I.U.F.M. DE BOURGOGNE
CONCOURS DE RECRUTEMENT :
Professeur des écoles
L’AFFICHAGE EN CLASSE
son rôle et ses conditions d’efficacité dans les
apprentissages
RICHARD Edith
Mémoire professionnel suivi par :
M. MORET
Année Scolaire 2005 Dossier n° 04STA00484
SOMMAIRE
INTRODUCTION page 3
I- Définition et typologie de l’affichage page 4
I.1.Définition
I.2.Typologie de l’affichage I.2.1.Les affichages réglementaires I.2.2.Les affichages fonctionnels I.2.3.Les affichages esthétiques
II- Le rôle de l’affichage dans une classe page 8
II.1.Pourquoi afficher II.1.1.S’approprier l’espace II.1.2.Aider aux apprentissages II.1.3.Pour répondre aux exigences des programmes
II.2.Quels affichages pour quelles fonctions page 11
II.2.1.Pour construire des savoirs disciplinaires II.2.2.Pour construire une démarche II.2.3.Pour confronter des points de vue II.2.4.Pour aider au fonctionnement de la classe
III- L’affichage dans la pratique de la classe page 14
III.1.Un affichage qui obéit à des normes de présentation III.1.1.La localisation III.1.2.L’affiche en elle-même III.1.3.La périodicité
III.2.La mise en œuvre page 16
III.2.1.L’utilisation des affichages présents dans la classe III.2.2.Introduction d’un affichage organisationnel III.2.3.Création d’une affiche visant un apprentissage disciplinaire
III.3.Comment optimiser l’utilisation des affichages? page 25
III.3.1.Faire participer les élèves à la création de l’affiche III.3.2.Le rôle des principaux acteurs
CONCLUSION page 27
BIBLIOGRAPHIE page 28
ANNEXES page 29
INTRODUCTION
L’affichage a une place primordiale dans notre vie de tous les jours et a également cette
place dans une salle de classe.
Lors de ma première visite dans une classe, j’ai été surprise par le foisonnement des
affiches sur les murs de la salle. Les murs matérialisent l’espace d’enseignement et constituent
le décor de vie. L’utilisation judicieuse de cet espace peut servir à renforcer l’action de
l’enseignant (article La classe n° 94).
Lorsque l’on entre dans une classe, le premier regard se porte sur son aménagement : la
disposition des tables, du mobilier, du tableau, l’agencement des espaces muraux.
On constate alors que les affiches se différencient par leur aspect, leur format, leur
contenu, leur provenance (fabriquées en classe ou « importées ») mais aussi par les intentions
qui ont présidé leur mise en place.
Au cours de l’année, en harmonie avec la progression suivie par l’enseignant, l’affichage
peut être amené à évoluer et peut ainsi se voir transformé, déplacé, voire supprimé.
Il convient donc à l’enseignant de choisir l’affichage de sa classe et de l’organiser en fonction
de ses besoins et de ceux des élèves.
Cependant, lors de mon stage tutelle, suite à une séance de calcul mental et malgré un
affichage clair, j’ai pu constater que certains élèves ne se référaient pas d’eux-mêmes aux
affichages. Je me suis alors demandée pourquoi et comment faire pour que les élèves utilisent
les affichages présents en classe.
Pour aborder cette réflexion, je me suis, tout d’abord, intéressée à la définition et à la
typologie de l’affichage, ensuite à son rôle en tant qu’outil pédagogique. Puis en me basant sur
la pratique dans une classe de grande section, j’ai pu approfondir ma réflexion en ce qui
concerne une meilleure utilisation de l’affichage : ses conditions d’efficacité. Quelles
procédures suivre pour que les élèves s’approprient, se réfèrent aux affichages présents en
classe ?
I- Définition et typologie de l’affichage
I.1.Définition : l’affichage, un outil de communication
L’affichage, d’après le dictionnaire Le Petit Larousse, se définit par « l’action
d’afficher, dans le sens de placarder, d’apposer une affiche sur un support».
Si l’affichage représente tout ce qui peut être affiché (un dessin, une image, une
publicité…) l’affiche, elle, est caractérisée par « une feuille imprimée, souvent illustrée,
portant sur un avis officiel, publicitaire…placardée dans un lieu public».
Cet aspect essentiellement informatif de l’affiche est également souligné dans l’article
de l’Encyclopaedia Universalis « l’affiche est la conséquence lointaine de la nécessité de faire
connaître, par l’affichage, les décisions de l’autorité ou les évènements qui intéressent la
collectivité. » On s’aperçoit donc que l’affiche a également pour rôle de promouvoir, faire
avancer, d’après le latin promovere.
Dans la vie quotidienne, les affiches exposent le plus souvent un évènement. Il convient
de souligner l’aspect doublement éphémère de l’affiche par le « caractère transitoire des
évènements ou des objets qu’elle est chargée d’évoquer et par la brièveté de leur exposition ».
(Encyclopaedia Universalis).
L’affiche est donc un moyen d’information dont la transmission s’effectue selon le
schéma de communication de Roman JACKOBSON, cité par Martine JOLY (Introduction à
l’analyse de l’image).
CONTEXTE
│
DESTINATEUR MESSAGE DESTINATAIRE
│
CONTACT
│
CODE
Selon ce linguiste, tout message renvoie à un contexte, appelé aussi référent. Il requiert
ensuite un code commun au destinateur et au destinataire. Il lui faut aussi un contact, un canal
physique entre les protagonistes qui permet d’établir et de maintenir la communication.
Dans la classe, on peut appliquer ce schéma à l’affiche qui est détentrice du message à
transmettre :
- le destinateur peut être l’enseignant qui veut transmettre une information à ses élèves
dans un contexte scolaire ; elle est alors transmise par un contact visuel, codée en langage
écrit et parfois accompagnée d’images, de schèmes ou d’autres symboles. Pour qu’elle soit
réussie, la communication nécessite que les codes utilisés par le destinateur soient compris des
destinataires, c'est-à-dire des élèves. S’il s’agit d’un code élaboré par l’enseignant, il est
intéressant de le réaliser avec eux. Sinon ces derniers devront se l’approprier.
