationale en 1676 [20]. Cet ouvrage, comme ceux des cameralistes autrichiens, Becher, Horgnigk et Schroider, a servi de point de d6part au chan- celier Kollonich, en 1687, pour l'unification et la r6organisation du royaume de Hongrie connues sous le nom de Einrichtungswerk [21].

Il faut 6voquer ici les liens de la Hongrie avec l'Empire des Habs- bourg apres la de6bcle de Mohacs en 1526, quand la noblesse hongroise fut 6cras6e par les armies de Soliman le magnifique. Divis6 en trois, le pays fut occup6, dans sa partie centrale par l'Empire ottoman. A l'Est, la Transylvanie, sous ses princes protestants nominalement vassaux et allies des Turcs, conserva en fait son autonomie. A l'Ouest et au Nord du pays, les Habsbourg 61us rois, se contenterent de faire prot6ger leurs empires par la << Hongrie royale >>, gouvernant comme dans leurs provinces < he- r6ditaires >, c'est-a-dire autocratiquement.

Le pays ne fut lib6r6 de l'occupation turque qu'i la fin du XVIIe siecle, quand la menace ottomane sur Vienne mobilisa enfin les forces des deux empires des Habsbourg. L'an 1686 fut un succes 6clatant. La plus grande partie de la Hongrie, y compris la Transylvanie, tombait sous le regne des Habsbourg. Seules quelques regions du Sud resterent aux mains des Turcs, d'oi" ceux-ci furent chassis en 1699 et en 1718 definitivement. Leur rat- tachement demeura cependant partiel, des << confins militaires >> 6tant cr66s sur ces territoires frontaliers et prolong6s vers la Croatie, "a l'Ouest, et vers la Transylvanie aI l'Est. Ils ont subsist6 jusqu'd 1867 (voir cartes).

Au d6but du xvIIIe siecle l'unification du pays 6tait donc "a l'ordre du jour. Le Parlement f6odal hongrois, la Diete, avait dans la premiere moiti6 du xvIIIe siecle, insist6 " quatre reprises sur la n6cessit6 de connaitre l'effectif de la population et ses ressources - notamment en 1715, 1723, 1729 et 1741 - pour pouvoir instituer une arm6e permanente, sans cependant parvenir A effectuer les recensements servant de base au recrutement avec ses propres moyens [22]. En revanche, l'administration centrale des Habsbourg 6tait parvenue d6j8i sous Charles III (empereur romain-germanique sous le nom de Charles VI) "a organiser une conscription fiscale en- globant 6galement la population entre 1718 et 1721. Quoique les r6sultats en aient 6t6 minimes et A peine utilisables, l'id6e de relever l'6tat pr6sent du pays et de recenser non seulement l'effectif total de la population, mais aussi le nombre d'hommes en 6tat de porter les armes et les ressources




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EMPIRE DES HABSBOURG HONGi .RQYALE

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OTTOMA ['.1Empire Otornan

Carte 1. - La Hongrie d'apres Mohacs en 1606 Sources: Tournants historiques Hongrois, 6d. par Nonn (Gy).),

Budapest, (s.d.), p. 12.

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HONGRIEBUCOVINE HONGRIE 1 * N OLDAVIE S7'RIE

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EMPIRE OTTOMANmiitair

Carte 2. - Division territorial administrative de la Hongrie par d6- partements traditionnels et par districts regionaux (apr's I'abolition

et I'incorporation des departements en 1785). Carte no 21 de 'Histoire de la Hongrie, vol. 4/2, 1686-1790, 6d par Ember (Gy.) et

Heckenast (G.), Budapest, 1989, p. 1085.

imposables, remonte a cette tentative. Ce travail ne fut disponible qu'en 1896, quand le c6lbre historien Acsady proc6da a sa publication et i son 6valuation [23].

Apres la tentative manqu6e de Charles III, le professeur de lyc6e B61, soutenu par l'administration centrale, publia sa propre description non chiffr6e de la Hongrie entre 1735 et 1742, mais cette publication ne fut




que partielle [24]. Ainsi, jusqu'au recensement jos6phin, on ne pouvait dis- poser que des estimations des statisticiens autrichiens, avec une forte marge d'erreur quant i l'effectif et a la structure de la population hongroise. Cette lacune 6tait d'autant plus sensible que les registres paroissiaux, qui ve- naient a peine d'etre introduits en Hongrie au debut du siecle, n'6taient pas encore utilis6s

' des fins statistiques par suite de l'inexistence presque totale d'arithm6ticiens politiques, si l'on excepte le professeur Hatvani [25].

Le modile hongrois du recensement

L'Imp6ratrice Marie-Th6rese, fille de Charles III, fdrue de r6formes cam6ralistes, tenta d'effectuer en 1754 un recensement mi-6tatique mi-eccl6sias-

tique de la population, mais uniquement dans les provinces h6r6ditaires de l'Empire, c'est-a-dire a l'exception de la Hongrie [26]. En tant que Seelenbeschreibung (description des Ames), ce recensement fut ex6cut6 conjointement avec les autorit6s civiles et eccl6siastiques comme mesure de contr6le, mesure facilit6e par le faible nombre de criteres demand6s. En principe, ce recensement aurait du se r6p6ter tous les trois ans, mais apres quelques essais peu concluants, par suite de la r6sistance oppos6e par la noblesse et les autorit6s civiles et religieuses, l'id6e d'un recensement << militaire ? universel fut lanc6e en 1770. Ce recensement donna des r6sultats encore plus mauvais que le pr6c6dent. Le relev6 se prolongea jusqu'en 1777, date a laquelle on recommenqa toute l'op6ration a la sa- tisfaction de tous. Mais comme le renouvellement de ce d6nombrement g6n6ral apparaissait extremement coiteux, en 1781 on opta pour la < r6- vision ? annuelle des donn6es en collaboration avec les autorit6s religieuses. Le module du recensement hongrois 6tait enfin trace [27].

