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Nouveau regard sur l’ oppidum gallo-romain d’ Ambrussum : l’apport de fragments lapidaires méconnus Jean-Luc Fiches, Sandrine Agusta-Boularot, Jean-Claude Bessac, Dominique Darde, Véronique Mathieu – De Rome à Lugdunum des Convènes, p. 67-88 S i le site d’Ambrussum a fait l’objet de fouilles archéologiques durant une quarantaine d’années, depuis le début des années 1980 ces travaux ont concerné l’agglomération routière, mentionnée comme station de la via Domitia par les vases de Vicarello, l’Itinéraire d’Antonin et la carte de Peutinger 1 . Or, ce relais a été im- planté dans le troisième quart du I er s. a.C. au pied de l’oppidum qui contrôlait le franchissement du fleuve Vidourle depuis la fin du IV e s. (fig. 1). Les fouilles, effectuées dans l’enceinte au cours des années 1970, ont montré que celle-ci n’avait pas été abandonnée au moment de la Conquête, mais qu’au contraire elle avait connu ensuite d’importantes transformations jusqu’à son abandon, vers le début du II e s. p.C. L’étude d’une collection renfermant des fragments lapidaires inédits 2 en provenance de l’oppidum fournit aujourd’hui l’occasion de revenir sur la romanisation d’une des agglomérations aréco- miques qui ne se signalait jusqu’ici, à la différence de la plupart de ses semblables, ni par des vestiges ni par des inscrip- tions susceptibles de traduire son importance 3 . 1. Salway 2001. 2. Notre gratitude est grande envers M. M. Grand qui nous a aimablement donné accès à sa collection et offert les meilleures conditions pour préparer cette étude. M. Christol et P. Gros ont bien voulu examiner les photographies des documents que nous leur avons soumis : les fragments inscrits pour le premier, la base et le couronnement aux moulures décorées pour le second. Qu’ils trouvent ici l’expression de notre reconnaissance pour les avis autorisés qu’ils ont bien voulu nous donner et que nous avons repris ici. 3. Sur ces agglomérations, voir Fiches, éd. 2002. | Fig. 1. Ambrussum vu du sud : l’ oppidum domine le Vidourle et le pont de la via Domitia ; à l’arrière-plan, l’agglomération routière (cl. C. Landes).

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Nouveau regard sur l’oppidum gallo-romain d’Ambrussum : l’apport de fragments lapidaires méconnus

Jean-Luc Fiches, Sandrine Agusta-Boularot, Jean-Claude Bessac, Dominique Darde, Véronique Mathieu

– De Rome à Lugdunum des Convènes, p. 67-88

S i le site d’Ambrussum a fait l’objet de fouilles archéologiques durant une quarantaine d’années, depuis le début des années 1980 ces travaux ont concerné l’agglomération routière, mentionnée comme station de la via Domitia par les vases de Vicarello, l’Itinéraire d’Antonin et la carte de Peutinger 1. Or, ce relais a été im-

planté dans le troisième quart du ier s. a.C. au pied de l’oppidum qui contrôlait le franchissement du fleuve Vidourle depuis la fin du ive s. (fig. 1). Les fouilles, effectuées dans l’enceinte au cours des années 1970, ont montré que celle-ci n’avait pas été abandonnée au moment de la Conquête, mais qu’au contraire elle avait connu ensuite d’importantes transformations jusqu’à son abandon, vers le début du iie s. p.C. L’étude d’une collection renfermant des fragments lapidaires inédits 2 en provenance de l’oppidum fournit aujourd’hui l’occasion de revenir sur la romanisation d’une des agglomérations aréco-miques qui ne se signalait jusqu’ici, à la différence de la plupart de ses semblables, ni par des vestiges ni par des inscrip-tions susceptibles de traduire son importance 3.

1. Salway 2001.2. Notre gratitude est grande envers M. M. Grand qui nous a aimablement donné accès à sa collection et offert les meilleures

conditions pour préparer cette étude. M. Christol et P. Gros ont bien voulu examiner les photographies des documents que nous leur avons soumis : les fragments inscrits pour le premier, la base et le couronnement aux moulures décorées pour le second. Qu’ils trouvent ici l’expression de notre reconnaissance pour les avis autorisés qu’ils ont bien voulu nous donner et que nous avons repris ici.

3. Sur ces agglomérations, voir Fiches, éd. 2002.

| Fig. 1. Ambrussum vu du sud : l’oppidum domine le Vidourle et le pont de la via Domitia ; à l’arrière-plan, l’agglomération routière (cl. C. Landes).

68 – J.-L. Fiches, s. AgustA-BouLArot, J.-c. BessAc, D. DArDe, V. MAthieu

Les fouiLLes des années 1970Ces recherches, conduites d’abord dans deux quartiers de la partie haute de l’enceinte (fig. 2), ont montré que

l’influence romaine n’était pas encore sensible dans l’habitat au début du ier s. a.C. lorsque des terrasses y furent aménagées pour accueillir des îlots longs et étroits, selon un urbanisme déjà en vigueur sur l’oppidum voisin de Nages ou dans la ville protohistorique de Lattara. En revanche, si elles ont mis en évidence l’existence de vastes maisons organisées autour d’une cour portiquée, celles-ci se rapportent aux derniers temps de l’occupation de l’oppidum, dans la seconde moitié du ier s. p.C. 4.

Depuis, les exemples se sont multipliés par ailleurs en Gaule méridionale – et particulièrement dans la cité de Nîmes – pour attester l’impact de cette formule architecturale dès avant le changement d’ère 5. L’agglomération routière d’Ambrussum a livré une maison de ce type bâtie aux environs de 25 p.C. 6, mais l’oppidum n’a pas conservé en place, du moins dans les sondages qui y ont été pratiqués, des structures qui pourraient traduire des effets plus anciens de l’influence romaine dans l’architecture locale, malgré la présence de documents caractéristiques (antéfixe, chapiteau toscan et base de colonnes) dans des remblais de nivellement épandus pour la construction des maisons de la seconde moitié du ier s. p.C. 7.

Les dégagements linéaires qui ont concerné ensuite le rempart et la rue principale ont mis en évidence l’importance pour Ambrussum de la période couvrant le troisième quart du ier s. a.C. et les premières années du Principat. C’est alors, en effet, que la porte située vers le milieu de la courtine sud du rempart a été restaurée – tandis que celui-ci était déjà ruiné –, que l’accès a été pavé ainsi que la rue qui traversait l’enceinte sur 200 m environ, depuis cette porte jusqu’à l’entrée orientale 8. Dans la partie haute de ce parcours, derrière la porte sud, a été partiellement dégagée une place dallée sur laquelle s’ouvrait un portique à deux nefs que l’on a rapproché du portique “dorique” de Glanum et dont l’exèdre axiale s’apparente aux tribunaux de basiliques 9.

