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Éditions Les Cavaliers de l’orage
ConSciencesVoyage aux frontières de l’entendement
Jacques Honvault
Version 9_1 du 30/09/13 - 3h55
ConSciences
Les Cavaliers de l’orage publient des ouvrages visant à faire partager des initiatives qui s’écartent des schémas
conventionnels pour anticiper les enjeux de notre temps. Les auteurs, qui se distinguent par l’originalité et la rigueur
de leur approche, ont à cœur d’éclairer des espaces de réalisation qui prennent en compte tant l’homme que la nature.
Techniciens, artistes, entrepreneurs, voyageurs, spécialistes d’un domaine spécifique, ils sont l’autre visage d’une société
foisonnante d’inventivité et de ressources, qui cristallise l’espoir de demain.
Chronique d’un salaud de patron
Bienvenue dans la vraie vie d’un patron de PME
Julien Leclercq
À contre-courant
Traverser la Manche à la conquête de ses rêves
Arnaud Chassery
Le Nouveau Monde
Regard sur la disparition des banquises et sur le sens des choses
Emmanuel Hussenet
Une femme jour après jour
Autoportraits au fil de la vie – Saison Été-Automne
Laurence Dugas-Fermon
Fantôme du soir
ou Le Rêve de Molière
Bernard Ortega
Contact :
Web : www.lescavaliersdelorage.fr
Mail : [email protected]
Crédit photos/textes : Jacques Honvault, sauf photographies page 12 (Patricia Aussant), page 152 (Laure
Grandhomme) et page 174 (Club photo de Méru).
Aucune partie de cette édition ne peut être reproduite et/ou publiée par impression, photocopie, photographie ou
de toute autre manière, sans autorisation écrite préalable de l’auteur.
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written permission from the author.
Éditions Les Cavaliers de l’orage
Jacques HonvaultEngineering Art
Éditions Les Cavaliers de l’orage
ConSciencesVoyage aux frontières de l’entendement
8
11 – Préface12 – À propos de l’auteur13 – Avant-propos
15 – Partie 1 – Là où la science m’a mené : je pense, donc je suis.
16 – Le commencement18 – Derrière le charme20 – De l’expérience à la théorie22 – En quête de l’infini24 – L’ancien choix par défaut26 – La victoire du déterminisme28 – Le contre-intuitif30 – Un passeport pour un monde féerique32 – Science et technologie34 – La maîtrise énergétique36 – Un progrès rapide38 – La conversion analogique numérique40 – Vers la fin des secrets42 – Plus forte que la logique44 – Dominer la nature46 – Toujours plus d’audace48 – La soif d’éternité50 – Un progrès sans fin52 – L’illusion de l‘objet54 – Le prix à payer56 – La loi de la jungle
59 – Partie 2 – Retour à la case départ : qui suis-je ?
60 – L’ego blessé62 – Le côté sombre64 – Les conquérants66 – La finitude du monde68 – Le leurre de l’équité70 – Les simplifications abusives72 – La grande illusion74 – L’aveuglement cognitif76 – L’éternel orgueil78 – La guerre économique80 – Un monde en ébullition82 – La perversion monétaire84 – Le choix des armes86 – L’impasse de la contestation88 – La recherche du contrôle90 – L’entropie fataliste
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Sommaire
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100 – Les dissonances cognitives102 – Le libre arbitre104 – La gestion du changement107 – L’écologie des idées108 – Les états de conscience110 – Des rêves à conscience variable112 – Conscience du tout et amour114 – Conscience et nature de la vie
117 – Partie 3 – Vers l’être ressentant : j’aime, donc nous sommes.
118 – Vers un ordre caché120 – Le ressenti face au rationalisme122 – L’illusion de l’analyse124 – Par-delà les apparences126 – Un tourbillon inéluctable ?128 – L’impossible certitude130 – L’approche de l’étrange132 – La cécité cognitive134 – Vers la fin des secrets136 – Un monde à reconstruire138 – Hasard et nécessité140 – Être en accord142 – S’ouvrir à l’émotion144 – Une humanité à assumer146 – Le conformisme des cases148 – La nature humaine150 – La nature et la grâce152 – L’expérience du mystère154 – À propos de nos origines156 – La conscience des cycles158 – Le pouvoir de l’imagination160 – La pertinence des mythes et légendes162 – Les limites de notre perception164 – Hasard ou chance166 – La perception de la réalité168 – La science et le subtil170 – Tout est croyance172 – Foi et confiance174 – Un altruisme porteur176 – Célébration de la vie178 – Un carpe diem authentique180 – Vers la source182 – L’utopie possible184 – En conclusion186 – Remerciements188 – Bibliographie indicative
Ludovic DUHAMELUniversité de REIMS
Aurore DUROZELLE
Nicolas BRAZIER
Alain HUGENY
Alain LABOUZE
Ali FAKIR
Antoine UHALDE
Axel WEYTENS
Christophe BOULOY
Elise ANTOINE
Philippe ANTOINE Faustine AUDUREAU
Gaëtan COLLIN
Georges MAISONNEUVE
Hubert JEGA
Isabelle BOUSQUET
Luc PLISSON
Michel HANS
Myriam DUQUENNEThierry PROUVOT
Olivier FORTI
Françoise AUGIER
Melanie DEBEVRE
Guy SIMONIN
Jeff COURANTSébastien PERSON
Aubrey de GREY
Catherine BOURHALLA
Sophie BERNARD
Anne-MarieTHULLIER
Jean-Pierre THULLIER
Simone TAURAND
ASLA PHILOSOPHIE
François-Xavier ROBILLARD
Nathalie RIBEMONT
Exposition Livry Gargan
Exposition Bienvenus sur Mars
Exposition UPJV
Exposition Fête de la Science 2010
Capillotracté ?
ExpositionPalais de la découverte
Exposition CEA PARIS
Exposition CEA FLORENCE
Exposition Fête de la Science 2008
Exposition Fête de la Science 2011
Exposition Fête de la Science 2009
Exposition Nuit Blanche
Exposition 15 ans Ombelliscience
Prise de vue Chladni
Anne MOUTOT
Vincent LAMY
Affiche PARISCIENCE
Nuit du film scientifique
Lycée BRASSAI
Galerie COLORIDA
Exposition Maison Européenne de la Photographie
Exposition PERMIS DE CONSTRUIRE
Benoit MOREL
Olivier TABOUREUX
Galerie BEAUVAIS
CollaborationPROMEO FORMATION
Ingrid BRUNAZZI
Carole BLERIOT
Sandrine LABBE
Alain FARCHI
Turboseb77
Sébastien CUVIER
L’internet Magazine
Virginie DAUVET
Editions Magnard
Prise de vue VENGEANCE !
Olivier VAN CAEMERBEKE
Sélection du Reader’s Digest
Ronan LOAEC
Chasseur d Images
Jean-Guy COUTEAU
Philippe LAVIALLE
Mathilde RENARD
Marie-Eve Migueres
Sciences et vie Découverte
Valérie QUEZADA
Olivier VOIZEUX
Sciences et vie Découverte
Catherine GARNIER
Agence LOOK AT SCIENCE
Alexandre HAGUET
Brigitte ZANA
Claire CALMET
Emmanuel HUSSENET
Editions Les cavaliers de l’orage
Marianne FOISSEAU
Damien JAYAT
Clement BLANCHET
Exposition SCIENTILIVRESDocteur CHARBONIER
Vincent VIALA
TEDx Place du Capitole
Christophe GALFARD
Catherine DESPLASChristophe TERRAL
Isabelle CALKINS
Alain GENEST
Patricia AUSSANTEric WILD
Daniel LENGAIGNE Laurent MICHEL
Sarah MICHEL
Exposition ANDEVILLE
Didier TREHARD
Club photo MERU
Sophie BOWEN
Jean-Charles MOREL
Eric VAN ESS BECK
Alexandre LAZAREW
Laure Clément
Christian JUDEISophie STAGLIANO Edmundo NAVA SAUCEDO
Kamil FADEL
Bertrand PREVOST
Pierre DURTESTE
Alain FARCHI
CEA Grenoble
Virginie DAUVET
Editions MAGNARD
Prises de vue CNPP
Anne-Karine BIGOT
Guillaume TOURNABIEN
Bruno ROUBLIQUE
MultiPilotPro
Salon de la Photo 2012
Frédéric ITTHIRAD
Laurent VOILMY
Emelyne VOILMY
Sébastien PAGNIEZ
Marianne RAGEOT
Maurice Van ROSSEM
Benjamin DROUVEN
Christophe COUTEAU
Christian NOORBERGEN
Catherine GUIGNARD
Laure GRANDHOMME
Expositions UTT
Ateliers UTT
Exposition Fête de la science 2009
Prise de vues Azote Liquide
Timothée TOURY
Daniel FIEVET
Etienne GUYON
Huguette ALPHANDARY
Matteo MERZAGORA
Samia SERRI
André KLARSFELD Florence WEIL
Christian COUNILLON
Jean-Marc GALAN
Catherine MOULIGNE Jean-François HOUSSAIS
Conférence 13 minutes
Exposition MONTROUGE
CNRS Neurobiologie
Exposition ESPGG
BTS Optique
Ouvert la nuit
La tête au carré
Florence GODE
François-Xavier BULLOT
Ana Lia AMAND
Richard-Emmanuel EASTES
Celya GRUSON DANIEL
José ROBERTO
Stéphane CORREARD
Doriane DAMBREVILLE
Collège AMIENS
Claire RAFIN
Xavier DUMESNIL
Residence Pouilly en Auxois
Marie-Laure GRUNENWALD
Pascal MASI
Exposition Artistes indépendants
Florence ENJOLRAS
Jean-Yves COLONNA
Claud HABFAST
Georges SAUVEUR
François LOLLICHON
Franck ALLERON
Sébastien ROCQ
Nathalie LASSERRE
Martin Van WUNNIK
William ISAMBERT
Gérard LIGER-BELAIR
Celine LOUVET
Bruno SERRA
Jean-François BROCHEC
Joel GAUDRAIN
Exposition IUFM ROUEN
Plasticité Arts et Sciences
Marc Williams DEBONO
CEA Grenoble
Jean-Luc SAIVEAKHENA
Laurent COSTA
Catherine SAVIGNY
Yann WEB
Stephane PATIN
European synchrotron radiation facility
Edouard Challemel du ROZIER
Nicole NOGUES
Christiane SELLIER
Jean-Jacques VINCENTZ
Exposition ESTACA LAVAL
Chantal BRUSSIER
Geneviève VESCIA
Jean-Sébastien DELFOSSE
Louis DELGRANGE
David BIEGLE
Jean-François ROVERSI
Pascale GORSE
Joao SERRA
Nicolas BRICE
Jérémie LEPEVEDIC
Marc PAVAGEAU
Pierre DUTHIL
Emmanuel MARGERAND
Olivier BERNE
Christian NOUAUX
Jean-Claude VALLET
Musée de la NACRE
Acceuil Conscrit Aix
Miroir de l’Art
Prises de vue Optique
Philippe LEMOSSE
Editions HACHETTE
Katia DAVIDOFF
Editions BELIN
Anne MENSIOR
Editions BORDAS
Blandine DURAND
Jocelyne SMADJA
Olivier SUCHAIL
Pierre-Yves LAGREE
Conférence CNRS JUSSIEUX
Stéphane ZALESKI
Alexandre DANG
Martial LAVAREC
Martine FREBAULT
Michel FOUTEAU
Stephan ORIVEL
Michel ORIVEL
Exposition Alliances Françaises de Chine
Exposition SAGE 2
Exposition Grand HotelIntercontinental de Paris
Jean-Pierre CREPIN
Dominique BECARD
Exposition Giverny
Daniel LANGLOIS
Bertrand FOUSSIER
Anne LENNER
Guillaume LOMBARD
ARTS ET METIERSMAGAZINE
Les RDV de IENA
Editions La DILETTANTE
Catherine BOISAUBERT
Gadz’artistes
Basarab NICOLESCU
Michel CAZENAVE
Carol SAPHIRO
Circulations Tissages
Eric LE ROUGE
Frénésie Liquidité matérielle
Alain GALY
Arnaud ROGEZ
Claudius de cap de BLANC
Isabelle MARFOND
Jeanne FERRIEU
Roger STANCHINA
Bernard TACHEFINEEvelyne DOLBET
Laurent DOLBET
Jean LECLERCQ Alain PRAS
Exposition Artconsommart
Prise de vue ballistique
Exposition Mais ou est donc Ornicar
Exposition Fête de la Science 2007
Exposition Photo Folies 2013
Exposition Carla-BayleExposition Lille Art Fair 2011
Exposition Image de Fer
Affiche Tissus Premiers
Sylvie MAISONNAVE
Madame LECLERCQ
Bijan Aalam
Babelle DUNGLAS
Darienne MOYER Bertrand BILLA
Philippe LAURENT
Michel GOBERVILLE
Antoine TROMBINOPiers HENRIOT
RAURICH Jean-Pierre POURTIER
Michel D’ENCAUSSEMaud Ait Saïd Yann HAGIMONT
Jean-Pierre SIERExposition Fête de la Science 2011
Lionel DELCOURT
A&J LEBARBENCHONExposition AUVERS SUR OISE
Laurent OLIVIER
GMAC Chatou
Franck MULLER
Frédéric SINNO
Murielle DELABARRE MULLER
Stephan OBADIA
Stéphane VERCLEVEN
Stéphanie SINNO
Blandine HONVAULTSylvain BLANC
Collège CAUFFRY
Collège BEAUVAISFauqueux
Collège BEAUVAIS Notre Dame
Collège LE HAVRE
Collège COMPIEGNE
Christophe DURAND
Jeff CASULI
David TURPIN
Benoit EBRAN
Stéphanie ANSART
Eve DECK
Claude RENARD
Cyril BARRE
Christophe JALBERT
Elise COCQUET
Francis MEDOC
Francis LALAU
Hadelin HONVAULT
Claire LALAU
Alexandre NYS
Les conventions
Communications extravéhi-culaires
Alexandre LEBORGNE
Daniel VERNET
Ghislaine SERAL
Joël VASQUEZ
Thomas BRIANT Charel FABRY
Catherine RIGOLLET Gilles HABERKHORN
AGORA DES ARTS
SANCY STUDIOS
Percept’science
Exposition FESTI MOTS
Exposition CG60Exposition musée départemental
Lycée MERU
Daniela C. FUENTES
Tiphaine BIROTHEAU Philippe GILLES
Pierre BAROUGIER
Nathalie RAVIER
Xavier MAHE
Josiane LOISON
Philippe MASIA
Stéphane TRUTIN
Exposition Bailleul en Thérain
Béatrice LEJEUNE
Yves ROMES
Exposition AMBLAINVILLE
Anne ARBELINNI
Presse Picarde
Toi qui t es dérobé à ma mémoire...
Toi qui m’aideà mon insu
Toi qui préfère l’anonymat
Arnaud BAUDRY
A&V DESCROIX
Philippe DESROUSSEAUX
Gilles ROUVIER
Bail Art
Didier LABILLE
Benoît LECOQ VALLON
Olivia MERCIER
Edouard SCHOENE
Savoir tout faireen photographie
Jean-Marc LEVY LEBLOND
Collège MOUY
CollègeSaint Just en Chaussé
Technologie Services CollègeNEUILLY EN THELLES
Perrine VALLET
Mathieu Vidard
Alain LOPEZ
Isabelle COUMES
Jean-Luc JOAN
Aurélie MATHIEU François BESSE
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92 – Prendre du recul94 – S’affranchir de la science96 – Les niveaux de réalités98 – Science et transcendance
11
Je me souviens de la première grande exposition de Jacques Honvault en 2010 qui nous présentait alors l’état de ses recherches au Palais de la découverte. Le Palais de la découverte, là où s’offre le plus pur de la science qui soit accessible au grand public : quelle merveilleuse idée ! Et que l’on retrouve en partie dans ces ConSciences qui devraient en faire réfléchir plus d’un.
Tout ce qui nous est offert de la sorte se trouve être le produit de technologies qui, comme toutes leurs pareilles, sont le résultat appliqué de notre corpus de savoirs. Jacques Honvault démontre ainsi – comme on prouve le mouvement en marchant – que, contrairement à ce qui est si souvent avancé, l’art et la science peuvent avoir beaucoup à faire ensemble.
Oui, je connais bien la rengaine selon laquelle la construction de la science est profondément rationnelle, tandis que l’art serait de l’ordre d’un non-rationnel qui ne consisterait pas à dépasser les « antinomies de la raison » (n’est-ce pas, Emmanuel Kant ?), mais à renoncer tout simplement à celle-ci. Science rationnelle, je suis bien d’accord, à condition d’interroger les conditions de possibilité de la raison, et de constater qu’elle se bâtit généralement sur un arrière-fond métaphysique ou mythologique que l’on a la paresse de mettre à jour ou l’outrecuidance de vouloir nier, alors que toute l’histoire réelle nous enseigne le contraire.
Or, justement, à travers ses recherches, Jacques Honvault montre exactement le contraire : nous prenons soudain conscience, avec lui, que :
– la structure du monde, comme la science contemporaine permet de l’explorer, peut nous emplir d’une profonde émotion esthétique (je pense aussi, ici, aux photos de galaxies lointaines telles que les derniers télescopes spatiaux nous ont permis de les découvrir),
– il existe d’évidence une articulation entre tout ce qui est de l’ordre de la raison et de l’ordre de ce qui la dépasse,
– et il demeure en nous le besoin de réfléchir.
Pourtant, si l’on veut bien penser un court instant, on admettra sans difficulté qu’on ne peut « dépasser la raison » que si celle-ci existe bien et qu’on l’a exercée tout du long.
Que penser des songes éveillés auxquels la science mène la vie si dure ? Ils subissent toute la méfiance de ceux qui portent la science moderne depuis presque deux siècles…
Et c’est tout le mérite de Jacques Honvault que de nous faire découvrir à quel point on peut s’appuyer sur le corpus scientifique pour lui faire exprimer notre émerveillement devant l’organisation de l’univers, et pour nous révéler comme il peut être à l’origine de beaux phénomènes que nous n’aurions, autrement, même pas soupçonnés !
Oserais-je ajouter que, bien souvent, devant ces travaux, je n’ai pu m’empêcher – toutes choses égales par ailleurs – de songer à Léonard de Vinci ; c’est-à-dire à celui qui, à l’aube de notre Renaissance, a si bien cherché, comme la publication de ses Carnets secrets nous en a fait prendre la mesure, à dialectiser la recherche de cette immarcescible beauté dont l’humain a toujours cherché à lever le voile ?
Michel CAZENAVEÉcrivain, philosophe et poète
Préface
12
Né le 24 septembre 1974 à Metz, j’ai grandi dans un milieu modeste de l’agglomération lilloise. Après avoir redoublé par deux fois au lycée, je me mets enfin au travail et obtiens une mention au Baccalauréat C.
Après deux ans en classes préparatoires, j’intègre l’École Nationale Supérieure des Arts et Métiers, promotion Châlons 1996 (École aujourd’hui rattachée au réseau Paristech).
Ma vie professionnelle débute par dix ans au service d’un équipementier automobile motoriste. Les cinq premières années sont créatives avec des dépôts de brevets d’inventions. Cependant, ma nomination d’expert technique ne suffit pas à garder ma motivation intacte.
En effet, après quatre ans d’activité, mon questionnement sur le mal-être de mes collègues m’amène à m’engager dans la voie syndicale. Je m’investis alors jusqu’à devenir délégué des centres de recherche & développement et de fabrication.
Ma perception de l’entreprise et de notre civilisation m’incite à reconsidérer ma carrière en 2007. Je crée mon premier site internet dédié à la photographie scientifique. Trois ans plus tard, je négocie mon départ de l’industrie.
En 2009, je suis sélectionné pour l’exposition « Nouveaux regards » à la Maison Européenne de la Photographie. Je commence en parallèle des interventions pédagogiques art-science en collège et mets au point mon procédé de fusion temporelle, assemblage de photographies en bandelettes pour représenter l’action du temps.
L’année suivante, le Palais de la découverte consacre la rétrospective Magnifi’Science aux cinq premières années de mes travaux. Je réalise pour l’occasion ma première machine d’art cinétique. Un laboratoire du CNRS de Jussieu m’invite à donner ma première conférence. En plus des collèges, j’interviens également en école d’ingénieur. Mon procédé de synthèse différentielle est mis au point (voir encadré ci-contre).
Les Alliances Françaises de Chine organisent une itinérance dans sept villes de Chine entre 2011 et 2012. Avec la galerie Images de Fer, j’édite le livre ESSciENCE DES CHOSES et expose une sculpture « l’humanité, hasard et nécessité » à la Lille Art Fair.
L’aspect « conférencier et réalisateur vidéo » de mon travail se confirme en 2012 : je donne deux conférences lors du TEDx de Toulouse, une conférence à l’université Diderot et j’expose à l’Espace des Sciences Pierre-Gilles de Gennes. Universcience.tv me confie la réalisation de « Capillotracté ? », une série dont chacun des 44 épisodes explique une de mes photographies et la réflexion philosophique qui lui est associée.