La justification scientifique de l'op6ration - jug6e bien sup6rieure a l'6tablissement de listes de population - 6tait fournie par le plus 6minent cameraliste autrichien, Joseph von Sonnenfels, qui, depuis 1765, 6tait ti- tulaire de la nouvelle chaire de cameralisme a l'Universit6 de Vienne [28]. Le co-regent Joseph II, imbu d'id6es physiocratiques, subit fortement son influence, ainsi que celle de Dupont de Nemours, qui avait exprim6 ses id6es sur ce sujet en 1767 [29].

Joseph II envisageait 6galement l'introduction d'un << imp6t unique ?, au sens physiocratique du terme, paralllement au recensement militaire. C'est pourquoi il fit executer avec un plein succes le cadastre de la Hongrie entre 1785 et 1787. Le m6pris t6moign6 par l'absolutisme autrichien pour la constitution du pays avait d6ji provoqu6 la r6sistance des nobles hongrois. Le recensement de leurs personnes et le cadastre de leurs biens, effectues sans tenir compte de leurs privileges, joints a la crainte de l'a- bolition du servage et de l'introduction de l'imposition, renforcerent leur haine contre 1'empereur qui, en ne se faisant pas couronner roi de Hongrie, ne pouvait etre reconnu comme tel par les Hongrois. Parfaitement conscient de cette opposition croissante envers son r6gime et ses r6formes, Joseph II




6crivait en octobre 1784 ' son frbre Leopold, i l'6poque grand-due r6gnant de Toscane et qui devait lui succ6der sous le nom de L6opold II : << Contre messieurs les Hongrois, j'ai bien du fil a retordre; contre la conscription ils s'opposent avec deraison et impertinence. I1 se pourrait bien que je fusse oblige de frapper un coup d'exemple qui ferait finir leur arrogance, mais je le diffbre autant que possible [30] ?.

II faut souligner que nos sources rapportent des troubles analogues, quoique de moindre envergure, dans les petits Etats allemands oh les recensements ont eu lieu. Meme en Autriche, oh la noblesse s'est soumise a l'imposition a partir de 1754, la resistance au recensement a abouti en fin de compte

" un comportement analogue [31]. Les repr6sentants du f6o- dalisme ont bien compris que le recensement universel d'une population, en n'op6rant aucune distinction parmi les sujets d6nombr6s, ouvrait une large breche dans le systeme [32], breche renforc6e par l'abandon du secret statistique. Schlizer, le plus grand statisticien allemand et l'homme des r6formes bourgeoises, r6sumait ainsi la situation dans sa Thdorie de la statistique en 1804: la lutte men6e par les repr6sentants du regime f6odal contre les recensements et contre la publicit6 de leurs r6sultats s'oppose au progres, c'est-h-dire au d6veloppement d'un regime bourgeois et a l'6- tablissement d'un Etat d6mocratique [33].

Ceci confirme notre these selon laquelle le caractere militaire du recensement jos6phin n'6tait pas uniquement du " la guerre men6e contre la Turquie par Joseph II, mais d6coulait d'une tendance g6ndrale en Europe centrale, qui avait atteint la Hongrie par l'interm6diaire de l'Autriche, ou plus pr6cis6ment par l'interm6diaire des provinces h6r6ditaires. Sa forme d6finitive a 6t6 d6termin6e par la vari6t6 des populations constituant l'Em- pire des Habsbourg. C'est pourquoi, au sein de celui-ci, on peut relever finalement quatre systemes de recensements : le premier dans les pays he- r6ditaires, dont la Galicie, annex6e grace au partage de la Pologne; le deuxieme en Hongrie, avec la Croatie-Slavonie et la Transylvanie; une troisieme sorte de recensement, dit << politique >, s'appliquait au Tyrol et dans le Vorarlberg, a Trieste, en Dalmatie et dans le royaume lombardo- v6nitien; enfin une quatrieme forme de recensement, de caractere tout a fait militaire, se pratiquait sur la frontiere hungaro-turque plac6e sous l'administration de l'arm6e jusqu'en 1867 [34].




H. - Le recensement josephin (novembre 1784 - mars 1785): caracteristiques et resultats

La conception et l'execution du recensement josiphin

Malgre son analogie avec le dernier recensement effectu6 sous Marie-Th&rese dans les provinces h6r6ditaires de

1'Empire des Habsbourg en 1777, le recensement jos6phin pr6sente quelques caract6ristiques plus modernes. II respectait notamment le principe de l'universalit6, ce qui, dans les conditions de l'6poque, 6tait une exp6- rience encore plus hardie qu'ailleurs : pour la premiere fois dans l'histoire de la Hongrie, les privileges de la noblesse 6taient atteints, d'autant que l'administration locale des d6partements 6tait dans les mains de magistrats nobles non r6muneres, qui exerqaient leurs fonctions de << nobile offi- cium ?. La nouveaut6 r6sidait 6galement dans la fixation d'une dur6e d6- terminee, a savoir l'obligation d'effectuer le relev6 en une seule journ6e, le ler novembre 1784. A la v6rit6, cet objectif ambitieux ne fut pas atteint, les deux mois d'hiver et le printemps, jusqu'au mois de mars 1785, s'6tant r6v"l1s n cessaires pour ex"cuter le relev6. Etant donn6 le manque de personnel sp6cialis6, le traitement des donnees exigea une ann6e entiere et l'op6ration ne fut achev6e qu'a la fin de mars 1786 [35]. Le nombre d'a- gents civils d6passait a peine 900 et celui des officiers militaires 300, c'est- a-dire moins du dixieme des cadres n6cessaires a un recensement moderne de meme envergure.

La rapidit6 avec laquelle les r6sultats globaux ont pu tre pr6sent6s ne laisse donc pas de nous 6tonner. Ce travail nous impressionne encore plus si l'on considere que 27 questions 6taient pos6es sur les feuilles no- minatives. Elles ne visaient cependant que la population adulte masculine. Chez les femmes, outre le sexe, seuls le nom et la religion 6taient recens6s, tandis que chez les hommes, l'age, la situation de famille, la classe sociale et l'occupation 6taient relev6s, les memes questions 6tant pos6es pour les absents et les 6trangers de sexe masculin.

