un cas de subsistence par pêche en amazonie: le site archéologique de hatahara (amazonas-brésil)

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MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE Evolution, Patrimoine Naturel et Sociétés Spécialité : Quaternaire et Préhistoire Année universitaire 2012-2013 Un cas de subsistance par pêche en Amazonie : le site archéologique de Hatahara (Amazonas, Brésil) Gabriela Prestes-Carneiro Mémoire de Master 2 Sous la direction de Philippe Béarez et co-direction de Salvador Bailon (UMR 7209)

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MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE

Evolution, Patrimoine Naturel et Sociétés

Spécialité : Quaternaire et Préhistoire

Année universitaire 2012-2013

Un cas de subsistance par pêche en Amazonie : le site

archéologique de Hatahara (Amazonas, Brésil)

Gabriela Prestes-Carneiro

Mémoire de Master 2

Sous la direction de Philippe Béarez et co-direction de Salvador Bailon

(UMR 7209)

2

“ (…)Sete de junho, mandou o capitão aportar em uma pequena povoação que estava sobre o

rio, e foi tomada sem resistência. Aí se encontrou muita comida, especialmente peixe, que

havia em tal abudância que pudemos abastecer margamente os bergantins. Era o peixe que

os índios tinham a secar para ir vender terra à dentro.”

Gaspar de Carvajal, 1542, Descobrimento do Rio das Amazonas, (Melo-Leitão,1941, p. 53)

« Le Sept Juin, ordonna le capitaine d’accoster au lieu d’une petite communauté qui était sur le bord de la

rivière, et fut prise sans résistance. Là, il trouva beaucoup de nourriture, surtout du poisson, qu’il y avait en telle

abondance que nous pouvions recharger les brigantins à plein. C’était le poisson que les indiens avaient à sécher

pour aller vendre dans les terres. »

Je dédie ce mémoire à ceux qui luttent contre la construction de barrages en Amérique Latine,

et pour la protection des terres amérendiennes, notamment à Belo Monte, Teles Pires et São

Luiz do Tapajós.

En espérant que cette recherche puisse renforcer nos connaissances sur la gestion des

Amérindiens de leurs fleuves et de leurs forêts.

3

Remerciements

Je remercie le Conseil Régional Ile-de-France et le programme Bourse Master Ile-de-France,

pour leur soutien financier durant ces deux années et leur investissement dans la venue

d’étudiants étrangers en France.

Je remercie les directeurs de la spécialité Quaternaire et Préhistoire, Denis Vialou et François

Sémah pour leur accueil au sein du master.

Je tiens à remercier Jean-Denis Vigne, directeur du laboratoire Archéozoologie,

Archéobotanique : Sociétés, Pratiques et environnement (UMR CNRS 7209) et toute l’équipe

du laboratoire pour l’accueil et pour avoir fourni tous les moyens matériels, l’enseignement et

le soutien. Merci à Karyne Debue et Christine Lefèvre pour leur attention.

Mes sincères remerciements à Philippe Béarez qui m’a suivie tout au long de cette année en

dirigeant cette recherche. Merci pour son soutien, sa confiance et ses corrections méticuleuses.

Ainsi que pour les cours d’ichtyologie, de pêche, d’économie de subsistance et autres.

Muchas gracias por todo profesor.

Merci beaucoup à Salvador Bailon, pour son attention, sa patience et pour m’avoir rendu

visite au sous-sol du batiment d’Anatomie Comparée (les seules que j’ai reçues pendant ces

journées, accompagnée de squelettes de tortues et caïmans amazoniens).

Je tiens à remercier Agueda Vialou, pour son appui essentiel et sa confiance auprès des

étudiants brésiliens en France. Muito obrigada.

Ma gratitude à Sandrine Grouard, qui m’a accuiellie en stage au laboratoire alors que je

n’étais qu’étudiante en Licence. Merci pour son attention, sa confiance, la formation et le

soutien aux étudiants. Muito obrigada.

Un grand merci tout spécial à l’amie et à la collègue, Caroline Borges, pour son soutien, la

correction et les longues discussions. Muito obrigada, amiga (e ao Olive também). Merci à

Cidalina Lopes (ma collègue paléonto) pour l’aide avec Photoshop et Illustrator !

De l’autre côté de l’Atlantique, je remercie le Museu de Arqueologia e Etnologia de

l’Université de São Paulo, et sa directrice, Maria Beatriz Borba Florenzano, pour

l’autorisation d’expatriation du matériel archéologique vers la France. Je remercie également

4

à Levy Figuti pour les conséils, José Paulo Jacob et Daria Elânia Fernandes Barreto, ainsi que

l’équipe de la bibliothèque de la MAE.

Je tiens à remercier mon tuteur brésilien, Eduardo Góes Neves, qui m’a confié le matériel

pour l’étude en France. Et surtout pour son soutien infaillible aux archéologues amazoniens,

un métier passionant et difficile. Valeu, Tuxaua !

Toujours en Amazonie, je profite pour remercier mes amis du Laboratório de Arqueologia

dos Trópicos (dispersés un peu partout). Grand merci à Anne Rapp Py-Daniel, pour les

relectures et corrections. Merci à Erêndira Oliveira, pour les photos. Jaque, Myrtle, Laurinha,

Breno et Cauê pour leur aide avec la préparation de poissons et le tamisage (Yeah !). Merci à

Cristiana Barreto, pour les références bibliographiques et conséils. Merci aussi à Gui,

Marjorie, Kazuo, Liginha, Fernandão, Rodrigo, Claide, Raoni, Carol, Leandro, Filippo, Marta,

Bruna, Girino, Pexe et autres collègues qui sont de plus en plus nombreux.

Merci à l’Instituto Mamirauá (Tefé-AM), spécialement à João Valsecchi et Jaqueline Belletti,

pour le matériel mis à disposition pour la préparation de poissons et l’accueil à l’Institut.

Merci aux chercheurs et techniciens de l’Intituto Nacional de Pesquisas da Amazônia, à

Manaus. Spécialement à Maria Nazareth Ferreira da Silva (Collection des Mammifères),

Lúcia Rapp Py-Daniel (Collection de Téléostéens) et Efrem Ferreira, pour l’accueil à

l’Institut.

Pour conclure (et finir le tour), je remercie ma famille (Nádia, Luiz et Elis) pour leur

encouragement et leur comprehénsion pendant ces deux années de distance.

Revenons en France, je remercie du fond du cœur Aline Coste, pour les corrections et

encouragement. Et à Thomas Chenal, l’ami qui m’a soutenue et acompagné jusqu’au « fin

fond de l’Amazonie », comme on dit ici.

5

Sommaire

Remerciements ........................................................................................................................... 3

Sommaire ................................................................................................................................... 5

Introduction ................................................................................................................................ 8

A - CADRE ENVIRONNEMENTAL ACTUEL ................................................................... 9

1. Le bassin amazonien : Hydrographie, faune et flore ....................................................... 9

2. La confluence des fleuves Solimões-Amazone et Negro .............................................. 11

2.1. Géologie et pédologie ............................................................................................ 11

2.2. Climat et saisonnalité ............................................................................................. 11

2.3. Milieux écologiques des plaines inondables (floodplains/varzeas) ....................... 12

B- LE CADRE CHRONO-CULTUREL DE L’AMAZONIE CENTRALE..................... 16

1. Les voyageurs explorateurs du fleuve des Amazones et de sa faune ............................ 16

2. L’Ecologie Culturelle et son influence sur l’archéologie amazonienne: Steward,

Meggers, Lathrap .................................................................................................................. 19

3. Historique des recherches archéologiques en Amazonie .............................................. 21

4. Les Terres noires anthropiques ..................................................................................... 22

5. L’occupation de l’Amazonie Centrale entre 500 BC et 1500 AD ................................ 23

5.1. La phase Açutuba (300 BC à 300 AD) ................................................................. 24

5.2. La phase Manacapuru (200 à 800 AD) .................................................................. 25

5.3. La phase Paredão (600 à 1200 AD) ...................................................................... 25

5.4. La phase Guarita (800 à 1500 AD) ........................................................................ 27

6. L’Archéozoologie en Amazonie ................................................................................... 28

C- LE SITE HATAHARA ..................................................................................................... 29

1. Localisation ................................................................................................................... 29

2. Le paléoenvironnement et la gestion de la forêt : données polliniques, climatiques et

macro/ micro vestiges végétales ........................................................................................... 29

3. Présentation des phases d’occupation et datations ........................................................ 31

4. Organisation spatiale : la construction des monticules artificiels et l’occupation

Paredão ................................................................................................................................. 34

5. Biais taphonomique et conservation différentielle ........................................................ 35

D- L’ETUDE ARCHEOZOOLOGIQUE : MATERIELS ET METHODES ................... 36

1. Le choix des Unités Stratigraphiques étudiées .............................................................. 36

2. Méthodologie de prélèvement ....................................................................................... 39

6

2.1. Le prélèvement à l’œil nu ...................................................................................... 39

2.2. Tamisage fin à l’eau ............................................................................................... 39

3. Les collections de référence .......................................................................................... 40

4. Analyses en laboratoire ................................................................................................. 41

4.1. Tri, détermination des taxons et observation des traces anthropiques ................... 41

4.2. Analyses quantitatives ........................................................................................... 43

4.2.1. NR et NMI ...................................................................................................... 43

4.2.2. Pourcentage de Répresentation (PR) .............................................................. 43

4.2.3. La reconstitution du poids et l’estimation de la Biomasse ............................. 44

E- RESULTATS ..................................................................................................................... 45

1. Déterminations taxinomiques ........................................................................................ 45

1.1. Chondrichthyes ...................................................................................................... 47

1.2. Teleostei ................................................................................................................. 47

1.2.1. Osteoglossiformes .......................................................................................... 49

1.2.2. Clupeiformes .................................................................................................. 51

1.2.3. Characiformes ................................................................................................. 52

1.2.4. Siluriformes .................................................................................................... 61

1.2.5. Symbranchiformes .......................................................................................... 68

1.2.6. Perciformes ..................................................................................................... 70

1.3. Lissamphibia .............................................................................................................. 72

1.4. Reptilia ....................................................................................................................... 73

1.4.1. Chelonii .............................................................................................................. 73

1.4.2. Crocodilia ........................................................................................................... 79

1.4.3. Lacertilia ............................................................................................................. 80

1.4.4. Serpentes ............................................................................................................ 81

1.5. Aves ........................................................................................................................... 83

1.6. Mammalia .................................................................................................................. 83

1.6.1. Marsupialia .......................................................................................................... 83

1.6.2. Rodentia .............................................................................................................. 83

2. Reconstitution des biomasses ........................................................................................ 88

3. Traces anthropiques et hypothèses sur la préparation pour consommation .................. 90

3.1 Les traces de découpe ............................................................................................ 90

3.2. L’exposition au feu ................................................................................................ 93

7

4. L’étude de trois fosses et hypothèses sur leur fonction ................................................. 95

5. Deux méthodes, deux spectres, comparaison entre deux méthodologies de prélèvement

97

F - DISCUSSION .................................................................................................................. 100

1. La gestion des milieux de la várzea ............................................................................... 100

1.1. Les milieux potentiellement exploités ..................................................................... 100

1.2. Les migrations saisonnières de poissons amazoniens et influence dans leur capture

102

2. Les techniques de pêche et de chasse envisagées ........................................................... 103

2.1. La pêche ................................................................................................................... 103

2.2. Les tortues aquatiques : chasse ou stockage ?.......................................................... 105

3. Régime alimentaire des groupes Paredão ....................................................................... 107

3.1. La part du poisson dans l’alimentation des Paredão : Arapaima gigas et Colossoma

macropomum, deux espèces largement consommées ..................................................... 107

3.2. La consommation de Podocnemis spp. .................................................................... 108

3.3. Une absence de mammifères ? ................................................................................. 110

E - CONCLUSION ............................................................................................................... 111

Bibliographie .......................................................................................................................... 113

Liste de figures ....................................................................................................................... 126

Liste de tableaux ..................................................................................................................... 129

Liste de graphiques ................................................................................................................. 130

Liste des Annexes ................................................................................................................... 131

Annexes .............................................................................................................................. 132

8

Introduction

En 1999 et 2009, des recherches archéologiques menées dans la confluence du fleuve

Amazone avec le Rio Negro, en Amazonie Centrale brésilienne, ont mis au jour des

occupations précolombiennes continues et intenses entre 300 BC et 1500 AD. Durant presque

deux mille ans, on observe des installations de groupes d’agriculteurs sédentaires dans

différents environnements de la région.

Les archéologues Meggers (1954), Lathrap (1968) et l’anthropologue Carneiro (1968)

ont proposé que le manque ou l’abondance de ressources protéiques soit un facteur

conditionnel du développent économique des sociétés amazoniennes. Cependant, les études

bioarchéologiques étant trop peu nombreuses, les modes de subsistance en contexte

archéologique restent mal connus.

Notre étude contribue au débat mené par Meggers, Lathrap et Carneiro, en essayant de

répondre aux questions suivantes : Quelles étaient les ressources ciblées ? Quels étaient les

milieux exploités ? Quels étaient les moyens techniques mis en œuvre par ces populations ? Et

enfin, les ressources protéiques apportées par l’exploitation de la faune sur le site Hatahara

pouvaient-elles garantir la subsistance des groupes humains de la culture Paredão ?

Le site Hatahara est situé sur la rive gauche du fleuve Solimões-Amazone à 20 km en

amont de sa confluence avec le rio Negro, une région composée de différents milieux occupés

par des faunes caractéristiques. Notre étude s’intéresse aux structures archéologiques de

l’occupation Paredão (890 et 1230 AD). Durant cette période, le site se structure alors autour

d’un espace ouvert entouré d’une dizaine de monticules. L’assiette du village est alors

maximale. La conservation exceptionnelle de l’assemblage faunique sur le site Hatahara,

constitue une occasion de pouvoir mener une étude archéozoologique probante.

Pour ce faire, une présentation des environnements des plaines d’inondation et du

cradre-culturel du site Hatahara sera effectuée avant toute chose. Puis, nous passerons aux

méthodes employées dans le cadre de cette étude. Les résultats présentent la détermination

taxinomique, l’étude des traces liées à l’action humaine, l’estimation de biomasses et l’étude

de trois fosses. Puis, dans la partie Discussion les résultats seront interprétés et la conclusion

fera office de synthèse de cette étude.

Sans prétendre répondre à toutes les questions que posent les modes de subsistance des

sociétés amazoniennes, nous essayerons d’enrichir les références sur l’acquisition de

ressources animales dans les environnements de la várzea et proposer des éléments de

réflexion sur ce sujet encore peu exploré par l’archéologie.

9

A - CADRE ENVIRONNEMENTAL ACTUEL

1. Le bassin amazonien : Hydrographie, faune et flore

Le bassin amazonien est le plus grand bassin du monde, drainant une surface

d’environ 7 millions de km2. Ce bassin est délimité à l’ouest et au sud-ouest par la chaîne des

Andes, au nord par le Plateau des Guyanes et au sud par le Plateau du Brésil Central. Le

bassin amazonien est constitué d’un fleuve principal, le fleuve Amazone et de centaines

d’affluents tels que le Rio Madeira, Rio Purus, Rio Juruá, Rio Tapajós et Rio Xingu. La

source du fleuve Amazone est située à environ 5000 mètres d’altitude dans les montagnes des

Andes péruviennes et il traverse sur 5.890 km avant d’atteindre l’Atlantique. La largeur du lit

majeur est très variable, la moyenne est de 40 et 50 mètres, mais elle peut varier de 2 km

(Iquitos, Pérou) à 5 km (au-dessous de l’estuaire du Rio Negro). La topographie du bassin est

relativement plane et la zone de l’Amazonie Centrale est située à environ 21 mètres au-dessus

du niveau de la mer (Sioli, 1984).

Figure 1 Carte du bassin du fleuve Amazone. Source: Digital Chart of the World

Les différents types de paysage que l’Amazone traverse permettent d’établir trois

macrorégions : le « Haut Amazone 1», qui comprend l’ouest des contreforts des Andes jusqu’à

la confluence des fleuves Negro et Solimões- Amazone. Ces paysages sont majoritairement

constitués des plaines et des méandres (oxbow lakes). Le « Moyen Amazone2 », situé entre la

1 «Upper Amazon» ou «Alto Solimões» 2 « Middle Amazon» ou «Médio Solimões”

10

confluence et l’amont de la région estuarienne. Dans cette section on note la présence de

bancs (entre les Rio Tapajos et le Rio Xingu). Finalement le « Bas Amazone3 », qui comprend

la zone estuarienne où le fleuve se divise en plusieurs bras. Le rencontre entre l’eau douce et

saumâtre engendre la formation de forêts de mangrove (Sioli, 1984).

Les types de fleuve sont principalement liés aux régions qu’ils drainent, donc, à un

ensemble de caractéristiques telles que le relief et la morphologie du terrain, les propriétés

physico-chimiques du sol, la végétation et la faune édaphique. A partir de ces caractéristiques,

une typologie des fleuves amazoniens est proposée par Sioli (1984). Les fleuves d’eaux

blanches4 sont caractérisés par un grand transport de sédiments rendant l’eau turbide et

jaunâtre. L’amont de ces fleuves se situe dans les régions montagneuses andines, à l’exemple

des fleuves Solimões-Amazone et Rio Madeira. Les fleuves d’eaux noires5, caractérisés par la

forte capacité de décomposition de la matière organique qui donne à ses eaux un aspect plus

au moins transparent, de couleur marron-olive à l’exemple du Rio Negro. Les fleuves d’eau

claire 6 , comme les fleuves Rio Tapajos, Rio Xingu, qui sont limpides et transparents, de

couleur verte à vert olive, très riches en sédiments en suspension.

Les oscillations du niveau des fleuves de l’Amazonie sont contrôlées par le régime de

précipitation qui varie selon la saison et la géographie de la région. Le cycle hydrologique du

bassin Amazonien est influencé par la forêt tropicale humide, qui draine et recycle environ

50% des précipitations. Cette forêt comporte la plus grande biodiversité animale et végétale

connue. Les nombreux milieux aquatiques du bassin amazonien accueillent de 1200 à 1400

espèces de poissons, rendant son ichtyofaune d’eau douce la plus diversifiée du monde.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette grande diversité. Le premier étant la

dynamique de montée et de baisse des eaux au cours de l’année, qui engendre le phénomène

de spéciation par isolation. Le deuxième facteur est la caractéristique « ouverte » du bassin

amazonien qui est (ou a été) connecté avec d’autres bassins, ce qui a permis des échanges

importants au niveau de la faune entre eux (Géry, 1984). Pour l’ichtyofaune, il est difficile

d’associer la présence d’espèces selon le type de fleuve (black waters, white waters et clear

waters). On note néanmoins qu’il peut y avoir des espèces de répartition très large dans tout le

bassin, ainsi que des espèces endémiques à des fleuves ou des lacs.

3 « Lowest Amazon» ou «Baixo Amazonas» 4 « Whitewaters rivers» ou «rios de água branca» 5 « Blackwaters rivers» ou «rios de água preta” 6« Clearwater rivers”

11

2. La confluence des fleuves Solimões-Amazone et Negro

2.1. Géologie et pédologie

L’origine du bassin amazonien est intracratonique. Il est formé d’une zone de faiblesse

du bouclier précambrien. Le bassin a été étiré en deux parties du Craton précambrien : au

nord, le Plateau des Guyanes et au sud, le Plateau du Brésil-Central. Le soulèvement des

Andes au cours du Mio-Pliocène est devenu cause de transport de grandes masses de

sédiments qui contribuent à l’alluvionnement du bassin et à la recharge de ses vallées et

chenaux (Putzer, 1984).

L’Amazone transforme et reconstruit continuellement son territoire riverain en raison

des phénomènes d’érosion et de sédimentation. Le contact du courant très intense avec les

berges provoque des tourbillons qui érodent le terrain. Ces phénomènes de glissement de

terrain sont connu sous le nom de terras caídas et sont très courants dans les fleuves

Solimões-Amazone et Rio Madeira (Sioli, 1984).

Aujourd’hui, la région de l’Amazonie Centrale est caractérisée par des dépôts

alluvionnaires du Néogène-Quaternaire. Il s’agit des sédiments de canal fluvial et de plaines

d’inondation qui peuvent être sableux, limoneux et argileux, avec des couches de graviers.

Les dépôts lacustres sont argileux ou sableux fins et riches en matière organique (Iron, 1984).

Les sols les plus représentés en Amazonie Centrale sont les ferrasols, les acrisols et les

podzols. Les ferrasols (ou latosols) sont des oxisols, c’est-à-dire des sols d’un degré

d’intempérisation évolué, très acides et bien drainés même s’ils peuvent être argileux.

L’illuviation des oxisols, restreinte, est due à la forte stabilité de l’argile. Ils sont composés de

quartz, de kaolinite, d’oxydes et de matière organique et typiques des régions équatoriales et

tropicales. Les acrisols sont fortement soumis à la lixiviation, avec accumulation d’argiles et

faible degré d’échange (Kern et al., 2003 ; Rebellato, 2007 ; USDA, 1999).

2.2. Climat et saisonnalité

Le climat de l’Amazonie Centrale est tropical humide. La température moyenne est de

28°C. L’humidité relative est très élevée et peut atteindre 90%. Les pluies varient

radicalement selon la saison et la géographie de la région, ce qui provoque deux saisons très

marquées : la saison sèche et la saison humide/saison des pluies. En général, la saison des

pluies commence en septembre-octobre et termine en avril-mai. Les oscillations saisonnières

influencent la crue et décrue du niveau du fleuve. Des écarts importants peuvent être observés

selon la géographie : dans la région andine, le fleuve fluctue d’environ sept mètres, alors que

12

dans la confluence des fleuves Solimões-Amazone et Negro, l’écart entre le niveau le plus bas

et le plus haut peut atteindre 20 mètres. Le pic de crue se donne entre mai et juin en Amazonie

Centrale (Barthem et Goulding, 1997 ; Sioli, 1984).

2.3. Milieux écologiques des plaines inondables (floodplains/varzeas)

L’écart de régime hydrologique entre le lit majeur et ses affluents est important, car il

provoque l’inondation de vastes plaines d’inondation, durant cinq à sept mois dans l’année –

aussi connues comme floodplains ou várzeas (1). Les várzeas occupent 50 000 à 60 000 km2

du bassin Amazonien. Les terrains situés au bas des reliefs, à proximité des rivières restent

inondés pratiquement toute l’année, formant la mata de igapó7 (2), une végétation d’arbres

moins hauts et adaptés aux zones marécageuses. En contrepartie, les terrains plus élevés, à

l’abri des inondations, sont appelés terra firme (3). La végetation typique de la terra fime est

la forêt tropicale humide, qui recouvre la plus grande surface de l’Amazonie (Figures 2 et 3).

Pendant la période des pluies, l’eau du lit majeur envahit les terrains adjacents et les

bras de rivières, appelés igarapés. Pendant la période sèche, l’eau s’évapore partiellement et

engendre la formation des lacs, appellés lagos de várzea (4). Les lacs peuvent être saisonniers

ou permanents dans la région.

Le phénomène d’inondation rapide provoque également l’isolation de terrains plus

hauts, en formant des îles (4). Le transport de sédiment dans les fleuves de faible courant

forme aussi des bancs de sable (5) longs et étroits qui peuvent agir comme des conducteurs de

courant.

Les fleuves d’eau noire, tel que le Rio Negro sont formés dans des régions plaines et

riches en sols podzoliques (ph 3.8 - 4.9). Ces sols sableux sont couverts d’une végétation

spécifique, appelée campina dans la région de Manaus (Sioli, 1984). Le faible courant du Rio

Negro peut encore former des plages de sable (6).

La richesse de matériel organique dans les white water rivers favorise le

développement d’une végétation aquatique diversifiée qui comprend les prairies flottantes

(floating meadows), les igapós et les algues. Cette végétation aquatique est habitée par une

riche communauté animale (Goulding, 1980).

7 Igapó, dans la langue amérindienne Tupi veut dire « racine d’eau »

13

Figure 2 Section de la vallée de l’Amazone, d’après Sioli (1964)

Deux facteurs écologiques importants agissent sur les communautés végétales et

animales des plaines d’inondation : d’une part les fluctuations cycliques du niveau de l’eau et

d’autre part, les variations de disponibilité d’oxygène (Fink et Fink, 1978; Junk, 1984). En

raison des fluctuations du niveau de l’eau, quelques animaux peuvent s’adapter à une phase

terrestre et une phase aquatique ou effectuer des migrations verticales ou horizontales.

Pendant la saison des pluies, les poissons et tortues aquatiques peuvent se disperser dans les

igapós, igarapés et lagos da várzea. En effet, la phase de germination des graines et des fruits

coïncide avec la montée de l’eau.

Quant à la disponibilité de l’oxygène, pendant la période sèche, la lumière incidente

sur la surface de l’eau est réduite par le grand nombre de macrophytes aquatiques présent à la

surface. La production d’O2, opérée par le phytoplancton baisse et les milieux deviennent

hypoxiques, c’est-à-dire en déficit d’oxygène. Les plantes peuvent s’adapter aux conditions

hypoxiques à travers le développement de racines respiratoires (pneumatophores). De même,

les poissons ont développé différentes adaptations à l’hypoxie : 1) la respiration

atmosphérique8 (développé chez 9 à 10 familles de poissons et notamment chez l’Arapaima

gigas, Hoplerythrinus spp., Hoplosternum spp., Electrophorus spp., Synbranchus spp.) ; 2) la

respiration intestinale (Callicthys callicthys, Plecostomus spp., Corydoras spp.) ; 3) la

capacité de s’enterrer dans boue pour de longues périodes (Symbranchus sp.). Quelques

Characiformes, tels que Colossoma macropomum et Brycon amazonicus peuvent élargir leurs

8 Air-breathing

14

lèvres inférieures pour améliorer la captation d’oxygène à la surface (Fink et Fink, 1978 ;

Junk, 1984).

Si la montée des eaux est favorable aux organismes aquatiques, ce phénomène réduit

la mobilité des animaux terrestres qui doivent migrer vers les terras firmes ou se confiner aux

cimes des arbres. En effet, l’Amazonie est le biome brésilien le plus riche en espèces de

mammifères (350). Les rongeurs et les chiroptères prédominent en nombre de taxons, suivis

par les primates, marsupiaux, carnivores, édentés et artiodactyles (Fonseca et al., 2000).

En conclusion, le grand dynamisme de l’écosystème amazonien engendre une

mosaïque d’habitats : les igarapés, les lacs saisonniers, les plages de sable, les forêts d’igapó,

etc. Ces différents milieux présentent une très grande diversité et abondance de faune

aquatique et semi-aquatique/terrestre qui inclut poissons, reptiles et mammifères. Les

communautés animales et végétales sont très adaptées aux fluctuations saisonnières, à

l’exemple des poissons amazoniens qui peuvent survivre dans des eaux très acides ou en

déficit d’oxygène. Comprendre le fonctionnement écologique de cette région nous parait

essentielle pour comprendre comment les Amérindiens pré-colombiens ont pu exploiter les

ressources animales et végétales, ayant une connaissance méticuleuse des habitats et des

mouvements saisonnières des espèces.

15

Figure 3 Milieux écologiques de l’Amazonie Centrale. Carte modifiée de Brito (PAC).

16

B- LE CADRE CHRONO-CULTUREL DE L’AMAZONIE CENTRALE

1. Les voyageurs explorateurs du fleuve des Amazones et de sa faune

Les civilisations et les faunes amazoniennes ont attiré de nombreux observateurs qui

sont passés par la région depuis les premiers explorateurs du XVIème siècle, les missionnaires

du XVII et XVIIIème, puis les naturalistes du XIXème. L’ensemble de leurs écrits sont

souvent très détaillées et décrivent l’environnement amazonien, les civilisations, les animaux

exploitées par les autochtones, les techniques de chasse/pêche et les modes-de-vie des

amérendiens (Barreto et Machado, 2001).

Une des sources les plus expressives (et plus anciennes) sur les civilisations qui

peuplaient le fleuve Amazone est le compte-rendu du Frère Gaspar de Carvajal,

« Descubrimiento del rio de las Amazonas ». Il raconte l’expédition du capitaine Francisco

de Orellana, qui part de Quema en 1541, à environ 130 kilométres de Quito et se termine dans

l’estuaire du fleuve, sur l’île de Marajó. Au cours du voyage, Carvajal est étonné par le

nombre d’habitants et par la taille des villages amérindiens qui s’étendaient le long du fleuve.

Ces villages étaient fortifiés et parfois de forme circulaire (Medina et Valdés, 1934, p.205).

Carvajal décrit des civilisations guerrières, munies d’armes et des boucliers en peau de lézard,

de tapir et de lamantin.

Carvajal souligne justement l’abondance de ressources alimentaires dans les villages.

À Machiparo9, le frère décrit l’opulence de poissons et de viande, y compris des réservoirs à

tortues

« (…) there was a great quantity of food, such as turtles in pens and pools of water, and a great

deal of meat and fish and biscuit, and all this in such great abundance (…)” (Medina et Valdés,

1934, p.192)”

Dans un village situé après l’embouchure du Rio Negro, Carvajal mentionne aussi un

possible réseau d’échange de poisson. Dans le passage en question, les poissons seraient

séchés pour être vendus à l’intérieur des terres à travers des chemins qui menaient vers la

forêt :

“(…) there we found so much food, particularly fish, for of this there was found such a variety and so

plentifully that we could have loaded our brigantines up well, and this fish the Indians had drying, to

be transported into the interior to be sold”(Medina et Valdés, 1934,p. 207)

9 D’après la version de Medina et Valdés, Machiparo serait situé au bord de l’Amazone avant le Rio Juruá.

17

Environ un siècle plus tard, en 1639, l’Audience de Quito, autorise deux prêtres

jésuites - Cristobal de Acuña et Andrés de Artieda - à parcourir le fleuve Amazone en

direction de son estuaire. Le rôle d’Acuña était de décrire et de transmettre les informations

sur la région parcourue, ses habitants et ses richesses. Comme Carvajal, Acuña met en

évidence l’abondance des ressources naturelles du fleuve Amazone. D’après lui, malgré la

grande abondance de fruits et de tubercules consommés (manioc, patate-douce, cará10

), le

poisson est « celui qui ne manque pas dans l’assiette ».

« Cependant, ce qui nourrit le plus, ou, comme ils disent, remplit l’assiette, est le poisson,

incroyablement abondant dans ce fleuve, où ils les pêchent en poignées11

» (Medina et Valdés, 1934,

p.78)

Acuña décrit aussi le changement de l’alimentation amazonienne en fonction des

saisons. Pendant « l’hiver », c’est-à-dire, pendant la saison des pluies, la viande des tortues

aquatiques est la plus consommée. Acuña décrit aussi des étangs à tortues, qui d’après lui sont

des lacs de petite profondeur, entourés de bâtons en bois qui permettent de garder l’eau de

pluie) et les habitants les nourrissaient avec des feuilles et des branches (Figure 4).

« (…) Pour cela, ils creusent des grands étangs, entourés de bâtons, creusés à l’intérieur àfin de,

comme des lacs de petite profondeur, reçoivent toujours les eaux des pluies(…) Ces barbares n’ont

jamais connu la faim parce qu’il suffit une seule d’elles12

pour satisfaire une famille entière » (Acuña,

1994, p. 79 et 81)

La chasse serait complémentaire à la pêche, d’après Acuña. Les viandes plus

appréciées étaient le tapir, le cochon-de-bois13

, le daim, le paca, l’agouti, l’iguane et la tortue

terrestre (le jabuti). Acuña décrit aussi des oiseaux « domestiques » qui sont, d’après lui,

« élevés à proximité des maisons »

« Il y a des perdrix par les champs, et des poules comme les nôtres, élevées à la maison, lesqelles ont

été disséminées depuis le Pérou, pratiques qui se sont étendues tout au long du fleuve» (Acuña, 1994,

p. 83)

C’est à partir du XVIIème siècle, quand les missionnaires sont déjà installés en

Amazonie, que les sources religieuses deviennent plus nombreuses. Les descriptions sur le

10 Tubercule sud-américain du genre Dioscorea 11 «Entretanto, do que mais se alimentam, ou, como dizem, lhes faz o prato, é de peixe, incrivelmente abundante neste rio,

onde o pescam a mancheias » . Les traductions en français du texte original en portugais ont été réalisées par l’auteur de ce

mémoire. 12 « Elles » se reférant aux tortues 13 Tayassu sp.