- les destinateurs peuvent être les élèves : dans ce cas, le message peut être destiné à
une autre classe, aux parents d’élèves, aux habitants du quartier…
Omniprésente dans l’environnement social et culturel aujourd’hui, l’affiche l’est
également dans les écoles, dans les classes.
I.2.Une typologie de l’affichage :
Les affiches présentes dans la classe ne sont pas toutes identiques. Norbert BABIN, dans
Programmes et pratiques pédagogiques, les classe en trois grandes catégories : les affichages
réglementaires, fonctionnels et esthétiques. Il souligne la nécessité pour chaque affichage
d’être fonctionnel et esthétique.
I.2.1.Les affichages réglementaires ou institutionnels :
Il s’agit d’affichages qui règlent d’une part la gestion de l’école et d’autre part celle de la
classe. Les textes régissant le fonctionnement et l’organisation de la classe définissent un
certain nombre d’affiches devant obligatoirement se trouver dans la classe.
Chaque enseignant doit donc afficher dans sa classe :
- un emploi du temps lisible pour les élèves
- un tableau des responsabilités dans le cadre des activités scolaires
- le tableau de répartition des élèves par âge et par section
- le règlement intérieur de l’école (avec éventuellement celui de la classe élaboré par
les élèves).
- les progressions
- le plan d’évacuation des locaux
Ces affichages doivent être présents dans la classe de façon permanente.
I.2.2.Les affichages fonctionnels :
Ces affichages portent sur des apprentissages disciplinaires (par exemple : une frise
chronologique) ou méthodologiques (par exemple : comment apprendre une leçon ?).
D’après N. BABIN, on peut différencier plusieurs catégories d’affichages fonctionnels :
- tableau de présence, tableau de responsabilités
- représentation du temps, de l’espace, de la vie, de la causalité…
Beaucoup d’autres sont possibles : liste des graphies d’un même son au cycle II, règles
d’accord, conjugaison, tables de multiplication…
Ces affichages ont un caractère provisoire, ils doivent évoluer en fonction des
apprentissages. C’est ce type d’affiche que j’ai plus particulièrement étudié à l’occasion de
mon stage dans une classe de grande section.
I.2.3.Les affichages esthétiques ou décoratifs :
Parmi eux, on distingue deux types de documents :
- les posters et/ou les reproductions d’œuvres
- les productions d’élèves
Ces derniers revêtent généralement une grande importance aux yeux des enfants. Les
productions accrochées aux murs de la classe impliquent une valorisation.
Ce lieu d’affichage peut être alors ressenti comme un espace d’expression libre qui leur
est réservé. Il acquiert ainsi un statut différent de celui réservé au « savoir ».
Cet affichage fera l’objet d’un renouvellement fréquent, permettant à tous d’exposer.
On constate au travers de cette typologie que la multiplicité des affichages rend
nécessaire une organisation rationnelle. Comme le souligne N. BABIN : « La profusion des
affichages crée la fatigue visuelle en même temps qu’elle neutralise leur efficacité ».
II- Le rôle de l’affichage dans une classe
II.1.Pourquoi afficher ?
Au cours de sa scolarité, l’élève apprend à utiliser plusieurs supports de l’écrit : livres,
cahiers, tableau noir … Face à cette diversité des supports, pourquoi éprouve-t-on le besoin
d’afficher dans la classe ?
II.1.1.S’approprier l’espace :
Comme nous l’avons vu précédemment, l’affiche est avant tout un moyen écrit
d’information, de communication. Qu’est ce qui la différencie du manuel scolaire ? Elle
s’adresse au groupe classe. L’affichage de la classe est propre à un groupe particulier, il reflète
souvent le travail en commun, il renforce chez chaque élève le sentiment d’appartenance et la
responsabilité vis-à-vis du groupe. (Faire la classe à l’école élémentaire, Bernard REY).
L’affichage permet une personnalisation du local qui crée un climat de sécurité pour les
élèves et l’enseignant. Afficher des posters ou des œuvres d’art permet une ouverture sur le
monde et embellit la salle de classe.
II.1.2.Pour aider à l’apprentissage :
Tous ces affichages sont avant tout des supports pour les apprentissages, ils sont utiles au
fonctionnement de la classe.
Dans la pratique de classe, les élèves sont tour à tour lecteurs, utilisateurs ou producteurs
d’affiches.
L’affiche est un outil pédagogique à prendre en compte dans le processus
d’apprentissage. En effet, comme le montre Antoine DE LA GARANDERIE, dans Pédagogie
des moyens d’apprendre : les enseignants face aux profils pédagogiques , il existe deux types
de profil pédagogique, à savoir les auditifs et les visuels.
Si les premiers ont besoin de reformuler ce qu’ils entendent sous la forme de langage
intérieur pour comprendre et apprendre, les seconds effectuent une représentation visuelle
sous forme d’images, de schémas.
Des repères visuels leur sont donc nécessaires. Le tableau fait partie de ces repères ;
cependant, comme le souligne Célestin FREINET, « le tableau noir est un support de la
matérialisation éphémère de la pensée ». Celui-ci est utilisé à un moment précis de
l’apprentissage mais son contenu est souvent effacé rapidement pour être remplacé par un
autre. L’affiche, en revanche peut être réintroduite en permanence, à chaque fois que cela est
nécessaire.
Mais ce support ne sert pas seulement aux élèves « visuels » dans la mesure où il remplit
d’autres rôles utiles à tous. En effet, l’affichage permet à l’élève de se corriger lui-même, de
retrouver un outil rédigé collectivement. Ces fonctions nécessitent que le maître crée un
emplacement spécifique que l’on pourra appeler « panneau outil ». Bien qu’il existe dans le
matériel de chaque élève, répertoires, cahiers, fichiers, livres, dictionnaires…il est
indispensable de constituer avec eux des outils collectifs sous forme d’affiche au fur et à
mesure des apprentissages théoriques et méthodologiques.
II.1.3.Pour répondre aux exigences des programmes :
Les raisons d’être de l’affichage dans la classe sont en partie déterminées par les
instructions officielles. D’après les programmes, l’affiche apparaît essentiellement dans le
domaine de la langue. Elle peut également être une aide dans d’autres disciplines.