C’est dans ce contexte qu’Ambrussum bat monnaie ; en effet, l’oppidum a livré deux exemplaires d’une obole dont le revers, qui porte les quatre lettres latines AMBR dans les cantons d’une roue, fait référence au monnayage des Volques Arécomiques alors que la tête casquée du droit renvoie aux monnaies que la colonie de Nîmes a émises vers 40 a.C. 10.

4. Fiches 1986.5. Voir en dernier lieu Fiches, éd. 2009, 343-346 (bibliographie antérieure).6. Ibid.7. Fiches 1986, 34-35.8. Fiches 1980.9. Fiches 1980, 147-152 ; Roth Congès 2003, 555.10. Fiches & Richard 1985 ; Py 2006, 497 (obole OBV-146).

| Fig. 2. Le site d’Ambrussum (Villetelle, Hérault) et la localisation des vestiges gallo-romains de l’oppidum. Le cercle pointé (à gauche du portique) marque l’emplacement de la “maison aux colonnes”.

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La création du relais routier vers 30 a.C. et, peut-être au même moment, la construction d’un pont de pierre de grande envergure, pour le franchissement du Vidourle par la voie Domitienne 11, contribuent à faire de cette période de renouveau un moment particulièrement important dans l’histoire du site.

La coLLection Grand

Jean et Marcel Grand, propriétaires d’un domaine dans les environs d’Ambrussum, ont fouillé sur l’oppidum dans les premières années du xxe s. Dans la famille, on se souvient que ces travaux, pratiqués avec des ouvriers agricoles, se sont déroulés sur une période de sept ans. Ils eurent lieu à l’époque où les frères Grand, mainteneurs de la langue provençale et des traditions méridionales, fondèrent la Nacioun gardiano aux côtés de Folco de Baroncelli et de leur cousin, Émile Marignan (1847-1937). Médecin à Marsillargues, ce dernier était un préhistorien reconnu et un ethnographe de premier ordre, à qui Frédéric Mistral avait confié l’organisation du Museon Arlaten dont il fut le directeur dès son ouverture en 1899. C’est grâce à ses comptes rendus publiés par l’Association française pour l’avancement des sciences (AFAS) que l’on connaît l’existence et les résultats de ces fouilles 12.

C’est à l’occasion des congrès que cette société savante tient à Toulouse (1910) et à Montpellier (1922) qu’É. Marignan fait d’abord connaître l’existence d’une occupation néolithique sur le site, puis propose un bilan de ses recherches sur l’oppidum. En 1910, on apprend que “des fouilles et des sondages ont été exécutés sur bien des points.” Les frères Grand sont intervenus d’abord ; Marignan, qui s’intéresse surtout à la Préhistoire, le fait ensuite avec un ouvrier “très minutieux” et grâce à une subvention accordée par l’AFAS. En 1922, il note : “Je crois que le cimetière se trouve sur la colline voisine [le Moulin de la Jassette], sous des clapiers. J’avais l’intention d’éventrer quelques-uns de ces clapiers, mais la guerre a mis fin à mes recherches. Pour les reprendre à présent, aux prix où sont les journées d’ouvriers, il y faudrait un milliardaire.”

Aujourd’hui, la famille Grand n’a pas connaissance d’archives relatives à ces fouilles ; en revanche, elle conserve une collection dont l’organisation en trois parties a été voulue par les fouilleurs. Une pièce de la ferme abrite, sur des étagères et dans des boîtes, les petits objets rangés par catégorie (haches polies, verres, céramiques, objets en métal ou en os, monnaies…) à côté d’une collection d’assiettes en faïence. Il est vraisemblable qu’à l’instar des assiettes modernes, une partie des objets antiques ne provient pas d’Ambrussum. Les nombreux silex signalés par Marignan sont restés dans le grenier. Mais les éléments les plus volumineux et les moins fragiles sont présentés dans le parc (fig. 3) sur une volée d’escalier droite, dominée par un menhir en provenance, comme l’indique une étiquette, de Sainte-Catherine 13.

11. Fiches 2011.12. Marignan 1911 et 1923.13. C’est le nom d’un quartier de la commune de Lunel-Viel où est connu un site néolithique.

| Fig. 3. Les grosses pièces de la collection Grand présentées sur une volée d’escalier dominée par un menhir en provenance de Lunel-Viel (cl. V. Mathieu).

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Les fouiLLes du début du xxe s.Notre connaissance des fouilles pratiquées par les frères Grand et Marignan reposait jusqu’ici sur les comptes rendus

de ce dernier et sur des documents qu’il a légués à la Société archéologique de Montpellier dont il était membre : quelques objets en fer, des monnaies en provenance d’Ambrussum, mais surtout un plan qu’il avait commandé à M. Daumas de Marsillargues d’après le relevé des fortifications réalisé en 1857 par cette société savante (fig. 4). Ce plan n’a certes pas la précision d’un levé topographique, l’emplacement des fouilles y est nettement surdimensionné ; mais il apporte d’utiles compléments au bilan présenté en 1922.

Pour l’époque romaine, ce document mentionne quatre zones d’intervention dont une, la plus méridionale, a livré un collecteur des eaux pluviales “dans lequel un homme peut pénétrer en rampant jusqu’à un mètre cinquante” et dont le gabarit était beaucoup plus important que celui des caniveaux trouvés habituellement sous les maisons. Les trois autres secteurs correspondent à des sondages pratiqués dans l’habitat. Le plan les localise sur un axe est-ouest, dans la partie médiane de l’enceinte, l’un proche du rempart et de la porte supposée, les deux autres plus bas dans la pente. L’un d’eux a fourni une minuscule balance avec son poids et son plateau et des “petites cuillères, spatules, poinçons, petits crochets sur un long manche” qui sont interprétés comme appartenant à un atelier d’orfèvre (“traces de dorure sur une plaque de bronze”). Un autre a livré une mosaïque. Le dernier localisait ce qui, selon Marignan, “devait être, au iie s., une somptueuse demeure” ; y furent découverts, en effet, des fûts de colonnes, un morceau de chapiteau corinthien et des fragments de corniche à rinceaux et palmettes.