Les questions pr6sentant un int6ret pour l'arm6e portaient en premier lieu sur l'age des hommes entre 18 et 40 ans, sur leurs mensurations phy- siques, et sur celles des anciens soldats. Ces donnies ne furent cependant jamais publi6es. Les r6sultats utilis6s ne couvraient que la population civile et les conditions de logement, le nombre des maisons et des localit6s, ainsi que celui des familles, autre caract6ristique proche des recensements modernes. Le num6rotage des maisons compl6tait ce relev6 dans le meme sens.

Tout en soulignant constamment le caractere militaire du recensement jos6phin, les statisticiens hongrois n'ont jamais recherch6 les liens 6troits de cette op6ration avec les pr6paratifs de la guerre contre la Turquie, qui impliquait in6vitablement la connaissance de la situation d6mographique




et economique de la Hongrie, ainsi que celle des conditions de transport. Mais ces liens avec la chose militaire remontaient encore plus loin, car le pays 6tait rest6 terra incognita pour l'6tat-major central de l'Empire. Mis sur pied en 1757, celui-ci avait entrepris le relev6 cartographique de la Hongrie en plusieurs 6tapes

' partir de 1766 jusqu'en 1772, date a

laquelle toutes les cartes de la Hongrie du Nord, de la Transylvanie et du Banat en Hongrie du Sud avaient 6t6 relev6es. Le reste fut termin6 sous Joseph II entre 1782 et 1785. Conserv6s dans les archives militaires, ces documents ne furent jamais publi6s.

Un premier examen scientifique de ce pr6cieux materiel put &tre pu- blid en 1928 par le futur professeur d'histoire Eperjesy, grace a ses recherches dans les archives secretes viennoises [36].

Il reste de son travail plus de mille cartes militaires se rapportant au territoire actuel de la Hongrie a l'6chelle 1 : 28 000, cartes relev6es par la m6thode de mensuration trigonom6trique sur une surface de 64 x 42 centimetres. On trouve, sur la marge de droite, des tableaux statistiques pr6cisant les d6nominations et les limites des villages, hameaux et villes, le nombre des familles et des habitants, celui des maisons, des moulins, des manufactures, des jardins et des chevaux [37]. Ce mat6riel cartographique est compl6t6 par une description du pays du point de vue militaire en sept forts volumes intitul6s Militdrische Landesbeschrei- bung, description dont le caractere d6taill6 et la minutie surpassent toutes les autres descriptions statistiques contemporaines ou celles a venir dans la premiere moitie du xIxe siecle. On retrouve ici la description des cultures et des propri6t6s, des edifices de la noblesse, des magasins, des boutiques et cabarets, des 6glises, h6pitaux et 6tablissements publics, comme les 6coles, les bureaux de poste, les bitiments administratifs et militaires. Les noms des localit6s, donn6s par les auteurs de cette description selon les diff6rentes langues utilis6es dans le pays, sont environ au nombre de 60. D'apres Eperjesy [38], I'un des meilleurs statisticiens de l'6poque, Korabinszky, futur auteur d'une encyclop6die des localit6s et de la population de la Hongrie, a contribu6 en tant qu'ex- pert h cette partie des travaux [39]. Le systeme des communications et du trafic routier et fluvial, les lacs et les 6tendues d'eaux potables, les for&s, montagnes et collines, ainsi que les anciennes fortifications, meme en ruines, ont 6te soigneusement relev6es.

Ainsi, une r66valuation syst6matique et d6taill6e du recensement jos6phin, du point de vue de la d6mographie historique comme de l'histoire 6conomique et sociale, nous offrirait une meilleure connaissance de la Hongrie sous le regne de Joseph II que l'6tude de ce recensement proprement dit, si pr6cieux que soit ce dernier du point de vue purement statistique.




Dans l'6tat actuel de nos connaissances, en l'absence de cette compa- raison, il est difficile de decider si le << double caractere ? du recensement jos6phin, denombrement et < r6visions >, en 1786 et 1787, decoulait de la n6cessit6 de tenir ' jour, pour les besoins de l'arm6e, les donn6es sur la population, ou visait a suivre l'6volution des donn6es jusqu'au recensement suivant [40]. Ces deux revisions annuelles ont permis d'enregistrer le nombre des naissances et des d6ces, ainsi que l'accroissement naturel et l'ap- port par migration dans l'ann6e. Elles ont permis ainsi d'6tablir une sorte de registre de la population mis a jour annuellement. Mais cette initiative, malgr6 ses excellents r6sultats, fut abandonn6e au debut de la guerre contre la Turquie, et elle ne fut reprise, apres la mort de Joseph II, que partiel- lement dans la premiere moiti6 du XIxe siecle.

L'itat de la Hongrie a la lumiere

du recensement josdphin

Sur le territoire o historique>> de la Hongrie, c'est-h-dire le territoire d'avant la premiere guerre mondiale, a 1'exception des confins militaires, I'ef-

fectif de la population civile pr6sente 6tait de 8 millions et demi. L'inclu- sion des confins militaires -, qui ne furent plac6s sous l'administration civile qu'en 1867, - porterait la population totale un peu au-dessus de 9 millions - peut-etre 9,3 millions. Ce chiffre d6passe de pres de 42 % la limite sup6rieure des estimations fournies par les descriptions statistiques avant ce recensement [41], limite fix6e a 6 millions. La r6partition par sexe, qui d6montre une surpopulation masculine globale, plus particulie- rement dans les regions lib6r6es de l'occupation turque, t6moigne ainsi d'une immigration continue par la suite : pour 1 000 hommes, on ne comp- tait globalement que 970 femmes en moyenne, sans indice patent d'un sous- enregistrement de la population f6minine.