Aujourd’hui, des interventions pédagogiques art-science-philosophie m’amènent à travers la France à travailler avec des professeurs de toutes disciplines : sciences, technologies, arts plastiques, histoire, français et philosophie. Le monde de l’industrie et de la recherche me consulte sur des sujets de techniques de visualisation ou de mise en avant d’images techniques. Ma carrière artistique explore à présent les champs du cinéma et de la vidéo interactive.
Web : jacqueshonvault.com
Mail : [email protected]
À propos de l’auteur
13
Dans un premier temps, vous pouvez vous dire que ces images sont assurément le résultat de trucages ou d’infographies. Pourtant, ce sont de véritables photographies qui correspondent à des phénomènes de sciences physiques réels. C’est à ce titre qu’elles ont eu l’honneur d’une exposition de 200 m2 au Palais de la découverte en 2010.
Dans un deuxième temps, la question du « comment ? » peut se poser. Pour y répondre, des documentaires vidéos sont visibles sur mon site jacqueshonvault.com. Je réalise de nombreuses interventions en milieu scolaire, et donne des conférences expérimentales lors desquelles ces clichés sont reproduits en direct et en public. Révéler mes méthodes est un élément fondamental de ma démarche car je souhaite partager cette idée que l’incroyable peut être possible.
Vient ensuite la nécessité de classer ce travail. Est-ce de l’art ? Du matériel publicitaire ? Juste de la photographie scientifique ? Si votre attention s’égare sur le titre de la photographie alors son décalage au regard de l’œuvre devrait guider la réponse. Au-delà de l’aspect figuratif et insolite, mon art se veut avant tout conceptuel, en stimulant notamment l’imagination formelle.
Dès lors, on peut s’interroger sur le sens de mon approche. Le questionnement scientifique peut être appliqué à tous les sujets de la vie, y compris et surtout aux sujets non scientifiques. Cependant, la science est dangereuse si l’on oublie qu’elle est une invention, un simple modèle intellectuel et non la vérité découverte. Et le doute permanent est une nécessité absolue pour éviter de tomber dans le dogmatisme.
D’où la question fondamentale : pourquoi ? J’ai pris conscience à travers l’étude de l’histoire, que ce soit l’histoire des sciences, des arts, ou tout simplement mon histoire personnelle, que notre réalité n’est qu’une perception, et finalement juste un consensus mental. Or, les courants de pensées sont à la fois aveuglants et invisibles. Tenter de s’en extraire pour faire évoluer notre conscience est complexe.
Alors, concrètement ? Ces photos, bien qu’improbables, sont pourtant vraies. Ce sont des métaphores filées qui cherchent à débrider l’imagination en ébranlant nos barrières cognitives inconscientes. Les secrets dévoilés amènent à se questionner sur la nature de la réalité et à repenser notre capacité à discerner. En effet, la vie ne saurait se résumer à un exercice mental. Elle s’exalte à travers les ressentis, sensations, émotions et sentiments. Ma démarche conceptuelle se mêle à une recherche esthétique qui vise l’enchantement.
Jacques HONVAULT, septembre 2013.
Avant-propos
À propos des œuvres en synthèse différentielle :Ce procédé personnel mis au point en 2010, mais volontairement non breveté, consiste en la soustraction numérique de deux images, qu’elles soient de nature vidéo ou photographique. Les différences sont alors exacerbées, les couleurs modifiées, alors que ce qui ne change pas devient noir. Il n’y a pas de colorisation manuelle, cette technique photographique (au sens étymologique du terme) étant automatique.
À propos des QR codes :Si vous possédez un téléphone ou une tablette ayant une application dédiée, vous pouvez scanner ce symbole carré, le QR code. Vous accéderez alors à une vidéo présentant la problématique soulevée par la photographie. Vous pouvez également utiliser votre navigateur Internet en saisissant l’adresse suivante : http://jacqueshonvault.com/livre5.php
15
Partie 1Là où la science m’a mené :
je pense, donc je suis.
Partie I : Là où la science m’a mené : Je pense donc je suis.
16
Si une chose nous distingue des autres membres du règne animal, c’est sans doute notre conscience d’être. De cette capacité spécifique peut alors découler la question fondamentale : « pourquoi ? »
Pourquoi suis-je là ?
Pourquoi moi ?
Pourquoi la vie plutôt que le néant ?
Tout a peut-être commencé ainsi : l’Homme veut sortir du flou, l’Homme veut comprendre.
Sa réponse la plus efficace fut la construction de la méthode scientifique, c’est-à-dire le regroupement d’un ensemble de pratiques et de résultats qui permet d’établir :
– un savoir mesurable : ce qui est étudié peut être caractérisé de manière précise,
– un savoir répétable : l’expérience peut être reproduite plusieurs fois de suite dans un même laboratoire et dans les mêmes conditions,
– un savoir reproductible et donc vérifiable : un même résultat est obtenu quels que soient les opérateurs, les installations et le lieu,
– et si possible une relation causale, c’est-à-dire une explication qui décrit le comment du phénomène.
Comprendre – 2009Je m’interroge ici sur le fait que ce tube fluorescent s’allume alors qu’aucun fil électrique ne le touche. II est à proximité d’un résonateur de Tesla qui produit une source de tension de 100 000 volts. Placé à deux mètres de la machine, le champ électrique excite le tube fluorescent qui transforme ces ondes en lumière. La lumière produite est plus faible que si l’on branche le tube au réseau électrique domestique, mais elle est bien réelle, en atteste cette photographie qui a duré un quart de seconde.
Le commencement
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La relativité des savoirs #1En se plaçant dans le noir et en ouvrant l’obturateur de l’appareil photo, le capteur enregistre la trajectoire de toutes les sources lumineuses : c’est le « light painting ».
L’efficacité des modèles mathématiques utilisés en sciences physiques permet une chose qui relevait, il y a peu de temps encore, du fantastique : prévoir le futur ! Jetez un pointeur laser dans un double mouvement de rotation, et vous pouvez écrire à l’avance sa trajectoire ainsi que ses points d’inflexion et de rebroussement. Pour l’instant, cette prédiction ne s’applique qu’aux phénomènes matériels dont nous connaissons bien les conditions initiales. Mais qui sait jusqu’où la science nous mènera ?
Aujourd’hui, des calculs précis de distances avec des satellites en orbite autour de la Terre nous permettent de nous positionner à quelques dizaines de centimètres près : c’est le système GPS issue de la technologie militaire.
L’armée, à l’affût des avancées scientifiques, finance de nombreuses recherches. Lorsque la cinématique, domaine de la mécanique qui étudie les mouvements, est apparue, sa première application fut militaire : la maîtrise de la trajectoire d’un boulet de canon était capitale !
C’est ainsi que surgit un véritable problème éthique : le scientifique est-il responsable des découvertes qu’il réalise ? Aurait-il été préférable de ne pas découvrir la fission nucléaire, quitte à se passer des applications médicales de la radioactivité ? Fallait-il aussi se passer de tous les métaux puisque la métallurgie permet de façonner des armes blanches ? Beaucoup de chercheurs font des découvertes et se dédouanent de l’emploi que les autres peuvent en faire.
Quoi qu’il en soit, si nous pouvions mettre le monde entier en équations et connaître sa situation à un moment donné, alors nous pourrions tout prévoir. La science serait alors la clé du pouvoir… La sensation de maîtriser le monde grâce à nos connaissances scientifiques est grisante. La science, c’est le vrai, et la vérité n’est-elle pas vertueuse ?
Inflexions – 2007Un laser se balance suspendu à une ficelle. L’appareil est en pose dans une salle obscure. Les figures qui se tracent sur une feuille blanche posée sur le sol sont capturées pendant 15 secondes. La rotation du laser sur lui-même est inversée par rapport au mouvement de rotation du pendule ainsi constitué, provoquant ces figures géométriques où apparaissent des « points d’inflexion » et des « points de rebroussement ».
La victoire du déterminisme
27
28
Illusion du contrôle – 2009Le verre est collé à une planche articulée sur sa partie gauche. La planche est maintenue inclinée à environ 45° le temps de remplir le verre puis poussée brusquement vers le bas. Le bruit produit par le contact avec la table est perçu par un micro qui déclenche sans délai un flash situé derrière le fond constitué de deux plaques de plexiglas translucide.
Notre vie entière est conditionnée par la gravité. Tout tombe de haut en bas, inexorablement attiré vers le centre de la Terre. Ainsi, les surfaces des liquides au repos sont horizontales. Notre cerveau intègre cette constance en associant l’horizontalité à la stabilité.
Dans cette série de photographies, c’est cette association intellectuelle que j’utilise pour déstabiliser l’observateur. Il suffit de savoir que cette table horizontale n’est pas fixe pour expliquer cette gerbe d’eau incompréhensible. La science permet de prévoir et d’exercer un contrôle sur la nature qui défie l’entendement du profane.
Un scientifique éprouve une grande satisfaction quand il prouve une théorie contre-intuitive. En effet, si celle-ci permet de décrire une réalité physique, la chance qu’elle se révèle fausse est bien moindre.
En physique atomique, les chercheurs écrivent des équations d’après des raisonnements mathématiques qui affirment, par exemple, que la vitesse de la lumière est une limite infranchissable. Ils mettent parfois des années à construire des dispositifs expérimentaux pour essayer de valider l’improbable théorie.
Quand l’expérimentation confirme la théorie, c’est une véritable victoire sur les limites de notre entendement.
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Pilier de la technologie, origine de toute chose, l’énergie doit être maîtrisée. Celle-ci est utilisée pour extirper puis pour transformer la matière.
Pendant des millions d’années, la source fondamentale d’énergie fut le soleil. Les végétaux captent son rayonnement et stockent l’énergie sous forme de molécules carbonées. Cette énergie fossilisée se trouve enfouie sous terre dans les trois états : gazeux (le méthane), liquide (le pétrole) et solide (le charbon).
Aujourd’hui, l’énergie est puisée sous ces trois formes. Toutes nos techniques ont été mécanisées, donnant un prodigieux accélérateur à notre développement matériel. Pris dans cet essor, nous consommons nos ressources des milliers de fois plus vite qu’elles ne se créent naturellement.
Alors l’Homme recherche et développe des filières alternatives : la captation de l’énergie solaire bien sûr, mais aussi de ses manifestations indirectes telles que le vent, les biomasses, l’hydraulique, etc.
Un bilan énergétique global à l’échelle de notre planète pose alors la question du réchauffement climatique. Même s’il s’avère compliqué de mesurer avec exactitude l’impact des activités humaines sur l’effet de serre, il est néanmoins évident que si on libère dans l’atmosphère un surplus d’énergie solaire jusque-là enfoui dans le sol, il y aura à terme un réchauffement.
Dès lors, la seule énergie que nous pouvons utiliser sans arrière-pensée demeure l’énergie solaire. En effet, notre système terrestre s’est toujours développé avec cette énergie qui continuera de nous parvenir pendant encore quatre milliards d’années.
Nous ne pouvons dépenser plus d‘énergie que la Terre n’en reçoit. La question énergétique s’annonce donc comme un sujet primordial.
Échanges – 2006Dans cette ampoule halogène, l’intérieur du filament est plus chaud que l’extérieur car la chaleur ne s’évacue pas à l’intérieur du tube. Le filament est plus froid au contact de la spirale qui le maintient à distance du verre. Celle-ci, récupérant la chaleur, est portée au rouge alors que le filament passe du blanc au rouge. Dix photos sous-exposées et surexposées ont été assemblées pour restituer toutes les valeurs de luminosité.
La maîtrise énergétiqueOn a tous connu les photos ratées d’une personne en contre-jour qui apparaît en ombre chinoise. Ce type de scène contrastée est techni-quement incompatible avec nos appareils numériques.Pour contourner cette limite, je réalise ici dix photos de la plus claire à la plus sombre, puis elles sont combinées avec un logiciel dit « HDR »
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Le monde technologique connaît une perpétuelle évolution. Un jour, l’électricité arrive, nos lieux de vies s’équipent de milliards d’ampoules à tungstène et, un siècle plus tard, elles se retrouvent frappées d’interdiction pour être remplacées par des ampoules dites « à basse consommation ». Cependant, celles-ci contiennent du mercure, un composé embarrassant pour la chaîne de recyclage. Bientôt, les LED deviendront la nouvelle norme. Dans certains secteurs, comme l’informatique ou la téléphonie, nous pouvons déplorer cette évolution, bien souvent trop rapide pour être suivie par tout un chacun ! Le temps de se procurer la dernière configuration matérielle et déjà, le fabricant est passé à un autre modèle.
Interdiction – 2005Cette image a été obtenue en ne brisant qu’une seule ampoule. Une vis fait office de butée au marteau articulé sur un socle. Cette butée métallique permet de fermer le circuit électrique qui déclenche le flash. Une fois les réglages effectués, j’enfonce la butée de deux millimètres supplémentaires pour faire la photo quand le marteau percute l’ampoule. Cette photo est donc réalisée sans aucune assistance électronique.
Un progrès rapide
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Dans le domaine de l’infiniment petit, les scientifiques arrivent à nous démontrer de surprenantes contradictions. Ainsi, la lumière peut être considérée à la fois comme une onde immatérielle (en ce qui concerne les couleurs) et à la fois comme corpuscule matériel (en ce qui concerne les rayons lumineux). Pourtant, un rayon lumineux d’une couleur bien précise existe. Selon ce que l’on veut démontrer, on doit utiliser des équations différentes.
Pour nous permettre de saisir des phénomènes qui dépassent encore plus notre entendement, les chercheurs usent d’analogies comme dans le cas du célèbre chat de Schrödinger. Dans ce cas précis, ils se sont aperçus que des particules pouvaient être dans deux états différents et que le chercheur, en voulant tester un état ou l’autre, influençait le résultat. Pour montrer le critère insolite de la chose, Schrödinger a imaginé une expérience où un chat se comporte comme la particule. Ainsi, tant que l’on n’ouvre pas la boîte qui contient l’animal, celui-ci est à la fois mort et vivant.
Passons quelques secondes à vouloir déplacer un objet par la force de notre pensée et nous conclurons que la matière est indépendante de l’esprit. Dans le monde quantique par contre, cela n’est apparemment pas le cas, l’observateur influençant le résultat de son expérience quantique. La logique nous laisse penser que tout est vrai ou faux. En revanche, la physique quantique nous démontre l’inverse : c’est la théorie du « tiers inclus ».
Sachant que tout objet sur terre est composé d’atomes et donc de particules, le champ d’application de ces découvertes fondamentales est immense. Nous comprenons maintenant que certains oiseaux migrateurs se déplacent grâce à des interactions quantiques. L’étude du cerveau humain sous un angle quantique vient de débuter. Combien de phénomènes incroyables nous reste-t-il encore à découvrir ?
Le tiers inclus – 2007Une importante mise en œuvre a été nécessaire pour ce cliché : la bouteille est lâchée dans un tuyau de PVC de deux mètres dont l’extrémité débouche à quelques centimètres de la zone photographiée. Au final, sept bouteilles ont été brisées donnant lieu à sept photos réussies. Celle-ci se démarque dans la série car la bouteille se fissure visiblement en son milieu. Elle est donc à la fois complètement brisée et néanmoins elle contient encore tout son liquide.
Plus forte que la logique
Un module électronique a été réalisé afin que les flashs se déclenchent dès qu’une impulsion sonore est détectée. Le micro étant à trente centimètres du point d’impact, l’image est saisie une milliseconde après l’impact. Ces flashs étant en contre-jour, des masques ont été intercalés pour éviter tout reflet dans l’objectif qui aurait pu dégrader la restitution des contrastes.
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Le formidable essor de nos civilisations est né de l’ego, le moteur de nos pensées. Il s’agit presque d’un être à part entière dans notre corps. L’ego adore se sentir fort. Il a trouvé dans l’analyse méthodique de la science un bon moyen d’arriver à ses fins. Tel que le prophétisait René Descartes, la science nous permet d’asservir la nature à notre bon vouloir. Notre monde en est révolutionné. Notre technologie se développe et notre civilisation s’urbanise.
Après des années à faire des photographies dans ma cave aménagée en studio, j’ai enfin décidé de sortir de ma caverne pour montrer que la science est omniprésente dans notre société. Je voulais d’abord faire ressortir que notre civilisation se base sur le mouvement. Combien de fois m’a-t-on dit au cours de ma scolarité désastreuse dans le secondaire : « si tu ne bouges pas, tu n’arriveras à rien dans la vie » ?
En 2010, j’ai imaginé mon procédé de synthèse différentielle. En soustrayant deux images numériques, on élimine ce qui ne bouge pas, mettant en avant ce qui se déplace. Je montre ainsi que le mouvement et l’action sont primordiaux. Le temps est devenu de l’argent. Chaque seconde compte.
La seconde – 2010Deux photographies des Champs-Élysées sont prises à une seconde d’intervalle. La soustraction des valeurs numériques de l’une par l’autre annule la luminosité de tout ce qui est immobile. Ce qui est en mouvement est donc lumineux, les faibles mouvements n’apparaissent que par leur contour, et les plus rapides sont dédoublés. Nous quantifions alors la distance relative parcourue par les piétons, les voitures, les feuilles de certains arbres…
Dominer la nature
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Pascal a prouvé que nos sens nous trompent, et qu’il faut se fier exclusivement à notre raison. Pour ma part, je savais, de par ma formation d’ingénieur, que ce pont métallique au-dessus de la Seine se déformait à chaque fois qu’un métro l’empruntait, cependant mes sens ne me permettaient pas de le constater. Mon esprit était si formaté par la science que je percevais certaines scènes de rue à travers des équations de mouvement. Grâce à la synthèse différentielle, je pouvais enfin traduire ce que je percevais de manière invisible.
Les fleuves ne sont plus des obstacles, les ponts sont calculés pour qu’ils fléchissent sans danger sous le poids des trains, nous creusons des tunnels sous les mers pour relier les pays, et des hommes sont envoyés dans l’espace… Les médias applaudissent chaque prouesse, chaque première, chaque innovation.
Le poids – 2010La ligne de métro n° 5 de Paris traverse la Seine par le viaduc d’Austerlitz. Les deux photographies prises depuis le pont Charles de Gaulle semblent indiquer que le pont s’affaisse au passage de la rame. Pour être sûr que l’appareil n’a pas bougé entre les deux photos, il suffit d’observer l’arrière-plan visible entre les deux wagons : les immeubles à l’horizon sont bien sombres, prouvant l’immobilité de l’appareil. La rame de métro qui pèse environ 125 tonnes provoque ainsi un enfoncement du viaduc de presque trois centimètres.
Toujours plus d’audace
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Autrefois, l’architecture était pensée de façon à ce que les édifices honorent les siècles. Aujourd’hui, époque du consommable et du jetable, combien de bâtiments sont véritablement construits avec le même souci de longévité ? N’y avait-il que la foi ou le pouvoir pour insuffler une telle ambition ?
Auparavant, les hommes cherchaient à accéder collectivement à une forme d’éternité. De nos jours, l’éternité devient avant tout un objectif individuel. Les transhumanistes veulent transformer l’être humain en surhomme en insérant la technologie au sein de son corps. Les mieux lotis n‘attendent qu‘une chose de la médecine : un élixir de jouvence.
Ne peut-on pas atteindre l’immortalité autrement ? S’investir dans une action durable comme écrire pour son prochain ou transmettre une éducation à ses enfants ? L’action individuelle n’est pas antinomique d’un bienfait collectif.
Le temps – 2010Ici, l’influence du soleil sur les ombres est mise en avant. Une première photographie de la cathédrale Notre-Dame montre les trois portails dans l’ombre. Une heure et demie après, le soleil a décliné, de sorte que le fond des portails est désormais parfaitement éclairé. La lumière du soleil étant devenue plus orangée en cette fin de journée, ce qui est constamment éclairé n’est pas noir mais bleu, du fait de la « synthèse différentielle ».
La soif d’éternité
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La science se décline en différentes technologies qui nous permettent de nous affranchir des contraintes de la nature. Cette tour, qui s’étire et se rétracte chaque jour en raison des changements de température, représente pour moi l’arrogance de l’Homme à défier les forces de la nature. Elle est comme un appel à un dépassement permanent.
Durant l’Exposition universelle de 1889, la tour Eiffel représentait la puissance industrielle de la France. Lors de sa construction, nombreux sont ceux qui l’ont pourtant rejetée, notamment parce qu’elle dénaturait la beauté de la ville de Paris. Ce monument est aujourd’hui devenu un symbole et les Parisiens ne voudraient pour rien au monde s’en défaire. Que s’est-il passé pour que les goûts changent à ce point ?
La température – 2010La tour Eiffel a été photographiée aux premiers rayons du soleil, à 7 h 00 du matin (à gauche). La photographie de droite est prise à 14 h 00 sous un soleil éclatant. Ce jour-là, la différence de température était de l’ordre de 20 degrés. La tour d’acier mesurant 325 mètres, elle se dilate et grandit donc de 8 centimètres. Grâce à mon procédé de synthèse différentielle, la dilatation est visible à l’œil nu sur un grand tirage pour la toute première fois, les antennes horizontales du troisième étage apparaissant clairement en double. Au final, les couleurs vives ne résultent d’aucune colorisation manuelle et le décalage entre les deux tours, d’aucun trucage.
Un progrès sans fin
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La publicité essaye de nous vendre les mérites du changement. En réalité, elle cherche plutôt à nous inculquer le besoin de consommer. Nos désirs ainsi stimulés, nous nous laissons prendre à ce petit jeu et aimons à croire que l’acte d’achat affirme notre identité.
