douleurs cancereuses : du diagnostic a la prise en charge pr monia haddad-trigui centre de...
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Pr Monia HADDAD-TRIGUI Centre de Traitement de la Douleur
Hôpital la Rabta - Tunis
DOULEURS CANCEREUSES : DU DIAGNOSTIC A LA PRISE EN CHARGE
La douleur du cancéreux est redoutée, parce qu’il s’agit d’une douleur liée à l’idée de mort
La douleur du cancer est à la fois totale, fréquente, mais heureusement soulageable.
En ce sens qu’elle est à la fois somatique et psychologique,et aussi, par les répercussions familiales, sociales, professionnelles et financières, qu’elle induit de sorte qu’il est plus juste de parler de souffrance du cancéreux que de douleur du cancer
Douleur totale
Douleur fréquente
30 millions de personnes dans le monde, atteintes du cancer
Sur ce nombre, plus de la moitié souffre à un moment ou à un autre d’une douleur liée au cancer
Selon l’origine du cancer * métastases osseuses
* métastases viscérales* douleurs neuropathiques
Prévalence et incidence de la douleur dépendant de l’origine et du stade évolutif du cancer
La prévalence de la douleur augmente à mesure que la maladie progresse, ce qui fait de la douleur « un marqueur » de l’évolutivité pathologique.
Selon le stade évolutif
Intensité de la douleur
45 % douleur d’intensité moyenne à forte 25 à 30 % douleurs très sévères et en particulier
Syndrome de Pancoast-TobiasMésothéliome pleuralCancer du corps du pancréas
Modalités évolutives
Cliniquement, les douleurs chez le cancéreux peuvent être aigues ou subaigües, transitoires ou épisodiques voire intermittentes.
En Tunisie: 10 000 nouveaux cas de cancer /an.
SeinCol de l'utérus
PeauOvaire
EstomacColon
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30%
femmes
PoumonVessie
ProstateEstomac
LarynxColon
0% 5% 10% 15% 20% 25%
hommes
*Registre des cancers du Nord de la Tunisie
Douleurs liées au cancer
c-à-d - au développement tumoral - aux métastases
Soit, 75 % des douleurs liées au cancer
2 mécanismes fondamentaux les sous-tendent :
- compression - infiltration
douleurs ostéopériostées +++douleurs viscéralesdouleurs des séreuses (carcinomatose)douleurs vasculairesdouleurs neuropathiques +++
Ces 2 mécanismes peuvent entraîner
Il existe un certain nombre de manifestations générales assez communes à l’ensemble des patients atteints de cancer, pénibles en soi, qui peuvent en outre s’aggraver d’une connotation douloureuse à proprement parler :
Douleurs liées à « l’état cancéreux »
Aspect somatique
• anorexie• Nausées, vomissements• constipation• soif • insomnie• spasmes musculaires• lymphoedème• dyspnée sine materia• Complications liées à l’immuno déficience
(zona…)
Aspect psychologique
angoissedépressiondésespoirdétresse psychologique
Ou au contraire, révolte devant une mort imminente enfin, capacité de lutte soutenue par l’espoir de guérir.
Toutes dispositions, qui modulent la souffrance.
Douleurs iatrogènes
15 à 20 % des douleurs liées au cancer
Douleurs liées aux explorations diagnostiques
Prélèvements sanguinsPonction lombairePonction – biopsie de moelle osseuseBiopsie percutanée…
Douleurs post chimiothérapiques
Virales (herpétiques …)Fongiques (candidose…)
bactériennes
Mucites, des voies aérodigestives et leurs surinfections
Neuropathies induites par sels de platine (cisplatine…)« poisons » du fuseau (vincristine…)
Taxanes (spaclitaxel…)
Atteintes musculaires ou osseuses secondaires à l’utilisation des taxanes, cytokinines, interféron
Céphalées provoquées par l’Acide trans-rétinoïque,et la N-asparaginase
Réactions méningées secondaires à l’administration intrathécale de méthotrexate
Nécrose post corticothérapique du col fémoral ou huméral.
• dermite• mucite• cellulite• chondrite• ostéoradionécrose entérite, cystite… par atteinte viscéralePLEXOPATHIE brachiale ou lombo-sacréeMYELOPATHIE post radique +++Lesquelles peuvent se manifester très longtemps –
parfois plusieurs années – après le traitement.