Dans le domaine de la langue :
Dès le cycle I, l’élève doit se familiariser avec les principales fonctions de l’écrit en
jouant avec les supports (signalisation, affiches, livres, presse…) et peut dicter à l’enseignant
le texte qu’il souhaite rédiger dans le contexte précis d’un projet d’écriture. Chaque type
d’écrit permet d’explorer les contraintes qui le caractérisent. Au cycle II, elle est un support de
lecture, un prétexte à communiquer. Enfin au cycle III, elle devient également un type d’écrit à
produire.
Dans les classes, de nombreuses affiches sont liées à l’apprentissage de la langue.Au
cycle des apprentissages fondamentaux, on trouve des panneaux composés de différents
phonèmes. Au cycle des approfondissements, des affiches concernant la conjugaison sont
présentes. Les temps des verbes sont souvent des supports de référence à la mémorisation.
L’affiche peut également servir de support dans les autres disciplines.
Dans les autres disciplines :
Elaborée par l’enseignant et les élèves ou par l’enseignant seul, l’affiche est un moyen
pour les élèves d’organiser, de restituer leurs connaissances dans des domaines variés.
En mathématiques, on peut citer la bande numérique (construite au fur et à mesure des
apprentissages), les tables d’addition qui peuvent servir à développer un certain nombre de
compétences comme : « connaître la suite des nombres », « maîtriser la technique opératoire
de l’addition ». Les fiches récapitulatives en géométrie pour amener les élèves à « reproduire
et décrire quelques figures simples ».
En histoire, la construction de frises chronologiques permet à l’élève de cycle II « de
distinguer le passé récent du passé éloigné », à l’élève de cycle III de « distinguer les grandes
périodes historiques ».
En géographie, aux cycles II et III on trouve souvent une carte de France ainsi que des
planisphères, ces supports conduisent les élèves à situer, par exemple, les principales villes
françaises.
En éducation civique, directement liés à la vie de classe et présents dans les trois cycles,
les affichages revêtent une grande importance. Le tableau des responsabilités ainsi que les
règles de vie constituent des points de repères indispensables à l’organisation de la vie de la
classe. Il est important que les élèves puissent s’y référer. Aux cycles I et II les élèves doivent
être capables « d’accepter et de s’approprier » les règles de vie en commun à l’école. Au cycle
III, ils doivent les « élaborer et les respecter ».
II.2.Quels affichages pour quelles fonctions ?
Que ce soit à l’école maternelle ou l’école élémentaire, les motifs ne manquent pas pour
afficher : panneaux concernant les rituels, les productions des enfants, les règles énoncées, les
comptes rendus, les manifestations intra et extra-muros.
Outil pédagogique, l’affiche constitue un moyen mis en œuvre par l’enseignant pour
permettre aux élèves d’acquérir certaines compétences.
II.2.1.Pour construire des savoirs disciplinaires : aider à la mémorisation
L’affiche est un outil permettant de mémoriser plus facilement. En français et en
mathématiques, les affichages servent essentiellement d’aide mémoire. D’après Alain
LIEURY, dans Mémoires et réussite scolaire, pour mémoriser, plusieurs essais sont
nécessaires. La répétition est l’occasion d’une organisation de l’information.
Cet auteur précise que chez les élèves la situation la plus courante est l’apprentissage de
nouvelles informations. Or la mémoire a des limites et la surcharge est néfaste à
l’apprentissage. De plus, il ajoute que la mémoire imagée est très résistante au temps et
qu’elle est supérieure à la mémoire verbale. Les affichages permettent souvent d’éviter une
surcharge cognitive, à condition qu’ils soient clairs et bien organisés, éventuellement
accompagnés d’images.
En effet, il existe deux types de mémoire (Roland CHARNAY, concours de professeur
des écoles - Mathématiques). « D’une part la mémoire permanente (ou mémoire à long
terme) : elle est durable et possède une très grande capacité, mais une information qui y est
stockée peut ne pas être facilement récupérable. D’autre part, la mémoire de travail utilisée
pour le stockage temporaire d’informations et l’exercice d’activités non automatisées, cette
dernière a une double limitation, de capacité et de durée. En particulier, si la mémoire de
travail est mobilisée par des activités cognitives non automatisées, la capacité de stockage est
réduite, du fait de la concurrence qui s’établit alors entre activités de traitement et activités
d’auto- répétition mentales ».
La « charge mentale de travail » peut devenir excessive du fait de plusieurs facteurs :
- la gestion simultanée de plusieurs activités
- le manque de procédures automatisées
- le maintien du sujet sur des algorithmes coûteux (division par soustractions
successives)
- le manque de « faits » disponibles en mémoire à long terme (résultats numériques)
De ce fait, il ne suffit pas de demander de regarder ce qui est affiché, il faut habituer
chacun à sélectionner les informations utiles afin d’alléger la charge de travail.
II.2.2.Pour construire une démarche :
Les activités scientifiques offrent un type d’affiches particulières. En effet, la démarche
scientifique impose que, face à une situation problème, l’enseignant tienne compte des
représentations des enfants concernant le thème étudié. Cette étape peut se matérialiser par
une affiche reprenant ces représentations et elle servira de base de départ au travail jusqu'à ce
que la véritable solution ait été trouvée. Cette procédure est applicable à d’autres matières.
Ce type de document met en évidence une progression dans le raisonnement et sert
d’élément de comparaison entre le début et la fin de la démarche. Les élèves peuvent alors
facilement évaluer le chemin parcouru.
Cette comparaison contribue donc à faire en sorte que les élèves prennent conscience de
la non validité de leurs représentations et de la nécessité d’en changer. C’est essentiel pour
que l’enfant donne un sens à son apprentissage.
II.2.3.Pour confronter des points de vue :
Lorsque les élèves font une recherche par groupe ou individuellement, il arrive que l’on
affiche les résultats. Les élèves expliquent alors au reste de la classe ce qu’ils ont trouvé et
leur démarche. Cette pratique permet de confronter les méthodes de résolution, de valider ou
d’invalider les différents résultats des groupes de travail.