18

quotidien des amérindiens sont de plus en plus détaillées car les missionnaires apprennent les

langues amérindiennes. Les ouvrages écrits par les missionnaires contiennent des

informations importantes sur le mode-de-vie, la nature, les langues, la géographie. Au

XVIIIème siècle, le manuscrit « Tesouro descoberto no Maximo Rio Amazonas » du prêtre

João Daniel décrit de manière méticuleuse les différents types d’animaux, leur habitat ainsi

que l’utilisation que les amérindiens font de cette faune, de la chasse et des produits qu’ils en

extraient (Daniel, 2004).

Une dernière source historique qui mérite notre attention sont les carnets de voyage

des naturalistes qui sont passés par l’Amazonie au long des XVIII et XIXème siècles. On

trouve parmi eux, Alexandre Rodrigues Ferreira (1972), auteur de « Viagem filosofica pelas

capitanias do Grão Para, Rio Negro, Mato Grosso e Cuiaba » ; Henry Bates (1979), « The

naturalist on the river Amazons », Alfred Russel Wallace, “Travels on the Amazon and Rio

Negro”, Spix (1824) « Travels in Brazil in the years 1817-1820 », Silva Coutinho (1868),

« Sur les tortues de l’Amazone ». Les naturalistes racontent leur passage par les rivières, les

forêts et les villages amazoniens. Ils ont été tout particulièrement intéressés par l’observation

de la flore et de la faune et de leur utilisation.

Figure 4 Village Conibo (Saint Cricq, 1875), image extraite de Moll (2000)

Leurs écrits sont constitués de descriptions taxinomiques des insectes, des

mammifères, des caïmans, des chéloniens (Figure 5), des amphibiens et des serpents. Leurs

textes précisent aussi les différentes techniques de chasse et de pêche employées et les

instruments utilisés, l’usage fait de ses animaux au niveau de leur préparation et

consommation.

En conclusion, les différents voyageurs ont recueilli des informations, des objets,

d’illustrations qui présentaient les peuples amazoniens à leur regard et intérêt. En effet, la

19

surprise est l’étonnement sont souvent imprégnés dans ces rapports. De ce fait, les sources

historiques doivent être consultées et interprétées à la lumière des pensées idéologiques et

politiques de l’époque de leur écriture. Cependant il faut aussi souligner que ces sources

constituent des documents uniques sur les modes-de-vie qui ont été parfois abandonnés.

Ainsi, les idées qui mènent ces voyageurs sur l’origine et le développement des populations

amérindiennes inspirent toute une vague de scientifiques qui les succèdent.

Figure 5 Planches illustratives de Spix et Wagler (1817-1820), extraites de Vanzolini (1981)

2. L’Ecologie Culturelle et son influence sur l’archéologie amazonienne:

Steward, Meggers, Lathrap

Les descriptions faites par des voyageurs et naturalistes ont souligné plusieurs aspects

de la vie des peuples de l’Amazonie. Mais les premières études purement ethnographiques

émergent à partir du XXème siècle, résultat d’une discipline scientifique consolidée. L’œuvre

de ces premiers anthropologues sont réunies dans la publication « Handbook of the South

American Indians », coéditée par Julian Steward en 1948. L’ethnographie pratiquée par

Steward était basée sur le principe que l’environnement était l’élément « déterminant » qui

conditionnait le développement des sociétés en termes de densité et structure sociopolitiques.

La question de l’adaptation à l’environnement était au centre du discours des anthropologues

de l’Ecologie Culturelle (Steward, 1963).

20

La place de l’environnement étant tellement importante dans la culture que le volume

consacré aux populations des basses terres amazoniennes s’intitule «The tropical forests

tribes ». D’après les auteurs Steward et Lowie, il existait un faciès type des « Cultures de la

Forêt Tropicale », qui coïncidait avec la distribution géographique de la forêt tropicale

humide. Ces cultures étaient caractérisées par une subsistance basée sur la culture du manioc

et l’exploitation des ressources aquatiques et forestières. Ces populations s’installaient aux

bords des fleuves et étaient des grands producteurs de céramique (Lowie, 1963).

Les prémisses de l’anthropologie nord-américaine et de l’Ecologie culturelle (Steward,

1963) ont fortement influencé les premiers archéologues qui ont travaillé en Amazonie. En

partant de l’idée que l’environnement est un important conditionneur de la culture, les

archéologues Betty Meggers et Clifford Evans engagèrent un débat autour du développement

social, de l’agriculture et du processus de sédentarisation. Pour ces auteurs, la productivité

agricole va de pair avec le développement culturel. Meggers défendait que la Forêt Tropicale

cultivée se trouve dans un « environnement agricole potentiellement limité », donc, ce facteur

aurait restreint le développement de sociétés plus larges et sédentaires.

« the level to which a culture can develop is dependent upon the agricultural potentiality of the

environment it occupies (Meggers, 1954, p. 822) »

Contrairement au modèle de Meggers, l’archéologue Donald Lathrap, en considérant

le potentiel des fleuves comme voies de contat, proposait que les grands cours d’eau offraient

des ressources abondantes et suffisantes pour accueillir de larges sociétés agricoles et

sédentaires (Lathrap, 1968 ; 1970). Au contraire, la recherche constante de ressources

animales menaient les groupes de la terra firme à se déplacer constamment et seraient d’après

lui, plus primitives. Ainsi, pour lui, les plaines inondables de l’Amazonie Centrale offrant

conjointement un potentiel agricole et des ressources animales abondantes, seraient le foyer

des innovations agricoles et le début des sociétés complexes.

« The pattern of outward migration (…) could be explained by intense and continuing population

pressures of the floodplain of the Central Amazon, the most favorable environment for the support

of tropical forest culture” (Lathrap, 1968, p.28).

En conclusion, les premiers archéologues ayant travaillé en Amazonie partageaient

l’idée que l’environnement était un conditionneur de l’organisation sociopolitique des

populations selon les différents milieux amazoniens. Postérieurement, le développement de

programmes systématiques d’archéologie dans l’Amazonie a montré que le succès des

21

sociétés humaines n’était pas restreint aux bords des grands cours d’eau. Au contraire, on a pu

prouver l’existence d’installations humaines sur les affluents ainsi qu’à l’intérieur des terres,

dans la terra firme.

3. Historique des recherches archéologiques en Amazonie

Les premiers registres de passage de populations humaines en Amazonie datent de la

fin de la transition Pléistocène-Holocène. Les registres archéologiques de cette période sont

cependant ponctuels. Les datations plus anciennes proviennent de la « Cavernda da Pedra

Pintada » (13.4-12.9 et 11.6-11.3 cal kyr BP) : elles soulignent la présence d’une caverne

peinte située à Monte Alegre, au niveau du confluent du fleuve Amazone avec le RioTapajós.

Le matériel archéologique retrouvé au niveau paléoindien contient des limaces, des pointes

bifaciales triangulaires et à queue de poisson. Le gisement est riche en matière organique, ce

qui a permis de mettre en évidence une grande diversité de fruits et palmiers natifs de

l’Amazonie (Roosevelt, 1996).

Le deuxième site qui présente des datations du début de l’Holocène est Peña Roja

(10.7-9.9 et 9.1-8.8 cal kyr BP) : il s’agit d’un site de plein air situé au niveau d’une terrace

alluviale du fleuve Caqueta (Colombie). Les matériaux retrouvés se composent de pièces

bifaciales, retouchées et polies (haches, mortiers). On y retrouve également des registres de

palmiers natifs (Mora, 2003)

On peut constater que les premiers sites présentent déjà, au niveau de l’économie de

subsistance, des preuves de l’exploitation des palmiers. Nonobstant, à partir d’environ de

7.000 BP on observe les premiers villages installés sur les berges des grands cours d’eau

(Roosevelt, 1994). Durant cette période émergent les premiers sites de type amas-coquillers

situés sur le Rio Tapajós (Sambaqui da Taperinha) et sur l’estuaire de l’Amazone (Porto da

Mina, Salgado-Pará; Sambaqui do Bacanga, Maranhão). Les premiers registres de

céramique proviennent du site Taperinha 7 600 BP, ces sociétés étant considérées des

pêcheurs especialisés (Silveira et Schaan, 2010).

Des transformations importantes sont observées à partir du premier millénaire de l’ère

chrétienne. On assiste au développement d’une très grande diversité de cultures, des villages

amérindiens très denses et des céramiques très élaborées (Roosevelt, 1997). D’après

Meggers (1963), les trois principaux « pôles » classiques de cette période seraient l’île de

Marajó, Santarém (Rio Tapajós) et l’Amazonie Centrale. L’île de Marajó (sur l’estuaire de

l’Amazone) est connue, dès le XIX ème siècle par la présence d’un ensemble de monticules

artificiels. La céramique de Marajó forme différents complexes stylistiques et technologiques

22

qui se sont propagés de cette île vers le continent entre 15 00 et 500 BP (Barreto, 2010). A

Santarém, une céramique très élaborée a attiré l’attention de tout un courant d’archéologues

par vases aux cariatides contenant des appendices anthropo-zoomorphes (Meggers, 1963;

Barreto, 2010, Gomes, 2010).

Le début du processus de domestication des végétaux constitue encore un sujet de

grande actualité. La domestication du maïs (Zea mais), du manioc (Manihot esculenta), du

« cará » (Dioscorea spp.) et de l’araruta (Maranta arundinacea) est attestée entre 7 000 et

5 000 BP dans les basses terres amazoniennes. Quant aux palmiers, leurs évidence

archéologiques remontent aux premières occupations de l’Amazonie (Roosevelt, 1996,

Clement, 2010), mais seule la « pupunha » (Bactris gasipaes) est complètement domestiquée.

Les études montrent encore que l’usage de la végétation et de l’horticulture accroit la diversité

écologique au lieu de la réduire, ceci grâce à un processus inverse à celui des pratiques

agricoles intensives (Clement, 2004).

En conclusion, à environ 2.500 et 3000 BP, on assiste à des transformations

importantes qui mènent à de nouveaux modèles sociaux et économiques dans les terres basses

amazoniennes (Neves et al., 2006). La forte gestion de la forêt, la consommation de palmiers

en association avec la culture de végétaux domestiqués font partie d’un processus qui

engendre la formation de « forêts anthropisées» (Ballée, 1989). Au cours du début du premier

millénaire AD on assistera à d’intenses modifications du paysage particulièrement en

Amazonie Centrale, qui seront abordés dans la sous-partie suivante.

4. Les Terres noires anthropiques

Les terres noires anthropiques, aussi connues comme « Terra Preta de Indio » (TPI)

ou « Amazonian Dark Earths » (ADE) ont été initialement décrites au XIXème siècle comme

étant le résultat d’anciennes installations amérindiens. Les recherches récentes démontrent

qu’elles sont présentes dans tout le nord de l’Amérique du Sud (territoires du Brésil,

Colombie, Venezuela, Guyana, Bolivie et Guyane Française). Les terres noires sont

essentiellement constituées de matières osseuses et végétales décomposées ainsi que d’un taux

élevé de carbone pyrogénique (probablement résultat de combustions de différents types). Les

analyses micromorphologiques et géoarchéologiques réalisés sur le site Hatahara démontrent

que les hauts niveaux de phosphore et calcium proviennent de fragments microscopiques

d’ossements de poisson et d’autres vertébrés (Arroyo-Kalin, 2008).

23

Les analyses géochimiques et microscopiques réalisées sur les ADE démontrent qu’il

existe une corrélation entre la concentration de composants chimiques de l’ADE et

l’organisation spatiale des villages : habitation, lieux de décharge, fosses (Kern, 2003 ;

Rebellato, 2007). Les premières évidences d’ADE sont associées aux sites archéologiques

postérieurs au premier millénaire AD et coïncident avec une période d’intensification des

cultures agricoles et d’occupations à long terme en Amazonie.

5. L’occupation de l’Amazonie Centrale entre 500 BC et 1500 AD

Les recherches archéologiques systématiques dans la confluence des fleuves Negro et

Solimões s’initient dans les années 60 notamment avec Peter Hilbert et Mário Simões qui

réalisant les premières prospections archéologiques dans la région.

En 1995, les recherches ont été reprises lors de la création du Projet Amazonie

Centrale (PAC) par les chercheurs Eduardo Góes Neves (Université de São Paulo), Michael

Heckenberger (Université de Floride) et James Petersen (Université de Vermont) en

collaboration avec nombreux chercheurs de différentes universités brésiliennes et étrangères.

Les recherches réalisées lors du PAC ont permis d’identifier plus de 100 sites

archéologiques sur une aire d’environ 900 km2 (Figure 6). Les premières occupations

apparaissent aux alentours de 6 500 BC (Costa, 2002, 2009) et les dernières aux alentours du

XVIe siècle, période de contact avec les premiers européens dans la région. Les sites

archéologiques datant de 500 BC à 1500 AD sont les plus abondants, résultat d’occupations

successives et continues particulièrement intenses de la région de la confluence. Un graphique

de dates calibrées est proposé en annexe (Annexe 1).

Situés sur les terrains non inondables et au long de l’Amazone ou de ses affluents, ces

sites gardaient un accès facile aux rivières et à la forêt tropicale de la terra firme (Danevan,

1996 ; Neves et al. 2004). L’ étude stratigraphique, les analyses spatiales et l’étude de la

céramique confrontées à plus de cent datations absolues par radiocarbone, ont permis d’établir

une chronologie des occupations humaines de l’Amazonie Centrale (Tableau 1).

24

Phase “Açutuba” De 300 BC à 300 AD

Phase “Manacapuru” De 200 AD à 800 AD

Phase “Paredão” De 600 AD à 1200 AD

Phase “Guarita” De 800 AD à 1500 AD Tableau 1Chronologie établie à partir des études céramiques réalisées par Machado (2005), Moraes

(2006), Lima (2008), Tamanha (2006, 2012).

5.1. La phase Açutuba (300 BC à 300 AD)

Le nom de la première phase céramique plus ancienne connue pour la région,

dite Açutuba, est issue des analyses sur le site éponyme, lequel s’étend sur 3km le long de la

rive droite du fleuve Negro. Sa surface est estimée à environ 120 ha pour une puissance

d’environ 250 cm de profondeur. Açutuba présente les premières évidences d’occupation par

des groupes producteurs de céramique en Amazonie Centrale, qui remontent à 300 BC. Le

matériel céramique de la phase Açutuba est caractérisé par l’utilisation du caraipé14

comme

dégraissant et par une très grande variabilité de formes et de motifs de décoration. Les

appendices anthropomorphes et zoomorphes sont très courants, ainsi que la peinture

polychrome appliquée sur pâte fine, l’ensemble rappelant la céramique de la série Saladoïde,

connue du Vénézuela et des Caraïbes, mais aussi à la tradition Pocó (Lima, 2008). Un

ensemble d’images des phases céramiques est proposé en Annexe 2.

14 Nom donné au type de dégraissant caractérisé par un mélange d’écorces d’arbres triturés.

Figure 6 Région de la confluence des fleuves Negro et Solimões. Crédits: Marcos Brito (PAC)

25

5.2. La phase Manacapuru (200 à 800 AD)

Les sites de la phase Manacapuru datent de 200 AD à 800 AD. La céramique est

caractérisée par l’utilisation cauixi15

comme dégraissant, décoration incise sur les bords et

engobe rouge. Pendant la phase Manacapuru, on constate une augmentation de la production

de céramique et une standardisation des formes, probablement conséquente à une croissance

démographique (Lima, 2010).

En Amazonie Centrale, les trois principaux sites de la phase Manacapuru sont Lago

Grande, Oswaldo et Hatahara. L’ascension de la phase Manacapuru autour de 400 AD est

marquée les premières attestations des terres noires anthropiques dans la région. A cette

époque, on observe aussi les premiers villages circulaires de l’Amazonie Centrale, à

l’exemple du site «Oswaldo». La céramique Manacapuru est associée à la Tradition Bord

Incise/Iincised Rim Tradition dont la distribution géographique est décrite depuis le Bassin de

l’Orénoque du Rio Xingu au Brésil Central (Neves, 2010 ; Moraes, 2006; Rabellato, 2007).

5.3. La phase Paredão (600 à 1200 AD)

Les sites attribués à la phase « Paredão », de 600 et 1200 AD, sont les mieux étudiés

parmi les sites de l’Amazonie Centrale. Pendant cette période, on constate un modèle de

villages circulaires, c’est-à-dire, des structures d’habitats conditionnées par une place centrale

(Figure 7). Cette disposition est observée par les monticules (mounds) caractérisés par une

matrice d’ADE, sans ou avec présence de céramique. Ces structures peuvent être liées à des

fonctions variées, funéraires, habitation, accumulation de rejets. L’association des monticules

à des unités d'habitation a été retrouvée au Suriname, Guyane Française, Equateur, Colombie

(Silverman et Isbell, 2008). Sur les sites de l’île de Marajó, les monticules ont été utilisés

comme des terrasses pour éviter l’inondation (Moraes, 2010).

En Amazonie Centrale, les monticules ont été construits par des amas de terre

provenant de creusements périphériques, afin de fournir un support à des habitations. La forte

présence de céramiques domestiques livrées confirme le lien domestique de ces structures. Le

site « Antônio Galo » a fourni la datation la plus ancienne associée à la phase Paredão,

734±27 AD (OxA-15505). En général, les dimensions des monticules varient entre 7 x 5 et 30

x 15 mètres carrés, pour 50 cm à 2 mètres de hauteur. L’élévation pouvait servir à empêcher

15 Nom vernaculaire donné aux éponges fluviatiles Tubella reticulata et Parnula betesil présente dans les cours d’eau du

bassin amazonien

26

l’inondation des habitations face aux pluies torrentielles fréquentes dans la région (Moraes,

2006; 2009).

Figure 7 Disposition de monticules dans plusieurs sites de l’Amazonie Centrale durant le prémier

millenaire après J.-C. Crédits: Marcos Brito (PAC)

Les villages circulaires ont été aussi repérés archéologiquement dans d’autres régions

de l’Amérique du Sud et de l’Amérique Centrale. Au Brésil Central, les premiers sites de ce

type sont datés de 800 AD et ils sont associés à la phase Aratu et Uru. Dans la région du

Xingu, ce modèle a été décrit par Heckenberger et al. (1999).

A partir du croisement des données archéologiques et historiques, Heckenberger

(2005) présente la « Arawak diaspora », un modèle de dispersion de peuples du tronc

linguistique Arawak associés à des villages circulaires dans différentes régions de l’Amérique

du Sud. D’autres recherches archéologiques ont aussi suggéré une dispersion des peuples liés

à la céramique « Paredão » en direction du Moyen et du Bas Amazone entre 1000 et 1500 AD

(Moraes, 2006).

Si les monticules sont les transformations du paysage les plus visibles sur les sites de

l’Amazonie Centrale, d’autres structures attirant l’attention ont été interprétées comme de

possibles étangs à tortues ou des valées defénsives (Moraes, 2006). Lors de fouilles

archéologiques développées par PAC sur le site « Lago do Limão », on a identifié une fosse

27

de 12 m (N-S), 6m (E-W) et 1.2 m de profondeur (Figure 8). La fouille de cette structure a

mis au jour de trous de poteaux qui servaient à entourer la fosse. Le matériel de remplissage

est postérieur à la construction de la fosse, qui a été interprété comme un étang à tortues

(Moraes, 2006). D’après l’auteur (Moraes, 2006), ces étangs sont encore connus par les

anciens habitants de la région. Le site Lago do Limão contient de la céramique Paredão et

Guarita, toutefois, le matériel céramique n’a pas pu être associé à une période chronologique.

Figure 8 Schéma de l'étang à tortues. Extrait de Moraes (2006)

L’ensemble de ces données démontrent que les populations qui produisaient la

céramique Paredão ont occupé de manière intense différents milieux de l’Amazonie Centrale

(lacs, bords des grands fleuves, igarapés). Cette expansion territoriale est accompagnée d’un

important développement démographique et de nombreuses transformations du paysage : les

villages circulaires, les monticules, les étangs artificiels.

5.4. La phase Guarita (800 à 1500 AD)

La dernière phase d’occupation de l’Amazonie est appelée « Guarita ». Cette phase est

souvent présente dans des couches superficielles et moins épaisses par rapport à celles de la

phase Paredão. Cette céramique est présente à partir du IXe siècle jusqu’au XVIe siècle après

J.C. Les sites associés à la phase Guarita se distribuent de façon linéaire au cours des fleuves

et igarapés. Ce type d’installation est déjà présent dans les rapports des premiers explorateurs

(Carvajal) et confirmé par les recherches archéologiques récentes (Rebellato, 2007).

Hypothètiquement, les groupes de la phase Guarita parlaient la langue du tronc

linguistique Tupi, la même famille des Tupinambás. En effet, les études historiques et

archéologiques révèlent une dispersion rapide des groupes qui produisaient de la céramique

28

polychrome en Amazonie à partir l’an 1000 apr. J.-C. Les peuples liés à la céramique

Guarita seraient alors montés depuis le sud-ouest amazonien en direction du Haut Amazone-

Solimões jusqu’au Rio Napo, en Équateur (Moraes, 2009; Neves, 2010).

En conclusion, on constate que les premières occupations céramiques sont présentes

en Amazonie Centrale autour du IVe siècle av. J-C. Il s’agit de populations réduites, mais qui

produisent une céramique très élaborée au niveau décoratif et stylistique. Les premières

attestations des ADE, au Ve siècle après J.C. indiquent l’installation des premiers groupes

sédentaires. Pendant la phase Paredão, on constate l’existence d’un vrai modèle de villages

circulaires et une croissance démographique prouvée. Finalement, la phase Guarita est

caractérisée par des occupations plus rapides, linéaires, le long des cours d’eau et par leur

dispersion très répandue à travers le Haut, Moyen et Bas Amazone.

Les 15 ans de recherches archéologiques en Amazonie Centrale ont permis de créer

une chronologie d’occupation et d’éclairer le fonctionnement des systèmes d’installation,

d’habitation, d’échanges, et de migration des peuples. Toutefois, les aspects de la vie sociale

et économique de ces peuples n’ont pas été beaucoup exploités. Les premières études en

archéobotanique sont récentes et ne s’attachent qu’à un site de la région, le site Hatahara. De

la même façon, malgré la découverte d’un « étang à tortues », la faune n’a jamais été étudiée.

De ce fait, des investigations sur l’acquisition des ressources animales et l’économie de

subsistance se justifient lors de cette étude.

6. L’Archéozoologie en Amazonie

La région amazonienne présente encore peu de recherches archéozoologiques

réalisées (Nogueira de Queiroz, 2010). En Équateur et en Colombie; des études ont été

menées par Peter Stahl (1995, 2007), Ramos et Zorro (2011) et Peña (2007, 2011). Des

données archéozoologiques préliminaires ont été présentées pour un des registres les plus

anciens de l’occupation amazonienne, la Caverna da Pedra Pintada (11 200 à 8500 BP). Les

données fauniques préliminaires ont été publiées par Roosevelt et al., 1996. La faune est

constituée de poissons (Ostéoglossiformes, Characiformes, Siluriformes), rongeurs,

chiroptères, chéloniens, serpents, amphibiens, oiseaux, grands mammifères et mollusques.

L’étude montre que la subsistance paléoindienne sur cette grotte était basée sur un large

spectre de faune typique de la forêt tropicale humide.

En ce qui concerne les occupations de l’Holocène de l’Amazonie Orientale

brésilienne, nous pouvons citer la dissertation de master de Imazio da Silveira (1995) et

29

l’article de Nogueira de Queiroz (2010). Les études dans les grottes du Complexe de Carajas

révèlent une occupation de chasseurs-cueilleurs et montrent un spectre constitué de rongeurs

(dasyproctidés), mammifères de taille moyenne (tayassuidés, cervidés, primates, felidés),

chéloniens, crocodiliens, lacertiliens et serpents (Queiroz, 2010). Toutefois, l’auteur rappelle

que dans les contextes de grottes, des études plus approfondies sur les agents accumulateurs et

la taphonomie seraient nécessaires à l’interprétation de ces assemblages fauniques.

Pour la région des lanos de Mojos, en Amazonie bolivienne, les poissons de Loma

Mendoza ont été étudiés par Béarez et Prümers (2007). Cette étude révèle la présence de deux

poissons dont la consommation est peu commune, les anguilles de marais (Synbranchus ssp.)

et le protoptère (Lepidosiren paradoxa). Dans un autre site de cette région, Loma Salvatierra,

la faune vertébrée a été analysée par Hutterer (1997) et Driesch et Hutterer (2012). Les études,

encore préliminaires pour la région, montrent une grande consommation du daguet (Mazama

sp.) et donnent des indices d’un possible processus de domestication du canard musqué

(Cairina moschata).

C- LE SITE HATAHARA

1. Localisation

Le site Hatahara est situé sur la rive gauche du Fleuve Solimões à 20 km en amont de

la confluence des fleuves Solimões-Amazone et Negro. Le site occupe une aire de 16 hectares

(Rapp Py-Daniel, 2011). Bien que non inondable, Hatahara est situé à proximité d’une aire de

plaine inondée avec un accès facile à la forêt. De nombreuses interventions archéologiques

ont été réalisées dans différentes aires du site entre 1999 et 2011. Le plan du site et deux vues

sont presentés en Annexe (Annexes 3,4 et 5).

2. Le paléoenvironnement et la gestion de la forêt : données

polliniques, climatiques et macro/ micro vestiges végétales

Pendant la période de transition Pléistocène-Holocène, autour de 10 000 ans, les

conditions climatiques étaient sensiblement différentes de celles de l’heure actuelle : des

températures plus basses, les conditions plus arides induisaient la présence de savanne dans

certaines régions où la forêt tropicale humide est dominante aujourd’hui. Les saisons sèches

auraient été plus longues. A partir de 6 000 BP, l’augmentation des températures et des

précipitations provoquent progressivement l’expansion de la forêt tropicale humide (Behling,

30

2000). L’augmentation de la température moyenne annuelle provoque le déclin de taxons

végétaux qui ne supportent pas les hautes températures.

En Amazonie Centrale, des séquences polliniques de l’Holocène final ont été

effectuées dans le Lago Calado par Behling et al. (2001). Ces études montrent qu’à partir de

7700 14

C yr BP, il y a une l’élévation du niveau de l’eau de fleuves, liée aux effets de la post-

glaciation. Ce phénomène a provoqué des changements écologiques dans la région : la forêt

de terra firme, typique des terrains plus hauts a été remplacée par les forêts d’inondation

(várzea/igapó). A partir de 2080 14

C yr BP - moment d’une intense occupation humaine en

Amazonie Centrale -, la proportion de végétation várzea/igapó augmente considérablement,

ce qui démontre une hausse du niveau du fleuve. D’après l’auteur, à partir de 2000 BP, on

observe que la saison des pluies devient plus longue qu’auparavant Behling et al (2001).

Les études anthracologiques réalisées sur le site Hatahara révèlent de fortes altérations

anthropiques de la végétation qui entourait le village. Les six principales familles botaniques

identifiées sont : Melastomataceae, Fabaceae, Myrtaceae, Rubiaceae, Euphorbiaceae et

Sapotaceae. Les indices démontrent une grande diversité et une richesse spécifique élevée.

Parmi les taxons repérés s’observe une grande diversité d’angiospermes. La présence des

taxons typiques de la végétation pionnière16

dans toute la séquence analysée montre

l’influence anthropique à travers le réaménagement de l’espace dans toutes les phases

d’occupation. D’une part, ces altérations pouvaient être liées à l’activité d’ouverture de la

forêt et d’autre part liées à des incendies anthropiques, peut être provoqués par l’activité

agricole (Caromano, 2010).

La pratique de l’agriculture, comme déjà discuté antérieurement, est prouvée en

Amazonie Centrale depuis environ le premier millénaire après J.C. Les études réalisées à

Hatahara ont permis l’identification de phytolithes (de palmiers et de graminées) et de grains

d’amidon (de racines et de tubercules). Les phytolithes ont pu être associés à des plantes de

grande valeur nutritionnelle comme le maïs (Zea mays) et l’igname17

(Dioscorea spp.). Un

seul registre attribué au Manihot sp. (Manioc) a été identifié. Cependant, une grande variété

des palmiers a été retrouvée sur le site, cinq à six genres différents (Astrocaryum, Attalea,

Bactris, Euterpe, Mauritia, Oenocarpus). Ces résultats indiquent que le système de

subsistance était non seulement basé sur la culture de maïs et de l’igname mais aussi sur la

gestion de différents types de palmiers (Cascon, 2010).

16

Famille des Melastomataceaes, genres de la famille Rubiaceae et d’autres genres comme Xylopia, Cupania et

Byrsonima. 17

En anglais “yam”, en portugais « cará »

31

3. Présentation des phases d’occupation et datations

Hatahara est le meilleur site étudié jusqu’à présent grâce à son extension territoriale,

la richesse de ses structures anthropiques et l’abondance de matériel céramique et organique.

Les différentes études réalisées sur le site comprennent: l’archéologie du paysage (Lima,

2008; Machado, 2005; Arroyo-Kalin, 2008); l’archéométrie (Nunes, 2009), l’archéobotanique

(Caromano, 2010; Cascon, 2010), l’alimentation (Cascon, 2010), l’archéologie funéraire

(Rapp Py-Daniel, 2009). De telles recherches ont exigé des analyses exhaustives des vestiges

céramiques (Machado, 2005; Tamanaha, 2012; Lima, 2008), chimie et physique des sols

(Rebellato, 2007), micromorphologie des sols (Arroyo-Kalin, 2008), des analyses

anthracologiques (Caromano, 2010) et l’étude des microvestiges botaniques (Bozarth, 2009;

Cascon, 2010). En ce qui concerne la faune, jusqu’au présent, seul un rapport de Licence a été

réalisé par Farias (2006).

Les analyses stylistiques et morphologiques effectuées sur la céramique indiquent,

jusqu’à présent, quatre occupations : Açutuba, Manacapuru, Paredão et Guarita. Des datations

absolues par radiocarbone datent de 2310 BP à 340 BP (Lima, 2010). L’occupation 1

correspond à la phase Açutuba au tour de 300 BC et 350 AD. La phase Manacapuru, entre

550 et 650 AD correspondrait à une occupation dissociée de la terre noire et moins intense.

L’occupation 2 correspond à la phase Paredão, l’occupation plus intense du site. Pendant cette

occupation, d’environ 750 à 1020 AD, on observe la construction d’un ensemble de mounds

distribués de manière semi-circulaire (Machado, 2005 ; Tamanaha, 2006; Lima ; 2008; Rapp

Py-Daniel, 2009). L’occupation 3 correspond à la phase Guarita, entre 950 AD et 1450 AD.

Pendant l’occupation Guarita, le site Hatahara se présente comme une installation étirée le

long du fleuve (Rebellato, 2007).

32

Pour bien comprendre les différents moments d’occupation, on fera une brève

description des couches, réalisé sur la coupe ouest du monticule 1 (Figure 9):

Couche 1 (à partir d’environ 240 cm18

) : Couche de latosol jaune (10YR 6/8 brownish

yellow19

); texture argileuse ; sans occurrence de matériel archéologique.

Couche 2 (230 à 180 cm) : Couche de transition entre le 10YR 6/8 brownish yellow et le

10YR 3/2 very dark grayish yellow ; texture argileuse ; très faible densité de céramique

associé à la phase Açutuba et Manacapuru.

Couche 3 (180 à 110cm) : Couche argilo-aréneuse ; very dark grayish yellow dans sa partie

inférieur; forte présence de fosses (de rejet alimentaire et funéraires) associées aux phases

céramiques Paredão. La densité de céramique est moyenne, on observe bonne préservation du

matériel faunique.