Douleurs post radiques
Elles sont le plus souvent secondaires à la blessure d’un ou plusieurs nerfs, comme après :
• Mastectomie• Thoracotomie• Évidement ganglionnaire cervical
Douleurs post chirurgicales
• Injections• Perfusions (intraveineuse, intrapéritonéale…)• Soins infirmiers, qui par leur répétition sont à la fois
source d’inconfort, d’appréhension, voire d’angoisse
D’autres sont liées à la pratique médicale
Douleurs par excès de nociception par surstimulation des récepteurs
Douleurs neuropathiques +++ par défaillance ou lésion au niveau du système nerveux
Représentent jusqu’à 50 % des douleurs
Douleurs mixtes par association des 2 mécanismes précédents +++
Douleurs psychogènes : à ne pas négliger facteur d’aggravation ou d’entretien de l’origine somatique
de la douleur
Rhumatisme inflammatoire Arthrose Cancer
Douleurs Inflammatoire
s DL par excès
de nociceptions
Stimulus nociceptif
DPZDiabèteSEPCANCER
Douleurs neuropathiqu
es
Stimulus nociceptif
Lésion nerveuse
FibromyalgieColopathies Céphalées de
tension
Stimulus nociceptif
Douleurs«dysfonctionnell
es »
Lésion nerveuse
MECANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES
D’après N. Attal, D.. Bouhassira
DouleursMixtes
Association des deux composantes
Lombosciatique NCB Cancer Zona
Douleurs Mixtes
Douleurs Nociceptives/Inflammatoires
liées à une lésion somatique (muscles, articulations, peau,
viscères)
Douleurs Neuropathiquesliées à une lésion primaire ou une dysfonction du système nerveux
(périphérique ou central)
D’après N. Attal, D. Bouhassira
Sémiologie des douleurs neuropathiques
Sensations anormales non douloureuses
Douleurs provoquées
Hyperalgésie
Allodynie
Douleurs spontanées
ParoxystiquesContinues
D’après N. Attal, D. Bouhassira
Score = 4/10
Spécificité: 90%Sensibilité: 83%
OUI NON
Brûlure
Froid douloureux
Chocs Electriques
OUI NON
Fourmillements
Picotements
Engourdissement
Démangeaisons
Question 1: La douleur présente-t-elle une ou plusieurs des caractéristiques suivantes
Question 2 :La douleur est-elle associée avec un ou plusieurs des symptômes suivants:
Question 3: La douleur est-elle localisée dans un territoire où l’examen clinique montre:
OUI NON
Hypoesthésie au tact
Hypoesthésie à la piqûre
Question 4: La douleur est-elle provoquée ou augmentée par:
OUI NON
Le FrottementBouhassira et al Pain 2005
insuffisance complicationthérapeutique reprise intercurrente évolutive de la maladie aggravation du vécu douloureux
Adaptation du traitement antalgique à chaque changement de situation, la réapparition de la douleur pouvant être en rapport
avec
Echelle visuelle analogique EVA
Degré de soulagement
EVALUATION unidimentionnelle
schéma des zones douloureuses
H1 H2 H3 H4 H1 H2 H3 H40
4
8
Intervalle de prise médica-menteuse
prise réguliéreprise à la demande
EVAVoie de prescription
PRINCIPES GÉNÉRAUX
Prescription personnalisée Pas de dose efficace standard
Intensité Palier de l’OMS
Évaluer et réévaluer les effets des traitements
Se définir des objectifs raisonnables
PRINCIPES GÉNÉRAUX
ANTALGIQUES - CLASSIFICATION DE L’OMS
douleur légère