Ce procédé est souvent utilisé en mathématiques afin de suivre les raisonnements. C’est
un moyen efficace pour enrichir les connaissances de chacun, pour découvrir de nouvelles
méthodes.
II.2.4.Pour aider au fonctionnement de la classe :
Comme nous l’avons vu précédemment l’affichage est un outil de communication, les
affichages réglementaires permettent d’informer rapidement un remplaçant en cas d’absence
du titulaire.
Certains affichages servent au fonctionnement de la classe à différents moments de la
journée. Le tableau des services permet de responsabiliser individuellement les élèves.
Souvent au cycle des apprentissages premiers, des tableaux indiquent la répartition des élèves
dans les différents ateliers. Comme nous le verrons par la suite, ces tableaux aident au
développement de l’autonomie des élèves. Les élèves peuvent s’orienter seuls dans les
ateliers.
III- L’affichage dans la pratique de la classe
III.1.Un affichage qui obéit à des normes de présentation :
Quelques éléments me paraissent indispensables dans l’organisation de l’affichage : tout
d’abord, un agencement logique pour une meilleure appréhension des informations ; ensuite,
une lisibilité rigoureuse ; et pour finir, une périodicité variable.
III.1.1.La localisation :
Les surfaces de la classe, comme les murs, les portes des placards… sont autant de
supports utilisables. L’affichage est directement lié à la disposition spatiale de la classe. Placer
une affiche requiert une certaine organisation.
Le mur le plus important est souvent celui où se trouve le tableau. Les documents que
l’on y trouve sont le plus souvent liés aux apprentissages disciplinaires, essentiellement les
mathématiques et le français. Cet affichage situé sous le regard direct des élèves est donc
facilement utilisable par l’ensemble de la classe. Mais ces documents doivent être disposés en
hauteur afin d’éviter des problèmes de perception. En effet, les affiches placées trop bas sont
mal perçues depuis les derniers rangs, car les élèves en masquent une partie.
Le mur du fond a aussi son importance dans la mesure où il constitue la localisation
privilégiée de la plus grande partie des affiches dites décoratives. C’est un lieu qui acquiert un
statut particulier rattaché à la détente de l’enfant. Le fond de la classe devient par conséquent
un espace où l’élève peut se détacher des activités reliées à la pratique de la classe sans pour
autant en sortir.
Les affiches sur les murs latéraux sont souvent moins importantes et de nature plus
variable du fait de l’aménagement de la classe : présence de fenêtres, de portes… mais aussi
disposition des tables.
III.1.2.L’affiche en elle-même :
Pour être lisible de près comme de loin, l’affiche doit être clairement conçue.
L’utilisation de feuilles de grand format, de gros caractères, de grandes illustrations, de
couleurs vives et diverses permet de répondre à cette attente. Par conséquent, pour accrocher
l’attention, elle doit avoir une présentation claire et agréable sans oublier une composition
étudiée.
En effet, on doit pouvoir trouver le maximum d’informations rapidement et dans un
minimum de place, la sélection des composants s’avère nécessaire. De ce fait, il faut éviter le
superflu, aller à l’essentiel.
A noter que toutes ces caractéristiques sont à faire découvrir aux enfants, soit lors d’une
séance de fabrication d’affiche, soit lors d’une séance d’analyse de ce support.
III.1.3.La périodicité :
Il est difficile de dire combien de temps une affiche doit être conservée puisque tous les
élèves ne progressent pas de la même manière, à la même vitesse. Cette hétérogénéité face au
progrès de chacun conduit en général les enseignants à conserver un certain nombre d’affiches
afin de permettre aux plus faibles d’avancer à leur rythme. De même, l’affichage permanent
constitue un cadre sécurisant, des repères pour les élèves.
D’autres documents sont, en revanche, utilisés de manière provisoire, cela pour que les
élèves acquièrent des savoirs c'est-à-dire qu’ils évoquent par des représentations mentales :
opération par laquelle un sujet se représente une acquisition en l’absence de tout élément
matériel ayant servi à l’apprentissage. N.BABIN souligne le caractère provisoire de l’affiche
et indique que « regroupées ces affiches pourront servir de blocs de référence pour les élèves
en difficulté passagère ».
Enfin, certaines sont enrichies au cours de l’année, au fur et à mesure des apprentissages,
pour compléter les acquisitions des élèves.
Lorsque ces normes de présentation sont respectées, comment faire, quelles procédures
mettre en œuvre pour aller vers une réelle utilisation des affichages ?
Lors de mon stage en responsabilité en grande section, j’ai décidé de m’intéresser aux
élèves utilisateurs d’affichages dits fonctionnels méthodologiques ou disciplinaires ; plus
particulièrement à des affichages permettant un apprentissage et ne constituant pas
simplement un aide mémoire. J’ai tout d’abord observé une séance nécessitant l’utilisation des
affichages présents en classe. Ensuite, j’ai établi un affichage permettant aux élèves d’acquérir
une plus grande autonomie. Enfin les élèves ont réalisé une affiche plus directement liée à un
apprentissage disciplinaire.
Le premier affichage, répartition dans les ateliers, est entièrement créé et introduit par la
maîtresse. Le deuxième est réalisé avec les élèves et s’inscrit dans le projet d’apprendre à
s’équilibrer et d’établir un affichage pour aider les élèves de moyenne section à s’équilibrer.
Ces deux activités ont pour but d’essayer d’établir la nécessité ou non d’une
participation de l’élève à l’élaboration en vue d’une appropriation de l’affichage.
III.2. La mise en œuvre :
III.2.1.L’ utilisation des affichages présents en classe :
Lors de ma visite dans la classe de grande section, j’ai remarqué que les affichages ne
monopolisaient pas les murs de la classe contrairement à ce que j’avais constaté lors de mon
premier stage.
Lors d’une séance, les élèves devaient illustrer l’histoire de Pierre et le Loup et ils
disposaient d’une affiche représentant différents graphismes facilitant le dessin. Cependant, ce
n’est seulement qu’après l’intervention de la maîtresse que les enfants s’y sont référés. Cet
affichage avait été importé en classe par la maîtresse et avait été affiché en début d’année. Les
élèves auraient peut être utilisé plus spontanément cet affichage s’ils l’avaient construit. Les
activités que j’ai mises en place vont nous permettre d’apporter des éléments de réponse.