Couche 4 (110 à 30cm) : Couche argilo-aréneuse ; black ; elle constitue le monticule en soit,

consisté de terre noire et de matériel céramique très abondant surtout associé à la phase

Paredão, mais aussi Manacapuru et Açutuba (dû à l’activité constructive). Présence de matière

osseuse très corrodée et fragmentée.

Couche 5 (30 cm à la surface du sol) : Couche areno-argileuse ; black ; très bouleversée par

l’activité agricole récente. Le matériel céramique de cette couche est associé principalement à

la phase Guarita.

18

La description des couches archéologiques sera réalisée à partir des niveaux plus profonds vers les niveaux

plus superficiels. L’épaisseur des couches, n’étant pas la même dans tous les carrés, s’est fait de manière

approximative. Les informations ont été extraites de Machado (2005), Lima (2008), Rapp Py-Daniel (2009). 19

Le système d’échelle colorimétrique utilisé a été le Munsell Color System

33

Figure 9 Coupe Ouest du monticule 1, site Hatahara. Schéma : Marcos Brito (Projeto Amazônia Central)

34

4. Organisation spatiale : la construction des monticules artificiels et

l’occupation Paredão

Pendant l’occupation Paredão le site fut composé par des dizaines de monticules

disposés en semi-cercle (en forme d’anneaux) avec une place de 150 m de diamètre

(Rebellato, 2007). Jusqu’en 2008, 14 mounds avaient été observés et associés à la phase

céramique Paredão. En 2011, lors d’une étude topographique, d’autres monticules ont été

repérés. La disposition des monticules, en anneau, fait penser aux villages circulaires bien

décrits dans les sites de la confluence pendant la période Paredão (Moraes, 2006).

Figure 10 Photo en plan de masse du M1 niveau 110 cm de profondeur. A gauche, une fosse circulaire, à

droite, sépulture n°19. Photo: Val Moraes

Figure 11 (A) Céramique de la phase Paredão (B) Haché polie associée à une sépulture dans le Mound 1.

Images extraites de Machado (2005)

Contrastant avec d’autres sites de la région, où la majorité des monticules est associé à

des fonctions domestiques, le site Hatahara présente aussi des monticules funéraires. Le plus

grand monticule repéré sur le site, le monticule 1 (M 1) a livré 26 sépultures et dépôts

funéraires, entre enterrements individuels, multiples, primaires et secondaires. Un plan de

masse des sépultures du monticule 1 entre 80 et 110 cm de profondeur du monticule 1 est

A B

35

proposé en Annexe 6. Les sépultures de la couche 3 sont datées de 750 AD à 1020 AD (Rapp

Py-Daniel, 2009, 2010). D’après l’auteur (Rapp Py-Daniel, 2009), les sépultures sont souvent

très proches des fosses riches en fragments céramiques et faune. Aussi, des restes de faune ont

été identifiés à la proximité des sépultures, mais plus de données sur le contexte

archéologique seraient nécessaires pour comprendre une possible association entre les

sépultures et la faune.

Figure 12 (A) Vertèbres d'Arapaima gigas en bas à droite de la sépulture (B), Détail de la photo (A).

Photos : Val Moraes

Figure 13 Mandibule de caïman dans le Mound 1. Photo : Val Moraes

5. Biais taphonomique et conservation différentielle

Il est bien connu que la conservation des matières osseuses en milieu tropical est très

rare. L’excès d’humidité, la température, la lixiviation, l’acidité des sols liés aux altérations

diagénetiques constituent des facteurs climato-édaphiques qui altèrent la conservation des

matières organiques. Le taux de fragmentation est élevé, ce qui rend difficile l’identification

B

A

36

taxinomique. Des études menées dans les basses terres tropicales montrent que les

assemblages fauniques ont la tendance à être très réduits. Stahl (1995) a pu montrer que chez

les mammifères, les fragments de petite taille sont plus nombreux que ceux de grande taille,

ce qui engendre une représentation biaisée des restes des grands mammifères.

La couche 3 du monticule 1 présente un contexte exceptionnel de conservation des

matières osseuses, très rare dans les régions équatorielles. Les études réalisées sur ce

monticule (Rapp Py-Daniel, 2009) révèlent que sa construction a fonctionné comme une

capsule qui « protège » les couches 2 et 3 des intempéries liées à la lixiviation, aux

changements de température, aux racines, etc. La prédominance de la fraction argileuse a

aussi participé dans la préservation des matières organiques. Quand les micropores de l’argile

sont saturés d’eau, on peut avoir un environnement anaérobi (taux d’oxygène réduit) qui

limite l’activité de plantes et microorganismes. La profondeur a pu aussi éviter l’aération de la

couche.

D’après nos observations au laboratoire, les fragments qui se trouvent dans les niveaux

plus profonds (à partir de 110 cm) sont relativement bien préservés. A la mesure qu’on atteint

la zone de contacte avec le monticule (entre 80 et 90 cm), les restes osseux se présentent très

corrodés et soumis à des attaques acides, mais une étude taphonomique plus approfondie

pourrait mieux expliquer ces effets.

D- L’ETUDE ARCHEOZOOLOGIQUE : MATERIELS ET METHODES

1. Le choix des Unités Stratigraphiques étudiées

Nous avons choisi étudier des Unités Stratigraphiques (US) tels que les foyers, les

fosses de rejet, les lieux de préparation. Les outils en matière dure animale n’ont pas été pris

en compte lors de cette étude car ceux-ci nécessitent une étude selon une méthodologie et des

principes théoriques qui lui sont propres.

Deux types d’US du monticule 1 nous intéressent dans cette étude: une couche

(couche 3) et trois fosses (F2b, F1 et F2). Quatre carrés continus de la couche 3 retiennent

notre attention: N1152W1360, N1153W1360, N1154W1360, N1155W1360 du niveau 100 à

230 cm. Nous avons préféré travailler avec une faune dont le contexte est connu, c’est-à-dire,

une faune associée à une période chronologique précise. Ainsi, la couche 3, associée à la

période Paredão nous semblerait présenter des contextes clairs. Le monticule correspond à

une aire funéraire (et possiblement residentielle), toutefois, dans les carrés choisis lors de cette

37

étude, il n’y a pas de sépulture humaine. De plus, d’après les observations de Machado

(2005), la plus grande concentration faunique se trouve entre les carrés N1152W1360 et

N57W1360.

Ainsi nous avons choisi de ne pas travailler avec le matériel faunique de la couche 4,

qui correspond au monticule en soit, pour deux raisons : d’une part, le monticule a été

construit à partir du sédiment entourant, ce qui a bouleversé les couches stratigraphiques (des

fragments de phases céramiques plus anciennes ont été retrouvés dans des niveaux

superficieles) ; d’autre part, nous avons pu observer que la quantité de restes osseux

identifiables est très réduite pour des raisons taphonomiques qui seront développées

ultérieurement. Ainsi, on a choisi de traiter les restes se trouvant à plus de 80 cm de

profondeur.

Les fosses F2b (situées dans le carré N1153W1360, entre 160cm à 200cm), F1 (carré

N1154W1360, entre 180-255 cm) et F2 (carré N1157W1360, entre 190 et 260 cm) constituent

le deuxième type d’US d’intérêt dans notre étude. En partant du principe que les fosses de

rejet ou de combustion sont le résultat d’une action unique (et pas continue), il est possible de

connaître le contexte précis de la provenance des restes fauniques. Une description plus

précise de ces trois fosses est présentée en suivant:

N1153W1360

F2b20

: Fosse située à l’ouest du carré N1153W1360. La fosse est apparue à 163 cm de

profondeur par la mise à jour d’une concentration d’ossements de tortue brulés associée à une

grande quantité de charbons de bois, des fragments de céramique et des trempes. Il s’agit

d’une fosse circulaire délimitée par des blocs d’argile et de latérite. Un pot de céramique

presque complet avec des ossements de tortues à l’intérieur a été dégagé. Les dimensions, 80

x 90 cm, se maintiennent de manière constante. Le sédiment très sombre, caractéristique de

cette fosse, se termine à 200 cm de profondeur. Ces évidences ont permis d’associer la fosse à

un foyer associé à la phase Paredão (e quelques fragments Manacapuru), d’après les

fragments diagnostiques trouvés dans la fosse. Les fosses de la phase Paredão, connues aussi

par d’autres sites de la même période, sont souvent liées à des activités de combustion,

typiquement constituées de supports (trempes) pour les pots faits en argile brulée (Moraes,

2006)

20

Machado (2005) l’appelle F2, mais comme une F2 était déjà attribué au carré N1157W1360, nous allons l’appeler F2b

38

N1154W1360

F1 : Fosse située au sud du carré N1154W1360. Cette fosse est aperçue à 180 cm de

profondeur car sa couleur (10YR - 6/8 brownish yellow) se différencie de la couleur de la

structure (10YR - 4/2 dark grayish brown). La fosse est constituée d’un grand nombre de

fragments céramiques, de charbons et de faune vertébrée. Les ossements ne semblent pas

brulés comme dans la F2b. Ses dimensions à la profondeur de 190 cm sont de 90 x 80 cm. On

arrive vers la base de la fosse à 255 cm. On a choisi d’abord de fouiller la fosse jusqu’à sa

base (255 cm) pour ensuite dégager le restant du carré. La céramique est associée à la phase

Paredão et les fragments remontent, ce qui est un indice de cohésion stratigraphique. Des

échantillons de sédiment ont été prélevés de 10 en 10 cm de profondeur.

N1157W1360

F221

: La F2, située initialement à l’ouest du carré N1157W1360 est aperçue à 190 cm de

profondeur par une concentration de fragments de céramique, de charbon de bois et de faune

vertébrée. Une différentiation de la couleur peut être aperçue : à l’intérieur de la structure, la

couleur du sédiment est 2/5YR 3/2 very dark greyish brown qui se différentie du sédiment

entourant 10YR 6/8 brownish yellow. On a choisi de fouiller la partie Est et préserver la

partie Ouest de la fosse pour prélever le sédiment en vrac entièrement, en suivant des niveaux

des 10 cm. Les dimensions de la F2 sont 60 x 60 x 70cm (Figure 14). La céramique est

associée à la phase Paredão. Cette fosse a été probablement creusée par l’occupation Paredão,

mais elle traverse la couche 2, Manacapuru.

Figure 14 Coupe de la Fosse 2 (F2), carré N1157W1360, schéma fait par Marcos Brito (PAC)

21

Pendant la campagne de terrain cette fosse a été appelé F2, bien comme sur la documentation de fouille. Toutefois, la F2 est décrite

comme F3 dans Machado (2005). On suivra l’appellation originale de la documentation de la fouille, tel qu’elle apparaît sur le schéma

dessiné.

39

2. Méthodologie de prélèvement

2.1. Le prélèvement à l’œil nu

La totalité du matériel archéozoologique étudié a été prélevée pendant la campagne de

fouille du site Hatahara de 2002. La méthodologie de fouille adoptée a été l’excavation par

niveaux artificiels de 10 en 10 cm. Le ramassage des vestiges archéologiques s’est faite par

« collecte manuelle »/« collecte à l’œil nu » ou tamisage (à sec) sous maille de 5 mm. Les

prélèvements plus spécifiques ont été réalisés par les spécialistes selon leur protocole de

travail (archéobotaniste, géoarchéologue, paléoanthropologue, etc.). Étant donné que pendant

les fouilles du Projeto Amazônia Central, il n’y avait pas eu d’archéozoologue sur le terrain,

la faune a été prélevée en utilisant la même méthode standard que la céramique.

Quant aux fosses (F1 et F2), elles ont été fouillées à la moitié et le sédiment prélevé en

vrac en suivant des niveaux artificiels de 10 en 10 cm.

2.2. Tamisage fin à l’eau

En ce qui concerne les vestiges fauniques, pour obtenir des échantillons fiables et

surtout qui comprennent les groupes de vertébrés de petite taille (microrongeurs et poissons

de petite taille), il est nécessaire de mettre en place des protocoles adaptés aux analyses

archéozoologiques. Pour l’ichtyofaune, Colley (1990) suggère le tamisage à l’eau sous maille

allant de 0.5 à 2 mm (voir aussi Horard-Herbin et Vigne, 2005 ; Reitz and Wing, 2008).

Un des objectifs de ce travail est de comparer et de tester l’efficacité de deux méthodes

de prélèvement (le prélèvement à l’œil nu et le tamisage à l’eau sous mailles fines). Un

spectre de faune utilisant la première méthode peut biaiser les résultats puisqu’il montrera

seulement les groupes d’espèces de plus grande taille. Toutefois, seules les analyses

quantitatives statistiques pourront indiquer quel est l’écart des d’espèces identifiées avec l’une

ou l’autre méthode.

De ce fait, on a décidé de mettre en place un système de tamisage fin à l’eau. Pendant

l’étape de fouille de 2002, le sédiment des deux fosses (F1 et la F2) a été prélevé. Pour la F1,

nous avons les échantillons qui proviennent d’une collecte à l’œil nu ainsi que du sédiment en

vrac, deux méthodes qui seront comparées lors de cette étude. Les sacs de sédiment ont été

conservés au Museu de Arqueologia e Etnologia da Universidade de São Paulo (MAE-USP).

L’étape de tamisage s’est faite sur place à la MAE, en juillet 2012, par moi même avec l’aide

40

de Daria Elânia Fernandes Barreto et José Paulo Jacob, techniciens de laboratoire de la MAE

et des étudiants de la faculté d’Histoire de l’USP.

L’objectif initial était d’utiliser une colonne de tamis de 2 mm, 1 mm et 0,5 mm.

Toutefois, un test fait avec le tamis de 0.5 nous a montré que le sédiment ne passait pas par la

maille du tamis. Nous avons donc choisi d’utiliser une colonne de tamis de 1 et 2 mm. Ainsi,

pour chaque prélèvement, deux fractions (refus de tamis) sont obtenus, un de 1 mm et 2 mm

(figure 25). Le volume des sédiments de l’échantillon, ainsi comme les informations associées

(carré, niveau, site, date du prélèvement) ont été systématiquement enregistrés avant le

tamisage. On a utilisé une douchette à pression pour ne pas provoquer des dommages sur les

ossements et éviter le contact manuel (Horard-Herbin et Vigne, 2005). Les refus des tamis ont

été mis à sécher à l’ombre sur des tissus (TNT). Nous en avons séparé et gardé 500 g comme

« témoin » de chaque échantillon.

Figure 15 Tamisage à l'eau au Museu de Arqueologia e Etnologia (São Paulo); refus de tamis maille 1 mm

et 2 mm. Photos : Paulo Rogério Soares et Gabriela Prestes-Carneiro.

3. Les collections de référence

Une des plus grandes difficultés de la réalisation de l’étude archéozoologique en

Amazonie est le manque de collections ostéologiques de référence. Cela s’explique d’une part

par la carence de spécialistes formés et d’études archéozoologiques dans la région et d’autre

part, par la grande diversité d’espèces qui habitent la forêt Amazonienne, ce qui rend difficile

l’élaboration des collections de référence complètes et représentatives de la région.

L’identification des restes archéologiques s’est faite lors des passages (de 1 semaine à

1 mois) dans différentes collections ostéologiques du Muséum National d’Histoire Naturelle

de Paris et du lnstituto Nacional de Pesquisas Amazônicas (Manaus, Brésil). Ce travail

n’aurait pu se faire sans l’aide de plusieurs spécialistes. La liste d’espècimens consultés sont

presentés dans l’Annexe 7.

41

Pour les Chondrichtyens et Téléostéens, la collection ostéologique de l’UMR 7209

(Responsable : Philippe Béarez). Celle-ci compte environ 74 squelettes de différents groupes

de poissons prélevés en Amazonie (figure 16). J’ai pu aussi préparer 10 nouveaux spécimens

collectés à Tefé (Amazonas) qui ont été intégrés à la collection ostéologique de l’UMR 7209.

Figure 16 Collection ostéologique d'Ichtyologie de l’UMR 7209. Photo G. Prestes-Carneiro.

Pour les chéloniens, crocodiliens, squamates et amphibiens, nous avons utilisé la

Collection ostéologique d'Anatomie comparée du MNHN-Paris (Responsable : Salvador

Bailon).

Finalement pour les mammifères, la collection d’Anatomie Comparée « Mammifères

et Oiseaux » du MNHN-Paris, sous la conduite de Violaine Nicolas et la « Coleção Zoológica

de mamiferos - Instituto Nacional de Pesquisas da Amazônia, Manaus-Amazonas ; Brésil »

(Responsable : Profa. Maria Nazareth Ferreira da Silva).

4. Analyses en laboratoire

Après avoir obtenu l’autorisation des responsables du matériel archéologique à la

MAE et de l’Instituto do Patrimônio Histórico e Artístico Nacional (IPHAN) du Brésil,

l’ensemble de la faune vertébrée, comme les fractions du tamisage de 1 et 2 mm ont été

envoyés en France, au mois de septembre 2012 pour analyse au laboratoire « Archéozoologie,

Archéobotanique: sociétés, pratiques, environnements (USM 303 du MNHN – UMR 7209 du

CNRS)»

4.1. Tri, détermination des taxons et observation des traces anthropiques

Au laboratoire, dans un premier temps, on a effectué le tri du matériel osseux par

groupes taxinomiques (poissons, reptiles et mammifères). En deuxième temps, le tri des

fractions de 1 et 2 mm a été effectué sous loupe binoculaire.

42

Dans le but de préparer la collection de référence pour l’identification, on a élaboré

des listes d’espèces animales présentes à l’heure actuelle dans la région d’étude d’après

différents sources bibliographiques. Pour les téléostéens, nous avons utilisés des articles

scientifiques sur l’Amazonie Centrale (Fink et Fink, 1978 ; Saint-Paul et al., 2000) et des

ouvrages plus généraux : Fishes of the world (Nelson, 2005) et The fishes and the forest

(Goulding, 1980). Pour les reptiles, nous avons utilisé des listes de la Société d’Herpétologie

Brésilienne22

de l’année 2012. Pour les mammifères, les ouvrages Neotropical Rainforest

Mammals : a field guide (Emmons, 1997) et Mammals of the Neotropics (Eisenberg et

Redford, 1989).

Nous avons initié l’analyse par les éléments crâniens mieux préservés puis nous

sommes passés aux éléments postcrâniens. Dans un prémier temps, on a analysé les restes

prelevés à l’oeuil, puis dans un deuxième temps, on est passé à l’identification des

échantillons tamisés à l’eau. Traiter le volume total des deux fosses était impossible en raison

de l’abondance de restes et du temps de trie, donc, un échantillonnage de la structure a été

nécessaire. Nous avons choisi de traiter de 9 à 12 litres par niveau artificiel de 10 cm de

chaque fosse. Ainsi, on a analysé les échantillons de la fraction de 2 mm des deux fosses (F2

et F2b). Seule un échantillon de la fraction de 1mm a été analysé afin de vérifier s’il existe

une augmentation significative du nombre de taxons de petite taille.

Nous avons choisi étudier des US liées à des contextes domestiques du site Hatahara

(les foyers, les fosses de rejet, les lieux de préparation). Cela est justifié par notre intérêt

majeur qui est de comprendre les chaînes techniques de consommation d’animaux dès leur

acquisition (l’exploitation des différents niches écologiques, les techniques de pêche

envisagées, la période d’acquisition probable) jusqu’aux étapes de transformation de l’animal

en produit (les techniques de préparation et consommation).

Pour ce faire, on partira de l’observation de stigmates laissés sur les vestiges

fauniques : fracturation, exposition au feu, traces de découpe (Horard-Herbin et al., 2005). En

ce qui concerne l’acquisition des ressources et techniques envisagées, les hypothèses seront

présentées dans un deuxième moment, en se basant sur les données actuelles, sur l’écologie

des espèces ainsi que sur des études ethnographiques et historiques.

L’exposition des ossements au feu engendre une série des transformations observables

au niveau macroscopique (couleur, fracturation, déformation, fissuration). En partant de

référentiels déjà existants pour mesurer le dégrée d’exposition au feu, on observera si

22 http://www.sbherpetologia.org.br/

43

certaines parties anatomiques ont été plus chauffées que d’autres. Pour cela, nous avons utilisé

les stades de chauffe élaborées par Stiner et Kuhn (1995) et Lebon (2010).

Stade de chauffe

Description Couleur

0 Non brulé Beige 1 Légèrement brûlée (carbonisation localisée < 50%) Brun 2 Fortement brûlé (carbonisation > 50%) Brun noir 3 Totalment carbonisé (complètement noir) (noir) 4 Localement calciné (calcination localisé <50%) Gris foncé/noir 5 Fortement calciné (calcination localisée>50%) Gris clair/blanc 6 Totalment calciné blanc Blanc

Tableau 2 Table de stades de chauffe d’après Stiner et al, (2005) et Lebon (2010)

Ceci étant, on partira de la réconstitution de traces anthropiques laissées sur les os,

suite d’intérpretation, lecture ethnographique pour efin, si possible, émetre des hypothèses sur

les techniques de préparation des animaux sur le site.

4.2. Analyses quantitatives

4.2.1. NR et NMI

Le Nombre de Restes (NR)23

et le Nombre Minimal d’Individus (NMI)24

permettent

d’évaluer la fréquence relative d’individus et de quantifier le dégré de fragmentation de

différents taxons dans un assemblage faunique (Reitz and Wing, 2008). Pour le calcul du

NMI, nous avons choisi d’effectuer le NMI de fréquence (Poplin, 1976), c'est-à-dire qu’après

avoir déterminé (anatomiquement) et latéralisé, on a préféré l’élément anatomique le plus

fréquent pour effectuer le calcul (en prennant en compte les différentes U.S). Le NMI a été

calculé au moment de la détermination taxinomique et révisé au moment du traitement des

données. Nous avons pris également les poids des restes.

4.2.2. Pourcentage de Répresentation (PR)

Le Pourcentage de Répresentation, le PR (Dodson et Wexlar, 1979) permet de

visualiser la fréquence de parties anatomiques (réeles) par rapport à un squelette d’un individu

(théorique) donnée. Nous avons utilisé cet indice lors de l’intérpretation de la présence des

mammifères sur le site. Il nous permet de réfléchir sur les possibles agents accumulateurs de

l’assemblage (anthropique, taphonomique).

Le PR est calculé par la formule:

23 ou Number of identified specimens (NISP) 24 ou Minimum number of individuals (MIN)

44

PR = (NRd x 100)/ (t x NMI)

PR : Pourcentage de Représentation

NRd: Nombre de Restes déterminé pour chaque partie squelettique présente dans

l’assemblage

t: nombre théorique de l’élément squelettique dans un squelette complet

NMI : Nombre Minimal d’Individus du groupe taxinomique concerné (Rodentia)

Nous avons aussi representé la ligne de distribuition des valéurs théoriques dans un

squelette complet. Pour cela, nous avons fait le décompte de chaque element dans un squelet

complet et divisé par le nombre total (théorique) d’éléménts.

4.2.3. La reconstitution du poids et l’estimation de la Biomasse

Le NR et le NMI sont les deux indices plus utilisés des analyses archéozoologiques.

Néanmoins, ceux-ci peuvent masquer l’importance relative des espèces dans l’apport

énergétique et nutritionnel (Horard-Herbin et al, 2005). La collection de référence utilisée

pour l’identification des téléostéens nous a permis de travailler avec deux autres méthodes : la

reconstitution des poids (Colley, 1990) et le calcul de la biomasse.

L’estimation des poids des individus en entier s’est faite en comparant la taille d’un

élément anatomique déterminé avec celui de l’espèce de la collection de référence, dont le

poids total de l’individu est connu.

Après avoir calculé le poids estimé par individu, nous passons à la reconstitution de la

biomasse. Un poids moyen25

est attribué à chaque taxon et cette valeur sera multipliée par le

NMI du taxon. Ensuite, la somme des poids moyens par taxon sera effectuée. L’évaluation de

la biomasse nous permettra d’estimer quel était l’apport énergétique en fonction des espèces

de téléostéens identifiés sur le site. Rappelons qu’il s’agit d’une estimation et non pas une

vraie étude allométrique, qui doit se baser sur la mesure des os d’un grand nombre d’individus

actuels de tailles et de poids différents.

25 Calculé à partie de la moyenne des poids estimés des individus archéologiques

45

E- RESULTATS

1. Déterminations taxinomiques

A partir de la comparaison entre les graphiques 1 et 2, ainsi que du tableau récaptulatif

de taxons (Tableau 3), nous observons que les poissons téléostéens constituent le groupe plus

abondant dans l’assemblage, tant en nombre de restes (76%) qu’en NMI (80%). Une très

grande diversité est observée à l’intérieur de ce groupe (Tableau 3). Le deuxième groupe plus

important est celui des reptiles, ils représentent 20% du NR et 12% du NMI, mais la diversité

de taxa moins importante que chez les poissons. Les mammifères viennent seulement en

troisième plan, avec 3% du NR et 6% du NMI. Les poissons chondrichtyens, les

lissamphibiens et les oiseaux ont une représentativité très faible dans l’assemblage.

Graphique 1Nombre de Restes (NR) par groupe taxinomique et pourcentages respectives

Graphique 2 : Nombre Minimal d'Individus par groupe taxinomique et pourcentages respectives

Chondrichthyes =8 (0.08%)

Teleostei =7192 (75,91%)

Reptilia = 1912 (20.18%)

Aves= 28 (0.3%)

Mammalia =331

(3.5%)

Chondrichthyes =3 (0.86%)

Teleostei =280 (80.69%)

Reptilia = 42 (12.10%)

Lissamphibia=1 (0.29%)

Mammalia=18 (6.05%)

46

Tableau 3 : Tableau récapitulatif de la faune identifiée sur le Site Hatahara

Taxa Nom commun NR NMI Poids (g) Potamotrygonidae raie d'eau douce (arraia) 8 3 3,59

Total Chondrycthyes 8 3 3,59

Arapaima gigas Pirarucu, Paiche 145 48 561,99

Osteoglossum bicirrhosum Aruanã 10 4 2,173 Clupeidae Apapá, Sardinhão 1 1 0,009

Characiformes indeterminés 468 29 5,163

Colossoma macropomum Tambaqui 61 20 134,844 Cf. Colossoma macropomum 4 2 1,034

Piaractus brachypomus Pirapitinga 7 3 4,334

Cf. Piaractus brachypomus 3 1 12,23 Serrasalminae (Colossoma macropomum/Piaractus brachypomus) 18 4 8,561

Brycon spp. Matrinxã, Jatuarana 5 2 0,065

Mylossoma spp. /Myleus spp. Pacu-manteiga, Pacu-galo 5 3 0,08 Serrasalmus spp. Piranha 1 1 0,53

Pygocentrus spp. /Serrasalmus spp. Piranha 11 4 0,07

Hydrolycus sp. Pirandirá, Cachorra 3 2 0,025 Rhapiodon vulpinus Ripa 6 1 0,098

Hoplias sp. Traíra, Jeju 22 4 0,66

Anostomidae Aracu 5 4 0,095 Prochilodontidae Jaraqui, Curimatã 1 1 0,011

Siluriformes indeterminés bagres 125 24 44,199

Cf. Pterodoras granulosus Bacu liso, Armado 11 4 14,135 Oxydoras niger Cuiú-cuiú 8 4 11,775

Doradidae 61 27 94,271 Auchenipteridae 4 4 0,024

Pseudoplatystoma tigrinum Caparari 14 8 29,74

Pimelodus sp, Mandí 8 5 0,464 Phractocephalus hemioliopterus Pirarara, Guacamayo 6 2 65,52

Pimelodidae 13 9 3,66

Callichthyidae Tamoatá, Soldado 14 7 0,957 Loricariidae Bodó 33 8 4,6361

Synbranchus sp.1 Muçum, Pirambóia, Enguia 2 2 1,557

Synbranchus sp.2 Muçum, Pirambóia, Enguia 2 2 0,14 Synbranchus spp. Muçum, Pirambóia, Enguia 6 3 0,744

Plagioscion squamosissimus Pescada-branca 20 9 5,15

Cichla spp. Tucunaré 26 15 10,487 Astronotus spp. Acará, Curuaçu 4 3 0,294

Chrenicichla spp. Jacundá 1 1 0,081

Cichlasoma spp. Acará 1 1 0,007 Acaronia spp. Acará boca de quguiá 1 1 0,007

Cf. Satanoperca spp. Acará-jurupari 3 2 0,034

Cichlidae 87 5 5,329 Teleostei indeterminé 5976 548,647

Total Teleostei 7192 280 1573,73

Pipa sp. Pipa, Sapo-aru 1 1 0,046

Total Lissamphibia 2 1 0,05

Podocnemis spp. Tartaruga-da-amazônia 21 10 162,46

Cf. Podocnemis spp. 50 9 329,66

Podocnemidae 8 4 34,19 Chelonii indeterminés 1419 1092,18

Caiman cf. crododilus Jacaretinga 34 1 36,37

Alligatoridae 288 4 251,3 Eunectes spp. Sucuruju, Sucuri verde, anaconda 12 6 6,5

Boidae 1 1 0,01

Colubridae 18 4 6,45 Serpentes indeterminés 56 1 5,798

Tupinambis sp. Lagarto teiú 1 1 2,99

Lacertilia Lagarto, lézard 2 0,34 Gekkonidae Lagartixa 1 1 0,004

Total Reptilia 1911 42 1928,252

Total Aves 28 10,09

Didelphidae Mucura 1 1 0,25 Marsupialia Gambas, Cuícas 1 1 0,96

Echimys spp. 1 1 0,1 Cf. Echimys sp. 5 3 0,02

Echimyidae Ratos-de-espinho 10 3 0,08

Proechimys sp. Saiuá 2 1 0,01

Cf. Pattonomys 1 1 0,001

Myoprocta sp Cotiara, Cutiaiá 1 1 0,03

Hydrochoerus hydrochaeris Capivara, Capybara 1 1 0,72

Rodentia indeterminés 133 5 0,72 Mammalia indeterminés 175 110,6

Total Mammalia 331 18 113,491

Echantillon total 9474 344 3515,712

47

1.1. Chondrichthyes

Les chondrichtyens comprennent le groupe des poissons à squelette majoritairement

cartilagineux (Lecointre, 2001).

Myliobatiformes > Potamotrygonidae

Un total de 8 restes a été attribué à la famille Potamotrygonidae, la raie/arraia d’eau

douce. Les parties anatomiques que nous avons retrouvées sont les tubércules épineux (voir

figure 29) et les aguillons caudaux. Les tubercules épineux (ou écailles placoïdes) sont des

denticules à la base creuse qui font partie du squelette dermique des raies, ce qui donne à leur

peau un caractère rugueux et parfois abrasif. Les aguillons caudaux (esporão de arraia) sont

souvent confondus avec des pointes de projectiles, en raison de la forme de leur extrémité

distale biseautée, et de leur pointe barbelée. Parmi les 3 épines identifiées sur le site Hahara,

aucune d’elles ne porte de traces anthropiques.

Les raies de la famille Potamotrygonidae sont les seules à vivre dans les eaux douces

amazoniennes. On compte au moins 20 espèces distribuées en 3 genres. Ces raies atteignent

jusqu’à 2 m de longueur et sont benthiques, c’est-à-dire, vivent sur le fond et s’alimentent de

poissons et crustacés. En Amazonie, aujourd’hui, les raies parfois consommées, mais pendant

la période sèche elles sont dangereuses à cause de leurs piqûres empoisonnées (Lovejoy,

1996).

Figure 17: Tubercules épineux de Potamotrygonidae ; Potamotrygon motoro (arraia-de-fogo), (Ferreira,

1998)

1.2. Teleostei

Nous avons pu recenser 7203 restes de téléostéens, dont 1226 ont pu être associés à

une famille, un genre ou une espèce, soit 17 % du total. Nous pouvons observer (Tableau 4)

qu’il existe une très grande diversité taxinomique à l’intérieur des téléostéens, soit un total de

39 taxa. Le NMI le plus élevé est attribué à Arapaima gigas (48), suivi par les Characiformes

48

de petite taille (29), ensuite les Siluriformes (24), puis Colossoma macropomum (20).

