morale et emotions

57
Morale et Emotions Florian Cova Centre Interfacultaire en Sciences Affectives

Upload: unige

Post on 21-Jan-2023

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Morale et Emotions

Florian Cova

Centre Interfacultaire en Sciences Affectives

Emotions et Jugements Moraux

Constat de départ : Il semble y avoir un lien étroitentre émotions et jugements moraux.

1) On s’attend à ce que la formation d’un jugementmoral soit accompagné d’émotions vives etproportionnés à cette évaluation. (Ex : Imaginezquelqu’un qui dit trouver une action révoltante,mais ne semble pas le moins du monde affecté.)

2) Certains jugements moraux sont exprimés parun vocabulaire émotionnel (Ex : « je suis indigné! », « c’est méprisable ! », « c’est dégoutant ! »,« quel sale type ! »)

Emotions et Jugements Moraux

Mais quel est le rapport entre émotions etjugements moraux ?

On peut distinguer trois grands modèles :

Jugement Moral

Réaction Emotionnelle

Réaction Emotionnelle

Jugement Moral

Réaction Emotionnelle

Jugement Moral==

Emotions et Jugements Moraux

Selon la conception rationaliste du jugementmoral, la raison est source de nos jugementsmoraux.

Selon la conception sentimentaliste, ce sont nosémotions.

Un argument rationaliste

Kant (Fondement pour la Métaphysique desMœurs, 1785; Critique de la Raison Pratique,1788)

Faire quelque chose de bien par pur intérêt n’estpas moral (Ex : sauver quelqu’un pour larécompense).

Les émotions ne nous motivent que de façonégoïste (Ex : aider quelqu’un par pitié, c’est l’aiderpour calmer notre propre douleur, pas de façondésintéressée).

Donc les émotions ne peuvent pas nous motiverd’elles-mêmes à agir moralement.

Or, nos jugements moraux sont ce qui nouspoussent à agir moralement.

Donc, les émotions ne peuvent être la source de lamorale.

Un argument sentimentaliste (I)

Hume (Traité de la Nature Humaine, 1739-1740;Enquête sur les Principes de la Morale, 1751)

La raison ne peut nous faire connaître les choses quede deux façons : par « réflexion sur nos idées » (Ex :Logique, Mathématiques) et par « expériences ».

La morale ne peut être connue par expérience, carl’expérience ne nous dit que ce qui est et non ce quidoit être (il y a un écart entre la nature et la norme).

La morale ne peut être tirée de la simple réflexionsur nos idées, car des phrases comme « il estamusant de torturer des petits enfants pours’amuser » sont atroces mais n’impliquent aucunecontradiction.

Donc, la raison ne peut nous apprendre ce qui estbien ou mal.

Un argument sentimentaliste (II)

Hume (Traité de la Nature Humaine, 1739-1740;Enquête sur les Principes de la Morale, 1751)

Mais même si ce n’est pas la raison qui nous apprendce qui est bien ou mal, quelles raisons avons-nous decroire que ce sont les émotions ?

L’argument de Hume est le suivant :

Les jugements moraux nous motivent (Ex : si noussavons/pensons que quelque chose est mal, celanous motive à ne pas le faire).

Les seuls types d’états mentaux qui nous motivent,ce sont les passions.

Donc les jugements moraux sont ou proviennent despassions.

(« Passions » est un terme englobant des états aussidivers que les émotions, les désirs, les humeurs,etc.)

La situation actuelle : vers un néo-sentimentalisme

Pendant toute la seconde partie du XXe siècle, lapsychologie morale (l’étude des processusmentaux permettant l’évaluation morale des agentset de leurs actions) a été dominée par le paradigmede Piaget et son élève Kohlberg.

Leur paradigme peut être considéré commerationaliste :

Kohlberg était très inspiré par Kant.

L’idée principale était que le développement moralede l’enfant pouvait être considéré comme undéveloppement de la capacité à raisonner à partir deprincipes moraux.

Certaines émotions (principalement l’empathie)jouent un rôle, mais dans la mesure où ellesfournissent des informations pour le raisonnement.