Le degr6 relativement bas de l'urbanisation, autre caractere de ce premier recensement, 6tait dui en partie

' 150 ans d'occupation turque [42]. Le nombre des villes - par definition des << villes libres royales > - se situait autour de 70, la proportion de la population urbaine n'6tant que d'h peine 5 %. Meme avec la population des quelque 650 bourgs et bour- gades, ce pourcentage ne d6passe pas 10 %, le reste de la population - pres de 90 % - vivant dans 13 000 villages et dans 1 300 << puszta > ou fermes isol6es. Dans l'ensemble du pays, le nombre moyen d'habitants par localit6 ne d6passait pas 550 ames, les plus grandes villes ne comptaient tout au plus que 30 000 habitants, et beaucoup, parmi elles, seulement 5 000. La dimension moyenne des familles, calcul6e 6galement pour le pays entier, s'61evait

" un peu plus de 5 personnes, et la moyenne des habitants par maison " 6 et demi, c'est-h-dire que l'habitat usuel 6tait la maison individuelle, dans les villages et dans les villes.

Environ 40 % de la population masculine vivait en 6tat de mariage, 35 % des c6libataires 6taient ag6s de moins de 17 ans.




Secret militaire, le nombre des hommes entre 18 et 40 ans ne fut pas publi6, mais l'occupation et le faible degr6 d'urbanisation t6moignent de la pr6dominance du mode de vie agricole. La couche sup6rieure des nobles, des eccl6siastiques, des professions lib6rales et des fonctionnaires publics et priv6s 6tait tres faible. D'apres le nombre des chefs de families la part de la population paysanne se situait autour de 80 %; celle des nobles, des eccl6siastiques, des professions lib6rales et des fonctionnaires autour de 8 %. Le reste se partageait entre les militaires, une plus forte proportion d'occupations non-identifi6es et 1,5 % de juifs. Ces derniers, n'6tant pas admis au service militaire, 6taient compt6s a part, i l'aide d'une feuille de famille sp6ciale, ce qui souligne encore le caractere militaire de ce recensement.

Les deux revisions nous permettent 6galement d'avoir une id6e sur le mouvement de la population

' cette 6poque. L'accroissement naturel entre 1786 et 1787 fut exactement de 1,0 % [43]. Ce rythme s'est maintenu durant presque tout le XIXe siecle, avec un taux de natalit6 moyen variant autour de 40 ' 45 pour 1 000, et un taux de mortalit6 moyen autour de 30 ' 35 pour 1 000.

Le recensement jos6phin marqua le debut du lent accroissement de la population hongroise. L'explosion d6mographique du xIxe siecle ne se produisit pas en Hongrie, le plus vraisemblablement a cause des progres tardifs et incertains du capitalisme et des vestiges du regime f6odal, qui ont fortement ralenti l'accroissement de la population jusqu'a la premiere guerre mondiale. En tablant sur l'hypothese d'un d6veloppement analogue a celui de l'Europe de l'Ouest, Schwartner, qui, en tant que professeur de diplomatique a l'Universit6 de Pest, a eu, le premier, acces aux r6sultats du recensement jos6phin, a estim6, a la fin du xvIIIe siecle, que la population de la Hongrie pouvait doubler en un demi-siecle [44]. Quelques an- n6es plus tard, I'arithm6ticien politique Fejes, se fondant sur le mouvement de la population dans un d6partement de la Hongrie du Nord-Est, et tablant sur la stabilit6 du r6gime fdodal, envisageait une dur6e d'un siecle pour le meme doublement, dur6e tres proche du rythme reel de l'accroissement d6mographique a venir [45].

Ces estimations n'auraient pas 6t6 possibles sans le succes consid6- rable de ce premier recensement d6mographique, qui, pour la premiere fois, a dissip6 toute incertitude sur les donnees de base quant a la population de la Hongrie. Dans ce succes, il faut le souligner, la part du lion revient aux conseillers hongrois du Conseil de Cour " Vienne et a leurs homologues du Conseil Royal de Buda, ainsi qu'aux magistrats des d6partements, aux cures des paroisses et aux officiers sup6rieurs de l'arm6e des Habsbourg - dont plusieurs 6taient d'origine franqaise et italienne - qui ont conqu et ex6cut6 le recensement. Celui-ci a, pour l'6poque, completement atteint son but : saisir l'6tat de la population hongroise et, de plus, jeter une base solide pour les futures op6rations analogues ou, i d6faut, pour toutes estimations fond6es de la population.




Les recensements en Hongrie apres le

recensement josephin

Quoique les donn6es sur la population civile fournies par le recensement jo- s6phin n'aient pas 6t6 publi6es, mais seulement utilis6es par l'administra-

tion, elles sont parvenues a la connaissance des statisticiens universitaires en Hongrie et dans 1'Empire des Habsbourg, grace A l'ouvrage du professeur Schwartner. Napolkon lui-meme s'en est servi, i l'occasion de la guerre de Hongrie en 1809. Cependant, I'6chec des r6formes de Joseph II, juste avant sa mort en 1790, et la situation politique extremement tendue ont contraint son frere Leopold II et Franqois I (empereur romain-germanique sous le nom de Franqois II), comme ses successeurs, a renoncer a la pratique des recensements universels. Leur compromis politique avec la noblesse hongroise respectait les privileges de cette classe et abandonnait l'id6e de taxer cette derniere. C'est ainsi qu'avec la perte de souverainet6 des Habsbourg sur l'Empire romain-germanique en 1804 - c'est-A-dire quand la n6cessit6 d'6valuer la situation de l'empire se fit jour -, il fallut recourir " un recensement en Hongrie, mais en omettant la noblesse. Pour 6viter de provoquer cette derniere, I'aide des militaires 6tant toujours indispensable a l'6poque, du point de vue administratif et technique, "a d6faut d'un personnel sp6cialis6 parmi les fonctionnaires des d6partements, on 6vita de d6signer cette op6ration sous le nom de << recensement > et on la baptisa <<conscription >>, pour marquer son caractere limit6 [46]. Cette conscription a 6t6 ex6cut6e entre 1804 et 1805, et renouvel6e une autre fois entre 1828 et 1829. A partir de cette date, elle n'a plus 6t6 r6p6t6e jusqu'a la fin du r6gime f6odal, c'est-a-dire jusqu'en 1848.