Cependant, si on considère le nombre de restes (NR), on observe qu’il y a une très forte

représentation des restes attribués aux Characifomes de petite taille (38% du total NR). Mais,

si on compare les poids de restes, on voit que ces derniers ne correspondent qu’à 0,5% du

poids de restes total, alors que Arapaima gigas représente 54% de l’ensemble.

Taxa Nom commun NR % NR NMI % NMI Poid (g) % Poid (g)

Arapaima gigas Pirarucu, Paiche 145 11,83 48 23,08 561,699 54,81

Osteoglossum bicirrhosum Aruanã 10 0,82 4 1,92 2,173 0,21

Clupeidae Apapá, Aardinhão 1 0,08 1 0,48 0,009 0,00

Colossoma macropomum Tambaqui 61 4,98 20 9,62 134,844 13,16

Cf. Colossoma macropomum

4 0,33 2 0,96 1,034 0,10

Piaractus brachypomus Pirapitinga 7 0,57 3 1,44 4,334 0,42

Cf. Piaractus brachypomus

3 0,24 1 0,48 12,23 1,19 Serrasalminae (Colossoma macropomum/Piaractus brachypomus) 18 1,47 4 1,92 8,561 0,84

Brycon spp. Matrinxã, Jatuarana 5 0,41 2 0,96 0,065 0,01

Mylossoma spp. /Myleus spp. Pacu-manteiga, Pacu-galo 5 0,41 3 1,44 0,08 0,01

Serrasalmus spp. Piranha, piraña 1 0,08 1 0,48 0,53 0,05

Pygocentrus spp. /Serrasalmus spp. Piranha, piraña 11 0,90 4 1,92 0,07 0,01

Hydrolycus sp. Pirandirá, Cachorra 3 0,24 2 0,96 0,025 0,00

Rhapiodon vulpinus Ripa 6 0,49 1 0,48 0,098 0,01

Hoplias spp. Traíra, jejú 22 1,79 4 1,92 0,66 0,06

Anostomidae Aracu(s) 5 0,41 4 1,92 0,095 0,01

Prochilodontidae Jaraqui, Curimatã 1 0,08 1 0,48 0,011 0,00

Characiformes

468 38,17 29 13,94 5,163 0,50

Cf. Pterodoras granulosus Bacu liso, Armado 11 0,90 4 1,92 14,135 1,38

Oxydoras niger Cuiú-cuiú 8 0,65 4 1,92 11,775 1,15

Doradidae

61 4,98 27 12,98 94,271 9,20

Auchenipteridae

4 0,33 4 1,92 0,024 0,00

Pseudoplatystoma tigrinum Caparari 14 1,14 8 3,85 29,74 2,90

Pimelodus spp. Mandí 8 0,65 5 2,40 0,464 0,05

Phractocephalus hemioliopterus Pirarara 6 0,49 2 0,96 65,52 6,39

Pimelodidae

13 1,06 9 4,33 3,66 0,36

Callichthyidae Tamoatá, Soldado 14 1,14 7 3,37 0,957 0,09

Loricariidae Bodó 33 2,69 8 3,85 4,6361 0,45

Siluriformes bagres 125 10,20 24 11,54 44,199 4,31

Synbranchus sp.1 Muçum, Pirambóia, Enguia 2 0,16 2 0,96 1,557 0,15

Synbranchus sp.2 Muçum, Pirambóia, Enguia 2 0,16 2 0,96 0,14 0,01

Synbranchus spp. Muçum, Pirambóia, Enguia 6 0,49 3 1,44 0,744 0,07

Plagioscion squamosissimus Pescada-branca 20 1,63 9 4,33 5,15 0,50

Cichla spp. Tucunaré 26 2,12 15 7,21 10,487 1,02

Astronotus sp. Acará 4 0,33 3 1,44 0,294 0,03

Chrenicichla sp. Jacundá 1 0,08 1 0,48 0,081 0,01

Cichlasoma sp. Acará 1 0,08 1 0,48 0,007 0,00

Acaronia sp. Acará boca de quguiá 1 0,08 1 0,48 0,007 0,00

Cf. Satanoperca sp. Acará-jurupari 3 0,24 2 0,96 0,034 0,00

Cichlidae

87 7,10 5 2,40 5,329 0,52

Total Teleostei determinés

1226 100 280 100 1024,8921 100

Teleostei indeterminé

5976

548,647 Total Teleostei

7202

1573,5391

Tableau 4 Tableau de diversité taxinomique et abondance de téléostéens sur le site Hatahara

Arapaima gigas est un poisson qui peut atteindre jusqu’à 150 kg, tandis que les

Characiformes de petite taille pèsent en moyenne jusqu’à 200 g. Ainsi, on peut observer que

49

le poids de restes nous donne des pistes importantes au niveau de l’apport énergétique des

différents taxa.

1.2.1. Osteoglossiformes

Les Osteoglossiformes, en latin «langue osseuse », constituent un groupe primitif des

Actinoptérygiens. En Amérique du Sud ils sont représentés par deux genres: Osteoglossum et

Arapaima (Nelson, 2005).

Osteoglossiformes > Arapaimatidae > Arapaima gigas

(Pirarucu, paiche)

Un total de 145 restes a été attribué à l’espèce Arapaima gigas, le pirarucu26

avec un

NMI de 48 individus (soit 23% du NMI total). L’Arapaima gigas est sans doute l’espèce la

mieux représentée sur le site Hatahara. La plupart des éléments squelettiques représentés sont

des vertèbres (108 éléments). Plusieurs éléments crâniens sont distribués de façon équilibrée

tels que le basioccipital, le cleithrum, carré, hyomandibulaire et parasphenoïde (Graphique 3).

Le cleithrum est long et large. Il se divise en une aile dorsale verticale et une aile

horizontale ventrale (Figure 18 A). Les os de la voûte céphalique de l’Arapaima gigas sont

ornementés de profonds sillons et de fortes granulations. Le dentaire est l’os le plus long de la

mandibule, il est très épais (Figure 18 C) dans sa portion ventrale (Taverne, 1977). Pour

déterminer le rang des vertèbres d’Arapaima gigas, nous avons suivi l’article de Hilton et al,

2007. Des informations sur l’ostéologie crânienne de l’espèce peuvent être trouvées dans

l’ouvrage Fish skulls (Gregory, 1933).

Jusqu’à récemment, l’Arapaima gigas faisait partie de la famille des Osteoglossidae,

mais actuellement il a été placé dans la famille Arapaimatidae. Le genre Arapaima était

considéré comme monospécifique, et Arapaima gigas était la seule espèce reconnue.

Récemment, une nouvelle espèce a été décrite, le Arapaima agassizii (Stewart, 2013),

néamoins nous n’avons pas d’éléments ostéologiques suffisants pour faire la distinction entre

les deux espèces.

L’Arapaima est un prédateur important de poissons, mais son alimentation peut aussi

inclure mollusques, crustacés et insectes. Il occupe un niveau trophique très élevé des

systèmes aquatiques amazoniens (Goulding, 1980 ; Queiroz, 1999).

26 Le nom « Pira-urucu » vient de la langue Tupi, pira = poisson, urucu = rouge. Il gagne ce nom du à la couleur rouge des

membranes présente entre ses écailles (Queiroz, 1999).

50

Graphique 3 Nombre de Restes par élément anatomique d'Arapaima gigas

0 20 40 60 80 100 120

Prémaxillaire

Dentaire

Opercule

Vertèbre

Rayons de nageoire

Basioccipital

Branchiostèges

Cleithrum

Épiotique

Hyomandibulaire

Os pharyngien

Parasphenoïde

Carré

1

1

2 108

15

1

10

1

2

1

3

1

1

Figure 18 (A) cleithrum gauche, (B) opérculaire droit, (C) dentaire gauche, (D) Arapaima gigas ,

image extraite de: fishbase.org

A B

C

D

51

Osteoglossiformes > Osteoglossidae > Osteoglossum bicirrhosum

(Aruanã)

Un total de 10 restes et un minimum de 4 individus ont été associés à l’espèce

Osteoglossum bicirrhosum, l’aruanã. Les éléments archéologiques identifiés sont les

vertèbres, les seules parties anatomiques présentes dans l’assemblage. L’aruanã est de taille

plus réduite que l’Arapaima, les adultes peuvent atteindre 1 mètre de long et 12 kg.

Deux espèces du genre Osteoglossum sont présentes en Amérique du sud :

Osteoglossum bicirrhosum et Osteoglossum ferreirai, mais la deuxième est seulement

présente dans le Rio Negro. Osteoglossum bicirrhosum vit en bancs proche des embouchures

et des chenaux de lacs, il est est prédateur et s’alimente de poissons, insectes et petits

vertébrés. Osteoglossum bicirrhosum est aussi appelé bayara ou « macaco d’água » parce

qu’il saute sur la surface de l’eau pour capturer ses proies proches des branches des arbres

(Queiroz, 1999 ; Fink et Fink, 1978 ; Goulding, 1980).

Figure 19 Osteoglossum bicirrhosum. Photo: Erêndira Oliveira

1.2.2. Clupeiformes

Clupeomorpha > Clupeiformes > Pristigasteridae

Seulement 1 vertèbre a été identifiée. Les vertèbres des Clupeiformes sont

caractérisées par un centrum perforé, vestige du passage de la corde neurale. Une douzaine

d’espèces sont présentes dans les eaux douces de l’Amérique du Sud. En Amazonie trois

genres sont connus : Ilisha, Pellona (le apapá) et Pristigaster, ils peuvent atteindre jusqu’à 80

cm de longueur pour 3 à 4 kg. Ces groupes habitent dans les igapós, les zones ouvertes des

fleuves, embouchures de lacs. C’est sont des poissons très actifs pendant la nuit, le moment

où ils se nourrissent de poissons de petite taille, ils sont donc d’habitudes crépusculaires

(Goulding, 1980).

52

1.2.3. Characiformes

Les Characiformes forment un groupe très diversifié morphologiquement et

constituent un cas extrême de différentes adaptations et spécialisations trophiques,

écologiques et reproductives. Actuellement, environ 1200 espèces sont présentes en Amérique

du Sud, reparties en 14 familles. Cette grande diversité fait qu’encore de nombreuses espèces

de petite taille ne soient pas décrites. La plus grande partie des characiformes est carnivore,

mais il existe aussi des frugivores, détritivores et planctivores. Les dents des characiformes

sont souvent très développées et adaptées à leur alimentation ; généralement, ils présentent

des dents molariformes (multicuspides) ou en forme de lames fines triangulaires (Goulding,

1980 ; Nelson, 2005; Oliveira et al, 2011). L’ensemble des Characiformes sera présenté selon

l’ordre phylogénétique utilisé par Oliveira et al. (2011), qui offre un des cladogrammes les

plus récents pour le groupe.

Ostariophysi > Characiformes

Sur l’assemblage faunique étudié, les Characiformes sont les mieux representés dans

l’assemblage avec 50% des restes parmi les téléostéens (Tableau 4). Nous avons pu identifier

deux groupes de Characiformes qui se distinguent par la morphologie et la taille des

individus. Pour le groupe des grands Characiformes, l’identification des restes est assez

poussée (généralement au genre ou à l’espèce). Quant aux Characiformes de petite taille,

l’identification a été moins poussée en raison du manque de critères ostéologiques visibles.

Un total de 468 vertèbres précaudales de Characiformes de petite taille ont été

identifiées. Elles sont caractérisées par la présence de deux fossettes latérales. Après

observation des spécimens de la collection de référence, ce schéma est présent sur les15

premières vertèbres précaudales. On a donc choisi d’utiliser le plus grand nombre pour

calculer le NMI. Cela nous donne un NMI de 30. Le poids estimé des individus peut aller de

50 à 200 g. Malgré le fait que calculer le NMI à partir de vertèbres soit peu précis, nous

observons qu’il existe ici un nombre non négligeable d’individus.

53

Ostariophysi > Characiformes > Erythrinidae > Hoplias sp.

(Traíra)

Vingt-deux restes sont attribués à la famille Erythrinidae. Les éléments squelettiques

identifiés sont: prémaxillaire, maxillaire, dents isolés et vertèbres. Six restes ont été associés

au genre Hoplias (traíra) avec un NMI de 4. Hoplias possède des dents coniques et

caniniformes et a un régime carnivore. L’espèce H. malabaricus est la plus répandue, elle

possède un corps cylindrique et peut atteindre 50 cm. Il s’agit d’un poisson présent dans tous

les bassins hydrographiques brésiliens et commun dans les lacs, affluents et forêts inondées

(igapós).

Figure 20 Hoplias malabaricus. Photo: Erêndira Oliveira

Ostariophysi > Characiformes > Cynodontidae > Hydrolycus sp.

(Pirandirá, Cachorra)

Trois restes ont été attribués à Hydrolycus sp., qui proviennent de 2 individus

différents. Il s’agit de deux dents et une vertèbre. Cynodontidae, en latin, veut dire «dent de

chien». Les dents de l’Hydrolycus sont très pointues et caniniformes (Figure 21), il peut

atteindre jusqu’à 50 cm. Son régime est piscivore et il se reproduit au début de la montée des

eaux. Il habite dans les eaux calmes, souvent dans les lacs (Goulding, 1980).

Figure 21 Hydrolycus scomberoides (Photo : fishbase.org)

54

Ostariophysi > Characiformes > Cynodontidae > Rhaphiodon vulpinus

(Ripa/ Peixe cachorro)

Six restes ont été attribués à Rhaphiodon vulpinus. Les éléments squelettiques

identifiés sont constitués de 3 dents et 3 vertèbres. Le Rhaphiodon vulpinus est la plus grande

espèce de la famille des Cynodondidae. Son corps est allongé et il peut atteindre 70 cm de

longueur. Ses dents peuvent être tellement pointues que le prémaxillaire peut avoir deux

foramens pour les recevoir quand sa bouche est fermée. Le Rhaphiodon vulpinus habite dans

les lacs, fleuves et igapós de tous types d’eau et son régime est piscivore (Goulding, 1980).

Figure 22 Rhapidon vulpinus (Ferreira, 1998)

Ostariophysi > Characiformes > Serrasalmidae > Mylossoma sp. / Myleus sp.

(Pacu-manteiga, Pacu branco)

Cinq restes ont été attribués au groupe Mylossoma spp. / Myleus spp., avec un NMI de

3. Les éléments anatomiques présents sont: deux dents, un dentaire, un articulaire et une

vertèbre pré-caudale. On estime que les poissons archéologiques pesaient entre 100 et 300 g.

Les genres Mylossoma, Myleus, Colossoma, Piaractus sont dans le groupe vernaculaire des

« pacus », pour la présence de dents molariformes.

Figure 23 Mylossoma duriventre. Photo : Erêndira Oliveira

Trois espèces de Mylossoma sont répandues en Amazonie : Mylossoma duriventre

(l’espèce la plus grande - 25 cm et 1 kg), Mylossoma aureum et Mylossoma albiscopus. Leurs

dents possèdent des cuspides plus hautes et tranchantes que celles de Colossoma, elles sont

55

plus incisiformes que molariformes et servent à couper les graines en morceaux avant de les

avaler. L’alimentation du Mylossoma est constituée surtout de graines et fruits de petite taille,

mais aussi d’invertébrés terrestres, insectes, zooplancton et détritus.

Quant au genre Myleus, il est moins abondant que le Mylossoma et sa systématique est

encore mal connue. Les milieux écologiques habités par Myleus se différencient de ceux

habités par Mylossoma. Myleus est plutôt restreint aux affluents (de clear waters et white

waters) et son cycle de vie est liée à la dynamique hydrologique de l’affluent (Goulding,

1980).

Ostariophysi > Characiformes > Serrasalmidae > Piaractus brachypomus

(Pirapitinga)

Un total de 7 restes a été attribué à Piaractus brachypomus avec un NMI de 3. On

estime que les poissons archéologiques ont pu avoir entre 1 et 8 kg. Les parties anatomiques

représentées sont : prémaxillaire, dentaire, vertèbres et dents isolées. Les dents de Piaractus

brachypomus se différencient considérablement de celles de Colossoma macropomum (Figure

24).

Piaractus brachypomus est un des poissons du groupe classifiée par Goulding (1980)

comme «fruit - and seed- eating large characins ». Ce groupe comprend les characiformes de

grande taille qui se nourrissent des graines et fruits dispersés dans l’eau pendant la période

d’inondation. Quand le niveau de l’eau commence à baisser, la pirapitinga commence à se

nourrir des feuilles. La pirapitinga est la troisième plus grande espèce de poisson à écaille du

bassin amazonien, après Arapaima gigas et Colossoma macropomum et peut atteindre 85 cm

de long pour 20 kg (Goulding, 1980).

Figure 24 Piaractus brachypomus - pirapitinga (Ferreira, 1998); dents molariformes27

de la pirapitinga

27

http://www.fishbase.org/Photos/PicturesSummary.php?StartRow=4&ID=5808&what=species&TotRec=7

56

Ostariophysi > Characiformes > Serrasalmidae > Colossoma macropomum

(Tambaqui)

Un total de 61 restes a été identifié pour Colossoma macropopum avec un NMI de 20.

Il s’agit du deuxième poisson le plus représenté dans l’assemblage en NR et en NMI (9% du

NMI). Le tambaqui est sans doute le plus grand Characiforme de l’Amazonie, il peut atteindre

plus de 1 mètre de long et 30 kg (Figure 26 B). Dans l’ensemble archéologique étudié, les

individus ont un poids estimé allant de 0,5 à 13 kg, ce qui montre une exploitation d’individus

de différentes tailles. Le plus grand nombre d’éléments anatomiques présents dans

l’assemblage vient des dents isolées.

Les dents molariformes de C. macropopum ont été facilement repérables dans

l’ensemble, surtout dans la fraction de 2 mm. Ces dents sont larges, multi-cuspides et

incisives. Quant à la répresentation squelettique (Graphique 4), nous observons un équilibre

dans la représentation des parties crâniennes (dentaire, prémaxillaire, articulaire, opercule,

supra-occipital, basiptérigoide). Cinq rayons de nageoires lui ont aussi été attribués. Une série

articulaire-dentaire a été retrouvée en connexion (Figure 25 A et B), aisi qu’une série de

dentaire ( 25 C).

Graphique 4 : Nombre de Restes (NR) par élément anatomique de Colossoma macropomum

0 10 20 30 40

NR

32

4

8

3

1

1

1

10

5

Nombre de Restes (NR) par élément anatomique du Colossoma macropomum (tambaqui)

Rayons de nageoire

Vertèbre

Basyptérigoïde

Supraoccipital

Opércule

Articulaire

Dentaire

Prémaxillaire

Dent isolée

57

Figure 2528

: Matériel archéologique attribué à Colossoma macropomum (A) dentaire et articulaire

gauches en connexion, vue labiale, (B) idem vue linguale, (C) dentaires gauche et droit

Figure 26 : (D) vertèbre pré-caudale; (E) Colossoma macropomum (Image: fishbase.org)

Colossoma macropomum est présent dans toute l’Amérique du Sud. C’est un

l’exemple de poisson omnivore, mais surtout frugivore. Les dents molariformes (épaisses,

trapues et très fortement insérées dans la machôire) sont utilisées dans la mastication par

28

Les photos qui ne méntionnent pas les crédits de l’image ont été prises et modifiés par l’auteur mémoire.

A B

C

D

E

58

concassage des noix très dures et des fruits de palmier. Pendant la période des pluies,

Colossoma macropomum se disperse dans les forêts inondées, où va se nourrir.

Pendant la période sèche, il est confiné dans le lit majeur et dans les lagos da várzea

où il se nourrit de phytoplancton, zooplancton et macrophytes. Les caractéristiques

écologiques liées aux cycles alimentaires et reproductifs sont essentiels pour comprendre

l’exploitation de cette espèce et seront rediscutés dans la partie Discussion (Goulding, 1980 ;

1982 ; Meunier, 2004).

Ostariophysi > Characiformes > Serrasalmidae > Serrasalminae (Colossoma

macropomum/Piaractus brachypomus)

(Pacus)

Un total de 18 restes ont été placés dans un groupe que nous avons appelé

« Serrasalminae », qui comprend les grandes espèces Colossoma macropomum et Piaractus

brachypomus. Comme déjà signalée, le dénominateur commun entre ces deux espèces est la

présence d’un appareil buccal renforcé avec des dents molariformes. Les éléments attribués à

ce groupe ne présentaient pas des critères anatomiques suffisants pour distinguer entre les

deux espèces en question, soit à cause de la fragmentation, soit en cas de doute.

Ostariophysi > Characiformes > Serrasalmidae > Pygocentrus sp. /Serrasalmus sp.

(Piranha)

Un total de 11 restes et un NMI de 5 ont été attribués au groupe Pygocentrus sp.

/Serrasalmus sp., les piranhas carnassières. Il s’agit d’un dentaire (attribué à Serrasalmus

sp.) et de dents isolées. Ces dents sont très caractéristiques du groupe, c’est-à-dire,

incisiformes pointues et tranchantes utilisées pour couper (Figure 27). En effet, les piranhas

sont majoritairement carnivores (ichtyophages). Le poids estimé des individus est d’environ

400 g.

Il existe environ 20 espèces de piranhas dans le bassin amazonien, ils sont souvent

présents dans les lacs et lagunes. Ces poissons n’effectuent pas de grandes migrations, elles

habitent plutôt dans les eaux calmes, à l’exception des grandes espèces comme la Serrasalmus

rhombeus (piranha preta), qui peut aussi habiter dans les eaux courantes. Une des espèces les

plus abondantes dans la région de confluence est Pygocentrus nattereri (piranha-caju).

Les attaques de piranhas sont très rares mais peuvent arriver pendant l’époque sèche,

quand le niveau de l’eau est bas et que les poissons sont très concentrés. Toutefois, ils sont

59

facilement repérés dans les lacs quand ils attaquent d’autres poissons (Goulding, 1980 ;

Meunier, 2004).

Figure 27 : Serrasalmus rhombeus (piranha preta). Photos : M. Jégu29

.

Ostariophysi > Characiformes > Anostomidae

(Aracu)

Cinq vertèbres ont été attribuées à la famille Anostomidae (aracu), mais ce nombre a

été probablement sous-estimé dans l’assemblage par le manque de critères ostéologiques.

Les Anostomidae possèdent un corps très allongé, une bouche réduite. Cette famille

est distribuée en 12 genres, avec environ 90 à 100 espèces sont présentes dans le bassin

amazonien (Nelson, 2005). Les genres les plus abondants dans la région amazonienne,

Schizodon et Leporinus, atteignent environ 40 cm et se nourrissent de fruits, graines, insectes

aquatiques, plantes aquatiques, invertébrées et poissons de petite taille. Ils vivent

normalement dans les lagos de várzea, ainsi que dans le lit majeur. Les Anostomidae se

reproduisent au début de la montée des eaux dans les embouchures ou dans les marges des

lacs (Goulding, 1980).

Figure 28 Schizodon fasciatus (Ferreira 1998)

29 http://www.fishbase.org/Photos/ThumbnailsSummary.php?ID=11970

60

Ostariophysi > Characiformes > Prochilodontidae

(Jaraqui, curimatã)

Une seule vertèbre a été attribuée à la famille Prochilodontidae (jaraqui, curimatã).

Probablement le nombre d’éléments de cette famille a-t-il été sous-estimé dans l’assemblage.

Les Procholodontidae sont très abondants dans tous les types de rivières du bassin

Amazonien, ils peuvent attendre environ 35 cm. La famille est constituée de trois genres :

Prochilodus, Semaprochilodus et Ichthyoelephas. La plupart des espèces sont herbivores ou

détritivores. La ponte se passe au début de la période des pluies, les femelles se retrouvent

proche de la surface et les mâles restent près du fond et produisent des sons audibles par les

pêcheurs (Nelson, 2005 ; Goulding, 1980).

Figure 29 Semaprochilodus insignis (Ferreira, 1998)

Ostariophysi > Characiformes > Characidae > Brycon sp.

(Jatuarana, Matrinxã)

Un total de 5 restes ont été identifiés (2 dents, 1 dentaire et 2 vertèbres) avec un NMI

de 3. Tous les éléments archéologiques attribués à ce taxon ont été repérés dans la fraction de

2 mm en raison de leur petite taille. Les dents sont facilement réconnaissables dans la fraction

de 2mm. Le poids estimé des individus varie entre 0,3 et 1 kg.

Par manque de critères anatomiques existants pour différencier les espèces du genre

Brycon, nous avons choisi de rester au niveau taxinomique générique. Les deux espèces les

plus abondantes dans le bassin amazonien sont Brycon melanopterus (jatuarana) et Brycon

amazonicus (matrinxã).

Brycon amazonicus est l’espèce du genre qui peut atteindre la plus grande taille,

environ 4 kg et 50 cm. Il s’agit de poissons avec un appareil buccal robuste et dentition

complexe, probablement liée au broyage. Le Brycon put habiter dans le lit des grands cours

d’eau, mais aussi dans les affluents et dans les lacs (Goulding, 1980). Les migrations du

61

Brycon se rassemblent à celles des Characiformes de grande taille, qui sera mieux discuté

dans la Discussion.

Figure 30 Brycon amazonicus (matrinxã). Image extraite et modifiée d’après fishbase.org

30

1.2.4. Siluriformes

(Bagres)

L’ordre des Siluriformes, poissons-chats (catfishes), est le deuxième plus représenté

(en NR), soit 24% des restes de téléostéeens (Tableau 3). Les parties anatomiques les mieux

conservées dans le matériel sont les épines pectorales/dorsales, qui sont massives et pointues.

Quelques élements crâniens sont aussi présents. Les vertèbres sont rarement conservées,

probablement car elles sont fines et légères par rapport aux éléments crâniens.

La diversité de taxons identifiés (10) à l’intérieur des Siluriformes est ici assez élevée.

Ils sont distribués en cinq familles: Doradidae, Auchenipteridae, Pimelodidae, Callichthyidae

et Loricariidae. La mieux représentée, en NR, est la famille Doradidae. Quant à la taille des

individus archéologiques, elle est très variable, allant de 20 g (Pimelodus spp.) à 40 kg

(Phractocephalus hemioliopterus).

Les taxons identifiés seront présentés suivant l’ordre taxinomique utilisé par Nelson

(2005). Le total 125 restes (NMI = 24) a été placé dans l’ordre des Siluriformes, mais n’ont

pas pu être attribués à une famille, genre ou espèce. Ces restes sont constitués majoritairement

d’épines pectorales et dorsales, cependant, le manque de critères anatomiques suffisants pour

l’identification à partir d’éléments isolés nous a amené à ne pas pousser l’identification.

Au delà d’une grande diversité d’espèces, les poissons-chats sont aussi distribués dans

différents milieux, mais ils sont généralement benthiques et d’habitudes nocturnes (Fink et

Fink, 1979; Barthem et Goulding, 1997). Une grande majorité des siluriformes possèdent des

barbillons et des dents nombreuses mais très fines.

30

http://www.fishbase.org/Photos/ThumbnailsSummary.php?ID=52992#

62

Ostariophysi > Siluriformes > Callichthyidae

(Tamoatá)

Un total de 14 restes et 7 individus ont été attribués à la famille Callichthyidae. Les

éléments anatomiques plus diagnostiques sont les épines pectorales (Figure 31 A), qui sont

pointues et massives.

Nous avons aussi identifiée des plaques corporelles osseuses, qui ont été repérées

assez facilement dans la fraction de 2 mm. En effet, le corps des Callichthydae présente deux

rangées de plaques (deux de chaque côté) qui recouvrent le corps de l’animal comme des

chevrons (Figure 31 B).

Le poids estimé des individus se situe entre 60 et 70 g. Etant donné que la

systématique des membres de la famille Callichthyidae est encore peu étudiée, nous avons

choisi de ne pas descendre au genre ou à l’espèce.

La plupart des Callichthyidae ne dépassent pas les 20 cm. peuvent habiter dans des

eaux désoxygénées et se déplacer sur des sols humides grâce à une respiration aérienne. Les

genres les plus abondants en Amazonie Centrale à l’heure actuelle sont Hoplosternum et

Corydoras. Le tamoatá vit dans le fond et se nourrit de larves et insectes aquatiques (Fink et

Fink, 1978 ; Goulding, 1980 ; Nelson, 2005).

Figure 31 : (A) épine pectorale gauche; (B) Hoplosternum littorale, tamoatá (Ferreira, 1998)

Ostariophysi > Siluriformes > Loricariidae

(Bodó)

Un total de 33 restes et un NMI de 8 ont été attribués à Loricariidae. Les éléments

anatomiques présents sont majoritairement des épines pectorales et des éléments crâniens

(Figure 32 A) ainsi que des vertèbres et des plaques latérales. Les individus archéologiques

ont des poids estimés allant de 500 à 900 g.

La famille Loricariidae est la famille plus large entre les Siluriformes en nombre

d’espèces de l’Amérique du Sud. Ils sont caractérisés par leur corps couverts de plaques

osseuses. La bouche, en forme de disque, est ventrale (Figure 32 D), elle sert à aspirer les

aliments et à se fixer sur les roches et des troncs de bois. Ces poissons peuvent s’adapter à

A B

63

différents milieux : dans les eaux rapides, dans les fonds boueux ou dans les lagunes

stagnantes. La plupart des Loricariidae ne dépassent pas 30 cm de long (Fink et Fink, 1978).

Figure 32 : (A) méséthmoïde Loricariidae, vues dorsale ; (B) idem vue ventrale ; (C) vertèbre

Loricariidae ; (D) Pterygoplichthys pardalis, le bodó (Ferreira, 1998)

Ostariophysi > Siluriformes > Doradidae

Un total de 61 restes ont été associés à la famille Doradidae et un minimum de 27

individus. Les restes comprennent surtout des épines pectorales et dorsales, ainsi que des

plaques latérales. Une de ces plaques, trouvée dans la F1 pourrait appartenir au genre

Megalodoras (Figure 33 B). La difficulté d’identification est due à la grande diversité de la

famille dans la région, au moins 11 genres (Saint-Paul, 2000), ainsi qu’au manque

d’espécimens de comparaison. La famille Doradidae est caractérisée par la présence d’une

rangée latérale de plaques osseuses (scutes), la plupart épineuses (Figure 33 C). Les épines

pectorales et dorsales sont dentelées en dents de scie (Figure 33 A).

La plupart des espèces de la famille Doradidae atteignent environ 20 cm, toutefois,

quatre genres peuvent atteindre des grandes tailles: Pterodoras, Megalodoras, Oxydoras et

Lithodoras. Ils sont connus comme des « poissons parleurs » car ils produisent des sons quand

ils frottent leurs épines pectorales ou les nageoires. Les espèces de grande taille de cette

famille vivent, généralement, dans le fond du lit majeur et s’alimentent de larves d’insectes

aquatiques (Fink et Fink, 1978).

B C

D

A

64

Figure 33 (A) épine pectorale gauche de Doradidae de grande taille (archéologique) ; (B) scute latérale

archéologique Doradidae (archéologique) - photos : G.P-Carneiro ; (C) scutes latérales Megalodoras

(actuel), photo : José Birindelli

Ostariophysi > Siluriformes > Doradidae > Pterodoras granulosus

(Armado)

Un total de 11 restes ont été attribués à l’espèce cf. Pterodoras granulosus, avec un

NMI de 4 individus. Les restes comprennent des épines pectorales, un mésethmoïde, des

plaques latérales et un basioccipitale. Les individus archéologiques ont un poids estimé de 0,3

à 6 kg. Pterodoras granulosus, ou armado, peut atteindre jusqu’à 70 cm (LT) et 6,5 kg. Il

s’agit d’un poisson migrateur, de large distribution en Amérique du Sud. L’armado est un

prédateur nocturne qui se regroupe en petits bancs. L’espèce est omnivore, mais de tendance

herbivore, en mangeant surtout sur des graines et fruits, insectes et mollusques (Agostinho et

al., 2009).