Cette fouille correspond sans doute à celle que l’incendie de mai 2011 a dégagée. En novembre 1967, à l’occasion des premiers sondages entrepris sur le site, nous avions nettoyé cette zone que les prospecteurs connaissaient bien et désignaient sous l’appellation de “maison aux colonnes” (fig. 2) en raison de la présence de morceaux de fûts en surface 14. Or, on a trouvé dans les déblais de ce secteur un fragment de corniche identique à une série de la collection Grand. On peut donc penser que le plus grand des sondages “romains” portés sur le plan de la société archéologique de Montpellier correspond à cette “maison aux colonnes”, située non loin de la rue principale de l’oppidum dans sa partie haute, tout près du centre public. Pour assurer la provenance des documents étudiés ci-après, on peut également observer que le matériau dans lequel ont été taillés la plupart d’entre eux est un calcaire lacustre à grain fin, très serré, présentant des variétés blanche, grise et beige clair (pierre dure du Lutétien) en provenance de Nabrigas (Lunel-Viel) sur la voie Domitienne à une distance de 7,75 km à l’ouest d’Ambrussum. C’est une excellente pierre de taille exigeant l’emploi d’un outillage de bonne qualité et très bien affûté, et qui permet d’obtenir des surfaces polies mat 15.

fraGments Lapidaires et restes de mosaïque de La coLLection Grand

La collection lapidaire conservée par la famille Grand est du plus grand intérêt pour caractériser les découvertes faites à Ambrussum au début du xxe s. On y trouve, en particulier, la mosaïque dont Marignan décrivait le décor comme un “simple damier noir et blanc” et qui a été déposée en cinq morceaux sur des supports de ciment coffré. Elle provient de l’un des deux sondages “romains” situés à l’ouest de la “maison aux colonnes” (fig. 4) et témoigne que l’oppidum conserve des vestiges de l’habitat gallo-romain plus anciens que les maisons mises au jour dans les années 1970. En effet, la composition en quadrillage losangé blanc et noir (fig. 5) est un thème très répandu, notamment dans l’opus signinum dès l’époque républicaine 16. Or, alors que les cubes noirs de ce tapis, disposés en filets simples dentelés, sont assez bien calibrés, le fond blanc a été obtenu avec des éléments de taille et de forme irrégulières, posés de manière lâche, suivant une technique qui n’est pas celle de l’opus tessellatum aux tesselles cubiques, séparées par un joint mince.

14. Quatre fragments en molasse calcaréo-gréseuse utilisée en délit ont été répertoriés par Bessac & Fiches 1979, 154, no108-111. Ayant conservé une hauteur de 49 à 67 cm, ils présentent tous un chant plat et une partie arrondie dont la section varie du demi au trois-quarts de cercle (diam. 38 à 42 cm).

15. Densité estimée à 2,4 t/m3 et coefficient de taille entre 7 et 9 (Bessac & Fiches 1979, 135).16. Voir, par exemple, deux tapis de Vaison-la-Romaine (Vaucluse), l’un de la première moitié du ier s. p.C. (opus tessellatum de la

maison des Messii), l’autre sans doute plus ancien (opus signinum près de la cathédrale). Cf. Lavagne 2000, 149-172, n°638 et 659 (avec références bibliographiques).

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Base et couronnement décorés

Les fragments que Marignan disait ornés de rinceaux et de palmettes portent une fine décoration qui n’est ni aussi simple ni exactement conforme à cette description. En calcaire lacustre de Nabrigas, ils présentent la même hauteur (14 à 15 cm) 17, mais l’un d’eux se distingue par ses motifs et ses moulures qui le désignent comme appartenant à une base alors que les quatre autres se placent en couronnement. On leur comparera un socle non décoré, taillé dans le même matériau ; celui-ci présente, en effet, un profil globalement conforme à celui de la base ornée malgré de nettes différences dans les dimensions de certaines moulures (fig. 6).

Le couronnementDes quatre fragments qui se trouvent dans la collection Grand, le plus important possède encore la totalité des

motifs et des moulures 18 (fig. 7) ; un autre comporte un angle saillant mais n’a conservé que la partie haute du décor 19 ; le troisième doit être placé dans le prolongement immédiat du précédent bien qu’on ne puisse l’y raccorder 20 (fig. 8) ; quant au dernier, il s’agit d’un éclat 21. Il convient de leur associer les deux petits morceaux qui ont été découverts plus récemment à Ambrussum : l’un, recueilli en surface dans la partie basse de la colline, a été conservé par M. Émile Durand (domaine

17. Le matériau utilisé ne peut s’extraire en lits épais.18. L. max. cons. 24 cm ; prof. cons. du lit d’attente 40 ; h. t. 14.19. L. cons. 20 cm ; retour 15,7 ; h. cons. 10,3.20. L. max. cons. 30 cm ; prof. cons. du lit d’attente 13,8 ; h. cons. 13,3.21. L. max. cons. 11,5 cm ; prof. cons. 5,4 ; h. cons. 6,8.

| Fig. 4. Localisation des fouilles Grand et Marignan d’après un plan conservé par la Société archéologique de Montpellier. La présence d’une porte dans la courtine ouest n’a pas été confirmée par les recherches ultérieures.

| Fig. 5. Mosaïque en quadrillage losangé blanc et noir (cl. V. Mathieu).

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| Fig. 6. Éléments moulurés en calcaire lacustre (V. Mathieu). Couronnement (A), base décorée (B), base à moulures lisses (C).

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de la Jassette, Lunel) ; l’autre provient, comme on l’a vu, des déblais de la “maison aux colonnes”, il est conservé au dépôt de Villetelle. Il ne fait pas de doute que tous ces fragments et éclats appartenaient à l’origine au couronnement d’un seul et même monument 22.

En partant du sommet, le profil de la mouluration se décline de la façon suivante. Sous un bandeau plat, un congé portant des godrons à lunule séparés par une flèche surmonte une baguette décorée de feuilles de laurier imbriquées où se voient des traces de travail au trépan. Vient ensuite un talon droit (cyma reversa) orné de rais de cœur “en étrier” interrompus dans l’angle par une palmette flammée fermée. L’état fragmentaire du bloc a fait disparaître le culot d’où pouvaient surgir les feuilles ou “crosses” de la palmette. La palmette se compose de sept éléments, six feuilles ou “crosses” aux bords ourlés, aux extrémités spiralées, incurvées vers l’intérieur et symétriquement réparties sur chaque face du bloc d’angle, de part et d’autre d’un septième élément central assimilable à un “épi” plus qu’à une feuille. Sur la file des rais de cœur renversés, des tulipes à pistil axial et deux feuilles découpées alternent avec des arcs moulurés, ornés d’un motif pendant. Ce motif varie : soit une palmette à cinq feuilles, soit une tige florale à quatre feuilles agrémentée d’une rosette

22. Mais leur petite taille n’avait pas permis de les associer dans Bessac & Fiches 1979, 154, n°99 et 101, fig. 4 et 5. Le premier a conservé une mortaise creusée à la broche (5,8 x 4 cm) sur le côté opposé au décor.

| Fig. 7. Fragment de couronnement ayant conservé l’intégralité du décor (cl. J.-L. Fiches).

| Fig. 8. Décor de la partie supérieure du couronnement avec motifs d’angle, à droite (cl. J.-L. Fiches).

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tronquée sous le bouton qui ne laisse paraître que trois des quatre pétales. Cette moulure en talon décoré d’une file de rais de cœur constitue précisément ce qu’on appelle le kymation lesbique.