L'administration centrale des Habsbourg a souvent tents d'ordonner des << r6visions o de ces deux << conscriptions >. N6anmoins, leur execution s'est faite de maniere trbs inegale et partielle, et on n'a jamais essay6 de totaliser leurs donn6es [47]. Le gouvemement r6volutionnaire hongrois, en 1848, a cr66 un service de statistique officiel sur le module napol6onien, en plaqant a sa tete l'excellent statisticien descriptif F6nyes. Mais la guerre d'ind6pen- dance n'a pas permis d'entreprendre un recensement autonome [48]. Apres son 6chec, la Hongrie a 6t6 int6gr6e & l'Empire des Habsbourg comme pro- vince < h6r6ditaire >, et les deux recensements imperiaux de 1850 et 1857 ont 6t6 ex6cut6s 6galement sur son territoire, A l'exception des confins militaires. Dans ces territoires, apres la conscription de 1828-1829, des recensements quinquennaux ont 6t6 ordonn6s par les autorit6s militaires, mais ils n'ont 6t6 execut6s qu'a deux reprises en 1833 et en 1838.

Le service officiel de statistique de l'Empire des Habsbourg, cr66 a Vienne en 1829 et r6organis6 en 1840, a fait un effort consid6rable pour organiser les recensements de 1850 et 1857 au sens moderne, c'est-h-dire a la maniere de Quetelet. Le recensement de 1857 a 6t6 notamment reconnu comme tel par le IIIme Congres International de Statistique tenu A Vienne [49]. Cependant, l'opinion hongroise n'a pas accept6 les r6sultats de ces deux recensements, non seulement A cause de leur caractere << ill6gal et




inconstitutionnel >, mais par suite du manque de coop6ration de la population, dont la < resistance passive >> avait failli faire 6chouer les operations. Avec l'adoucissement du regime absolu apres 1860, 1'Acad6mie hongroise des Sciences a essay6 d'organiser, avec l'aide des Eglises, un recensement << authentique et fiable ? pour la Hongrie en 1863, sur le module su6dois du xvIIIe siecle. Apres son abandon, dui surtout a la pluralit6 des Eglises, elle a enfin pr6sent6 un aide-m6moire au gouvernement absolu, en reven- diquant la creation d'un service de statistique hongrois autonome [50].

Le << compromis >> politique de 1867 donna naissance a la monarchie bic6phale austro-hongroise, et avec elle audit service statistique, qui put entreprendre le premier recensement hongrois autonome des 1869 [51]. Cette tradition s'est poursuivie tous les 10 ans, chaque annie se terminant par un zero, et ceci jusqu'd nos jours, except6 pendant et apres la IIeme Guerre Mondiale (1941 et 1948). C'est 6galement ce service qui mit sur pied le recueil des donnees sur le mouvement de la population, une loi de 1894 introduisant l'enregistrement civil dans le pays. Ces donn6es ont 6t6 cependant rassembl6es des 1890 ' l'6chelon national avec l'aide des diff6rentes Eglises, dispos6es a cooperer avec le regime liberal de l'6poque [52].

L'interet de la d6mographie scientifique hongroise pour le recensement jos6phin fut manifest6 la premiere fois par son pionnier, Gusztav Thirring, qui a public dans sa monographie de 1938 les r6sultats chiffr6s par d6partement et par ville libre royale, en entreprenant en meme temps quelques rectifications, dans la plupart des cas justifides, sous diff6rentes hypotheses. Mais l'id6e de comparaisons historiques retrospectives a longue 6ch6ance ne date que du recensement hongrois de 1960 et a conduit au volume 6labord par Danyi et David. Ceux-ci ont republic les donnees remanides de Thirring, compl6t6es par celles des autres localit6s et villages, en utilisant les documents originaux r6cemment retrouv6s et en rectifiant sur cette base les r6sultats globaux. Ils ont public dans un cahier addition- nel en 1975 des donnees de base manquantes et entre-temps retrouv6es, sans proc6der a une nouvelle rectification.

Sur cette base, I'historiographe Wellmann a r6cemment propose de retenir le chiffre global de 9,3 millions d'habitants pour la population civile, mais en signalant qu'a cause des omissions et sous-d6nombrement ce chiffre devait etre sensiblement plus 61ev6. II approcherait 10 millions, sans la population militaire et ni celle des confins militaires en Transyl- vanie, estim6es entre 260 et 460 000 sous diff6rentes hypotheses [53].




Conclusion : Une reevaluation en hausse de la population hongroise

au XVIlle siecle

La lacune entre le premier recensement hongrois et celui de 1869, rend indispensable un bilan des << revisions >> de la premiere moiti6 du xIxe siecle & l'achelle du territoire entier, et une confrontation de leurs resultats aux donnees fournies pour ce meme territoire par les deux recensements imperiaux << absolus >> de 1850 et 1857 [54]. Pour les << revisions >>, la tentative effectu6e par Thirring au d6but de ce siecle reste encore unique. C'est 6galement le cas pour les deux recensements absolus, qui ont 6t6 repris 'a l'occasion du 150'me anniversaire du service officiel de statistique autrichien en 1979, et plus recemment par les auteurs hongrois [55]. Les premiers r6sultats confirment la fiabilit6 de leurs donnees, un peu moins pour l'ann6e 1850, mais plus sfirement pour 1857. Ils permettent ainsi de deceler avec davantage de certitude les tendances de longue dur6e de la croissance demographique hongroise.

Les efforts pour remonter du recensement jos6phin au d6nombrement de Charles III, c'est-h-dire pour combler le vide entre 1721 et 1785, restent cependant sans resultats. La solution retenue par les chercheurs hongrois, notamment la revision en hausse de l'Fvaluation initiale, qui est portee de 2,3 millions a 4,3 millions, en tenant compte des omissions de 1721, souleve beaucoup de problemes. Elle a 6t6 notamment remise en question en France par P. Chaunu, qui n'exclut pas la possibilit6 d'une multiplication par 3 ou par 4 au lieu d'un simple doublement durant les 65 ann6es qui ont prec6de le recensement josephin [56].