B

A

C

A

65

Figure 34 (A) Pterorodas granulosus Collection d’Ichtyologie MNHN, (B)Méséthmoïde Pterodoras

granulosus, vue dorsale (C) épine dorsale cf. Pterodoras granulosus

Ostariophysi > Siluriformes > Doradidae > Oxydoras niger

(Cuiú-cuiú)

Huit restes ont été attribués à Oxydoras niger avec un NMI de 4. Les éléments

anatomiques identifiés sont : un mésethmoïde (Figure 35 A), des épines pectorales, une

plaque nucale. Le poids estimé varie entre 1 et 4 kg. Il s’agit d’une des espèces de la famille

des Doradidae qui peut atteindre des plus grandes tailles - 1,2 mètres et 20 kg. Oxydoras niger

n’a pas de dents, il possède une bouche suceuse qu’il utilise pour aspirer les invertebrés

aquatiques qui se trouvent dans le fond du lit majeur (Goulding, 1980).

Figure 35: (A) mésethmoïde, vues dorsal (B) Oxydoras niger (Ferreira, 1998)

Ostariophysi > Siluriformes > Auchenipteridae

Un total de 4 restes et un NMI de 4 ont été associés à la famille Auchenipteridae. Le

poids estimé des individus ne dépasse pas 10 g. Les espèces de cette famille atteignent

environ 15 cm. Les restes archéologiques comprennent des épines pectorales, très robustes.

Il s’agit généralement de poissons qui vivent en bancs. La grande diversité d’espèces

d’Auchenipteridae a rendu difficile une identification taxinomique plus précise (Goulding,

1980).

A B

B

C

66

Ostariophysi > Siluriformes > Pimelodidae

Un total de 13 restes et un NMI de 9 ont été attribués à la famille Pimelodidae31

. Les

éléments retrouvés sont majoritairement des épines pectorales, un dentaire et un basioccipital.

Les individus peuvent avoir de 20 à 200 g. L’identification des espèces de Pimelodidae de

petite taille a été difficile par manque de critères anatomiques et de la difficulté d’avoir

l’ensemble ces espèces en collection de référence.

Les Pimelodidae constituent la deuxième famille plus importante de Siluriformes

néotropicaux en nombre d’espèces (31 genres et au moins 85 espèces). Ecologiquement, les

Pimelodidae sont probablement les plus diversifiés, incluant ses petites formes ainsi que des

grands prédateurs. Le plus grand siluriforme amazonien, le Brachyplastystoma filamentosum

peut atteindre 2,8 mètres (Goulding, 1980). La plupart des membres de cette famille sont

piscivores, mais peuvent aussi se nourrir de végétaux et d’invertébrés (Fink et Fink, 1979).

Ostariophysi > Siluriformes > Pimelodidae > Pimelodus sp.

(Mandí)

Huit restes ont été associés à Pimelodus sp. et un NMI de 5. Les éléments identifiés

sont surtout des épines pectorales. Les individus ont des poids estimé allant de 30 à 1000 g.

L’espèce plus abondante dans le bassin amazonien est Pimelodus blochii, qui atteint environ

20 cm. Elle peut s’adapter à une vie de surface, en mangeant des fruits et graines ou à la vie

benthique. Elle vit en bancs dans les eaux blanches turbides des lacs ou du lit majeur.

Figure 36 Pimelodus blochii. (Photo : M. H. Sabaj32

)

31

Ce nombre comprend les restes qui n’ont pas pu être attribués à un niveau taxinomique plus poussé. Les restes

determinés à l’espèce seront présentés par la suite.

32 Image extraite du site All catfish species inventory http://silurus.ansp.org/index.html

67

Ostariophysi > Siluriformes > Pimelodidae > Pseudoplatystoma tigrinum

(Carapari, tigre, zungaro)

Huit restes ont été associés à Pseudoplatystoma tigrinum avec un NMI de 4. Les

parties anatomiques comprennent surtout des pièces crâniennes : dentaire (Figure 37 A),

articulaire (Figure 37 B), mésethmoïde, operculaire, carré, sphénotique. Les individus

archéologiques ont des poids estimés allant de 3 à 6 kg. A l’heure actuelle, ils peuvent

atteindre 1,2 met 17 kg, environ. Cette espèce habite le grands fleuve et ses affluents et elle

peut se répandre dans la forêt inondée pendant la période des pluies (Goulding, 1980 ;

Barthem et al, 1997).

Figure 37 (A) Dentaire gauche (vue dorsale), (B) articulaire droit (vue linguale)

Figure 38 : Pseudoplatystoma tigrinum (Ferreira, 1998)

Ostariophysi > Siluriformes > Pimelodidae >Phractocephalus hemioliopterus

(Pirarara, Guacamayo)

Six restes et deux individus sont attribués à Phractocephalus hemioliopterus. Le poids

estimé des deux individus sont de 10 et 40 kg. Les éléments identifiés sont : carré, cleithrum

(Figure 39 A). Cette espèce est une des plus grandes parmi les siluriformes, elle peut atteindre

1,3 mètres et 50 kg (Figure 39 B).

A B

68

La pirarara peut habiter dans le lit majeur des cours d’eau. Son alimentation

comprend surtout des fruits et graines (Astrocaryum jauari, Annona hypoglauca) pendant la

saison de pluies, mais aussi des poissons et des invertébrés aquatiques (crabes et autres)

pendant la saison sèche (Goulding, 1980 ; Barthem et al, 1997).

Figure 39 : (A) Cleithrum archéologique Phractocephalus hemioliopterus (B) Phractocephalus

hemioliopterus (pirarara) Photo: Andrade, M. C. (fishbase.org)

1.2.5. Symbranchiformes

(Muçum, pirambóia, enguia-de-água-doce)

Les Symbranchiformes sont des téléostéens très spécialisés. Il s’agit d’un groupe

monophylétique caractérisé par un corps allongé (Figure 41), absence de nageoires pelviennes

et anales, queue très fine, absence d’écailles et yeux réduits (quelques espèces sont aveugles).

Il s’agit d’un groupe adapté à la vie dans des eaux désoxygénées car ils peuvent respirer l’air

de la surface. Le Symbranchiformes sont des poissons prédateurs actifs pendant la nuit qui

passent la journée enfouis dans la boue, dans les fonds des lacs ou marais (Goulding, 1980,

Nelson, 2005).

Une seule famille est connue en Amérique du Sud, la famille des Synbranchidae. Deux

espèces sont décrites en Amazonie, le Synbranchus marmoratus et le Synbranchus madeirae

(Rosen et Rumney, 1972) mais au moins une autre espèce a été identifié dans le site Lommas,

A

B

69

en Bolivie (Béarez et Prümers, 2007). Les spécimens du site Hatahara ont été comparés aux

espèces mentionnés, mais nous avons identifié probablement encore deux espèces différentes.

Six restes et 3 individus ont été attribués au genre Synbranchus. Les éléments

représentés sont 3 dentaires et des vertèbres. Les vertèbres des Symbranchiformes présentent

une forme très particulière par rapport à la plupart des groupes de téléostéens. En vue latérale,

le centrum est déplacé antérieurement, donnant un aspect ophistocoele (Figures 40 A). Tandis

que chez une vertèbre biconique « standard », amphicoele, les cônes sont équidistants du

centrum.

Figure 40 : vertèbre de Symbranchus sp. (A) vue latérale (B) vue dorsale (C) antérieur

Figure 41 : Symbranchus marmoratus, dessin de Paul Louis Oudart dans Alcide d’Orbigny (1847)

Ostariophysi > Symbanchiformes > Synbranchus sp.1

Deux éléments ont été attribués à Synbranchus sp.1 avec un NMI de 2. Il s’agit de

deux dentaires gauches. Il présente une seule rangée de dents très fines (Figure 42 B). En vue

occlusale, la portion antérieure du dentaire présente un bulbe plus au moins circulaire où

s’insèrent des dents. Ce dentaire resemble à celui du Symbranchus sp. 1, présenté par Béarez

et Prümers (2007). Mais dans le cas ici presenté, en vue labiale, l’extremité antérieure de l’os

prend une forme oblique, tandis que l’autre est carré (90°). Il se différentie aussi de

Symbranchus marmoratus33

) qui possède deux rangées de dents à la place d’une seule.

33

La reférence de l’especimen consulté de la collection est presente dans l’Annexe 7.

A B C

70

Figure 42 : Dentaire gauche attribuée à l'espèce Symbranchus sp 1. vues: (A) labiale et (B) occlusale

Ostariophysi > Symbanchiformes > Synbranchus sp.2

Deux restes deux individus différents ont été attribués à Synbranchus sp.2. Il s’agit

d’un dentaire gauche et un droit. En vue occlusale (Figure 43 C), le Symbranchus sp. 2 est

caractérisée par au moins 6 rangées dentaires. Encore en vue occlusale, la portion antérieure

du dentaire n’est pas circulaire, mais rectangulaire. En vue labiale (Figure 43 A), sa forme

possède une inclinaison d’environ 10°, qui la différencie de la première espèce.

Figure 43 : Dentaire gauche de Synbranchus sp. 2. Vues: (A) labiale, (B) linguale, (C) occlusale.

1.2.6. Perciformes

L’ordre des Perciformes est le plus diversifié parmi les téléostéens. Les deux familles

de Perciformes les mieux représentées dans le bassin amazonien sont les Cichlidae et les

Sciaenidae (Nelson, 2005).

Perciformes > Sciaenidae > Plagioscion squamosissimus

(Pescada branca, corvina)

Vingt éléments ont été attribués à l’espèce Plagioscion squamosissimus et un NMI de

9. Les éléments crâniens et postcrâniens y sont présents de façon équilibrée. Le poids estimé

des individus archéologiques varie entre 0,4 et 3 kg (un seul individu de 400g). Plagioscion

A B

A B C

71

squamosissimus peut atteindre jusqu’à 60 cm et vit en bancs dans le fond du lit majeur ou

dans les lagos de várzea. Son régime alimentaire est presque complètement piscivore. Elle

peut effectuer des mouvements migratoires importants, qui seront repris lors de la Discussion

(Fink et Fink, 1979 ; Goulding, 1980).

Figure 44: Plagioscion squamosissimus, la pescada branca. Mercado de Tefé-AM, photo: Erêndira Oliveira

Perciformes > Cichlidae

(Acará açu, Acará jurupari, Jacundá)

Nous avons pu identifier deux groupes de Cichlidae qui se distinguent par la

morphologie et la taille des individus. Un total de 87 restes a été attribué aux Cichlidae de

petite taille, le poids estimé de ces individus varie entre 20 et 500g. D’après l’observation des

spécimens actuels de la collection de référence, les vertèbres précaudales sont au nombre de

15. Si on divise le nombre total de vertèbres précaudales archéologiques par 15, on obtient un

NMI de 6 individus.

A partir de l’analyse des éléments crâniens, nous avons pu identifier cinq genres

différents de Cichlidae. Cinq éléments ont été attribués à Astronotus sp. (NMI = 3). Un

articulaire a été attribué à Chrenicichla sp. (NMI = 1). Un maxillaire a été attribué à

Cichlasoma sp. (NMI = 1). Un dentaire a été attribué à Acaronia sp. Et trois restes (1

hyomandibulaire, 1 un carré et 1 articulaire) ont été attribués à cf. Satanoperca sp. (NMI = 2).

Il est important d’observer que Satanoperca sp. est le poisson de taille plus petite identifié sur

le site Hatahara.

La plus grande partie des Cichlidae habitent dans les eaux lentes et sont omnivores,

s’alimentent principalement de végétaux, fruits et invertébrées. (Fink et Fink, 1979 ;

Goulding, 1980).

72

Figure 45 :(A) Satanoperca jurupari; (B) Astronotus ocellatus; (C) Cichlasoma amazonarum (Ferreira,

1998)

Perciformes > Cichlidae > Cichla spp.

(Tucunaré, pavón)

Vingt six éléments ont été attribués à Cichla spp. (tucunaré) avec un NMI de 15. Le

poids estimé des individus varie entre 0,7 et 4kg. Les éléments majoritairement présents sont

les vertèbres, suivies par des éléments crâniens (dentaire, prémaxillaire, carré, basioccipital).

En vue ventrale, on observe que les vertèbres précaudales du genre Cichla présentent que les

deux sillons ventraux assimetriques (Figure 46 A).

Une des espèces plus abondantes à l’heure actuelle est Cichla monoculus, qui peut

atteindre jusqu’à 50 cm de longueur. Les grands Cichilidae amazoniens sont carnivores et

piscivores, ils peuvent rentrer dans les affluents ou dans les lacs pour poursuivre leur proie

(Goulding, 1980).

Figure 46 : (A) Vertèbre de Cichla spp., (B) Cichla monoculus (Ferreira, 1998)

1.3. Lissamphibia

Les restes possiblement associés aux lissamphibiens ont été repérés dans la fraction de

2 mm. Toutefois, la grande fragmentation de ces éléments n’a pas permis une identification

taxinomique fine.

Taxa Nom vernaculaire NR NMI Poids

Pipa sp. pipa, sapo-aru 1 1 0,05 Total Lissamphibia

2

0,05

Tableau 5 Tableau récaptulatif des lissamphibiens

A B C

A B

73

Anoura > Pipidae > Pipa sp.

(Pipa, sapo-aru)

Une seule vertèbre a pu être attribuée au genre Pipa. Il s’agit d’une vertèbre pré-

sacrale opisthocoele. L’arc neural est allongé et porte une crête bien développée. Les

processus transverses sont plats et situés sous les pré-zygapophyses. L’ensemble de ces

caractères sont trouvés chez la famille Pipidae (Trueb et al., 2000).

Les membres du genre Pipa possèdent une tête triangulaire et un corps aplati. Ce genre

est totalment aquatique et habite dans les fonds vaseux des fleuves tropicaux.

1.4. Reptilia

Parmi les reptiles, on retrouve des chéloniens, des crocodiliens, des serpents et des

lacertiliens. En Nombre de Restes, les chéloniens prédominent l’assemblage avec 75% du NR

total pour les reptiles (Tableau 6). Les différents groupes seront par la suite.

Taxa Nom vernaculaire NR NMI Poids

Chelonii indeterminés

1419

1092,18 Podocnemis sp. tracajá 21 10 162,46 cf. Podocnemis sp.

50 9 329,66

Podocnemidae

8 4 34,19 Alligatoridae

288 4 251,30

Caiman cf. crododilus jacaretinga 34 1 36,37 Serpentes indeterminés

56 1 5,798

Eunectes sp. sucuruju, anaconda 12 6 6,5 Boidae

1 1 0,01

Colubridae

18 4 6,45 Lacertilia lagarto 2

0,34

Tupinambis sp. lagarto teiú 1 1 2,99 Gekkonidae lagartixa 1 1 0,004

Total Reptilia 1911 42 1928,252

Tableau 6 : Tableau récaptulatif des Reptiliens

1.4.1. Chelonii

L’identification de chéloniens en contexte archéologique est une pratique de plus en

plus courante en archéozoologie (Royer, 2008; Sobolik et al., 1996 ; Ramos et Zorro, 2011).

Quelques guides fournissent des bases méthodologiques et anatomiques, cependant la

description anatomique est encore restreinte à un nombre réduit d’espèces. Pour

l’identification des groupes présents dans la région étudiée, nous avons aussi utilisé Gaffney

et al.(2011), Carvalho et al (2002), Vieira et al. (2007), Bona et Alcade (2009) et Lima et al.

(2011).

Un total de 1498 restes a été attribué aux Chelonii et 79 restes (soit 5,3 % du total) ont

pu être identifiés à une catégorie taxinomique plus précise, famille ou genre. La représentation

74

des restes permet d’observer que les grands ensembles anatomiques (membres antérieurs et

postérieurs, ceintures, vertèbres) sont présents dans l’assemblage (voir Graphique 5).

Néanmoins, les plaques de la carapace (plaques pleurales, périphériques) sont les plus

abondantes. Selon Sobolik et al. (1996), ces éléments sont souvent mieux préservés dans les

contextes archéologiques car ils sont les plus massifs et résistants. Une planche anatomique de

la dossière (carapace) et plastron sont proposées en Annexe 8.

Graphique 5 : Représentation des NR de Chelonii. La totalité des restes de chéloniens a été prise en

compte

Chelonii > Pleurodira

Les tortues sud-américaines peuvent être Pleurodires ou Cryptodires. Un critère

ostéologique utilisé pour les distinguer est l’empreinte de la ceinture pelvienne sur le plastron.

Lors de cette étude, nous avons pu observer sur la portion dorsale du xiphiplastron

(échantillon PN 10929) la présence de marques de suture de la ceinture pelvienne (pubis et

ischion). Cela nous permet d’attribuer ce reste à une tortue Pleurodire (Carvalho et al, 2002 ;

França et al, 2005). La forme du xiphiplastron peut être utilisée pour déterminer le sexe de

l’animal. La portion de l’encoche anale est très peu développée chez les femelles et elle est en

forme de « U » chez les mâles (Vieira et al, 2007).

0 200 400 600 800 1000

epiplastron

fragments de carapace

fragments de plastron

frag. de carapace/plastron indeterminés

hypoplastron

carré

fémur

humérus

plaques neurales

plaques péripheriques

plaque nucale

palatin

parietale

phalanges

plaques pleurales

radius

scapula

vertèbres

xiphiplastron

4

147

6

905

5

2

3

3

11

23

1

1

1

7

27

2

1

2

4

75

Chelonii >Pleurodira> Podocnemididae

Un total de 8 restes a été associé à la famille Podocnemididae. Une présentation des

critères ostéologiques utilisés sera exposée par la suite. Le NMI est de 4 individus, ce calcul

été effectué en considérant les différentes US, les parties anatomiques et les tailles des

individus à l’intérieur d’une US.

Les plaques pleurales des Podocnemididae (Broin et al, 1993) sont souvent lisses et

légèrement courbes, comme nous pouvons observer dans la Figure 47.

Figure 47 : Plaque pleurale droite associé à la famille Podocnemididae

Un deuxième caractère commun à la famille est la forme des plaques périphériques

crâniennes et caudales (França et al,2005). Deux plaques périphériques postérieures ont été

identifiées dans l’échantillon PN 10946 (Figure 48).

Figure 48 : Plaques périphériques caudales 9 et 10 Podocnemididae

Chelonii >Pleurodira> Podocnemididae > cf. Podocnemis spp.

(Tartaruga-da-amazônia)

Les restes attribués à Podocnemis spp. et (cf.) Podocnemis spp. seront présentés et

comptés ensemble. Ainsi, nous obtenons un total de 71 restes et un NMI de 19.

76

A partir de la collection de référence, nous avons estimé la taille approximative de la

carapace des individus. Ainsi, nous avons 8 individus qui pourraient avoir entre 10 et 20 cm

(longueur de la carapace). Six individus de 30 à 50 cm et finalement 4 individus d’environ 70

cm. Il est nécessaire de souligner que les tailles varient en fonction de l’espèce, de l’âge et du

sexe de l’animal (Bonin et al, 1998). Rappelons que des études morphométriques (sur la

corrélation entre la taille d’un élément et la taille total) seraient nécessaires pour une

reconstitution fidèle de la taille des individus.

Deux genres de la famille Podocnemididae sont présents à l’heure actuelle en

Amérique du Sud : Podocnemis et Peltocephalus. Quelques critères ont été développés sur la

distinction entre ces genres. Chez Peltocephalus, la carapace porte une carène médiane bien

développée tandis que Podocnemis expansa n’en a pas (la dossière est lisse et aplatie). La

présence de cette carène pourrait être observée sur les plaques neurales, mais celles de

l’assemblage archéologiques sont lisses. Ce critère nous permet donc d’éliminer le genre

Peltocephalus.

Le genre Podocnemis présente le lobe antérieur du plastron au contour arrondi (Figure

49 A). L’entoplastron de Podocnemis est traversé par des sillons qui séparent les écailles

humérales et pectorales, le sillon huméropectoral (Figure 49 B), il est situé plus en avant que

chez Peltocephalus. Chez ce dernier, le sillon se trouve postérieurement à la suture épi-

hyoplastrale tandis que chez Podocnemis le sillon s’unit au milieu ou presque de

l’entoplastron (Carvalho et al, 2002). Cela nous amène à associer l’échantillon PN 10841 au

genre Podocnemis.

Figure 49 (A) Plastron de Podocnemis nigrii, légende : ab : abdominal scute ; En : endoplastron ; Epi :

epiplastron ; hu : humeral scute ; ig : intergulaire scute ; g : écaille gulaire; Meso : mesoplastron ; pec :

pectoral scute. Schéma extrait de Carvalho et al, 2002 ; (B) (échantillon PN 10841) Epiplastron (gauche +

droit) et entoplastron archéologique attribué au genre Podocnemis spp, les flèches indiquent les sillons de

l’écaille huméro-pectorale, échelle : 5 cm (Photo : G.P.-Carneiro)

A B

77

Les plaques neurales 2-4 sont plus longues que larges, de forme héxagonale. La plaque

neurale 3 est traversée par un sillon d’écailles vertébrales 2 et 3 (França, 2004). Ce sillon est

convexe crânialement chez Podocnemis expansa et Podocnemis sextuberculata, un critère que

nous pouvons observer sur la plaque neurale 3 de la figure 50 et qui nous permet d’associer

cet élément au genre Podocnemis.

Figure 50 : échantillon PN 10946 Plaque neurale 3 Podocnemididae, cf. Podocnemis

Au niveau du processus médial de l’humérus, chez Podocnemis, la marge proximale

du processus médiale dépasse legèrement le plan de la tête humérale (voir figure 51 D).

Tandis que chez Peltocephalus, le processus médial se situe dans le même plan que la tête

humérale (voir figure 51 E) (França, 2004). Ce critère nous permet d’associer l’échantillon

PN 10960 (figure 63 A) au genre Podonemis spp.

Figure 51 Humérus droit en vue dorsale (C) cf. Podocnemis PN 10960 (D) Podocnemis expansa, (E),

Peltocephalus dumerilianus. Image extraite de França (2004). Les lignes continues délimitent la limite

proximale du processus médial et et les lignes pointillés indiquent la limite proximale de la tête humérale.

C

78

Le genre Podocnemis34

est répresenté à l’heure actuelle dans la région d’étude par:

Podocnemis erythrocephala (irapuca), Podocnemis sextuberculata (iaçá), Podocnemis

expansa (tartaruga-da-Amazônia) et Podocnemis unifilis (tracajá). Les tortues du genre

Podocnemis sont caractérisées par leur grande taille, par la présence de grandes écailles à la

patte arrière (du nom Podocnemis) et par la présence d’un sillon frontal en avant des yeux.

Généralement, les mâles sont plus petits que les femelles.

Figure 52 Tortues de la famille Podocnemididae (A) Peltocephalus dumerilianus (cabeçudo)

35; (B)

Podocnemis unifilis; (C) Podocnemis sextuberculata; (D) Podocnemis expansa36

(E) Podocnemis

erythrocephala37

La tortue la plus mentionnée dans les rapports historiques et ethnographiques de la

région amazonienne est Podocnemis expansa, aussi connue comme tartaruga-da-Amazônia.

C’est la plus grande tortue d’eau douce d’Amérique des Sud, elle peut atteindre une taille de

89 cm (longueur totale) et un poids de 90 kg. Podocnemis unifilis est legèrement plus petites

et peut atteindre une taille de 68 cm. Mais les espèces P. erythrocephala et P. sextuberculata

atteingnent ne dépassent pas 30 cm. Ainsi, d’après la taille de quelques éléments de

l’assamblage archéologique, ceux-ci peuvent être attribués à Podocnemis expansa.

Les tortues du genre Podocnemis (P. sextuberculata, P. exapansa, P. unifilis) peuvent

habiter dans les fleuves et leurs affluents, sur les plaines inondées et dans des lacs. Ces tortues

suivent la progression des eaux et la ponte se déroule entre septembre et novembre en bordure

de cours d’eau sur les plages sableuses. Dans la partie Discussion, on abordera l’importance

du cycle reproductif et la relation avec la capture de ces animaux (Bonin, 1998). La présence

34

D’après la liste de Reptiliens (2012) élaborée par la société brésilienne d’Herpétologie. 35

Image extraite du site http://atlasanatomiaamazonia.uab.cat du projet « Atlas de espécies silvestres de la Amazonia peruana » 36

Image extraite du site Animal Diversity web http://animaldiversity.ummz.umich.edu de 37

Image extraite du site http://www.tc.umn.edu/

A B C

D E

79

de traces de découpe et d’exposition au feu est très abondante sur l’assemblage et seront

également présentées en détail dans la sous-partie Résultats sur les traces anthropiques.

1.4.2. Crocodilia

Crocodilia >Alligatoridae>

La plupart des restes proviennent des prélèvements à l’œil nu, une seule dent a été

repérée dans la fraction de 2 mm. Un total de 253 éléménts a été attribué à la famille

Alligatoridae. Nous avons pu identifier 4 individus. L’assemblage est principalement

composé d’ostéodermes dorsaux, mais aussi de vertèbres lombaires et cervicales, humérus,

coracoïde, scapula et ulna. Quant aux restes crâniens, nous avons pu identifier un jugal et 4

dents. Toutefois, il n’existe pas de critères pour une identification taxinomique avec des dents

isolées (Iordansky, 1973).

Dans l’échantillon PN 10841 (F1), nous avons pu repérer 34 ostéodermes, provenants

probablement d’un même individu. Les membres de la famille Alligatoridae portent des

ostéodermes dorsaux et ventraux. Les dorsaux sont caractérisés par une quille antéro-

postérieure (Chiasson, 1962). Ceux du PN 10841 sont donc visiblement dorsaux puisqu’ils

portent cette quille. D’après Vivian de Buffrenil (MNHN-Paris), ils pourraient appartenir à

l’espèce Caiman crocodilus crocodilus (caïman à lunettes, jacaretinga).

Quelques ostéodermes ont été repérés à l’intérieur des fosses funéraires sur le site

Hatahara. Ces ostéodermes présentent des motifs sillonnés / en «x» (Figure 53 A), qui ont été

interprétés comme étant des imprégnations de vannerie ou de végétaux sur l’os (Rapp Py-

Daniel, 2010). Toutefois, après consultation de la bibliographie sur l’ostéologie des caïmans

et d’après Vivian de Buffrenil, ce motif, appelé criss-crossed pattern, peut être trouvé dans la

partie ventrale des ostéodermes des crocodiliens et semble être lié à propre structure du tissu

osseux (Delfino et al., 2007, p. 149).

Dans l’échantillon PN 10957, nous avons pu identifier 4 vertèbres (2 cervicales et 2

thoraciques). Les vertèbres sont procoeles (face crâniale concave et face caudale convexe).

L’arc neural n’est pas fusionné au centrum de la vertèbre, même chez l’individu adulte

(Figure 53 B et C). Le centrum porte une hypapophyse et une paire de processus latéraux

(parapophyses). Les côtes s’articulent avec les processus latéraux. L’arc neural est constitué

d’une épine neurale, de pré et post zygapophyses (Chiasson, 1962). Ces critères nous

permetent d’associer l’individu à la famille Alligatoridae.

80

Figure 53 (A) Criss-crossed pattern sur une partie ventrale d’ostéoderme, (B) Vue antérieure vertèbre

cérvicale Alligatoridae, échantillon PN 10957, (C) idem vue postérieure.

Les représentants actuels de la famille Alligatoridae possèdent un crâne élargi et un

museau arrondi. Les Alligatoridae en Amazonie sont distribués en trois genres: Melanosuchus

(restreint à la région Amazonienne), Paleosuchus et Caiman (Vasconcelos et al., 2006).

L’espèce Caiman crocodilus crocodilus (jacaretinga) est la plus répandue territorialement.

Cette espèce peut atteindre 2,5 mètres tandis que Melanosuchus niger (jacaré-açu) peut

atteindre 6 mètres (Da Silveira et al., 1997). En raison de la taille des éléments identifiés sur

le site, le Melanosuchus n’est pas présente dans les U.S. étudiées.

1.4.3.Lacertilia

Lacertilia >Teiidae> Tupinambis spp.

Un fragment de maxilaire gauche a été attribué au genre Tupinambis. Les dents

molariformes arrondies (Figure 54), la présence de cavités subcirculaires (alvéoles) entre le

plateau dentaire et la base de la dent (où se situent les dents de remplacement) et de cément

abondant à la base des dents permettent de rapprocher ce maxillaire au genre Tupinambis

(Hsiou, 2007 ; Hsiou et Albino, 2009a ; Brizuela et Albino, 2010).

Figure 54 Maxillaire associé à Tupinambis spp., vue labiale et vue linguale

A B C

81

Aujourd’hui, sept espèces font partie de ce genre. Elles comprennent des grands

lézards restreints à l’Amérique du Sud. Dixon et al. (1977) mentionnent l’espèce Tupinambis

teguixin dans la région d’Iquitos (Amazonie péruvienne) comme étant le plus grand Teiidae

de la région et aussi l’espèce plus abondante. Tupinambis rarement s’approche des habitations

humaines. Selon cette dernière donnée, l’individu identifié aurait pu être apporté par les

humains sur le site.

1.4.4. Serpentes

Un total de 87 vertèbres a été attribué au sous-ordre Serpentes. Parmi le total, 31 restes

ont pu être identifiés à la famille ou genre. Pour le restant (56), la fragmentation n’a pas

permis une identification taxinomique plus fine.

Serpentes > Boidae > Eunectes sp.

(Sucuriju, sucurijuba, anaconda)

Un total de 14 vertèbres a été attribué à Eunectes sp. Le NMI de 7 a été obtenu en

fonction des différentes US.

Les Boidae neotropicaux actuels sont représentés par les genres : Boa, Corallus,

Epicrates et Eunectes. Ils partagent les caractères suivants : 1) vertèbres massives, plus larges

que longues (Figure 55 C) ; 2) arc neural et épine neurale hauts ; 3) zygosphène robuste; 4)

inclination de la facette articulaire des pré-zygapophyses réduite (moins de 15°) ; 5) processus

pré-zygapophysaires courts ; 6) centrum de la vertèbre plus court que la largeur de l’arc

neural ; 7) l’arc neural est voûté ; 8) foramen paracotylaire, latéral et subcentral présents

(Albino et Carlini, 2008). Les vertèbres archéologiques rentrent dans ces critères. De plus, les

genres Corallus et Epicrates sont des serpents de petite taille, ce qui ne correspond pas à la

taille des vertèbres de l’assemblage archéologique.

Pour différencier le genre Eunectes de Boa, les caractères pris en compte sont : 1) en

vue postérieure, le toit de l’arc neural est aplati (Figure 55B) et non bombé comme chez Boa ;

2) En vue antérieure, le zygosphène est robuste, concave, mais présente un tubercule médian

proéminent et projeté antérieurement (Figure 55 A), tandis que chez Boa il n’existe pas de

trace de tubercule médian ; 3) Eunectes présente une longueur du centrum et des

prézygapophyses plus importantes que chez Boa ; 4) la présence de foramen paracotylaire est

82

un caractère dérivé des genres Boa (présence sur toutes les vertèbres) et Eunectes (présence

irrégulière) (Hsiou et Albino, 2009b).

Figure 55 vertèbre cf. Eunectes spp., PN 10831(A) vue antérieure (B) vue postérieure, échantillon PN (C)

vue ventrale, échantillon PN 424

Le genre Eunectes , l’anaconda, se restreint aux milieux aquatiques (cours d’eau, lacs,

forêts inondés). La sucuruju/ anaconda vert (Eunectes murinus) est l’espèce la plus répandue

dans le bassin Amazonien (Hisou et Albino, 2009b). Cette espèce est une des plus grandes du

monde et peut atteindre 8,7 mètres (Ihering, 2002). Ce serpent n’est pas venimeux, mais il est

doté d’une grande force musculaire qu’il utilise pour tuer sa proie par étouffement.

Serpentes > Colubridae (s.l.)