ANTALGIQUES NON OPIOÏDESAntalgique antipyrétique: ParacétamolAntalgique antipyrétique anti-inflammatoire: AINS
douleur modérée ANTALGIQUES OPIOÏDES FAIBLES
Codéine , Tramadol
douleur intense
ANTALGIQUES OPIOÏDES FORTSMorphine, Fentanyl, Hydromorphone, oxycodan
EVA
ANTALGIQUE PUR Nefopam*
EVA ≤ 3
3>EVA<7
EVA ≥ 7
Palier 1
Palier 2
Palier 3
palier 1 palier 2ou 3
palier 2 palier 3
palier 2 palier 2
Co-antalgiques
ANTALGIQUES - Recommandations DE L’OMS
NÉFOPAM
Antalgique pur Action centrale non morphinique
Douleur intermittente modérée à sévèreIR ou IH
DCI Forme Dosage Posologie
ACUPAN
NEFOMED
Inj IV ou IM Amp 20mg/2ml IM profonde 1amp/6hIV lente (15mn) en décubitus* 1amp/4h Max 6amp/24h (120 mg/24 h)Dans les solutions de perfusion
* EI: Sueurs, Nausées, Vomissements, Sensation de malaise
CODÉINE
Analgésique opioïde faible agoniste des récepteurs muparacétamol
CI: Insuffisance respiratoire quelque soit le degré
Substance active Nom déposé DosageParacétamol / Codéine
Posologie
Paracétamol + codéine
Efferalgan Codéine
500mg 30mg 1à 2cp en 1à3prises/jtoutes 4à6hmax 6cp/jAdaptationIR : min de 8h
Klipal Codéine
300mg600mg
25 mg50mg
Analgan Codéine
300mg600mg
25mg50mg
Co-algésique 500mg 30mg
Nom déposé Forme pharmaceutique Dosage Posologie TRAMAL GEL
SUPGOUTTESInj en IV lente IM ou S/C ou en Perfusion ou APC
50mg100mg20gtt=50mg100mg
50 à 100 mg toutes les 4 à 6h
max VO : 400 mg /jmax V Inj: 600mg/j
Adaptationplus de 75 ans :une prise toutes les 8hIH et/ou IR: une prise toutes les 12h
3cp/j jusqu’à 6à 8cp/j
TRAMADIS GELInj en IV lente ou en Perfusion ou APC
50mg100mg
ASTRADOL CPCP LPGOUTTES
50mg100mg20gtt=50MG
ZALDIAR
SUPRADOL
GEL
GEL
37,5mg+ 325mgPARACETAMOL
TRAMADOL
DCI Forme Dosage Formes orale à LI
libération immédiate
ACTISKENAN
sulfate de morphine
GEL*
5/10/20/30 mg
Formes orale à LP libération prolongée
MOSCONTIN
sulfate de morphine
CP
10/30/60/100mg
SKENAN LP sulfate de morphine
GEL*
10/30/60/100mg
Forme injectable MORPHINE
chlorhydrate de morphine
Amp Inj en S/C - IV
Péridurale
intrathécale
10mg
MORPHINE
FENTANYL
Analgésique opioïde de type agoniste pur des récepteurs mu
Résorption par voie transdermique
Libération du principe actif progressive sur 72 h
Substance active
Nom déposé Forme pharmaceutique Dosage
Fentanyl DUROGESIC Dispositif transdermique 12/25/50/75/100 µg/h
Rotation des opioïdes
EVA ≥ 7
TITRATION MORPHINETitration morphine
orale LI : 5 à 10 mg/ 4h
Conversion forme LP en deux prise
Hyperalgique
Titration morphine IVBolus de 2mg / 5 -10 mn
ConversionDose IV X 3 = dose orale LP
Titration morphine orale
LP: 30 mg x 2/j
Amélioration Douleur par insuffisance
de dose
Accés douloureux
Maintenir la dose Augmenter la dose 30% à 50%
Interdose morphine LI orale ou SC
1/6 à 1/10 de la dose
Évaluation5 à 10mn EVA
Évaluation EVA 24 à 72h
Évaluation EVA 24 à 72h
Évaluation EVA
Effets indésirables des opioïdes
CONSTIPATION constante, persistante
Prévention dés l'initiation du traitement et en continue
Traitement laxatif et Règles hygiéno-diététiques
NAUSÉES-VOMISSEMENTS 50 % des cas, transitoires
Prévention les premiers jours
SOMNOLENCE transitoire
Excessive premier signe d’un surdosage.