La situation actuelle : vers un néo-sentimentalisme

Les stades du développement moral selon Lawrence Kohlberg

La situation actuelle : vers un néo-sentimentalisme

Le paradigme piagétien a été lourdementremis en cause lors du passage au XXIesiècle.

Cette remise en cause se fait en deuxtemps, qui reprennent les deux momentsde l’argument de Hume :

1) Il y a de fortes raisons de croire que leraisonnement conscient ne joue pas ungrand rôle dans nos jugements moraux.

2) Il y a de fortes raisons de penser quenos émotions jouent un rôle causal dansnos jugements moraux.

I) Contre le rationalisme

L’argument principal contre le rationalisme a été développé par le psychologue Jonathan Haidt.

Cet argument repose sur l’étude d’un phénomènepsychologique particulier : le moraldumbfounding (ahurissement moral).

Plus précisément, il s’agit de notre incapacité àjustifier nos jugements moraux sur la base deprincipes dont les tirerions par raisonnement.

Moral Dumbfounding : Exemple

Un exemple de Moral Dumbfounding (Haidt,2001):

Le Trolley Problem

Un meilleur exemple est fourni par le cas duTrolley Problem.

Soit une paire de cas imaginés par des philosophes (Foot, 1967; Thomson, 1976):

Le Trolley Problem

Un meilleur exemple est fourni par le cas duTrolley Problem.

Soit une paire de cas imaginés par des philosophes (Foot, 1967; Thomson, 1976):

Le Trolley Problem

Hauser et ses collègues (2007) ont présentécette paire de scénarios à des sujets issus de paysdifférents.

Les résultats ont reflété les intuitions desphilosophes : dans le premier cas, 85% desparticipants ont répondu qu’il était moralementacceptable de tourner le train sur la personneseule, contre 12% seulement dans le second cas.

Il est intéressant de noter que cette asymétrie aété retrouvée quels que soient les niveauxd’éducation, socio-économique, le sexe, l’âge, lareligion, etc. Certaines personnes pensent qu’ils’agit là d’un véritable « universel » moral.

Le Trolley Problem

Mais le plus important (pour notre propos) est queles candidats n’aient pas capables de justifier leursréponses.

Hauser et ses collègues ont demandé aux sujets quiavaient donné des réponses aux deux cas dejustifier la différence. 70% des sujets ont donnédes « justifications insuffisantes ».

Cela montre que la plupart des sujets ne savent paspourquoi ils portent tels ou tels jugements : ilsn’ont pas accès aux principes moraux qu’ilsutilisent.

II) Pour le rôle des émotions

Il y a donc de bonnes raisons de douter que nosjugements moraux proviennent de raisonnements àpartir de principes explicites : ils semblent plutôtêtre le produit de processus automatiques etinconscients.

Mais cela ne prouve pas que ce sont les émotionsqui sont à la source de nos jugements moraux.

Il existe plein de processus qui remplissent cescritères sans être des émotions (perception dulangage, intuitions grammaticales).

Nous allons donc passer en revue trois argumentsen faveur de la thèse sentimentaliste.

a) Corrélation

1) Il y a une forte corrélation entre jugementsmoraux et réactions émotionnelles

a) Corrélation

De nombreuses études (en psychologie, enneurosciences, en économie expérimentale)suggèrent un lien étroit entre jugements moraux etémotions (pour une revue, voir : Prinz et Nichols,2010).

Par exemple, les études en économie expérimentalemontrent que les jugements selon lesquels uneoffre est « injuste » corrèlent avec le niveau decolère ressentie (pour une revue, voir : Cova,Deonna et Sander, 2013).

Mais cela ne prouve rien, car le rationaliste prédit lamême corrélation, en acceptant que les évaluationsmorales puissent causer des réactions affectives.

b) Induction

2) Induire des émotions influe sur le jugementmoral :

b) Induction

b) Induction

Les recherches étudiant l’effet de l’inductiond’émotions sur le jugement moral sont aujourd’huilégions.

Elles ont porté sur des émotions aussi diverses que: le dégoût, la tristesse, la colère, le rire,l’élévation.

Elles ont utilisé des techniques aussi diverses que :l’hypnose, les odeurs, des tâches de rappel, desenvironnements sales, des sons, des musiques, etc.

La plupart montrent qu’induire une émotionpeut influencer nos jugements moraux.