Un total de 16 vertèbres a été attribué à la famille Colubridae et un NMI de 4. Deux

restes portent la mention cf. Colubridae. L’identification spécifique à l’intérieur de ce groupe

est difficile en raison du manque de critères anatomiques fiables. Les vertèbres de Colubridae

sont caractérisées par la combinaison des critères suivants: 1) vertèbres plus hautes que

larges ; 2) zygosphène élancé ; 3) épine neurale mince; 4) diapophyses et parapophyses

différenciées ; 5) foramen paracotylaire généralement présent ; 6) processus pré-

zygapophysaire développé et orienté latéralement; 7) en vue ventrale, présence d’une carène

hémale sur les vertèbres lombaires à la place des hypapophyses (Albino et al., 2006).

La plupart des espèces de Colubridae ne sont pas venimeuses. La diversité à l’intérieur

de cette famille est très importante, au moins 11 genres sont présents sur le territoire brésilien,

ce qui rend très difficile l’élaboration des commentaires sur l’habitat et les caractéristiques de

ces espèces.

A B C

83

1.5. Aves

Un total de 28 restes a été attribué à Aves, ce qui représente 0,3% du NR total de

l’assemblage. Le matériel est constitué de diaphyses et quelques épiphyses d’os longs. La

grande fragmentation du matériel n’a donc pas permis une identification taxinomique plus

fine.

1.6. Mammalia

Un total de 331 restes a été attribué à la classe Mammalia. Parmi cette valeur, 175

restes n’ont pas pu être identifiés à une catégorie taxinomique plus fine et ont été placés dans

la catégorie « Mammalia indeterminés » (Tableau 7). L’identification a été difficulté en raison

de la fragmentation, le calcul de NMI n’a pas donc pu donc être effectué. Cet assemblage est

composé de phalanges, fragments d’diaphyses d’os longs et de vertèbres.

Un total de 156 restes a été identifié au niveau de la famille et genre, ce qui représente

un pourcentage d’identification de 52%. Ces restes seront présentés par la suite.

Taxa Nom vernaculaire NR NMI Poids

Mammalia indeterminés

175

110.6 Didelphidae mucura 1 1 0.25 Marsupialia

1 1 0.96

Rodentia Echimys cf. chrysurus

1 1 0.1 cf. Echimys sp.

5 3 0.02

Echimyidae

10 3 0.08 cf. Proechimys sp.

2 1 0.01

cf. Pattonomys sp.

1 1 0.001 Myoprocta sp.

1 1 0.03

Hydrochoerus hydrochaeris capivara 1 1 0.72 Rodentia indeterminés

133 5 0.72

Tableau 7 Tableau récaptulatif des mammifères

1.6.1. Marsupialia

(Gambas, mucuras, cuícas)

Une mandibule gauche fragmentée et une dent molaire ont été attribuées à l’ordre

Marsupialia. La dent molaire supérieure a été associée à la famille Didelphidae. La

fragmentation du matériel ne permet pas une identification plus fine, ce qui limite

l’interprétation de ces restes.

1.6.2. Rodentia

Un total de 154 restes a été attribué à l’ordre Rodentia. Parmi ces restes, 21 ont été

identifiés au niveau de la famille ou du genre. Pour les os longs entiers, nous avons estimé la

taille et le poids des individus. Ainsi, nous avons pu identifier deux groupes de taille de

84

rongeurs : un groupe de petite taille (groupe 1) - environ 90 mm (longueur tête corps) et le

genre de comparaison a été Oligoryzomys. Le NMI de ce groupe (calculé d’après l’élément

plus fréquent dans l’assemblage) est de 5. Et un groupe de taille moyenne à grande -environ

300 mm (groupe 2), et l’spécimen de comparaison a été Echimys chrysurus (Bonvicino et al,

2008). Si on regroupe les individues de la famille Echimyidae et les genres identifiés

(presentés par la suite), le NMI de ce groupe est de 10.

En ce qui concerne les individus du groupe 1, l’identification dans une catégorie

taxinomique plus précise n’a pas pu être réalisée en raison de l’absence d’éléments

anatomiques diagnostiques (mandibules entières et dents molaires). Rappelons que les tamis

de 1mm et 2mm utilisés lors de cette étude ne sont probablement pas adéquats pour la

récupération de ces restes. Quelques éléments (fémur, phalanges) du groupe 1 présentent des

traces de digestion faible à moyenne associées à des traces de corrosion, toutefois elles sont

ponctuelles dans l’assemblage. Une étude taphonomique serait nécessaire pour confirmer ces

traces et vérifier si l’agent accumulateur s’agit un animal (oiseaux ou mammifères carnivores)

ou de l’homme.

Mammalia>Rodentia>Echimyidae

(Ratos-de-espinho, rats épineux, spiny rats)

Un total de 10 dents (molaires et prémolaires) a été attribué aux Echimyidae. Le NMIf

est de 3. Les molaires sont caractérisées par des flexi/ids qui divisent les lophes en« lames »

parallèles. L’ensemble des critères ostéologiques utilisés pour l’identification taxinomique de

la famille ont été extraites d’Emmons (2005) et présentés en Annexe 9. Le manque de critères

ostéologiques a difficulté la distinction entre les genres Isotrix et Echimys.

Las plupart des Echimyidae sont arboricoles (ou semi-terrestres) et vivent dans les

habitats forestiers. Il s’agit des rongeurs de taille moyenne à grande (80 à 500mm). Leur

régime alimentaire est varié, mais constitué surtout de feuilles, fruits, graines et insectes

(Eisenberg, 1989).

Mammalia>Rodentia>Echimyidae> cf. Echimys spp.

Une mandibule droite (avec M1 et M2) a été attribuée au genre Echimys (Figure 56) et

5 autres restes (dents prémolaires et molaires) portent la mention confére (cf.). Le NMIf est de

4. Les critères ostéologiques utilisés lors de l’identification du groupe sont présentés en

Annexe 9.

85

La taille approximative des espèces du genre Echimys varie entre 250 à 280 mm. Le

pelage épineux de certaines espèces justifie l’appellation vernaculaire « rato-de-espinho ». La

plupart des espèces sont arboricoles et distribuées dans des régions précises de l’Amazonie

(Bonvicino et al, 2008).

Figure 56 Vue occlusale de la mandibule droite. En haut, Echimys chrysurus (Image extraite de Emmons,

2005). En bas, PN 10849 Echimys spp. (Photo G.P-Carneiro).

Mammalia>Rodentia>Echimyidae> cf. Patommys spp.

Une PM4 inférieure a été attribuée au genre cf. Patommys (échantillon PN 10525). Les

critères utilisés pour l’identification des dents sont : 1) les dents P3 et P4 portent deux flexi

labiales et deux linguales ; 2) PM4 et M1 présentent toujours un mur au centre de la dent.

Les espèces du genre Patommys sont arboricoles, de taille moyenne à grande, et

distribués spécifiquement en Amazonie (Emmons, 2005).

Répresentation squelettique pour les groupes 1 et 2

La présence des rongeurs sur le site Hatahara nous posant question, nous avons choisi

d’utiliser le Pourcentage de Répresentation (voir Matériels et Méthodes) à fin de mieux

visualiser la répresentation des parties squelettiques dans l’assemblage.

86

Deux graphiques (6 et 7) sont proposés pour les deux groupes (1 et 2). Pour le groupe

1, le NMI pris en compte est de 5. Pour le groupe 2, le NMI pris en compte est de 10. La ligne

verte correspond au PR et la ligne bleue correspond à la distribution théorique des parties dans

un squelette complet.

Graphique 6 : Pourcentage de Représentation (PR) de rongeurs du groupe 1, la courbe verte represente le

PR et la courbe bleu répresente la ligne théorique

Graphique 7 : Pourcentage de Représentation (PR) de rongeurs du groupe 2, la courbe verte represente le

PR et la courbe bleu répresente la ligne théorique

D’après les graphiques 6 et 7, nous pouvons observer que pour les deux groupes, tous

les ensembles anatomiques y sont présents (Ceintures, crâne, squelette axiale, membres

antérieurs et postérieurs). Les éléments mieux représentés sont les dents incisives supérieures

et inférieures. Les membres postérieurs (tibia, fémur) sont aussi bien représentés par rapport

aux membres antérieurs, vertèbres et autopodes. Pour le groupe 1, nous constatons que les

éléments mieux représentés sont, en effet, les plus massifs de l’squelette (dents et membres

postérieurs). En conséquence, nous proposons que la plus grande représentation de ces

éléments est lié à une meilleur conservation des mêmes qu’à une sélection anthropique de

parties de l’animale.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

100

inci

sif

sup

inci

sifs

inf

mo

lair

e

man

dib

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scap

ula

hu

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ius

uln

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tib

ia

calc

aneu

m

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po

de

ph

alan

ges

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

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pel

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fém

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tib

ia

calc

aneu

m

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s

auto

po

de

ph

alan

ges

87

Pour le groupe 2, nous observons également une répresentation de la partie postérieur

et des dents. Malgré le fait que certains rongeurs de la famille Echimyedae aient été consomés

dans des sites archéologiques de l’Amerique du Sud (Stahl, 1995, Borges, 2009), nous

n’avons pas d’élémént sufisants pour le démontrer la consommation sur ce site. Des

hypothèses interpretatives sur les mammifères sur le site Hatahara sera plus approfondie dans

la partie Discussion.

Aucune trace de découpe n’a été identifiée sur les restes osseux des rongeurs.

Mammalia>Rodentia> Echimyidae>Proechimys spp.

Deux dents molaires ont été attribuées au genre Proechimys. Le NMIf est de 1. Des

caractères ostéologiques ont été mentionnés par Martin (1970) et Emmons (2005). En vue

occlusale, les dents du maxillaire possèdent un flexus/fossette linguale courte et deux

flexi/fossettes labiales. Une distinction entre les genres nous paraît très risquée avec des dents

isolées en raison de la grande diversité de ce groupe.

Il s’agit des rongeurs terrestres de taille moyenne à grande (environ 300 mm). La

distribution territoriale est très large (Bonvicino et al., 2008, Voss et Emmons,1996).

Mammalia>Rodentia>Dasyproctidae>Myoprocta spp.

(Cotiara)

Une molaire inférieure brulée a été attribuée au genre Myoprocta. Actuellement, deux

espèces sont présentes en Amazonie : M. acouchy et M. pratti. Les deux espèces du genre

peuvent atteindre entre 250 et 380 mm et entre 880 à 1 200 g. Il s’agit d’un rongeur terrestre,

facilement observé dans la forêt amazonienne qui s’alimente de fruits et graines (Eisenberg,

1989; Bonvicino et al., 2008)

Mammalia>Rodentia> Caviidae> Hydrochoerus hydrochaeris

(Capivara, Capybara)

Une molaire a été attribuée à l’espèce Hydrochoerus hydrochaeris, la seule espèce du

genre. Les dents sont facilement reconnaissables ; les molaires sont transversalement

laminaires et se rejoignent dans un centrum. Le capybara est le plus grand rongeur vivant du

monde, très répandue sur le territoire sud-américain. Il peut atteindre entre 1 et 1,3 m et

environ 50 kg. Cette espèce vit dans des milieux aquatiques, les eaux stagnantes ou courantes

(lacs, fleuves, igarapés) et s’alimente de végétaux et plantes aquatiques (Eisenberg, 1989).

88

2. Reconstitution des biomasses

A fin d’estimer quel était l’apport énergétique en fonction des espèces identifiés sur le

site, nous avons choisi d’effectuer une évaluation de la biomasse (voir Matériels et

Méhothes). Rappelons que cette estimation a été réalisée uniquement pour les téléostéens.

Le tableau des poids moyens attribués aux taxons est presenté en Annexe 10.

Rappelons que le poids doit varier selon le groupe taxinomique. Arapaima gigas (pirarucu) et

Colossoma macropomum (tambaqui) ont des poids estimés très hétérogènes, allant de 3 à 100

kg dans le cas du premier. Ainsi, le poids moyen obtenu lors du calcul de la biomasse doit être

interprété avec précaution. Quant aux taxons typiquement de petites tailles identifiées sur

l’assemblage archéologique (Anostomidae, Semaprochilodontidae, Cichlidae), nous pouvons

observer que les tailles sont plus homogènes.

Afin de pouvoir comparer les différents groupes dans un même graphique, nous avons

rassemblé des taxons de la même famille ou genre en fonction des tailles moyennes38

:

Graphique 8 : Evaluation de la biomasse (en grammes), proportion des différents taxons

38

-Serrasalminae : Piaractus brachypomus, Pygocentrus et Serrassalmus

-Characiformes de petite taille: familles Anostomidae, Prochilodontidae, Mylossoma spp. /Myleus spp. et Brycon spp.

- Pimelodidae de grande taille : Phractocephalus hemioliopterus et Pseudoplatystoma tigrinum

-Doradidae de taille moyenne : Pterodoras granulosus et Oxydoras niger

Arapaima gigas

Colossoma macropomum

Pimelodidae de grande taille

Doradidae de taille moyenne

Cichla sp.

Serrasalminae

Plagioscion squamosissimus

Osteoglossum bicirrhosum

Characiformes de petite taille

Loricariidae et Callichthyidae

Symbranchiformes

Pimelodidae et Auchenipteridae

Cynodontidae

Cichlidae de petite taille

Clupeidae

89

D’une part, dans le Graphique 8 nous pouvons observer que la valeur de biomasse

estimée pour l’Arapaima est largement majoritaire si on la compare à tous les autres taxons,

soit 84% de la valeur total en grammes. D’autre part, cette valeur est tellement élevée que la

visualisation des proportions des autres groupes devient difficile. Un graphique sans

Arapaima permet de mieux visualiser la proportion des autres taxons (voir Graphique 9).

Graphique 9 : Evaluation de biomasse en grammes, proportion des taxons sans Arapaima gigas

A partir du Graphique 9, nous observons une représentation importante du Colossoma

macropomum, suivie par les Pimelodidae de grande taille et les Doradidae de moyenne taille.

Néanmoins, si pour le NR et NMI, les Characiformes de petite taille sont bien représentés, ici,

ils sont moins importants que les Perciformes (Cichla sp. et Plagioscion), les Serrasalminae et

Osteoglossum.

En conclusion, d’une part l’estimation de la biomasse permet de compléter les calculs

de NMI et les NR en prenant compte les poids et l’apport énergétique des taxa. De l’autre,

nous pouvons démontrer que malgré la diversité des taxons capturés, l’apport énergétique

principal provient des poissons de grande taille tels que Arapaima gigas et Colossoma

macropomum.

0

20000

40000

60000

80000

100000

120000

140000

160000 154000

108000

55000 45000

26000 18000

6000 5000 3900 3500 3080 2860 2600 500

90

3. Traces anthropiques et hypothèses sur la préparation pour

consommation

La présence d’espèces fauniques dans un assemblage archéologique ne peut pas être

automatiquement ou exclusivement associée à la consommation carnée. Cette association doit

être accompagnée d’une compilation de différentes informations : la fréquence relative des

espèces, la représentation squelettique, et l’étude de traces anthropiques sur le matériel

(Horard-Herbin et al, 2005). Ainsi, nous avons réalisé des observations de traces sur les os qui

permettent de se faire une idée des modes de préparation des animaux sur ce site.

3.1 Les traces de découpe

La découpe des épines pectorales des Siluriformes

Comme déjà mentionné, les épines pectorales et dorsales des Siluriformes ont été

largement représentées dans l’assemblage. Lors de l’analyse, nous avons observé une

fracturation type sur la partie externe de ces épines pectorales et au moins 3 parmi elles

présentent des traces de découpe dorsales (échantillons PN 10887, PN 10845, PN 10525).

L’épine pectorale s’insère sur le cleithrum à travers une surface articulaire semi-

circulaire. Quand le poisson est perturbé/agité, l’épine se bloque en position depliée dans le

cleithrum, comme nous pouvons observer dans l’image 57A.

Figure 57 (A) Extremité proximale d’épine pectorale en articulation avec le cleithrum, (B) détail des

traces de découpe sur une épine pectorale de Siluriforme. Photos: G.P-Carneiro

Le positionnement de ces traces nous posant question (Figure 57 B), nous sommes

allés à la recherche d’informations sur ces épines. Plusieurs espèces de l’ordre de Siluriformes

sont venimeuses. Les poissons-chat peuvent injecter un poison produit par des cellules

glandulaires venimeuses situées dans le tissu épidermique qui couvre l’épine. Ce phénomène

est lié à un mécanisme de défense de l’animal et les piqûres peuvent provoquer des réactions

A B

91

douloureuses telles que saignements, cyanose et érythème (Perrière et al. 2003 ; Whright,

2009).

A partir de la compilation des donnés, on suppose donc que les pêcheurs connaissaient

les effets de ces piqûres. A partir de la réconstitution des traces sur le matériel archéologique,

nous proposons un schéma (hypothétique) de découpe suivant (figure 58):

Figure 58 Hypothèse de positionnement des découpes sur un Siluriforme type à partir d’observations

archéologiques (Schéma et photo: Gabriela P-C)

D’autres types de traces de découpe ont pu être observés, come sur le cleithrum de

Phractocephalus hemioliopterus (pirarara). Le cleithrum se situe entre la tête osseuse et le

squelette postcrânien. Ainsi, au regard de l’emplacement de la trace, nous pouvons avancer

qu’elle est peut être liée à la découpe de la tête lors des activités de préparation de l’animal.

Figure 59 : (A) Cleithrum de Phractocephalus hemioliopterus avec trace de découpe, (B) détail de la trace.

Préparation des chéloniens : deux techniques d’ouverture de la tortue

Lors de l’analyse de restes des chéloniens, nous avons pu observer deux types de

traces sur le plastron (la partie ventrale de l’animal). D’après la Figure 60, deux sillons sont

remarqués: un premier qui part de l’extrémité crâniale de l’épiplastron gauche et s’arrête sur

l’entoplastron et un deuxième qui traverse l’endoplastron. Cela montre une ouverture a travers

la partie ventrale de la tortue. En connaissant les points d’insertion d’une plaque à l’autre

A B

92

(dans ce cas, épiplastrons gauche et droit), il est probable que le découpeur ait profité de ces

points de faiblesse pour pouvoir guider le mouvement.

Figure 60 : En vue ventrale, (A) Fragment de plastron archéologique PN 10841; (B) Reconstitution (en

bleu) des traces sur le plastron

Le deuxième type de trace se situe sur l’hypoplastron, une des plaques faisant le lien

entre le plastron et la dossière (Figure 61). Deux sillons de découpe continus traversent

antéro-postérieurement l’hypoplastron. Ce sillon permet de démontrer une tentative

d’ouverture de l’animal latéralement. Comme la trace traverse la portion noircie (liée à la

chauffe), nous supposons qu’elle a été réalisée postérieurement à la cuisson de l’animal.

Figure 61 (A) Trace de découpe sur l'hypoplastron droit (archéologique), (B) Hypothèse de découpe pour

d'ouverture des tortues (latérale et ventrale)39

. Schéma : G. Prestes-Carneiro.

39Photo de Podocnemis sectuberculata extraite du site http://atlasanatomiaamazonia.uab.cat

A

B A

B

93

Ainsi, à partir de l’observation des traces de découpe, nous proposons deux techniques

possibles d’ouverture : ventrale et latérale.

3.2. L’exposition au feu

Lors de l’observation des effets de la chauffe sur les os (voir Matériels et Méthodes),

nous avons pu observer que pour l’ensemble des poissons ; les occurrences d’exposition au

feu ont été ponctuelles (aucune évidence pour les Silurifomes de taille moyenne, 3% des

restes de Characiformes). Toutefois, pour la famille Loricariidae, 40% des restes ont été

associés au stade 3.

Si on considère que seul ce groupe de poissons présente des traces de chauffe, nous

proposons une technique de préparation directe de ces poissons en contact immédiat avec le

feu ou sur des supports (figure 62 A). En effet, le fumage et la cuisson à l’aide de supports en

bois sont souvent décrites comme étant les principales méthodes de préparation de poissons

d’après les sources ethnographiques dans la région. Toutefois, en contexte archéologique, une

étude plus approfondie sur les effets de la chauffe sur les os seraient nécessaires à la

compréhension de ces techniques (Lowie, 1963, p.14).

Figure 62 (A) Schéma de préparation de poissons des indiens Bacaïri et Chacobo (Image extraite de

Lowie, 1948), (B) Poissons de la famille Loricariidae préparés au feu, Mercado de Peixes (Tefé-AM),

Photo: Erêndira Oliveira, G.P-Carneiro.

Lors de l’étude des chéloniens, nous avons remarqué qu’un grand nombre de

fragments de la dossière ou du plastron présentaient des traces de chauffe. En revanche, les

éléments crâniens comme les membres et les ceintures n’ont pas été chauffés. Ainsi, nous

proposons un graphique de différents stades de chauffe réalisés à partir de fragments de la

carapace et du plastron (Graphique 10). En premier plan, nous pouvons observer qu’environ

50% des restes présentent des portions chauffées. En deuxième plan, nous constatons que

parmi eux, il existe une distribution diversifié de la répartition des fragments par stades de

chauffe et ainsi, une exposition différentielle des restes en contact avec le feu.

A B

94

Graphique 10 : Stades de brûlure de fragments de la carapace/plastron

Figure 63 (A) Fragments de la carapace présentant différents stades de chauffe (B) Hypothèse de

préparation des tortues (del G.P-Carneiro, Photo : Instituto Mamirauá, Tefé -AM)

Cela nous mène à proposer un contact direct de la carapace avec le feu (Figure 63).

La reconstitution des traces de découpe et l’observation des stigmates liées à la chauffe

nous permettent dans un premier plan, de confirmer l’exploitation des poissons et des tortues

dans le but alimentaire (préparation « de cuisine »).

Dans un deuxième plan, ces traces nous permettent de reconstituer des étapes de la

préparation de ces animaux. Pour les poissons, nous supposons le découpe des épines latérales

et décharnement. Pour les tortues, de deux techniques d’ouverture - latérale et ventrale - suite

à une cuisson faite sur la carapace en contact directe avec le feu.

Stade 0 =63

Stade 1 =3 Stade 2 = 9

Stade 3 = 19

Stade 4 =5

Stade 5 =12

Stade 6 = 14

A B

95

4. L’étude de trois fosses et hypothèses sur leur fonction

Afin de sélectionner des contextes archéologiques connus et éviter les dépôts

remaniés, nous avons choisi de travailler avec des restes fauniques qui proviennent des fosses

(F2b, F1 et F2). Ainsi, nous pouvons comparer la présence/absence et la distribution du

matériel selon les unités stratigraphiques en essayant d’émettre des hypothèses sur la fonction

du contexte étudié.

La fosse F2b : un foyer?

La F2b est une fosse hémisphérique située à l’ouest du carré N1153W1360, entre 163

et 200 cm de profondeur (Voir Matériels et Méthodes). A partir du tableau récapitulatif de la

fosse F2b (Annexe 11) nous observons que 228 restes de Chéloniens ont été identifiés40

, le

plus grand nombre associé au genre cf. Podocnemis. Chez les téléostéens, les taxons plus

représentés sont Arapaima gigas et Pseudoplatystoma tigrinum. Pour les autres groupes de

téléostéens (Characiformes et Perciformes), la distribution est homogène. Les restes de

Crocodilia proviennent probablement d’un même individu.

D’après la documentation de terrain, cette fosse a été décrite comme structure de

combustion de tortues. Nos analyses démontrent qu’aussi les poissons, mammifères et oiseaux

font partie de cette structure. La présence systématique de traces de chauffe sur les carapaces

nous permet de confirmer l’association de ce matériel à un probable four ou foyer.

Il existe quelques mentions de foyers placés dans de fosses d’après la littérature

archéologique (Stahl et al., 2007, p. 333) et ethnographique. D’après Lowie (1963, p. 14), les

amérindiens de l’Orénoque placent les tortues à l’intérieur de fosses, le recouvrent de sable et

un feu est allumé.

La fosse 1 (F1)

La F1 est une fosse hémisphérique située dans le carré N1154W1360, entre les 180 et

255 cm de profondeur. L’étude archéozoologique (Annexe 12) montre une grande diversité

taxinomique surtout pour le groupe des téléostéens (31 taxons). Les deux espèces les plus

abondantes sont Colossoma macropomum, puis Arapaima gigas. Les Callichtydae et

Loricariidae sont aussi bien représentés en NR. Les traces de découpe sur le fragment de

40

Seuls les fragments ramassés à l’œil nu ont été étudiés.

96

plastron (PN 10841) et sur les épines pectorales de Siluriformes (PN 10845) semblent être des

déchets de découpe. Ainsi, la richèsse de taxons, puis les traces anthropiques sur les os nous

permettent d’émettre une hypothèse de «fosse de rejet » pour F1.

Se basant sur la forme hémisphérique de la fosse, son volume donné par la

formule V=4/3 r3/2 a été estimée à 190 000 cm

3 ou 190 l*. Nous avons analysé la faune de

38 litres, soit 20% du volume total, qui a délivré un NMI de 76 individus. Ainsi, on estime en

moyenne de 2 individus par litre.

La fosse 2 (F2)

La F2 est située dans le carré N1157W1360, entre 190 et 260 cm de profondeur.

D’après la documentation de terrain, la faune vertébrée n’est pas abondante. Toutefois, le

tamisage sous maille fine a délivré 2748 restes. En effet, la taille réduite des éléments rend

difficile le prélèvement à l’œil nu. Parmi les groupes identifiés (Annexe 13), il existe une

grande diversité de téléostéens (26 taxons). En ce qui concerne les mammifères, nous avons

identifié de rongeurs des groupes 1 et 2, representés par les genres Echimys et Proechimys

(voir Résultats Mammalia). La grande diversité de taxon retrouvé sur cette fossee

(téléostéens, tortues) nous permet d’émettre une hypothèse de «fosse de rejet ».

Se basant sur le schéma de la F2 (page 38), nous avons utilisé la formule de volume

pour deux pavés (V = L × l × h) des dimensions : 60 x 60 x 25 cm et 40 x 40 x 35 cm. Ainsi,

on obtient un volume estimé de 146 000 cm3 ou 146 l*. Nous avons analysé 96 litres de la

fosse, soit 65% du volume total estimé. Sus ces 96 litres, 53 individus ont été identifiés, ce qui

donne une moyenne de 0,55 individu/litre, c’est-à-dire moins d’un individu par litre.

En conclusion, les estimations du nombre d’individus par litre nous permettent d’avoir

une idée de la densité des vestiges par structure. De plus, la faune identifiée sur chaque fosse

donne des indices sur les fonctions qu’elles ont pu avoir dans le site. Ainsi, pour la F2b, la

présence d’une grande diversité de téléostéens et des tortues brulées confirment l’hypothèse

d’une fosse de combustion.

Bien que les fosses proviennent d’une zone qui a livré plusieurs sépultures, le contenu

faunique de la F2 et F2b ne ne semble pas être lié à des offrandes. La présence d’épines de

siluriformes découpées (probablement destinées à être rejettées) nous fait penser à des fosses

de rejet. De plus, la grande diversité de taxons contraste avec ce que l’on attendrait pour des

contextes funéraires, où on observe souvent une selection d’espèces ou de parties

97

squelettiques de l’animal, résultant d’un banquet funéraire (Vigne, 1986). Nous intérpretons

ainsi que ces restes puissent être remaniés et liés à un contexte domestique.

Toutefois, nous n’avons pas d’éléments suffisants pour exclure completement

l’hypothèse d’un lien avec le funéraire41

et proposons que les données céramiques et plus

d’informtions sur le contexte archéologique puissent contribuer à ce sujet.

En conclusion, l’étude archéozoologique nous amène à remettre en question une

fonction exclusivement funéraire du monticule 1 (Machado, 2005) et laissent à penser que des

activités quotidiennes ont pu aussi s’y exercer.

5. Deux méthodes, deux spectres, comparaison entre deux

méthodologies de prélèvement

Afin de tester l’efficacité de deux méthodologies de prélèvement, le prélèvement à

l’œil nu et le tamisage fin à l’eau (sous maille de 2 mm), nous avons choisi de comparer les

spectres de la F1 obtenus à partir de ces deux méthodes. Rappellons que l’estimation du

volume total de la F1 est de 190 litres et que nous avons tamisé 38 l (p. 96). En utilisant la

première démarche, le spectre faunique (Tableau 9) montre un NR de 581 et NMI de 20.

Cependant, si on aplique les deux méthodes ensemble, le NR est de 8 891 et le NMI de 76

(Tableau 8). Ainsi, il est possible de démontrer que le NR avec le tamisage fin à l’eau est 15,3

fois plus élevé en applicant deuxième démarche. De même, le NMI est 3,8 fois plus

important. Le pourcentage d’identification n’est pas très contrastant: environ 97% pour la

première méthode et 96% pour la deuxième.

Si on passe au nombre de taxons identifiés en utilisant les deux méthodes (Graphique

11), on observe qu’en utilisant le prélèvement à l’œil nu, le nombre de taxons identifiés est de

18, tandis qu’avec le tamisage fin à l’eau ce nombre s’élève à 40. La plupart des taxons

récupérés avec le tamisage fin à l’eau sont les vertébrés de petite taille : téléostéens

(Schizodon spp, Mylossoma/Myleus spp., Brycon spp, Hydrolycus spp., Symbranchus spp.,

Cichlidae de petite taille) et rongeurs (voir Tableau 7).

Un échantillon de la fraction de 1 mm de la F1 a été trié et analysé (échantillon PN

10841). Un total de 78 restes n’a pas pu être identifiées et 12 restes ont été associés à une

catégorie taxinomique. Le pourcentage d’identification a été ainsi de 15%, une valeur basse

par rapport aux autres méthodes. D’après la liste d’espèces obtenue, tous les taxons ont été

déjà identifiés dans la fraction de 2 mm.

41

Un exemple de fosses liées à des offrandes funéraires est presentée par Peña et al. (2007), en Colombie.

98

Graphique 11 : Nombre de taxons identifiés en utilisant les deux méthodes d’échantillonnage. Figure :

Assemblage type du tamisage fin à l’eau après trie

Nous pouvons démontrer que les trois variantes étudiées (NR, NMI, nombre de

taxons) ont augmenté après le tamisage à l’eau. De plus, on constate que si on ne prend en

compte que les taxons ramassés à l’œil nu, on aurait une interprétation biaisée de la diversité

des taxons exploités. Le ramassage à l’œil nu est le plus rapide et peut se faire sur le terrain,

alors que la fraction de 2 mm et a fortiori la fraction de 1 mm nécessitent beaucoup plus de

temps de tri au laboratoire.

Concernant les caractéristiques du sol dans le tamisage, les sols argileux sont difficiles

à tamiser sur le terrain. Cependant, étant donné que nos échantillons étaient secs (puisqu’ils

ont été prélévés en 1999), le tamisage s’est fait facilement après le contacte à l’eau. En effet,

le sujet des techniques de prelèvement adaptées aux sols amazoniens est loin d’être résolu et

constituent une recherche à dévélopper ultérieurement.

L’importance du tamisage fin à l’eau pour les méthodes bioarchéologiques sont déjà

rappelés en Amérique Latine par Scheel-Ybert et al., (2006). L’ensemble de nos résultats

permet de renforcer l’emploie de cette technique et proposer que la maille de 2 mm serait

adaptée à l’étude de la majorité de la faune vertébrée de grande et moyenne taille.

18

40

0

10

20

30

40

50

Prélèvement à l'œil nu Avec tamisage fin à l'eau

99

Taxa NR NMI

Arapaima gigas 20 5 Osteoglossum bicirrhosum 1 1 Clupeidae 1 1 Characiformes indeterminés 166

Hoplias cf. malabaricus 4 2

Hydrolycus sp. 2 1

Mylossoma/Myleus 3 1

cf. Piaractus brachypomus 5 1 Colossoma macropomum 35 7 Serrasalminae 8 2 Pygocentrus spp. 1 1 Pygocentrus/Serrasalmus 5 3

Schizodon spp. 1 1 cf. Leporinus spp. 2 1 cf. Semaprochilodus spp. 1 1 Brycon spp. 1 1 Siluriformes indeterminés 16 3 Callichthyidae 8 3 Loricariidae 20 4 Doradidae indeterminé 19 7 Auchenipteridae/Doradidae 4 4 Pimelodidae indeterminés 3 2 Pimelodus spp. 2 1 Phractocephalus hemioliopterus 4 1 Symbranchus sp. 2 1 1

Symbranchus sp. 2 1 Cichlidae 44 7 Cichla spp. 3 3 Astronotus spp. 2 1 Chrenicichla spp. 1 1 cf. Satanoperca spp. 2 1 Cichlasoma spp. 1 1 Teleostei indeterminés 7968

Pipa sp. 1 1 cf. Podocnemis spp. 4 1 Chelonii indeterminé 64

Crocodilia 61 1

Serpentes 16

Boidae 1 1 Colubridae 2 1 Rodentia 32 1

Mammalia indeterminés 2

Aves 10

Indeterminés 342 Total de restes 8891 76

Tableau 8 Tableau récapitulatif de la F1 obtenu

avec le tamisage à fin à l’eau.