III.2.2. Introduction d’un affichage organisationnel :
La classe de grande section comprend 18 élèves dont un enfant autiste et trois enfants du
voyage (scolarisés depuis la rentrée).
Affichage et apprentissage de l’autonomie : tableau de répartition dans les ateliers
- déroulement :
Les enfants n’ayant pas l’habitude de travailler en ateliers, j’ai introduit cet affichage de
manière progressive. Ces ateliers tournent sur la semaine. (Annexe 1)
Il m’a tout d’abord fallu choisir le lieu d’affichage. En effet, comme nous l’avons vu
précédemment la localisation tient une place importante pour une bonne utilisation de
l’affiche. Le tableau que j’allais obtenir au bout des trois semaines était relativement
imposant donc il me fallait une surface assez grande et directement située sous le regard des
élèves. Après observation de la classe, j’ai décidé d’afficher le premier tableau de répartition
dans les ateliers sur le tableau blanc autour duquel était installé le coin regroupement.
Pour que ce tableau soit le plus lisible possible l’affiche devait être clairement conçue.
J’ai donc utilisé des feuilles grand format, les étiquettes sur lesquelles figuraient les prénoms
des enfants étaient écrites en gros caractère. De plus, j’ai utilisé des couleurs vives pour
chaque jour de la semaine (lundi : étiquettes bleues ; mardi : étiquettes roses ; jeudi :
étiquettes jaunes ; vendredi : étiquettes vertes).
▪ La première semaine, j’ai tout d’abord présenté aux élèves les ateliers de la semaine
(explications, consignes…). Puis j’ai introduit un tableau comportant trois colonnes (une
colonne par atelier). Les ateliers étaient représentés sous forme de dessins ou de symboles car
comme le souligne A.LIEURY : la présentation sous forme imagée permet un meilleur rappel
que la présentation visuelle parce que la mémorisation de l’image est le résultat de nombreux
mécanismes, notamment d’interprétation. Par exemple, il est plus facile de retenir l’image
d’une souris que le mot souris (surtout pour des élèves de grande section qui n’ont pas encore
appris à lire). J’ai ensuite montré aux élèves les étiquettes amovibles (colle double face
repositionnable) sur lesquelles étaient notés les prénoms des enfants.
Les enfants ont choisi leur activité pour le lundi, chacun a déposé son étiquette prénom
dans la colonne de son choix. Plus tard, j’ai noté sur une feuille leur choix pour les activités
du mardi et du vendredi (il n’y avait pas d’école le jeudi pour raison d’animation
pédagogique).
Le lundi soir, j’ai réparti les étiquettes prénoms, suivant le choix des enfants, pour le mardi et
ainsi de suite le mardi soir pour le vendredi.
Les ateliers
Les étiquettes « prénoms »
Mis à part trois enfants en difficulté, l’ensemble des élèves se sont référés au tableau et
ont su se diriger dans les différents ateliers.
Deux élèves n’ont pas réellement pu utiliser l’affichage car ils ne reconnaissaient pas
leur prénom. L’enfant autiste lui, reconnaissait son prénom mais avait du mal à se repérer
dans le tableau.
- analyse :
Les élèves se sont rapidement appropriés le procédé. A la première utilisation, j’ai
toutefois guidé la répartition en demandant aux élèves de l’atelier écriture de venir prendre
leur fiche, puis de même pour l’atelier logique, pour éviter les bousculades. En effet, les fiches
étaient disposées sur une grande caisse en dessous du tableau des répartitions, ce qui me
permettait de vérifier si l’enfant prenait la bonne fiche. En cas d’erreur, je lui indiquais qu’il
n’avait pas pris la bonne fiche. L’élève se référait alors au tableau pour trouver l’activité qu’il
devait réaliser.
Pour l’atelier de mathématiques, les élèves n’avaient pas de fiche à prendre, ils devaient
se diriger vers une table sur laquelle se trouvait le matériel. Cet atelier était limité à six élèves.
Le mardi matin, lors du rassemblement pour les rituels, certains élèves ont spontanément
regardé le tableau pour savoir quelle allait être leur activité après la motricité. Ils ont
rapidement saisi l’opportunité du choix et ont par la suite profité de l’occasion pour essayer de
se retrouver avec leurs camarades.
Cette situation n’a pas été source de problème, ni au niveau du comportement, ni au
niveau du travail, l’ensemble des enfants de la classe étant relativement calme et sérieux
pendant les activités.
Cette activité a relativement bien fonctionné car les enfants se sont sentis impliqués, le
tableau était suffisamment simple (repérer le prénom dans la colonne et se référer à l’activité)
pour être accessible à la quasi-totalité des élèves. Les élèves qui n’avaient pas compris le
système à la première utilisation l’ont rapidement intégré les fois suivantes.
De ce fait, j’ai décidé de complexifier l’utilisation du tableau en introduisant les jours de
la semaine.
- déroulement :
▪ La deuxième semaine, j’ai gardé le même fonctionnement et j’ai dupliqué le tableau et
les étiquettes prénoms (un exemplaire pour chaque jour de la semaine).
LUNDI
Cette fois la semaine entière était affichée. Les enfants venaient eux-mêmes à tour de
rôle poser leur étiquette pour l’ensemble de la semaine. Les élèves avaient le choix entre trois
ateliers qui « tournaient » sur trois jours (une sortie bibliothèque étant prévue le mardi).
JEUDI
Le premier jour un élève indiquait le jour et la couleur qui était associée par
exemple : « lundi, il faut regarder les étiquettes bleues ». Après avoir repéré le jour, le procédé
était le même que précédemment.
Le deuxième jour, j’ai demandé à une élève d’expliquer à nouveau la procédure à suivre
(trouver le jour, trouver son étiquette dans la colonne et se référer à l’activité).
Un élève (en plus des trois déjà en difficulté par rapport au repérage de leur prénom) a eu du
mal pour identifier le bon jour de la semaine. Cette difficulté a été surmontée le vendredi
puisque c’était le dernier jour, il fallait se reporter à la couleur qui n’avait pas été mentionnée
les jours précédents.