Robert HORVATH

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] KELETI (K). - << Le developpement de l'conomie nationale autrichienne sous L6opold ler >, Communications economiques et statistiques de l'Acadgmie Hongroise des Sciences, 1865, tome 1, pp. 110-122, (en hongrois).

KOROSY (J.). - << Die Volkszaihlungen und die internationalen statistischen Kongresse >, Statistischer Monatsschrift, 1881, 7, pp. 1 et suiv.

KOROSY (J.). - << Die Volkszdhlung vom Jahre 1857 >>, Budapest, Ed. du Bureau Muni- cipal de Statistique, 1873, p. 1 et suiv.

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THIRRING (G.). - << Les Recensements de Joseph II en Hongrie >, Magyar Statisztikai Szemle, 1931, 2, pp. 112-134 (en hongrois).

THIRRING (G.). - La Population de la Hongrie sous le rigne de Joseph 11 >, Budapest, Ed. de l'Academie Hongroise des Sciences, 1938, 192 p. (en hongrois).

DANYI (D.) et DAVID (Z.). - << Le Premier Recensement de Hongrie, 1784-1787 >, Bu- dapest, Ed. de l'Office Central Hongrois de Statistique, 1960, (en hongrois).

<< Supplement au premier recensement en Hongrie, 1786-1787 >, Ed. par Danyi D., David Z. et autres, Etudes de Demographie Historique, no 2, Budapest, Publ. par l'O.C.H.S. et les Archives Nationales de Hongrie, 1975 (en hongrois).




DANYI (D.). - <<Sur le bicentenaire du premier recensement de Hongrie >, Cahiers de Dimographie Historique, no 2, Budapest, Ed. de l'Institut de Recherches D6mographi- ques de l'O.C.H.S., 1985, pp. 71-104, (en hongrois).

[2] Cf. L'article comm6moratif sollicit6 par les 6diteurs pour 1987, HORVATH (R.). - << Le recensement de la Hongrie ex6cut6 sous le rfgne de Joseph II >>, Statisztikai Szemle, 1987, no 6, pp. 624-639, lequel souleve d6ji ce probleme (en hongrois, avec r6sum6s russe et anglais); voir aussi: l'interpr6tation correcte de l'auteur contemporain.

ACSADI (G.). - << Le Recensement de 1784-1785 et les registres de population en rd- sultant >, in : Les Sources de la Statistique Historique, Ed. par Kovacsics J., Budapest, 1957, pp. 224-241 (en hongrois).

[3] Ce point de vue a 6t6 d6veloppd la premiere fois par LANG (L.). - << Histoire de la statistique, servant d'introduction a' la statistique de la Hongrie >, Budapest, 1913, p. 24 (en hongrois). Notons que cet ouvrage sur l'histoire de la statistique, rest6 classique jusqu'd nos jours, ne parle que des descriptions des Etats, et, comme telle, la description de Venise est mentionnde uniquement avant la d6couverte de l'Amerique. Cf. WES- TERGAARD (H.). - << Contributions to the History of Statistics >, London, 1932, p. 4. Dans la littdrature scientifique r6cente, la mention des << recensements municipaux > vient de HECHT (J.). - < L'idde de d6nombrement jusqu'd la R6volution >, In: Pour une Histoire de la Statistique, tome 1, Ed. par Mairesse (J.), Publ. par I'I.N.S.E.E., Paris, 1976, pp. 21-110, et spec. p. 36 avec mention de Nuremberg et Strasbourg. Cette 6tude n'effectue cependant pas la distinction entre les recensements antdrieurs et post6rieurs aI l're moderne, de meme que celle de J. et M. DUPAQUIER. - << Histoire de la ddmographie. La statistique de la population des origines ad 1914 >>, Paris, 1985 (voir la mention du << catasto >> de Florence, p. 44 et suiv.).

[4] VINCENT (P.). - << French Demography in the Eighteenth Century >>, Population Studies, 1947, 1, 1, pp. 44 et suiv.

[5] ESMONIN (E.). - << Quelques donnees inddites sur Vauban et les premiers recensements de la population >>, Population, 1956, 3, pp. 507 et suiv.

[6] HORVATH (R.). - << 300 Years Anniversary of the Birth of De Moivre >, Statistics, Tokyo, March 1970, 21, pp. 64-91, en particulier sur l'id6e de << general census >, p. 83, avec ref6rence a A. De Moivre, ? The Doctrine of Chances >, 2eme 6d. anglaise, Londres, 1738, p. 348.

[7] WESTERGAARD (H.). - op. cit., note (3), p. 84. [8] Ibid, avec r6f6rences

' A. Young, << Proposals to the Legislature for Numbering the People >>, Londres, 1771.

[9] ELSNER (E.). - << Binnen eines Jahres zwei Volkszahlungen ?>, Berliner Statistik, 1987, 5, pp. 94-96.

[10] WESTERGAARD (H.). - Op. cit., p. 86. [l1] SAUVY (A.). - << La D6mographie >>, In: o Histoire de la Science. Des origines au 20ame

siecle >>, Encyclopddie de la Pldiade, Paris, (s.d;), pp. 1595 et suiv. et spec. p. 1608. [12] WESTERGAARD (H.). - Op. cit ., p. 60. [13] Ibid, pp. 85 et suiv., et WILLCOX (X.F.). - << Census ? (mot-titre), Encyclopaedia of the

Social Sciences, New York, 1930, tome III. [14] HORVATH (R.). - << Le Concept de statistique internationale et son 6volution historique >,

International Statistical review, 1972, 3, pp. 281-298, et spec. p. 282. [15] HORVATH (R.). - ? Le D6veloppement de l'6cole de statistique descriptive allemande. Une

synthese de 1'<< histoire scientifique en statistique >, Acta Universitatis Szegediensis, Ju- ridica et Politica, tome XXVIII, Fasc. 7, Szeged, 1981, pp. 1-81 et sp6c. p. 16.