Sous la file de rais de cœur se développe une baguette à torsade. Il est possible que le polissage de ces moulures, dégagées au gravelet et au trépan, ait été réalisé en œuvre.

Le traitement du lit d’attente – défoncé et pointé à la broche – montre que cette assise en supportait une autre : si l’arrière a été dégrossi à la broche et au ciseau grain d’orge (4 dents pour 2,1 cm), au contact de l’arête, une bande de 3,5 à 4 cm a été ciselée à la perpendiculaire avec un ciseau large de 3,7 cm.

La bordure du lit de pose qui a été conservée sur l’élément le plus complet a été aplanie à partir d’un trait parallèle à l’arête, visible à 7,5 cm de celle-ci. Cette bande présente, en fait sur 10 cm de largeur, une ciselure en partie tronquée à l’arrière par une taille plus large à la gradine 23. Une autre gradine 24 a été utilisée pour un défoncé d’anathyrose. En outre, la présence d’une bande aplanie sur un côté du bloc indique qu’on se trouve à proximité du joint montant avec un autre élément de la corniche.

La baseL’unique morceau de la base 25 présente trois registres (fig. 9) : la partie inférieure, massive et saillante, se compose

d’un tore orné d’une tresse ou chaînette, et surmonté d’un listel plat vertical ; au-dessus, une scotie a reçu un rang de feuilles pétales disposées tête-bêche ; dans la partie supérieure de la moulure, un filet sous talon porte des rais de cœur en ciseau séparés par des tulipes pendantes à deux feuilles et pistil lancéolé. Le décor a été poli de la même manière que le couronnement.

Sur le lit de pose, la bande d’anathyrose, large de 20 à 21 cm, n’est pas ciselée, ce qui suppose la présence d’une plinthe débordante, mais elle a été travaillée à la gradine et affinée au ciseau grain d’orge à dents fines 26. En bordure de la partie décorée, a été utilisé un ciseau grain d’orge à dents très fines (6 dents sur 1 cm) ; à l’arrière, le défoncé a été obtenu à la broche.

Les impacts d’une broche pour réaliser un creux d’anathyrose se voient également à l’arrière du lit d’attente qui est conservé sur une largeur de 25 cm. Dans la partie antérieure de celui-ci, une bande large de 16 à 17 cm a été aplanie au

23. Large de 3 cm avec sept dents de 0,2 cm.24. Large de 2,3 cm avec cinq dents de 0,2 cm.25. L. max. cons. 25 cm ; prof. cons. du lit de pose 42 ; h. t. 15,5.26. Gradine large de 2,7 cm avec cinq dents de 0,2 cm de largeur ; ciseau grain d’orge large de 2,9 cm avec huit dents.

| Fig. 9. Base décorée (cl. J.-L. Fiches).

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ciseau et à la gradine 27, puis une ciselure perpendiculaire à l’arête a été pratiquée depuis celle-ci sur une largeur de 3 à 3,4 cm. Une pose en saillie par rapport à l’assise supérieure pourrait expliquer une telle finition.

On rapprochera de cette base décorée un autre fragment en calcaire lacustre qui présente un profil et une hauteur sensiblement concordants (fig. 10). Ce socle, dont le lit de pose est conservé sur une profondeur de 44 cm, se distingue, cependant, par des moulures lisses (fig. 6) dans lesquelles la hauteur accordée aux listels plats limite l’ampleur de la scotie 28 ; il a, par ailleurs, conservé des traces de gradine et n’a donc pas été poli comme les éléments décorés. Il n’appartient certainement pas au même monument.

Datation et comparaisonsEn revanche, le couronnement et la base sculptés présentent des similitudes tant dans le format que dans le traitement

technique et les motifs décoratifs (rais de cœur), ce qui invite à les associer, tout comme leur profil dans lequel se répondent, logiquement inversés, un talon et une ligne concave, scotie en bas, congé en haut. Un dé monolithe – porteur d’inscriptions et/ou de décors figurés ? – devait occuper l’espace intermédiaire et, comme on l’a vu, le couronnement était surmonté d’un autre bloc ; de la même façon, la base était posée sur une plinthe. Il ne faut pas s’étonner d’un tel dispositif “démontable” : que l’on pense simplement à l’autel d’Apollon conservé au Musée Départemental de l’Arles Antique (fig. 11 A) : base moulurée, corps de l’autel et couronnement (auj. disparu) avaient été sculptés séparément 29.

Le module des fragments d’Ambrussum interdit de les inscrire dans une œuvre d’architecture monumentale ; ils pourraient, en revanche, appartenir à un piédestal, éventuellement à un autel.

27. Gradine large de 2,6 cm avec six dents de 0,15 cm de largeur.28. Sa hauteur comme celle du tore s’écartent de 2 mm du module fondé sur le quart de pouce (6 mm) qui semble caractériser, au

millimètre près, les hauteurs des moulures décorées (fig. 6).29. Sintes, éd. 1996, 65.

| Fig. 10. Base à moulures lisses (cl. J.-L. Fiches).

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La qualité du décor témoigne d’une très bonne compréhension des motifs ainsi que d’une grande technicité du sculpteur ; celui du couronnement, en particulier, ne peut être postérieur aux premières décennies du ier s. p.C., période au-delà de laquelle n’apparaissent plus guère, dans nos régions, les rais de cœur en étrier, surtout sous cette forme à la fois fine et élaborée.

Le décor de feuilles de laurier imbriquées ne va pas sans rappeler la couronne de laurier dont les cygnes tiennent en leur bec les bandelettes sur le célèbre autel du Musée d’Arles (fig. 11 B) 30. Il fait également écho aux lauriers qui encadrent Apollon sur l’autel déjà mentionné du théâtre d’Arles.

30. Sintes, éd. 1996, 65.

| Fig. 11. Autels à base et couronnement décorés. A. Autel d’Apollon, théâtre d’Arles ; B. Autel aux cygnes du musée d’Arles ; C. L’ara Grimani.