- analyse :
Cette deuxième semaine fait ressortir l’importance d’utiliser des couleurs différentes
pour permettre aux élèves de mieux se repérer.
De plus, le fait que cette procédure soit mise en place chaque matin a permis aux élèves
de s’approprier cette démarche au fur et à mesure. Certains élèves qui étaient hésitants en
début de semaine ont petit à petit pris confiance pour utiliser le tableau. D’autres, bien
qu’ayant trouvé la bonne activité, sollicitaient le regard approbateur de la maîtresse.
La semaine suivante, j’ai supprimé les représentations des ateliers pour le mardi, jeudi et
vendredi en ne gardant que celle du lundi. J’ai ainsi obtenu un tableau à double entrée.
Les ateliers
LUNDI
MARDI
JEUDI
VENDREDI
- déroulement :
▪ Le lundi de la dernière semaine, j’ai présenté aux enfants le tableau à double entrée.
J’ai demandé aux élèves s’ils pouvaient m’expliquer comment fonctionnait ce nouveau
tableau. Un élève est venu montrer aux autres comment s’y prendre. Ensuite, les élèves ont
reformulé la procédure à employer (trouver le bon jour, trouver son prénom, se référer aux
représentations tout en haut du tableau).
- analyse :
Mis à part pour un enfant, aucune erreur n’a été constatée dans la répartition des ateliers.
Les élèves ont su lire le tableau et associer les « entêtes » aux fiches ou lieux correspondants.
L’utilisation d’un tel tableau a donc rendu les élèves plus autonomes. Bien que le tableau ait
été conçu par la maîtresse, le fait de l’utiliser quotidiennement et de le complexifier au fur et à
mesure a permis aux élèves de se l’approprier. L’appropriation tient aussi au fait que les
élèves ont pu manipuler leur étiquette prénom.
Ce tableau a aussi fait émerger une certaine solidarité entre les élèves. Les plus
« dégourdis » ont spontanément pris en charge ceux qui rencontraient des difficultés soit pour
identifier leur prénom, soit pour situer celui-ci.
III.2.3.Création d’une affiche visant un apprentissage disciplinaire :
Affichage et apprentissage disciplinaire : affiche pour s’équilibrer sur une poutre
Jusqu’à l’âge de six ou sept ans se construit le répertoire moteur de base. Il s’agit
d’actions motrices fondamentales dont l’équilibre est une des composantes. La construction
de ces actions se fait par étapes. C’est en s’exerçant librement, puis de façon plus guidée, que
les enfants vont peu à peu construire ces actions. L’activité physique est une discipline vécue
par les élèves et de ce fait semble être un support intéressant pour la création d’un affichage.
En effet, les activités habituellement menées en classe sont relativement abstraites. Vu l’âge
des élèves, il était intéressant de mettre en œuvre une procédure plus concrète et qui
comportait peu d’éléments. L’affichage élaboré a eu pour but de permettre aux élèves
d’identifier les principales procédures nécessaires pour s’équilibrer. Cette affiche ne
communiquait pas simplement un savoir ou un résultat mais visait un apprentissage.
Cet affichage a été réalisé par les élèves avec l’aide de la maîtresse et s’inscrivait dans le
projet d’apprendre à s’équilibrer sur une poutre et d’aider les enfants de moyenne section.
- déroulement :
▪ Lors de la première séance, les élèves effectuent un parcours de motricité. Ce parcours
vise les actions motrices suivantes : sauter ; s’équilibrer. L’objectif de cette séance est
d’observer les élèves pour ensuite travailler une action en particulier. A la fin de la séance, le
bilan fait ressortir qu’il y a eu des chutes.
▪ La deuxième séance est un parcours visant à s’équilibrer. Au début de la séance, j’ai
fait reformuler par un élève la difficulté qui avait émergée lors du bilan de la première séance.
Ensuite, j’ai expliqué aux enfants que l’objectif de cette séance était de trouver le meilleur
moyen pour s’équilibrer et de réaliser une affiche pour aider les élèves de moyenne section à
s’équilibrer sur une poutre. Les élèves ont effectué le parcours une première fois librement.
Pour faire ressortir les caractéristiques principales de l’équilibre, j’ai demandé aux élèves de
refaire le parcours en marchant avec les bras dans le dos. Lorsque tous les élèves ont eu
terminé, je les ai rassemblés pour faire un bilan. « Est-ce plus facile de faire le parcours avec
les bras dans le dos ? » « Est-ce la meilleure position ? », après discussion, les enfants ont
conclu que « c’est plus facile avec les bras sur les côtés ».
La même procédure a été mise en place en demandant aux élèves de marcher sur la pointe des
pieds, et de marcher en regardant sur le côté.
A la fin de la séance, j’ai distribué à chaque élève le dessin d’une poutre et j’ai demandé aux
enfants de dessiner un bonhomme qui s’équilibre, tout en rappelant qu’un dessin serait affiché
donc qu’il fallait qu’il soit « gros ». (Annexe 2)
▪ La troisième séance a pour objectif de schématiser la situation d’équilibre sur une
poutre. J’ai sélectionné quatre dessins que j’ai affiché au tableau (un où l’on ne pouvait pas
identifier correctement le personnage, un avec un sujet dont les pieds ne touchaient pas la
poutre, un trop petit pour être affiché et un dernier qui correspondait au mieux aux principales
caractéristiques dégagées lors des précédentes séances).
Au coin regroupement, les élèves devaient observer les dessins et trouver celui qui illustrait le
mieux la situation d’équilibre. Les élèves ont échangé librement puis chaque dessin a été
repris et analysé. La maîtresse régulait la parole et décrochait le dessin lorsqu’il était établi
qu’il ne pouvait pas correspondre à la situation que l’on devait schématiser.
Ensuite, j’ai tracé au tableau une flèche noire qui représentait la poutre. J’ai demandé aux
élèves comment placer les bras, les pieds, représenter le regard.