Effets indésirables plus rares des opioïdes
DÉPRESSION RESPIRATOIRE (FR ≤ 8/mn)Exceptionnellement si le traitement est bien conduitTraitement NALOXONE (Injection IV de 1 ml /2 min FR = 10/mn)
LES HALLUCINATIONS ET LES TROUBLES PSYCHIQUES 1 à 3 %
PAS DE DÉPENDANCE PHYSIQUE si traitement bien conduit
PAS DE DÉPENDANCE PSYCHIQUE exceptionnelle
Efficacité partielle
Bithérapie
Contre-indicationsEffets indésirables
Inefficacité
Autres antidépresseurs: Venlafaxine (150-225 mg/j)
Autres antiépileptiques:
Carbamazépine (400-2400 mg/j)
Contre-indicationsEffets indésirables
Inefficacité
DOULEUR NEUROPATHIQUE
Antiépileptiques:Gabapentine (1200-3600 mg/j)
Prégabaline (150-600 mg/j)
Monothérapie
ouAntidépresseurs:
AmitriptylineImipramine
Clomipramine
25-150 mg/j
Névralgie du V
Carbamazépine (10-15 mg/kg/j) Chlorydrate de Tramadol
(200-400 mg/j)
dl mixte du Zona ou DPZ
Corticoïdes
Antispasmodiques musculotropesDébridat®, Spasmed
MyorelaxantsColtramyl®, Myolastan®, ThiomedLiorésal®Benzodiazépine
BisphosphonatesBonefos cpZometa amp
CO-ANTALGIQUES
Prise en charge psychologique
Techniques physiquesstimulations cutanées, kinésithérapie, stimulation électrique
transcutanée (TENS)
Radiothérapie antalgique essentiellement dans les métastases osseuses
Chirurgie décompressiveBlocs sympathiquesblocs du plexus cœliaque dans le cancer du pancréas +++
Blocs périduraux et intrathécauxChimiothérapie palliative
Radiofréquence
La fréquence de la douleur chez le patient atteint de cancer amène
A la prévenir chaque fois que possible, particulièrement lors des actes diagnostiques et thérapeutiques
A l’évaluer systématiquement, tout au long de l’évolution de la maladie
A recourir, dès que nécessaire, aux morphiniques, dont l’administration préférentielle par voie orale, permet
de soulager la majorité des patients
Pour les 5 à 10 % de patients cancéreux ayant des douleurs rebelles, prise en charge dans une équipe multidisciplinaire
TEST
1. Le cadre de déontologie tunisien prend-il-en compte la prise en charge de la douleur des patients tunisiens ?
2. Le carnet à souches est-il obligatoire pour tout médecin ?
3. Les différents antalgiques présentent –ils une hiérarchie ?
Une femme de 64 ans, chez laquelle on a diagnostiqué un carcinome hépato cellulaire consulte pour des douleurs de l’HCD.Ces douleurs sont à type de pesanteur.
CAS CLINIQUE 1
Un homme de 58 ans présente des douleurs thoraciques, irradiant au MSD, en rapport avec un carcinome à petites cellules de l’apex du poumon droit.
CAS CLINIQUE 2
Une femme de 52 ans consulte pour des douleurs du MSG. Dans ses ATCD, un K du sein G découvert il y a 3 ans Mastectomie + Curage ganglionnaire • Chimiothérapie • Radiothérapie
CAS CLINIQUE 3
Un homme de 76 ans chez lequel on a diagnostiqué un K de la
prostate en cours de traitement consulte pour une sciatalgie S1 G.
CAS CLINIQUE 4
CAS CLINIQUE 4
Homme de 45 ans, sans ATCD pathologique, tabagique à 20PA qui se plaint depuis 4 mois de fourmillement au niveau de la main gauche et d’une douleur thoracique supérieur du même côté qu’il a négligé.
Mais, depuis 1 mois apparition d’une douleur au niveau de la face interne du bras et l’avant bras gauche et au niveau de l’aisselle gauche.
Cette douleur est à type de décharges électriques très fréquentes, insomniantes avec une sensation de cuisson en continue associée à des fourmillements, picotements et engourdissement du membre supérieur gauche.
Il consulte un MLP, qui trouve à l’examen : • TA 13/8, quelques râles bronchiques à l’auscultation
pulmonaire• Rachis cervical souple et indolore.• Hypoesthésie au tact et à la piqure dans le territoire C8-D1 à
gauche, reflexe cubitopronateur G aboli.
Il retient le diagnostic d’une névralgie cervico-brachiale C8D1 gauche et prescrit un antalgique pallier II, un AINS et un myorelaxant pendant 15 jours.
Mme M, 73 ans, a été traitée pour une tumeur du sein gauche (quadrant supéro-externe) - T2 N0M0 SBRII – par tumorectomie (+ curage axillaire) et radiothérapie. Les traitements se sont bien passés. Elle est suivie régulièrement à l’hôpital.
CAS CLINIQUE 5
Vous la voyez régulièrement et 6 mois après la fin du traitement, vous la trouvez abattue, triste, ce qui contraste avec son dynamisme antérieur.
Elle se plaint d’une douleur au niveau du sein, du creux axillaire et de la face interne du bras gauche. Elle ne supporte plus son soutien-gorge ni l’effleurement de la zone douloureuse. Elle dort mal et vous paraît inquiète.
Question 1
Quelles données de l’entretien et de l’examen clinique pouvez vous recueillir pour préciser le mécanisme physiopathologique de la douleur ?
Question 6
Comment organisez-vous le suivi du traitement ? Au bout de combien de temps pensez-vous évaluer l’efficacité du traitement ?