Taxa NR NMI

Arapaima gigas 16 4 cf. Piaractus brachypomus 5 1 Colossoma macropomum 26 5 Serrasalminae 3

Siluriformes indeterminés 3 Callichthyidae 2 1

Loricariidae 1 1 Doradidae indeterminé 12 1 Pimelodidae indeterminés 2 1 Phractocephalus hemioliopterus 4 1 Cichlidae 1

Cichla spp. 2 2 Teleostei indeterminé 380

cf. Podocnemis 4 1 Chelonii indeterminé 29

Crocodilia 59 1

Serpentes 2

Colubridae 2 1 Mammalia indeterminés 2

Aves 10

Indeterminés 16 Total de restes 581 20

Tableau 9 Tableau récapitulatif de la F1 obtenu

avec le ramassage à l’œil nu

100

F - DISCUSSION

1. La gestion des milieux de la várzea

1.1. Les milieux potentiellement exploités

En partant des espèces animales plus abondantes identifiées sur le site Hatahara et de

données écologiques actuelles nous essayerons de réfléchir sur les milieux potentiellement

exploités par les amérindiens.

Les fluctuations du niveau de l’eau et la saisonnalité très marquée de l’Amazonie

Centrale constituent des phénomènes essentiels pour comprendre la dispersion des espèces

animales. Or, la plupart des groupes taxinomiques identifiés ne sont pas limités à une niche

écologique précise, mais suivent les mouvements contrôlés par les cycles hydrologiques du

bassin.

Actuellement, entre décembre à avril la montée des eaux inonde la région de la

confluence. Les eaux blanches du lit majeur envahissent les terrains adjacents, les affluents,

les champs, les lacs et les forêts. Cette période correspond au moment de la fructification d’un

grand nombre d’espèces d’arbres de la várzea et les graines sont disséminées dans l’eau.

Plusieurs espèces de poissons se dispersent dans les forêts inondées pour s’en nourrir et leur

capture devient naturellement difficile.

Les fruits de l’arbre de caoutchouc et du palmier juari constituent une partie

essentielle de l’alimentation des Characiformes, tels que Colossoma macropomum (tambaqui)

et Piaractus brachypomus (pirapitinga). Les pêcheurs, généralement, connaissent les arbres

exploités et se dirigent vers la forêt d’igapó à la recherche de ces poissons. Ainsi, la période la

plus propice pour à leur pêche est la période des pluies 42

(Goulding, 1980, Claro-Jr et al.,

2004).

Pendant la saison sèche, étant donné que le volume d’eau est moindre par rapport à la

saison de pluies, les poissons sont forcés de suivre la décrue et migrent vers le lit majeur ou

restent confinés dans les lacs. Ce phénomène est typique pour Arapaima gigas qui pendant la

décrue devient très vulnérable à la capture dans les lacs (Castello, 2007). C’est aussi le cas des

Siluriformes de grande taille (Pseudoplatystoma tigrinum, Phractocephalus hemioliopterus,

42 La relation entre les forêts inondés et l’alimentation du Colossoma est un schéma général extrait de Goulding (1980) mais

cela est observé aussi pour au moins trois autres taxons, Parauchenipterus galeatus (Auchenipteridae, Siluriformes),

Mylossoma duriventre (Serrasalmidae, Characiformes) et Triportheus elongatus (Characidae, Characiformes) d’après Claro-

Jr et al, 2004.

101

Pterodoras granulosus et Oxydoras niger), qui sont confinés dans le lit majeur. Durant cette

période la pêche est est naturellement facilitée car les poissons sont concentrés dans certains

milieux de la várzea.

La saisonnalité influence aussi le cycle des tortues aquatiques. Pendant la période de

ponte (de septembre à novembre, environ), les tortues se dirigent vers les bords des cours

d’eau et sur les plages de sable, où elles deviennent plus facilement des proies (Smith, 1979b).

Pendant la saison des pluies, Podocnemis expansa et P. unifilis peuvent rentrer dans la forêt

d’igapó pour se nourrir de fruits et graines (Moll et Moll, 2000).

: 43: Niches écologiques exploitées par groupes taxinomique, valeurs en NMI. Abréviations, Cho : Chondrichthyes ;

Ls : Lissamphibia ; Ost : Osteoglossiformes ; Clup : Clupeiformes ; Cha : Characiformes ; Sil : Siluriformes ; Syn :

Synbranchiformes ; Per : Perciformes ; Che : Chelonii ; Cro : Crocodilia ; La : Lacertilia ; Ser : Serpentes ; Ma :

Marsupialia ; Rd :Rodentia

Graphique 12 : Milieux exploités (A, B, C), valeurs en NMI

43 La reconstitution des niches écologiques pottentiellement exploitées s’est faite selon les données actuelles sur l’écologie

des espèces dont les références sont présentées dans la partie Résultats.

27

270

Forestier ( C )

Aquatique (A, B)

Cho Teleostei Ls Reptilia Mammalia Total

Milieu Niche écologique Ost Clu Cha Sil Syn Per Che Cro Lac Ser Ma Rd

Forestier Arboricole 19 19

Terrestre 2 4 2 8

Aquatique Fonds du lit majeur/lac 3 3 58 7 14 5 90

Lacs 48 9 4 1 62

Forêts inondées (igapós) 35 35

Bras de rivières (igarapés) 4 1 34 7 13 19 6 84

Tableau 10 :

(A) Forêt inondée (igapó) (B) Lit majeur de l’Amazone (C) Forêt tropicale humide

102

En prennant en compte ces données sur l’écologie actuelle des espèces et en les

comparants au contexte archéologique, nous pouvons proposer un schéma généraliste des

milieux potentiellement exploités (Tableau 10, Graphique 12). Nous observons une

prédominance nette d’espèces aquatiques et semi-aquatiques (90% du NMI) à défaut des

espèces typiquement arboricoles et terrestres, qui ne représentent que 10% de l’assemblage.

Mais, au sein du milieu aquatique, la diversité de taxons exploités reflète la pluralité des

niches écologiques fréquentées par les amérindiens pour leur subsistance (forêts innondées,

lacs, fond du lit majeur, bras de rivières).

1.2. Les migrations saisonnières des poissons amazoniens et leur influence sur les

captures

Nous avons pu voir que la connaissance des régimes hydrologiques et des différents

environnements de la région de confluence sont essentiels pour la capture des animaux. En

explorant l’écologie des téléostéens, nous verrons que certains groupes effectuent des

migrations dont la connaissance est indispensable pour leur pêche.

D’après Lowe-McConnell (1987), il existe deux principaux types de migrations : 1)

les migrations latérales, effectuées des forêts inondées vers le lit majeur, effectuées en

fonction du niveau de l’eau (p. 99) et 2) les migrations longitudinales, c’est-à-dire en amont et

aval du lit majeur. Deux agents principaux contrôlent la migration des poissons: le cycle

reproductif et l’alimentation.

Pour se reproduire, généralement, au début de la montée des eaux, les bancs de

poissons migrent en amont du lit majeur en direction des sources. Ce phénomène est appelé

piracema et il est connu chez les Characiformes (Piaractus, Brycon, Schizodon, Hydrolycus,

Mylossoma, Myleus) ainsi que chez certains Sciaenidae (Goulding, 1980). Les périodes de

migrations sont connues des pêcheurs actuels, qui positionnent les filets souvent dans

l’embouchure des affluents au moment où les poissons sortent des ces affluents en direction

du lit majeur (Goulding 1979, 1980, 1982).

Un troisième facteur qui peut guider les voies de migration est la prédation effectué

par les poissons piscivores ou omnivores. Pendant la période sèche (juin à décembre), certains

groupes peuvent effectuer des déplacements importants et rentrer dans les plaines inondées en

suivant le mouvement des bancs. Parmi les Characifomes, les prédateurs plus importants sont

les Cynodontidae (Hydrolycus, Rhaphiodon). Arapaima gigas et les espèces de grande taille

de Sciaenidae et Cichlidae sont aussi des prédateurs qui peuvent rentrer dans les affluents

pour attaquer des bancs. De même, pendant les mois plus secs, les poissons-chats de grande

103

taille migrent en amont du lit majeur et c’est le ce moment le plus propice pour leur capture

(Barthem et Goulding, 1997).

En examinant l’assemblage faunique du site Hatahara, nous observons une

représentation significative de poissons migrateurs tels que C. macropomum, Hydrolycus sp.,

P. hemioliopterus, P. fasciatum, P. squamosissimus. Nous proposons ainsi que les Paredão

ont pu dévélopper des stratégies de pêche adaptées aux différents cycles saisonniers,

reproductifs et migratoires.

2. Les techniques de pêche et de chasse envisagées

2.1. La pêche

A partir des faunes identifiées dans le matériel archéologique et des données

ethnographiques, nous essayerons de réfléchir sur les méthodes de chasse et de pêche utilisées

par les habitants du site Hatahara. Les sources bibliographiques historiques, ethnographiques

et écologiques seront essentielles dans cette réflexion. Nous considérons que l’utilisation ces

sources ne permettent pas de prouver l’emploi de telle ou telle technique, mais d’élargir le

champ d’hypothèses interprétatives sur la pêche et la chasse.

Les nasses en bois et en vannerie (voir figure 64 A) sont souvent mentionnées dans la

littérature ethnographique (Lowie, 1963). L’utilisation des filets est plus rare (Daniel, 2004,

Lowie, 1963) et certains auteurs suggèrent que leur emploi s’est généralisé après l’arrivée des

européens (Smith, 1979a). Les filets et les nasses sont souvent placés dans l’embouchure des

affluents avec le lit majeur au moment des migrations. Un grand nombre d’espèces peut être

capturé par ces méthodes: les Siluriformes, Characiformes (Prochilodus nigricans, Brycon

spp.), Perciformes (Plagioscion).

La pêche des grands poissons-chats se distingue de celle des autres groupes puis-qu’ils

sont benthiques (mais non exclusivement) et leur capture est faite en fonction des migrations

qu’ils effectuent au long du lit majeur. Ainsi, la pêche de ces poissons peut se faire à la ligne -

souvent dans les cascades car les y poissons restent souvent bloqués lors de la migration - ou

au filet (caçoeira, grozeira) fixé au fond du fleuve (Goulding, 1979).

Actuellement la pêche de C. macropomum peut se faire pendant presque toute l’année.

Pendant la saison sèche, C. macropomum peut être capturé dans les lacs et bras des rivières.

Cependant, les grandes captures de C. macropomum se font pendant la saison des pluies dans

la forêt d’igapó. Les filets sont attachés aux troncs des arbres ; la ligne, ou la palangre

(espinhel) peuvent être employées en utilisant des graines comme appât (figure 64 B). L’arc et

104

le harpon sont aussi utilisés: les pêcheurs se mettent entre les arbres et attendent que le

poisson vienne attraper les graines à la surface pour le harponner.

Figure 64 (A) Nasse en bois (covo) ; (B) Pêche dans la forêt inondée (igapó) au filet et à l’espinhel,

(Goulding, 1979)

Les auteurs du XVI au XIXe siècle, ainsi que les premiers anthropologues à travailler

en Amazonie (Lowie, 1963, p. 13) décrivent que les projectiles (harpon, flèche) constituent

probablement les méthodes les plus utilisées par les amérindiens (Figure 65). Elles sont

souvent employées à la capture des poissons qui se rapprochent de la surface. Le harpon est

une méthode souvent décrite pour la capture de Arapaima gigas qui peut monter pour respirer

de l’air à la surface chaque 10-20 minutes pendant la saison sèche (Smith, 1979, Daniel,

2004 ; Murrieta, 2001).

Figure 65 (A) Harpon (B) arc et flèche utilisés pour la pêche à Itacoatiara-AM (Schéma Smith, 1979a)

La présence de Synbranchus spp. (pirambóia) sur le site Hatahara mérite notre

attention. Ces poissons longs et fins ressemblant à des anguilles habitent dans les eaux

stagnantes et hypoxiques. Ils s’enfouissent dans la boue pendant la journée et s’activent

pendant la nuit quand ils viennent respirer à la surface ou chasser (Ihering, 2002). Proche de

la surface et des rives, ils peuvent être alors capturés. La présence de la pirambóia dans le site

révèle ainsi des connaissances de pêche très spécialisées puisqu’il s’agit d’une capture

souvent nocturne.

A

B

A B

105

L’empoisonnement des poissons (timbó) est une méthode très répandue chez les

amérindiens de l’Amazonie à l’heure actuelle (Smith, 1979a, Descola, 1986, Meunier, 2004).

Cette pratique est considérée comme un trait commun à plusieurs cultures de la « Forêt

Tropicale » (Lowie, 1963, p. 2). L’empoisonnement se fait à partir de la sève de plantes

toxiques et souvent utilisé les eaux calmes ou des marres résiduelles. Le poison est mis dans

l’eau, les poissons sont enivrés et ensuite recueillis (Métraux, 1963).

La présence sur le site Hatahara de poissons dont la pêche est très spécialisée, tel que

le Symbranchus spp., nous amène à penser que les amérindiens connaissaient probablement

l’écologie de cet animal qui est difficile à capturer44

. Par ailleurs, la diversité des taxons

exploités démontre que les techniques de pêche utilisées ont dû être variées et adaptées en

fonction de la saison et du milieu de pêche.

Finalement, les poids estimés contrastés - allant de 20 g pour les Cichlidae de petite

taille (p. 70) à 100 000 g pour A. gigas - laissent supposer l’utilisation de techniques ciblées

en fonction de la taille. De ce fait, pour la pêche de grands poissons, l’arc et le harpon

constituent deux des techniques envisagées. Quant aux poissons de petite taille, les filets ou

les nasses ont pu être utilisés et éventuellement le poison sur des surfaces limitées.

2.2. Les tortues aquatiques : chasse ou stockage ?

La présence des chéloniens dans le spectre faunique et les traces anthropiques sur leur

carapace démontrent que les tortues ont été consommées. Au moins six méthodes de capture

sont mentionnées par les sources historiques et ethnographiques.

La saison la plus propice à leur capture est le début de la saison sèche, quand elles

descendent vers le lit majeur (Bates, 1979 : 230). Elles pondent leurs œufs sur les plages de

sable ou au bord des lacs. Les chasseurs se dirigent donc vers ces milieux et attendent les

tortues silencieusement. Dès qu’elles commencent à creuser la terre pour pondre leurs œufs,

elles sont attaquées. Pour les immobiliser, les tortues sont retournées (viração) (Acuña, 1994 :

133 ; Métraux, 1963 : 665, Ferreira, 1972 : 34).

Une deuxième méthode consiste en une chasse collective où une partie des hommes

rentrent dans les lacs et frappent sur l’eau en avançant pour les expulser (Figure 66 A).

L’autre partie des gens attend dehors pour les rattraper à la main ou avec l’aide d’un filet pour

les rassembler (Bates, 1979, p. 233).

44 La présence du genre Synmbranchus en contexte archéologique en Amazonie est aussi mentionée par Béarez et Prümers

(2007) et Peña et al.( 2007).

106

Figure 66 (A) Chasse aux tortues dans un lac dans le domaine de Ega, XIXème siècle (Bates, 1979, p.236),

(B) harpon (tapuá), instrument de chasse de tortues, Itaquatiara-AM (Smith, 1979b), (C) Flèche utilisée

dans la chasse à la tortue à Ega (Bates, 1979, p. 234)

Les tortues peuvent être capturées à l’arc ou au harpon (jaticá, tapuá) directement

quand l’animal est dans l’eau ou quand elles dorment sur les plages (figures 66 B et C). Pour

les attirer, les fruits et le manioc peuvent être utilisés comme appât (Bates, 1979 : 230 ;

Ferreira, 1972 : 33 ; Smith, 1979 b :92). La pêche au filet peut être aussi employée (le puçà) :

les pêcheurs attachent les filets à l’embouchure de l’affluent pour attraper les tortues qui

descendent vers le lit majeur (Ferreira, 1972 :26). Enfin, des pièges coniques construits à

partir de fibres végétales (covo) sont encore utilisés dans le Rio Madeira (Goulding, 1979).

Les données archéozoologiques ne nous permettent pas de déterminer la technique de

capture des tortues. Ces animaux pourraient être chassées de manière permanente ou

collectées puis stockées dans des étangs à tortues. Malgré que ces étangs aient été décrits dans

un site de la même période chronologique dans la région, le Lago do Limão (Moraes, 2006),

nous n’avons pas de données matérielles qui puissent prouver cette pratique sur le site

Hatahara. Ainsi, le débat entre la chasse permanente ou le stockage de tortues reste ouvert.

A

B

C

107

3. Régime alimentaire des groupes Paredão

3.1. La part du poisson dans l’alimentation des Paredão : Arapaima gigas et

Colossoma macropomum, deux espèces largement consommées

Comme nous l’avons démontré par l’étude archéozoologique, les poissons

représentent probablement la principale source de protéine animale exploitée. La grande

diversité de taxons de téléostéens (37), inféodés à des niches très diverses, nous amène à

proposer que les Paredão étaient des pêcheurs à la fois généralistes, mais avec une

prédilection pour certaines espèces.

Deux poissons Arapaima gigas et Colossoma macropomum dominent tous les indices

mesurés (NMI, NR, biomasse). La préférence pour ces espèces peut être liée à un apport

nutritif45

, à un marqueur culturel ou à l’accessibilité de ces deux taxons.

Arapaima gigas est sans doute l’espèce la plus abondante dans l’assemblage faunique.

Quant aux tailles exploitées de cet animal, nous avons pu observer un grand contraste. Les

individus ont des poids estimés allant de 5 à 100 kg, ou plus (Figure 67 A). Mais le poids

moyen de la plupart des individus de l’assemblage est de 50 kg, ce qui correspond à un apport

de viande non négligeable. Arapaima gigas reste très valorisée en Amazonie et sa

surexploitation en fait une espèce menacée à l’extinction (Smith, 1979a; Goulding, 1980,

Murrieta, 2001).

Figure 67 : (A) Vertèbres pré-caudales d'Arapaima gigas de différents individus montrent que différentes tailles de

cette espèce ont été consommées Photo: G. Prestes-Carneiro ; (B) Pêche de Arapaima gigas46 Image : IRD

Il est important d’observer que malgré la grande diversité de poissons existante dans

les plaines d’inondation de l’Amazonie Centrale à l’heure actuelle, les espèces archéologiques

les plus représentées restent encore aujourd’hui des ressources alimentaires très exploitées47

.

45

Les valeurs caloriques de A. gigas est de 73,78 kcal et celle du C. macropomum est de 83,85 kcal (Jurafo et al., 2013) 46 http://www.ird.fr/la-recherche/projets-de-recherche/la-pisciculture-au-secours-du-geant-de-l-amazone

A B

108

Des études des années 1970 réalisées dans des villages riverains de la région de

confluence démontrent que la moyenne de consommation de poisson est de 550 g par jour48

(Cowx et al., 1998 : 433), ce qui dépasse largement les besoins nutritionnels journaliers par

personne. Certains auteurs estiment encore que la pêche soit 27 fois plus productive que la

chasse dans la région (Smith, 1979 a).

Quant à la période de capture, les donnés actuelles sur la pêche (Annexe 14) montrent

que cette activité est réalisée pendant toute l’année, malgré qu’elle soit fortement saisonnière.

La période la plus propice pour la capture de A. gigas est la saison sèche, tandis que pour C.

macropomum c’est la saison des pluies (Cowx et al., 1998, Goulding, 1979).

Les données actuelles viennent en quelque sorte corroborer les résultats

archéozoologiques dans le sens où la chair de poisson aurait pu garantir une grande partie des

besoins protéiques des Paredão. De plus, la capture de poissons pourrait être une source

exploitable pendant pendant toute l’année. Cependant, des études sur la saison de capture des

poissons, par sclérochronologie pourraient permettre d’éclairer ces hypothèses.

3.2. La consommation de Podocnemis spp.

Les reptiles constituent une partie importante dans les indices mesurés (NMI, NR).

Mais les caïmans, serpents et lézards ne présentent pas de traces de découpe ou d’exposition

au feu. A l’heure actuelle, ces groupes sont ponctuellement recherchés dans un but

alimentaire, mais cette exploitation ne peut pas être comparée à la celle des tortues aquatiques

(Klemens, 1995, Smith, 1979b, Souza-Mazurek et al., 2000).

La consommation des tortues a été demontrée par la présence des traces de découpe

liées à l’ouverture de l’animal par sa partie ventrale (p. 91). Les observations obtenues sur les

stades de chauffe (p. 93) nous renvoient aux rapports des naturalistes décrivant la

consommation des tortues en Amazonie au XIXème siècle. Bates (1979, p. 237) décrit «(…)

On la cuit dans la propre carapace49

(…)». De plus, en fonction des informations recueillies

par Smith (1979b) et à l’Institut Mamirauá (Tefé-Amazonas), la façon plus courante de

préparer une tortue est de la mettre avec le dos directement sur un foyer. L’ensemble de ces

données nous amènent à supposer un contact direct de l’animal avec le feu.

47 Lors d’une étude réalisé dans les année 90 sur la pêche dans la région de confluence (Cowx et al., 1998), les poissons

préférés à la consommation étaient C. macropomum (tambaqui) ; Cichla spp. (tucunaré); Myleinae (pacu), Prochilodus

nigricans (curimatã), Arapaima gigas (pirarucu) et Oxydoras niger (cuiu-cuiu) 48 L’auteur ne précise pas s’il s’agit du poids de viande ou poids de la chair 49“ (…) Assa-se no próprio casco”

109

Nous pouvons extraire deux informations importantes concernant les taxons et la taille

des individus exploités. En premier plan, tous les restes de chéloniens ont été attribués aux

Podocnemididae, des tortues inféodées aux milieux aquatiques. Nous observons ainsi

l’absence de restes d’espèces terrestres consommés dans la région de confluence à l’heure

actuelle (Souza-Mazurek et al., 2000).

En deuxième plan, on estime que la plupart des tortues ont pu avoir environ 30 à 40

cm et même 70 cm (longueur de la carapace). Cela nous permet de démontrer une

spécialisation au niveau d’un groupe taxinomique de la famille Podocnemididae (contrastant

avec la diversité trouvée pour les téléostéens) ainsi que de la sélection d’une taille moyenne à

grande (allant de 30 à 70 cm).

L’importance de Podocnemis dans l’alimentation des populations amazoniennes est

décrite depuis les premiers passages des voyageurs et reste une des ressources animales parmi

les plus exploitées pendant l’époque coloniale (Smith, 1979b, Hemming, 2009) jusqu’à

aujourd’hui50

(Rebêlo, 2005, Fachin-Teran et al., 2004). L’apport énergétique de la chair de

Podocenemis expansa est d’environ 86 kcal/100g (Gaspar et Rangel Filho, 2001), une valeur

comparable à celle des poisson (p. 106).

Si on compare le poids de restes de poissons à celui des chéloniens (Annexe 8), nous

observons que le deuxième est bien supérieur au premier. Cependant, si on prend en compte le

NMI (Téléostéens = 280, Chéloniens = 23) et la quantité de chair apportée par chaque groupe,

nous estimons que la part du poisson serait supérieure à celle des tortues. Des études

isotopiques (en cours) sur les restes humains du site Hatahara menés par Tiago Hermenegildo

à l’Université de Cambridge pourraient éclairer ce débat.

50

José Verissimo, en 1865, décrit « La tortue est véritablement le bétail de l’Amazonie. Elle et le pirarucu sont les

principaux aliments de ses populations » (Ihering, 2002, p.490)

110

3.3. Une absence de mammifères ?

La représentation des mammifères sur le site Hatahara est très réduite si on compare à

celle des téléostéens et des tortues. La majorité des restes ont été attribués à la famille

Echimyidae (ratos-de-espinho), des rongeurs arboricoles ou semi-terrestres. Aucune trace de

découpe ou d’exposition n’a été observée et la presque totalité de ces restes ont été trouvés à

l’intérieur des fosses de rejet.

Nous proposons ainsi deux hypothèses concernant la présence des rongeurs dans les

fosses: en premier, ces animaux auraient pu venir se nourrir des déchets (communication

personnelle de la spécialiste Maria de Nazareth Ferreira da Silva, INPA). En deuxième, les

rongeurs auraient pu être rejetés par les humains après consommation. La présence de ces

rongeurs peut suggérer ainsi la proximité d’une zone d’habitat.

Quant aux rongeurs de moyenne à grande taille, nous avons identifié une dent brulée

de Myoprocta sp. (cotiara) et une dent de Hydrochoerus hydrochaeris (capybara). Malgré

l’absence de traces de découpe sur ces restes puisqu’il s’agit de dents isolées, la

consommation de ces animaux est bien connue en contexte archéologique (Driesch et

Hutterer, 2012) jusqu’à l’heure actuelle en Amazonie (Smith, 1979a; Ojasti, 1991, Endo et al,

2009). Nous interprétons ainsi qu’ils auraient pu être consommés sur le site Hatahara.

La chasse constitue une activité économique et sociale de grande importance pour

plusieurs sociétés amazoniennes (Descola, 1986 ; Fausto, 2001). Comment pourrait-on

expliquer l’absence de restes de mammifères sur le site Hatahara ? Une hypothèse pourrait

être la conservation différentielle des restes osseux. Les conditions taphonomiques des sites

amazoniens tendent à biaiser les assemblages taphonomiques, de forme à « cacher/masquer »

la présence des grands mammifères et sur-représenter les mammifères de petite taille (Stahl,

1995). Toutefois, sur le site Hatahara, on a pu observer que les dents sont bien conservées.

Donc la présence de grands mammifères auraient dû être repérée dans l’assemblage.

La deuxième hypothèse est liée à une occupation saisonnière du site qui serait à l’abri

de l’inondation annuelle pendant la saison de pluies. La présence de mammifères chassables

alentour serait donc très faible. Toutefois, la présence d’espèces de poissons généralement

capturées pendant la saison sèche (P. fasciatum, P. hemioliopterus, Symbranchus spp.) peut

remettre en question cette supposition.

La troisième hypothèse, ici soutenue, suggère que les mammifères ont constitué une

part réduite dans l’alimentation des Paredão, ce qui peut expliquer le fait qu’ils soient plus

rares sur le site. D’une part, comme déjà signalé, la localisation du site Hatahara est

111

privilégiée au niveau de l’accès aux ressources aquatiques. Cependant, une explication

exclusivement écologique nous parait simpliste dans le sens où l’économie de subsistance

d’un groupe n’est pas exclusivement determinée par des contraintes environnementales. Nous

proposons qu’une prédilection pour les animaux aquatiques pourrait constituer un marqueur

culturel de ce groupe et non pas une adaptation «écologiquement determinée » (Fausto, 2001)

E - CONCLUSION

L’étude archéozoologique du site Hatahara met en évidence l’importance du poisson et

des tortues aquatiques en tant que ressources de subsistance des amérindiens. La grande

diversité de taxons exploités révèle l’emploi de techniques de pêche efficaces et diversifiées.

La présence d’espèces dont la pêche est très spécialisée (Arapaima gigas, Synnbranchus spp.,

Phractocephalus hemioliopterus) dévoile des connaissances pointues des niches écologiques

de chaque taxon. Ainsi, il convient d’admettre que la pêche constitue depuis la période

précolombienne une activité essentielle dans l’économie de subsistance des communautés

riveraines de l’Amazonie.

L’emplacement du site Hatahara, sur les berges de l’Amazone est peut-être privilégié

du point de vue de l’accès aux environnements de la confluence. Cette zone est un lieu de

passage annuel de bancs migratoires de divers groupes de poissons et des tortues aquatiques.

L’obtention d’un spectre faunique marqué par la présence quasi-exclusive d’espèces

aquatiques ou semi-aquatiques suggère une économie de subsistance des Paredão tournée

vers les milieux aquatiques, cours d’eau et différents environnements de la várzea : lagos de

várzea, igarapés, igapós.

La mise en évidence de fosses liées à l’activité domestique pendant la phase Paredão

(un « four » et deux fosses de rejet) nous amène à remettre en question une fonction

uniquement funéraire du monticule 1. Nous proposons ainsi l’hypothèse de différents

moments d’occupation de cette zone au cours de la période Paredão. En perspective, une

étude comparative avec des monticules domestiques du même site devrait contribuer à une

meuilleur compréhension de ces structures.

Notre étude permet de revenir au débat mené par Meggers (1954), Carneiro (1968) et

Lathrap (1968) considérant que le manque de protéine animale serait un facteur limitant au

développement économique et social des sociétés amazoniennes. Selon Carneiro (1968) et

Lathrap (1968), la recherche constante de ressources animales menait les groupes de

112

l’intérieur à se déplacer constamment, tandis que les ressources aquatiques des grands cours

d’eau amazoniens viabilisaient l’installation des groupes sédentaires.

Si l’on remet en contexte les résultats archéozoologiques obtenus pour le site

Hatahara, nous démontrons que la pêche, associée à la culture de tubercules et palmiers

(Caromano, 2010, Cascon, 2010); aurait pu garantir les besoins protéiques des groupes

Paredão dans la longue durée. Ces résultats colleraient avec un modèle de villages sédentaires

et remettent en question l’hypothèse d’un manque de protéine animale. Cependant, plus de

recherches sur d’autres sites de la même période et dans différents environnements de la

várzea seraient necéssaires pour répondre à ces questions.

En conclusion, il nous semble que les modèles exclusivement environnementalistes

peuvent masquer et négliger des marqueurs culturels qui auraient pu influencer les

préférences alimentaires et les choix techniques. A partir de l’étude archéozoologique du site

Hatahara, nous proposons que la pêche et la chasse de tortues aquatiques soient liées non

seulement à l’accès aux ressources, mais aussi à des choix inhérents à l’identité culturelle des

groupes Paredão.

Les études bioarchéologiques sont progressivement développées, mais sont encore

peu nombreuses dans la région. Cette étude n’aurait pas pu se faire sans l’emploi de

techniques propres à l’archéozoologie, telles que le tamisage fin à l’eau, qui n’est pas encore

employé systématiquement au sein des programmes de recherche archéologique. En

perspective, les techniques de prélèvement de la faune adéquates aux contextes amazoniens

constituent un sujet de recherche à dévéloper ultérieurement.

Nous espérons qu’à la lumière de ces nouvelles données archéozoologiques, les

futures recherches seront plus systématiques et permettront de renforcer nos connaissances sur

l’exploitation des ressources environnementales dans différentes contextes archéologiques de

l’Amazonie.