Un élève est venu dessiner les bras, un autre les pieds (la représentation posant problème, j’ai
demandé à un élève d’enlever une chaussure pour que l’on observe sa forme) ; La figuration
du regard a été la plus délicate, au niveau du dessin et de sa position sur le schéma. Après
discussion, les élèves ont décidé de mettre le regard à droite puisqu’il « faut regarder tout
droit ». (Annexe 3)
▪ Pour l’avant-dernière séance, j’ai demandé aux élèves comment faire pour que l’on
identifie, que l’on associe facilement les bras, les pieds, les yeux à la fois sur le dessin et sur le
schéma .Les enfants n’ont pas su répondre, j’ai alors sorti une pochette de feutres. Alors un
élève m’a dit « on va les colorier » puis il est venu colorier les pieds sur le schéma. J’ai
demandé aux autres si c’était suffisant pour repérer les pieds à la fois sur le dessin et sur le
schéma. Un enfant m’a répondu « il faut colorier sur le dessin », ce qu’il est venu faire.
Pour finir, les élèves ont choisi de colorier les bras en rouge et de dessiner les yeux en vert.
Ensuite, nous avons établi un résumé que j’ai inscrit au tableau :
Pour s’équilibrer sur une poutre, il faut... utiliser les bras (en rouge), poser les pieds à
plat l’un devant l’autre (en bleu), regarder devant (en vert).
▪ La dernière séance a eu pour but d’observer, à nouveau, les élèves confrontés à une
situation d’équilibre. L’affiche a été disposée dans la salle de motricité de façon à être la plus
lisible possible (en hauteur, sur une surface dépourvue de tout autre affichage facilement
accessible au regard).
- analyse :
La majorité des enfants ne se sont pas référés à l’affiche présente dans la salle de motricité. A
priori, on pourrait penser que les élèves n’ont pas utilisé l’affichage parce qu’ils étaient en
pleine action mais en les observant, j’ai réalisé qu’ils s’étaient appropriés cet affichage.
En effet, la plupart d’entre eux essayait de mettre en pratique les principales
caractéristiques qui étaient apparues lors de la création de l’affiche. La plus visible d’entre
elles étant l’utilisation des bras. Suite à une chute, un élève qui attendait son tour lui a fait
remarquer: « Il faut utiliser tes bras ! ».
Le fait de participer à la création a favorisé l’appropriation.
Le délai de trois semaines n’est pas suffisant pour mesurer l’impact de cet affichage. Il aurait
été intéressant de réutiliser cet outil après que ce soit écoulé un laps de temps et d’élargir à
d’autres situations d’équilibre.
L’utilisation de cet affichage par une autre classe de maternelle semble relativement difficile.
(Annexe 4)
En effet, après lecture, il s’avère que les élèves de moyenne section n’ont pas réussi à
identifier réellement la situation d’équilibre. En fait, si le dessin les a aidés sur certains points
il a été mal interprété pour d’autres. Pour les enfants, le bonhomme marchait de côté sur la
poutre. La position des pieds était représentative mais le dessin ne permettait pas de faire
ressortir la perpendicularité des bras par rapport à la poutre. L’obstacle d’interprétation est
venu de la difficulté de représentation dans l’espace.
De ce fait, la correspondance entre le dessin et le schéma n’a pas été établie malgré
l’utilisation des couleurs.
Ce genre d’affiche visant à aider les enfants dans l’apprentissage d’une action motrice
est difficile à utiliser lorsque les enfants n’ont pas participé à l’élaboration ou n’ont pas vécu
la situation. La maîtresse de moyenne section a fait lire l’affiche à ses élèves mais ils n’ont pas
travaillé la situation d’équilibre. Cette lecture était donc hors contexte.
En effet, selon le schéma de Jackobson, vu précédemment, tout message renvoie à un
contexte. Les destinataires, c'est-à-dire les élèves de moyenne section n’étaient pas dans un
contexte leur permettant clairement d’interpréter l’affiche.
III.3.Comment optimiser l’utilisation des affiches par les élèves ?
III.3.1.Faire participer les élèves à la création de l’affiche :
Comme nous l’avons vu précédemment, l’affiche doit être lisible tant au point de vue de
son contenu que du point de vue de sa localisation. De plus, les affiches ne doivent pas être
immobiles, en effet l’immobilisme rend l’affichage inefficace. Les élèves ne font plus
attention aux référents qui sont accrochés aux murs. (cf : partie « utilisation des affichages
présents en classe »).
Lorsque ces conditions sont remplies, comment expliquer le fait que la plupart des
élèves ne se réfèrent pas aux affichages ? La participation des élèves à la création peut-elle
garantir une meilleure utilisation ?
D’après les situations qui ont été mises en place lors du stage, nous avons pu remarquer
que lorsque les élèves sont impliqués dans la fabrication de l’affiche concernant un
apprentissage disciplinaire, ils mémorisent les informations lors de la création. L’affiche
devient alors un aide mémoire. La création de l’affiche par les élèves leur permet d’apprendre
mais ils n’ont plus un réel besoin de s’y référer par la suite.
L’élaboration d’une affiche par les élèves, dans ce cas, ne garantit pas une meilleure
utilisation de l’affichage.
III.3.2.Le rôle des principaux acteurs :
La volonté de l’enseignant :
L’enseignant joue un rôle prépondérant lorsqu’il désire mettre en place un affichage. Il
doit prendre en compte plusieurs composantes.
L’affichage employé en classe doit être porteur de sens pour les élèves. Ils doivent se
sentir impliqués. Faire participer les élèves à la création de l’affiche permet une très bonne
implication mais, de par cette mise en oeuvre, l’utilisation de l’affichage peut devenir désuet.
En classe de grande section, la manipulation permet aux élèves d’être plus proches d’un
affichage qui est trop souvent abstrait. Le fait de manipuler des étiquettes semble être un bon
moyen pour que les élèves se l’approprient.