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L’ordonnance de la partie inférieure rappelle celle d’une base de colonne “attique” dans laquelle on aurait substitué au tore supérieur un talon sous lequel on retrouve une scotie entre deux listels et le tore qui devait reposer sur une plinthe, ici taillée dans un autre bloc. Un tel profil est attesté, dès le ive s. a.C., au temple d’Athéna Aléa à Tégée 31. Ce profil est importé en Italie et plusieurs monuments de Rome, en premier lieu l’Ara Pacis, témoignent de sa diffusion importante dès le début du Principat augustéen. À une époque où la liberté de choix des artistes est limitée au cadre imposé par l’iconographie officielle, l’ornementation devient un des rares espaces où l’artiste peut laisser libre cours à son inventivité : chaque élément, chaque moulure de la modénature peut alors devenir porteur d’un motif décoratif différent 32. Ce riche langage ornemental touche tous les domaines artistiques, les édifices publics comme les bases et les autels et même le mobilier domestique. Parmi ces réalisations aux dimensions plus modestes, on retiendra l’ara Grimani (fig. 11 C) 33, dont la base et son profil permettent de restituer “l’esprit” du fragment de base d’Ambrussum. L’exubérance, pour ne pas dire la “surcharge”, de cet exemple italien montre que celui d’Ambrussum est plutôt à classer dans les réalisations “classicisantes”. C’est d’ailleurs ce que suggère aussi la comparaison avec des monuments d’époque médio-augustéenne tels que la Maison Carrée ou le temple d’Orange. En effet, si la base de leur podium présente un profil identique à celui du fragment d’Ambrussum, c’est une large doucine qui constitue l’élément terminal de leur socle, la cyma recta s’imposant en Narbonnaise au début de l’avant-dernière décennie a.C. 34

31. Norman 1984.32. Zanker 1989, 120-121.33. Von Hesberg 1980.34. Amy & Gros 1979, 117-121.

| Fig. 12. Corniche du musée de Nîmes (cl. J.-L. Fiches).

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Une corniche conservée au musée de Nîmes présente quelques analogies avec le couronnement d’Ambrussum (fig. 12). De même hauteur (14,6 cm), elle porte également un rang de feuilles imbriquées et, dans un angle, une palmette flammée fermée 35 ; son lit de pose présente un cadre d’anathyrose. Si sa mouluration est aussi dominée par un bandeau plat, elle offre au-dessous un profil bien différent qui signale sans doute une œuvre plus récente (fig. 13), marquée, depuis le bas, par une large doucine couverte de feuilles d’acanthe juxtaposées, un listel plat vertical, un quart-de-rond à feuilles imbriquées, un listel plat horizontal et un talon droit à rais de cœur en étrier séparés par des tulipes. Le décor a été sculpté au gravelet fin puis toutes les surfaces visibles ont été égrisées assez finement à l’abrasif dont on devine les fines rayures.

Ce document, dont on ne connaît ni le lieu de découverte ni les circonstances dans lesquelles il est entré au musée 36, est également de provenance incertaine quant à la nature du matériau : ce calcaire dur, légèrement feuilleté rappelle celui de Canteduc (Nîmes) bien qu’il soit un demi-ton plus sombre ; il n’est pas aussi blanc que le calcaire lacustre de Nabrigas, mais sa teinte initiale a pu être naturellement modifiée par imprégnation de terre un peu ocre dans son milieu de conservation archéologique.

Pilastres cannelés

Seize fragments se rapportent à des pilastres cannelés en calcaire lacustre de Nabrigas employé en délit. Ils ont conservé une épaisseur de 12 à 23 cm, mais aucun ne permet de connaître les dimensions de ces éléments. Sur l’un d’eux, qui présente encore deux cannelures sur une face, on observe la composition du sommet d’un pilastre 37 (fig. 14). La bordure du flanc droit comporte une ciselure de 1,5 cm au-delà de laquelle des traces de broche sont bien marquées. Le retour d’un autre fragment qui a conservé trois cannelures offre un traitement identique avec des traces de ciseau sur 2 cm : la partie arrière a été piquée à la broche pour être incluse dans un bâti alors que la ciselure montre que le pilastre était en légère saillie par rapport au parement (fig. 15). Cet aménagement latéral caractérise aussi deux fragments qui comptent deux cannelures d’un côté et au moins deux autres en retour 38 (fig. 16). Ces observations permettent de restituer des pilastres

35. De part et d’autre de cet angle, le décor est conservé sur 46 cm d’un côté et 48 cm de l’autre.36. Inventorié en 1995 (1.5.995.2.41), ce document porte aussi, en rouge, le numéro 442, mais aucun registre correspondant n’a été

conservé.37. L. max. cons. 15,6 cm ; prof. 11 ; h. cons. 15,8. Le haut d’une des cannelures est conservé sur une hauteur de 2 cm (l. 5,8 cm, prof.

1,8 cm) ; il est creusé à 1,2 cm du couronnement dont la hauteur était au moins de 3,8 cm. À droite, le méplat est large de 2,2 cm.38. Les traces de bûchage réalisées lors de la récupération du bloc tendent à accréditer la présence d’une cannelure supplémentaire.

| Fig. 13. Profil de la corniche du musée de Nîmes (relevé J.-C. Bessac, DAO V. Mathieu).

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| Fig. 14. Partie sommitale d’un pilastre cannelé (cl. J.-L. Fiches).

| Fig. 15. Fragment de pilastre conservant trois cannelures et présentant, à gauche, une ciselure latérale (cl. V. Mathieu).

| Fig. 16. Fragment de pilastre à deux cannelures d’un côté et au moins deux de l’autre (cl. J.-L. Fiches).

| Fig. 17. Base et fragment rudentés de pilastre (cl. V. Mathieu).

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d’angle à deux cannelures d’un côté et trois ou plus de l’autre (fig. 18, A, B et D). La face à deux cannelures étant large de 19 cm, la plus importante pouvait présenter une largeur de l’ordre de 37 cm si elle comptait deux fois plus de cannelures. En effet, profondes de 2,1 à 2,4 cm, celles-ci sont larges de 6 à 6,6 cm alors que le méplat qui les sépare ou les encadre varie entre 2,3 et 2,5 cm.

Six de ces fragments appartiennent à la partie basse des pilastres, marquée par la présence de rudentures (fig. 17) ; trois d’entre eux ont conservé leur lit de pose (égalisé au ciseau large de 4,1 cm) et la moulure saillante qui le surmonte (congé sur baguette). Le plus gros de ces morceaux 39 présente une face qui n’a conservé qu’une rudenture, mais le retour, à droite, ne comporte qu’une seule rudenture à l’arrière de laquelle le bloc a été travaillé à la broche pour être intégré dans une construction ; ce dispositif se retrouve sur un autre élément rudenté pour lequel la partie arrière est cependant travaillée à la gradine 40. Ces éléments indiquent, à la différence des observations faites en partie haute, que le retrait du parement pouvait également être plus marqué en laissant place à une moulure latérale (fig. 18, C et E).

Chapiteaux corinthiens en pierre des Lens

Malgré des différences dans leur composition, ces deux chapiteaux couronnaient des pilastres appartenant vraisemblablement au même monument. Le plus complet est un chapiteau d’angle

(fig. 19) qui a conservé lit de pose et lit d’attente (h. tot. 37 cm). Seule la corbeille basse n’a pas été bûchée : de part et d’autre de l’angle dont l’arête est bien marquée, elle présente, d’un côté et sur une largeur conservée de 22 cm, deux feuilles d’acanthe entre lesquelles la feuille axiale du rang supérieur, à nervure plate, n’apparaît qu’à mi-hauteur 41 ; de l’autre, seule une partie d’une feuille de même type n’a pas été cassée, mais on distingue, au-dessus du lobe central, la gaine et la collerette d’un caulicole et le calice qui le surmontait.