Plus j’analyse le monde social selon le mode scientifique et plus je m’y sens étranger. Nous nous sommes rendus prisonniers, il me semble, d’un cycle de comportements absurdes.
Auparavant, un achat me rendait heureux, j’avais acquis l’objet de mes désirs et il exposait à mon entourage mes goûts, ma compétence à avoir choisi le meilleur objet de sa catégorie, mon pouvoir d’achat… Les objets ont fini par m’oppresser et j’ai ressenti le besoin de me désencombrer. Je m’identifiais à eux, j’étais diminué s’ils ne fonctionnaient pas correctement. J’avais peur qu’ils s’abîment ou qu’ils soient volés. Les objets que je possédais finissaient par me posséder.
Une fois l’illusion identifiée, nous pouvons nous désintoxiquer. En ce qui concerne les objets, un grand pas est fait en évitant tout contact avec la publicité. Le dépouillement est une voie qui permet un autre épanouissement.
La violence est souvent présentée comme le mal à l’état pur, mais elle n’est qu’une conséquence. La véritable racine du mal est le mensonge. La sincérité de reconnaître son erreur, sa faiblesse ou le droit de l’autre, éviterait tout conflit. Dès que nous projetons une image différente de ce que nous sommes, le travestissement de la réalité devient problématique. Le jeunisme, la pornographie, la drogue, l’intégrisme, etc., nous identifient à des stéréotypes et nous plongent dans des mondes artificiels, construisant des écrans factices entre nous et la beauté de la vie.
L’illusion de l‘objet
Frénésie – 2010Comment décrire le spectacle de la foule se pressant dans les allées des centres commerciaux à l’approche des fêtes de fin d’année ? Comment montrer que les clients sont la sève ou le sang de cet immense organisme qu’est la société de consommation ? Comment décrire cette analogie du rapport entre l’œuvre d’art et le « regardeur de Marcel Duchamp » d’une part, et du rapport entre le produit et le consommateur d’autre part ?Voici une tentative de réponse personnelle à l’aide de la synthèse différentielle, utilisée ici de manière débridée sur plus de soixante photographies pour faire ressortir la frénésie collective…
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L’expansion de nos civilisations a un coût. Nos villes s’engorgent, notre air se réchauffe, nos réserves se vident. Inexorablement. Les monuments et les ouvrages de plus en plus colossaux, étendards de notre hégémonie, continuent néanmoins de pousser. Nos constructions perdureront-elles cinq mille ans comme les pyramides ? L’air qui se réchauffe donne déjà l’illusion de les faire vaciller, présage d’un avenir problématique.
Des périls annoncés, une prise de conscience est née : la Terre doit être respectée, le sort de l’humanité en dépend. Dans cette perspective, la démarche écologique s’est développée et la couleur verte lui est naturellement associée. L’idée devient transdisciplinaire, et chacun peut se sentir concerné. Les industriels ne s’y trompent pas et utilisent la conscience écologique comme label marketing pour dynamiser leurs ventes. Ainsi, le vert symbolique de la nature a vite été récupéré au bénéfice du vert dollar.
L’air – 2010Non, l’Arc de triomphe ne se dilate pas comme la tour Eiffel. Il s’agit juste de la transcription des mouvements d’air chaud par le biais de la synthèse différentielle. La chaleur, émanant des objets illuminés par le soleil et des gaz d’échappement, semble donner vie à ce monument parisien inerte.
Le prix à payer
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Quoi qu’il en soit, j’étais avide de vengeance. Non pas contre les puissants de ce monde mais contre moi-même. Je voulais montrer que je n’étais pas celui que l’on percevait. Je voulais afficher ma force et mon potentiel. Je voulais que mon image crève l’écran, je voulais, je voulais, je voulais encore… Une insatiable soif de plus, toujours plus, altérant tous les aspects de ma vie.
Vengeance – 2008Le couteau, relié à un potentiel de 100 000 volts, est entouré de l’effet Corona connu aussi sous le nom de feu de Saint-Elme. Les départs d’étincelles sont facilités par l’accumulation de charges électriques dans les pointes. Ainsi, nous pouvons détecter la précision relative de l’aiguisage du couteau et la présence de bavures métalliques dans le manche. Les aigrettes sont violettes car le gaz ionisé est de l’air.
Le côté sombre
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Quand nous ne voulons aller que de l’avant, pouvons-nous encore nous soucier de ce qu’il y a derrière ? Que reste-t-il dans le dos de ceux qui partent conquérir ? Nous exploitons, nous profitons, nous découvrons et peu importe l’état de ce qu’il y a derrière nous. Il y aura bien quelqu’un pour s’en occuper. La fuite en avant de l’homme conquérant me faisait de plus en plus penser à la progression aveugle du lombric dans la terre : un déplacement maladif sans réelle direction.
Nos civilisations laissent des décharges, des mines à ciel ouvert, des déchets nucléaires, une eau polluée… Personnellement, ce que je laissais derrière moi, c’était des amis, des parents esseulés et des personnes indignées par mon comportement. La conquête intellectuelle nous pousse souvent à négliger d’autres aspects de notre personnalité, tels que les sentiments et les émotions…
Les conquérants
Conquête #1 – 2012Quelques centimètres cubes d’azote liquide à -196 °C sont renversés sur un sol à 20 °C. Le sol cède alors de la chaleur au liquide qui bout instantanément. L’échange thermique est si important qu’il ne se forme pas des bulles mais une pellicule d’azote gazeux en permanence. L’azote se répand ainsi sur le sol sans même le toucher. Le liquide se déploie dans un premier temps en glissant, puis les frottements avec l’air le font rouler progressivement, créant de nombreux vortex. Ci-dessus : Conquête #2 – 2012
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Notre fin serait-elle prévisible ? Dans un monde fini, la croissance ne peut être infinie. Les dinosaures ont eu leur temps, pourquoi pas nous ? Alors que notre quête du « toujours plus » connaît ses premiers signes d’essoufflement, le terme de « développement durable » est inventé. Quelle ironie ! Devinant la fin, nous travestissons la réalité, pour éviter de prendre les décisions qui s’imposent.
Après avoir passé dix ans dans l’industrie, à défendre les droits des travailleurs de tous niveaux sociaux dans mon entreprise, j’ai compris l’aveuglement de chacun à vouloir croire en une croissance économique infinie. La richesse matérielle ne peut être le but et encore moins la solution.
Ma reconversion dans une voie artistique m’a orienté vers une autre piste : la richesse culturelle. Avec la passion du savoir, un autre monde est possible. Un abonnement dans une bibliothèque, du temps, de la curiosité et voilà que l’on peut passer sa vie avec une consommation et une empreinte carbone réduites. Si la richesse culturelle a l’avantage d’être infinie, la vie culturelle souffre des mêmes tares inhérentes au progrès : l’avidité, la nouveauté à tout prix, la soif d’être remarqué ou, pire, d’être le meilleur…
La finitude du monde
Prévisible – 2009Quand un ballon de baudruche est percé, il se découpe en deux morceaux. Mais s’il est gonflé jusqu’à l’éclatement, il se disloque en lambeaux, chaque centimètre carré de caoutchouc étant à son étirement maximum. Dès que le début d’une onde de choc ébranle la structure fragilisée, elle se brise de toutes parts.Ci-dessus : Sillages – 2009 (détail)
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Les mieux lotis dans ce système, les chanceux que nous sommes, autonomes en nourriture, disposant d’un abri, instruits, ayant le pouvoir d’acquérir un livre, ce qui est un luxe au regard de nos besoins primaires de survie, se donnent bonne conscience en pensant que les milliardaires sont les véritables gagnants de la roulette de l’injustice.
Dans ce monde, tous les travailleurs qui souhaitent la redistribution des richesses sont motivés par l’appât du gain plus que par leur idéal… Essayez de proposer un partage des richesses des ouvriers européens avec le tiers-monde. J’ai rencontré peu de personnes prêtes à s’appauvrir.
N’est riche que plus riche que soi.
La notion d’équité est promue par notre propre culpabilité de n’avoir pas œuvré à un monde égalitaire. Mais au nom de quoi celui qui a des facilités doit avoir une plus grande part du gâteau ? J’ai beaucoup évolué sur ce point en réfléchissant à la réussite scolaire de chacun. Dans un premier temps, j’ai eu beaucoup de fierté à intégrer une grande école : j’ai sacrifié deux années de festivités en raison de la quantité de travail personnel à fournir.
Cependant, je me sentais coupable vis-à-vis de ceux qui n’avaient pas réussi à décrocher le concours. Oui, coupable, car certains d’entre eux avaient travaillé plus dur que moi. Mais dans cette même période de compétition, des surdoués m’ont impres-sionné. L’un d’eux a écrit devant moi directement le résultat d’un problème alors qu’au bout d’une page de calculs intermédiaires, je n’avais toujours pas trouvé la solution. Nous ne sommes égaux qu’en droit.
Peut-on vraiment ressentir de la fierté quand nous avons eu de la chance ? La chance d’avoir bénéficié de facilités sociales, génétiques ou encore conjoncturelles ? Ces facilités ou les difficultés que nous éprouvons forgent l’image que nous avons de nous-mêmes. Ancrée au plus profond de nous, cette représentation peut alors devenir une source continuelle de motivation ou un motif d’abandon. J’ai été un cancre au lycée. Heureusement, j’ai su m’affranchir de ce statut par la suite.
L’équité #1 – 2008Un aquarium est rempli à ras bord d’eau savonneuse pour entamer une recherche graphique sur les tensioactifs. Un travail sur la lumière a été réalisé pour l’obtention d’un rendu original. Au travers d’une vitre latérale, la lumière rebondit sur un carton coloré disposé sous l’aquarium. Les bulles qui ont été soufflées à l’aide d’une paille sont alors photographiées par l’appareil placé perpendiculairement au liquide. Ci-dessus L’équité #2 – 2008 (détail)
Le leurre de l’équité
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Pour moi, le langage de la science était celui de la vérité, le reste n’était que verbiage, au mieux une hasardeuse tentative d’approximation de la réalité. Les sciences nous montraient que l’on pouvait résoudre un problème en le décomposant en une somme de problèmes élémentaires simples.
Cependant, pour que les sujets de notre quotidien soient digestes, un illusoire manichéisme nous est souvent proposé : deux versions des choses nous sont présentées, l’une noire, l’autre blanche pour, soi-disant, nous aider à choisir plus vite la bonne solution. Ce conditionnement aux choix bipolaires peut nous enfermer dans une logique prévisible pour qui veut nous abuser.
Aussi, le discernement est indispensable pour évoluer dans un univers infiniment plus complexe que ce que l’on veut bien nous montrer. Pour répondre à une question avec pour seule option « oui » ou « non », nous devons faire appel à une multitude de critères pour juger… Nous avons le droit de refuser un dualisme artificiel et de considérer la réalité dans toute sa complexité, en nuances de gris.
Il est donc particulièrement difficile pour moi d’écrire ce livre. À chaque exemple que je donne, est-ce que je ne tire pas une conclusion hâtive sur un problème global en n’en traitant que d’infimes parties ? La rhétorique ou la dialectique sont à mon sens des outils qui peuvent desservir la vérité.
Nous sommes nombreux à être en quête de vérité, écoutant des érudits, lisant des ouvrages. Néanmoins, le point de vue adopté conditionne la vérité qui n’est que partielle et/ou relative. Il en est de même de ce livre qui n’offre pas des réponses en soi mais simplement une base de questionnement.
Manichéisme – 2009Un flash est placé à trois mètres en face du téléobjectif. Il éclaire à travers une planche percée d’un trou circulaire de huit millimètres. Une plaque d’acier est disposée à 30 centimètres de l’objectif et recouvre la moitié droite de l’image. Selon le phénomène physique de diffraction, des rayons lumineux sont déviés à proximité d’un obstacle. Entre la zone éclairante et un mur d’acier, la lumière ne suit pas la frontière droite que nous aurions donnée intuitivement.
Les simplifications abusives
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L’histoire des sciences regorge d’illustrations de la perpétuelle illusion narcissique de l’Homme. Autrefois, chacun considérait comme acquise la position centrale de notre planète au sein de l’univers, des religieux jusqu’aux scientifiques. Notre perception directe ne faisait d’ailleurs que corroborer cette idée. Comment imaginer que la Terre tourne autour du soleil et non l’inverse ? Certains avaient bien remarqué le mouvement anormal de Vénus dans le ciel, mais l’Homme a toujours été si sûr de lui…
Nous voilà prisonniers d’immenses courants de pensée dont il est difficile de s’extraire. La pensée de chacun de nos voisins et prédéces-seurs nous sert de base et nous n’osons pas nous écarter de la forme de pensée dominante de peur de passer pour un fou voire un hérétique. Les idées atypiques sont alors cachées devenant ainsi ésotériques, n’étant révélées qu’aux initiés.
Vous vous pensez immobiles mais puisque la Terre effectue une rotation complète sur elle-même en vingt-quatre heures, vous vous déplacez à 1 190 km/h si vous lisez ce livre en France, et 1 670 km/h si vous le lisez depuis l’équateur… Quoique, la Terre faisant le tour du soleil en un an, votre vitesse est plutôt de 107 000 km/h ! Pourtant, nous ne ressentons rien de cette vitesse car l’asphalte de l’univers est parti-culièrement lisse. Bien des remises en question deviennent possibles. Qu’en est-il de la véritable réalité ? Combien d’énormes erreurs doivent encore être mises au jour ? De quoi avons-nous vraiment conscience ? Ainsi conditionnés, comment imaginer les innombrables autres directions possibles ?
Courants de Pensées #1 – 2011J’ai agité un sac d’aspirateur devant mon appareil photo. Le cliché est une macrophotogra-phie, la poussière est introduite entre deux planches de part et d’autre du plan de netteté. Le mouvement de poussières est figé par un coup de flash à pleine puissance, transformant ainsi les grains de poussières en comètes. En effet, l’énergie électrique du flash se décharge progressivement : le grain de poussière apparaît donc plus gros en début d’éclair qu’à la fin.Ci-dessus : Courants de Pensées #2 – 2011
La grande illusion
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La matière, toujours plus de matière, voilà un domaine où la science physique brille. Elle permet une technologie qui défie l’entendement et confère aux hiérarchies qui la maîtrisent une domination sur les autres. Tous ceux qui convoitent la matière, autrement dit le monde de la forme et des apparences, sont obligés de se contraindre à ses exigences pour la posséder.
C’est en recherchant l’origine de la soif de possession que j’ai découvert les travaux de Maslow. Le sociologue a montré que les besoins des humains pouvaient se classer en plusieurs niveaux : les besoins physiologiques (manger, boire) – les besoins de sécurité (dormir, s’abriter) – les besoins d’appartenance (vivre en couple, développer des amitiés) – les besoins d’estime (recevoir de la reconnaissance, construire une image de soi) – les besoins de s’accomplir (atteindre un idéal, vivre selon sa vraie nature). Classiquement, un humain ne cherchera à répondre aux besoins d’un niveau supérieur que s’il a précédemment comblé les besoins de tous les niveaux inférieurs.
À observer cette pyramide des besoins, nous pourrions conclure qu’il nous faut la gravir pour avoir une vie accomplie. Pour de grands dirigeants, la satisfaction d’être sous-directeur ne peut suffire. L’accomplissement serait-il l’accession au pouvoir total ? Cela serait mal comprendre l’aboutissement spirituel des travaux de Maslow mais les gens avides de pouvoirs s’en moquent. Ils ont choisi leur direction.
« Gouverner c’est prévoir » disait l’homme politique Émile de Girardin. Quand le pouvoir est recherché, le meilleur moyen de déterminer le futur est encore de ne s’intéresser qu’à la matière, là où la science excelle. Nous pouvons même jeter notre dévolu sur elle, et croire que la science sera le levier idéal pour asseoir un contrôle. Nous devenons alors un scientiste (à ne pas confondre avec un scientologue, membre de la secte de scientologie). Un scientiste est une personne qui croit en la science et lui fait aveuglément confiance pour comprendre le monde et prévoir son évolution.
Pression hiérarchique – 2010La lame de couteau est photographiée la pointe vers l’objectif. L’usage d’un soufflet et d’un objectif macropho-tographique réglé sur un fort grossissement a réduit la profondeur de champ à quelques dixièmes de millimètres. Ainsi, seule une section du couteau est nette, montrant les successions d’angles dans l’acier qui permettent, pour une force donnée, d’augmenter la pression afin de pouvoir couper aisément.
La recherche du contrôle
1Besoins physiologiques
2Besoins de sécurité
3Besoins d’appartenance
4Besoins d’estime
5Besoins
de s’accomplir
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La température est d’autant plus grande que, dans un intervalle de temps donné, de nombreuses molécules s’entrechoquent. Ces molécules peuvent être plus ou moins bien agencées de par leur structure ou leur état. Dans ce contexte, l’entropie est la grandeur représentative du désordre des molécules. En sciences physiques, il a été établi que l’entropie ne peut qu’augmenter : c’est le deuxième principe de la thermodynamique.
« Comme tout se dégradera à terme, il n’y a donc rien à sauver » se disent certains qui, dès lors, n’ont aucun remords à prendre leur part du gâteau, même au détriment des autres.
Une religion puissante inhiberait un tel comportement égoïste car il conduirait leurs auteurs en enfer. Mais deux grands facteurs ont réduit drastiquement l’influence des religions. D’une part, les sciences expliquent de nombreux phénomènes qui étaient attribués à des actions divines et permettent une amélioration du confort bien plus rapide que ce que l’on peut attendre d’une prière. D’autre part, les hommes de pouvoir s’étant mélangés aux hommes de foi, les pires exactions ont été commises au nom de Dieu, ce qui a fait perdre sa crédibilité au discours de fraternité et de partage des religions.
L’intérêt porté à la matière peut donc engendrer un cynisme bien commode pour celui qui veut acquérir richesses et pouvoirs.
Irréversible – 2010Une goutte d’encre se mélange dans l’eau. Dans un premier temps, l’encre plus dense que l’eau coule au fond du verre, en quelques secondes. Puis, en raison de l’agitation permanente de tous les atomes, un mélange lent va s’opérer pour diffuser l’encre dans tout le verre. La dernière vignette est prise une heure après le début de l’expérience. L’encre sera naturellement complètement mélangée deux heures plus tard.
L’entropie fataliste
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Dans mon for intérieur, il m’a semblé que l’ultime accomplisse-ment du progrès, tel que la société me le présentait, était mensonger. J’ai alors réfléchi et enfin, j’ai eu le courage d’ouvrir les yeux au-delà des apparences… Mais à quel prix ! Changement de profession et de statut, troubles liés à la perte de respect pour certaines institutions, prise de conscience de mon propre scientisme, rejet de la société consumériste, découverte de la culture, de la spiritualité, sont autant de remises en question qu’il a fallu conjuguer avec la préservation de mon foyer.
Commençons donc, comme dans toutes les histoires, par le fameux « il était une fois »…
Il était une fois un enfant qui se passionnait pour les records, la vitesse maximale des trains, des avions, des fusées… Ses proches lui offraient des livres d’éveil scientifiques. Il voulait tout comprendre des sujets techniques.
Constatant le chagrin de sa mère lors du décès de sa grand-mère, il décida de ne pas aimer pour ne pas souffrir en retour. Armé de la science, allégé de la sentimentalité, il pourrait devenir une machine aussi performante que celles qui le faisaient rêver.
Ce fut longtemps un objectif difficile car, si être « intelligemment fainéant » peut s’avérer efficace en mathématique, ce n’est en revanche pas applicable aux autres disciplines. Cependant, après avoir redoublé deux fois au lycée, il se retrouva dans la classe du petit frère de son meilleur ami. Piqué dans son orgueil, cet adolescent commença à grandir vers l’âge adulte en comprenant la nécessité de l’effort scolaire.
Dès lors, le parcours vers la réussite professionnelle s’est simplifié : bac avec mention, intégration en deux ans seulement de la prestigieuse école d’ingénieur des Arts et Métiers, emploi en recherche et développement dans l’industrie automobile, brevets, chef d’équipe, chef de projets, expert technique. Au passage du cap des trente ans, tous les indicateurs étaient au vert et l’avenir s’annonçait radieux.
Mais tout ceci n’était qu’une projection des conventions sur une personne manquant de recul. Ce modèle sur lequel il s’était docilement appuyé n’allait pas tarder à s’effondrer.
Enfin ! – 2009Je voulais réaliser un cliché montrant ce que Rodin avait suggéré. Cette photographie est le résultat de ma première collaboration avec le Palais de la découverte. Leur installation de striographie interférométrique, composée principalement d’un miroir parabolique et d’une lame de rasoir, permet de visualiser en couleurs les flux de chaleur. Ainsi, la réplique en bronze du penseur, chauffée à la lampe à souder, laisse enfin échapper une idée…
Prendre du recul
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Ma volonté de devenir le plus fort possible m’avait-elle conduit à mettre sur un piédestal les vertus de la science ? J’étais persuadé que la science représentait la compilation de toutes les vérités.