113

Bibliographie

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126

Liste de figures

Figure 1: Carte du bassin du fleuve Amazone .......................................................................... 9

Figure 2: Section de la vallée de l’Amazone........................................................................... 13

Figure 3: Milieux écologiques de l’Amazonie Centrale ......................................................... 15

Figure 4: Village Conibo (Saint Cricq, 1875) ......................................................................... 18

Figure 5: Planches illustratives de Spix et Wagler (1817-1820) ............................................. 19

Figure 6: Région de la confluence des fleuves Negro et Solimões ......................................... 24

Figure 7: Disposition de monticules en Amazonie Centrale ................................................... 26

Figure 8: Schéma de l'étang à tortues. ..................................................................................... 27

Figure 9: Coupe du monticule 1, site Hatahara ....................................................................... 33

Figure 10: Photo en plan de masse du monticule 1 ................................................................. 34

Figure 11: Céramique de la phase Paredão et haché polie ..................................................... 34

Figure 12: Vertèbres d'Arapaima gigas proches d’une sépulture ........................................... 35

Figure 13: Mandibule de caïman dans le monticule 1 ............................................................ 35

Figure 14: Coupe de la Fosse 2 (F2), carré N1157W1360, schéma fait par Ma ..................... 38

Figure 15: Tamisage à l'eau au Museu de Arqueologia e Etnologia (São Paulo) ................... 40

Figure 16: Collection ostéologique d'Ichtyologie de l’UMR 7209 ......................................... 41

Figure 17: Potamotrygonidae (archéologique et actuel) ........................................................ 47

Figure 18: Restes archéologiques Arapaima gigas ................................................................. 50

Figure 19: Osteoglossum bicirrhosum (actuel) ....................................................................... 51

Figure 20: Hoplias malabaricus (actuel) ................................................................................ 53

Figure 21 : Hydrolycus scomberoides (actuel) ........................................................................ 53

Figure 22: Rhapidon vulpinus (actuel) .................................................................................... 54

Figure 23: Mylossoma duriventre (actuel) .............................................................................. 54

Figure 24: Piaractus brachypomus (actuel) ............................................................................ 55

Figure 25: Restes archéologiques Colossoma macropomum .................................................. 57

Figure 26: Colossoma macropomum ....................................................................................... 57

Figure 27: Serrasalmus rhombeus (actuel). ............................................................................ 59

Figure 28 : Schizodon fasciatus(actuel) ................................................................................... 59

Figure 29: Semaprochilodus insignis (actuel) ......................................................................... 60

Figure 30 : Brycon amazonicus (actuel) .................................................................................. 61

127

Figure 31 : Hoplosternum littorale (archéologique et actuel) ................................................. 62

Figure 32 : Loricariidae (archéologique et actuel) .................................................................. 63

Figure 33 : Doradidae (archéologique et actuel) ..................................................................... 64

Figure 34 : Pterorodas granulosus (actuel et archéologique) ................................................. 65

Figure 35: Oxydoras niger (archéologique et actuel).............................................................. 65

Figure 36 : Pimelodus blochii. (actuel) ................................................................................... 66

Figure 37 : Restes archéologiques Pseudoplatystoma tigrinum ............................................. 67

Figure 38 : Pseudoplatystoma tigrinum (actuel) ..................................................................... 67

Figure 39 : Phractocephalus hemioliopterus (archéolohique et actuel) .................................. 68

Figure 41 : vertèbre de Symbranchus sp. et dessin de l’animale ......Erreur ! Signet non défini.

Figure 42 : Dentaire Symbranchus sp 1 .................................................................................. 70

Figure 43 : Dentaire Synbranchus sp. 2 .................................................................................. 70

Figure 44: Plagioscion squamosissimus (actuel) .................................................................... 71

Figure 45: Satanoperca jurupari; Astronotus ocellatus; Cichlasoma amazonarum .............. 72

Figure 46: Cichla spp. (archéologique et actuel)..................................................................... 72

Figure 47 : Plaque pleurale Podocnemididae .......................................................................... 75

Figure 48 : Plaques périphériques Podocnemididae ............................................................... 75

Figure 49 : Plastron de Podocnemis nigrii et entoplastron archéologique Podocnemis spp ... 76

Figure 50 : Plaque neurale 3 Podocnemididae ........................................................................ 77

Figure 51 : Humérus cf. Podocnemis(archéologique) , Podocnemis expansa et Peltocephalus

dumerilianus (actuel) ................................................................................................................ 77

Figure 52: Tortues de la famille Podocnemididae .................................................................. 78

Figure 53 : Restes archéologiques Alligatoridae .................................................................... 80

Figure 54 : Maxillaire associé à Tupinambis spp. ................................................................... 80

Figure 55 : vertèbre cf. Eunectes spp. ..................................................................................... 82

Figure 56 : série dentaire Echimys chrysurus (actuel) et cf. Echimys spp. (archéologique). .. 85

Figure 57 : Traces de découpe sur épine pectorale de Siluriforme ......................................... 90

Figure 58 : Hypothèse de positionnement des découpes sur un Siluriforme .......................... 91

Figure 59 : Cleithrum de Phractocephalus hemioliopterus avec trace de découpe ................ 91

Figure 60 : Recontution des traces de découpe sur le plastron archéologique ........................ 92

Figure 61 : Trace de découpe sur l'hypoplastron droit (archéologique) et Hypothèse de

découpe pour d'ouverture des tortues. ...................................................................................... 92

128

Figure 62 : Schéma de fumage de poissons (Lowie, 1963) et Loricariidae préparés au feu,

Mercado de Peixes. .................................................................................................................. 93

Figure 63 : Fragments de la carapace présentant différents stades de chauffe (archéologique)

et carapace brûlé de tortue actuelle (Instituto Mamiraua) ........................................................ 94

Figure 64 : Nasse en bois (covo) et pêche dans la forêt inondée (igapó) .............................. 104

Figure 65 : Harpon, arc et flèche utilisés à Itacoatiara-AM .................................................. 104

Figure 66 : Chasse aux tortues dans un lac, harpon (Bates, 1979) et instrument de chasse de

tortues, Itaquatiara-AM (Smith, 1979) ................................................................................... 106

Figure 67 : Vertèbres pré-caudales d'Arapaima gigas .......................................................... 107

129

Liste de tableaux

Tableau 1 : Chronologie établie à partir des études céramiques ............................................. 24

Tableau 2 : Table de stades de chauffe d’après Stiner et al, (2005) et Lebon (2010) ............ 43

Tableau 3 : Tableau récapitulatif de la faune identifiée sur le Site Hatahara ......................... 46

Tableau 4 : Tableau de diversité taxinomique et abondance de téléostéens sur le site Hatahara

.................................................................................................................................................. 48

Tableau 5 :Tableau récaptulatif des lissamphibiens ................................................................ 72

Tableau 6 : Tableau récaptulatif des Reptiliens ...................................................................... 73

Tableau 7 :Tableau récaptulatif des mammifères ................................................................... 83

Tableau 8 :Tableau récapitulatif de la F1 obtenu avec le tamisage à fin à l’eau. ................... 99

Tableau 9 :Tableau récapitulatif de la F1 obtenu avec le ramassage à l’œil nu ...................... 99

Tableau 10 : Niches écologiques exploitées par groupes taxinomique ................................ 101

130

Liste de graphiques

Graphique 1 :Nombre de Restes par groupe taxinomique et pourcentage ............................ 45

Graphique 2 : Nombre Minimal d'Individus par groupe taxinomique et pourcentage........... 45

Graphique 3 : Nombre de Restes par élément anatomique de Arapaima gigas ..................... 50

Graphique 4 : Nombre de Restes par élément anatomique de Colossoma macropomum ...... 56

Graphique 5 : Représentation des NR de Chelonii ................................................................ 74

Graphique 6 : Pourcentage de Représentation (PR) de rongeurs du groupe 1 ....................... 86

Graphique 7 : Pourcentage de Représentation (PR) de rongeurs du groupe 2 ....................... 86

Graphique 8 : Evaluation de la biomasse (en grammes), proportion des différents taxons ... 88

Graphique 9 : Evaluation de biomasse (en grammes), proportion des taxons sans A. gigas . 89

Graphique 10 : Stades de brûlure de fragments de la carapace/plastron ................................ 94

Graphique 11 : Nombre de taxons en utilisant les deux méthodes d’échantillonnage ........... 98

Graphique 12 : Milieux pottentiellement exploités .............................................................. 101

131

Liste des Annexes

Annexe 1 : Synthèse cronologique obtenue pour les sites de l'Amazonie Centrale. ............. 133

Annexe 2 : Céramique des phases Açutuba, Manacapuru, Paredão et Guarita. .................... 133

Annexe 3 : Plan thopographique du site Hatahara et aires de concentration céramique jusqu’à

2006. (Crédits : Marcos Brito) ............................................................................................... 134

Annexe 4 : Vue du site Hatahara sur le Fleuve Solimões. Extrait de Arroyo-Kalin (2008) . 135

Annexe 5 : Vue du Rio Solimões en surplomb depuis le site Hatahara. Photo: G.Prestes-

Carneiro .................................................................................................................................. 135

Annexe 6 : Plan de masse des sépultures des niveaux 80 à 110 cm du monticule 1. ............ 136

Annexe 7 : Liste des espècimens (Collections de Référence) utilisées lors de la détérmination

taxinomique ............................................................................................................................ 137

Annexe 8 : Schéma des plaques de la dossière et du plastron de Podocnemis unifilis ......... 139

Annexe 9 : Critères utilisés dans l’identification pour les rongeurs de la famille Echimyidae

................................................................................................................................................ 140

Annexe 10 : Tableau de poids moyens (en grammes) estimés par taxon à partir de

l’assemblage archéologique et pris en compte lors du calcul de biomasse ............................ 141

Annexe 11 : Tableau récapitulatif de NR et NMI pour la fosse F2b ..................................... 141

Annexe 12 : Tableau récapitulatif de NR et NMI pour la fosse F1 ....................................... 142

Annexe 13 : Tableau récapitulatif de NR et NMI pour la fosse F2 ....................................... 143

Annexe 14 : Période de pêche (généraliste) de quelques poissons dans la région de confluence

construit d’après Smith (1979a) et Goulding (1979) ............................................................. 144

132

Annexes

133

Annexe 1 : Synthèse cronologique obtenue pour les sites de l'Amazonie Centrale. Les rectangles representent les dates calibrés (Oxcal 3.1, IntCal04.14c). Image extraite de Arroyo-Kalin (2008) et Lima (2008).

Annexe 2 : (A) Apliques modelés de la phase Açutuba des sites Hatahara et Açutuba, (B) céramique Manacapuru., (C) Applique de la phase Paredão, (D) Urne funéraire Guarita (Extrait de Machado, 2005) (E) Applique de la phase Guarita. Dessins : Marcos Brito et Val Moraes. Extraits de Lima (2008).

A B

C

D

E

134

Annexe 3 : Plan thopographique du site Hatahara et aires de concentration céramique

jusqu’à 2006. (Crédits : Marcos Brito)

Para margem esquerdado rio Solimões

1555 dC

820 aC

940 dC

310 aC

Culturade várzea

Cultura

Cultura

Cultura

Pasto

Pasto

Pasto

20

25

30

35

40

40

45

45

47

48

48

48

48

47

47

49

49

47

46

46

45

48

47

W.1200m

W.1400m

W.1600m

N.1150m

N.950m

N.1350m N.1550m

Unidades com recipientes

Unidades com sepultamentos

NM

0 100m

ESCALA

Unidade

Tradagem / transect

Datação

Estrada

Edificação

Borda de superfície aplainada (aproximada)

Curvas de nível (m)

Capoeira antiga

LEGENDA

40

Desenho: Marcos Brito / 2008

FRAGMENTOS CERÂMICOS POR TRADAGEM

De 51 a 100

De 1 a 50

Acima de 201

De 101 a 2001555 dC

dC = depois de CristoaC = antes de Cristo

SÍTIOS ARQUEOLÓGICO HATAHARAIRANDUBA - AM

135

Annexe 4 : Vue du site Hatahara sur le Fleuve Solimões. Extrait de Arroyo-Kalin (2008)

Annexe 5 : Vue du Rio Solimões en surplomb depuis le site Hatahara. Photo: G.Prestes-

Carneiro

136

Annexe 6 : Plan de masse des sépultures des niveaux 80 à 110 cm du monticule 1. Dessin

par M.E.B Castro et modifié par de Rapp Py-Daniel, 2010.

137

Annexe 7 : Liste des espècimens (Collections de Référence) utilisées lors de la

détérmination taxinomique

Collection ostéologique d'Ichtyologie de l’UMR 7209

Famille Genre Espèce LT LS Poids Origine

Sciaenidae Plagioscion squamosissimus 443 mm 378 mm 1000 g Pérou

Pimelodidae Sorubim lima 388 mm 337 mm 312 g Pérou

Pimelodidae Pimelodus blochii 297 mm 207 mm 188 g Pérou

Characidae Piaractus brachypomus 293 mm 240 mm 560 g Pérou

Characidae Mylossoma duriventre 243 mm 200 mm 338 g Pérou

Anostomidae Schizodon fasciatum 389 mm 323 mm 706 g Pérou

Anostomidae Leporinus trifasciatus 420 mm 335 mm 1100 g Pérou

Characidae Salminus sp. 430 mm 346 mm 874 g Pérou

Curimatidae Prochilodus nigricans 364 mm 286 mm 554 g Pérou

Cichlidae Astronotus ocellatus 252 mm 204 mm 418 g Pérou

Hypophthalmidae Hypophthalmus edentatus 430 mm 377 mm 432 g Pérou

Characidae Piaractus brachypomus 385 mm 288 mm 1015 g Pérou

Characidae Serrasalmus rhombeus 305 mm 250 mm 605 g Pérou

Characidae Pygocentrus nattereri 281 mm 232 mm 597 g Pérou

Characidae Acestrorhynchus falcirostris 405 mm 344 mm 504 g Pérou

Cichlidae Crenicichla johanna 345 mm 299 mm 672 g Pérou

Cichlidae Crenicichla johanna 341 mm 291 mm 644 g Pérou

Clupeidae Pellona castelnaeana 567 mm 472 mm 1782 g Pérou

Doradidae Pterodoras granulosus 336 mm 258 mm 373 g Pérou

Auchenipteridae Trachelyopterus galeatus 181 mm 149 mm 94 g Pérou

Characidae Serrasalmus rhombeus 325 mm 268 mm 886 g Pérou

Loricariidae gen. sp. 460 mm 317 mm 994 g Pérou

Characidae Rhaphiodon vulpinus 502 mm 448 mm 796 g Pérou

Cichlidae Cichla monoculus 400 mm 345 mm 1143 g Pérou

Osteoglossidae Osteoglossum bicirrhosum 740 mm 705 mm 2720 g Pérou

Characidae Hydrolycus pectoralis 285 mm 255 mm 282 g Pérou

Characidae Cynopotamus amazonus 240 mm 195 mm 164 g Pérou

Erythrinidae Hoplias malabaricus 408 mm 322 mm 892 g Pérou

Pimelodidae Leiarius marmoratus 500 mm 387 mm 958 g Pérou

Pimelodidae Pinirampus pirinampu 530 mm 458 mm 1630 g Pérou

Pimelodidae Brachyplatystoma vaillanti 600 mm 465 mm 1972 g Pérou

Pimelodidae Brachyplatystoma juruense 670 mm 562 mm 3165 g Pérou

Characidae Colossoma macropomum 438 mm 364 mm 1748 g Pérou

Pimelodidae Phractocephalus hemioliopterus 567 mm 494 mm 2650 g Pérou

Pimelodidae Phractocephalus hemioliopterus 700 mm 606 mm 5600 g Pérou

Pimelodidae Pseudoplatystoma fasciatum 725 mm 635 mm 3275 g Pérou

Pimelodidae Pseudoplatystoma tigrinum 900 mm 810 mm 6300 g Pérou

Pimelodidae Brachyplatystoma filamentosum 970 mm 835 mm 8100 g Pérou

Cichlidae Cichla monoculus 362 mm 306 mm 825 g Pérou

Pimelodidae Sorubimichthys planiceps 785 mm 630 mm 1524 g Pérou

Pimelodidae Paulicea luetkeni 454 mm 370 mm 1072 g Pérou

Pimelodidae Goslinia platynema 750 mm 608 mm 2600 g Pérou

Pimelodidae Callophysus macropterus 427 mm 340 mm 588 g Pérou

Erythrinidae Hoplerythrinus unitaeniatus 300 mm 252 mm 428 g Pérou

Ageneiosidae Ageneiosus brevifilis 283 mm 243 mm 264 g Pérou

Cichlidae Acaronia nassa 173 mm 125 mm 104 g Pérou

Cichlidae Satanoperca jurupari 200 mm 158 mm 150 g Pérou

Sciaenidae Plagioscion auratus 646 mm 540 mm 3600 g Pérou

Doradidae Oxydoras niger 484 mm 424 mm 1132 g Pérou

Osteoglossidae Arapaima gigas 1370 mm 1290 mm ~ 25000 g Pérou

Pimelodidae Brachyplatystoma flavicans 560 mm 446 mm 1230 g Pérou

Characidae Triportheus elongatus 275 mm 230 mm 200 g Pérou

Callichthyidae Hoplosternum littorale 181 mm 139 mm 108 g Pérou

Characidae Piaractus brachypomus 410 mm 310 mm 1589 g Brésil

Osteoglossidae Osteoglossum bicirrhosum 600 mm 520 mm 1290 g Brésil

138

Erythrinidae Hoplias malabaricus 440 mm 360 mm 1110 g Brésil

Characidae Brycon amazonicus 385 mm 340 mm 1051 g Brésil

Characidae Mylossoma duriventre 220 mm 190 mm 271 g Brésil

Pimelodidae Pseudoplatystoma punctifer 500 mm 410 mm ~ 2000 g Brésil

Prochilodontidae Semaprochilodus taeniurus 215 mm 180 mm 110 g Brésil

Prochilodontidae Prochilodus nigricans 350 mm 300 mm 680 g Brésil

Pimelodidae Hypophthalmus marginatus 390 mm 315 mm ~ 350 g Brésil

Cichlidae Astronotus crassipinnis 230 mm 195 mm 345 g Brésil

Cichlidae Heros efasciatus 200 mm 165 mm ~ 230 g Brésil

Loricariidae Hypostomus sp. - - - Bolivie

Heptapteridae Rhamdia sp. 245 mm 190 mm 175 g Bolivie

Callichthyidae Hoplosternum littorale 233 mm 180 mm 205 g Bolivie

Cichlidae Cichlasoma boliviense 150 mm 115 mm 85 g Bolivie

Curimatidae Curimatella cf. immaculata 150 mm 113 mm 45 g Bolivie

Erythrinidae Hoplias malabaricus 255 mm 205 mm 235 g Bolivie

Loricariidae Liposarchus anisitsi 425 mm 325 mm 655 g Bolivie

Loricariidae Hypostomus sp. 300 mm 210 mm 230 g Bolivie

Synbranchidae Synbranchus pardalis 512 mm - - Bolivie

Collection ostéologique d’Anatomie Comparée (reptiliens) du MNHN - Paris

N° collection Famille Genre Espèce

MNHN - AC - 1923-9340 Testudinae Chelonoidis denticulata

MNHN - AC - 1890-896 Testudinae Chelonoidis carbonaria

MNHN - AC - 1911-309 Kinosternidae Kinosternon leucostonum

MNHN - AC - 1974-59 Podocnemididae Podocnemis cayannensis

MNHN - AC -1869-374 Chelidae Phrynops hilarii

MNHN - AC -1901-39 Chelidae Platemys platycephala

MNHN - AC -1930 Chelidae Chelus fimbriata

MNHN - AC - 19883 - 1799 Podocnemididae Podocnemis expansa

MNHN - AC - 1911-97 Emydidae Rhinoclemmys puntularia

MNHN - AC -1996 -102 Emydidae Trachemys scripta

MNHN - AC - 1939-165 Pipidae Pipa americana

saisie de Douane 2012 (s/n) Alligatoridae Melanosuchus niger

saisie de Douane 2012(s/n) Alligatoridae Paleosuchus palpebrosus

saisie de Douane 2012 Alligatoridae Paleosuchus trigonatus

MNHN - AC - 1887 -773 Alligatoridae Caiman crocodilus

MNHN - AC - 1887 -774 Alligatoridae Caiman crocodilus

MNHN - AC - 1887 -774 Alligatoridae Caiman crocodilus

MNHN - AC - 1876 - 618 Boidae Boa constrictor

MNHN - AC - 1893 -197 Boidae Eunectes murinus

MNHN - AC - 1900 -197 Colubridae Spilotes pullatus

MNHN - AC - 1883 -1925 Crotalidae

Collection ostéologique d’Anatomie Comparée « Mmmifères et oiseaux » du MNHN - Paris

N° collection Famille Genre Espèce

MNHN -2M -MO1998-2257 Echimyidae Echimys chrysurus

MNHN -2M -MO 1998- 2258 Echimyidae Echimys chrysurus

Coleção Zoológica de mamíferos - Instituto Nacional de Pesquisas da Amazônia, Manaus ( Brésil)

N° collection Famille Genre Espèce

INPA 1886 Echimyidae Isothrix pagurus

INPA 4130 Echimyidae Isothrix bistriata

INPA 2761 Echimyidae Proechimys cuvieri

INPA 2750 Echimyidae Proechimys cayannensis

INPA 632 Dasyproctidae Myoprocta cf. acouchy

139

Annexe 8 : Schéma des plaques de la dossière et du plastron de Podocnemis unifilis.

Abréviations : C : costal (pleurales) ; Epi : epyplastra (epyplastron) ; End : endoplastra

(entoplastron) ; Hyo : hyoplastra (hyoplastron) ; Mes : mesoplastra (mésoplastron) Ne : neural

(neurales) ; Nu : nuchal ; P : peripheral (périphériques) ; Py : pygal (pygale) ; SP : suprapygal

(suprapygale) ; Xif : xyphiplastra (xiphiplastron). Les deux shchémas ont été extraits de Lima et al,

2011.

140

Annexe 9 : Critères utilisés dans l’identification pour les rongeurs de la famille

Echimyidae (extraits d’Emmons, 2005)

Schéma des dents pré-molaires et molaires (Extrait de Emmons, 2005)

Famille Echimyidae : La formule dentaire des membres de la famille Echimyidae est : I 1/1,

C 0/0, PM 1/1, M 3/3:Critères ostéologiques :

1) sur les maxillaires, les dents molaires de la plupart des Echimyidae sont brachyodontes et

possèdent 4 racines ;

2) chez la plupart des Echimynae l’antérolophe de la prémolaire inférieure est triangulaire,

pointue ou arrondie ;

3) les flexi/des rentrants sur les divisent les lophes dans des « lames » parallèles, mais qui ne

sont pas complètement séparés.

Genre Echimys :

1) en vue occlusale, les dents du maxillaire possèdent un flexus linguale et trois flexi labiales.

Le flexus linguale est rentrant sur 1/3 de la largeur de la dent ;

2) l’hypoflexus généralement rejoint le mésoflexus pour diviser la dent en deux, les lophes

sont en forme de « U » ;

3) la prémolaire inférieure est pentalophodonte, séparées en trois parties : a) un lophe

antérieur triangulaire, b) le métalophide laminaire, (ce caractère peut ou non aussi être

observé chez Isotrix), c) posterolophide en forme de « V » qui s’ouvre labialement;

4) sur les molaires inférieures, l’hypoflexids atteint moins que la moitié de la dent et ouvre

un grand angle

141

Annexe 10 : Tableau de poids moyens (en grammes) estimés par taxon à partir de

l’assemblage archéologique et pris en compte lors du calcul de biomasse

Osteoglossum bicirrhosum 1500 cf. Pterodoras granulosus 5000

Clupeidae 500 Oxydoras niger 2000

Colossoma macropomum 7000 Doradidae 1000

Arapaima gigas 50000 Auchenipteridae 10

Piaractus brachypomus 3000 Pseudoplatystoma tigrinum 6000

cf. Piaractus brachypomus 3000 Pimelodus sp. 80

Serrasalminae (Colossoma macropomum/Piaractus brachypomus) 3000 Phractocephalus hemioliopterus 30000

Brycon sp. 500 Pimelodidae 200

Mylossoma sp. /Myleus sp. 200 Callichthyidae 100

Serrasalmus sp. 400 Loricariidae 400

Pygocentrus sp. /Serrasalmus sp. 400 Siluriformes 500

Hydrolycus sp. 180 Synbranchus sp.1 500

Rhaphiodon vulpinus 500 Synbranchus sp.2 500

Hoplias sp. 500 Synbranchus sp. 500

Anostomidae 100 Plagioscion squamosissimus 2000

Characiformes 100 Cichla sp. 3000

Prochilodontidae 100

Annexe 11 : Tableau récapitulatif de NR et NMI pour la fosse F2b

Taxa NR NMI

Arapaima gigas 35 8 Osteoglossum bicirrhosum 2 1 Colossoma macropomum 2 2 Serrasalmus spp. 2 1 Siluriformes indeterminés 1 1 Loricariidae 1 1 Doradidae indeterminé 6 4 cf. Oxydoras niger 2 1 Pseudoplatystoma tigrinum 8 2 Phractocephalus hemioliopterus 2 1 Symbranchus sp. 2 1

Cichlidae 2 1 Plagioscion squamosissimus 2 2 Cichla spp. 1 1 Astronotus crassipinnis 1 1 Astronotus ocellatus 1 1 Teleostei indeterminé 184

Pelomedusidae 6 3 Podocnemis 4 2 cf. Podocnemis 23 4 Chelonii indeterminé 228

Crocodylia 54 1

Lacertilia 1 1

Eunectes spp. 1 1 Colubridae 1 1 Marsupialia 1 1

Rodentia 1

Mammalia indeterminés 9

Aves 5

Indeterminés 71 Total de restes 658 42

142

Annexe 12 : Tableau récapitulatif de NR et NMI pour la fosse F1

Taxa NR NMI

Arapaima gigas 20 5 Osteoglossum bicirrhosum 1 1 Clupeidae 1 1 Characiformes indeterminés 166

Hoplias cf. malabaricus 4 2

Hydrolycus sp. 2 1

Mylossoma/Myleus 3 1

cf. Piaractus brachypomus 5 1 Colossoma macropomum 35 7 Serrasalminae 8 2 Pygocentrus spp. 1 1 Pygocentrus/Serrasalmus 5 3

Schizodon spp. 1 1 cf. Leporinus spp. 2 1 cf. Semaprochilodus spp. 1 1 Brycon spp. 1 1 Siluriformes indeterminés 16 3 Callichthyidae 8 3 Loricariidae 20 4 Doradidae indeterminé 19 7 Auchenipteridae/Doradidae 4 4 Pimelodidae indeterminés 3 2 Pimelodus spp. 2 1 Phractocephalus hemioliopterus 4 1 Symbranchus sp. 2 1 1

Symbranchus sp. 2 1 Cichlidae 44 7 Cichla spp. 3 3 Astronotus spp. 2 1 Chrenicichla spp. 1 1 cf. Satanoperca spp. 2 1 Cichlasoma spp. 1 1 Teleostei indeterminés 7968

Pipa sp. 1 1 cf. Podocnemis 4 1 Chelonii indeterminé 64

Crocodylia 61 1

Serpentes 16

Boidae 1 1 Colubridae 2 1 Rodentia 32 1

Mammalia indeterminés 2

Aves 10

Indeterminés 342 Total de restes 8891 76

143

Annexe 13 : Tableau récapitulatif de NR et NMI pour la fosse F2

Taxa NR NMI

Arapaima gigas 6 2 Characiformes indeterminés 312

Hoplias cf. malabaricus 17 2

Erythrinidae 2 cf. Hydrolycus sp. 1 1

cf. Rhaphiodon vulpinus 6 1

Mylossoma/Myleus 2 1

cf. Piaractus brachypomus 5 2 Colossoma macropomum 12 2 Serrasalminae 7

Pygocentrus/Serrassalmus 6 2

Brycon spp. 4 2

Siluriformes indeterminés 27 2 Callichthyidae 5 3 Loricariidae 3 1 Doradidae indeterminé 7 3 cf. Pterodoras granulosus 4 1 Pimelodidae indeterminés 9 5 Pimelodus spp. 5 3 Symbranchus sp.1 1 1 Symbranchus sp. 2 1 Cichlidae indeterminés 46

Plagioscion spp. 1 1 Cichla spp. 2 1 cf. Acaronia spp. 1 1 cf. Satanoperca spp. 1 1

Teleostei indeterminé 1826 Anura 2 1

cf. Ginkonidae 1 1 Chelonii indeterminé 112

Serpentes 13 Colubridae 3 1

Rodentia 83 3

Echimyidae 4 2

cf. Echimys spp. 5 3 cf. Pattonomys 1 1 cf. Proechimys 2 1 Myoprocta sp. 1 1

Mammalia indeterminés 13

Indeterminés 188 Total de restes 2748 53

144

Annexe 14 : Période de pêche (généraliste) de quelques poissons dans la région de

confluence construit d’après Smith (1979a) et Goulding (1979)

Espèces de poissons Mois de capture

J F M A M J J A S O N D

Phractocephalus hemioliopterus (pirarara) x x

Pseudoplatystoma fasciatum (carapari) x

Pterodoras granulosus (bacú) x

Colossoma macropomum (tambaqui) x x x x x x x x

Piaractus brachypomus (pirapitinga) x x x

Plagiosion squamosissimus (pescada branca) x x

Cichla sp. (tucunaré) x x x x x

Brycon sp. (matrinxã) x x x x x x

Osteoglossum bicirrhosum (aruanã) x x x

Arapaima gigas (pirarucu) x x

Serrassalmus spp. (piranha) x x x

Hoplias malabaricus (traíra) x x x

Loricariidae (bodo) x x x

145

Résumé:

Un cas de subsistance par pêche en Amazonie : le site archéologique de Hatahara

(Amazonas, Brésil)

Les recherches archéologiques menées entre 1999 et 2009 dans la confluence des fleuves

Solimões et Negro, ont mis au jour des occupations précolombiennes continues et intenses

entre 300 BC et 1500AD. Ce travail constitue la première étude archéozoologique réalisée sur

un village amérindien d’Amazonie Centrale, le site Hatahara. L’assemblage faunique qui

provient de structures archéologiques de la phase Paredão (890 et 1230 AD) est diversifié et

exceptionnellement conservé. L’étude révèle que la totalité de ressources animales exploitées

provient des milieux aquatiques ou semi-aquatiques. Les poissons ont été probablement la

principale ressource animale exploitée. La grande diversité de l’ichtyofaune (37 taxa) dévoile

des connaissances pointues des niches écologiques spécifiques, ainsi que l’emploi de

techniques de pêche efficaces et diversifiées. Deux espèces de poissons sont surreprésentées :

l’Arapaima gigas (pirarucu) et le Colossoma macropomum (tambaqui). Les tortues

aquatiques du genre Podocnemis (tartaruga-da-amazônia) ont pu constituer une autre

ressource alimentaire importante. Nous proposons ainsi de caractériser le groupe Paredão

comme étant des pécheurs adaptés au régime d’inondations et aux différents milieux

écologiques des plaines d’inondation (várzeas) : lit majeur, lacs, forêts inondés (igapós),

plages de sable, bras de rivières (igarapés). En complément de toutes activités agricoles, la

pêche pourraient contribuer à l’acquisition de ressources animales annuelles suffisantes à une

communauté étendue, et durable.

Abstract:

Fishing subsistence in Amazonia: the Hatahara archaeological site (Amazonas, Brazil)

Archaeological surveys between 1999 and 2009 at the junction of the Amazon and Negro

rivers revealed long and intensive pre-Columbian occupations between 300 BC and 1500 AD.

This is the first zooarchaeological study carried out on an Amerindian settlement (Hatahara

site) of the Central Amazon region. The faunal assemblage sampled from archaeological

features of the Paredão occupation (890-1230 AD) is abundant and exceptionally conserved.

Our research highlights that all of the animal resources exploited live in aquatic or semi-

aquatic environments. Fish were probably the primary animal resource. The high ichtyofaunal

diversity (37 taxa) reveals deep knowledge of specific ecological niches and the employment

of different fishing techniques. Two fish species dominate the assemblage: Arapaima gigas

(pirarucu) and Colossoma macropomum (tambaqui). Amazon aquatic turtles, Podocnemis

spp. (tartaruga-da-amazônia), were the second most exploited animal resource. The

interpretation of the assemblage is that Paredão were fishers highly adapted to the annual

flooding cycle and to the aquatic environments of the floodplains (várzeas): river bed, lakes,

flooded forests (igapós), sandy beaches and tributary creeks (igarapés). Fishing, combined

with the cultivation of crops, could have provided long-term subsistence to large settlements.