Mais surtout dans le cas de scénarios ambigus(crimes sans victime, dilemmes moraux).

b) Induction

Mais…

b) Induction

Mais…

b) Induction

Un problème des études d’induction est qu’ellespeuvent montrer que les émotions influencent nosjugement moraux…

… mais pas que c’est normalement le cas.

De plus, les rationalistes accepteraientcertainement que nos émotions puissent venirinfluencer nos jugements moraux, à titre de biais.

c) Déficits moraux

3) Les déficits moraux sont corrélés à desdéficits émotionnels et non à des déficits deraisonnement

c) Déficits moraux

Les psychopathes sont connus pour leursexactions et un comportement profondémentantisocial.

Par exemple, ils sont typiquement manipulateurs etne ressentent jamais de culpabilité.

Nul doute que leur conduite morale poseproblème mais, pour certains, ils souffrent d’undéficit dans leurs jugements moraux mêmes.

c) Déficits moraux

Une distinction importante en psychologie moraleest la distinction entre règles morales etrègles conventionnelles (faite par Elliot Turiel):

Universalité : Tandis que les règles morales sont valables partout,les règles conventionnelles ne sont valables que localement etpeuvent varier d’un endroit à l’autre (Ex : frapper quelqu’un estmal partout, mais parler sans lever le doigt est obligatoireuniquement dans les écoles où cette règle a cours),

Dépendance à l’autorité : Tandis que les règles morales sontintouchables, les règles conventionnelles peuvent être créées oudissoutes par les autorités compétentes (Ex : ce n’est pas parceque le professeur vous dit qu’il est permis de frapper voscamarades que cela l’est, par contre si elle vous dit que vous avezle droit de parler sans lever le doigt, cela n’est plus mal),

Gravité : Typiquement, les transgressions de règles morales sontplus graves que celles de règles conventionnelles.

c) Déficits moraux

Cette distinction se retrouve partout, et surtout, que lesenfants sont capables de la faire dès l’âge de 4 ans. Voilàpar exemple les réponses d’une petite fille de 4 ans :

Morale : Tu as vu ce qui s’est passé ? - Oui. Ils étaient entrain de jouer et John l’a tapé très fort. - Est-ce que c’estquelque chose qu’on peut faire ou quelque chose qu’on nepeut pas faire ? - Non, pas si fort, ça fait mal. - Est-ce qu’il y aune règle pour ça ? - Oui. - C’est quoi comme règle ? On doitpas taper trop fort. - S’il n’y avait pas de règle, est-ce qu’onpourrait taper fort ? - Non. - Pourquoi pas ? Parce qu’il peutavoir mal et alors il pleure.

Convention : Tu as vu ce qui s’est passé ? - Oui. Ils faisaientdu bruit. - Est-ce que c’est quelque chose qu’on peut faire ouquelque chose qu’on ne peut pas faire ? - Quelque chose qu’onpeut pas faire. - Est-ce qu’il y a une règle pour ça ? - Oui. -C’est quoi comme règle ? - On doit être calme. - S’il n’y avaitpas de règle, est-ce qu’on pourrait faire du bruit ? - Oui. -Pourquoi ? - Parce qu’il n’y a pas de règle.

c) Déficits moraux

Les psychopathes se révèlent incapables defaire cette distinction (Blair, 1995). Il leur estimpossible de distinguer, comme un enfant de 4ans, les normes conventionnelles de normesmorales : pour eux, tout est universel, tout estindépendant de l’autorité, etc.

De plus, il leur était demandé de justifier leursréponses : tandis que les sujets contrôles (enfants,adultes, criminels non-psychopathes) font enmajorité appel au bien-être de la victime, lespsychopathes avaient plus tendance à se justifieren faisant appel à l’autorité et à la convention.

Ainsi, les psychopathes souffrent véritablementd’un déficit du jugement moral. Mais quelle est lasource de ce déficit ?

c) Déficits moraux

Comparaison avec les personnes atteintes duSyndrome de Down:

Les personnes du Syndrome de Down ont unecapacité de raisonnement inférieure, des réactionsémotionnelles intactes, et savent faire la différenceentre les deux types de règles.