Mon erreur m’est apparue lorsque je travaillais dans l’industrie. Dans mon domaine de compétence, j’étais devenu le plus qualifié. Dans chaque cas difficile, j’étais consulté. À défaut d’être indispensable, j’étais devenu incontournable, le meilleur pour donner très vite des pistes et résoudre les problèmes. Un jour, j’ai été consacré « expert technique » de ma société de recherche et développement.
C’est alors que tout a basculé : le changement de l’intitulé de ma carte de visite m’a donné du recul. Je me suis aperçu que chacune de mes paroles devenait vérité. Mes hypothèses, immédiatement interprétées comme des affirmations, servaient la hiérarchie avec outrecuidance. J’étais tenu de tout savoir de mon domaine technique. Dans l’incertitude d’une situation complexe, la direction exigeait d’avoir une réponse, fût-elle mauvaise. Je ne suis resté à peu près crédible que grâce à ma bonne intuition des phénomènes physiques.
Le fait que mes hypothèses deviennent des théories en raison de mon intitulé de carte de visite m’amena à m’intéresser à l’histoire des sciences. Vue depuis notre siècle, elle n’est qu’une succession d’approximations. Cependant, de tout temps, la science fut adoptée comme la véritable connaissance. Les chercheurs qui l’exercent par vocation savent bien à quel point elle est fragile, mais le monde les somme de le rassurer avec de confortables certitudes.
La science n’est jamais vraie. Elle est juste « non fausse » jusqu’à preuve du contraire.
Ceci n’empêche pas notre système d’éducation d’imposer de façon péremptoire des formules de référence plutôt que d’inculquer l’autonomie et le désir de tendre vers la vérité. J’étais décidé à m’extirper du scientisme ambiant. Mais comment ? Dans quel autre système cognitif allais-je me plonger ? Ce parcours fut jalonné d’étapes…
La Preuve ? – 2007Regardez : la bille en acier et la goutte tombent ensemble ! Leur vitesse de chute augmente au cours du temps, de quasiment un centimètre par seconde toutes les millisecondes. C’est l’accélération due à la gravité. Sur une plus grande distance de chute, la goutte reste derrière car elle est davantage ralentie par les frottements avec l’air.
S’affranchir de la science
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Vos mains tiennent en ce moment un livre. Vos doigts exercent une pression sur des composés végétaux souillés d’encres pigmentaires. Vous êtes dans le monde macroscopique, celui de notre entendement habituel. Un physicien pourra prendre un autre point de vue et vous dire que les atomes de vos mains repoussent électriquement les atomes du livre. Il n’y a aucun contact, juste des charges électriques qui interagissent entre elles. Vous entrez dans un autre niveau de réalité, celui de la physique atomique.
Les indices du monde atomique sont fréquents pour qui sait les saisir : frotté sur un pull, un ballon de baudruche adhère mystérieusement au plafond. Pour autant, il aura fallu deux millénaires entre l’intuition de Démocrite et les vérifications expérimentales de la fin du XIXe siècle pour appréhender pleinement l’atome. Le citoyen lambda ne peut vérifier par des expériences les dires des scientifiques. Il se contente de les croire, ce niveau de réalité demeurant hors de sa portée.
L’étude de la matière nous apprend qu’il existe un niveau de réalité encore plus profond : la réalité quantique. Les propriétés quantiques impliquent que le vide soit le siège de la naissance de particules qui proviennent de nulle part, et que des particules intriquées réagissent de pair à une vitesse qui dépasse celle de la lumière… Le monde quantique est si mystérieux qu’Einstein refusait les hypothèses qui avaient cours à son époque, pensant que les constats quantiques n’étaient pas recevables sans théorie plus globale. Aujourd’hui pourtant, elles ne sont toujours pas réfutées. Qui a raison ? Existe-t-il des niveaux de réalité encore plus petits ?
Il existe également des niveaux de réalité au-dessus de la matière. Prenons ce livre en exemple encore une fois. Les sciences matérialistes ne peuvent décrire que la nature de l’encre et du papier mais votre intelligence sait décoder à partir de l’agencement de signes abstraits des images concrètes représentées par les lettres formant des mots. Grâce à un ensemble de mots, des concepts tels que « Art » ou « Science » peuvent même être traduits. Quand nous lisons un livre à haute voix, nous changeons plusieurs fois de niveaux de réalité. De l’encre sur le papier, l’idée se concrétise par la lecture dans le cerveau. La matière reprend le relais pour faire vibrer l’air à l’aide des cordes vocales. L’auditeur retranscrira à son tour ce mouvement invisible de l’air en pensées immatérielles.
Y aurait-il encore d’autres niveaux de réalité ? Certains mystiques affirment vivre des états d’oraison ou de dédoublement, qui ne sont aujourd’hui pas encore reconnus ni vérifiés. Pour les prouver, un changement de paradigme serait nécessaire tant la science est prisonnière du matérialisme. Prenons la métaphore de l’élection présidentielle. Un matérialiste étudiera l’élection par le décompte des bulletins de vote. Pour influer sur le résultat, il diminuera le nombre d’exemplaires de bulletins disponibles, modifiera l’emplacement des bulletins et usera de tout un tas d’autres stratagèmes tangibles. Tout ceci est mesurable et explicable. En cela, les matérialistes ont raison.
Cependant, quelqu’un qui étudie la spiritualité préférera conceptualiser l’élection en termes idéologiques en s’intéressant notamment au choix du peuple : recherche-t-il la liberté, la sécurité ? Bien que cela soit imaginable, ce n’est absolument pas mesurable, ni reproductible. Les deux réalités sont connexes mais les idées ne seront jamais traitées scientifiquement car elles sont beaucoup trop subjectives. Aussi, les plus matérialistes se feront-ils inquisiteurs en prétendant que spéculer sur l’état d’âme d’un électeur est futile. En cela, les matérialistes ont tort. La réalité spirituelle est au-dessus de la réalité matérielle.
Les niveaux de réalité – 2007Cette séquence d’un ballon rempli d’eau qui se déchire résulte de neuf ballons différents. La déchirure horizontale se propage en deux millièmes de seconde, soit une vitesse moyenne de quatre cents kilomètres par heure ! Il faut un temps dix fois plus important pour que l’enveloppe se rétracte complètement, et un temps cent fois plus important pour que la masse d’eau tombe de trente centimètres. Les neuf photos ont été prises respectivement à 0,5 / 1 / 2,5 / 5 / 10 / 20 / 30 / 100 / 200 millisecondes.
Les niveaux de réalité
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Isaac Newton a découvert l’interaction gravitationnelle en 1685. Si vous vous intéressez à ses écrits, vous découvrirez qu’une partie de son œuvre concerne l’alchimie et les sciences occultes. Ainsi, c’est probablement parce que l’esprit de Newton n’était pas totalement bridé quant à la notion de force à distance, phénomène accepté dans le domaine de la magie, qu’il fut capable, contrairement à ses confrères, de conceptualiser une force à distance liée aux masses. Cette découverte fondamentale résulte donc d’une analogie entre sciences fondamentales et sciences occultes. Par la rigueur de son esprit scientifique, Newton a permis ensuite de vérifier que le produit de son imagination était bien une théorie pertinente (théorie sans faille pendant près de deux cents ans).
Que penser de la perfection du modèle mathématique appliquée à l’interaction gravitationnelle ? Aujourd’hui, la mise en équation des trajectoires des planètes montre que l’interaction gravitationnelle est inversement proportionnelle à la distance au carré. Pourquoi est-ce la puissance 2 et non la puissance 2,1 ou 1,9993 ? Il en va de même pour les champs électriques. Des chercheurs ont vérifié les seize premiers chiffres après la virgule : 2,0000000000000000X. Ils travaillent actuellement dans le but de découvrir le dix-septième chiffre. La recherche d’une pureté métaphysique serait-elle indirecte-ment celle d’un ordre caché ?
Tout ceci m’amène à douter de la vérité que l’on dit rationnelle et me voilà prêt à envisager une possible transcendance : ce que l’on ne peut comprendre et que l’on tient néanmoins pour vrai. Les physiciens quantiques et les astrophysiciens nous délivrent tellement de théories qui inspirent la contemplation que je finis par céder.
Mon acte de foi pour la science s’est brisé. L’athéisme, ne nous apportant aucune preuve valide de l’inexistence de Dieu, est également une croyance. Me voici agnostique, entre les croyants et les athées, incapable de trancher : celui qui ne sait pas, ne sait plus.
Firmament – 2009La photographie de la Voie lactée requiert une gestion rigoureuse des compromis. En raison de sa faible luminosité, il faut minimiser la lumière parasite. Le littoral avec l’océan au sud par une nuit de morte lune est la meilleure solution. Ensuite, il faut récolter assez de lumière pour exposer la photographie. Le temps de pose est d’une douzaine de secondes afin d’éviter que la rotation de la Terre ne transforme chaque étoile en un petit arc. Pour être suffisamment sensible, un capteur aux pixels surdimensionnés et un objectif dont le diaphragme a une grande ouverture ont été utilisés.
Science et transcendance
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En 1915, le géologue Alfred Wegener, remarquant la similitude de formes entre l’Amérique du Sud et l’Afrique, entrepris de construire une théorie justifiant sa conviction qu’il ne s’agissait pas d’un hasard. Ses pairs, considérant ses premières propositions peu convaincantes, les tournèrent en dérision. Aujourd’hui, sa théorie de la dérive des continents est enseignée à tous les collégiens.
Voici une autre histoire : le fameux boson de Higgs, que certains surnomment « la particule de Dieu ». Ce type de particules élémentaires s’agglutine sélectivement à d’autres particules et leur confère ainsi un poids. Lorsque Higgs a tenté de publier pour la première fois son idée, l’article a été refusé par le comité de lecture de l’organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN). Quarante ans plus tard, le laboratoire du CERN affirme avoir prouvé son existence.
Devant des faits incroyables, le premier des réflexes est le scepticisme. Du rejet total à l’évocation d’une coïncidence, le sceptique trouve toutes les excuses pour douter même si, par respect, il peut se montrer diplomate.
Lorsque l’on est rempli de certitudes et que la réalité que nous n’attendions pas nous percute, un choc violent nous ébranle. L’être humain, quand il est perturbé, connaît une dissonance cognitive. Pour se protéger, son inconscient peut alors choisir plusieurs options : nier, oublier, fuir, travestir, dénigrer… Ainsi, quand nous ne courons pas après l’illusion, c’est elle qui nous protège.
Puberté – 2007Voici la visualisation des ondes de choc qui parcourent un ballon de baudruche rempli d’eau lorsqu’il fait une chute de trente centimètres. Cinq millisecondes séparent chacune des vues. Il n’existe aucun appareil permettant de faire deux cents images par seconde de dix millions de pixels chacune. Le ballon a donc été jeté douze fois de la même hauteur, la temporisation de l’éclair du flash étant incrémentée à chaque fois.
Les dissonances cognitives
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Le choix – 2011Faut-il faire exploser la pomme des connaissances ? Y a-t-il plus grand luxe que d’avoir le choix ?
Se libérer de ses illusions revient à faire exploser la pomme de la connaissance : cela peut être extrêmement contre-productif dans un premier temps. Si une révolution est à faire passer, mieux vaut la suggérer dans un premier temps pour que l’esprit puisse s’y préparer. Il ne s’agit pas de détruire un système pour laisser place au chaos.
La suggestion d’une nouvelle idée permet à notre mental de construire des hypothèses provisoires qui sont alors acceptables, « je me demande si… », « oserais-je croire que… ? »
La citation du philosophe Descartes, « Je pense donc je suis » amène à croire que la conscience est « dans la tête » et que notre mental, celui qui réfléchit, est le garant de notre existence. Et si notre être n’était pas seulement un mental et un corps ? Si le mental était une entité indépendante de notre conscience et donc de notre être ? La question peut vous paraître curieuse tout comme elle le fut pour moi au début.
Quelquefois, nous faisons les choses par réflexe comme récupérer un objet au vol. La nécessité du mouvement éclipse alors le mental. D’autres fois, si l’on nous fait des reproches, nous émettons, à notre insu, une réponse de mauvaise foi. C’est un réflexe de préservation de notre personnalité, autrement dit de la représentation extérieure de notre mental. Un dialogue peut s’instaurer au plus profond de nous : « pourquoi ai-je répondu cette phrase détestable ? » pourrait dire une partie de notre conscience. « Ne te laisse pas faire ! » semble répondre une autre partie de nous, précisément l’ego.
La science explore beaucoup de choses. Mais s’agissant de l’essence de notre conscience, même la philosophie est inadaptée. « Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l’univers et les Dieux » énonce Socrate. Cette quête de la découverte de notre âme est un processus spirituel, lequel remettra en cause bien des illusions confortables de notre vie. Chacun doit décider d’emprunter ou non ce chemin. En cela réside notre libre arbitre.
Le mental est considéré comme un obstacle pour accéder à la plus élémentaire vérité dans de nombreuses disciplines spirituelles. Il faudrait apaiser, voire arrêter le mental pour accéder à un accomplissement. Arrêter le mental ? S’arrêter de penser ? Est-ce vraiment possible ? C’est un sujet que des scientifiques étudient très sérieusement sous le terme d’« états modifiés de conscience ».
Le libre arbitre
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Le chapitre qui va suivre est délicat. Je vais rapporter des informations qui, pour moi, ont été difficiles à accepter car elles remettent en cause nombre d’acquis. Pour qu’un changement ne devienne pas un bouleversement, la transition doit être progressive. Choisir les mots adéquats est nécessaire pour que votre mental ne se rebelle pas et ne vous incite à refermer le livre avant la fin.
Lors d’une conférence à l’Académie des Sciences, j’ai rencontré un directeur de recherche du CNRS qui exposait « une révélation » sur les origines de la conscience. Devant son émoi durant l’exposé et la pertinence de son propos, je me suis décidé à l’aborder. Il était à la retraite et avait attendu plus de quarante ans pour énoncer sa conviction car il ne voulait pas compromettre sa carrière.
Le changement : quelle difficulté à gérer lorsqu’il nous faut tout reprendre de A à Z !
Par qui commencer ? Par soi-même mais ensuite ?
Par quoi commencer ? Par une réflexion puis par des actes.
Comment ? Avec prudence quoi qu’il arrive…
Le changement contrevient à notre instinct. Dans la savane, vous ne survivrez que si vous avez correctement analysé les mœurs des prédateurs, la manière dont les crues varient… Partir vers l’inconnu compromet votre survie. Il vaut mieux une routine quelque peu risquée qu’un ailleurs totalement incertain. Mais devant une routine mortellement ennuyeuse, l’aventure s’impose.
Le changement – 2012Si un triple décimètre en plastique est fléchi rapidement, il se brise en de multiples morceaux. Réitérez l’expérience avec une règle identique, mais prenez soin cette fois-ci de bien l’orienter, de la plier très lentement en plusieurs étapes. L’impossible devient alors possible.
La gestion du changement
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Si vous plantez une graine dans un terrain non préparé, sans nutriment, sans eau, sans aération, quelle chance avez-vous qu’elle germe ? À peu près aucune. Mais si vous respectez une certaine procédure, elle pourra pousser. Dans sa croissance, elle fertilisera le sol mitoyen, puis, si l’eau ne manque pas, elle se développera et ensemencera les terres voisines.
Il en est de même avec les théories novatrices. Découvertes du jour au lendemain, elles apparaissent incompatibles avec l’existant, non vérifiées, farfelues, inacceptables, non ration-nelles. Le terrain doit être soigneusement préparé. Il faut repousser les idées en place, présenter les lacunes du modèle existant, et enfin suggérer au conditionnel la nouveauté.
Un chercheur fait la découverte. Il publie. D’autres chercheurs lisent la publication. Ils contestent. Puis ils doutent, vérifient puis acceptent. Ils reconnaissent publiquement la nouvelle. Les médias diffusent. Les profanes admettent. C’est à ce moment que la découverte devient adulte. La nouvelle théorie existe alors dans nos têtes et dans nos livres. Elle existe, maintenant, indépendamment de nous.
Elle ne périra qu’à l’aube de la naissance d’une nouvelle théorie. Les idées sont vivantes, prenons-en conscience.
C’est pour cela que ce livre propose progressivement une alternative aux dogmes qui m’ont longtemps emprisonné.
Les idées – 2010Mon logo « engineering art » est basé sur le carré, icône de la science avec sa rigueur et sur le cercle qui symbolise l’art avec sa recherche d’unité. Cette œuvre joue donc la dualité avec deux types de motifs aux proportions art/science différentes. Si les motifs sombres figurent des individus avec un « caractère » plus rigoureux que sensible et si les motifs clairs représentent l’inverse, quelle lecture transdisciplinaire pouvons-nous faire sur l’interaction des populations scientifiques et artistiques ? Ci-dessus : Les idées – 2010 (détails)
L’écologie des idées
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Les états de conscience
Réalités accordées – 2013Un plat à tarte rempli d’un fond d’eau est collé dans un haut-parleur disposé à l’horizontale. Mon ordinateur lui envoie, via un amplificateur, des impulsions électriques. En fonction de la fréquence, il se forme dans l’eau des vaguelettes de formes différentes. Pour les rendre visibles, une source de lumière, sur laquelle j’ai disposé trois gélatines colorées concentriques, surplombe l’eau. Mon appareil photographie alors le reflet des trois anneaux colorés à la surface de l’eau. Les figures correspondent aux fréquences 1,8 – 12,0 – 4,5 – 3,5 – 6,0 et 9,3 hertz.
Le mot conscience revêt un sens moral : « avoir bonne conscience ». Le deuxième sens, celui qui nous intéresse ici, désigne ce qui donne la sensation d’être. D’après René Descartes, le mental constitue le garant de notre existence. Les états modifiés de conscience m’ont permis de comprendre qu’il pouvait en être autrement.
En ce moment vous êtes dans un état de veille. Vous savez que vous tenez un livre, vous entendez encore autour de vous et ressentez éventuellement une légère gêne dans une partie de votre corps car vous êtes installé depuis quelques minutes dans la même position. C’est notre rapport classique à la réalité.
Vous êtes, peut-être, dans un état de concentration. Dans ce cas, vous n’entendez plus le fond sonore, vous ne pensez plus au fait de tenir ce livre que vous lisez, car vous êtes absorbé par son contenu. Votre rapport au monde réel est donc modifié, comme restreint, votre intellect étant plus en connexion avec le contenu du livre.
Nous pouvons également nous trouver dans un « état absorbé ». Ainsi, lors d’un film particulièrement bien réalisé, nous oublions qu’il s’agit d’une fiction, que nous sommes assis devant un écran, ainsi que le reste de notre vie. Nous sommes plongés dans l’histoire et durant deux heures, nous sommes dans une autre réalité.
Une variante de l’état de concentration est l’état d’alerte : dans ce cas, nous nous concentrons sur un ou plusieurs sens pour réduire notre temps de réaction, pour courir un cent mètres ou rattraper les balles avec lesquelles nous jonglons. La réalité se fait plus vive dans notre conscience mais sur un aspect seulement.
Il est possible que ces dernières lignes vous plongent dans un état imaginatif. Dans ce cas, vous oubliez le livre et votre entourage. Il vous apparaît alors plus ou moins précisément des images qui se superposent à votre vue ou si vous avez les yeux fermés, elles s’affichent sur une sorte d’écran mental. Vous savez que ce que vous voyez n’est pas la réalité, même si vous n’êtes pas directement concentré sur elle.
Il y a bien sûr l’état de sommeil où, bien que vivant, nous ne sommes plus conscients de notre contact avec une quelconque réalité. Au cours du sommeil dit paradoxal, notre esprit peut être actif lors des rêves. Le plus souvent, nous assistons impuissants à leur déroulement, qu’ils aient lieu dans notre quotidien ou dans un monde étrange. En général, dès le réveil, nous comprenons instantanément que nous n’étions pas dans la réalité. Mais parfois, le rêve a été fait dans un état de conscience si proche de l’état de veille que notre conscience a du mal à discerner si les souvenirs sont issus de la réalité ou du rêve.
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De l’autre côté – 2013Il s’agit d’une cuillère métallique tout à fait normale. Comme la lumière se déplace moins vite dans l’eau que dans l’air, sa trajectoire est déviée : il s’agit du phénomène appelé réfraction. Ici, avec la disposition particulière de la cuillère et de l’appareil photographique, la cuillère semble s’arrêter à la surface de l’eau. Pour éviter tout reflet disgracieux, la lumière des flashs traverse une chambre blanche faite de papier, donnant ainsi un éclairage omnidirectionnel.
Des rêves à conscience variable
Parlons d’un cas plus rare : l’état de rêve lucide. Au cours du rêve, notre conscience comprend que ce vécu est onirique. Notre passivité peut alors cesser et nous pouvons agir comme bon nous semble. Des scientifiques ont pu prouver que le rêve lucide est une réelle prise de conscience au cours du rêve : un sujet doué a réussi à faire des mouvements d’yeux suivant un protocole déterminé à l’avance alors que l’électroencéphalogramme prouvait que la personne était bien en train de rêver pendant son sommeil.