Le second chapiteau (fig. 20) n’a conservé qu’une partie de son lit de pose et une seule face sculptée sur laquelle, à la différence du précédent, la feuille axiale du rang supérieur prend naissance à la base du bloc ; les feuilles d’acanthe de la corbeille basse sont donc davantage écartées ; leurs retombées sont cassées, mais au-dessus de celle de gauche est conservée la gaine facettée d’un caulicole. En fonction des dimensions du fragment 42 et de la position de la feuille axiale, on peut estimer qu’à la base ce chapiteau avait une largeur de 33 cm.

Sur les deux chapiteaux, la hauteur de la première couronne est de 14 cm. Sur le second, la deuxième couronne est conservée sur une hauteur de 22 cm. Les feuilles les mieux conservées présentent classiquement cinq lobes autour d’un axe vertical ; parmi les lobes latéraux, les deux plus bas comptent trois digitations alors que les deux qui les surmontent en comptent quatre. Ainsi, malgré quelques différences, ces chapiteaux appartenaient probablement au même monument dont le décor est moins soigné et sans doute moins ancien que celui du piédestal dont il a été question plus haut. Si le découpage dissymétrique de l’acanthe est un schéma décoratif qui s’impose dans la région à partir de 20-10 a.C. 43, rien ne permet cependant de proposer, pour ces documents, une datation précise dans le Haut-Empire.

Pour restituer les dimensions de leur face principale, on peut observer qu’avec une hauteur de 37 cm, le premier est pratiquement deux fois moins important que deux chapiteaux de pilastre de Périgueux beaucoup mieux conservés. Ainsi,

39. L. cons. 25 cm ; retour 12,5 ; ép. cons. 18,8 ; h. cons. 17,5. 40. L. cons. 22,5 cm ; retour 10,5 ; h. cons. 22,5. Cette dernière dimension est certainement celle du bloc employé en délit.41. C’est en parallèle à cette face qu’une ligne de pose a été tracée sur le lit d’attente.42. Largeur cons. 20 cm ; h. cons. 22,5 ; épais. 19 à 20 cm.43. Roth Congès 1983.

| Fig. 18. Sections (A, B, C) de fragments de pilastres permettant de positionner (en pointillés) le mur ou le bâti dans lequel ils s’intègrent ; restitutions (D, E) de deux types de pilastres d’angle (J.-L. Fiches, V. Mathieu).

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| Fig. 19. Chapiteau d’angle en pierre des Lens (cl. V. Mathieu). En haut, au centre, vue de côté à échelle réduite ; en bas, les deux faces (échelle 1/3 environ).

| Fig. 20. Couronne basse d’un second chapiteau en pierre des Lens (cl. V. Mathieu).

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en appliquant le rapport de 53 % établi en comparant les hauteurs, ces chapiteaux en pierre des Lens devaient avoir une largeur à la base de 34 cm environ et une largeur d’abaque de 43 ± 2 cm 44.

Ce module est tout à fait compatible avec la section des pilastres cannelés et rudentés examinés plus haut. Il confirmerait la restitution proposée de quatre moulures sur la face principale. On ne s’étonnera pas que les chapiteaux ne soient pas dans le même matériau que leurs supports. En effet, le calcaire lacustre de Nabrigas ne se prête pas à des reliefs sculptés aussi importants que ceux qu’autorise la pierre des Lens. Par ailleurs, le changement de qualité de pierre entre les pilastres (ou les colonnes) et leurs chapiteaux à feuilles d’acanthe est assez fréquent, ces derniers étant souvent en marbre à partir du milieu du ier s. p.C. Mais dans l’architecture romaine du début de l’Empire, il est plus fréquent, en Narbonnaise, de voir à cette place de la pierre des Lens.

Les exemples de pilastres corinthiens d’angle conservés en place ne sont pas si fréquents en Narbonnaise. Les arcs du pont Flavien à Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône) en fournissent une belle illustration d’époque augustéenne. Chacun des deux arcs en compte quatre dont les cannelures rudentées au tiers inférieur s’achèvent vers le haut en ménisques (à la différence des nôtres) et qui supportent des chapiteaux corinthiens de type classique 45. Les pilastres d’angle du pont ont une hauteur de l’ordre de 4,44 m et une largeur de 0,62 m (pour sept cannelures). D’après la largeur retenue, on serait là encore dans un rapport proche de la moitié (55 %), ce qui suggère une hauteur de l’ordre de 2,40 m (soit 2,80 m environ avec le chapiteau) pour les pilastres d’Ambrussum. Cette hauteur s’approche de celle des pilastres corinthiens de la chapelle centrale du mausolée de l’île du Comte à Beaucaire qui supportent des chapiteaux nettement plus hauts ; sur ce monument daté de la deuxième décennie avant notre ère, les blocs de pilastres d’angle présentent quatre cannelures sur deux faces larges de 30 cm environ 46.

Comme le suggère cette comparaison mais aussi leurs dimensions modestes, les pilastres d’Ambrussum relèvent vraisemblablement de l’architecture funéraire. Mais, plutôt qu’à une chapelle ou un édicule, on est tenté de les attribuer au socle plein d’un tombeau, dont les exemples sont nombreux et dans des compositions diverses, celui du mausolée d’un affranchi d’Auguste à Henchir el-Messaouer (Tunisie) portant des pilastres d’angle corinthiens à quatre cannelures 47.

Fragments inscrits

La collection Grand compte aussi deux inscriptions très lacunaires dont l’une est gravée sur un éclat de calcaire lacustre de Nabrigas 48 dont l’état est tout à fait comparable à celui des petits morceaux du couronnement de piédestal décoré. Deux lettres séparées par une hedera n’ont pas conservé leur partie haute, mais il n’y a aucune difficulté à lire F • V (fig. 21). La première lettre a une hauteur de 4,8 cm entre la haste médiane et la base, ce qui permet de restituer une ligne haute de 8 cm au moins. Cette inscription fait référence à un citoyen de la tribu Voltinia ; les lettres correspondent, en effet, à la fin de la filiation et à l’initiale de la tribu. Selon M. Christol, ce devait être un personnage d’une certaine importance eu égard à la très bonne qualité formelle de l’inscription qui invite à placer celle-ci au ier s. p.C.

44. Tardy 2005, 52-53, n°G.84 et 2000.3.16.45. Roth Congès 2011.46. Moulures aux dimensions de peu inférieures à celles des blocs d’Ambrussum : listels, l. 1,5 à 2 cm (pour 2,3 à 2,5) ; cannelures, l.