Les psychopathes ont une capacité intacte mais desréactions émotionnelles à la souffrance d’autrui trèsfaibles (James et al., 1997).

Il semble donc que le déficit moral despsychopathes proviennent de leur déficitémotionnel.

III) Le modèle dual

Certains, cependant, tout en reconnaissant le rôledes émotions, veulent toutefois garder un rôleimportant pour le raisonnement.

Ces théoriciens développent un modèle dual de lacognition morale, dans lequel émotions et raisonsont deux sources possibles du jugement moral, quipeuvent parfois entre en conflit.

Retour sur le Trolley Problem

Joshua Greene s’est principalement intéressé aux dilemmesmoraux (et au Trolley Problem). Il a proposé une explicationdu phénomène selon laquelle, dans ces dilemmes, deuxréponses sont en conflit : une réponse déontologique (selonlaquelle il ne faut pas tuer quoiqu’il arrive) et une réponseutilitariste (selon laquelle il faut maximiser le nombre desurvivants).

Selon lui, la réponse utilitariste est le produit duraisonnement abstrait et de processus cognitifs de hautniveau.

La réponse déontologique, elle, serait le fruit de réactionsémotionnelles, déclenchées par la violence directe.

Dans le cas où le train est détourné, cette violence indirectedéclencherait de faibles réponses. Mais, dans le cas où lapersonne est directement jetée sur la voie, les réponsesseraient assez violentes pour contrer le raisonnementutilitariste.

Evidence, 1

Argument 1 : Dans une première étude IRMf,Greene et al. (2001) ont observé desparticipants faisant des décisions au sujet dedilemmes personnels (avec violence directe)et impersonnels (avec violence indirecte).

Ils ont observé que les dilemmes personnelssuscitaient une plus grande activité dans lesaires liées aux émotions, tandis que lesdilemmes impersonnels suscitaient uneactivité plus grande dans les aires liées à lamémoire de travail.

a) Aires cérébrales

b) Temps de réaction

Argument 2 : Dans cette même étude, les réponsesutilitaristes prenaient plus de temps que les réponsesdéontologiques (pour les dilemmes personnels seulement)

c) Charge cognitive

Argument 3 : Dans une autre étude, Greene et al. (2008) onttrouvé qu’une charge cognitive ralentissait les réponses utilitaristesmais pas les réponses déontologiques (pour les dilemmes personnelsseulement).

d) Neuropsychologie

d) Neuropsychologie

Evidence, 4

Conclusion

Les émotions semblent donc pouvoir influencer nosjugements moraux.

Cependant, il n’est pas évident qu’elles soient laseule et unique source de nos jugements moraux,ni même la principale.

Dans certains cas, il semble même que la présenced’émotions ne soit pas suffisante pour déclencherune condamnation morale (par exemple : on peuttrouver l’excision, ou la peine de mortémotionnellement perturbant sans les condamner).

Les relations entre règles morales, raisonnement etémotions sont donc encore largement ignorées.

IV) Quelles émotions sont « morales » ?

Rozin et al. (1999) : the contempt–anger–disgust (CAD) model of moral emotions.

The CAD Hypothesis

Shweder et al. (1997, 1999):

ETHICS…

…of COMMUNITY…of AUTONOMY …of DIVINITY

ANGER CONTEMPT DISGUST

Le dégoût moral

Le modèle CAD s’inspire d’une classificationanthropologique des « domaines moraux » pourfaire correspondre chacun d’entre eux à uneémotion négative particulière.

Cependant, si l’association colère <-> violation desdroits individuels semble plausible, les cas dumépris et du dégoût sont bien plus complexes.

Le dégoût, notamment, semble pouvoir êtredéclenché (dans sa forme morale) par une trèsgrande variété de violations morales.

Par exemple, on peut ressentir du dégoût pour lesNazis sans pour autant leur supposer des mœurssexuelles étranges.

Le dégoût moral

Le dégoût moral

Le dégoût moral

Le dégoût moral

L’élévation morale

Y a-t-il des émotions morales positives ?

Récemment, certains chercheurs (en particulier :Algoe & Haidt, 2009) ont crée le termed’élévation pour désigner l’émotion positive quenous ressentons quand nous voyons quelqu’un agirde manière vertueuse.