J’ai pu expérimenter, à titre personnel, un état de rêve lucide supérieur. En plus de la maîtrise de notre rêve, nous avons également la conscience d’être dans un monde onirique ayant pour seule limite notre propre imagination. Nous pouvons dès lors voler, traverser la matière. Il ne s’agit pas d’un rêve « haut de gamme » car il existe une nuance fondamentale : le rapport au vécu est supérieur à celui de l’état de veille ; notre compréhension est améliorée, nos sens exacerbés. La sensation d’être vivant est supérieure à celle des phases d’éveil, ce qui est particulièrement troublant si nous repensons à la définition de la réalité. Où est la véritable réalité si c’est précisément la sensation de vivre qui nous l’indique ? D’ailleurs comment pouvez-vous savoir si vous lisez ce livre ou si vous rêvez que vous lisez ce livre ?
Pour atteindre des états modifiés de conscience aussi surprenants que les rêves lucides, le plus simple est de passer par la méditation. Dans ce cas il suffit de s’allonger dans un endroit silencieux et faiblement éclairé. Le but est d’être le moins distrait possible. Ensuite, il ne faut plus bouger, jusqu’à sentir une sensation allant de l’engourdissement à la paralysie. Pourquoi est-ce possible ?
Habituellement lorsque notre corps a besoin de sommeil, il envoie des petits signaux qui prennent la forme d’envie de se retourner, de se gratter, etc. Si notre mental s’est préalablement endormi, alors nous ne répondons pas à ces signaux et notre corps s’endort à son tour. La liaison corps/mental est alors affaiblie, ce qui permet de ne pas faire les mouvements qui correspondent à nos actions oniriques.
Lors de cette relaxation profonde, l’ordre des endormissements est inversé. Lorsque nous immobilisons notre corps, le système nerveux de la moelle épinière est perturbé par cette absence de volonté de bouger qui correspond habituellement au sommeil du mental. Il envoie ses signaux de test, sensations de démangeaison ou de piqûre. Si nous les ignorons volontairement, alors le corps s’endort, bien que le mental soit en état d’éveil. C’est la première étape d’un processus qui nous permet d’accéder à un état identique au sommeil paradoxal mais en ayant toute notre conscience puisque nous ne nous sommes pas réellement endormis.
L’insomnie peut s’expliquer ainsi : le mental étant surexcité, nous ne pouvons pas nous endormir car à chaque fois que le corps envoie ses signaux de tests, nous agissons exagérément en nous retournant, en nous grattant, etc. Alors notre corps comprend qu’il n’est pas encore l’heure et il repousse son endormissement. Avoir du mal à dormir peut être dû à un mental hyperactif.
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Le vertige de l’identité – 2013Pour obtenir un tourbillon aussi profond, un moteur industriel de mille watts a été utilisé. L’axe de rotation étant étanche, j’ai collé quatre vitres directement sur la bride de fixation, créant un aquarium dont le fond est le moteur lui-même. Un variateur permet de réguler la vitesse afin d’amorcer un tourbillon avant que le mouvement rotatif ne perturbe trop la surface. Des gélatines colorées sont disposées contre les trois faces de l’aquarium, l’appareil étant perpendiculaire à la vitre frontale.
Conscience du tout et amour
Les yogis, qui pratiquent assidûment le yoga, sont parmi les personnes qui maîtrisent le mieux la méditation. Une fois leur corps immobile, ils le guident pour qu’il s’apaise. Grâce à la maîtrise de leur souffle, de leur corps et de leur esprit, ils peuvent atteindre un état modifié de conscience qu’ils appellent nirvâna ou éveil. Nous imaginons cela merveilleux, extatique et totalement mystérieux.
Pour nous en faire une idée, prenons un autre état de conscience : l’état amoureux passionnel. Nous sommes heureux d’avoir trouvé le partenaire unique qui nous considère unique et nous n’avons plus besoin de rien d’autre. Notre ego, la personnalité construite par notre mental, peut complètement se dissoudre, nous vivons pour l’autre, car l’autre est aussi important que nous, sinon plus. Nous sommes dans une période de gratuité totale, en offrant à l’autre autant notre corps que notre âme. Nous satisfaisons sans compromis tous les désirs de l’autre sans rien attendre en retour car nous sommes déjà dans un sentiment de complétude. En sa présence, le bonheur est là.
Cet état de félicité dure jusqu’au moment où nous souhaitons revivre quelque peu pour nous-mêmes. À ce moment-là, les deux egos du couple reprennent le dessus. Les premières crises arrivent : « Comment peux-tu avoir besoin d’autre chose si je suis la personne la plus importante qui soit dans ta vie ? » Et le mental va souffrir de cette perte de monopole. La situation va alors complètement se retourner : « J’étais important, alors si tu veux retrouver mon affection, il va falloir la mériter… » C’est la fin de la période de grâce où la gratuité était de mise. L’amour apparemment infini que l’on éprouvait était en réalité conditionné par le fait que le mental était flatté par l’intérêt de l’autre.
Revenons maintenant au nirvâna. D’un certain point de vue, cet état de conscience arrive lorsque nous avons réussi à déjouer les illusions de notre mental. Notre volonté d’identité est alors si faible que toute chose devient aussi importante que nous. Dans une certaine mesure, le reste du monde n’est plus différent de nous : êtres humains, animaux, végétaux et même objets. En effet, nous ne sommes tous qu’un produit dérivé du big-bang originel, ce que la science moderne ne peut d’ailleurs que confirmer. Tout en ce monde fut poussières d’étoiles et avant même cela, une fraction d’énergie. Comment ne pas éprouver de la considération pour quelque chose qui est de la même nature que soi ? Ainsi, l’état de nirvâna est étroitement lié à la conscience d’être une partie indissociable du tout, comme être amoureux de la vie dans sa globalité. Le mental ne réclamant plus les preuves de son importance, cet amour devient inconditionnel.
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Le choc des paradigmes – 2 013Mon boîtier de synchronisation ouvre une électrovanne, libérant de l’air comprimé qui se détend à l’arrière de deux tuyaux placés en dehors du champ photographié. De l’eau est ainsi projetée. Le boîtier envoie quelques millisecondes plus tard l’impulsion de commande pour que le flash fixe la rencontre des colonnes d’eau propulsées l’une contre l’autre.
Conscience et nature de la vie
L’amour inconditionnel n’est pas réservé aux experts de la méditation. La plupart des mères le connaissent naturellement avec leur nouveau-né. Cet enfant est véritablement chair de leur chair. Comment ne pas aimer ce qui est de soi et quelque part naturellement soi-même ? D’ailleurs, durant les premiers mois de son existence, le nouveau-né n’ayant pas la conscience de son individualité est fusionnel avec sa mère. J’ai parfois l’impression que nous passons notre vie entière à vouloir retrouver inconsciemment et de manière indirecte cet amour inconditionnel. Ceci n’a pourtant rien à voir avec un complexe d’Œdipe non résolu. On se leurre souvent à vouloir une belle voiture ou une jolie femme pour être regardé avec admiration, comme une mère le ferait avec son enfant. Il suffit de prendre conscience d’être comme l’autre, d’être l’autre. Pour émettre de l’amour inconditionnel en dehors de notre progéniture, il faut avoir démonté certains tours que nous joue notre mental.
Il existe d’autres états modifiés de conscience plus surprenants encore. Nous connaissons tous bien sûr l’état imaginatif : nous nous arrêtons de penser à l’instant présent et nous songeons à nos dernières vacances par exemple. Il se forme alors une image plus ou moins vague qui se superpose à la vue. Fermer les yeux peut améliorer la vision du souvenir sans toutefois égaler notre vision réelle. Cependant, au cours d’une relaxation, j’ai perçu la lampe de mon plafond avec une exactitude égale à celle des yeux ouverts alors qu’ils étaient précisément fermés. Immobile, j’ai analysé cette image jusqu’au point de douter d’avoir les yeux clos. J’ai alors décidé de tester mes paupières : elles étaient bien fermées. Je ne cesse de découvrir en moi des capacités de l’esprit que je ne soupçonnais pas. L’exploration de la conscience semble sans limite et en même temps si proche puisque nous en sommes le siège.
La sensation de réalité est une synthèse de nos cinq sens au regard de nos connaissances. Si nous voulons découvrir des alternatives à la réalité usuelle, il suffit de se séparer de nos repères. Mettez-vous dans un endroit sombre et silencieux. Allongé sur le dos et couvert confortablement, ne bougez plus jusqu’à ce que votre corps s’endorme. Votre mental vous hurlera que vous perdez votre temps ! Ignorez-le. Regardez vos pensées comme des éléments qui vous sont étrangers. Vous découvrirez qu’il existe des états modifiés de conscience plus surprenants encore.
Faute de consensus scientifique, je finirai par quelques questions. L’humain a su englober la Terre dans un nouveau champ d’informations artificielles : émissions de télévision, communications téléphoniques, contenus informatiques qui passent au-dessus de nous, et même à travers nous à chaque instant. Quiconque possède un téléviseur peut capter ces ondes hertziennes invisibles. Aussi, est-ce que notre cerveau ne capterait pas une « conscience-fréquence » tout comme la télévision capte une « émission » ? Qu’en est-il de cette émission lorsque la télévision est arrêtée ? Elle existe toujours. Que pouvons-nous extrapoler sur la conscience ? Notre conscience est-elle une production de notre cerveau ?
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Partie 3Vers l’être ressentant :
j’aime, donc nous sommes. Partie III : Vers l’être ressentant : J’aime donc nous sommes.
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L’humanité, hasard et nécessité – 2010Cette œuvre est un empilement de 278 canettes de soda vides. Chacune d’entre elles est rangée par tranche de poids distincts de 0,2 en 0,2 gramme. Il en résulte un empilement de 3,8 mètres de hauteur réparti sur 2,5 mètres de long. Afin d’identifier le facteur de tri, elles sont toutes posées sur un socle en bois sur lequel sont notés les différents poids.Ci-dessus : loi normale superposée à L’humanité, hasard et nécessité.
Comment montrer que le monde ne peut pas être réduit à des choix binaires ? Le manichéisme est un raccourci intellectuel pratique, mais singulièrement dangereux pour la réflexion. Il me semble important de chercher à appréhender la complexité de toute chose afin de développer une pensée la plus objective possible. Au travers de ma vision transdisciplinaire art-science, j’ai voulu traduire cette préoccupation en posant la question « combien pèse une canette de soda vide ? »
Il se trouve que je conservais méticuleusement depuis cinq ans toutes mes canettes de soda sans en avoir jusqu’à ce moment déterminé l’usage. J’ai classé et regroupé ces 278 canettes par ordre croissant de poids. En raison de résidus de sucres séchés plus ou moins importants, des conceptions différentes des canettes et d’objets contenus dans celles-ci, leur poids varie de 25 à 32 grammes. Il se dessine alors une figure ressemblant à une cloche qui porte le nom de « gaussienne », fonction mathématique bien connue des statisticiens. « Combien pèse une canette de soda vide ? » est une question simple qui aboutit à une réponse complexe car il existe de nombreuses valeurs possibles. Si l’on donne les limites de poids minimum et maximum, on passe sous silence d’autres informations. Si l’on donne comme réponse unique la valeur moyenne, il n’existe en réalité aucune canette de cette valeur théorique.
De même qu’un gros fumeur peut mourir de sa belle mort, cela ne fait pas mentir le fait que fumer réduit l’espérance de vie de la majorité des personnes. La mauvaise foi est en cela caractéris-tique : ce constat est vrai mais non représentatif. La science, elle, cherche systématiquement à établir une vérité applicable à tous. Dès lors, comment faire passer une idée qui ne concerne que 10 % des gens ? Là est le problème des thématiques abordées dans ce livre. Elles sont éminemment contestables même si elles paraissent pleines de sens pour certains lecteurs.
Ainsi, il faut prendre conscience que le contre-exemple ne tue pas la vérité statistique.
Vers un ordre caché
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0.1
0.2
0.3
0.4
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+ / - 2 σ 95,3 %
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Définition
Optique
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Sensibilité autofocusFaible lumière : 0 lux Faible contraste : 7%
RapiditéAllumage : 2,7 sDéclenchementPhoto : 0,5 sEntre 2 photos : 1,8 s
Sensibilité autofocusFaible lumière : 0 lux Faible contraste : 16%
Le ressenti face au rationalisme
Négociation – 2007Il s’agit ici du filet d’eau qui sort d’un robinet à peine ouvert. Observé à l’œil nu, à quelques centimètres du brise-jet, le filet se trouble car l’accélération de l’eau le rompt (la tension superficielle reprenant le dessus sur la gravité). La lumière des flashs est renvoyée par deux réflecteurs colorés placés de part et d’autre du filet. Ces formes sont compréhensibles et modélisables car elles sont identiques sur plusieurs clichés.
La soif de compréhension a amené les penseurs à mettre en avant le mental, la réflexion, la logique, le « je pense, donc je suis ». En termes de contrôle de la matière et de la nature, c’est une réussite sans précédent. En mettant de côté la sentimentalité approximative au profit d’une rationalité appliquée à un objectif à court terme, tout va plus vite, plus loin, mais est-ce que tout va mieux pour autant ? Le premier signe d’une réponse négative est bien la prise de conscience de la nécessité écologique. Les décisions peuvent être prises rationnellement uniquement si elles tiennent compte du long terme.
Pour choisir aujourd’hui un appareil photo, nous pouvons comparer l’offre pléthorique à l’aide de ce type de diagramme, que les analystes établissent en toute rigueur :
Toutes ces valeurs sont vraies en accord avec un protocole de laboratoire. Mais quand vient la question : « Cet appareil est-il assez bon pour photographier mes trois enfants en mouvement ? », ces chiffres ne sont plus d’aucune utilité. Même un expert aura du mal à vous délivrer une réponse précise. Alors que si vous rencontrez un utilisateur qui a le même niveau de connaissance que vous, il vous répondra sans hésitation : « Il n’est pas parfait mais globalement j’en suis très satisfait ! » Ce type d’information subjective est bien plus utile que toutes les analyses rationalisées. Est-ce là la distinction entre un savoir plus intuitif de l’hémisphère droit de notre cerveau et un savoir plus analytique de l’hémisphère gauche ?
La « vérité » est si complexe, que le rationalisme n’en découvre qu’une partie. Heureusement, d’autres modes d’accès aux connaissances sont possibles.
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Imaginons-nous devant des dizaines de téléviseurs au supermarché. Comment choisir quand nous ne sommes pas spécialistes ? Une image paraît vaguement plus agréable qu’une autre… Mais comment être sûr de soi ?
Un amateur d’images comme je le suis connaît les concepts de luminosité, de contraste, de définition, de quantification des couleurs, etc. Il passera des heures à régler chaque appareil suivant son protocole, puis constatera qu’aucun de ces téléviseurs n’est le meilleur sur tous les critères : il devra alors faire des compromis. Arrivé chez lui, il passera encore du temps à remarquer que ses réglages sont encore à améliorer et que le résultat est imparfait. Même avec le meilleur appareil, son analyse l’empêche de ressentir l’émotion du film qu’il regarde. Le profane, lui, a peut-être un écran médiocre mais il peut vivre l’histoire.
Tout comme la technologie décompose notre univers en concepts, le langage le découpe en mots. Une table est en face de nous. Sitôt nommée, elle perd de sa spécificité. Nous ajoutons alors des qualificatifs : elle est en acier, possède un plateau de verre et peut inclure une rallonge… Cependant, nous n’en dirions probablement jamais assez pour la décrire telle qu’elle est en réalité. C’est comme si le mot tuait l’objet.
Ainsi le filtre de l’analyse nous écarte du monde. D’autant que s’appuyant sur des hypothèses et des modèles, l’analyse n’est en rien garante de la véracité des conclusions induites. Une approche plus sensorielle permet un autre rapport aux choses, plus authentique, plus direct pour ne pas dire plus sincère.
L’illusion de l’analyse
L’humanité de la science – 2013Mille dés sont jetés en l’air ! Nous pouvons compter le nombre de dés qui sont tombés sur la face 1, le nombre de dés sur la face 2 et ainsi de suite. Ceux qui sont coupés ne sont pas dénombrés. Nous constatons alors l’improbabilité qu’un lancer donne une répartition exacte de six faces. En reproduisant ce test, nous pouvons nous poser la question de savoir si l’écart par rapport à la théorie est dû à une « lacune de test pour atteindre asymptotiquement la théorie », ou au fait que « ces dés ne sont pas équiprobables », autrement dit que certains dés ne sont pas parfaits, pour ne pas dire qu’ils sont pipés. Bien que toute la rigueur possible ait été déployée, nous ne pouvons trancher entre ces deux hypothèses. Seuls des choix humains conditionnent l’adoption d’une théorie plutôt qu’une autre. Nombre de 1 : 155 Pourcentage réel de 1: 16,2 % Pourcentage théorique de 1 : 16,67% Nombre de 2 : 162 Pourcentage réel de 2: 17,0 % Pourcentage théorique de 2 : 16,67 % Nombre de 3 : 160 Pourcentage réel de 3: 16,8 % Pourcentage théorique de 3 : 16,67 % Nombre de 4 : 159 Pourcentage réel de 4: 16,7 % Pourcentage théorique de 4 : 16,67 % Nombre de 5 : 157 Pourcentage réel de 5: 16,5 % Pourcentage théorique de 5 : 16,67 % Nombre de 6 : 161 Pourcentage réel de 6: 16,9 % Pourcentage théorique de 6 : 16,67 %
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Par-delà les apparences
Derrière l’ego #1 – 2013À cause des éclats de verre, je ne peux me mettre face au miroir (il faut être au plus près du miroir pour que le visage soit le moins flou possible). Je place donc une impression de mon portrait à une dizaine de centimètres du miroir. Pour le photographier, il faut viser le miroir de travers, avec le portrait décalé. Pour que le miroir soit net, j’utilise un objectif à bascule. La parallaxe introduisant une déformation de mon portrait, je la compense par une déformation inverse de l’image avant son impression.
Léonard de Vinci a étudié l’art, la biologie, l’anatomie. Son tableau le plus célèbre, La Joconde, montre à quel point son approche décloisonnée a été féconde. Il a analysé le corps humain, la manière qu’ont les émotions de transparaître sur le visage, dans les yeux, au niveau des commissures des lèvres… Plutôt que de reproduire exactement ce qu’il a observé, il l’a utilisé pour créer ce mystère universellement éprouvé. En rendant floue la commissure des lèvres et des yeux, aucun mot ne permet de décrire objectivement son tableau. Il faut le voir pour le comprendre. Mieux encore, suivant votre humeur, vous pouvez ressentir que Mona Lisa se moque, s’ennuie, boude, etc. Il n’y a plus de mots qui tiennent, vous ressentez.
Ce chef-d’œuvre, permet différentes interprétations simultanées. Derrière une seule représentation d’un visage se cache une multitude de perceptions. C’est ainsi que je perçois notre rapport à la vie. Bien des événements nous laissent le choix de modes de vie totalement différents.
En considérant ce qui anime le monde autour de moi, j’avais toutes les raisons de penser que pour exister, il fallait posséder. C’est le mode de l’être possédant : avoir des objets, un statut, un conjoint, des d’enfants, etc.
Je me suis ensuite intéressé à la culture, à la philosophie : une direction moins matérielle. C’est le mode de l’être pensant. Mais le mental y est encore très actif, il y a toujours cette soif du toujours plus, acquérir du savoir ou comparer notre érudition…
Quand le virage spirituel s’est amorcé en moi, le mental s’est apaisé et j’ai adopté plus pleinement le mode de l’être ressentant. Il n’est pas question de dire qu’avant je n’avais pas de sentiments, ces différents modes pouvant coexister en nous simultanément. Le qualificatif de « ressentant » signifie ici qu’il y a un couplage direct entre le vécu et l’être. Les événements ne sont plus interprétés, mais vécus et parfois le corps réagit directement. Qui n’a jamais connu le frisson musical ? Touché par une mélodie, sans rien connaître du solfège, sans aucune association d’idées, notre âme répond à travers notre corps : elle aime cette beauté ! Et ce n’est qu’un faible aperçu de ce que peut être la conscience d’être ressentant !
Un compresseur envoie sur commande de l’air à 8 bars dans un vérin. Sur le bout du vérin, une bille d’acier assure un impact précis. Un boîtier électronique déclenche automatiquement le flash 1,4 milliseconde après que les deux fils, un fil vert scotché derrière le miroir et un noir soudé sur la bille, se sont touchés.
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C’est inéluctable, sur une durée suffisamment longue, l’espérance de vie de chacun tend vers zéro. Mais de quel type de vie parlons-nous ? De la vie de notre corps biologique bien sûr. Mais qu’en est-il de notre conscience ? Son existence s’arrête-t-elle lors d’un arrêt cérébral ? Dans la conception matérialiste, le décès est une rupture qui empêche tout prolongement. Si nous expérimentons tous la vie, rares sont ceux à avoir vécu une expérience de mort imminente. Ces personnes n’ont, depuis, plus peur de ce que l’on appelle la mort. Alors en tant que scientifique, que peut-on conclure sur ce qu’il y aurait de l’autre côté ? Au minimum qu’il y a là un sujet de recherche.