4 à 6 cm (pour 6 à 6,6), prof. 1,7 à 2 cm (pour 2,1 à 2,4). Cf. Roth Congès 1987, 59-62 (pilastres), 81 et 83 (hauteur chapelle : 3,60 m dont 0,60 pour le chapiteau).

47. Gros 2001, 396, fig. 455. À Kasserine, un autre monument tunisien, daté des années 150 (Gros 2001, 418-419, fig. 498), montre que ces massifs quadrangulaires pouvaient accueillir des pilastres non seulement dans les angles, mais également sur leurs faces, emplacement qui pourrait être celui du fragment B de la figure 18.

48. H. 10 cm ; l. 13,5 cm ; épais. 5,8 cm.

| Fig. 21. Fragment conservant deux lettres de grande taille séparées par une hedera (cl. J.-L. Fiches).

NouVeAu regArD sur L’oppidum gALLo-roMAiN D’ambrussum – 83

Par ailleurs, un bloc de calcaire dur, vraisemblablement de même origine que le précédent, a été retaillé en moellon sur toutes les faces 49 ; il n’a conservé que deux à cinq lettres des trois dernières lignes (fig. 22). On lit :

[---]RV[---]

[---]PHRO[---]

[---]PHICV[S---]

La dernière ligne est à 5,8 cm de la base moulurée (doucine sur bandeau plat). Un espace de 6,5 cm (au moins) se développe au-dessus du sommet des lettres de la première ligne. Aux lignes 1 et 2, le R a une terminaison longue et élégante. Aux lignes 2 et 3, P et H sont ligaturés mais assez écartés 50.

Pour M. Christol, il s’agirait d’un petit autel funéraire dont l’indication D M, inscrite aux deux bords du champ épigrahique, a disparu, ce qui expliquerait qu’il y ait un blanc en haut. La première ligne conservée, aux lettres disposées plus largement que les autres, ce qui convient bien à un élément remarquable de la dénomination, donnerait quelques traces du gentilice du défunt. Son cognomen serait partiellement conservé à la deuxième ligne alors qu’à la troisième apparaîtrait, au nominatif, le responsable de la sépulture, son fils ou mieux son affranchi car la place manque à gauche pour restituer prénom et gentilice. En raison de la place disponible, l’inscription pouvait se terminer, à droite, par fec(it) ou DSF ou pos(uit).

Plusieurs possibilités s’offrent pour le cognomen de ce dernier : Delphicus, Graphicus, Gauphicus ou Nymphicus, mais aucun n’est attesté, pour l’instant, dans la cité de Nîmes. En revanche, le cognomen du défunt pourrait être Epaphroditus qui apparaît trois fois à Nîmes (CIL, XII, 3345, 3442, 3561). Quant au gentilice de celui-ci, qui devait être précédé de l’initiale du prénom, on peut proposer, en tenant compte de la disposition des lettres sur l’autel : Parucius (CIL, XII, 3712 et 3877 ; AE 1990, 676), Cervidius (CIL, XII, 3515) ou bien Servilius (CIL, XII, 2875, 3910 et 4076 ; ILGN, 524). En effet, si RV correspondait au début du gentilice, il faudrait, pour une mise en page équilibrée, restituer un prénom abrégé par deux ou trois lettres (Cneius, Sextus), mais ces praenomina ne sont pas associés aux gentilices Rufius, Rutilius, Rubrius ou Rusticius, à Nîmes et dans le territoire.

Corniche en marbre blanc

La collection Grand renferme également trois fragments appartenant à la même corniche du couronnement d’un placage de marbre 51 ; les éléments de cette corniche, qui devait être crochetée dans le mur mais dont on n’a pas conservé de mortaise, offrent le même profil, soit de bas en haut : un quart-de-rond, un talon droit entre deux listels plats horizontaux, un cavet, un listel plat vertical, une doucine et un bandeau plat (fig. 23 et 24).

49. Dimensions du bloc : h. 38 cm ; l. 14 ; épais. 15,3. Dimensions conservées du champ épigraphique : h. 24,5 ; l. 14 et vraisemblablement supérieure à 22 cm.

50. Hauteur des lettres, l. 1 et 2 : 3 cm ; l. 3 : 2,6.51. L. 19, 18 et 11,5 cm ; h. 11 à 11,2 cm ; l. maxi. 15,6 à 16 cm.

| Fig. 22. Fragment inscrit sur trois lignes qui a été retaillé en moellon ; les tirets marquent la limite de conservation du champ épigraphique (cl. J.-L. Fiches).

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Que plusieurs éléments de la même corniche se trouvent dans la collection invite à penser qu’ils proviennent d’Ambrussum sans qu’on puisse préciser davantage. Des plaques de revêtement en marbre ont été trouvées dans l’agglomération routière, mais l’oppidum n’a livré jusqu’ici, et hors contexte, qu’une tablette en trois fragments et des tesselles de mosaïque 52.

52. Bessac & Fiches 1979, 151-154, n°31, 32, 35,152, 156 et 157.

| Fig. 23. Couronnement de placage en marbre blanc (cl. J.-L. Fiches).

| Fig. 24. Profil du couronnement de placage (V. Mathieu).

NouVeAu regArD sur L’oppidum gALLo-roMAiN D’ambrussum – 85

concLusions

L’utilisation du calcaire de Nabrigas à Ambrussum

Il convient d’abord de souligner que l’exploitation antique de cet affleurement de calcaire lacustre n’est attestée jusqu’à présent qu’à Ambrussum. On notera ensuite que l’inventaire des matériaux en pierre découverts sur le site qui avait été fait à l’issue des fouilles de l’oppidum comporte quinze pièces correspondant à 10 % de l’ensemble répertorié alors 53. Ces documents témoignent d’utilisations variées aussi bien dans la ville haute que dans l’agglomération routière, mais aussi d’un usage préférentiel en architecture et particulièrement pour les pierres de seuil. Ce matériau est aussi mis en œuvre dans la décoration des bâtiments – plaques de revêtement et tesselles de mosaïque dans la ville basse, par exemple –, ainsi que pour des objets lourds tels que des poids.

Les maisons de l’oppidum n’ont fourni cependant qu’une petite partie de ces pièces, soit deux seuils dans la maison A (fig. 2), un poids de 90 livres dans la maison C et, rappelons-le, un fragment de corniche décorée dans la “maison aux colonnes”. En revanche, les dégagements effectués à la porte sud et sur la terrasse située à l’arrière ont livré 40 % des éléments du site en calcaire de Nabrigas 54 : d’une part, le seul piédroit conservé de la porte méridionale de l’oppidum, une des trois dalles formant le seuil à glissière de la porte située à l’arrière du portique et une pierre de seuil pour porte à deux vantaux dans une fouille ancienne, immédiatement à l’ouest du portique ; d’autre part, des pièces plus petites mais qui peuvent susciter des rapprochements avec celles de la collection Grand.