[16] Ibid, pp. 19 et suiv. [17] SECKENDORFF (L.V. von). - << Teutscher Fiirstenstaat >, Frankfurt am Main, 1655. [18] BULST (N.) et HOOCK (J.). - << Volkszihlungen in der Grafschaft Lippe >, Zur Statistik

und Demographie in Deutschland im 18. Jahrhundert, Familie Zwischen Tradition und Moderne, Ed. par Bulst (N.), Gay (J.) et Hoock (J.), G6ttingen, 1981, pp. 57 et suiv.

[19] HORVATH (R.). - <<Le d6veloppement du courant de statistique descriptive hongroise >, Publication de la Commission Ddmographique de I'A.H.S. et de l'Institut de Ddmographie de l'O.C.H.S., 13, Budapest, 1966, pp. 1-129 et sp6c. pp. 13 et suiv. (en hongrois).

[20] SCHODEL (M.). - << Disquisitio Historico-politica Regni Hungariae >, Argentorati, 1629; BEHAIMB (J.J.). - < Notitia Hungariae Antiquo-Modernae >, Ibid, 1676, 6tudi6s pour la premiere fois dans la litterature statistique hongroise par MARKY (H.). - < Marton Schwartner et l'dtat de la statistique au tournant des 18Pme et j19me sidcles >>, Budapest, 1905, pp. 19 et suiv. (en hongrois).

[21] HORVATH (R.). - << Le Teorie demografiche dei cronisti e degli esperti di amministrazione nell'Ungheria del XVIII secolo >>, In: Le Teorie della popolazione prima di Malthus, Ed. par Gioli (G.), Milano, 1987, pp. 86-101 et spec. 89.




[22] KAUTZ (J.). - << Entwicklungs-Geschichte der volkswirtschaftlichen Ideen in Ungarn und deren Einfluss auf das Gemeinwesen >, Budapest, 1876, pp. 42 et suiv.

[23] ACSADY (I.). - Op. cit., paru originalement dans les Contributions a la Statistique Hon- groise de l'O.C.H.S comme T. XII dans la Nouvelle serie (en hongrois).

[24] HORVATH (R.). - Op. cit., note 19, pp. 13 et suiv. avec r6f. A BEL (M.). - < Notitia Hungarinae Novae Historico-Geographica >, P.I.T. I-IV, F. II, T.V., Viennae, 1735- 1742, Dans le T. I., comme introduction, la premiere publication de l'ouvrage de OLAH (M.). - o Hungaria >>, Bruxelles, 1536 (Manuscrit).

[25] HORVATH (R.). - << Etienne Hatvani et les origines de l'arithm6tique politique en Hon- grie >>, Population, 1959, 4, pp. 719-728.

[26] DURDIK (Ch.). - < Bev6lkerungs und Sozialstatistik in Osterreich im 18. und 19. Jah- rhundert, Beitrdge zur Bevblkerungs und Socialgeschichte Osterreich >, Ed. par Helcz- manovszki (H.), Wien, 1973, pp. 225 et suiv. et sp6c. 227 et suiv.

[27] Ibid. [28] SONNENFELS (J. von). - Grundsdtze der Polizey, Handlungs-und Finanzwissenschaft,

Wien, 1763-1765. [29] HORVATH (R.). - ? A Demographic-economic Model from Baden-Durlach by Dupont de

Nemours - 1775 >>, Contribution to the 2nd Congress of the European Society for Po- pulation Economics, Mannheim, 1988, pp. 1-14, (manuscrit).

[30] BLUCHE (F.). - << Le Despotisme dclaired , Paris, 1969, pp. 103 et suiv. [31] BULST-HOOCK et DURDIK. - Op. cit. [32] L'historiographie hongroise date de la premiere violation des privilges de la noblesse

du moment oji fut vot6e par la ditte fdodale, en 1835, I'adoption d'un droit de passage g6neral sur le premier pont permanent a bitir entre Buda et Pest.

[33] HORVATH (R.). - Linne et Schlizer. Quelques id6es nouvelles sur 1'evaluation de l'cole de statistique descriptive >>, Statisztikai Szemle, 1978, 10, pp. 1018-1039 et spec. 1030 (en hongrois, avec r6sum6s russe et anglais).

[34] DURDIK (Ch.), Op. cit., p. 229. [35] THIRRING (G.). - < Les Sources de la population hongroise dans la premiere moiti6 du

siecle passe6 , In: Essais de Sciences Sociales, Ed. par I'A.H.S., tome XII, c. X., Budapest, 1903, oit il a soulev6 ce probleme et analys6 en d6tail d'apres les documents administratifs (en hongrois).

[36] EPERJESY (K.). - < Les Cartes geographiques manuscrites conserv6es dans les Archives de Vienne >, Cahiers du Collegium Hungaricum de Vienne, II, Vienne, 1928 (en hongrois).

[37] Ibid, pp. 23 et suiv. [38] EPERJESY (K.). - << Le Premier relev6 militaire de 1782-1785 (en Hongrie) et la valeur

de ses descriptions du pays comme source historique w, Agrartdrtineti Szemle, 1961, 3-4, pp. 522 et suiv.

[39] Cf. HORVATH (R.). - Op. cit., note (19), pp. 17 et suiv. avec r6f. ~ KORABINSZKY (J.M.). - << Geographisch-historisches und Produkten-Lexikon von Ungarn w, Pressburg, 1786.

[40] THIRRING (G.). - o Le D6nombrement de la population (de la Hongrie) en 1804 >, Ma- gyar Statisztikai Szemle, 1936, 1, pp. 1-21, estime que tres vraisemblablement les < revisions ) ont 6td pr6vues a l'origine pour r6soudre le probleme de l'enregistrement du mouvement d6mographique.

[41] Cf. SCHWARTNER (M.). - << Statistik des K6nigreichs-Ungern w, Pesthi, 1798, p. 70. [42] HORVATH (R.). - < Chronologie et facteurs de l'urbanisation en Hongrie w, Annales de

Demographie Historique, Ed. par 1'E.H.E.S.S., Paris, 1985, pp. 197-201, analyse ce facteur de maniere plus d6taill6e.