En 1991, la revue scientifique The Lancet publie un article sur l’opération de Pamela Reynolds. Cette patiente a subi une intervention d’une heure trente, le cerveau en hypothermie et donc en état d’arrêt électrique. Après son réveil, elle raconte avoir vu de la lumière au bout d’un tunnel puis avoir pu discuter avec des proches décédés, ainsi que les autres étapes que narrent ceux qui ont vécu une expérience de mort imminente. Rien de vérifiable qui puisse distinguer une expérience métaphysique d’un rêve au moment du réveil. En revanche, elle décrit aussi les processus opératoires et les outils utilisés, ce qui n’a rien d’incroyable si elle s’est suffisamment renseignée sur ce qu’elle allait vivre avant son opération. Mais la surprise est qu’elle raconte aussi les dialogues entre les professionnels qui l’ont opérée. Ces dialogues concordent avec ceux du procès-verbal de l’opération ! Cette patiente a donc vu et entendu alors que son cerveau n’avait pas de signaux électriques mesurés. Si l’on considère comme vraie l’hypothèse que nos moyens de mesures sont suffisamment précis, alors la conscience ne serait pas forcément rattachée au corps physique. Il pourrait y avoir, dans des circonstances très particulières, une séparation conscience/corps physique, ce qui relance le débat entre dualistes et monistes.
L’absence de preuves n’implique pas qu’une idée est fausse. Les connaissances scientifiques s’appuyant sur la reproductibilité, elles apparaissent comme sûres et il n’est pas dangereux d’y croire. Mais si nous ne parvenons pas à vérifier une théorie, peu de gens oseront y croire, de peur d’être dans l’erreur. Pour autant, qui aurait cru à la relativité il y a deux siècles ? Le scepticisme est peut-être le pire ennemi du chercheur. Lorsque vous en avez conscience, vous êtes dans une position inconfortable mais prometteuse : celle d’envisager comme potentiellement vraie l’idée la plus improbable.
Vers la fin des secrets
Inéluctable – 2008Cette lampe à plasma libère ses charges électriques au travers d’arcs violacés. Ceux-ci touchent la surface extérieure en des points aléatoires. Toutefois, cette photographie de trente secondes montre une répartition uniforme. Nous constatons que le hasard, telle une programmation organisée, fait que cette décharge tombera à terme sur chaque portion de la sphère. Ci-dessus : Vents plasma – 2008 (détails)
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C’est comme si l’humain avait peur de devenir crédule. Or, oser croire permet d’ouvrir son esprit. Quelles barrières nous empêchent d’accéder au merveilleux ?
Considérons que le monde est dur et hostile. Nous pourrions métaphoriquement prendre une feuille de papier de verre pour le représenter. Projetons dessus une goutte d’encre. La tache qui apparaît m’évoque un monde bien sombre, segmenté avec des élites détachées de la base.
En sociologie du travail, la théorie du management X stipule que le travail est une contrainte et qu’il faut contrôler et mettre le travailleur sous pression. La direction isolée dans son bureau ordonne sans justification les tâches aux employés.
Considérons maintenant un monde vierge de nos croyances et prenons pour le symboliser une feuille blanche. Lâcher une même goutte montre cette fois-ci un monde uni, une couleur apaisante, avec quelques leaders qui maximisent le champ des possibles pour le plus grand nombre, apparaît.
La théorie du management Y identifie le travail comme une passion potentielle : en faisant comprendre l’intérêt de la tâche au travailleur, le manager l’implique personnellement. Ce travail sera exécuté avec passion et le résultat n’en sera que meilleur.
Lorsque vous êtes de mauvaise humeur, les gens joyeux vous fuient, les autres ont moins de remords à vous maltraiter, ce qui contribue à l’augmentation de votre mal-être.
Lorsque vous êtes optimiste, vous allez de l’avant, vous êtes enclin à faire de nouvelles expériences. Vous discutez avec des gens rayonnants. Vous tendez la main pour aider et curieusement la chance vous sourit en retour.
Nous projetons sans cesse nos croyances sur la route de nos actions. Espérons un monde transparent et la goutte sur une plaque de verre nous montrera un monde épanoui d’un bleu paisible. C’est comme si le déroulement de notre vie découlait de notre état d’esprit.
Management X, Management Y, Management ? – 2010J’ai fait tomber trois gouttes d’encre strictement identiques de trente centimètres de hauteur. La première s’écrase sur du papier de verre grain 80, la seconde sur une feuille blanche 80 grammes/m2 et la dernière sur une vitre posée sur une surface blanche.
Un monde à reconstruire
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Ce n’est qu’à l’âge de trente ans que j’ai découvert cette formidable source de richesse alternative qu’est la culture, effaçant la possession matérielle comme mode d’épanouissement personnel. Cela fut pour moi comme une libération. Aussi, j’essaie de conserver en mémoire mon cheminement entre ces deux visions du monde pour le partager avec ceux qui le souhaitent.
En réfléchissant sur cette mutation de valeurs et en recherchant le moyen de promouvoir les bienfaits de la richesse culturelle, j’ai construit un découpage de l’histoire en trois grandes ères de domination du monde : la loi du plus fort physiquement (les barbares), la loi du plus fort statutairement (les monarchies) et la loi du plus fort économiquement (les capitalistes). Pour favoriser l’émergence d’une quatrième ère, je me suis mis en recherche des facteurs de transition entre les précédentes ères.
La source de cette réflexion provient de la lecture de « Le hasard et la nécessité » de Jacques Monod. Les organismes vivants sont capables de remplacer leurs cellules des milliards de fois au cours de leur vie avec une excellente fidélité à leur programme génétique. De même, les organismes vivants sont capables de se reproduire pendant des milliers d’années sans modification notable de leur fonctionnement. Sa conclusion est la suivante : en raison de l’excellence du processus de duplication de l’ADN, les évolutions des espèces ne peuvent provenir que d’erreurs.
Kamikaze – 2008Un ami me demandait : « crois-tu qu’une goutte qui tombe sur une flamme peut bouillir et s’évaporer avant de l’atteindre ? » Il suffit de le vérifier ! Au cours de sa chute, une goutte lâchée de 40 centimètres de hauteur traverse un faisceau infrarouge qui déclenche quelques millisecondes plus tard le flash. Le plus problématique fut de rallumer la bougie entre chaque essai, la mèche étant noyée.
Hasard et nécessité
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Chaleur – 2012Ce ballon a été préalablement trempé dans de l’azote liquide (-196 °C) ce qui a induit deux effets. D’abord l’air contenu s’est contracté et le volume du ballon a diminué. Ensuite, le caoutchouc s’est durci, car pour de nombreux matériaux la rigidité est liée à la température. Il s’est alors plissé comme s’il était fait de papier-calque.Quand le ballon est retiré de l’azote liquide, l’air de la pièce à 20 °C lui cède de la chaleur. Le caoutchouc s’assouplit à nouveau et l’air contenu dans la baudruche se dilate. En trente secondes, il retrouve le volume initial qu’il avait avant son bain dans l’azote liquide.
Être en accord
Le fait que les évolutions des espèces ne puissent provenir que d’erreurs ne contredit pas, en soi, la théorie de l’évolution de Darwin. Cependant, de mon point de vue, il renverse fondamentalement la vision que nous retenons de cette théorie. Alors, quels en sont les fondements ? Darwin stipule qu’au cours des millénaires, la « sélection naturelle » a créé « les meilleures espèces » qui s’avèrent « aptes à la survie » en raison « d’une adaptation ». Si, à titre personnel, Darwin évince l’homme de son piédestal, sa théorie peut toujours être décodée symboliquement ainsi : « Dieu » a créé « un homme » qui s’avère « être l’élu » en raison « des atouts qu’il a su développer ». Le point de vue de Jacques Monod la réinterprète autrement : « La retranscription de l’ADN » a créé « la race humaine » qui s’avère « plus efficace que les autres espèces » en raison « d’erreurs indépendantes d’une quelconque volonté ». En effet, il se produit constamment des « erreurs », c’est-à-dire des mutations, mais certaines, en corrélation avec l’environnement du moment, donnent aux individus mutés un avantage significatif en terme de survie par rapport aux individus non-mutés.
Ceci étant, la théorie de l’évolution est fragile. Si elle propose une réponse aux adaptations d’espèces à leur milieu, elle n’explique en rien comment un œil ou un flagelle bactérien a pu apparaître dans les organismes, d’autant qu’avant que ces organes ne soient fonctionnels, ils n’assuraient pas davantage à la survie. Dès lors, comment ces mécanismes complexes ont-ils pu être « sélectionnés » ?
Quoi qu’il en soit, les théories de l’évolution m’ont fait prendre conscience du rapport de l’humain avec la nature. La proposition de Darwin continuait de permettre aux hommes de se sentir les élus, qu’ils pouvaient être fiers d’avoir conquis le titre d’espèce dominante. Par contre, les propos de Monod semblent signaler aux hommes qu’ils ont une chance inouïe d’avoir pu survivre en accord avec la nature.
Quelles que soient les thèses de notre arrivée sur Terre, laissons de côté notre arrogance et notre fierté. En retrouvant notre place dans la nature, nous serons alors humbles. Au lieu de l’exploiter, récoltons simplement ce qu’elle nous offre.
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S’ouvrir à l’émotion
La fragilité – 2012Cette rose fraîchement cueillie a été plongée dans l’azote liquide pendant deux minutes. Comme dans la photographie de la page précédente, les pétales sont devenus cassants comme du verre. En effet, comme nous l’avons vu précédemment, la rigidité de nombreux matériaux augmente à mesure que la température diminue. Ensuite, la rose est sortie rapidement de son bain, pour être écrasée sur une vitre. Chaque seconde passée en dehors de l’azote liquide va faire blanchir la rose de par l’humidité de l’air qui givre sur les pétales de la fleur.
Il y a cinq cents ans, il suffisait de prier pour mériter un lendemain meilleur. Il y a cinquante ans, il suffisait de travailler pour s’acheter un lendemain meilleur. Quant à moi, il y a cinq ans, j’ai tout simplement décidé de vivre en accord avec moi-même.
J’ai réuni toutes mes compétences et centres d’intérêts : ingénierie, photographie, sciences, philosophie, sociologie, esthétisme, pour réaliser des œuvres qui, basées sur des expériences scientifiques, parlent de l’homme.
Mais il me manquait encore un ingrédient : l’émotion, pour ne pas dire l’amour des autres.
Je pensais qu’il fallait forcément se battre pour réussir dans la vie, qu’il fallait éviter toute sentimentalité. Mais comme pour cette rose, considérer le monde avec froideur rend les choses encore plus fragiles ! Plutôt que de devenir cassant, il nous faut accepter notre condition d’être ressentant.
D’ailleurs, des maladies peuvent se développer en nous lorsque nous n’acceptons pas nos émotions. Cette idée a été adoptée par des cancérologues même si cela est difficile à faire entendre. Admettre ses problèmes peut guérir.
Bien des patients ne supportent pas le fait que leur maladie puisse être induite par leur psychisme. Ils préféreraient être sous l’emprise d’un microbe car ils ne seraient pas responsables de leur état. Mais l’effet placebo l’a prouvé : notre esprit a un pouvoir sur notre santé biologique.
Nous sommes informés que le stress peut affecter notre santé. Hélas, le pouvoir guérisseur des pensées positives ne nous est pas enseigné. Comment aider chacun à développer son potentiel spirituel pour mieux gérer ses émotions ?
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Nous sommes capables de reconnaître une émotion chez quelqu’un alors que personne d’autre ne l’a perçue. Les gens qui se connaissent de très longue date, couples, amis, fratries, le constatent souvent. Parfois même, nous pensons repérer un trouble de notre interlocuteur à son insu, trouble qu’il peut d’ailleurs nier. Avons-nous imaginé des signaux qui n’existent pas ? Ou avons-nous perçu des signaux réels qui révèlent un état inconscient chez notre interlocuteur ? Cette question est importante à mes yeux, car elle peut justifier ou désamorcer bien des querelles ! En vérité, si nous voulons bien regarder les autres avec attention, nous sommes tous capables de lire leurs émotions, au-delà des différences de cultures. Le seul ingrédient : être attentif ou empathique.
J’imagine alors des prises de vues pour étudier les infimes variations de mon visage. Je réalise des soustractions d’images pour faire parler l’invisible. Mais lorsque chacun est réellement sincère et à l’écoute, est-ce vraiment nécessaire ? Si nous écoutons « avec le cœur » et non avec notre susceptibilité, aurons-nous autant de conflits ?
Pour résumer, nous ne sommes que les témoins partiels du monde. Nos oreilles n’entendent que de 20 hertz à 20 000 hertz alors qu’une chauve-souris ou un chien perçoivent bien les ultrasons. De même, nos yeux ne voient des rayonnements que de 400 à 800 nanomètres, etc. Que dire de notre cerveau qui se fait piéger par de nombreuses illusions d’optique ? Combien de fois nous mentons-nous à nous-mêmes bien malgré nous ? Nous ne percevons que peu de choses et peut-être même pas l’essentiel…
Une humanité à assumer
Émotions – 2011L’appareil étant parfaitement immobile, deux photographies sont « soustraites ». Les zones immobiles deviennent alors complètement noires. Le protocole est le suivant : corps allongé à l’horizontale, tête maintenue dans un coffrage de plâtre moulé, appareil situé à l’aplomb du nez. Avant chaque nouvelle émotion, une nouvelle photographie de référence est prise, moins de dix secondes avant la photo du visage qui exprime une émotion. Si malgré le coffrage il y a une rotation de la tête, un recalage des deux photos sur le niveau des globes oculaires est fait. La barbe a été conservée pour avoir des traceurs de mouvement sur le bas du visage.
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154
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– 20
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Ma vie est une succession de chances. Dernier en classe préparatoire, j’intègre avec les trois meilleurs la prestigieuse école des Arts et Métiers suite à une dizaine de coups de chance et d’intuitions. Je recherche la disponibilité d’une caméra rapide rare et hors de prix et le déménagement d’un producteur près de chez moi me l’amène gratuitement ! Je cherche un éditeur et quelques semaines plus tard, il est assis juste à côté de moi…
Un scientiste, c’est-à-dire quelqu’un pour qui seul le propos de la science est recevable, estimera simplement avoir eu de la chance, comme s’il venait de faire trois fois de suite un double six. Il est vrai que la chance se provoque : « 100 % des gagnants ont tenté leur chance » dit le slogan. Le véritable hasard est dans l’immobilité. Mais d’autres parleront de destin, de providence, de bonne étoile, d’ange gardien… Rien qui puisse être démontré d’un point de vue scientifique.
Mais rappelons-nous l’erreur des Incas. Ils expliquaient les tremblements de terre par des actions divines parce qu’ils n’étaient pas en mesure de conceptualiser que la croûte terrestre accumulait des contraintes, jusqu’à rupture lors du séisme. Ne faisons pas de même aujourd’hui avec tout ce qui relève de la chance ou autres synchronicités : ce n’est pas parce que nous ne conceptualisons pas de causalité qu’il n’y en a pas.
La seule chose que je puisse affirmer, c’est que l’ouverture à la spiritualité donne un goût très particulier à toute chose issue du « hasard » : une saveur qui me donne envie de dire merci.
La chance – 2004Parfois, ce que vous cherchiez à photographier est sublimé par la chance. Ce jour-là, j’ai su immédiatement que cela ne servait à rien de continuer… Après 69 photos floues, voici celle-ci parfaitement nette. La splendeur de ce vortex (tourbillon) trouble certains qui me soupçonnent, à tort, d’avoir usé d’infographie. En effet, nous ne pouvons que nous étonner devant des figures aussi pures au regard de la complexité de la mécanique des fluides.
Hasard ou chance
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Quand ma grand-mère est arrivée à la fin de sa vie, beaucoup trop tôt à 56 ans, j’ai vu ma mère pleurer toutes les larmes de son corps de manière incessante. Au bout de trois jours, maman est partie au chevet de sa mère pour les derniers instants. Le décès m’a été annoncé par téléphone. Du haut de mes huit ans, je me suis dit « mince, maman va pleurer toute sa vie, je ne veux pas vivre cela à mon tour ». J’ai alors décidé de me blinder, de ne plus aimer pour ne pas risquer de souffrir.
Pendant l’adolescence, j’ai vécu une expérience plus que troublante. Pour une raison que j’ai oubliée, ma mère me prend dans ses bras dans un élan affectif que j’avais toujours su éviter jusque-là. À cet instant précis, je me vois depuis l’extérieur de mon corps, ma vision étant comme perchée dans le sommet de la cage d’escalier. Cela n’a rien à voir avec une image imaginaire : je vois ma mère enlaçant quelqu’un et je reconnais que ce corps est bien le mien ! Une seule pensée s’impose à moi : « ce n’est pas toi ». Deux secondes plus tard, dans une légère vibration de mon corps, tout revient à la normale. J’ai conclu en tant que bon rationnel insensible que les rêves éveillés sont surprenants. Le « ce n’est pas toi » a été interprété à l’époque comme un rappel de mon engagement de rationalité et qu’il ne me fallait pas me faire piéger par les émotions. Je comprends aujourd’hui que cette tendance à fuir les émotions n’est pas nature véritable.
Pendant vingt ans, ne sachant qu’en faire, j’ai remisé cette expérience dans un coin de ma mémoire. Puis, en 2012, en l’espace de quelques semaines, j’ai reçu de multiples informations de plusieurs personnes. Ce que j’ai vécu s’appelle une « sortie hors du corps » ou « décorporation ». Certains maîtrisent manifestement cet état modifié de conscience. Il y a même un institut aux États-Unis qui travaille à le reproduire pour l’étudier.
Je me souviens encore parfaitement de ces quelques secondes. Aujourd’hui, j’ai compris que cette expérience n’était pas un rêve. Depuis je pose un regard très différent sur ce que l’on appelle la réalité. Une simple perception extraordinaire et nous doutons du quotidien, un petit rien nous plonger dans une autre dimension.
Hyperspace – 2005La photographie est simplement la vision en négatif de spaghettis : le noir devient blanc, le jaune devient bleu. La réalité ne serait-elle qu’une perception ? Il suffit d’inverser les couleurs et nos sens nous trompent, plongeant notre conscience dans un voyage onirique : il ne s’agit plus de spaghettis, mais d’une anémone de mer, de fibres optiques, d’un voyage dans l’espace…
La perception de la réalité
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Une fois que vous acceptez d’entendre des histoires sur les phénomènes invisibles, un univers entier de questions et d’émerveillement s’ouvre à vous. Des scientifiques de renom ont osé assumer cette exploration : Charles Richet, prix Nobel de médecine, est le fondateur de l’Institut Métapsychique International qui étudie entre autres sujets la télékinésie (déplacement des objets par la pensée) et Carl Jung, le successeur de Freud, s’est penché sur la télépathie.
Certains ont souffert d’un discrédit de la part de la communauté scientifique. Yves Rocard, père de la bombe atomique française a étudié en fin de carrière la radiesthésie (les sourciers avec leur baguette). Jacques Benveniste, chercheur à l’INSERM et sa théorie de la « mémoire de l’eau » qui explique l’homéopathie. Ces personnes, pour s’être aventurées en dehors du cadre de la science officielle, ont perdu leurs crédits de recherche, leur laboratoire…
Cependant, le professeur Luc Montagnier, co-découvreur du virus du SIDA, prix Nobel de médecine, affirme « Jacques Benveniste avait raison… une affaire aussi importante que l’affaire Galilée ». Dernièrement, un scientifique me confie son enquête sur Yves Rocard. Il est stupéfait de constater qu’un grand nombre de ses collaborateurs sont également convaincus de la véracité de la radiesthésie. Mais personne n’en parle en public, de peur d’être discrédité et mis au ban.
Le processus est vicieux, comme j’ai pu le constater dans une revue de vulgarisation scientifique. Un article sur la lithothérapie, une médecine alternative utilisant des pierres, affiche une certaine rigueur : « Lithothérapie, efficacité non prouvée scientifiquement ». L’auteur conclut que n’ayant rien ressenti, il avait été escroqué et cette séance fut la première et la dernière.
Il y a pourtant des expériences qui méritent que l’on s’y prenne à plusieurs reprises avant d’observer un résultat significatif. Prenons le cas d’un couple où la femme atteint l’extase, quelques secondes forcément extraordinaires au regard de la vie quotidienne. Si cette même femme reçoit les mêmes gestes mais en dehors de son consentement, alors l’expérience sera désastreuse. Pour que la magie opère, il faut que l’esprit y soit ouvert, l’orgasme peut être décrit comme une expérience spirituelle qui induit en même temps une réalité physique attestée par les réactions du corps.
Lorsqu’une revue scientifique teste des pratiques ésotériques, il faut prendre du recul sur les affirmations du type : « Nous avons testé, cela ne marche pas ». En voulant protéger leur lectorat des charlatans, la rédaction omet de dire que ce genre de pratiques ne peut éventuellement aboutir à un réel résultat que si l’on y croit, car il s’agit de phénomènes de l’esprit et non de la matière. Les scientistes s’insurgeront, croire préalablement à l’expérience pouvant favoriser un faux ressenti. Effectivement, le test pourrait être faussé, mais confirmera une fois de plus la puissance de l’esprit. Dans le doute ils se retranchent car il n’est pas question pour eux d’y croire avant d’avoir une preuve indubitable. C’est là que je me rends compte de mon changement : désormais j’ose croire.
Influence – 2008Ce que vous percevez ici est la visualisation de la « chaleur ». Les flammes de ce brûleur de camping provoquent de larges volutes d’air chaud qui montent en raison de leur densité moindre. L’air moins dense dévie les rayons lumineux d’un projecteur de diapositives, provoquant sur un écran blanc des ombres chinoises ici photographiées.