L’élévation est une émotion plaisante, caractériséepar une agréable sensation de chaleur au niveau dutorse (on a « chaud au cœur »).

Elle nous pousse à vouloir devenir meilleurs, et àvouloir aider les autres.

L’élévation morale

Schnall, Roper & Fessler, 2010:

L’élévation morale

Schnall, Roper & Fessler, 2010:

Etre ému

Cova & Deonna (2014) ont étudié ce que lesgens veulent dire quand ils disent qu’ils sont émus.

En se basant sur une tâche de mémorisation, ilssont parvenus aux conclusions suivantes :

Etre ému désigne soit un phénomène positif soitun phénomène négatif. Ils se sont concentrés surle premier.

Etre ému (au sens positif) a pour objet une valeurimportante (famille, amitié, morale, succès).

Etre ému est caractérisé par un sentiment dechaleur agréable dans la poitrine, d’une bouledans la gorge et d’une envie de pleurer.

Etre ému conduit à réviser ses priorités.

L’élévation n’est-elle qu’une façon d’être ému ?

Nous avons testé l’effet d’un film émouvant (vs.un film contrôle moral et un film contrôle drôle) surles donations de participants à une charité :

L’élévation n’est-elle qu’une façon d’être ému ?

Nous avons testé l’effet d’un film émouvant (vs.un film contrôle moral et un film contrôle drôle) surles donations de participants à une charité :

0

0,05

0,1

0,15

0,2

0,25

0,3

0,35

BEING MOVED ELEVATION MIRTH

Am

ount giv

en (

in $

)

TOYS FOR TOTS

****

References

Algoe, S. & Haidt, J. (2009). Witnessing excellence inaction: the ‘other-praising’ emotions of elevation, gratitude,and admiration. The Journal of Positive Psychology, 4, 105-127.

Blair, R. (1995). A cognitive developmental approach tomorality: Investigating the psychopath. Cognition, 57, 1-29.

Cova, F., Deonna, J. (2014). Being moved. A paraître dansPhilosophical Studies

Cova, F., Deonna, J. et Sander, D. (2013). The emotionalshape of our moral life: Anger-related emotions andmutualistic anthropology. Behavioral and Brain Sciences,36, 86-87.

Foot, P. (1967). The problem of abortion and the doctrineof double-effect. Oxford Review, 5, 5-15.

References

*Greene, J., Sommerville, R., Nystrom, L., Darley, J. etCohen, J. (2001). An fMRI investigation of emotionalengagement in moral Judgment. Science, 293, 2105-2108.

Greene, J., Morelli, S., Lowenberg, K., Nystrom, L. etCohen, J. (2008). Cognitive load selectively interferes withutilitarian moral judgment. Cognition, 107, 1144-1154.

*Haidt, J. (2001). The emotional dog and its rational tail: Asocial intuitionist approach to moral judgment.Psychological Review, 108, 814-834.

*Hauser, M., Cushman, F., Young, L., Jin, R. et Mikhail, J.(2007). A dissociation between moral judgments andjustifications. Mind & Language, 22, 1-21.

James, R., Blair, R., Jones, L., Clark, F., Smith, M. (1997).The psychopathic individual: A lack of responsiveness todistress cues? Psychophysiology, 34, 192-198.

Prinz, J. et Nichols, S. (2010). Moral Emotions. In:Handbook of Moral Psychology, NY: OUP.

References

Rozin, P., Lowery, L., Imada, S., & Haidt, J. (1999). Themoral-emotion triad hypothesis: A mapping between threemoral emotions (contempt, anger, disgust) and three moralethics (community, autonomy, divinity). Journal ofPersonality and Social Psychology, 76, 574-586.

Schnall, S., Roper, J., & Fessler, D. M. (2010). Elevationleads to altruistic behavior. Psychological science, 21, 315-320.

Shweder, R.A., Much, N.C., Mahapatra, M., & Park, L.(1997). The “big three” of morality (autonomy, community,and divinity), and the “big three” explanations of suffering.In A. Brandt & P. Rozin (Eds.), Morality and Health(pp.119-169). New York: Routlege.

Thomson, J. (1976). Killing, letting die, and the trolleyproblem. The Monist, 59, 204.