[43] Ce r6sultat est amplement confirm6 par les donndes des conscriptions fiscales pour les annees 1790 et 1792, 61abor6es par G. BERZEVICZY, Cf. HORVATH (R.). - << Les Ques- tions de methodologie et de thdorie statistique dans les

oeuvres de Gergely Berzeviczy w,

Budapest, 1972, chapitre III: << La statistique agraire et l'imposition w, pp. 43 et suiv. avec r6f. a BERZEVICZY (G.). - De conditione et indole rusticorum in Hungaria, (s.l.n.d.), datant le plus probablement de 1804-1806.

[44] SCHWARTNER (M.). - Op. cit., p. 70. [45] HORVATH (R.). - << Les Debuts de la d6mographie en Hongrie : Janos Fejes w, Population,

1965, 1, pp. 109-122, avec r6f. a FEJES (J.). - << De vicissitudinibus populationis in Senioratu Evangelico Kiss-Honthensi Anno 1803 >, In: De populatione in genere et in Hungaria in specie, Pest, 1812, pp. 132 et suiv.

[46] THIRRING (G.). - Op. cit., note (40). [47] THIRRING (G.). - Op. cit., note (35).




[48] HORVATH (R.). - << Alexis F6nyes, statisticien progressiste et rdformateur hongrois - 1807-1876 >>, Acta Univ. Szegediens. Jur. et Pol., T. III, F. 5, Szeged, 1957, pp. 17 et suiv. (en hongrois avec resume franqais).

[49] ZELLER (W.). - << Geschichte der zentralen amtlichen Statistik in Osterreich >>, In: Ges- chichte und Ergebnisse der Zentralen amtlichen Statistik in Osterreich - 1829-1979, Ausgabe des Osterrichischen Statistischen Zentralamtes, Wien, 1979, pp. 13-24 et sp6c. pp. 27 et suiv.

[50] HORVATH (R.). - << L'Activitd thdorique du Professeur Alexandre Konek (1819-1882) et la formation de la theorie statistique bourgeoise en Hongrie >>, Acta Univ. Szegediens Jult et Pol., T. XII, F. 2, Szeged, 1965, pp. 19 et suiv. (en hongrois avec rdsum6 franqais).

[51] HORVATH (R.). - << Sur l'importance de la formation d'un service de statistique officiel hongrois >>, Statisztikai Szenile, 1958, 3, pp. 161-177 (en hongrois avec resumes russe et anglais).

[52] HORVATH (R.). - << Le D6veloppement des remariages en Hongrie de 1890 ' 1977 >>, In: Marriage and Remarriage in Population of the Past, Ed. par Dupaquier (J.), Hl1in [E.), Laslett (P;), Livi-Bacci (M.) and Sogner (S.), London, New York, Toronto, Syd- ney, San Francisco, 1981, pp. 325-334 et spec. p. 326, (avec rdsume ang!ais).

[53] WELLMANN (I.). - << Le d6veloppement de la population de la Hongrie au 18eme siecle >>, In: Histoire de la Hongrie, vol. 4/1, 1686-1790, Ed. par Ember (Gy.) et Heckenast (G.), Budapest, 1989, pp. 25-80, (en hongrois).

[54] HELCZMANOVSZKI (H.). - << Die Bev6ilkerung Osterreich-Ungarns >>, dans le volume cite note (49), pp. 369-402 et spec. pp. 375 et suiv.

[55] HORVATH (R.). - << Quelques id6es sur la r66valuation du passe statistique commun austro-hongrois >>, Statisztiskai Szemle, 1989, 5, pp. 510-521 (en hongrois avec r6sum6s russe et anglais).

[56] CHAUNU (P.). - La Civilisation de l'Europe des Lunmires, Paris, 1971, pp. 61 et suiv.




HORVATH (Robert). - Du recensement militaire au recensement universel. Le premier recensement en Hongrie (1784-1785)

Joseph II fait proceder en 1784-1785 au premier recensement hongrois couvrant sans exclusion l'ensemble de la population du pays. Des < revisions >>, fondees sur les donn6es du mouvement de la population sont realisees dans les annees suivantes, mais sont rapidement abandonnees. L'operation fait partie d'un large mouvement qui conduit en Europe et aux Etats-Unis a la mise en place des premiers recensements modernes dans la seconde moitie du xv111e siecle. Il1 faudra cependant attendre le milieu du siecle suivant pour que soit r6alis6 en Hongrie un nouveau recensement < universel >>. Celui de 1784-1785 modifiait pourtant profond6ment l'id6e que se faisaient les historiens de la croissance d6mographique en Hongrie au xv111e sidcle.

HORVATH (Robert). - From the Military Census to the Universal Census. The First Cen- sus in Hungary (1784-1785)

Joseph II ordered the first Hungarian census to be carried out in 1784-1785 in which the country's entire population without exception was enumerated. < Updates >>, based on data from population movements, were undertaken during the following years, but were soon abandoned. The operation was part of a large movement which led to the establish- ment of the first modern censuses in Europe and the United States during the second half of the 18th century. It was not, however, until the middle of the following century that another << universal >> census was undertaken in Hungary. The census of 1784-85 however, had a considerable impact on the way historians have viewed population growth in Hungary during the 18th century.

HORVATH (Robert). - Del Censo Militar al Censo Universal. El primer censo en Hun- gria (1784-1785)

Joseph II en 1784-1785 hizo levantar el primer censo Hingaro, que cubri6, sin exclu- si6n, toda la poblaci6n del pals. Posteriormente se realizar on verificaciones, basadas sobre los datos concernientes al movimiento de la poblaci6n, pero fueron rapidamente abandona- das. Esta operaci6n forma parte de un vasto movimiento, que condujo en Europa y en los Estados Unidos ha sentar las bases de los primeros censos modernos de la segunda mitad del siglo xviii. Sin embargo, en Hungria, habra que esperar mediados del siguiente siglo, para que sea realizado un nuevo censo << universal >>. Este de 1784-1785, modific6 profunda- mente la idea que se hacian los historiadores, sobre el crecimiento demogrifico de Hungria en el siglo xviii.



du recensement militaire au recensement universel: le premier recensement en hongrie (1784-1785)

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