La science et le subtil La « shadowgraphy » permet de visualiser des discontinuités de densité d’un milieu. Les variations de densité provoquent une déviation des rayons lumineux, ce qui permet de voir ici les volutes d’air chauffé. Pour que les ombres soient nettes, il faut que le sujet soit le plus proche possible de l’écran et la source de lumière la plus éloignée possible. La photographie est donc prise de biais pour ne capter que les ombres.
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La science est véritablement sclérosée par sa recherche d’efficacité et son recoupement de preuves. Pour oser sortir du lot, il faut une conviction hors pair. Les grands changements prennent du temps.
Les dernières découvertes en physique quantique défient l’entendement. Elles ouvrent une possible compréhension de quantité de phénomènes encore inexpliqués. Aujourd’hui, les oiseaux migreraient d’un bout à l’autre de la planète grâce à l’action de particules quantiques ; chaque être vivant pourrait se connecter à un champ d’informations de la même manière que nos écrans captent les ondes de l’émetteur de télévision…
Dans le monde de l’invisible, de multiples influences restent à découvrir.
Qui parle de spiritualité avec un rationaliste arrivera vite à ce genre de poncif : « Ce n’est pas sûr, ce n’est pas prouvé, tu t’apercevras que c’est sûrement faux ». Ce qui m’amuse, c’est qu’en tant qu’ancien scientiste, j’ai quelques notions d’histoire des sciences et je sais que celles-ci ne sont jamais qu’un échafaudage qui s’effondre à chaque découverte et que l’on reconstruit « pour la dernière fois », car cette fois-ci « on en est sûr ! »
Heureusement, la très grande majorité des chercheurs a conscience que la science n’est que la temporaire meilleure approximation de notre monde. Par contre, une importante partie de la population accorde une confiance aveugle à la science sans même la comprendre.
C’est ainsi que je me suis aperçu que la science était une nouvelle forme de transcendance ; « je ne peux la vérifier, mais on me dit qu’elle explique tout, et comme tout le monde dit que c’est vrai alors j’y crois aussi ». C’est exactement la même chose que la religion il y a quelques siècles : « je ne peux faire l’expérience de Dieu, mais il gère tout. Tout le monde est croyant, alors je le suis également et je fais confiance au prêtre ».
L’histoire des sciences nous montre bien que la science n’est pas vraie, elle est juste non fausse jusqu’à preuve du contraire. Mais l’homme ne supporte pas l’ignorance, l’homme veut comprendre. Alors aux limites de ses connaissances, il placera de toute façon une croyance.
Certains feront l’acte de foi de croire que le big bang aura un jour une explication scientifique conventionnelle, d’autres invoqueront la main de Dieu pour appréhender le feu originel.
Tout est croyance
Croyance – 2009Un ballon de baudruche de huit centimètres de diamètre est rempli d’un mélange de butane et d’air. La photographie est déclenchée par le bruit de l’éclatement du caoutchouc fondu par la bougie. La difficulté était de préparer correctement le mélange pour que le souffle de l’explosion du ballon n’éteigne pas la bougie avant l’inflammation du mélange, et de maîtriser la direction de la boule de feu.
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Le choix entre religion et science comme croyance descriptive du monde peut se faire naturellement par l’ego. La recherche de grandeur sera assouvie soit par la « force », soit par la « vertu ».
Cette perception de la grandeur se fait avant tout à travers le miroir de la vie sociale. En fonction de notre position dans la société, de l’époque où nous vivons, nous adopterons telle ou telle croyance pour répondre à l’énigme de la transcendance.
Dans le choix religieux, on peut différencier d’un côté les personnes qui « savent » que Dieu existe, car elles ont vécu une expérience intime qui leur en donne la conviction, et de l’autre côté, les croyants qui adhèrent au fait que Dieu existe seulement parce qu’on le leur a dit. Les croyants se partagent en deux catégories, les religieux qui adoptent une religion et les déistes qui n’adhèrent pas à une religion existante. Les agnostiques sont indéterminés. Ils ont souvent conscience qu’il n’y a pas de preuve matérielle que Dieu existe ou n’existe pas. Ensuite, les athées pensent que Dieu n’existe pas. Enfin, je serais tenté de placer les scientistes. Leur conviction que les sciences finiront par élucider toutes les questions les amène à croire dès à présent que l’hypothèse de Dieu n’est plus nécessaire.
Il est à noter que dans cet axe, être scientifique n’est pas antinomique avec le fait d’être croyant, que cela soit en Dieu ou en la science. Un scientifique cherche d’abord et avant tout à comprendre, à élaborer une explication du monde, du moins de la partie qui est explicable. Mon intuition me fait dire que l’existence de Dieu n’est pas démontrable car c’est précisément dans le renoncement à la preuve que l’expérience de la foi peut commencer.
Que cela soit en science, en religion ou en spiritualité, si l’on veut progresser, il faut abandonner la position de sécurité. Il faut braver l’inconnu, forcément synonyme d’incertitude et potentiellement de danger. La découverte nécessite souvent cette concession sur le confort.
Ce n’est qu’une impression, mais plus j’accepte de lâcher prise, d’arrêter de vouloir tout maîtriser, et plus la vie m’entraîne vers des situations heureuses.
Acceptons de nous mettre en péril en sortant du domaine étroit de la certitude, cette confiance que nous manifesterons nous ouvrira alors des portes.
La confiance – 2012Un chercheur plonge sa main dans l’azote liquide à -196 °C. L’échange thermique est si important qu’il se forme une pellicule d’azote gazeux contre la peau. Ce phénomène s’appelle la caléfaction et protège la main pendant quelques dixièmes de secondes en ralentissant l’échange thermique. Au-delà de ce temps, la main serait irrémédiablement brûlée.
Foi et confiance
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Songez à l’Internet à la fin des années quatre-vingt-dix. La moitié des sites étaient développés par des institutions, l’autre moitié par des passionnés. Dans mon souvenir, il y avait un climat d’entraide assez exceptionnel. Chacun offrait le meilleur de lui-même. Depuis, le marketing a bien dénaturé le paysage, mais les bonnes volontés sont toujours présentes dans de nombreux forums. Un inconnu aide un inconnu sans contrepartie aucune !
On pourrait se dire que l’on est bien bête d’offrir son temps à un inconnu. Et pourtant, les élans de générosité amènent bien des retours, comme dans le cas de l’anecdote qui accompagne cette photographie. Intervenant ce jour-là au sein d’un photo-club, je partageais mes techniques de prises de vue. Attendant que tous les participants soient prêts, j’ai utilisé d’autres réglages pour mon appareil de synchronisation du flash. Lorsque j’ai lâché le fruit, un phénomène inattendu s’est produit : une main d’air semblait vouloir sauver l’orange de la noyade ! La métaphore de l’altruisme s’est imposée à moi.
Certes, nous tomberons parfois sur une personne qui abusera de nous. Mais en abordant la vie avec altruisme, nous irons globalement de bonnes surprises en bonnes surprises.
Altruisme – 2007Un module électronique équipé d’une barrière laser va permettre de capturer automatiquement cet instant. Le rayon laser traverse une petite fenêtre dans le tuyau qui guide le fruit. Grâce à la temporisation, la profondeur qu’atteint l’orange dans l’aquarium au moment de la photo est maîtrisée. Un mur blanc sert de fond et reçoit les éclairs de deux flashs. En avant de l’aquarium, un troisième flash déporté empêche que l’agrume ne soit complètement en contre-jour.
Un altruisme porteur
Pour réaliser une photographie à haute vitesse, le temps de réaction des appareils est trop grand. Cette limitation est contournée par la technique de l’open-flash : l’obturateur s’ouvre dans le noir et le capteur de l’appareil récupère ainsi sans aucun retard la lumière provenant d’un flash. Ce type de prise de vue fait que quiconque pointe son appareil vers la zone éclairée obtiendra une image similaire à quelques degrés près. Dans les photo-clubs, cela donne des soirées très animées où les trépieds s’entremêlent de façon cocasse.
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Un de mes amis qui a attrapé une angine extrêmement aiguë me dit qu’il donnerait n’importe quoi pour pouvoir boire un verre d’eau fraîche. Après sa convalescence, je lui demande s’il était satisfait de boire à nouveau de l’eau. Sa réponse, « oh, ce n’est que de l’eau ! », m’a fait réfléchir sur la notion de satisfaction. En abandonnant l’illusion que seul le futur sera meilleur, nous nous concentrons sur le présent. Nous apprécions en toute sérénité alors chaque chose pour ce qu’elle est.
Certes il existe des situations réellement pénibles. Mais est-ce productif de pester contre celles-ci ? La sérénité est garante de la meilleure réponse. Cependant, rester calme à tout moment perturbe car cette impassibilité est souvent perçue comme une insensibilité. À quoi ressemblerait la vie si l’on n’avait plus à se réjouir de ne plus souffrir ? Je répondrais par l’absurde : à quoi ressemblerait la vie si l’on était satisfait de vivre à tout instant ?
Quand j’ai compris que mon expérience de décorporation n’était pas forcément une hallucination, des dizaines de questions se sont imposées en moi : pourquoi la science n’en parle pas ? Comment reproduire le phénomène ? J’ai alors lu un ouvrage sur les expériences de mort imminente qui spécifiait notamment que la première étape était une décorporation, qu’une institution non seulement étudiait ce phénomène mais savait en plus l’induire. Il existe même des sujets doués maîtrisant à volonté le phénomène. En fermant le livre, je me suis dit : « c’est tout simplement réel » et je me suis endormi apaisé.
Après trois heures de sommeil environ, je me suis réveillé avec des picotements à l’extrémité de mes membres. Il s’en est suivi une sorte de transe qui a duré environ quarante-cinq minutes. J’étais traversé par des vagues de vibrations qui remontaient le long de mon épine dorsale vers le front. Mon cœur semblait battre au point de déformer ma cage thoracique. J’étais parcouru par des ondes électriques. J’ai travaillé à me calmer, à limiter ma ventilation, à essayer de lutter contre des crampes dans les mollets. J’étais pourtant étendu sur le dos et immobile. J’ai ressenti une dissociation de la perception d’un corps chaud alors que mes mains étaient moites et froides… C’était comme si une énergie voulait sortir pendant un bon moment par la bouche, puis qu’il me fallait la canaliser vers le haut de mon crâne. Les limites de mon corps devenaient floues et variables comme si j’étais dans une machine à laver géante remplie de ballons de basket. Mon corps se comprimait, se contractait, ne sachant pas s’il voulait expulser ou retenir… Je passe sur l’excitation de mon intellect qui se rendait compte que je vivais une expérience fondamentale de ma vie et qui essayait de planifier ce que « je » voudrais faire si je sortais de mon corps à nouveau. Mais qui est « je » à présent ?
Que cela soit une hallucination, un rêve, une autosuggestion ou quoi que ce soit d’autre, j’ai su que je passerais ma vie à étudier cela. Depuis ce jour, le côté obsessionnel de ma libido a disparu et j’ai compris que l’indépendance de mon être n’était qu’illusoire : impossible dès lors de ne plus considérer les autres ; impossible de ne pas envisager l’existence possible d’un Autre. La vie est un mystère merveilleux à expérimenter à tout moment.
Célébration – 2010L’énergie est responsable de cette fumée blanche. Ce qui caractérise le vin pétillant, c’est bien évidemment ses fines bulles chargées en dioxyde de carbone. Ces bulles ne peuvent atteindre la surface car elles sont sous pression tant que la bouteille est bouchée. En la débouchant, la pression chute brusquement, la température est instantanément abaissée au pourtour du goulot, la vapeur d’eau contenue dans l’air change d’état et se condense.
Célébration de la vie
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Carpe diem est souvent mal compris dans notre société consumériste. « Cueillir le jour » ne veut pas dire « profitez de l’instant présent » en vous moquant du futur ou en jouissant de l’abondance tant qu’elle est disponible. Un sens plus profond de ce vers de poésie est d’accepter sans regret que chaque instant soit unique et éphémère. Il suffit pour cela d’arrêter de se projeter sans cesse dans le futur ou de se remémorer le passé pour souffrir ou regretter. La construction mentale du temps empêche la pleine jouissance de l’instant présent.
Lorsque nous interrompons un jeune enfant qui vient de faire une bêtise et que nous lui posons la question « pourquoi as-tu fait cela ? », la majeure partie du temps, il n’en sait strictement rien car il agissait sans aucune arrière-pensée. Et c’était bien là la source de sa joie.
Durant nos premières années, nous vivions naturellement dans le présent, profitant sincèrement de chaque seconde que cela soit dans les pleurs ou les rires. L’émerveillement surgissait à tout instant. Puis, avec l’âge, Nous avons appris à tout contrôler. Notre part instinctive s’est résorbée et nous perdons le contact avec les rêves que nous faisons chaque nuit.
Dieu est souvent décrit comme « Le Tout-Puissant ». Cette force est systématiquement associée à une figure masculine. Mais « Dieu est Amour » impliquerait plutôt que « il » soit une femme ! Comme l’évoque le concept du Yin et du Yang, Dieu et nous-mêmes sommes probablement des équilibres subtils entre ces deux tendances fondamentales. Mais qu’est-ce que le principe féminin ?
Cette fumée d’allumette suggère-t-elle que la beauté plastique des femmes n’est qu’éphémère ? Seules les personnes attachées à la forme le regretteront. Sachons les apprécier pour ce qu’elles sont avant tout : des êtres qui choisissent naturellement d’aimer avant tout.
Carpe diem – 2009À l’époque de « La chance » en page 165, un double vortex avait été photographié mais en dehors de la zone de netteté. Quatre ans plus tard, ayant acquis expérience et matériels, je me décide à refaire ce type de vue. Un masque (un morceau de carton) est interposé entre le flash et l’allumette pour placer celle-ci dans une zone d’ombre. L’exposition de la fumée est ainsi équilibrée avec celle du bâton ; toute retouche de luminosité est inutile.
Un carpe diem authentique
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La science physique est en quête du principe unique qui sous-tend tous les phénomènes qu’elle observe. Les chercheurs ont nommé cette étude l’équation de Dieu : celle qui permettrait de se passer de toute métaphysique. Voilà pour ceux qui s’inquiètent du fonctionnement de la matière.
En ce qui concerne la vie, la seule force qui peut unir le monde est indéniablement l’amour. Plus vous aimez, moins l’autre est différent. Nous pourrions croire que c’est l’amour qui fait que l’on se sacrifiera pour un enfant, un innocent, la patrie… Il ne s’agit pas d’un sacrifice mais de la préservation de quelque chose d’aussi précieux que nous-mêmes. L’amour unit, l’amour efface toute différence.
Les gens qui ont vécu une expérience de mort imminente témoignent unanimement : un amour inconditionnel sous-tend l’au-delà. Si les plus matérialistes ne veulent pas étudier ces témoignages et ce qu’ils impliquent, ils ne pourront néanmoins pas nier que nous sommes tous un assemblage de poussières cosmiques alimenté par les rayons solaires.
Le fait que des enfants narrent des expériences similaires me persuade qu’il ne s’agit pas d’affabulations. Tous ces témoignages m’indiquent que l’existence d’une transcendance est bien plus probable qu’une mort qui aboutit au néant. C’est comme pour cette bulle d’air, nous nous croyons isolés tout au long de notre vie. Lorsque cette bulle meurt, l’air qui la constitue perdure cependant et se dissout dans une source de même nature.
La clé de l’amour est peut-être là : abandonner son individualité, dissiper nos différences jusqu’à se fondre dans la vie.
Vers la source
La source – 2012Une bulle d’air sous pression est lâchée dans un aquarium d’une cinquantaine de centimètres de profondeur. Elle remonte à la surface en créant un tore, « un anneau d’air ». Cette bulle isolée au fond de l’eau retrouve au terme de son existence la destinée commune de toutes ses consœurs. Elle se dissout alors dans un milieu identique à ce qui la compose.
Pour réaliser cette photographie, un compresseur relâche, via une électrovanne, de l’air sous pression dans un aquarium de soixante centimètres de côté. L’installation ci-contre est celle réalisée en début de prise de vue. Un premier flash diffuse sa lumière en arrière-plan à travers un plexiglas opaque. Pour gérer les contrastes et la couleur, un deuxième flash avec un filtre coloré sera rajouté sur la face avant de l’aquarium.
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Durant ma scolarité, je me souviens d’un professeur qui affirmait que le cercle parfait n’existait pas dans la nature. Son ton était résolument désabusé, si tragique ! Moi qui étais perfectionniste, cela a détruit à mes yeux l’enchantement du monde.
Pourtant, l’harmonie existe partout autour de nous, dans un arbre, des champs, des paysages… Encore faut-il la chercher. C’est en devenant photographe amateur que j’ai ouvert mon regard à l’esthétisme car cette passion recherche en permanence à figer le beau.
Bien sûr, le monde n’est pas toujours idyllique. Nous pouvons être rattrapés par une réalité plus sombre, une facture, un embouteillage, une agression… Mais notre volonté est la clé pour s’orienter vers le côté positif de la vie. Nous sommes nombreux à éprouver de la difficulté à lâcher prise devant une noirceur qui nous envahit.
Pourtant nous lâchons prise tous les soirs. Nous avons des pensées qui nous maintiennent en éveil et le renoncement à penser permet l’assoupissement. Pour expérimenter de manière consciente le lâcher prise, il suffit de penser à sa respiration. Elle était automatique jusque-là, et dès lors que nous y prêtons attention, nous devons choisir quand cesser l’inspiration et quand entamer l’expiration. Devenir le témoin conscient de sa propre respiration sans rompre son automatisme est un bon exercice.
Lorsque nous prenons du recul par rapport aux conditions parfois pénibles de notre vie, la difficulté est constatée mais nous ne nous identifions plus à celle-ci. Nous nous ouvrons alors à un nouveau champ des possibles. Ainsi, si le verre est à moitié vide, nous ne le nions pas en disant « il est à moitié plein ». Simplement, en l’absence d’amertume, nous sommes mieux disposés à suivre des pistes d’améliorations.
C’est dans cet esprit qu’il m’est arrivé de penser « la vie est belle ». Mon corps a réagi en étant parcouru d’un frisson très intense de la tête aux pieds. L’expression « le penser de tout son être » est alors devenue limpide pour moi. Depuis, l’enchantement du monde me gagne à nouveau et la photographie ci-contre se veut porteuse d’espoir. Dans une casserole d’émail blanc remplie d’eau, une simple goutte d’huile forme un cercle parfait.
Utopisme – 2009Le protocole est ici identique à celui de « La critique est aisée et l’art est difficile » en page 149. Une faible variation de l’angle d’éclairage et du niveau d’eau modifie le figuratif ainsi que le symbolique. La mise en place de l’appareil photo au niveau à bulle optimise la retranscription du cercle parfait résultant des propriétés hydrofuges de l’huile.
L’utopie possible
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En conclusion
Si le savoir libère de l’inconnu, il peut aussi nous enfermer dans une quête de certitude. Or l’histoire des sciences montre qu’il n’y a aucune raison que nous soyons plus dans le vrai aujourd’hui qu’hier. Qu’est-ce que nous souhaitons le plus ? Avoir raison ou être heureux ?
Après avoir tenu pour acquis mes apprentissages, j’ai commencé à douter. Comment savons-nous si nous rêvons ou non ? La synthèse de tous nos sens est comparée avec celle de nos connaissances. Si les deux correspondent, nous nous décrétons arbitrairement éveillés. C’est ainsi que je me suis « réveillé ». J’ai accédé à des informations, des confidences, des expériences qui contredisaient totalement mes connaissances. Je ne suis que le témoin partiel de la réalité, ce que l’on m’a appris est, au moins en partie, faux. L’échafaudage des connaissances est à reconstruire.
J’ai compris que les réponses à mes plus grandes questions se trouvaient en moi. Prendre le temps d’explorer le champ de ma conscience est une voie de recherche inépuisable. Les quelques indices trouvés me font penser qu’il y a une grande interconnexion entre toutes choses, que certains peuvent nommer la « source », le « tout », « Dieu », ou « champ de conscience ». Les scientifiques ont prouvé un niveau de réalité au-dessous de nous : l’atome et ses particules. C’est à chacun désormais de découvrir un niveau de réalité au-dessus de nous, caché derrière l’ego.
La spiritualité s’intéresse à la conscience et ses manifestations. Elle est donc laïque et n’a rien de dogmatique puisqu’elle s’appuie uniquement sur notre propre expérience. La science, s’intéressant uniquement aux sujets qui donnent des résultats précis, ne peut étudier la spiritualité, il suffit d’avoir rêvé une seule fois dans sa vie pour le comprendre. Ce qu’il faut retenir des sciences, ce ne sont pas leurs connaissances, mais uniquement l’état d’esprit qui précède leurs élaborations : une quête de connaissance par ailleurs commune à la quête de spiritualité. Étymologiquement, science veut dire « savoir », « connaître » ; pour connaître, il ne faut nier aucun champ des possibles, aucune méthode d’investigation, aucun domaine. L’art, les sciences et la spiritualité ne sont pas incompatibles tant ils tendent vers l’autre… et même vers l’Autre…
L’ensemble de mon travail artistique concourt à ce but : défier votre incrédulité. Il faut user de méthodes d’investigations pour s’apercevoir que ces photographies correspondent bien à des réalités indéniables. Le surnaturel, l’insolite et l’étrange ne sont pas forcément faux. Le mystère et la beauté peuvent se cacher au plus près de nous, et même en nous. Cette prise de conscience a transformé ma vie. J’ai cessé de vouloir à tout prix le contrôle ou la possession. J’ai compris que la première des valeurs est la sincérité, envers les autres mais aussi et surtout envers soi. J’ai alors osé croire, puis aimer sans retenue. Certes, l’amour mène parfois à la tristesse, mais l’absence d’amour pour les autres et pour soi rend la vie futile. Sans humanité, à quoi bon être humain ?