En effet, les niveaux de destruction de la basilique ont livré un fragment appartenant au couronnement d’un piédestal. Celui-ci a conservé, de bas en haut, un quart-de-rond, un filet droit, une moulure épaisse dont le profil évoque celui de denticules, un talon droit entre deux listels plats quasi horizontaux et un bandeau plat (fig. 25). Cette composition, aux proportions fondées sur une unité correspondant au quart de pouce romain, renvoie à l’ordre corinthien, à deux détails près : le bandeau et le filet droit constituent les seuls ajouts par rapport au tracé classique, mais le piédestal corinthien à couronnement surmonté d’un bandeau est assez courant. Le lit d’attente, dégrossi à grands coups de broche, est ciselé près de l’arête sur une largeur de 2,5 cm 55.

Trouvée sur le dallage situé derrière l’entrée sud, une grosse moulure, vraisemblablement en quart-de-rond (11,4 cm de rayon) 56, présente une coloration rose en surface, identique à celle que l’on rencontre sur certaines pièces de la collection Grand. Du même endroit provient un bouton de couvercle (épais. 2,2 cm ; diam. 4,8).

La “maison aux colonnes”

Au regard des découvertes qui y ont été faites, on pourrait penser que ce bâtiment proche du centre public de l’oppidum gallo-romain n’appartient pas au domaine de l’habitat privé, mais ce qu’il en reste ne permet pas de le caractériser autrement. Peut-être, ces éléments fragmentaires sont-ils le résultat du démantèlement, après l’abandon de l’oppidum, d’une décoration rencontrée sur place, mais on ne peut écarter l’hypothèse que les fragments lapidaires découverts par les frères

53. Dans ce catalogue (Bessac & Fiches 1979, 150-154), les éléments en calcaire lacustre correspondent aux n°19, 37, 39, 42, 45, 47, 50, 51, 62, 99, 101, 143, 149, 150 et 153.

54. Bessac & Fiches 1979, 152 (secteur II), n°37, 39, 42, 45, 47, 50.55. Pour cette pièce qui a été taillée dans le lit nous reprenons Bessac & Fiches 1979, 145. Dimensions conservées : L. 14 ; épais. 13 ;

h. 13 cm. Le catalogue (ibid., 152, n°42) apporte les précisions suivantes : filet supérieur taillé au ciseau ; talon égrisé latéralement ; grand filet ciselé avec un ciseau large de 2 cm, égrisé seulement sur le retour ; filet égrisé ; quart-de-rond grossièrement égrisé.

56. Ibid., 152, n°45. Pièce taillée au ciseau (2,2 à 2,4 cm de largeur) dont les traces sont parallèles aux génératrices du cylindre.

| Fig. 25. Fragment de couronnement de piédestal (J.-C. Bessac).

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Grand ne faisaient pas partie du décor architectural du lieu qu’ils ont fouillé ; ils ont pu, en effet, être déposés dans les ruines, peut-être rejetés depuis le sud puisque cette partie de la “maison aux colonnes” est implantée en contrebas d’un mur de terrasse. Que des éléments comparables du fait qu’ils ont été réduits en morceaux et, pour certains, soumis à l’action du feu, se rencontrent également dans la basilique et jusqu’aux abords de l’entrée sud de la ville, plaiderait pour en faire les témoins de l’activité de récupérateurs de matériaux, des chaufourniers sans doute. Or, la fouille du portique et de ses abords a montré qu’avaient entièrement disparu la colonnade de celui-ci, sa décoration intérieure et vraisemblablement aussi un sol dallé, alors que des quatre supports de la faîtière ne sont conservés que les radiers de fondation et une seule plinthe (90 x 90 cm). L’oppidum a vraisemblablement été utilisé comme carrière dès son abandon au profit de l’agglomération routière, toujours occupée et régulièrement transformée. Mais la collecte sur la colline de sept nummi constantiniens 57, dont cinq ont été trouvés aux abords de l’entrée sud et dans la rue principale, traduit certainement une activité d’exploitation des ruines, également attestée dans la ville basse, au cours de la seconde moitié du ive s. 58

Le centre public de l’oppidum gallo-romain

Les vingt-huit fragments lapidaires de la collection Grand auxquels ont été associés cinq autres documents, également découverts à Ambrussum, ne constituent pas un ensemble homogène, même si certains regroupements ont été proposés. Tout comme le fragment d’épitaphe, le bâti à pilastres et chapiteaux corinthiens évoque l’architecture funéraire et suggère que des tombes monumentales ont été érigées à la sortie de l’oppidum par la porte sud, bien qu’on n’en ait conservé aucune trace. En revanche, on est enclin à placer dans l’espace public situé en deçà de l’entrée de la ville, les piédestals, celui qui porte des moulures décorées et ceux qui étaient dotés de moulures lisses 59, ainsi que le fragment inscrit qui mentionne un citoyen de la tribu Voltinia. Le couronnement de placage en marbre pourrait avoir la même provenance, mais on ne peut exclure qu’il ait participé du décor d’une maison privée.

Le piédestal aux moulures décorées comme le couronnement découvert dans la basilique s’inscrivent dans un courant stylistique dont la mode tend à disparaître vers le changement d’ère. Ces petits monuments contribuent à montrer que le centre public d’Ambrussum, dans lequel ils avaient certainement leur place, a servi à la promotion et à l’intégration de l’élite locale. Grâce à César, celle-ci bénéficiait du Jus Latii, ce qui motiva sans doute la création de ce centre civique ; certes, dès 22 a.C., elle dut se tourner vers Nîmes pour renforcer ses positions dans la cité arécomique 60, mais elle eut sans doute à cœur que sa petite patrie bénéficie encore d’hommages et d’actes d’évergésie.

Abréviations

AE : L’Année Épigraphique, Paris, 1888-.

CAG : Carte Archéologique de la Gaule, Paris.

CIL : Corpus Inscriptionum Latinarum, Berlin, 1863-.

ILGN : Espérandieu É., Inscriptions latines de Gaule Narbonnaise, Paris.

57. Quatre exemplaires de la période 317-321 (n°63, 64, 87 et 93 du catalogue) et trois postérieurs à 340 (n°44, 61 et 73).58. Manniez & Mathieu 1998.59. Il serait hasardeux, en effet, d’associer la base de la collection Grand et le couronnement trouvé dans la basilique.60. C’est la date retenue par Christol 2010, 122-124, pour l’attribution à Nîmes de 24 komai ou oppida ignobilia arécomiques, rapportée

par Strabon (Geog., 4.1.12) et Pline l’Ancien (Nat., 3.37).

NouVeAu regArD sur L’oppidum gALLo-roMAiN D’ambrussum – 87

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