De façon plus générale, il paraît intéressant que l’affiche ne soit pas simplement apposée
au mur mais que les élèves puissent entrer en interaction avec elle. Ils peuvent, par exemple,
rayer les jours passés sur le calendrier. Pour les plus grands, ils ont souvent la possibilité de
s’inscrire dans un tableau de responsabilités…
L’enseignant est donc chargé d’étudier les buts, les objectifs d’apprentissages d’un
affichage (apprendre une leçon, un aide mémoire, une aide au meilleur fonctionnement de la
classe…) et d’en déduire une mise en œuvre adaptée pour que cette affiche soit la plus
efficace possible. De ce fait, l’enseignant doit expliciter aux enfants l'introduction d’un nouvel
affichage dans la classe (à quoi va-t-il servir ? Comment va-t-on l’utiliser ?...).L’utilisation
d’un affichage nécessite un apprentissage à part entière.
Une nécessité pour les élèves :
Pour entrer dans l’action, les élèves ont eu besoin de se référer au tableau de répartition
dans les ateliers. Si l’affichage répond à une attente, à un projet, les enfants l’utilisent à
condition que l’activité soit adaptée, qu’ils n’aient pas d’autres moyens à leur disposition,
qu’ils ne puissent pas trouver l’information ailleurs(le renseignement n’est pas déjà mémorisé,
il n’existe pas d’autres référents).
Dans le cas de la situation d’équilibre, l’affichage a répondu à un besoin mais les élèves
ont trouvé la réponse en faisant appel à leur mémoire puisqu’ils avaient, pour créer l’affiche,
mémorisé les principales caractéristiques.
Il faut donc que les élèves soient confrontés à une difficulté pour laquelle le seul moyen de la
dépasser se trouve sur l’affiche.
Cependant si toutes ses conditions sont réunies, il se peut que l’élève ne se réfère pas à
l’affiche par manque d’autonomie. Le tableau de répartition dans les ateliers a permis de
développer l’autonomie de chacun. Le fait de se référer au tableau à un moment de la journée
a facilité son utilisation. En effet, les enfants connaissaient par avance le moment où l’on
allait utiliser le tableau et n’avaient pas à opérer un choix entre plusieurs affichages.
Pour les plus grands, l’autonomie se manifeste par la capacité à recourir à l’affiche
adéquate en fonction de la situation de travail. Il faut donc, dès le cycle des apprentissages
fondamentaux, habituer les enfants à se servir d’affichages pour qu’ils puissent par la suite
être plus à l’aise dans leurs utilisations.
CONCLUSION
L’affichage, instrument de communication et d’information, tient une place importante
dans la vie d’une classe.
Véritable outil pédagogique, il est présent du cycle des apprentissages premiers au cycle
des approfondissements. Ce support visuel a de nombreuses fonctions et joue un rôle non
négligeable dans les apprentissages. Il permet une appropriation de l’espace classe, il aide à
l’apprentissage de savoirs disciplinaires et méthodologiques.
L’affiche doit respecter un certain nombre de critères (localisation, présentation,
périodicité) mais ces éléments ne suffisent pas à garantir une utilisation efficace.
En effet, pour que les élèves se réfèrent aux affichages, il faut qu’ils en aient besoin.
De ce fait, lorsqu’ils participent à la création d’une affiche, ils se l’approprient.
L’affichage ne remplit plus réellement sa fonction première d’information car les enfants
connaissent déjà les données qui y figurent. L’affiche servira alors comme aide-mémoire.
De plus, il faut que l’élève ne puisse pas trouver l’information sur un autre support et
qu’il soit relativement autonome. L’autonomie constitue un objectif d’apprentissage dans
l’utilisation de l’affiche.
Donc, l’affiche n’a pas à être apposée au mur sans explication. L’enseignant ne peut pas
se permettre de tout afficher dans la classe, il doit opérer des choix. Il faut une réelle volonté
de sa part d’exploiter cet outil, de le faire progresser en fonction de l’évolution des
apprentissages des élèves. L’affichage ne doit pas être immobile, il peut être remis en cause,
amélioré, refait ou abandonné.
L’utilisation d’une affiche nécessite un apprentissage à part entière.
L’affichage est un outil essentiel, parmi d’autres, dans l’organisation de la vie de classe
et dans les apprentissages.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages lus :
□ Pédagogie des moyens d’apprendre : les enseignants face aux profils pédagogiques. Antoine DE LA GARANDERIE Editions Bayard 1996 131 pages
□ Mémoire et réussite scolaire. Alain LIEURY Editions Dunod 1997 150 pages
Ouvrages consultés :
□ Qu’apprend-on à l’école élémentaire ? Ministère de l’Education Nationale Editions XO 2003
□ Programme Projets Apprentissages pour l’école maternelle. J.TERRIEUX, R.PIERRE, N.BABIN Editions Hachette Education 2002 p.123 à 127
□ Faire la classe à l’école élémentaire. Bernard REY Editions ESF 1999 p.80 à 88
□ Introduction à l’analyse de l’image. Martine JOLY Editions Nathan 1993 p.1à 50
□ Concours de professeur des écoles – Mathématiques Tome2. Roland CHARNAY, Michel MANTE Editions Hatier 1996 p.11 à 14
Revues :
□ La classe n° 94 : le tableau et l’affiche. Henri PHILIBERT Décembre 1998
Article :
□ Affiche. Marc THIVOLET Encyclopaédia Universalis Tome1
ANNEXES
Annexe 3
Annexe 4
Questionnaire adressé à la maîtresse de la classe de moyennesection :
Est-ce que les enfants ont fait ressortir :– les mots suivants –
- poutre
- équilibre
- bras
- pied
- regard (yeux)
- la position des membres :
- bras de chaque côté de la poutre
- pieds → l’un devant l’autre
→ à plat
- regard vers l’avant
- par rapport au schéma :
- correspondance des couleurs
Oui Sans aide
OuiAvec aide
Non
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L’AFFICHAGE DANS LA CLASSE
RESUME :
Les affiches sont omniprésentes dans les classes, elles sont un support privilégié pour
communiquer des informations au groupe classe. L’affichage est un outil qui doit répondre à
des normes précises qui lui sont propres : localisation, lisibilité, périodicité variable.
L’efficacité de l’affichage dans les apprentissages dépend de la volonté du maître lors de
la conception et de la mise en œuvre. Elle dépend aussi du besoin que les élèves ont de s’y
référer. L’utilisation de l’affichage nécessite donc un apprentissage à part entière.
MOTS CLES :
- Affichage
- Apprentissage cognitif
- Autonomie