Le paranormal – 2012Un doigt glisse tout en pressant une vitre horizontale recouverte d’une fine couche d’eau. En sifflant, l’avancement se fait par de minuscules à-coups. Ceux-ci créent les vibrations latérales au doigt. Le déplacement global du doigt crée, par contre, une série d’ondes axiales en avance sur celui-ci.
185
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RemerciementsCertains m’ont offert du travail, acheté des œuvres, exposé,
promu… D’autres m’ont donné des pistes, fait rencontrer d’autres personnes, ou ouvert l’esprit… Plusieurs des idées de ce livre m’ont été apportées par vous, et vous pouvez les reconnaître au détour d’une page ! Peu de nouveauté émane vraiment de nous. Notre originalité provient avant tout de notre manière de mélanger ce qui nous est apporté dans la vie. Bref, je suis un voyageur de la vie qui ne poursuit son voyage que grâce aux rencontres qu’il fait en chemin.
Une personne qui m’en a présenté une autre est reliée graphiquement à celle-ci. Parfois une personne me propose un travail ou une exposition. Elle m’aide donc à vivre mon aventure. Une exposition ou la création d’une œuvre sont ces courts instants où l’artiste brille : des étoiles les représentent. Lors d’une exposition, des personnes viennent me contacter spontanément. Elles sont donc reliées graphiquement à cette étoile.
Certains vont se rendre compte qu’ils ont eu un impact dans ma carrière plus important qu’ils n’auraient pu le penser ! Il appartient à chacun d’influencer positivement la vie de son entourage. La chose la plus étonnante, c’est que les rencontres les plus anodines sont parfois les plus riches.
Certaines personnes ont même fait sauter des verrous qui m’emprisonnaient. Isabelle Marfond du Ministère de la Culture a fait éclore mon désir d’art. Pascale Gorse, ma conseillère de bilan de compétences m’a donné confiance en ma reconversion. Kamil Fadel du Palais de la découverte m’a fait prendre conscience de mon scientisme. Le docteur Charbonnier m’a ouvert les yeux sur le mystère de la conscience. Emmanuel Hussenet, mon éditeur, m’a incité à oser écrire ce livre-confidences.
Merci aux contributeurs de ce livre : Huguette Alphandary, Isabelle Calkins, Claire Calmet, Lionel Delcourt, Myriam Duquenne, Blandine Honvault, Emmanuel Hussenet, Alexandre Leborgne, Katia Lengaigne, Céline Louvet, Laurent Michel, Michel Orivel, Claude Renard, Frédéric et Stéphanie Sinno, Jean-Jacques Vincentz.
Merci à vous tous et j’espère à bientôt.
Ludovic DUHAMELUniversité de REIMS
Aurore DUROZELLE
Nicolas BRAZIER
Alain HUGENY
Alain LABOUZE
Ali FAKIR
Antoine UHALDE
Axel WEYTENS
Christophe BOULOY
Elise ANTOINE
Philippe ANTOINE Faustine AUDUREAU
Gaëtan COLLIN
Georges MAISONNEUVE
Hubert JEGA
Isabelle BOUSQUET
Luc PLISSON
Michel HANS
Myriam DUQUENNEThierry PROUVOT
Olivier FORTI
Françoise AUGIER
Melanie DEBEVRE
Guy SIMONIN
Jeff COURANTSébastien PERSON
Aubrey de GREY
Catherine BOURHALLA
Sophie BERNARD
Anne-MarieTHULLIER
Jean-Pierre THULLIER
Simone TAURAND
ASLA PHILOSOPHIE
François-Xavier ROBILLARD
Nathalie RIBEMONT
Exposition Livry Gargan
Exposition Bienvenus sur Mars
Exposition UPJV
Exposition Fête de la Science 2010
Capillotracté ?
ExpositionPalais de la découverte
Exposition CEA PARIS
Exposition CEA FLORENCE
Exposition Fête de la Science 2008
Exposition Fête de la Science 2011
Exposition Fête de la Science 2009
Exposition Nuit Blanche
Exposition 15 ans Ombelliscience
Prise de vue Chladni
Anne MOUTOT
Vincent LAMY
Affiche PARISCIENCE
Nuit du film scientifique
Lycée BRASSAI
Galerie COLORIDA
Exposition Maison Européenne de la Photographie
Exposition PERMIS DE CONSTRUIRE
Benoit MOREL
Olivier TABOUREUX
Galerie BEAUVAIS
CollaborationPROMEO FORMATION
Ingrid BRUNAZZI
Carole BLERIOT
Sandrine LABBE
Alain FARCHI
Turboseb77
Sébastien CUVIER
L’internet Magazine
Virginie DAUVET
Editions Magnard
Prise de vue VENGEANCE !
Olivier VAN CAEMERBEKE
Sélection du Reader’s Digest
Ronan LOAEC
Chasseur d Images
Jean-Guy COUTEAU
Philippe LAVIALLE
Mathilde RENARD
Marie-Eve Migueres
Sciences et vie Découverte
Valérie QUEZADA
Olivier VOIZEUX
Sciences et vie Découverte
Catherine GARNIER
Agence LOOK AT SCIENCE
Alexandre HAGUET
Brigitte ZANA
Claire CALMET
Emmanuel HUSSENET
Editions Les cavaliers de l’orage
Marianne FOISSEAU
Damien JAYAT
Clement BLANCHET
Exposition SCIENTILIVRESDocteur CHARBONIER
Vincent VIALA
TEDx Place du Capitole
Christophe GALFARD
Catherine DESPLASChristophe TERRAL
Isabelle CALKINS
Alain GENEST
Patricia AUSSANTEric WILD
Daniel LENGAIGNE Laurent MICHEL
Sarah MICHEL
Exposition ANDEVILLE
Didier TREHARD
Club photo MERU
Sophie BOWEN
Jean-Charles MOREL
Eric VAN ESS BECK
Alexandre LAZAREW
Laure Clément
Christian JUDEISophie STAGLIANO Edmundo NAVA SAUCEDO
Kamil FADEL
Bertrand PREVOST
Pierre DURTESTE
Alain FARCHI
CEA Grenoble
Virginie DAUVET
Editions MAGNARD
Prises de vue CNPP
Anne-Karine BIGOT
Guillaume TOURNABIEN
Bruno ROUBLIQUE
MultiPilotPro
Salon de la Photo 2012
Frédéric ITTHIRAD
Laurent VOILMY
Emelyne VOILMY
Sébastien PAGNIEZ
Marianne RAGEOT
Maurice Van ROSSEM
Benjamin DROUVEN
Christophe COUTEAU
Christian NOORBERGEN
Catherine GUIGNARD
Laure GRANDHOMME
Expositions UTT
Ateliers UTT
Exposition Fête de la science 2009
Prise de vues Azote Liquide
Timothée TOURY
Daniel FIEVET
Etienne GUYON
Huguette ALPHANDARY
Matteo MERZAGORA
Samia SERRI
André KLARSFELD Florence WEIL
Christian COUNILLON
Jean-Marc GALAN
Catherine MOULIGNE Jean-François HOUSSAIS
Conférence 13 minutes
Exposition MONTROUGE
CNRS Neurobiologie
Exposition ESPGG
BTS Optique
Ouvert la nuit
La tête au carré
Florence GODE
François-Xavier BULLOT
Ana Lia AMAND
Richard-Emmanuel EASTES
Celya GRUSON DANIEL
José ROBERTO
Stéphane CORREARD
Doriane DAMBREVILLE
Collège AMIENS
Claire RAFIN
Xavier DUMESNIL
Residence Pouilly en Auxois
Marie-Laure GRUNENWALD
Pascal MASI
Exposition Artistes indépendants
Florence ENJOLRAS
Jean-Yves COLONNA
Claud HABFAST
Georges SAUVEUR
François LOLLICHON
Franck ALLERON
Sébastien ROCQ
Nathalie LASSERRE
Martin Van WUNNIK
William ISAMBERT
Gérard LIGER-BELAIR
Celine LOUVET
Bruno SERRA
Jean-François BROCHEC
Joel GAUDRAIN
Exposition IUFM ROUEN
Plasticité Arts et Sciences
Marc Williams DEBONO
CEA Grenoble
Jean-Luc SAIVEAKHENA
Laurent COSTA
Catherine SAVIGNY
Yann WEB
Stephane PATIN
European synchrotron radiation facility
Edouard Challemel du ROZIER
Nicole NOGUES
Christiane SELLIER
Jean-Jacques VINCENTZ
Exposition ESTACA LAVAL
Chantal BRUSSIER
Geneviève VESCIA
Jean-Sébastien DELFOSSE
Louis DELGRANGE
David BIEGLE
Jean-François ROVERSI
Pascale GORSE
Joao SERRA
Nicolas BRICE
Jérémie LEPEVEDIC
Marc PAVAGEAU
Pierre DUTHIL
Emmanuel MARGERAND
Olivier BERNE
Christian NOUAUX
Jean-Claude VALLET
Musée de la NACRE
Acceuil Conscrit Aix
Miroir de l’Art
Prises de vue Optique
Philippe LEMOSSE
Editions HACHETTE
Katia DAVIDOFF
Editions BELIN
Anne MENSIOR
Editions BORDAS
Blandine DURAND
Jocelyne SMADJA
Olivier SUCHAIL
Pierre-Yves LAGREE
Conférence CNRS JUSSIEUX
Stéphane ZALESKI
Alexandre DANG
Martial LAVAREC
Martine FREBAULT
Michel FOUTEAU
Stephan ORIVEL
Michel ORIVEL
Exposition Alliances Françaises de Chine
Exposition SAGE 2
Exposition Grand HotelIntercontinental de Paris
Jean-Pierre CREPIN
Dominique BECARD
Exposition Giverny
Daniel LANGLOIS
Bertrand FOUSSIER
Anne LENNER
Guillaume LOMBARD
ARTS ET METIERSMAGAZINE
Les RDV de IENA
Editions La DILETTANTE
Catherine BOISAUBERT
Gadz’artistes
Basarab NICOLESCU
Michel CAZENAVE
Carol SAPHIRO
Circulations Tissages
Eric LE ROUGE
Frénésie Liquidité matérielle
Alain GALY
Arnaud ROGEZ
Claudius de cap de BLANC
Isabelle MARFOND
Jeanne FERRIEU
Roger STANCHINA
Bernard TACHEFINEEvelyne DOLBET
Laurent DOLBET
Jean LECLERCQ Alain PRAS
Exposition Artconsommart
Prise de vue ballistique
Exposition Mais ou est donc Ornicar
Exposition Fête de la Science 2007
Exposition Photo Folies 2013
Exposition Carla-BayleExposition Lille Art Fair 2011
Exposition Image de Fer
Affiche Tissus Premiers
Sylvie MAISONNAVE
Madame LECLERCQ
Bijan Aalam
Babelle DUNGLAS
Darienne MOYER Bertrand BILLA
Philippe LAURENT
Michel GOBERVILLE
Antoine TROMBINOPiers HENRIOT
RAURICH Jean-Pierre POURTIER
Michel D’ENCAUSSEMaud Ait Saïd Yann HAGIMONT
Jean-Pierre SIERExposition Fête de la Science 2011
Lionel DELCOURT
A&J LEBARBENCHONExposition AUVERS SUR OISE
Laurent OLIVIER
GMAC Chatou
Franck MULLER
Frédéric SINNO
Murielle DELABARRE MULLER
Stephan OBADIA
Stéphane VERCLEVEN
Stéphanie SINNO
Blandine HONVAULTSylvain BLANC
Collège CAUFFRY
Collège BEAUVAISFauqueux
Collège BEAUVAIS Notre Dame
Collège LE HAVRE
Collège COMPIEGNE
Christophe DURAND
Jeff CASULI
David TURPIN
Benoit EBRAN
Stéphanie ANSART
Eve DECK
Claude RENARD
Cyril BARRE
Christophe JALBERT
Elise COCQUET
Francis MEDOC
Francis LALAU
Hadelin HONVAULT
Claire LALAU
Alexandre NYS
Les conventions
Communications extravéhi-culaires
Alexandre LEBORGNE
Daniel VERNET
Ghislaine SERAL
Joël VASQUEZ
Thomas BRIANT Charel FABRY
Catherine RIGOLLET Gilles HABERKHORN
AGORA DES ARTS
SANCY STUDIOS
Percept’science
Exposition FESTI MOTS
Exposition CG60Exposition musée départemental
Lycée MERU
Daniela C. FUENTES
Tiphaine BIROTHEAU Philippe GILLES
Pierre BAROUGIER
Nathalie RAVIER
Xavier MAHE
Josiane LOISON
Philippe MASIA
Stéphane TRUTIN
Exposition Bailleul en Thérain
Béatrice LEJEUNE
Yves ROMES
Exposition AMBLAINVILLE
Anne ARBELINNI
Presse Picarde
Toi qui t es dérobé à ma mémoire...
Toi qui m’aideà mon insu
Toi qui préfère l’anonymat
Arnaud BAUDRY
A&V DESCROIX
Philippe DESROUSSEAUX
Gilles ROUVIER
Bail Art
Didier LABILLE
Benoît LECOQ VALLON
Olivia MERCIER
Edouard SCHOENE
Savoir tout faireen photographie
Jean-Marc LEVY LEBLOND
Collège MOUY
CollègeSaint Just en Chaussé
Technologie Services CollègeNEUILLY EN THELLES
Perrine VALLET
Mathieu Vidard
Alain LOPEZ
Isabelle COUMES
Jean-Luc JOAN
Aurélie MATHIEU François BESSE
Je suis vous – 2013Près de trois cents personnes… Je demande pardon à tous ceux que j’ai pu oublier.
Encore merci à vous tous.
Ludovic DUHAMELUniversité de REIMS
Aurore DUROZELLE
Nicolas BRAZIER
Alain HUGENY
Alain LABOUZE
Ali FAKIR
Antoine UHALDE
Axel WEYTENS
Christophe BOULOY
Elise ANTOINE
Philippe ANTOINE Faustine AUDUREAU
Gaëtan COLLIN
Georges MAISONNEUVE
Hubert JEGA
Isabelle BOUSQUET
Luc PLISSON
Michel HANS
Myriam DUQUENNEThierry PROUVOT
Olivier FORTI
Françoise AUGIER
Melanie DEBEVRE
Guy SIMONIN
Jeff COURANTSébastien PERSON
Aubrey de GREY
Catherine BOURHALLA
Sophie BERNARD
Anne-MarieTHULLIER
Jean-Pierre THULLIER
Simone TAURAND
ASLA PHILOSOPHIE
François-Xavier ROBILLARD
Nathalie RIBEMONT
Exposition Livry Gargan
Exposition Bienvenus sur Mars
Exposition UPJV
Exposition Fête de la Science 2010
Capillotracté ?
ExpositionPalais de la découverte
Exposition CEA PARIS
Exposition CEA FLORENCE
Exposition Fête de la Science 2008
Exposition Fête de la Science 2011
Exposition Fête de la Science 2009
Exposition Nuit Blanche
Exposition 15 ans Ombelliscience
Prise de vue Chladni
Anne MOUTOT
Vincent LAMY
Affiche PARISCIENCE
Nuit du film scientifique
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Galerie COLORIDA
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Benoit MOREL
Olivier TABOUREUX
Galerie BEAUVAIS
CollaborationPROMEO FORMATION
Ingrid BRUNAZZI
Carole BLERIOT
Sandrine LABBE
Alain FARCHI
Turboseb77
Sébastien CUVIER
L’internet Magazine
Virginie DAUVET
Editions Magnard
Prise de vue VENGEANCE !
Olivier VAN CAEMERBEKE
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Ronan LOAEC
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Philippe LAVIALLE
Mathilde RENARD
Marie-Eve Migueres
Sciences et vie Découverte
Valérie QUEZADA
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Sciences et vie Découverte
Catherine GARNIER
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Alexandre HAGUET
Brigitte ZANA
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Marianne FOISSEAU
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Vincent VIALA
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Christophe GALFARD
Catherine DESPLASChristophe TERRAL
Isabelle CALKINS
Alain GENEST
Patricia AUSSANTEric WILD
Daniel LENGAIGNE Laurent MICHEL
Sarah MICHEL
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Sophie BOWEN
Jean-Charles MOREL
Eric VAN ESS BECK
Alexandre LAZAREW
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Kamil FADEL
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Pierre DURTESTE
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CEA Grenoble
Virginie DAUVET
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Frédéric ITTHIRAD
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Catherine GUIGNARD
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Prise de vues Azote Liquide
Timothée TOURY
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Plasticité Arts et Sciences
Marc Williams DEBONO
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Exposition Image de Fer
Affiche Tissus Premiers
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Babelle DUNGLAS
Darienne MOYER Bertrand BILLA
Philippe LAURENT
Michel GOBERVILLE
Antoine TROMBINOPiers HENRIOT
RAURICH Jean-Pierre POURTIER
Michel D’ENCAUSSEMaud Ait Saïd Yann HAGIMONT
Jean-Pierre SIERExposition Fête de la Science 2011
Lionel DELCOURT
A&J LEBARBENCHONExposition AUVERS SUR OISE
Laurent OLIVIER
GMAC Chatou
Franck MULLER
Frédéric SINNO
Murielle DELABARRE MULLER
Stephan OBADIA
Stéphane VERCLEVEN
Stéphanie SINNO
Blandine HONVAULTSylvain BLANC
Collège CAUFFRY
Collège BEAUVAISFauqueux
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Collège LE HAVRE
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Christophe DURAND
Jeff CASULI
David TURPIN
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Eve DECK
Claude RENARD
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Francis LALAU
Hadelin HONVAULT
Claire LALAU
Alexandre NYS
Les conventions
Communications extravéhi-culaires
Alexandre LEBORGNE
Daniel VERNET
Ghislaine SERAL
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Catherine RIGOLLET Gilles HABERKHORN
AGORA DES ARTS
SANCY STUDIOS
Percept’science
Exposition FESTI MOTS
Exposition CG60Exposition musée départemental
Lycée MERU
Daniela C. FUENTES
Tiphaine BIROTHEAU Philippe GILLES
Pierre BAROUGIER
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Josiane LOISON
Philippe MASIA
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Béatrice LEJEUNE
Yves ROMES
Exposition AMBLAINVILLE
Anne ARBELINNI
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Toi qui t es dérobé à ma mémoire...
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A&V DESCROIX
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Jean-Marc LEVY LEBLOND
Collège MOUY
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Technologie Services CollègeNEUILLY EN THELLES
Perrine VALLET
Mathieu Vidard
Alain LOPEZ
Isabelle COUMES
Jean-Luc JOAN
Aurélie MATHIEU François BESSE
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Bibliographie indicative
Michel Cazenave – De la science à la philosophie
Richard-Emmanuel Eastes – Les scientifiques jouent-ils aux dés ?
Paul Jorion – Le capitalisme à l’agonie
Ervin Lazlo – Science et champ akashique
INREES – Manuel clinique des expériences extraordinaires
Jacques Monod – Le hasard et la nécessité
Edgar Morin – La méthode tome 3 : la connaissance de la connaissance
Edgar Morin – La méthode tome 4 : les idées
Basarab Nicolescu – Nous, la particule et le monde
Basarab Nicolescu – Qu’est-ce que la réalité ?
Noêsis – Les états modifiés de conscience
Patrice Van Eersel – La source noire
L’impression et le façonnage de cet ouvrage
ont été réalisés à l’imprimerie Lussaud
85200 Fontenay-le-Comte
ISBN : 979-10-91235-06-8 Dépôt légal : XXXX octobre 2013 N° d’impression : XXXXX
Et si la science n’expliquait pas tout ?
Scientifique et ingénieur, Jacques Honvault s’exprime au moyen de la photographie à haute vitesse. Ballon saisi à l’instant où il éclate, fleur plongée dans l’azote liquide, reflets irisés d’un film de savon, chaque image cherche à capter le mouvement ou à valoriser la matière. Ces images insolites défient notre imaginaire. L’auteur, pour qui l’incroyable peut être vrai, nous confie les secrets de ses prises de vue, donnant à chacun la possibilité de mener ses propres expériences
Mais cet ouvrage est plus qu’un livre d’images. S’interrogeant sur les grands mystères de la vie, le voyage poétique auquel Jacques Honvault nous convie se poursuit en nous-mêmes. Au travers de l’histoire des sciences, l’auteur identifie les limites du rationalisme et explore une autre voie. Ainsi, page après page, l’itinéraire nous rapproche de ce constat : le merveilleux existe bien.
9 791091 235068
ISBN 979-10-91235-06-8
ISBN 979-10-91235-06-8
ÉditionsLes Cavaliers de l’orage